COOPÉRATEUR | JUILLET-AOÛT 2017

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JUILLET-AOÛT 2017

Suicide chez les agriculteurs Des sentinelles à l’écoute Renégociation de l’ALENA Entretien avec Raymond Bachand

cooperateur.coop

VOTRE VIE, VOS AFFAIRES


L’agriculture est un mode de vie, pour vous comme pour nous Rencontrez Jacques Au cours de ses 16 années au service de FAC, Jacques a aidé des centaines de producteurs canadiens à bâtir leurs rêves. À l’image de l’équipe FAC, Jacques connaît votre secteur d’activité et souhaite faire votre connaissance.

1-800-387-3232

fac.ca

Jacques DeBlois Directeur principal des relations d’affaires chez FAC


SOMMAIRE ÉDITION JUILLET-AOÛT 2017

VOTRE VIE

VOS AFFAIRES

VIE COOPÉRATIVE 5 6 10 11

AFFAIRES AGRICOLES 18 Optimisme et génétique pour Véronique Guay

ENTRE NOUS Ghislain Gervais*

et Thierry Jaton de la Ferme Provetaz

MA COOP

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PAUSE PENSÉE Colette Lebel* Isabelle Bastien Barrette : conjuguer savoir et pouvoir

VIE AGRICOLE 12 Suicide chez les agriculteurs :

Buroco Holstein vise la performance L’EFFET BOEUF Bruno Langlois* DEP et Senecavirus chez les porcs — ne baissez pas la garde ! Passer du lait aux œufs, la Ferme A.V. Normand change de cap !

36 Cultiver des fraises au Bic,

des sentinelles à l’écoute

défi relevé pour Mathieu Chénard

17 Un coin travail bien pensé

39 L’application des fongicides dans le maïs-ensilage 42 Verger de Tilly, des pommes et de l’énergie à revendre 45 Élever du bétail, pas des mouches !

pour enfants futés !

AFFAIRES ÉCONOMIQUES 46 Renégociations de l’ALENA — à quoi s’attendre ? Entretien avec Raymond Bachand

48 ZOOM VOS AFFAIRES

Site Web : www.cooperateur.coop Version virtuelle : www.cooperateur.coop/magazine

* For English version, please visit our website at www.cooperateur.coop/en

Suicide

OPTIMISME ET GÉNÉTIQUE POUR VÉRONIQUE GUAY ET THIERRY JATON

des sentinelles à l’écoute

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PASSER DU LAIT AUX OEUFS LA FERME A.V. NORMAND CHANGE DE CAP !

Verger

de Tilly

DES POMMES et de l’énergie à revendre

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42

18

ALENA : entretien avec Raymond Bachand

46 COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2017

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1 an : 30 $ 2 ans : 45 $ 3 ans : 60 $ À l’étranger – 1 an : 90 $

VOLUME 46, NO 5 | JUILLET-AOÛT 2017

Directrice et rédactrice en chef Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur en chef adjoint Patrick Dupuis, agronome 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Adjointe à l’édition Marie-Hélène Gaudin 514 384-6450, poste 3513 marie-helene.gaudin@lacoop.coop Révision Georges O’Shaughnessy enr. Ont collaboré à ce numéro Eve Cayer, Ghislain Gervais, Étienne Gosselin, François Labrie, Bruno Langlois, Colette Lebel, Yves Ngorbo, Raoul Ruel

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COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2017

Graphiste Simon Fortin Webmestre Ricardo Silva

Publicité Pierre Grinsell | 450 661-8200 info@relationsmedia.ca Correspondance Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à :

Coopérateur Photographes C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Martin Blache, Eve Cayer, Pierre Cadoret, Mathieu Chénard, Tél. : 514 384-6450  |  Téléc. : 514 858-2025 Martine Doyon, Caroline Fournier, Étienne Gosselin, Courriel : cooperateur@lacoop.coop Christian Rouleau, Studios Drakkar Site web : www.cooperateur.coop Page couverture Caroline Fournier Impression Interweb Inc. Les photos, illustrations et textes publiés dans le Coopérateur et sur son site Internet ne peuvent être réutilisés sans autorisation.

Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec

PHOTOS : PATRICK DUPUIS (HAUT) GUYLAINE GAGNON (BAS)

Éditeur Jean-François Harel

Conception graphique Service de la création, La Coop fédérée

LCF COM 110347-07-17

Le Coopérateur est publié huit fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise.


ENTRE NOUS

LETTRE AU PREMIER MINISTRE GHISLAIN GERVAIS, PRÉSIDENT DE LA COOP FÉDÉRÉE, GHISLAIN.GERVAIS@LACOOP.COOP

PHOTO : MARTINE DOYON

FINALEMENT, l’excitation du premier tour de tracteur fut de courte durée, et il a fallu attendre quelques semaines avant de pouvoir achever, à toute allure, les semis. Voici l’essentiel des propos de la lettre que, dans l’intervalle, j’ai adressée au premier ministre du Canada en votre nom : Le Canada s’engagera bientôt dans la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain avec les États-Unis et le Mexique. Si nous nous réjouissons que ces négociations ne soient pas source d’inquiétude pour vous, ainsi qu’on a pu le lire dans les médias en mars dernier, vous devez savoir qu’elles sont un sujet d’importantes préoccupations pour les producteurs agricoles et l’industrie agroalimentaire du pays. Et il y a de quoi, si on compare les acteurs en présence de part et d’autre de notre frontière. La taille des fermes aux États-Unis, les milliards qui y sont versés en subventions aux exploitants et les modes de production qui y sont pratiqués défient l’imagination. En soi, cette comparaison suffirait à justifier notre inquiétude. Aujourd’hui, ce n’est cependant pas là que se situe notre propos. L’agriculture est une activité économique importante au Canada. Mais c’est d’abord et avant tout une activité profondément humaine, une histoire d’hommes et de femmes qui, souvent, d’une génération à l’autre, se sont succédé pour faire en sorte que leurs concitoyens aient accès à des produits de haute qualité. En fait, nos agriculteurs pratiquaient une économie de proximité bien avant que cette expression ne soit à la mode. L’agriculture au Canada, c’est aussi une façon particulière de concevoir notre pays. Tout en étant robuste et innovateur, notre secteur s’impose comme une partie de notre identité collective, comme le reflet de nos valeurs et du respect que nous portons, par exemple, à la famille, au territoire et à l’environnement. Chaque jour, nos agriculteurs modernisent leurs pratiques, recourent à des technologies plus performantes et plus écologiques, diversifient leur offre de produits et participent à notre rayonnement mondial. Ils font la démonstration de la pertinence d’un modèle – celui de la gestion de l’offre – qui permet aux producteurs, aux transformateurs et aux consommateurs d’y

trouver leur compte, tout en assurant la sécurité alimentaire de tous. C’est aussi ce modèle qui permet à nos agriculteurs de vivre décemment de leur métier, malgré un contexte climatique qui ajoute considérablement à leurs coûts de production et la proximité de prédateurs agroéconomiques qui rêvent de maximiser davantage leurs profits en entrant dans nos fermes et nos supermarchés, sans tenir compte du dommage que cela causerait à nos économies régionales. Le Canada s’est construit grâce à la détermination et à l’énergie de pionniers qui voulaient bâtir un monde meilleur, dans le respect des valeurs humaines les plus admirables : l’honnêteté, l’entraide, la solidarité et l’équité – des valeurs profondément ancrées chez les membres de La Coop fédérée. Et l’histoire de ces pionniers a connu un succès retentissant, jusqu’à ce jour, sans qu’on ait eu à céder au chant des sirènes des ayatollahs du libéralisme économique. En 1994, de nombreux pays convenaient d’offrir un traitement particulier à la culture dans le cadre de certains grands traités internationaux. C’est ce qu’on a appelé « l’exception culturelle », qui était destinée à faire contrepoids à l’omniprésence de la culture américaine sur la planète. Aujourd’hui, nous vous demandons de faire une « exception agricole », afin de continuer à favoriser l’épanouissement de nos concitoyens – et de leurs entreprises – qui travaillent chaque jour à alimenter le Canada. Afin, aussi, de pouvoir continuer à assurer les Canadiens que les aliments qu’ils achètent et consomment sont conformes à nos valeurs ainsi qu’aux normes de qualité et de sécurité auxquelles ils ont droit. Les choix politiques et économiques que fera bientôt le Canada sur l’autel du libre-échange auront des répercussions sur de nombreuses générations à venir. Pour cette raison, notre agriculture ne saurait être ramenée au rang de simple monnaie d’échange. Sur ce, bon été !

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LE BAS-SAINTLAURENT ACCUEILLE LE DÉFI VÉLO LA COOP 2017 C’est dans la région de Rimouski que se tiendra, les 12 et 13 août prochain, la quatrième édition du Défi Vélo La Coop, activité de collecte de fonds officielle de La Coop fédérée, de ses filiales et de son réseau. Plus de 130 cyclistes parcourront en deux jours quelque 200 km dans le Bas-Saint-Laurent, au profit d’organismes venant en aide aux gens dans le besoin. C’est sur Facebook que La Coop fédérée a diffusé sa conférence de presse (bit.ly/2rwLcv4), dans laquelle elle annonçait que l’objectif du Défi Vélo La Coop 2017 est d’amasser 100 000 $. Cette somme sera distribuée aux organisations suivantes : Centraide Bas-Saint-Laurent, l’Association du cancer de l’est du Québec, la Ressource d’aide aux personnes handicapées du Bas-Saint-Laurent–Gaspésie– Îles-de-la-Madeleine et la maison de répit Au cœur des familles agricoles. « Je lance

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un appel à tous à visiter le site Internet du Défi Vélo, à l’adresse defivelolacoop. coop pour faire un don », a déclaré Gaétan Desroches, chef de la direction de La Coop fédérée, qui prendra lui-même part à l’activité. Grâce à ce défi sportif, les employés de La Coop fédérée, de ses divisions et des coopératives du réseau, ainsi que les producteurs agricoles membres, auront la possibilité de vivre une expérience unique d’entraide, de coopération et de santé. Ce sera aussi pour eux l’occasion de visiter, dans la région d’accueil, des entreprises agricoles, des coopératives et des établissements commerciaux du réseau, tout en contribuant à des causes qui leur tiennent à cœur. Merci pour votre générosité ! Photo : Gilles Blaquière, directeur général de La Coop Purdel; Gaétan Desroches, chef de la direction de La Coop fédérée; Marc Parent, maire de Rimouski; et Laurent Proulx, président de La Coop Purdel. Ils étaient réunis pour donner le coup d’envoi de la collecte de fonds du Défi Vélo La Coop 2017.

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PIQUE-NIQUE HOLSTEIN : LA COOP SERA PRÉSENTE Le 15 juillet prochain, le Club Holstein de Beauce accueillera la 72e édition du Pique-nique Holstein Québec, qui se tiendra à la Ferme Buroco Holstein, à Beauceville. Le réseau La Coop sera, encore une fois, partenaire principal de cette activité. Venez rencontrer ses experts sous le chapiteau et prendre une photo mémorable dans le photomaton La Coop !

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PRÉ-VERT ACQUIERT DEUX NOUVEAUX DÉPANNEURS La Coop Pré-Vert a récemment acquis deux nouveaux commerces : le Dépanneur GS Paquin, qui constitue la première succursale de la coopérative à Danville, ainsi qu’un autre dépanneur situé dans le même local que sa quincaillerie de Chesterville. Ces acquisitions visent à offrir aux résidants et aux membres une gamme plus

4 complète de produits et services. La Coop Pré-Vert possède cinq succursales BMR, cinq stationsservice et, maintenant, tout autant de dépanneurs. La Coop Pré-Vert compte plus de 3800 membres auxiliaires et près de 300 membres ordinaires répartis dans plusieurs municipalités sur son territoire telles qu’Asbestos, Chesterville, Kingsey Falls, Wotton et Tingwick. Le chiffre d’affaires de la coopérative avoisine les 30 millions $. Crédit photo : La Coop Pré-Vert. De gauche à droite : Nathalie Duchesne, contrôleur pour La Coop Pré-Vert; Christine Chabot, gérante du dépanneur; Olivier Gagnon, directeur général de La Coop Pré-Vert; Guylaine Lussier, gérante des succursales BMR de Chesterville et Tingwick; et Alain Simoneau, ancien propriétaire du dépanneur de Chesterville.

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PURDEL FAIT L’ACQUISITION D’UNE STATIONSERVICE La Coop Purdel a fait l’acquisition, le 1er mai 2017, d’une nouvelle station-service, située à Rimouski. Il s’agit du dépanneur Jessop Esso – Au paradis de la bière. Autrefois


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5 sous l’enseigne Esso, cette station-service est maintenant exploitée, depuis le 1er juin, sous les enseignes Sonic, pour l’essence, et Super Soir, pour la partie dépanneur. Selon Gilles Blaquière, directeur général de La Coop Purdel, « les ressources en place seront conservées, et La Coop Purdel poursuivra les activités de la station-service comme c’est le cas actuellement ». Les clients pourront y retrouver la même équipe, la même variété de produits et la même qualité de service. Ainsi, vous pourrez y découvrir ou redécouvrir la plus grande diversité de bières artisanales offertes dans la région de Rimouski, ainsi que huit lave-autos manuels, trois lave-autos automatiques, un lave-toutou et un service d’autopropane.

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BMR NOMMÉE GRANDE ENTREPRISE DE L’ANNÉE Groupe BMR a remporté le très convoité prix Grande entreprise de l’année, ainsi que le prix Accroissement de

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la productivité, à l’occasion de l’édition 2017 du concours d’affaires Les Mercuriades. Ces prix soulignent le travail accompli par les différentes équipes de Groupe BMR afin de servir deux fois plus de marchands après son acquisition par La Coop fédérée, en 2015. « Passer de 170 marchands à plus de 325 met une grande pression sur les systèmes opérationnels et logistiques d’une organisation », a dit Sylvie Tardif, vice-présidente aux opérations et à la logistique. La stratégie déployée a été implantée en un temps record de quatre mois et a assuré la satisfaction des marchands, en leur permettant d’offrir le meilleur service qui soit aux consommateurs. Cette amélioration des processus s’est également traduite par une réduction considérable des coûts. Pour Groupe BMR, qui célèbre cette année son 50e anniversaire, ces marques de reconnaissance confirment qu’après toutes ces années il est toujours une référence en matière de rénovation.

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« Je crois que les six membres fondateurs seraient fiers du chemin parcouru, mais surtout qu’ils seraient fiers de constater que le réseau qu’ils ont créé continue de grandir et est aujourd’hui plus fort que jamais », a déclaré le chef de la direction, Pascal Houle. Pour le chef de la direction de Groupe BMR, Pascal Houle (au milieu de la photo, tenant le grand trophée baptisé L’Envol), les six membres fondateurs seraient fiers de constater que le réseau qu’ils ont créé continue de grandir et est aujourd’hui plus fort que jamais.

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BELLE PRÉSENCE DE LA COOP AU SALON DU CHEVAL Les 5, 6 et 7 mai dernier, près de 16 000 passionnés de chevaux ont franchi les portes du septième Salon du cheval de Saint-Hyacinthe, rendez-vous annuel incontournable des professionnels et des amateurs. Impliqué dans ce salon pour une sixième année, le réseau La Coop était commanditaire de la présentation des chevaux d’élevage. Les adeptes de la race

équine ont pu admirer de magnifiques spécimens. Au coloré kiosque La Coop, les experts ont profité de l’évènement pour dévoiler certains détails sur le lancement prochain d’un nouveau supplément spécialisé pour chevaux : le Biopod, conçu pour favoriser la saine croissance et l’intégrité des sabots. Des experts équins venus de plusieurs régions du Québec étaient également sur place pour discuter avec les visiteurs d’alimentation équine et de stratégies d’élevage, en plus de faire connaître les services offerts par le réseau ainsi que les aliments Célébrité. L’équipe de Groupe BMR, avec sa gamme Agrizone, participait aussi au salon, dans le but de démontrer son expertise dans le domaine de la quincaillerie agricole et des équipements équestres. Pour en apprendre plus sur l’alimentation des chevaux, visitez le site Celebrite.coop. Photo : Carolane Lachance, de La Coop Univert, et Andréanne Lasalle, Mathieu Campeau et Benoit Lavallée, de La Coop Comax, en compagnie de propriétaires de chevaux.



PAUSE-PENSÉE

ET SI ON SE FAISAIT CONFIANCE ?

UN DES PLUS beaux apprentissages que j’ai pu

La théorie nous enseigne qu’on peut et qu’on doit faire confiance au groupe, en lui attribuant les compétences dont on désire qu’il fasse preuve.

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faire, depuis mes débuts en éducation coopérative, est lié à la confiance. Au fil des ans, j’ai pu constater la force et l’intelligence des groupes. Dans mon rôle d’animatrice de formations, par exemple, j’ai appris à diminuer mon temps de parole pour laisser de plus en plus de place aux participants. Cela demande, bien sûr, un certain lâcher-prise, qui génère parfois un peu d’anxiété. Car on aime bien avoir et garder la maîtrise des choses. C’est tellement sécurisant. On se sent en pleine possession de la situation. Mais cette soif de contrôle prive tout le groupe d’une belle occasion d’enrichir son expérience. À cet égard, les notions de pédagogie coopérative m’ont été très utiles. En effet, la théorie nous enseigne qu’on peut et qu’on doit faire confiance au groupe, en lui attribuant les compétences dont on désire qu’il fasse preuve. C’est ce qui m’est revenu en tête, le mois dernier, lorsque j’ai délégué à un groupe de collègues la présentation d’une conférencemidi sur l’éthique. Cette conférence devait servir à communiquer aux employés et dirigeants les travaux que nous avions faits, depuis un an, au sein d’une communauté d’apprentissage que j’avais moi-même mise en place. Je m’en sentais donc responsable, mais je leur avais laissé l’initiative de la conférence. J’avoue que je suis passée par quelques moments d’angoisse. Seraient-ils en mesure de bien vulgariser un sujet aussi complexe que l’éthique ? Et comment allaientils présenter tout le travail que nous avions accompli pendant un an ? Il s’agissait de notre reddition de compte, en quelque sorte… Je me répétais comme un mantra : « Fais confiance au groupe. » La conférence a été un succès. Les exposés des collègues ont été clairs, riches et complémentaires les uns aux autres. Jamais je n’aurais pu atteindre un tel degré d’efficacité toute seule derrière un micro. Encore une fois, le groupe s’était avéré bien supérieur à la somme de ses parties. Quelques jours plus tard, j’ai écouté avec intérêt le témoignage de Colette Roy Laroche

au Sommet international sur la confiance dans les organisations. Cette femme est, rappelons-le, l’ex-mairesse de Lac-Mégantic qui, en 2013, a été projetée à l’avant-scène lors du déraillement d’un convoi de wagonsciternes transportant du pétrole. Quarantesept vies ont été fauchées et le centre-ville détruit. Reconnue pour sa stature devant la tragédie et son leadership inspirant, la dame nous a expliqué comment elle avait géré la crise au moyen d’une démarche de participation citoyenne. Soixante-dix personnes de différents milieux ont d’abord planifié le processus de participation. Ensuite, 500 citoyens ont été mis à contribution pour réfléchir à l’avenir de la ville. Mais tenez-vous bien : on ne leur a pas présenté un projet déjà ficelé, non. La démarche a débuté avec une page blanche. Et une simple question : « Comment rêvez-vous votre ville, maintenant ? » La mairesse estimait que cette crise devait permettre aux Méganticois de se renouveler et de reconstruire leur ville, en mieux. Pendant 15 mois de rencontres, où dessins, réflexions et recadrages ont été coconstruits, les citoyens ont rêvé et planifié la reconstruction de leur ville. Disons-le clairement : faire confiance au groupe n’est pas toujours facile. Cela demande du courage, une bonne dose d’humilité et un certain sens du collectif. Henry Mintzberg, professeur de renommée internationale de l’Université McGill, déclarait récemment : « L’individualisme ne garantit nullement le succès, loin de là. La clé, c’est de prendre conscience que nous sommes des animaux sociaux. Comme disait Aristote : nous avons besoin des autres pour nous épanouir, et donc réussir. Bref, il nous faut renouer avec l’esprit de communauté. » Je crois que chaque fois que j’ose faire confiance au groupe et que je lui reconnais une intelligence qui lui est propre, c’est cet esprit de communauté que je sollicite et qui se manifeste. Il se produit alors quelque chose de mystérieux et de lumineux. Quelque chose qui donne le goût de croire qu’ensemble tout est possible.

PHOTO : MARTINE DOYON

COLETTE LEBEL, AGRONOME ET DIRECTRICE DES AFFAIRES COOPÉRATIVES, LA COOP FÉDÉRÉE COLETTE.LEBEL@LACOOP.COOP


VIE COOPÉRATIVE |

ADMINISTRATRICE DE LA COOP PROFID’OR

Isabelle Bastien Barrette conjugue savoir et pouvoir TEXTE DE MARIE-HÉLÈNE GAUDIN

PHOTO : CHRISTIAN ROULEAU

Quand savoir-faire et savoir-être sont réunis, le succès est au rendez-vous. Voilà qui décrit parfaitement le parcours d’Isabelle Bastien Barrette, administratrice relève à La Coop Profid’Or. Déterminée, dynamique et qualifiée, cette jeune entrepreneure voit loin. Originaire de l’Abitibi-Témiscamingue, rien ne destinait Isabelle à la vie agricole. À l’Université McGill, elle fait la connaissance de son futur mari, Rémi Ouellet, étudiant en agroéconomie. Baccalauréat en nutrition humaine en poche, elle travaille à temps partiel à la ferme avec son conjoint. Rapidement, son intérêt pour l’entreprise devient flagrant. « Entre mes clients en nutrition, j’apportais des dossiers de la ferme. J’ai fait cela un an et demi avant de décider de m’y consacrer à temps plein. Je ne savais pas dans quoi je m’embarquais, mais j’étais motivée par ce défi, par l’envie de bâtir ma propre entreprise, par ce mode de vie ! » affirme-t-elle. Aujourd’hui, l’agricultrice et son conjoint sont les principaux actionnaires de Bœuf Lanaudière, parc d’engraissement de 1700 têtes en location à Saint-Paulde-Joliette. Isabelle travaille aussi à la Ferme J.R.D.L., parc d’engraissement d’une capacité de 1200 bovins situé à Sainte-Élisabeth. Elle s’implique également, avec son mari et ses beaux-parents (Josée Rainville et Denis Ouellet), dans la ferme Domaine du Parc : 360 ha biologiques, sur lesquels on cultive céréales, soya, maïs et légumes. « Je veux inclure mon bagage de nutritionniste dans les cultures biologiques, pour me rapprocher de plus en plus du consommateur », explique-t-elle. L’improvisation, très peu pour Isabelle. La jeune productrice n’hésite pas à acquérir les formations nécessaires au développement de ses entreprises. Elle et Rémi ont fait partie de la première cohorte du cours d’entrepreneuriat agricole de l’Université Laval. « Une de mes forces est de savoir m’entourer de professionnels, souligne Isabelle. Rémi et moi faisons aussi partie du Groupement des chefs d’entreprise en couple. » Bilingue, méthodique et bonne communicatrice, elle a les qualités pour atteindre ses buts. La preuve, elle a remporté le prix Desjardins Entrepreneurs 2015 pour le Centre-du-Québec, catégorie Fonds coopératif d’aide à la relève agricole.

C’est avec le même sérieux qu’elle se présente au poste d’administratrice relève à La Coop Profid’Or en 2016. « Je faisais partie, à ce moment, du CA de la Relève agricole de Lanaudière. Cela m’intéressait beaucoup. » Aux yeux d’Isabelle, c’est une expérience de vie incroyable pour une entrepreneure. « Être membre du CA de La Coop Profid’Or contribue grandement à mon épanouissement professionnel. J’ai plus confiance en moi, en mes capacités. » Robert Perreault, président de la coopérative, se réjouit de la présence d’Isabelle. « Avoir un élément comme elle autour de la table, c’est merveilleux ! Sa formation aussi est un plus. Le fait d’avoir plusieurs générations au sein du conseil amène un dynamisme incroyable ! » Depuis son élection, Isabelle encourage sa coopérative à être plus impliquée dans le secteur des grandes cultures biologiques. « Avant, j’étais la seule de cette production autour de la table; maintenant, nous sommes deux. C’est important : je pense que c’est l’avenir ! » ajoute-t-elle. À propos d’avenir, le sien s’annonce très prometteur, puisqu’Isabelle mettra dès l’été toute sa belle énergie dans une nouvelle aventure, celle de la maternité. COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2017

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Quelqu’un

pour m’écouter Fin 2016, le suicide de Rudy Ducreux, fromager de Saint-Basile de Portneuf et propriétaire de la Ferme Ducrêt, a provoqué une véritable onde de choc dans le milieu agricole. Cette tragédie est venue relancer l’urgence de mettre en place davantage de mesures de prévention du suicide.

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ILLUSTRATION : ISTOCK

TEXTE DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME


VIE AGRICOLE |

Nombre de producteurs sont au bout du rouleau, émotionnellement et professionnellement. Les facteurs de stress qu’ils vivent se multiplient. Dettes, insécurité des marchés, prix à la baisse, dévalorisation de la profession, effritement du tissu social, normes à respecter, paperasse interminable. Ajoutons à ces éléments perturbateurs certaines fragilités génétiques et biologiques ainsi que les maladies mentales, l’anxiété et la dépression, notamment, qui peuvent affecter les agriculteurs au quotidien et potentialiser une crise suicidaire. Un sondage réalisé en juin 2016 par l’Université de Guelph auprès de 1100 producteurs agricoles du Canada a révélé que 45 % d’entre eux vivaient un niveau élevé de stress, 58 % devaient composer avec l’anxiété et 35 % souffraient de dépression. Beaucoup ont également dit souffrir d’épuisement. Ces données corroborent celles de Ginette Laf leur, doctorante en psychologie et coauteure de l’Enquête sur la santé psychologique des producteurs agricoles du Québec, publiée en 2006. Celle-ci révélait entre autres que près de la moitié des producteurs souffraient de détresse psychologique. Ginette Lafleur, également deuxième vice-présidente de l’organisme Au cœur des familles agricoles, constate que d’importants progrès en matière de sensibilisation et de prévention ont été réalisés depuis. « On parle plus librement et avec moins de tabous de détresse et de suicide, soulignet-elle. Les moyens de prévention sont plus nombreux. Les mailles des filets de sécurité se sont resserrées. » « Les cas d’anxiété, d’épuisement professionnel et de dépression ont augmenté au cours des 20 ou 30 dernières années, soutient pour sa part Pierrette Desrosiers, psychologue bien connue du milieu agricole. Je le vois clairement dans ma pratique. Des agriculteurs qui étaient des modèles de résilience me confient aujourd’hui à quel point ils sont rendus fragiles, vulnérables. » Pour certains, le désespoir est si profond qu’ils s’enlèveront la vie, car ils ne voient plus rien à quoi se raccrocher. Un désespoir parfois exacerbé par la toxicomanie, la perte d’un proche, la maladie…

Pierrette Desrosiers tient à préciser que l’information selon laquelle le suicide est deux fois plus fréquent dans la population agricole que dans le reste de la société ne s’appuie pas sur des données récentes. « Bien sûr, tous les suicides sont de trop. »

CE QUI MÈNE AU DÉSESPOIR Les trajectoires sont multiples. Après une accumulation de stress arrive un élément déclencheur. Il n’en faut qu’un seul. D’autres endurent la détresse pendant des années. Puis, à force de tenter de trouver des solutions, ils ont l’impression que l’entonnoir se rétrécit et en viennent à ne plus voir d’issue. C’est l’impasse. Parmi les déclencheurs importants, il y a la rupture conjugale, surtout chez l’homme (dans 80 à 85 % des cas, c’est la femme qui met fin à la relation). Et les problèmes économiques – pas nécessairement la faillite, mais la personne s’enfonce, les créanciers appellent, et elle a l’impression qu’elle ne s’en sortira pas. La mort, la maladie d’un proche ou même sa propre maladie sont d’autres déclencheurs qui peuvent potentialiser la crise suicidaire. Les personnes très impulsives sont plus sujettes à passer à l’acte. Les adolescents sont particulièrement à risque. L’Association canadienne pour la santé mentale indique qu’au Canada « le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes, derrière les accidents de la route ». « On pense à tort que les gens qui se suicident sont toujours en dépression, signale Pierrette Desrosiers. Il y en a qui n’ont pas eu le temps d’être en dépression. »

LES SENTINELLES DE RANG « Depuis un an, à la demande de l’UPA, des personnes qui travaillent en agriculture sont formées par l’Association québécoise de prévention du suicide [AQPS] pour devenir des sentinelles à l’affût de la détresse », fait savoir René Beauregard, directeur général de l’organisme Au cœur des familles agricoles. « L’AQPS a collaboré étroitement avec l’UPA, dans le cadre du Plan d’action provincial en matière de santé psychologique des agriculteurs, pour mettre sur pied et déployer la formation Agir en sentinelle pour la prévention du suicide – Déclinaison agricole »,

PEUT-ON ÉVITER L’INÉVITABLE ? Si le suicide compte parmi les principales causes de mortalité dans le monde, il ne figure toujours pas au rang des priorités de santé publique. L’Organisation mondiale de la santé urge les gouvernements à mettre sur pied des mesures de prévention. Au Canada, 10 personnes se suicident chaque jour (3 au Québec), selon l’Association canadienne pour la santé mentale. Elle souligne que 9 fois sur 10 le suicide est lié à une forme de trouble mental : dépression majeure, toxicomanie, schizophrénie, troubles bipolaires… (Sources : OMS et Association canadienne pour la santé mentale)

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Le suicide, la détresse, ça n’arrive pas qu’aux autres. Ce n’est pas être faible que de demander de l’aide. — René Beauregard, directeur général de l’organisme Au cœur des familles agricoles

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souligne Pierre-Nicolas Girard, consultant pour l’Union des producteurs agricoles. Adaptée à la réalité agricole, cette formation est donnée par les centres de prévention du suicide et les CISSS (centres intégrés de santé et de services sociaux). Les sentinelles sont des personnes travaillant sur le terrain, directement auprès des producteurs ag r icoles : experts-conseils, comptables, inséminateurs, vétérinaires et même certains producteurs. Jusqu’à maintenant, quelques centaines d’entre eux, présents dans toutes les régions au Québec, ont suivi la formation. Ces personnes exercent une prévention de première ligne. Puisqu’elles rencontrent régulièrement de nombreux producteurs, et souvent pendant plusieurs années, elles sont en mesure de repérer les changements dans leur comportement. Elles sont aussi bien au fait des difficultés que vivent les

producteurs : mauvaises récoltes, fluctuations des prix du marché, etc. « Elles sont ainsi outillées pour déceler les signes précurseurs de comportements suicidaires et repérer un producteur vulnérable », souligne Marie-Claude Laflamme-Avoine, adjointe à la formation à l’AQPS. « Lorsque c’est le cas, les sentinelles assurent le lien entre les personnes suicidaires et les ressources d’aide sur le territoire, tel un professionnel de la santé, ou elles les encouragent à appeler la ligne d’intervention en prévention du suicide, au 1 866 APPELLE, dit René Beauregard. Si ces personnes ne manifestent pas de tendances suicidaires, elles seront orientées vers notre organisme afin que nous puissions leur apporter le soutien approprié. Même si elles ne sont pas suicidaires, il est absolument nécessaire de les accompagner, pour qu’elles ne le deviennent pas. »

PHOTO : ISTOCK

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SE CONNAÎTRE, S’ACCEPTER, S’ÉCOUTER Pierrette Desrosiers observe davantage de problèmes de santé mentale chez les entrepreneurs que dans la population en général : trouble déficitaire de l’attention, anxiété, accoutumance, bipolarité, trouble de la personnalité narcissique. « On pense que c’est le stress inhérent à l’entreprise, souligne la psychologue, mais on retrouve les mêmes caractéristiques chez un entrepreneur que chez les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. Par exemple, la personne souffrant de bipolarité manifeste ambition, créativité, énergie, goût du risque. Ces traits de personnalité sont utiles pour le développement d’une entreprise, mais lorsqu’ils prennent trop d’importance, ils placent l’entrepreneur en état de vulnérabilité. » Le désir de toujours en vouloir plus, la productivité et la consommation excessives ainsi que des attentes trop élevées provoquent des frustrations, ajoute-t-elle. « Si on veut prévenir la détresse en agriculture et avoir des entreprises fortes, il faut des entrepreneurs forts », soutient Pierrette Desrosiers. Un entrepreneur résilient connaît ses émotions, ses valeurs, ses limites, et il a acquis les outils nécessaires pour gérer le stress et s’adapter aux changements. Quelqu’un

MYTHES ET FAITS SUR LE SUICIDE n

M YTHE : Les personnes qui évoquent le suicide ne pensent pas passer à l’acte. FAIT : Elles lancent peut-être un appel à l’aide. Bon nombre de ceux qui pensent au suicide sont anxieux, déprimés, désespérés et ont l’impression de ne pas avoir d’autre choix.

n

M YTHE : La plupart des suicides surviennent soudainement, sans signal d’alarme. FAIT : La majorité des suicides sont précédés de signes annonciateurs, oraux ou comportementaux. Il existe évidemment des cas soudains, mais il est important de comprendre les signaux d’alarme et de savoir les repérer.

n

M YTHE : Une fois qu’une personne est suicidaire, elle le reste toute sa vie. FAIT : Le risque majeur de suicide se manifeste souvent sur le court terme et dans une situation précise. Si les pensées suicidaires peuvent revenir, elles ne sont que temporaires.

n

M YTHE : Seules les personnes atteintes de troubles mentaux sont suicidaires. FAIT : Les comportements suicidaires indiquent un profond mal-être, mais pas nécessairement un trouble mental. Bon nombre des personnes qui vivent avec des troubles mentaux n’ont pas de conduite suicidaire, et les personnes qui se suicident ne présentent pas toutes des troubles mentaux.

n

M YTHE : Parler du suicide est une mauvaise idée et peut être interprété comme un encouragement à passer à l’acte. FAIT : Aborder ouvertement le sujet n’incite pas à se suicider. Au contraire, cela ouvre d’autres possibilités à la personne concernée ou lui laisse le temps de revenir sur sa décision, ce qui peut éviter un suicide.

(Source : Organisation mondiale de la santé)

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Pierrette Desrosiers, psychologue du travail et coach spécialisée en milieu agricole

de fort reconnaît ses fragilités et sait bien s’entourer pour pallier ses manques. Il prend soin de lui, s’offre du temps et se récompense, dit-elle. Les personnes au profil conservateur, qui valorisent le courage, la force et l’indépendance – comme les agriculteurs, les militaires, les policiers, les travailleurs de la construction –, ont du mal à demander de l’aide. On les imagine « au-dessus de leurs affaires ». Puis un jour… L’humain peut être fort et fragile. Faire le premier pas, s’avouer dépassé, dire que l’on a besoin d’aide : les gens près de leurs émotions et capables d’aller consulter ont franchi cette étape. Demander de l’aide n’est pas dévalorisant. Un des meilleurs facteurs de protection, lorsque survient une difficulté, c’est son réseau social. Le sentiment d’isolement favorise le risque. Lorsqu’on décèle quelque chose qui ne va pas, il ne faut pas hésiter à aborder la personne.

DÉTECTER LES PERSONNES À RISQUE ET PRÉVENIR LE SUICIDE

DES SENTINELLES CHEZ NUTRINOR Cette coopérative du Saguenay–Lac-Saint-Jean a récemment fait suivre à une douzaine de ses employés la formation Agir en sentinelle pour la prévention du suicide – Déclinaison agricole. 16

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« La sensibilisation, la formation et la prévention font partie des mesures à mettre en place. Chez ceux qui ont perdu un proche par suicide, le sentiment de culpabilité peut être envahissant. Ils se demanderont ce qu’ils auraient pu faire pour éviter que ça se produise », dit Pierrette Desrosiers. « Il ne faut surtout pas envoyer le message que l’entourage de la victime n’a pas fait ce qu’il fallait ou n’a pas été assez attentif », prévient la psychologue. La fenêtre de la crise suicidaire peut être très courte, de 24 à 48 heures, indique-t-elle. Celui qui parle de suicide doit être pris très au sérieux, souligne Pierrette Desrosiers. On dit que 8 personnes sur 10 ont envoyé des messages directs (« Je vais en finir ») ou indirects (« Mes problèmes achèvent »). Il faut aussi se méfier des rémissions spontanées. Si la personne semble soudainement très bien aller, alors qu’elle était désespérée il y a peu de temps, sa décision peut être prise et son plan élaboré. Il est nécessaire d’être à l’affût de la détresse de l’autre. Y a-t-il une lueur d’espoir dans son discours ? S’il y a désespoir, on ne doit pas hésiter à lui demander s’il

a déjà pensé à s’enlever la vie. Poser la question n’incite pas à passer à l’acte. La personne nous donnera l’heure juste. S’il y a risque, il faut aller plus loin et chercher le « coq » : comment, où, quand ? À quel point le plan a-t-il été élaboré ? Les gens en idéation suicidaire ont des croyances irrationnelles. « Si je m’enlève la vie, je me libère et libère les autres », pensent-ils. Il faut démontrer de la compassion. Dire à la personne qu’on aimerait être rassuré. L’accompagner aux urgences, chez le psy, au CLSC. Elle attend qu’on lui tende la main. « Si la personne a des enfants, on peut tabler sur la souffrance qu’elle leur causerait. La dernière chose qu’elle veut, c’est leur faire de la peine. Est-ce le modèle qu’elle souhaite leur transmettre pour faire face à l’adversité ? Car elle veut être un modèle pour ses enfants. Il y a toujours de la lumière, même si elle ne la voit plus », soutient la psychologue. On doit prendre un engagement avec la personne. Lui demander de ne rien faire avant d’aller rencontrer, en votre compagnie, une ressource d’aide. C’est fort, car les gens ne veulent pas abandonner quelqu’un qu’ils aiment en ayant rompu une promesse.

LA PERTE D’UN PROCHE Le suicide d’un proche n’est pas un défi habituel de la vie. « On essaie de donner un sens à ce qui n’a pas de sens », dit Pierrette Desrosiers. Il ne faut pas trouver de coupables. La personne affligée par ce drame se demandera : « Qu’aurais-je pu faire ? Comment ai-je participé ou non à rendre le suicide inévitable ? » En consultation, la psychologue donne cette réponse : « Avoir su, tu aurais fait quelque chose. Ne le sachant pas, tu n’as pas pu faire plus. Tu as agi au mieux. » Traverser le deuil d’une personne qui s’est suicidée est très long. C’est difficile à vivre seul. Il faut aller chercher des ressources, un soutien individuel ou de groupe, les services d’un intervenant auprès de la famille. C’est un traumatisme. On porte une croix, se demandant ce qu’on aurait pu faire. C’est une épreuve suprême. Un suicidé peut laisser derrière lui jusqu’à une cinquantaine de proches meurtris.


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coin-bureau bien pensé pour enfants futés

Un

TEXTE DE MARIE-HÉLÈNE GAUDIN

Parce que les devoirs font indéniablement partie du parcours scolaire de vos jeunes, il importe de créer l’endroit propice où ils pourront s’installer confortablement pour travailler. Nathalie Deslandes, décoratrice d’expérience et directrice adjointe du centre de rénovation BMR de La Coop des Cantons, à Coaticook, a plusieurs conseils pour faire de la rentrée un moment positif et pratique ! « Lors de l’aménagement d’un bureau, les trois concepts de base sont : fonctionnalité, confort et ergonomie », souligne Nathalie. Pour qu’un jeune ait envie de s’y installer, l’endroit doit être agréable et, surtout, favoriser la concentration. Ainsi, il est primordial que l’espace de travail se trouve dans un coin tranquille et en retrait. Si vous envisagez d’aménager le bureau dans la chambre de l’enfant, la décoratrice rappelle que les besoins ne sont pas les mêmes pour un petit que pour un adolescent.

PHOTOS : GRACIEUSETÉ DE BMR

ESPACE LUDIQUE POUR ENFANT Dans un premier temps, pensez à adapter la taille de la table de travail afin de conserver un espace de jeu dans la chambre. Il faut toutefois la prévoir assez grande pour accueillir facilement les livres, crayons et bricolages. Pour une organisation optimale, il est suggéré d’ajouter un rangement facilement accessible. « Dans une chambre d’enfant, des couleurs vives sont idéales pour décorer le coin-bureau et renforcer la luminosité », dit Nathalie.

COIN PERSONNALISÉ POUR ADOLESCENT « Demandez à votre ado de vous aider à aménager son espace, pour qu’il le personnalise, conseille la décoratrice. Ici

aussi, les couleurs vives ont la cote. Il est tendance de jouer avec différentes teintes afin de créer des zones distinctes. » Détail souvent négligé, l’importance de placer le bureau près de prises électriques en prévision du branchement de l’ordinateur, outil indispensable aux devoirs à cet âge. Pour assurer une posture adéquate, la chaise doit être confortable et, idéalement, munie d’accoudoirs et de roulettes (il en est de même des chaises pour les tout-petits !). Plusieurs moyens existent pour ajouter une touche de style à l’aire de travail, ce qui contribuera à une ambiance invitante et favorable aux études. « Les cubes muraux sont des éléments originaux à utiliser dans la pièce. Ils serviront de tablettes et même de bibliothèque. Une autre idée est l’installation d’un tableau en liège au-dessus du bureau, pour y accrocher notes, photos et dessins », souligne la décoratrice. Pour ce qui concerne l’éclairage, le choix est vaste. Il faut par contre privilégier un luminaire qui offrira une lumière directe sur l’espace de travail, sans créer d’ombre. Bref, comme l’indique Nathalie Deslandes, que le coin-bureau soit aménagé dans la chambre ou ailleurs, le plus important est de réussir à offrir à nos enfants un endroit invitant, calme et pratique, où ils auront envie de travailler.

LE CHOIX DES COULEURS INFLUENCE L’HUMEUR ! n

n

n

n

Vert : stimule la recherche et la créativité. Jaune : augmente la lumière, vitalise l’espace et favorise la concentration. Orange : stimule l’intellect et la créativité. Rouge : s’utilise en petites touches pour accentuer.

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1 2 1. Anthony, 15 ans, et William, 13 ans, sont encore à l’âge de tous les possibles, même si c’est déjà réglé : ils iront à l’ITA et reprendront la ferme ! 2. Avec 390 ha en culture et entre 110 et 115 vaches en lactation, la Ferme Provetaz a atteint une envergure appréciable, qui permettrait d’accueillir, qui sait, deux repreneurs potentiels.

OPTIMISME DÉBORDANT, DÉMARRAGE ROCAMBOLESQUE ET FOI EN LA GÉNÉTIQUE TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

MÊME DANS LES SOUBRESAUTS RÉCENTS QUE CONNAÎT LA PRODUCTION LAITIÈRE CANADIENNE, VÉRONIQUE GUAY ET THIERRY JATON GARDENT LE SOURIRE. IL FAUT APPRENDRE À RELATIVISER LES PROBLÈMES ET À APPRÉCIER LE SYSTÈME DE PRODUCTION CANADIEN, LE MEILLEUR AU MONDE ! Une poignée de main franche, un large sourire. Thierry Jaton accueille à la Ferme Provetaz quelques centaines de personnes chaque année, toujours avec ce même entrain. Il faut dire qu’il a l’habitude de visiter des fermes et de nombreux évènements laitiers internationaux – c’était l’Italie et le Brésil cette année –, étant juge officiel pour Holstein Québec depuis 1991. C’est aussi chez lui que s’est tenu, en 2002, le Pique-nique Holstein Québec. Du monde souriant, accueillant, axé sur le partage. Ça promet ! La discussion s’anime. « Nous avons un marché garanti et un prix stable, dit Thierry. Il n’est pas nécessaire d’avoir

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voyagé beaucoup pour constater que nous sommes au meilleur endroit dans le monde pour être producteur laitier. Même en Europe, où il existe des subventions pour aider la production, des producteurs m’ont dit qu’ils se sentaient redevables envers les citoyens – qui ne se gênent pas pour le leur faire sentir – et qu’avec les subventions viennent tout un lot de normes de production. En somme, les éleveurs se considèrent de plus en plus comme des assistés sociaux sans grande autonomie ou latitude, ce qui ne les encourage plus à se dépasser. » Rien de comparable avec la situation canadienne, où les consommateurs, et non


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les contribuables, soutiennent la production laitière – un environnement propice à accroître l’efficacité des fermes, croient Thierry Jaton et Véronique Guay, rejoints par leur expert-conseil de La Coop, Gérald Boivin, venu leur annoncer une production quotidienne record de matière grasse : 1,62 kg par vache !

TERRE D’ABONDANCE Des débuts « archimodestes » : c’est ainsi que Thierry qualifie le rocambolesque démarrage dans les affaires de son père, Marcel Jaton, et de son oncle Jean-Nicolas

Gremion, en 1980, quand les taux d’intérêt atteignaient de 10 à 21 % ! Avec seulement quelques dizaines de milliers de dollars en poche – et un prêt agricole que des financiers d’ici ont confondu avec un avoir propre ! –, le duo a visité des fermes de Rivière-Ouelle, La Sarre et finalement Compton, où il a posé ses valises dans une ferme vieillissante. Malgré tout, les deux familles ont vu dans les vallons des Cantons-de-l’Est un éden, après quelques années de production laitière en Suisse et en France, où le champ des possibles était restreint. D’ailleurs, « Provetaz » (on ne prononce pas le « z ») signifie « bonne herbe » ou « terre d’abondance » dans un dialecte dérivé du français suisse romand. Mais encore aujourd’hui, rien n’est facile, et il faut un travail soutenu pour atteindre les objectifs de rentabilité. Il se crée toutefois une saine émulation au sein de la famille. Par exemple, Jean-Nicolas, 68 ans et toujours vaillant travailleur, ne laisse aucune tâche d’entretien s’accumuler sur le tableau effaçable. Comme les tâches biffées s’additionnent promptement, les autres membres de l’équipe sentent qu’il faut rivaliser avec oncle Jean-Nicolas, qui sait où placer la barre : très haut ! C’est pour ce genre d’assiduité que la ferme a reçu en 2016 une médaille de l’Ordre national du mérite agricole, obtenant le premier rang national dans la catégorie bronze, parmi 40 groupes concurrents.

L’ALIMENTATION DU TROUPEAU PROVETAZ Par Gérald Boivin, T.P. Expert-conseil en gros troupeaux Centre de services de l’Estrie n n n

Quota : 168 kg de M.G./jour N ombre de vaches en lactation : 112 Moyenne annuelle par vache : 11 573 kg de lait

n

MCR : 260-274-271

n

Classification : 16 EX, 93 TB, 30 BP

n

Score moyen de la classification : 87,1 points

GÉNISSES ET TAURES n

n n

0 -2 mois : Bovo XLR 27-16 avec Goliath VO-21 à volonté, foin sec 3-6 mois : Goliath VO-21, foin sec 7-24 mois : maïs humide, foin sec, ensilage de maïs, ensilage de foin, tourteau de soya, Minéral Synchro 18-5, Minéral bloc Synchro 10-10, Goliath Expo (au besoin)

VACHES TARIES n

Minéral Transilac VT 4-6

n

Foin sec, ensilage de foin, maïs

VACHES EN PRÉPARATION AU VÊLAGE n

Transimil LP VIP

n

Ensilage de maïs, foin sec

VACHES EN LACTATION n

Synchro 4055 VIP

n

Minéral Synchro VIP

n

Maïs humide, tourteau de soya, ensilage de foin, ensilage de maïs, foin sec

UNIX 200HO03913 CROTEAU LESPERRON

NUMERO UNO X DOMAIN

PHOTO EXTÉRIEURE : © MARTIN BLACHE, MAPAQ

Conf. +17 • SM +17 • PM +10

DV 107 • FF 104

Photo : Patty Jones

CDN*04/17

Heatherick Unix Venus, TB86-2A

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1. Conseiller attitré aux gros troupeaux laitiers, Gérald Boivin est une figure connue en Estrie. 2. Depuis 1980, le quota de Provetaz (anciennement Ferme Jaton & Gremion) a quadruplé. L’entreprise élève tous ses sujets et en vend une cinquantaine par année. 3. Réparer promptement les équipements plutôt que de toujours en acquérir des neufs a permis de dégager des sommes, investies dans des actifs plus productifs et plus durables, tels que le quota et la terre.

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CROIRE AU PROGRÈS La Ferme Provetaz en un mot ? « Génétique » – bien que son 62e rang au Canada pour l’indice de performance à vie (décembre 2016) montre bien sa grande polyvalence ! N’empêche, le dada de cette entreprise repose sur les croisements, surtout ceux qui font que un plus un égale trois ! La fille de Thierry, Cindy Jaton, vient d’ailleurs de terminer un doctorat en génétique laitière à l’Université de Guelph et entame sa carrière comme chercheuse en génomique chez Semex. « Il existe un écart de 4500 kg de lait entre nos meilleures et nos moins bonnes vaches, souligne Thierry. Le progrès génétique est encore possible. Malgré tout, j’estime que toutes les vaches de notre troupeau méritent d’avoir leur veau. Nous avons beaucoup resserré nos critères pour procéder à un transfert embryonnaire. Nous utilisons les taureaux les mieux conformés, avec des déviations d’au moins + 14, mais ils doivent aussi être forts en production et en caractères de santé, car c’est le lait, en fin de compte, qui nous fait vivre. » Thierry Jaton considère que les technologies (transfert embryonnaire, génomique, sexage de la semence et des embryons, prélèvement d’ovocytes chez des génisses de six mois d’âge) feront faire un bond en avant à l’amélioration génétique, qui sera une partie importante de la rentabilité des fermes laitières de demain. Et la transgénèse ? « On a toutes les connaissances techniques pour créer des vaches, mais il faut rester prudent pour notre industrie et tenir compte de l’opinion des consommateurs », croit l’homme.

L’éleveur teste donc génomiquement environ le quart de ses génisses pour identifier les meilleurs sujets. Thierry Jaton pense qu’on trouvera bientôt des marqueurs pour des caractères comme la fertilité, la longévité ou la susceptibilité aux problèmes métaboliques, comme on relie désormais l’immunité à la génétique (taureaux Immunity+ de Semex). Le progrès génétique est de plus en plus pris en charge directement par les centres d’insémination, qui élèvent maintenant des femelles, au détriment des éleveurs qui n’ont pas accès aux mêmes outils, observe Thierry Jaton. Études supérieures en génétique, jugements internationaux, nombreuses expositions agricoles : pas étonnant que la ferme ait décroché une plaque de Maître-éleveur en 2003. Aussi bien dans l’allée de sa ferme que dans une arène d’exposition, Thierry peut reconnaître des vaches seulement à leur pis, tellement il a une mémoire photographique de la génétique. « C’est quand j’ai commencé à juger des Jersey et des Suisse Brune que je me suis aperçu que je ne reconnaissais pas les vaches à leurs taches », révèle le passionné. Et la relève ? Elle est pour ainsi dire assurée. S’il n’en tenait qu’à Anthony et William, encore au secondaire et pressés d’en finir avec l’algèbre et les cours d’histoire, ils seraient déjà inscrits dans une école d’agriculture ! Les jours où le classificateur vient évaluer les vaches, les deux garçons font voler bien haut leurs sacs à dos au retour de l’école pour aller consulter son rapport, sorte de bulletin qui témoigne de leurs efforts… à la ferme !



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1 COUP DE CHAPEAU À LA FERME BUROCO HOLSTEIN AU 31 DÉCEMBRE 2016 1 3 152 kg 4,2 % de gras; 3,3 % de protéine n 280-318-291 n n

5 EX, 40 TB, 38 BP

QUELQUES PRODUCTRICES À L’HONNEUR astriver IL Chatty EX-92 3E E Buroco Windbrook Hollay EX-91 n Buroco Dazzler Master TB-87 n Buroco Dundee Petunia TB-88 n Buroco Magnetism Elnina TB-86 n n

1, 2. Famille très unie, où les parents, Thérèse et Yvon, ont su transmettre la passion de l’agriculture à leurs trois fils, dont deux sont à la ferme.

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TEXTE DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME

DANS CETTE ENTREPRISE, L’EXCELLENCE EST L’OBJECTIF À ATTEINDRE. DANS TOUS SES SECTEURS D’ACTIVITÉ. AUX CHAMPS, À L’ÉTABLE OU SUR UN TERRAIN D’EXPO. Être performant est une priorité pour cette famille de fiers Beaucerons. Les Rodrigue, propriétaires d’un troupeau de 65 vaches, investissent beaucoup pour y parvenir. Pourtant, en 2001, après la construction d’une nouvelle section da n s l’ét able, Yvon s’ét a it é c r ié : « C’est assez ! »

Martin et Daniel, ses deux fils, ont fait la sourde oreille. Pas question de les stopper dans leur élan. Les deux jeunes poulains d’alors ont continué d’investir, particulièrement depuis 2005. Mais les gars ne se lancent pas tête baissée dans des projets. Les rêves se planifient et se calculent.

PHOTO : PATRICK DUPUIS

n


Les propriétaires de Buroco Holstein gardent à l’esprit les judicieux propos d’un agroéconomiste : « Il y a des économies qui te ruinent et des dépenses qui t’enrichissent. » Thérèse Busque, mère de Martin et Daniel (responsables, respectivement, du troupeau et des terres), tient les cordons de la bourse. « Les dettes ne posent pas de problème, tant que l’entreprise a les moyens de les rembourser, précise-t-elle. L’objectif n’est pas de nous débarrasser de toutes nos dettes. Il est important d’investir pour progresser. » Les deux frères collaborent étroitement, et l’équation est simple : qualité aux champs = qualité dans l’étable. Jusqu’à il y a cinq ans, l’entreprise misait sur l’exposition et la vente de sujets. Cette activité rapportait rapidement de l’argent à ses gestionnaires. Mais ils se sont rendu compte que la production fléchissait et qu’ils peinaient à remplir leur quota. Et étaient incapables de produire le lait d’automne. « On vendait nos meilleures vaches pour satisfaire notre clientèle, dit Martin. Puis on constatait qu’elles donnaient beaucoup de lait dans les élevages où elles se retrouvaient. » Seul avantage, le nom Buroco Holstein faisait son chemin dans le milieu.

PHOTO : GRACIEUSETÉ DE BUROCO HOLSTEIN

CHANGER D’ÈRE L’amélioration des terres et du troupeau sera au cœur de leur stratégie de relance. Philippe Couture entre alors en scène. « Gardez vos premiers veaux et faites du lait », leur suggère ce conseiller spécialisé de La Coop fédérée. L’élevage se métamor phose. On choisit les taureaux en fonction de la production, des composants, du pis et des membres. Sous la recommandation de l’expertconseil de leur coopérative, Robin Malenfant, on revoit l’alimentation à base de balles rondes, pour favoriser l’ensilage. Un premier silo, pour le maïs, est construit en 2009. « Cette céréale offre plus de rendement à l’hectare que le foin », justifie l’expert-conseil. Puis un deuxième, pour les fourrages, sera élevé en 2014. « Il faut déterminer ce qui doit être amélioré en priorité, résume Robin

2 Malenfant. Comme il le rappelle, la vache est un Ruminant qui Raffole de la Routine (les trois « R »). « Nous avons un bon troupeau, axé maintenant sur la santé et la performance », décrit Martin. « Avant, on exposait par plaisir, poursuit-il. Nous n’étions pas propriétaires de la ferme. Quand nous sommes devenus actionnaires, et avec la venue des enfants, nos priorités ont changé. » Les années 1997 à 2004 sont particulièrement actives sur les terrains d’exposition pour les Rodrigue. Leurs sujets se distinguent notamment à Saint-Hyacinthe et à Toronto. L’entreprise enfile rosettes, bannières et trophées. En 2004, d’un commun accord, Buroco Holstein et l’encanteur René Houde, son partenaire dans le secteur de l’exposition, mettent fin à leur entente. Riche de cette expérience, la ferme doit tout de même se défaire de 90 têtes. Un nouveau départ qui demande vision et restructuration. L’entreprise doit pour ainsi dire recommencer à zéro. En 2005 et 2006, les Rodrigue doivent louer des vaches pour s’assurer de produire leur quota. Robin Malenfant met les chiffres sur la table. La quantité de gras produit par vache par jour (principal indicateur de l’entreprise de Beauceville), à 1,55 kg, ne doit pas baisser sous 1,4. Trois mesures ont eu un effet immédiat sur les résultats : l’installation de matelas dans les stalles, l’ajout d’ensilage dans la ration et la venue du robot repoussefourrage Juno. Une fois celui-ci dans l’étable,

L’ALIMENTATION DU TROUPEAU

Par Robin Malenfant, T.P. Expert-conseil, La Coop Alliance VEAUX n 0 -2 mois : Lactoremplaceur Goliath 24/17 Perfo 9L par jour avec l’aliment Goliath Totalveau à volonté GÉNISSES n 2-5 mois : Totalveau max. 4 kg, foin sec et Minéral bloc Synchro 10-10 n

5 mois et plus : balle ronde de foin et 100 g de Minéral Synchro 20-3C

VACHES TARIES n Balle ronde de foin et Minéral Transilac VT0-3C PRÉPARATION AU VÊLAGE n 5 kg ensilage de foin, 5 kg ensilage de maïs, balle ronde pour tarie à volonté et 4 kg de l’Aliment Transimil LP VACHES EN LACTATION n RPM de base faite pour 35 kg de lait n

15 kg ensilage de foin, 25 kg ensilage de maïs, 2 kg de foin sec, 4,5 kg de maïs, 2 kg de tourteau soya, 350 g de Minéral Synchro 20-3C, Supplément C 4055 VIP donné selon la production laitière

n Les plus fortes productrices

reçoivent en plus 2-3 kg de maïs moulu, 1 kg de Supplément C Synchro Pulpolac, 250 g de Palmit et 1 kg de Supplément C Transilac 911 les 20 premiers jours en lait

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1. Le repousse-fourrage Juno, un allié dont les propriétaires ne sauraient se passer. 2. En plus de s’occuper de l’entreprise avec ses fils, Yvon travaille pour l’encanteur René Houde. 3. Martin effectue le suivi du troupeau à l’aide du logiciel DSA Laitier-Producteur : contrôle laitier, leucocytes, inventaire du troupeau, saillies, production – tout y est. « C’est ma bible », dit celui qui en a actuellement une version sur son téléphone intelligent. 4. L’entreprise commence à faire des expositions en 1987. Trente ans dans l’arène, à présenter des animaux de bonne conformation « pour l’amour des belles vaches et pour bien performer, aussi », lance Thérèse. 5. « Nos meilleures vaches à l’époque sont maintenant nos moins bonnes », soutient Daniel.

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« juste pour l’essayer », la famille n’a plus voulu s’en passer, tant ses services étaient appréciés. Le Juno est programmé pour repousser les aliments vers les vaches 20 fois par jour. « Y a jamais de mangeoires vides », assure Martin. Une économie d’aliments et de temps, couplée à une meilleure productivité. En un an et demi, de 2015 à 2017, le quota détenu est passé de 79 à 104 kg. De 2010 à 2017, le nombre de vaches en lactation a grimpé de 50 à 65. « Il y a cinq ans, notre moyenne stagnait entre 9500 et 10 500 kg, dit Martin. Depuis, elle a dépassé les 13 000 kg. » Le réservoir à lait a été remplacé deux fois en quatre ans. « Nos meilleures vaches à l’époque sont maintenant nos moins bonnes », soutient Daniel. « Faire plus de lait demande plus de quota. Mais si c’est avec moins de sujets, c’est plus rentable », lance Martin. « Les mots d’ordre, aujourd’hui, sont efficacité et rentabilité », ajoute Yvon, qui a acheté l’entreprise de son père en 1976. « On se le fait dire vingt-deux fois par jour, dit Martin. On analyse chaque poste budgétaire. »

PHOTOS : (ROBOT JUNO) PATRICK DUPUIS, (PORTRAITS) CAROLINE FOURNIER

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Martin et Daniel, agiles de leurs mains et allumés du cerveau, en mènent large, à l’étable comme aux champs : soin du troupeau, insémination, alimentation, gestion des cultures, amélioration du fonds de terre, machinerie.

SUIVRE L’EXEMPLE Marco, l’aîné du clan Rodrigue, avait tracé la voie. Grand voyageur, fou de production laitière, il a préparé des animaux un peu partout sur le globe. L’apprentissage qu’il en a retiré est inestimable. Santé et préparation des animaux, art de présenter, vente et mise en marché : Buroco Holstein en bénéficie à tous points de vue. En 2012, avec Marie-Claude Marcoux (qui lui a donné quatre enfants), Marco acquiert sa propre entreprise, à SaintValérien-de-Milton. Il n’est propriétaire que du troupeau et du quota. Outre un Bobcat, il ne possède aucune machinerie, et il négocie âprement tous ses intrants. Yvon et Thérèse – véritables concentrés d’énergie, facilement au bord des larmes, tant de rire que d’émotion – admirent leur famille, cette jeunesse exaltée et passionnée par la production ainsi que par les projets qu’elle chérit. Malgré le succès, on continue de se pencher sur l’accroissement de la performance. On apprend cette fois à en faire plus avec moins, pour compenser les facteurs indépendants de sa volonté, la baisse du prix du lait notamment. Robin Malenfant amène maintenant les Rodrigue à réfléchir aux trois traites par jour. Miguel, neuf ans et Thomas-James, hu it a n s (r e sp e c t ivement f i l s de Martin et de Daniel), font aussi partie de l’équipe, tout comme la conjointe de Martin, Isabelle Duval, et celle de Daniel, Isabelle Hamel. Débordants d’énergie, les deux jeunes sont pris en charge par Yvon, qui leur confie tâches et responsabilités : conduire le chariot d’alimentation, nourrir les veaux, travailler aux champs... Le Pique-nique Holstein se tiendra le 15 juillet à la ferme Buroco Holstein. Plus de 3000 personnes y sont attendues, pour prendre le pouls d’une entreprise familiale où règnent amour et passion. COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2017

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L’EFFET BOEUF

CHANCEUX ? OUI. CAPABLES DE SAISIR UNE OCCASION ? PEUT-ÊTRE…

JE REVIENS tout juste d’un voyage familial qui m’a inspiré ce billet. Destination ? La partie ouest de l’île de Honshu, au Japon. Dépaysement ? Total! Bien évidemment, par la langue. Ensuite, par les habitudes alimentaires : du poisson froid et de la soupe miso à 7 h le matin, ça surprend. Et aussi, par les toilettes japonaises; mais ça, c’est une autre histoire. Cependant, ce qui frappe le plus, c’est la démographie. Quand on sait qu’il y a souvent plus de 4000 habitants/km2 – contre 1000 dans la région de Montréal –, on ne se surprend pas des ravages de l’urbanisation sur les superficies consacrées aux cultures. Lors d’un déplacement en train rapide Shinkansen de Tokyo à Hiroshima (plus de 800 km), on constate, dans une succession ininterrompue de villes et banlieues à grande densité de population, que l’agriculture n’est plus qu’à échelle réduite (principalement du riz, un peu d’orge et du thé). Les champs de plus d’un hectare sont rarissimes et les tracteurs d’au plus 30 HP sont la norme. En fait, l’agriculture japonaise se situe à la croisée des chemins. Très fortement subventionnée et bien protégée par de hauts tarifs douaniers, elle peine pourtant à combler 45 % des besoins alimentaires du pays. Sa contribution réelle à l’économie nationale est très faible, et moins de 15 % des entreprises agricoles fonctionnent à temps plein. Les deux principales raisons seraient un taux d’impôt foncier presque nul et le fait que les terres agricoles peuvent aussi servir à d’autres types d’activités. Plutôt que de louer ou de vendre leurs terres, bien des agriculteurs abandonnent la production et attendent les offres des promoteurs immobiliers. À titre d’exemple, dans la préfecture de Mie, la valeur moyenne des transactions de terres agricoles a atteint 228 000 $/ha entre 2013 et 2017. Au pays du Soleil levant, le capital « terre » peut être très patient !

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C’est justement là que je nous trouve chanceux. Bien qu’imparfaites, les différentes lois canadiennes concernant l’agriculture ont permis (et permettent encore) à vos entreprises de s’établir, de croître et même de profiter d’économies d’échelle – trois concepts présentement inexistants dans l’agriculture japonaise. Même si, au cours des dernières années, le prix des terres québécoises a augmenté, cela n’a rien à voir avec la réalité japonaise. Et le bœuf dans tout ça ? Au Japon, un peu moins de 60 000 entreprises élèvent environ quatre millions de bovins de boucherie*. Les 126 millions de Japonais apprécient particulièrement le goût et la texture de la viande bovine, mais aussi son excellente valeur alimentaire. Leur consommation annuelle en est de 6 kg/ habitant, le principal frein étant son prix élevé. Le cheptel national ne leur en fournit qu’environ 40 %, le reste devant être importé (plus de 500 000 tonnes par année), ce qui fait du Japon le troisième pays importateur de bœuf au monde. Et c’est bien ici que réside l’occasion favorable. Présentement, les États-Unis et l’Australie se partagent la part du lion de ce lucratif marché. Mais avec les taux de change actuels, il n’est pas insensé de rêver de retrouver, voire d’augmenter, la part du marché japonais que le Canada détenait avant la crise de l’ESB. La clé demeure de pouvoir fournir le produit recherché, c’est-à-dire une viande très persillée, à un prix concurrentiel. Un autre beau défi réalisable, si tous les maillons de la chaîne travaillent ensemble. Ce qui est bien notre intention à La Coop. Kanpai (à votre santé) ! * 10 millions de bovins de boucherie au Canada (Statistique Canada, janvier 2017)

PHOTO : PIERRE CADORET

BRUNO LANGLOIS, AGRONOME CONSEILLER SPÉCIALISÉ EN PRODUCTION BOVINE, LA COOP FÉDÉRÉE, BRUNO.LANGLOIS@LACOOP.COOP


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DEP ET

SENECAVIRUS A NE BAISSEZ PAS LA GARDE ! TEXTE ET PHOTO DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME

VIGILANCE : C’EST LE MOT D’ORDRE. POUR ÉVITER QUE PATHOGÈNES ET MALADIES NE RAVAGENT VOS ÉLEVAGES, IL FAUT GARDER LES YEUX OUVERTS ET TOUTES LES PORTES FERMÉES. Le maintien d’un protocole de biosécurité solide et éprouvé demeure le meilleur moyen de tenir à distance ces indésirables. Le virus de la diarrhée épidémique porcine (DEP) en fait partie. « Si on veut éviter qu’elle ne soit endémique, comme c’est le cas aux États-Unis, il ne faut pas baisser la garde », soutient Martin Pelletier, rigoureux coordonnateur de l’Équipe québécoise de santé porcine (EQSP). Les pertes pour l’industrie peuvent être énormes. Rappelons que depuis l’apparition

de la DEP (issue d’une souche provenant vraisemblablement de Chine) au sud de la frontière, en avril 2013, plus de 10 millions de porcelets en sont morts, ce qui a entraîné de lourdes pertes économiques et de rendement dans tous les maillons de la chaîne de production. « Le virus de la DEP occasionne une maladie contagieuse qui attaque le système digestif des porcs, indique le MAPAQ. Elle touche les sujets de tout âge, mais le taux de mortalité est plus élevé chez les

PHOTO : ISTOCK

« Si la DEP devient endémique, les impacts sociaux et économiques peuvent être désastreux, avertit Martin Pelletier, coordonnateur de l’Équipe québécoise de santé porcine. Le SRRP en est le parfait exemple : depuis 25 ans, cette maladie entraîne des pertes pour l’industrie allant de 30 à 40 millions $ chaque année. »

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Senecavirus A (virus de la vallée des Sénécas)

porcelets. Il peut atteindre 100 % chez les non sevrés. » La transmission et la contamination peuvent se faire par l’entremise de multiples vecteurs : de porcs malades à porcs en bonne santé; par des véhicules de transport ayant servi au déplacement d’animaux atteints; par des surfaces contaminées, des vêtements ou chaussures souillés. Au Québec, la présence de la DEP a été déclarée une première fois en février 2014. Puis une deuxième fois en novembre de la même année. Et enfin à plusieurs reprises de janvier à mai 2015 : au total, au cours de cette période, 16 cas ont été répertoriés, principalement dans des pouponnières, mais également dans quelques porcheries d’engraissement et une maternité. Tous les moyens ont alors été pris pour limiter la propagation du virus. On a réussi, à l’aide de tests effectués en abattoirs et dans des camions de transport d’animaux, à remonter jusqu’aux fermes touchées par le virus (tableau). « Depuis le 17 novembre 2015, la maladie a été éradiquée de tous les sites de production affectés, à grand renfort de lavage, de désinfection et de mesures préventives, précise Martin Pelletier. Le Québec est maintenant exempt de DEP. » Mais la maladie, dont le virus responsable peut muter et pour laquelle il n’existe aucun traitement, est toujours à nos portes, rappelle le coordonnateur. « Dix nouveaux cas ont été diagnostiqués au Manitoba en mai dernier seulement, dit-il. Il faut demeurer vigilant en tout temps, pas seulement lorsqu’elle est présente. »

Nos systèmes de production multisite, où les déplacements de porcs sont nombreux, peuvent favoriser la propagation de divers pathogènes, dont le virus de la DEP. « Au cours de la dernière année, le Québec a fait preuve de beaucoup de vigilance, souligne Martin Pelletier. Abattoirs, meuneries, transporteurs et producteurs ont collaboré pour s’assurer que la province demeure exempte de DEP. Le MAPAQ a été, et est toujours, un acteur clé dans la prévention et dans la réussite de cette démarche de mobilisation dans l’ensemble de l’industrie. Tous ont pris leur rôle très au sérieux. » L’EQSP a notamment élaboré, ou renforcé, des protocoles de biosécurité pour les divers intervenants dans la chaîne de production. Rappelons que l’Équipe québécoise de santé porcine a rapidement réagi à l’arrivée possible de cette maladie en sol québécois. Dès juin 2013, le secteur porcin se met en mode prévention et un plan d’action est élaboré. Des fiches explicatives sont distribuées aux éleveurs, abattoirs, transporteurs et centres de rassemblement. De multiples rencontres sont également organisées pour sensibiliser l’ensemble de la filière à la nécessité de resserrer, à chaque échelon, les mesures de biosécurité. Même si la DEP n’est pas une maladie à déclaration obligatoire, on encourage les éleveurs à la signaler à l’EQSP. L’Équipe apporte un appui aux éleveurs et aux autres intervenants de la filière. « L’objectif, c’est de sensibiliser, pas de sanctionner, précise Martin Pelletier. Car les impacts sociaux et économiques sur l’ensemble du secteur, particulièrement

PROVINCE

NB DE CAS CONFIRMÉS DEPUIS 2014

NB DE CAS ACTIF AU 9 JUIN 2017

QUÉBEC

16

0

ONTARIO

103

81

MANITOBA

382

29

ÎLE-DU-PRINCEÉDOUARD

1

0

Dont 4 nouveaux cas confirmés en 2017.   28 nouveaux cas ont été déclarés depuis le début de mai 2017.

1 2

Source : EQSP, 2017.

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RENDU PYMOL : J-Y. SGRO (UNIVERSITÉ DU WISCONSIN-À MADISON)

SOMMAIRE DES CAS DE DEP AU CANADA


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Le Senecavirus A (SVA), aussi appelé virus de la vallée des Sénécas, est une autre menace possible pour l’industrie porcine d’ici. Présente dans des centres de rassemblement de porcs au Canada (une fois en 2007 et depuis 2015), aux États-Unis (depuis la fin des années 1980) et ailleurs dans le monde – mais pas encore au Québec –, cette maladie est connue depuis une trentaine d’années. Elle se propage cependant de façon importante dans les fermes étatsuniennes depuis l’été 2015. « Plusieurs centres de rassemblement de porcs de réforme au Canada et d’abattoirs aux États-Unis sont présentement contaminés », indique Martin Pelletier. Les signes cliniques de cette maladie sont similaires à ceux de la fièvre aphteuse, de la maladie vésiculeuse du porc et de la stomatite vésiculeuse, trois pathologies dont le Canada est exempt et qui sont à déclaration obligatoire auprès de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Un cas de fièvre aphteuse pourrait être catastrophique pour l’industrie porcine canadienne. En présence des symptômes, des tests de laboratoire sont donc nécessaires pour dépister la maladie dont il s’agit. Fièvre, abattement, diarrhée, mortalité et présence de vésicules (cloches d’eau, ampoules) sur les lèvres, le nez et les onglons sont les principaux signes, tant chez les truies et les porcelets qu’en porcherie d’engraissement. « L’envoi à l’abattoir d’animaux atteints entraînera la mise en quarantaine immédiate de l’établissement pendant la période du diagnostic, soit deux ou trois jours, souligne Martin Pelletier. Les impacts sur la mise en marché et les pertes sous-jacentes sont potentiellement énormes. » Tout comme pour la DEP, des fiches d’information ont été produites et distribuées par l’EQSP. « Il s’agit essentiellement des mêmes mesures de biosécurité qu’avec la DEP », fait savoir le coordonnateur. L’observance stricte des mesures de biosécurité est l’élément clé de la réussite, poursuit-il. C’est une discipline quotidienne qui a des coûts, il en convient. Mais le rapport

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LE CAS SENECAVIRUS A

entre les coûts nécessaires pour mettre en place et respecter les mesures de biosécurité et les coûts qu’entraînerait l’éclosion d’une maladie est de l’ordre de 1 pour 10, selon certaines références. Ainsi, chaque dollar investi permettrait d’en économiser 10. « Les pathogènes ne cognent pas à la porte pour signifier leur présence. Il faut être vigilant en tout temps », répète Martin Pelletier.

PO U

si la maladie devient endémique, peuvent être désastreux. Et si elle devient endémique, il sera très difficile de l’éradiquer. »

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1. André Normand et Véronique Vincent, propriétaires de la Ferme A.V. Normand. Le couple a construit le bâtiment pour ses enfants, s’ils souhaitent un jour prendre la relève : Maxim, 14 ans, les jumeaux Dérek et Dylan, 11 ans, et Léa, 7 ans. 2. Pour assurer une alimentation homogène à chaque oiseau, les distributeurs d’aliments se déplacent simultanément le long de chaque rangée et niveau de cages. La poule de race Bovan est réputée calme et docile, un avantage pour ces producteurs qui viennent de se lancer dans l’élevage d’oiseaux dont ils ne connaissent pas encore bien le comportement. « On les observe beaucoup, assure André. C’est une bonne façon d’apprendre. »

PASSER DU LAIT AUX ŒUFS CHANGEMENT DE CAP, POUR LA RELÈVE TEXTE ET PHOTOS DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME

PASSER DU LAIT AUX ŒUFS DE CONSOMMATION EST UN PROJET DE VIE POUR LEQUEL ANDRÉ NORMAND ET SA PARTENAIRE, VÉRONIQUE VINCENT, ONT LITTÉRALEMENT CRAQUÉ ! Le 9 janvier 2017, le poulailler de la Ferme A.V. Normand, d’une capacité de 30  240 poules, est mis en production. Les oiseaux, confortablement installés dans leur

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système aménagé, commencent alors la ponte, entourés d’équipements dernier cri. Pour se lancer dans une production dont ils ne connaissaient rien – pas même


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2 les races d’oiseaux, ce qu’ils mangent et combien d’œufs ils produisent –, il fallait à André et Véronique une bonne dose d’intrépidité. Des neveux étaient prêts à prendre la relève de la ferme laitière, dont André était, depuis 1995, copropriétaire avec son frère Claude (de sept ans son aîné). Les propres enfants du couple étaient, eux, encore trop jeunes pour être repreneurs. Et André voulait intégrer Véronique comme actionnaire dans un projet commun. Devant ces constats et après mûre réflexion, en mars 2016, André et Véronique ne voient qu’une solution : quitter la ferme laitière et se lancer dans une production – sous gestion de l’offre – qui permettra à leurs quatre enfants de se joindre à eux s’ils en manifestent un jour l’intérêt. Dérek, 11 ans, un des fils jumeaux du couple, a d’ailleurs déjà parlé à l’école de son désir de devenir « le meilleur producteur d’œufs du monde ». C’est donc dans l’harmonie que les actifs de la ferme laitière, situés à SaintValère et à Victoriaville – plus de 400 ha en culture et une production laitière de 200 kg par jour, effectuée à l’aide d’un carrousel de traite de 24 places dans une étable

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1 2 1. Le bâtiment dernier cri est doté de quatre rangées de six cages, soit trois de haut par étage. Le système d’éclairage DEL assure une bonne luminosité, essentielle pour la ponte, à chacun des niveaux de cages. Chaque rangée de cages est dotée d’un compteur d’œufs et d’un compteur d’eau. 2. Les entrées et sorties d’air sont fixées au plafond du bâtiment. Un assècheur de fumier a été installé pour réduire les odeurs, l’humidité et le taux d’ammoniac dans l’air ambiant. Le fumier de volaille, dont la valeur fertilisante est très élevée, est valorisé sur les terres de l’entreprise.

aménagée en 2006 –, seront répartis entre les deux frères. Pour éviter de trop endetter l’entreprise laitière, Claude cèdera à son frère, en plus d’une part au comptant, des terres et du matériel roulant. Le nouvel établissement du couple aurait pu se concrétiser dans le lait, mais la disponibilité du quota freinait cet élan. Chose certaine, il souhaitait une production contingentée, pour la stabilité et la sécurité qu’elle procure.

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André, président de Vivaco groupe coopératif (au 212 e rang des 500 plus grandes sociétés du Québec), apprend un jour à travers les branches que Louise et Gérald Gosselin, producteurs d’œufs de Plessisville, souhaitent se retirer. Faute de relève, ils veulent vendre leur quota de pondeuses d’œufs de consommation, espérant le voir exploité dans son ensemble par une seule entreprise et non pas morcelé aux quatre coins de la province.


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Bien que n’ayant pas d’expérience dans le domaine, André et Véronique saisissent l’occasion, qui se présente à point nommé. Ce sera, se convainquent-ils, un magnifique défi à relever. La « blessure » qu’a causée la rupture avec le lait s’est vite cicatrisée. Et puis, ce n’est pas le travail qui les effraie. André, Véronique, Claude et sa conjointe, Claudette, ainsi qu’HenriNormand, père de Claude et André – et leurs enfants, avaient l’habitude de tout faire dans l’entreprise laitière : traite, gestion, travaux aux champs.

APPRENTISSAGE EN ACCÉLÉRÉ Après moult visites chez de grosses pointures du secteur des œufs de consommation, dont Donald Desharnais – une aide précieuse et considérable, presque un mentor –, avec qui il discute d’élevage, d’éclairage, de ventilation, de soins aux oiseaux, le couple arrête son choix. Les poules seront élevées dans un système aménagé où on trouvera des perchoirs et des zones de nidification. La construction du poulailler s’est avérée un acte de partage et de collaboration avec les gens de Saint-Valère et

des environs. Une quinzaine de résidants étaient au rendez-vous jour après jour, d’octobre à décembre, pour assembler, sous la supervision du fabricant, l’incroyable jeu de pièces de meccano que représente le système aménagé. « Un très fort esprit de solidarité s’est développé. On a créé des liens, on a bâti une famille », disent André et Véronique. Le vif et alerte Henri-Normand, qui travaille encore activement à la ferme à 81 ans et est un véritable pilier de l’entreprise laitière, a lui-même procédé à l’excavation du nouveau chantier de construction. Cet homme, passionné par les travaux aux champs et fortement engagé dans son milieu tout au long de sa vie, a fait preuve de vision, dans les années 1980, en achetant plusieurs terres pour y établir ses enfants. « Il savait que la ferme, avec les jeunes qui poussaient, aurait besoin de plus de revenus pour prospérer », dit André. À la Ferme A.V. Normand, les résultats sont aujourd’hui au rendez-vous : les pics de ponte sont atteints et les revenus assurent le bien-être de tous. « Les poules sont là pour nous », s’entendent pour dire André et Véronique.

3. D’une capacité de 30 240 pondeuses, le poulailler de 90 m sur 14 (300 pi sur 45) est équipé des plus récentes technologies d’élevage et de classement des œufs (le poste de classement est doté d’un plancher amovible, pour éviter de trop se pencher et d’avoir des douleurs au dos). Visionnaires, les propriétaires l’ont aménagé de façon à ce qu’on puisse, un jour, faire passer le convoyeur d’œufs vers un autre bâtiment.

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TEXTE ET PHOTOS D’EVE CAYER, AGRONOME

MATHIEU CHÉNARD PART DE LOIN POUR CULTIVER LA FRAISE AU BIC. MAIS C’EST SANS DÉTOUR QU’IL A ADOPTÉ LA FERTIGATION. 1. Mathieu Chénard dans la section du champ qui accueille les autocueilleurs. 2. Le fruit de l’investissement de Mathieu Chénard, avec le soutien de sa famille. 3. Mathieu a obtenu l’aide de l’agronome Karine Aubertin, du Centre de services de l’Est, afin de valider ses recherches et d’obtenir des conseils. 4, 5, 6. Quatre différentes formulations d’engrais circulent, à des moments différents, dans la tuyauterie de la ferme. Le programme de fertilisation s’échelonne sur sept semaines, pour combler les besoins de la fraise.

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Sans omettre de détails, Mathieu Chénard, autodidacte en agriculture, a plongé dans la production de la fraise en passant par la fertigation (ou irrigation fertilisante). Il a consulté l’agronome Karine Aubertin, experte-conseil au Centre de services de l’Est, afin de valider ses recherches et d’obtenir des conseils. Mathieu a fait le choix de la fertigation, plutôt que de l’aspersion, pour des raisons économiques. « Un système goutte à goutte est moins coûteux qu’un système d’aspersion; c’est pour cela que j’ai choisi la fertigation », explique l’agriculteur. À la ferme La fraise du Bic, la fertilisation par le système d’irrigation goutte à goutte implique l’utilisation de pompes à engrais solubles. Arpenteur de formation, Mathieu Chénard parcourt le Yukon afin d’exercer ses fonctions professionnelles. Pendant

plus de 15 ans, ce natif du Bas-SaintLaurent arpente et habite les régions de l’ouest du pays. Il y a deux ans, il a instauré le projet d’une fraisière sur les terres familiales. Avec l’établissement de sa production, Mathieu Chénard devient la quatrième génération à cultiver ces terres. Son projet, d’abord personnel, s’avère une activité rassemblant et unifiant toute la famille. Pourquoi la fraise ? « Mon oncle Raymond, aujourd’hui décédé, vivait à l’île d’Orléans et faisait de la fraise, expliquet-il. Les terres ici ressemblent à celles qu’il avait, ce qui m’a inspiré pour le choix de la culture. » Son entreprise vise à combler l’approvisionnement d’un marché local en répondant à un besoin existant. « À l’épicerie du village, il y a une grosse demande de la


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part des touristes et des habitants du Bic, dit Mathieu. Ils veulent des fruits produits localement. Je voulais combler ce besoin. » Ainsi, la vente des fraises se fera grâce à un kiosque à la ferme et à l’autocueillette, en plus de l’épicerie locale. Finalement, La fraise du Bic s’est retrouvée sur les médias sociaux, et un dépliant publicitaire circule afin d’éviter que cette entreprise reste dans l’ombre.

UNE VARIÉTÉ DE VARIÉTÉS En 2015, cet arpenteur a planté un hectare en fraisiers, dont cinq variétés d’été et une

d’automne. La diversité des cultivars cible les différents marchés et vise à étaler la période de récolte. Par exemple, la Jewel et la AC Wendy sont destinées à l’autocueillette. La ferme bénéficie de microclimats à certains endroits, et ces derniers ont orienté l’implantation de la fraisière. Le choix du site se révèle excellent, entre autres pour son drainage adéquat. De plus, des haies brise-vents ont pris racine au pourtour des champs. En hiver, un important couvert de neige y abrite le sol et sa végétation. Or, cette abondance peut entraîner le développement de moisissure COOPERATEUR.COOP – JUILLET-AOÛT 2017

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d’être autosuffisant en paille. Cette dernière recouvre les entrerangs de la fraise destinée à l’autocueillette. L’implantation des variétés pour la vente au kiosque et à l’épicerie locale a bénéficié d’un paillis de plastique noir, qui augmente la captation de la chaleur. Son utilisation, combinée à celle de bâches flottantes, réduit les pertes de chaleur au cours de la nuit et accélère le développement de la plante.

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1. L’arpenteur explique le fonctionnement du système de fertigation. 2. Le kiosque de La fraise du Bic, accueillant et chaleureux.

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grise chez la fraise, qui est une espèce de la famille des rosacées. Afin de contrer cette maladie, l’agriculteur a appliqué une chaux soufrée, produit accepté en agriculture biologique. Mathieu souhaite cultiver sa fraisière en adoptant les pratiques les plus écologiques possible, sans toutefois viser la certification biologique ni perdre le fruit de son investissement. La préparation du sol en prévision de l’implantation de la fraisière, amorcée en 2014, a consisté en un labour, suivi d’un chaulage puis d’une culture d’avoine. « Ce n’était pas l’idéal, parce qu’il y avait beaucoup de mauvaises herbes, souligne Mathieu. La prochaine fois, nous allons privilégier une rotation sur trois ans pour diminuer les mauvaises herbes. » Pour l’implantation de cette année, il a observé le portrait des plantes nuisibles de son champ, puis semé un engrais vert de trèfle d’Alexandrie, une légumineuse annuelle. Dans la rotation, la culture des céréales à paille demeure, l’objectif étant

Les fraisiers s’enracinent dans des sols légers à La fraise du Bic. Pour permettre la productivité des plants, un système d’irrigation goutte à goutte s’intègre à l’implantation de la fraisière. Il est alimenté à partir d’un puits de surface, une pompe siphonnant l’eau retenue dans un bassin. Celleci passe d’abord dans un premier filtre, puis se dirige vers la pompe du système d’irrigation. Une extension de cette pompe permet l’incorporation d’engrais solubles. Ces engrais, mélangés dans un réservoir, sont filtrés, puis aspirés et dirigés vers la pompe du système d’irrigation. Le mélange des engrais et de l’eau d’irrigation est calibré selon les besoins de la culture. Un cylindre permet le réglage de la dose. Avant de quitter la pompe, le mélange, épuré de nouveau, passe par un filtre de 100 microns. « L’eau doit être très claire pour ne pas boucher tout le système », souligne le producteur. Un régulateur de la pression réduit celleci, qui passe de 20 à 12 lb/po2. Autrement, les tuyaux du système goutte à goutte ne résisteraient pas. Puis, l’eau sillonne le champ sur une distance de huit kilomètres afin d’irriguer tous les plants sur l’hectare en production de fraise. Quatre différentes formulations d’engrais circulent, à des moments différents, dans la tuyauterie de cette ferme. « Comme certains éléments fertilisants réagissent ensemble, on ne peut pas les mélanger », précise Karine Aubertin. Afin d’éviter les problèmes, Mathieu irrigue à l’eau claire durant 30 minutes avant la fertigation. Puis il irrigue pendant une autre période de 30 minutes suivant la fertigation, afin de nettoyer le système et d’éviter le mélange d’engrais. Le programme de fertilisation élaboré par Karine s’échelonne sur sept semaines, pour combler les besoins de la fraise.

PHOTO DU KIOSQUE : MATHIEU CHÉNARD

PARCOURS D’IRRIGATION


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L’UTILISATION DES

FONGICIDES

DANS LE MAÏS-ENSILAGE TEXTE DE FRANÇOIS LABRIE, AGRONOME, ET RAOUL RUEL, T.P.

PHOTOS : COOP UNIFRONTIÈRES, 19 SEPTEMBRE 2016

L’ÉTÉ EST DÉJÀ BIEN AMORCÉ ET LES CULTURES SONT LUXURIANTES. ENCORE PLUS VRAI CETTE ANNÉE, IL Y A UN INTÉRÊT AUTOUR DE L’UTILISATION DES FONGICIDES DANS LE MAÏS-ENSILAGE. MAINTENANT QUE LE TEMPS DE L’APPLICATION DES FONGICIDES APPROCHE, ON DOIT SE PENCHER SUR LES RAISONS QUI SOULÈVENT CET INTÉRÊT. ESSAYONS ENSEMBLE DE CLARIFIER LA SITUATION. Les fongicides servent à prévenir les pertes potentielles de rendement. Ils contribuent à ce que l’épi de maïs soit bien rempli et protègent le feuillage contre les maladies. Cela aide grandement à la conservation de l’ensilage et, par le fait même, augmente la consommation volontaire de matière sèche (CVMS) par vache. Selon la publication Progressive Dairyman, « la meilleure pratique agricole pour maîtriser les mycotoxines dans les fourrages est la rotation des cultures. Le fait de labourer les résidus de récolte réduira la contamination subséquente par les spores et diminuera ainsi l’infestation fongique et la formation de mycotoxines. Le semis direct semble favoriser le risque de formation de mycotoxines dans un champ ». Comme bon nombre de nos lecteurs le savent déjà, les inoculants d’ensilage peuvent également aider à réduire la formation de mycotoxines. Ils contribuent à abaisser rapidement le pH dans les ensilages. La production rapide d’acide lactique dans ceux-ci limite la croissance des moisissures, ce qui réduit la formation de mycotoxines.

POURQUOI UTILISER DES FONGICIDES Il faut se préoccuper des dommages que pourraient causer à nos cultures les aléas de la température, la croissance du semis

direct (qui laisse plus de résidus au sol), l’humidité près des plans d’eau et l’évolution des maladies. Une des maladies les plus dévastatrices et les plus fréquentes en Ontario et au Québec est l’helminthosporiose du Nord. Les autres maladies en importance, selon l’entreprise Syngenta, sont : la rouille, l’anthracnose, la kabatiellose et la tache grise. Ces maladies sont évaluées année après année, et on constate qu’elles progressent légèrement selon les sites. Pour ce qui est des maladies foliaires, il faut comprendre que si une ou plusieurs feuilles sont altérées ou endommagées par une maladie telle que la rouille ou la tache septorienne, le rendement en sera tout de suite affecté. La feuille malade n’arrive pas aussi bien à faire la photosynthèse, ce qui entraîne une diminution du transfert des sucres dans les grains. Il s’ensuit donc une diminution du rendement. Votre expert-conseil a tous les outils en main pour évaluer si vos champs nécessitent l’emploi de fongicides.

LES FONGICIDES DANS LE MAÏS Ils sont regroupés sous trois grandes familles. Il y a les « -ine », soit les strobilurines du groupe 11 (qui occupent une grande partie du marché) : pyraclostrobine, azoxystrobine et picoxystrobine. Il y a les « -zole », soit les triazoles du groupe 3 (qui sont parfois combinés aux strobilurines) : prothioconazole, propiconazole et metconazole. Et finalement, il y a les autres, soit les pyrazoles du groupe 7 (qui sont parfois combinés aux deux autres catégories) : fluxapyroxade et benzovindiflupyr.

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LES GAINS La différence entre la valeur alimentaire d’un maïs-ensilage traité avec un fongicide et un ensilage non traité n’est pas nécessairement significative, mais dans de nombreuses parcelles de maïs récoltées l’an

1. Traité 2. Non traité

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passé au Québec dans le réseau La Coop, on a remarqué régulièrement des niveaux d’énergie supérieurs dans les ensilages traités. Il y avait dans les parcelles traitées des niveaux d’amidon légèrement supérieurs et des niveaux de fibre au détergent acide (ADF) et de fibre au détergent neutre (NDF) légèrement plus faibles. La digestibilité de cette NDF (NDFd 30 h, soit la fibre digestible à 30 heures) est légèrement supérieure, ce qui est souhaitable pour améliorer la production laitière des vaches. Par contre, une maturité adéquate des grains sera toujours nécessaire pour s’assurer d’avoir une bonne digestibilité de

l’amidon (Amidon-d 7 h, soit la digestibilité de l’amidon mesurée après une incubation de 7 heures). Selon l’American Dairy Science Association, les vaches qui ont reçu de l’ensilage de maïs traité avec un fongicide foliaire avaient une meilleure conversion de la matière sèche pour produire du lait que celles nourries d’ensilage de maïs non traité. Parmi les éléments que l’on peut maîtriser, citons : choisir un hybride performant et résistant aux maladies, enfouir les résidus de cultures pour limiter la propagation de maladies et choisir le fongicide adapté à votre réalité.

Les auteurs

François Labrie, agronome Conseiller spécialisé maïs et soya La Coop fédérée Francois.labrie@lacoop.coop

OTPMISER SES FOURRAGES ET ATTEINDRE SES OBJECTIFS Simon Ouellet obtient un diplôme en GEEA de l’ITA de La Pocatière en 2014. Après ses études, il travaille dans l’entreprise familiale, la Ferme Clovis, située à Saint-Alexandre. L’année suivante, il décroche un emploi au Regroupement du Littoral comme expert-conseil en productions laitière et végétales, en espérant voir son rêve se réaliser un jour, soit posséder sa propre ferme. En mai 2016, le rêve devient réalité. Grâce à un transfert entre personnes non apparentées, il acquiert la Ferme Jolicap, à Cap-Saint-Ignace.

Raoul Ruel, T.P. Conseiller spécialisé en protection des cultures et conservateurs d’ensilage La Coop fédérée raoul.ruel@lacoop.coop

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« L’aspect du champ traité au fongicide Trivapro était remarquable visuellement, indique Simon. Le résultat des analyses ainsi que la bonne consommation des vaches ont rapidement démontré que la fermentation était optimale. J’étais conscient que cette opération avait un coût, mais des résultats publiés montraient qu’il était possible de couvrir les frais d’application du fongicide dans le maïs-grain par l’augmentation du rendement. Je savais pertinemment qu’il y aurait une plusvalue dans mon ensilage de maïs. Pour à peine 2 $ environ la tonne d’ensilage, sur la base d’une consommation de 20 kg d’ensilage par jour, le bénéfice par tonne s’étend sur 50 jours, pour un rapport coût-bénéfice sur le rendement en lait. Donc, avec l’ensilage de maïs traité, mes objectifs étaient atteints. »

PHOTOS : LA COOP FÉDÉRÉE

Sachant que les fermes doivent miser sur la rentabilité, Simon s’est fixé comme objectif d’optimiser ses fourrages pour atteindre une meilleure performance laitière. Il a donc opté pour l’utilisation d’un fongicide dans son maïs-ensilage afin d’en améliorer la valeur alimentaire.


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1. Situé à Saint-Antoine-de-Tilly, destination prisée des agrotouristes, le Verger de Tilly écoule les deux tiers de ses pommes grâce à l’autocueillette. Le reste est destiné au kiosque de la ferme, à la transformation et au marché public de Sainte-Foy. 2. Si Lucie Fortin et Denis Maltais investissent pour l’environnement, c’est d’abord par conscience morale, mais aussi pour l’efficacité énergétique et les économies qu’elle sous-tend. 3. Pommes séchées, gelées, confitures, beurres, jus de pomme et même… bières aux pommes ! Le Verger de Tilly s’associe à l’entreprise La Confrérie Microbrasserie pour produire 15 sortes de bières offertes sur la terrasse du verger, comme la Blanche de Tilly, bière de blé et de jus de pomme.

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AU VERGER DE TILLY

DES POMMES ET DE L’ÉNERGIE À REVENDRE !

TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

DIMINUER SES COÛTS DE PRODUCTION EN MISANT SUR CE QUI EST GRATUIT ET ÉCOLOGIQUE ? VOILÀ UNE STRATÉGIE QUI PLAISAIT BIEN À DENIS MALTAIS, TECHNICIEN EN MÉCANIQUE DU BÂTIMENT À TEMPS PLEIN ET… PRODUCTEUR AGRICOLE À TEMPS COMPLET ! La nature n’a pas toujours été tendre envers Denis Maltais et Lucie Fortin. En 1993, année de l’achat du verger, à SaintAntoine-de-Tilly, un gel des racines causait la perte de 1800 pommiers. En 1996 et en 2006, deux épisodes de grêle amputaient sérieusement la qualité des fruits, vendus au rabais. Puis en 2012, un gel des fleurs venait hypothéquer 60 % de la récolte. Malgré ces embûches, le soleil ne se couche

jamais sur le Verger de Tilly ! C’est en misant sur la nature – les énergies solaire et géothermique – que le couple réussit aujourd’hui à diminuer ses coûts énergétiques. Pas rancunier envers Dame Nature ! Depuis 2006, une pompe géothermique siphonne les huit degrés Celsius du sol pour les transformer en chaleur durant l’hiver et en fraîcheur durant l’été. Un tuyau empli d’un mélange caloporteur (eau-méthanol)


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s’enfonce à la verticale à plus de 180 m, dans une boucle fermée, et puise dans la masse thermique du roc une ressource inestimable – de quoi chauffer ou climatiser les 460 m2 (5000 pieds2) de la maison et de l’aire de production. La chaleur (ou la fraîcheur) est diffusée dans le plancher bétonné selon le principe de la radiation hydronique, ainsi que par la ventilation. Sur le toit de la maison, reliée à l’atelier de transformation, un tuyau rempli d’eau glycolée passe par un panneau dans lequel sont installés des tubes sous vide qui captent les rayons solaires et les convertissent en chaleur, qui est transférée à l’eau glycolée qui passe par là. Résultat : de l’eau chauffée, 10 mois par année, entre 60 et 80 °C. « Globalement, notre autonomie énergétique est d’environ 70 % », estime Denis Maltais. Même le bâtiment a été positionné plein sud pour maximiser l’entrée des rayons solaires, ce qui permet de le chauffer passivement grâce à la chaleur accumulée dans la chape de béton des planchers. Ultime souci environnemental, l’eau pluviale est collectée dans un réservoir de 7000 litres pour servir au lavage des équipements, à l’irrigation et, bientôt, à l’alimentation d’une toilette !

Tous ces systèmes et leur complexe réglage sont l’œuvre de Denis Maltais, responsable de projets en efficacité énergétique à l’Université Laval. « Ça bouillonne toujours de projets dans cette petite tête-là ! » confirme sa complice, Lucie Fortin.

L’ENVIRONNEMENT À CŒUR Mais pourquoi se donner tout ce mal ? « Par conscience morale, répond sans hésiter Denis, mais aussi pour l’efficacité énergétique. » Lucie amène l’argument économique. « On a calculé que nos installations pouvaient se rentabiliser en 15 ans. À long terme, nos décisions sont payantes. » En 2003, la ferme a été sélectionnée pour mettre en œuvre la norme environnementale ISO 14001, qui vise à intégrer l’environnement dans la gestion quotidienne. Le but du projet-pilote : démontrer que des PME agricoles pouvaient se prévaloir de cette norme, signe d’engagement pour le développement durable. Un projet qu’avait embrassé Denis Maltais, qui ne rechigne pas à documenter dans d’épais cartables ses activités, aussi bien en matière de pratiques environnementales que de qualité, de salubrité et de production fruitière intégrée.

1. Le système de déshydratation des pommes fonctionne à basse température et a été adapté et configuré par Denis Maltais, avec l’aide d’experts de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement. 2. Situé à Saint-Antoine-de-Tilly, destination prisée des agrotouristes, le Verger de Tilly écoule les deux tiers de ses pommes grâce à l’autocueillette. Le reste est destiné au kiosque de la ferme, à la transformation et au marché public de Sainte-Foy. 3. Dans la foulée de son adhésion à la norme ISO 14001, le verger s’est doté d’une politique environnementale pour prévenir les problèmes et pour s’améliorer en matière d’environnement, un projet à la fois.

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1. Le système d’entreposage à atmosphère contrôlée de marque Janny MT permet de loger 15 minots de pommes, qui garderont tout leur croquant ! Ce système passif allonge la conservation en dosant l’oxygène, le gaz carbonique et l’humidité. 2. La variété Honeycrisp convient bien à la déshydratation en raison de sa chair à grosses cellules. 3. Lors des grands froids, la chaudière triénergie (bois-géothermie-électricité) tourne à plein régime pour chauffer les 460 m2 (5000 pieds2) de la maison et de l’aire de production.

Le verger est ainsi devenu le premier au Canada à détenir la certification ISO 14001. Au verger, les résidus de taille sont réduits, depuis 2004, en bois raméal fragmenté, qu’on laisse maturer en tas pendant six mois, en lui ajoutant de l’urée pour stimuler le processus de décomposition. Le semi-compost qui en résulte est placé, à l’automne, au pied des pommiers pour assurer un paillis biodégradable. D’une épaisseur

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de 5 à 10 cm (2 à 4 po) et d’un rayon de 60 cm autour du tronc, ce matelas végétal conserve l’eau du sol et nourrit en matière organique les microorganismes et la mésofaune. Et les mulots ? « L’hiver, le paillis est humide et prend en glace, ce qui n’est pas propice aux rongeurs », assure Denis Maltais. Conséquemment, l’entreprise n’utilise plus d’herbicides et emploie moins d’éclaircisseurs chimiques durant, avant ou après la floraison. « Lucie est physiothérapeute et est donc sensible à la santé », fait valoir le pomiculteur. Depuis plus de 20 ans, on contrôle donc la charge de fruits en pinçant les inflorescences et les fruits en formation qui compromettent une récolte de fruits de bon calibre, colorés et sucrés. Et c’est sans parler du phénomène d’alternance (grosse récolte une année, petite l’autre). Fait à noter, le verger est planté sur une pente de 7 % orientée franc nord, ce qui retarde le débourrement de quelques jours au printemps, d’où un moindre risque que les fleurs soient abîmées par un gel tardif. En raison de cette orientation, couplée aux sols argileux lents à se réchauffer et à l’effet tampon du fleuve, situé en contrebas, la saison végétative du verger est décalée vers l’automne, ce qui plaît à Denis Maltais. Avant-gardistes, Lucie et Denis cultivent depuis plus de 18 ans la pomme Honeycrisp, une variété parmi quelque 26 autres. On table aussi sur la transformation, notamment en pomme séchée, produit idéal pour les collations et les randonnées. « La Honeycrisp convient bien à la déshydratation en raison de sa chair à grosses cellules », explique Denis Maltais. Les fruits de deuxième qualité sont d’abord mis à faner en caveau, ce qui abaisse de quelques pour cent leur taux d’humidité, après quoi ils sont lavés, pelés, tranchés et étalés sur des claies pour leur mise en séchoir. Huit fruits produiront 75 g de pomme déshydratée. Les pommes sont séchées dans un déshydrateur, où la température n’excède jamais 40 °C, ce qui préserve les arômes des fruits, lesquels ne cuisent pas mais se dessèchent. Le noyau central de l’appareil atteint toutefois plus de 85 °C, mais une boucle de fluide refroidi par la géothermie – encore elle ! – vient tempérer le dégagement de chaleur. Il y a du technicien en efficacité énergétique derrière cela !


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ÉLEVER DU BÉTAIL PAS DES MOUCHES ! TEXTE D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

LES MOUCHES ONT DE QUOI NOUS RENDRE FOUS, ALORS IMAGINEZ LES ANIMAUX D’ÉLEVAGE ! VOYONS LES SOLUTIONS POUR LUTTER CONTRE CES AGENTS STRESSANTS POUR LE BÉTAIL. Ce diptère à deux ailes nous dégoûte, même s’il joue un rôle écologique essentiel. On ne l’apprécie pourtant pas dans les fermes, car il nuit à la qualité de vie et colporte sur son corps une foule de virus et de bactéries pathogènes.

PRÉVENIR D’ABORD « Pour lutter contre les mouches, il faut une approche globale », estime Jean-Luc Desbiens, directeur des opérations du Groupe Cameron (Terminix Canada), une entreprise de gestion antiparasitaire. Le nettoyage et l’assainissement sont la base de la gestion des mouches. Évacuer le fumier des bâtiments, éliminer les carcasses d’animaux morts, réparer les fuites d’eau, ramasser la moulée répandue par terre, balayer la poussière, sortir les poubelles… En évitant de fournir des sources de nourriture aux insectes, on ralentit tant leur reproduction que leur longévité – une mouche adulte ne pouvant survivre plus de deux ou trois jours sans aliments. Même une ventilation efficace fait office de mesure préventive : elle élimine l’humidité et une partie de la chaleur ambiante, en plus de nuire au déplacement des insectes. Dans les poulaillers, le ministère de l’Agriculture de l’Ontario recommande de maintenir la litière sèche (moins de 55 % d’humidité).

GUÉRIR ENSUITE Il existe des moyens de lutte biologique, mécanique et chimique. On trouve des entreprises offrant des solutions de lutte biologique pour tous les stades de développement : œufs, larves, pupes (nymphes) ou mouches adultes. Parmi celles-ci, il y a la guêpe (parasitoïde qui pond dans les pupes), l’hister (coléoptère qui bouffe les asticots et les pupes) et le champignon (moisissure blanche affectant les adultes). Du côté des mesures mécaniques, les moustiquaires et la ventilation sont efficaces, tout comme les rubans et pièges antimouches à motifs tridimensionnels, par exemple ceux de la gamme Silvalure, de Vetoquinol. Ces produits non toxiques et biodégradables limitent la population d’insectes. Enfin, on trouve des insecticides chimiques à action neurotoxique à vaporiser, à base de pyréthrine et de perméthrine, comme les formulations Disvap, Zap-It et Vetolice pour les bovins. « Ces produits ont une action immédiate ou résiduelle et peuvent être utilisés sur l’animal ou sur les surfaces », explique James Peel, chef régional des ventes pour le Québec et l’est de l’Ontario chez Vetoquinol, neuvième laboratoire pharmaceutique vétérinaire mondial. Les produits Vetoquinol sont en vente dans les magasins de Groupe BMR.

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| AFFAIRES ÉCONOMIQUES

RENÉGOCIATION

DE

L’ALENA

À QUOI S’ATTENDRE ? TEXTE DE GUYLAINE GAGNON ET YVES NGORBO

Monsieur Bachand, étant donné que les États-Unis comptent plus de 300 millions d’habitants et le Canada 36 millions, avonsnous les arguments nécessaires pour faire valoir l’importance de notre marché ? Absolument. Le Canada est le premier pays d’exportation pour 35 États. Ce sont neuf millions d’Américains qui ont un emploi parce qu’ils vendent leurs biens ou leurs services au Canada. Tout cela notamment grâce à cet accord, l’ALENA, qui a fait augmenter de façon considérable le commerce entre les deux pays. Le Canada a été attaqué dans de nombreux secteurs économiquement importants, dont l’agriculture et le bois d’œuvre. Quel est votre avis sur ces enjeux ?

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PHOTO : GUYLAINE GAGNON

LE COOPÉRATEUR A RENCONTRÉ RAYMOND BACHAND AU CENTREVILLE DE MONTRÉAL, DANS LES BUREAUX DE NORTON ROSE FULBRIGHT, IMPORTANT CABINET D’AVOCATS. CONSEILLER SPÉCIAL AUPRÈS DU GOUVERNEMENT QUÉBÉCOIS POUR LA RENÉGOCIATION DE L’ACCORD DE LIBREÉCHANGE NORD-AMÉRICAIN (ALENA), RAYMOND BACHAND A BIEN VOULU FAIRE PARTAGER À NOS LECTEURS SES IMPRESSIONS SUR CES NÉGOCIATIONS POUR LE MOINS ATTENDUES.


AFFAIRES ÉCONOMIQUES |

Il y a eu cette sortie du président Trump sur le lait diafiltré, une substance protéinée produite par les Américains qui n’était pas considérée dans les catégories couvertes. À moindre coût, ce produit était largement importé par les transformateurs, jusqu’à ce que les producteurs canadiens réagissent en créant une catégorie de lait pour équivaloir au prix du produit américain. Or, les ÉtatsUnis se retrouvaient déjà avec un surplus considérable de lait. C’est ce qui a valu le commentaire de M. Trump. Mais il ne peut rien contre cette réponse du marché. Ce n’est pas une subvention. Quant à la gestion de l’offre, elle n’est pas sous attaque en soi. Mais les contingents tarifaires le seront. Celui qui veut remettre en question ce système doit aussi remettre en cause ses propres politiques agricoles. Ce que les Américains ne sont pas prêts à faire. Sur la question du bois d’œuvre, le gouvernement du Québec a réagi très rapidement aux nouveaux droits compensatoires, d’une moyenne de 20 %, annoncés par les États-Unis à la fin du mois d’avril. Plus récemment, le gouvernement du Canada s’est aussi engagé à aider f inancièrement les quelque 200 entreprises touchées. Cette situation est déraisonnable et injustifiée de la part de nos voisins américains. Dans le contexte de ces renégociations, croyez-vous que les agriculteurs ont plus à perdre qu’à gagner ? Le Québec est très performant dans ses exportations bioalimentaires vers les États-Unis, avec près de 6 milliards $ d’exportations annuellement. Il faudra être vigilant entre autres sur les questions des règles d’origine et des mesures d’inspection et de contrôle à la frontière. On compte aussi pour 700 milliards $ d’investissements croisés entre les États-Unis et le Canada. Les chaînes logistiques de la plupart des grands secteurs économiques des deux pays sont tellement intégrées que ce serait difficile de les défaire. Alors, travaillons à moderniser cette entente, qui a été une réelle poule aux œufs d’or à la fois pour le Canada et pour les États-Unis.

M. Mulroney a fait une déclaration en février dernier, à Edmonton, en faveur d’un « retrait prudent, innovant et généreux » de la gestion de l’offre. Il appelle à une émancipation des secteurs sous gestion de l’offre. Quel est votre avis sur ce sujet ? La gestion de l’offre est soutenue par les gouvernements de Québec et d’Ottawa, tous partis confondus. On peut toutefois s’attendre à ce que les Américains négocient un accès accru à nos marchés, comme l’ont fait les Européens pour l’Accord économique et commercial global (AECG). Mais le système sera toujours défendu. Je crois également qu’il y a une éducation publique à faire sur ce système. Dans les centres urbains, la population ne comprend pas bien son importance pour l’économie du Québec, pour les régions, pour la revitalisation du territoire, pour l’approvisionnement et la sécurité alimentaires. C’est le rôle des organisations agroalimentaires de le faire. Rappelons-le, la gestion de l’offre ne coûte pas un sou aux finances publiques. Y a-t-il des enjeux potentiels entre le Mexique et le Canada, en agriculture ou dans d’autres secteurs ? Il n’y a pas autant d’échanges agroalimentaires avec le Mexique qu’avec les ÉtatsUnis. L’enjeu se situe surtout sur le plan de la main-d’œuvre venant du Mexique ou d’ailleurs en Amérique centrale. Car nous avons besoin de cette main-d’œuvre, non seulement dans les champs, mais aussi dans les usines de transformation.

...travaillons à moderniser cette entente, qui a été une réelle poule aux œufs d’or à la fois pour le Canada et pour les États-Unis. — Raymond Bachand

En qualité de président de l’Institut du Québec, voyez-vous dans ces négociations des retombées économiques positives pour le Québec ? Oui. Mais il faut qu’on réveille nos amis américains sur les bienfaits de cette entente qu’est l’ALENA. La plupart des Américains dont les emplois dépendent du Canada ne le savent même pas. Il faut vraiment être sur le terrain, et ce n’est pas seulement le travail du gouvernement du Québec : c’est aussi la responsabilité de toutes les organisations, comme La Coop fédérée.

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TRANSFERT DE FERME : ÉQUITÉ OU ÉGALITÉ ?

1. La capacité de prendre des décisions : Un bon leader sera capable de prendre des décisions, même dans l’incertitude. Il sera aussi conséquent et responsable de ses décisions. 2. La compétence : Le leader aura de l’expertise, des connaissances et de l’expérience dans son domaine. 3. L’intégrité : On peut se fier à ce leader. Comme on dit en québécois, ses bottines suivent ses babines. Ce leader aura de la crédibilité. 4. La vision : Un grand leader sait où il veut aller avec son entreprise. Il sait communiquer sa vision et s’assure que ses employés et collaborateurs vont y adhérer. 5. La modestie : Un grand leader ne souffre pas du complexe de Dieu. Il est capable de reconnaître la collaboration de ceux qui l’ont aidé. Il parle davantage au « nous » qu’au « je ». 6. La persévérance : Un leader est un capitaine qui n’abandonne pas le bateau, même dans les plus grandes tempêtes. Il sait persévérer malgré les enjeux et les défis. Il est capable de communiquer sa passion et sa confiance en l’avenir. Pour en savoir plus, vous pouvez visionner la vidéo suivante : https://youtu.be/XCw5nugytiA. (Tiré d’une entrevue avec Pierrette Desrosiers, psychologue du travail, qu’on trouve sur le site Web de Financement agricole Canada.)

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(Source : Marie-Josée Fortin et Brigitte Paré, CRÉA Chaudière-Appalaches)

AGRISCAN, POUR LES PRODUCTEURS DE BOVINS Les marges sont minces en production bovine. Alors quelles sont les approches possibles pour maximiser la rentabilité de ce type d’exploitations, particulièrement en élevage vaches-veaux ? Agriscan peut vous aider. Les vaches de boucherie consomment beaucoup de fourrages. Cet aspect de l’alimentation représente la plus grande part des coûts de production et des frais directs d’exploitation. Il est donc important d’y travailler pour avoir un impact positif sur la rentabilité. Comment ? Pour bien comprendre son coût de production, on doit aller au-delà des simples frais. Combien me coûte chacune des opérations culturales ? Est-ce que j’ai des champs plus ou moins rentables ? Comment se compare le coût de mes opérations culturales par rapport à des valeurs de références (benchmarks) ? Quel prix devrais-je payer pour un travail à forfait ? Pour une gamme de prix, quels rendements correspondent à des rentabilités similaires pour différentes cultures ? Jusqu’à quel prix est-il intéressant de louer cette terre ? Où ai-je le plus grand potentiel d’amélioration dans mes opérations végétales ? Quelles sont les stratégies à mettre en place par ordre de priorité ? Etc. C’est pour répondre à toutes ces questions que le réseau La Coop offre le service Agriscan. Cet outil permet de prendre de meilleures décisions de gestion dans votre entreprise. Parlez-en à votre expert-conseil.

PHOTO : ISTOCK

SIX CARACTÉRISTIQUES DES GRANDS LEADERS

On confond souvent le sens de l’équité et de l’égalité. Dans le cas d’un transfert de ferme, on doit parler d’équité, qui est la notion d’être juste selon ce qui est possible pour chacun, et non d’égalité qui signifie être égal. Il est entendu que le prix de vente d’une entreprise est fixé en fonction de la capacité de remboursement et non de la valeur marchande. Or, les cédants doivent faire un « don » pour que la ferme continue. Ce qui entraîne une préoccupation pour eux d’être équitables envers tous leurs enfants. Quelques pistes de solution pour atténuer les préoccupations. 1. Se mettre d’accord : Les cédants doivent se mettre d’accord sur ce qui est juste pour chacun de leurs enfants. Plus les parents sont confiants dans leur choix, plus c’est facile pour les enfants de les accepter. 2. Communiquer : Informer tous les membres de la famille du désir de voir la ferme continuer, et les mettre au courant des démarches de transfert. 3. Reconnaître l’apport de la relève à l’entreprise : Comme mentionné plus tôt, un don est inévitable dans un transfert de ferme. Toutefois, il faut reconnaître l’apport de la relève dans le processus. n Elle a souvent accepté de travailler à petit salaire pendant de nombreuses années pour que l’entreprise soit mieux positionnée en vue du transfert. n Elle a bénéficié d’une prime à l’établissement offerte par La Financière agricole du Québec, liée à sa formation, ainsi que d’un rabais d’intérêts favorisant le développement de la ferme. n En production laitière, le prêt de quota à la relève a un effet de levier sur l’entreprise. n La relève n’est pas plus riche que les autres enfants. Certes, elle possède une valeur d’actif, mais doit gérer les risques et le stress liés à l’exploitation d’une entreprise. 4. S’informer auprès des spécialistes : Connaître les outils qui peuvent aider. Par exemple, établir que si la relève vend la ferme cinq ans après le transfert, la valeur du « don » consenti reviendra aux parents. Aussi, réfléchir aux possibilités de laisser un héritage, autre que la ferme, aux enfants non acquéreurs (assurance-vie, autres biens s’il y a lieu). Les CRÉA peuvent aider à aborder la question de l’équité !


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FILIÈRE PORCINE COOPÉRATIVE : REMISE DES DIVIDENDES Comme annoncé à la dernière assemblée générale de La Coop fédérée, le conseil d’administration a statué, le 13 janvier dernier, qu’un dividende de 10,7 millions $ serait versé aux détenteurs d’actions de la Filière porcine coopérative. Plus précisément, la moitié de cette somme sera remise au comptant et l’autre moitié en actions. C’est le 31 juillet que les producteurs recevront leur chèque par la poste.

BEECONNECTED : POUR PROTÉGER LES ABEILLES

Une des façons efficaces de protéger les abeilles est de savoir où sont situées leurs ruches pour diminuer les impacts des activités agricoles à proximité. BeeConnected, une application gratuite pour téléphone intelligent offerte en 140 Indice lait de transformation MGaux apiculteurs, français, permet À l’occasion du souper-conférence au homard organisé le 8 mai dernier par l’Association agriculteurs et entreprises de travaux québécoise des industries de nutrition animale et 130 céréalière (AQINAC), Alain Bourbeau, à forfait de partager des informations directeur général des Producteurs de lait du Québec, a dressé un portrait de la demande sur la localisation des ruches. Elle en lait des dernières années. Les nouvelles sont plutôt 120 bonnes. Alain Bourbeau a rappelé permet également d’aviser un apiculteur qu’à la fin des années 1980 le gras subissait les impacts de la « cholestérophobie ». lorsque des activités de protection des Un produit à bannir de notre alimentation, disait-on. 110Durant la vingtaine d’années qui cultures présentant des risques sont a suivi, la progression de la demande fut faible et surtout liée à la croissance de la effectuées à proximité de ses abeilles. population canadienne (voir le graphique ci-dessous). 100 C’est à partir de 2015-2016 qu’on Pour que cette application soit efficace, a observé une croissance importante, atteignant 17,5 % sur une période de deux ans. il faut que le plus grand nombre Deux phénomènes expliquent cette tendance à la hausse : 90 de personnes l’utilisent afin d’échanger 1. Le constat, de la part des scientifiques, selon lequel les gras saturés des informations. On pourra ainsi n’ont pas l’impact négatif sur la santé qu’on croyait 80 dans les années 1990. favoriser une cohabitation plus 2. L’intérêt général de la société pour le bien-manger, notamment le mouvement harmonieuse entre les différentes 70 de la saveur à la nourriture, des cuisinomanes (foodies). On le sait, ce qui donne activités sur le terrain. Vous pouvez ce sont les matières grasses. télécharger BeeConnected à partir La croissance ne se maintiendra pas à ce rythme, soutient Alain Bourbeau, mais on de l’App Store, d’Apple, et de Google ne connaîtra pas de recul net. C’est une tendance qui est aussi observée ailleurs dans Play (pour Android). Pour en connaître le monde. Et comme d’autres pays font mieux que le Canada, on peut s’attendre encore davantage sur cet outil, consultez le site à de la croissance. www.beeconnected.ca.   19 86 19 8 19 7 88 19 8 19 9 90 19 9 19 1 92 19 9 19 3 94 19 9 19 5 9 19 6 9 19 7 98 19 9 20 9 00 20 0 20 1 0 20 2 0 20 3 04 20 0 20 5 06 20 0 20 7 0 20 8 0 20 9 10 20 11 20 12 20 1 20 3 14 20 1 20 5 16

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Source : Les Producteurs de lait du Québec, 2017

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