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F.J. Ossang
Hiver sur les Continents Cernés Archives Ossang Volume 1 Revue Cée 1977—1979
Le Feu Sacré
Cée N°1 Intro — Juin 1977 p. 10 — p. 27 Cée N°2/3 Stanislas Rodanski — Nov. 1977 p. 28 — p. 49 Cée N°4/5 Désœuvres & Guérillas — Mars 1978 p. 50 — p. 109
Cée N°6 Sévices d'urgence — Sep. 1978 p. 110 — p. 138 Cée N°7 Hiver sur les continents cernés — Juin / Sep. 1979 p. 140 — p. 203
Revues
142 Intro Cée N°7 Hiver sur les continents cernés
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À toute vitesse
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Intro Cée N°1 Intro
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Déraille-contrôle
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Intro Cée N°2/3 Stanislas Rodanski
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Via Rodanski
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Intro Cée N°4/5 Désœuvres & Guérillas
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D.D.P. De la Destruction Pure
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Les Déflecteurs de l’opaque
152 Journal d'hiver sur les continents cernés 172 Scoops du commando D.D.P. 1977-1979 176 Vidéoscripts & Chant tribal
112 Intro Cée N°6 Sévices d'urgence 115 Pour en finir avec la disparition du silence
Textes
F.J. Ossang
Hiver sur les continents cernés Archives Ossang Volume 1 Revue Cée 1977—1979
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À toute vitesse
« Les belles choses que nous allons pouvoir faire, MAINTENANT!» Jacques Vaché Et l’on fît une revue—la revue CÉE, qui allait devenir une usine à textes… Où l’on apprit à écrire—ou mécrire, ou désécrire… Le temps de l’anti-poésie… Chance : devoir écrire pour chaque parution trimestrielle… L’Europe était au bord du gouffre, à présent elle est dans le trou… Amusant de relire ces cris du printemps—de l’impossible printemps européen… Je me souviens : un soir de Toulouse 76, je lance l’idée d’une revue—d’une action collective en vue d’une usine à textes. Trouver d’abord un titre : d’un bégaiement l’autre, à bout de sifflements, tombe CÉE—Ici— tout de suite —CÉE, du suffixe grec Kaios, qui donne Gynécée, Androcée—Guerres Sexuelles!—Séditions, Sécessions, CÉEditions ! Ce sera la revue CÉE, jeu de mots sur la Communauté Économique Européenne… Tout aussi velléitaire que USA—ici, c’est à dire nulle part… Constituer un combo d’écrits, comme à l’époque se dessinent des combos punks… Et c’est le premier numéro : CÉE/1—naturellement intitulé INTRO… Nous 6
ne sommes pas revenus de la commotion du silence qui est survenue deux ans plus tôt, lors de la publication du premier volume des œuvres de Stanislas Rodanski : La Victoire à l'Ombre des Ailes (Le Soleil Noir, 1975). Nous décidons l’été 77 de sortir pour Novembre un spécial Rodanski (2/3). La rencontre du peintre Jacques Hérold accélère le processus : le grand ami de Stan—Lélio, nous confie ses dessins, puis des inédits de Rodanski pour chaque numéro à venir. La même année, sur la route de Genève, je fais halte à l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu à Lyon pour tenter de rencontrer Stanislas Rodanski. Ce dernier restera invisible, venant d’être interné pour raisons médicales—une sorte de suicide aux boissons gazeuses, me dira Bernard Cadoux, son ‘instructeur du dehors’—Légende psychiatrique… L’individu fréquentatif Rodanski est là depuis 1954 ! Son ami Alain Jouffroy, et J.C. Bailly répondent à l’emmuré de Lyon… Les abonnés affluent—le numéro 4/5 est en chantier : à Londres il y a les Sex Pistols, à Berlin les derniers clashes de la Fraction Armée Rouge. La France divague et se crispe— déjà —Opak City, où s’arrête le Réel ? Ce sera le numéro Désœuvres et Guerillas. Claude Pélieu télexe depuis Cherry Valley et Cooperstown (U.S.A.) par un contre-script à mon texte De la Destruction Pure— écrit comme un manifeste pour un gang de noise’n’roll —besoin d’occuper le terrain des mots imprécatoires… Jeunesse— post-adolescence —recherche d’ennuis actifs, provocation ? « La Communication, c’est la corruption ! », sut proclamer Carmelo Bene… Mais arrêtons-nous… À quoi sert d’abord une revue ? À produire des frictions à défaut de fiction, comme dirait l’autre… Désincarcérer la parole figée dans le baratin 7
analytico-critique des années 70— la frotter aux théories des 2 William —Blake & Burroughs… Attaquer le virus-mot, produire du texte pour armer la distance parcourue à un âge où le temps ne se décompte qu’à mesure qu’on le tue… « Écrire—ou se tuer… » Comique lugubre, murmure Pélieu (Washburn), désormais à bord de CÉE depuis le numéro 6 qui vient d’entrer chez Bourgois… Course de vitesse, tout contre le vide, et la passion d’en finir avec soi… 34 ans plus tard, demeure cette collection de textes alignés à la va-vite pour se défigurer ou mécrire, comme on se plaisait à dire en ces temps de haine de la poésie— poésie contre tout, ou poésie inadmissible (D.Roche) —sauf que « le fou-rire occupe le terrain » (Pélieu)… Punk rules, Ok ? Écrire des poèmes sans aller à la ligne, tourner des films plutôt qu’annoner l’inénarrable roman des poètes-enseignants—filmer les rues en flammes, et les neurones qui se dilapident à force de ne plus trouver d’usage… Négatif—négatif—recomposer les signes du naufrage pour différer le déclin… Car c’est bien d’exorcisme qu’il s’agit ICI—se désenvoûter par « destruction pure »… Et puis ce sera le dernier numéro : « Hiver sur les Continents Cernés » en 1979, où Pélieu, Rodanski, W.S. Burroughs nous convient au Temps des Assassins. En 1980, le groupe MKB Fraction Provisoire ouvre le feu— quelques livres sortent (encore) : Claude Pélieu, d’Algange, Ossang, Robert Cordier—les disques de MKB épongent partiellement la faillite… Et puis on ferme—fier d’avoir produit une banqueroute à 23 ans… Le monde de l’édition ne voulant forcément pas de nous, on résolut de passer à la course aux armements— étendre le champs vertical par les pilonnements noise’n roll de MKB Fraction Provisoire, puis inonder l’horizon 8
du celluloïd—Kino-Kombat, Kinomatographe, Poésie Bruit d’Atomes… Génération Néant, Davaï, Davaï! Que reste-t-il après les mots ? Ce n’est pas à soi de le dire : un brouillard confus masque les affects, quoique demeurent des élancements. Nostalgie du futur, toujours… Retrouver une candeur gauchère, besoin de faire mal, sentiment d’être l’Ennemi - jouer d’alliances fortuites avec l’assurance de préparer une conjuration sans avenir… Qu’il ne reste rien, l’on dira que c’est bien fait. Je ne donnerais rien pour échanger ces années contre une plus sûre réussite : les livres alors découverts sont immenses, les états du noise’n roll imprescriptiblement aigus, et les films comme du mercure insolent. Tout cela méritait d’aller vite et droit—dans le mur… Witkacy, Debord, Céline, Artaud, WS Burroughs, Gombrowicz, Pound décrivent les fresques incendiaires d’un monde parti loin, mais qu’on retrouvera… F.J. Ossang 21 décembre 2011
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Juin 1977
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Intro Cée N°1 Intro « Ô vacarme silencieux comme la mort » Filamenteuse de cerveaux, la panne racle ses cagesignorance, paroxystise un vide. Des nymes s'enfilent sans recouvrir d'image. Le dualisme, par blocs de représentations, cultive l'obstruction. …mais la fragilité d'ombres dilapidatoires recèle, comme une fente, l'énergie d'un possible déplacement alors même que les idéologies se recoupent …une fente par laquelle la VITESSE peut jeter ses pierres de foudre. (à doses blanches, le vide s'épidémise, précise le ronflement des synapses sous tuinal) « Il faudrait tuer, se tuer » pour que vite, très vite, le « fort » galvanise nos corps & que se tracent de purs fronts de signes. dissoudre les séparations à la multiplicité
s'ouvrir au fragmentaire
Rockers d'écrits en nos existences scandées de « guerres polaires », nous faiblissons alors qu'il ne s'agit plus que 12
de TRACER, de gagner du texte, de cerner des distances, de fouiller une jungle-interstice-langue… en tous sens, en banlieue de sens si nécéssaire ! halte à l'homogène Les limites d'analyses dogmatiques, soulignées force signaux et mots d'ordre, circonscrivent des domaines, assignent des secteurs, ratissent l'impulsion, neutralisent son « courant », masquent l'avancée, l'annulent… disponible, la nuit foisonne. Cée veut ignorer le quantifié critique, différer les modalités du dualisme, saccager le massif, déconnecter les organes de sa syntaxe, fractionner son bloc discursif… privilégier le vécu dans toute son HÉTÉROGÉNÉITÉ ; par ses métissages fausser les grilles de référence, FAIRE DÉRAILLER LE CONTRÔLE, pulvériser le réductionnisme des systèmes, opérer une herméneutique vitale en ces espaces de mort, atteindre à l'unité MULTIPLE. « flambons le texte lorsque ses entours le consument »… …à la recherche du lieu de perpétuelle création du monde, s'effacer… Il n'est de tonalité que mouvement.
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Déraille-contrôle
traqué à jonction d'ignorance au secret de sa loge-writer, Il & la nécéssité d'étendre sa progression au clin supérieur de perception (mineure en couloirs blandins d'entre-deux) vice général de langue & de pensée longe cette continuité de simulacre à raison-cassure d'INTERSTICE [en ces heures gommées, la pensée ne concrétise pas la palpabilité d'un espace vacant. dans sa toute-inertie, elle secrète l'obstruction à un courant mental seul susceptible de dissoudre le bloc pilé entre les bornes de la fiction dualiste : savoir & non-savoir] manifeste
sa haine des initiations son désir-obsés de totale connaissance immédiate
transmis de minuscules se tocsine de situationnelles s'INTERSTIFIE 14
passage frétillé de pollution à pollution, de souffrance à jouy, d'additif à injection, de bée à orgasme seule matière d'art en ce possible différé : la désertion sprirituelle, béance échappée à Vérité Binaire, substance inielle offerte aux médiatisées multiples—art creuse l'espace en pluridirectionnelles, immédiatise ses corps par vitesse— — herméneutique vitale in l'espace de mort — (nul esprit frémi ne guide la plume) sinistrales de light une invasion d'encre intersticielle repousse l'esthétique-silence * NOISE NOISE NOISE NOISE WE WANT NOISE * Prononciation phonétique : NOIZ.
parrallèle de vivre nuit striée de lumineuses made in towns « non à la dictature de la forme » entendit-Il éructer répétitivement Gombro, muré d'étoffes malades & de potions sénilisantes — haine des mots d'ordre — 15