Coopérateur : Mars 2015

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MARS 2015

cooperateur.coop

VOTRE VIE, VOS AFFAIRES

Ferme Roulante

YVES ROUX

L’HUMAIN ET L’HOMME D’AFFAIRES Relève Prix Transfert de ferme La Coop Porc Les maternités collectives


Deux fois plus de raisons de choisir CIRCOVAC ®

Le premier vaccin contre le CVP2 pour les truies et les porcelets CIRCOVAC est le premier vaccin contre le CVP2 approuvé à la fois chez les truies et les porcelets pour protéger l’ensemble du troupeau de la naissance à la finition. Maintenant, vous pouvez choisir comment vous vaccinez votre troupeau contre la maladie causée par le CVP2. CIRCOVAC vous offre la souplesse de vacciner les truies ou les porcelets, selon ce qui vous convient. ®

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ÉDITION MARS 2015

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EN COUVERTURE

30 Ferme roulante — Yves Roux : l’humain et l’homme d’affaires

VOTRE VIE

VIE COOPÉRATIVE 5 Mot de la rédactrice en chef

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6 ZOOM COOPÉRATION 8 MA COOP 12 Le bilan 2014 de La Coop fédérée 18 PAUSE PENSÉE Colette Lebel* 20 La Cuma de l’Érable 22 Audrey Bilodeau — Jeune coopératrice fortement convaincue

VIE AGRICOLE 24 Prix Transfert de ferme La Coop 30 Ferme roulante — Gérer l’humain

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VOS AFFAIRES

AFFAIRES AGRICOLES 32 Ferme roulante — Gérer Les affaires 36 L’EFFET BOEUF Bruno Langlois* 38 Les maternités collectives 44 Pour maximiser rendements et profits de vos cultures 47 Pour vendre son foin sur-le-champ !

ISTOCK

49 Des nouveautés pour les acériculteurs

AFFAIRES ÉCONOMIQUES

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52 L’équilibre budgétaire du gouvernement Couillard 54 L’importance d’avoir une mission et une vision 58 FAITS ET GESTES Vincent Cloutier* * For English version, please visit our website at lacoop.coop/cooperateur

30 ISTOCK

57 ZOOM AFFAIRES

Version Web : www.lacoop.coop/cooperateur Version virtuelle : www. lacoop/cooperateurvirtuel COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

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PHOTOS : ÉTIENNE GOSSELIN

À VENIR DANS VOTRE MAGAZINE

La vie en bleu au pays des bleuets Est-il possible de vivre de bleuets et d’eau fraîche comme les Saguenayens et les Jeannois ?

Tournée laitière en Ontario

Tendances volailles

Summitholm, Hoenhorst, Greiden, Armstrong Manor... Comment travaillent les meilleurs gestionnaires d’entreprises laitières de la seconde province productrice de lait du Canada.

Compte rendu de l’Atlanta Poultry Expo : nos spécialistes vous parlent des nouvelles technologies, enjeux et tendances de l’industrie.

ABONNEMENT (version papier)

Erratum Dans l’article Le Colloque des coopératrices attire des perles paru le mois dernier, deux erreurs se sont malheureusement glissées. D’une part, on aurait dû lire que Sophie Bédard, Muriel Dubois et Aline Lavallée ont toutes trois été invitées à parler de leurs expériences comme administratrices. D’autre part, le prénom de Cathy Fraser a fait l’objet d’une coquille qui l’a transformé en Kathy. Toutes nos excuses.

La rédaction

Contactez Nadine Kadé 514 384-6450, poste 3710 nadine.kade@lacoop.coop ou complétez le formulaire à l’adresse suivante : http://www.lacoop.coop/ cooperateur/abonnement.asp

Coût d’abonnement (taxes incluses) Membres : 8,63 $/année

(défrayé par la coopérative locale)

Non-membres : 1 an : 25 $ 2 ans : 40 $

3 ans : 55 $ À l’étranger – 1 an : 90 $

Coopérateur

C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Tél. : 514 384-6450 – Téléc. : 514 858-2025 – Courriel : coopagri@lacoop.coop

VOLUME 44, NO 3 | MARS 2015 Le Coopérateur est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise. Éditeur Jean-François Harel Directrice et rédactrice en chef Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) guylaine.gagnon@lacoop.coop Rédacteur Patrick Dupuis, agronome 514 858-2044 (ligne directe) patrick.dupuis@lacoop.coop Adjointe à l’édition Marie-Hélène Gaudin 514 384-6450, poste 3513 marie-helene.gaudin@lacoop.coop Révision Georges O’Shaughnessy enr. Ont collaboré à ce numéro Hicham Bencharki, Alain Brassard, Vincent Cloutier, Hélène Cossette, Étienne Gosselin, Pascal Labranche, Jean-Sébastien Laflamme, Bruno Langlois, Colette Lebel, Nancy Malenfant.

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COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

Conception graphique Service de la création, La Coop fédérée Graphistes Pierre Cadoret, Nadine Poirier, Valérie Michèle Vidal Webmestre Ricardo Silva Photographies et illustrations Pierre Cadoret, Bernard Diamant, Martine Doyon, Étienne Gosselin, Exposimage, Louis Jacob, Nancy Malenfant Page couverture Exposimage

Correspondance Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à : Le Coopérateur C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2 Télé. : 514 384-6450  |  Téléc. : 514 858-2025 Couriel : coopagri@lacoop.coop Site web : www. lacoop.coop/cooperateur et www.lacoop.coop/cooperateurvirtuel Poste-publications, convention n° 40628621 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec

Impression Interweb Inc. Les photos, illustrations et textes publiés dans le Coopérateur et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation. Publicité Pierre Grinsell  |  450 661-8200 info@relationsmedia.ca

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Un magazine renouvelé au thème évocateur : VOTRE VIE, VOS AFFAIRES GUYLAINE GAGNON, RÉDACTRICE EN CHEF – GUYLAINE.GAGNON@LACOOP.COOP

L’agriculture change et se modernise. Elle est maintenant à l’ère des technologies. Le Coopérateur suit cette tendance, tout en demeurant axé sur l’être humain. L’agriculture, c’est d’abord des gens qui ont une vie personnelle, une vie familiale, une vie sociale composées de moments de bonheur, mais aussi d’embûches. Ces mêmes gens font partie du grand réseau La Coop, une association de personnes qui travaillent ensemble pour répondre aux besoins de leur entreprise. C’est pourquoi il est important pour le Coopérateur de traiter d’affaires humaines : votre vie ! L’agriculture se modernise : dans un monde où tous les secteurs d’activité visent les coûts de production les plus bas, le producteur d’aujourd’hui doit gérer rigoureusement son entreprise et travailler avec les meilleurs partenaires et les bons outils. Le réseau La Coop s’adapte à ces besoins et travaille à développer les meilleurs techniques de production, les meilleurs produits et services, mais aussi à offrir des outils de bonne gestion d’entreprise. Les tableaux mensuels laitiers, Agriscan et l’imagerie satellite en sont des exemples. Cela vaut bien plusieurs pages du magazine qui seront axées sur les affaires : vos affaires ! La pérennité des fermes est assurée grâce à la relève. Il est important de montrer ces jeunes, de les faire parler de leur vision, de leurs ambitions. Surveillez-les, ils s’affirmeront davantage,

que ce soit dans la section humaine ou affaires. C’est donc un nouveau magazine que les équipes de rédaction et de création de La Coop fédérée vous ont méticuleusement confectionné. L’information vous est présentée un peu à la façon Web : des blocs d’information, ici et là, rapides à lire pour les plus pressés. Mais aussi du texte continu, de l’information plus détaillée pour les plus curieux et avides d’informations. Pour compléter le tableau de la moderni­ sation, le Coopérateur aura un nouveau site Web sur lequel vous trouverez du contenu différent du magazine imprimé. De l’infor­ ­mation pertinente pour votre vie personnelle et pour votre entreprise sera offerte sous forme de textes, de vidéos et de photos. Sortie prévue ce mois-ci. Votre vie, vos affaires à la façon moderne !

PHOTO : PIERRE CADORET

LE COOPÉRATEUR publie maintenant de l’information en ligne (Flash réseau). Vous souhaitez la recevoir, allez au http://www.lacoop.coop/cooperateur/ et cliquez sur Infolettre en haut de la page.

COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

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ZOOM COOPÉRATION TOP 30 DES COOPÉRATIVES AGROALIMENTAIRES DANS LE MONDE Le Word Cooperative Monitor souligne la place de La Coop fédérée, la plus importe entreprise agroalimentaire au Canada, dans le Top 30 des coopératives agroalimentaires sur la planète. Dans cette troisième édition d’un classement mondial, on y retrouve La Coop fédérée au 24e rang dans la catégorie des plus grandes coopératives dans le secteur agricole et agroalimentaire selon le chiffre d’affaires. Nous sommes fiers de faire partie de l’économie coopérative et de partager ses valeurs d’honnêteté, d’équité, de responsa­bilité et de solidarité. Pour lire l’étude au complet : http://goo.gl/o9cSI8

Les coopératives sont une clé du développement durable L’Organisation internationale du travail (OIT) fait une promotion active du modèle coopératif comme instrument essentiel pour favoriser le développement durable. L’OIT affirme que les valeurs et les principes qui régissent les entreprises coopératives répondent aux enjeux pressants du développement économique, de la protection de l’environ­nement et de l’équité sociale si nécessaire à l’équilibre mondial. L’OIT salue également la contribution des coopératives à des relations commerciales plus équilibrées et des chaînes de valeur plus inclusives, par leur engagement dans des formes alternatives de commerce, et croit par ailleurs que les approches novatrices des coopératives peuvent favoriser une économie à faibles émissions de carbone. (OIT) 6

COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

Vivement les coopératives ! Une toute récente analyse de l’OCDE affirme que réduire les inégalités de revenus pourrait favoriser une croissance économique forte et pérenne. En effet, l’étude révèle que la croissance économique est plus rapide dans les pays où les inégalités de revenus diminuent que dans ceux où elles augmentent. L’étude avance par ailleurs que l’éducation est une clé à privilégier quand on veut freiner les inégalités. Or, puisque les coopératives contribuent à une meilleure distribution de la richesse et qu’elles font de l’éducation un de leurs principes fondamentaux, on peut en conclure qu’elles jouent un rôle inestimable, non seulement pour le bien-être des populations, mais également pour les économies nationales. Vivement les coopératives ! http://bit.ly/1DYb5E3

Les coopératives vues par les membres et les non-membres Lorsqu’on demande aux gens si les coopératives respectent la nature de leur modèle d’entreprise, ces dernières obtiennent un très bon score, avec une moyenne de 5,02/7 (1 étant « pas du tout d’accord » et 7 « tout à fait d’accord »). Les Américains sont le plus en accord avec l’affirmation (5,46/7), tandis que les Japonais sont les juges les plus sévères du modèle coopératif (4,44/7). L’ouverture à tous et l’engagement dans le milieu sont les deux critères les plus à même de convaincre la population qu’une coopérative respecte sa mission première. Ces résultats sont tirés du rapport La conception générale de la nature coopérative, réalisé par la Chaire de coopération Guy-Bernier (Université du Québec à Montréal) et fruit d’un sondage auprès de répondants venant de 10 pays sur les cinq continents. (UQAM)

La gouvernance chez Arla Foods Arla Foods est issue de la fusion, en 2000, entre deux coopératives laitières du Danemark et de la Suède. Le groupe Arla compte 13 500 membres au Danemark, en Suède, en Allemagne et au Royaume-Uni, et a entrepris des affaires au Canada, aux États-Unis, en Finlande, en Chine et en Russie. Le président d’Arla Foods, Âke Hantoft, récemment à Minneapolis pour prononcer une conférence sur le modèle de gouvernance du groupe, a précisé que l’équité entre toutes les parties était une des principales clés du succès d’Arla. Ainsi, tous les membres reçoivent le même prix pour le lait livré. C’est un défi de taille, a-t-il dit, puisqu’il faut gérer les nombreuses fluctuations des taux de change. La croissance d’Arla est financée par les membres, et une majorité de 75 % de ceux-ci est requise pour procéder à toute acquisition internationale. Les membres peuvent exercer un droit de vote au sein de leur district local, où ils élisent un conseil de 165 représentants, lesquels élisent à leur tour un conseil central de 10 personnes. M. Hantoft a précisé que ces sièges étaient déterminés en fonction des actions détenues par ces personnes– une particularité qui en fait sourciller plus d’un. Enfin, au sein de ce conseil central sont requises une représentation des membres féminins de même qu’une représentation des employés. M. Hantoft a conclu en évoquant Arlagarden, le programme de développement durable d’Arla Foods. D’abord boudé par les membres, ce programme a néanmoins fait son chemin, et ceux-ci en ont maintenant largement adopté les pratiques d’agriculture durable.

PHOTO : IMGIMAGE

LA COOP FÉDÉRÉE,


LA TOUTE NOUVELLE FAÇON DE TOUT FAIRE. BIENVENUE AU PAYS DES CAT

PLACE AU TOUT NOUVEAU HDXMD 700 XTMD EPS. Le HDX 2016 travaille plus fort que jamais et

il a maintenant une allure à la hauteur. Les panneaux de carrosserie en Surlyn® ultra-résistant aux éraflures et le capot de type automobile font tourner les têtes et ajoutent à la fonctionnalité. Les amortisseurs arrière à ressort hélicoïdal FOX FLOAT® à pression réglable assurent une capacité portante de 454 kg (1 000 lb). Et avec une banquette à trois places, un dégagement-épaules accru de 8,25 cm (3,25 po) et un système de réduction du bruit de 8 dB, le confort est au premier plan. Enfin, une commande 2-4 roues motrices avec blocage du différentiel avant permet de franchir les terrains les plus accidentés. Le HDX. Voilà comment on abat la besogne au pays des Cat. Pour en savoir davantage, visitez arcticcat.com. Les VTT et VR hors route peuvent être dangereux à conduire. Une utilisation inappropriée peut entraîner des blessures sérieuses, voire la mort. Tous les occupants du véhicule doivent porter une ceinture de sécurité (sur VR hors route), un casque homologué, des lunettes de sécurité et des vêtements de protection. Ils doivent utiliser les poignées/le volant et demeurer entièrement à l’intérieur du véhicule. Tous les conducteurs de VR hors route doivent être titulaires d’un permis de conduire valide et être agés d’au moins 16 ans. Les occupants doivent pouvoir s’asseoir dans le véhicule, le dos bien appuyé contre le dossier, les deux pieds à plat sur le plancher et les mains sur les poignées/le volant. Ils doivent lire et comprendre le manuel de l’utilisateur avant de conduire. Suivez toutes les instructions et tenez compte des avertissements. Évitez les déplacements soudains, les accélérations brusques dans les virages, la conduite à flanc de pente et les surfaces pavées. Ralentissez avant de prendre un virage. Ne tentez jamais de faire des cascades. Ne faites jamais d’excès de vitesse et soyez particulièrement prudent en terrain accidenté. Ne transportez jamais de passagers dans la boîte de chargement; ne transportez jamais plus de passagers que le nombre de sièges du VR hors route. Ne transportez jamais de passagers sur un VTT conçu pour une seule personne. Tout conducteur de VTT doit être âgé d’au moins 16 ans, et âgé de plus de 14 ans pour le modèle 150 et de plus de 12 ans pour les modèles 90 et DVX 90. Conduisez uniquement des VTT conçus pour des personnes de votre âge. La supervision d’un adulte est requise pour les conducteurs de moins de 16 ans. Ne conduisez pas sur les voies publiques à moins qu’elles soient designées à titre de voie d’accès pour VR hors route; des collisions avec une automobile ou un camion peuvent se produire. Ne consommez jamais d’alcool ou de drogue avant de conduire ou en conduisant. Évitez de tirer à partir de votre VTT ou VR hors route, ou d’y appuyer des armes à feu ou des arcs. Arctic Cat recommande à tous les conducteurs de suivre un cours de formation. Pour de l’information sur la sécurité et les cours, appelez le Conseil canadien de la sécurité au 1 613 739-1535 ou voyez votre concessionnaire. Pour une formation en conduite de VR hors route, visitez le site www.rohva.org. À l’instar des défenseurs de l’environnement, Arctic Cat vous recommande vivement de conduire lentement sur les terres privées ou publiques. Conduisez uniquement sur les sentiers ou dans les zones désignés à cet effet. Préservez vos futures occasions de conduite en démontrant votre respect pour l’environnement, les lois locales et les droits d’autrui. FOX® et FOX FLOAT® sont des marques déposées de FOX Racing Shox. Arctic Cat,® HDX,MD Partagez notre passion,MD Prowler® et Share Our PassionMD sont des marques déposées ou des marques de commerce d’Arctic Cat Inc. ©2015 Arctic Cat Sales Inc., Thief River Falls, MN 56701, É.-U. Les VTT et côte à côte (VR hors route) d’Arctic Cat sont des produits de classe mondiale d’Arctic Cat Inc.


MA COOP 2

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OLYMEL

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LES PRODUITS QUISINE, DE FLAMINGO, SE DÉMARQUENT Le 21 janvier dernier, Olymel a remporté un prix DUX pour sa nouvelle gamme de produits Quisine, dans la catégorie Nouveau produit/Grande entreprise de production ou de transformation alimentaire. Le jury du concours a conclu que les produits Quisine présentent « un très haut potentiel de pénétration sur le marché et proposent une alternative intéressante à une soirée resto ou encore à une livraison à domicile ». Ils ont été décrits comme « pratiques et faits d’ingrédients de qualité, privilégiant un mélange d’épices plutôt qu’une haute teneur en sodium ». Lancés en septembre 2014, les nouveaux poulets en sauce surgelés aux saveurs internationales Quisine (poulet au beurre indien, poulet mexicana et poulet thaï) ont déjà obtenu le prix Innovation en alimentation, du Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation (CTAC), le 26 novembre dernier. DUX

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est un programme qui vise à souligner les initiatives contribuant à l’amélioration de l’état de santé des populations par l’alimentation. Lise Gagnon, vice-présidente au marketing, à la recherche et au développement, Olymel

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LA COOP AGRILAIT CÉLÈBRE SES 75 ANS CETTE ANNÉE ! Fondée en 1940, sous la désignation La Société Coopérative Agricole de Beurrerie de Saint-Guillaume, elle était active dans la fabrication du beurre et du fromage, certes, mais aussi dans la vente et l’achat d’animaux, d’instruments agricoles et d’engrais commerciaux. S’ajouteront, quelques années plus tard, les produits pétroliers et le secteur quincaillerie et matériaux. Les activités de la fromagerie St-Guillaume demeureront toutefois au cœur de la coopérative. Elle transforme aujourd’hui 26 millions de litres de lait annuellement. Quelques

activités permettront de souligner cet anniversaire avec les membres, les employés et les clients de La Coop Agrilait, dont l’ouverture officielle de la quincaillerie sous l’enseigne BMR ; le Gala des bâtisseurs, en mars ; une soirée vins et fromages et une journée familiale, en juillet ; et le tournoi de golf annuel, en septembre. Joyeux anniversaire, Agrilait !

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SALON DE L’AGRICULTURE : LA COOP ÉTAIT PRÉSENTE À l’occasion du Salon de l’agriculture de Saint-Hyacinthe, qui s’est tenu du 13 au 15 janvier dernier, une équipe d’expertsconseils était sur place pour faire connaître davantage les solutions d’affaires La Coop. Parmi celles-ci, un forfait de gestion agroéconomique qui comprend le tableau mensuel laitier, Agriscan et les imageries satellite. Trois outils qui permettent d’obtenir une image globale d’une entreprise ou d’un secteur de l’entreprise – coûts de production, rendements, marges, forces, faiblesses, etc.

– et de voir les mesures à prendre pour en maximiser la rentabilité. Énergies Sonic était aussi présente pour montrer sa technologie de pointe, une chaudière à la biomasse, et évidemment sa gamme complète de produits pétroliers et d’équipements qui répondent à tous les besoins en énergie.

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40E PRÉSENTATION DE LA SAAC À QUÉBEC En 1975, des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval mettaient sur pied un salon destiné à créer un pont entre les producteurs agricoles et les consommateurs. Le succès a été immédiat. Quarante ans plus tard, la Semaine de l’agriculture, de l’alimentation et de la consommation (SAAC) est toujours vivante et la relève ne s’est jamais essoufflée. Des générations d’étudiants de la Faculté, dont plusieurs sont devenus des leaders dans le milieu agroalimentaire au fil des années, se sont succédé à la tête de l’organisation.


C’EST QUI LE BOSS? C’EST VOUS LE BOSS. Ce sont vos champs, vos cultures et votre entreprise. Donc, lorsque vient le temps de protéger votre soya, vous voulez avoir le contrôle. Voilà pourquoi DuPont a créé l’herbicide Freestyle . Il vous permet de contrôler les mauvaises herbes en début de saison de manière simple, efficace et flexible. Mélangé au glyphosate de votre choix et ajouté à votre soya GT, il vous offre une grande souplesse en matière d’application et vous permet de mieux contrôler les graminées et les feuilles larges tenaces. Vous pouvez également ajouter Freestyle à votre soya IP pour contrôler un plus grand nombre de variétés de mauvaises herbes, y compris les graminées et les principales mauvaises herbes à feuilles larges comme l’abutilon et la morelle. Montrez aux mauvaises herbes que c’est vous le boss grâce au herbicide Freestyle . L’herbicide Freestyle . Plus de flexibilité. Plus de contrôle. Veuillez contacter votre détaillant, votre représentant DuPont, ou encore le Centre de soutien AmiPlan de DuPont au 1 800 667-3925, ou visiter freestyle.fr.dupont.ca. mc

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Comme avec tout produit de protection des cultures, lire et suivre soigneusement les directives de l’étiquette. L’ovale de DuPont, DuPontmc, Les miracles de la sciencemc, AmiPlan® et Freestylemc sont des marques déposées ou de commerce de E. I. du Pont de Nemours and Company. La compagnie E. I. du Pont Canada est un usager licencié. Membre de CropLife Canada. © Droits d’auteur 2015, La compagnie E. I. du Pont Canada.

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DuPont Freestyle

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MA COOP

L’évènement rayonne plus que jamais en 2015. La SAAC a pris le relais du volet agricole d’Expo-Québec et la 40e édition a encore attiré plus de 20 000 visiteurs en trois jours, du 16 au 18 janvier dernier. Ce 40e salon comportait quatre volets : un secteur de la ferme où avaient été réunis plus de 50 races d’animaux, un espace jardin où il était question d’apiculture et d’agriculture urbaine, des kiosques de dégustation et un espace symposium. Les invités d’honneur ont loué l’engagement des 25 membres du comité exécutif et des 300 bénévoles qui ont travaillé durant 10 mois à la réalisation de cette SAAC. « Vous amenez la Faculté dans la population. Vous n’avez pas peur de mettre à l’épreuve vos compétences, leur a lancé le président d’honneur du salon et doyen de la Faculté, Jean-Claude Dufour. Vous savez rallier l’industrie agroalimentaire avec vous. Un jour, vous serez des chefs de file de cette industrie. » Catherine Nilsson, Kim Charbonneau et Karine Marois, membres du comité étudiant Le Carnivore de l’Université Laval, devant l’aire de repos de La Coop.

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DENIS MÉTHOT

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PRIX TRANSFERT DE FERME : NOUVEAU NOM ET CRITÈRES D’ADMISSIBILITÉ ÉLARGIS Le prix Transfert de ferme La Coop s’ouvre maintenant aux démarrages d’entreprises agricoles et agroalimentaires et devient le prix Établissement et transfert de ferme La Coop. Voici les principaux critères d’admissibilité : n

Posséder un minimum

de 20 % des actions depuis un maximum de 10 ans. n

Avoir 40 ans et moins

au moment de l’année de participation. n

Être recommandé par le

conseil d’administration de sa coopérative et présenter une lettre signée par le président. Les transferts familiaux et non apparentés ainsi que les démarrages d’entreprises agricoles et agroalimentaires sont acceptés. Les personnes intéressées auront jusqu’au 1er mai 2015 pour déposer leur candidature.

SERGE RIENDEAU, PERSONNALITÉ DE L’ANNÉE 2014

CÉCILE B. PICHETTE AU TEMPLE DE LA RENOMMÉE DE L’ÉRABLE

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Chaque année, lors du congrès du Conseil nord-américain du sirop d’érable, l’industrie de l’érable, par l’intermédiaire du Temple de la renommée de l’érable de Croghan, dans l’État de New York, reconnaît ceux qui ont excellé dans la recherche, le développement et le leadership. Cette année, Cécile B. Pichette, vice-présidente chez Citadelle, a été choisie ; elle sera intronisée au Temple de la renommée de l’érable en mai prochain. Mme Pichette est active au sein du Conseil nord-américain du sirop d’érable depuis près de cinq ans, à titre de vice-présidente (2010-2011), de présidente (2012-2013) et maintenant d’ex-présidente (2014-2015).

Le président d’Agropur, Serge Riendeau, a été nommé personnalité de l’année 2014, dans le domaine économique, par le prestigieux magazine Forces. Producteur laitier, M. Riendeau est, depuis une décennie, à la tête d’Agropur, la plus importante coopérative laitière au Canada. Cette société connaît, sous sa gouverne, une croissance ininterrompue depuis plusieurs années, notamment grâce à l’acquisition d’entreprises laitières au Canada et aux États-Unis. La coopérative, dont le chiffre d’affaires s’élève à 4,7 milliards $, a distribué, en 2014, 92 millions $ en ristournes à ses 3450 sociétaires. M. Riendeau a également été honoré lors du gala Cérès, le 14 janvier, dans le cadre du Salon de l’agriculture, pour sa « grande influence sur le cours de l’histoire de l’industrie laitière au Canada ». (Forces)


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TOURNÉE COCHONNE 2014 : UNE INITIATIVE DE LA COOP SEIGNEURIE

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Le 16 décembre dernier, plus d’une soixantaine de producteurs ont participé à la Tournée cochonne, de La Coop Seigneurie, une activité combinant informations et plaisir. Elle avait lieu à La cache à Maxime, un hôtel-restaurant-vignoble de Beauce. Venant de différents territoires, les producteurs ont d’abord assisté à deux conférences : l’une portant sur les nouvelles normes en matière d’antibiotiques et l’autre sur la DEP. Après ce volet technique, les participants étaient invités à une dégustation de vins et fromages présentée par le sommelier de La cache à Maxime. Pour terminer en beauté, tous ont pu savourer un souper gastronomique.

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LA FROMAGERIE ST-GUILLAUME CERTIFIÉE SQF

Après plusieurs mois d’efforts fournis par l’équipe du Service de la qualité, les gestionnaires et tous les employés, la fromagerie St-Guillaume, propriété de La Coop Agrilait, est fière d’annoncer que son usine est maintenant certifiée SQF (GFSI). Cette certification en matière de qualité et sûreté des aliments prouve que la fromagerie produit, traite, prépare et manipule les produits alimentaires selon les standards les plus élevés. Elle englobe également la qualité du produit. L’obtention de cette certification permettra à la fromagerie de conserver ses clients majeurs, mais aussi de conquérir de nouveaux marchés. L’équipe du Service de la qualité et les dirigeants de la fromagerie St-Guillaume célèbrent l’obtention de la certification SQF.

VOUS PROTÈGE CONTRE LES MAUVAISES HERBES D’AUJOURD’HUI ET CELLES DE DEMAIN. Les mauvaises herbes peuvent nuire à votre culture de soya. Heureusement, l’herbicide de prélevée DuPont Canopy PRO offre deux modes d’action permettant de gérer la résistance aux herbicides et de contrôler les mauvaises herbes nuisibles. Il est également mélangé en cuve à du glyphosate afin de tirer profit de trois modes d’action pour venir à bout des mauvaises herbes résistantes. De plus, les propriétés résiduelles à large spectre du Canopy PRO permettent de contrôler les mauvaises herbes difficile à contrôler comme l’abutilon, les pissenlits et les laiterons annuels. Offrez à vos cultures la protection dont elles ont besoin grâce à Canopy PRO. mc

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Des questions? Pour en savoir davantage, veuillez communiquer avec votre détaillant, avec votre représentant local ou avec le centre de soutien AmiPlan® de DuPont en composant le 1 800 667-3925 ou visitez le site canopypro.fr.dupont.ca. mc

Comme avec tout produit de protection des cultures, lire et suivre soigneusement les directives de l’étiquette. L’ovale de DuPont, DuPontmc, Les miracles de la sciencemc, Canopymc et AmiPlan® sont des marques déposées ou de commerce de E. I. du Pont de Nemours and Company. La compagnie E. I. du Pont Canada est un usager licencié. Membre de CropLife Canada. © Droits d’auteur 2015, La compagnie E. I. du Pont Canada. Tous droits réservés.

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Message du président

Consolider et coopérer pour l’avenir et la relève L’exercice financier 2015 marque le début d’un nouveau cycle pour La Coop fédérée. Après des années d’expansion par des acquisitions stratégiques, nous consacrerons les prochains mois à l’intégration de nos activités. L’entreprise mettra l’accent sur la consolidation, l’optimisation, l’innovation et l’harmonisation de nos façons de faire.

PHOTOS : MARTINE DOYON

Denis Richard, président La Coop fédérée

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La bonne performance du dernier exercice (2014) arrive à point. Le financement de nos acquisitions commande la prudence dans la gestion de la trésorerie. Le trop-perçu de l’exercice nous procure une marge de manœuvre qui facilite cette transition et nous sécurise en cas de vents contraires. L’expansion des dernières années a permis de rééquilibrer notre portefeuille d’activités, qui dépendait fortement de l’abattage et de la transformation porcine, un secteur porteur, mais volatil. Nos activités se scindent maintenant en trois secteurs d’importance similaire en matière de chiffre d’affaires : la Division agricole (approvisionnement à la ferme et commercialisation des grains), la Division détail et innovation (quincailleries, centres de rénovation, énergies et innovation) et la Division viandes (Filière porcine et activités de transformation). La diversité de notre portefeuille d’affaires ac­­cen­ ­tue notre solidité et notre résilience.

Les résultats de l’exercice ont été fortement touchés par les variations météorologiques. À pareille date l’an passé, nous connaissions l’hiver le plus froid et le plus long des 20 dernières années. Le printemps a tardé, mais pas le premier gel automnal, qui a frappé tout le Québec aussi tôt que le 19 septembre.

LA MODERNISATION DU RÉSEAU La réussite en affaires nécessite une adaptation constante aux marchés. L’analyse de la situation financière des coopératives affiliées témoigne de la fragilité de certaines d’entre elles. La modernisation du réseau est un enjeu clé pour assurer sa santé financière, sa compétitivité et sa pérennité. La réunion semestrielle de l’exercice 2013 a donné la priorité à cinq grands chantiers, dont celui de la Filière porcine coopérative. La modernisation se poursuit aussi par d’autres projets. Le système Fidelio a été implanté dans toutes les coopératives qui y ont adhéré. Nous


entrons dans la phase de développement de cette application, afin d’en tirer tous les bénéfices escomptés. Le projet Chrysalide Sonic Rive-Nord a franchi l’étape de la planification stratégique. Deux coopé­ratives se sont jointes au projet en septembre 2014, La Coop Agrodor et La Coop Val-Nord. Le chantier numérique va bon train. Le commerce électronique, le site Web et les médias sociaux sont des incontournables pour toute entreprise. Il faut être à l’avant-garde et offrir des outils qui convien­nent à nos membres. Le chantier Gouvernance, portant sur la représentativité des membres au sein du réseau, est aussi très avancé. Cette réflexion était rendue nécessaire compte tenu de l’hétérogénéité grandis­sante entre les coopératives, et de la diminution marquée du nombre de coopé­ratives. L’année 2014, déclarée par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) comme étant celle de l’agriculture familiale, a permis de réfléchir à l’évolution de l’agriculture. Malgré ses avancées technologiques, elle demeure une activité es­sentiellement familiale partout sur la pla­ nète. Toutefois, de nouveaux modèles agricoles font leur apparition. Chose certaine, au-delà du caractère familial de notre agriculture, c’est plutôt son caractère entrepreneurial qui dictera son succès. Le dernier exercice a aussi vu l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement et d’un nouveau ministre de l’Agriculture au Québec. L’agriculture est encore une fois bien servie avec la nomination de

Pierre Paradis, un parle­­­­­m entaire aussi aguer­­ri que son prédécesseur et qui a à cœur le monde agricole. Nous comprenons la nécessité de faire preuve de rigueur dans la gestion des finances publiques, mais il est essentiel que les programmes du gouvernement soient évalués, non seulement en fonction de leur coût, mais aussi de la valeur qu’ils génèrent dans l’économie. L’argent que le gouvernement du Québec in­­vestit en agriculture procure un climat d’affaires stable et prévisible propice aux investissements dans le secteur agroa­limen­taire. La Coop fédérée a aussi compté parmi les partenaires du deuxième Sommet international des coopératives, à Québec. Les nombreuses études présentées en primeur ont révélé qu’il y a dans le monde entier 2,6 millions de coopératives, comptant un milliard de membres et générant 250 millions d’emplois. Les coopératives représentent 12 % du total des emplois des pays du G20 et 3000 milliards $US en revenus annuels. Notons que La Coop fédérée fait partie des 30 plus importantes coopératives du secteur agroalimentaire au monde, et se classe au 24e rang selon le chiffre d’affaires. Mais au-delà des chiffres, une nouvelle dynamique s’installe entre les grands acteurs coopératifs de la planète : la nécessité de travailler davantage en intercoopération pour s’adapter à la mondialisation de l’économie. Le modèle coopératif est résilient et continue de faire ses preuves. La Coop fédérée, solidement ancrée dans son milieu depuis plus de 90 ans, le restera longtemps. Les résultats de 2014 et notre portefeuille d’activités équilibré ont de quoi nous rassurer pour l’avenir.

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Message du chef de la direction

Consolider et coopérer pour les générations de demain Pour l’exercice clos le 25 octobre 2014, La Coop fédérée a connu des ventes de près de 5,4 milliards $ et un excédent avant ristournes et impôts de 77,3 millions $. En 2013, les ventes avaient atteint 5,2 milliards $, alors que l’excédent avant ristournes et impôts était de 23,7 millions $.

Gaétan Desroches, chef de la direction

Ces chiffres s’expliquent par de meil­ leurs résultats financiers d’Olymel (voir le rapport en page 16), alors que ceux de l’activité Approvisionnement (Division agricole et Division détail et innovation) sont inférieurs. Presque toutes les activités de l’Approvisionnement, plus particulièrement le Secteur quincaillerie et machines agricoles, accusent un retard par rapport à l’an passé. Cependant, le Secteur Énergies Sonic présente une bonne performance. Rappelons qu’en 2013 les résultats incluaient d’importants gains sur vente d’actifs. Résultat : La Coop fédérée déclare un excédent d’exploitation de 48,2 millions $, alors qu’en 2013 il était d’à peine 265 000  $. L’excédent net atteint 39,6 millions $, contre 18,8 millions  $ en 2013.

APPROVISIONNEMENT Division agricole Les ventes s’élèvent à plus de 1,6 milliard $, comparativement à 1,8 milliard $ l’an dernier. Deux facteurs expliquent cette baisse. Les prix des grains ont chuté par rapport à l’année 2013 et le climat froid et pluvieux du printemps 2014 a fortement nui aux ventes de fertilisants au Québec et en Ontario. Les ventes du Secteur des productions animales, en augmentation de 16,5 millions $, totalisent 363,3 millions $, résultant des ventes générées par la conversion de trois usines monogastriques du réseau au modèle Chrysalide. En productions végétales, les conditions climatiques ont fait chuter l’ensemencement de maïs au bénéfice du soya et d’autres cultures nordiques. Les volumes de fertilisants agricoles ont donc été réduits. Nos parts de marché sont malgré tout en croissance au Québec. Les prix des matières premières sont aussi à la baisse. Les ventes de fertilisants au Québec s’élèvent à 109 millions $ cette année, contre 134,1 millions $ l’an passé. Agronomy Company of Canada et Agrico Canada ont cumulé des ventes de 521,3 millions $ , alors que celles-ci avaient atteint 553,9 millions $ l’année dernière. Les résultats de ces filiales ontariennes demeurent excellents et comparables à ceux de 2013. À 54,2 millions $, les ventes de semences sont en hausse

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COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

de 1,6 % sur celles de l’exercice précédent. Les volumes commercialisés de soya progressent de 6,4 % alors que les ventes de maïs ont diminué de 8,2 %. Le chiffre d’affaires des produits de protection des cultures, en hausse de plus de 10 %, atteint 53,3 millions $, en raison de meilleures parts de marché. Le Secteur des grains et approvisionnement meuneries totalise 620,3 millions $ de ventes contre 768,3 millions $ en 2013. L’abondante récolte américaine, qui a provoqué la baisse des prix des grains, explique cette diminution. Les volumes commercialisés au Québec se sont accrus de 55 000 tonnes. Les volumes de Grains Elite sont en baisse en raison de la récolte tardive de soya de l’automne dernier. Les ventes ontariennes de Grower Direct sont aussi en réduction, notamment dans le blé et le soya.

Division détail et innovation Les ventes de cette division se chiffrent à 981,5 millions $ contre 984,9 millions $ au dernier exercice. Les ventes du Service approvisionnement, quincaillerie et matériaux s’élèvent à 180,6 millions $ comparativement à 231,2 millions $ en 2013, en raison de l’intégration des activités du Centre de distribution de Trois-Rivières à celles de BMR. À 21,4 millions $, les ventes du Service des machines agricoles sont en hausse de 1 million $. Les ventes des tracteurs Mahindra et d’équipements forestiers ont progressé de façon marquée. Les ventes du Secteur Énergies Sonic totalisent 783 millions $ contre 733,3 millions $ l’an dernier. Cette croissance résulte de l’augmentation des prix des produits pétroliers, de volumes en hausse à cause de l’hiver froid, par une forte saison de séchage de maïs et par une acquisition dans la région de Montréal. Au Secteur innovation et croissance, les activités liées à la chaudière à biomasse « Blue Flame » progressent bien. Nous avons testé, en collaboration avec Innofibre et l’Université du Québec à Trois-Rivières, des biomasses agricoles pour la production de chaleur. Le Secteur s’est également engagé dans la valorisation de la tige de maïs comme bioproduit. Les bons résultats de 2014 n’écartent pas la nécessité d’optimiser nos coûts par des synergies et la chasse aux actifs sous-utilisés. C’est l’occasion d’innover et, pour les équipes mobilisées dans cette aventure collective, d’être encore plus proche de nos membres et clients.


La récolte commence avec “La récolte commence ici.”

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Planteurs Afin de maximiser les rendements, trois choses importantes doivent être bien faites : l’espacement de la semence, la profondeur du semis et un bon contact avec le sol sans compacter les côtés du sillon. Les planteurs Great Plains sont conçus et construits pour respecter ces principes.

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Rapport d’Olymel

Nourrir le monde avec passion En 2014, les ventes d’Olymel ont atteint 2,797 milliards $ comparativement à 2,408 milliards $ en 2013, grâce principalement à une hausse des prix de vente dans le secteur porc frais et une augmentation importante de volumes dans l’ensemble des secteurs. Pour l’exercice 2014, Olymel a évolué dans une conjoncture éco­no­ mique mondiale fragile. Pour la deux­ ième fois en deux ans, Olymel a dû faire face à la ferme­ture complète du marché de la Russie, le deuxième en impor­tance pour Olymel en 2014, qui a entraîné un désé­qui­libre entre l’offre et la demande et provoqué une perte de valeur des produits. L’impact de l’embargo a été en partie compensé par la baisse du dollar canadien.

Réjean Nadeau, président-directeur général d’Olymel s.e.c.

PORC FRAIS

Le secteur porc frais Est a enregistré des résultats négatifs. Les coûts d’approvisionnement et la fermeture du marché russe ont affaibli la marge viande. Le secteur porc frais Ouest a enregistré des résultats négatifs. La marge viande a diminué, demeurant toutefois plus élevée que dans l’Est en raison de coûts d’approvisionnement moindres. Les volumes d’abattage de l’usine de Red Deer ont augmenté grâce à une hausse significative des porcs en provenance d’Olysky. Le secteur de la production porcine Ouest présente de son côté un résultat positif impressionnant. L’accroissement de la marge animale, la hausse des volumes de porcs produits, la baisse du coût des grains et la dépréciation de la devise canadienne expliquent ces résultats pour Olysky.

PORC TRANSFORMÉ ET BACON Le secteur de la surtransformation du porc a connu des résultats décevants. La hausse importante des coûts de la matière première ont contribué à la réduction de la marge viande. Les volumes sont en légère hausse. Le secteur du bacon a poursuivi son redressement avec des résultats positifs, malgré un prix très élevé de la matière première. Un portefeuille de clients favorable, une hausse des prix de vente et des investissements dans des équipements de tranchage ont contribué à cette performance.

VOLAILLE FRAÎCHE ET TRANSFORMÉE Les résultats de 2014 du secteur de la transformation primaire du poulet ont été en forte hausse comparativement à l’exercice

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COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

précédent. La baisse des coûts du vivant, associée à la diminution du prix des grains et aux transferts nettement moins importants de volumes interprovinciaux entre le Québec, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick sont responsables de ces résultats positifs et d’une augmentation de la marge viande. Les volumes d’abattage ont connu une hausse et Olymel occupe désormais le premier rang au Canada à ce chapitre grâce à ses participations dans Sunnymel et Volaille Giannone, et à l’acquisition de plusieurs volumes d’approvisionnement garanti. Dans le secteur du dindon, les résultats de 2014 sont positifs pour un cinquième exercice consécutif et en légère hausse sur ceux de l’exercice précédent. Malgré un recul de la marge viande, les ventes du secteur se sont accrues et ont permis de dégager un profit supérieur à celui de 2013. Le secteur de la volaille surtransformée a obtenu d’excellents résultats en surpassant, en 2014, ceux de l’exercice précédent. Cette performance découle de l’augmentation de la marge viande, attribuable à la baisse des coûts d’approvisionnement et à l’amélioration des rendements en usine. La hausse du volume des ventes, la conclusion de nouveaux contrats et la progression de nos marques nationales ont contribué aux résultats de ce secteur. Olymel célébrera l’an prochain son 25e anniversaire. L’entreprise est à pleine maturité et continue de grandir en remplissant sa mission de nourrir le monde avec passion. Dans un contexte national et mondial parsemé de défis, Olymel se distingue par sa résilience et sa capacité à s’adapter à l’évolution des marchés, tout en continuant à offrir des produits d’une qualité irréprochable. En 2014 comme au cours des années antérieures, Olymel s’est assurée de répondre aux plus hauts standards en matière de sécurité alimentaire, de bien-être animal et de respect de l’environnement. Dans notre secteur d’activité, il s’agit là d’engagements incontournables. Après avoir reçu le prix Mercure de Grande entreprise de l’année en 2013, Olymel s’est démarquée en 2014 par le nombre important de récompenses reçues de la part de l’industrie ou de nos clients. Ces prix sont venus souligner de nombreuses réalisations dans des domaines aussi variés que ceux de l’innovation, l’environnement, la santé et la sécurité, la qualité de notre production et le service à la clientèle. En fait, la variété des secteurs témoigne des efforts conjugués de nos services et de notre personnel pour atteindre l’excellence.


La croissance est avant tout une affaire de passion

C’est grâce à des partenaires passionnés comme vous qu’Olymel est devenu le chef de file canadien dans les domaines de la production, de l’abattage, de la transformation et de la mise en marché de la viande de porc et de volaille, à l’échelle nationale et internationale. Et c’est en ayant la passion pour les plus hauts standards de fabrication, de qualité, de salubrité, de traçabilité et de service que nous renforçons notre avantage compétitif.

olymel.ca


PAUSE-PENSÉE

UN MONDE SI COMPLEXE

EN 2012, Jacques Attali invitait le mouvement

La résilience et la flexibilité sont les clés du passage vers une nouvelle prospérité.

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COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

coopératif à s’investir dans la gouvernance mondiale afin de jeter les bases, disait-il, « d’une communauté qui pense à l’intérêt des générations futures plutôt qu’à la juxtaposition des intérêts nationaux  ». Aujourd’hui, c’est Thomas HomerDixon qui en appelle aux coopératives. Homer-Dixon est professeur à l’Université de Waterloo (Ontario) et il préside un groupe de travail du Centre pour l’innovation en gouvernance internationale. Dans un article intitulé « Complexity : Shock, Innovation and Resilience », il propose une réflexion sur la contribution des coopératives dans un monde qui se complexifie à vitesse grand V. Mais d’abord, qu’est-ce donc que la complexité ? Avec humour, Homer-Dixon prend l’exemple d’une horloge grand-père. Si vous la démontez, pièce par pièce, vous allez comprendre l’utilité de chacun des ressorts, vis, boulons. Vous pourrez la remonter ensuite, en changeant au besoin les pièces défectueuses, et vous saurez que l’horloge fonctionnera précisément comme il se doit. Vous avez là une machine compliquée, mais pas du tout complexe. Elle n’est rien de plus que la somme de ses parties. Imaginez maintenant que, après que vous l’avez remontée, il lui sorte des pattes, elle se mette debout, elle vous regarde et dise « bonjour ! », puis quitte la pièce. Alors là, vous êtes en présence d’une machine complexe ! Un système complexe peut donc être très surprenant, car les connexions entre ses multiples composantes ont la capacité de créer de l’inédit, du jamais-vu. Évidemment, plus il y a de con­ nexions, plus cela rend le système complexe. Ajoutons aussi l’effet papillon : dans un système complexe, de tout petits changements peuvent produire d’énormes répercussions. Il faut savoir qu’un système complexe a de multiples équilibres et que, à la manière d’un tout petit pas de trop qui vous envoie dans un précipice sans fond, il suffit parfois d’une « pichenotte » pour que tout le système bascule dans un autre équilibre, totalement différent. Bref, on peut tout de suite imaginer combien la gestion des systèmes complexes est difficile, car ils sont souvent imprévisibles. Il ne s’agit

plus, ici, de gérer des risques ; les risques peuvent être estimés, calculés. Non. Dans un système complexe, il s’agit de gérer dans l’incertitude. Toute une différence ! Or, Homer-Dixon nous invite à réfléchir au monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Intégration de l’économie mondiale, pression sur les systèmes écologiques, multiplicité de connexions entre les systèmes technologiques, entre les organisations et les entreprises, rapidité des échanges de matériel, d’énergie, d’infor­ mation... Nous sommes assurément dans un monde complexe que nous peinons à gérer ! Dans un tel environnement, la résilience et la flexibilité demeurent la meilleure protection, poursuit Homer-Dixon, parce qu’elles ouvrent la voie à l’innovation. Et c’est ici, précise-t-il, que les coopératives peuvent jouer un rôle crucial. Tout d’abord, par une présence forte, elles apportent une diversité entrepreneuriale qui alimente la capacité d’innovation des collectivités. Les coopératives montrent par ailleurs une grande résilience, ce qui améliore directement celle de nos communautés nationales et mondiale. De plus, grâce à la démocratie qu’elles pratiquent, elles peuvent mettre à contribution l’intelligence de nombreux cerveaux pour trouver des solutions à nos problèmes. Enfin, le mouvement coopératif peut aussi contribuer par son action éducative, en faisant comprendre qu’une plus grande intégration n’apporte pas toujours une meilleure qualité de vie et que, en fait, cela fragilise parfois nos sociétés. Si nous découplions un peu les composantes de nos économies, croit Homer-Dixon, cela réduirait d’autant notre vulnérabilité face à d’éventuelles cascades d’évènements tragiques. Cela dit, le professeur reste optimiste. Il trouve extrêmement excitante notre époque, qui fait appel à la créativité, à l’entrepreneuriat et au courage. Nous ferons les changements qui s’imposent, croit-il, et préparerons la prospérité pour les siècles à venir. Puisse-t-il dire vrai ! Et puissions-nous, en tant que membres du mouvement coopératif, honorer pleinement notre distinction et contribuer ainsi à bâtir ce monde meilleur que nous souhaitons tous, pour nos enfants et petits-enfants.

PHOTO : MARTINE DOYON

COLETTE LEBEL, AGRONOME ET DIRECTRICE DES AFFAIRES COOPÉRATIVES, LA COOP FÉDÉRÉE, COLETTE.LEBEL@LACOOP.COOP


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| VIE COOPÉRATIVE

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La CUMA du rang 11 À la Coopérative d’utilisation de matériel agricole de l’Érable, la priorité, c’est la proximité. TEXTE ET PHOTOS DE NANCY MALENFANT, CONSEILLÈRE AUX AFFAIRES COOPÉRATIVES, LA COOP FÉDÉRÉE NANCY.MALENFANT@LACOOP.COOP

BON COUP Afin d’entreposer les équipements, les membres de la CUMA de l’Érable ont bâti un hangar à machinerie. Cet entrepôt commun contribue à faciliter la gestion et le suivi du matériel, puisque celui-ci doit toujours être pris et retourné au même endroit. Les coûts liés au hangar (assurance, prêt) sont répartis entre les différentes branches d’activité en proportion de la valeur des équipements associés à chaque branche.

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COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

Avec 16 membres agriculteurs qui se partagent une quinzaine de machines, ce n’est pas par sa taille que la Coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) de l’Érable se distingue. C’est plutôt par sa volonté de préserver la proximité avec ses membres. « Environ 75 % des travaux effectués avec les équipements de la CUMA le sont dans le même rang  », estime Marcel Lamontagne, ancien producteur laitier et membre fondateur de la coopérative. C’est en effet dans le rang 11, une petite route qui traverse la campagne entre Princeville et Plessisville, qu’on retrouve la majorité des fermes membres de la CUMA. « Les deux producteurs les plus éloignés l’un de l’autre ne sont situés qu’à 15 km de distance », précise le secrétaire-trésorier, le producteur laitier Bruno Guérard. Ce n’est pas par manque de potentiel de croissance que la CUMA de l’Érable a conservé un territoire et un effectif restreints après 12 années d’existence. « Nous avons eu une discussion sur le développement de la CUMA lorsque des agriculteurs un peu plus

éloignés ont voulu s’y affilier, raconte le président, Guy Pellerin. Mais les membres et les administrateurs ont conjointement décidé de limiter l’expansion. » En conservant un périmètre restreint, les membres ont entre autres voulu s’assurer que l’équipement n’est jamais loin lorsqu’ils en ont besoin. C’est aussi une question de sécurité, selon Guy Pellerin : « En limitant les distances où nous devons circuler sur la route avec les équipements, on réduit les risques d’accident. » Par ailleurs, les fermes membres fournissent actuellement un volume de travail suffisant pour rentabiliser les équipements de la CUMA. « La mission de la CUMA, c’est d’allier le meilleur prix avec le meilleur service, rappelle Guy Pellerin. En augmentant le volume de travail, nous aurions un meilleur coût, mais nous n’aurions plus le meilleur service, puisque la machinerie serait surutilisée et parfois même non disponible au moment où nous en aurions besoin. » C’est d’ailleurs pourquoi la location du matériel de la CUMA à des non-membres est une


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pratique qui a été essayée puis abandonnée au fil du temps. Avec la location, il devenait plus difficile de gérer les déplacements et l’utilisation de la machinerie, sans compter la complexité liée aux questions d’assurance et de responsabilité en cas d’accident ou de panne.

GRANDIR DE L’INTÉRIEUR Le partage d’équipements se pratiquait déjà naturellement depuis des décennies parmi plusieurs agriculteurs du coin. Ceux-ci ont formalisé ce partage en 1980 par la création d’un syndicat de machinerie, qui est devenu en 2002 la CUMA de l’Érable. L’effectif, à l’origine constitué presque en totalité de producteurs laitiers, s’est peu à peu modifié : près du tiers des membres ont délaissé la production laitière au profit des grandes cultures. « Cette conversion a changé la donne », constate Marcel Lamontagne. Cet ancien producteur laitier, qui a transféré sa ferme à une relève non apparentée, continue d’être actif au sein de la CUMA en conduisant notamment la moissonneuse-batteuse. « Les fermes ont grossi et tout le monde est essoufflé. Tout doit aller toujours plus vite. » C’est aussi ce qu’a remarqué Sylvie Tardif. La productrice laitière, qui a été pendant une dizaine d’années secrétaire-trésorière de la CUMA, croit qu’il faut malgré tout tenter de préserver le sentiment d’appartenance à la

coopérative. « Dès le début, ce que nous souhaitions n’était pas de créer une entreprise de location de machinerie ou de forfait, mais plutôt de se regrouper avec des gens motivés et intéressés. Ce n’est pas tout de pouvoir utiliser un équipement à moindre coût, il faut aussi s’impliquer », affirme-t-elle. Malheureusement, elle constate qu’avec l’accroissement de la taille des fermes, il est difficile de recruter des volontaires pour nettoyer et remiser les équipements en fin de saison ou bien pour faire les réparations. Chacun est de plus en plus occupé chez lui. Conséquemment, les producteurs agricoles ont moins de temps pour s’engager à l’extérieur de leur entreprise. C’est pourquoi, dorénavant, le temps investi dans la CUMA pour l’entretien, la réparation et la conduite des équipements est rémunéré. « Nous avons décidé de faire ce changement afin que ce soit équitable pour les membres qui travaillent davantage pour la CUMA », explique Sylvie Tardif. Reste que le sentiment d’appartenance des membres à leur CUMA se manifeste par une excellente participation à l’assemblée générale annuelle année après année. Rares sont ceux qui n’assistent pas à cette réunion d’information et d’échange, l’occasion parfaite de resserrer les liens avec les autres membres de la coopérative.

MAUVAIS COUP Bien planifier le renouvellement d’une machine, mais surtout l’essayer avant de l’acheter : voilà les deux leçons qu’ont tirées les membres de la CUMA de l’Érable après avoir vécu toute une aventure avec le remplacement de leur moissonneuse-batteuse, en 2013. Ils sont passés d’un modèle traditionnel à une technologie axiale, et le conducteur, Marcel Lamontagne, s’est vite aperçu que les pertes de paille étaient beaucoup trop importantes avec le nouvel équipement. « Les membres avaient besoin de cette paille dans leur ferme ou bien ils la vendaient. Ils n’étaient donc pas prêts à subir de telles pertes », explique-t-il. Les membres ont alors pris la décision de remplacer immédiatement la moissonneusebatteuse et ont absorbé la perte financière due à cet échange.

1. Un des secrets du succès de la CUMA de l’Érable : la communication. Ici, en plein échange : Bruno Guérard, secrétaire-trésorier ; Marcel Lamontagne, conducteur de la moissonneusebatteuse ; et Guy Pellerin, président. 2. L’équipement se doit de toujours être rangé et bien entretenu afin d’être disponible pour les membres. 3. Sylvie Tardif a été secrétaire-trésorière de la CUMA pendant une dizaine d’années avant de passer le flambeau à Bruno Guérard en 2013. 4. Une chaîne de sûreté conçue par Marcel Lamontagne, membre fondateur et conducteur pour la CUMA de l’Érable, a été installée sur tous les attelages des machines afin de maximiser la sécurité lors de la circulation du matériel agricole.

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| VIE COOPÉRATIVE

Jeune coopératrice

FORTEMENT CONVAINCUE

TEXTE D’HÉLÈNE COSSETTE ET PHOTO DE LOUIS JACOB

Nommée au poste relève du conseil d’administration de La Coop des deux rives au début de 2013, Audrey Bilodeau a beaucoup appris après deux ans en fonction.

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COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

Recrutée par Roger Lévesque, un autre jeune de la relève qui venait d’être promu à un poste électif au conseil, elle ne connaissait pas grand-chose à la coopération à l’époque, avouet-elle. Bien que ses parents aient toujours été clients de La Coop des deux rives, ils n’en avaient jamais été membres, explique-t-elle. En entrant au conseil et en devenant ellemême sociétaire, l’administratrice a vite compris que la coopération était bénéfique pour l’ensemble du secteur agricole, y compris pour les non-membres. « Cela permet de maintenir des prix plus équitables », estime l’agricultrice, qui profitera d’un autre avantage réservé aux membres du réseau La Coop : le Fonds coopératif d’aide à la relève agricole. Pas surprenant qu’elle ait choisi de s’engager comme membre du comité d’éducation coopérative du conseil. À ce titre, elle a participé l’an dernier à l’organisation des célébrations du 85e anniversaire de cette coopérative. Elle-même productrice laitière dans la municipalité de La Doré, au Lac-Saint-Jean, elle est heureuse d’échanger avec d’autres agriculteurs au conseil. « Ça nous fait un réseau. C’est important quand on gère une entreprise », confie l’agricultrice, qui exploite avec l’aide de son conjoint, Dany Brassard, une ferme laitière familiale, la Ferme Auny. Audrey Bilodeau a toujours su qu’elle voulait prendre la relève de ses parents à leur retraite. Plus jeunes qu’elle, ses deux frères lui ont laissé

mais ça l’intriguait », raconte la jeune femme, qui s’occupe de la gestion et de la conduite du troupeau. Même s’il travaillait à l’extérieur, Dany, mécanicien originaire de Saint-Félicien, l’aidait beaucoup à la ferme, reconnaît-elle. « Il a attrapé la piqûre et changé de branche, résume-t-elle. Mais son point fort demeure la machinerie. » Âgés respectivement de 29 et 35 ans, Audrey et Dany ont déjà trois enfants : Jessie (5 ans), Alexis (3 ans) et Zoé (1 an). Malgré leur jeune âge, les petits accompagnent leurs parents à l’étable presque tous les soirs. De plus, ils raffolent des tours de tracteur, se réjouit leur maman. Les Bilodeau-Brassard travaillent aussi très fort pour assurer l’avenir de l’entreprise familiale. Déjà membre de la coopé­rative Nutrinor, leur ferme est en voie de se convertir à la production biolo­ gique. Toutes les terres de l’entreprise, semées de foin, de grains mélangés et de sarrasin, sont déjà certifiées bios par Ecocert Canada. Le troupeau de 35 vaches Holstein en lactation est présen­ tement en précertification. Si le mot « vacances » ne fait pas partie de leur vocabulaire, les conjoints aiment bien s’adonner au plein air pour se détendre. Toute la petite famille se rend régulièrement au chalet que les parents d’Audrey possèdent dans la région. Adepte de motocross de compétition à l’adolescence, la jeune femme est demeurée sportive à l’âge adulte, mais de manière beaucoup plus sage. « J’ai déjà été dans le plâtre pendant quelques mois après un accident de

le champ libre. « Aucun des deux n’était aussi mordu que moi ! » explique-t-elle. Après un DEC en gestion et exploitation d’entreprise agricole au collège d’Alma, la jeune femme a racheté les parts de ses parents en 2008 puis en 2012. De plus, c’est elle qui a converti son conjoint à l’agriculture. « Il ne connaissait pas grand-chose,

motocross. Je ne peux plus me permettre ça ! » Aujourd’hui, son conjoint et elle pratiquent plutôt le vélo. « C’est moins risqué, remarquet-elle, et on peut emmener les enfants dans des remorques ! »


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| VIE AGRICOLE

transfère

PARCE QU’ON NE

QU’UNE SEULE FOIS DANS SA VIE LE CONCOURS CHANGE !

TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

C’est une tradition rurale séculaire : transmettre le patrimoine, presque toujours familial, à ses descendants, pour que dure l’agriculture. Le prix Transfert de ferme La Coop honore depuis 12 ans ceux et celles qui valorisent les transferts de ferme planifiés, qui s’avèrent équitables pour tous, grâce à la prise en compte des aspects autant financiers que relationnels. Dans son mot d’introduction au concours, le président de La Coop fédérée, Denis Richard, rappelle que transférer une entreprise est tout un défi. En moyenne, 30 % des entreprises réussissent le passage à la deuxième génération, entre 10 et 15 % passent à la troisième, et environ 3 à 5 % des entreprises survivent jusqu’à la quatrième génération. « Le transfert d’une entreprise agricole à la relève est un processus qui exige du temps et un certain recul par rapport à la gestion courante. Au-delà des questions financières, fiscales et juridiques, une transmission de ferme à l’autre génération soulève des problèmes d’ordre émotif qui n’ont rien en commun avec les décisions quotidiennes », écrit le président de La Coop. Si toutes les fermes qui réussissent à transférer à leur relève sont donc gagnantes à leur façon, voici les trois finalistes dont les transferts ont été jugés exemplaires par les juges du concours 2014-2015.

Pour 2015, le concours organisé par La Coop fait peau neuve. Désormais, il récompensera non seulement les transferts bien menés, mais également les établissements (démarrages). Les administrateurs de La Coop fédérée seront mis à contribution pour promouvoir la nouvelle mouture du concours auprès des membres de leur région dès ce printemps, car la date limite de dépôt des candidatures est maintenant fixée au 1er mai. Objectif : obtenir au moins une candidature par territoire.

1. Barraute, ville fondée en 1918 et baptisée du nom d’un officier de l’armée du marquis de Montcalm, a vu s’établir quatre générations de Galarneau sur son territoire; la première, celle de Philippe Galarneau, a sauté du train pour défricher un pays de neige blanche et d’épinettes noires. 2. Issue d’une ferme laitière abitibienne et diplômée de l’ITA comme François, Joanie comprend bien les réalités de la production agricole et seconde ce dernier du mieux qu’elle peut, tout en exerçant un emploi à l’extérieur de l’entreprise. L’homme est pour sa part à temps plein dans l’exploitation depuis janvier 2011. Pour Lise et Ghislain, la retraite complète attendra l’horizon 2021. Entretemps, on met les bouchées doubles pour faire avancer le plan d’investissement qui vise à intensifier les pratiques et produire plus, pour dégager de meilleurs revenus.

CONSEILS GRATUITS ! Ghislain : « Rencontrer de bonnes ressources professionnelles. » Lise : « Une bonne écoute pour préserver l’harmonie. » François : « Le travail d’équipe par-dessus tout. » Joanie : « Savoir se parler de la bonne façon. »

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Temps d’arrêt Avec ses quatre habitants au kilomètre carré, Barraute, en Abitibi, compte 25 fois plus de personnes que de vaches laitières sur son territoire, mais ce n’est pas le genre de statistique qui découragera Lise Larose et Ghislain Galarneau de poursuivre l’élevage laitier et de transférer la ferme à leur fils, François ! La photographie pour Lise, le volleyball pour Ghislain, la danse aérobique latine pour Joanie, le hockey pour François : à la Ferme Galarneau, on décroche! Lise et Ghislain n’avaient jamais vraiment pris plus de quelques jours de vacances d’affilée, mais voilà qu’ils se souviendront longtemps de janvier 2015 : trois semaines sous le soleil du Costa Rica !

Même s’il s’est déroulé de manière archigraduelle, sans rien brusquer, le processus a permis de marquer un temps d’arrêt, car on ne tient pas de réunions officielles à la Ferme Galarneau sans la présence de spécialistes (conseillers financiers, fiscaliste, etc.). Ces intervenants ont donc permis de structurer le transfert et d’en parler franchement, estiment les membres de la famille.

François et Joanie se souviendront aussi longtemps de cette semi-retraite de Lise et Ghislain et de cette carrière de producteurs laitiers qui commence en lion pour eux. Installé dans la ferme familiale depuis 2011, après un passage remarqué à temps partiel pendant cinq ans comme expert-conseil, François a toujours eu la certitude que son destin était inextricablement lié à la ferme fondée par son ancêtre Philippe, puis transmise tour à tour à son grand-père Paul-Émile et son père, Ghislain. « J’ai toujours eu des responsabilités à la ferme. Même quand j’étudiais à Saint-Hyacinthe, j’appelais presque tous les jours pour savoir ce qui s’y passait », dit François, dont les connaissances et l’expérience en production laitière assurent un transfert sur des bases solides. En quelque sorte, le transfert de la ferme était enclenché depuis toujours chez les Galarneau.

projets d’investissement productifs, comme le drainage et le chaulage d’une partie des 185 hectares en culture, l’achat de quota, le rehaus­ sement du confort des vaches, la construction de deux étables froides (dômes) pour les taures, etc. Le mot d’ordre : intensifier les productions laitière, céréalière et fourragère. Malgré tout, la ferme doit faire face à certains défis économiques. Petite, elle doit être très productive et très rentable. Elle ne peut se soustraire à une saine gestion financière. Sa petite échelle oblige encore à bon nombre d’activités manuelles, mais on projette, à moyen terme, d’automatiser certaines d’entre elles, comme l’alimentation, pour alléger la besogne quotidienne. Encore un peu de patience, donc, pour des gens chez qui la patience est une seconde nature !

INVESTISSEMENTS CONSTANTS Le passage de François au sein des servicesconseils de La Coop a permis d’éviter de payer un salaire de plus à même les avoirs de l’entreprise et de faire avancer plus rapidement des

L’ALIMENTATION DU TROUPEAU Par Normand Lemieux Expert-conseil, ruminants – végétal La Coop Val-Nord n Quota détenu : 43 kg M.G./j n Nombre de vaches

en lactation : 35 n Moyenne annuelle par

vache : 12 526 kg de lait n Préfixe : GALAR n MCR : 272-272-275 n Classification : 5 EX multiples,

4 EX, 12 TB, 14 BP, 2 B n Score moyen de la

classification : 85,8 points Génisses (jusqu’à 2 mois) n Lactoremplaceur XLR 27-16 n Aliment Goliath Totalveau Rumensin n Foin sec Génisses (3 à 6 mois) n Aliment Goliath Totalveau Rumensin n Foin sec Génisses (6 à 14 mois) n Orge moulue n Pro-Bloc Transilac T-305 n Ensilage de foin, balle ronde n Supplément Goliath 45AU Tarissement et transition n Transimil 15 n Pro-Bloc Transilac T-305 n Minéral Transilac VT7-3C n Foin sec, balle ronde

3 3. Il avait beau faire – 31   °C, les taures paraissaient fringantes sous leur épaisse fourrure et ne semblaient pas souffrir du froid outre mesure, abritées du vent dans deux dômes nouvellement construits. 4. Un mot revient souvent dans le dossier de candidature de la Ferme Galarneau et dans les propos de ses propriétaires : communication. « Je n’ai pas servi d’entremetteur ici ! » plaisante Normand Lemieux, alors expert-conseil à La Coop Val-Nord.

Moyenne de

Vaches en lactation n Moulée Synchro 5014 CTG, option K n Orge moulue n Supplément Synchro 3213V n Supplément Pulp-O-Lac F3 n Supplément Transilac 911 n Foin sec, 1re coupe n Minéral Synchro 15-5C n Ensilage de foin, balle ronde

12 500 kg

de lait 4

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Au pays des Benoit Dans le « village » que les Benoit se construisent au Centre-du-Québec, on trouve cinq résidences et un nombre considérable de bâtiments agricoles répartis en quatre entreprises, dont la ferme laitière familiale, Les Entreprises G.M. Benoit, en processus de transfert à Yanick Benoit. Pour essaimer à partir de la ferme mère (Les Entreprises G.M. Benoit) trois fermes filles – la Ferme Intense dans le lait, la Ferme Benasy et la Ferme Andréane Benoit dans le poulet –, il a fallu d’incroyables talents de gestionnaires. Résultat : en 10 ans, on a établi les trois enfants (Yanick, Stéphanie et Andréane) dans quatre fermes, atteignant un objectif d’équité entre les descendants et offrant un espace où chacun évolue à son rythme. Bref, un transfert triplement réussi !

GESTIONNAIRES ET VISIONNAIRES

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Guylaine Boisvert et Martin Benoit ont toujours mis la table pour que Yanick et les filles puissent travailler dans le rang. « La clé d’un transfert, c’est le temps, juge Martin Benoit. Pour prendre les bonnes décisions. » Dès 2004, on diversifie les activités, laitière et céréalière, par l’aviculture, jugée moins ardue par les jeunes femmes. En 2007, pour intéresser Yanick à la production laitière, le couple fait comme le père de Martin, Germain, avait fait pour son fils quand il n’avait que 14 ans : il construit une nouvelle étable. Yanick s’inscrit la même année en agriculture. L’ITA est à moins d’une heure de la ferme, mais il opte pour le programme Farm Management and Technology du campus Macdonald (Université McGill), qui offrait un défi supplémentaire : l’apprentissage de l’anglais. Le goût de se dépasser est inné chez ces habitants de Sainte-Brigitte-desSaults. En 1998, Guylaine et Martin remportaient le titre québécois du concours des Jeunes agriculteurs d’Élite. Yanick, lui, participe aux activités du Regroupement des grandes fermes laitières du Québec. La première médaille d’argent remportée au concours de l’Ordre national du mérite agricole en 2011 n’est qu’un prélude à la médaille d’or qu’ils convoiteront en 2016 ! « Tu récolteras demain ce que tu sèmes aujourd’hui », croient ces gestionnaires accomplis.

INNOVER EN GESTION Peut-on innover en gestion pour créer plus de valeur ? Certes ! Depuis 1982, l’entreprise traite avec un groupe-conseil. Les analyses la placent en position de tête, sinon dans le groupe de tête. L’endettement est anémique, et les actifs improductifs, comme les bâtiments, ont été payés comptant. Les installations d’élevage servent pleinement. Par exemple, la Ferme Intense, construite pour un troupeau de 75 vaches, héberge des animaux de remplacement des Entreprises G.M. Benoit. En s’allouant de faibles salaires pendant une décennie, la famille fait d’importantes remises en capital, ce qui réduit au minimum les intérêts à payer sur les emprunts. En outre, on compare toujours le coût de substitution de l’achat de matériel roulant à celui du travail à forfait. Et les machines jugées essentielles et dont la ferme mère est propriétaire sont partagées avec les fermes filles. Les avoirs propres sont donc réinvestis dans ce qui compte : la relève immédiate et, peut-être dans 20 ans d’ici, dans les petits-enfants qui souhaiteront s’établir sur les 450 ha de terre de « Benoitville », le pays des Benoit.

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NOIR SUR BLANC Le plan de transfert des Benoit, qui compte un échéancier détaillé, indique que les prédécesseurs prendront trois mois de vacances par année à partir de 2017 et que la gestion sera assumée par Yanick en 2021. En 2026, ce sera la retraite complète pour Guylaine et Martin (lequel aura près de 65 ans). Ils conserveront une partie des terres pour s’assurer une sécurité financière, avant de les léguer aux enfants à leur décès. « Mon père est resté actif à la ferme jusqu’à l’âge de 86 ans et j’aurais aimé être associé plus longtemps avec lui », regrette Martin, devenu seul actionnaire à 24 ans.


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1. Les Benoit-Boisvert forment une famille unie, heureuse et fière de vivre de l’agriculture. Les avoirs propres générés par la ferme laitière familiale ont permis d’établir les trois enfants de Martin et Guylaine : Andréane, Stéphanie et Yanick (accompagné ici de sa conjointe, Marie-Andrée). 2. Silence, on tourne ! Comme à toutes les éditions récentes du concours Transfert de ferme, une équipe de tournage a visité les entreprises finalistes. On peut consulter les capsules vidéos sur la chaîne YouTube de La Coop : youtube. com/user/LaCoopfederee. 3. Elle calcule plus vite que son ombre ! Avec une comptabilité bien menée, Guylaine Boisvert met la table pour une gestion facilitée. 4. De 23 kg détenus en 1986 à 270 kg en 2015, Les Entreprises G.M. Benoit ont relevé le défi de la croissance tout en maintenant un faible endettement. Il devenait ainsi plus facile d’établir Yanick, Stéphanie et Andréane. 5. Coucounage extrême : la méthode kangourou sied bien à Yanick et à la petite Charlie, née trois semaines avant le tragique attentat à Charlie Hebdo, le 7 janvier, en France. 6. Les deux Alexandre (Beauchemin et Couture), de La Coop Covilac, unissent leurs efforts pour conseiller les Benoit au plan laitier et végétal.

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Un choc des générations… tout en douceur ! Comment conduire efficacement un transfert de ferme ? De la même façon que Marcel Filion guide les chevaux qu’il attelle à la carriole pour les balades familiales : tout en douceur ! Il fait froid à pierre fendre, mais en entendant Marcel et Mathieu aller quérir les attelages, Kate et Flash remuent et s’impatientent dans leur stalle. Ce ne sera que la deuxième sortie des Percheron cette année en raison du manque de neige à Cacouna. Sitôt averties, les trois petites-filles de Marcel et Gaétane Marquis revêtent leurs vêtements les plus chauds. Nous voilà partis pour une balade en plein cœur du boisé de ferme. Le plaisir est palpable. Les yeux brillent.

DONNER DU TEMPS AU TEMPS Mathieu a 32 ans, Marcel en a plus du double. La question est inévitable : y a-t-il choc des générations ? « Oui, répond Mathieu. Le transfert n’a pas été nécessairement facile : nous avions deux mentalités différentes, même si nous tendions vers le même but. Mon père a connu l’époque des chevaux, alors que je suis dans les ordinateurs et la technologie ! Ça a quand même fonctionné, en laissant le temps faire les choses. » Reconnaissance, le mot est lancé. « L’entreprise, Ferme Figali, était attrayante pour moi, avec de beaux bâtiments, de belles terres. Le nerf de la guerre, ça reste l’endettement, reconnaît Mathieu. Il faut continuer d’investir tout en planifiant le transfert, ce qu’ont fait mes parents. Je suis reconnaissant envers eux : ils ont fait des concessions pour me permettre de reprendre une entreprise en bonne santé et ils m’ont fait aimer le métier. » « Si t’aimes ce que tu fais, tes enfants vont le savoir et le sentir », réplique Gaétane Marquis, la mère de Mathieu. Au transfert légal et fiscal de l’entreprise s’ajoute un transfert des connaissances. Si Mathieu prend déjà l’ensemble des décisions, la comptabilité (informatisée depuis 1984) passera bientôt des mains de Gaétane à celles de Catherine Lalanne, conjointe de Mathieu, deux femmes habituées aux chiffres, la première ayant été enseignante de mathématiques au niveau collégial pendant 30 ans, la deuxième travaillant comme conseillère en financement à La Financière agricole.

S’OFFRIR UNE QUALITÉ DE VIE Avec trois filles (Annabelle, Agathe et Jade), Mathieu et Catherine voulaient améliorer leur qualité de vie familiale. Deux solutions ont été imaginées. « Comme mon père ralentit la cadence, je me retrouvais bien souvent seul pour les trains, expose Mathieu. Nous avons donc fait l’acquisition d’un robot-mélangeur et d’un distributeur de RTM qui me font gagner une à deux heures par jour, en plus d’amener plus de précision dans la formulation des rations. » Le deuxième changement est plus anodin, mais tout aussi opportun pour permettre à l’homme de passer plus de temps en famille : on a avancé les traites d’une heure, de sorte que petits-déjeuners et soupers peuvent être pris en groupe. L’entrevue se conclut par les mots clés d’un bon transfert, selon Mathieu. « Ça demande du vouloir et de la volonté… Du courage ? Plus ou moins. Mais certainement de la persévérance et de l’optimisme. » Marcel a aussi son mot clé tout prêt : pérennité. « J’espère que la ferme va continuer à progresser. Mon rêve, c’est de me promener dans l’étable avec ma canne, à 90 ans ! »

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1. La chasse et la pêche, le jardinage et les voyages, les petits-enfants et les chevaux : Marcel Filion et Gaétane Marquis ont une retraite aussi chargée que l’a été leur vie de producteurs laitiers !

L’ALIMENTATION DU TROUPEAU

2. « Avant d’entamer le processus de transfert, il faut être certain de vouloir prendre la relève, ne pas avoir de doute », juge Mathieu Filion, qui s’est joint à l’actionnariat dès sa sortie de l’ITA de La Pocatière. « Il faut se donner du temps et penser au transfert très tôt, estime pour sa part son père, Marcel. C’est même un processus échelonné sur toute une vie ! »

Par Daniel Drapeau, T.P. Expert-conseil laitier Regroupement du Littoral La Coop fédérée n Superficie

cultivée : 253 ha 60,66 kg M.G./j n Nombre de vaches en lactation : 60 n Moyenne annuelle par vache : 10 200 kg de lait n Préfixe : Figali n MCR : 233-257-236 n Classification : 22 TB, 40 BP, 6 B n Pointage moyen de la classification : 82,9 points n Quota :

Veaux n 0-2 mois : Bovo XLR 27-16 et Aliment Goliath VO-21 à volonté n 3-6 mois : Aliment Goliath VO-21 n 7-12 mois : Supplément Goliath Expo 1 kg + balle ronde n 13-15 mois : Supplément Goliath Expo 0,7 kg + balle ronde n 16-24 mois : Minéral Goliath 12-4, 100 g + balle ronde Tarissement (60 jours) n Pro-bloc 305 : à volonté n Foin sec (balle ronde) : à volonté

2 3 4 3. Avec trois filles et un fils, celui-ci ayant choisi de prendre la relève de la Ferme Figali, Gaétane Marquis et Marcel Filion ont la conviction profonde que la ferme restera le lieu de rencontres familiales chaleureuses, le creuset de relations humaines riches. 4. « Figali est une ferme équilibrée, uniforme dans tous les aspects. Autrement dit, son point fort est de ne pas avoir de points faibles ! » juge Daniel Drapeau, expert-conseil laitier de La Coop fédérée. « Au champ, ils sont polyvalents – maïs ensilage, canola, avoine, blé, prairies – et rien n’est laissé au hasard », renchérit de son côté Josiane Thériault, experte-conseil végétal et agroenvironnement.

Préparation (21 jours) n RTM groupe 1 : 8 kg n Aliment Transilac 14 : 4 kg n Balle carrée 1re coupe : à volonté Vaches en lactation Groupe 1 n 16 kg d’ensilage de maïs n 28,7 kg d’ensilage de foin n 3,2 kg de supplément Synchro 4055 option 1 n 1,3 kg de foin sec 1re coupe n 0,75 kg de foin sec 2e coupe n 7,75 kg de maïs humide n 100 g de minéral Synchro 18-5 T Groupe 2 n 20 kg d’ensilage de maïs n 28,8 kg d’ensilage de foin n 1,5 kg de supplément Synchro 4055 option 1 n 2 kg de foin sec 1re coupe n 270 g de minéral Synchro 18-5 T

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CINQ ACTIONNAIRES, CINQ PERSONNALITÉS YVES Fonctions : gestion globale, achats et ventes, conduite de la machinerie, insémination artificielle Forces : négociateur, audacieux

PHOTO : EXPOSIMAGE

YOLANDE Fonctions : gestion des ressources humaines, comptabilité, animaux de remplacement Forces : réaliste, modératrice MAXIME Fonctions : alimentation du troupeau, insémination artificielle, génétique, gestion phytosanitaire Forces : minutieux, perfectionniste CAROLINE Fonctions : gestion du troupeau, santé animale, gestion des ressources humaines Forces : exigeante, entrepreneure ANTHONY Fonctions : mécanique, entretien des bâtiments, régie des champs Forces : débrouillard, ingénieux

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Les Roux-Perreault, une famille entrepreneuriale soudée : Yves et Yolande en compagnie de leurs enfants, Caroline, Anthony et Maxime, et de leurs petitsenfants, Marilou et Olivia.

VIE AGRICOLE |

Gérer l’humain

DANS UN CLAN DE FORTES PERSONNALITÉS TEXTE D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

Les membres de la famille Roux-Perreault sont de bouillants personnages avec de fortes personnalités. C’est un défi constant pour eux de concilier leurs tempéraments explosifs et la nécessaire sérénité pour diriger une ferme laitière d’envergure. Ils ont du succès et sont reconnus comme une grande famille entre­pre­neuriale (lauréat québécois au concours Jeunes agri­ culteurs d’élite en 1999, prix entre­­pre­neurial de la Chambre de commerce et d’industrie des Bois-Francs en 2000), mais les Roux-Perreault sont aux prises avec les mêmes conflits familiaux, les mêmes luttes intestines que toutes les familles québé­coises qui s’assemblent en affaires. Tout n’est pas fleur bleue à la Ferme Roulante, même si c’est l’image qu’a largement véhiculée la populaire émission de téléréalité L’amour est dans le pré, à laquelle Maxime Roux a pris part lors de sa première édition. Avec cinq coactionnaires, on compose au quintuple avec le « facteur humain ». Le matin de la visite du Coopérateur, une réunion entre les actionnaires et certaines discussions rendaient l’atmosphère houleuse. « La communication et les relations humaines sont le nerf de la guerre aujourd’hui », soupire Yves Roux au sortir de cette rencontre orageuse. « Une famille qui travaille ensemble, c’est dif­ ficile, surtout avec cinq caractères fonceurs autour d’une même table, poursuit Yves. Il faut quelqu’un pour accorder les violons. » Cette personne, c’est Yves Hébert, qui fait office de coach relationnel, de médiateur. À lui s’ajoute André Grenier, agronome et conseiller en gestion, qui lui aussi n’a pas son pareil pour huiler la communication entre les cinq têtes fortes. « Après 13 ans à la Roulante, j’ai établi une relation de

confiance. Je connais les secrets, j’ai vu les enfants grandir. Je me permets aujourd’hui de tempérer les caractères, de dire les vraies affaires, comme le ferait un mononcle, de les ramener sur terre quand le rêve dépasse la réalité, sans risquer d’hypothéquer ma relation d’affaires », soutient l’agronome. « Il faut aimer se faire dire la vérité », corrobore Yolande Perreault. Quand de grosses décisions doivent être prises lors des réunions du mardi matin, tous sont concernés, même si la décision touche un secteur sous la supervision d’une seule personne. La capacité de défendre son point de vue et de faire preuve de franchise est de mise. Autrement, le caractère sanguin du clan Roux-Perreault ne fait pas fuir les employés. C’est même tout le contraire. Avec trois employés à temps plein cumulant 54 ans d’expérience, quatre travailleurs étrangers, deux employés saisonniers et deux employés à temps partiel, la gestion des ressources humaines accapare une bonne partie du temps de Yolande et de Caroline, qui préfèrent s’investir dans ces activités plutôt que de les sous-estimer. « Il n’y a rien d’acquis dans la vie, surtout pas le sentiment d’appartenance de nos employés envers l’entreprise, justifie Yolande. Nos employés sont essentiels et ils doivent se sentir de même.

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1. Avec un parc de machinerie plus que complet, l’entreprise effectue efficacement ses propres travaux, en plus de vendre ses services aux fermes environnantes. 2. Dans le contexte de rareté actuelle du quota, la Ferme Roulante mise sur différentes stratégies pour être prête s’il survient une nouvelle possibilité de croître. En gros, on met la table… en attendant de s’attabler ! 3. En 1952, la naissante Ferme Roulante acquérait 20 ha et 7 vaches laitières. Un échelon à la fois, elle en est venue, en 2014, à cultiver 910 ha et à traire 455 animaux.

PHOTOS : ÉTIENNE GOSSELIN

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4-5. Avec 8 silos-fosses – on en aura 10 en 2015 – et 5 profondes cellules pour les ingrédients simples, la ferme s’est équipée en grand pour brasser des rations équilibrées et à moindre coût. 6. « Quand j’émets une recommandation, elle ne reste pas lettre morte à la Ferme Roulante », révèle Gérald Boivin, expert-conseil La Coop, qui apprécie la rigueur et la volonté de se dépasser des actionnaires. 7. La Ferme Roulante occupe une place importante dans le paysage agricole québécois. De plus, en raison de son goût marqué pour l’innovation et de son ouverture d’esprit, elle accueille de nombreux visiteurs.

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GÉRER LES AFFAIRES TEXTE D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

COMMENT CROÎTRE QUAND LA GESTION DE L’OFFRE EMPÊCHE L’EXPANSION RAPIDE DES ENTREPRISES LAITIÈRES ? LA GESTION DE LA CROISSANCE À L’ÈRE DE LA RARETÉ DU QUOTA EXIGE PATIENCE ET CLAIRVOYANCE, NOUS EXPLIQUENT LES ACTIONNAIRES DE LA FERME ROULANTE.

PHOTO : EXPOSIMAGE

Primo, la vacherie actuelle de la Ferme Roulante, en forme de « L » et conçue pour être doublée, logerait jusqu’à 1 400 animaux. Secundo, le carrousel, dans lequel on trait en moyenne 455 vaches trois fois par jour, accueillerait 2 000 bêtes. Tertio, les terres de l’entreprise permettraient l’épandage des déjections de 1 500 unités animales. Voilà bien des verbes au conditionnel pour une entreprise inconditionnelle de la croissance.

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CROISSANCE PAR À-COUPS Abonné au journal Les Affaires, Yves Roux aime lire les parcours tortueux d’entrepreneurs aujourd’hui au faîte du succès. À quand l’histoire de la famille Roux dans les pages de l’hebdomadaire  ? L’année 1987 marque un tournant dans les orientations de la Roulante. Un incendie ravage

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la vacherie – alors piètrement assurée –, que la famille venait tout juste de rénover à même ses avoirs propres. Décider de reconstruire pour héberger le troupeau sauvé des flammes quand les taux d’intérêt frisent les 20 % ? Cela n’effraie nullement Yves Roux, qui bâtit même une étable plus grande. « Cet évènement nous a propulsés vers l’avenir », évalue l’inébranlable entrepreneur. Au fil des ans, la Ferme Roulante a fait l’acquisition d’environ 15 exploitations en tout ou en partie. « C’est dans la philosophie de l’entreprise de croître. Depuis le rachat, en 1984, nous achetons du quota tous les ans et nous demeurons à l’affût des terres à vendre », dit Yves Roux. La pièce maîtresse des transactions demeure l’acquisition d’une X ième ferme voisine, qui ajoute 200 ha et 84 kg aux actifs de la Roulante. Résultat : on est obligé de traire des vaches sur trois sites pendant


AFFAIRES AGRICOLES |

un an, comme le stipule le Règlement sur les quotas des producteurs de lait. Au milieu des années 2000, autre coup fumant avec l’achat de 100 kg de quota sur six mois, si bien qu’aujourd’hui le contingent atteint 600 kg (avec les marges) et la superficie culmine à 910 ha, un contraste saisissant avec les 20 ha du lot 511 du Canton de Tingwick, acheté par Gisèle et René Roux en 1952 pour y élever sept vaches, trois cochons, un bœuf et quelques poules. Mais aujourd’hui, comment croître quand quota et terres se raréfient ?

GÉRER LA CROISSANCE Assis dans l’un des deux bureaux de la Ferme Roulante, Yolande Perreault, Yves Roux et leurs enfants, Maxime, Anthony et Caroline, livrent leurs réflexions, renchérissent à qui mieux mieux. Des mots résonnent : productivité, agriculture de précision, ressources humaines, agroenviron­ nement. Une conclusion émerge : à défaut de pouvoir développer la ferme rapidement, mettons la table pour une expansion éventuelle. « C’est notre efficacité qui nous a permis d’obtenir la confiance des institutions financières », estime Yves Roux, dont la première demande de crédit auprès d’un financier a lieu à l’âge de 16 ans. « Nous avons eu plusieurs fins de mois serrées, mais c’était le sacrifice à faire pour laisser aux jeunes une entreprise en bonne santé.  » Sacrifice  ? Tous les membres de la famille comprennent la signification du mot. Yolande ? Quinze ans dans une caisse populaire Desjardins en plus de se consacrer quotidiennement aux travaux de la ferme. Les trois gamins ? Se consacrant soir et matin aux taures avant de se rendre à l’école primaire ou secondaire. Yves ? Il voit son père, René, se blesser au dos à l’occasion de travaux sylvicoles lorsqu’il n’est âgé que de 13 ans, ce qui ébranle l’entreprise, mais responsabilise le jeune homme. « Ce qui m’impressionne chez eux, c’est qu’ils sont partis pauvrement et ont traversé toutes sortes d’épreuves – feu, divorce, commérages », relate leur ancien conseiller en gestion de la Société du crédit agricole Canada, Marcel Lavoie, aujourd’hui retraité. « N’empêche, Yves, il était dur à suivre par moments ! Il se réendettait constamment, mais remboursait rapidement, le tout sous l’œil averti de Yolande. On ne bâtit pas une entreprise comme celle-là avec des “c’pas grave” ou des “j’sais pas” », ajoute celui qui visite encore la ferme une fois l’an. Avec leurs solides performances et leur volonté entrepreneuriale affichée, les Roux-Perreault ont navigué avec un

modeste fonds de roulement, des marges de crédit pleines, une faible rémunération des actionnaires, le tout pour dégager aujourd’hui des capitaux propres de 52 %. Au final, ils ont su éviter les écueils de la croissance : manque de liquidités, surendettement, roulement du personnel... « Ce sont des gens qui gèrent bien la croissance », juge André Grenier, agronome et conseiller en gestion de la Ferme Roulante depuis 13 ans. « Ils ont une vision globale et à long terme qui les aide à bien gérer à court terme. Ils connaissent leurs forces et leurs lacunes et ils savent reconnaître leurs bons coups en faisant abstraction des évènements sur lesquels ils n’ont pas d’emprise. Une dizaine de profes­sionnels gravitent autour des proprié­ taires, capables de reconnaître qu’ils ne peuvent pas tout savoir, même s’ils sont ouverts et allumés », poursuit l’agronome.

METTRE LA TABLE Si la productivité à l’étable est poussée au maximum, on n’oublie pas les champs. Pour opti­miser les rendements, on a recours aux technologies, comme un appareil de mesure en temps réel de la composition nutritionnelle des ensilages (maïs et herbe), qui est monté sur la fourragère automotrice et qui permet de doser l’inoculation de l’ensilage et la longueur de coupe, pour une valeur nutritive optimale et une meilleure conservation. Miser sur les plus récentes innovations n’est pas fortuit. En 1989, la ferme comptait un robot d’alimentation (concentrés) ; en 2001, on distribuait les rations au troupeau (stabulation libre) avec la première distributrice automotrice de rations au Québec; la même année, on commençait l’élevage des veaux en stabulation libre dans des chambres-pouponnières modernes (avec louves) gérées en tout plein-tout vide; en 2006, on convainquait les autorités d’autoriser l’installation à la ferme du premier silo vertical d’entreposage du lait au Québec. À l’extérieur, le parc de machinerie est bien garni (on se permet même d’exécuter des travaux à forfait), les silos-fosses sont nombreux et volumineux, les cellules pour ingrédients simples mises à profit pour diminuer le coût de l’alimentation. Autant de conditions gagnantes pour croître. Enfin, la Ferme Roulante fait actuellement affaire avec une société de génie-conseil pour documenter ses impacts environnementaux présents et potentiels et faciliter une expansion future sur le site principal. Un dossier nécessaire, un dossier à suivre.

Ils ont su éviter les écueils de la croissance : manque de liquidités, surendettement, roulement du personnel.

L’ ALIMENTATION DU TROUPEAU Par Gérald Boivin, T.P. Expert-conseil La Coop fédérée n 1  000

têtes, 455 vaches en lactation n 1 1 025 kg de lait de moyenne (contrôle officiel) n 4 ,0 % de gras n 3 ,35 % de protéine n I ntervalle moyen entre les vêlages de 379 jours VACHES EN LACTATION (trois groupes) n E nsilage

de foin de 2e coupe n E nsilage de maïs fermenté (min. 100 jours) n M aïs humide n I ngrédients simples (sources protéiques) n P aille de blé n M inéraux VIP (2 sortes en vrac silo) n S ynchro Startlait (groupe 1) VACHES TARIES n E nsilage

de maïs de foin de 1re coupe n P aille de blé n M inéral Transilac 4-6 t n E nsilage

VACHES EN PRÉPARATION AU VÊLAGE n E nsilage

de maïs de blé n S upplément Transilac VIP 33 % n P aille

GÉNISSES n A liment

Goliath XLR 27-16 (alimentation avec robot) n G oliath 21 % Deccox (génisses 0-3 mois) n G oliath 40 % (génisses 4-6 mois) n M inéral Synchro 18-5 t

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L’EFFET BOEUF

VOUS AVEZ DIT « AGRICULTURE » ? JE DIS « PRODUCTION BOVINE » ! BRUNO LANGLOIS, AGRONOME CONSEILLER SPÉCIALISÉ EN PRODUCTION BOVINE, LA COOP FÉDÉRÉE, BRUNO.LANGLOIS@LACOOP.COOP

POUR COMMENCER, UN JEU… Que pensez-vous des trois affirmations suivantes ?« Les évènements futurs deviennent le passé dès qu’ils se réalisent [par exemple, dans un mois, je parlerai au passé des vêlages qui auront lieu la semaine prochaine]. Or, on dit que le passé est garant de l’avenir. Donc, on peut affirmer que les évènements futurs qui se réalisent un jour garantissent l’avenir. » Logique, n’est-ce pas ? Appliquons le concept au monde agricole. « Les personnes qui s’établiront en agriculture au cours des cinq prochaines années deviendront des producteurs agricoles. Or ce sont les producteurs agricoles qui garantissent une part importante de l’avenir de ce secteur d’activité. Il est donc vrai de dire que les personnes qui s’établiront d’ici cinq ans garantiront une part importante de l’avenir de ce secteur d’activité. » Toujours aussi logique. À bien y songer, une forte proportion de la valeur de revente des entreprises actuelles est en relation directe avec l’intérêt des futurs producteurs. L’avenir sera plus facilement prometteur si leur enthousiasme est élevé.

QUELLE PRODUCTION CHOISIR ? Vers quelle production ces aspirants se dirigeront-ils ? Ce sera une question de goût et de perception, de moyens financiers, de mise de fonds initiale, et de temps disponible par rapport au temps nécessaire. Voyons comment se comporte la production bovine sur cet échiquier, particulièrement le secteur vaches-veaux. Parmi les avantages, on retrouve une charge de travail répartie presque uniformément tout au long de l’année, de faibles investissements en infrastructures et machinerie, une mise en marché facile et efficace, une grande capacité à valoriser des terres ou des aliments moins recherchés par d’autres secteurs, une productivité liée assez faiblement aux conditions climatiques mais fortement à la qualité des sols, et, enfin, une possibilité d’apprentissage graduel (petit troupeau de départ qui prend de l’expansion). Très peu de productions offrent autant de flexibilité. On peut « installer » 30 vaches sur une terre de moins de 30 hectares avec très peu d’équipements : un tracteur muni d’un chargeur, un hache-paille et une remorque à fumier. Bien sûr, on ne vit pas avec

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30 vaches (pas plus qu’avec 30 hectares de céréales, maïs ou soya) et il faudrait acheter tout le fourrage pour l’hivernement, mais le bilan des opérations pourrait être positif, même avec un si petit troupeau. Plus encore, le troupeau demeure monnayable en tout temps. Ces caractéristiques expliquent en bonne partie pourquoi autant de non-exploitants agricoles communiquent avec nous pour en apprendre davantage sur le « bœuf ». Pour ceux qui croient que j’exagère et qu’un troupeau vachesveaux ne peut pas concurrencer ou compléter les grandes cultures, rappelons que le Nebraska est le troisième État producteur de maïs aux États-Unis et le quatrième pour le cheptel de vaches de boucherie ! Quant aux inconvénients, ils sont peu nombreux, mais de taille ! Le premier est un rendement de l’investissement positif, mais mince. Le deuxième est la faible productivité zootechnique, liée au fait qu’une vache ne produit qu’un seul veau par année, mais aussi au manque d’application courante de certaines techniques. Les améliorations sont cependant possibles et offrent un excellent potentiel en matière de résultats technicoéconomiques. Mais le principal inconvénient, c’est souvent l’image : rentabilité nulle, trop de travail par rapport aux revenus, aucun plaisir à exercer ce métier, etc. Difficile alors d’intéresser une relève potentielle. Pourtant, je rencontre chaque semaine de nombreux producteurs bovins heureux de leur choix de carrière et qui obtiennent année après année des résultats financiers intéressants. Les moyens de renverser la vapeur existent donc; il ne s’agit que de s’attaquer à la tâche. Lorsqu’on me demande ce que je pense de l’avenir de l’agriculture, je réponds le plus sérieusement du monde qu’il passera de manière importante par l’établissement futur de nombreuses entreprises bovines. Si on en parle tous positivement et avec fierté, ce sera encore plus facile. Soyons prêts à accueillir agréablement les nouvelles recrues. Bonne réflexion !


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FERMES BORÉALES DES MATERNITÉS COLLECTIVES TEXTE D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

DES PORCELETS PLUS UNIFORMES, EN MEILLEURE SANTÉ ET PLUS PERFORMANTS EN ENGRAISSEMENT : LE PROJET DE MATERNITÉS COLLECTIVES OFFRE BIEN DES PROMESSES. IL S’OUVRE AUSSI À TOUTE PERSONNE DÉSIREUSE D’INVESTIR DANS UNE PRODUCTION PORCINE NOVATRICE ET DURABLE. À QUI LA CHANCE ? Les Fermes Boréales ? C’est produire du porc… à 650 km de Montréal ! Ce projet de cinq maternités détenues collectivement (Olymel, coopératives du réseau La Coop et producteurs porcins indépendants), après avoir ciblé la CôteNord, opte maintenant pour le Témiscamingue, qui offre un meilleur attrait économique en raison de l’abondance de terres pour l’épandage des lisiers générés. L’absence de fermes porcines fait du Témiscamingue un havre de biosécurité. « Olymel traite avec de nombreux petits producteurs naisseurs ou naisseurs-finisseurs qui sont souvent aux prises avec des crises sanitaires

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récurrentes, explique l’agronome Étienne Hardy, directeur principal en production porcine chez Olymel. Au fil du temps et des crises – syndrome reproducteur et respiratoire porcin, circovirus porcins, coronavirus de la diarrhée épidémique porcine –, il y a eu une prise de conscience de l’importance de la santé des troupeaux naisseurs. » Quel a été l’élément déclencheur du projet des maternités collectives  ? « Dès 2005, nous avons commencé à rêver à des maternités plus grandes, tout en coordonnant nos élevages en bandes toutes les quatre semaines pour concentrer les mises bas et produire des lots de

Selon Étienne Hardy, directeur principal en production porcine d’Olymel, le coût du transport des porcelets du Témiscamingue vers le sud du Québec est négligeable par rapport aux traitements vétérinaires et à la perte de productivité associée aux problèmes de santé.


LA COOP FÉDÉRÉE

Le projet de maternités porcines, sous forme de société en commandite, regroupera Olymel, des coopératives du réseau La Coop et des producteurs porcins désireux de compter sur une source fiable de porcelets de la plus haute qualité, pour produire une viande qui réponde aux critères de salubrité les plus élevés.

porcelets plus uniformes et de meilleur statut sanitaire, révèle Étienne Hardy. Puis, il y a eu le projet Chrysalide de regroupement d’actifs et de ressources humaines techniques et administra-

stipulent les normes, les distances devant séparer les élevages et les champs des cours d’eau, des puits et du périmètre urbain seront rigoureusement respectées. Des ententes

tives. Le projet de maternités collectives s’inscrit dans cette optique de concentration de nos forces. La crise économique en production porcine nous a aussi fait revoir nos coûts de production, pour être plus efficaces et plus productifs. » Le projet n’a pas pour but d’augmenter la production totale de porcelets, assure Étienne Hardy, mais de relocaliser une partie des truies de la province. On compte ainsi construire cinq maternités de 2390 truies chacune dans différentes municipalités, notamment Béarn, Fugèreville et Lorrainville, pour un total de 11 950 truies. La quarantaine de fermes d’engraissement appartenant aux partenaires des maternités collectives seront les premières à bénéficier de porcelets de la plus haute qualité.

d’épandage et des offres d’achat de terres sont déjà signées avec des propriétaires terriens pour l’épandage et la construction des nouveaux bâtiments, qui seront aménagés dans les boisés ou à proximité de haies naturelles matures pour réduire au minimum les odeurs et favoriser le bon voisinage. Les nouvelles installations permettront aussi le logement en groupe des truies gestantes et la mise en place de cages de mise bas mieux adaptées aux portées des truies hyperprolifiques. On a même pensé à sevrer plus tard les porcelets, à 28 jours et 9 kg, pour des raisons économiques et de bien-être animal, souligne le porteur du projet, Étienne Hardy.

DE LA RÉSISTANCE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE Le projet des Fermes Boréales a été imaginé en répondant toujours aux trois piliers du développement durable : économie, environnement et société. Conséquemment, on prévoit des investissements de 50 à 60 millions de dollars, la création de 20 emplois durant la phase de construction (trois ans) et de 50 emplois permanents pour exploiter les maternités. Le projet permettra en outre de valoriser, à meilleur prix pour les agriculteurs, les céréales produites dans la région et transformées à la meunerie de La Coop à New Liskeard (Ont.), à moins d’une heure de route des maternités projetées. La valeur des engrais organiques générés, qui remplaceront des engrais minéraux, pourrait aussi être calculée. En somme, le projet dynamisera et diversifiera la production agroalimentaire régionale. Sur le plan environnemental, on prévoit l’utilisation d’un système d’irrigation pour l’épandage des lisiers, qui seront aussitôt incorporés pour atténuer les odeurs. Comme le

Sur le plan social, comme tout projet de nouvelle porcherie, les maternités collectives rencontrent de l’opposition. « Certaines personnes sont inquiètes et c’est notre volonté de les rassurer en prenant le bâton du pèlerin, signale Robert Brunet, vice-président à la production porcine pour l’est du Canada chez Olymel. Nous avons même consulté les gens avant d’avoir l’obligation légale de le faire. » Selon l’homme, deux mots résument bien les rencontres organisées jusqu’ici par son équipe et lui avec les municipalités concernées, les résidants, la MRC, les autochtones, la chambre de commerce, l’UPA régionale : transparence et acceptabilité. « Malgré notre démarche d’ouverture et notre conformité aux normes, nous avons reçu deux pétitions, et une manifestation de 50 personnes a été organisée », confie Étienne Hardy, qui se désole aussi d’un certain dialogue de sourds avec les opposants, qui emploient à outrance le terme mégaporcheries. « Quelques élus ne se sentent également pas légitimés COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

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1 François Gendron,

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DÉPUTÉ D’ABITIBI-OUEST

« C’est un investissement avec des retombées économiques considérables qui ne peut pas ne pas paraître dans une région comme la nôtre. Maintenant, il faut s’occuper des règles, des normes. À titre d’ex-ministre de l’Agriculture, je les connais ! Elles ont été légitimement resserrées et elles offrent de sérieuses garanties. Arrêtons de penser qu’Olymel pourra faire ce qu’elle veut ! Au final, est-ce que c’est un projet dans lequel il y a plus de plus que de moins ? Oui ! Est-ce que l’acceptabilité sociale a pris plus de place ? Oui, et c’est bien ainsi. Ça demeure un projet moderne, sérieux, assujetti aux normes et aux valeurs que les gens défendent. Mais si on le refuse, il devient difficile de faire une occupation dynamique et diversifiée du territoire, selon moi. »

2 Arnaud Warolin,

PRÉFET Municipalité régionale de comté de Témiscamingue

« Il est rare de voir des entreprises de l’envergure d’Olymel s’intéresser à des milieux ruraux comme le nôtre. Avec les technologies proposées, je me sens très rassuré. Nous avons une bonne collaboration avec l’entreprise. Nous aurons encore beaucoup de travail avec la population pour expliquer que l’agriculture a évolué, notamment la taille des fermes. »

3 Jérôme Desjardins,

PRODUCTEUR AGRICOLE Ferme Jérôme Desjardins (Duhamel-Ouest)

« J’ai pris position pour le projet parce qu’il est bien conçu et qu’il respecte l’environnement au-delà des normes. Je pourrai compter sur du lisier pour fertiliser une partie des 600 ha de terre que je cultive en maïs, soya, canola, blé, orge, avoine et sarrasin. »

4Pierre Rivard,

ING., DIRECTEUR GÉNÉRAL Organisme de bassin versant du Témiscamingue

« Notre organisme a recommandé à Olymel d’aller au-delà des trois mètres de bande riveraine, surtout pour la rivière à la Loutre, un affluent important du lac Témiscamingue qui passe par les municipalités concernées par les maternités. Nous inciterons aussi les producteurs à s’inscrire au programme Prime-Vert pour protéger les bandes riveraines de certains secteurs sensibles des cours d’eau de notre bassin versant, qui compte 35 000 km2 et 20 000 lacs. Globalement, nos sols ne sont pas en surplus de phosphore, mais neuf lacs sont affectés par les cyanobactéries, dont le lac Témiscamingue, et nous ne connaissons pas pour l’instant l’origine du phosphore qui les contamine. »

5 Vincent Chrétien,

AGRONOME Expert-conseil et directeur des ventes, productions végétales, La Coop Val-Nord

« C’est un projet porteur et majeur pour l’agriculture du Témiscamingue, fait dans les règles de l’art par des gens sérieux, et qui cadre bien avec le PDZA – le Plan de développement de la zone agricole. Pour la meunerie de New Liskeard, ça signifie une augmentation de production de 150 % ! »

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COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

pour rendre position en faveur du projet, bien que la majorité l’ait appuyé, souvent sans réserve. » En gros, les opposants veulent un « BAPE » sur le projet, « qui prévoit 2390 truies ou un peu moins de 600 unités animales par site, pour fonctionner à l’intérieur des limites et selon les règles qui ont été établies par le ministère de l’Environnement à la suite du BAPE sur l’industrie porcine, et non pas pour court-circuiter une audience du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement sur le projet », soutient de son côté la porte-parole de La Coop fédérée affectée au dossier, Virginie Barbeau. Sur les cinq mesures d’écoconditionnalité, Olymel prévoit déjà répondre favorablement à quatre, explique cette dernière. Dans ses documents promotionnels, Olymel précise que son projet est « de classe mondiale, tant dans ses fondements collectifs et coopératifs que dans ses engagements envers le développement durable et le bien-être animal ». En somme, si l’équipe de Robert Brunet réussit à obtenir les certificats d’autorisation et les permis de construire dans les prochains mois, l’échéancier prévoit la construction d’une première unité en 2015. Et la venue de premiers porcelets purement témiscamiens en 2016.

PHOTOS : 1. GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, 2. MRC DE TÉMISCAMINGUE, 3. FOURNIE PAR JÉRÔME DESJARDINS, 4. ORGANISME DE BASSIN VERSANT DE TÉMISCAMINGUE, 5.LA COOP VAL-NORD

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COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

celui de rendre l’agriculture de précision accessible à tous. En nous basant sur notre expérience de plus 20 ans dans ce secteur et grâce à notre connaissance de la réalité des entreprises agricoles, nous avons mis à la disposition des producteurs un forfait qui incorpore la technologie d’imagerie satellite et l’usage du Web. Il vous permettra d’intégrer, d’analyser, de gérer et de visualiser vos données d’agriculture de précision dans un environnement technologique simple et convivial. L’environnement Web conçu par modules offre une interface plus interactive (figure 1 à la page 46) et les producteurs disposent d’un accès sécurisé à leur compte. Après quelques minutes d’utilisation, vous serez déjà familier avec l’outil.

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COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

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planifier un patron d’échantillonnage de sol, intégrer vos cartes de sol (figure 3), analyser vos cartes de rentabilité par zone, importer vos cartes de rendement de la batteuse et importer des cartes de microtopographie. Lors des visites aux champs, le suivi terrain est très pratique grâce à l’option de positionnement d’observations géoréférencées auxquelles on peut intégrer des photographies.

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PHOTO : LA COOP

« SITÔT FAUCHÉ, SITÔT VENDU », DIT LE SLOGAN DU NOUVEAU MODÈLE D’AFFAIRES HAYBEC.COM, UN SERVICE MIS EN LIGNE PAR TROIS COOPÉRATIVES DU BAS-SAINT-LAURENT POUR LES PRODUCTEURS DE FOIN ET DE PAILLE DE TOUTE LA PROVINCE. PRESSONS DE QUESTIONS L’ARCHITECTE DE CETTE INITIATIVE, CÉLINE BOISVERT. Qu’est-ce que Haybec.com ? « C’est une plateforme de contact simple et conviviale pour la commercialisation du foin et de la paille », indique Céline Boisvert, directrice des communications et du marketing de Groupe coopératif Dynaco. Lancé le 1er décembre dernier, le site transactionnel Haybec.com, entièrement voué à la vente de fourrages et de paille, se veut distinct des autres pages Web qui répertorient les offres de foin ou de paille. D’abord par son instantanéité, puisque les offres sont publiées sur-le-champ. Ensuite parce qu’il est accessible aux vendeurs et aux acheteurs, peu importe d’où ils viennent. Autre avantage, le service est gratuit, contrairement aux petites annonces. Comme le commerce du foin est un marché segmenté selon les usages auxquels les fourrages sont destinés (fermettes, écuries, entreprises laitières, bovines, ovines et caprines, maraîchers ou entrepreneurs en construction à la recherche de paille, etc.), le site Haybec.com formate clairement les offres des vendeurs dans des fiches qui demandent de fournir différentes données obligatoires : le type de produit (foin ou paille), la quantité offerte, le prix à la balle, le format des balles, la coupe, l’année de récolte, le lieu géographique, le mode de conservation et l’analyse du produit, si celle-ci est fournie par le vendeur. Un moteur de recherche permet de trier facilement les fiches selon la région ou le type de produit. Les intéressés

contactent eux-mêmes les vendeurs par courriel ou par téléphone. Une liste de transporteurs est même proposée sur le site pour faciliter la logistique.

HAYBEC 3.0 Au début de Haybec, en 2008, l’entreprise supportait des investissements et des actifs liés à la production, au séchage et à l’entreposage du foin, ce qui était lourd à gérer. Dans sa forme plus récente, Haybec structurait la production et l’approvisionnement, gérait des stocks, assurait la logistique du transport, trouvait de nouveaux débouchés sur les marchés, bref, agissait comme intermédiaire dans les relations d’affaires. Le nouveau modèle d’affaires 3.0 abandonne donc l’ensemble de ces activités pour se concentrer sur l’essentiel : faire rencontrer l’offre et la demande avec une information bien présentée, « pour éviter les transactions broche à foin », clame le site Internet. Le service est donc entièrement virtuel. Il poursuit l’objectif de générer un revenu d’appoint pour certains agriculteurs spécialisés dans la production du foin ou d’offrir une vitrine pour les producteurs aux prises avec un surplus de fourrages. Rappelons qu’il se produit bon an, mal an au Québec environ six millions de tonnes de foin (base matière sèche) et que le Bas-Saint-Laurent mène le bal avec 62 % de ses terres cultivées en prairies,

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PHOTO : ÉTIENNE GOSSELIN

Avec Martin Couture, président de Haybec, Céline Boisvert, de Groupe coopératif Dynaco, a piloté la refonte du modèle d’affaires et la création de Haybec.com, une plateforme de contact Web simple et conviviale pour la commercialisation du foin et de la paille.

soit 15 % des superficies québécoises en foin et ensilage d’herbe. « Pour nous, Haybec.com n’est pas un centre de profit, mais un service que nous offrons aux agriculteurs en général et à nos membres en particulier », fait valoir Martin Couture, président de Haybec et directeur général de La Coop Matapédienne, à Amqui. Dans sa phase 1, le nouveau service est donc gratuit, ce qui favorisera son utilisation, espère-t-on, alors que dans une phase ultérieure, un service tarifé permettrait d’améliorer la plateforme Web, notamment en la rendant bilingue, pour faciliter l’expor­ tation et l’atteinte de marchés lucratifs.

C’EST LE RÉFÉRENCEMENT QUI COMPTE ! Pour être visible sur la toile, Haybec.com s’est assuré d’apparaître tout en haut des résultats de recherche. Ainsi, si on tape le seul mot « foin » dans le moteur de recherche Google, le deuxième site proposé est Haybec.com, juste en dessous de la page de Wikipédia qui définit le foin comme « un fourrage constitué d’herbe séchée et destiné à l’alimentation des animaux domestiques herbivores durant la mauvaise saison ». Sans blague !

Typographie soignée, mise en pages claire, menu simplifié : le nouveau site Haybec.com veut occuper dynami­ quement un créneau laissé vacant sur Internet pour se faire rencontrer l’offre et la demande. « En quelque sorte, on veut devenir l’eBay du foin ! » révèle Céline Boisvert.

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Toujours lire et suivre les directives de l’étiquette. AgSolutions est une marque déposée de BASF Corporation; KIXOR et OPTILL sont des marques déposées de BASF SE; toutes ces marques sont utilisées avec permission accordée à BASF Canada Inc. © 2015 BASF Canada Inc.

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AFFAIRES AGRICOLES |

CENTRE ACER DE S NOUVE AUTÉ S POUR LE S ACÉRICULTEUR S TEXTE D’HÉLÈNE COSSETTE

PHOTO : PIERRE CADORET

TABLANT SUR SON EXPERTISE EN MATIÈRE DE CONTRÔLE DE LA QUALITÉ ET DE CLASSIFICATION DU SIROP D’ÉRABLE, LE CENTRE ACER A LANCÉ PLUSIEURS NOUVEAUX PRODUITS ET SERVICES EN 2014, DONT CERTAINS SERONT PARTICULIÈREMENT UTILES AUX ACÉRICULTEURS. Si les acériculteurs connaissent bien l’importance d’obtenir un taux de Brix constant pour leur sirop d’érable, ils n’avaient pas accès, jusqu’à tout récemment, à une méthode simple et fiable leur permettant de vérifier l’efficacité de leur équipement de mesure. Grâce aux chercheurs du Centre ACER, c’est maintenant chose du passé ! Ces derniers ont mis au point une solution de calibration normalisée à 66 °Brix pour aider les producteurs à tester eux-mêmes l’exactitude de leur réfractomètre à

la cabane à sucre. « Ça semble banal, mais c’est quelque chose qui n’existait pas », remarque Yves Bois, directeur général du Centre Acer. Introduite à titre d’essai l’an dernier, la solution sera fabriquée à plus grande échelle pour la saison 2015. « Nous avons été agréablement surpris par la demande. Comme tous les produits que nous mettons au point, les acériculteurs pourront se la procurer auprès de nos membres et partenaires ou des clubs d’enca­ drement », poursuit-il.

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COFFRETS DE COULEURS ET DE SAVEURS Dans le même ordre d’idées, les producteurs aiment bien pouvoir évaluer eux-mêmes la couleur de leur sirop d’érable, dit Yves Bois. Le Centre ACER a donc créé un comparateur de couleurs qui simplifie grandement la classi­ fication du sirop. Insérées dans un coffret de bois, quatre fioles contiennent chacune une solution de couleur normalisée – sirop extra clair, clair, médium et ambré – ainsi qu’une fiole vide destinée au sirop à comparer. Mais la nouveauté-vedette de l’année 2014 est sans contredit le coffret de défauts de saveur du sirop d’érable. « Le concept est vraiment intéressant pour les producteurs, estime-t-il. Cela n’avait jamais été fait auparavant. » Au Québec, rappelle l’agronome, le sirop d’érable est classé non seulement par couleur, mais aussi par saveur. Or certaines de ses saveurs – goût surcaramélisé, de sève, de bois, de brûlé et le fameux « goût de bourgeon » (voir l’encadré ci-dessous) – sont considérées comme des défauts qui rendent le sirop difficilement commercialisable. « Bien des producteurs ne connaissent pas ces défauts de saveur, dit M. Bois, d’où l’idée de créer un coffret de saveurs sur le modèle de celui des couleurs. » Ce boîtier comporte une dizaine d’échantillons de vrai sirop d’érable représen­ tatifs des saveurs indésirables les plus courantes. Lorsqu’un producteur a un doute sur le sien, il peut le comparer aux échantillons, explique-t-il. D’une durée de vie d’un an, chaque fiole contient suffisamment de sirop pour une lampée.

FORMATIONS APPRÉCIÉES En plus de ce nouveau produit, le Centre ACER offre une formation sur l’univers des défauts de saveur du sirop d’érable en grands contenants. « Cette formation est vraiment appréciée des producteurs », souligne M. Bois. D’une durée de sept heures, elle comporte une partie théorique permettant de mieux comprendre les défis de la classification et de se familiariser avec l’art de la dégustation selon la méthode ACER Division Inspection. En après-midi, les participants passent à la pratique en goûtant une soixantaine d’échantillons de sirop, avec et sans défauts de saveur. Ils repartent avec leurs notes et un coffret-cadeau en guise d’aidemémoire gustatif.

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De façon plus ludique, mais tout aussi édu­ cative, le Centre ACER organise également des concours visant à déterminer les saveurs à son kiosque d’information lors d’assemblées annuelles, de colloques ou de rencontres d’acériculteurs. « Le but est d’aider les producteurs à mieux repérer les défauts », dit M. Bois. Une deuxième formation très populaire concerne, pour sa part, l’utilisation et la calibration des instruments de mesure en acériculture. L’objectif de cet atelier pratique d’une journée est d’amener les acériculteurs à employer adéquatement leurs appareils et à comprendre l’utilité d’une bonne calibration pour chacun d’eux, qu’il s’agisse de réfractomètres, de colorimètres, de thermomètres ou d’hydrothermes. Adaptées aux calendriers des producteurs agricoles, ces formations se donnent habituel­ lement à l’automne, en janvier et en février. Les producteurs peuvent s’y inscrire par l’inter­ médiaire des collectifs régionaux de formation agricole ou de leur club d’encadrement acéricole. Par ailleurs, le Centre ACER a publié, en avril 2014, un nouvel ouvrage intitulé Méthode d’assainissement à l’alcool isopropylique en acériculture. Destiné aux producteurs, ce guide offre une description complète, étape par étape, de la méthode d’assainissement préconisée ainsi que de l’information sur les effets de la contamination microbienne et les moyens de lutter contre elle. Vendu par l’intermédiaire des clubs d’encadrement, il peut aussi être consulté gratuitement en ligne sur le site du Centre ACER (www.centreacer.qc.ca). Enfin, l’acériculteur branché pourra profiter d’une toute nouvelle application pour effectuer tous les calculs d’usage en acériculture. Lancée à temps pour la saison 2015, cette application est offerte en versions iPhone et Android. Elle peut être téléchargée en ligne via le Google Store et l’Apple Store.

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POUR L’ACÉRICULTEUR BRANCHÉ Une toute nouvelle application, offerte en versions iPhone et Android, pour effectuer tous les calculs d’usage en acériculture.

NOUVEAUTÉ-VEDETTE Un coffret d’échantillons de vrai sirop d’érable comportant les saveurs indésirables les plus courantes.

On propose notamment des formations sur les défauts de saveur du sirop en grands contenants et sur l’utilisation et la calibration des instruments de mesure en acériculture.

Le Centre ACER travaille sur plusieurs fronts pour tenter de limiter les pertes financières que le sirop au goût de bourgeon occasionne aux producteurs. Après avoir déployé beaucoup d’efforts pour comprendre le phénomène, les chercheurs expérimentent actuellement différentes méthodes industrielles, chimiques et thermiques pour traiter les sèves susceptibles de produire ce défaut. Ils explorent également diverses façons de transformer le sirop déjà produit pour lui donner un attrait commercial.


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| AFFAIRES ÉCONOMIQUES

$ L’ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE DU GOUVERNEMENT COUILLARD

JEAN-SÉBASTIEN LAFLAMME, AGRONOME, M. SC. CONSEILLER AUX AFFAIRES ÉCONOMIQUES, LA COOP FÉDÉRÉE, JEAN-SEBASTIEN.LAFLAMME@LACOOP.COOP

LE GOUVERNEMENT DIRIGÉ PAR PHILIPPE COUILLARD MET LES BOUCHÉES DOUBLES POUR ATTEINDRE L’ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE. TOUS LES SECTEURS PEUVENT ÊTRE MIS À CONTRIBUTION, Y COMPRIS L’AGRICULTURE. EST-IL PERTINENT D’AGIR AUSSI RAPIDEMENT ? C’EST SUJET À DÉBAT. MAIS IL Y A UNE RÉALITÉ À LAQUELLE LE GOUVERNEMENT NE PEUT SE SOUSTRAIRE : LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION ! LA CASSURE DE 2014 La dernière année marque le début d’une nouvelle ère au Québec, celle du déclin de la population en âge de travailler, les 15 à 64 ans. Cette strate d’âge représente le principal bassin de travail­ leurs potentiels. L’importance relative de ce groupe par rapport à la population totale était stable depuis une trentaine d’années (voir figure 1). Mais dorénavant, son poids relatif déclinera progressivement. En plus, ce segment de la population travaille déjà au maximum de sa capacité. La proportion des gens qui travaillent ou sont à la recherche d’un emploi est similaire au Québec et dans le reste du Canada. Le dynamisme du marché du travail des dernières années a permis au Québec de combler le retard qui s’observait depuis les années 1980. Il y aura donc de moins en moins de travailleurs pour subvenir aux besoins du reste de la population. Cela entraîne des défis à plusieurs égards, dont celui de la croissance économique de la province et celui des revenus de l’État. Pour maintenir la croissance économique, il faut

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nécessairement que ceux qui restent sur le marché du travail augmentent leur productivité pour compenser les départs à la retraite. Cela peut se faire, par exemple, en augmentant le nombre d’heures travaillées par emploi ou en utilisant mieux les technologies. Mais ce n’est pas si simple. Depuis une quinzaine d’années, dans l’ensemble des économies avancées, les gains de productivité ont été plutôt faibles de façon générale. On doit donc faire face à tout un défi ! Dans ce contexte, le gouvernement ne peut pas compter sur d’abondantes nouvelles sources de revenus dans l’avenir. D’autant plus que les Québécois sont déjà les citoyens les plus imposés et taxés d’Amérique du Nord.

PRESSION SUR LES DÉPENSES Du côté des dépenses aussi, ça se complique. Comme on le voit à la figure 1, la proportion du groupe des 65 ans est en progression constante depuis plusieurs années et va poursuivre sur sa lancée. Ce phénomène accentuera la pression sur les dépenses. Pourquoi ? Parce que les frais de santé par habitant augmentent de façon


spectaculaire à partir de 65 ans (voir la figure 2). Alors que les frais annuels de santé par habitant restent sous la barre des 4000 $ jusqu’à l’âge de la retraite, ils augmentent constamment par la suite pour atteindre jusqu’à 25 000 $ chez les gens âgés de 85 ans ou plus. Le réseau de la santé représente déjà la plus importante dépense de l’État : il accapare environ 40 % du budget. Ça ne devrait pas s’estomper, dans un contexte où la masse critique des électeurs (elle aussi vieillissante) sera préoccupée par l’accès à des soins de santé abordables et de qualité. La situation du Québec n’est pas unique. De façon générale, les données de l’OCDE démontrent que les économies avancées consacrent une portion grandissante de leur budget au secteur de la santé au fur et à mesure que leur population vieillit.

DES CHOIX JUDICIEUX Sans coup de barre, le gouvernement du Québec devra donc faire face à des déficits chroniques de plus en plus importants au cours des 15 prochaines années. Dans une situation de laisseraller, il ne sera plus en mesure d’offrir les mêmes biens et services à la population sans alourdir le fardeau fiscal déjà très élevé. Il est donc nécessaire de faire preuve de rigueur dans la gestion des finances publiques. Néanmoins, il est essentiel que les program­mes du gouvernement soient évalués, en fonction non seulement de leur coût, mais aussi de la valeur qu’ils génèrent. Prenons par exemple les programmes provinciaux en agriculture. Ils procurent un climat d’affaires stable et prévisible, propice aux investissements dans le secteur agroalimentaire. Au net, cet investissement est donc un plus pour l’économie du Québec.

Il est essentiel que les programmes du gouvernement soient évalués, en fonction non seulement de leur coût, mais aussi de la valeur qu’ils génèrent

Figure 1 UNE CASSURE DÉMOGRAPHIQUE S’OPÈRE ACTUELLEMENT AU QUÉBEC. LA POPULATION EN ÂGE DE TRAVAILLER (LIGNE BLEUE), QUI ÉTAIT STABLE DEPUIS UNE TRENTAINE D’ANNÉES, ENTAME UN DÉCLIN PROGRESSIF. D’AUTRE PART, LA PROPORTION DES PERSONNES AYANT PLUS DE 65 ANS (LIGNE VERTE) POURSUIT SA LANCÉE DES DERNIÈRES ANNÉES. PROPORTION DES STRATES D’ÂGE AU QUÉBEC 65 % 55 % 45 % 35 % 25 % 15 %

19 71 19 73 19 75 19 77 19 79 19 81 19 83 19 85 19 87 19 89 19 91 19 93 19 95 19 97 19 99 20 01 20 03 20 05 20 07 20 09 20 11 20 13 20 15 20 17 20 19 20 21 20 23 20 25 20 27 20 29

5 %

< 20 ANS

20 À 65 ANS

> 65 ANS

ANNÉE

Source : Statistique Canada

Figure 2 LES FRAIS ANNUELS DE SANTÉ PAR HABITANT AU CANADA SONT RELATIVEMENT FAIBLES ET STABLES JUSQU’À L’ÂGE DE 65 ANS. UNE FOIS CE SEUIL FRANCHI, ILS AUGMENTENT DE FAÇON SPECTACULAIRE POUR ATTEINDRE JUSQU’À 25 000 $ À L’ÂGE DE 85 ANS. DÉPENSES DE SANTÉ PAR HABITANT DÉPENSES ($) / AN

25 000 20 000 15 000 10 000 5 000 0 <1

1-4

5-9 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74

75-79 80-84 85-89 90+

ANNÉE

Source : Institut canadien de la santé COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

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L’IMPORTANCE D’AVOIR UNE MISSION ET UNE VISION PAR PASCAL LABRANCHE, AGRONOME COORDONNATEUR INFAGRI ET AGROÉCONOMIE, LA COOP FÉDÉRÉE, PASCAL.LABRANCHE@LACOOP.COOP

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AFFAIRES ÉCONOMIQUES |

LES ENTREPRISES DÉPOURVUES D’UNE MISSION ET D’UNE VISION AURONT SANS DOUTE PLUS DE MAL À SE TIRER D’AFFAIRE DANS UN MONDE TOUJOURS PLUS COMPÉTITIF. RASSUREZ-VOUS, ÉLABORER DES OBJECTIFS ET FAÇONS DE FAIRE EST PLUS SIMPLE QU’ON NE LE PENSE ! IL S’AGIT DE S’Y METTRE. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certaines entreprises réussissent mieux que d’autres dans le même environnement économique ? Sentez-vous que votre entreprise se fait balloter par les aléas de la production ? Perd-elle de l’argent bien que vous conserviez sensiblement les mêmes activités ? Est-ce que vos employés vous quittent pour aller travailler dans une entreprise similaire à la vôtre ? Avez-vous déjà réfléchi à la raison d’être de votre entreprise, à votre vision, à vos valeurs ? Il est peut-être temps alors de faire une pause et de réaliser une démarche de planification stratégique, ou encore de mettre à jour celle que vous avez déjà effectuée. Mais par où commencer ? Dans un premier temps, il est primordial d’établir les fondements de votre organisation : mission, vision, valeurs, partenaires. Vos fondements sont aussi importants que les fondations de votre propre maison. Une fois bien définis, vos fondements donneront un sens et une cohérence à vos stratégies et à vos actions réalisées ou à déployer.

PHOTO : ISTOCK

LA MISSION ET LA VISION La mission définit ce que nous sommes, notre métier, notre raison d’être au-delà du profit. Tandis que la vision traduit notre ambition pour notre entreprise, notre but à atteindre à long terme. La question est simple et complexe à la fois. Que voulons-nous avoir accompli dans cinq ans, dans sept ans ? On retrouve habituellement trois composantes dans une bonne vision : n La mesure ou la taille du but à atteindre. Exemple : doubler sa production d’ici cinq ans. n Un qualitatif du positionnement recherché dans un marché. Exemple : être un leader en étant dans le groupe des 25 % supérieurs en matière de rentabilité dans sa production. n Les pierres angulaires sur lesquelles asseoir l’ambition ou le but à atteindre.

La vision doit fixer une direction claire et ne pas prêter à des interprétations divergentes. Elle doit proposer une image de l’avenir, et non refléter une situation présente ou passée. Enfin, elle doit proposer un vrai défi, susceptible de mobiliser toutes les énergies de l’organisation. Dans les faits, la vision joue le rôle de boussole pour le développement de l’organisation. La démarche de réflexion se termine souvent par une ou deux phrases clés sur son rôle, ses ambitions, sa clientèle, ses particularités, ses valeurs. Il n’existe pas de bonne ou de mauvaise vision, car celle-ci doit être en harmonie avec vos valeurs. Cependant, tous les actionnaires de l’entreprise doivent partager la même orientation. Il n’est malheureusement pas rare de voir des entreprises négliger cette étape. Il en résulte souvent des décisions qui ne sont pas toujours cohérentes. L’entreprise progressera beaucoup moins vite vers son but, quel qu’il soit. Ne craignez pas de faire partager votre mission et votre vision. Bien que cette pratique soit plus répandue dans le secteur agricole états-unien que canadien, de nombreuses entreprises affichent très clairement leur mission au mur de la laiterie ou d’un bâtiment de ferme. De la sorte, vous enverrez un signal clair à vos employés et partenaires d’affaires quant à l’orientation qui guidera chacune de vos décisions.

LE DIAGNOSTIC Une fois les fondements établis, la deuxième étape, cruciale pour tout bon plan stratégique, est le diagnostic. Les dirigeants doivent bâtir une compréhension commune de leurs environnements interne et externe. Une étape parfois douloureuse, car on doit faire un portrait clair et concerté des forces, faiblesses, occasions d’affaires, menaces et grands enjeux de l’entreprise. Pourquoi parfois douloureuse ? En fait, on COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

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Pour chacune des mesures à prendre, il est primordial de désigner un responsable. Quand tous sont responsables, plus personne ne l’est réellement !

doit faire un petit acte d’humilité quant à nos limites, nos façons de faire, nos faiblesses… Bien comprendre notre situation actuelle est probablement un des plus importants facteurs clés de succès d’une démarche de planification stratégique. Plus le diagnostic sera juste, plus nos stratégies seront robustes ! Il faut évaluer toutes les facettes qui ont un impact sur la pérennité de l’organisation (finances, production, ressources humaines, gestion, etc.). Par exemple, la hausse des taux d’intérêt, si votre endettement est élevé, ou la disponibilité de la main-d’œuvre, si vous êtes en concurrence avec d’autres industries plus lucratives.

LES STRATÉGIES Avec des fondements solides et un diagnostic robuste, la dernière étape devient un jeu d’enfant : l’élaboration des stratégies à mettre en place au cours des prochaines années. Par exemple, si une augmentation des taux d’intérêt pourrait être dramatique pour votre entreprise, peut-être qu’une des stratégies à adopter est de privilégier une location à long terme avec option d’achat, plutôt que d’alourdir le bilan de l’entreprise et d’acheter toutes les terres disponibles. N’oubliez surtout pas de mettre l’accent sur les grands enjeux et de réajuster votre tir en fonction de la situation.

LES OBJECTIFS À LONG TERME Il devient alors primordial de vous fixer des objectifs à long terme correspondant à votre vision et à vos grandes stratégies. Pour qu’un objectif soit bon, il faut qu’il soit bien sûr ambitieux, mais surtout mesurable. Par exemple, si votre objectif est d’améliorer la rentabilité de votre exploitation, comment savoir si vous l’avez atteint ? Cependant, si votre objectif est d’avoir une rentabilité de 600 $/ha, il est possible de le mesurer et de voir les efforts à faire pour l’atteindre.

RÉALISATION ET PLAN D’ACTION Comme au hockey, se faire un plan sur un tableau, c’est une chose, mais l’exécuter sur la patinoire en est une autre. Il reste maintenant à

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voir si l’on dispose des ressources nécessaires pour atteindre nos objectifs. Et c’est particulièrement vrai avec les ressources humaines. Est-ce que chaque personne de votre entreprise ou gravitant autour d’elle connaît bien les grandes lignes du plan stratégique ? Chacun de vos employés connaît-il bien ses responsabilités clés ? Communiquez-vous bien vos orientations ? Sont-elles bien comprises ? Donnez-vous les moyens à vos employés de réaliser votre plan ? C’est malheureusement un point qui fait cruellement défaut dans bien des entreprises agricoles. Pour que vous puissiez atteindre vos objectifs, tous les membres de votre équipe doivent vous suivre; alors soyez à leur écoute, car la réalisation passe par eux. Par la suite, on élabore un plan d’action avec des objectifs à court terme. Par exemple, si on souhaite améliorer la production de lait par vache, on se bâtira un plan d’action qui dictera toutes les étapes à réaliser pour atteindre cet objectif. Il faut notamment s’assurer que les vaches ont suffisamment d’eau, valider si la ventilation peut être améliorée pendant l’été, revoir le programme alimentaire, améliorer la sélection des taureaux, etc. Pour chacune des mesures à prendre, il est primordial de désigner un responsable. Quand tous sont responsables, plus personne ne l’est réellement ! Il est également nécessaire de fixer une échéance. Il y a toujours une bonne raison de repousser ce qu’on a à faire jusqu’à l’échéance, alors imaginez si vous n’en avez pas… Petit truc, surtout avec les employés : certains propriétaires d’entreprise installent dans un endroit où l’on passe souvent – bureau, garage, laiterie – un tableau comportant les actions que chacun doit effectuer. Comme ça, on sait rapidement ce qu’il y a à faire et qui doit le faire. On évite les oublis et on améliore ses chances de réussite. Et pourquoi ne pas mettre la mission et la vision de l’entreprise dans le haut du tableau ? Tant pour vous que pour vos collaborateurs, une planification stratégique favorisera la mobilisation des troupes, car vous aurez donné une vision claire de là où se dirige votre entreprise et des moyens à prendre pour s’y rendre.


ZOOM AFFAIRES FAIRE PLUS AVEC MOINS POUR NOURRIR LE MONDE Les Néerlandais peuvent produire un kilo de tomates avec 4 litres d’eau, comparativement à 60 litres en moyenne ailleurs dans le monde. « Nous savons comment faire. Reste à trouver la façon de rendre cette technologie accessible », a déclaré Berry Martin, de Rabobank, au Sommet international des coopératives 2014. De même, ajoute l’administrateur de cette banque coopérative néerlandaise, il suffirait de faire passer la productivité africaine de deux tonnes à quatre tonnes par hectare – ce qui correspond à de la basse technologie en Occident – pour résoudre une grande partie du problème de la faim en Afrique.

Le génome au secours de l’alimentation animale Au cours des 20 dernières années, l’étude du matériel génétique des êtres vivants a permis de réaliser des percées spectaculaires, notamment dans les domaines de la santé, de l’environnement et de l’agroalimentaire. Une des recherches québécoises en cours à l’Université Concordia porte sur l’optimisation de l’alimentation animale. Près du quart de la valeur nutritive des aliments servis aux porcs et à la volaille est actuellement inutilisé, parce que ces animaux ne possèdent pas les enzymes nécessaires à leur pleine digestion. Le but de cette recherche est donc d’offrir de nouvelles combinaisons d’enzymes digestives aux producteurs de porcs et volaille. Ainsi, tout en mangeant moins, les animaux continueront de bénéficier du même apport nutritif qu’auparavant. (CEGA – Université Concordia)

OUTIL POUR LA GESTION DU RISQUE EN AGRICULTURE

LE BAROMÈTRE JOHN DEERE

Gestion agricole Canada (GAC) a procédé au lancement de la version anglaise du Guide complet sur la gestion du risque en agriculture, mais une version française sera offerte avant le printemps 2015. Ce guide vous aidera à prendre conscience de tous les risques auxquels doit faire face votre entreprise, et il vous fournira les outils pour mettre en place une réelle approche stratégique de gestion du risque. En format électronique, il comprend des instructions, un tableau d’évaluation des risques en format Excel, un modèle de plan de gestion des risques ainsi que des adresses et des liens vers des ressources sur la gestion des risques en agriculture. fmc-gac.com/fr/node/9159

PHOTOS : INGIMAGE, JOHN DEERE, INGIMAGE

(CEGA – Gestion agricole Canada)

Avec les prix baissiers des grains, un changement de mentalité s’opère chez les producteurs de grandes cultures. La baisse des ventes d’équipements agricoles de John Deere en témoigne. En 2014, ses ventes ont diminué de 8 % aux États-Unis et au Canada par rapport à l’année précédente. Ce résultat met fin à cinq années consécutives de croissance. La situation ne devrait pas s’améliorer en 2015. John Deere entrevoit des revenus plus faibles pour les producteurs, avec un prix qui devrait graviter autour de 135 $US la tonne pour le maïs et de 340 $US la tonne pour le soya. En conséquence, ses ventes d’équipements agricoles devraient diminuer de 25 à 30 % en Amérique du Nord.

FIN DES QUOTAS LAITIERS, DÉBUT DE LA CROISSANCE En avril prochain, les quotas seront abolis en Irlande, comme partout en Europe, avec bon espoir que la hausse mondiale de consommation de produits laitiers (2,4 % en moyenne par année, notamment en Chine, en Inde et en Afrique) profitera à ses producteurs. L’Irlande exporte 40 % de ses produits laitiers hors de l’Union européenne. Depuis 30 ans, le pays a perdu 50 000 exploitations, mais l’abolition des quotas pourrait renverser la tendance. Sans quotas, la production devrait s’accroître de 18 % d’ici 2017, et 1000 agriculteurs pourraient se tourner vers la production laitière. Restera à élaborer une image de marque pour un lait typiquement irlandais. (Irish Independent)

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FAITS ET GESTES

LA COLLISION

EN SOI, le débat sur l’accaparement des terres se

Pour transférer les actifs à la prochaine génération et investir dans les technologies et infrastructures de l’avenir, les besoins en capitaux seront colossaux.

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COOPERATEUR.COOP – MARS 2015

rapporte à la diversification des sources de capital en agriculture. Dans la quasi-totalité des secteurs d’activité économique, l’apport de capital externe est bienvenu, voire incontournable pour la poursuite des affaires. En agriculture, il provoque une collision. Une collision de valeurs où des enjeux économiques et idéologiques se rencontrent. Pas simple. Plus personne ne s’étonne qu’une entreprise agricole embauche de la main-d’œuvre externe, souvent même en grand nombre. Dans le même esprit, on observe un nombre croissant d’entreprises agricoles où les décisions de gestion sont partagées entre les propriétaires et des gestionnaires salariés. Au fil du temps et du dévelop­ pement des entreprises, la main-d’œuvre externe et la gestion salariée ont graduellement fait l’objet d’acceptation tacite. La taille des entreprises, leur complexité et le resserrement inexorable des marges ont naturellement alimenté ces mutations. L’arrivée de certains investisseurs en agriculture peut impliquer un apport de capital que l’on qualifiera ici d’« externe ».

Chez nous, hormis certaines transactions de terres agricoles, peu d’exemples existent. La production à forfait de porcs ou de veaux, où l’entreprise agricole ne possède pas les stocks d’animaux, n’en est qu’une timide expression. Pour les uns, l’incursion du capital externe en agriculture constitue une évolution naturelle, voire une occasion de croissance. Elle peut même s’inscrire dans une stratégie de gestion des risques de l’entreprise. À l’autre extrémité du spectre, elle en fait sourciller plus d’un. Les statistiques sont têtues : de très nombreuses entreprises agricoles de petite taille appartiennent à des gestionnaires avançant en âge. Leurs actifs changeront de main au cours des deux prochaines décennies. Raisonnablement, les vendeurs souhaiteront obtenir la juste valeur des biens vendus. En parallèle, des investissements importants sont requis dans un grand nombre d’entreprises pour s’adapter aux réalités de production modernes. Bref, pour transférer les actifs à la prochaine génération et investir dans les technologies et infrastructures de l’avenir, les besoins en capitaux seront grands. L’auto-investissement et l’emprunt bancaire, sources de capital traditionnellement priorisées en agriculture, suffiront-ils à combler les besoins en capitaux du monde agricole au cours des prochaines années ? Tout dépendra, principalement, de la vitesse de consolidation et de l’évolution de la valeur des actifs. Il serait périlleux de tenter de prédire si, à l’échelle québécoise, des sources de capital externe deviendront une nécessité mathématique. Il demeure que pour certains (qui ne se cachent pas pour le dire), des sources de capital externe représentent des occasions de développement bienvenues. Pour d’autres, l’arrivée de ce type de capital constitue un affront au modèle d’entreprise agricole traditionnellement dominant. La rencontre de ces deux courants prend la forme d’une collision entre des valeurs, avouons-le, difficilement conciliables. À l’évidence, on est loin de l’approbation dont la main-d’œuvre externe et la gestion salariée ont graduellement fait l’objet au fil du temps.

PHOTO : MARTINE DOYON

VINCENT CLOUTIER, AGRONOME, MBA, ÉCONOMISTE PRINCIPAL, LA COOP FÉDÉRÉE, VINCENT.CLOUTIER@LACOOP.COOP


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