Le Coopérateur agricole | Octobre 2013

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OCTOBRE 2013

Prendre sa santé en main

Mario Lavoie

Maître-éleveur et maître chasseur

Productions végétales Les nouveautés maïs et soya

Jeunesse rurale

Un Rallye pour rallier


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Dossier En cou v ert ur e

40 Dossier

Prendre sa santé en main.

Rallye 4-H 52

sommaire

Éditorial – Billets

OCTOBRE 2013

5 En t r e nous* Denis Richard

Reportages

8 Pause-pensée* Colette Lebel

Portr ait de nos dirigeants

12 Ghislain Gervais

10 Faits et gestes*

Des jonquilles pour Josianne

Vincent Cloutier

Femme eng agée

23 Sur le plancher

16 Murielle Larocque

des vaches* Sylvain Boyer

* For English version, please visit our website at www.lacoop. coop/cooperateur

Chroniques

12

24

M a rchés

20 Le pétrole

Source numéro un d’énergie dans le monde… pour l’instant

6 Mél i-mél o 59 Hort icult ur e

L ait

63 Décor at ion

24 Maître-éleveur Ayrshire

65 Da ns nos coops

Les propriétaires de La Ferme République, Mario et Manon Lavoie, ont décroché les grands honneurs.

Articles techniques

P roduct ions v égéta l es

31 Canneberges

Porc

28 Santé

Le point sur les hernies ombilicales

34 Maïs Elite

CU M A

18 La CUMA des Aulnaies Bien huilée, bien gérée

4 Quoi de neuf ?

P roduct ions v égéta l es

Coopératrice dans « la Mecque » du mouvement coopératif au Nouveau-Brunswick

16

56

Productrice d’œufs d’incubation bien connue, Danielle Landreville est en train de se tailler une place enviable dans la canneberge.

R éfl e x ion

48 Ken Ash et Marcel Mazoyer

Marchés mondiaux alimentaires : évolution et perspectives

Les nouvelles performances pour 2014

Jeunesse rur a l e

52 Un rallye pour rallier

38 Soya

Le traditionnel rallye de la jeunesse rurale anglophone du Québec

Des ajustements pour plus de rendement

56 100 ans de la jeunesse rurale… …à l’écran de Par-dessus le marché

Coopér at ion in t er nat iona l e

60 Le Vietnam…

…à la sauce Coop

Version Web : www.lacoop.coop/cooperateur Version virtuelle :  www.lacoop.coop/ cooperateurvirtuel

Acér icult ur e

18

60

64 Citadelle

Une nouvelle image plus proche de son identité


QUOI DE Q u o i d e n e u f  ?

Volume 42, no 8, octobre 2013

Fin août, le conseil d’administration de Cooperative Research Farms (CRF) a élu ses administrateurs pour le mandat 2013-2015. James Moore, vice-président de la division des aliments pour animaux de Southern States Cooperative, a été réélu pour un troisième mandat comme président. Robert Brunet, directeur général des productions animales à La Coop fédérée, siégera à titre de Robert Brunet, directeur vice-président, poste qui était occupé auparavant général des productions animales à La Coop fédérée. par Patrick Whidden, chef nutrition animale à Tennessee Farmers Cooperative. Paul Kalmbach, président de Kalmbach Feeds, a été nommé trésorier, en remplacement de Robert Brunet. Le directeur général du groupe CRF, David Ott, occupera le poste de secrétaire. MM. Moore, Brunet et Kalmbach siégeront également au comité de direction du conseil d’administration. CRF est un regroupement de coopératives situées en Amérique du Nord et en Europe. Depuis sa création, en 1954, le groupe s’est donné pour mission de développer les plus récentes technologies en ce qui a trait à la nutrition dans les secteurs bovin, laitier, avicole, porcin et équin. Il mène ainsi, en partenariat avec ses coopératives membres, des milliers d’études portant sur la nutrition et la conduite du troupeau. La Coop fédérée fait partie de cette association, ainsi que Co-op Atlantic, du Nouveau-Brunswick, Federated Co-operatives, de la Saskatchewan, Kalmbach Feeds, de l’Ohio, Southern States Cooperative, de Virginie, Tennessee Farmers Cooperative, et InVivo NSA, de France.

Le Coopérateur agricole est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’organe d’information de la coopération agricole québécoise. Directrice et Guylaine Gagnon rédactrice en chef 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur et Patrick Dupuis, agr. adjoint à l’édition 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Responsable André Léger de la publicité 514 858-2036 (ligne directe) andre.leger@lacoop.coop Responsable Nadine Kadé des abonnements 514 384-6450 poste 3710 nadine.kade@lacoop.coop

Ont collaboré à ce numéro Rédaction Jérôme Auclair, Jean Audet, Jessy Blanchette, Claude Borduas, Sylvain Boyer, Donato Cerone, Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Etienne Gosselin, Elmer Iquira, Jean-Sébastien Laflamme, Colette Lebel, Nancy Malenfant, Céline Normandin, Denis Richard, Yolaine Villeneuve Révision de texte  Georges O’Shaughnessy enr. Photographies et illustrations Pierre Cadoret, Martine Doyon, Étienne Gosselin, Nancy Malenfant Conception et graphisme Alain Boyer, Pierre Cadoret, Suzanne Turcot, Michaël Guimond Webmestre

Photo : martin proulx

Cégep de Victoriaville : une bourse de 500 $ de La Coop fédérée En mai dernier, Ruth Zwygart, étudiante de 3e année en production horticole du programme Gestion et exploitation d’entreprise agricole (GEEA) du cégep de Victoriaville, a remporté une bourse de 500 $ dans le cadre du gala Méritas de la Fondation du collège de Victoriaville. Les critères d’évaluation pour l’obtention des prix Méritas sont : le rendement scolaire, le cheminement scolaire, l’engagement social, culturel, sportif ou communautaire, la motivation ainsi que la qualité de l’ensemble du dossier de mise en candidature. L’étudiante a également remporté, lors de cette soirée, la bourse Gaston-Miron (ex æquo avec Maxime Leclerc), la bourse Distinction planification, de La Financière agricole, de même qu’une bourse de la Fondation d’aide à la formation agricole de Lotbinière. Dans l’ordre habituel : Alain Beaulieu, enseignant et coordonnateur du programme GEEA; les récipiendaires Ruth Zwygart (1er prix); Rébecca Durocher-Bergeron (2e prix), Vincent Marcoux (3e prix) et Muriel Dubois, agronome et administratrice à La Coop fédérée.

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Ricardo Silva

Photogravure et impression Interweb Inc. Photo de la page couverture Normand Blouin Les photos, illustrations et textes publiés dans Le Coopérateur agricole et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.

Service des abonnements Abonnement (taxes incluses)

1 an : 23,22 $ 2 ans : 36,84 $ 3 ans : 50,72 $ À l’étranger - 1 an : 85 $

Correspondance

Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à :

Le Coopérateur agricole

C.P. 500 Station Youville Téléphone : 514 384-6450 Montréal (Québec) H2P 2W2 Télécopieur : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Adresse Web : www.lacoop.coop/cooperateur www.lacoop.coop/cooperateurvirtuel Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec 107169-10-13

Photo : La Coop fédérée

Robert Brunet, nommé vice-président de CRF


Entre nous

Nos valeurs

R

Photo : martine doyon

For English version, please visit our website at www.lacoop.coop/ cooperateur

assurez-vous, je n’ai aucune intention de m’inviter dans le débat suscité par le dépôt de la Charte des valeurs québécoises, que l’on a aussi rebaptisée (sans jeu de mots) la Charte de la laïcité. En fait, les opinions de nos membres à cet égard doivent être aussi diversifiées que l’est l’opinion publique québécoise, et j’ai bien l’intention de garder pour moi mes réflexions sur cette question. Je parle plutôt ici des nouvelles valeurs coopé­ ratives adoptées par vos représentants dans le cadre de la récente opération de planification stratégique du réseau La Coop. En fait, ces valeurs sont essentiellement les mêmes que celles adoptées l’an dernier par La Coop fédérée dans le cadre de son nouveau programme d’éthique appliquée en entreprise. Depuis quelques années, les scandales touchant de grandes entreprises se multiplient et ne cessent de faire les manchettes. De nouvelles lois de même que la pression des consommateurs et des acteurs sociaux incitent les entreprises à être plus pro­ actives et à s’assurer de leur compor­tement éthique. Même si elles sont plus naturellement éthiques, les coopératives ne sont pas à l’abri des dérives, et la démarche éthique de La Coop fédérée s’inscrit dans cette volonté de renforcer son identité coopérative. S’il y a parfois des divergences de vues entre les coopératives sur la direction à donner au réseau La Coop, il faut se réjouir de cette belle unanimité autour de valeurs communes. Quelles sont ces valeurs qui suscitent une telle adhésion? Ce sera simple pour nous de nous en souvenir, car il s’agit de la HERSE, soit l’Honnêteté, l’Équité, la Responsabilité et la Solidarité, le tout chapeauté par l’Éthique. Ces quatre valeurs sont issues des valeurs coopératives universelles adoptées par l’Alliance coopérative internationale.

Malheureusement, trop d’entreprises se donnent parfois ce que l’on appelle des valeurs de façade. Elles adoptent des valeurs dans le cadre de leur processus de planification stratégique, mais omettent par la suite de s’assurer que ces valeurs se traduisent concrètement en comportements et en actions. La croissance de nos activités et de notre rentabilité est un élément important, qui nous donne les moyens de nos ambitions. Mais pour une coopérative, les valeurs humaines sont tout aussi importantes et font partie de sa raison d’être. Ce sont elles qui permettent de traduire concrètement la mission fondamentale de l’entreprise et d’aller au-delà de la fourniture efficace de biens et services à ses membres. Ce sont elles qui nous permettent de nous différencier véritablement. À La Coop fédérée, nous travaillons fort pour donner un sens à ces nouvelles valeurs et les traduire en comportements attendus. Par exemple, pour nous, la responsabilité incite à la rigueur, à la créativité et au sens des résultats, alors que l’honnêteté incite à la transparence et à l’intégrité. J’ose espérer qu’il en sera de même dans le réseau La Coop. Il serait notamment souhaitable que la valeur de solidarité adoptée par le réseau se traduise davantage en comportements d’intercoopération entre les coopératives. Pour faire une analogie, agir autrement, ce serait comme si une équipe de hockey faisait un bon « camp d’entraînement » pour cultiver l’esprit d’équipe, convenait d’un bon plan de jeu, mais qu’une fois sur la glace chaque joueur n’en avait que pour sa fiche personnelle. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec un tel comportement nous nous éloignerions de la coupe… À propos de « coupe », je vous laisse réfléchir à tout ça, moi j’ai une récolte qui m’attend!

Denis Richard Président, La Coop fédérée denis.richard@lacoop.coop

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Méli-mélo

Les fleurs sont électriques D’après une étude récente, publiée dans la revue Science du 21 février, les abeilles sont capables de détecter différents champs électriques émis par les fleurs. En volant, les abeilles entrent en friction avec une variété de poussières et de particules, ce qui leur donne une charge positive. Les fleurs, elles, sont chargées négativement. Ainsi, lorsqu’une abeille s’approche d’une fleur, un champ électrique se crée. Cette force, bien qu’étant faible, pourrait servir de moyen de communication. Les chercheurs ont en effet démontré que les bourdons de l’espèce Bombus terrestris non seulement savent distinguer différents champs électriques, mais apprennent plus vite à distinguer des fleurs de différentes couleurs s’il y a présence d’un champ électrique. De son côté, la fleur subit une légère modification de sa charge électrique pendant environ deux minutes après la visite de l’insecte. Cette différence pourrait indiquer à une autre abeille que les réserves de nectar et de pollen sont à sec – en d’autres termes, qu’il vaut mieux revenir plus tard. Cette étude ouvre un tout nouveau champ de recherche dans les domaines de la pollinisation et de la sensorialité animale. (Quatre-Temps)

Nouvelle version d’Agriculture.montreal.com Le Laboratoire sur l’agriculture biologique, le Collectif de recherche en aménagement paysager et agriculture urbaine durable (CRAPAUD) ainsi que l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM ont lancé une version révisée de la vitrine Web interactive Agriculture.montreal.com. Le site comporte une toute nouvelle facture visuelle de même que deux sections inédites consacrées à l’apiculture urbaine et à la biodiversité agricole. La plateforme offrira de plus des promenades agro-urbaines pour découvrir Montréal à travers ses initiatives maraîchères. On y retrouvera également des portraits de jardiniers, un concours de photos du meilleur potager urbain, une foule d’informations sur les plantes, les fruits et les légumes à cultiver, des trucs de jardinage et une cartographie des jardins communautaires et collectifs, où les particuliers, les entreprises et les organismes sont invités à inscrire leur potager, à offrir ou à partager des espaces. (UQAM Hebdo)

Chine : additif alimentaire pour « transformer » le porc en bœuf Le ministère de l’Industrie et du Commerce de Chine a récemment découvert un additif alimentaire, soit « l’extrait de bœuf » utilisé par certains restaurateurs chinois afin de faire passer la viande de porc pour du bœuf. Avec cet additif, le porc cuit devient plus sombre et prend l’odeur et même le goût du bœuf. Cette pratique semble assez répandue dans les petits restaurants chinois. Il faut savoir qu’en Chine la viande bovine se vendrait deux fois plus cher que le porc. Des médecins alertent la population à propos de la consommation à long terme de cet additif, qui peut avoir de graves conséquences sur la santé, notamment l’augmentation des risques d’être atteint de déformations et de cancers. (échoPORC)

Le plan agroenvironnemental de l’Ontario : pour répondre aux exigences en matière de durabilité Le plan agroenvironnemental de l’Ontario, un outil efficace de longue date auquel quatre agriculteurs sur cinq participent volontairement, s’avère formidable pour conscientiser le système agroalimentaire à la durabilité de l’environnement à la ferme, selon un nouveau rapport du George Morris Centre, à Guelph. Ce rapport, intitulé Potential Role of the Ontario Environmental Farm Plan in Responding to Sustainability Demands of the Agri-Food Supply Chain, indique que le plan agroenvironnemental pourrait résoudre l’une des questions les plus brûlantes de l’industrie : la détermination des pratiques de durabilité dans la chaîne de valeur. La durabilité de l’environnement est devenue un impératif pour les transformateurs de produits alimentaires, les détaillants et les fournisseurs de services alimentaires, peut-on y lire, de même que pour certains des partenaires commerciaux du Canada. Les transformateurs et les détaillants en particulier s’efforcent de déterminer comment trouver des producteurs qui utilisent (ou sont disposés à utiliser) des pratiques agricoles axées sur la durabilité du sol, de l’eau et de l’air ainsi que sur la sécurité à la ferme, afin de travailler plus étroitement avec eux. (FAC)

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Production agricole mondiale 2013-2022 : la FAO et l’OCDE dressent leurs perspectives L’OCDE et la FAO viennent de publier conjointement leurs perspectives de production agricole mondiale à l’horizon de 2022. Selon ces deux organismes, un ralentissement de la croissance de la production agricole mondiale est à attendre. Elle « devrait s’accroître de 1,5 % par an en moyenne pendant la décennie à venir, contre 2,1 % de 2003 à 2012 ». Selon l’OCDE, « les perspectives de l’agriculture mondiale sont relativement bonnes en raison d’une tendance haussière de la demande et des échanges, ainsi que des prix élevés. Néanmoins, ces perspectives positives sont conditionnées par la poursuite de la reprise économique ». L’aggravation des contraintes de ressources, les pressions exercées sur l’environnement, le manque de superficies agricoles supplémentaires et la hausse des coûts de production sont les principaux facteurs avancés par le rapport pour expliquer le ralentissement de la croissance, dans un contexte contraint par les déficits de production, la volatilité des prix et les perturbations des échanges qui achèvent de menacer la sécurité alimentaire mondiale. (Momagri)

La production céréalière mondiale de 2013 devrait atteindre un record historique La production céréalière totale mondiale devrait progresser d’environ 7 pour cent en 2013 par rapport à l’an dernier, contribuant ainsi à reconstituer les stocks mondiaux et à relever les perspectives de marchés plus stables en 2013-2014, selon le dernier rapport trimestriel de la FAO Perspectives de récoltes et situation alimentaire. Avec cette augmentation, la production céréalière totale s’établirait à 2 479 millions de tonnes, un nouveau record. (FAO)

Les vers de terre réchauffent la planète Les galeries creusées par les vers de terre aèrent la terre et lui assurent une meilleure fertilité… mais aussi une plus grande porosité, qui favorise la diffusion dans l’air des gaz à effet de serre piégés dans le sous-sol. Ils seraient ainsi responsables d’une augmentation de plus du tiers des émissions de CO2 et de N2O. (Science & Vie)

Sommet international des coopératives

Le site Web fait peau neuve (www.sommetinter.coop) Le site du Sommet international des coopératives 2014 profite désormais d’une nouvelle interface plus conviviale. En plus de vous renseigner dans les moindres détails sur le rendez-vous de 2014, le site du Sommet vous offre une multitude d’informations sur les entreprises coopératives et leur modèle d’affaires. Les renseignements sur le rendez-vous 2014 des coopératives sont en ligne et seront augmentés au cours des mois à venir : thèmes, programme, conférenciers, appel d’articles scientifiques, hébergement, visa, Salon international des coopératives, etc. Les archives du Sommet 2012 sont aussi accessibles sur le site. L’inscription au Sommet débutera en janvier 2014. (Sommet international des coopératives)

BASF Canada enregistre le fongicide Priaxor BASF Canada a annoncé l’homologation de son fongicide Priaxor pour l’application sur les cultures de maïs et de soya dans l’Est du Canada. L’entreprise fait savoir que Priaxor est le premier fongicide à être enregistré pour l’Est du Canada qui contient du Xemium, le nouvel ingrédient actif de la famille des carboxamides. Cet ingrédient actif permet aux producteurs de maîtriser les pathogènes au cours de plusieurs stades de développement. Son principal avantage, d’après BASF, réside dans ses caractéristiques de mobilité. Il est capable de se redistribuer sur la plante ainsi que sur la surface de la feuille afin de fournir plus d’uniformité d’application afin de protéger les parties de la plante qui ont été négligées lors de la pulvérisation. Le fabricant indique que Priaxor contient également de la pyraclostrobine, le même ingrédient actif que l’on trouve dans son fongicide Headline. Il maîtrise non seulement une large gamme de maladies affectant le maïs et le soya, mais il offre aussi les bénéfices de santé d’AgCelence, notamment des feuilles plus vertes et des tiges plus robustes pour une facilité améliorée de la récolte, une amélioration de la tolérance des cultures lors de courtes périodes de températures froides, de chaleur et de sécheresse, et une utilisation supérieure des nutriments, menant à un potentiel de rendement plus élevé. (BASF)

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Pau s e - p e n s é e

Agriculture, coopération et santé

O

Photo : martine doyon

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n peut établir plusieurs liens entre l’agriculture et la santé. Tout d’abord, on sait que les enfants élevés à la ferme bénéficient d’un système immunitaire plus fort que ceux ayant grandi en ville, grâce aux nombreux micro-organismes avec lesquels ils ont été en contact depuis leur jeune âge. Pensons seulement à la petite bactérie du sol Mycobacterium vaccæ : on a découvert récemment qu’elle joue un rôle protecteur contre la dépression, le cancer, l’asthme et l’eczéma. Ce n’est pas rien ! Et puis il y a l’exercice, le grand air et l’accès à des aliments frais qui contribuent aussi à la santé de la famille agricole. En revanche, impossible d’ignorer les risques sani­taires associés à l’agriculture moderne. Ainsi, l’an dernier, la France a reconnu le parkinson comme maladie profes­sionnelle chez les agriculteurs, en raison de son lien avec l’usage des pesticides. Il faut donc être conscient des risques de la profession et redoubler de prudence afin de ne pas y laisser sa santé. Mais la santé, c’est bien plus que l’absence de maladies. Selon l’Organisation mondiale de la santé, être en bonne santé sous-entend que tous nos besoins fondamentaux sont satisfaits, y compris nos besoins affectifs et sociaux. La santé est donc liée à l’expérience subjective des personnes : comment on se sent dans son milieu a des effets directs sur sa santé. Plusieurs chercheurs ont abordé le sujet et nous permettent d’entrevoir, encore une fois, de nouveaux avantages à la formule coopérative. Il y a d’abord eu le sociologue Robert Putnam. Celui-ci a remarqué, après avoir analysé une grande quantité de données, qu’adhérer à une association faisait diminuer de moitié le risque de mourir dans l’année suivante ! En effet, faire partie d’un groupe satisfait le besoin d’appartenance et a des incidences positives sur la santé. On peut donc supposer que faire partie d’une coopérative et participer à sa vie associative est, de la même façon, bénéfique à la santé des membres.

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Il y a aussi eu le professeur Spencer Kagan. Sommité en apprentissage coopératif, Kagan fait grande promotion du dialogue car, explique-t-il, le dialogue exerce un effet calmant sur l’amygdale, la partie du cerveau qui produit les hormones du stress. Puisque le dialogue diminue le stress, toutes les occasions de le pratiquer sont autant d’occasions d’améliorer sa santé globale. Ainsi, les coopé­rateurs tirent bénéfice des rencontres sociales ou de formation proposées par le réseau La Coop, grâce aux discussions informelles qui s’y tiennent ou aux interactions entre pairs qui y sont suscitées. Et puis il y a eu Richard Wilkinson, médecin et conférencier au congrès Imaginons 2012. Depuis plus de 25 ans, Wilkinson étudie le fossé qui se creuse toujours davantage entre les indicateurs de croissance économique et le niveau de bien-être. La pauvreté relative, note-t-il, a des effets bien plus grands que la pauvreté absolue sur la santé des gens. Car les inégalités économiques empoisonnent la qualité des relations sociales dans une collectivité – ce qu’on appelle le « capital social », défini par le degré de confiance entre les gens, le niveau d’entraide, le sentiment de sécurité, etc. Les jeux de position et de pouvoir engendrent des rapports sociaux plus tendus, qui minent la santé et la qualité de vie. Les modèles d’entreprises permettant de diminuer les inégalités écono­ miques, comme la coopérative, contribuent donc de façon très concrète à la santé publique. Tiré par les cheveux ? Pas du tout. Dans un monde interconnecté, la relation à l’autre est primordiale. Je vous le dis : de plus en plus de recherches viendront documenter les bienfaits psycho­logiques de la coopération. Car s’intéresser à la santé, c’est aussi dégager les facteurs sociaux sous-jacents qui améliorent ou perturbent l’état de bien-être des gens. Et c’est là que la coopération sera appréciée à sa juste valeur, comme une structure sociale efficace et avantageuse à encourager et à promouvoir. Colette Lebel, agronome Directrice des affaires coopératives La Coop fédérée Courriel : colette.lebel@lacoop.coop Télécopieur : 514 850-2567


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Fa i t s e t g e s t e s

Par Vincent Cloutier

La pensée magique

Agronome, MBA

Économiste principal La Coop fédérée vincent.cloutier@lacoop.coop

Aux dires de certains, il ne serait pas nécessaire de produire davantage pour nourrir la population mondiale croissante : il ne suffirait que d’arrêter de gaspiller. Terreau fertile pour ceux qui se plaisent à rappeler que, selon la FAO, le tiers des calories destinées à l’alimentation humaine seraient perdues ou gaspillées à l’une ou l’autre des étapes de la chaîne de production des aliments. Le tiers ? Vraiment ?

A Photo : Pierre cadoret

ussi sérieux que soit le problème, il est trop souvent abordé à travers des statistiques trompeuses, véhiculées de façon sensationnaliste. De l’aveu même de la FAO, il est excessivement difficile d’obtenir un portrait clair des pertes et du gaspillage alimentaires à l’échelle mondiale. Audelà du caractère estimatif des données, la méthodologie de calcul laisse perplexe. Additionnant pertes alimentaires (survenant de la production à la transformation) et gaspillage (de la distribution à la consommation), la FAO inclut dans ses calculs des éléments qui s’éloignent fortement de notre conception usuelle du gaspillage. Par exemple, les données incluent les grains qui rejoignent les résidus de culture derrière la batteuse, les

Les pertes et le gaspillage alimentaires le long de la chaîne d’approvisionnement Chaîne d’approvisionnement Production Production agricole agricole

Après Après récolte/ récolte/ entreposage entreposage

Dommages dans Détériorations dues aux insectes le transport ou aux maladies Dommages par les insectes, Produits laissés les maladies, aux champs les animaux, etc. Dommages à Déclassements la récolte Animaux morts pendant le Animaux morts transport pendant l’élevage Déclassements

Transformation Transformation et et emballage emballage Pertes lors des activités de transformation

Pertes chez les grossistes

Contaminations

Rupture dans la chaîne de froid

Pertes à l’emballage

Dommages dans le transport

Déclassements

Déclassements

Pertes alimentaires Pertes alimentaires (Sources : Groupe AGÉCO, Inspiré de Parfitt et al., 2010 et FAO, 2011)

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Distribution

Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

Pertes chez les détaillants

Consommation Déchets de table Mauvaises techniques de préparation ou de conservation Aliments périmés Aliments achetés au restaurant et non consommés

Gaspillage alimentaire

animaux morts pendant l’élevage et les portions de carcasses d’animaux déclassées à l’abattoir. On ratisse large, très large. Bref, les chiffres représentent au mieux de grossières estimations. Peu importe. L’enjeu étant fondamental, attardons-nous aux constats principaux. Dans les économies émergentes, le gros du travail à faire se situe aux premières étapes de la chaîne. Des installations d’entreposage dignes de ce nom sont nécessaires pour éloigner la vermine des stocks de céréales. Pour assurer une gestion adéquate de la chaîne de froid, des infrastructures et des moyens de transport performants sont incontournables. Parions sur des développements substantiels à cet égard, puisque pour assurer la sécurité alimentaire des grandes populations urbaines, le commerce alimentaire s’accroîtra. Dans les pays industrialisés, le maillon le plus visé est celui de la consommation. Ici ou en Europe, l’ampleur du gaspillage alimentaire symbolise souvent l’égoïsme occidental à l’égard de sociétés dans le besoin. Reconnaissons qu’à des degrés divers nous sommes tous un peu coupables d’avoir gaspillé des aliments. Il ne fait aucun doute que nos comportements sont perfectibles. D’ailleurs, qui ne ressent pas un malaise lors de ces réceptions où les restes de généreux buffets retournent dans les cuisines pour aboutir… on ne sait trop où. Mais gardons aussi en mémoire que des pertes alimentaires surviennent à cause des règles strictes que nous nous sommes données quant à la manipulation des animaux et à la salubrité des aliments. Des règles qui entraînent des déclassements et aboutissent ultimement à des pertes. Ne nous autoflagellons pas pour avoir mis en place des normes rigoureuses qui font que les produits alimentaires se retrouvant sur nos étagères répondent aux standards les plus sévères. On retiendra que la réduction considérable du gaspillage alimentaire demandera plus que des bonnes intentions. Des investissements gigan­ tesques seront nécessaires.


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GENUITYMD PARCE QUE CHAQUE GRAIN COMPTE. VISITEZ VOTRE REPRÉSENTANT DE SEMENCES OU GENUITYTRAITS.CA VEUILLEZ TOUJOURS SUIVRE LES RÈGLES APPLICABLES À LA COMMERCIALISATION DES GRAINS ET À TOUTES LES AUTRES PRATIQUES D’UTILISATION RESPONSABLE AINSI QUE LES DIRECTIVES FIGURANT SUR LES ÉTIQUETTES DES PESTICIDES. Ces règles sont décrites en détail dans l’Avis aux producteurs sur l’utilisation responsable des caractères qui est imprimé dans cette publication. © 2013 Monsanto Company


Po rt r a i t d e n o s d i r i g e a n ts

Des jonquilles pour Josianne Photo : Martine Doyon

« Quand j’ai annoncé à mes parents que j’allais m’inscrire à l’ITA, mon père m’a demandé si je ne souhaitais pas plutôt devenir médecin, avocat ou notaire, dit Ghislain Gervais, administrateur de La Coop fédérée depuis 2011. Il ne doutait pas de mon choix. Il voulait s’assurer que j’avais tout considéré. » L’idée ne lui avait pas même effleuré l’esprit : c’était l’ITA ou rien. Prendre la relève de la ferme familiale était inscrit dans le ciel. 12

Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013


Par Patrick Dupuis, agronome

L

a vie apporte davantage à ceux qui en profitent le plus. Ghislain et sa conjointe, Josianne Béland, sont des adeptes de cette philosophie, pouvant mener loin celui qui la met en pratique. En témoigne le parcours du couple, établi depuis 1993 à Saint-Guillaume. « La vie nous sourit », croit Ghislain, qui se remémore les belles années de la promotion 19871990 du programme Gestion et exploitation de l’entreprise agricole de l’ITA de Saint-Hyacinthe, où il a rencontré Josianne. Ghislain travaille alors dans l’exploitation laitière et céréalière familiale. Mais il lui tarde de gérer ses propres affaires. Il ouvre un compte dans une institution financière, négocie une marge de crédit et loue une terre pour y faire de la grande culture. « J’avais les mains dedans et des comptes à rendre », dit-il. Il se bâtit une solide réputation auprès des banquiers puis, en 1992, à 22 ans, il achète la terre. Le maïs se vend 125 $ la tonne, les taux d’intérêt oscillent autour de 8 % et les quotas sont condamnés à disparaître. En 1994, Ghislain et Josianne emménagent dans la maison de leur rêve, à deux pas de la ferme. Une belle d’autrefois avec un cachet fou, qui date de 1830 et a déjà appartenu aux comédiens Michel Forget et Danièle Ouimet. De vastes travaux de rénovation sont entrepris en 2009. Passionnés d’antiquités, ils visitent à temps perdu encans et antiquaires dans l’espoir d’y dénicher une jolie pièce de mobilier ou une toile imageant des scènes d’autrefois qui garnirait leur chez-eux. Au printemps, près d’un fossé d’une de leurs terres, un bouquet de jonquilles éclot : la vie qui leur lance un clin d’œil ensoleillé. Ghislain s’empresse chaque fois de les offrir à sa douce.

Cœur d’entrepreneur Associé avec ses parents et son frère Claude au sein de la Ferme Gercy, Ghislain trépigne encore d’impatience à l’idée de lancer sa propre entreprise, et Josianne l’appuie dans ses ardeurs. Le lait n’est pas dans le plan d’action. Les grandes cultures, oui, mais à l’époque, en 1998, ce secteur n’était pas aussi favorable qu’aujourd’hui. Une visite chez une cousine avicultrice les séduit. Ils optent pour la production de poulets de chair. S’ensuivent les innombrables démarches pour se tailler une place dans ce milieu. « On a achalé beaucoup de

monde, parce qu’on partait de zéro », dit Ghislain, qui était attiré par la stabilité de cette production. « Les gens d’Olymel et du Comptoir agricole de Saint-Hyacinthe nous ont beaucoup aidés. » Gilles Lizotte, alors agent d’approvisionnement chez Olymel, leur conseille d’accepter la première offre qui se présentera, pour démontrer qu’ils sont véritablement sérieux dans leur démarche. Un refus relèguerait aux calendes grecques le traitement de leur dossier. On leur propose du quota de production de dindes. Mifigue, mi-raisin, ils acceptent. La ferme Avigerbe voit le jour. L’élevage débute en 1999. Mais après deux ans, ils l’échangent pour du quota de poulets. En 2000, Ghislain, Claude et leurs parents, Cyrille et Jocelyne, construisent un autre poulailler, sous l’entité de la Ferme Gercy. En 2001, ils abandonnent la production laitière en raison des importants investissements nécessaires pour moderniser l’entreprise, une décision d’affaires que personne n’a regrettée.

Modèle d’inspiration Cyrille et Jocelyne sont, pour Ghislain, des modèles. Toujours actif à 70 ans, Cyrille tient mordicus à s’occuper de son poulailler et à prendre son tour de garde pour le départ des oiseaux vers l’abattoir. Jocelyne s’occupe encore de l’administration et de la comptabilité de la Ferme Gercy. Une vigueur dont a hérité Ghislain et qu’il tient aussi de son arrière-arrière-grand-père, fondateur de la ferme, qui acheta un premier carré de terre à Saint-Guillaume. Des parents qui font confiance, qui laissent la jeunesse s’exprimer et prendre des initiatives, voilà un terreau fertile pour assurer la suite du monde. Francis et Stéphanie, les deux enfants du couple, savent que ce milieu de vie offre de multiples possibilités de réalisations et d’épanouissement, et s’ils le veulent, ils pourront s’établir dans l’entreprise. Francis, l’aîné, s’est d’ailleurs joint aux rangs de l’ITA depuis août dernier. Lauréat du trophée Malvina-Chassé-Côté en 2009, dans la catégorie Chef de file – qui met en valeur le travail exceptionnel d’un élu de la classe agricole dans son milieu –, Ghislain reste modeste. « On a souligné mon engagement auprès de La Coop Agrilait, mais je n’ai jamais été seul. Ma famille, les membres du conseil et les employés de la coopérative, ainsi que le directeur général, Denis Guérard, m’ont toujours appuyé. Comme à La Coop fédérée, ce n’est pas un one-man show. On a toute une équipe avec nous. On représente une

OCTOBRE 2013 | Le Coopérateur agricole

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Le clan Gervais possède quatre exploitations. 1. La Ferme Avigerbe (pour Avicole, Gervais, Béland) produit du poulet et des cultures commerciales. Elle appartient à Josianne (60 %) et Ghislain (40 %). 2. La Ferme Ghislain Gervais (cultures commerciales), que Ghislain possède à 100 %. 3. La Ferme Gercy (poulets et cultures commerciales), propriété de Ghislain (40 %), Claude (40 %) et de leurs parents, Cyrille et Jocelyne (20 %). 4. La Ferme CJMG (cultures commerciales), dont Claude est propriétaire avec sa conjointe, Jenny Messier. Ensemble, ces exploitations comptent deux poulaillers de 25 000 oiseaux chacun et 365 hectares en culture, en transition vers le semis direct et l’implantation de cultures de couverture.

organisation. On est là pour les autres », précise l’homme, qui occupe depuis février dernier un siège au comité exécutif de La Coop fédérée, après seulement deux ans au conseil d’administration.

Du junior majeur à la LNH

Photo : Martine Doyon

En 2000, à 29 ans, Ghislain fait ses premières armes dans le réseau La Coop, en remplaçant son père au conseil de La Coop Agrilait. Le grand-père de Ghislain en avait été président dans les années 1960. Dès 2001, le président d’alors voit en Ghislain son successeur. À 30 ans, il devient l’un des plus jeunes présidents du réseau. « J’ignorais dans quoi je m’embarquais, dit cet amateur de littérature fantastique et de musique heavy metal, mais je n’ai pas regretté. » La Coop Agrilait compte 150 employés, dont 110 à la froma­ gerie, le cœur de l’entreprise (70 % du chiffre d’affaires). Les autres travaillent au service d’appro­ visionnement à la ferme et au dépanneur. « On est une bibitte un peu rare dans le réseau », dit Ghislain, reconnu pour son agréable compagnie, sa rigueur et sa connaissance poussée des dossiers. Agrilait a fait des pas de géants depuis 20 ans, époque où la coopérative ne produisait que le fameux cheddar St-Guillaume. Si elle a tardé à se diversifier, les dernières années ont été plus créatives. Se sont ajoutés à la gamme offerte le suisse, le brick, l’emmental, le monterey jack et le fromage à griller Baya, ainsi que le Cantolait, fromage à pâte ferme à croûte lavée qui a raflé trois prix Caseus. D’autres variétés sont en cours de création. La marque a très bonne réputation et on compte tirer profit de cet avantage concurrentiel.

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Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

Ghislain Gervais et Denis Guérard – un tandem en place depuis plus de 12 ans – ont contribué à ce coup de barre. Une démarche de planification stratégique sera prochainement lancée pour revoir les façons de faire d’une entreprise qui, en peu de temps, a vu le nombre de ses employés doubler et celui de ses distributeurs s’accroître de 50 %, non sans quelques rudes secousses du côté de la gestion du personnel. En 2011, dans la foulée de ses réalisations, nombre de délégués du territoire 9 voient Ghislain Gervais les représenter au conseil de La Coop fédérée, un poste qu’il ne convoitait aucunement. Bien que confiant et optimiste de nature, avant d’accepter la mise en nomination, il consulte nul autre que le président de La Coop fédérée, Denis Richard, pour savoir dans quelle galère il allait s’embarquer. « Il m’a fait un portrait réaliste de la tâche qui m’attendait », dit Ghislain. Le soutien de Josianne met fin aux hésitations. Plusieurs administrateurs le confirment, passer de président de coopérative à administrateur de La Coop fédérée, c’est comme faire le saut du junior majeur à la Ligue nationale. « On doit se faire une idée sur beaucoup plus de choses, dit Ghislain. Notre esprit devient vite accaparé par ces nouvelles fonctions. Chez Agrilait, on brasse 50 millions $ de chiffre d’affaires. À La Coop fédérée, c’est près de 5 milliards $, 100 fois plus. » Comment parvient-il à tout conjuguer ? La réponse, c’est Josianne. Elle gère l’agenda, effectue la tenue de livres et participe de plus en plus, avec Francis, au suivi des élevages. Un pilier pour l’entreprise, car Ghislain s’absente plus de 80 jours par année pour contribuer à améliorer le sort des producteurs. Pour décrocher, c’est le ski alpin, une virée familiale de quelques jours, ou encore une escapade au chalet, en Haute-Mauricie, là où, à 115 km en forêt, il fait bon pêcher. « J’ai réussi à faire une fille de bois de Josianne », dit Ghislain avec le sourire. Il n’hésiterait pas à revivre sa vie, et dans tous ses détails. « Chaque année apporte son lot de défis, dit-il. Vingt ans après mon premier achat de terre, ils ne sont pas de moindre ampleur. Si j’ai un message à livrer aux jeunes qui souhaitent se lancer en agriculture, c’est de bien se former. L’agriculture n’est pas un secteur facile, mais c’est le plus beau. » Lors de la rénovation de leur maison, un chapelet et une médaille de sainte Anne ont été trouvés dans un mur et un plancher. À une époque, pour bénir les maisons qu’ils construisaient, les ouvriers y incorporaient des objets religieux. « On les a remis où ils étaient, dit Ghislain. Ils continueront leurs bonnes œuvres… »


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Fe m m e e n g ag é e

Par Hélène Cossette

« Notre coop, c’est notre communauté. Ça nous appartient. Nous bénéficions tous des améliorations qu’elle nous apporte », soutient la dirigeante. Son poste au conseil d’administration lui permet de se tenir au courant de ce qui se passe dans son milieu, estime-t-elle. « Cela nous permet aussi d’apprendre à communiquer en groupe et de découvrir de nouvelles choses. De plus, ça nous valorise et ça nous ouvre des portes », fait-elle valoir pour inciter d’autres femmes à se porter volontaires. « Les femmes voient les choses différemment, poursuit-elle. Or, comme dans n’importe quoi, ça crée un équilibre d’avoir le point de vue des hommes et des femmes. » Elle affirme d’ailleurs cela en toute connaissance de cause, puisque deux consœurs siègent avec elle au conseil : Annie Chiasson, viceprésidente, et Rollande Duguay, secrétaire. Tout comme sa coopérative, Murielle Larocque est très engagée dans sa collectivité. Après la naissance de ses trois enfants, aujourd’hui adultes, elle s’est impliquée dans les comités de parents, puis comme bénévole dans les camps d’été des Jeannettes, chez les Filles d’Isabelle et au comité liturgique de sa paroisse.

Coopératrice à « la Mecque » du mouvement coopératif au Nouveau-Brunswick Administratrice de la Société coopérative de Lamèque depuis plus de 10 ans, Murielle Larocque baigne depuis toujours dans la coopération. « Mes parents étaient coopérateurs, mes grands-parents aussi », confie cette Acadienne engagée.

I

Photo : ORDI-TEK

l faut dire que la municipalité de Lamèque, située dans son île natale du même nom, c’est un peu « la Mecque » du mouvement coopératif dans la péninsule acadienne, au NouveauBrunswick ! En plus de la Société coopérative de Lamèque, on y trouve en effet l’Association coopé­ rative des pêcheurs de l’île, la Caisse populaire des îles de même qu’une coopérative d’habitation pour personnes âgées et une coopérative d’énergie éolienne, toutes deux fondées conjointement par les trois premières. Active dans les secteurs de l’alimentation, de la quincaillerie (Unimat), des meubles, des produits pétroliers et de la pharmacie, la Société coopérative de Lamèque compte à elle seule 79 employés et plus de 5200 membres. Elle sert une population environnante de 12 000 habitants, et son chiffre d’affaires dépasse les 16 millions $.

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Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

Cette femme qui dit préférer les postes de tête a également siégé au conseil d’administration de la Caisse populaire des îles ainsi qu’à celui du foyer de soins où elle a travaillé pendant 10 ans. « J’apprends mieux quand j’agis et quand je prends des décisions », confie-t-elle. Après avoir quitté son emploi d’aide-cuisinière et de préposée aux soins et à l’entretien ménager pour des raisons de santé, elle a gardé des enfants à temps plein. « Sur une période de sept ans, j’en ai gardé dix », se souvient-elle. Aujourd’hui retraitée, elle garde occasionnellement ses quatre petits-enfants et passe au moins deux mois par année chez sa fille qui vit à Gatineau, en plus de chanter dans la chorale paroissiale et de se livrer à ses activités bénévoles. Dotée d’un grand sens de l’organisation, elle est notamment engagée depuis huit ans dans le Relais pour la vie, de la Société canadienne du cancer. Pour elle, l’esprit d’entraide et de communauté est une valeur essentielle. « En faisant des choses pour les autres, on s’aide soi-même, parce qu’on ne sait jamais quand on aura besoin d’aide à notre tour, croit cette coopératrice qui a connu de grandes épreuves. Ç’a été un plus pour moi de pouvoir partager avec les autres. C’est ce qui m’a aidée à continuer mon cheminement. »


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CUMA

La CUMA des Aulnaies Bien huilée, bien gérée Texte et photo de Nancy Malenfant

Une grande flexibilité alliée à une administration exemplaire, telle est la recette du succès d’une des plus grandes coopératives d’utilisation de matériel agricole au Québec, la CUMA des Aulnaies.

A

vec 38 membres agriculteurs et 90 machines agricoles pour 53 branches d’activité, la coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) des Aulnaies roule à fond de train. Un esprit de collectivité bien enraciné ainsi que la taille modeste des fermes de la MRC de L’Islet ont poussé, dans les années 1990, une poignée d’agriculteurs à s’unir pour partager équipement et employés. « Notre groupe avait non seulement besoin d’outils, mais aussi de maind’œuvre, raconte un des membres fondateurs, Christian Joncas. Nous avons donc décidé d’avoir un employé en commun pour nos cinq entreprises et, en même temps, nous avons créé le syndicat de machinerie. » C’est ce syndicat qu’ils ont ultérieurement transformé en coopérative, en 1996.

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Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

Penser aux autres Christian Joncas est producteur laitier biolo­ gique à Saint-Roch-des-Aulnaies. Son engagement illustre la culture de partage régnant au sein de l’organisation. En plus d’être un grand utilisateur des services de la CUMA, il lui loue son propre tracteur et libère un de ses employés afin qu’il accomplisse certains travaux chez d’autres membres. Et c’est du gagnant-gagnant pour tout le monde. L’employé effectue davantage d’heures, les producteurs en pénurie de main-d’œuvre profitent des services d’un conducteur qualifié, et Christian Joncas s’est quant à lui doté d’un tracteur pour sa ferme grâce à la promesse de la CUMA de l’utiliser un minimum d’heures par année. « C’est le genre de choses que je ne pourrais pas faire si je ne supportais pas que mon tracteur soit sale parce qu’il sert à épandre du fumier chez le voisin, justifie-t-il. Au contraire, je le vois positivement, puisque ça signifie qu’il sert. » L’actuel président de la CUMA, Alain Castonguay, confie qu’en travaillant en groupe il a appris à écouter et à tenir compte des autres. « Quand tu es en CUMA, il faut vivre en CUMA, affirme ce


Bon coup

Bon coup

« Pour qu’un groupe comme le nôtre fonctionne, il faut une secrétaire rigoureuse dans son travail, soutient le président de la CUMA, Alain Castonguay. Notre plus beau coup fut l’embauche d’Odette M. Caron. » En effet, celle qui occupe le poste de secrétaire-trésorière depuis 13 ans veille au grain (voir sous-titre « Une administration hors pair »). Elle effectue plus de 300 heures annuellement pour le compte de la coopérative.

producteur de grandes cultures. À l’automne, je prépare déjà la prochaine saison. Quand c’est à mon tour d’avoir un appareil, je suis prêt, afin de ne pas pénaliser les autres membres qui attendent aussi de l’utiliser. Travailler en CUMA doit aller de pair avec le sens de l’organisation. » L’effectif de la coopérative est constitué majoritairement de producteurs laitiers, dont quelques-uns en régie biologique. L’échange de machinerie entre producteurs traditionnels et biologiques amène certaines contraintes, avec lesquelles Christian Joncas a appris à jongler. « Quand la batteuse arrive chez moi, je fais une purge, explique-t-il. Je récolte l’équivalent de trois ou quatre sacs de 40 kg, que je mets de côté. » Nul besoin de mentionner que l’aspirateur est nécessaire lors de l’échange d’équipement pour minimiser les risques de contamination.

2013, deux conducteurs ont été engagés durant la saison, auxquels se sont ajoutées deux personnes à la période des récoltes. La secrétaire facture aux fermes les heures utilisées et prépare la paye des employés.

Jouer avec la formule

Une administration hors pair

La souplesse des membres se voit aussi dans la formation des branches d’activité. Ainsi, le nombre de membres par branche peut aller de 2 à 10, et certaines peuvent compter plusieurs instruments. C’est le cas des branches destinées à l’épandage des fumiers (pompe, mélangeur, citerne) et à la récolte des fourrages (râteau, faneur, presse, autochargeuse, enrobeuse). Au-delà de leur flexibilité quant à la composition des branches, les membres se montrent souples sur la possibilité pour un agriculteur d’intégrer une branche en cours de route. La secrétaire-trésorière, Odette M. Caron, explique : « Si la branche accepte et que la capacité de l’équipement le permet, le nouvel adhérent est intégré en mettant sa part des 20 % ayant servi de droits d’utilisation [mise de fonds] lors de l’achat de la machine. Je réajuste aussi les frais d’utilisation de l’équipement afin de tenir compte du nouveau volume de travail à fournir en raison de l’arrivée du nouveau membre. » Des branches acceptent parfois de louer l’équipement à des non-membres ou de travailler à forfait pour eux. Les revenus de ces activités viennent diminuer les dépenses liées à cet équipement ou servent de versement en capital lors du renouvellement annuel du prêt. Les membres de la CUMA des Aulnaies se partagent également plusieurs employés. En

Forte de ses 17 années d’existence, la CUMA a mis en œuvre des pratiques administratives lui assurant une excellente santé financière. Une fois par année, Odette Caron expédie à chaque membre l’information qui le concerne : liste des machines et des responsables des branches, liste des membres, information liée à chaque branche dont il fait partie et détail du calcul des frais d’utilisation. Elle fait aussi le décompte des utilisations réelles en fin de saison. Bien que nécessitant un suivi plus serré qu’une facturation annuelle ou bisannuelle, le paiement des frais d’utilisation s’effectue par mensualités. « Cela évite aux membres d’avoir à débourser une seule grosse somme d’un coup », explique la secrétaire. Une rectification annuelle a lieu par la suite en fonction des utilisations réellement effectuées. Cette méthode allège la pression sur les finances de la coopérative, dont les remboursements de prêts se font aussi par versements mensuels. Selon M me Caron, le développement des CUMA passe davantage par la création de branches dans les CUMA existantes que par l’ouverture de nouvelles coopératives. « Surtout à cause des démarches et des coûts qu’engendre le démarrage. Tandis que la création d’une nouvelle branche est facile, puisque la structure pour la soutenir existe déjà. »

Mauvais coup La faillite d’une entreprise est difficile pour le producteur lui-même, mais elle peut aussi mettre les autres membres d’une branche d’activité en position précaire lorsqu’ils doivent assumer les frais d’utilisation supplémentaires ou liquider la branche en vendant l’équipement à perte. Bien que la CUMA n’empêche pas la création de branches de deux producteurs pour le partage d’un outil, elle conseille un minimum de trois membres pour diminuer ce genre de risques.

mauvais coup

Chacun des appareils porte le logo de la CUMA et son propre code, ce qui permet de différencier facilement plusieurs instruments identiques.

Qu’est-ce qu’une branche d’activité ? Le conseil d’administration de la CUMA peut créer une branche d’activité pour les membres intéressés par un même matériel (ex. : la branche « Semoir »). Celle-ci correspond donc à la mise en commun et à l’utili­ sation d’un type d’équipement et regroupe les producteurs qui se sont engagés à l’utiliser. Sa taille doit tenir compte de la capacité de l’équipement. (Source : Cadre de référence pour la mise en place et le développement des CUMA et des CUMO, MAPAQ)

OCTOBRE 2013 | Le Coopérateur agricole

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Photo : ODETTE M. CARON

De gauche à droite : Jean-Marcel Caron, administrateur de la CUMA des Aulnaies; Alain Chouinard, président; Odette M. Caron, secrétaire-trésorière; Christian Joncas et Bruno Chouinard, membres utilisateurs.


Marchés

Jean-Sébastien Laflamme, Agronome, M. Sc.

Conseiller aux affaires agricoles La Coop fédérée jean-sebastien.laflamme@ lacoop.coop

Photo : Ingimage

Le pétrole

Source numéro un d’énergie

Photo : Pierre Cadoret

Depuis quelques années, le prix du pétrole se maintient à des niveaux élevés. Les répercussions de cette conjoncture vont bien au-delà du portefeuille des automobilistes et touchent de nombreux secteurs de l’économie. Le monde agricole n’y échappe pas. Explosion du prix des engrais, production de biocarburants, taux de change du dollar canadien : tous ces éléments sont liés au cours du pétrole et concernent les agriculteurs au quotidien (figure 1).

P

eut-on entrevoir un retour du pétrole à faible coût ou, au contraire, une hausse des prix ? Si l’on se fie à l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ou au département américain de l’Énergie, une nouvelle réalité s’installe. Grâce aux nouvelles technologies, les réserves de pétrole sont plus abondantes que jamais. Mais la forte croissance de la demande dans les pays émergents, en particulier pour le parc automobile chinois, et les coûts d’exploitation de plus en plus élevés des champs pétroliers devraient soutenir à la hausse les prix dans l’avenir (figure 2).

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Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

Figure 1

Le prix élevé du pétrole a fait exploser le coût des engrais Évolution du prix des engrais et du pétrole 400

Indice prix des engrais É.-U. (2000=100) Indice prix du pétrole (2000=100)

350 300 250 200 150 100 50 2000 2001

2002 2003

2004 2005 2006

Source : USDA, compilation Forest Lavoie Conseil

2007

2008 2009 2010

2011


Le pétrole est toujours la première source d’énergie primaire dans le monde, bien que son importance relative soit en constante diminution depuis les années 1970. Le charbon et le gaz naturel bénéficient de prix plus compétitifs et remplacent le pétrole dans les secteurs où cela est possible. Le charbon pourrait même détrôner incessamment le pétrole en tant que principale source d’énergie primaire, selon BP (figure 3). Mais il y a un secteur d’activité qui reste encore largement tributaire du pétrole : le transport. C’est aussi le principal débouché du pétrole, plus de la moitié de la production y étant consacrée. Et cette dépendance étroite du transport envers le pétrole devrait se maintenir au cours des prochaines décennies. En effet, les possibilités de substitution sont encore limitées, malgré les écarts de prix grandissants entre le pétrole et d’autres sources d’énergie moins coûteuses. La croissance des parcs de voitures et de camions,

le marché de l’automobile. Et parmi celles-ci, la Chine se démarque du lot (figure 4). Depuis 2009, la Chine a dépassé les États-Unis pour devenir le premier acheteur de nouvelles autos dans le monde. Il s’y est vendu plus de 19 millions de voitures l’an dernier. Difficile de s’imaginer à quel point les choses y bougent vite. Au tournant des années 2000, il se vendait moins de voitures en Chine qu’au Canada. Mais tandis que le marché canadien est au beau fixe depuis une décennie, avec des ventes annuelles oscillant autour de 1,5 million d’unités, la Chine a vu son marché s’accroître de près de 20 fois. Cette croissance est loin d’être terminée. L’AIE prévoit que le parc automobile mondial devrait doubler d’ici 25 ans, pour atteindre 1,7 milliard de véhicules. La majorité des automobiles se trouveront désormais à l’extérieur des économies avancées, grâce au développement d’une immense classe moyenne dans les économies émergentes.

Figure 3

Part des énergies primaires dans le monde 50 %

Pétrole

40 % 30 % 20 % 10 % 0% 1965

Source : BP

Charbon

Gaz naturel Hydro Nucléaire 1980

Renouvelables*

1995 2010 2025 *Incluent les biocarburants

dans le monde… pour l’instant ainsi que leur efficacité énergétique, sera donc un facteur déterminant de la consommation future de pétrole.

Les Chinois : les plus grands acheteurs de voitures au monde Sur la planète, le parc automobile est actuellement évalué à 870 millions de véhicules. Les trois quarts de ceux-ci se trouvent dans les économies avancées, surtout aux États-Unis et en Europe. Mais ces marchés sont saturés et en faible croissance. Tout comme pour les marchés agro­a limentaires, ce sont les économies émergentes qui bousculent

Une tendance similaire s’observe pour le parc de camions, qui, bien que moins nombreux sur la route, sont tout de même responsables d’environ 60 % de la consommation mondiale de diésel.

Des voitures plus efficaces, qui roulent moins Malgré le fait que le parc de voitures devrait doubler d’ici 2035, la consommation de pétrole n’augmentera pas au même rythme. On prévoit en effet une meilleure efficacité des autos et des camions dans les grands marchés de véhicules, comme les États-Unis, le Japon, l’Europe et la Figure 4

Parc automobile dans le monde : la Chine et le reste

Figure 2

Nombre de véhicules (en millions)

Boule de cristal : pas de retour prévu au pétrole pas cher Prix du baril de pétrole, 1990-2020 110

$/baril

90 70 50 30 10

1990

1994

1998

2002

2006

Source : US Energy Information Administration

2010

2014

2018

400

Chine

350 Union Européenne

300 250

États-Unis

200 Inde

150 100 50

Brésil 2000

2010

2020

2030

2035

Source : Agence internationale de l’énergie (AIE)

OCTOBRE 2013 | Le Coopérateur agricole

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Figure 6

Depuis 2009, la Chine a dépassé les États-Unis pour devenir le premier acheteur de nouvelles autos dans le monde.

Chine. Ces régions ont mis en place des normes obligatoires d’efficacité. L’AIE prévoit que la consommation moyenne des véhicules mis en marché passera de 8 litres/100 km actuellement à 5 litres/100 km en 2035. En plus de l’amélioration de l’efficacité des voitures, le coût élevé de l’essence modifie les habitudes des consommateurs, faisant diminuer leur kilométrage annuel. C’est ainsi qu’aux ÉtatsUnis et en Europe, aux prises avec une économie ralentie depuis la grande récession de 2008, le niveau de consommation de pétrole stagne et est même inférieur au sommet de 2005. À tel point que ce n’est pas la demande de ces régions qui a soutenu à la hausse le prix du pétrole ces dernières années. C’est la demande chinoise qui tire vers le haut le prix du baril (figure 5). Figure 5

Prix du pétrole à la hausse, malgré la stagnation de la demande américaine et européenne Augmentation de la consommation de pétrole depuis 2000

Millions de barils par jour

6

États-Unis Chine Union Européenne

5 4 3 2 1 0

Photo : Ingimage

–1 –2

2000 2001

2002 2003

2004 2005 2006

2007

2008 2009 2010

2011

Source : BP, compilation La Coop fédérée

Aurons-nous assez de pétrole pour toutes ces bagnoles ? Les ressources en pétrole sont largement suffisantes pour combler les besoins futurs, selon l’AIE. Les réserves récupérables de pétrole sont évaluées à près de 200 ans de production. En fait, cette durée augmente année après année, grâce aux technologies en constante évolution. Celles-ci permettent d’aller chercher du pétrole à des endroits jusqu’à tout récemment encore hors de portée, d’un point de vue technique ou économique. Par contre, il est vrai que bien des champs de pétrole d’envergure ont atteint leur pic de production et entament leur déclin. À tel point que la production des puits existants devrait chuter des deux tiers d’ici 2035. De nouveaux champs pétroliers devront être mis en exploitation pour combler la demande. Et le rythme d’investissement pour prospecter et exploiter ceux-ci va dépendre en grande partie du prix du baril.

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Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

Le prix élevé du pétrole entraîne des investissements sans précédent pour l’exploitation de nouveaux champs pétroliers 700 600

Investissement (Milliards $) Indice prix du pétrole (2000=100)

500 400 300 200 100 0

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Source : Agence internationale de l’énergie

Les investissements requis pour exploiter de nouveaux champs seront au rendez-vous si le prix du baril est élevé. Par exemple, les investissements des dernières années ont atteint des sommets à la faveur des bons prix. L’année 2012 a été une année record, avec 619 milliards $ d’investissements, soit cinq fois plus qu’en 2000, année où les prix étaient dans un creux (figure 6). À l’échelle du globe, les coûts d’exploitation des puits ont doublé depuis une dizaine d’années. Les matériaux, les salaires, les équipements et les services ont tous vu leur facture grimper. De plus, dans l’avenir, les nouveaux puits seront en général plus onéreux à exploiter, car ils sont localisés dans des sites géologiques moins favorables ou dans des régions plus éloignées. Le prix du pétrole devra donc être soutenu pour susciter l’intérêt des investisseurs à exploiter de nouveaux puits et à combler la demande.

Une volatilité qui est là pour de bon Le prix du pétrole est volatil et va le rester. Depuis deux décennies, le prix fluctue en moyenne de 30 % dans une même année. Le marché du pétrole est intégré à l’échelle mondiale et fluctue en fonction des nombreux évènements qui secouent la planète, sur le plan tant de l’offre que de la demande. Presque la moitié du pétrole produit fait l’objet de commerce entre les grandes régions du monde, et cette tendance devrait s’accentuer dans l’avenir. Cela aura pour effet de consolider l’interdépendance globale du marché. Mais le marché sera aussi plus influencé encore par des interruptions momentanées d’approvisionnement, liées notamment à des conflits géopolitiques ou sociaux. De même, les routes maritimes stratégiques, comme le fameux détroit d’Hormuz, au Moyen-Orient, resteront névralgiques, et les marchés continueront de réagir fortement à tout évènement politique ou économique pouvant perturber le fret dans ces régions.


Sur le plancher d e s va c h e s

Par Sylvain Boyer, T. P. Premier directeur Service des ruminants La Coop fédérée sylvain.boyer@lacoop.coop

Les valeurs de La Coop

Comme la grande majorité des entreprises, en plus de sa mission, le réseau La Coop s’est doté de valeurs qu’elle s’emploie à mettre en application dans ses différentes activités. Le réseau a un rôle important à jouer dans toutes les sphères de l’agriculture, et je vais, bien entendu, me concentrer sur ce qui touche la production laitière.

Photo : Martine Doyon

For English version, please visit our website at www.lacoop.coop/ cooperateur

P

armi les grandes valeurs du réseau, notons l’honnêteté, l’équité, la solidarité et la responsabilité personnelle et mutuelle. Bien que toutes importantes, arrêtons-nous plus particulièrement sur la dernière. Le Petit Larousse définit la responsabilité comme « obligation ou nécessité morale de répondre, de se porter garant de ses actions et de celles des autres ». La responsabilité évoque le fait que vos experts-conseils travaillent en équipe avec vous afin d’atteindre vos objectifs. Pour y parvenir, ces objectifs doivent, bien sûr, être clairs et réalistes. Personnellement, je crois que ces objectifs devraient aussi être fixés en prévision d’apporter une meilleure rentabilité à moyen et long terme pour votre entreprise. Peu importe le point de départ, le but est d’améliorer la situation actuelle – ou à tout le moins la maintenir. Grâce aux nombreux outils dont disposent nos équipes sur le terrain, nous pouvons évaluer l’impact économique des différentes stratégies que vous adoptez à la ferme. Le nerf de la guerre demeure toujours pour vous, comme producteur laitier et peu importe la situation, de gérer une entreprise rentable qui pourra prospérer dans le temps. Il y a trois points majeurs à valider : l’alimentation, la gestion ou conduite du troupeau et la génétique. Évidemment, le poste alimentation en est un très important et pour cause. Il est de plus intimement lié à la gestion du troupeau. Que ce soit au champ, au moment de la récolte, ou devant les vaches, les décisions que vous prenez auront un impact sur

les résultats de production obtenus. Avez-vous cerné lequel de ces trois éléments est le maillon le plus faible chez vous pour ce qui est du bilan financier annuel ? La version 2013 des tableaux mensuels La Coop, produits par notre équipe d’agro­écono­ mistes, vous aide à déceler encore plus facilement les points d’amélioration à apporter à votre entreprise et à en évaluer l’impact financier. D’une façon très visuelle, vous pourrez suivre, mois après mois, les résultats que vous obtenez. Depuis 2001, nous avons mis en place des outils d’analyse à la disposition de tous les experts-conseils et nous les améliorons sans cesse afin d’avoir une vue d’ensemble de votre ferme. Certains coûts cachés peuvent être révélés à partir de l’analyse des tableaux mensuels. Cette pratique permet d’aller au-delà des perceptions et de mettre le doigt sur les éléments les plus importants. Plus que jamais, avec les méthodes et outils en place, votre expert-conseil pourra vous guider vers l’atteinte de vos objectifs, tant sur le plan de la performance que des finances. Vous constaterez à quel point le travail de l’équipe La Coop respecte nos valeurs.

OCTOBRE 2013 | Le Coopérateur agricole

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Lait

Maître-éleveur et maître chasseur Texte et photos de Patrick Dupuis, agronome

Quand le premier ministre du Nouveau-Brunswick se déplace, c’est pour une bonne raison. L’obtention du titre de Maître-éleveur Ayrshire par l’un des résidants de sa province, Mario Lavoie, de Saint-Basile, en était une.

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Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

L’

honorable David Alward aurait pu se contenter de lui transmettre officiellement ses félicitations par lettre ou au téléphone. Après tout, l’industrie laitière néo-brunswickoise, avec ses quelque 220 producteurs et à peine une poignée de laiteries, ne représente pas un grand pan de l’économie de la province, dominée notamment par l’industrie forestière et, dans le secteur agricole, par la pomme de terre. Mais cette reconnaissance est venu toucher chez cet homme une corde sensible. Alward est lui-même producteur agricole. Il possède un élevage de bovins de boucherie Hereford.


2012 : C’est la consécration. L’entreprise obtient la plus haute reconnaissance décernée par Ayrshire Canada : le titre de Maître-éleveur. Véritable exploit, il représente des années de travail. La famille (Manon, Mario, Georges-Aimé, Céline, Marie-Pier et Mathieu) en est extrêmement fière.

La visite du premier ministre, le 23 février dernier, a profondément touché Mario et sa conjointe, Manon. « Il a laissé de côté son habit de politicien pour enfiler celui de producteur, dit Mario. J’étais intimidé au début, mais il m’a rapidement mis à l’aise. Il a parlé production, tout simplement. En visitant notre ferme, il nous posait avec grand enthousiasme des tas de questions. Il était vraiment désireux d’en apprendre sur notre travail, le troupeau et le prix que nous avons décroché. »

Maître-éleveur, pas une mince tâche ! En matière d’élevage, ce titre est la plus haute distinction qu’un producteur puisse obtenir, mais aussi l’une des plus ardues à remporter. Dans la race Ayrshire, quatre d’entre eux seulement, dans tout le Canada, ont reçu la récompense en 2012. « Le titre est attribué aux éleveurs de race pure qui remplissent les exigences requises en matière de production et de conformation parmi sept catégories1, dit Jenny Henchoz, d’Ayrshire Canada. Il faut des années de succès en élevage pour y arriver. Le titre est décerné à vie, avec l’année d’obtention, et couvre 10 années d’élevage, après quoi l’éleveur

doit de nouveau remplir les critères. » Dans le cas de Mario, le titre couvre les années d’élevage de 2001 à 2011. Il pourra resoumettre sa candidature en 2022. « Quand Jenny m’a téléphoné en février pour m’annoncer qu’on m’avait décerné le titre de Maître-éleveur, j’ai eu le feeling de remporter la coupe Stanley. Mais comme je n’avais dit à personne, même pas à mes proches, que j’avais soumis ma candidature, car je ne voulais pas susciter de faux espoirs, j’avais l’impression d’être seul sur la patinoire. » D’un caractère plutôt réservé, Mario, que plusieurs qualifient de véritable gentleman, n’a jamais fait grand étalage de ses succès. Mais ce titre a une connotation toute spéciale et vient souligner le travail, la passion et la détermination qui l’ont toujours animé.

« Secrets » d’éleveur « Dans l’élevage, j’estime avoir un peu de chance pour mes choix de taureaux, dit Mario avec modestie, car j’utilise dans 80 % des cas des sujets en voie d’épreuve. » Disons plutôt qu’il a l’œil pour repérer les beaux et bons sujets. L’expo­sition, qu’il a beaucoup pratiquée, n’a plus de secrets pour lui. Il connaît la race à fond. On ne s’improvise pas Maître-éleveur. Les propriétaires de la ferme ont toujours misé sur leurs forces, soit la production et la conformation. Le troupeau compte 5 EX, 31 TB, 29 BP et 8 B. u

1

www.ayrshire-canada.com/files/ File/master_breeder_maitre_ eleveur_2011.pdf

2

http://fr.wikipedia.org/wiki/ Madawaska

http://tourismedmundston.com/fr/ informations.php?cat=Republic+ of+Madawaska+Flag

La Ferme République, à Saint-Basile, au Nouveau-Brunswick. Mario représente la quatrième génération à s’établir à la ferme située dans la république du Madawaska2, située dans le nord-ouest du comté de Madawaska, au Nouveau-Brunswick, d’où le nom de l’exploitation, la Ferme République, qui regroupe 125 splendides Ayrshire de race pure, dont 54 vaches en lactation. « Trois générations ont battu le chemin avant moi », dit-il. « C’est mon arrière-grand-père, Aimé Lavoie, qui a fondé la ferme, en 1880, et qui l’a “grintée” [enregistrée] auprès du greffier de la province, souligne Mario. Il pratiquait alors une agriculture de subsistance, avec une quinzaine de bêtes diverses. » En 1940, son fils Edmond prend la relève. En 1963, ce dernier acquiert, dans la région de Montréal, 11 vaches Ayrshire de race pure. C’est le début de l’élevage sous contrôle laitier et de l’usage de l’insémination artificielle. En 1980, Georges-Aimé, fils d’Edmond et père de Mario, prend l’entreprise en main, après avoir travaillé une quinzaine d’années dans une fabrique de papier de l’État du Maine. L’année suivante, avec son épouse, Céline, il construit une étable moderne et hausse le troupeau à 70 têtes. L’alimentation de pointe et le suivi rigoureux de la reproduction du troupeau sont au cœur du programme d’élevage.

Muni d’une technique agricole et d’une formation d’inséminateur, Mario devient propriétaire de la ferme en 2009, en échange d’une rente mensuelle versée à ses parents. Depuis, il a acheté du quota, installé un nouveau système de traite avec retrait automatique et aménagé en stabulation libre la section du bâtiment réservée aux jeunes taures, ce qui lui a permis de loger plus d’animaux.

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L’alimentation du troupeau

Par Phillip Bernier, T.P. Directeur, secteur de l’approvisionnement à la ferme La Coop Purdel

« Mario est un producteur et un éleveur hors pair. Il a l’œil, le souci du détail et le sentiment du devoir. »

Veaux

0-6 mois : Aliment Goliath Vo-19 Deccox 2,5 kg 6-24 mois : Aliment Synchro 6018, option 1, selon condition de chair, avec Minéral Bloc Synchro 10-10 et ensilage demi-sec en balle ronde

Tarissement

Minéral Transilac VT 7-3 en cubes Aliment Transilac LP

Vaches en lactation

Groupe 1 Ensilage de foin, balle ronde 14-15 % PB, à volonté 11 kg d’aliment Synchro 6018, 1 à 2 kg de Supplément couverture Synchro 3213V Groupes 2 et 3 Ensilage de foin, balle ronde 14-15 % PB, à volonté 6 à 10 kg d’aliment Synchro 6018

Les fourrages sont exclusivement servis en balles rondes. Les concentrés sont distribués à l’aide d’un système automatisé.

Les animaux sont alimentés de foin de graminées et de luzerne, avec un taux de protéine de 15 à 16 %, et une bonne teneur en énergie. Un foin jeune, à fibre longue – ce qui facilite la rumination –, servi exclusivement en balles rondes et contenant, en moyenne, de 60 à 65 % de matière sèche. Quatre repas de fourrages et de moulées sont servis chaque jour, soit à 5 h, 10 h, 15 h et 19 h 30. Lorsque la deuxième traite est terminée, c’est le retour à la maison pour le repas en famille. Puis, vers 19 h 30, Mario fait une dernière tournée de l’étable. « C’est le moment idéal pour observer tranquillement les vaches et détecter les chaleurs, tout en leur servant leur dernière ration de la journée, dit-il. Dans cette atmosphère de calme, je ne vois plus le temps passer, je peux parfois être à l’étable jusqu’à 10 h. Je suis un gars à vaches. Mon entreprise est “drette”, j’assure la maintenance pour éviter les problèmes. Je ne “rushe” pas, le stress, ce n’est pas dans moi. »

Maître chasseur

« Mes grands-parents maternels chassaient pour survivre. Ils nourrissaient leurs enfants du fruit de la chasse et de la pêche. J’ai ça dans le sang. Sur le territoire, il y a de l’orignal en abondance, de l’ours, de la perdrix, mais peu de chevreuil, en raison des hivers rigoureux. Mon arme de prédilection est une 308 Browning, qui allie puissance et précision. Je chasse pour la fierté du “trophée”. »

Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

Photo : Gracieuseté de Ferme République

Mario chasse comme il élève son troupeau. Avec minutie et détails. Il va jusqu’à imprégner ses vêtements d’urine de buck, prélevée l’année précédente et minutieusement conservée, pour attirer les mâles. Au bois, il observe et ne fait rien de façon précipitée. « La chasse, c’est l’art d’attendre », dit-il.

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De superbes Ayrshire de race pure qui font la fierté de leurs propriétaires.

Autre facteur de réussite : un bon programme de médecine préventive, notamment pour la reproduction du troupeau. « Ce suivi me permet d’intervenir rapidement en cas de problèmes », dit-il.

Conciliation travail-famille « Avec l’outfit que j’ai, je pourrais élever 15 vaches de plus », poursuit l’éleveur, qui est debout dès 3 h 30 du matin. « Mais de là à doubler le troupeau, je ne le souhaite pas. Il me faudrait un employé de plus et je manquerais de temps pour m’occuper des vaches et de ma famille. »

L’avenir « Une chance que ça ne coûte rien de rêver, car je serais pauvre, dit Mario, sourire aux lèvres. Il y a 20 ans, j’étais un gros producteur. Aujourd’hui, avec 125 têtes, je suis petit. Je suis le seul producteur laitier du village et le seul producteur agricole du coin à vivre à 100 % de l’agriculture. Ce n’est pas toujours facile, il faut parfois se “tighter” la ceinture. »


Mario souhaite un jour diversifier ses activités. Des projets sont dans l’air. Comme celui de donner de l’essor au petit élevage de bovins de boucherie qu’il possède déjà (25 têtes), afin de créer une chaîne de valeur locale. Ou encore de mettre un jour sur pied une petite fromagerie à la ferme avec l’aide de ses enfants (Marie-Pier, 12 ans, et Mathieu, 9 ans). « Ils sont vaillants et s’impliquent déjà à la ferme », dit Mario.

Les énergies renouvelables font aussi partie de ses centres d’intérêt. Le solaire, notamment. Son camp de chasse est équipé de panneaux photovoltaïques. Il aimerait même recouvrir la fosse à fumier d’un toit sur lequel il pourrait en installer. Et puis, si le ministère de l’Environnement l’autorise un jour, disposer une turbine dans le ruisseau qui traverse sa terre pour produire de l’électricité.

Des dates, des évènements et des prix La Ferme République a participé à maintes reprises à diverses expositions agricoles : Fredericton, Charlottetown, Rimouski, Québec, Saint-Hyacinthe, Toronto et Madison. 1982 et 1995 : Les propriétaires de l’exploitation sont nommés Famille terrienne lors de l’Exposition régionale du Madawaska, à laquelle ils ont participé pendant près de 50 ans. 1985 : L’exploitation obtient la meilleure moyenne de production de tous les troupeaux – toutes races confondues – inscrits au Programme d’analyse des troupeaux laitiers du Nouveau-Brunswick.

Photo : Gracieuseté de Ferme République

Dans la catégorie 30-49 relevés de production, elle décroche également le prix décerné au troupeau s’étant le plus amélioré au Nouveau-Brunswick et celui attribué au troupeau dont la MCR combinée est la plus élevée. 1988 : La ferme atteint la meilleure production moyenne nationale dans la race Ayrshire : 8059 kg de lait par vache (MCR combinée de 228).

Une visite inattendue, celle du premier ministre du Nouveau-Brunswick, David Alward, accompagné d’un député de la région. Lui-même producteur agricole, il est venu féliciter personnellement Mario et sa famille.

Lors de l’assemblée annuelle des producteurs de lait du Nouveau-Brunswick, comme 38 autres exploitations laitières de la province, la Ferme République reçoit un prix pour la qualité du lait.

Avis aux producteurs sur l’utilisation responsable des caractères Monsanto Company est membre du groupe Excellence Through StewardshipMD (ETS). Les produits de Monsanto sont commercialisés conformément aux normes de mise en marché responsable de l’ETS et à la politique de Monsanto pour la commercialisation des produits végétaux issus de la biotechnologie dans les cultures de base. L’importation de ce produit a été approuvée dans les principaux marchés d’exportation dotés de systèmes de réglementation compétents. Toute récolte ou matière obtenue à partir de ce produit ne peut être exportée, utilisée, transformée ou vendue que dans les pays où toutes les approbations réglementaires nécessaires ont été accordées. Il est illégal, en vertu des lois nationales et internationales, d’exporter des produits contenant des caractères issus de la biotechnologie dans un pays où l’importation de telles marchandises n’est pas permise. Les producteurs devraient communiquer avec leur négociant en grains ou acheteur de produit pour confirmer la politique de ces derniers relativement à l’achat de ce produit. Excellence Through StewardshipMD est une marque déposée de Excellence Through Stewardship. VEUILLEZ TOUJOURS LIRE ET SUIVRE LES DIRECTIVES DES ÉTIQUETTES DES PESTICIDES. Les cultures Roundup ReadyMD possèdent des gènes qui leur confèrent une tolérance au glyphosate, l’ingrédient actif des herbicides RoundupMD pour usage agricole. Les herbicides Roundup pour usage agricole détruiront les cultures qui ne tolèrent pas le glyphosate. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le maïs est une combinaison de quatre produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine, ipconazole et clothianidine. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le canola est une combinaison de deux produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives difénoconazole, métalaxyl (isomères M et S), fludioxonil, thiaméthoxam et Bacillus subtilis. Acceleron et le logoMD, AcceleronMD, DEKALB et le logoMD, DEKALBMD, Genuity et le logoMD, les symboles Genuity, GenuityMD, Refuge Intégral et le logoMD, Refuge IntégralMD, Roundup Ready 2 Technologie et le logoMC, Roundup Ready 2 RendementMC, Roundup ReadyMD, Roundup TransorbMD, Roundup WeatherMAXMD, RoundupMD, SmartStax et le logoMD, SmartStaxMD, TransorbMD, VT Double PROMD, YieldGard VT Chrysomèle/RR2MC, YieldGard Pyrale et le logo et YieldGard VT TripleMD sont des marques de commerce de Monsanto Technology LLC. Utilisation sous licence. LibertyLinkMD et le logo de la goutte d’eau sont des marques de commerce de Bayer. Utilisation sous licence. HerculexMD est une marque déposée de Dow AgroSciences LLC. Utilisation sous licence. Respectez Les Refuges et le logo est une marque déposée de l’Association canadienne du commerce des semences. Utilisation sous licence. ©2013 Monsanto Canada Inc. Avant d'ouvrir un sac de semence, vous devez lire, comprendre et

RESPECTEZ REFUGES

LES

Semer des refuges. Préserver la technologie.

MD

Urban & Co. Inc.

905-403-0055

Date: June 27/2013

Production Artist: Sheri

App: Indd CS5

accepter les pratiques d'utilisation responsable, incluant les règles applicables aux refuges pour la gestion de la résistance des insectes, des caractères biotechnologiques exprimés dans la semence, tel que stipulé dans l'Entente de gestion responsable des technologies de Monsanto que vous signez. En ouvrant le sac et en utilisant la semence qu'il contient, vous acceptez de vous conformer aux principes d'utilisation responsable en vigueur.

OCTOBRE 2013 | Le Coopérateur agricole

Due Date: ?

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Porc

Dre Brigitte Boucher, Médecin vétérinaire Responsable santé en production porcine La Coop fédérée brigitteboucher@videotron.ca

Le point

sur les hernies ombilicales Lors du dernier rendez-vous de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), en novembre dernier, ma présentation sur la gestion des hernies ombilicales a suscité passablement d’intérêt parmi les producteurs de porcs. Les organisateurs de la rencontre avaient vu juste quant à la pertinence du sujet à traiter. Qu’en est-il, aujourd’hui, de cette préoccupation ?

M

alheureusement, elle demeure d’actualité. Pour différentes raisons, dont la principale est la difficulté de faire transporter ses porcs vers les abattoirs. Récemment, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a resserré l’application de ses normes en matière de transport des animaux fragilisés. Si on se penche sur les spécifications de transport pour les animaux herniés, afin qu’ils puissent être transportés, les conditions suivantes doivent être respectées :

1. La hernie ne doit pas gêner le mouvement. 2. Elle ne doit pas être douloureuse à la pal­ pation. 3. Elle ne doit pas atteindre le sol lorsque l’animal est debout dans sa posture habituelle. 4. Elle ne doit pas présenter une plaie à vif, un ulcère ou une infection apparente. Cette situation conduit à bien des interprétations de la part des producteurs, des transporteurs et des experts-conseils et, conséquemment, cause bien des désagréments.

Que savons-nous de la prévention et du contrôle de ces hernies ombilicales ?

Photos : La Coop fédérée

Hernie de la grosseur d’un pamplemousse et moins : à ne pas éliminer au transfert en engraissement.

Hernie décrochée qui gêne le mouvement de l’animal, donc non transportable.

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Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

1. Lors d’une étude réalisée sur plus de 13 350 porcs, évalués à six semaines postsevrage et à la première semaine suivant leur entrée en engraissement, 1,69 % des animaux présentaient une hernie. Mais pour 68 % d’entre eux, il s’agissait en fait d’abcès du nombril, conséquence d’une inflammation (omphalite) et non pas d’une hernie réelle. 2. Si on se concentre sur la prévention de ces omphalites, on diminue des deux tiers les risques de voir apparaître une hernie en période de croissance. Dans le cas de l’étude citée, il faut comprendre que 0,55 % des porcelets avaient donc une hernie réelle, ce qui demeure dans la normalité de la population porcine. u


Bien épaulés. Bien entourés. Bien équipés pour réussir. Votre médecin vétérinaire a à cœur les performances de reproduction de votre troupeau. il en va de même pour nous. C’est pourquoi nous avons conçu le programme ReproPig, qui offre la gamme la plus complète possible de produits, d’outils et de services permettant, avec l’aide de votre médecin vétérinaire, de contribuer à l’atteinte de vos objectifs en matière de reproduction porcine. Tirez avantage de ces ressources : consultez votre médecin vétérinaire.

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Comment prévenir les omphalites ?

1. En injectant dans les 15 premières heures de vie un antibiotique à dégradation rapide pour limiter les risques d’infection du cordon ombilical. Votre vétérinaire vous conseillera le produit qui convient le mieux à votre ferme. Par exemple, le Borgal ou son équivalent est un antibiotique correspondant à cette catégorie. Il se peut qu’au fil des mois vous deviez penser à varier le produit utilisé afin de lui conserver toute son efficacité. Encore une fois, votre vétérinaire vous donnera les conseils appropriés. 2. En vous assurant que toute l’hygiène nécessaire est en place lors de la mise bas de vos truies. 3. En vous assurant que, si vous devez fouiller une truie, vous limitez la traction sur le cordon ombilical. 4. En vous assurant que votre protocole de lavage et de désinfection des cages de mise bas est toujours optimal. 5. En vous assurant de bien assécher la cage de mise bas. Les porcelets qui glissent et qui marchent sur les cordons des autres entraînent une pression inutile sur l’ombilic.

Plaie vive qui mérite d’être traitée…

Début de traitement au Zincoderm

Lorsque toutes ces mesures sont bien contrôlées, certaines étapes de la production doivent aussi être validées. L’une d’entre elles, qui donne rapidement des résultats, consiste à limiter l’entassement des porcelets en site 2, en site 3 et lors du transport de ces derniers. L’entassement crée passablement de pression abdominale, et les éleveurs qui réussissent à ne pas entasser leurs porcelets voient rapidement une diminution des cas de hernies. Malheureusement, on observe une faible tolérance des intervenants (éleveurs et techniciens d’élevage) envers les animaux herniés. Certains ont la condamnation facile. Dès qu’un animal présente une petite bosse sous le ventre, la recommandation de l’éliminer tombe vite. Mais est-ce bien justifié d’euthanasier si rapidement ces animaux ? De 83 à 90 % de sujets observés à six semaines postsevrage avec une bosse sous le ventre de la taille d’un pamplemousse ou moins ont été abattus au bon poids lors de l’étude citée en novembre dernier. Voilà beaucoup d’animaux sauvés !

Comment gérer ces animaux ? 12 jours plus tard

30

1. En les isolant dès leur entrée en engrais­ sement.

Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

2. En augmentant la surface qui leur est allouée afin de limiter le risque de piétinement en cours d’élevage. 3. En s’assurant de traiter les plaies vives qui apparaissent. Injection d’antibiotique et onguent à base de zinc donnent de très bons résultats. 4. En procédant à la réduction de la hernie s’il s’agit d’une femelle. Il faut simplement poser un élastique à la base de la hernie après s’être assuré que tous les tissus herniés ont retrouvé leur place physiologique. Cette intervention peut se faire à l’aide d’un calmant (Stresnil) et d’une simple contention le temps que dure la manipulation. 5. En s’assurant qu’en fin d’élevage les porcs herniés que vous voulez faire transporter satisfont les critères énumérés au début de cet article. De cette façon, le transporteur qui a suivi la formation sur le transport des animaux fragilisés sera à l’aise de les véhiculer jusqu’à l’abattoir, sans discussion animée lors du chargement. Si vous jugez que, dans votre ferme, le nombre de cas de hernie dépasse le pourcentage tolérable généralement reconnu (moins de 2 %) ou votre propre seuil de tolérance – qui peut être plus bas –, il existe des outils vous permettant de voir plus clair dans votre situation.

Le réseau La Coop a élaboré deux outils pour vous :

1. La liste de vérification des facteurs de risques associés aux hernies. Cette fiche révise tous les points d’élevage qui ont un rôle dans l’apparition des hernies, de la naissance à l’engraissement. Elle est très complète. Tous les écrits le signalent : l’apparition des hernies est multifactorielle. Cette liste vous aidera à mieux détecter les risques propres à votre élevage. 2. La fiche d’évaluation de la prévalence des hernies en élevage. La mesure empirique demeure à éviter. Il vaut toujours mieux quantifier nos observations afin de savoir où nous devons concentrer notre énergie et d’évaluer les progrès occasionnés par nos changements de pratique.

N’hésitez pas à faire appel à nos services. La prévention est ce qui rapporte le plus. Car un nombre plus élevé de kilos de viande génère plus de revenus pour le même travail.


Photo: Pascale Perrault

P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s

Sable hier, canneberges aujourd’hui Par Patrick Dupuis, agronome

En production d’œufs d’incubation, Danielle Landreville peut se passer de présentation. Dans l’industrie de la canneberge, cette redoutable femme d’affaires ne tardera pas à se tailler une place à sa mesure. Retenez ce nom : Canneberges Mont Atoca, l’entreprise qu’elle a mise sur pied avec son conjoint et leurs trois enfants.

Photo: Patrick Dupuis

S Danielle Landreville, une femme d’affaires visionnaire

ainte-Mélanie, Lanaudière. Des camions lourdement chargés de sable sortent bruyamment de la Sablière Nadeau. D’autres, délestés de leur chargement, y entrent rapidement. Un va-et-vient qui témoigne d’une importante activité économique régionale. Mais derrière ce flot incessant de dix-roues et de semi-remorques, une autre activité, dont on ne s’imagine guère l’ampleur, est en train d’éclore. Une cannebergière prend vie et ressuscite les sols de la sablière, à laquelle on veut donner une autre vocation. Début juillet, des dizaines d’hectares se couvrent d’un délicat tapis de fleurs rosées

abritant une multitude de petits fruits. Certains champs livreront leur rouge trésor cet automne. Pour d’autres, il faudra encore attendre. Une cannebergière n’offre ses joyaux qu’à la troisième année après son implantation.

Une deuxième passion C’est en 2006 que la canneberge pique la curiosité des Landreville-Nadeau, lorsqu’un producteur leur demande s’il peut entreposer ses fruits dans un de leurs entrepôts. La famille possède la main-d’œuvre, la machinerie lourde, les terres et l’accès à l’eau. Il ne lui manquait que certains équipements et les connaissances agricoles propres à ce fruit de la famille des éricacées. « Le démarrage de cette production, dit Danielle, horticultrice de formation, était l’occasion de sensibiliser mes enfants – Ève, Charles et Evens – à la réalité du monde des affaires et de leur apprendre à travailler ensemble. Développer une business comme ça demande 10 ans. La rentabilité sera alors atteinte. Plusieurs millions ont déjà été investis. » u

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Photos: Patrick Dupuis

Ils commencent, la première année, avec 3,6 ha (9 acres) en culture. La superficie monte à 6 ha (15 acres) l’année suivante. Depuis, 8 à 10 ha (20 à 25 acres) s’ajoutent chaque année. L’objectif à atteindre est de 65 ha (160 acres), la moyenne québécoise. « On est entrés au bon moment dans la canneberge, car depuis sept ou huit ans, il y a eu beaucoup de recherche et d’amélioration, indique Danielle. À l’époque, la production moyenne québécoise était de 18 000 kg/ha (16 000 lb à l’acre); l’an passé, elle a atteint 29 000 kg (26 000 lb), une année exceptionnelle. Les méthodes de culture se sont grandement améliorées : nouvelles variétés plus performantes, irrigation, drainage, ferti­l i­ sation de précision, produits de protection mieux adaptés et moins stressants pour la plante. Même avec les anciennes variétés, les rendements ont beaucoup augmenté. On a visité les grandes régions productrices – Wisconsin, New Jersey, Colombie-Britannique, Chili – et adopté ce qui se faisait de mieux. Nos experts-conseils, Gaétan Laporte et Charles Coutu, de La Coop Profid’Or, nous apportent un soutien de haut niveau et nous aident constamment à améliorer nos façons de faire. » La production de l’entreprise, de 270 000 kg (600 000 lb) en 2012, devrait osciller entre 455 000 et 545 000 kg (1 à 1,2 million de livres) en 2013 – pour

Pour favoriser la pollinisation par les abeilles des fleurs de canneberges (peu nectarifères), Danielle Landreville collabore à un projet de recherche sur les plantes mellifères mené par Madeleine Chagnon, de l’UQAM. Danielle a implanté autour des champs une vingtaine de variétés de fleurs que les abeilles adorent : basilic citron, basilic thaï, bourrache, aneth, trèfle, etc. L’entreprise possède actuellement une cinquantaine de ruches. L’objectif de l’étude, et de Danielle, est de maintenir les populations d’abeilles naturelles et domestiques en bonne santé toute l’année. « La problématique de l’abeille n’est pas liée qu’à l’usage des pesticides, informe la productrice. L’érosion de la biodiversité, notamment la disparition graduelle des pâturages, est un facteur très important. » Sa fille, Ève, formée en apiculture, s’occupe entre autres de ce secteur.

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Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

Photo : Patrick Dupuis

Les trois jeunes Landreville, responsables de l’entreprise Canneberges Mont Atoca : Charles, 30 ans, Éve, 28 ans, et Evens, 27 ans.

36 ha (90 acres) en production – et atteindre 680 000 kg (1,5 million de livres) en 2014. L’entreprise mise sur de nouvelles variétés prometteuses : Mullica Queen, Crimson Queen, Demoranville et Scarlet Night, la dernière-née, et possiblement la meilleure, dans le fruit frais. Ces nouvelles variétés, issues de croisements entre des variétés existantes, ont été mises au point par Nicoli Vorsa, de l’Université Rutgers, au New Jersey. Les hybrides sont reproduits par bouture, et non pas par semis, pour conserver la pureté génétique.

Démarrage des boutures en serres

Les boutures sont démarrées en serre, à l’abri du gel, début avril, ce qui permet de commencer à produire plus tôt en saison, en juillet. Mises en terre à l’aide d’un planteur mécanique, elles profitent de longues heures d’ensoleillement. À l’extérieur, on place les boutures sur des tapis début mai. La nuit, on recouvre les plants d’un polythène, jusqu’au 20 mai, puis on les implante dans les bassins en août. « On ne maîtrise pas encore tout, lance Evens Landreville-Nadeau. Nos champs sont trop jeunes. Ce n’est que l’an passé qu’on a récolté nos nouvelles variétés. On est en train de faire nos classes. » « La variété Stevens, plus ancienne, est encore très bonne pour la transformation et l’une des meilleures dans le fruit frais », ajoute Danielle. « Il y a quatre critères essentiels au développement d’une cannebergière », explique Evens, qui a rapidement saisi les enjeux et aspects techniques de cette production. « Il faut un terrain plat, une rivière à proximité pour s’assurer de ne jamais manquer d’eau, une nappe phréatique pas trop éloignée de la surface, et beaucoup de sable. » Les terres de la Sablière Nadeau s’y prêtent à merveille. On crée d’abord des bassins, au fond desquels on dépose 20 cm (8 po) d’argile pour améliorer la rétention d’eau, particulièrement lors de la récolte, tout en assurant un bon drainage.


Photo: Pascale Perrault

Les nouvelles variétés Crimson Queen, Mullica Queen, Demoranville et Scarlet Night produisent plus de fruits par plant.

aux champs 1 à 2 centimètres (1/2 po) tous les deux ans pour régénérer les plants. La sixième année, la production est en régression, puis, tranquillement, le plant meurt et fait place à une nouvelle pousse fructifère (un upright), que le sable viendra également régénérer et dans lequel elle va s’enraciner. »

Canneberges fraîches La quasi-totalité de la canneberge produite au Québec est congelée puis transformée en jus. « Mais la canneberge fraîche et séchée est maintenant largement plus demandée que le jus, à un point tel que ce dernier est quasiment devenu un sous-produit, informe Danielle. Ocean Spray, la coopé­rative avec laquelle on fait affaire, manque de fruits pour combler la demande. En raison d’une basse pression de pourri­ture, issue d’un micro­climat favorable, notre site est propice à la production de fruits frais. Cette année, de 25 à 30 % de notre récolte seront destinés au marché du fruit frais. On doit pour ce faire avoir des champs en exploitation depuis plus de cinq ans avec une variété éprouvée pour la conservation, comme la Stevens. Les nouvelles variétés, même promet­teuses, n’ont pas encore été éprouvées à ce chapitre. »

Gestion de l’eau L’irrigation est un facteur clé dans la réussite d’une culture de canneberges. La cannebergière Mont Atoca est aménagée sur cinq niveaux, avec une dénivellation totale de 27 mètres (90 pi). Chaque Le projet d’étude d’Evens : une station de nettoyage niveau possède son propre (en construction au moment de l’entrevue) avec quai de chargement pour expédier le fruit à la réfrigération. réservoir d’eau, et le tout fonctionne en circuit fermé. On réutilise donc toujours la même eau. Au total, dans tout le processus (irrigation et récolte), 12 350 m3 d’eau à l’hectare sont nécessaires annuellement. Deux stations de pompage en permettent la circulation grâce à un important système de tuyauterie souterrain. Des bassins de transfert – approvisionnés par des sources, la fonte des neiges et la pluie – alimentent les réservoirs. Les stations de pompage fonctionnent à l’électricité. « Les pompes électriques sont moins polluantes et énergivores que les pompes diésel que nous utilisions avant, dit Evens. On parle de 7 $ l’heure pour une pompe électrique, comparativement à 45 $ pour une pompe diésel. » Le site de l’entreprise est pratiquement béni par la nature. En plus du sable abondant, il n’est à peu près pas affecté par le gel en période de croissance, tôt en saison, ou à la récolte. Des alertes météo, transmises aux téléphones intelligents des producteurs, permettent de réagir rapidement. « Il faut alors irriguer pour protéger les fruits, les fleurs ou les bourgeons contre le gel, indique Danielle. La couche de glace qui se formera isolera le plant des effets du gel. Lorsqu’on est très près de la récolte, on inonde les champs. Dans le marché frais, des fruits qui ont gelé, c’est la catastrophe. » La récolte s’amorce début octobre. Les champs sont inondés de 40 cm (16 po) d’eau. Une batteuse (la Gate Arrow) permet une récolte rapide, à faible coût et en douceur. Le fruit est mis en palettes au champ, puis expédié à une station de nettoyage. Le Québec en compte deux. « On est en processus d’accréditation pour une troisième station, qu’on espère fonctionnelle en 2014 », indique Danielle. Une fois nettoyées et débarrassées de toute impureté, les canneberges sont mises en palettes et expédiées aux entrepôts réfrigérés de la coopérative, à Boston.

Pour en savoir plus :

www.notrecanneberge.com

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Photo: Patrick Dupuis

On ajoute ensuite 45 cm (18 po) de terre arable (topsoil) sableuse. C’est dans les sept premiers centimètres (3 po) de ce substrat que les plants de canneberges prendront racine. Le rendement optimal est atteint après quatre ou cinq ans. « D’ici une dizaine d’années, on aura pratiquement épuisé toutes les ressources de la sablière, informe Evens, diplômé en ingénierie industrielle. On gardera toutefois une importante réserve de sable, car c’est un élément essentiel à la production de canneberges. On doit en appliquer


P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s

Elmer Iquira, M. Sc. Sélectionneur en amélioration végétale La Coop fédérée elmer.iquira@lacoop.coop En collaboration avec Claude Borduas, agronome

Responsable des parcelles PEC La Coop fédérée claude.borduas@lacoop.coop

Maïs Elite

Les nouvelles performances pour 2014

L’

Photo : LA COOP FÉDÉRÉE

amélioration génétique dans le maïs évolue très rapidement, ce qui se traduit par des essais continus en parcelles de recherche ainsi qu’en grandes parcelles dans les fermes des producteurs. Le maïsiculteur qui sème des hybrides Elite a accès à plus de matériel génétique dans différentes maturités, et tout particulièrement dans les hybrides de pleine saison. Pour 2014, Elite introduit 15 nouvelles génétiques hautement performantes, dont certaines sont offertes en deux versions. Ces hybrides couvrent différentes maturités, de très hâtif à pleine saison. Voici une brève description de chacun de ces hybrides.

E47A17 R

2200 UTM (77 jours)

E47A12 R

2225 UTM (77 jours)

Cette nouvelle génétique possède une bonne verdeur (staygreen), ce qui lui permet d’accumuler plus de réserves pour un rendement accru et une bonne tenue. Son grain denté offre un séchage rapide au champ.

E48A27 R

2250 UTM (78 jours)

E48A29 R

2300 UTM (78 jours)

Cette génétique flexible possède les attributs d’un excellent hybride à deux fins. Son départ très rapide au printemps lui permet d’atteindre un grain à maturité en une saison courte. Il sèche également très bien au champ.

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Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013


E53B22 R

E67D17 R

2850 UTM (97 jours)

Cet hybride possède une génétique totalement différente de l’hybride leader de même maturité, soit le E53B12 R. Il diffère de ce dernier par un plant grand et feuillu, qui offre un excellent rendement en ensilage avec une bonne valeur alimentaire.

E67D10 LR

2900 UTM (97 jours)

E56B22 R

E69R10 LR

2500 UTM (83 jours)

2600 UTM (86 jours)

Cette nouvelle génétique possède de bonnes tiges et de très bonnes racines, en plus d’un bon potentiel de rendement. Sa tolérance à la sécheresse est au-dessus de la moyenne.

E60V25 Conventionnel

Cet hybride a un profil agronomique gagnant avec un bon potentiel de rendement, un plant en bonne santé et une belle qualité de grain à séchage très rapide.

2975 UTM (99 jours)

Cet hybride de pleine saison est largement adapté à une zone de 2900 UTM et plus. Son plant est doté d’une bonne santé et de bonnes racines. Son rendement est excellent et il fait bien sous des conditions de stress.

2700 UTM (90 jours)

E71Z19 R

3000 UTM (101 jours)

Cet hybride répond bien aux besoins des producteurs de maïs conventionnel. Il fait également un bon hybride d’ensilage doté d’une très bonne valeur alimentaire.

Un hybride de pleine saison, à floraison hâtive, et doté d’une génétique très performante. Sa tige est solide et il a une belle qualité de grain.

E61P12 R

E71T15 Conventionnel

2700 UTM (91 jours)

Une génétique à haut rendement avec un profil agronomique solide. Mentionnons notamment une vigueur printanière, un plant en bonne santé, une excellente tenue, un taux de séchage rapide et un poids spécifique élevé.

E64H27 R

2750 UTM (94 jours)

E64H22 R

2800 UTM (94 jours)

Cette génétique offre un potentiel de rendement exceptionnel avec un taux de séchage très rapide et un bon poids spécifique. Son excellente tenue et sa tolérance à la sécheresse complètent ses caractéristiques très avantageuses pour le producteur de maïs-grain.

3000 UTM (101 jours)

Cet hybride établit de nouveaux standards de performance de rendement en grain dans le maïs conventionnel. Il a une très bonne qualité de tige, ce qui lui confère une très bonne tenue. Gardez-le pour une première année en maïs si votre champ a un historique de chrysomèle des racines, car cet hybride n’est pas doté de caractères technologiques. En ensilage, cet hybride procure une très bonne production de lait/ha grâce à son rendement et à son énergie.

E75S79 R

3150 UTM (105 jours)

Voici un hybride à double usage et à floraison hâtive. Il procure un haut rendement en grain avec un poids spécifique élevé. Il a de bonnes racines et une excellente tenue des tiges. Son plant est feuillu et très haut et possède un excellent rendement en ensilage ainsi qu’une bonne valeur alimentaire. u

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E76V10 LR

3150 UTM (106 jours)

Voici un autre hybride à double usage. Ses plants sont hauts et pourvus d’une bonne santé du feuillage. Son grain possède un très bon poids spécifique. Il permet de produire un maïs-ensilage avec une bonne valeur énergétique.

E78Y12 R

3300 UTM (108 jours)

Cet hybride est adapté pour la production de maïs-ensilage en Montérégie. Son très grand plant porte de gros épis et offre un excellent rendement fourrager. Sa floraison est hâtive pour sa maturité de 3300 UTM. Il s’adapte donc bien à une zone de maturité pour l’ensilage de 2800 à 3150 UTM. Cet hybride a obtenu de bonnes valeurs en énergie et digestibilité dans les parcelles d’ensilage en Montérégie en 2012.

160 experts-conseils

107471-09-13

qui contribuent aux petites et grandes victoires des exploitations agricoles de chez nous. e li te .co o p 36

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107471_PV Pub Elite CA 1-2 page spread.indd 1

YUKON R

1900-2200 UTM

Très vigoureux au printemps, cet hybride donne la meilleure production de lait/ha dans sa maturité, grâce à une bonne valeur en énergie ainsi qu’un pourcentage d’amidon et une digestibilité de la fibre NDF élevés. Comme vous pouvez le constater, la gamme Elite s’est enrichie de 19 nouveaux hybrides. Pour plus d’information, prenez contact avec votre expert-conseil. Dans la gamme des maïs Elite, il est possible de se procurer de la semence non traitée ou traitée seulement avec un fongicide pour certains hybrides qui couvrent l’ensemble des zones de maturité. Cependant, pour en obtenir, il faut en faire la demande avant le 31 octobre.


Nouveaux hybrides Elite pour le grain en 2014 Hybride Elite E47A17 R E47A12 R E48A27 R E48A29 R E53B22 R E56B22 R E60V25 E61P12 R E64H27 R E64H22 R E67D17 R E67D10 LR E69R10 LR E71Z19 R E71T15 E75S79 R E76V10 LR E78Y12 R

UTM 2200 2225 2250 2300 2500 2600 2700 2700 2750 2800 2850 2900 2975 3000 3000 3150 3150 3300

MR* 77 77 78 78 83 86 90 91 94 94 97 97 99 101 101 105 106 108

Caractère technologique

Refuge intégral

MD

Roundup Ready Maïs 2 GenuityMD VT Double PROMD Roundup ReadyMD Maïs 2 GenuityMD VT Triple PROMD GenuityMD VT Double PROMD GenuityMD VT Double PROMD GenuityMD VT Double PROMD Roundup ReadyMD Maïs 2 GenuityMD VT Double PROMD Roundup ReadyMD Maïs 2 GenuityMD SmartStaxMD Liberty LinkMD GenuityMD SmartStaxMD Liberty LinkMD GenuityMD VT Triple PROMD GenuityMD VT Triple PROMD GenuityMD SmartStaxMD Liberty LinkMD GenuityMD VT Double PROMD

• • • • • • • • • • • •

Désherbage Glyphosate Glyphosate Glyphosate Glyphosate Glyphosate Glyphosate Conventionnel Glyphosate Glyphosate Glyphosate Glyphosate Glyphosate/Glufosinate Glyphosate/Glufosinate Glyphosate Conventionnel Glyphosate Glyphosate/Glufosinate Glyphosate

Nouvel hybride Elite HTE pour l’ensilage en 2014 Hybride Elite HTE YUKON R

Zone de maturité 1900-2200

Caractère technologique Roundup ReadyMD Maïs 2

Désherbage Glyphosate

*MR = Maturité relative

EXPERTISE RECHERCHÉE ICI

Chaque année, La Coop déploie d’immenses efforts de recherche sur des milliers de parcelles de terre situées dans plus de 20 zones géographiques, afin d’offrir des semences Elite toujours plus performantes et toujours mieux adaptées à la réalité des milliers d’agriculteurs d’ici. La coopération, ça profite à tout le monde. Parlez-en à votre expert-conseil.

ELITEMC et La CoopMC sont des marques de commerce déposées de La Coop fédérée.

OCTOBRE 2013 | Le Coopérateur agricole

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2013-09-26 10:45 AM


P r o d u c t i o n s v é g é ta l e s

Jérôme Auclair, Ph. D. Professionnel de recherche La Coop fédérée jerome.auclair@lacoop.coop

Soya

Des ajustements pour plus de rendement

P Photo : Bernard diamant

our augmenter le rendement du soya, il faudra procéder à des ajustements agronomiques, en gestion notamment, qui, à leur tour, entraîneront des ajustements génétiques. lorsque nous utilisons de la machinerie au champ, que ce soit la batteuse, le semoir ou le pulvérisateur, il est toujours important d’en régler adéquatement les différentes composantes afin d’obtenir la meilleure performance. Au cours des 40 dernières années, de nombreuses études ont rapporté jusqu’à 15 % de pertes à la récolte. Mais avec les années, de meilleures composantes d’équipement – tables à grains et barre de coupe flottante, par exemple – ont ramené ces pertes à des niveaux moindres. Un bon opérateur qui effectue des réglages appropriés pendant la récolte constitue aussi un facteur majeur pour l’efficacité d’une batteuse. Comme la machinerie, les systèmes de cultures ont eu aussi besoin d’ajustements constants pour s’adapter à diverses conditions. Ces ajustements ont deux cibles principales : l’agronomie et la génétique. La combinaison des deux est la clef du succès pour un agriculteur. La météo est un troisième facteur influent, mais, malheureusement, nous n’avons aucun contrôle sur mère Nature. Les décisions agronomiques (rotation, travail du sol, gestion du travail et du temps, etc.) sont généralement prises en premier, car elles auront des conséquences pour plusieurs années à venir.

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Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

Ensuite, les décisions en matière de génétique, pour les semis, sont prises sur une base annuelle. Il faut garder en tête que la météo, la génétique et les pratiques agronomiques ont une influence l’une sur l’autre et doivent être considérées comme un tout. Plusieurs d’entre vous auront sûrement remarqué la tendance vers l’utilisation de variétés de soya de plus longue saison au Québec. Voilà un bon exemple d’ajustement qui prend en compte les trois facteurs discutés. Traditionnellement, le soya au Québec est semé tard (après le maïs) et récolté tôt (avant le maïs). Serait-il possible d’ajuster nos pratiques agronomiques pour profiter d’une saison un peu plus longue ? Un semis un peu plus tôt et une récolte un peu plus tardive peuvent nous donner jusqu’à 10 jours de croissance supplémentaires et le rendement qui vient avec ! Par contre, il reste un facteur à modifier pour bien tirer profit de cette saison plus longue : c’est la génétique. Comme nous changeons la longueur de la saison, il faut réajuster nos autres composantes, soit, dans notre cas, les variétés de soya. Dans cette optique de réajustement constant des systèmes de culture du soya, la Ferme de recherche en productions végétales de La Coop fédérée planche sur l’augmentation des rendements grâce à la régie agronomique dont, notamment, la génétique. Pour la saison 2014, Elite offrira des nouveautés qui permettront de bien répondre aux besoins des agriculteurs en quête d’un système de production aux rendements maximums.


Les nouvelles variétés Imana R2 et CKX4110 (code expérimental) ont été sélectionnées pour bien répondre à un système plus intense de production de soya avec, en particulier, une maturité plus tardive. Imana R2, avec une maturité de 1.8, assure une pleine saison dans les régions plus chaudes du Québec. Imana R2 a un potentiel de rendement supérieur (107 %), comme indiqué par Réseaux grandes cultures du Québec (RGCQ) 2012. Elle possède le gène de résistance à la pourriture phytophthoréenne (Rps1k) et résiste éga­lement au nématode à kystes du soya ainsi qu’au Sclerotinia (index le plus bas selon le RGCQ). Pour les régions un peu plus fraîches, qui ont aussi avanPub_publication_cooperateur.pdf 1 2013-09-10 11:15:21 la saison par tage à augmenter les rendements en allongeant

des pratiques agronomiques progressives, nous introduisons une nouvelle variété en 2014 (CKX4110, nom proposé : Katonda R2). Avec une maturité de 1.1, cette variété s’ajoutera à la gamme Elite de soyas pleine saison. Cette variété a un très bon potentiel de rendement, battant la concurrence par 5 à 10 %. Elle est très bien adaptée aux systèmes de culture intensifs et répond bien aux populations élevées. Entièrement mise au point au Québec, elle a démontré une stabilité de rendement dans toutes les conditions de cultures : semis tôt, semis tard, rangs espacés ou étroits, avec ou sans pression de maladie. Une excellente tenue et une facilité à la récolte viennent compléter des caractéristiques déjà très intéressantes pour ce nouvel instrument du coffre d’outils du producteur à la recherche du meilleur système de culture.

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Dossier Santé des producteurs Photo : Gracieuseté Chantal Bélisle

Prendre sa santé en main

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Textes de Patrick Dupuis et Céline Normandin

A

près avoir publié, en février dernier, un article sur deux producteurs qui, dans le cadre d’un projet-pilote de sensibilisation, ont bénéficié d’un bilan de santé complet offert par La Coop fédérée1, Le Coopérateur relance ce sujet avec un dossier composé de témoignages de producteurs qui, comme Sylvain Veillette, ont dû prendre leur santé en main rapidement, ou d’autres qui préviennent plutôt que guérir en pratiquant une activité

Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

physique et en maintenant un bon équilibre entre le travail, la vie sociale et l’engagement. Selon la Dre Andrée-Anne Guay, avec qui Le Coopérateur s’est entretenu, l’état de santé des producteurs n’est ni pire ni mieux que celui du reste de la société. Toutefois, contrairement à tout employé d’entreprise, ils sont sans filet médico-social et peuvent difficilement se permettre d’être malades! 1

Voir www.lacoop.coop/cooperateur/articles/2013/02/p24.asp


Qu’est-ce qui fait rouler Sylvain?

S

ylvain Veillette, de la Ferme Dosyl, est un gars ordinaire. Marié depuis 25 ans avec Chantal Bélisle, il a deux enfants, Kim et Yanick, et exploite une ferme laitière à Saint-Séverin, tout près de Saint-Tite, avec son frère Dominic. Comme bien d’autres agriculteurs, Sylvain menait une vie tranquille, réglée au rythme des travaux de la ferme et des champs. Bonne fourchette, il pouvait enfiler neuf hamburgers sans difficulté. Les kilos se sont accumulés avec les années. De petits ennuis de santé sont apparus : maux de tête réguliers et douleurs aux genoux. N’étant jamais malade, il ne fréquentait pas de médecin et n’avait pas eu besoin de monter sur un pèse-personne en 15 ans. Dans sa tête, il pesait autour de 110 kg.

Dur à croire que ce gaillard de 1,80 m, actif et respirant la santé, a déjà pesé plus de 135 kg (300 lb). Sylvain Veillette a défié tous les pronostics en perdant 45 kg en six mois. Pourquoi? Pour retrouver sa santé.

Photo : Normand blouin

Six mois déterminants En mars 2010, Sylvain contracte une vilaine grippe qui risque de compromettre des projets de vacances. Pressé par sa conjointe, il se rend aux urgences, où une surprise l’attend : sa pression est tellement forte qu’on le garde jusqu’à ce qu’elle redescende. La nouvelle l’ébranle au point qu’il prend rendez-vous chez un médecin, où l’attend un autre choc. Au lieu des 110 kg attendus, c’est 130 kg qu’il lit sur le pèse-personne. Il s’apprête à partir du cabinet avec une ordonnance pour sa pression quand sa conjointe demande s’il y a un autre traitement que la médication. Cuisinière en chef dans un centre d’accueil, Chantal se disait que des changements d’alimentation pouvaient

OCTOBRE 2013 | Le Coopérateur agricole

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La motivation, clé du succès

Santé des producteurs

Pour maintenir sa motivation, Sylvain a varié son entraînement. Après le tapis roulant, qu’il a usé à la corde, il décide de se rendre au centre de culture physique nouvellement ouvert à SaintTite, de cinq à six fois par semaine. Il consacre deux heures à son entraînement, déplacement compris. Fasciné depuis toujours par les cyclistes participant au Tour de France, il se laisse con­ vaincre par son comptable de s’inscrire à une manifestation sportive, le Cyclo-défi Enbridge, qui vise à récolter des fonds pour lutter contre le cancer. La Coop Univert l’a d’ailleurs encouragé. Pour le Cyclo-tour, les participants devaient récolter 2500 $ en dons. Sylvain en a recueilli près de 6000 $. Il s’est ensuite inscrit à d’autres mani­ fes­tations sportives, dont le Granfondo Louis Garneau, qui est une course contre la montre. Il rêve même de participer l’an prochain au Grand défi Pierre Lavoie.

Une nouvelle vie

Sylvain et sa conjointe, Chantal Bélisle

améliorer la santé de Sylvain. « Le médecin nous a alors parlé pendant plus d’une heure d’alimentation, de calories et des groupes alimentaires, raconte Sylvain. Il nous a demandé de revenir dans six mois. En passant la porte, je lui ai dit que je n’aurais plus besoin de pilules à ma prochaine visite. » Sylvain décide de réduire radicalement la quantité de nourriture qu’il ingurgite. Avec les conseils des nutritionnistes du centre d’accueil, Chantal lui dresse un menu adapté. Adieu frites, pizza, poutines et croustilles, et bonjour salades, potages et viande grillée. « Je pouvais acheter 15 brocolis par semaine », se remémore Chantal. Le producteur commence aussi à faire de l’exercice. Sur le tapis roulant flambant neuf de sa conjointe, il se met à la marche rapide. Il s’entraîne à raison d’une heure par soir, six jours par semaine. À son rendez-vous, en septembre de la même année, son médecin le dévisage de la tête aux pieds, se souvient Sylvain. Il n’a plus eu besoin de prendre de médicaments pour sa pression.

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Le Coopérateur agricole | OCTOBRE 2013

Rien de tout ça n’aurait été possible sans le soutien de son entourage. « Chantal, c’est 75 % de ma motivation », fait valoir Sylvain. Le soutien du conjoint est essentiel, selon lui. Les enfants ont aussi contribué à leur manière. Ils n’ont jamais rechigné en voyant leur menu changer ou encore en entendant rouler le tapis jusqu’à tard le soir. « Aujourd’hui, je peux monter dans le tracteur sans problème, me pencher pour traire les vaches ou encore monter dans le silo », relate-t-il. Chantal y voit aussi un moyen d’évacuer le stress : « Au printemps, au lieu de s’en faire et de tourner en rond en regardant la pluie, il a pris son vélo. » Les liens familiaux ont aussi été resserrés par l’expérience, puisque Sylvain est plus en forme et donc plus présent pour ses enfants et sa conjointe. Le défi sportif a également permis au couple – Chantal était bénévole – de se faire de nouveaux amis, en plus de renouer avec des membres de la famille. De plus, l’exemple de ce producteur fait des petits : son gendre s’est mis au vélo et plusieurs agriculteurs s’entraînent maintenant au gymnase du coin. Sylvain estime d’ailleurs que certaines perceptions doivent changer. « Les agriculteurs ont le droit de prendre du temps pour eux. Il faut chercher et trouver quelque chose de motivant et persévérer. Et surtout, il ne faut pas se décourager. »


Pour une campagne en bonne santé

Photo : Alain Dion, La Voix de l’Est

Elle se dit d’abord agricultrice, puis médecin. Née dans une ferme, la Dre Andrée-Anne Guay exploite, avec son frère, son conjoint et ses enfants, une entreprise bovine à Sainte-Cécile-de-Milton. Sa profession, elle l’exerce dans une clinique privée à Saint-Césaire. Sept ans d’université, 30 ans de pratique et une vie entière au contact de la terre et des producteurs agricoles font d’elle un témoin privilégié du monde rural et de son état de santé, physique et mental. Le Coopérateur agricole : Quel constat faites-vous de la santé des producteurs agricoles? Andrée-Anne Guay : Elle est à l’image du reste de la société. Tant sur le plan physique que cardio. Les producteurs vivent les mêmes problèmes. Par exemple, j’observe le même pourcentage d’obésité. Eux aussi travaillent moins physiquement, en raison de la mécanisation. Les femmes sont en meilleure forme que les hommes. Elles font davantage de travaux répétitifs et physiques, comme la traite, l’alimentation, le nettoyage. Parmi les producteurs que je connais, seul un très faible pourcentage s’adonne à une activité physique régulière. CA Les producteurs font-ils souvent appel à vous? AAG Les jeunes agricultrices consultent davantage, pour des questions de contraception, les grossesses et le soin aux enfants. Les hommes attendent que la « machine » ne fonctionne plus. Il y a deux catégories de gens dans la société. Ceux qui travaillent pour des entreprises : s’ils font une pneumonie, ils restent chez eux, se soignent et la paye continue de rentrer. Puis il y a ceux qui travaillent à leur compte, comme les agriculteurs. En général, ils n’ont pas de filet médicosocial. Leur prescrire deux semaines de repos est irréaliste. Ils vont donc travailler avec 104 de fièvre. S’ils se blessent, tout est à leurs frais. Les producteurs sont disciplinés et habitués de se prendre en main. Mais les organismes ne sont pas adaptés à leur réalité pour les consultations. CA Qu’est-ce qui interfère le plus dans leur qualité de vie? AAG L’alourdissement de la bureaucratisation est une course d’obstacles pour les producteurs. Après les soucis financiers, c’est le plus important facteur de stress dans une exploitation. Il n’est pas rare que les producteurs doivent consacrer plus de 35 heures par semaine à la seule gestion de la paperasse. Ils doivent être conformes aux normes, sans plus-value pour leur produit, ce qu’on n’impose souvent pas aux denrées provenant de l’extérieur du pays. Le statut de chef d’entreprise laisse peu de temps pour soi, pour se retrouver en famille, pour piqueniquer le dimanche, pour se détendre, pour faire du sport. CA Quelles en sont les conséquences? AAG Les agriculteurs, c’est une race de monde à part. Ils vivent beaucoup d’isolement. C’est une grande problématique en agriculture. Le jugement de la société est très dur. Les citadins ne sont pas solidaires des producteurs. Ceux-ci les dérangent. Les citadins en sont venus à leur imposer une régie des épandages… Quand il a du pouvoir sur sa vie, l’être humain peut faire preuve d’une imagination sans bornes. Lorsque tout lui est imposé de l’extérieur, il devient morose, déprimé, anxieux. CA Que recommandez-vous aux producteurs, afin qu’ils reprennent un peu plus le contrôle de leur vie? AAG La santé mentale influe sur la santé physique. Quand on ne dort plus, on n’a pas l’énergie pour pratiquer une activité physique ni même, parfois, pour bien s’alimenter. Je leur recommande de se trouver une passion. Un jardin secret. Une folie! Il faut retrouver le plaisir dans ce que l’on fait. Puisqu’on a peu de contrôle sur les évènements, c’est notre attitude face à ces évènements qui influencera notre état d’esprit. On peut ainsi se donner du pouvoir sur notre vie. On parle beaucoup de protéger les terres agricoles et l’environnement, mais il faudrait aussi songer à protéger tous ceux et celles qui, chaque jour, prennent soin de la terre… Pour paraphraser le slogan de l’UPA, « Pas de nourriture sans agriculture », j’ajouterais : pas d’agriculture sans agriculteurs… u

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Gaston Blais

Mieux vaut prévenir que guérir Photos de gauche à droite : Patrick Dupuis, Geneviève Albert, Gracieuseté Nathalie Dumais et Patrick Dupuis

Santé des producteurs

Conrad et Johanne Robitaille

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Des producteurs nous font part de l’importance qu’ils accordent à la forme physique et des façons dont ils s’y prennent pour intégrer des activités dans leur quotidien. Conrad Robitaille, l’infatigable Conrad Robitaille a toujours eu du mal à s’arrêter. Même semi-retraité, il maintient la cadence. Sa ferme de bovins de boucherie, de cultures de céréales et de foin, son poste de président du Centre d’engrais Portneuf-Mauricie ainsi que ses fonctions d’administrateur à La Coop Univert, à la Promutuel de Portneuf-Champlain et au syndicat de base de l’UPA Québec Jacques-Cartier, tout cela le garde très occupé. À un point tel que l’homme de 63 ans se réveille la nuit, songeur, pour analyser ses dossiers et chercher des solutions. Pour faire contrepoids à ses préoccupations, il a ses échappatoires. D’abord, le sport. Il en a toujours été un grand adepte. Il fait entre 400 et 500 km de ski de fond chaque hiver. Sur ses propres terres de Québec et dans les centres de ski de Stoneham, Beauport et Duchesnay. On le voit aussi beaucoup à vélo. Quelque 500 km chaque été. La veille de notre entretien, il en avait parcouru une centaine. Puis, il y a la marche – Conrad Robitaille est un actif trotteur – et, enfin, dans une moindre mesure, le golf. Lorsqu’il avait ses vaches laitières, jusqu’en 2009, c’est à vélo qu’il sillonnait ses terres pour déplacer les vaches d’une parcelle de champ à l’autre. On s’en doute, il n’a pas une once de gras en trop. Il faut dire qu’il soigne son alimentation. L’immense potager dont s’occupe sa conjointe, Johanne Houle, les approvisionne abondamment en légumes frais une bonne partie de l’année.

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Gaston Blais fait comme les extraterrestres Gaston Blais se serait sûrement esclaffé si quelqu’un lui avait dit qu’un jour il pratiquerait le tai-chi, un sport d’extraterrestre, disait-il pour blaguer il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, on peut le voir les jours de beau temps faire sa routine matinale à l’extérieur, tout près de sa maison. À 65 ans, M. Blais ne regrette pas son choix de sport. Les douleurs à l’épaule qui en avait fait un abonné aux soins du chiro pendant plusieurs années ont quasiment disparu. Il a gagné en flexibilité et, surtout, il se sent plus en forme. « Je sens que l’énergie circule mieux après avoir fait du tai-chi », explique-t-il. Il a, en plus, trouvé une activité à pratiquer avec sa conjointe, une des raisons qui l’avait poussé à s’inscrire aux cours de cet art martial aux allures de gymnastique douce. En plus du tai-chi, Gaston Blais fait des étirements de quatre à cinq fois par semaine. Étant responsable des travaux dans les champs à la ferme familiale, il reste souvent durant de longues heures dans les mêmes positions, la tête tournée vers l’arrière. Il se lève plus tôt pour faire ses exercices ou, quand le temps manque, il profite des occasions dans la journée. « Au lieu d’attendre dans le tracteur, je descends maintenant et je fais quelques étirements. » M. Blais fais aussi plus attention à son alimentation. Il rationne les aliments contenant du gluten ainsi que les fromages. « Certains pourraient dire que se maintenir en forme n’a pas de lien avec l’aspect économique de l’entreprise, mais être en bonne santé, c’est primordial, avance M. Blais. Si on est en forme, on a plus d’énergie et l’on pense plus positivement, ce qui se traduit par de meilleurs résultats à la ferme. »


Nathalie Dumais

Geneviève Manseau, Samuel Benoit et leurs six enfants (Myriam, Guillaume, Gloriane, Sandrine, Gabrielle et Sarah)

La passion de courir

Une famille sportive

La passion, tout simplement. « Je crois que quand on a une passion, on peut en avoir deux », lance Nathalie Dumais. Elle en est elle-même la preuve. Depuis 2001, elle a enfilé 33 marathons un peu partout sur la planète, tout en continuant de travailler à plein temps dans son entreprise laitière, la Ferme Rotaly, située à Sainte-Hélènede-Kamouraska. C’est un mal de dos, en 2000, qui décide la jeune femme. Incapable un matin de lacer ses espadrilles sans aide, elle se jure de ne pas finir chez le chiro, comme bien d’autres agriculteurs. Elle décide de reprendre sa santé en main, et la course s’impose comme moyen d’y arriver. Tout ce qu’il lui fallait était une bonne paire de chaussures de sport et un peu de temps. Aujourd’hui, elle s’ennuie si elle doit manquer un de ses cinq entraînements par semaine. Si Nathalie réussit à combiner course et travail, c’est à force de détermination et d’organisation. En préparant son dîner le matin, elle gagne suffisamment de temps pour enfiler ses chaussures le midi, après avoir avalé une bouchée. Elle a aussi une entente tacite avec son conjoint, qui nourrit de son côté une passion pour les vaches laitières de grande qualité, ce qui l’amène à visiter des expositions agricoles. Pendant ses absences, elle se débrouille à la ferme et vice-versa. Aujourd’hui, sa passion fait des petits : sa grande fille de 20 ans a déjà un marathon à son actif, et la plus jeune, qui a 16 ans, joue au hockey et compte assurer la relève de l’entreprise. Pour Nathalie, son exemple et celui de son mari ont inspiré la jeune géné­ration à suivre leurs traces, à sa manière toutefois. Il n’y a pas de meilleur exemple pour la relève, agri­cole ou autre, que des parents heureux et accomplis, estime l’agricultrice‑marathonienne.

Samuel Benoit, Geneviève Manseau et leurs six enfants (Myriam, Guillaume, Gloriane, Sandrine, Gabrielle et Sarah) sont établis dans une ferme laitière de Saint-Nazaire-d’Acton depuis 2001. La pratique d’activités sportives fait régulièrement partie de leur quotidien, ce qui est, pour tout ce beau monde, un excellent moyen de décompresser, de s’initier à une vie active et de poser un autre regard sur l’agriculture. « Aux enfants, on présente l’agriculture positivement, dit Geneviève. Il y a la ferme, mais il y a aussi le plaisir en famille. » Le sport leur coule littéralement dans les veines. Après les longues journées de travail qui débutent dès 5 h pour les parents, il fait bon se détendre, même si cela demande une solide logistique. Geneviève est entraîneuse de soccer, sport que pratiquent cinq enfants du couple. Samuel, de son côté, joue au hockey une fois par semaine et est entraîneur de l’équipe de hockey de Guillaume. Gloriane pratique également ce sport. « Me défouler au hockey dans une ligue de garage me fait le plus grand bien, dit Samuel. Pendant une heure et demie, j’oublie tout. Je laisse mon cerveau dans le vestiaire avant le match et je le reprends après. À mon avis, la pression de l’entreprise et de la famille, faut que ça sorte. Le sport est une excellente façon d’évacuer ce surplus de stress, en plus d’être excellent pour la santé. Je suis convaincu que je suis un meilleur gestionnaire d’entreprise de cette façon. Si plus de gens faisaient ça, il y aurait moins de violence dans les familles et moins de burnout. J’essaie de donner ces valeurs à mes enfants pour qu’ils comprennent que le but premier de faire du sport, c’est de se défouler et de s’amuser, avant la performance, une valeur malheureusement trop souvent véhiculée dans la société. » « Pour moi, fait savoir Geneviève, accompagner les enfants à leurs activités sportives me permet, en plus de voir du monde, de leur consacrer du temps et de les voir accomplir des efforts dans le sport qu’ils aiment. » Outre le sport, il y a aussi l’engagement dans la collectivité qui procure satisfaction et bien-être. Myriam, l’aînée des enfants, est membre des Jeunes ruraux. Geneviève et Samuel s’impliquent aussi depuis plusieurs années dans de nombreux organismes locaux. Ce n’est pas tout. Le couple s’offre également des vacances. « Il faut des congés à l’occasion, dit Samuel. L’agriculture, c’est le fun, mais si tu ne fais que ça, tu deviens fou. » Bref, tout est une question d’équilibre. Pour lire un article complet sur Samuel Benoit et Geneviève Manseau, rendez-vous à l’adresse suivante : www.lacoop.coop/cooperateur/articles/ 2012/09/p28.asp. u

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Photo : istockphoto

Photo : ingimage

Santé des producteurs

L’obésité, un problème trop répandu

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elon une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Canada figure au sixième rang des États membres où les problèmes d’obésité chez l’adulte sont les plus sérieux. D’après l’étude, 24,2 % de la population canadienne adulte est obèse, comparativement à 33,8 % aux États-Unis et à 26,5 % en Nouvelle-Zélande. Chez l’enfant, le problème est un peu plus marqué. Le Canada figure au huitième rang des 34 pays de l’OCDE, mais le pourcentage de jeunes de 5 à 17 ans aux prises avec un problème d’obésité grimpe à 26,1 % chez les filles et à 28,9 % chez les garçons. La Grèce occupe le premier rang : 37 % chez les filles, 45 % chez les garçons. Les États-Unis occupent la deuxième place avec, respectivement, 35,9 et 35 %. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le surpoids et l’obésité représentent le cinquième facteur de risque de décès au niveau mondial.

L’alimentation en sept points Selon l’auteur Michael Pollan, l’alimentation santé se résume à de petites choses toutes simples. En effet, devant le foisonnement de renseignements, bien souvent contradictoires, et les interminables listes d’ingrédients qui figurent sur les emballages d’aliments et qui confondent le consommateur, Pollan recommande de mettre en pratique trois choses : eat real food, not too much, mostly plants (manger de vrais aliments, pas trop, et surtout des végétaux). Ses recommandations 1. Ne mangez rien que votre grand-mère ne reconnaîtrait pas comme un aliment. 2. Ne mangez aucun aliment contenant plus de cinq ingrédients ou dont vous ne pouvez prononcer le nom. 3. Lorsque vous êtes au supermarché, évitez les allées centrales. Tenez-vous-en au périmètre du magasin, où se trouvent, en général, les véritables aliments (fruits et légumes, produits laitiers, viandes et poissons). 4. Évitez les aliments qui ne pourrissent pas. Il y a des exceptions, bien sûr, le miel par exemple. 5. Ne tenez pas compte seulement de ce que vous mangez, mais également de votre façon de manger et de la quantité consommée. Sortez de table même si vous n’êtes pas encore totalement rassasié. Nombre de cultures mettent cette règle en pratique, notamment au Japon, en Allemagne et dans les pays islamiques. 6. Mangez vos repas en famille et entre amis, avec les gens que vous aimez. 7. N’achetez pas de nourriture là où vous achetez de l’essence. Aux États-Unis, 20 % des repas sont consommés dans la voiture. michaelpollan.com/books/in-defense-of-food

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Mode de vie et comportement La première cause de l’obésité et du surpoids est un surplus de calories consommées par rapport à celles dépensées, indique l’OMS. On observe que la consommation d’aliments riches en graisses, donc très calorifiques, a beaucoup augmenté, alors que l’activité a diminué en raison de l’accroissement de la sédentarité de nombreux emplois et formes de travail ainsi que de l’évolution des modes de transport. Le surpoids et l’obésité représentent d’importants facteurs de risques de pathologies, telles que les maladies cardiovasculaires (notamment les cardiopathies et accidents vasculaires cérébraux), le diabète, les troubles musculosquelettiques (en particulier l’arthrose) ainsi que certains cancers (de l’endomètre, du sein, du côlon). On peut souvent éviter l’obésité et les maladies qui y sont associées en contrôlant son apport énergétique, en consommant davantage d’aliments sains (fruits, légumes, légumineuses, céréales entières, noix), ainsi qu’en faisant de l’exercice régulièrement (60 minutes par jour pour un enfant et 150 minutes par semaine pour un adulte), recommande l’OMS.

Calculer son taux d’obésité Pour évaluer le surpoids et l’obésité, l’OMS se base sur l’indice de masse corporelle (IMC). L’IMC se calcule en divisant le poids en kilos par le carré de la taille en mètres. Il s’exprime donc en kg/m2. Un IMC égal ou supérieur à 25 indique un surpoids. S’il est égal ou supérieur à 30, c’est signe d’obésité.

Sources : OECD Obesity Update 2012 http://www.oecd.org/health/49716427.pdf Organisation mondiale de la santé Centre des médias : http://www.who.int/ mediacentre/factsheets/fs311/fr/


Photo : le grand DÉFI Pierre Lavoie

Pierre Lavoie

Bouger, c’est la santé! Depuis cinq ans, Pierre Lavoie fait bouger le Québec avec son Grand défi, qui mobilise plus d’un million de personnes chaque année au mois de mai. Pierre Lavoie n’a pas toujours été l’icône de santé que l’on connaît aujourd’hui. Âgé maintenant de 50 ans, l’athlète a déjà été un fumeur typique avec quelques kilos en trop. Il a tenté en 1989 son premier triathlon… où il a terminé avant-dernier. Après plusieurs années d’entraînement, il a participé en 1992 à sa première compétition Ironman, où il a terminé premier, toutes catégories confondues. L’athlète rappelle toutefois « qu’être en forme ne veut pas dire courir un marathon! » Et tout le monde peut s’entraîner, même les agriculteurs. M. Lavoie les connaît bien, puisqu’il a déjà travaillé dans une ferme pendant quelques étés. Il est conscient des dures conditions de travail, des horaires parfois insensés et de l’isolement qui sont souvent le lot de ce métier. « Ce sont des gens qui vivent un stress énorme, tant physiquement que mentalement. En étant en forme, on peut traverser ces périodes sans prendre de pilules. » Il souligne par exemple que malgré leur mode de vie plus actif que la majorité de la population, les capacités cardiomusculaires des agriculteurs laissent souvent à désirer. Et l’âge n’arrange pas les choses. « Avant 50 ans, on va être capable de “livrer la marchandise”, mais après, on prend tout un recul », avertit l’athlète engagé. Pierre Lavoie prodigue trois conseils pour se garder en forme. Le premier : s’entraîner tôt le matin, avant d’avoir trop d’obligations et pendant que le niveau d’énergie est encore élevé. Pour les agriculteurs, qui se lèvent souvent aux aurores, pas d’excuse : il suffit de trouver le meilleur moment de la journée pour le faire, conseille-t-il. Deuxième recommandation : faire 30 minutes d’exercice de quatre à cinq fois par semaine.

Le meilleur sport, selon Pierre Lavoie? La marche rapide, parce que le vélo n’est pas praticable à l’année et que les risques de blessures sont présents dans la course. Il estime que 10 000 pas par jour, calculés à l’aide d’un podomètre, sont suffisants. Pas besoin de s’entraîner non plus de manière intense durant toute l’année. Lui-même relâche son entraînement après le mois de mai, à la suite du Grand défi, de la même manière qu’un agriculteur ferait relâche durant les semences et pendant les récoltes. Pour terminer, l’athlète recommande de s’inscrire à des manifestations sportives pour maintenir la motivation. Il considère d’ailleurs que les deux milieux – le sport et l’agriculture – sont faits pour s’entendre. « Ceux qui font du sport sont des gens heureux, qui ne se lamentent pas. Il faut que ça aille vite, faut pas que ça niaise! »

Ce qui rend heureux, selon différentes études scientifiques 1. Être généreux 2. Relever trois moments de bonheur par jour 3. Sortir de sa routine 4. Anticiper les bons moments 5. S’exposer à la couleur bleue (le ciel, par exemple) 6. Se fixer des objectifs 7. Demeurer neutre, éviter les disputes 8. Se recueillir, méditer 9. Dormir au moins six heures 10. Limiter à 20 minutes le trajet pour se rendre au travail 11. Avoir au moins 10 amis 12. Rester positif, sourire 13. Trouver le ou la partenaire idéal(e) Source : www.huffingtonpost.fr/2013/07/05/sentir-heureux-astuces-prouvees scientifiquement_n_3550465.html?utm_hp_ref=mostpopular

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Réflexion

Marchés mondiaux alimentaires : évolution et perspectives Propos recueillis par Patrick Dupuis, agronome

Deux têtes pensantes du monde agricole nous font part de leurs réflexions sur l’avenir de l’agriculture.

K

en Ash est directeur des échanges et de l’agriculture à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Selon lui, les problèmes de sécurité alimentaire mondiaux ne résultent pas seulement du fait que les prix des produits de base se sont accrus au cours des 10 dernières années. Pour y remédier, il faut réduire la pauvreté et améliorer la performance agricole des pays les moins développés.

Photo : OCDE

Le Coopérateur agricole D’entrée de jeu, quelles sont vos grandes perspectives économiques? Ken Ash Le prix du baril de pétrole demeurera élevé et atteindra un sommet d’ici 2020. Il faudra continuer de composer avec la dévaluation du dollar américain. On verra une croissance économique à deux vitesses : les pays émergents face aux pays plus développés. La consommation et la production proviendront principalement des pays moins développés. CA Vous dites qu’il est nécessaire d’investir en agriculture. Quels sont les secteurs prioritaires? KA Tous les domaines qui améliorent le niveau de productivité des producteurs : recherche et développement, science et technologie, éducation des jeunes, meilleure utilisation des intrants et du marketing. Il faut aussi miser sur le développement durable, faire un usage plus efficace des ressources naturelles, conserver l’eau, les sols et la biodiversité. Et collaborer entre pays. CA Quels problèmes pointent à l’horizon? KA La volatilité qu’on voit aujourd’hui se poursuivra de façon plus accentuée que par le passé. De plus, les sécheresses résultant du réchauffement climatique vont sans doute augmenter. Il faut donc investir aussi dans la gestion des risques. Les gouvernements doivent donner aux producteurs les moyens de mieux gérer ces situations.

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Beaucoup des éléments que vous avez mentionnés pour relancer le milieu agricole sont connus. Pourquoi ne sont-ils pas mis en place? KA La plupart de nos efforts politiques sont défensifs. Les politiques doivent être moins axées vers le soutien des prix et davantage vers les investissements dans l’innovation, la conservation des ressources, la gestion du risque. Dans le secteur du lait au Québec, par exemple, il faut penser à changer. Il est normal de revoir des politiques créées il y a 30 ou 40 ans. Les priorités doivent changer. C’est une très bonne période pour être producteur agricole. Il y a des possibilités intéressantes qui n’existaient pas il y a 10 ans. Il faut favoriser l’accès aux marchés aux agriculteurs les plus aptes à concurrencer sur l’échiquier mondial.

CA

CA Comment percevez-vous la gestion de l’offre dans un contexte de faim dans le monde? KA La gestion de l’offre entraîne des coûts pour les consommateurs et les producteurs et limite la possibilité de produire. En revanche, elle permet de conserver des prix plus élevés, ce qui donne une meilleure stabilité aux producteurs. Je comprends que l’on puisse être en faveur de ce système, mais il introduit des contraintes sur les marchés des denrées qui ne sont pas nécessaires. CA On fait souvent le parallèle entre le climat et le coût de production du lait. En Nouvelle-Zélande, exempte de gestion de l’offre et où le climat est plus favorable, le coût de production est nettement inférieur au coût en Amérique du Nord. En tenant compte de ces facteurs, vous maintenez la même opinion? KA Oui. Le coût de production est beaucoup plus bas en Nouvelle-Zélande, mais le niveau de productivité par vache est aussi bien moindre qu’en Amérique du Nord. La productivité par vache au Canada est une des plus élevées au monde. Une grande partie du secteur laitier au Canada est très, très compétitif, dont beaucoup de producteurs. Le secteur ne va pas disparaître, ce n’est même pas sûr qu’il diminue. CA On dit qu’en 2050 environ 80 % de l’humanité vivra dans les villes. Comment les petits producteurs des pays en développement vont-ils pouvoir s’inscrire dans cette démarche de produire encore plus d’aliments pour nourrir cette population plus urbaine? KA La plupart des gens dans le monde qui souffrent de la faim sont des fermiers qui exploitent de très petites entreprises. Je ne suis pas contre les petites entreprises agricoles ou les fermes familiales ni contre les fermes dites industrielles. Vous pouvez gagner une bonne vie en Champagne avec un hectare. Au Malawi, non. C’est pourquoi on doit investir dans les pays moins développés. D’abord dans l’éducation, qui est la base de tout, puis dans la santé et la vulgarisation, et s’assurer que les producteurs peuvent profiter du bénéfice de leurs efforts et conserver leur entreprise. CA Que pensez-vous de la souveraineté alimentaire? KA Un pays qui veut s’isoler ne peut aller de l’avant, que ce soit en agriculture, dans le secteur manufacturier ou celui des services. Si vous voulez un secteur productif, compétitif, qui fournit de la qualité et du choix aux consommateurs, il faut qu’il y ait du commerce. CA Le libre marché? KA Oui. Nous avons besoin de marchés plus ouverts, sinon les pays pauvres ne pourront en profiter et se développer. Dans le même temps, il faut investir plus pour assurer que les gens ont la possibilité de tirer avantage des possibilités créées par les marchés plus ouverts. CA Considérez-vous l’agriculture ou l’alimentation comme n’importe quel autre produit? KA Les producteurs agricoles ne produisent pas simplement de la nourriture. Ce sont aussi des conservateurs de la terre, de l’eau, de l’environnement, du milieu rural. Et la vie agricole n’est pas quelque chose qu’on peut importer ou exporter. Il y a une spécificité agricole, que les gens souhaitent conserver. Mais je ne comprends pas qu’on dise que l’agriculture n’est pas un secteur comme les autres. Certains croient qu’il faut fermer le marché et les frontières. Est-ce que ça signifie qu’on ne peut ni importer ni exporter des produits? C’est ce que je veux éviter. Les agriculteurs doivent pouvoir accéder à un marché sur lequel ils peuvent être compétitifs, et importer les semences, les fertilisants, le pétrole dont ils ont besoin. Aucun pays dans le monde n’est complètement indépendant de tout. Par exemple, si vous mettez un grand mur autour du Canada, est-ce que ce sera mieux ou pire? Il est évident que la situation sera beaucoup moins bonne que si le Canada utilise ses forces et ses ressources pour répondre au marché. u

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P

professeur émérite à AgroParisTech et auteur de l’ouvrage La fracture agricole & alimentaire mondiale, Marcel Mazoyer nous fait part de son point de vue sur la gestion de l’offre et sur les conséquences du laisseraller – « au plus fort la poche » – dans les échanges agricoles mondiaux.

Le Coopérateur agricole Quel est votre point de vue sur la gestion de l’offre? Marcel Mazoyer La gestion de l’offre, c’est régulariser les prix et s’assurer que les producteurs touchent des revenus suffisants pour continuer d’investir, de progresser, de gagner leur vie… Pour que ce ne soit pas la crise tout le temps. C’est toujours la crise avec le marché. CA C’est la loi de l’offre et de la demande… MM C’est très efficace, la loi de l’offre et de la demande, ça vous sélectionne en permanence les plus compétitifs et ça vous fait crever en permanence les moins compétitifs. Le seul problème, c’est : qu’est-ce que vous faites de ceux qui crèvent? Si vous êtes dans une période où vous créez assez d’emplois pour leur faire gagner leur vie, etc., ce n’est pas dramatique. Mais dans une période où ce petit jeu de fous vous a déjà fabriqué 10 % de chômeurs dans les pays développés et 20 à 30 % dans les pays en développement, vous vous rendez bien compte que ça n’a pas de sens. Et ils ne veulent rien comprendre, à l’OCDE. En 1970, je bossais pour l’OCDE, j’étais au bureau d’études.

CA La crise alimentaire et agricole contemporaine a des conséquences graves. Que proposez-vous? MM Dans le monde, trois milliards de pauvres se privent plus ou moins de nourriture. Deux milliards souffrent de maladies nutritionnelles, 950 millions souffrent de sous-alimentation chronique et 9 millions en meurent chaque année. De ces pauvres et sous-alimentés, 70 % sont des ruraux. Les 30 % restants sont des ruraux ayant quitté la campagne pour la ville. La population agricole mondiale s’élève à 2,7 milliards de personnes. Un milliard d’entre elles travaillent uniquement avec des outils manuels et cultivent moins d’un hectare. L’offre et la demande, ça fonctionne. C’est très désagréable, mais ça fonctionne. Ce qu’il faut, c’est soutenir les agricultures les plus marginales du monde, car les bas prix affament. Il faut réduire les écarts. Il faut des politiques de développement des agricultures paysannes.

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Photo : WorldAgro 2012

CA Vous étiez le mouton noir, à l’époque? MM Non, pas du tout. Quelqu’un qui se serait amené et qui aurait proposé de faire du libre-échange agricole mondial ou encore que le développement agricole, dans les pays développés, pût se passer d’une politique de prix et de structure – que ce soit la vôtre ou la nôtre – à l’OCDE, on l’aurait traité de fou, on ne l’aurait jamais embauché. De toute façon, ça ne venait à l’idée de personne. On a commencé à parler de libre-échange avec les plans d’ajustement structurel des années 1980, ainsi qu’avec le cycle d’Uruguay et les accords de Marrakech. Alors qu’aujourd’hui, à l’OCDE, on n’embaucherait pas quelqu’un qui dirait : « Le libre-échange agricole, c’est de la connerie. » S’il dit ça, il perd son poste. À l’OCDE, le libre-échange agricole, c’est le consensus interne, même si ce n’est pas forcément l’idée de tous ceux qui travaillent pour cette organisation.


PORTES OUVERTES

dans les coopératives funéraires Venez nous visiter ! Le dimanche 20 octobre de 11 h à 15 h*

*sauf lorsque une autre période est indiquée

Vous souhaitez visiter les installations du laboratoire, la salle de sélection, les salons funéraires, les véhicules ? Vous souhaitez poser des questions sur l’embaumement, la crémation, le travail dans le secteur funéraire ? Le personnel et les administrateurs de votre coopérative seront sur place pour vous accueillir et répondre à toutes vos questions. Alliance funéraire du Royaume, 13 h à 16 h Centre funéraire coopératif de Coaticook Centre funéraire coopératif du Granit Coopérative funéraire Brunet Coopérative funéraire de la Capitale Coopérative funéraire de la Rive-Nord, 11 h à 14 h Coopérative funéraire de la Rive-Sud de Montréal Coopérative funéraire de l’Estrie, 10 h à 13 h Coopérative funéraire de l’Île-de-Montréal, 10 h à 14 h Coopérative funéraire de l’Outaouais Coopérative funéraire des Deux Rives Coopérative funéraire des Laurentides Coopérative funéraire du Bas-St-Laurent, 10 h à 14 h Coopérative funéraire Maska Maison funéraire de L’Amiante Résidence funéraire de l’Abitibi-Témiscamingue, 11 h à 14 h Résidence funéraire du Saguenay, 11 h à 14 h

Contactez votre coopérative pour connaître les adresses où se tient la porte ouverte ou consultez le site portes-ouvertes.fcfq.qc.ca

LES COOPÉRATIVES FUNÉRAIRES DU QUÉBEC

Bienvenue à tous ! LES COOPÉRATIVES FUNÉRAIRES DU QUÉBEC


Je u n e s s e r u r a l e

Un rallye pour

Texte et photos d’Étienne Gosselin, agronome, M. Sc.

Pour son 38e Rallye provincial, le club 4-H de Sawyerville, en collaboration avec la permanence provinciale de Quebec 4-H, avait pour mandat d’organiser le traditionnel Rallye de la jeunesse rurale anglophone du Québec. Une centaine de participants étaient présents à cette activité, qui s’est tenue sur le terrain de l’Exposition agricole de Cookshire du 18 au 21 juillet.

C

ette année, le Rallye provincial avait pour thème « Célébrons nos racines : 100 ans de 4-H au Canada ». Visiblement, les organisateurs voulaient marquer le coup, d’autant que le rallye est l’activité la plus courue parmi celles des 4-H, qui compte 439 membres au Québec. Pour souligner les 100 ans, les équipes étaient invitées à agencer leurs pièces exposées aux couleurs de diverses décennies. Les clubs d’Ormstown (années 1920), Sawyerville (années

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1930) et Hatley (années 1950) ont ainsi été récompensés pour l’originalité, la beauté et la richesse des informations affichées dans leurs granges respectives. Dans un autre pavillon de l’expo, on incitait les clubs (notamment Lachute, Richmond et Sawyerville) à étaler leurs archives bien garnies. Dans le montage d’archives du club de Richmond, on pouvait notamment lire un article du journal sherbrookois The Record relatant le premier rallye des 4-H.


Le concours dans les classes Holstein était relevé. Il fallait impressionner le juge, l’agronome Dominic Nault.

rallier Mathieu Rouleau, qui préside l’organisation provinciale des 4-H, arbore fièrement les couleurs du Howick 4-H Club et participe aux activités en faisant parader, avec ses frères et sa sœur, des sujets de la ferme familiale.

De fait, en juillet 1976, le club 4-H de Richmond a eu l’idée d’inviter la jeunesse agricole à une activité baptisée Calf Rally, un rassemblement de jeunes mordus de génétique laitière. La première édition avait alors permis de rallier 70 participants. Devant un tel succès, la Quebec Young Farmers demandait au Richmond 4-H Club d’utiliser une telle activité au niveau provincial comme évènement phare. Aujourd’hui, chaque région accueille à tour de rôle le rallye, qui n’est plus seulement laitier, mais inclut d’autres classes, comme les bovins de boucherie, les chèvres, les moutons, les chevaux et, depuis peu, les lapins et les volailles. Dans son mandat de développement social des jeunes, de culture du leadership et d’engagement dans la collectivité, Quebec 4-H mise aussi sur des activités d’horticulture, d’artisanat, de photographie, de dessin, de collimage, de cuisine et d’ébénisterie, regroupées sous le vocable « habilités fondamentales » – peut-être parce que dans le mot « agriculture » il y a le mot « culture »? « Mais les 4-H, c’est plus que de participer à des jugements d’animaux, des concours d’artisanat ou d’art oratoire, soutient Mathieu Rouleau, président de Quebec 4-H et étudiant en agriculture. C’est aussi le travail d’équipe, la reconnaissance du travail d’autrui et l’entraide. » Avec sa sœur, Jessica, et son frère, Jacob, qui, à 13 ans, avait tout juste l’âge limite pour participer au Rallye (12 ans), Mathieu s’activait à mettre la touche finale aux animaux de la ferme familiale

Fébrilité avant d’entrer dans l’arène pour concrétiser tant d’efforts déployés à dresser et préparer ses animaux.

Des rubans à profusion autant de menus objets pour rehausser la confiance et valoriser les savoirs traditionnels des agriculteurs en devenir que sont les jeunes membres des 4-H.

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Une compétition d’expertise relevée Dans huit classes, les 96 participants à la compétition d’expertise avaient à juger de la qualité des produits ou des bêtes ou de l’utilité des choses. Pour quatre de ces classes, les jeunes avaient même à donner des raisons orales (vaches Jersey et canola) et écrites (chèvres Boer et chaussettes tricotées). Pour les quatre autres classes, les concurrents avaient à distinguer à l’œil la qualité de miels en pot, à reconnaître de l’équipement et des outils anciens, à juger de la qualité bouchère de quatre porcs d’une race du patrimoine (Large Black) et à donner les anniversaires de fondation de différents organismes canadiens (classe mystère), dont celui des 4-H (1913).

La compétition d’expertise regroupait 96 participants venus se mesurer dans huit classes, dont, ici, le canola. Savez-vous jauger la proportion de grains immatures ou germés et d’impuretés dans un échantillon?

de Saint-Chrysostome avant l’attendu concours des génisses. Un coup de rasoir par-ci, un coup de peigne par-là, du fixatif noir en abondance, et voilà l’animal prêt pour le grand tour dans l’arène. Il faut dire que ce concours peut servir de qualification à d’autres expositions agricoles, en vue de la convoitée Royale, à Toronto. Montrer aux plus jeunes comment prendre soin des animaux d’élevage de la meilleure façon possible et leur « apprendre à le faire en le faisant » (learn to do by doing), c’est la devise des 4-H. Rencontré sur place, le petit Caleb Herring, six mois, de Sawyerville, n’aurait pas pu discourir de conformation chez les bovins de boucherie, mais son immersion dans les concours lui permettra peut-être d’avoir l’élevage dans le sang. Le Rallye provincial est plus qu’un concours d’animaux : on juge aussi les performances

humaines dans l’arène. Il faut montrer qu’on a bien dressé l’animal, qu’on sait mettre sa conformation en valeur, que l’on connaît la routine de présentation, qu’on respecte le code vestimentaire. Des juges pourront même demander qu’on change d’animal pour mieux montrer son savoir-faire. Autre épreuve où l’on juge assurément les talents humains : le concours oratoire, qui a réuni huit participants de 12 à 21 ans, dans deux classes. Au menu, discourir pendant cinq à sept minutes d’un sujet au choix : comment va la ferme familiale, de quoi aura l’air l’agriculture en 2050 ou quelles sont les trois technologies les plus importantes pour les agriculteurs. Tout au long des deux jours et demi de concours, on sentait les jeunes animés par un mélange de rivalité et d’esprit de camaraderie : il y a des honneurs individuels à aller chercher dans les différentes classes, mais aussi des honneurs collectifs pour les clubs, au combiné des points. Mais à la fin, le traditionnel banquet réunit toutes les équipes et clôture avec faste cette occasion annuelle de socialisation, ce rassemblement des anglophones ruraux du Québec. Pour souligner le 100e anniversaire de la jeunesse rurale, on avait invité les clubs à étaler les archives de leurs activités et exploits au fil des décennies.

Exécuter une routine pour évaluer un animal et le mettre en valeur – ici, des lapins – est le savoir-faire jugé dans ces classes d’art de présenter (showmanship, en anglais).

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Je u n e s s e r u r a l e

Les 100 ans de la jeunesse rurale à l’écran de Par-dessus le marché

Texte et photos d’Étienne Gosselin, agronome, M. Sc.*

Photo : Miguel Legault

Photo : Alexandre Pelletier

Depuis 10 ans, l’émission Par-dessus le marché sillonne les rangs pour rendre compte des réalités du monde agroalimentaire. Il était donc normal, à l’invitation du Service des communications de La Coop fédérée, que l’émission traite des 100 ans de la jeunesse rurale québécoise. Dix ans, cent ans, deux occasions de célébrer pour le prix d’une!

L’une est comédienne et restauratrice, l’autre est journaliste de métier. Ensemble, ils font la paire pour animer Par-dessus le marché.

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L’

équipe de Par-dessus le marché – un directeur photo, un preneur de son, un recherchiste-intervieweur et un réalisateur – fait son entrée sur les lieux de l’Expo provinciale de Montmagny. Le sujet du jour : le concours de présentation, un prétexte pour mettre en valeur l’Association des jeunes ruraux du Québec (AJRQ), qu’expliquera en long et en large sa présidente, Marie-Pier G. Vincent, lors de l’entrevue.

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Dans la grande salle où loge le bétail, la présence d’une grosse caméra et d’une perche télescopique fait tourner les têtes, même celles des jeunes fort occupés à bichonner leurs génisses pour le début du concours. Pendant que les deux techniciens règlent la caméra HD et l’équipement de son, plus sensible que l’oreille humaine, le réalisateur et le recherchiste se mettent en mode « repérage ». Ici, un beau cadre pour une entrevue.


Mathieu Couture, président de la Table de concertation de la jeunesse rurale, décerne le trophée du concours de présentation à Alana McKinven, du Hatley 4-H Club.

Là, un point de vue sur l’arène à ne pas manquer pour le visuel. Tout au long, on discute avec les gens, autant de séances improvisées de casting pour voir quelles sont les langues qui se délient facilement. On sème aussi à tout vent la date de diffusion du reportage, allant jusqu’à la faire annoncer au micro par la directrice générale de l’AJRQ, Annie Chabot. Devant la caméra, Marie-Pier (avec qui le recherchiste avait fait une longue préentrevue téléphonique, étape obligée pour tous ceux qui interviennent dans l’émission) s’allume littéralement. Elle explique – avec précision et concision, car le segment ne fera que trois minutes à la télé! – l’abc de l’association qu’elle représente. Son enthousiasme communicatif crèvera l’écran. Cinq jours plus tard, c’est dans une ferme bovine de Saint-Damien-de-Buckland (Bellechasse) qu’a rendez-vous l’équipe pour filmer une activité à caractère social de l’Association de la relève agricole de la région de Québec, en collaboration avec la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ). À filmer : des jeunes qui se retrouvent pour décrocher du quotidien astreignant de la ferme. Joutes de volleyball et de washer, défi sportif, épluchette et barbecue, le tout commandité par des coopératives agricoles locales. Trois, deux, un, ça tourne! En entrevue, les numéros un et deux de la Fédération, Alain Audet et Emmanuelle Vincent, répondent aux mêmes questions de l’intervieweur. Au montage, le réalisateur prendra les meilleures réponses de l’un et l’autre pour composer un segment de trois minutes instructif et rythmé. Ainsi, impossible de zapper pour le téléspectateur! Une pluie soutenue oblige la quarantaine de jeunes présents et l’équipe à se réfugier dans l’étable de la Ferme AMB, ce qui permet à l’équipe de souffler un peu et de lier connaissance avec les jeunes, toujours impressionnés devant la caméra, qui vaut quelques dizaines de milliers de dollars. Ici et là, on entend les jeunes relèves parler à bâtons rompus de leur situation : des foins pénibles à faire cette année ou des difficultés à trouver des terres cultivables abordables, autant de sujets dont a parlé ou parlera l’émission lors de sa 11e saison. u

Même s’il s’agit du concours d’art de présenter (showmanship), on s’active en coulisse pour que les animaux soient plus que présentables.

Pas facile de faire avancer un animal qui pèse plus que soi… surtout que le juge nous a à l’œil!

Un défi sportif tout agricole attendait les jeunes présents à la Ferme AMB, dans Bellechasse. Les artistes de l’image et du son, sous la direction d’un réalisateur, observent attentivement les participants.

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Une fois l’entrevue terminée, les vedettes du jour, Emmanuelle Vincent et Alain Audet, de la FRAQ, n’ont plus qu’à afficher leur plus beau sourire.

Dix ans dans les coulisses de l’agro « Si l’émission Par-dessus le marché est encore bien campée dans le décor télévisuel québécois, c’est certainement parce que la filière agroalimentaire s’est approprié l’émission », fait valoir son producteur, Jacques Fortin. Ce dernier gravite dans les coulisses de l’agro depuis plus de 15 ans, d’abord avec Cultivé et bien élevé, puis avec Par-dessus le marché. Appuyée financièrement depuis le début par La Coop fédérée et Olymel, l’émission compte aussi sur le soutien du gouvernement du Québec, d’Agropur, de la Société des alcools du Québec, de l’Union des producteurs agricoles, du Porc du Québec et de grandes marques, comme Arctic Gardens, Oasis, La Petite Bretonne et Agropur Signature. Au départ diffusée à TVA, l’émission est depuis deux ans sur les ondes de V Télé, ce qui lui attire un nouveau public et renouvelle l’intérêt pour une émission traitant de l’agroalimentaire, dans une offre plus que bien garnie d’émissions essentiellement culinaires. Pour réussir à mettre en son et en images ce milieu si complexe qu’est l’agroalimentaire, l’émission doit compter sur une équipe aguerrie de pigistes rompus aux productions télévisuelles. Certains membres de l’équipe – à commencer par sa réalisatrice-coordonnatrice, Guylaine Laframboise – bossent à Par-dessus le marché depuis ses débuts, ce qui fait d’eux des gens ayant une bonne connaissance des milieux agricole et alimentaire.

Mouvements fluides pour un excellent rendu à l’écran de la ferme du président de la Fédération des producteurs de porcs, David Boissonneault.

D’abord animée par Martin Drainville durant les six premières saisons, l’émission a accueilli la comédienne Chantal Fontaine pour une édition renouvelée à sa septième année. Puis, surchargée de contrats, Chantal n’a pu cette année assurer que les segments studio de l’émission, laissant au bien connu ex-animateur de La semaine verte, Errol Duchaine, le soin de parcourir le Québec gourmand à sa place, 26 fois plutôt qu’une.

Quelques faits sur Par-dessus le marché

Les tournages dans le secteur de la transformation ne sont pas en reste, comme ici chez Lassonde. En d’autres temps, des PME de ce secteur sont à l’honneur.

– Chaque minute de télédiffusion nécessite en moyenne 25 minutes d’enregistrement. – Cette année, une quarantaine de personnes travaillent sur la série, ce qui représente pour chaque demi-heure d’émission l’équivalent du travail de 18 personnes à temps plein pendant une semaine. – Contrairement à nombre de magazines télé qui ne quittent pas la région montréalaise, l’équipe a parcouru plus de 10 000 km, entre mai et septembre derniers, de la Gaspésie à l’Abitibi.

Les 100 ans à l’écran Le reportage sur les 100 ans de la jeunesse rurale québécoise sera diffusé le dimanche 13 octobre 2013, à 12 h. Pour revoir les épisodes de Par-dessus le marché, rendez-vous sur le site de V Télé : vtele.ca/emissions/par-dessus-le-marche. * L’auteur est recherchiste-intervieweur à l’émission Par-dessus le marché.

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H o r t i c u lt u r e

Par Donato Cerone Directeur du développement horticole, La Coop fédérée donato.cerone@lacoop.coop

Comment faire ?

Le compostage

domestique

Les raisons de composter ses déchets de cuisine et de jardinage sont nombreuses. C’est écologique, puisque cela permet de réduire le volume de déchets domestiques de 20 à 30 %, de réduire la pollution de l’air par le méthane (un gaz à effet de serre 21 fois plus dommageable que le dioxyde de carbone !) et de transformer cette matière organique en fertilisant naturel. C’est aussi bénéfique pour vos plantes ornementales et votre potager, car le compost améliore la structure du sol et sa fertilité. C’est économique, puisque le compostage domestique permet de réduire les frais de collecte et d’enfouissement des déchets ainsi que les coûts de ferti­lisation. Et surtout, c’est facile ! Il suffit de commencer avec des feuilles mortes et du gazon, puis d’ajouter graduellement ses déchets de table.

Photo : ISTOCKphoto

Bac ou tas de compost ? Lorsque l’espace le permet, un simple tas, entouré ou non de grillage à poule, de clôture à neige ou de planches de bois, fera parfaitement l’affaire pour composter les feuilles mortes et le gazon coupé. Si toutefois vous souhaitez ajouter des déchets de table, il sera préférable d’opter pour un bac à couvercle refermable pour tenir les animaux à l’écart. De nombreuses municipalités fournissent d’ailleurs des bacs à leurs résidants, gratuitement ou à prix modique. À défaut, vous pouvez vous procurer un composteur domestique chez votre détaillant Unimat.

Emplacement Choisissez un emplacement sec, ombragé ou semi-ombragé, situé à l’abri des regards et près d’une source d’eau. Idéalement, le bac ou le tas de compost devrait pouvoir contenir au moins une verge cube (0,75 m3) de matière organique. Ce format permettra d’accumuler suffisamment de « nourriture » pour les micro-organismes qui transformeront vos rebuts en précieux compost.

• Empilez vos matières organiques en alternant les « brunes » et les « vertes » dans une proportion de trois pour un. Assurez-vous au préalable de couper ou de déchiqueter les plus gros morceaux. • Mélangez le gazon coupé et les résidus verts dans le tas et enfouissez les restes de fruits et légumes sous 10 centimètres de matières. • À mesure que les matières se décomposeront, la température du tas augmentera. De la vapeur pourra même être visible par temps froid ! • Retournez le tas avec une fourche pour l’aérer chaque fois que vous ajoutez de nouvelles matières organiques. Ajoutez de l’eau au besoin pour maintenir l’humidité. • Vous pouvez également mettre de l’accélérateur de compost GreenEarth, qui accélérera, comme son nom l’indique, la décomposition des feuilles, du gazon et des résidus verts. Votre compost sera prêt lorsque la matière au fond du tas aura une couleur brun foncé et sera exempte de résidus reconnaissables. Quelques morceaux ligneux pourront toutefois subsister. Vous n’aurez qu’à les mettre dans un nouveau tas. Appliquez le compost ainsi obtenu sur votre pelouse ou dans votre jardin pour amender et nourrir le sol. Évitez cependant de l’utiliser pour vos plantes d’intérieur, car il est susceptible de contenir des semences de mauvaises herbes et de légumes qui pourraient germer.

Matières « vertes »

Matières « brunes »

riches en azote

riches en carbone

Tontes de gazon fraîches Feuilles vertes Rognures de plantes Mauvaises herbes Pelures de fruits et légumes Marc de café (avec filtre) Sachets de thé Pains et céréales

Feuilles séchées Paille, petites branches, brindilles, sciure et cendres de bois Terreau de rempotage usagé Papier et carton déchiqueté Coquilles d’œufs et de noix émiettées

Matières à exclure Produits laitiers Graisses et huiles Aliments gras ou huileux Viandes et poissons Excréments d’animaux Couches souillées Plastique, métal, verre

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C o o p é r at i o n i n t e r n at i o n a l e

Texte de Yolaine Villeneuve, photos de Pierre Cadoret

Le Vietnam à la sauce coop Pierre Cadoret, infographiste à La Coop fédérée, et sa conjointe, Yolaine Villeneuve, ont sillonné les routes du delta du Mékong en novembre dernier. Accompagnés par Samuel Laurin et Nguyên Van Hoang de SOCODEVI, ils voulaient mieux comprendre le rôle de SOCODEVI auprès de collectivités vietnamiennes et les attentes de celles-ci. Compte rendu.

S Le pitaya (fruit du dragon). Grâce à l’utilisation de lumière artificielle, la coop Thâm Vu arrive à obtenir trois ou quatre récoltes de pitayas par an, au lieu d’une seule.

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OCODEVI mise sur la création et le renforcement d’organisations de type associatif en milieu agricole grâce au transfert du savoirfaire canadien. En 2001, elle entamait un programme d’appui au secteur agricole dans l’une des provinces les plus pauvres du sud du Vietnam, Soc Trang, qui touchait 16 communes et quatre districts du delta du Mékong. Une des premières actions de SOCODEVI au Vietnam a été d’instaurer les mécanismes d’un fonds de prêts rotatifs, un crédit que le producteur doit rembourser à son association, qui l’utilise par la suite pour un autre producteur. L’investissement de SOCODEVI a fourni le capital de démarrage

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dont des familles rurales avaient besoin pour améliorer leur production et générer de nouveaux revenus. Au total, environ 5000 familles ont augmenté leurs revenus de façon significative et près de 4000 familles d’agriculteurs ont vu leurs actifs productifs croître de près de deux millions $, ce qui a eu pour effet d’augmenter la richesse dans toute leur collectivité. Une autre initiative parrainée par SOCODEVI est devenue un exemple de réussite : la création d’Evergrowth. Cette coopérative laitière, reconnue dans tout le pays et qui compte près de 1000 familles membres, a suscité l’intérêt des populations locales pour les regroupements en mode coopératif.


Au départ, le modèle coopératif ne jouissait pas d’une bonne réputation auprès des Vietnamiens, car pour eux, la coopération s’apparentait à l’économie planifiée. La réintroduction du modèle coopératif par SOCODEVI s’est effectuée lorsque le régime communiste est devenu plus souple, permettant l’émergence d’initiatives autres que gouvernementales. Les avantages de la coopération ont vite incité les producteurs à s’engager : • Prix de gros pour l’engrais et les pesticides, le matériel agricole; • Fruits achetés par la coopérative à meilleur prix; • Embauche des membres de la famille des sociétaires dans les installations de la coop; • Préparation du terrain pour la culture; • Irrigation; • Transformation primaire (séchage du cacao); • Service de récolte, d’épandage; • Frais de certification (Viet GAP1, GlobalGAP2 ou bio). Les coopératives se sont aussi engagées dans leur collectivité selon le septième principe de la coopération (engagement envers la communauté) : construction du toit d’un centre communautaire, réfection ou création de routes, approvisionnement en eau potable, électricité, microcrédit sont autant de services qui profitent aux membres et à la collectivité. Le modèle coopératif réalise même une percée importante dans la coopérative Hoã Thuãn. Ce regroupement de 122 membres, situé

dans la province d’An Giang, veut passer de la culture familiale de lopins de riz à une culture centralisée et collective. Les sociétaires estiment pouvoir produire plus et mieux, à moindre coût. Certains principes coopératifs demeurent toutefois flous au Vietnam. Les rôles de directeur et d’administrateur sont parfois confondus, voire occupés par les mêmes personnes. De même, plusieurs coopératives versent les ristournes selon le capital de départ investi, plutôt que selon l’usage. Maxime Prudhomme, chargé de programme chez SOCODEVI, est toutefois confiant. Une nouvelle loi sur les coopératives a été adoptée en novembre 2012 et SOCODEVI a participé à cette révision qui s’appuie sur des principes et des valeurs coopératives. Ainsi, la coopérative de producteurs de cacao Cho Gao, dans la province de Tiên Giang, et les coopératives productrices de riz de Hoã Thuãn et Thành Lôi ont récemment revu leur mode de versement des ristounes. Les coopératives du Vietnam s’en tirent plutôt bien en matière de production. Le conseiller en développement coopératif chez SOCODEVI, Nguyên Van Hoang, explique que le gouvernement vietnamien a mis sur pied des structures d’appui à l’organisation coopérative, comme les Alliances coopératives provinciales (PCA) et leur pendant national, l’Alliance coopérative vietnamienne 1

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La moto, le principal moyen de locomotion au Vietnam, est également utilisée pour transporter les récoltes.

Le président de la coopérative productrice d’ananas Quyêt Thang, espère qu’en offrant ses fruits de haute qualité dans un emballage attrayant, il arrivera à percer dans les supermarchés.

Certification vietnamienne encadrant divers aspects de la production, comme le respect de l’environnement, l’hygiène et la salubrité alimentaire, la responsabilité sociale et la traçabilité des produits. Depuis 2008, EUREPGAP est devenu GlobalGAP, série de normes de traçabilité et de sécurité alimentaire, reconnues au niveau mondial, pour les productions agricoles (végétales et animales) et aquacoles. (GAP : Good Agricultural Practices – Bonnes pratiques agricoles)

Nguyen Thi Xinh est unbel exemple de l’esprit coopératif. Ayant réussi à implanter une nouvelle variété plus performante de manguier, elle a reproduit ces arbres et fournit ses voisins. On note peu de mécanisation dans les cultures, ce qui a l’avantage de faire travailler plus de gens.

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(VCA). Les coopératives peuvent également bénéficier du soutien du Département d’agriculture et de développement rural pour l’encadrement technique : culture, fertilisation et pesticides. La région est fertile et diverses méthodes de culture, notamment l’utilisation de lumière artificielle pour la production fruitière, ont accru les rendements. L’aspect organisationnel se structurant peu à peu, les sociétaires s’inquiètent désormais d’assurer le développement de leur coopérative et sa pérennité. Plusieurs coopératives ne disposent pas des capitaux nécessaires pour améliorer leur production et bâtir des relations d’affaires profitables avec les clients. C’est le cas de la coopérative de Cho Gao, dont la production mensuelle de 10 tonnes de cacao est écoulée à 80 % sur le marché international, principalement chez Cargill. Son principal défi est d’offrir aux membres des services à bas prix, tout en maintenant un bon niveau de rentabilité pour assurer son développement. La coopérative espère posséder suffisamment de capital pour attendre de vendre lorsque le prix est bon et ainsi réaliser des bénéfices intéressants pour ses membres. Ces espoirs sont permis, puisque la culture du cacao est en pleine croissance. Le Vietnam vise à produire 50 000 tonnes de fèves fermentées en 2020 (10 fois sa production actuelle). C’est aussi le cas de la coopérative productrice d’ananas Quyêt Thang (328 membres), qui est toujours à la recherche de débouchés intéressants pour ses fruits. Bien que 10 % de sa production (300 ha d’ananas) soit certifiée Viet Gap et qu’elle ait gagné des prix pour la qualité de ses produits à trois reprises, ses prix de vente sont faibles. La coopérative envisage la transformation pour

De gauche à droite : Nguyên Van Hoang, conseiller en développement coopératif; Nguyen Thi Tuyet Nuong, secrétaire-réceptionniste; Samuel Laurin, consultant en développement d’entreprises coopérative; Yolaine Villeneuve et Pierre Cadoret.

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Lors de chaque rencontre, Nguyên Van Hoang, de SOCODEVI, devait traduire les questions et les réponses de chaque intervenant, et ce, en plus d’étudier les besoins des coopératives visitées.

améliorer ses revenus – fabrication de jus, vente de fruits en morceaux, emballage de fruits de haute qualité –, mais cela exige des moyens pour percer dans les grandes chaînes ou à l’étranger. Pour sa part, la coopérative Tan Thanh travaille à mettre en place certaines infrastructures, comme des chambres froides qui permettraient une meilleure conservation des fruits et de meilleures possibilités de débouchés. Une de ses membres, Nguyen Thi Xinh, a implanté une variété de manguiers plus performante. Elle explique qu’en passant de la production de riz à celle de fruits, ses conditions de vie se sont améliorées, car selon elle, le rendement des fruits est de quatre à cinq fois supérieur à celui du riz. Certaines coopératives ont pourtant le vent dans les voiles. La coopérative Thâm Vu, dans la province de Long An, est le plus gros producteur de pitayas (fruits du dragon) de la région du Mékong, avec 70 membres. Ses marchés d’exportation sont multiples (États-Unis, France, Singapour, Japon, Chine, Thaïlande, Canada). Elle cherche surtout à enrichir sa banque de contacts et à mieux positionner sa distribution, particulièrement en créant des liens d’affaires avec d’autres coopératives dans les pays où elle exporte. L’accès aux rayons des grandes chaînes d’alimentation vietnamiennes et la valorisation des produits sous certification sont des défis que connaissent aussi les Vietnamiens. Même la coopé­rative productrice de pitayas, qui exporte avec succès, avoue sa difficulté de vendre au Vietnam et se plaint du peu d’intérêt des supermarchés. Maxime Prudhomme considère d’ailleurs que les actions futures de SOCODEVI devront porter à renforcer les aptitudes en mise en marché de produits des coopératives vietnamiennes. SOCODEVI continuera donc de collaborer au développement du modèle coopératif pour permettre aux producteurs d’envisager l’avenir avec optimisme.

Avec quatre millions d’hectares, le delta du Mékong représente 12 % du Vietnam, et ses 18 mil­ lions d’habitants, 19,6 % de la population. C’est l’une des plus grandes et plus fertiles zones agricoles du pays, et la plus importante région de production agroalimentaire. Une bonne partie (70 %) de cette production est exportée. États-Unis, Chine, Japon, Singapour, France sont les principaux acheteurs de pitayas (fruits du dragon), mangues, goyaves, agrumes et ananas, sans oublier le cacao et le riz. De 2001 à 2010, l’agriculture de la région s’est développée rapidement. Le gouvernement a établi des zones spécialisées de production pour les principaux produits cultivés. L’État fournit du soutien technique aux agriculteurs, des prêts pour de la machinerie et a amélioré les infrastructures de transport et d’irrigation, deux facteurs essentiels au développement d’une économie agricole solide. Des données récentes, présentées lors de la tenue du forum The Mekong Delta Economic Cooperation – Tiên Giang 2012, indiquent que la valeur de production de l’agriculture est passée de 56 milliards de dôngs (2,8 millions $ CA) en 2001 à 101 milliards de dôngs en 2010, une hausse de 6,9 % par an (1 $ CA = 20 000 dôngs). (Source : Le Courrier du Mékong, 5 décembre 2012)

SOCODEVI n’apporte pas son expertise qu’aux producteurs agricoles. Elle favorise également le renforcement des compétences des personnes engagées dans le développement de coopératives, comme c’est le cas pour la coopérative étudiante Youth Co-op, de l’Université des sciences sociales et humaines de Hô Chi Minh-Ville, récemment mise sur pied. Les administrateurs de cette coopérative ont profité de conseils en gestion, en commercialisation et en bonne gouvernance, grâce à l’appui de Samuel Laurin, de SOCODEVI, et de Laurent Dumais, administrateur chez Coopsco. Ils ont ainsi pu élire leur premier conseil d’administration et planifier leurs activités pour répondre aux besoins des étudiants.


D é c o r at i o n

Par Hélène Cossette

Pour un endroit calme (une chambre à coucher, par exemple), les teintes pastel, comme le vert tendre et le rose pâle, ont la cote cette année, associées elles aussi avec le gris.

Bois

Les grandes tendances du

Salon de Milan 2013

Tenu chaque année depuis 52 ans, le Salon du meuble de Milan est reconnu comme la Mecque du design d’intérieur. « C’est de là qu’émergent tous les grands courants en décoration », affirme Mélanie Dubeau, designer d’intérieur à la Boutique Inov du Centre de rénovation Unimat de Saint‑Barthélemy. Visitée par des acheteurs et des professionnels du design venant de 160 pays, l’édition d’avril 2013 a réuni pas moins de 2500 exposants de meubles et d’accessoires décoratifs sur une superficie de 530 000 m2 !

Photo : Gracieuseté de Mélanie Dubeau

Faute de pouvoir se rendre sur place, cette profes­sionnelle qui compte 15 ans de métier a consulté les comptes rendus de plusieurs revues et sites spécialisés pour entrevoir les tendances les plus suscep­tibles de traverser l’Atlan­tique. « C’est important de rester à l’affût des nouveautés, car chaque Boutique Inov fait une partie de ses achats pour person­naliser son offre de produits », tient à préciser celle qui assume cette respon­sabilité à Saint‑Barthélemy, en plus de conseiller ses clients. Mélanie Dubeau

Couleurs Au chapitre des couleurs, c’est le bleu franc qui ressort le plus cette année, observe-t-elle. « Il se marie aux couleurs pastel et aux gris, qui sont à la mode depuis deux ou trois ans déjà. » On retrouve aussi des couleurs très dyna­ miques, comme le jaune citron et le vert émeraude, en association avec des tons neutres. « Ce sont surtout les accessoires qu’on verra dans ces teintes-là, en guise de punch vitaminé pour donner de l’énergie », prévoit-elle.

En matière de meubles, la tendance est nettement au bois pâle ainsi qu’aux formes carrées et minimalistes, de style scandinave, constate la designer. « Le bois chocolat est out », laisse-t-elle tomber. Pour les parquets de bois, la même mouvance se dessine, avec le regain de popularité des essences pâles à texture uniforme, comme le cerisier. À l’autre extrême, le frêne revient aussi en force, avec son grain de bois prononcé. De plus, le fini brillant cède la place au fini mat, voire brossé, qui donne aux parquets un aspect vieilli.

Textiles La mode est aux gros motifs très contrastants, observe Mélanie Dubeau. « Il y a beaucoup de grosses fleurs brodées et de formes géométriques colorées sur fond blanc dans les rideaux, la literie et les tissus de recouvrement de mobilier. » Elle souligne aussi l’abondance des rayures, verticales et horizontales, ainsi que des imprimés animaliers, façon zèbre, léopard ou peau de vache. « C’est une tendance, mais ce n’est évidemment pas tout le monde qui va l’adopter ! » tient-elle à préciser. Pour leur part, les tapis et les carpettes se déclinent dans des tons unis et neutres, comme les gris et les beiges, ou à l’inverse dans des teintes très éclatantes, tels les rouges, les mauves et les turquoise.

Tendance nature Une autre grande tendance qui se dégage du Salon 2013 est l’entrée de la nature dans les maisons, constate la designer. « On voit beaucoup de matériaux bruts et d’éléments de la nature dans les décors contemporains, par exemple la céramique qui imite le bois. » Parmi les objets décoratifs vedettes qui ont retenu son attention, elle relève les panaches de chevreuils, la fourrure et les figurines d’animaux fétiches, comme le hibou. L’art végétal est également à l’honneur, notamment sous forme de murs végétaux et de grosses potiches normalement prévues pour l’extérieur.

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A c é r i c u lt u r e

Photo : citadelle

Positionnement distinctif

Une nouvelle image Citadelle se dote d’une toute nouvelle image, plus représentative de l’ensemble de ses activités, qui comprennent aujourd’hui les produits de l’érable, du miel et de la canneberge.

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Par Hélène Cossette

réée en 2006, l’image d’une feuille d’érable avec un pinceau exprimait bien le fait que Citadelle et ses membres acériculteurs considèrent leurs produits comme de véritables œuvres d’art, rappelle Sylvie Chapron, directrice du marketing. Or, exclusivement accolée au secteur de l’érable, cette image n’évoquait plus notre identité actuelle, à la suite des acquisitions que nous avons faites pour nous diversifier. » Rappelons que Citadelle s’est lancée dans le secteur du miel en 2009 en absorbant la Société coopé­rative agricole des apiculteurs du Québec, puis dans celui de la canneberge en 2011 par l’acquisition de La Maison Bergevin, une entre­ prise de transformation de Québec.

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La nouvelle image créée par Citadelle s’appuie sur quatre grands éléments distinctifs : ses 2000 membres producteurs et leurs familles, des gammes de produits uniques dans chaque secteur, des standards de qualité très élevés, et une innovation constante. « Innover dans nos procédés, la création de produits et la mise en marché est pour nous une preuve de leadership. Notre équipe de recherche et développement travaille pour nos trois secteurs en parallèle », souligne la directrice du marketing. Après plusieurs innovations couronnées de prix et de médailles dans le secteur de l’érable – notamment les boutiques Les Délices de l’Érable, les produits de soins corporels Samara Di Acéro, les perles à l’érable et l’emballage flexible SmartSak –, Citadelle innove aussi dans le miel et la canneberge. Ainsi, l’entreprise lançait récemment des miels à cuisiner, l’un à l’érable et l’autre à saveur thaïe. Dans le secteur de la canneberge, elle construit présentement à Aston-Jonction une toute nouvelle usine de transformation, qui devrait lui permettre d’augmenter sa capacité de transformation à plus de 20 millions de livres dès l’été 2014.

Image de marque Concrètement, la nouvelle image de marque de Citadelle comporte trois éléments : un code de couleurs distinctif pour chaque secteur, des photos de ses producteurs et un symbole universel positif : le cœur. « Pour l’érable, nous avons choisi la couleur verte, qui évoque l’arbre et la forêt. Pour le miel, le jaune, et pour la canneberge, le rouge, qui allait de soi », résume-t-elle. Il allait aussi de soi que les producteurs se retrouvent au cœur de l’image, poursuit-elle. « Ils seront bien présents dans l’ensemble de nos outils de communication. Au cours des prochaines années, on fera évoluer le concept pour chaque secteur d’activité, en prenant soin d’y intégrer les différentes générations et leur environnement. » Quant au symbole, celui du cœur s’est vite imposé. « Tous nos producteurs ont un cœur qui bat. Ils ont aussi le cœur sur la main et du cœur à l’ouvrage ! » dit Sylvie Chapron. Le cœur, c’est également un symbole positif, qui représente la vie, mais aussi l’amour, la générosité et la passion, ajoute-t-elle. « De plus, il est compris par toutes les cultures et il est polyvalent, autant pour les gens que les produits. »


Da n s n o s c o o p s

Le 4 juillet dernier, à La Coop Val Nord, à Ville-Marie, Martin Dion enfourchait son vélo pour le Défi vélo ACFA (Au Cœur des Familles Agricoles). Le périple de 42 jours à travers les régions rurales du Québec visait à amasser des fonds pour la Maison ACFA, une maison de répit qui offre un service d’hébergement temporaire pour une clientèle agricole. Située à Saint-Hyacinthe, la maison de répit logera tous les services (spécialistes et intervenants) de l’ACFA, qui soutient depuis 13 ans les familles agricoles du Québec aux prises avec des conditions difficiles. Le parcours de 4000 km de Martin et des autres cyclistes venus l’encourager a pris fin le 14 août dernier au golf de Sainte-Madeleine, après avoir traversé l’AbitibiTémiscamingue, la Beauce, les Cantons-de-l’Est, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Gaspésie, les Laurentides, Lanaudière et finalement la Montérégie. Cette aventure a permis d’amasser 20 300 $. Rappelons que La Coop fédérée a contribué au financement initial de cette maison de répit à hauteur de 125 000 $.

Unimat de Saint-Antoine s’engage auprès des jeunes

Photo : La Coop Comax

En mai dernier, la quincaillerie Unimat de Saint-Antoine-sur-Richelieu organisait, en collaboration avec les élèves de l’école Georges-Étienne-Cartier (et ce, pour une 16e année consécutive), sa grande vente annuelle de fleurs et de plants de légumes. Une douzaine d’élèves et un groupe de parents se sont engagés dans l’organisation et la préparation de l’activité de même que dans la vente de plants. Les 830 $ recueillis seront réinvestis dans la mise sur pied d’activités culturelles, sportives et scienti­fiques. Cette quincaillerie Unimat était une succursale de La Coop Verchères avant sa fusion avec La Coop Comax, en décembre 2012.

Photo : France Picard, ACFA

Défi vélo ACFA pour financer une maison de répit

À l’arrivée des cyclistes, le 14 août. Dans l’ordre habituel : Réjean Bessette, administrateur d’ACFA; Ernest Desrosiers, vice-président au financement, La Financière agricole; Alain Gagnon, vice-président aux affaires agricoles, Desjardins; Marie-Josée Caron et Martin Dion, cyclistes; Richard Arsenault, directeur du CFE Haute-Yamaska, Desjardins; Sylvain Milhomme, cycliste; Gabriel Beauregard, administrateur d’ACFA; Maria Labrecque Duchesneau, directrice générale d’ACFA; et Jean-Claude Poissant, président d’ACFA.

Dans l’ordre habituel : Un groupe d’élèves de l’école Georges-Étienne-Cartier est entouré de Mario Bérard (à gauche), gérant de la quincaillerie Unimat de Saint-Antoine; une mère bénévole; la directrice d’école, Milena Joa et, à l’extrême droite, Joël Michaud, directeur des quincailleries à La Coop Comax. Marie-Pier Béliveau, fier membre de Citadelle

Citadelle, coopérative de producteurs de sirop d’érable, réunit des producteurs de produits de l’érable, de miel et de la canneberge qui ont à cœur de partager le meilleur de notre nature avec le monde entier.

Erratum Dans l’article avicole Simplicité volontaire pas ordinaire, paru dans l’édition de septembre 2013, il aurait fallu lire que Guy Massé est expert-conseil avicole pour le regroupement Montérégie Centre-du-Québec, et non pas pour La Coop des Bois-Francs. Nos excuses.

www.citadelle.coop

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2013-09-11 4:45 PM


Coupon d’abonnement

Photo : Groupe coopératif Dynaco

inauguration du nouveau siège social

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Groupe coopératif Dynaco :

Fin août dernier, Groupe coopératif Dynaco inaugurait officiellement ses nouveaux bureaux administratifs, en présence notamment du conseil d’administration et de ses employés. Situés sur l’avenue Industrielle, à La Pocatière, ces locaux, conçus dans l’esprit du développement durable, respectent les dernières tendances : matériaux certifiés, toit vert, positionnement géographique maximisant l’éclairage naturel, système d’éclairage intelligent programmé en fonction de la luminosité naturelle et espaces verts combinés avec le stationnement. Le nouveau bâtiment, d’une superficie de 2044 m2 (22 000 pi2) sur deux étages, a été construit pour un coût de 4,2 millions $. Il comprend des bureaux locatifs occupés par le Centre financier aux entreprises Desjardins de la Côte-du-Sud. Dans le souci de mettre en valeur les artistes et la culture de la région, on a présenté deux premières œuvres d’art acquises par l’entreprise. On a également procédé au dévoilement du nom de la salle du conseil d’administration, nommée en l’honneur du premier président de la coopérative, Alphonse-Roger Pelletier, décédé en 2009. M. Pelletier a été membre du conseil d’administration pendant 30 ans de même que président de La Coop fédérée de 1987 à 1992. Le dévoilement du nom de la salle du conseil d’administration. Dans l’ordre habituel : Denis Lévesque, vice-président de Groupe coopératif Dynaco; Jean-François Pelletier, administrateur et fils d’Alphonse-Roger Pelletier; Gemma D’Anjou, épouse d’Alphonse-Roger Pelletier; et Rosaire Beaulieu, président de Groupe coopératif Dynaco.

m 1 an : 23,22 $

m 2 ans : 36,84 $

m 1 an à l’étranger : 85,00 $

m 3 ans : 50,72 $

Les taxes sont comprises dans le coût.

o Reçu disponible sur demande TPS : R101143279 • TVQ : 1000044306TP9145MA

Le Coopérateur agricole

C.P. 500 Station Youville Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 - Téléc. : 514 858-2025 Courriel : coopagri@lacoop.coop Êtes-vous relié au domaine agricole?

o Oui

o Non

Nom Compagnie Adresse Ville

Province

Code postal

Courriel Veuillez émettre votre chèque à l’ordre de La Coop fédérée.

Unimat, partenaire du Tournoi national de soccer de Saint-Hyacinthe Le premier week-end de juillet dernier avait lieu le Tournoi national de soccer, organisé par les Loisirs Saint-Joseph, de Saint-Hyacinthe. Plus de 2200 jeunes ont participé à cette édition, soutenus par plus de 4000 partisans. Pour une sixième année consécutive, La Coop Comax, par l’entremise de sa division Unimat, a offert les 3000 bouteilles d’eau nécessaires au bien-être des participants lors de ces chaudes journées de juillet. Comax appuie bon nombre d’activités communautaires. Ses actions se concentrent principalement dans quatre grands secteurs : la coopération, les activités à caractère agricole, la relève agricole et l’entraide communautaire. Pour en savoir plus, consultez son bilan social au www.comax.coop.

À venir dans votre magazine Ukraine Photo : La Coop Comax

Le nouveau grenier mondial

Affaires économiques

L’endettement des fermes québécoises

Fertilisation Dans l’ordre habituel : Stéphane Adam, vice-président du tournoi; Joël Michaud, directeur des quincail­leries à La Coop Comax; François Grenier, directeur des ressources humaines à La Coop Comax; Louise Arpin, présidente du tournoi; Patrick Cordeau, président des Loisirs Saint-Joseph; Luc Mireault, conseiller à la commercialisation des magasins Unimat; et Frédérick Sylvestre, président d’honneur.

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L’utilisation du FRN dans le maïs


PERFORMANCE RECHERCHÉE ICI

des producteurs de l’est du Canada ayant une MCR moyenne supérieure à 300 sont clients du réseau La Coop*. * Source : Évolution de la production laitière québécoise 2012, (Valacta), données du DHI 2012.

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Les producteurs du Club des 300 La Coop font confiance aux produits et programmes de la gamme SynchroMC .

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Intégrant les avancées technologiques issues de CRF, la gamme Synchro vise à optimiser la production de lait des vaches par son principe de synchronisation ruminale.

w w w. l a c o o p. c o o p La Coop est une marques de commerce de La Coop fédérée.


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Toutes les marques de commerce sont la propriété de Zoetis ou de ses concédants de licence et sont utilisées sous licence par Zoetis Canada. PLP JADP10 0713 F


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