Les Refusés - N°10

Page 109

Malgré tout le dévouement pour sa carrière secondaire, le jeune pencha pour

l’emploi qu’il possédait. D’un air dépité, il attrapa les outils et commença à démonter le cône de réception. - J’espère qu’un jour, monsieur Chanal, vous n’aurez pas à regretter votre chantage ! Lança-t-il avant de disparaître de l’autre côté de la machine.

Chanal le regarda en haussant les épaules. Les ouvriers aux alentours

baissèrent la tête en croisant le regard de leur patron. - Quoi ? Qu’est ce qu’il y a ? Vous n’êtes pas contents ? Qu’est-ce que vous croyez ? Que je suis là pour mettre l’argent par les fenêtres ? N’oubliez pas que c’est avec ce pognon que vous pouvez manger tous les jours !

Le discours moraliste continua jusqu’à ce que Jacques sente qu’il s’enlisait

dans ses arguments. - Et puis merde ! Cracha-t-il en dernier ressort, accompagnant sa parole d’un geste de la main signifiant qu’il jetait l’éponge. Il fit demi-tour et repartit en direction de son bureau quand le planton de la grille d’entrée vint l’interpeller. - Monsieur Chanal ! - Quoi encore ? Répondit-il exaspéré. - Il y a le… capitaine des pompiers qui voudrait vous parler ! - Le capitaine des pompiers ! Et ben, il tombe à pic celui-là ! Jacques sentit la pression revenir. Il allait se mettre de nouveau en colère quand le chef de corps fit irruption dans l’atelier. Il salua rapidement d’un geste militaire le patron de l’usine. - Il faut que je vous parle en particulier. - Que voulez-vous ? M’engueuler parce que je n’ai pas libéré votre gus ? Allez-y ! Parlez ! Je n’ai rien à cacher à personne ! - Monsieur Chanal, c’est votre femme ! - Ma femme … Mais … - Elle a eu un accident avec sa voiture dans le col ! - C’est grave ? - Je suis désolé … Elle est décédée ! Jacques sentit ses jambes le quitter en entendant la suite du propos. - Vous n’avez rien pu faire pour la sauver ? Demanda-t-il abasourdi. - Hélas ! Cette nuit a été trop chargée en sinistres. Je n’ai pas eu assez d’hommes disponibles. - Mais pourquoi ? Hurla Jacques. - J’ai eu besoin de tous mes hommes. Un de plus aurait certainement pu la sauver. En tout cas, d’avoir attendu que Didier arrive à la caserne, nous a fait perdre beaucoup de temps !

Page_109


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.