EN COUVERTURE SAINTE-FOY PATRIMOINE
DOCTEUR JEAN-JACQUES MORETEAU Au chevet du patrimoine de Sainte-Foy
Ce médecin généraliste à la retraite, âgé de 87 ans, est le garant de l’âme de Sainte-Foy et de la Mulatière à travers l’association « La Fontanière », qu’il préside.
Texte : Benjamin Solly Photos : Fabrice Schiff
L
e nom n’est pas inconnu à Lyon. Son père Paul - « qui est né en 1859 sous le second Empire », témoigne fièrement son fils - est le créateur de la célèbre maison Moreteau Frères, implantée jadis au 52 de la rue Impériale (ex-rue de la Ré). Une affaire de famille. Le grand-père, tailleur de son état, jouait déjà du ciseau. Et pourtant, son petit fils préférera le stéthoscope aux étoffes. Jean-Jacques Moreteau voit le jour à Charbonnières le 1er août 1925. « A l’époque, les grands départs en vacances n’existaient pas, et nous passions nos vacances à quelques kilomètres de Lyon, dans une villa louée à Charbonnières où j’ai vu le jour. » Une histoire à la Pagnol, la garrigue et le Garlaban en moins. Si son enfance est heureuse avec ses deux frères, le jeune homme s’éloigne irrémédiablement des affaires familiales. C’est à l’hôpital Saint-Joseph que Jean-Jacques termine son internat et passe sa thèse de médecine. Il sera médecin généraliste à Ste-Foy. « Il y avait en ville un vieux cabinet médical tenu depuis 1925 par le docteur Bachmann, puis repris en 1952 par le docteur Gauthier. » Ce dernier préférera finalement Aix et laisserait la voie libre au Dr Moreteau en 1954. Son cabinet niche dans une petite maison de ville, « qui doit dater de 1725 », au charme intact. « Il faut imaginer cette maison avec sa
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Lyonpeople / Juin 2013
salle d’attente et mes enfants qui courent entre les patients », se remémore-ti-il, l’esprit sagace. Veuf très jeune, l’homme se remarie en 1955 et recompose une famille nombreuse et heureuse de cinq enfants. En 1957, il rachète la maison à Madame d’Angleville. Il l’habite toujours aujourd’hui. Le Dr Moreteau se déplace également chez l’habitant. « Je soignais plutôt la domesticité, la haute-bourgeoisie de Ste-Foy était plutôt suivie par le Dr Malicié », explique-t-il. Une sociologie aujourd’hui (presque) disparue, mais qui témoigne de l’histoire de Ste-Foy. Le docteur a toutefois soigné quelques familles aisées, dont les Brossette, Streichenberger et Sibille. Et c’est en franchissant les seuils des demeures bourgeoises qu’il se prend de passion pour les pierres fidésiennes. Après 38 ans de bons et loyaux service, il prend sa retraite en 1992 et « revend » – comme cela se pratique dans la profession – sa clientèle au docteur Gravet. Une deuxième vie s’ouvre alors, celle consacrée à la préservation du patrimoine. La lecture du « Pré-inventaire de Ste-Foy-Lès-Lyon », publié en 1990 par Jean Juillard, constitue la base de sa future activité associative. Il fonde avec l’auteur de l’ouvrage et quelques irréductibles, l’association « La Fontanière » en 1993 qu’il préside aujourd’hui. Objet ? L’étude, la mise en valeur et
la protection du patrimoine du canton de Ste-Foy-LèsLyon, qui regroupe également la municipalité voisine de La Mulatière. Le Dr Moreteau ne ménage ses efforts pour préserver l’écrin fidésien. En 2007, l’association acquiert le mobilier « dit de la chambre du pape » de l’ancien Grand Séminaire de Sainte-Foy, qu’elle contribue à faire classer aux Monuments historiques. Gardien du temple, le Dr Moreteau contribue à transmettre ce patrimoine si précieux. Une action hautement politique, même si ce dernier n’en a jamais fait, à proprement parler. « Quelle horreur ! », tempête-t-il. Merci Doc !
Michel Chapas, maire de Sainte Foy, le docteur Moreteau, Guy Barret, maire de La Mulatière et Maurice de la Salle. Les deux communes sont partenaires de l’association La Fontanière.