Maux Croisés

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Conception du graphisme de la couverture Salvatore d’Angelo http://www.salvatore-dangelo-graphiste.com/

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Éric GABRIEL

Maux croisés Nouvelles

TheBookEdition.com 113 rue Barthélemy Delespaul 59021 Lille cedex

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A Nathalie, Antoine, Constance et Anatole

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Les miracles ne se produisent que dans l'창me de celui qui les attend. Stefan Zweig

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La médaille d’or. Le regard de Samuel se fixa sur cet arbre dont il ne reconnaissait pas l’essence. Hêtre, chêne ou platane ? Quelle en était d’ailleurs l’importance ? Seule comptait la résistance de ses fibres et de son écorce, lorsque sa voiture se précipiterait dessus. La pluie travestissait le paysage. De brusques averses irrégulières balayaient les branches de cet alignement de soldats vert et brun, et la carrosserie de sa BMW sonnait faux sous les camouflets de la pluie. Dans dix minutes, cette eau salvatrice coulerait sur son visage sans vie, effaçant les traces de sang et de larmes. Un orage providentiel à qui la police incomberait la responsabilité de l’accident. Vitesse, virage, giboulée. Les ingrédients nécessaires pour une mort classique, qui ne laisserait que deux lignes dans le 180


quotidien local, mais ferait augmenter les statistiques qu’un pâle ministre s’efforce pourtant de faire chuter. Alors, Samuel retarda l’instant de sa mort et sortit de son véhicule. Distant de deux cents mètres à peine, le virage concerné formait un boomerang rigide. Samuel s’en approcha. Malsaine curiosité ou volonté de ne rien laisser au hasard, hasard qui lui avait occasionné tant de souffrance ? Il écarta ses longs bras, offrant son costume Saint-Laurent aux affres du temps. L’eau ruisselait sur son abondante chevelure poivre et sel. Il ne s’était jamais accordé pareil plaisir et il imagina un court instant la tête de sa secrétaire si prompte à frotter ses épaules parsemées de pellicules. Qu’importait tout ceci à présent ? D’un pas lent, il s’approcha du talus et son corps svelte, franchit le mince parapet. Alors il s’assit au bord de l’arbre et lui tapota l’écorce, comme jadis il tapotait l’épaule d’un ami. A présent son seul ami se tenait fermement debout sur ses racines. De l’autre main, Samuel entreprit d’arracher le peu d’herbe que l’orage n’avait pas détrempé. Le jour fondait à présent. Puis d’un coup, il voulut se redresser afin de regagner sa BMW, mais son pied glissa dans la boue et entraîna le corps qu’il était censé soutenir. Samuel glissa ventre contre terre et se retrouva en contrebas du talus, son beau costume maculé de glaise. Sa bouche se fendit et un rire tonitruant éclata en même temps qu’un éclair fendit le ciel tourmenté. Il demeura un instant à songer à cette cocasse situation. 181


Seule sa fille aurait pu rire de le voir ainsi crotté. Elle lui serait alors montée sur le dos, lui intimant l’ordre de faire le cheval. Depuis quand n’avait-il pas fait le cheval ? Ses paupières se fermèrent sur des larmes et des soubresauts soulevèrent son corps. Chaque souvenir de l’enfance de Mathilde le rapportait à cette image de mort et à ce cercueil qui se refermait sur une face rongée par la drogue. Son doux visage d’enfant dont il ne restait plus que des photos dans divers albums aux couvertures abîmées. Samuel serra ses poings de rage et d’impuissance. Ce hasard qui l’avait éloigné de sa fille, ce travail qui le rendait étranger aux yeux de sa femme, tellement étranger qu’elle lui en préféra un autre. Seule Mathilde le retenait, mais l’ennemi était si fort et si difficile à battre. Aucune OPA, aucune alliance ou aucun transfert de capitaux n’auraient pu venir à bout de cette addiction mortelle dont Mathilde était prisonnière. Mais c’était ses armes à lui, inefficaces contre celles si sournoises d’un adversaire vicieux et cruel, qui eut raison de la vie de sa fille. Samuel hurla une dernière fois et, en se retournant, relâcha ses poings. Il sentit alors dans l’un d’eux, un objet fin qui lui glissait entre les doigts. Son regard embué tenta d’apercevoir ce fil ou cette cordelette. Malgré la lueur d’un jour déclinant, il devina les maillons de ce qui ressemblait à une chaînette dorée. Tout en se redressant, alors que la pluie s’épuisait, Samuel examina de plus près cette chaînette qu’il nettoya de ses doigts. Il la démêla 182


et une médaille ronde et rugueuse apparue. Le jour était à présent tombé et il décida d’examiner sa découverte dans la voiture. A la faible lueur du plafonnier, Samuel essuya la médaille à l’aide d’un mouchoir. Le fermoir était arraché et les maillons de la chaînette, bien que très fins, étaient en parfait état. La médaille dentelée sur le pourtour révélait le visage de la Vierge Marie. Un visage qui semblait le regarder. Au dos de la médaille, un prénom et une date apparaissaient clairement : Élisabeth 15 05 1985

Samuel fixa longuement la médaille et ses pensées. La pluie venait de cesser, mais la chaussée était détrempée. Son regard s’immobilisa une dernière fois sur l’arbre au loin, qu’une lueur mourante habillait d’un pâle linceul. Alors il tourna la clé et démarra en trombe. Geoffroy Blain examina la chaînette. Peu coutumier à ce genre de bijou, il demeurait dubitatif quant à sa valeur vénale ou spirituelle. - Je veux que vous la retrouviez ! Geoffroy quitta des yeux le frêle bijou et arrêta son regard sur une œuvre de Basquiat qui donnait du relief à un mur du bureau. - Samuel, demandez moi d’enquêter sur l’un de vos employés ou sur la vie privée d’un banquier suisse, mais là… Samuel Le Bloch se leva de son fauteuil présidentiel. 183


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