Supplément le monde agricole

Le monde agricole S u p p l é m e n t g r a t u i t a u Q u o t i d i e n n ° 1 4 0 3 9 d u s a m e d i 1 1 MAI 2 0 1 9

50 ans de la foire de bras-panon l’agriculture Réunionnaise en fête !

FEADER* : UN ENGAGEMENT FORT DU DÉPARTEMENT AUPRÈS DES AGRICULTEURS *le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural

Le Département de La Réunion, autorité de gestion du programme Feader 2014-2020, s’est fortement mobilisé pour faciliter et améliorer l’accès aux dispositifs d’aides européennes en faveur des agriculteurs. Le Feader c’est 385,5 millions d’euros soit 60% des pour accompagner les projets de développement agricole. créd

230 M€

its engagés au 4 avril 2019

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Grâce à l’action de la Collectivité et de ses partenaires, 60 % des crédits ont été engagés à mi-parcours du programme Feader.

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4 M€ ENGAGÉS (ASSISTANCE TECHNIQUE)

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CELLULE D’ACCOMPAGNEMENT DES AGRICULTEURS À LA DIRECTION DE L’AGRICULTURE, DE L’EAU ET DE L’ENVIRONNEMENT

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Retrouvez le stand du Département e t son action pour l’ag riculture réunionnaise à la Foire de Bras-Panon

Spécial

Monde agricole

Samedi 11 mai 2019 - Supplément

Qualité

& quantité

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a 42e édition de la foire de Bras-Panon, qui vient d’ouvrir ses portes, met une nouvelle fois à l’honneur le meilleur de la production réunionnaise. Les médailles glanées au concours agricole de Paris viennent tous les ans rappeler que notre île ne manque pas de produits d’excellence, capables de séduire les plus fins gourmets et les cuisiniers les plus réputés. Si nos producteurs savent relever le pari de la qualité, ils doivent aussi relever celui de la quantité, à la fois pour tirer de leur travail des revenus décents et répondre aux besoins. Il faut des cannes pour les usines sucrières, il faut des fruits, des légumes et de la viande, du lait et des œufs pour nourrir les Réunionnais.

Or, notre île est ouverte aux vents du commerce mondial et les importations de produits à bas coûts mettent souvent nos filières agricoles en difficulté.

Comment concilier qualité, quantité et prix compétitifs ? Le combat est ardu, mais dans de nombreux secteurs les agriculteurs réunionnais savent le gagner.

D’autres sont à reconquérir et l’énergie ne manque pas, à commencer par celle des filières animales qui redoublent actuellement d’efforts pour que la restauration scolaire travaille des viandes péi.

La foire de Bras-Panon est aussi une fête. Les manèges, le radio-crochet, les concerts, la journée de la troisième jeunesse attirent un public sous doute moins au fait des réalités agricoles, mais qui s’en rapproche le temps d’une visite. C’est également pour cela qu’elle est la première manifestation réunionnaise. On ne peut que lui souhaiter de battre son record de 156 000 entrées payantes enregistré en 2018 !

Ce supplément gratuit “Monde agricole ” a été réalisé par le service Publicité du Quotidien. Directrice de la publication : Carole Chane-Ki-Chune • Supervision : Roland Hébrard • Rédaction : Bernard Grollier, Olivier Soufflet • Maquette : Hervé Baum (DA), Macaire Dormeuil, Olivier Banor, Pierre Racine.

• Régie publicitaire : 0262 92 15 12 - email : resa.regiepub@lequotidien.re • Prépresse et impression : Imprimerie SAFI ZI du chaudron 97490 Sainte-Clotilde D e

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édito

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Au programme

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Foire de Bras-Panon 50 ans, le bel âge La foire de Bras-Panon fête cette année son demi-siècle d’existence, en mettant à l’honneur la production locale tout en continuant à porter son message de coopération régionale. a eu des années de cyclone, de rigueur budgétaire et d’élection, rappelait récemment Daniel Gonthier, successeur de Paul Moreau, lors de la présentation du millésime 2019.

Mais la foire a toujours résisté, comme l’année dernière lorsqu’une partie des stands a été abattue par les vents de la tempête Fakir, quelques jours avant l’ouverture ”. Le champ de foire, qui était autrefois le terrain de football de La Gauloise, à l’arrière de la mairie, est devenu le lieu de traditions qui semblent immuables, à l’image du concours de cuisine qui a valu en 1986 à Mme Eva Annibal d’inventer la recette du canard à la vanille ! Ou du radio-crochet, toujours aussi attendu (1/2 finales dimanche 12 mai, finale dimanche prochain).

Les nostalgiques sont pour leur part invités à se rendre à la coopérative de vanille, où l’exposition “ Un demi-siècle d’émotions ” retrace l’histoire de la foire.

Coopération régionale et sécurité alimentaire Depuis plus de dix ans, la foire de Bras-Panon affirme son ambition internationale en accueillant des délégations des pays de la zone.

Ce sera une nouvelle fois le cas cette année avec la venue d’agriculteurs malgaches et comoriens. Les Malgaches présenteront notamment les actions réalisées en coopération à Ambohimanga, commune jumelée avec Bras-Panon. Le comité de pilotage du Programme Régional de Sécurité Alimentaire et de Nutrition (Presan), porté par la Commission de l’Océan Indien avec le soutien de la FAO, se réunira d’autre par le 15 mai à Bras-Panon. Le lendemain, jeudi 16 mai à 9h00, se tiendra une conférence régionale sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle (à la MJC, place Michel-Debré),

faisant suite à une première conférence organisée à Bras-Panon en 2016. à La Réunion, le Presan est animé par le Cirad, qui a constitué un groupe de travail représentant l’ensemble du monde agricole (production, commercialisation, enseignement…) pour dialoguer avec les autres îles. à l’heure où la fièvre aphteuse s’est déclarée aux Comores, deux ans et demi après le déclenchement d’une épidémie à Maurice et Rodrigues, la coopération régionale est toujours plus nécessaire pour maîtriser ces menaces. D’autre part, les dérèglements climatiques font aujourd’hui sentir leurs effets à nos portes, menaçant la sécurité alimentaire des habitants de plusieurs régions, en Afrique du Sud, à Madagascar…

• Dimanche 12 mai :

Saint-André, espèces endémiques et fruits lontan, départ du bus à 13h45, sur réservation (tél. 0262 50 11 49 ou 0692 70 48 82).

Concours de miel de baies roses organisé par l’Association pour le Développement de l’Apiculture, concours d’animaux de boucherie (bovins) suivi d’une vente aux enchères, démonstration de confection de confiture par Philippe Gardette, président des Maîtres confituriers de France...

• Mercredi 15 mai :

agro-alimentaire, transformation

• Lundi 13 mai : canne à sucre

Concours de coupeurs à partir de 9h00 à l’arrière du champ de foire, démonstration des plantes de services en intercalaire par eRcane, bénédiction des outils des agriculteurs par le curé de Bras-Panon, dégustation de jus de canne...

• Mardi 14 mai :

Infos pratiques • Du 10 au 19 mai, de 9h à 23h • Tarifs : 3 euros (adultes), 2 euros (enfants de 2 à 11 ans inclus), 10 euros à partir de 17h00 les soirs de concert (30 euros en espace VIP) ; pass 10 jours, week-ends et famille en vente sur Monticket.re • Parkings et navettes : des navettes gratui-

à chaque journée son thème

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n 1969, une modeste exposition de matériels agricoles était organisée dans les jardins de la coopérative de vanille, pendant trois jours.

La foire de Bras-Panon venait de naître, sur l’initiative du maire de la commune, Paul Moreau. Le moment était judicieusement choisi, avant le début de la campagne sucrière, après les travaux de désherbage des champs, les planteurs avaient un peu de répit.

Personne, alors, n’imaginait que la manifestation allait s’enraciner aussi solidement dans le calendrier réunionnais et devenir la première en terme d’affluence : 156 000 entrées payantes en 2018 ! Il est vrai que l’événement n’est plus seulement un rendez-vous agricole. Fête foraine et concert contribuent à drainer les foules et cette 42e édition sera au diapason des précédentes.

42 éditions seulement, en cinquante ans ? “ Il y

environnement et bio-mécanique

tes sont proposées par la Cirest de 10h00 à 18h00 (rotation toutes les heures) entre l’entrée de la foire et les parkings de la piscine, du cimetière, le parking Soubik de Rivière du Mât-les-Hauts, l’arrêt de bus SamLock de Rivière-des-Roches et l’entrée du champ de foire.

Visite d’une exploitation de vanille de Sainte-Rose et de la coopérative de vanille, en bus (départ 8h45) sur réservation (tél. 0262 51 71 02 ou 0692 67 62 64, 35 euros repas inclus) ; visite de l’exploitation L’Arche botanique à

journée des enfants

Concours de compositions florales, concours de cuisine le matin, spectacles et ateliers l’après-midi.

• Jeudi 16 mai :

filières végétales (et journée de la 3e jeunesse)

Visite de l’exploitation Au cœur de la cascade Biberon à La Plaine-desPalmistes (goyaviers, agro-tourisme), en bus (départ 8h45) sur réservation (tél.

0692 70 48 82, 25 euros repas inclus)

• Vendredi 11 mai : filières animales

Remise de récompenses aux éleveurs par le Conseil départemental à 11h00, salle Raymond-Barre.

• Samedi 12 mai : journée caprine et apicole

Concours caprin à 13h00, démonstration d’extraction de miel à 15h00.

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La Réunion n’ayant que trois millions d’années, son sol est encore en formation.

On peut le constater au Grand Brûlé.

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agriculture

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Sol cultivé

voyage au cœur de la terre Un des plus célèbres romans de Jules Verne a pour titre : « Voyage au centre de la Terre ».

Sans aller aussi profond, force est de constater que l’étude des sols ressemble par bien des aspects à un voyage scientifique à la découverte d’un monde qui est encore loin d’avoir dévoilé tous ses mystères.

Q

ue sait-on des sols de La Réunion ? On connaît leur composition physico-chimique (acidité, teneurs en azote, phosphore, potassium, matières organiques…) qui sert au calcul des besoins en fertilisants agricoles. Sur ce plan, l’expertise scientifique s’appuie sur une ressource probablement unique au monde pour un si petit territoire : une base de données de plus de 20 000 échantillons de sols agricoles analysés qui continue de s’enrichir jour après jour.

Ce renouvellement des connaissances permet de faire évoluer les outils de conseil aux agriculteurs, à travers par exemple la révision de la carte des sols de l’île actuellement menée par le Cirad * et l’IRD **. Bien que moins étudiées, les caractéristiques physiques des sols de l’île, telles que leur texture principalement argileuse ou leur capacité à retenir ou inversement à laisser s’infiltrer l’eau, sont relativement bien connues. L’érosion, phénomène naturellement

très présent à La Réunion, fait aussi l’objet d’un suivi particulier. Un observatoire de l’érosion à la Réunion (ERORUN) a été créé dans le cadre de l’observatoire des sciences de l’univers de l’université (OSU Réunion).

Quant à l’écologie et la biodiversité des sols, c’est-à-dire le monde vivant qui les peuple, c’est un champ encore relativement peu étudié à La Réunion, mais qui devraient l’être de plus en plus dans les années à venir. Quelques premières réponses ont cependant été apportées sur la vie biologique des sols réunionnais.

Une abondance et une diversité de vers de terre satisfaisante Mené en collaboration avec Eric Blanchart, écologue du sol à l’IRD, un inventaire de la faune du sol visible à l’œil nu est en cours depuis 2013.

Ce travail piloté par le Cirad est réalisé sur la station expérimentale de la Mare (Sainte-Marie)

dans le cadre d’un essai Soere-Pro *** visant à étudier la fertilisation minérale et organique de la canne. On a ainsi, entre autres, une première indication de la diversité et de l’abondance des vers de terre à La Réunion pour une culture souvent considérée comme peu favorable à la biodiversité. Bilan : les trois grands groupes de vers de terre, épigés, endogés et anéciques (voir encadré) ont été retrouvés avec une abondance moyenne de 100 vers de terre au mètre carré, correspondant à une masse de 200 kg de vers à l’hectare. Un chiffre tout à fait normal, voire plutôt élevé même, pour les milieux tropicaux dans lesquels les vers de terre sont généralement de plus petites tailles et pèsent donc moins lourds qu’en milieu tempéré.

Toujours dans le cadre de l’essai Soere-Pro de La Réunion, les scientifiques du Cirad sont par ailleurs en train de tester différents indicateurs de l’activité biologiques des microorganismes (bactéries et champignons principalement) du sol. Les enzymes sécrétés par ces microor-

ganismes permettent de mettre à disposition de la plante les nutriments contenus dans la matière organique du sol. Ils présentent des niveaux supérieurs à ceux obtenus pour les sites métropolitains, suggérant une spécificité tropicale. Par ailleurs, les pratiques de fertilisations organiques semblent favoriser l’abondance des bactéries du sol (voir encadré) par rapport à une fertilisation uniquement minérale. Ces premiers résultats parcellaires encourageant laissent espérer à plus long terme de pouvoir compléter les outils actuels de gestion de la santé des sols agricoles à la Réunion. * Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. ** Institut de recherche pour le développement. *** Système d’observations, d’expérimentations et de recherche environnemental : ce réseau d’expérimentation a pour objectif d’étudier le devenir de fertilisants organiques et minéraux dans le sol, l’air, l’eau et les plantes cultivées. Il comprend trois sites en Métropole, un site à la Réunion et un site au Sénégal.

Les trois grands groupes de vers de terre

1 2

Les vers de terre épigés

vivent à la surface du sol ou dans les premiers centimètres du sol. S’ils creusent peu de galeries, ils jouent un rôle dans la décomposition de la matière organique déposée à la surface du sol.

Les vers de terre endogés

vivent exclusivement dans le sol et se déplacent en faisant des galeries principalement horizontales. Ils ingèrent la terre et participent ainsi à la minéralisation de la matière organique et à son association intime avec les minéraux du sol.

3

Les vers de terre anéciques

sont les vers de plus grandes tailles qui vivent dans les galeries verticales qu’ils creusent dans le sol. En plus de jouer un rôle important dans l’aération du sol, ils y enfouissent la matière organique récupérée à sa surface et l’ingèrent une fois décomposée et mélangée aux minéraux du sol.

photos : © C. Laurent, Cirad

(Source : D’après Montpellier Supagro, Blanchart E., Peigné J. et Vian J.-F.)

Un atlas français des bactéries du sol

Vers de terre épi-endogés (Dichogaster saliens) serpentant entre des racines de graminées dans une motte de sol prélevée sur la station expérimentale du Cirad aux Colimaçons .

Petit ver de terre épi-endogé (Dichogaster saliens) et grand ver de terre endogé (Pontoscolex corethrurus) sur une motte de sol prélevée sur la station expérimentale du Cirad aux Colimaçons

• Des chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique ont publié récemment un « Atlas français des bactéries du sol ». Ils ont inventorié les sols dans le cadre du Réseau de mesure de la qualité des sols (RMQS), mis en place à partir de 2001 en Métropole et dans les DOM. A raison d’un échantillon prélevé tous les 16 km, la vie bactérienne de 2 200 échantillons a été étudiée. Une dizaine de sites ont été concernés par cette étude à la Réunion. Résultat : 115 000 espèces de bactéries recensées !

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Matériels

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Filtre à particules, boîte de vitesses automatique, pont avant suspendu : quelques détails d’un tracteur moderne.

Mon tracteur à l’heure électronique Les tracteurs modernes n’ont plus rien à voir avec les rustiques engins pétaradants d’autrefois.

Bourrés d’électronique, ils doivent également respecter des normes anti-pollution toujours plus strictes.

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a cabine des tracteurs dernier cri est peut-être plus confortable que votre voiture ! Climatisation, siège pneumatique avec protections lombaires et cervicales, batterie de rétroviseurs pour ne laisser aucun angle mort, éclairage à 360°… Les constructeurs savent veiller au confort et à la sécurité des agriculteurs. Les évolutions les plus marquantes dans la conception des tracteurs sont toutefois moins visibles. « Toute la machinerie agricole motorisée connaît de profondes évo-

lutions en lien avec celles de la réglementation européenne anti-pollution, explique Daniel Lacaille, directeur général de Foucque Matériels.

Plusieurs étapes ont déjà été franchies dans la réduction des émissions polluantes, un nouvelle le sera le 1er janvier 2020 avec l’entrée en application de la réglementation Stage V qui va imposer la présence de filtres à particules ».

L’étape précédente avait déjà amené la généralisation des systèmes de dépollution avec AD Blue. Les nouveaux moteurs agricoles doivent être « propres », loin des engins fumants

et pétaradants d’autrefois. L’électronique est venue en renfort pour accompagner cette évolution, les rampes d’injection sont gérées finement pour envoyer juste ce qu’il faut de carburant dans la chambre de combustion. « Pour trouver la meilleure adéquation entre puissance et transmission, on voit apparaître des boîtes de vitesse automatiques, poursuit Daniel Lacaille. Des petits moteurs peuvent développer des puissances importantes. De même, la réglementation a conduit à la mise au point de doubles systèmes de freinage,

L’Armeflhor accompagne l’auto-construction

La canne en quête de solutions mécaniques

Yannick Ah Hot/Armeflhor

La main d’œuvre se fait rare, les herbicides homologués se font moins nombreux.

La filière canne cherche des solutions mécaniques pour relever les défis de demain.

L’arrivée des petites coupeuses péi a déjà apporté une partie de la réponse à la raréfaction de la main d’œuvre, au stade de la récolte. Il faut maintenant en trouver au stade de la plantation et pour lutter contre l’enherbement. L’interdiction probable du glyphosate, à court terme, pose surtout un problème aux canniers au moment de la replantation d’une parcelle. Le renouvellement des souches de canne est recommandé tous les sept ans, dans la pratique il se fait de manière beaucoup plus espacée. Le puissant herbicide permet alors de tuer les vieilles souches. Comment faire sans lui ? Le centre eRcane, dont le périmètre ne se limite pas à la sélection de nouvelles variétés, a lancé un programme d’expérimentation qui a permis la mise en point d’un outil baptisé « glyphomulch », puisqu’il se substitue au glyphosate en broyant les souches et en les transformant en mulch. Tout en respectant les nouvelles préconisations environnementales, qui déconseillent de travailler le sol trop en profondeur. De même, de nouveaux outils tractés de binage et de sarclage sont en cours d’essai, pour remplacer les épandages d’herbicides, ainsi qu’un mini-tracteur qui peut passer entre deux rangs de cannes.

n connaît la difficulté des planteurs de canne à trouver des coupeurs quand vient la campagne, moins celle des producteurs d’ananas à trouver de la main d’œuvre au moment de la plantation. Le problème est au moins aussi aigu. Les travailleurs agricoles se sont détournés de cette activité aussi pénible que répétitive. Courbé en deux, il faut mettre en terre les rejets d’ananas sur les billons, au moins 70 000 pieds à l’hectare. Epuisement garanti au bout de trois ou quatre heures, sous le soleil… « Nous avons été sollicités par les professionnels en 2015, lors du comité technique annuel qui permet de faire le point sur les besoins de chaque filière, relate Ignace Hoarau, responsable du pôle arboriculture fruitière de l’Armeflhor, l’institut technique horticole de Bassin-Martin, à Saint-Pierre. Pour continuer à développer la production et l’exportation de l’ananas Victoria, il faut mécaniser tout ce qui peut l’être ».

Aucune machine à planter les ananas n’existe dans les autres pays producteurs. L’Armeflhor se tourne vers des constructeurs, qui présen-

tent des devis bien trop élevés pour concevoir une telle machine. « Nous avons alors trouvé en métropole une structure coopérative, L’Atelier Paysan, qui créée des modèles de machines simples, que les agriculteurs doivent pouvoir construire et réparer eux mêmes ». Il y a deux ans, un prototype est présenté aux producteurs réunionnais, qui viennent le construire à l’Armeflhor. Les premiers tests au champ, fin 2017, sont concluants. Les planteurs s’installent en position semi-allongée, au ras du sol, dans la machine tirée par un tracteur. Les plants, placés dans une benne au-dessus d’eux, descendent à portée de leur main, ils n’ont plus qu’à les enfoncer dans le billon de terre meuble. « C’est quatre fois plus rapide que la plantation classique, la fatigue en moins », commente Ignace Hoarau. Chaque producteur a désormais la possibilité de se doter d’un tel engin, alors que l’Armeflhor poursuit sa réflexion sur l’auto-construction de petits matériels, notamment pour l’agriculture biologique. Voire des outils sans tracteur, pour les parcelles en pente du cirque de Cilaos ou d’ailleurs.

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Une machine simple, pour planter l’ananas sans fatigue.

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pneumatique et hydraulique, et de suspension du pont avant pour pouvoir rouler jusqu’à 50 km/heure ».

Des interfaces électroniques ont également été introduits entre le tracteur et les outils traînés, pour en simplifier l’utilisation.

Evidemment, les prix ont grimpé et désormais un ordinateur est indispensable pour réparer un tracteur. Mais la montée en qualité des équipements génère des économies sur les révisions, l’huile, le remplacement des filtres et la main d’œuvre correspondante.

Un broyeur de souches de canne pour remplacer le glyphosate.

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Horticulture

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Ce qu’ils en pensent • Joseph Avril (SCEA Multiplantes)

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“ Du conseil et des emplois ”

Patrick Fages, président de l’UHPR.

L’horticulture réunionnaise passe à l’offensive

• Jimmy Lépinay (Pot Epice Tradition) “ La qualité, notre meilleure publicité ”

L’Union des Horticulteurs et Pépiniéristes de La Réunion a lancé en 2018 la marque collective Plant’Péi, qui distingue les plants produits localement. La première étape d’une stratégie ambitieuse.

Il y a quelques jours, sur son stand du Salon de la Maison, Jimmy Lépinay mettait tout son bagou au service des plantes péi et de l’horticulture locale. “ J’étais déjà présent sur le Salon l’année dernière. Les clients reviennent me voir, me disent que tout ce que je leur ai vendu a réussi, pousse, résiste au soleil et aux pluies. C’est ma meilleure publicité ! ”. Il montre ses orchidées, magnifique d’authenticité, même si elles ne présentent pas la perfection artificielle des plants importés. “ Mes orchidées refleurissent plusieurs fois ”, dit-il.

L’horticulteur du Tampon aime innover.

Ses plants de bissap s’écoulent bien : les Réunionnais y ont pris goût, mais il s’agit d’une plante annuelle et tout les jardiniers n’ont pas encore pris le réflexe de collecter des graines pour l’année suivante ! Jimmy s’est également lancé dans la production de plantes endémiques médicinales.

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• Daniel Abmont (Pépinière de la Chapelle) :

“ Un travail de longue haleine ”

© D.R

l y a deux ans, le Syndicat des horticulteurs et pépiniéristes de la Réunion change de nom, sous l’impulsion d’un de ses membres historiques : Patrice Fages, fondateur de la Sapef et des Pépinières du Théâtre, à Saint-Gilles. Le choix de l’appellation “ Union des horticulteurs et pépiniéristes de La Réunion ” (UHPR) n’est pas seulement une opération cosmétique. “ Ces dernières années, la filière horticole avait perdu toute visibilité, explique Patrice Fages, qui préside la nouvelle organisation professionnelle. On en trouvait à peine la trace dans les statistiques officielles de la DAAF, alors que la production horticole réunionnaise représente tout de même un chiffre d’affaires global de 45 millions d’euros. On n’est pas si petits que ça ! ”. L’UHPR se dote d’un poste d’assistance technique et administrative, attribué à Patricia Ah Hoi, dans le cadre d’une convention avec la Chambre d’agriculture, et obtient le soutien de l’Odéadom pour financer un audit de la filière, avec une double vision locale et internationale.

La production réunionnaise est en effet confrontée à une vive concurrence sur les segments des plantes en pot comme des fleurs coupées. Les orchidées produites à bas coût en Asie ou en Hollande envahissent notamment les étals. De plus, les importations horticoles, estimées entre 11 et 12 millions d’euros par an, ne sont pas exemptes de risque sanitaire.

Une des premières actions décidées par l’UHPR, l’année dernière, consista donc à créer une marque collective, Plant’Péi, “ pour distinguer les végétaux produits localement

“ J’ai adhéré sans hésiter à la démarche Plant’Péi, déclare Joseph Avril, un des piliers de la production horticole réunionnaise dont l’entreprise, Multi Plants, existe depuis trente ans et emploie 18 salariés permanents. Nous devons nous démarquer de l’importation directe et faire en sorte que nos clients s’approprient cette marque, comprennent que derrière elle il y a du conseil et des emplois. Nous sommes au début de la démarche, les actions de communication vont monter en puissance, notamment à l’approche de la fête des Mères.

La pression de l’importation est forte, mon bégonia vendu 8 euros, qui a poussé pendant cinq mois depuis la bouture, ne fait pas le poids face à une orchidée à 10 euros fraîchement débarquée. Nous devons être présent au moment de la vente, pour conseiller le client et éviter qu’il cède à la facilité ”.

Jimmy Lépinay, horticulteur au Tampon. par des entreprises sérieuses et certifiées, poursuit Patrice Fages. Plant’Péi garantit l’adaptation au terroir, la qualité, la vivacité et la durabilité et symbolise aussi une contribution civique à l’économie locale ”.

Au-delà, l’UHPR a l’ambition de fédérer la profession autour d’une idée commune et d’y faire adhérer les jardineries, l’indispensable maillon commercial.

L’audit de la filière a proposé un plan d’actions progressivement mises en œuvre.

“ Nous préparons un catalogue de la production végétale Plant’Péi par saison, annonce le président de l’UHPR, pour structurer l’offre. La stratégie Plant’Péi sera ensuite étendue à la rose Bourbon et aux endémiques et indigènes, à la fois pour le marché local et pour l’export. Plusieurs dizaines d’espèces présentent un intérêt ornemental, comme le bois d’éponge, le bois de buis, le bois de pintade… Si on ne se protège pas, on va se les faire piquer ! ”.

Spécialisé dans le palmier dans sa pépinière d’Etang-Salé, Daniel Abmont appose méticuleusement les autocollants Plant’Péi sur ses pots. Si la plupart des palmiers qu’il vend – près de 200 espèces – ont des origines extérieures, ils ont poussé ici. “ Mais les gens demandent encore des oliviers, des cyprès, constate-t-il. Expliquer aux clients les avantages de l’origine locale des plants est un travail de longue haleine. La labellisation Plant’Péi est un gage d’adaptation du produit aux conditions locales. De plus, nous sommes là pour conseiller le client, en fonction de son habitat, de sa localisation sur l’île, il existe des palmiers pour toutes les zones, beaucoup d’espèces restent petites et peuvent pousser sur un balcon ”.

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Monde agricole

Samedi 11 mai 2019 - Supplément

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élevage

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à la plaine des Cafres, ce troupeau protégé par des patous des Pyrénées n’a rien à craindre.

Les chiens de troupeau font régner l’ordre dans les Hauts

Leur utilisation est en plein développement, sous l’impulsion du dresseur Michel Eckert. Les chiens de troupeau assurent la sécurité des bêtes tout en aidant les éleveurs à les diriger dans les pâturages.

C

e matin, Didier Galletti doit sélectionner les brebis et les agneaux qu’il montrera bientôt à la foire de BrasPanon. Il a demandé de l’aide à Jolie, une border collie de 4 ans et demi, et à son maître, Michel Eckert. En une quinzaine de minutes, l’affaire est réglée. Jolie obéit sans délai aux ordres brefs de Michel, isole les animaux à marquer, regroupe les bêtes avant de recommencer…

Sur les hauteurs de piton Ravine Blanche, près de la Plaine-des-Cafres, le chien de

conduite fait une nouvelle fois merveille.

Sur son élevage, Didier mise également sur les compétences de ses cinq superbes patous des Pyrénées, puissants et intraitables gardiens. Depuis que les chiens de protection sont là, aucun vol, aucune attaque de chien errant n’est à déplorer, alors que des dizaines de biches sont déjà passées de vie à trépas dans une exploitation voisine.

L’utilisation des chiens de troupeau se développe à La Réunion sous l’impulsion de Michel Eckert. Ce passionné, également spécialiste du sauvetage – il est déjà in-

tervenu avec ses chiens après plusieurs tremblements de terre, à travers le monde – est le seul moniteur agréé sur l’île par l’Institut de l’élevage pour former des maîtres au dressage de chiens de conduite et de protection. “ Mon brevet permet aux éleveurs et à leurs salariés agricoles de se faire financer leur formation, explique-t-il.

Plus d’une soixantaine d’exploitations ont déjà investi dans des chiens de protection et une quinzaine font travailler des chiens de conduite. Nous avons créé l’Association des utilisateurs de chiens de troupeau et

Le bien-être animal, c’est la loi !

Préoccupation grandissante des consommateurs, le respect du bien-être animal est aussi inscrit dans diverses réglementations et fait l’objet de contrôles de la Daaf.

Le respect du bien-être animal n’est pas seulement une bienveillance volontaire des hommes envers les animaux : elle est aussi une obligation légale. Dans le code civil, les animaux sont qualifiés “ d’êtres doués de sensibilité ” et le code rural, dans son article L 214, décrit les obligations humaines envers ces derniers.

La loi française reprend les grands principes édictés par l’Organisation mondiale de la santé animale. Tout animal doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. Il est interdit de priver un animal de nourriture et d’abreuvement appropriés, de le laisser sans soin en cas de maladie ou de blessure, de le maintenir dans un environne-

ment ou un habitat qui pourrait être cause de souffrance, de blessure ou d’accident, d’utiliser des dispositifs d’attache ou de contention inadaptés à l’espèce ou de nature à provoquer des blessures ou des souffrances. Différents arrêtés ministériels détaillent les prescriptions pour chaque espèce, notamment pour celles utilisées en élevage.

les sanctions auxquelles s’exposent les contrevenants Elles portent sur la densité des animaux dans les bâtiments, pour les élevages hors sol, sur les matériaux du sol et peut par exemple imposer de mettre à disposition des porcs, qui sont joueurs, des objets manipulables.

Le code rural précise également les sanctions auxquelles s’exposent les contrevenants et donne au préfet la responsabilité de vérifier la bonne application de ces réglementations. L’unité Santé et protection animales de la Daaf, basée à Saint-Pierre, en est plus particulièrement chargée à La Réunion. Elle est dirigée par Patrick Gar-

cia. “ Nous effectuons des contrôles tout au long de la chaîne, explique-t-il, des exploitations aux abattoirs, en passant par le transport, très réglementé également. Nous avons à La Réunion un très bel abattoir d’animaux de boucherie, où nous n’avons jamais observé de comportements de maltraitance volontaire. Nous pouvons également recevoir des signalements mais ils sont très rares concernant les animaux de ferme, plus fréquents pour animaux de compagnie maltraités. L’intérêt des éleveurs est de bichonner ses animaux, qui lui apporte son revenu. Cela dit, des éleveurs peuvent rencontrer des problèmes, économiques ou personnels, qui l’amènent à ne plus s’occuper correctement de ses bêtes. Les agriculteurs en difficultés peuvent être pris en charge par une commission d’accompagnement ou sont représentés les partenaires publics et privés du monde agricole. Une cellule départementale a été mise en place pour aider les éleveurs dans cette situation et gérer les cas de maltraitance animale éventuels. En un an et demi, un seul cas de maltraitance, involontaire, a été observé. ”

de ferme de La Réunion, qui compte déjà une vingtaine d’adhérents éleveurs ”.

Alors que l’errance de chiens affamés représente un problème grandissant pour les agriculteurs, les chiens de protection permettent, au moins, de se prémunir des attaques. Comme les chiens de conduite, ils peuvent être utilisés avec les bovins et les petits ruminants comme avec les volailles.

Ils sont nés, ou ont été placés petits dans le troupeau, s’en considère membres à part entière et défendront leurs congénères jusqu’à la mort !

Démonstration à Bras-Panon Michel Eckert sera à la foire de Bras-Panon le 18 mai : de 9h30 à 12h00, il proposera une démonstration de chiens de conduite de troupeau et de chiens de sauvetage.

Une des priorités du Rita Animal Un Réseau d’innovation et de transfert agricole (Rita) a été créé en 2015 pour répondre aux problématiques spécifiques des filières d’élevage réunionnaises : l’amélioration de l’alimentation des ruminants, le suivi sanitaire… “ Notre action s’inscrit également dans le respect des priorités nationales en matière d’élevage, souligne Pascale Achard, animatrice du Rita Animal. Le bien-être animal en fait partie, tout comme la plan Ecoantibio qui vise à limiter l’utilisation d’antibiotiques en médecine vétérinaire, pour réduire le risque de résistance. ”

Spécial

Monde agricole

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Apiculture

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Colonie d’abeilles à l’agonie sur un couvain envahi par le varroa.

guerre au varroa !

Face à l’infestation récente des ruches réunionnaises par le varroa, parasite tueur d’abeilles, la lutte s’organise. Elle exige à la fois technicité, ténacité et patience. D.R

L

es apiculteurs réunionnais le redoutaient, il a fini par arriver.

Notre île était un des derniers endroits du monde épargné par cet acarien qui vient s’agripper aux abeilles pour se nourrir de leur sang et de leurs corps gras, et dont les femelles pondent dans les couvains des ruches. Le varroa avait été détecté en 2010 à Madagascar, en 2014 à l’île Maurice. à La Réunion, le tocsin a sonné le 4 mai 2017, lendemain de la découverte des premiers spécimens dans le rucher pédagogique du lycée Lecontede-Lisle, à Saint-Denis. “ En une année, 4 colonies d’abeilles sur 10 ont disparu, estime Olivier Esnault, vétérinaire, épidémiologiste et chercheur, mobilisé à plein temps contre le varroa au sein du Groupement de Défense Sanitaire, à la tête d’une équipe de trois techniciens. Il est difficile de mesurer l’impact du parasite sur la production de miel, en raison des très faibles floraisons de letchis en août 2017 et de baies roses en mars 2018, mais il est certainement important.

Les abeilles perdent beaucoup d’énergie en cherchant à se débarrasser du parasite ”.

Si aucun pays n’a réussi à éradiquer le varroa, devenu la première cause mondiale de

mortalité des abeilles, devant les pesticides et le recul des ressources mellifères, diverses méthodes de lutte ont été mises au point. Les apiculteurs réunionnais ont dû les apprendre en accéléré, notamment avec le GDS qui a multiplié les formations. “ On a dû passer instantanément à une apiculture beaucoup plus technique, poursuit Olivier Esnault, ce qui n’a pas posé de problème aux jeunes bien formés. Mais ces méthodes de lutte ne sont pas encore suffisamment maîtrisées aujourd’hui, notamment par les apiculteurs de loisirs ”. La Réunion compte plus de 600 apiculteurs déclarés, mais seulement 115 considérés comme professionnels, disposant de plus de 50 ruches.

Pros comme amateurs ont pu bénéficier de l’aide d’urgence débloquée par le Département, 300 000 euros au total qui ont permis de prendre en charge 80% des premiers traitements. Mais cette enveloppe va baisser dès cette année et certains apiculteurs à la trésorerie très affaiblie risquent de rechigner à dépenser les 17 euros nécessaires au traitement de base d’une colonie, entre deux miellées.

Si les apiculteurs ont intérêt à investir sans attendre les aides pour lutter contre le varroa, les abeilles ne comptent pas seulement sur les hommes pour repousser le danger.

Elles aussi sont parties en guerre, en essaimant davantage, en mettant en place des stratégies relativement efficaces pour maintenir l’infestation à un niveau viable. A tel point que le GDS recrute actuellement un ingénieur qui sera spécialement chargé de sélectionner les abeilles les plus résistantes !

Un autre prédateur sous surveillance Le réseau de ruchers sentinelles de la filière apicole réunionnaise est sur le qui-vive. Un autre danger potentiel est en effet aux portes de l’île : le petit coléoptère des ruches.

Originaire d’Afrique du Sud, devenu indigène à Madagascar, il est présent depuis 2015 à Maurice. Le risque de son introduction à La Réunion est donc réel. “ Les larves de ce coléoptère se nourrissent du couvain et du miel et font leur déjection dans le miel, qui dès lors prend un mauvais goût et peut fermenter, explique Olivier Esnault. Il s’agit d’un danger sanitaire de première catégorie, qui pourrait aboutir à des abattages totaux. ”

Le miel à la foire La foire de Bras-Panon accorde comme chaque année une place de choix à l’apiculture.

Dimanche 12 mai, l’Association pour le Développement de l’Apiculture (ADA) organise son traditionnel concours de miel de baies roses, dont les résultats seront proclamés sur le podium central à 17h00, avec la remise du prix Cuvée spéciale-Miel d’exception Foire 2019. Tous les jours de la semaine, sur le stand de l’ADA, un rucher vivant sera

ouvert et une visite pédagogique proposée.

La journée du samedi 18 mai sera plus spécialement dédiée à l’apiculture. Une conférence (“ Quelle apiculture réunionnaise pour demain ? ”) sera organisée à 9h30 par l’ADA, la Chambre d’agriculture, la Coopémiel et le Groupement de Défense Sanitaire. A 15h00, l’espace mini-ferme accueillera une démonstration d’extraction de miel, suivi d’une dégustation.

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%

Le varroa a détruit 40% des colonies d’abeilles réunionnaises en deux ans.

© C. Laurent/Cirad

Pascal Fontaine : “ Si on baisse les bras, on perd tout ”

Le varroa, un parasite de 3 mm sur 1,5 mm

Apiculteur professionnel, Pascal Fontaine fait partie des principaux producteurs de miel réunionnais. Pour ce propriétaire de 500 ruches, la nouvelle de la découverte des premiers varroas sur l’île, en mai 2017, a sonné comme un coup de tonnerre. “ En inspectant nos ruches, on a constaté que le parasite était déjà présent, même si le taux d’infestation était encore très bas, dit-il. On avait les larmes aux yeux ”.

Etienne, le fils de Pascal Fontaine, avait déjà effectué des stages chez des apiculteurs professionnels de métropole, qui vivent avec le varroa depuis de longues années déjà. En juin 2017, il repart chez eux pour se former aux traitements. “ Nous étions encore en-dessous

du seuil critique, poursuit l’apiculteur du Tampon. Nous avons laissé la miellée de letchis se faire, puis nous avons commencé à traiter nos ruches, à l’acide oxalique. Elles étaient envahies de varroas. Nous n’avons pas beaucoup récolté de miel, nous avons tout fait pour préserver notre cheptel ”. L’année dernière, des essaims sont remis en place, les traitements commencent à donner des résultats. “ Toutes nos ruches ont vu leur production augmenter et en 2019 nous allons retrouver le niveau d’une année moyenne.

On commence à retrouver le sourire, mais il nous faudra attendre cinq ou six ans pour savoir si on a maîtrisé le parasite. Il ne faut pas baisser les bras, sinon on perd tout. ”

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Monde agricole

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Un artisanat d’art aux racines agricoles

Artisanat

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L’association Art et Tradition est une fidèle de la foire agricole de Bras Panon. L’occasion de rappeler que les fruits et légumes inspirent plusieurs artisans d’art.

Les calebasses de Marie-Paule Fanchin

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Comment qualifier les œuvres de MariePaule Fanchin ? Lampe décorative, lanterne magique projetant des ombres poétiques sur les murs, création lumineuse. Le public a découvert les calebasses métamorphosées de Marie-Paule Fanchin au Fait Main de 2015.

Personne n’avait imaginé qu’on puisse donner à une calebasse, déjà jolie en soi, un air de magie.

Mais la révélation avait d’abord été pour Marie-Paul Fanchin elle-même, lors d’un voyage aux Antilles. C’est là-bas qu’elle découvre un usage des calebasses comme lampes. L’âme d’artiste sommeillant chez cette enseignante à la retraite voit tout de suite le parti à tirer de cette trouvaille pour aller plus loin. « Mon père était ébéniste. J’ai grandi autour de l’établi paternel. J’ai acquis de cette époque certaines techniques que j’applique aujourd’hui à mes calebasses. Je suis devenue artisane par plaisir, un plaisir que j’essaie de transmettre à travers mes créations. » Marie-Paule Fanchin travaille la calebasse liane,

assez courante, et la calebasse arbre, le fruit du calebassier, beaucoup plus rare sur l’île. Elle travaille également les œufs d’autruche et d’émeu.

Toute provient de la Réunion. Marie-Paule Fanchin prépare elle-même les coques des fruits.

Elle a perfectionné ses propres techniques de perforation et de coloration.

Les motifs sont traditionnels (paille-en-queue, margouillat, lambrequin, etc.), symboliques (Vierge Marie, Ganesh, Petit Prince, arbre de vie…) ou géométriques. Marie-Paule Fanchin répond à des demandes personnalisées avec, par exemple, l’inscription d’ un prénom, d’un logo ou d’une calligraphie. Les socles des lampes sont en bois locaux, lave, verre, bronze ou laiton. Les œufs d’autruche et d’émeu ont ouvert à l’artisane un nouveau champ de créativité avec l’exploitation de leurs teintes naturelles. Chaque création est unique. Les lampes sont vendues prêtes à l’emploi. Pas de souci d’entretien. L’œuvre ne se dégrade pas avec les années.

Tout temps Kalbass : 0692 67 60 04.

Le chouchou d’Alexandra Jaworski

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On connaissait les chapeaux tressés de chouchou, légers comme l’air. Voici le cuir végétal de chouchou. On doit cette innovation à la créatrice Alexandra Jaworski qui, en fait de fibre, possède la fibre artistique du jamais vu.

Dans son atelier de Dos d’Âne, Alexandra Jaworski n’a de cesse de chercher à améliorer ses process pour créer des produits nouveaux.

Alexandra Jaworski s’est faite connaître par ses meubles en carton (qu’elle produit toujours sur commande). En 2012, elle donne à ses meubles la patine d’une sorte de cuir à base de filtres à café. De fil en aiguille naît une ligne de bijoux contemporains avec cette matière tirée des filtres à café. L’année dernière, ses recherches dans la même veine l’amène à s’intéresser au chouchou. « J’épluchais un chouchou quand j’ai remarqué

la résistance de cette peau. Je l’ai faite sécher et, en appliquant ma technique, j’ai obtenu, comme avec les filtres à café, un cuir végétal imputrescible aussi résistant qu’un cuir animal. » Ainsi est née une ligne de maroquinerie pleine de couleurs : sac, porte-chéquier, portemonnaie.

Cette originalité, soutenue par la fiabilité de ses produits, a vite été remarquée. Alexandra Jaworski a obtenu le Trophée régional des Métiers d’art de France en 2012 pour son travail sur les filtres à café. Elle présente cette année à ce concours son cuir de chouchou. Alexandra Jaworski travaille beaucoup sur commande.

Ses produits sont diffusés dans quelques points de vente de l’île.

Lafécafé : 0692 65 16 56.

Les bougies de Cathy

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Ce n’est pas sans fierté que Edwige Annibal (Cathy) et Jean-Jacques Saliou montrent leur certificat Artisan Qualité daté de décembre 2018. Un certificat qui fait suite au label Artisanat Réunion obtenu en 2012, un an après la création de leur entreprise. Pour les deux artisans de la Plaine des Palmistes, ces titres témoignent de leur démarche pour parvenir à une maîtrise technique de haut niveau de leur art.

C’est avec des bougies en forme de fleurs qu’ils ont commencé à se faire connaître. Ce premier succès les incite à sauter le pas : quittant leurs emplois, ils se lancent dans l’aventure de l’artisanat. Jean-Jacques Saliou élabore sa propre technique de moulages de la cire écologique.

Il crée une bougie en forme d’ananas Victoria,

puis un chouchou, un pimpin, un pilon, une marmite, un moulin maïs, etc.. Prochainement une bougie en forme de lampe à pétrole lontan viendra s’ajouter à la collection. Toutes les bougies sont parfumées.

De son côté, Edwige Annibal travaille la porcelaine à froid pour créer des bijoux (colliers, boucles d’oreille, bracelets) aux décors de goyave, chouchou, et plus récemment de fleurs de vanille d’une grande finesse. Ce dernier motif se parfume en y incrustant de petites gousses de vanille. « On ne pensait pas que cela marcherait aussi bien » se réjouissent les deux artisans dont les produits sont distribués par plusieurs points de vente touristiques. Il est possible aussi d’acheter directement à l’atelier.

Les bougies de Cathy : 0692 89 61 56.