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CALUIRE ET CUIRE
HORTICULTEURS ET MARAÎCHERS
Caluire, commune vegan avant l’heure On ne peut pas décrire l’histoire de ville de Caluire & Cuire en faisant abstraction des origines de ce territoire qui est l’agriculture, ou plus exactement le maraichage. Textes : Pierre Ferraro et Morgan Couturier - Photo © Fabrice Schiff
A
u début du XVIIIème siècle, la vie à Caluire & Cuire était exclusivement paysanne et tournée vers la terre. Les habitants vivaient en économie fermée. Le maraîchage et l’horticulture furent les bases du développement économique des producteurs, qui vendaient directement sur les marchés leurs fruits, légumes, et plantes d’ornement. Quelques fermiers également avec l’élevage de vaches, cochons, volailles et lapins pour la consommation. En 1940, 63 maraîchers et horticulteurs étaient encore en activité. Alors que les horticulteurs sont postés à Cuire (rue Pierre Brunier et rue Pasteur), les maraichers sont essentiellement basés au Vernay, et dans le Bourg. Aujourd’hui, l’espace « maraîcher » représente un terrain agricole de 60 hectares (+ 40 hectares contigus sur la commune de Rillieux) délimité par la voie verte, le chemin Petit, l’avenue du Général Leclerc et le chemin Drevet. Il est exploité par trois maraîchers qui commercialisent une partie de leur production sur place. Cet ultime espace agricole situé à 10 minutes de la place Bellecour, appartient à près de 130 propriétaires différents. Il a été classé par les pouvoirs publics et est devenu Patrimoine de la ville de Caluire & Cuire. PF lyon people • juin 2019 • 44 •
BERNARD CHARBOTEL
Une voie (verte) toute tracée « Il y a un moment que je n’ai pas coupé de salades ! », s’esclaffe Bernard Charbotel, au moment de poser ses mocassins sur les quelques 35 hectares de son exploitation caluirarde. Le maraîcher a passé la main voilà quelques années pour laisser le champ libre à ses filles Carole et Marion et profiter des joies d’une retraite méritée. Il n’empêche, le cœur l’emporte souvent sur la raison, alors celuici ne peut s’empêcher de regarder dans le rétroviseur le travail fourni. Comme à ses débuts en 1970, où après des études dans l’agronomie, le fondateur de Caluire Légumes avait su profiter de l’installation de Mammouth le 4 septembre 1969, à la place de l’usine Remington, pour surfer sur le développement de la grande distribution. « Il y a 40 ans qu’il n’y aurait plus de zones maraîchères, si nous n’avions pas eu la réussite que l’on a eu », assure-t-il. Avec son associé Gérard Thiévon, Bernard Charbotel eut alors la bonne idée de créer un conditionnement adapté. Et d’une société familiale spécialisée dans le maraîchage, Caluire Légumes s’est mué en entreprise agroalimentaire à part entière, forte de 130 employés. Fort de ce nouveau marché, Bernard Charbotel a su s’imposer auprès des grandes surfaces, et faire fortune dans la salade en sachet. « Ce que tu as fait, ce n’est pas ordinaire, c’est extraordinaire », évoquait ainsi son père. D’autant qu’en agriculteur accompli, ce dernier n’a jamais cessé de planter les jalons de son succès. La création en 2012 du premier magasin Voie Verte, dédié à la vente directe de légumes prêts à l’emploi en est le dernier exemple en date. « On va de la graine à l’assiette », décrit le maraîcher. Depuis, le projet a fait son chemin. Six autres établissements sont sortis de terre, preuve du succès de l’agriculture directe. MC