COOPÉRATEUR | MAI-JUIN 2017

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MAI-JUIN 2017

THE VANROBOYS

FAMILY FARMS

UNE ENTREPRISE

HUMAINE ET RENTABLE

Groupe BMR À la conquête des marchés Suisse Ça ne tourne pas rond au pays du fromage

cooperateur.coop

VOTRE VIE, VOS AFFAIRES


FINANCEMENT À 0 %*, REMISE EN ARGENT ET PLUS ENCORE !

Êtes-vous prêt pour la saison prochaine ? Profitez de la promotion Ready ‘n Rolling pour vous procurer l’équipement dont vous aurez besoin pour vous acquitter de toutes les tâches sur votre liste. Les offres sont alléchantes, notamment du financement à 0 %, des primes au comptant, et plus encore, sur presque tous les modèles neufs de tracteurs et de machines pour la fenaison et le fourrage de New Holland. Passez nous voir dès aujourd’hui ou consultez le site readyandrolling.newholland.com pour en savoir plus. N’attendez pas. L’offre prend fin le 30 juin 2017.

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ÉQUIPEMENT DE FERME PAPINEAU LTÉE Plaisance

LA MATAPÉDIENNE COOPÉRATIVE AGRICOLE Amqui

PERFORMANCE RIMOUSKI S.E.C. Rimouski

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UNICOOP, COOP AGRICOLE Saint-Agapit | Saint-Anselme Sainte-Marie de Beauce Saint-Vallier | Québec Saint-Narcisse, Cté Champlain J. RENÉ LAFOND INC. Mirabel

*Pour usage commercial seulement. La participation des clients est conditionnelle à leur admissibilité au crédit et à l’approbation de CNH Industriel Capital Canada ltée. Renseignez-vous auprès d’un concessionnaire New Holland participant pour connaître les détails et les conditions d’admissibilité. Il se peut que les clients ne soient pas tous admissibles à ces taux et à ces modalités. Selon le modèle, il se peut que le client ait à verser un acompte. Offre en vigueur jusqu’au 30 juin 2017 chez les concessionnaires New Holland participants au Canada. Les modalités standard de CNH Industriel Capital Canada ltée s’appliqueront. Cette offre peut faire l’objet de changements ou être annulée sans préavis. Les taxes, les frais de transport, de préparation et de livraison, de même que l’équipement en option et les accessoires ne sont pas compris dans le prix. © 2017 CNH Industrial America LLC. Tous droits réservés. New Holland Agriculture est une marque de commerce déposée aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, utilisée sous licence ou appartenant à CNH Industrial N.V., ses succursales et ses sociétés affiliées. CNH Industrial Capital et New Holland Construction sont des marques de commerce aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, utilisées sous licence ou appartenant à CNH Industrial N.V., ses succursales ou ses sociétés affiliées.


SOMMAIRE ÉDITION MAI-JUIN 2017

VOTRE VIE VIE COOPÉRATIVE 5 6 8 10 12 16

VOS AFFAIRES AFFAIRES AGRICOLES 22 Planète laitière :

ENTRE NOUS Ghislain Gervais*

ça ne tourne pas rond au pays du fromage

MA COOP

26 Robots de traite,

PAUSE PENSÉE Colette Lebel* SOCODEVI : Mission en Colombie 2017 Groupe BMR, à la conquête des marchés La sagesse de Sophie Boissonneault, administratrice à Unicoop

ce que vous devez savoir !

30 Production bovine  :

Ranch Ouellet : 350 fois naisseur-finisseur

33 Poules en liberté :

deux modèles, un même marché

38 Une Filière porcine au parcours exemplaire 40 TVF Farms :

VIE AGRICOLE 18 Famille agricole de l’année,

une entreprise humaine et rentable

vivre heureux en agriculture !

44 L’apiculture pour la pollinisation de la canneberge

AFFAIRES ÉCONOMIQUES 46 Pourquoi la Chine demeurera

un importateur majeur de porc

50 ZOOM VOS AFFAIRES Site Web : www.cooperateur.coop Version virtuelle : www.cooperateur.coop/fr/magazine

* For English version, please visit our website at www.cooperateur.coop/en

Groupe 40

ÇA NE TOURNE PAS ROND AU PAYS DU FROMAGE

FAMILLE AGRICOLE DE L'ANNÉE

À LA CONQUÊTE DES MARCHÉS

POUR LA MISSION LAITIÈRE VIVRE HEUREUX

12

18

Poules

en liberté

L'apiculture

DEUX MODÈLES, 22

EN AGRICULTURE

UN MÊME MARCHÉ

33

POUR LA POLLINISATION DE LA CANNEBERGE

44

MAI-JUIN 2017

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À VENIR DANS VOTRE MAGAZINE

ABONNEMENT : VERSION PAPIER Complétez le formulaire en ligne : cooperateur.coop/ abonnement-au-magazine

COÛT D’ABONNEMENT

Pour toute question ou pour un changement d’adresse, contactez-nous cooperateur@lacoop.coop 514 384-6450, poste 3513

(défrayé par votre coopérative)

(TAXES INCLUSES)

GESTION DE L’OFFRE ET PROGRÈS GÉNÉTIQUE

Membres : 11,29 $ / année

LA VISION DE LA FERME PROVETAZ

Non-membres :

1 an : 30 $ 2 ans : 45 $ 3 ans : 60 $ À l’étranger – 1 an : 90 $

ERRATUM Deux erreurs se sont malencontreusement glissées dans l’édition d’avril du Coopérateur : Dans le tableau de la page 32, les prix pour les Copeaux de bois (30 % HUMID.) et l’Électricité ont été intervertis. Voici le tableau tel qu’il aurait dû être présenté.

1 GIGAJOULE (GJ) D’ÉNERGIE (*EN TENANT COMPTE DE L’EFFICACITÉ, SANS CONDENSATION), REQUIERT : PROPANE

MAZOUT LÉGER

GAZ NATUREL

ÉLECTRICITÉ

COPEAUX DE BOIS (30 % HUMID.)

GRANULES DE BOIS (10 % HUMID.)

BIOMASSE AGRICOLE (10 % HUMID.)

PRIX DE L’UNITÉ

0,40 $/l

0,85 $/l

0,40 $/m3

0,079 $/kWh

120 $/tms

220 $/tmh

100 $/tms

PRIX PAR GIGAJOULE (GJ) DÉGAGÉ

18,59 $

26,92 $

12,41 $

21,62 $

8,11 $

14,32 $

7,41 $

À la page 34, dans le tableau 1 (Rendement des fraisiers : pour aller encore plus loin), les lignes Témoin et A. nodosum ont été inversées. Aussi, l’unité du rendement est erronée. Voici donc le tableau avec les unités et le traitement adéquats.

RENDEMENT DES FRAISIERS (PLATEAUX/ACRE) Année

2006-2007

2008-2009

2009

2013-2014

2014-2015

2015-2016

Moyenne

Témoin

4761

9287

5010

2963

1912

4661

4766 b

A. nodosum

5658

9803

5441

3538

2614

5848

5486 a

VOLUME 46, NO 4 | MAI-JUIN 2017

Directrice et rédactrice en chef Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur en chef adjoint Patrick Dupuis, agronome 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Adjointe à l’édition Marie-Hélène Gaudin 514 384-6450, poste 3513 marie-helene.gaudin@lacoop.coop Révision Georges O’Shaughnessy enr. Ont collaboré à ce numéro Hélène Cossette, Philippe Couture, Audrey Arteau, Ghislain Gervais, Étienne Gosselin, Colette Lebel, Yves Ngorbo, Céline Normandin

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COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2017

Graphiste Simon Fortin Webmestre Ricardo Silva Photographies Bernard Diamant, Martine Doyon, Caroline Fournier, Étienne Gosselin, Céline Normandin, Studios Drakkar, Krystle VanRoboys Page couverture Krystle VanRoboys Impression Interweb Inc.

Publicité Pierre Grinsell  |  450 661-8200 info@relationsmedia.ca Correspondance Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à : Coopérateur C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450  |  Téléc. : 514 858-2025 Courriel : cooperateur@lacoop.coop Site web : www.cooperateur.coop

Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec

Les photos, illustrations et textes publiés dans le Coopérateur et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation. PHOTO : ÉTIENNE GOSSELIN

Éditeur Jean-François Harel

Conception graphique Service de la création, La Coop fédérée

110286-05-16

Le Coopérateur est publié huit fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise.


ENTRE NOUS

LE COURRIER DU TRACTEUR GHISLAIN GERVAIS, PRÉSIDENT DE LA COOP FÉDÉRÉE, GHISLAIN.GERVAIS@LACOOP.COOP

PHOTO : MARTINE DOYON

IL FAUT savoir prendre des décisions rapides mais réfléchies pour trouver la bonne fenêtre. Celle qui nous permettra de déjouer l’adversaire dans cette partie d’échecs millénaire entre l’homme et la nature. Entrer trop tôt ou trop tard dans les champs peut avoir des conséquences importantes sur nos rendements et faire la différence entre une bonne et une moins bonne année. Mais une fois dans les champs, une fois la programmation effectuée et l’autoguidage mis en œuvre, la période des semences nous laisse de longues heures pour prendre du recul par rapport à la frénésie de la préparation pour la saison de culture. Dans mon cas, cela m’a donné l’occasion de faire le point sur ma première année à la présidence de La Coop fédérée. Mon premier constat a été que ça va vite et que ce n’est pas l’ouvrage qui manque. L’an dernier à pareille date, le conseil d’administration menait à terme sa réflexion sur la réforme du modèle d’affaires et des structures du réseau La Coop, que l’on a appelée Vision 2020. Présentée à la réunion semestrielle 2016, cette modernisation majeure du réseau avance maintenant à la vitesse grand V. Les coopératives sont passées à l’action, et les discussions pour le regroupement de plusieurs d’entre elles sont en cours. J’ai été amené à sillonner le Québec pour rencontrer vos conseils d’administration ou, dans certains cas, vous rencontrer à l’occasion de vos assemblées générales, afin d’expliquer ce projet qui repose sur une consolidation ordonnée des coopératives agricoles membres du réseau La Coop, assortie d’un partenariat plus étroit avec La Coop fédérée. J’ai bien apprécié ces rencontres, même si elles ont été exigeantes. Ce mouvement vers l’avant est une bonne chose, parce que le monde autour de nous n’est pas statique. Il semble bien que l’Accord économique et commercial global (AECG) intervenu avec l’Europe sera mis en œuvre, même s’il doit encore être ratifié par l’ensemble des pays membres de l’Union européenne. C’est globalement une bonne nouvelle, mais le Canada, qui devrait ratifier l’AECG dans les prochaines semaines, n’a toujours pas fait connaître sérieusement ses intentions quant à l’attribution des quotas d’importation et à la compensation qui devrait être versée aux producteurs laitiers et

fromagers du Québec. Cela pourrait assombrir l’embellie actuelle du secteur laitier. Il en est de même de l’intention du gouvernement américain de rouvrir l’Accord de libreéchange nord-américain (ALENA). On ignore pour le moment la profondeur des modifications souhaitées par les Américains, mais après les récentes déclarations du président Trump, l’accès au marché des produits sous gestion de l’offre sera au menu. On le sait, l’incertitude n’est pas propice au développement des affaires. Dans quelques jours aura lieu la troisième consultation du gouvernement du Québec en prévision du Sommet sur l’alimentation, qui doit se tenir l’automne prochain et doit conduire à la présentation d’une nouvelle politique bioalimentaire au printemps 2018. Dans son dernier budget, le gouvernement canadien a reconnu le développement de l’agriculture et de l’agroalimentaire comme un des trois secteurs prioritaires de développement pour le Canada. Espérons que ce message sera entendu par le gouvernement du Québec et que ce dossier sera enfin considéré avec sérieux. En tant que coopérateurs, nous avons l’habitude, la volonté et les compétences nécessaires pour prendre notre destinée économique en main. Mais comme dans l’ensemble des pays économiquement avancés, nous devons pouvoir compter sur un cadre et des politiques agricoles et agroalimentaires qui donnent une perspective à long terme et qui réduisent les risques inhérents à notre secteur d’activité. Encore faudrait-il que la consultation à venir donne l’occasion aux principaux intervenants du secteur, ceux qui sont sur la ligne de front, de se faire entendre sur les enjeux et les pistes de solution pour y répondre. Sur ce, bonne saison !

COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2017

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1 2 1 BMR DONNE À LA FONDATION RÊVES D’ENFANTS

2 COMAX COURONNÉE AU GALA CONSTELLATION 2017

Groupe BMR s’unit à nouveau à la Fondation Rêves d’enfants pour aider des jeunes gravement malades à réaliser leur plus grand rêve. Célébrant son 50e anniversaire cette année, Groupe BMR a remis un don de 50 000 $ à la Fondation. D’autres collectes de fonds, mises sur pied par l’entreprise et ses employés, ont porté la somme totale offerte à 72 373 $. Outre cet important soutien financier, Groupe BMR a gracieusement fourni des matériaux de construction et des objets de décoration destinés à la concrétisation d’une dizaine de rêves. Allant de la transformation d’une chambre à coucher à la construction d’une cabane dans un arbre, ces réalisations ont apporté de la joie dans le quotidien éprouvant de ces enfants. La Fondation Rêves d’enfants, créée en 1984, est le plus important organisme de bienfaisance canadien voué à la réalisation des rêves les plus chers d’enfants âgés de 3 à 17 ans atteints d’une maladie qui menace leur vie.

Le prestigieux gala Constellation, organisé par la Chambre de commerce de SaintHyacinthe, s’est tenu le samedi 25 mars à la salle théâtre La Scène, située dans la même ville. Près de 300 personnes ont assisté à cet évènement, dont l’objectif est de célébrer le succès des entreprises qui permettent à la grande région maskoutaine de rayonner. Bien que La Coop Comax ait été finaliste dans la catégorie Entreprise manufacturière et agroalimentaire de plus de 50 employés, c’est dans la catégorie des prix hors concours qu’elle a reçu les grands honneurs. Elle a en effet remporté le Grand Prix du 125e, qui souligne son apport exceptionnel au développement de la région.

Photo : Juli Meilleur, directrice générale de la Fondation Rêves d’enfants au Québec, et Pascal Houle, chef de la direction de Groupe BMR.

Photo : De La Coop Comax : Laurent Bousquet, administrateur; Patrice Gagnon, directeur général; Nicolas Robert, administrateur et Alain Desautels, président du conseil d'administration, en compagnie de Simon Giard, président du conseil d'administration de la chambre de commerce et de l'industrie Les Maskoutains.

3 FERMES BORÉALES : UNE DEUXIÈME MATERNITÉ EN PRODUCTION La deuxième maternité des Fermes boréales a commencé sa production le 2 mars. Située à Béarn, au Témiscamingue, cette maternité dernier cri a accueilli son premier groupe de 1585 cochettes. Après avoir été fécondées, elles passeront les premières semaines de leur gestation dans le bloc saillie. Elles seront ensuite transférées dans la section gestation, où elles seront logées en stabulation libre jusqu’au moment de la mise bas, 115 jours après leur fécondation. Les premiers porcelets de Béarn devraient voir le jour en juillet prochain. Ils sont destinés aux membres québécois de la Filière porcine coopérative. Ils quitteront la ferme 28 jours après leur naissance. Rappelons que le projet des Fermes boréales a été lancé en 2015 par La Coop fédérée et Olymel.

4 OPÉRATION BANDES RIVERAINES

4 Photo : Luc Forget, premier vice-président de La Coop fédérée; Marcel Groleau, président de l’UPA; André Martin, président-directeur général de la Fondation de la faune du Québec; Ghislain Pion, président de Groupe Uniconseils; Martin Marquis, directeur des semences chez Synagri; et Martin Caron, deuxième vice-président de l’UPA. — Crédit photo : François Démontagne, UPA.

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COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2017

À titre de partenaire majeur, La Coop fédérée a accepté de soutenir l’Opération bandes riveraines, initiative de l’Union des producteurs agricoles. C’est le 21 mars, à la veille de la Journée mondiale de l’eau, que le lancement de cette opération a eu lieu, à la Maison de l’UPA. La campagne, qui durera deux ans, vise à sensibiliser le monde agricole à la protection des cours d’eau. Pour appuyer cette campagne, on a mis en ligne un site Internet entièrement consacré à l’aménagement des bandes riveraines (www.bandesriveraines.quebec). Cette vitrine offre aux producteurs agricoles des informations sur la règlementation, les techniques d’aménagement et les façons de faire pour protéger les bandes riveraines, une fois celles-ci aménagées. Les experts-conseils du réseau La Coop pourront profiter de la formation continue sur les dernières techniques d’aménagement de telles bandes, afin d’être en mesure de bien conseiller les producteurs agricoles.


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PAUSE-PENSÉE

RACINES

À MA NAISSANCE, mes parents habitaient

Assurément, l’agriculture s’épanouit dans la continuité. Il lui faut donc des institutions de soutien qui s’inscrivent, elles aussi, dans le long terme.

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COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2017

Rivière-Manie, petit village au sud de SaintPascal de Kamouraska. Mais j’étais encore très jeune lorsque nous sommes déménagés à Van Bruyssel, en Haute-Mauricie. Et puis, ô malheur, un violent incendie a détruit notre maison. Nous sommes alors déménagés dans le village voisin, à Kiskissink. En attente du prochain déménagement. Puis du suivant. Rivière-Manie, Van Bruyssel et Kiskissink. Mes trois premiers ancrages ici-bas. Trois villages qui n’existent plus aujourd’hui. À Rivière-Manie, la nature a repris ses droits. La rivière Manie coule toujours, bien sûr, mais il n’y a plus personne pour l’entendre. De Van Bruyssel, il ne reste que sept bâtiments, regroupés et patiemment restaurés. C’est le « domaine de Van Bruyssel », désigné monument historique, en 2010, par le ministère de la Culture et des Communications du Québec. À vendre en ce moment – avis aux intéressés qui aiment l’éloignement et la solitude. Et Kiskissink, de son côté, a été transformée en zec, c’est-à-dire en zone d’exploitation contrôlée, destinée aux amateurs de plein air. Habiter le territoire. Y prendre racine. Des concepts totalement étrangers à l’enfant que j’étais. Je ne crois pas en avoir souffert, cependant. J’ai plutôt souvenir d’une frénésie joyeuse qui s’emparait de moi lorsque je renouvelais mon cercle d’amies et que je découvrais de nouveaux endroits. C’est plutôt à l’âge adulte que j’ai pris toute la mesure de mon parcours atypique : je n’ai aucune amie d’enfance et j’ai peine à répondre à la simple question : « D’où viens-tu ? » Heureusement, j’ai pris racine depuis. Avec le recul, je ne peux m’empêcher de relever un lien commun entre ces trois villages disparus. Nous étions en pays forestier. Zéro agriculture. Or, c’est l’agriculture qui maintient l’occupation du territoire. Qui en modèle le paysage. Et qui, ce faisant, assure la pérennité des collectivités qui l’habitent. C’est l’agriculture qui fait office d’ancrage. N’est-ce pas, en effet, l’agriculture qui a permis à l’homme de rompre avec son statut d’éternel nomade, toujours à la recherche de son prochain repas ?

On pourrait dire que mon enfance a été, d’une certaine façon, du genre nomade. À l’époque, mon père travaillait pour les chemins de fer. Le Canadien National (CN) se modernisait et déployait un processus de rationalisation en abandonnant une bonne partie de ses voies ferrées. C’est ainsi que la compagnie a fréquemment déplacé notre famille, de gare en gare. Aujourd’hui, je comprends mieux l’exaspération de ma mère devant les multiples déménagements : tout était toujours à recommencer. Voilà peutêtre d’où je tiens cette fascination pour l’agriculture et pour les gens qui contribuent, par le labeur de leur vie entière, à l’amélioration de leur exploitation afin de la transmettre en fin de parcours, bonifiée, à la génération suivante. Assurément, l’agriculture s’épanouit dans la continuité. Il lui faut donc des institutions de soutien qui s’inscrivent, elles aussi, dans le long terme. Or, les coopératives sont de ce nombre. Elles passent plus facilement d’une génération à l’autre que les autres types d’entreprises. Mais on aurait tort de les tenir pour éternelles. Car les coopératives ne vivent que par la bonne volonté de leurs membres et, du coup, demeurent toujours vulnérables à la négligence de ceux-ci. Nous avons vu de grandes coopératives disparaître tout autour de nous. Ce qui s’est construit patiemment pendant des décennies d’efforts peut facilement s’écrouler en quelques mois. Dans leur livre Built to Last, les auteurs James C. Collins et Jerry I. Porras ont abondamment documenté ce qui fait le succès des entreprises qui durent. Leur conclusion est simple. D’abord, il faut préserver l’essence de l’entreprise, sa base, ses valeurs – ses racines, quoi. Par ailleurs, il faut stimuler le changement, rester en mouvement, s’adapter constamment aux conditions ambiantes. À l’heure où le réseau La Coop se transforme profondément afin de demeurer pertinent, assurons-nous de rester vigilants et d’en préserver la base. Les valeurs. Les racines. C’est la première condition d’un véritable ancrage dans le temps.

PHOTO : MARTINE DOYON

COLETTE LEBEL, AGRONOME ET DIRECTRICE DES AFFAIRES COOPÉRATIVES, LA COOP FÉDÉRÉE COLETTE.LEBEL@LACOOP.COOP


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SOCODEVI Mission Colombie 2017

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2. Une des quatre formations qu’ont données Colette Lebel et son équipe. Celle-ci regroupait les formateurs et le personnel de la région de Mocoa. 3. Les régions de la Colombie où travaillent les formateurs du projet PROCOMPITE, visitées par Colette Lebel. 4. Statue anthropomorphique de la région d'Uraba. 5. Patates et charcuteries diverses, un plat typique colombien. 6. Une livraison de bananes plantains à Pereira. Il s’agit d’une des principales cultures du pays, avec celle du café. Pereira est d’ailleurs reconnue comme la région du café en Colombie. 7. Colette Lebel en compagnie d’Alexandre Robitaille-Lachance, lors d’un arrêt à Villavicencio, capitale du département de Meta, au sud-est de Bogota.

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COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2017

TEXTE DE MARIE-HÉLÈNE GAUDIN

Améliorer concrètement la vie de plus de 6000 agriculteurs colombiens, c’est ce que fait le projet PROCOMPITE, une initiative de SOCODEVI à laquelle a pris part Colette Lebel, directrice des affaires coopératives à La Coop fédérée, du 12 au 24 mars dernier. Envoyés en appui à l’équipe, composée de 70 personnes (dont environ 45 formateurs), Colette Lebel et les autres participants de cette mission avaient le mandat de diffuser auprès des responsables de la formation de PROCOMPITE un programme de « formation des formateurs », qui sera déployé ultérieurement à l’ensemble des projets de SOCODEVI. Cette mission était d’une grande importance, puisque le succès du projet PROCOMPITE repose en grande partie sur la capacité de l’équipe à bien guider les Colombiens dans

l’acquisition et l’application de nouvelles connaissances. Colette Lebel était accompagnée par Alexandre Robitaille-Lachance, conseiller en développement organisationnel au siège social de SOCODEVI, à Québec. Ensemble, ils ont parcouru les quatre zones de la Colombie où travaillent les formateurs de PROCOMPITE : San Martín, Pereira, Risaralda-Caldas et PutumayoNariño (voir carte ci-dessus). Se sont joints à eux, en cours de route, Maximiliano Sainz (à Pereira) et Paula Rueda (à Mocoa),

PHOTOS : COLETTE LEBEL, CARTE : ISTOCK

1. La municipalité de Mocoa, située dans le département de Putumayo, avant la coulée de boue tragique du 1er avril dernier, l’une des pires catastrophes naturelles que la Colombie ait connues. Heureusement, l’équipe de SOCODEVI sur place a été épargnée, mais tous n’ont pas eu cette chance : à ce jour, le bilan des victimes s'élève à 323 morts, 332 blessés et 103 disparus.


VIE COOPÉRATIVE |

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6 7 respectivement directeur technique et responsable du développement organisationnel du projet PROCOMPITE.

internationale. En fait, on ne donne pas de poisson aux gens, on leur apprend plutôt à pêcher ! »

LE PROJET PROCOMPITE

LA PASSION DE LA COOPÉRATION

Pourquoi autant d’efforts ? Parce que le projet « Renforcement de la compétitivité des entreprises associatives rurales de Colombie – PROCOMPITE » a une grande ambition. Son but est de promouvoir la croissance et le développement économiques durables en milieu rural colombien, et ainsi contribuer à améliorer les conditions de vie économiques et sociales des habitants. Pour ce faire, il mise sur l’amélioration des capacités techniques des producteurs agricoles, en s’assurant l’application des bonnes pratiques reconnues du secteur. Surtout, PROCOMPITE met des efforts importants dans le développement des compétences des entreprises associatives partenaires, grâce à une démarche de gestion du changement : l’approche PerformCoop. Cette démarche « guide la relation de partenariat entre l’équipe du projet et l’organisation appuyée ». Amorcé en mars 2014, ce projet de SOCODEVI en Colombie est d’une durée de cinq ans. À ce jour, ce sont 3000 familles qui en bénéficient, appuyées par la création et la consolidation de 25 entreprises associatives. « Ce que j’aime de SOCODEVI, c’est que lorsque le projet se termine, les pratiques mises en place continuent, explique Colette. Ce n’est pas le cas de toutes les organisations d’aide

Pérou, Bolivie, Vietnam, Ukraine, Ghana, Nigéria, Sénégal : Colette Lebel n’en est pas à sa première mission pour SOCODEVI. Chaque fois, ce sont des expériences enrichissantes. Ce voyage n’a pas fait exception. « Ce que je retiens de la mission en Colombie, c’est l’importance de l’inclusion de tous et toutes dans une équipe de travail. Chacun apporte sa contribution et, parfois, les meilleures idées viennent de ceux qui sont complètement extérieurs à la problématique soulevée, parce qu’ils ont un regard neuf, totalement objectif. Ajoutons à cela l’effet positif sur la cohésion au sein du groupe, sur la valorisation de chaque personne dont on accueille les idées, et il devient évident qu’instaurer la coopération en milieu de travail est une stratégie efficace. » La coopération, un concept auquel croit profondément Colette. Impliquée à La Coop fédérée dans l’éducation coopérative, elle ne peut s’empêcher de voir dans cette récente mission un parallèle direct avec les changements qui s’opèrent au sein du réseau. « Le plus éclairant pour moi, c’est que ce que j’ai fait là-bas avec SOCODEVI, je peux le mettre en place ici, dans le réseau La Coop ! Pour promouvoir la coopération, il faut de bons ambassadeurs. Mais ces derniers doivent être formés pour ça, et c’est là que la formation des formateurs devient pertinente. »

L’ABC DE L’ANDRAGOGIE Parce que l’on n’enseigne pas à un adulte comme à un enfant, SOCODEVI a, au cœur de sa démarche de transfert de connaissances et de compétences, une méthode andragogique adaptée aux adultes, à leurs contraintes et à leurs possibilités. Elle s’assure ainsi de lier de manière cohérente et dynamique les connaissances et leur application.

LA COOP FÉDÉRÉE ET SOCODEVI La Coop fédérée appuie SOCODEVI depuis 2002. De 2010 à 2013, Ghislain Cloutier, ancien premier vice-président de La Coop fédérée, l’a également représentée à titre de président de la Fondation SOCODEVI. La Coop fédérée, par l’entremise de ses employés, a pris part à de nombreuses missions, dont celle qu’a faite Guylaine Gagnon au Pérou, en 2016 (voir le Coopérateur de juillet-août 2016).

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À la conquête

des

marchés TEXTE DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME, ET GUYLAINE GAGNON

Propriété de La Coop fédérée depuis le 1er janvier 2015, Groupe BMR a des visées pancanadiennes. Solidement implantée dans la Belle Province, l’entreprise fondée il y a 50 ans a maintenant des tentacules dans les Maritimes et en Ontario, un marché prometteur, selon Pascal Houle, chef de la direction du Groupe.

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de La Coop fédérée, seul actionnaire de Groupe BMR, est lui aussi au Québec. Nous appartenons à une coopérative et nous allons demeurer une propriété québécoise, et nous tablerons sur ces avantages. Nous sommes également le deuxième acteur en importance pour ce qui est de la part de marché dans le secteur de la quincaillerie au Québec, après Rona. Comment les nouvelles entreprises nordaméricaines établies sur le marché québécois ont-elles changé votre façon de faire des affaires ? Le marché est dans une période de consolidation. Mais jusqu’à maintenant, la venue de ces nouvelles entreprises n’a pas eu d’impact majeur. Notre modèle d’affaires

PHOTOS : BERNARD DIAMANT

Notre modèle d’affaires est solide et nous procure un avantage concurrentiel indéniable.

Coopérateur : Le secteur de la quincaillerie est en profonde mutation : consolidation, achats en ligne, etc. Qu’est-ce qui démarque les entreprises BMR et Unimat de leurs concurrents ? Pascal Houle : BMR et Unimat sont très présentes et engagées dans toutes les régions du Québec, que ce soit par l’entremise d’une coopérative appartenant à ses membres ou bien d’un marchand privé établi depuis deux ou trois générations et impliqué dans les chambres de commerce et diverses associations. C’est une très grande différenciation et une très grande force par rapport à nos concurrents. Nous sommes également fiers d’être le plus grand quincaillier québécois. Notre siège social est au Québec, et le siège social


VIE COOPÉRATIVE |

est solide et nous procure un avantage concurrentiel indéniable. Cela dit, nous suivons de près l’évolution de nos concurrents. Des études démontrent que les consommateurs souhaitent de moins en moins effectuer leurs rénovations eux-mêmes, mais plutôt acheter un projet clés en main. Comment BMR se positionne-t-elle dans cette nouvelle tendance ? C’est vrai, les gens aiment rénover, mais lorsqu’ils achètent un plancher ou un chauffe-eau, par exemple, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir le faire installer. Le marché de la rénovation est en hausse, notamment parce que le parc immobilier vieillit. Cela dit, pratiquer la rénovation comme hobby est beaucoup moins fréquent. Et c’est une expertise que tous ne maîtrisent pas. De plus, les jeunes ne veulent pas nécessairement acheter un banc de scie ou une perceuse. Ils veulent une offre complète pour s’offrir plus de temps de loisirs. C’est pourquoi nous ferons de plus en plus affaire avec des professionnels agréés par la Régie du bâtiment pour satisfaire ces demandes clés en main, en proposant certains de nos produits à un prix qui comprendra aussi l’installation. Sur le plan technologique, qu’est-ce qui se brasse chez Groupe BMR ? Pour les achats en ligne, notamment ? Nous avons commencé par la refonte complète de notre site Web BMR, sur laquelle nous travaillons très fort actuellement. On y a investi plusieurs millions de dollars et on lancera le nouveau site au mois de mai. Une bonne partie des produits BMR y seront présentés, avec leurs prix. Pour ce qui est des transactions en ligne, elles seront en fonction fin 2017, début 2018. Le site Web Unimat et celui d’Agrizone seront également revampés sous peu, pour offrir une meilleure expérience de magasinage en ligne aux consommateurs. D’autres innovations en vue ? Chez Groupe BMR, nous avons la chance de posséder 15 magasins d’entreprise, dans lesquels nous évaluons des concepts de marchandisage et de nouvelles technologies. Nous avons récemment testé un concept de magasin intelligent à Belœil, où

l’on analysait l’impact de différentes technologies sur nos ventes. Nous avions notamment des « douches sonores » (écrans grâce auxquels on explique les caractéristiques d’un produit), des balises de proximité (promotions ou information sur des produits transmises sur téléphones intelligents par l’entremise de l’application BMR) et un hologramme (de Hugo Girard, porte-parole de BMR). Les technologies qui fonctionnent le mieux sont ensuite recommandées à nos marchands pour une implantation dans leur magasin. Parlez-nous d’Agrizone. Comment développez-vous votre offre pour les producteurs agricoles ? Agrizone est l’enseigne pour notre offre de produits agricoles. Nous avons neuf magasins spécialisés en agriculture sous cette enseigne, et plusieurs de nos marchands BMR et Unimat en milieu rural ont également un rayon Agrizone à l’intérieur de leur magasin. Cette offre agricole nous différencie de nos concurrents. L’association entre les deux enseignes s’est bien concrétisée. Les coopératives, par l’entremise de leur enseigne Unimat, gagnaient la forte image de marque d’Agrizone. De leur côté, les marchands BMR, grâce à La Coop fédérée, ont profité de la vaste expertise agricole et de la qualité des produits du réseau La Coop. Ç’a été un beau mariage, chacun y ayant trouvé son compte !

BMR EN CHIFFRES n

300 magasins

n

1 52 marchands

n

Quatre enseignes

BMR – SEGMENTÉE EN QUATRE : n

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n

MR : 120 magasins. B Établissements d’une superficie d’environ 8000 pi2, tels qu’on les connaît aujourd’hui. MR Express : de 60 à B 70 magasins. Établissements de plus petite surface, qui offrent aux consommateurs les produits de quincaillerie les plus courants, avec un service personnalisé propre aux quincailleries de quartier ou de village. MR Expert et BMR Extra : B une cinquantaine de magasins. Les BMR Expert sont des établissements spécialisés pour les entrepreneurs, comprenant notamment un parc à bois et un vaste choix de matériaux de construction. Les BMR Extra sont les plus grands magasins du groupe; ils comprennent notamment un service de décoration et une jardinerie.

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UNIMAT : 62 MAGASINS n

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n

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otvin & Bouchard : 4 magasins P au Saguenay – Lac-Saint-Jean. L’entreprise célèbre ses 85 ans cette année. grizone : 9 magasins A spécialisés dans les produits agricoles. entrepôts de distribution de 3 quincaillerie : 2 à Boucherville et 1 à Longueuil. entrepôts de distribution 4 de matériaux : Longueuil, Saint-Augustin-de-Desmaures, Rimouski et Jonquière. ombre de produits offerts : N 35 000, dont 75 % proviennent de fabricants québécois. Nombre d’employés : 1600.

LES HONNEURS AUX MERCURIADES 2017 Groupe BMR a remporté, le 24 avril, le très convoité prix Grande entreprise de l'année, ainsi que le prix Accroissement de la productivité à l'occasion de l'édition 2017 du concours d'affaires Les Mercuriades.

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BMR a récemment établi une entente avec BBQ Québec. Décrivez-nous ce nouveau partenaire. BBQ Québec est une jeune entreprise très dynamique, qui a mis sur pied un concept original et prometteur. Elle est la propriété de deux frères entrepreneurs, fils d’un de nos marchands de la région de Québec. Grâce à eux, nous allons distribuer, dans 60 de nos magasins, des produits de barbecue. Ces deux entrepreneurs ne vendent pas que des appareils, mais également tous les produits connexes au barbecue : accessoires, sauces, épices, recettes, etc. Ils organisent des concours, des dégustations et des formations. Ils touchent aussi à tout ce qui entoure l’outdooring. C’est un concept complet et unique, dans lequel pourra s’intégrer Olymel pour proposer des promotions communes. Vous avez déclaré, en entrevue à RadioCanada, que Groupe BMR compte prendre de l’expansion partout au pays. Comment allez-vous procéder ? Avant d’attaquer l’ensemble du Canada, nous voulons dans un premier temps nous développer en Ontario, où nous avons déjà sept marchands. Cette province est le plus vaste marché de consommateurs au Canada. La construction y est en forte croissance. Nous allons continuer à recruter des marchands indépendants pour les intéresser à adopter l’enseigne BMR. La

distribution de nos produits à des marchands indépendants, sans qu’ils adoptent pour autant notre enseigne, est également possible. Enfin, notre croissance pourrait aussi passer par des acquisitions d’entreprises. Toutes les options sont sur la table. Avez-vous des projets pour le reste du Canada ? Nous sommes déjà présents dans les Maritimes. Nous faisons également partie, depuis juillet 2016, du groupement d’achat canadien ILDC, qui compte 22 marchands dans tout le pays. Cette entente pourrait nous faire profiter de nouvelles occasions d’affaires, entre autres en matière de distribution de produits. Que peut-on souhaiter aux enseignes BMR et Unimat pour leurs anniversaires ? De la pérennité et du succès ! BMR a 50 ans et Unimat 40 ans. Nous avons également deux autres enseignes : Potvin & Bouchard (85 ans cette année) et Agrizone [voir l’encadré]. On veut toutes les conserver et les développer. On leur souhaite aussi, et surtout, de fêter avec les consommateurs pour les récompenser de leur soutien, en leur offrant divers concours et promotions tout au long de l’année. À cet effet, j’invite les gens à visiter nos microsites Web spécialement consacrés à notre 50e anniversaire et au 40 e d’Unimat, pour en savoir plus sur nos festivités et notre histoire [www. bmr50.co et www.unimat40.ca].


L’agriculture est un mode de vie, pour vous comme pour nous Rencontrez Jacques Au cours de ses 16 années au service de FAC, Jacques a aidé des centaines de producteurs canadiens à bâtir leurs rêves. À l’image de l’équipe FAC, Jacques connaît votre secteur d’activité et souhaite faire votre connaissance.

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Jacques DeBlois Directeur principal des relations d’affaires chez FAC


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La sagesse de

Sophie Boissonneault TEXTE DE MARIE-HÉLÈNE GAUDIN

Élue en 2016 au conseil d’administration de La Coop Unicoop – une des plus grandes coopératives du réseau La Coop –, Sophie Boissonneault ajoute une autre responsabilité à sa liste déjà bien remplie. Mais rien pour décourager cette sage entrepreneure !

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UNE RELATION GAGNANT-GAGNANT Se qualifiant de fille réfléchie, Sophie soutient que, malgré son jeune âge (elle a à peine 30 ans), elle fait sa place au sein du conseil : « Quand vient le temps de prendre des décisions, je sais poser les bonnes questions et j’amène un œil extérieur. Comme cela fait seulement un an que je suis en poste, mon inexpérience est, si l’on veut, bénéfique et provoque parfois un brassage d’idées. » D’un autre côté, Sophie reconnaît les avantages d’être administratrice : « Je vois vraiment la "machine" qu’est la coopérative. Quand on a les deux pieds dedans, on se rend compte que c’est pas mal plus gros qu’on pensait ! » Elle élargit aussi son réseau de contacts, et les discussions avec les autres producteurs l’amènent à remettre en question des pratiques dans sa propre entreprise. Décisions averties, actions réfléchies : bien sage, cette Sophie.

PHOTO : CAROLINE FOURNIER

Depuis toujours, son plan de carrière est clair : elle travaillerait en agriculture. Un plan B ? Non, pas pour Sophie, qui s’implique depuis son jeune âge – ne serait-ce que pour ramasser des pierres dans les champs des voisins. Souhaitant prendre la relève à sa sortie de l’ITA de La Pocatière, en 2007, elle voit soudain son rêve devenir incertain, puisque la ferme familiale n’est pas assez grande pour accueillir tout le monde. C’est avec son père, Michel, que Sophie réalisera son objectif. « Cette décision s’est prise d’un commun accord, avec une confiance en l’avenir et en ma passion pour mon métier », souligne Sophie. C’est ainsi qu’en 2008 elle devient copropriétaire de la ferme Belfleur 2008. Aujourd’hui, cette exploitation située à Honfleur compte 95 bêtes, dont 55 vaches en lactation. À la tête d’une florissante entreprise et mère de famille monoparentale (elle a deux jeunes garçons : Léo, deux ans et demi, et Thomas, quatre ans et demi), Sophie jongle quotidiennement avec la conciliation travail-famille. Son équilibre, elle le trouve entre autres dans la danse country, passe-temps qu’elle pratique depuis trois ans. « Ça vaut des millions en thérapie !

assure-t-elle. Cependant, la conciliation, ce n’est pas évident tous les jours. Mes parents m’aident beaucoup, ils sont tout le temps présents. » Cette affirmation prend encore plus de sens lorsqu’elle est pressentie pour se présenter au conseil par un administrateur sortant. « Je participais déjà aux activités d’Unicoop. Je me considérais comme chanceuse qu’il ait pensé à moi. » De la chance ? Non, puisque cette jeune productrice a déjà derrière elle plusieurs années d’implication, entre autres comme présidente de l’association des étudiants de l’ITA et membre administratrice de la relève de la région de Bellechasse. Une telle proposition nécessite toutefois une certaine réflexion. Ses parents, Linda et Michel, lui donnent leur approbation et acceptent de l’épauler. Elle dit oui à un premier mandat de trois ans, mais ne ferme pas la porte à d’autres – « si j’aime ça ! » précise-t-elle.


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Famille agricole de l’année

TEXTE DE CÉLINE NORMANDIN

Le concours pour le titre de Famille agricole, organisé par la Fondation de la famille terrienne, en est cette année à sa 60e édition. Et, pure coïncidence, ce titre a été remis à la famille Gauthier, qui soulignait aussi une date importante : le 60e anniversaire de l’année de fondation de la ferme familiale, à Saint-Irénée, dans Charlevoix. Depuis trois générations, les Gauthier vivent de l’élevage porcin. Leur implication en agriculture remonte toutefois bien plus loin. « C’est la reconnaissance qu’on est une famille qui vit de l’agriculture depuis cinq générations », explique Rémy Gauthier, copropriétaire. Pour la première fois, le titre a été décerné à une famille de la région de la

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Capitale-Nationale. Il souligne le succès d’une entreprise familiale située loin des grands centres, active dans une production qui connaît des hauts et des bas. Il fallait en effet être visionnaire pour se lancer en élevage porcin dans les années 1960. Mais il fallait surtout un esprit entrepreneurial, pour surmonter toutes les crises de ce secteur, bien faire vivre sa famille et réussir à transmettre aux membres de la relève une exploitation florissante. Aujourd’hui, à titre d’éleveur indépendant, la famille Gauthier est propriétaire de cinq entreprises porcines, pour une production de 25 000 porcs par année. L’une des fermes porte toujours le nom de Porcherie Roger Gauthier. À ces entreprises s’ajoutent

PHOTO : FONDATION DE LA FAMILLE TERRIENNE

Pour les Gauthier, vivre en région va de soi, tout comme l’amour de la terre et des animaux.



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UNE HISTOIRE DE FAMILLE ET D’AGRICULTURE Sur les sept enfants de Gisèle Bouchard et feu Roger Gauthier, plusieurs sont demeurés actifs dans le domaine agricole. Le plus vieux de la fratrie, Guy, est dans le domaine de la vente des produits laitiers. Ghislaine, troisième du clan, travaille comme préposée aux aînés. Parmi les autres enfants, Solange occupe les fonctions de secrétairecomptable, Marylène fait carrière dans les Forces armées canadiennes, et Amélie travaille en administration. Gilles et Rémy ont pour leur part pris la relève de la ferme familiale en 1995, et cinq membres de la génération suivante feront bientôt de même. Il s’agit de Patrice et Guillaume (fils de Gilles), ainsi que de Kéven, Anthony et Jimmy (fils de Rémy). En tout, la famille compte 24 petitsenfants et 24 arrière-petits-enfants. Roger Gauthier est originaire de SaintIrénée, et Gisèle Bouchard, des Éboulements, autre localité de la région. Roger a repris en 1956 la terre d’un oncle, où l’on cultivait et élevait un peu de tout, rappelle

Une approche en faveur de la technologie et de l’automatisation a permis de faciliter les tâches au cours des années dans les porcheries de la famille Gauthier.

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OBJECTIFS DE LA FONDATION DE LA FAMILLE TERRIENNE n

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ettre en évidence les valeurs qui conduisent la famille agricole du M Québec moderne vers la réussite tant familiale et sociale qu’économique. Favoriser la formation professionnelle des jeunes exploitants. émontrer que la ferme familiale est plus qu’un lieu de production, D mais aussi un milieu de vie. F avoriser le développement intégré de toutes les ressources, qu’elles soient agroforestières, horticoles, etc. ettre la population en général à contribution pour aider à la promotion M de la famille agricole.

Gisèle. Les sept enfants ont grandi en mettant la main à la pâte, travaillant à la porcherie construite en 1965 ainsi qu’à une autre construite deux ans plus tard, logeant 600 porcs destinés à l’engraissement. Gilles, 59 ans, et Rémy, de sept ans son cadet, ont pris la relève de l’exploitation familiale avec leurs conjointes respectives, Lynda Chouinard et Louiselle Tremblay. Gilles a quitté l’école à 16 ans pour travailler à la ferme. Rémy a quant à lui suivi un cours en mécanique, mais l’appel de la terre l’a finalement rattrapé. Ils se sont associés en 1995, un peu par la force des choses. « On voulait agrandir tous les deux de notre côté, mais les banques nous demandaient comme garantie les actifs de l’autre, font-ils savoir. On s’est dit que ça serait mieux de nous associer, avec nos conjointes. » Les deux frères n’ont jamais regretté leur décision. Ils ont même pu s’accorder dès cette année-là une fin de semaine de congé sur deux. Au début, Gilles était nerveux lorsqu’il s’absentait du travail, mais il s’est rendu compte que les travaux se déroulaient bien sans lui. « On ne retournerait pas en arrière ! » assure-t-il. Pour Rémy, pas question de travailler dans la mauvaise humeur : lors de la visite d’une porcherie, il fait plusieurs blagues et subit les taquineries de deux de ses employés. « Il faut avoir du plaisir en travaillant, sinon ça ne vaut pas la peine. » Avec le temps, les tâches se sont automatisées dans les porcheries, ce qui a grandement facilité le travail. Les Gauthier restent à l’affût des développements technologiques qui leur simplifieraient la vie, un élément essentiel pour le bon fonctionnement de l’exploitation, puisque les 25 000 porcs ne sont pas élevés sur le même site. « On ne se voit pas nécessairement tous les jours, mais on se parle au cellulaire », explique Rémy. « On se rencontre au moins une fois par semaine pour dîner ensemble »,

PHOTO : CÉLINE NORMANDIN

deux compagnies de transport et un garage de machinerie agricole. La famille cultive aussi 200 ha de terre, servant à produire de l’orge, du canola, de l’avoine et du blé, en plus de fourrages, qu’elle donne à une cinquantaine d’animaux de boucherie paissant dans un champ visible de la maison familiale. Un peu de terre à bois complète le tableau. Résultat : un chiffre d’affaires d’une dizaine de millions de dollars, pour une exploitation qui emploie 12 personnes à temps plein et 2 employés saisonniers.


VIE AGRICOLE |

ajoute Gilles. Les rencontres prennent la forme de réunions informelles pour parler de l’entreprise avec la relève. Patrice, Kéven et Anthony sont impliqués dans l’élevage. Patrice est travailleur agricole dans la ferme familiale, tandis que Kéven et Anthony sont travailleurs agricoles autonomes en production porcine dans leur propre ferme. Guillaume et Jimmy travaillent pour leur part au Garage Guy Gauthier, à Saint-Hilarion, qui se spécialise dans la réparation de machinerie agricole. Gilles est président de La Coop Agrivoix depuis 12 ans, et Rémy est administrateur à l’UPA ainsi qu’au conseil des Éleveurs de porcs du Québec. L’exemple est venu d’en haut : leur père, Roger, a lui-même été président de La Coop Agrivoix, en plus d’être président de l’UPA pendant les années 1970 et 1980. Les enfants ont suivi ses traces, développant leur initiative et leur débrouillardise. Plusieurs membres de la famille sont pompiers volontaires à Saint-Irénée. Ils se sont fait un devoir de s’engager après

l’incendie qui a ravagé une des porcheries familiales, en 1987. Ils ont aidé les services d’incendie à mieux s’équiper, pour pouvoir faire face plus efficacement à d’autres sinistres. Et il reste toujours un peu de temps pour faire de la motoneige ou de la moto – ce qu’affectionnent Gilles et Rémy. Si la famille Gauthier se dit heureuse d’avoir été désignée Famille agricole de l’année, elle est particulièrement fière qu’une entreprise en région ait mérité ce titre. Cela permettra aux gagnants des années précédentes, ainsi qu’à de nombreuses autres personnes, de visiter la magnifique région de Charlevoix. On a d’ailleurs une vue imprenable sur le fleuve par la grande baie vitrée de la maison familiale, toujours habitée par Gisèle. Les Gauthier ont choisi le Domaine Forget pour la tenue du banquet, et toute la famille a l’intention de profiter des célébrations qui souligneront son titre l’année durant. « C’est une façon de reconnaître notre travail », dit simplement la matriarche.

Visionnez la vidéo de la famille Gauthier bit.ly/2o8TdZU

FIÈRE DE S’ASSOCIER À LA DEUXIÈME SAISON

Une émission qui met en valeur l’agriculture québécoise! Les mercredis 19h et rediffusion les samedis 11h sur les ondes de TVA

Suivez le mot-clic #Arriveencampagne sur Twitter et partagez vos impressions avec nous tout au long de la saison

Partez à la rencontre des producteurs du Québec en téléchargeant l’application mobile d’Arrive en campagne

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ÇA NE TOURNE

PAS ROND...

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AU PAYS DU FROMAGE TEXTE DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME

MORANDALE HOLSTEIN 50 vaches Holstein et Holstein rouge (160 à 170 têtes) n 9530 kg de moyenne (4,1 % - 3,3 %) n Quota annuel : 450 000 kg de lait

n

Classification : vaches adultes (22 EX – moyenne de 91 points), vaches de 2e lactation (13 TB – moyenne de 86 points), primipares (16 BP – moyenne de 84 points) n 60 ha : 1 ha de maïs affourragé en vert l’automne, 59 ha de prairie naturelle www.morandale-holstein.ch

n

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Sa ferme est située à Vuadens, un village du district de la Gruyère, dans le canton de Fribourg, une région de la Suisse romande à forte concentration laitière. Le producteur touche l’équivalent d’environ 85 ¢ le litre. Avec ses 50 laitières Holstein et Holstein rouge (deux fois championnes d’Europe), il ne souffre pas trop de la suppression des quotas, survenue en Suisse en 2009, six ans avant leur abolition dans le reste du continent.

PRODUIRE PLUS ET EN FAIRE MOINS « Les éleveurs suisses, qui exploitent en général de petites entreprises, s’étaient mis à produire à plein régime pour profiter de l’ouverture des marchés, dit François

Morand. Résultat : les surplus ont fait chuter les prix. Ça ne s’est jamais redressé. » Ceux qui ne bénéficiaient pas d’une entente avec un transformateur en AOP ont été touchés de plein fouet. Ils se contentent aujourd’hui de moins de 50 ¢ le litre, alors qu’ils en récoltaient 75. Un trou béant dans le budget de ces entreprises, qui doivent composer avec le prix d’il y a plusieurs décennies. François Morand évite même d’en parler avec ses collègues producteurs de lait d’industrie. « Le sujet est tabou et fait mal », dit-il. Son entreprise, la ferme Morandale, produit la même quantité de lait qu’avant l’abolition des quotas, soit 450 000 kg. « Dans l’AOP, on a instauré des kilos de gruyère à produire par coopérative, basés sur les

PHOTO : ???

LA FIN DES QUOTAS LAITIERS EN SUISSE A MIS À MAL NOMBRE DE PRODUCTEURS. FRANÇOIS MORAND S’EN TIRE MIEUX QUE BEAUCOUP DE SES COMPATRIOTES. LE LAIT DE SON EXPLOITATION SERT À PRODUIRE LE FAMEUX GRUYÈRE D’APPELLATION D’ORIGINE PROTÉGÉE (AOP).


AFFAIRES AGRICOLES

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PHOTOS : CHRISTOPHE CHAMPION, INGIMAGE ET FERME MORANDALE

2 quotas de lait précédemment en place, explique François Morand. Les quantités sont définies et on ne peut aller au-delà. » Cette forme de contingentement a littéralement « sauvé » le prix de son lait, stable depuis les dernières années, tout comme celui des 16 autres producteurs de la société de laiterie villageoise dont il est membre. Cette coopérative transforme en gruyère tout le lait reçu et en assure la mise en marché. « Nous sommes au cœur du pays du fromage », lance François Morand. La Suisse en fabrique 450 variétés. En revanche, les taux de change en 2015 ont été défavorables aux exportations des produits laitiers suisses vers la zone euro. « Le marché suisse du lait dépend du marché de l’UE et des taux de change, à la différence des autres secteurs de l’agriculture suisse », peut-on lire dans le rapport annuel 2015 de la Fédération des Producteurs Suisses de Lait. « L’abandon du taux plancher entre l’euro et le franc suisse par la Banque nationale suisse a eu une incidence directe sur les producteurs, explique François Morand. L’appréciation du franc qui a découlé de cette mesure a pesé sur les exportations de produits laitiers suisses en Europe. La perte de compétitivité de l’industrie laitière suisse qui en a résulté, en plus de la pression des importations et des achats transfrontaliers, entre autres, a aussi fait chuter les prix au pays. Pour tenter de maintenir les prix, on nous a donc imposé, dans diverses variétés fromagères de spécialité, une restriction de production de 10 %, une première depuis 10 ans. »

1. Afin de tenter de relancer les prix, l’organisme Marketing Swissmilk a « lancé la campagne Swiss milk inside pour inciter les consommateurs à acheter du lait et des produits laitiers suisses et pour les informer sur les atouts de la provenance suisse », indique la Fédération des Producteurs Suisses de Lait. 2. La ferme de François Morand se situe à quasiment 800 m d’altitude. Peu de cultures se font dans la région. Le lait et l’élevage d’animaux sont les principales activités des exploitations agricoles.

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Le troupeau Morandale Holstein : 9530 kg de moyenne (4,1 % - 3,3 %).

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1. En plus des fourrages secs, l’alimentation du troupeau se compose de moulées, de suppléments protéiques et de minéraux, ainsi que – une spécialité en Suisse – de maïs en grain séché et cubé.

L’ABC DE L’AOP « L’appellation d’origine protégée certifie que les étapes de production, d’un fromage dans ce cas-ci, depuis la matière première jusqu’à l’élaboration du produit fini, ont lieu dans une région définie », explique François Morand. Le gruyère étant un fromage d’appellation protégée, la production de lait de la ferme Morandale est soumise à un cahier des charges strict, dont voici quelques éléments : n 75 % des fourrages doivent être produits dans l’exploitation. n Aucun aliment fermenté ne peut être servi; tout doit être affourragé à sec. L es vaches doivent avoir accès à l’extérieur en toute saison. n Interdiction de traire les vaches plus de deux fois par jour. n Certaines teneurs en composants du lait sont exigées pour la fabrication fromagère. Voir aussi www.swissmilk.ch/fr/ le-lait-suisse/notre-lait.

n

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2. Vuadens est un village situé à deux kilomètres de Bulle, où se tient l’Expo nationale Holstein. Le troupeau de François Morand s’y est distingué à de multiples reprises, ainsi que dans d’autres expositions.

PRIX DES INTRANTS ET DES TERRES Outre la turbulence des marchés et des politiques dont ils sont victimes, les producteurs suisses doivent composer avec des intrants parfois hors de prix, estime François Morand. Une simple moulée laitière coûte 750 euros la tonne. Et c’est sans parler des terres, ajoute l’éleveur. Dans la région de la Gruyère, un producteur peut payer de 60 000 à 75 000 euros l’hectare. Pour éviter une spéculation outrancière (!), l’Autorité foncière, organisme de gestion du patrimoine foncier suisse, essaie de s’assurer que ce sont bel et bien des producteurs agricoles qui achètent les terres et non de riches investisseurs, commente François Morand. La majorité du lait suisse est récolté par de grandes coopératives (Emmi, Cremo,

Hochdorf), sous contrat avec les producteurs. Nestlé, plutôt spécialisée dans la grande transformation, n’est pas une grosse acheteuse localement. « Jusqu’à récemment, le prix du lait d’industrie était fixé et connu à l’avance par les producteurs, indique François Morand. Puis en 2012, les industriels, face à la surproduction de lait, se sont mis à segmenter les approvisionnements et les prix, en exigeant entre autres une partie des livraisons dans des segments moins bien rémunérés, notamment au prix international. Ç’a été carrément la révolte. Les médias et les politiques ont le nez dans le dossier pour faire bouger les choses. » « Livrer au prix international, ce n’est pas évident, assure le producteur. Surtout dans notre pays montagneux, où les structures qui permettent d’avoir des troupeaux de 400500 vaches pour tabler sur des économies de taille sont inexistantes. L’agriculture en Suisse est encore familiale. Même les fermes de 100 ou 200 vaches sont marginales. »

SYNDICAT ET GOUVERNEMENT L’entreprise de François Morand est affiliée à la Fédération laitière du canton de Fribourg, rattachée à la Fédération des Producteurs Suisses de Lait. « Notre fédération locale rassemble les producteurs de gruyère et de lait d’industrie. Elle est mandatée pour défendre leurs intérêts. » Comment le gouvernement réagit-il face à la baisse des prix ? « Il a été partisan de l’abolition des quotas, répond François Morand, mais depuis qu’il a réalisé que les coopératives laitières segmentaient leurs approvisionnements pour gagner encore plus, il tente de redresser la situation pour aider les producteurs. »

PHOTO S : FERME MORANDALE

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François Morand ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour les multiples familles dont l’exploitation ne fait plus ses frais. On le voit ici au concours national Expo Bulle 2015 qu’il a eu la joie de juger.

LE LAIT EN SUISSE 21 765 producteurs 547 000 vaches laitières n 3,47 millions de tonnes de lait Exploitation moyenne : 25 ha, 25 vaches, 155 000 kg de lait; canton de Fribourg : 32,2 ha, 31,3 vaches, 213 000 kg de lait (Sources : Swissmilk 2014, Office fédéral de l’agriculture 2014, Fédération des Producteurs Suisses de Lait 2015)

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PHOTO : ???

Une aide qui viendra sans doute donner un coup de pouce à une relève mitigée quant à ses intentions et possibilités de succéder à la génération précédente. « En Gruyère, le transfert entre parents et enfants fonctionne, souligne François Morand. Autrement, c’est quasiment mission impossible, en raison du prix des terres et des infrastructures. » À 50 km de là, les fermes laitières tombent comme des mouches. « Dans la plaine, les producteurs se mettent aux cultures et travaillent à l’extérieur, dit-il. C’est grave et le politique tente d’arrêter l’hémorragie. Il n’avait pas pris le problème au sérieux, et là, il réalise que le savoir-faire de la production laitière d’un pays s’effrite. » Les consommateurs s’en mêlent aussi, indique l’éleveur. D’un côté, les grandes surfaces ne cessent de promouvoir l’achat local; de l’autre, les éleveurs cessent la production de lait à grande vitesse, au profit des importations extérieures. À leurs yeux, c’est l’incohérence et ça ne peut continuer. Ils veulent que l’agriculture soit soutenue. « C’est peut-être ce qui va nous sauver », espère François Morand. Sources : Rapport annuel 2015, Fédération des Producteurs Suisses de Lait; Étude sur les mesures contre les déséquilibres de marché : Quelles perspectives pour l’après quotas dans le secteur laitier européen ?, collectif d’auteurs pour le compte du ministère français de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, 2014.

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CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR TEXTE DE PHILIPPE COUTURE, AGRONOME

L’auteur Philippe Couture, agronome Conseiller spécialisé en robotique La Coop fédérée philippe.couture@lacoop.coop

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Pour apprécier la robotique et en assurer le succès, il est important de bien comprendre le comportement de la vache. Quand on respecte les besoins de base de l’animal, on peut optimiser le robot et en tirer une rentabilité maximale. Nous voulons que la vache recherche une traite volontaire efficace. D’ellemême, elle doit pouvoir et vouloir se déplacer vers le robot, librement et au moment où elle le choisit. Elle doit aussi pouvoir et vouloir se déplacer vers la mangeoire et la couche, de la même façon. Si, pour une ou plusieurs raisons, la vache est dérangée dans sa routine journalière, sa prise alimentaire, son temps de couche et son temps de traite risquent d’en être affectés. Il n’y a que 24 heures dans une journée, et la vache doit consacrer du temps à chacune de ses activités (voir le graphique 1, p. 28). Un dérangement dans l’une ou l’autre aura un impact sur sa routine et, en conséquence, sur sa productivité, peut-être même sur son état de santé. Prenons comme exemple le temps de couche. Des chercheurs ont observé, dans 17 étables en stabulation libre, que le temps moyen que la vache passait couchée dans sa logette était de 11,3 heures par jour, avec un écart variant de 2,8 à 17,6 heures (voir le tableau 1, p. 28). Quand on sait que chaque heure peut représenter jusqu’à 1,5 kg de lait, imaginez l’impact sur la production !

Et que peut-on penser de l’état de santé à moyen et long terme des vaches ayant un temps de couche inférieur à leurs besoins ? Seront-elles en mesure de garder leurs pieds et membres dans un état favorisant un bon déplacement vers le robot ? Même si l’animal est en bonne santé, que les normes du bâtiment sont respectées et que le paramétrage du robot est adéquat, il n’en demeure pas moins qu’une grande partie du succès en robotique repose sur le principe suivant : l’animal est motivé à se faire traire volontairement par son attirance pour le robot. Cette attirance est provoquée par les aliments au robot et par l’équilibre de ces derniers avec la ration de base. C’est pourquoi, dès l’arrivée des premiers robots au Québec, le réseau La Coop lançait sa gamme d’aliments Robocoop. Depuis, cette gamme s’est développée. Au fil du temps, les aliments Robocoop 20-2 et Robocoop 14-2 se sont greffés à Robocoop 20-1, à Robocoop 14-1 et au supplément Robocoop 31. Comme ces produits ne sont jamais offerts mélangés à des fourrages et qu’en plus ils doivent être savoureux au point d’attirer les vaches au robot, leur formulation nécessite des contraintes différentes et très strictes. Le but : en faire une gamme d’aliments sécuritaires sur le plan nutritionnel, puisque la vache consomme sa moulée et ses fourrages à des moments différents (il est nécessaire de limiter les chutes de pH dans le rumen).

PHOTOS : LA COOP FÉDÉRÉE ET STUDIOS DRAKKAR

DÈS LES DÉBUTS DE LA ROBOTIQUE, LE RÉSEAU LA COOP A DÉMONTRÉ SON ENGAGEMENT DANS CELLE-CI, TANT PAR SON IMPLICATION DANS LES DÉMARRAGES D’ENTREPRISES ROBOTISÉES QUE PAR SON SUIVI DE TROUPEAU. AVEC LES ANNÉES, NOUS AVONS BEAUCOUP APPRIS SUR LA ROBOTIQUE, MAIS ASSURÉMENT AUTANT SUR LA VACHE ET SON COMPORTEMENT.


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Ces aliments doivent être attirants pour l’animal et combler ses besoins, lorsqu’ils sont servis en apport complémentaire à la ration de base. En utilisant, pour ce faire, des saveurs et des stimulants d’appétit propres à ce concept ainsi qu’une qualité de cubes supérieure, la gamme Robocoop redéfinit les standards de l’alimentation en robotique. Dernièrement, cette gamme a encore évolué, et nous avons vu la pertinence d’y ajouter de nouveaux produits, qui complètent encore mieux les besoins particuliers de la vache au robot.

gras protégé de la dégradation ruminale (par les sels de calcium, par exemple) est complémentaire aux sources déjà présentes, telles que le sucre, l’amidon et les fibres solubles.

QUATRE NOUVEAUX SUPPLÉMENTS ET DEUX NOUVEAUX ALIMENTS ONT VU LE JOUR, SOIT :

LE SUPPLÉMENT COUVERTURE SYNCHRO ROBOCOOP 47

LE SUPPLÉMENT COUVERTURE SYNCHRO ROBOCOOP 32

Comme le 32, il possède un haut niveau de protéine non dégradable et un excellent profil d’acides aminés. Son taux de protéine est de 30 %, et la source de gras qu’il contient est de type C16:0, précurseur du gras du lait.

Avec 47 % de protéine, il a le taux le plus élevé de la gamme. Son contenu en protéine non dégradable est aussi le plus élevé. Ce supplément fournit à la vache des acides aminés protégés de la dégradation ruminale qui sont d’une excellente qualité.

PHOTO : GUYLAINE GAGNON

Ce dernier a un taux de protéine de 32 %, avec un haut niveau de protéine non dégradable et un excellent profil d’acides aminés. L’énergie sous forme de

LE SUPPLÉMENT COUVERTURE SYNCHRO ROBOCOOP 30

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LE SUPPLÉMENT COUVERTURE SYNCHRO ROBOSTART

LES ALIMENTS SYNCHRO ROBOCOOP 16 ET ROBOCOOP 18

Unique en son genre, il se démarque de plusieurs façons. Robostart est spécialement conçu pour stimuler la consommation des vaches et maximiser la production dans les jours suivant le vêlage. En plus des stimulants d’appétit et des saveurs, il contient des sources d’énergie, telles que fibres digestibles, fibres solubles et glycérol. Il incorpore le concept bionique, soit des vitamines protégées du complexe B, essentielles au métabolisme énergétique. De plus, un nouveau concept a été utilisé dans sa formulation : le PHP Plus. Sa fonction est d’optimiser la synthèse de protéines du lait ainsi que le métabolisme du foie. Avec un taux de protéine de 26 %, un haut niveau de protéine non dégradable et des sources de minéraux favorisant un départ fortifié, c’est un supplément de prédilection pour des départs canon !

Ces derniers viennent compléter la gamme d’aliments déjà sur le marché (Robocoop 14 et 20 %). Ils contiennent respectivement un taux de protéine de 16 et de 18 % ainsi que des sources d’énergie de haute qualité. Ces deux nouveaux aliments offrent une plus grande fenêtre de stratégies d’alimentation robotique, selon le nombre d’aliments utilisés et le type de besoins à satisfaire pour favoriser la santé, optimiser la production et maximiser les profits. Cette gamme élargie de produits est très bien adaptée et offre une excellente flexibilité pour répondre aux différents besoins des entreprises laitières en matière d’aliments au robot. Elle démontre une fois de plus le leadership du réseau La Coop en robotique de traite et, surtout, le souci de bien accompagner nos producteurs laitiers dans l’obtention d’excellents résultats technicoéconomiques.

Graphique 1 RÉPARTITION DU TEMPS JOURNALIER

Temps (h/j)

16 14

Debout

12 10 8

Couché Alimentation

6

Rumination

4 2 0

Régie -15

-10

-5

0

5

10

15

Jours vêlage Sources : (Daniels et al., 2004; Huzzey et al., 2005)

Tableau 1 Activité (N = 250)

Moyenne (heures/jour)

Plage (heures/jour)

Temps couché dans la logette

11,3

2,8 – 17,6

Temps debout dans la logette

2,9

0,3 – 13,0

Temps debout dans le couloir

2,4

0,2 – 9,4

Temps passé à boire

0,4

0,0 – 2,0

Temps passé à manger

4,4

1,4 – 8,1

Temps de traite

2,6

0,9 – 5,7

(Source : Gomez et Cook, Journal of Dairy Science, 2010)

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PHOTO : LA COOP FÉDÉRÉE

RÉPARTITION DU TEMPS CONSACRÉ AUX PRINCIPALES ACTIVITÉS


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SYSTÈME DE CLÔTURE ÉLECTRIQUE EFFICACE

POUR UN

TEXTE D’AUDREY ARTEAU, GROUPE BMR

IL EST DIFFICILE DE S’Y RETROUVER DANS L’ASSORTIMENT DE PRODUITS POUR CLÔTURES ÉLECTRIQUES OFFERTS SUR LE MARCHÉ. MAIS AVEC UN PEU D’INFORMATIONS, VOUS SEREZ EN MESURE DE FAIRE DES CHOIX ÉCLAIRÉS. CHOISIR LES BONS PRODUITS EN QUELQUES ÉTAPES FACILES Chaque système de clôture comprend un électrificateur, une mise à la terre ainsi que les pièces qui composent la clôture. En répondant à quelques questions, vous pourrez plus facilement faire le bon choix. 1. Quel type d’animaux voulez-vous contenir ou éloigner ? Le type d’animaux à contrôler déterminera la source d’alimentation de votre électrificateur et la puissance dont vous aurez besoin. 2. Quelle superficie voulez-vous clôturer ? Une fois connue la superficie totale que vous avez à couvrir, il vous faudra choisir la bonne puissance électrique (exprimée en joules) de votre électrificateur. « Plus la puissance est élevée, plus votre électrificateur portera loin le courant, dans des conditions maximales », précise Éric Boyer, directeur de territoire chez Gallagher North America. 3. Quelle source d’alimentation utiliser pour votre électrificateur ? Plusieurs types d’électrificateurs sont offerts actuellement sur le marché. Les électrificateurs 110 volts sont un choix incontournable et

économique. Certains modèles sont dotés d’une batterie d’appoint pour garantir le contrôle des animaux là où l’alimentation peut être moins fiable. Pour les endroits isolés, il est recommandé d’utiliser un électrificateur à batterie solaire ou à énergie solaire. 4. Quel type de clôture désirez-vous ? Selon vos besoins, vous avez accès à trois types de clôtures (vous trouverez en encadré le matériel nécessaire pour chacun). a. Clôture permanente : pour un contrôle de vos animaux efficace et de longue durée. b. Clôture temporaire : pour un contrôle flexible à court terme ou un élevage en rotation. c. Clôture de distancement : pour une protection de vos clôtures classiques non électriques, ce qui permet de prolonger leur durée de vie. Maintenant que vous avez les outils nécessaires pour concevoir un système de clôture électrique adéquat, visitez votre magasin BMR, Unimat ou Agrizone afin de trouver, parmi une vaste gamme de produits et d’accessoires, les articles essentiels pour clôturer votre pâturage.

PHOTO : ISTOCK

MATÉRIEL NÉCESSAIRE EN FONCTION DU TYPE DE CLÔTURE ÉLECTRIQUE TYPE DE CLÔTURE

PIQUETS

Clôture permanente

Poteaux en T Cèdre

Clôture temporaire Clôture de distancement

Piquets ronds

ISOLATEURS

FIL OU RUBAN Fil haute tension

Selon le type de piquets

Fil électrique

AUTRES RENSEIGNEMENTS S’il s’agit d’une clôture pour chevaux, utiliser du ruban électrique.

COMMENT FONCTIONNE UNE CLÔTURE ÉLECTRIQUE ?

« Un bon système de clôture électrique contrôlera vos animaux en leur donnant une décharge courte qui produira une barrière psychologique, sans pour autant les blesser », explique Éric Boyer, directeur de territoire chez Gallagher North America. Plus précisément, un électrificateur est connecté au fil de clôture et à la mise à la terre. Le courant est ensuite transmis en impulsions le long du fil. L’animal reçoit une décharge lorsqu’il touche la clôture, et le courant retourne à l’électrificateur à travers le sol par la mise à la terre.

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TEXTE DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME

1. Jean-Clément Ouellet, père de Frédéric (photo) et Étienne, a lancé l’entreprise de 5e génération dans la production de bovins de boucherie lorsqu’il n’avait que 18 ans.

La gestion quotidienne du ranch est aujourd’hui entre les mains de leurs deux fils : Frédéric, 36 ans (porte-parole de la famille aux fins de l’entrevue), et Étienne, 32 ans. Plus de 90 % des vaches de cette ferme de Saint-Gabriel-de-Rimouski sont de race Angus, et elle compte en ajouter une cinquantaine d’ici l’an prochain.

Les veaux sont finis au ranch, dans un parc d’engraissement dont les nouvelles installations ont été construites en 2011. Un modèle peu commun, qui convient bien aux entrepreneurs. « Ça va nous donner des économies d’échelle », dit Frédéric, coactionnaire de l’entreprise de cinquième génération. En outre, le modèle naisseur-finisseur,

PHOTO : PATRICK DUPUIS

2. « L’engraissement d’animaux de race presque pure, de type maternel, ne permet pas de profiter de la vigueur hybride obtenue par des croisements avec des taureaux de race terminale, indique Jessica-Guay Jolicoeur. L’avantage est cependant d’avoir des lots très uniformes. » « Et ça, c’est important lors de la mise en marché », ajoute Frédéric.

AU RANCH OUELLET, VOIR GRAND EST UN MODE DE VIE. JEAN-CLÉMENT OUELLET ET MARLÈNE MORISSETTE L’ONT ÉLOQUEMMENT DÉMONTRÉ AU FIL DES ANS. LEUR ÉLEVAGE DE 350 VACHES DE BOUCHERIE AVEC ENGRAISSEMENT A DE NOMBREUX ATOUTS POUR FAIRE BONNE FIGURE. L’EXPANSION DE LEUR ENTREPRISE A TOUJOURS ÉTÉ AU CŒUR DE LEUR STRATÉGIE D’AFFAIRES.

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PHOTO : GRACIEUSETÉ DU RANCH OUELLET

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rarissime au Québec, fait entièrement l’affaire des Ouellet. « On contrôle toute la chaîne de valeur », ajoute-t-il avec flegme et assurance. « L’exploitation va ainsi chercher tout le potentiel qu’il y a dans ses veaux et elle investit beaucoup dans la qualité de ses taureaux, une des bases de l’amélioration génétique », explique l’agronome Jessica Guay-Jolicœur, experte-conseil en production bovine pour OptiBœuf S.E.N.C. Avec ce modèle, on pourrait aussi dire que les Ouellet sont « assis entre deux chaises ». Leur élevage de 350 vaches de boucherie les positionne parmi les plus gros éleveurs du Québec. Mais en engraissant chaque année jusqu’au marché 300 bouvillons d’abattage, ils font à la fois figure de petits producteurs. « C’est une façon de faire assez exceptionnelle pour un parc de cette dimension, commente Jessica-Guay Jolicœur. La commercialisation est d’ailleurs un défi. Avec sept ou huit chargements de 40 sujets par an, plutôt que des chargements étalés sur toute l’année, il est difficile d’obtenir un prix moyen annuel. » Jeunes et ambitieux, Frédéric et Étienne n’en sont pas pour autant en porte-à-faux. Au contraire ! Visionnaires, comme leurs parents, ils n’hésitent pas à sortir des sentiers battus. « Être naisseur-finisseur demande de la patience et beaucoup de connaissances, précise Jessica-Guay Jolicœur. Il faut être bon pour faire vêler les vaches, sauver les veaux et les engraisser. » C’est à coups de 75 à 100 taures gestantes que le ranch s’approvisionne. Il le fait auprès d’un nombre restreint d’éleveurs, pour profiter d’une plus grande uniformité génétique et limiter les risques de maladies. La relève du Ranch Ouellet provient essentiellement de l’Ouest canadien, notamment de la Saskatchewan et du Manitoba. « Lorsque nous avons commencé – et c’est encore vrai –, nous voulions des easy keepers : des vaches autonomes, fertiles, avec une bonne génétique laitière et maternelle, dont les veaux ne nécessitent pas d’aide pour leurs premières tétées, explique Frédéric. Notre choix s’est alors arrêté sur des éleveurs de l’Ouest. »

2 Frédéric a déjà vécu une journée de 27 vêlages. « Pas question d’assister chacune des vaches ! » dit-il avec son rire contagieux. Au Québec, où le producteur acquiert aussi des animaux, « il est plus difficile d’acheter autant de sujets d’une même source », souligne-t-il. « Une génétique semblable permet habituellement d’offrir une meilleure homogénéité dans les lots de bouvillons en finition, soutient l’experte-conseil. L’uniformité est un facteur clé pour l’abattoir, qui doit, de son côté, approvisionner les détaillants de coupes de qualité et uniformes. »

DE LA NAISSANCE À L’ABATTAGE Il faut compter de 16 à 18 mois pour produire un bouvillon d’abattage. Un éleveur vachesveaux met en marché ses veaux à 9, 10 mois; pour le naisseur-finisseur, il faut compter de 7 à 8 mois de plus. Lorsqu’on se lance dans les affaires, il est nécessaire de disposer de bonnes assises financières. Mais une fois que la roue commence à tourner, le décalage initial se dilue et la rentabilité est davantage une question de marge bénéficiaire. « Garder ses animaux plus longtemps représente un défi supplémentaire, indique toutefois Frédéric. Le risque (pourcentage de blessures ou de mortalité) croît en fonction de la durée de séjour, et la valeur du risque (en dollars) croît avec le poids. » Par ailleurs, l’entreprise familiale possède quatre porcheries, pour un total de 4000 places d’engraissement, qu’elle loue à Olymel. Cette production a fourni, à une

L’ALIMENTATION AU RANCH OUELLET Par Jessica-Guay Jolicœur, agronome, experte-conseil, Opti Bœuf S.E.N.C. n

n

n

ACHES : ensilage, foin sec V en balles rondes et minéraux (Pro Bloc Bœuf et Transi-Bœuf) TAUREAUX : identique à celle des vaches VEAUX ET BOUVILLONS : Ration d’entrée en parc : foin sec, ensilage d’herbe, gluten sec, orge et minéraux Ration de croissance (500 à 950 lb) : ensilage d’herbe, gluten sec, orge, maïs, résidus de pommes de terre frites, pierre à chaux et minéraux Opti Bœuf Rumensin Ration de finition (950 à 1 500 lb) : identique à la ration de croissance, mais dans des proportions différentes

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REPRODUIRE LE MODÈLE Les femelles sont mises au taureau au pâturage fin juillet, début août, à un ratio mâle-femelles de 1:25. Les taureaux sont exclusivement de race Angus. Les vaches mettent bas au pâturage en mai et juin. Vaches et veaux y demeurent jusqu’en décembre, au moment de l’hivernage, ou jusqu’à ce que la neige les empêche de se nourrir adéquatement. Au sevrage, les veaux sont rassemblés au parc d’engraissement par tranche de poids. Une vache qui ne produit pas un veau chaque année est rapidement réformée. « Si je veux faire des groupes qui soient le plus uniformes possible en engraissement, je ne peux pas me permettre de décaler les vêlages », justifie Frédéric. Le taux de remplacement est de 10 %. Pourquoi des Angus ? Aux yeux de Frédéric, ce ne sont pas des bêtes difficiles à finir. Il n’est pas nécessaire de leur fournir beaucoup de maïs – dur à obtenir en région – pour leur faire faire du gain. Gestionnaire aguerri, bien au fait de tous ses coûts de production et des marchés, Frédéric utilise son téléphone intelligent comme principal outil de travail. Il y consulte tout : rations alimentaires, articles techniques et reportages, prix, données financières, etc. Homme d’action, il aime être mobile, accessible en tout temps et, surtout, parmi ses animaux. Même s’il sait que l’influence de la Belle Province dans l’industrie nord-américaine du bovin de boucherie est inexistante, Frédéric croit que le modèle québécois est viable et voué à se développer. Il cite en exemple le récent lancement du Bœuf Québec, qui vise à mettre plus de bœuf d’ici dans l’assiette des consommateurs.

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LE BOVIN DE BOUCHERIE AU QUÉBEC n

Nombre de fermes : 3000

n

Vaches en élevage : 172 000 (4 millions au Canada, 32 millions aux États-Unis)

n

n n

Vaches par ferme : 57 — 60 vaches et moins : 75 % des entreprises, 40 % des vaches au Québec (taille moyenne ± 30 vaches/ferme) — 60 vaches et plus : 25 % des entreprises, 60 % des vaches (taille moyenne 115 vaches/ferme) Parcs d’engraissement : 50 Bouvillons mis en marché : 110 000 — 3000 bouvillons et moins mis en marché annuellement : 75 % des entreprises, 40 % des bouvillons au Québec (taille moyenne ± 1500 bouvillons/ferme) — 3000 bouvillons et plus mis en marché annuellement : 25 % des entreprises, 60 % des bouvillons (taille moyenne ± 7000 bouvillons/ferme) (Source : Les Producteurs de bovins du Québec)

Plusieurs options de volières Pour plus d’information, contactez Kent Krogman: + 1 (616) 218 - 6333 Ron Wardrop: + 1 (905) 616 - 5506

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PHOTO : PATRICK DUPUIS

époque, une partie des capitaux nécessaires pour mettre sur pied l’élevage de bovins de boucherie. L’élevage génère beaucoup de fertilisant, ce qui favorise la production de fourrages de bonne qualité, essentiels à l’engraissement des bovins. Les terres en culture (foin, orge et pâturages) s’étendent sur 600 ha (1500 acres). Les Ouellet exploitent également un boisé de 325 ha, dont une érablière de 6000 entailles, qu’ils comptent faire passer à 10 000 au cours de la prochaine année.


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POULES EN LIBERTÉ : DEUX MODÈLES, UN MÊME MARCHÉ LES ŒUFS DE POULES EN LIBERTÉ ONT DE PLUS EN PLUS LA COTE AUPRÈS DES CONSOMMATEURS. VOICI DEUX EXPLOITATIONS QUI EN PRODUISENT À LEUR FAÇON.

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TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

MARYSE LABBÉ ET PATRICK LAVALLÉE PRODUISENT DES DINDONS, DES POULETS, DES POULETTES ET DES ŒUFS DE CONSOMMATION. COMME SI CE N’ÉTAIT PAS ASSEZ, ILS ONT INAUGURÉ EN DÉCEMBRE DERNIER UNE VOLIÈRE POUR LA PONTE DE LEURS OISEAUX – FAÇON COMPLÈTEMENT NOUVELLE DE PRODUIRE POUR EUX. Formés à l’ITA (campus de SaintHyacinthe), Maryse et Patrick ont une riche expertise de travail ou de direction au sein d’organismes comme le Comptoir agricole de Saint-Hyacinthe (La Coop Comax), la coopérative Exceldor et le Salon de l’agriculture, ainsi que dans le syndicalisme agricole, notamment comme producteursambassadeurs. Le couple était toutefois mûr pour un nouveau défi technicoéconomique : l’élevage et la ponte en volière. Il s’agit de cages ouvertes montées sur trois étages et dont les blocs sont séparés, d’un côté, par une allée d’inspection et d’alimentation et, de l’autre, par une allée accessible aux volatiles.

APPRENDRE À VOLER L’élevage préalable des poulettes en volière (et non en parquet) leur permet

de développer leur système musculaire afin de voler, condition essentielle pour les transférer en pondoir-volière à l’âge de 17 semaines et amorcer la ponte. La dépense énergétique associée au vol n’est pas énorme : on parle pour l’instant de 2 g de plus d’aliment consommé par jour par oiseau, sur un total de 98 à 105 g. Le taux de ponte ? Il était de 98,5 % à 26 semaines, soit le même qu’en élevage conventionnel, ce qui témoigne de la bonne adaptation des pondeuses à leur environnement. Et qu’en est-il de la ponte au sol et hors nids, plutôt que dans les nids aménagés pour la collecte mécanisée ? Pour un troupeau qui compte 15 500 pondeuses, on trouve à peine une douzaine d’œufs par jour sur le plancher, alors que ceux pondus hors nids, ramassés à la main (on pourrait

2 1. Dans certains pays européens, comme l’Allemagne, la ponte en volière est la norme plutôt que l’exception. 2. La demande d’œufs de poules élevées en liberté est réelle. La société Hellmann’s, entre autres, s’approvisionne en œufs de ce type pour ses mayonnaises (voir page 37).

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marcher ou se percher dans les unités, soit bien plus que les 748 des cages enrichies et les 465 des cages conventionnelles. En conséquence, l’entreprise de classification Nutri-Œuf offre une prime de 25 ¢ la douzaine. « Les œufs de poules en liberté sont une demande de l’industrie alimentaire, signale Patrick Lavallée. On ne voulait pas investir dans des cages enrichies, pour devoir les changer 10 ans plus tard. La volière, c’est l’avenir, selon nous ! »

BIEN-ÊTRE ET MIEUX-ÊTRE

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mécaniser la tâche, ce qui serait coûteux), sont en baisse : de 350 à environ 250 par jour, signe que les poules continuent d’explorer les lieux. Les œufs restants se retrouvent sur la courroie collectrice.

PLUS DE TRAVAIL 1. Patrick et Maryse n’ont pas le temps de chômer, avec une production annuelle de 800 000 kg de poulet de chair, 700 000 kg de dindon lourd, 90 000 poulettes blanches et plus d’un million de douzaines d’œufs, le tout sur un seul site. 2. La superficie par oiseau en volière est le double de celle en élevage conventionnel (929 cm2 contre 465 cm2). Elle commande donc une prime de 25 ¢ la douzaine d’œufs.

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Les premiers jours, il faut passer du temps à attraper les oiseaux qui rechignent à aller se percher en hauteur pour la nuit. On les envoie dans les unités d’élevage, ce qui stimule leur réflexe à pondre au nid et à trouver l’eau et l’aliment. Durant 13 nuits, les aviculteurs ont même refermé les portes des cages, pour favoriser l’acclimatation. Et s’il y avait trop de poules récalcitrantes, qui ne comprennent pas que « dodo » égale « perchoir » ? Des producteurs expérimentés, dont Maryse et Patrick ont visité les exploitations, ferment les portes le soir venu et… laissent carrément les poules en cage pendant 24 heures ! « La perte de liberté momentanée vient à bout de la délinquance ! » explique Maryse. La superficie par oiseau est de 929 cm2, en incluant le plancher et les espaces pour

Il faut voir les oiseaux faire leur toilette en se roulant dans la litière (maintenue très sèche), un comportement naturel de Gallus gallus domesticus ! Et la nuit, c’est la grande compétition pour aller se jouquer le plus haut possible, à l’abri des (inexistants) prédateurs, autre comportement inné. « Nous sommes certains qu’en leur donnant un environnement plus confortable et plus approprié, nos poules seront aussi productives, sinon plus, un peu à l’image des vaches laitières en stabulation libre », assure Maryse Labbé. Et le fumier ? Les unités comportent des courroies qui évacuent environ 85 % du volume. Les 15 % restants se retrouvent dans la mince litière, raclée partiellement de manière mécanique chaque mois. « La litière devient une sorte de sable, qui sert au bain de poussière qu’aiment faire les oiseaux pour se laver », explique Maryse Labbé. Les poules, plus calmes dans cet environnement d’élevage, interagissent plus avec l’humain, osant même exprimer de la curiosité, voire de la défiance ! « On n’a pas meilleure conscience en se couchant le soir parce qu’on élève des poules en volière, explique Maryse Labbé. On est juste heureux de relever un nouveau défi et de continuer à nourrir le monde, mais d’une autre façon. »


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DES POULES EN LIBERTÉ DANS LA VALLÉE

TEXTE ET PHOTOS DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME

À AMQUI, AU CŒUR DE LA VALLÉE DE LA MATAPÉDIA, 10 000 POULES PONDEUSES S’EN DONNENT À CŒUR JOIE POUR RÉPONDRE À UNE DEMANDE CROISSANTE DES CONSOMMATEURS. Les œufs de poules en liberté ont la cote. Avec son associé Stéphane Gendreau, le couple composé de Joël Lepage et Mireille Lavoie a misé sur cette demande prometteuse. En 2011, Joël et Mireille ont acquis la ferme laitière Couturier et frères, située à Amqui, dans la cadre d’un transfert non apparenté. De son côté, Stéphane Gendreau est aussi producteur de lait, à Rimouski. Les trois associés, excellents gestionnaires, ont toujours manifesté de l’intérêt pour la production avicole, même si le quota se fait rare outre les 6000 poules qu’offre annuellement à la relève la Fédération des producteurs d’œufs du Québec.

Concours de circonstances, en 2015, le pondoir Jos.-Jules Bélanger, à Trois-Pistoles, propriété de deux frères sans relève, cherche un acquéreur. Les associés sautent sur l’occasion. Cet autre transfert non apparenté se conclut en juin. L’entreprise Jos.-Jules Bélanger élève 5400 pondeuses en cages et possède son propre poste de mirage. Mais les nouveaux acquéreurs voient plus grand et veulent produire ce que le consommateur ne cesse de réclamer. Grâce à la mise en commun de quota que gère la Fédération pour combler la hausse de la consommation d’œufs et aider les producteurs à se développer, les trois associés en acquièrent suffisamment pour construire un

2 « RÉGIE DU LOGEMENT » Au Québec, 14 % des œufs sont produits en volière ou en parquet, 17 % en cages enrichies et 69 % en cages traditionnelles. 1. Avec deux enfants en bas âge (Rosalie et Philippe) et une ferme laitière à gérer, le couple prend tout de même le temps de pratiquer des activités de loisir et de s’offrir des vacances. Mireille est entraîneuse de volleyball et Joël entretient sa passion pour la préparation d’animaux d’exposition. 2. Huguette, fidèle employée, s'occupe de l'élevage d'une main experte. COOPERATEUR.COOP – MAI-JUIN 2017

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nouveau bâtiment de 10 000 places, à Amqui. Les fermes laitières procurent les capitaux nécessaires pour garantir l’emprunt.

VOLIÈRE OU PARQUET ?

1. Les oiseaux sont séparés par les nids, au centre, en deux groupes de 5000. Puis, de chaque côté, en deux autres groupes de 2500. 2. Les 10 000 pondeuses produisent quotidiennement près de 900 douzaines d’œufs. Les tableaux de ponte et de consommation de moulées sont rigoureusement suivis.

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Pour les producteurs, c’est le coût de construction qui a dicté le choix du mode d’élevage pour leurs poules en liberté. Mais le modèle de production en cages enrichies s’avère tout simplement hors de prix pour eux. « En volière, il faut compter de 80 à 100 $ par poule, alors qu’en parquet c’est 60 $, dit Joël. On s’en est tiré à moins de 45 $ par poule en faisant nous-mêmes plusieurs travaux. Le coût était notre priorité numéro un. » Ils ont d'ailleurs poussé à fond l’analyse financière. Résultat : le bâtiment de 38 pi de large, 325 de long et 9 de haut est une merveille de simplicité. Outre les ventilateurs et le système de chauffage au propane, on n’y trouve que quatre moteurs électriques. Il est donc peu énergivore et facile d’entretien, vu le peu de mécanique. Le 6 décembre 2016 commence l’élevage de poules en liberté. Les quelque 900 douzaines d’œufs pondus quotidiennement sont expédiées chez Groupe Nutri. Les producteurs touchent une prime de 25 ¢ la douzaine. Elle couvre une partie des coûts de chauffage supplémentaires (densité moindre et plus vaste espace d’air à chauffer) ainsi que le travail additionnel requis pour ramasser les œufs pondus au sol (2 à 6 %). À 1 pi2 (900 cm2) par poule, la hiérarchie et les possibilités d’entassement, et conséquemment de mortalité, se maîtrisent

grâce à un bon contrôle de la lumière. La gestion de la litière se fait par accumulation. Il n’y a donc pas de système d’évacuation vers une fosse externe. « Le défi, c’est de gérer la qualité de l’air, reconnaît Joël. L’ammoniac, l’humidité et le chauffage sont les trois facteurs qui l’influencent le plus. » Au besoin, en cas de contreperformances liées à la présence d’ammoniac, un système d’évacuation du fumier avec fosse pourra être aisément ajouté au bâtiment.

TENDANCES « La tendance en faveur de l’élevage en volière ou en parquet est mondiale, souligne Joël. C’est le consommateur qui dicte le marché. Les cages n’ont plus la cote, mais la Fédération ne manifeste aucune préférence. Elle défend tous les modèles et s’assure que le code des bonnes pratiques est respecté. » Avec la hausse du prix du bœuf, la demande de poulet et d’œufs augmente. L’œuf offre une des protéines animales parmi les moins chères, sinon la moins chère, indique le producteur. Et les consommateurs se tournent de plus en plus vers lui. Au Canada, Hellmann’s fabriquera sous peu toute sa mayonnaise à partir d’œufs de poules en liberté (voir cicontre). Des chaînes de restauration rapide, McDonald’s entre autres, exigent de plus en plus un approvisionnement en œufs de poules en liberté. « La tendance n’est pas dure à lire, soutient Joël. C’est pour ça qu’on a foncé làdedans. »


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PRODUITE AU QUÉBEC EN TOUTE LIBERTÉ

D’ICI 2018, TOUS LES ŒUFS UTILISÉS POUR FABRIQUER LA MAYONNAISE HELLMANN’S AU CANADA SERONT EXCLUSIVEMENT PRODUITS PAR DES POULES EN LIBERTÉ ÉLEVÉES AU QUÉBEC.

Un peu partout dans le monde, Hellmann’s, propriété de la société britannique Unilever, fabrique déjà sa mayonnaise à partir d’œufs de poules en liberté. L’entreprise a voulu faire de même au Canada, en s’associant avec le producteur et transformateur d’œufs Burnbrae, dont elle est déjà cliente. « Beco, filiale de transformation de Burnbrae située à Upton, en Montérégie, approvisionne Unilever en œufs décoquillés depuis de nombreuses années », dit Marco Nadeau, de Burnbrae. C’est Burnbrae qui a pris contact avec la Fédération des producteurs d’œufs du Québec pour connaître son intérêt à satisfaire la demande d’Unilever en œufs de poules en liberté. La Fédération a rapidement saisi l’occasion et une quinzaine d’éleveurs se sont montrés intéressés. « Pour répondre à cette demande, la Fédération a alloué un contingent additionnel spécial d’œufs de transformation de 85 000 poules, qui sera augmenté de 300 000 poules, indique Paulin Bouchard, président de la Fédération des producteurs d’œufs. Ce sont donc 385 000 poules en liberté, au Québec, qui assureront la production des œufs nécessaires à la fabrication de toute la mayonnaise de marque Hellmann’s commercialisée au Canada. » Le Québec compte une centaine de producteurs d’œufs. Ensemble, ils possèdent quelque cinq millions de poules pondeuses. Les 385 000 poules en liberté additionnelles représentent un accroissement de près de 8 % du cheptel de la province. « On n’a pas fini de faire évoluer nos systèmes de production pour nous adapter aux différents courants sociaux et exigences des consommateurs, souligne Paulin Bouchard. Il faut transformer ces défis en occasions d’affaires. »

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UNE FILIÈRE

AU PARCOURS EXEMPLAIRE TEXTE DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME

« Le succès de l’exercice 2016 de la Filière porcine coopérative témoigne des efforts déployés depuis sa fondation, en 2011 », a soutenu son président, Réjean Vermette, lors de l’assemblée générale annuelle tenue le 31 mars dernier à Saint-Agapit. Le lancement du Porc Coop, l’élaboration d’un cahier des charges assurant une viande de haute qualité, une expertise réputée, une communication efficace et le partage de la richesse entre tous les maillons ont fait la réussite de la Filière. « En incluant les ristournes, les dividendes et les primes pour le Porc Coop payés aux producteurs, La Coop fédérée a versé plus de 67 millions $ depuis 2011 aux membres de la Filière porcine coopérative », a indiqué le président de La Coop fédérée, Ghislain Gervais.

DES TRAVAUX ET DES JOURS LES GROINS D’ARGENT DÉVOILÉS Dans le cadre de son assemblée générale, la Filière porcine coopérative a récompensé du prix Groin d’argent les entreprises membres qui ont obtenu, dans six catégories, les meilleures performances d’élevage.

Pour connaître le nom des lauréats : www.porclacoop.coop

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Robert Brunet, directeur général de la Filière, a dressé le bilan des réalisations en génétique et alimentation, en logistique et approvisionnements des abattoirs ainsi qu’en développement des marchés. La Filière a fait de nombreux progrès, a-t-il souligné. Mentionnons entre autres l’amélioration de la conversion alimentaire dans la catégorie de poids de 30 à 130 kg, qui est passée de 2,32 à 2,00, entre 2014 et 2017, chez les sujets en sélection génétique. Ces gains importants contribuent à améliorer le coût de production des entreprises membres de la filière. Dans le domaine de l’innovation, Olymel, partenaire de la Filière, s’est dotée d’une

nouvelle technologie d’amélioration génétique avec l’acquisition d’un tomographe. « L’utilisation de la tomographie offre la possibilité de connaître la quantité réelle de muscle, de gras et d’os présents dans le corps de chaque sujet scanné, explique Marquis Roy, directeur technique de la production porcine chez Olymel. Le choix des meilleurs géniteurs sera plus précis, et nous escomptons des gains du côté de la conversion alimentaire pendant la croissance des porcs – un facteur très important pour les utilisateurs de notre génétique. » Du côté des partenariats, La Coop fédérée, par sa division génétique porcine Sogeporc, est devenue actionnaire de la société de génétique française Axiom, ce qui lui donne accès à un plus vaste bassin de gènes pour poursuivre l’amélioration de son cheptel de truies de race pure Landrace et Yorkshire. Par ailleurs, la Filière s’est ardemment penchée sur ce qui représente plus de 60 % du coût de production d’un porc : l’alimentation. Des économies considérables ont été réalisées dans la fabrication des aliments, et de nouveaux produits encore plus performants ont été mis au point. Pour maximiser la productivité des abattoirs, l’équipe d’approvisionnement de la Filière a mis en place le Système de gestion des prévisions et des livraisons (SGPL). Cet outil permettra une planification plus précise des arrivages dans les usines d’abattage. En outre, une nouvelle grille de poids a vu le jour, pour offrir plus

PHOTOS : LA COOP FÉDÉRÉE ET PATRICK DUPUIS

LA FILIÈRE PORCINE COOPÉRATIVE VIENT DE CLORE UNE SIXIÈME ANNÉE D’ACTIVITÉ. LES RÉSULTATS SONT EXCEPTIONNELS – NOTAMMENT, DES DIVIDENDES NETS RECORDS DE PLUS DE 10 MILLIONS $ VERSÉS À SES 204 PRODUCTEURS MEMBRES, SOIT 50 % AU COMPTANT ET 50 % SOUS FORME D’ACTIONS.


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4 5 1. « C’est la cinquième fois, dans les six ans d’existence de la Filière, que les membres reçoivent une bonification pour la production du Porc Coop. » – Ghislain Gervais 2. « Ce fut une année exceptionnelle : 10,7 millions $ seront distribués aux membres de la Filière. Malgré la baisse des prix du porc, nous avons réussi à tirer notre épingle du jeu. » – Réjean Vermette

de latitude aux éleveurs dans la planification de leurs expéditions. En 2016, les éleveurs de la Filière ont produit 1 137 051 Porcs Coop. Le développement des marchés est un travail de tous les instants. Exporté dans plus de 60 pays, le porc de la Filière trouve preneur dans des marchés de plus en plus lucratifs pour les membres, dont le Japon (avec le porc réfrigéré), qui connaît une croissance considérable depuis deux ans. Paul Beauchamp, premier vice-président d’Olymel, a pour sa part fait état des grands enjeux et stratégies de l’entreprise, qui a connu la meilleure année de son histoire et misera largement sur l’amélioration importante de sa rentabilité. Le plan 2020 comprend des investissements de 500 millions $, dont plusieurs ont déjà été réalisés, tels que les partenariats avec ATrahan et avec le Groupe Robitaille, de même que l’acquisition de Big Sky Farms, Peace Pork et La Fernandière. Le développement de marchés de niche et à valeur ajoutée est dans la mire du transformateur, tout comme de possibles acquisitions aux États-Unis. Enfin, un centre de recherche et d’innovation verra aussi le jour.

PLANIFICATION STRATÉGIQUE Avec la collaboration de ses partenaires (La Coop fédérée et Olymel), une planification stratégique (2017-2020) a été lancée. L’objectif : amener la Filière vers de nouveaux sommets en améliorant ses façons de faire (gouvernance, approvisionnement et mise en marché, performance financière à la ferme), afin de bonifier les avantages aux membres. « Les investissements pour répondre aux critères du bien-être animal représentent l’enjeu le plus critique pour la production », a indiqué Robert Brunet. D’autres enjeux stratégiques sont également sur la table, dont l’évaluation de la faisabilité et de la rentabilité de la mise en marché d’un Porc Coop au Québec. Enfin, Richard Davies, d’Olymel, a décrit les divers marchés de la viande de cet abatteur, qui représentent 2,3 milliards $ dans le porc et 900 millions $ dans la volaille. La demande mondiale est en hausse, et Olymel est bien positionnée pour y répondre. « En matière de qualité et de salubrité de la viande, la feuille de route de la Filière porcine coopérative est exemplaire », a-til souligné.

3. « Le marché intérieur pour Olymel, c’est le Canada et les États-Unis. La Chine est maintenant notre plus important marché d’exportation. » – Richard Davies 4. Pour Robert Brunet, les efforts déployés n’ont qu’un but : « développer une filière toujours plus forte et inéluctable ». 5. « Les partenariats qu’Olymel a réalisés sont un gain à la fois de capitaux et d’expertise. » – Paul Beauchamp

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ENTREPRISE HUMAINE ET RENTABLE UNE

TEXTE DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME

Depuis 2008, La Coop fédérée est propriétaire d’Agronomy Company of Canada. Cette entreprise, active principalement dans la fourniture d’intrants et de services en productions végétales, a des succursales en Ontario et dans les Provinces maritimes. The Agromart Group, fournisseur d’intrants avec lequel TVF Farms fait affaire, comprend des établissements de détail franchisés détenus en partenariat (joint venture) par Agronomy Company of Canada et les gestionnaires de ces établissements. Pour en savoir plus : agromartgroup.com/about-us.

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Cette entreprise (The VanRoboys Family Farms) cultive plus de 1000 ha en concombres, poivrons, pois, blé, maïs (sucré, éthanol, de semence) et soya de semence. C’est le terrain de jeu où, de juillet à octobre – la période de pointe –, 250 travailleurs s’activent 80 heures par semaine pour récolter et mettre en marché l’abondante moisson. Une gestion au quart de tour. « On fait une année en quatre mois, résume Murray. Mais c’est

l’hiver qu’on fait notre argent, lorsqu’on négocie les ententes avec les fournisseurs et transformateurs. » Entre en jeu l’aspect humain. « Nos employés et les gens avec qui nous travaillons sont notre plus grande richesse, dit Murray. Bien gérer ses relations d’affaires et humaines constitue une bonne part du succès. Chacun doit y trouver son compte. C’est le principe gagnant-gagnant. Nos employés, dont bon nombre viennent de

PHOTOS : KRYSTLE VANROBOYS

THE AGROMART GROUP

CHEZ TVF FARMS, CLIENTE D'AGROMART GROUP, RIEN N'EMPÊCHE DE CONJUGUER LES ASPECTS HUMAIN ET RENTABILITÉ. « LES MEILLEURS DEALS SONT CEUX OÙ TOUT LE MONDE GAGNE », LANCE MURRAY GERVAIS (PRONONCEZ « JARVIS »), RESPONSABLE DE LA PRODUCTION DANS L'ENTREPRISE DE CHATHAM, SITUÉE DANS LE SUD DE L'ONTARIO, PROPRIÉTÉ DE LA FAMILLE VANROBOYS.


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l’étranger, sont bien payés, et en retour ils sont dévoués et efficaces. Nos fournisseurs d’Agromart Group offrent conseils et prix concurrentiels en échange de volumes intéressants. Les acheteurs et transformateurs de nos produits savent que nous ne leur livrerons pas de la marchandise de deuxième ordre. Ils peuvent compter sur des légumes, grains et semences d’une qualité irréprochable. Il y a un prix pour ça. Les transporteurs font aussi partie de l’équation et ils accomplissent un travail impeccable. Tous les maillons jouent un rôle clé pour assurer le succès de cette chaîne de valeur. »

« TRAVAILLER ICI, CE N’EST PAS TRAVAILLER » « J’adore l’équipe de TVF Farms, dit Murray avec enthousiasme. Ses membres ont une éthique de travail et des processus solidement ancrés dans tout ce qu’ils font. Ici, tout le monde aime son emploi. » Jeff VanRoboys, copropriétaire de l’entreprise, est particulièrement doué pour les relations d’affaires. « Il en mange et il a du succès, souligne Murray. On mise sur les forces de chacun. » Kelly, une des sœurs de Jeff, gère le personnel d’une main experte. Quant à leur sœur Krystle, elle gère la production aux champs. Elle est également photographe – c’est elle qui a croqué les images du reportage que vous lisez.

Concombres et poivrons trouvent preneur aux États-Unis, dans des usines de transformation qui approvisionnent Burger King et Subway, notamment. La moitié des poivrons que vous retrouvez dans les sandwichs de Subway provient de la ferme. Pour demeurer en affaires, il faut également suivre les tendances. « La traçabilité en est une qui ne peut être négligée, tout comme l’adoption de normes de sécurité, notamment celles du programme CanadaGAP, indique Murray. Notre stratégie de commercialisation est de répondre aux exigences des consommateurs. » Chaque année, 200 camions de 20 tonnes chacun (moitié concombres, moitié poivrons) sont expédiés au sud de la frontière. Pois et maïs sucré sont produits à forfait pour Bonduelle, qui possède une usine à proximité de la ferme. Le maïs-éthanol est transformé en alcool dans des usines de Chatham et de Sarnia. Le blé ainsi que le maïs et le soya de semence sont acheminés chez des fournisseurs d’intrants.

4 1. « La saison de plantation des légumes commence à la mi-avril », indique Murray Gervais, responsable de la production dans l’entreprise de Chatham, dans le sud de l’Ontario, propriété de la famille VanRoboys. 2. L’entreprise possède deux appareils pour récolter les concombres. Son principal acheteur, la société Hartung Brothers, en possède six, que TVF Farms utilise. 3. Récolte des pois destinés à l’usine de Bonduelle, située à Tecumseh. 4. La récolte à la main. Un travail éprouvant, qu’effectue avec efficacité une solide équipe.

L’HISTOIRE D’UNE FAMILLE AU CHEMINEMENT PARTICULIER

« PLUS VOUS TRAVAILLEZ FORT, PLUS LA CHANCE VOUS SOURIT » C’est ce que croit Murray. Au cours des 10 dernières années, chaque fois que c’était financièrement viable, l’entreprise a pris de l’expansion. L’acquisition de 200 ha de terres a favorisé une plus grande diversité

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Tout commence avec Norm VanRoboys, il y a trois générations. Infatigable travailleur, Norm est un homme d’affaires qui, en marge de ses multiples activités, achète des terres. Son fils Don, héritier du vaste patrimoine foncier, sera producteur agricole. Deux de ses enfants, Jeff et Kelly, respectivement responsable des affaires et responsable du personnel, se sont établis avec lui dans la ferme, après avoir occupé des emplois à l’extérieur. Arrive Murray Gervais, propriétaire d’une exploitation agricole avec son père et expert-conseil auprès de l’entreprise de Don VanRoboys. En 2004, ce dernier lui propose de se joindre à TVF Farms pour gérer la production. Murray accepte et fera l’acquisition de sa propre ferme en 2006. « Les VanRoboys sont comme ma famille », dit-il. Les superficies en culture incluent aujourd’hui tant celles des VanRoboys que celles de Murray. « C’est assez unique comme relation. Il s’agit d’un regroupement d’entreprises appartenant à divers propriétaires. Nous avons tout mis en commun : les employés, l’achat d’intrants et la machinerie, pour bénéficier d’économies d’échelle. Les relations sont détendues et informelles. L’important, c’est que le travail se fasse. »

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1. Les terres comptent une bonne vingtaine de centimètres (8 po) de couche arable. Des plantes de couverture et le travail minimum du sol permettent de conserver, et même d’accroître, cette ressource vitale. 2-3. Chatham, comté de Kent. Le microclimat, soutenu par les conditions météorologiques favorables du lac Sainte-Claire, offre de 3300 à près de 4000 UTM. On recense plus de 50 cultures dans ce territoire du sud de l’Ontario, situé à trois heures de route de Toronto.

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LES CULTURES DE TVF FARMS n1 012 ha au total

(en propriété et en location)

nC oncombres de transformation :

200 ha (25 tonnes/ha)

nP oivrons : 60 ha (45 tonnes/ha) nM aïs sucré : 80 ha (Bonduelle) nP ois : 50 ha (Bonduelle) nM aïs-éthanol : 162 ha (usines

de Chatham et de Sarnia)

nS oya de semence : 243 ha nM aïs de semence : 142 ha nB lé : 20 ha

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des cultures, pour éviter que la ferme soit à la merci d’une seule source de revenus et de la fluctuation du prix des denrées de base. Les légumes procurent une rentabilité élevée et constante. « Dans le concombre, la marge brute est de près de 5000 $ l’hectare, souligne Murray à titre d’exemple. Dans le poivron, la marge nette est aussi élevée que la marge brute de certaines cultures. Dans le maïs, c’est autour de 2200 $, avec des hauts et des bas fréquents. » À ces prix, pourquoi ne pas produire plus de légumes ? « Les autres cultures assurent une bonne rotation, explique Murray. De plus, les champs ne sont pas tous propices à la production de légumes qui nécessitent un sol à texture légère.

Enfin, à près de 50 000 $ l’hectare, les terres de la région sont de plus en plus difficiles à acheter. » La lutte contre les maladies et ravageurs – le mildiou du concombre, le charançon du poivron, la pyrale du maïs ou encore le nématode à kyste du soya – est un élément clé de la réussite de l’exploitation. « On ne peut pas prendre de risque, dit Murray. Il faut traiter à titre préventif. » Le sud-ouest de l’Ontario est également aux prises avec une résistance grandissante des mauvaises herbes au glyphosate, une situation que ne peuvent ignorer les producteurs. « C’est préoccupant, et il faudra s’y attaquer », assure Murray. Toutes les décisions que prennent les gestionnaires de TVF Farms préparent les membres de la prochaine génération à prendre la relève, en occupant diverses fonctions ainsi qu’en participant à l’actionnariat. « Il faut leur transférer une entreprise rentable, adaptée aux besoins des marchés et qui assure une saine qualité de vie », estime Murray. La haute rentabilité de l’entreprise n’a de toute évidence pas évacué l’aspect humain de ses pratiques.


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POUR LA POLLINISATION DE LA CANNEBERGE Lorsqu’un producteur doit appliquer des pesticides pendant la pollinisation, il est essentiel qu’il en avise l’apiculteur le plus tôt possible. — Nicolas Tremblay, agronome

LA DÉPENDANCE AUX POLLINISATEURS POUR LA PRODUCTION DE CANNEBERGES N’EST PLUS À DÉMONTRER. SELON UNE ÉTUDE RÉALISÉE PAR LE PROFESSEUR DOMINGOS DE OLIVEIRA EN 2000, ELLE SE SITUERAIT ENTRE 80 ET 100 %. VOICI COMMENT MAXIMISER LE TRAVAIL DE CES INSECTES INDISPENSABLES. La superficie des cultures est de plus en plus grande, et les pollinisateurs indigènes ne suffisent pas à la tâche. C’est pourquoi la location ou l’achat d’unités de pollinisation – ruches d’abeilles, quads (ruches à quatre hausses) de bourdons ou dômes de mégachiles – est devenu un incontournable pour un grand nombre de producteurs, rappelle l’agronome Nicolas

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Tremblay, conseiller provincial en apiculture du Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD). Dans le cas de la canneberge, notamment, l’étude faite par Domingos de Oliveira révèle que 90 % du travail de pollinisation est directement attribuable aux abeilles domestiques. Parallèlement à l’essor de cette culture au Québec,

PHOTOS : JOHNSTON’S CRANBERRY MARSH CRANBERRY.CA

TEXTE D’HÉLÈNE COSSETTE


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l’industrie apicole s’est radicalement transformée depuis 20 ans. Et les apiculteurs – qui tirent une part croissante de leurs revenus des services de pollinisation – doivent adapter la gestion de leur rucher en fonction des besoins des producteurs. Ces derniers veulent des ruches fortes, c’est-à-dire les plus peuplées possible, explique le conseiller apicole, car la proportion de butineuses augmente de façon exponentielle avec le nombre d’abeilles d’une colonie. « Une ruche forte exige cependant beaucoup plus de soins et de surveillance de la part de l’apiculteur », remarque-t-il.

GESTION D’UNE RUCHE « Au même titre que les productions végétales, l’élevage de colonies d’abeilles est largement tributaire de la météo », souligne Nicolas Tremblay. Pour arriver au stade de développement idéal à temps pour la floraison de la canneberge, en juillet, les abeilles doivent avoir accès à du nectar et à du pollen frais le plus tôt possible après leur sortie d’hivernage, en avril. « Les ruchers localisés dans le sudouest du Québec sont nettement avantagés

à cet égard, observe-t-il. Leur développement a pratiquement un mois d’avance sur celui des colonies élevées plus au nord. » Pour sa part, l’apiculteur doit lutter contre les maladies et les parasites, en plus d’assurer le transport sécuritaire des ruches vers les sites de pollinisation. Le déplacement doit se faire à la nuit tombée, lorsque les butineuses sont toutes rentrées au bercail. Il faut que les abeilles puissent respirer librement pendant le trajet, même si les entrées des ruches sont fermées. Dans un camion ouvert, on évitera de diriger les entrées de celles-ci vers l’avant. « Plus la ruche est forte, plus les risques d’asphyxie augmentent lors du transport, observe Nicolas Tremblay. On livre habituellement des ruches contenant un maximum de 12 à 14 cadres, soit environ 18 000 à 21 000 abeilles, ce qui limite les risques tant de pertes que d’essaimage. Car si une colonie trop forte manque d’espace à l’intérieur d’une ruche, la majorité des abeilles peuvent la quitter avec la reine. C’est ce qu’on entend par essaimage. » L’emplacement des ruches sur le site de culture revêt aussi une grande importance, à la fois pour ce qui est de faciliter le travail de l’apiculteur et pour limiter l’exposition aux dérives de produits phytosanitaires. « Il faut éviter de les placer là où les vents dominants s’engouffrent », prône l’agronome.

CONTRAT DE POLLINISATION Si bien des producteurs bénéficient d’ententes informelles de longue date avec des apiculteurs, l’emploi du nouveau contrat de pollinisation, mis en place par la Fédération des apiculteurs du Québec en 2015, croît en popularité. Sa principale nouveauté concerne la standardisation des tarifs de location selon le nombre de cadres d’abeilles. « Parce qu’il garantit une qualité, ce barème avantage les producteurs », estime Nicolas Tremblay. L’agronome, qui effectue seul des inspections depuis 2009 et supervise deux équipes d’inspection dans les bleuetières depuis 2015 ainsi qu’une autre dans les cannebergières, a déjà pu constater les effets bénéfiques du nouveau contrat. « Depuis deux ou trois ans, j’ai vu la force des ruches augmenter », témoigne-t-il.

LES BESOINS DES ABEILLES Les abeilles doivent butiner une grande diversité de fleurs pour combler tous les besoins de la colonie en acides aminés, à défaut de quoi les nouvelles générations peuvent naître carencées. Dans une monoculture comme la canneberge, dont les fleurs ne produisent pas de nectar, elles chercheront inévitablement d’autres sources de ravitaillement. Des travaux de recherche du CRSAD ont démontré que fournir du sirop de sucre aux abeilles favorise la pollinisation et la fidélisation à la culture. Le spécialiste recommande également aux producteurs d’aménager des écosystèmes nectarifères diversifiés à proximité de leurs cultures. Les abeilles ont aussi des besoins importants en eau. Or les points d’eau des champs de canneberges sont souvent stagnants et contaminés par divers résidus. Nicolas Tremblay encourage donc les producteurs à installer des abreuvoirs et à y ajouter cinq grammes de sel de table par litre d’eau fraîche pour les rendre plus attrayants. Le risque d’empoisonnement des abeilles constitue un souci majeur pour les apiculteurs. « Lorsqu’un producteur doit appliquer des pesticides pendant la pollinisation, il est essentiel qu’il en avise l’apiculteur le plus tôt possible, dit le conseiller apicole. Il faut qu’il lui laisse le temps d’intervenir, que ce soit en retirant temporairement ses ruches ou en les protégeant. »

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POURQUOI LA CHINE DEMEURERA UN IMPORTATEUR MAJEUR DE PORC TEXTE D’YVES NGORBO

Fred Gale, Les importations de porc chinoises augmentent avec les coûts de production, Washington, USDA, janvier 2017.

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L’auteur Yves Ngorbo Analyste économique La Coop fédérée yves.ngorbo@lacoop.coop

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Une étude1, publiée par le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) à l’aube de 2017, montre que les coûts de production de porc en Chine sont plus élevés que ceux aux États-Unis. La différence découle des coûts liés à l’alimentation animale. Ainsi, un prix du porc plus élevé en Chine a accéléré le recours à l’approvisionnement international. Mentionnons que le prix n’est pas l’unique raison de la croissance des importations, mais constitue néanmoins l’une des principales variables (figure 1).

Il y a plus d’une décennie, le prix du porc américain et celui du porc chinois étaient à peu près similaires. Étant donné que la Chine est le premier producteur et premier consommateur de porc au monde, sa production nationale répondait aisément à la demande intérieure. La situation change entre 2007 et 2008, et on observe une augmentation de 289 % des importations chinoises. Du même coup, le prix du porc chinois est quasiment le double du prix américain. Pourquoi ?

ILLUSTRATION : INGIMAGE

L’ANNÉE 2016 AURA ÉTÉ EXCEPTIONNELLEMENT MARQUÉE PAR UNE EXPLOSION DES EXPORTATIONS DE PORC SUR LES MARCHÉS ASIATIQUES, NOTAMMENT EN CHINE. POURQUOI ? ON REMARQUE, AU COURS DES ANNÉES, UNE NETTE CORRÉLATION ENTRE LES COÛTS DE PRODUCTION ÉLEVÉS DU PORC CHINOIS ET LA CROISSANCE DES IMPORTATIONS.


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De 2000 à 2015, les prix de la farine de soya et de maïs en Chine sont de 20 à 40 % supérieurs à ceux des États-Unis. Le prix plus élevé du tourteau de soya coïncide avec une augmentation de l’importation du soya. Pour le maïs, la différence des prix est plus grande et plus variable, compte tenu de la politique de soutien interne en vigueur jusqu’en 2016, indépendamment des prix internationaux. Par conséquent, les coûts de l’alimentation animale ont presque triplé, passant de 21 à 70 $ pour 100 lb de gain de poids (figure 2, p. 48). Pendant la même période, les coûts aux États-Unis sont passés d’environ 17 à 40 $ pour le même gain de poids. Même si les prix des aliments pour animaux se sont stabilisés entre 2012 et 2014 et ont légèrement baissé dans les deux pays en 2015, le coût de l’alimentation animale en Chine était encore de 75 % supérieur à celui aux États-Unis, selon cette étude. C’est en 2016 que les importations ont de nouveau atteint un record. Si le prix élevé en Chine persiste, les exportateurs canadiens et américains, ainsi que ceux d’autres pays concurrents, bénéficieront de débouchés durables sur le marché chinois.

PRESSIONS SUR LES CAPACITÉS DE PRODUCTION LOCALE Outre l’enjeu du contrôle des coûts de production, le rapport de l’USDA révèle que

l’industrie porcine chinoise a atteint un plafond de production ces dernières années. En effet, depuis 2008, on observe une stagnation des stocks de porc. De plus, une enquête menée par le ministère de l’Agriculture de Chine prévoit une diminution de la capacité de production. Selon les chiffres du Bureau national de la statistique, la production de porc a chuté de 3,7 % en 2015 et a poursuivi sa baisse au cours du premier semestre de 2016.

LE PLAN QUINQUENNAL 2016-2020 DE L’INDUSTRIE PORCINE CHINOISE Avec la croissance accélérée de l’urbanisation, la Chine vit des crises environnementales et sanitaires qui touchent non seulement les conditions de production en zones urbaines, mais aussi la santé et le bien-être de ses consommateurs. De plus, le modèle traditionnel de production porcine à petite échelle ne parvient plus à répondre à la demande croissante. Afin de relever ces défis, le gouvernement chinois met en place des règlementations de plus en plus rigoureuses. Par exemple, dans son plan quinquennal de l’industrie porcine, la Chine propose aux producteurs des zones urbaines de se déplacer vers les zones rurales afin de limiter la pollution de l’eau. Elle préconise aussi des contrôles stricts sur l’utilisation des terres cultivées. Ce plan encourage la conversion

Figure 1 PRIX DU PORC ET IMPORTATIONS – CHINE ET ÉTATS-UNIS (2005-2016)

Dollars par 100 lb

Tonnes métriques (milliers)

250

80 70

200

60

Chine : prix de gros du porc

50

150 Prix du porc aux É.-U.

40

100

30 20

50

0 2005

Volume de porc importé par la Chine 2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

10 0

2016

Source : USDA

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des terres cultivées en fermes d’élevage et autres utilisations afin de maintenir la production de cultures vivrières considérées comme essentielles à la sécurité alimentaire nationale. Ces mesures contraignantes constitueront des limites pour la production locale à court terme. Le gouvernement chinois a aussi pour ambition de mettre en place des modèles de production industrialisée comparables à ceux des États-Unis. Pour ce faire, il Dollars par 100 lb envisage une série de mesures ciblées, dont : 1) la transformation de son secteur 250 porcin par l’augmentation de la taille des exploitations et de la productivité; 2) l’intégration de l’industrie de la viande aux 200 marchés mondiaux. Chine :Sur prix cette de groslancée, du porc la Chine encourage ses entreprises à acqué150 rir des actifs avec leurs pareilles à l’étranger pour sécuriser l’approvisionnement, améliorer l’utilisation des technologies et 100 être concurrentielles à long terme sur les 2   Rabobank, Perspectives de marchés internationaux. consommation de protéines animales en Chine, mars 2017.50

0 2005

PRÉSERVER LA COMPÉTITIVITÉ DU PORC CANADIEN Les perspectives de consommation de protéines2007 animales, le porc, demeurent 2006 2008dont 2009 2010 2011

élevées sur le marché chinois. La Rabobank prévoit que, dans les prochaines années, les importations chinoises

resteront près des niveaux observés en 2016. Cependant, la concurrence féroce des pays d’Amérique latine et d’Europe demeure un enjeu pour le Canada. Les marchés nord-américains étant saturés, il nous faudra rester vigilants sur le contrôle des coûts de production afin de demeurer compétitifs. La valeur du huard sera aussi un enjeu à surveiller, compte tenu de l’arrimage du prix du porc canadien au prix de référence américain.Tonnes Le porcmétriques canadien(milliers) se différencie déjà de celui des autres pays exportateurs 80 par sa qualité et le respect des exigences du bien-être animal. La Rabobank 2 relève 70 d’ailleurs que l’une des tendances qui vont marquer le marché chinois du porc 60 dans les prochaines années est la croissance 50 de la valeur des produits agricoles. Les exigences matière de produits de quaPrix duen porc 40 É.-U. ajoutée, deviendront plus lité, deaux valeur importantes que les volumes. 30 Comme la Rabobank, le cabinet de 20 consultants KPMG prévoit que les investissements étrangers directs des sociétés 10 chinoises productrices protéines aniVolume dede porc importé parDans la Chine males vont augmenter. ce contexte 0 d’affaires, accords pré2012 2013 des 2014 2015commerciaux 2016 férentiels présentent des solutions en vue de demeurer compétitifs et d’augmenter nos parts de marché en Chine.

Figure 2 ÉVOLUTION DU COÛT D’ALIMENTATION DES PORCS – CHINE ET ÉTATS-UNIS

Dollars par 100 lb de gain de poids 80 70 60 50 40

Fermes «supérieures» en Chine É.-U.

30 20 10 0 2000 Source : USDA

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2005

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UN PLAN D’AFFAIRES D’UNE PAGE

En moyenne, les producteurs qui ont rédigé un plan d’affaires obtiennent un rendement de l’actif cinq fois plus élevé que ceux qui n’en ont pas. Une page suffit, mais votre plan doit englober les quatre éléments suivants : 1. Orientation définie : une vision ou un objectif pour l’exploitation agricole. 2. Tendances observées : les tendances positives et négatives, indépendantes de la ferme, qui peuvent avoir ou auront une incidence sur celle-ci. 3. Mesures à prendre : que faut-il faire pour concrétiser la vision de la ferme ? Qui va faire telle ou telle tâche, et dans quel délai ? 4. Données financières choisies : les données financières et les ratios qui sont pertinents et mesurables, et qui peuvent être suivis et comparés au fil du temps (profit par acre, livres gagnées par jour, liquidité). (Sources : FAC, Rob Hannam, Synthesis Agri-Network et PledgeToPlan.ca/fr)

LE PANIC ÉRIGÉ COMME LITIÈRE DANS LES FERMES LAITIÈRES Les copeaux de bois sont rares et chers, et la culture de petites céréales pour obtenir de la paille n’enchante pas tous les producteurs. Quelles sont les options pour la litière des vaches ? Lors de la Journée d’information scientifique sur les bovins laitiers et les plantes fourragères, tenue par le CRAAQ le 28 février dernier, on a fait état des travaux d’une étudiante de l’Université Laval sur le panic érigé. Dans 10 fermes et dans 5 régions, Anick Raby a étudié cette vivace de climat chaud, lente à s’établir (2 ans avant la première récolte) mais persistante (durée de vie de plus de 15 ans), au regard de trois paramètres : situation financière, niveau de confort des vaches et compte de cellules somatiques (CCS) du lait. Résultats : l’utilisation du panic érigé comme litière n’a pas d’impact sur le confort et le CCS. Quant à la rentabilité, elle est surtout liée aux prix des cultures ajoutées ou remplacées par cette vivace plutôt qu’au rendement en panic, qui atteint facilement 8-10 t M.S./ha, sans grands besoins de fertilisation ni entretien. On notera aussi que le panic, dont la paille est plus cassante et plus abrasive que celle de céréales, ne nécessite pas de moissonneuse-batteuse ni de table à céréales, mais seulement les traditionnels équipements de récolte et de conditionnement des fourrages. Un guide du CRAAQ sur la production du panic érigé paraîtra bientôt.

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Pour bon nombre de chefs d’entreprise, le conservatisme du système bancaire canadien est une source de frustrations. C’est aussi la principale explication qui leur vient à l’esprit lorsque leur demande de prêt fait l’objet d’un refus. « Les banques ne comprennent pas les entreprises. » Mais comprendre les principes fondamentaux qui orientent les décisions des institutions financières en matière de crédit peut être un atout majeur pour l’entrepreneur qui souhaite travailler en harmonie avec ses créanciers. n Pour connaître du succès dans ses relations avec ses créanciers, l’entrepreneur doit comprendre et maîtriser l’information sur sa situation financière. n Il doit aussi estimer de façon réaliste ses besoins en crédit et s’assurer de maintenir l’équilibre financier de son entreprise. Les prêteurs utilisent des ratios afin d’évaluer le niveau de risque de l’entreprise. Ceux-ci sont différents d’un secteur de production à l’autre, et leur impact est déterminant tant sur l’approbation du crédit que sur le taux d’intérêt de l’emprunt. n D es ratios qui révèlent une situation financière saine de l’entreprise sont autant d’atouts majeurs dans la négociation de meilleures conditions d’emprunt. n L a connaissance par l’emprunteur des facteurs de risque de son entreprise et son implication dans des moyens de contrôle font également partie des critères d’évaluation utilisés par les prêteurs. n Une approche ouverte de la communication, où le dirigeant informe son banquier des développements tant positifs que négatifs pour son entreprise, permet de négocier des solutions avant que la situation ne se détériore au-delà du point de non-retour. (Centre d’expertise en gestion agricole)


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