Le journal Le réveil des combattants - Septembre 2011

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« Salauds de pauvres ! »

Victimes de l’OAS, une stèle à Paris

le réveil Septembre 2011 - N°776 - 5 e

2001-2011 : 10 ans après le 11 semptembre

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

11.09.2001 - 11.09.2011

Quel avenir pour le monde ? Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL actualités

t o e m d n b o a r G outenir notre journal Le Réveil des Co la Pour s

Campagne de souscription 2011

Pour soutenir le Réveil des Combattants, une voiture est à nouveau en jeu, ainsi que de nombreux lots. Il s’agit de donner à notre journal les moyens de vivre et de se développer. L’an dernier, 40 000 euros ont été collectés qui ont permis la poursuite de l’aventure de notre journal. De tout temps, le Réveil des Combattants a participé et a contribué à la vie démocratique et aux luttes sociales de notre pays. Avec la nouvelle formule, lancée depuis deux ans, nous avons démontré notre volonté de faire de notre publication : • un outil de réflexion sur toutes les questions sociétales, françaises et internationales, • une source d’information permanente pour le monde ancien combattant, • un outil de défense des droits des anciens combattants et victimes de guerre, • le journal du combat de la mémoire et des valeurs républicaines.

mbattan ts

Pour participer à cette souscription, vous pouvez acheter un carnet entier et vendre des bons de soutien auprès de votre famille, de vos amis et camarades. Il est possible d’acheter un ou plusieurs bons à l’unité. Vous devez, dans tous les cas, retourner au siège national (Réveil des Combattants - 2 place du Méridien - 94800 Villejuif), la ou les souches remplies et accompagnées de votre règlement (2 à 20 euros ou plus) et garder votre ou vos tickets.

La date butoir pour le retour des souches est fixée au 5 décembre 2011.

Cette année encore, une voiture à gagner ! Remise des clés à l’heureux gagnant de la voiture, à l’occasion de la tombola 2010

Tirage le 26 décembre 2011 Pour tout renseignement, appeler au 01 42 11 11 11 ou par mail : reveil-des-combattants @ wanadoo.fr 2-

LE RÉVEIL - N°776 - Septembre  2011


ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE Actualités p. 4 Combien de temps vont-ils nous sucer le sang. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 16 milliardaires veulent payer des impôts.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Salaud de pauvres !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 En ces temps-là, j’avais 20 ans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 AG de l’UFAC : deux votes préoccupants.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Conseil de Paris : vœux pour les ACVG.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Les malfrats ne reculent devant rien.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 International p. 10 Paris et Londres lorgnent les barils de Tripoli. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 L’ARAC soutient les AC argentins.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Argentine : carton rouge. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Vos droits p. 21 OPEX et droits à réparation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Projet de budget 2012 : le compte n’y est pas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Commission de la carte du combattant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Campagne double : le requête de l’ANCAC rejetée.. . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Vie de l’ARAC p. 25 Victimes de l’OAS : une stèle à Paris. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Marie-Josée Cappoen médaillée.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 La vie des comités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Magazine p. 30

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2001-2011 Dix ans après le 11 septembre Une réflexion sur l’action des États-Unis et sur l’évolution du monde 10 ans après l’attentat.

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

Tirage : 60 000 exemplaires Gérant-directeur de la publication : Raphaël VAHÉ • Directeur délégué : Patrick STAAT • Rédacteur en chef : Raphaël VAHÉ • Service photos : Jean-Claude Fèvre • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9 Ce numéro contient un encart «Tombola du Réveil »

Nous vivons dans un monde où 1% de la population spolie 99 % du reste du monde

P

artout dans le monde se multiplient les mouvements de protestation pour une autre vie, pour plus de justice sociale et plus de démocratie. C’est vrai au Caire, à Madrid, à Tunis, à Washington, à Athènes, à Berlin, à New York, à Paris. Pas un continent, pas un pays n’échappe aux rassemblements contre la précarité et le pouvoir de la finance. Les jeunes, les retraités, les chômeurs, les ouvriers, les employés, les cadres… disent tout peut changer, nous ne sommes pas condamnés à vivre sous la dictature mondiale la plus dangereuse, celle des patrons de la finance. Ils refusent les injustices, les inégalités, la misère. L’inquiétude est générale et le diagnostic de la situation doit être lucide. Le système capitaliste cherche à perdurer, à s’adapter pour encore plus presser chacun d’entre-nous. L’avenir de l’immense majorité des Français est menacé, l’avenir de nos enfants, de nos familles, les ressorts même de notre pays sont menacés. « Loin de nous sortir de la crise économique, cette austérité salariale et cette précarité sociale nous enferment dans la récession et tout le monde va y perdre » disait Bernard Thibault à Marseille. C’est vrai, c’est l’enjeu même de notre avenir, de notre conception républicaine de la nation française qui est remis en cause Il faut une profonde réforme politique, économique, sociale. Il faut avoir le courage de re-nationaliser les banques, rouvrir les services publics et les développer (école, santé, logement…). Il faut relancer la consommation, et donc augmenter les salaires, les retraites pour que cesse la misère dans laquelle vivent aujourd’hui 8 millions de français. On ne peut pas se satisfaire des paroles de ceux qui disent « On ne peut rien faire », « C’est la loi du marché », « C’est la crise », « C’est la mondialisation ». On nous parle de la dette mais c’est l’argument et l’outil pour les institutions internationales et européennes pour contrôler les états. Réhabiliter la politique est une exigence d’aujourd’hui, pour donner du sens à nos colères, à nos luttes, c’est nécessaire à l’éclosion de nouveaux espoirs. Pour cela il faut de la détermination et de la volonté politique.

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Pendant combien de temps vont-ils nous sucer le sang ? Ça recommence, les 460 milliards d’euros que le Président Sarkozy a offert aux banques, il y a un an, ne leur suffit pas. La Société générale, la BNP, en réclament encore. Aujourd’hui, c’est 20 milliards que l’État va être contraint d’apporter pour soi-disant sauver notre système bancaire. Les banques capitalistes ont trouvé un bon filon. La banqueroute menace, disent-ils ; pour éviter le dépôt de bilan afin, prétendent-ils, d’empêcher le pays de s’enfoncer dans la crise, il faut aider le système financier à garder la tête hors de l’eau. La solution : tout le monde, à commencer par l’État, doit être solidaire. L’État, à savoir nous, notre famille, nos amis, nos voisins, en un mot le peuple, doit encore et encore mettre la main à la poche et M. Sarkozy et M. Fillon y vont d’un nouveau plan d’austérité que la grande majorité des Français supporte. De nouvelles coupes sombres dans la Sécurité sociale, encore plus de suppressions d’emplois dans le domaine public, des impôts plus lourds, des cotisations des mutuelles qui fusent des sommets et, pendant qu’on y est, la retraite, rapidement à 67 ans. Il faut bien sauver notre économie, disent-ils. En fait, la logique capitaliste fonctionne à plein régime, aujourd’hui, avec un gouvernement qui travaille à mettre notre société à genoux devant la loi d’airain du capital. Plus aucune retenue. Tout est bon pour pressurer de toutes les manières possibles notre peuple et, en même temps, haro sur ceux qui touchent le RSA, les travailleurs immigrés, les jeunes qui voient ce triste monde. Voilà la réalité. Tous les jours, le système en place fait la démonstration de sa nocivité. Le gouvernement fait 4-

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la démonstration que, dans la France d’aujourd’hui, l’on ne peut vivre décemment de son travail. En réalité le problème c’est le système lui-même, c’est lui qui gangrène notre société, qui pourri les rêves de la jeunesse. Le système capitalisme, voilà l’ennemi qu’il nous faut combattre, il se repaît à longueur de temps de la sueur, de la peine, du travail et de l’exploitation du peuple. C’est ce système qui produit la crise que nous connaissons aujourd’hui, avec la complicité d’hommes de droite et de gauche attachés au libéralisme et à la concurrence non faussée et qui écrase notre avenir et broie dans ses serres rapaces notre droit à vivre dignement, à élever nos enfants, à leur donner un

avenir à la hauteur de nos aspirations. Il nous faut donc nous attaquer au capitalisme, aux hommes et aux femmes qui se réclament du « marché » et qui, au final, ne jurent que par le profit au détriment de l’intérêt du plus grand nombre. C’est le problème de notre société. Nous devons nous rassembler, agir, ne rien lâcher de nos droits et, non seulement riposter à tous ces coups, mais créer de réelles conditions d’un véritable changement de politique. Ce n’est pas seulement une alternance politique dont notre peuple a besoin, c’est d’une véritable alternative sociale et qu’enfin notre peuple décide de prendre en main son avenir. C’est entre nos mains que se trouve, et nulle part ailleurs, l’avenir de notre société. Hervé Corzani Et à l’heure où nous écrivons, Dexia déploie ses ailes avec un coût annoncé pour chacun d’entre nous.

16 milliardaires veulent payer des impôts ! Seize patrons milliardaires, dont Liliane Bettencourt (l’Oréal), Antoine Frérot (Véolia), Maurice Levy (Publicis), Christophe de Margerie (Total), ont signé dans Le Nouvel Observateur, le 25 août dernier, un appel à payer une contribution exceptionnelle : « Au moment où le déficit des finances publiques et les perspectives d’aggravation de la dette de l’État menacent l’avenir de la France et de l’Europe, au moment où le gouvernement demande à tous un effort de solidarité, il nous semble nécessaire d’y contribuer ». Ah les braves gens ! Voici les plus chauds partisans de la déréglementation convertis en apôtres de la pression fiscale. Ceux qui trouvaient que l’ISF était un « impôt idiot » proposent une taxation des plus riches contribuables. Qu’ils sont dévoués à la chose publique ces patrons ! Bien sûr, nous, les contribuables, cela nous surprend un peu d’entendre des gens réclamer de nouvelles contributions. Mais on les excuse : comme ils ne connaîssaient pas bien les impôts et les taxes vu qu’ils disposent, à la différence de nous autres les Français d’en bas,

de puissants moyens « d’optimisation fiscale », cette proposition a, pour ces parfaits représentants de l’oligarchie industrialo-politique, le goût de l’aventure et du mystère. Des esprits chagrins, issus de la France d’en bas, vont sans doute lire attentivement la fameuse déclaration de ces 16 requins capitalistes, et voir que ces derniers nous expliquent quand même que la contribution « n’est pas une fin en soi : elle doit s’inscrire dans un effort plus global de réforme tant sur les dépenses que sur les recettes ». Cela veut dire que nos 16 souhaitent que cet « effort plus global sur les recettes » concerne plus de gens. En français, cela veut dire qu’ils demandent d’augmenter les impôts et les taxes pour les autres. « L’effort global de réforme » comprend le saccage des retraites et de la Sécurité sociale, la destruction progressive de l’Éducation nationale et de l’ensemble des services publics, la réduction massive de fonctionnaires… Bref, les 16 cyniques aiment tellement les impôts qu’ils veulent que tout le monde contribue un peu plus encore. Brigitte Canévêt


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Salauds de pauvres ! Comme le disait Marie-Antoinette aux Parisiens : « S’ils n’ont plus de pain, qu’ils mangent de la brioche ! » Pendant que les Français les plus riches se gavent de dividendes, de plus-values, de superprofits en provenance de leurs usines délocalisées, la partie la plus pauvre de notre pays plonge dans l’angoisse et dans la misère. Comment se nourrir jusqu’à la fin du mois, comment se loger, comment payer l’eau et l’électricité de plus en plus chères ? Les discriminations se multiplient. Dans certaines villes, les enfants de chômeurs ne sont pas acceptés dans les cantines scolaires sous prétexte « qu’il manque de places dans les cantines ».

La chasse aux pauvres est bien lancée Le gouvernement met la pression sur Pôle Emploi pour radier un maximum d’ayants droit sous le mot d’ordre honteux de « combattre l’assistanat ». Les radiations abusives se multiplient : un simple retard lors d’un entretien, une recherche d’emploi jugée insuffisante ou même une non-réponse suite à un appel téléphonique suffit à vous faire radier. Le radié n’étant pas considéré comme chômeur, c’est un moyen radical pour en faire baisser le nombre. L’objectif présidentiel est clair : à quelques mois de l’échéance présidentielle, tous les moyens sont bons pour faire baisser le nombre de chômeurs. Le milliardaire Serge Dassault (sa fortune est estimée à 7,6 milliards d’euros. Pour atteindre cette somme, un salarié devrait travailler plus de 3 millions d’années) est favorable à la suppression des aides sociales aux plus démunis. Les véritables assistés sont les super riches qui vivent comme des nababs, non seulement sans travailler mais en cassant l’emploi productif (délocalisation, désindustrialisation, financiarisation du pays) et en démantelant les services

publics (écoles, hôpitaux…) par l’intermédiaire de la bande du Fouquet’s. Ils sont peu nombreux à aimer les pauvres, même dans les secteurs où l’on pourrait s’attendre à un peu d’humanisme, comme dans le milieu médical par exemple. Un quart des médecins ou dentistes à Paris refusent de soigner ceux qui sont bénéficiaires de la CMU (Couverture médicale universelle). Combien d’étudiants qui, par suite de la baisse des remboursements Sécu et l’augmentation des cotisations mutuelles, ne peuvent plus se soigner ? Combien de mal-logés, alors que tant d’immeubles de rapport sont vides ? Combien de retraités, d’anciens combattants, pauvres, à la suite des différentes contre-réformes des retraites, de Balladur à Fillon, ont subi les décotes pour annuités insuffisantes et se rapprochent de plus en plus d’un minimum vieillesse au niveau très insuffisant ? Il faut aussi évoquer malheureusement l’attitude méprisante des banquiers envers les personnes de modeste condition, malgré la charte qu’ils ont signée en 1992 dans laquelle ils s’engageaient à « offrir des services bancaires de base à tous ». On estime qu’ils sont 5

millions à être en situation d’exclusion financière. La France d’en haut a choisi de casser la France et l’ensemble des acquis du Front populaire et du programme de la Résistance. Les 8 millions de Français qui sont sous le seuil de pauvreté ne sont pas gentils, ils empêchent les nantis de dormir sur leurs deux oreilles : « Salauds de pauvres » ! Brigitte Canévêt

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En ces temps-là, les irradiés organ j’avais 20 ans… Toujours victimes,

« En ces temps-là, j’avais 20 ans... » chantait Pierre Bachelet, et René Vautier filmait Avoir 20 ans dans les Aurès. En ce temps-là, j’avais 20 ans en Kabylie, j’avais 20 ans dans l'Ouarsenis et aussi à Palestro et dans l’Oranais, le Constantinois, sur les frontières de Tunisie et du Maroc, à Biskra, à Gardaïa et d'Alger à Tamanrasset... J’avais 20 ans et je suis mort près de 30 000 fois, blessés dans ma chair et dans mon âme plusieurs centaines de milliers de fois sous l'uniforme, tandis que des Algériens - eux aussi par centaines de milliers - jeunes et vieux, hommes, femmes et enfants, du bébé au vieillard, paysan, bourgeois ou citadin, maquisard ou civil, mouraient par le fer et par le feu, la balle, le couteau ou sous la torture... « C'était un temps déraisonnable, on avait mis les morts à table » avait écrit Aragon... Et plus de 320 soldats français tombaient chaque mois, plus de 10 par jour plongeant autant de familles françaises - et combien d’algériennes? - dans la douleur fulgurante du deuil... Enfin, les luttes des peuples français et algérien pour la « Paix en Algérie » allaient contraindre le gouvernement de notre pays à trouver le chemin de la raison. D'abord le 8 janvier 1961, lors du référendum sur l'autodétermination algérienne (75 % de Oui en métropole et 70 % en Algérie), puis le 8 avril 1962 pour la ratification des accords d'Évian sur l'indépendance de l'Algérie et le cessez-le-feu sur le terrain, le 19 mars 1962 (90,81 % de Oui). C'était la porte enfin ouverte sur la paix qu'allait tenter d'empêcher la folie sanguinaire de l'OAS (Organisation armée secrète) mettant durant des mois l’Algérie à feu et à sang, commettant, sur place et jusqu’en métropole, assassinats et plastiquages dont furent victimes plus 6-

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de 2 700 civils, militaires, élus, magistrats, avocats, fonctionnaires de la République, hommes, femmes, enfants, vieillards français et algériens. Il y a 50 ans que, du point de vue du droit international entre la France et l'Algérie, dure ce cessez-le-feu. Avec ce calendrier, l'ARAC propose à chacun de nous d'apporter sa contribution pour que soit mis un terme à cette situation en exigeant la signature d'un traité de paix pour l'amitié et la coopération entre nos deux peuples. Un calendrier pour rappeler nos 20 ans, nous souvenir des disparus, faire œuvre de passage de la mémoire et rejeter toutes les tentatives de falsifier l'histoire en réhabilitant le colonialisme, en niant ses crimes et en glorifiant l'OAS. Un calendrier pour aider à préparer l'avenir en n'oubliant pas les terribles leçons d'une guerre dont le nom même fut occulté durant 37 longues années. Acheter ce calendrier, c'est dire que nous n'oublions rien et c'est réaffirmer, à travers ce geste, notre engagement au service de la paix, de l'amitié, de la solidarité et de la coopération entre les peuples français et algérien, entre tous les peuples du monde. André Fillère

Il a fallu plus de 20 ans d’actions politiques et judiciaires, de revendications soutenues des victimes des irradiations dues aux essais nucléaires français au Sahara et en Polynésie, 20 ans de soutien apporté par l’ARAC, avec,notamment, son colloque tenu à Marseille en 2006, puis par l’UFAC, par certains parlementaires et des scientifiques… avant que ne voie le jour la loi Morin et son décret d’application. Immédiatement dénoncée, cette loi imposait des conditions draconiennes à l’exercice du droit à réparation : liste des maladies reconnues atrophiée, incomplète, zones géographiques retenues arbitraires, etc. Tout cela dans un seul souci, avoué par Hervé Morin alors ministre de la Défense : « Cette loi ne concernera tout au plus que quelques centaines de personnes seulement auxquelles seront accordées les indemnisations prévues. » Aujourd’hui, les intéressés crient donc, justement, à la mascarade d’une loi votée pour rien, sinon pour enterrer leurs dossiers et leurs droits à réparation. Ainsi, sur les douze premiers dossiers déposés, tous remplissant les conditions imposées, onze viennent d’être rejetés par décision de la Commission d’indemnisation, le douzième étant accepté… au minimum du droit à réparation ! Bien sûr, les dossiers rejetés vont faire l’objet d’un recours au tribunal administratif… avec, donc, un surcroît de


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Assemblée générale de l’UFAC

isent l’OBSIVEN tracasseries, de paperasses et de temps d’attente supplémentaire quant à la réparation du préjudice subi.

Une situation innacceptable Ce déni de justice est d’autant plus inacceptable que rien n’est réglé véritablement tant pour les victimes déjà irradiées qu’en matière de prévention au bénéfice des travailleurs actuellement soumis à ces mêmes dangers. Rappelons en effet que la loi Morin ne prévoit aucun suivi médical, ni pour les intéressés ni pour les populations, comme si la loi elle-même et la fermeture des sites arrêtaient immédiatement la radioactivité résiduelle ! De plus, des entreprises métropolitaines et polynésiennes ne travaillent-elles pas à l’heure actuelle, sans protection particulière, à la réhabilitation de Hao… et sans bénéficier, semble-t-il, des droits particuliers des travailleurs du nucléaire ?

Une initiative à soutenir Face à ces différentes situations, l’AVEN (Association des victimes des essais nucléaires) et Mururoa e tatou (Association des victimes polynésiennes) viennent de créer un observatoire des dispositifs de reconnaissance et d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français (OBSIVEN). Réunissant victimes, scientifiques, personnalités, parlementaires et autres spécialistes, l’OBSIVEN se fixe pour objet de rechercher, réunir et faire procéder à toutes études sociologiques, épidémiologiques, médicales et environnementales utiles à des propositions d’évolution de la loi et de son décret d’application. Un OBSIVEN dont les travaux méritent d’être suivis avec attention et d’être soutenus, ce que fera l’ARAC et, à n’en pas douter, l’UFAC et l’ensemble du mouvement ancien combattant.

Deux votes préoccupants L’Assemblée générale de l’Union française des associations de combattants s’est déroulée les 5 et 6 octobre derniers dans l’Espace Reuilly à Paris dans le 12e arrondissement. Si les participants à cette assemblée, représentants des 43 associations adhérentes à cette coordination et des 93 unions départementales d’associations d’ACVG, se sont félicités de la nomination durant l’été d’un secrétaire d’État en charge des Anciens Combattants et de la revalorisation, enfin obtenue, dans le projet de budget 2012, de l’indice de la retraite du combattant, porté à 48 points au 1er juillet conformément à l’engagement du Président de la République lorsqu’il était candidat en 2007, on ne peut qu’être inquiet de deux des votes des administrateurs qui nous apparaissent particulièrement préoccupants. En premier lieu, une majorité de délégués s’est prononcée pour revendiquer le Titre de Reconnaissance de la Nation pour les enrôlés de force dans l’armée allemande, les « malgré nous », qui disposent déjà de la carte du combattant. En ce qui concerne l’ARAC et quelques autres associations, entre autres la FNDIRP (Fédération nationale des déportés internés résistants patriotes) et l’ANACR (Association nationale des anciens combattants de la Résistance), nous les reconnaissons comme des victimes de la guerre mais nous ne pouvons accepter qu’ils soient reconnus comme combattants français puisqu’ils ont été combattants sous l’uniforme allemand, d’autant plus que certains d’entre eux, ceux qui appartenaient à la division allemande « Das Reich » se sont conduits en criminels à Oradour-sur-Glane. En second lieu à propos des résultats des élections au Conseil d’administration de l’UFAC, car dans le même registre de pensée, le seul représentant des Résistants, Jacques Weiller de l’ANACR (Association nationale des anciens combattants de la Résistance) n’a pas été réélu.

Oui aux « malgré nous », non à la Résistance ! N’y a-t-il pas là de quoi s’inquiéter ? Le général de Gaulle, en créant l’UFAC, le 14 mai 1945, s’appuyait sur des associations issues de la Résistance à l’occupant nazi et qui l’avaient soutenu avec Jean Moulin en créant le CNR. Il n’est pas possible de méconnaître ce que représentaient ces associations fondatrices de l’UFAC. Parmi elles : les Amis des FTPF qui devint l’Association nationale des anciens FFI-FTP, se transformant, en 1953, en Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR). En excluant Jacques Weiller, c’est donc la Résistance à l’occupant nazi, en tant que telle, que certains ont voulu éliminer de la direction de l’UFAC. C’est très grave et cela doit inciter chacun à analyser cette démarche pour y porter remède.

Dernière minute Le point PMI à 13,86 Un arrêté du 5 septembre 2011, paru au Journal officiel du 13 octobre 2011, a porté la valeur du point PMI à 13,86 (au lieu de 13,85) à compter du 1er janvier 2011. Cette mesure concerne toutes les pensions militaires d’invalidité, la retraite du combattant et le plafond de la rente mutualiste anciens combattants. Cette revalorisation de 1 centime donnera donc lieu à un rattrapage réglé avec les prochaines échéances concernant chaque titulaire. Un nouveau tableau des pensions paraîtra dans le prochain Réveil des Combattants.

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Communiqué de presse

Conseil de Paris - Vœux pour les ACVG

et droits de l’homme

A la séance du Conseil de Paris des 17 et 18 octobre 2011, Ian Brossat et Catherine Vieu-Charrier, conseillers de Paris au nom du Groupe communiste et des élus du Parti de gauche, ont déposé un vœu relatif à la demande d’audience des anciens combattants et victimes de guerre par le Président de la République et les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat.

Harkis

Nicolas Sarkozy rendra hommage aux harkis le 25 septembre 2011, mais persiste et signe à ne pas tenir ses engagements. Alors que le dimanche 25 septembre approche à grands pas, qu’il semble acquis que le Président de la République assistera à la cérémonie organisée à Paris, il apparaît que : - nombre de médailles seraient remises à d’anciens harkis par le Président, - nombre de facilités seraient données pour faire venir à Paris les anciens harkis et leurs familles habitant la province (billets de train, mise à disposition de cars, toutes ces informations étant relayées et portées par des associations complaisantes). Tout ce contexte n’est pas sans rappeler le bon temps des années 1970-80 où les cars servaient à emmener les harkis voter depuis les camps où ils étaient relégués, où les médailles flattaient et calmaient les ressentiments, où Giscard d’Estaing offraient le pèlerinage à la Mecque aux anciens harkis en faisant fi des règles élémentaires de la laïcité dans notre République. Tout ceci pour quoi ? Alors qu’il semble pour acquis que le Président de la République persistera à ne pas tenir son engagement du 31 mars 2007 (reconnaître, s’il était élu, « la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des harkis en 1962, afin que l’oubli ne les abandonne pas une nouvelle fois »). La République restera indécente et salie, les anciens harkis repartiront avec un maigre lot de consolation (qui une médaille, qui un voyage à Paris, qui des petits-fours) qui n’est destiné qu’à les endormir et à les manipuler. Cette péripétie n’entamera pas la détermination de tous ceux qui demandent le respect de l’engagement du Président. Fatima Besnaci-Lancou Présidente de l’association Harkis et droits de l’homme 8-

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Considérant que le gouvernement va très prochainement procéder, dans les assemblées parlementaires, à l’examen du projet de budget 2012 des anciens combattants et victimes de guerre (ACVG). Considérant que le mouvement combattant déplore du gouvernement que le montant du budget adopté, en régression une nouvelle fois, va aboutir au total à 468 millions d’euros de diminution en 5 ans. Considérant que depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, décrets et décisions diverses ont porté atteinte aux fondements du droit à réparation. Considérant que la réforme générale des politiques publiques (RGPP), totalement absente du contenu de la lettre du 2 avril 2007, aussitôt annoncée après l’élection du 7 juin 2007, et appliquée dès décembre 2007 aura, durant 4 ans, exercé ses effets néfastes : Direction des statuts, des pensions et de la réinsertion

sociale (DSPRS), Directions interdépartementales des Anciens Combattants, tribunaux des pensions, délégués mémoire, services départementaux de l’ONAC affaiblis, étant rayés d’un trait de plume, sans la moindre concertation, selon les associations d’anciens combattants. Considérant que les anciens combattants et victimes de guerre ont le sentiment profond d’avoir été trompés et qu’ils tiennent à rappeler le gouvernement et les élus de la Nation à leur devoir d’appliquer les lois fondatrices du droit à réparation. Le Conseil de Paris demande que le Maire de Paris s’adresse au Président de la République ainsi qu’aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat pour leur demander de bien vouloir recevoir, comme ils le demandent, les délégations représentatives du mouvement combattant régional, afin d’aller plus avant dans l’exposé des attentes des anciens combattants et victimes de guerre.

11 Novembre I Le message de l’UFAC Nous célébrons aujourd’hui le 93e anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918 qui mettait fin à quatre années d’affrontements meurtriers. Ce jour-là, l’Allemagne a reconnu sa défaite militaire et a demandé l’arrêt des combats aux Forces alliées. Rendons hommage aux combattants qui, par leur courage et leur abnégation, ont su la contraindre à déposer les armes. Ce conflit a été particulièrement dramatique du fait de l’apparition d'armes meurtrières qui ont provoqué un véritable déluge de feu et de sang. De cette Première Guerre mondiale, notre mémoire collective conserve le souvenir de millions de morts, de mutilés, de veuves et d’orphelins.

C’est pourquoi le 11 Novembre est inscrit dans la mémoire historique de notre pays. Cette date doit demeurer une journée de recueillement et du souvenir de la Première Guerre mondiale, préparée au niveau local auprès de la population et spécialement de la jeunesse. L’Union française des associations de combattants et de victimes de guerre s’emploie à transmettre aux jeunes générations la mémoire des événements passés et les appelle à une vigilance permanente pour la défense des droits de l’homme et de la paix. Vive la République ! Vive la France !

L’UFAC souhaite que ce message soit lu par une jeune fille ou un jeune garçon. Il appartient à toute instance éducative ou associative contactant la future lectrice ou le futur lecteur d’assurer leur information sur le contenu de ce message.


actualités LE RÉVEIL

Les malfrats ne reculent devant rien ! Canons, lance-roquettes, plaques émaillées en hommage aux soldats tués au combat, etc… Les vols de pièces militaires se multiplient en France, alimentant un marché parallèle et les ventes sur Internet. Deux lance-roquettes anti-chars d’un poids de 150 kg chacun, qui encadraient le monument aux morts de Plouescat (Finistère), ont mystérieusement disparu dans la nuit du 12 au 13 avril 2011. Un mois plus tôt, c’est un canon du XIXe siècle de 50 kg au moins, qui était dérobé dans une galerie de l’Hôtel des Invalides à Paris ! Le 28 avril 2011, trois fusils et une mitraillette des deux guerres mondiales, exposés à Missilac, en Loire-Atlantique, disparurent également pendant la nuit. « Ce sont des pièces estimées à environ 3 000 e qui peuvent avoir un in-

térêt pour des collectionneurs » souligne Pierre-François Toulze du Journal des Combattants. Pour tout ce qui est première guerre mondiale, ce genre de larcins se développe. Le Web est aussi un grand marché où souvent s’écoule en toute illégalité une multitude de petites pièces. C’est en naviguant sur le site « E-bay » que les gendarmes de l’Est de la France ont retrouvé des objets volés en octobre 2010 au mémorial de Verdun, et procède à l’interpellation de deux cambrioleurs. Rien n’échappe au pillage : casques de poilus, pipes, obus, masques à gaz et même une prothèse de jambe 14-18 ! Pour quelques dizaines d’euros, on peut aisément faire son marché sur le Net. Actuellement, le pillage auquel on assiste le plus est le vol sur les monuments aux morts ou dans les cimetières,

de plaques émaillées, de photos de soldats posées par les familles ou les communes. Les tabous ont sauté et avec eux le caractère sacré des sépultures et des monuments. Rien n’échappe au pillage, au grand dam des défenseurs de la mémoire. Fin avril 2011, des bénévoles avaient fleuri le mémorial de la Résistance en bordure de la départementale 925, en Savoie, en vue des cérémonies du 8 mai. Dès le lendemain, 32 pots de fleurs furent volés ! Où s’arrêtera ce pillage ? Comment le maîtriser et le faire cesser ? C’est à chaque citoyen, chaque association d’anciens combattants de prendre en charge ce problème, en n’hésitant pas à déposer plainte dès qu’un vol est commis et constaté. Jacqueline Thabeault-Alcandre

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Paris et Londres lorgnent les barils de Tripoli Extraits The Guardian - Londres L’économie libyenne dépend des hydrocarbures et le gouvernement de transition va avant tout veiller à remettre les puits en service. De leur côté, et alors que la poussière des combats n’est pas encore retombée à Tripoli, Britanniques et Français jouent déjà des coudes pour savoir qui a droit à quoi dans ce secteur, à l’instar de ce qui s’est produit en Irak, où BP et Shell ont décroché de juteux contrats dans le sillage de l’intervention militaire occidentale. Si les Britanniques se sont montrés plus discrets que les Français quant à ce qu’ils espèrent récolter, nous savons toutefois que BP1 et les chefs de l’opposition se sont déjà rencontrés, et que le géant pétrolier se prépare à revenir en Libye. L’affaire se présente plutôt bien. Un responsable d’Arabian Gulf Oil Compagny (Agoco), la compagnie pétrolière des rebelles, a souligné que les intérêts de Londres, Paris et Rome seraient tous pris favorablement en compte au détriment de ceux qui ont hésité à soutenir la rébellion, comme la Russie et la Chine. Mais le Conseil national de transition (CNT) ne souhaite-t-il pas organiser différemment son secteur pétrolier, peutêtre sans aucune participation occidentale ? A l’origine, Kadhafi avait expulsé les pétroliers occidentaux, avant de les inviter à revenir, une fois levées les sanctions des Nations unies (en 1999) en relation avec l’attentat de Lockerbie (21 décembre 1988). Le problème, pour le CNT, c’est que le pétrole représente la quasi-totalité des revenus du pays (90 % des recettes d’exportation). Même si les nouveaux dirigeants du pays préfèrent nationaliser, il est impératif de relancer la production aussi vite que possible. La Libye produisait 1,6 million de barils par jour, l’équivalent de 950 10 -

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millions d’euros par semaine, aux tarifs actuels du brut. De l’argent dont le CNT a désespérément besoin, même s’il lui faut pour cela accepter de partager son butin. Quelle que soit la nature de l’accord conclu, il est peu probable qu’il ne soit qu’une nationalisation ou une capitulation. Le nouveau gouvernement va cependant chercher à imposer des conditions de participation plus rigoureuses aux compagnies occidentales. Il est sans doute absurde de croire, comme le suggérait un article de Libération, qu’un tiers du pétrole libyen soit tout simplement cédé aux Français. Pour le CNT, ce serait un suicide politique. Ce qui s’est passé en Irak est instructif. Bien que BP et d’autres aient obtenu l’accès aux réserves irakiennes, les enchères ont abouti à des « accords de services techniques », selon lesquels BP et consorts jouent le rôle de contractants et touchent 1,46 euro sur chaque baril de pétrole produit. Mais ils ne possèdent pas les réserves comme c’est le cas

en mer du Nord et comme c’était le cas en Irak avant qu’ils soient écartés par Saddam Hussein. Les compagnies pétrolières occidentales privées sont toujours très combatives, mais elles sont également sur la défensive parce qu’elles se font peu à peu évincer au niveau planétaire par des compagnies étatisées dans des pays comme le Venezuela, le Brésil et la Russie. Preuve de cette évolution, la tentative désespérée de BP de conclure un accord d’échange d’actions avec la compagnie nationale russe Rosneft. Une tentative qui s’est soldée par un échec. Les réserves pétrolières de la mer du Nord et d’autres gisements matures sont en train de s’épuiser, et les investissements tardent toujours à affluer quand il s’agit de développer des solutions alternatives produisant moins de CO2. D’où l’inquiétude des chancelleries occidentales quant aux futures livraisons de brut. Le pétrole a été une des facettes de la guerre en Libye et, là encore, le nouveau gouvernement de Tripoli pourrait l’emporter. Terry Macalister 1 - BP est présent en Libye en vertu d’un accord d’exploitation signé en 2007 avec l’ancien régime. La préparation d’une série de forages terrestres programmés dans l’ouest du pays et au large des côtes, dans le golfe de Syrte, a été suspendue en début d’année.

L’un des « cinq de Miami » libéré Le Cubain René Gonzalez restera en liberté surveillée pendant trois ans. Presque libre. René Gonzalez est sorti vendredi de prison, attendu par sa famille. Il restera en liberté surveillée pendant trois ans, avec interdiction de quitter le territoire des États-Unis. La Havane réclame le retour au pays de son espion, arrêté par les autorités policières états-uniennes alors qu’il était chargé de recueillir des informations sur les activités des groupes terroristes de l’extrême droite cubaine, basés à Miami, en Floride. René Gonzalez et quatre de ses camarades avaient été arrêtés en 1998. Il s’était vu infliger en 2001 une peine de quinze

ans de privation de liberté, dont treize ans de prison. Selon la justice, outre les activités de surveillance de l’opposition, les Cubains avaient transmis des informations sur les installations militaires en Floride. Cette libération se fait dans un climat de haine. Récemment, la représentante républicaine d’origine cubaine Ilena Ros-Lethinen a estimé que Gonzalez avait du « sang américain sur les mains ». C’est « pratiquement un appel au crime », craint Ricardo Alarcon, président du Parlement cubain, qui y voit une raison de plus pour demander le rapatriement de René Gonzalez.


international LE RÉVEIL

Le soutien de l’ARAC aux anciens combattants argentins

Le Conseil national de l’ARAC ayant décidé de soutenir moralement l’action des anciens combattants argentins de la guerre des Malouines, qui revendiquent la reconnaissance de leurs droits à réparation (voir Réveil n° 770 de mars 2011), le secrétariat de notre association leur a adressé un courrier que nous publions ici. Parallèlement, une lettre « technique » a été remise à l’ambassade d’Argentine à Paris, avec demande de la transmettre à la Présidente de la République argentine, aux parlementaires et autorités civiles et militaires de ce pays. L’ARAC a reçu de Tulio Fraboschi, président de l’Association des ex-combattants du TOAS (Territoire opérationnel de l’Atlantique Sud), le message répondant à celui de l’ARAC et nous informant de « leur éternelle reconnaissance » pour notre appui.

Message de l’ARAC aux AC argentins La direction de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre (ARAC), réunie en Conseil national les 4-5 et 6 février 2011, a pris connaissance avec étonnement de la situation de non reconnaissance à laquelle se heurtent encore - 29 ans plus tard - environ 8 000 combattants du TOAS (Théâtre des opérations de l’Atlantique Sud) de la guerre des Malouines de 1982. L’État argentin ne reconnaît en effet la qualité de vétérans de la guerre des Malouines qu’à ceux ayant combattu sur l’île ellemême et aux 17 morts sur le continent. En 1990, la loi 23848 a exclu de la reconnaissance officielle, pour des raisons budgétaires, 8 000 ex-soldats conscrits basés au sud du 42e parallèle (sur les côtes des provinces de Chubut, Santa Cruz et la Terre de Feu) ayant eu pour mission non seulement l’appui logistique destiné aux combattants des îles, mais aussi la défense du littoral. Ils ne

peuvent, par conséquent, bénéficier de la loi 23.109 en matière de santé, logement et éducation. L’ARAC a constaté avec émotion les similitudes existant entre la situation des ex-combattants TOAS argentins, non reconnus, et celle vécue par les anciens combattants français en Algérie (1952-1962), lesquels durent agir pendant des décennies pour la reconnaissance de leur qualité d’anciens combattants. Dans les deux cas, il s’agissait de guerres perdues (Malouines, Algérie) décidées par des gouvernements pour des raisons de politique intérieure, qui mirent sous les armes des civils appelés par la conscription. En France, il fallut trente-sept années avant que le gouvernement ne reconnaisse officiellement le caractère de guerre en Algérie en 1999. En Argentine, il fallut attendre 21 ans pour que le Président Duhalde reconnaisse dans un discours du 2 avril 2003 à Ushuaia, la dette morale de l’Argentine envers ses combattants. En France, il fallut 12 ans d’actions revendicatives menées par les anciens combattants en Afrique du Nord avant que ne leur soit reconnu le droit à la carte du combattant, droit encore non totalement satisfait en 2011. Dans les deux cas, par-delà les blessures physiques, les épreuves endurées et la non reconnaissance de la société envers ses soldats conscrits ont entraîné chez eux de très graves séquelles morales, de nombreux psychotraumatismes de guerre et des suicides par centaines. Pour toutes ces raisons, l’ARAC (…) comprend et affirme son soutien et sa solidarité

envers les ex-combattants argentins non reconnus des TOAS. Mobilisés sur un territoire d’opérations, armés pour défendre leur pays, ils ont accompli leurs missions avec honneur et méritent la reconnaissance pleine et entière de leur mère patrie et de leurs compatriotes, ainsi que le disent d’ailleurs les rapports n° 27869/08 et CIJ n° 1885/09 du ministère de la Défense qui précisent que « Il n’existe pas d’empêchements légaux, tant au niveau national qu’international, à la reconnaissance en tant que vétérans de la guerre des Malouines ». C’est pourquoi l’ARAC s’adresse à Cristina Fernandez de Kirchner, à son gouvernement et à tous les élus argentins à qui elle demande que soient rendues justice et dignité à tous les militaires des TOAS en leur reconnaissant officiellement et sans plus tarder la qualité d’anciens combattants. Une telle décision ne pourrait que renforcer l’autorité morale de celles et ceux qui la prendraient, en même temps qu’elle serait de nature à renforcer la cohésion nationale et le sentiment de solidarité de tout le peuple argentin. Confiant en l’accueil positif qui devrait être réservé à notre démarche, la direction nationale de l’ARAC adresse aux excombattants non reconnus des TOAS, à l’ensemble des associations d’anciens combattants d’Argentine et au peuple argentin lui-même son salut le plus fraternel et ses vœux de succès les plus chaleureux.

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LE RÉVEIL international

Carton rouge ! L’Argentine, l’un des géants de l’Amérique du Sud, connaît bien des difficultés parmi lesquelles le développement de la violence, Barras bravas, groupes organisés de supporters d’équipes de football. Ces barras bravas sont nées des situations d’état de siège imposées par les dictatures militaires ayant marqué successivement l’histoire de l’Argentine. Interdiction des rassemblements publics de plus de cinq personnes sauf… dans les stades de football, seul lieu de réunion autorisée où l’on pouvait crier, magouiller, « monter des coups ». La démocratie retrouvée, les barras bravas ont pu déborder publiquement, continuer de monter leurs coups en plein air, fortes des relations nouées avec des politiciens et des syndicats corrompus. Aujourd’hui, la sous culture urbaine et la misère sociale, la recherche d’une appartenance à travers l’exaltation de la force, le nationalisme, la capacité de se battre pour s’affirmer, la marginalisation, la violence, l’alcool et la drogue, le mépris de l’existence d’autrui rendent les barras bravas redoutables et les assimilent au mouvement ultra d’extrême droite européen. Et elles embarrassent le gouvernement argentin, car la violence des supporters de foot semble désormais utilisée comme « sous-traitance » musclée et armée par certains patrons et syndicats pour « casser du gauchiste » : une main-d’œuvre à bon marché en fait. Ainsi, le 20 octobre 2010, une manifestation ouvrière, appuyée par des partis de gauche et des associations progressistes, envahit une voie ferrée pour exiger la réintégration de cent intérimaires licenciés des chemins de fer Roca. C’est l’un des axes de la lutte syndicale et politique contre le travail précaire en forte progression dans le capitalisme argentin (et mondial), contre les privatisations des services publics et la généralisation de la sous-traitance. 12 -

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Les manifestants se heurtent au syndicat patronal de l’Union ferroviaria (UF), principal actionnaire de la ligne Belgrano-Cargas, privatisée en 1993 par Carlos Menen. Affrontement, coups de feu : Mariano Ferreyra, étudiant de 23 ans, militant du Parti ouvrier, est tué. Trois autres manifestants sont blessés, dont Elsa Rodriguez, 61 ans, dans le coma avec une balle dans la tête. Les coupables ? Une bande dirigée par Pablo Diaz (l’un des responsables de l’UF) comptant dans ses rangs (en soustraitance ?) des hooligans de la « barra brava Défensa y Justicia » du club de foot de Florencio Varela de la banlieue de Buenos Aires, parmi lesquels Cristian Favale et Gabriel « el payaso » inculpés par la Chambre criminelle de Buenos Aires pour homicide et tentative d’homicide. Ce n’est pas la première fois que se manifeste la violence extrême des barras ; mais leurs incursions dans la vie publique, de plus en plus nombreuses, rapprochées, utilisées, protégées (?), l’assassinat de Mariano Ferreyra et

l’agression de manifestants du chemin de fer révèlent un autre type de délinquance, autrement plus grave puisqu’organisée, qui n’est pas sans rappeler certaines heures sombres de l’Argentine. Dans ce cas précis, les barras impliqués ont été employés par une « institution » (le syndicat patronal UF) pour faire ce qu’ils savent faire le mieux : se battre avec le plus total mépris de la vie d’autrui. Mais, dans le même temps, ils sont, comme Cristian Favale inculpé du meurtre de Mariano Ferreyra, connus pour leurs liens avec l’entourage des ex-présidents Carlos Menem, Eduardo Duhalde et de certains députés proches de Kirchner, voire même de certains Ministres. Ces pratiques relèvent de méthodes historiquement connues hélas ! Celles de liens (pas si obscurs) entre voyous mettant la violence au service de syndicats et de dirigeants politiques corrompus. Le visage d’un fascisme ordinaire qui, par-delà ses différences d’un pays à l’autre, s’exerce contre les forces progressistes et s’emploie à combattre par la violence toute avancée sociale, au détriment des peuples et au service des puissances financières nationales et internationales.

Résolution du Bureau national de l’ARAC Pour la reconnaissance d’un État palestinien L’ARAC s’indigne de la position des États-Unis d’opposer son veto à la reconnaissance de l’État palestinien portée par plus de 120 États des Nations unies. Les résolutions de l’ONU nécessaires pour aboutir à la paix durable au Proche-Orient sont toujours bafouées, notamment la résolution de 1967 précisant les frontières d’un futur État palestinien. Résolution qui impose l’arrêt immédiat des colonisations israéliennes en territoire palestinien. L’ARAC exige du gouvernement français qu’il prenne des initiatives pour enfin contraindre Israël à appliquer les résolutions de l’ONU et les règles internationales, notamment l’article 24-2 de la Charte des Nations unies. L’ARAC agit et agira pour favoriser tout ce qui peut mener à une paix durable au Proche-Orient qui suppose la reconnaissance du droit du peuple palestinien à l’autodétermination avec une prochaine étape : la reconnaissance d’un État indépendant. Villejuif, le 22 septembre 2011


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

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des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

ÉDITO - Par Paul Markidès

2001-2011 Dix ans après le 11 Septembre

Le 11 septembre 2001 à New York, les deux tours symboles de la puissance capitaliste, le World Trade Center, s’effondrent percutées l’une après l’autre par deux avions de lignes américaines, conduits par des kamikazes d’al-Qaida : 2 762 morts innocents. Il convient d’y ajouter les conséquences de l’écrasement volontaire de l’avion en Pennsylvanie et celui qui s’est crashé sur le Pentagone. Le comportement du gouvernement des États-Unis qui avait fait fi de la vie de nombreux peuples et

notamment en Afrique et au MoyenOrient avait provoqué la révolte et armé les bras des kamikazes. Dix ans après, au lieu de s’engager dans une vie démocratique, dans le respect des peuples, le gouvernement des États-Unis avec, le « USA Patriot/Act» fait pire à l’égard de son peuple et, par des interventions armées, sur d’autres populations. On le constatera dans ce Cahier de la Mémoire. Décidément, plus que jamais Robespierre a eu raison de dire : « L’orgueil et

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

l’amour de la domination seront toujours les maladies les plus dangereuses de tous les corps politiques qui ne sont pas la Nation elle-même ». Notre combat pour notre Nation et ses valeurs républicaines reste donc d’une nécessité absolue pour nous défendre et défendre les autres peuples car n’oublions pas que notre Président de la République nous a remis entre les mains de l’OTAN dont les dirigeants des USA sont les maîtres.

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LE RÉVEIL dossier

Dix ans après les attaques du 11 Septembre, qu’est-ce qui a changé ? Par Alain Gresh

Les attaques contre les tours de New York et le Pentagone ont-elles marqué la naissance d’une ère nouvelle ? Le monde a-t-il changé de base parce qu’une poignée de terroristes a commis un des raids les plus audacieux de l’histoire contemporaine ? A voir le nombre de publications consacrées à l’événement, on serait tenté de le croire. Et pourtant ... Ces attentats ont d’abord ébranlé l’Amérique, et certains ont pu affirmer que, après la chute du mur de Berlin, on allait assister à un retour d’autant plus remarqué des États-Unis que leur puissance militaire est alors à nulle autre pareille : à eux seuls, ils représentent un peu moins de la moitié des dépenses d’armement dans le monde. Les rapides succès en Afghanistan et en Irak ont corroboré ces analyses. Dix ans après, « la guerre contre le terrorisme », qui visait à éradiquer toute me-

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Alain Gresh est directeur adjoint du Monde diplomatique

nace, y compris celle des États dénoncés comme « voyous », est un échec, et la rhétorique belliciste de Washington s’est atténuée. Les États-Unis devraient se retirer d’Irak d’ici à la fin de l’année, laissant derrière eux un pays détruit, avec un gouvernement divisé et corrompu, qui sera plus proche de Téhéran que de Washington. En Afghanistan, malgré les déclarations lénifiantes, la montée en puissance des talibans apparaît irrésistible, tandis que le Pakistan s’enfonce dans la crise. Quant à alQaida, si son chef Oussama Ben Laden et nombre de ses hauts dirigeants ont été tués, elle a essaimé au Maghreb, au Yémen, au Nigeria, etc. Le prix de ces guerres, avant tout payé par les peuples qui en ont été les victimes, pèse aussi sur les États-Unis et plus largement sur l’Occident, de deux manières. Elles ont permis une remise en cause des libertés au nom de la lutte contre le terrorisme, légalisé la torture, les enlèvements, les écoutes illégales, les assassinats ciblés… pratiques qui se sont étendues malgré l’élection du président Barack Obama, comme le montre le maintien du bagne de Guantanamo ou l’utilisation sans restriction de drones. Le terrorisme est devenu un concept attrape-tout permettant

aux États de justifier leur politique de répression. Que Paris soit le siège, dans quelques jours, d’une conférence dite « des victimes du terrorisme » reflète cette intense campagne. Malgré les révoltes arabes et la marginalisation des groupes islamistes radicaux et violents, malgré l’affaiblissement d’al-Qaida, les discours sur « la menace islamiste » ont profondément infiltré les sociétés et les mentalités en Occident et déstabilisé les minorités d’origine musulmane, entraînant un repli communautaire et la montée d’un climat islamophobe qui fait le lit d’une nouvelle droite radicale. D’autre part, ces guerres déclenchées par Washington ont coûté des sommes folles, entre 3 000 et 5 000 milliards de dollars pour les seuls États-Unis, selon le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz. Elles ont accéléré l’éclatement de la crise financière (favorisée aussi par les cadeaux aux banques) et réduit les marges de manœuvre de l’État. Malgré une situation sans précédent, les Américains semblent disposer de peu de moyens financiers pour relancer leur économie et lutter contre le chômage. Dix ans après les attaques contre le World Trade Center, c’est le relatif déclin des États-Unis, désormais confrontés à la montée en puissance de la Chine, de l’Inde, du Brésil, de l’Afrique du Sud… qui caractérise la situation mondiale. Le 11 Septembre n’aura été, finalement, qu’une étape dans ce basculement du monde.


dossier LE RÉVEIL

25 octobre 2001, promulgation du Patriot Act par GeorgesBush, après son adoption par le Congrès et le Sénat

Patriot Act

Tempête sur la démocratie américaine Au nom de la défense des valeurs de l’Amérique et de la lutte contre le terrorisme, George W. Bush a mis le pays sur écoute et les citoyens en fiches. Nul n’est à l’abri de l’arbitraire policier. L’accession d’Obama à la Maison-Blanche n’y a rien changé. Le 25 octobre 2001, six semaines après les attentats du 11 septembre, surfant sur l’onde de choc provoqué par ce qui restera dans la mémoire des Américains un véritable cataclysme, à Washington, le Congrès et le Sénat approuvaient à une écrasante majorité le « USA Patriot Act » pour « unir et renforcer l’Amérique en fournissant les outils nécessaires à l’interception et à l’obstruction du terrorisme », selon le texte. Censé lutter contre toutes implantations de réseaux terroristes et dissuader de nouvelles attaques sur le territoire des États-Unis, les mesures adoptées se révèleront très vite extrêmement liberticides. George W. Bush les ratifie le 26 octobre 2001. Prétendument pro-

visoire, le Patriot Act sera régulièrement prolongé. Aujourd’hui encore il est en vigueur. Le nouveau président n’a rien fait pour le supprimer, voire l’amender. Dans la première semaine de septembre 2011, alors que l’Amérique et une partie de la planète s’apprêtaient à commémorer les attentats, le Congrès a voté massivement la reconduction des principales dispositions du Patriot Act pour quatre années supplémentaires. Obama a ratifié. Fait nouveau, pour la première fois, des voix discordantes (encore extrêmement minoritaires) se sont élevées. Le débat sur la loi a fait l’objet d’une dissidence inhabituelle de la part de deux sénateurs. Selon le correspondant

de l’agence Associated Press, le sénateur Ron Wyden de l’Oregon, membre de la commission du renseignement du Sénat, a déclaré que les Américains seraient « abasourdis » s’ils savaient de quelle manière extensive le gouvernement utilise le Patriot Act afin de recueillir des informations sur les citoyens. Quelques instants avant le vote, son confrère du Colorado, le sénateur Mark Udall a affirmé que la loi permet au gouvernement de « se livrer à des écoutes électroniques de grande ampleur sur les Américains, sans même l’identification des cibles ou l’emplacement de cette surveillance ; cibler des individus qui n’ont aucun lien avec des organisations terroristes et recueillir des documents professionnels sur des Américains respectueux de la loi, sans aucun lien avec le terrorisme. » Les deux élus n’ont pas eu le droit d’en dire plus sur « des informations classées ».

Un engrenage antidémocratique Robert Harvey, professeur de littérature comparée et de philosophie à l’université de l’État de New York et directeur de programme au collège international de philosophie, estimait pour sa part, dès 2004, que le Patriot Act représentait « un engrenage vers l’état d’exception », soulignant : « Sous prétexte d’accroître la sécurité des citoyens, le USA Patriot Act comporte plusieurs articles anticonstitutionnels, restreint sévèrement leurs droits civiques et enfreint leur liberté individuelle. La parole n’est plus libre et le secret de la conscience n’est plus protégé ». Selon lui : « Ces protections balayées, l’effet du Patriot Act est de transformer les opinions critiques en prises de positions antipatriotiques ». Exagérations anti-gouvernementales ? Une chose est sûre, des faits, des actes concrets, qui touchent à la vie quotidienne des Américains, des documents officiels viennent Septembre  2011 - N°776 - LE RÉVEIL

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LE RÉVEIL dossier

étayer cette théorie. Depuis le 11 septembre, des bases de données contenant des informations sur des dizaines de milliers de citoyens ordinaires ont été récupérées par des agents fédéraux chargés de collecter le plus petit indice, la moindre information susceptible de les aider dans « la lutte contre le terrorisme ». Ils ont investi les listes de clients des supermarchés, les listings de voyages, enquêtés sur les plongeurs sous-marins de San Francisco (?) sur l’EFF (Electronic Frontier Foundation) qui a toujours protesté contre les abus du gouvernement. Les bases de données publiques ont également fait l’objet d’investigations… Il semble qu’aucune activité ne soit exclue dans un climat où la sécurité est devenue prioritaire. Le Patriot Act permet les détentions prolongées, les écoutes téléphoniques des citoyens américains, la surveillance des livres empruntés dans les bibliothèques et l’utilisation de « lettres de sécurité nationale » - lettre de cachet ? - autorisant le FBI à réquisitionner toutes sortes d’informations sans avoir à justifier de « cause probable » dans le cours d’une enquête antiterroriste. Le nombre de lettres de sécurité nationale a été révélé par un rapport du ministère de la Justice. En 2010, le FBI avait requis 24 287 lettres concernant 14 212 personnes. Une forte augmentation en un an (6 114 individus espionnés en 2009). Entre 2003 et 2008, sous George Bush, 234 043 ont été espionnées. Le collectif FEN 16 (Free Expression Network), organisation onusienne qui regroupe une douzaine d’organisations anglo-saxonnes dont les mandats portent sur la liberté d’expression, la cyber liberté et la liberté de la presse, estime que la situation s’est détériorée depuis 2001. Selon lui, le gouvernement américain, via les agences 16 -

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Les rues de Manhattan pendant la catastrophe

fédérales, a restreint l’accès des journalistes à certains documents tandis que d’autres auraient été purement et simplement retirés des sites ou des bibliothèques.

Les étrangers en ligne de mire Autres cibles : les étrangers. Depuis l’attaque du World Trade Center par al-Qaida, les musulmans originaires de pays arabes et de l’Asie du Sud-Est sont les premières victimes des mesures liberticides prises par l’administration Bush prorogées par Obama. Sur plus d’un millier, arrêtés en raison de leur religion ou de leur origine ethnique, aucun d’eux n’a été inculpé, après plusieurs semaines ou mois de détention, de crime terroriste. En fait, au nom de la lutte contre le terrorisme, l’administration peut désormais conduire ces opérations en secret, réprimer des délits d’opinion, placer sous surveillance des citoyens même lorsqu’il n’y a pas d’éléments permettant de soupçonner une activité criminelle, recueillir des informations sensibles sur la vie privée des Américains et des étrangers résidant aux États-Unis. La loi sur la Sécurité intérieure (Domestic Security Enhancement Act) donne à l’État « le droit de retirer la nationalité à une personne

qui serait en rapport avec une organisation figurant dans la liste noire du ministère de la Justice, même si cette personne n’est pas au courant de cela ». En somme, écrit Noam Chomsky, grand intellectuel américain, : « Donnez quelques dollars à une organisation de charité islamique classée comme terroriste, et vous pouvez vous trouver dans le premier avion quittant ce pays. Sans possibilité de recours ». La liste est donc longue des mesures anti démocratiques décidées et appliquées par Washington. Certes, des voix commencent à s’élever qui dénoncent la dérive ultra sécuritaire de l’État américain. Mais le traumatisme du 11 septembre allié au fort sentiment patriotique reste un terreau fertile. Michael German, l’un des avocats de l’ACLU, l’association des libertés civiles, est inquiet. « On sait, maintenant, pour les écoutes. On connaît le Patriot Act. Y-a-t’il encore quelque chose, quelque part que nous ignorons ? », s’interroge-t-il. A New York, sur le site de Ground Zero, l’Amérique s’est lancée dans la reconstruction des tours symbole de sa puissance. Mais un nouveau défi s’impose au peuple américain : la reconquête de ses libertés individuelles.


dossier LE RÉVEIL

L’usine à haine Des méthodes indignes et barbares, la torture et l’assassinat institutionnalisés … Ou comment Washington « fabrique » des terroristes.

Le camp de Guantanamo sur l’île de Cuba : le mépris des droits et de la dignité humaine

Pour mener à bien sa croisade, Bush a autorisé la CIA a utilisé la torture pudiquement nommée «techniques d’interrogatoire». Dans son livre intitulé Les guerres d’Obama, le journaliste Bob Woodword en détaille quelquesunes. Nous en publions ici des extraits qui montrent le mépris des faucons de Washington pour le respect des droits de la personne humaine et la dignité : • La manipulation alimentaire : les rations alimentaires du détenu sont réduites en respectant un minimum de 1 000 kcal par jour, l’alimentation du détenu étant limitée à une bouteille de la boisson nutritive Ensure par jour. • La nudité dans des pièces dont la température est au moins de 20°C : la peur du détenu d’être vu déshabillé, y compris en présence d’interrogateurs de sexe féminin, peut être exploitée. • Le confinement dans un endroit exigu et généralement sombre : au maximum pendant huit heures d’affilée ou dix-huit heures par jour. Dans les espaces très petits, la durée du confinement est limitée à deux heures. • L’arrosage à l’eau : de l’eau froide est versée ou vaporisée sur le détenu. La durée maximale pendant laquelle un détenu pourra rester mouillé doit correspondre aux deux

«

tiers de la durée au bout de laquelle un sujet sain immergé dans une eau à la même température pourrait tomber en hypothermie. • La privation de sommeil pendant plus de quarante-huit heures : le détenu est debout, ses mains sont menottées et les menottes sont attachées au plafond à l’aide d’une chaîne, ses pieds sont attachés à un piton dans le sol. Ses mains sont maintenues entre son cœur et son menton. Parfois elles peuvent être placées au-dessus de sa tête, pendant moins de deux heures. • Le waterboarding : le détenu est ligoté fermement sur un banc incliné et ses pieds sont généralement surélevés. Un chiffon est placé sur son visage et de l’eau est versée dessus au maximum pendant quarante secondes. Cela n’engendre pas de douleur physique, mais « cause d’habitude un sentiment de peur et de panique », autrement dit la perception de la noyade. Le waterboarding peut être utilisé uniquement si des renseignements crédibles laissent craindre une attaque terroriste imminente et que le détenu dispose vraisemblablement de renseignements recevables susceptibles d’arrêter l’attaque. Dans un délai de vingt-quatre heures, un détenu ne pourra subir plus de deux heures pendant cinq jours au maximum, avec tout au plus douze minutes de waterboarding par période de vingt-quatre heures.

»

Bob Woodward, révèle dans son livre que « dès son élection, des conseillers à la sécurité nationale ont rencontré le nouveau président à Chicago et l’ont informé de ce

programme. Plus tard, le président Obama a abrogé le programme d’interrogatoires poussés de la CIA, y compris dans sa forme réduite. L’agence appliquerait désormais le manuel de campagne de l’armée ». Le journaliste précise : « Quand j’ai interrogé le président sur ce briefing consacré aux opérations clandestines, il m’a répondu : « Je ne commenterai pas ma réaction à nos secrets les mieux gardés. » Néanmoins, sous Obama, les États-Unis continuent à mener des assassinats ciblés de terroristes à l’étranger, comme du temps de Bush. Ils ont maintenu l’option du déferrement des prisonniers devant les autorités d’un pays après les avoir capturés dans un autre et refusé l’extension de l’habeas corpus aux prisonniers talibans et membres d’al-Qaida capturés en Afghanistan. En dépit des promesses du candidat Obama, la prison de Guantanamo n’est toujours pas définitivement fermée. Selon Reed Brody, conseiller juridique de l’association Humam Rights Watch, qui s’exprimait récemment dans une tribune publiée par Le Monde, « au lieu de faire avancer la lutte contre le terrorisme (..), le recours à des méthodes barbares contre des prisonniers musulmans a été une manne pour al-Qaida… ». Jo Biden, actuel vice-président des États-Unis, affirmait, déjà, avant de le devenir, que la prison de Guantanamo était devenue « le meilleur outil de propagande pour recruter des terroristes (…) ».

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LE RÉVEIL dossier

Redéployer la puissance Les odieux attentats perpétrés par al-Qaida ont permis de justifier des guerres d’occupation dont le but est d’asseoir la puissance économique et militaire des États-Unis sur le reste du monde. Le World Trade Center, cœur économique du monde occidental, arrogante vitrine du capitalisme triomphant, planté au centre de Manhattan, défie le monde. Deux tours à l’assaut du ciel pour 930 000 mètres carrés de bureaux dédiés à la finance, symbole de la puissance de l’Amérique. Le 11 septembre à 8h46, le vol AA11 Boston/Los Angeles avec à son bord près d’une centaine de passagers « s’explose » dans la tour Nord. Quelques minutes après, sa jumelle est, elle aussi, percutée. Des employés se précipitent dans les escaliers, d’autres se jettent par les fenêtres. Sous les yeux des Newyorkais atterrés et d’une partie de la planète - les caméras tournent et retransmettent en boucle aux quatre coins du monde - à 9h58 et 10h28, dans un fracas épouvantable, nuage de poussière, de feu et de cendres, les Twin Towers s’écroulent, engloutissant 2 762 vies américaines innocentes. Ce même matin, un avion s’écrase en Pennsylvanie tandis qu’un autre se crash sur le Pentagone, symbole, lui, de la puissance militaire des USA. Pour la première fois de son histoire, l’Amérique est attaquée sur son propre territoire et l’opinion publique, à cette époque, est prête à accepter tous types de ripostes. L’odieux attentat revendiqué par Ben Laden, formé quelques années auparavant par la CIA, va servir de prétexte au belliqueux président George W. Bush 18 -

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et à son administration pour lancer une véritable croisade au nom du « choc des civilisations ». Le monde civilisé contre les barbares…

S’assurer du contrôle énergétique Mais, derrière ce concept intégriste, se cachent d’autres objectifs. Il s’agit pour la puissance américaine de s’installer durablement dans une région géostratégique qui regorge de richesses énergétiques. Contrôler le pétrole irakien, le sous-sol afghan, la route des oléoducs, s’assurer d’une présence militaire et économique stable, au besoin en installant et en armant des gouvernements inféodés à Washington, tel est le but. Notons que ces pays sont avec

Juillet 2010, manifestation à Phoenix (Arizona), contre une loi autorisant les contrôles de police au faciès

le Pakistan frontaliers avec l’Iran qui dispose des deuxièmes réserves mondiales de pétrole derrière l’Arabie Saoudite… Bush utilise alors le prétexte de possession d’armes de destruction massives pour envahir l’Irak, avec la complicité des Nations unies, à l’exception de la diplomatie française. L’Europe le suivra, Paris en tête, dans l’aventure guerrière en Afghanistan pour éliminer les talibans, « diminuer » le risque terroriste, installer la démocratie. Selon le New York Times, qui a dévoilé les conclusions d’une enquête menée par le Pentagone et des géologues américains, le pays est d’autant plus intéressant qu’il regorge de gisements de minerais inexploités dont du lithium (utilisé pour la fabrication des composants électroniques), du fer, du cobalt et de l’or pour un montant évalué à 1 000 milliards de dollars. L’invasion militaire a un second objectif. Elle va permettre de re-


dossier LE RÉVEIL

américaine engagé, déjà, des négociations secrètes avec eux, au cas où ? Si le Texan George W. Bush a laissé derrière lui un monde dangereux et instable, son successeur à la Maison-Blanche n’a pas fondamentalement modifié la donne se contentant de gérer l’héritage, tout en le critiquant, sans opérer des changements radicaux. Il s’inscrit dans une continuité de la politique étrangère américaine, y compris celle de son prédécesseur. Ainsi, le retrait des troupes américaines de l’Irak suit le calendrier qui avait été fixé entre le gouvernement irakien et le gouvernement Bush à l’automne 2008. La lutte contre le « terrorisme » se poursuit de l’Afghanistan au Pakistan, en Somalie, en passant par le Yémen. Elle apparaît même encore plus musclée que sous la présidence Bush, comme l’illustrent la multiplication des frappes

dynamiser l’OTAN sous mandat des Nations unies. Ainsi, la permission est « donnée » de pouvoir intervenir, hors frontières de l’Europe, sur n’importe quel continent. Ce sera le cas pour la Libye dernièrement. Parallèlement, les États-Unis vont installer une infrastructure de bases militaires (on avance le chiffre de 24) tout au long de ce qu’il dénomme « l’arc d’instabilité Golfe Persique-Asie Centrale ». Leur visée stratégique principale est liée à la sécurisation des routes d’approvisionnement énergétique, notamment du Caucase / Asie centrale, par l’encerclement et le verrouillage de la mer Caspienne. Du Golfe persique par la protection de l’Arabie Saoudite et du détroit d’Ormuz ainsi que la sécurisation du détroit du Bosphore et des Dardanelles.

Dix ans après, le bilan est catastrophique Les morts succèdent aux morts. Les civils sont de plus en plus touchés, les attentats de plus en plus nombreux. Sur les 10 premiers mois de l’année 2010, les Nations unies estiment à plus de 2 400 le nombre de victimes civiles. Les États-Unis ont dépensé 140 milliards de dollars pour la guerre tandis que 50 millions d’Américains recourent aux bons alimentaires. Vingt-cinq millions sont au chômage et Obama taille à tour de bras dans les budgets sociaux. L’Irak est exsangue. En Afghanistan, les talibans renforcent leur influence et gagnent du terrain tandis que les désertions se multiplient dans l’armée régulière afghane. Ils seront peut-être demain les futurs maîtres de Kaboul. Washington n’a t-elle pas

à partir de drones et la préférence pour l’élimination des terroristes au lieu de leur capture. Le discours du Caire, sorte de main tendue d’Obama aux musulmans, a fait long feu. Le locataire de la Maison-Blanche est resté très en retrait des révolutions arabes. Parfois même, il se renie. Il y a un peu plus d’un an, dans un discours remarqué devant l’assemblée générale de l’ONU, il appelait de ses vœux la création d’un État palestinien et sa représentation au sein des Nations unies. Aujourd’hui il oppose son veto. Force est de constater qu’il n’y a pas de véritable rupture avec la politique étrangère menée depuis plusieurs décennies. En 2010, Hillary Clinton, chef de la diplomatie américaine, résumait ainsi la pensée de Washington : « L’Amérique, forte de sa puissance et de ses valeurs de progrès, doit assumer sans complexe le rôle de dirigeant d’une nouvelle architecture mondiale appelée à résoudre les problèmes de la planète ». Tout est dit.

7 octobre 2001, les troupes américaines débarquent en Afghanistan

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La stratégie du coup d’État politique Selon le général Wesley Clark « Nous allons prendre 7 pays en 5 ans en commençant par l’Irak, ensuite la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et pour finir l’Iran ».

Le général Wesley Clark est l'ancien commandant général de l'US European Command, qui était responsable de toutes les activités militaires américaines dans les 89 pays et territoires d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient. Il a été également commandant suprême des forces militaires de l’Otan en Europe de 1997 à 2001. Il commanda notamment l'opération Allied Force durant la guerre du Kosovo. Médailles et distinction : Silver Star, Legion of Merit, Purple Heart et Commandeur de la Légion d'honneur Le 2 mars 2007, il évoque, lors d'une interview télé sur la chaîne d’information Democraty Now, deux scènes qu'il a vécues lors d'un passage au Pentagone, où on lui annonçait un plan saugrenu décidé par l’administration Bush, dix jours après le 11 sept 2001. Rappelons le contexte de l'époque : Wesley Clark était considéré comme candidat potentiel à l'élection présidentielle américaine de 2008, mais décida plus tard d'appuyer Hillary Clinton, le 15 septembre 2007. Lors de cette 20 -

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intervention télévisée, on peut facilement imaginer combien Bush et Cheney (et tout leur entourage) étaient devenus des « adversaires » politiques. On peut supposer que sa position, les soutiens politiques dont il disposait et surtout les informations secrètes qu'il devait connaître le protégeaient totalement et lui permettaient de faire, avec un air « relâché », cette information explosive... En 2004, les attentats de Madrid

Général Wesley Clark : « ... je suis descendu pour dire bonjour à certaines personnes de l'état-major qui travaillaient pour moi et un des généraux m'a appelé et m'a dis : « Venez, il faut que je vous parle une minute ». Je lui ai dit : « Mais vous devez être trop occupé. ». L'autre général : « Non, non, nous avons pris une décision : nous allons attaquer l'Irak. » Général Wesley Clark : « Mais pourquoi ? » L'autre général : « Je ne sais pas, je pense qu'ils (l'administration en place) ne savent pas quoi faire d'autre. » Général Wesley Clark : « Ont-ils trouvé des informations qui relient Saddam Hussein et al-Qaida ? » L'autre général : « Non, ils ont juste

pris la décision de faire la guerre à l'Irak, je pense que c'est parce qu'on ne sait pas quoi faire au sujet du terrorisme, mais on a une bonne armée et on peut renverser n'importe quel gouvernement. » Général Wesley Clark : « Je suis revenu le voir quelques semaines plus tard et, à cette époque, nous étions en train de bombarder l'Afghanistan. Je lui ai demandé : « Allons-nous toujours bombarder l'Irak ? » L'autre général : « C'est pire que cela ! » Général Wesley Clark : « Il a pris une feuille de papier et a dit : « Je viens de recevoir cela d'en haut » en voulant dire du bureau du secrétaire à la défense (Rumsfeld). « Ceci est un mémo qui décrit comment nous allons prendre 7 pays en 5 ans en commençant par l'Irak, ensuite la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et pour finir l'Iran. » Général Wesley Clark : « Je lui ai demandé : est-ce confidentiel ? » L'autre général : « Oui, monsieur. » Et qu’avons-nous depuis quelques mois ? Comme par hasard, les révoltes dans les pays arabes. Impossible de ne pas y voir un lien…

Dossier coordonné et réalisé par Jean-Pierre Delahaye


vos droits LE RÉVEIL

OPEX et droits à réparation Le traitement des OPEX et de leurs unités au plan de la reconnaissance de leur qualité de combattant a été jusqu’ici problématique, puisque leur étaient appliqués les critères de la guerre d’Algérie en matière de définition des Unités combattantes (UC). Or, les OPEX relèvent d’un nouveau type de conflits, dans lesquels même les définitions changent (soldats de la paix, missions humanitaires, forces d’interposition, force de police, etc.), tandis que le rythme des événements peut alterner des actions violentes suivies de périodes calmes plus ou moins longues, certaines mêmes de plusieurs années d’intervalle.

être dissocié selon ses missions. • L’aviation : le détachement aérien englobe les navigants, les techniciens au sol et les personnels administratifs. • L’armée de terre : l’unité… mais à quel niveau ? Il y a donc une différence considérable de traitement.

La professionnalisation

Initialement, les services historiques ne pouvaient récupérer les JMO que 5 années après la fin de la mission, durée à laquelle s’ajoutaient ceux de leur identification par unité, de la vérification de leur contenu, etc. Depuis 2008, l’EMA fait paraître de nouvelles instructions qui permettent d’obtenir les JMO dès la fin du mandat de l’unité. C'est-à-dire dès son retour en France. A cela s’est ajouté un « flottement » dans le pilotage des dossiers. Ainsi, s’agissant de la carte du combattant pour les OPEX, les premières qualifications d’unités ont eu lieu en 1993, mais les réunions d’EM eurent lieu seulement en 1999 !

La professionnalisation des armées a, dans le même temps, entraîné des changements dans l’utilisation des unités, la guerre du Golfe étant un exemple flagrant de l’explosion du système ancien : ainsi, plus de 800 unités y ont été engagées, allant de 1, 2 ou 3 hommes à l’échelon d’un régiment entier. Or, aucun journal de marche d’opération (JMO) n’existe réellement permettant d’identifier les militaires de telle unité détachés auprès de telle autre unité. Certes, ils comprennent réglementairement les noms des officiers ainsi que ceux de l’ensemble des pertes (tués, blessés, capturés, disparus) et des mutations. C’est beaucoup, mais encore insuffisant pour avoir une liste exhaustive des personnels en opération. Et le problème se pose également pour les personnels détachés dont les noms et les activités ne sont pas systématiquement intégrés aux JMO de l’unité principale. Même problème pour la Yougoslavie, donc une réelle difficulté à identifier « l’Unité »… et les détachés : d’où la décision, pour le Golfe, de traiter au niveau de la division engagée dans l’opération « Daguet ».

L’inégalité entre les armes • La marine : l’équipage entier d’un bâtiment est pris en considération, sans

Collectes des sources et qualifications

Moyens limités et dispersés Initialement, chaque arme disposait de son Service historique distinct (TerreAir-Mer) et c’est seulement depuis 2005 qu’existe un Service historique des armées commun à tous. Encore faut-il savoir que, pour éplucher les JMO, il n’y a que 3 rédacteurs pour l’armée de terre, 1 plus 2 réservistes pour la marine, tandis que l’armée de l’air n’y emploie que des réservistes. D’où les délais allongés subis. Un groupe de pilotage de la carte a été créé cette année. Sa première décision a été d’ouvrir 5 postes de réservistes pour la qualification des unités combattantes de l’armée de terre. D’où, également, la

prévision de création d’une division administrative de recherches et de défense des droits des militaires, travaillant sur une orientation unique.

Des procédures longues et tracassières Elles caractérisent l’examen des JMO et a conduit à un décret restrictif, lequel a décidé que si une unité avait déjà fait l’objet de qualification, il était impossible d’en reprendre l’examen avec les nouveaux critères définis, sauf éléments nouveaux sur son activité. • Depuis 2005, un mieux : - 2007 : JMO immédiatement versés au SHD, archivage électronique - 2008/2009 : intégration d’archivistes dans les unités sur place sur le terrain, identification individuelle sur le terrain, - 2013 : le SHD devrait absorber le BCAMM de Pau (Bureau central des archives administratives de la Défense). Des limites demeurent pourtant relatives aux délais de collectages des sources pour les opérations données… selon la compréhension des officiers sur le terrain.

Quelles méthodes de travail ? Elles sont conditionnées par le décret du 12 novembre 2010 et l’arrêté du 10 décembre 2010 ci-joint. A partir des théâtres d’opérations définis par arrêté en 1994 (et remis à jour), les critères définis sont plus larges, plus en adéquation avec la nature des opérations modernes, tels les contrôles de foule, les évacuations, etc. D’où une complexité et un volume décuplé. A titre d’exemple, les archives de la guerre d’Algérie (1952-1962) représentent 5 000 cartons. Mais une seule OPEX avec 20 000 hommes sur quelques jours, c’est… 1 900 cartons ! Ainsi la guerre du Golfe a effectivement amené la création d’un fonds de 1 200 cartons pour une brève opération. Et, entre la mise en place des troupes et leur rapatriement, il s’est écoulé quelques mois… pour seulement quelques jours de combats proprement dits. septembre  2011 - N°776 - LE RÉVEIL

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Les qualifications

Réflexions

La base régimentaire devient impossible, car jamais (ou presque) un régiment n’est engagé entier. Il s’agit de GTIA (Groupe technique inter arme) soit une représentation « restreinte » sur le terrain, exigeant un traitement différent en matière de qualification. D’où, pour le Golfe 1991, la qualification de la « Division Daguet » globalement, à l’intérieur de laquelle sont pris en compte chaque élément la détaillant, unités, détachement, génie, différentes armes, etc.

Face à ce travail de titan, ne faudrait-il pas déterminer d’autres critères d’activités plus simples permettant un traitement plus rapide (voir la dernière mesure d’attribution de la carte du combattant en Algérie : 4 mois de présence sur le terrain… consécutifs ou non) ? Il faut revoir fondamentalement le système, lequel s’avère de plus en plus à bout de souffle, d’autant que la « suspension » de la conscription et le Livre blanc n’ont pas favorisé les effectifs disponibles en SHD. Pour la guerre d’Algérie, il s’agissait de reconnaître des combattants selon les critères des guerres « classiques ». Donc c’était un système restrictif qui visait, fondamentalement au départ, à attribuer le moins de cartes possibles. Aujourd’hui, la logique est inversée : on voudrait en attribuer plus, avec un système fait pour en restreindre le nombre.

Rythme Nécessairement et relativement lent puisqu’il faut voir l’ensemble des JMO, ce qui amène à avoir plus d’unités qualifiées. Par contre, avec 3 rédacteurs seulement… comment aller plus vite ? Une nécessité : avoir des effectifs en plus… et plus de budget. Annonce 210x135 3G:Mise en page 1

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Certes, le nouveau système pose la question « qu’est-ce qu’un combattant aujourd’hui ? » D’autant que le vocabulaire a changé. On parle de soldat de la paix, de forces d’interposition, de mission ONU, humanitaire, etc. Où est le mot « guerre » ? Et il existe une ambiguïté, voire un ravin, entre l’absence du mot « guerre » et la réalité de la guerre sur le terrain ! C’est donc, à terme, le problème de la reconnaissance de la qualité de combattant qui se trouve aujourd’hui fondamentalement posé.

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Projet de budget 2012 Le compte n’y est pas Malgré les 4 points prévus pour la retraite du combattant au 1er juillet 2012 Au moment d’imprimer le présent Réveil nous avons pris connaissance du contenu du projet de budget 2012 pour les anciens combattants et les victimes de guerre. L’an passé, les crédits budgétaires des ACVG reculaient de 4,50 % sur l’année précédente. Aujourd’hui, c’est pire ! Le recul est de 4,52 %... en dépit des 9 millions d’euros supplémentaires attribués pour porter la retraite du combattant à 48 points le… 1er juillet 2012 ! C’est d’ailleurs la seule mesure nouvelle contenue dans ce projet de budget, tous les autres postes - pensions, soins mé-

dicaux, appareillage, majoration des rentes mutualistes AC, institution nationale des Invalides, etc - étant en recul de crédits.

C’est donc un budget inacceptable Il traduit la faillite des engagements d’avril 2007 du candidat Sarkozy à la Présidence de la République. En fait, hormis la retraite du combattant - pour laquelle le mouvement anciens combattants aidé de certains élus, a dû batailler chaque année car, systématiquement, rien n’était prévu dans les projets de budgets successifs - aucun des autres engagements n’a été tenu, ou l’a été de telle façon que rien de positif n’en est ressorti. Exemple : la campagne double ! Si Nicolas Sarkozy n’a pas tenu ses engagements, ce n’est pas parce qu’il « n’aime pas les ACVG », ni que la crise l’en a empêché - l’a-t-elle empêchée

Commission de la carte du combattant • Le groupe de travail chargé de l’examen des demandes de carte du combattant s’est réuni à l’ONAC (aux Invalides, à Paris) le 16 juin dernier. André Fillère y a participé. Le groupe a travaillé sur 1 251 dossiers, tous favorables, qui se verront attribuer la carte du combattant. Ces dossiers se répartissent ainsi : AC 1939-1945, 10 ; Indochine, 35 ; ATM, 543 ; OPEX, 663. Une évolution positive se manifeste donc au plan de ces combattants de la « 4e génération du feu », les cartes attribuées ce 16 juin portant sur 16 territoires différents (Afghanistan, Cambodge, Congo, Côte d’Ivoire, Ex-Yougoslavie, Gabon, Liban, Mauritanie, Ouganda, Golfe Persique et d’Oman, République centrafricaine, République du Liban et Israël, Rwanda, Somalie, Tchad et Zaïre) avec des pointes importantes, notamment pour l’Afghanistan (233 cartes attribuées) et l’Ex-Yougoslavie (248). Notons également la Côte d’Ivoire (21), le Liban (22), le Golfe Persique et d’Oman (30), la République centrafricaine (49) et le Tchad (34).

• Le groupe spécial de travail de la Commission nationale s’est également réuni le 5 juillet dernier à l’ONAC, en présence d’André Fillère. Après avoir été informé que le logiciel Kapka, chargé de l’examen des demandes des cartes et TRN, était enfin au point et qu’il allait être en capacité de soumettre plusieurs milliers de dossiers à la commission dès la rentrée de septembre, le groupe de travail a ratifié l’attribution de 1 084 cartes du combattant, parmi lesquelles 3 pour la guerre 39-45, Indochine : 11, Algérie 114, Maroc 20, Tunisie 3 et OPEX 933 ainsi réparties : Afghanistan 318, Bosnie-Herzégovine 1, Côte d’Ivoire 50, Ex-Yougoslavie 311, Gabon 8, Kosovo 2, Liban 27, Mauritanie 2, Ouganda 1, Golfe Persique et d’Oman 64, République du Liban et Israël 11, Rwanda 4, Somalie 9, Tchad 71, Timor Oriental 1, Zaïre 1. Le plan de travail suivant a également été retenu : - réunions du groupe spécial de travail les 27 septembre, 25 octobre, 22 novembre, 10 janvier (2012). - réunions de la commission plénière les 28 septembre et 11 janvier (2012).

de verser des millions aux banques ? non… C’est que sa politique ne vise pas à servir les intérêts de la France et de son peuple, dont les ACVG, mais ceux de ses copains milliardaires, Boloré, Bouygues, les barons patronaux du MEDEF, les princes de la Bourse et du CAC 40, etc. A eux les profits fabuleux, à nous la rigueur de l’austérité dans une France qu’ils ruinent et défigurent.

Le débat budgétaire aura lieu le 3 novembre à l’Assemblée nationale Il nous reste donc un mois pour amplifier notre protestation et imposer notre exigence d’un budget capable de satisfaire nos droits à réparation. Multiplions nos interventions auprès des députés pour les amener à contraindre le gouvernement d’accepter des amendements enrichissant le contenu du budget. Dans la situation actuelle, à quelques mois des élections législatives, ils sont sensibles. A nous d’enfoncer le clou. D’autant que la situation a changé avec la majorité de gauche au Sénat. Désormais, il est possible que la Haute Assemblée soit amenée à rejeter le projet de budget des ACVG, sous notre pression. Ce qui donnerait à réfléchir au gouvernement et à sa majorité déjà bien ébranlée par les résultats électoraux. Le vent qui se lève est favorable aux intérêts des ACVG. Avec l’ensemble de tous ceux qui aspirent à des changements durables pour une vie meilleure, agissons avec force pour la satisfaction de nos droits.

Retraite du combattant Augmentation de l’indice L’indice servant au calcul du montant de la retraite du combattant est passé à l’indice 44, au 1/07/ 2011. De ce fait, la retraite du combattant s’élève donc à 609,40 e par an (indice : 44 x 13,85 e valeur du point pmi), soit 304,70 e à l’échéance semestrielle de règlement. Rappelons que, pour percevoir cette somme, il faut avoir plus de 65 ans, être possesseur de la carte du combattant et avoir fait la demande de cette retraite.

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Campagne double La requête de l’ANCAC rejetée Le Conseil d’État a, le 2 août 2011 dernier, rejeté la requête déposée par l’Association nationale des cheminots anciens combattants et résistants (ANCAC) demandant l’annulation du décret n° 2010-890 du 29 juillet 2010 relatif à l’attribution de la campagne double en matière de retraite professionnelle pour les fonctionnaires, travailleurs de l’État et assimilés, anciens combattants en Afrique du Nord (1952-1962). Rappelons que ce décret ne permet l’attribution de ce bénéfice de campagne qu’en faveur des demandes de retraite professionnelle déposées après le 18 octobre 1999, ce qui le rend inopérant, la quasi-totalité des départs en retraite ayant eu lieu avant cette date. Par ailleurs, il subordonne cette attribution au calcul « jour par jour » des actions de feu ou de combat, ce qui, dans l’état de surcharge et de manque de personnels où se trouve le Service historique de la défense chargé de la gestion des journaux de marche des unités, est quasiment irréalisable. Par ailleurs, les attendus du Conseil d’État, s’ils reconnaissent bien que « les dispositions en vigueur applicables à d’autres conflits ont prévu la possibilité d’obtenir le bénéfice de la campagne double pour l’intégralité de la période de service sans exiger la preuve d’une participation

jour par jour » (Madagascar, Corée, Indochine, Suez), ils affirment que le gouvernement n’était pas tenu « d’adopter au cas présent des dispositions analogues » et qu’il lui appartenait de définir les conditions de la campagne double « eu égard aux circonstances particulières de chacun de ces conflits ». Autrement dit, le gouvernement aurait pu appliquer les mêmes conditions à la guerre d’Algérie… et il s’y est refusé ! Les responsabilités sont donc clairement posées quant au gouvernement sarkozyste et son Président.

Les parlementaires doivent prendre leurs responsabilités Alors, posons-les tout aussi clairement aux parlementaires. Que ceux-ci contraignent le pouvoir à accepter le vote d’un texte de loi abrogeant le décret scélérat, et à remplacer celui-ci par une mesure

simple et concrète, identique à celle ayant régi la campagne double pour Madagascar, la Corée, l’Indochine et Suez. Ce qui ne serait après tout qu’égalité des droits et justice…

Sénat Guy Fischer intervient Conscient de l’inquiétude des associations représentatives des ACVG et faisant siennes leur vigilance et leur détermination, Guy Fischer, vice-président du Sénat, a interpellé le gouvernement sur la retraite du combattant, ainsi que sur les questions de la rente mutualiste AC, l’aide différentielle de solidarité, les modalités de la décristallisation des pensions et de retraites du combattant, l’attribution de la campagne double, celle de la carte du combattant aux militaires ayant séjourné en Algérie au moins 120 jours, le 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, les cérémonies du 19 mars 1962 et le refus d’une date unique du souvenir en France. Ces interventions datent de juillet dernier. Notre ami Guy Fischer connaissant, depuis cette date, de sérieux ennuis de santé, le Réveil, l’ARAC et sa Mutuelle lui adressent leurs meilleurs vœux de rétablissement.

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LE RÉVEIL - N°776 - Septembre  2011


vie de l’arac LE RÉVEIL

Victimes de l’OAS Enfin une stèle à Paris Enfin une stèle à la mémoire des victimes de l’OAS au Père Lachaise à Paris. La stèle, dévoilée jeudi 6 octobre 2011, est le fruit d’un long travail des associations pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS où notre organisation l’ARAC a tenu toute sa place, réclamée depuis 2008, a enfin vu le jour en cette année 2011. Alors que dans le Midi de la France, notamment à Perpignan, Béziers et Marignane, fleurissent stèles et plaques faisant honneur aux criminels de l’OAS, Paris peut être fière d’être la première ville à rendre hommage « aux victimes de l’OAS en Algérie et en France, civils, militaires, élus, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République ».

L’OAS, « organisation idéologiquement criminelle et barbare dans ses actions » devait déclarer Bertrand Delanoé. « Notre acte d’aujourd’hui ne peut pas simplement se situer dans l’enjeu de mémoire », ajoute le maire de Paris, « il ne peut y avoir d’unité du peuple français s’il n’y a pas de vérité. On ne peut pas penser sans avenir si subsistent des ambiguïtés ou lâcheté vis-àvis de l’Histoire ». Il faut d’abord cesser de renvoyer dos à dos ceux qui sont en réalité les victimes et leurs crimes commis, évoquera Delphine Renard, défigurée à l’âge de 4 ans par une charge de plastique visant André Malraux. On peut se féliciter, comme le souligne Henri Alleg, qu’enfin ce

pan d’histoire de France ait sa place et que l’on cesse de considérer les assassins de l’OAS comme des combattants d’une orientation patriotique. Que les gens de l’OAS aient été réintégrés dans leurs grades, indemnisés pour certains, c’est une injustice insupportable alors qu’un simple cessez-lefeu dure depuis 1962 du point de vue du droit international entre la France et l’Algérie en place d’un traité de paix et d’amitié entre les peuples soit signé entre les deux pays pour signifier la fin de la guerre d’Algérie. Jean-Claude Fèvre

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LE RÉVEIL VIE de l’arac

La famille Les obsèques de Léo Figuères de René Vautier Une foule très nombreuse était venue se recueillir endeuillée lors des obsèques de Léo Nous avons appris avec tristesse le décès, le 15 septembre dernier, d’Alain Vautier, fils de notre ami René Vautier, cinéaste militant engagé dans la lutte anticolonialiste, tant en Afrique noire qu’au Maghreb, notamment contre la guerre d’Algérie avec son film Avoir 20 ans dans les Aurès. La communication est une constante dans la famille Vautier. René, Soizic son épouse et Moïra sa fille, tous vivent derrière la caméra. Alain n’y avait pas échappé, mais sous un autre angle. Il avait débuté sa carrière dans les métiers de la production de l’audiovisuel. Il était entré à TF1 (alors chaîne publique) en 1983 ; puis en 1987 il avait rejoint la Cinq en tant que directeur artistique de l’antenne. En octobre 1993, Alain Vautier est directeur artistique de FR3 puis, en 2004, il en deviendra directeur de l’antenne, directeur artistique et directeur de la programmation. Passé sur France 2, il avait été nommé, le 4 janvier 2010, directeur de l’antenne et, depuis le 12 février 2010, il assurait également la fonction de directeur artistique des antennes du groupe France Télévisions. Nous nous inclinons devant la mémoire de ce grand professionnel et nous partageons la douleur de René et des siens, à qui nous présentons nos condoléances, notre soutien et nos sentiments attristés. André Fillère

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Figuères, le samedi 10 septembre, à Malakoff. Parmi elle, la direction nationale de l’ARAC, venue rendre hommage au grand résistant et au grand militant que fut notre camarade.

La FNACA en deuil

Wladyslas Marek, son président, nous a quittés Dès l’annonce du décès, Raphaël Vahé, au nom du Bureau national de l’ARAC, a envoyé le message suivant au président par intérim, Guy Darmanin : « Nous avons appris avec tristesse le décès de votre président Wladyslas Marek au terme d’une longue lutte courageuse contre la maladie. C’est une perte pour la FNACA et le Mouvement anciens combattants et victimes de guerre. Il fut un animateur opiniâtre et écouté dans le combat toujours d’actualité de la reconnaissance du 19 mars 1962 comme fin de la guerre d’Algérie. Il a été aussi un

défenseur inlassable et déterminé du droit à réparation. Nous n’oublierons pas nos actions communes dans le Front uni. Dans ces circonstances douloureuses, nous vous adressons, chers camarades de la FNACA, ainsi qu’à la famille de Wladyslas Marek, nos plus sincères condoléances et l’expression de notre plus vive sympathie. » Raphaël Vahé, Paul Markidès, Roger Zallio, président de l’ARAC 77, ont participé à la cérémonie religieuse à Fontainebleau, le 29 septembre dernier.

NOS PEINES septembre 2011 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. BOUCHES-DU-RHÔNE (13) Velaux : Jean LEREY, ami. CHER (18) Argent-sur-Sauldre : Fernand LECLERE, 88 ans, AC 39-45. CÔTES-D’ARMOR (22) Isolés : Pierre LESCOAT, 92 ans. GIRONDE (33) Pessac : Manuel FONSECA, 89 ans, AC 39-45, porte-drapeau de la section pendant 25 ans, Médaille de la Résistance, Croix du Combattant Volontaire 39-45.

NORD (59) Feignies : Alfred DELVAL, 79 ans, AC ATM. Solre-le-Château : Georges VERMEULEN, 86 ans, AC 39-45. HAUTE-SAVOIE (74) Seyssel : André ROUSSEL, 88 ans, Résistant, FTP, ancien de l’Armée des Alpes, Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, Médaille des Blessés. SEINE-ET-MARNE (77) Ponthierry : Georges BOISSENET, AC 39-45.

SEINE-SAINT-DENIS (93) Drancy : Maurice GAUDREE, AC 39-45 Pantin : Raoul Georges JOUSSELIN, 79 ans. VAL-DE-MARNE (94) Bonneuil-sur-Marne : Daniel GAY, 75 ans, AC ATM, Trésorier de la section.


vIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Marie-Josée Cappoen et toute sa famille, François Hollande, député de Corrèze, Victor Bordas, Patrick Staat, secrétaire national de l’ARAC, Bernard Combes, maire de Tulle.

L’étoile d’or de l’ORMC remise à Marie-Josée Cappoen Le 10 septembre, à Clergoux (19), la médaille d’or de l’ORMC a été remise à Marie-Josée Cappoen. Patrick Staat, secrétaire national de l’ARAC, a notamment rappelé ce qu’est l’Office républicain des mérites civiques et resitué notre combat dans les enjeux d’aujourd’hui. « Créé en 1963 par la Fédération des officiers républicains, la Fédération des sousofficiers de réserve républicains, l’ARAC, l’Amicale de Châteaubriant, l’ORMC est une association qui a pour vocation : « de reconnaître et de récompenser les mérites acquis par le patriotisme, l’esprit civique, l’attachement à la cause de la défense nationale et à la sécurité française, dans le dévouement aux idéaux démocratiques et à la cause de la paix. » En 48 ans, ce sont 4 000 personnes, hommes ou femmes, qui ont été distingués pour leur action en faveur de leur combat pour la défense des valeurs républicaines, leur bataille pour préserver la paix, leurs actes de résistance et d’engagements. Résister aujourd’hui, c’est résister à l’individualisme, à l’égoïsme, au fatalisme, à la désespérance. C’est refuser les inégalités, les reculs programmés de la société. C’est résis-

ter à la montée du fascisme, au racisme et à la xénophobie. Résister, c’est faire la guerre à l’ignorance. Mais l’esprit de résistance, c’est contribuer, dans les conditions d’aujourd’hui, à œuvrer au plus large rassemblement pour construire la société humaniste, de progrès, de démocratie apte à porter et à répondre aux besoins, aux aspirations de nos concitoyens. En ce sens, Marie-Josée mérite, par son engagement et son infatigable travail, d’être récompensée. Elle rejoint ainsi une liste d’hommes et de femmes aux états de service les plus brillants, trop souvent ignorés et qui ont marqué et marque encore de leur empreinte notre société, nos valeurs, notre histoire. Avec l’ORMC, nous continuons à honorer et à faire reconnaître les sacrifices et les vertus des acteurs du peuple de France. Ceux qui font son histoire et sa richesse. Nous continuons à mettre en valeur, en mémoire, leurs actions pour que les générations de demain puissent construire un avenir meilleur. Surtout à un moment où la volonté du gouvernement est de s’attaquer et de détruire tous les acquis du programme du CNR, de démanteler les services publics avec la RGPP. Sécurité sociale, nationalisation, droit au travail, la liste est longue de ce qui constitue aujourd’hui un véritable recul de la société. Nos enfants, nos petits-enfants vont-il vivre

plus mal que les générations qui les ont précédés et qui se sont battues pour une société démocratique et solidaire. Oui, l’histoire de France, l’histoire de notre pays est un combat permanent. C’est le combat de l’émancipation humaine. Parce que comprendre les enjeux d’hier, c’est avoir plus de lucidité pour s’engager dans les combats d’aujourd’hui. Ce n’est pas pour rien que le gouvernement, le Président Sarkozy en tête, tente de s’approprier, de maîtriser, d’utiliser la mémoire et notre histoire comme on a pu le voir ces dernières années. Plus que jamais, nous avons besoin que se construise un large rassemblement capable de donner un nouveau souffle aux acquis démocratiques et sociaux. Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. Alors, merci Marie-Josée ! Merci d’être la femme, la militante engagée que nous connaissons et qui a marqué, à sa manière, avec sa force de conviction, son action sur ces valeurs républicaines et démocratiques. La Corrèze, terre de martyrs, terre de résistance, peut être fière de te compter parmi les siens. Chers amis, c’est avec un immense bonheur et fierté, qu’aujourd’hui, en compagnie de Victor Bordas, notre vétéran (103 ans), nous remettons à notre camarade MarieJosé Cappoen, l’étoile d’or de l’Office républicain des mérites civiques. »

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LE RÉVEIL vie de l’arac

Pierrette Greffier Chevalier de la Légion d’honneur

Concert pour le village de l’Amitié Le mardi 27 septembre, le comité du Village des Hauts-de-Seine a organisé à Bourg-la-Reine une soirée concert vietnamienne, avec le concours de l'ambassade du Vietnam et du centre culturel vietnamien en France.

Concert exécuté et présenté par le centre d’Art au Co, spectacle comportant des danseuses, chanteuses, musiciens virtuoses d'instruments typiques du Vietnam, ce qui a enchanté le public présent. Encore merci au groupe d'Art au Co.

Comité Val-de-Marne Comme chaque année à la mi-septembre, notre comité du Val-de-Marne s’est réuni. Il a notamment débattu de l’organisation et pris des dispositions pour remettre les quelques cartes en retard. Notre comité départemental a discuté de la situation internationale avec près de 38 conflits dans le monde, ce qui est un danger permanent pour la planète, et a réaffirmé avec force la devise de l’ARAC :« Guerre à la Guerre ». Il a également abordé la nécessaire défen28 -

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se du budget et des droits des anciens combattants, mis à mal par le pouvoir en place. Un hommage à Henri Barbusse a été rendu en la présence de Liliane Pierre, conseillère générale du Val-de-Marne, accompagnée d’élus de Fontenay-sousBois. Ce qui a permis à notre ami Pierre Gilbert, membre des Amis d’Henri Barbusse, de nous rapporter des écrits peu connus des présents. Jean-Claude Fèvre

Nous avons appris avec joie que notre camarade Pierrette Greffier avait été promue, le 14 juillet dernier, Chevalier de la Légion d’honneur pour « 69 ans au service des anciens combattants et victimes de guerre ». Pierrette, trésorière départementale de l’ARAC de l’Eure, vice-présidente de la FNDIRP, membre de l’Association des combattants volontaires de la résistance, est déléguée pour l’Eure de la Fondation de la Résistance et parcourt sans relâche, à 90 ans, le département où elle fait des conférences dans les lycées et collèges. Cette ancienne résistante, « Lucette » (tel était son pseudo clandestin) était l’épouse de Paul, officier FTPF, secrétaire du Comité départemental de la Libération (Eure). Médaillée de la France Libre et membre du Bureau national de l’ARAC, Louisette, ancienne directrice d’école, Croix de Guerre avec étoile de bronze et Médaillée militaire, nous avait reçus avec Paul et, tous deux, nous avaient pilotés sur les lieux de Résistance afin de préparer le rassemblement national de l’ARAC tenu à Caen-Arromanches, le 23 mai 1971. Une page entière du Réveil de mai avait d’ailleurs été consacrée au recueil de leurs deux témoignages. Toutes nos chaleureuses félicitations à « Lucette » pour cette Croix tellement méritée et tellement tardive ! Avec notre affection !

ARAC 83 L’ARAC du Var a participé à la cérémonie organisée, sur la plage du Dramont, pour le 67e anniversaire du débarquement des troupes alliées en Provence. Étaient présents Marcel Brulefert et madame, Françoise Mombelet, trésorière départementale, ainsi que notre président départemental et porte-drapeau, Bernard Barbieux.


vie de l’arac LE RÉVEIL

Résolution du Bureau national de l’ARAC Pour le respect des droits des peuples L’ARAC est inquiète de l’état du monde actuel où la faim, la misère, les injustices progressent dangereusement. Elle condamne le règlement des conflits par la guerre. Quoi de plus normal, de plus juste que les peuples se soulèvent, crient leur colère, leur indignation, que ce soit au Maghreb ou au Proche-Orient… L’ARAC rappelle que ces pays sont d’anciens pays coloniaux qui, dans les années 1950-1970, se sont levés pour gagner leur indépendance. Il est légitime que ces pays aspirent à se libérer des profiteurs qui les dirigent souvent sous une poigne de fer au détriment de la démocratie. Comment accepter que, depuis des décennies, les gouvernements français aient entretenu des liens obscurs et contestables avec le colonel Kadhafi et

le régime qu’il a engendré ? Plutôt que de poursuivre cette politique néo-colonialiste, les gouvernements auraient mieux fait d’œuvrer à la démocratie et de répondre aux légitimes aspirations des peuples de cette région du monde, au lieu de favoriser l’intérêt des grandes sociétés capitalistes et financières. Pas un pays n’échappe à ce combat, à ces aspirations, du nord au sud, de l’est à l’ouest. L’ARAC est engagée dans le combat républicain pour la démocratie, le respect des droits fondamentaux des peuples à la liberté, s’oppose à tout règlement de conflit par la guerre. Défendre la démocratie, assurer la protection et le respect des populations civiles, répondre aux attentes des peuples n’implique jamais le recours à la force même sous prétexte d’ingérence humanitaire

La politique extérieure de la France doit s’exercer dans la durée, en respectant les intérêts de chaque pays et non en menant la guerre et en masquant l’alignement de la France derrière l’OTAN et les États-Unis. La Charte des Nations unies doit être respectée. C’est aux peuples de construire leurs instances, leurs sociétés de demain, de s’attaquer à la pauvreté, aux inégalités. Un dur combat les attend qui porte beaucoup d’espoir. L’ARAC est solidaire de tous ceux qui se battent pour se libérer et accéder à une vraie démocratie. La crise financière, la crise du monde capitaliste ne peuvent se régler sur le dos des peuples, ni en Europe ni ailleurs dans le monde. Villejuif le 22 septembre 2011

Dimanche 23 octobre 2011 70e anniversaire des fusillades de Châteaubriant Près de 2 000 personnes sont attendues pour cet événement que représente le 70e anniversaire des fusillades de Châteaubriant.

13h00 - Défilé Les droits des enfants, au théâtre de Verre 13h45 - Défilé de la Mémoire, rond-point Fernand-Grenier (Châteaubriant) 14h30 - Cérémonie officielle sous la présidence d’Odette Niles, présidente de l’Amicale de Châteaubriant et d’Alain Hunault, maire de Châteaubriant 15h00 - Allocution de Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT et de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF 15h30 - Tous les Guy Môquet du monde, évocation historique et artistique - Mise en scène Alexis Chevalier - Théâtre Messidor

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LE RÉVEIL magazine

Il y a 50 ans, l’Algérie… Cette année 2011 marque notamment le 50e anniversaire de l’échec du putsch des généraux factieux à Alger. Ce putsch fasciste fut vaincu à la fois par le refus des appelés du contingent, celui des sous-officiers et officiers républicains demeurés loyaux envers la République, ainsi que par le peuple de France dressé d’un seul élan, en grève générale massive, soutenant l’appel du général de Gaulle, Président de la République, et répondant par-dessus la Méditerranée à « l’opération transistors » des conscrits. Dans ce cadre, nous évoquerons ici quelques livres s’y rapportant.

Mémoire blessée

Mohamed Sahnoun - Presses de la Renaissance - 17 euros

Après un livre sur le « maintien de l’ordre », il est indispensable de rappeler ce que fut ce « maintien » pour ceux qui le subirent. Mohamed Sahnoun, aujourd’hui personnalité internationale, l’a bien senti passer. Diplomate algérien de haut rang, puis conseiller du secrétaire général de l’ONU, Mohamed Sahnoun a, entre autres, été envoyé spécial lors de plusieurs crises en Afrique, sous-secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine et de la Ligue arabe, conseiller du Directeur général de l’UNESCO pour la Culture de paix… Il sait de quoi il parle lorsqu’il témoigne ici sur le devoir d’humanité, avec ce récit bouleversant de la souffrance indescriptible et gratuite infligée à des hommes, à de jeunes militants algériens luttant en 1957 pour l’indépendance de leur pays. En la « Villa blanche », ils subissent supplices et humiliations. Et ils vont pourtant vivre le magnifique soutien de la part d’hommes et de femmes d’origines différentes, civils, religieux, appelés du contingent, officiers aussi, avocats, médecins, communauté des prêtres-ouvriers de Puteaux, tant d’êtres généreux dont certains donneront leur vie dans cette belle et courageuse solidarité humaine.

Les CRS en Algérie

1952-1962, la face méconnue du maintien de l’ordre Jean-Louis Courtois et Michel Lejeune - Marnes Editions - 25 euros

Pas de mea-culpa quant au rôle des CRS durant la guerre d’Algérie. Non, l’intérêt de ce livre est ailleurs. Pour la première fois, les relations, souvent tumultueuses, entre les hommes politiques, les militaires putschistes, les officiers de l’armée et les CRS sont évoquées à partir d’archives confidentielles et secrètes jamais publiées. Bien des policiers ont payé au prix fort leur engagement légaliste, comptant de nombreux tués et blessés dans leurs rangs. Il est intéressant de percevoir la façon dont ils sont demeurés dans la ligne du gouvernement légal de Paris face aux putschistes et à l’OAS. Ainsi, dès 1956, au cœur de la « bataille d’Alger », des controverses vont naître quant aux méthodes des parachutistes. Controverses d’autant vives que les CRS passent sous la férule des militaires. Situation qui va empirer de 1957 à 1960, le Colonel Godard, directeur de la Sûreté d’Alger, se heurtant de plus en plus aux CRS jusqu’à son limogeage en 1960. Suivent alors des témoignages intéressants sur les journées des barricades, le putsch des généraux d’avril 1961 à Alger, puis l’OAS et ses raids meurtriers contre les peuples algérien, français et les forces militaires loyales, dont les CRS à cette époque 1961-1962. L’évocation du contexte des fusillades de Bab-el-Oued, puis celle de la rue d’Isly sont révélatrices quant aux heures sombres de cette période qu’il nous faut aussi assumer. 30 -

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dossier LE RÉVEIL magazine

Rebelle dans les djebels

Guerre d’Algérie et lutte contre le colonialisme

Edmond Coëdelo - Ed. Témoignage « Le Travailleur » BP 222 - 47000 Agen Cedex - 20 euros + 4 e frais de port

Il n’est ni historien, ni philosophe, ni écrivain, ni romancier. Il écrit à sa façon ce qu’il a à dire quant à « sa » guerre d’Algérie. Il essaie de décrire le chemin qui, là-bas, a fait de lui un rebelle… et témoigne, en même temps, de la lutte contre le colonialisme dans l’armée. Car ils étaient quelques-uns, parmi les soldats du contingent, à agir pour la paix en Algérie ; mais ils n’étaient que quelques-uns, anticolonialistes bien dispersés, clairsemés, isolés. Quelques-uns qui « voyaient plus haut que l’horizon », plus haut que les djebels. Témoignages, articles de presse, photos, dessins humoristiques, chronologie de faits, sentiments personnels se mêlent dans ce livre au fil conducteur inversé. Vient, d’abord, le témoignage sur la guerre d’Algérie, précédant un retour sur la vie familiale, souvenirs d’enfance et d’adolescence, portraits de famille de la Bretagne à Cocumont, façonnage de la conscience du futur appelé. La lutte des fourmis contre le blindé, la lutte de solidarité avec « ceux qu’on accable et que l’on foudroie », la lutte… de Victor Hugo à Henri Alleg et la victoire des justes.

Des vies - 62 enfants de harkis racontent

Fatima Besnaci-Lancou - Préface de Boris Cyrulnik - Les éditions de l’Atelier - 19 euros

Les harkis et leurs familles occupent une place singulière dans l’histoire de notre pays face à la mémoire de chacun, la mémoire d’un pays face à la guerre d’Algérie et à ses séquelles. Vingt-six femmes et trente-six hommes, fils et filles de harkis, c'est-à-dire de supplétifs de l’armée française engagés à ses côtés dans la guerre contre l’Armée de libération nationale algérienne, adultes aujourd’hui, venant d’horizons différents et exerçant des professions variées, témoignent. Dans sa préface, Boris Cyrulnik, psychanalyste, les interpellent : « Qu’est-ce que vous allez faire de ce qu’on a fait de vous ? » Qu’est-ce que vous allez faire de cet héritage que sont vos destins familiaux brisés ? Ils veulent reconstruire, mais on sent la difficulté de libérer la parole malgré le demi-siècle passé. Souffrances de la guerre, épreuve de l’exil, dureté de la vie dans les camps de réfugiés en France à Bourg-Lastic, Rivesaltes, Saint-Maurice-l’Ardoise, c’est tout le rapport délicat pour eux, mais aussi pour nous quant à l’histoire franco-algérienne hier, aujourd’hui et demain.

Du bois pour les cercueils Claude Ragon - Fayard - 8,90 euros

Phénomène relativement nouveau, la guerre d’Algérie, ses suites, ses séquelles s’invitent maintenant dans certains romans policiers, à l’image de ce que furent l’importance et l’intrusion du roman noir dans le travail de mémoire sur la Seconde Guerre Mondiale (Au balcon d’Hiroshima, La lune d’Omaha Beach…) Le présent polar a reçu le prix du Quai des Orfèvres 2011, dont le jury est présidé effectivement par le directeur de la Police judiciaire. La précision est intéressante quant on sait que ce roman puise des racines dans la guerre d’Algérie, la torture, des douars massacrés, des paras et des appelés, des gens de cœur et des salauds en scène hier, et aujourd’hui des hommes, des ouvriers, des cadres face à des dirigeants, appartenant aux services de « barbouzes » et autres services secrets nationaux, voire internationaux. Un bon cru d’hiver jurassien goûteux et fruité comme un « comté » affiné par l’âge. septembre  2011 - N°776 - LE RÉVEIL

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