Le réveil des combattants - avril 2013

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obama rattrapé par ses drônes

guerre du Vietnam pour la libération des peuples

le réveil Avril 2013 - N°792

contre l’austérité qui enchaîne les peuples : agissons !

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

55e Congrès Créteil - Avril 2013

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Pour construire la paix e ir o t is h l’ r e t c e p s e r t u Il fa s le p u e p s e d é t e in a r e Et la souv Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL ACTUALITés

8 mai 2013 Déclaration de l’ARAC Comme nous le rappelons chaque année, le 8 Mai est la date anniversaire de la reddition sans condition de l’armée nazie à Berlin le 8 mai 1945, devant les représentants de la France, des USA, de l’Angleterre et de l’Union soviétique. Mais c’est aussi la fête de la victoire pour tous les peuples d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient, victimes du nazisme et du fascisme, donc celui de notre pays. Il faut aussi souligner, parmi ces peuples victorieux, ceux de l’Union soviétique qui bloquèrent les armées nazies devant Moscou d’octobre 1941 à janvier 1942, devant Leningrad assiégé durant 872 jours (près de 3 ans), de septembre 1941 à janvier 1944, et la bataille de Stalingrad commencée le 17 juillet 1942 et qui se termina le 8 février 1943 par la reddition de l’armée allemande du général Von Paulus. Elle constitua le véritable tournant de la guerre et le point de départ des offensives soviétiques qui allaient les conduire à Berlin, tombée le 2 mai 1945. La Résistance française qu’a su unir Jean Moulin sous l’autorité du général de Gaulle, chef de la France libre, a contribué à cette victoire. Les actions des différents groupes de résistants dont le rôle a été reconnu par le général américain Eisenhower puisqu’il a estimé qu’ils représentaient une force militaire équivalente à 15 divisions. C’est aussi la victoire de la République et de la démocratie dont le rétablissement s’effectua sur la base du programme du Conseil national de la Résistance, résultant du travail réalisé entre les organisations de Résistants, les partis politiques qui avaient retrouvés leurs places et des syndicats restés fidèles à la Nation. 2-

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Aujourd’hui, où réapparaissent des revanchards pétainistes appuyés par le MEDEF et certaines organisations de droite qui acceptent de se faire complices des démantèlements des acquis sociaux, économiques et politiques issus du CNR, l’ARAC réaffirme son attachement à ces conquêtes nationales, républicaines et démocratiques et appelle

ses adhérents et amis, les populations des villes et de la campagne, à se joindre à elle pour les défendre. Elle rappelle la devise de la France libre : « Honneur et Patrie ». Réunissons nos forces dans l’intérêt de la Nation. Villejuif, le 22 avril 2013

Message de l’UFAC Le 8 mai 1945, jour de la victoire, la France était présente aux côtés de ses Alliés, pour participer à la signature de l’acte qui consacrait, solennellement, la capitulation sans conditions de l’Allemagne nazie. En ce 68e anniversaire de cette victoire qui marqua la fin de la guerre en Europe, rendons hommage à tous les soldats alliés et français de la Métropole et des Territoires d’Outre-mer, aux volontaires de la Résistance, à tous ceux qui sur terre, sur mer et dans les airs unirent leurs forces pour vaincre le fascisme et le nazisme. Tous les êtres humains disparus, tués sur les champs de bataille, exterminés dans les camps de concentration, massacrés, torturés, fusillés pour actes de Résistance, morts en captivité ou écrasés sous les bombardements, méritent notre respect et la fidélité de notre souvenir. Aujourd’hui, le fanatisme religieux, le terrorisme, le réveil des nationalismes menacent la paix, la sécurité des peuples, la liberté et les droits de l’homme. Aussi, fidèle au souvenir de celles et ceux qui ont sacrifié leur vie pour un monde sans guerre et sans haine, l’Union française des associations de combattants et de victimes de guerre (UFAC) appelle tous nos concitoyens à poursuivre le combat en faveur de la solidarité et de la paix. Vive la République ! Vive la France ! L’UFAC souhaite que ce message soit lu par une jeune fille ou un jeune garçon. Il convient que la lectrice ou le lecteur ait non seulement lu le texte auparavant, mais aussi qu’il lui ait été explicité. Il appartient donc à toute instance éducative ou associative contactant la future lectrice ou le futur lecteur, d’assurer cette information au travers, entre autres, de témoignages.


ÉDITO LE RÉVEIL

ENTENDONS CEUX QUI SOUFFRENT

SOMMAIRE Actualités p. 4 Les salaires ne doivent pas être la variable d’ajustement.. . . . . . . . . . . 4 Pour le 27 mai, journée nationale de la Résistance.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 55e Congrès : résolument tourné vers l’avenir.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Extraits des discours.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7-10 Nouveau secrétariat national.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Hommage aux porte-drapeaux.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 International p. 12 Obama rattrapé par ses drônes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Résolutions du 55e congrès : la situation mondiale .. . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Vie de l’ARAC p. 21 Résolutions du 55e congrès : pour la transmission de la mémoire historique.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Commémorations du 19 mars.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Les congrès départementaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Vos droits p. 22 Résolutions du 55e congrès : déclaration solennelle. . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Magazine p. 30

P. 13 D o s s ier

Guerre du VIETNAM

Un peuple courageux, tenace et persévérant. Un combat pour la libération des peuples. www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

Tirage : 60 000 exemplaires Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain• Service photos : JeanClaude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

L

a situation industrielle, sociale, l’emploi, les acquis démocratiques ne cessent de se dégrader en France. Pourtant nous vivons dans un pays riche, innovant, dynamique, fort de son histoire, de ses avancées démocratiques et sociales. Au nom de l’Europe, du réalisme mondial, les choix qui sont faits sont ceux de la mise en concurrence des peuples. Ils veulent briser tous les obstacles à la mondialisation. L’Espagne, la Grèce, le Portugal, l’Italie, la France, l’Allemagne (où aujourd’hui une partie de la population se trouve marginalisée et connaît la pauvreté) sont victimes de cette politique destructrice. Devant les inégalités et les injustices, la colère, l’inquiétude et la désespérance grandissent avec l’envie d’en découdre. On voit monter les populismes, les replis sur soi, le rejet et la haine de l’autre. Il est temps que les républicains, tous ceux attachés à la démocratie, à la souveraineté nationale se rassemblent, s’engagent et construisent une alternative politique à l’Europe fédéraliste que les gouvernements de gauche et de droite construisent depuis près 30 ans. À servir docilement les choix patronaux et les intérêts financiers, on jette la France et l’Europe dans un gouffre. Nous disons, haut et fort, non à l’ANI*, à l’acte III de la décentralisation, à la destruction de notre économie, de nos droits et acquis sociaux. Quand on brade la souveraineté des peuples et des nations, on tourne le dos à la démocratie. On retire à chaque peuple la possibilité de choisir son destin, de construire son histoire. Quand on nie la souveraineté, on empêche les pays, les peuples de construire librement une Europe de Paix, une Europe sociale. Sans le respect des individus, sans la souveraineté de chacun, pas de réelle construction commune répondant aux aspirations et besoins du plus grand nombre. Voilà les enjeux politiques d’aujourd’hui et quels qu’étaient les positionnements politiques des uns et des autres hier, l’intérêt des nations d’Europe appelle à mettre fin à ce formidable gâchis qui coûte si cher aux peuples. Utiliser des mots grandiloquents est une chose mais construire une politique qui rassemble, qui met en cause sur le fond la conception actuelle de l’Europe en est une autre. Il faut du courage, de la détermination, mais surtout il faut écouter et construire avec ceux qui souffrent, c’est l’intérêt de tous car ils sont les plus nombreux. *Accord National Interprofessionnel

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Les salaires ne doivent pas être la variable d’ajustement Les politiques de « dévaluation interne », autrement dit d’austérité salariale, sont aujourd’hui présentées comme un moyen de réduire les déséquilibres intra-européens et de sortir de la crise dont les salaires sont ainsi implicitement tenus pour responsables. C’est un point de vue inverse qui est défendu dans le livre Salaire et compétitivité : pour un vrai débat. Il consiste à dire deux choses : d’abord que la baisse généralisée de la part des salaires dans la valeur ajoutée se trouve à la source de la crise actuelle et que l’ajustement salarial mène à une impasse.

Chômage et répartition des revenus Sur le premier point, le constat est unanime, de l’OCDE à la Commission européenne, en passant par le FMI : tous ces organismes ont récemment produit des études qui ne se demandaient pas si la part des salaires avait baissé, mais pourquoi. Or, ce constat est logiquement contradictoire avec l’analyse selon laquelle la cause des déséquilibres économiques des pays du « sud » de l’Europe s’expliquerait par une perte de compétitivité, résultant elle-même d’une croissance excessive des salaires. Cette baisse de la part du travail, comme l’appelle l’OCDE, a eu évidemment pour contrepartie une augmentation des marges de profit des entreprises avant la crise. Mais celles-ci ne s’en sont pas servies pour faire plus d’investissements et elles ont plutôt augmenté la distribution de dividendes. Cet énorme transfert des salariés vers les actionnaires a pu être opéré grâce au levier du chômage. Ce sont deux faces de la même réalité : d’un côté, la non redistribution des gains de productivité aux salariés, notamment sous forme de réduction du temps de travail, engendre une montée 4-

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du chômage et, de l’autre, alimente le transfert vers les actionnaires. L’expérience des 35 heures en France, malgré ses imperfections, montre a contrario que la réduction du temps de travail est un outil puissant de créations d’emplois : entre 1978 et 1997, en France, l’emploi n’avait pas augmenté dans le secteur privé. Entre 1997 et 2002, lors du passage aux 35 heures, près de 2 millions d’emplois sont créés. Ensuite l’emploi a un peu augmenté, avant que la crise ne le fasse retomber à la case départ.

Une apparente absurdité Les institutions et les gouvernements européens mettent en œuvre une orientation qui repose sur trois éléments : austérité budgétaire, austérité salariale, réformes structurelles (marché du travail et protection sociale). Or, cet ensemble ne fonctionne pas et l’Europe s’embourbe dans la récession. Les raisons en sont connues et il existe d’ailleurs un consensus assez large sur ce point. Le mécanisme pervers de l’austérité budgétaire est simple à comprendre. On coupe dans les dépenses et on augmente les impôts, notamment la TVA, qui pèsent directement sur la consommation. L’effet de premier tour est bien une baisse du déficit. Mais l’économie est un circuit et l’austérité budgétaire a pour effet de freiner l’activité et donc de réduire les recettes fiscales. Résultat : le poids de la dette publique en % du Pib continue à augmenter. On a là une première corrélation très nette : c’est dans

les pays où l’austérité budgétaire a été la plus sévère que le ratio dette/Pib s’est le plus dégradé. Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI a récemment fait son autocritique en reconnaissant avoir sous-estimé le « multiplicateur budgétaire » (ou en l’occurrence le « diviseur budgétaire ») censé prévoir l’effet d’une réduction du déficit sur l’activité. Il existe une autre corrélation aussi nette : c’est aussi dans les pays où l’austérité budgétaire a été la plus sévère que le taux de chômage s’est le plus dégradé (ou le moins rétabli). Dans un premier temps, on pourrait en conclure que ces politiques sont absurdes ou le fait d’ignorants. Mais, dans un deuxième temps, il faut constater qu’elles permettent, aussi absurdes puissent-elles paraître, un rétablissement des marges de profit des entreprises qui est proportionnel à la montée du chômage. On a, en fin de compte, une boucle austérité budgétaire/chômage/profit qui suggère une autre interprétation des politiques menées : il s’agit d’une thérapie de choc prenant appui sur la crise pour faire passer des « réformes » qui équivalent à une profonde régression sociale.

Croissance et capitalisme Cependant cette thérapie de choc n’est pas forcément viable, même du point de vue des intérêts capitalistes, et c’est le troisième temps de l’analyse : ce rétablissement du profit se fait au détriment de la croissance. Or, le capitalisme a besoin de croissance pour garantir la possibilité même de profits. C’est ce qu’il y a de plus inquiétant au fond dans la conjoncture actuelle : le capitalisme européen apparaît comme le plus fragile, il ne peut compter que sur les marchés étrangers ou sur la course à la compétitivité qui ne peut que nourrir


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

la récession, et cela veut dire aussi que les suppressions d’emplois vont continuer. L’Europe est donc plongée dans une crise à trois étages : une crise des dettes souveraines, une crise spécifique de la zone euro et enfin une crise larvée de rentabilité du capital : sous les dettes, il y a la question du profit.

Une stratégie de rupture Cette crise est donc très profonde et appelle des solutions radicales, qui tournent autour de deux questionsclés : la répartition des revenus et la construction européenne. La répartition des revenus doit être modifiée par l’annulation de la dette illégitime, la

réduction de la part des revenus financiers, l’augmentation des salaires et la réforme fiscale. C’est la condition pour créer des emplois par réduction du temps de travail et par l’investissement public, notamment dans les secteurs contribuant à la transition écologique. La construction européenne doit viser à l’harmonisation entre des pays à structures économiques très différentes à travers un budget européen permettant de financer des fonds d’harmonisation, et d’assurer la convergence des législations fiscales (par exemple un impôt unifié sur le capital) et sociales (par exemple un système européen de salaires minimum).

Un tel projet se heurte frontalement aux intérêts sociaux dominants qui organisent pour leur part une violente régression sociale. Il doit servir de perspective aux luttes de résistance et s’appuyer sur une stratégie de rupture unilatérale avec l’Europe néolibérale : le premier verrou à faire sauter est sans doute l’interdiction faite aux banques centrales de financer le déficit budgétaire. Michel Husson, rtbf.be

Michel Husson est économiste à l’IRES (Institut de recherches économiques et sociales

Déclaration de l’ARAC Pour le 27 mai journée nationale de la Résistance Une proposition de loi socialiste (n° 350) visant à instaurer le 27 mai journée nationale de la Résistance a été adoptée au Sénat le 28 mars 2013 par 346 voix contre 2.

buer à la réunification des idéaux humanistes et républicains formant le socle de notre citoyenneté, en instituant une journée nationale de la Résistance, fixée au jour de la date anniversaire de la création du Conseil national de la Résistance. D’où les articles suivants adoptés sans amendement :

L’ARAC remercie tous les sénateurs dont le vote souligne à la fois l’actualité et la nécessité de transmettre la mémoire républicaine.

Cette « petite loi », selon le terme consacré, doit être maintenant soumise à l’Assemblée nationale Rappelant que le 27 mai 1943, à qui elle a été transmise. L’ARAC dans Paris occupé par les armées appelle donc le gouvernement nazies, le Conseil national de la Résistance était créé par Jean • Article 1er : la République fran- et la Conférence des présidents Moulin, cette loi souligne l’apport çaise institue une journée natio- de groupe à l’inscrire d’urgence à l’ordre du jour des travaux, et elle fondamental de cette décision nale de la Résistance. ayant permis de jeter les bases • Article 2 : cette journée, ni fériée, invite avec force tous les députés d’un nouveau contrat social qui ni chômée, est fixée au 27 mai. à voter ce texte à l’unanimité, afin fonde encore aujourd’hui notre • Article 3 : dans tous les établisse- de lui permettre d’entrer dans la République. ments d’enseignements, les en- vie publique et les établissements Parce que la modernité du proseignants consacrent une partie scolaires dès le 27 mai prochain. gramme issu du CNR demeure de cette journée anniversaire aux entière, cette loi estime qu’il nous thèmes de la Résistance et de la Villejuif, le 28 mars 2013 appartient aujourd’hui de contridéportation. LE RÉVEIL - N°792 - avril 2013

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55e Congrès national de l’ARAC

Résolument tourné vers l’avenir Les 5, 6 et 7 avril s’est tenu le 55e Congrès national de l’ARAC à la Maison des syndicats Michel Germa de Créteil. Tout un symbole, en cette année du 70e anniversaire du Conseil national de la Résistance, que de tenir un congrès dans cette maison Michel Germa. Michel Germa a été président du Conseil général du Val-de-Marne de 1976 à 2001. Mais rappelons-nous que Michel Germa, jeune ouvrier imprimeur typographe, est entré dans la Résistance dès l’âge de 15 ans. Il avait

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perdu son frère aîné, Daniel, résistant communiste, déporté à Auschwitz en 1942. Notre congrès s’est déroulé dans un lieu de luttes, de mémoire, de valeurs républicaines. 300 délégués ont, pendant trois jours, participé à ses travaux. Le texte d’orientation vous parviendra avec le numéro du mois de mai de notre journal Le Réveil des Combattants. Un congrès enthousiaste, engagé, ancré sur les valeurs républicaines, la défense des droits, de tous les droits, ceux du

CNR, ceux des ACVG, ceux des milliers de femmes et d’hommes, jeunes, retraités, qui chaque jour façonnent la France. Un congrès tourné vers l’avenir. Un congrès de lutte et d’action. Un congrès ouvert par le ministre des Anciens Combattants, Kader Arif, et clôturé par deux sénateurs : Guy Fischer, sénateur du Rhône, et Christian Favier, sénateur et président du Conseil général du Val-de-Marne.


actualités LE RÉVEIL

Extraits des conclusions de P. Staat, Secrétaire général de l’ARAC « Défendre les valeurs de la République, de la souveraineté nationale, les droits de tous les citoyens, telle est aujourd’hui comme hier notre action » Construire l’ARAC qui demain continuera la bataille pour la paix, la défense des droits et valeurs républicaines, œuvrera en permanence pour préserver la nation et la souveraineté du pays. La situation (…) n’épargne aucune catégorie de la population (...) On casse le Code du travail, on casse les services publics (…) on remet en cause les acquis sociaux, on bloque les droits des ACVG (…) La misère touche 10 millions de Français, pour qui vivre, se loger, devient une véritable angoisse (…) Cette politique (…) conduit au sentiment d’abandon, d’inquiétude, et nourrit les populismes, l’extrême droite (…) Notre 55e Congrès (…) réaffirme l’impérative nécessité de s’attaquer aux causes de la guerre, de défendre les valeurs républicaines, de préserver les droits et acquis démocratiques construits depuis 1789 (…) Nous affirmons (…) que pour construire une Europe sociale, mieux vaut réfléchir à des traités et des coopérations qui ne soient pas exclusivement basées sur la « concurrence libre et non faussée » qui met les peuples en concurrence entre eux (...) Alors nous disons aux dirigeants français, aux dirigeants européens : sortez des chemins de vos prédécesseurs, de ceux qui ont construit une Europe brutale qui met les peuples en concurrence. Le temps est venu de se rassembler, d’avoir le courage d’opérer une rupture (…) Notre histoire, notre engagement montrent que nous n’accepterons jamais à l’ARAC un recul de civilisation (…) Le monde a bougé, les tensions se sont exacerbées, des guerres ont éclaté. (…) Ce sont les G8 et les G20 qui dictent leurs lois aux peuples de la planète (…) Les ressources énergétiques sont au cœur d’une course acharnée (…), les grandes puissances n’hésitent pas à

intervenir directement par les armes. (…) Le tournant le plus spectaculaire de l’ère Obama réside dans la réorientation de la stratégie américaine vers l’Asie-Pacifique, il déclare : « Qu’il n’y ait aucun doute, dans cette Asie-Pacifique du XXIe siècle, les États-Unis ont toute leur place (…), j’ai donné ordre à mon équipe de sécurité nationale d’en faire une priorité de notre présence et de nos missions » (…) 60 % de la force navale US devraient être opérationnels en mer de Chine. (...) Poursuivre avec obstination le combat pour la paix, le combat pour l’éman-

cipation des peuples (…) La France a tout à gagner d’une telle pratique, et d’un tel engagement international (...) L’ARAC ne dit pas blanc un jour et noir un autre jour. (…) Ancrée dans nos valeurs fondatrices. C’est notre socle commun et qui habite les générations de militants depuis près d’un siècle (…) Adhérentsmilitants, nous sommes de ceux qui, quelle que soit l’adversité, continueront à œuvrer au bien commun, à la défense de nos idéaux, à un monde de paix…

Kader Arif Ministre délégué auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants

« Vous avez compris, dès 2003, que la force de l’ARAC résidait dans la construction du présent grâce à l’éveil des consciences citoyennes » Je suis particulièrement honoré d’être parmi vous, qui êtes les héritiers des héros de la Première Guerre mondiale et des fondateurs de cette association en 1917 : Henri Barbusse, Paul Vaillant-Couturier, Georges Bruyère et Raymond Lefebvre. Depuis presque un siècle maintenant, vous restez fidèles à leurs valeurs et à leurs idéaux. Après s’être félicité de la reconnaissance officielle du 19 mars, le ministre évoque le CNR et sa création le 27 mai 1943 : L’absence de Journée nationale d’hommage à la Résistance intérieure n’est pas une situation acceptable. Comment comprendre qu’un acte aussi unique, aussi fondateur dans l’histoire de notre pays - le rassemblement républicain de toutes les forces vives de la Nation - ne soit pas sacralisé dans le calendrier commémoratif national ? (…) L’objectif poursuivi par cette journée nationale d’hommage à la Résistance (…) c’est celui de la transmission des valeurs de la Résistance aux jeunes générations. C’est quelque chose que je ne vous apprendrai pas, à vous qui étiez précurseurs, lorsqu’en 2003 vous avez été parmi les premiers à porter à la tête de votre association Raphaël Vahé, qui n’est pas un ancien combattant lui-même. Déjà, en 2003, vous

aviez perçu que l’enjeu était celui du passage de témoin, vous aviez compris que la force de votre organisation ne résidait pas tant dans la capacité à rappeler le passé, mais dans la construction du présent, grâce à l’éveil des consciences citoyennes (…) J’attache la plus grande importance à la politique de reconnaissance et de réparation (…) En 2014, je demanderai que soient dégagés les crédits nécessaires pour que la carte du combattant soit attribuée à tous ceux qui totalisent 4 mois de présence en Algérie, à partir du moment où ils sont arrivés avant le 2 juillet 1962. J’ai parlé de reconnaissance. Il y a celle que nous devons aux anciens combattants et celle aussi que nous devons au monde associatif dont vous être un pilier (…) C’est pourquoi, j’ai souhaité la création d’une nouvelle médaille d’honneur des anciens combattants, pour les responsables et membres locaux d’associations et les portedrapeaux, qui doivent être honorés. J’ai pour cela l’aval du Président de la République (…) Votre engagement donne tout son sens à la notion de citoyenneté. Vous honorez les anciens, vous transmettez et honorez leur mémoire, et surtout vous en faites le ciment dans la construction du présent. (…) LE RÉVEIL - N°792 - avril 2013

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Christian Favier Sénateur, président du Conseil général du Val-de-Marne

« Un esprit de résistance nourri de la conviction qu’un monde nouveau est à construire et que les raisons d’espérer sont bien présentes » Je voudrais en premier lieu vous dire ma satisfaction d’accueillir votre congrès national dans ce lieu de la Maison départementale des syndicats Michel Germa et combien nous sommes attachés à développer de véritables relations de partenariat (…) Notre société en a bien besoin (…), dont les fondements républicains sont de plus en plus maltraités par le creusement des inégalités, sapés par une crise des valeurs morales d’une partie de ses milieux dirigeants (…) prêts à rechercher d’autres constructions politiques pour maintenir leur domination (…) Vous le savez, l’Histoire ne se répète pas ; mais il est utile d’en garder la mémoire, pour faire en sorte qu’aux mêmes causes ne répondent les mêmes effets. Ainsi, dans le cadre des manifestations commémoratives de la Première Guerre mondiale, nous avons déjà engagé avec l’ARAC la co-production

d’une exposition qui pourra notamment être mise à disposition dans les collèges (…) ainsi que celle que nous mènerons avec vous au sujet des fusillés pour l’exemple. De même, le vernissage d’une exposition ARAC permettant de restituer la réalité de la politique de colonisation menée par la France en Algérie et la responsabilité de notre pays dans l’État de guerre qui prit fin le 19 mars 1962 par les accords d’Evian et le cessezle-feu qui s’ensuivit. Les opérations de guerre continuent de marquer la planète et les forces armées de notre pays y sont régulièrement mêlées. Victimes des politiques de pillages systématiques de leurs richesses naturelles à l’absence de droits sociaux, les populations civiles de ces théâtres d’opération en payent le plus lourd tribut. Mais bien souvent, les hommes appelés à servir dans ces corps expéditionnaires en subissent après coup

les conséquences, les souffrances physiques et psychiques pour lesquelles je sais l’attention que leur accorde l’ARAC dans son activité. Pour toutes ces raisons, il convient d’œuvrer pour développer entre les peuples et les nations des relations fondées sur le respect des accords internationaux, la recherche de coopérations, de complémentarités qui seules peuvent générer des projets de développement. C’est vrai aussi pour notre continent. Dans ce département, nous sommes fiers de l’héritage que nous ont laissé des hommes et des femmes telles Marie-Claude Vaillant Couturier. Députée de Villejuif, son esprit de résistance se nourrissait de la conviction qu’un monde nouveau était à construire. Pour conclure, je veux souhaiter plein succès à l’activité de l’ARAC et vous redire la fierté de vous accueillir en Valde-Marne pour votre congrès.

Le nouveau secrétariat national Raphaël Vahé, président national

Patrick Staat

Paul MarkidÈs 8-

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Annick Chevalier

Liliane Rehby

Pierre Bussone

Président d’honneur : Georges Doussin

Jacques Verrier

Vice-président d’honneur : André Fillère


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Guy Fischer Sénateur du Rhône

« L’ARAC, par son rôle tout à fait moderne, original, fait vivre dans notre société nos valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité » En vous disant le plaisir que j’ai d’être aujourd’hui parmi vous (…), je souhaite vous apporter les salutations de ma collègue Éliane Assassi, présidente du Groupe communiste républicain, et citoyen du Sénat et de tous les parlementaires communistes. 2012 a été marqué par la reconnaissance officielle du 19 mars 1962. Et ce moment restera longtemps dans la mémoire de celles et ceux qui, comme moi, se sont battus aux côtés du monde combattant. Nous avions tellement attendu ce rétablissement des événements historiques pour la 3e génération du feu et la mémoire de toutes les victimes de cette guerre coloniale : militaires, civils, français, algériens, victimes de l’OAS. Une OAS qui, par ses liens d’extrême droite, m’a menacé de mort pour avoir soutenu le 19 mars. Pourtant, le gou-

vernement reste au milieu du gué en refusant d’abroger le décret du 5 décembre (…) Ce qui est non seulement une aberration, mais une atteinte à la vérité historique et à son enseignement aux jeunes générations. C’est la raison pour laquelle j’ai interpellé dernièrement le ministre délégué aux Anciens Combattants. Autre avancée récente, la proposition de loi socialiste, identique à celles que j’avais déposées à plusieurs reprises, instituant la date du 27 mai comme Journée nationale de la Résistance. Ce texte, adopté par le Sénat, devrait l’être prochainement par l’Assemblée nationale (…) Mais, pour les ACVG, les derniers mois auront aussi été une période de déception. En effet, le budget 2013 des ACVG (…) ne contenait aucune mesure

nouvelle ni aucune assurance (…) sinon que des baisses de crédits sont déjà programmées pour vos budgets des années 2014 et 2015 ! Je sais que, durant ce congrès, vous vous êtes penchés sur ces questions, qu’a été mise en lumière la nécessité d’une ARAC forte et entreprenante, car votre action, nous en avons besoin. A l’heure où nos sociétés sont frappées par une grave crise politique, économique, morale, sociale et financière, entraînant des formes de fatalisme et de repli sur soi, nous devons plus que jamais demeurer vigilants. Et c’est cet espoir en vos capacités d’action qui me fait conclure en saluant le rôle tout a fait moderne, original, de votre toujours grande association qui se bat pour faire vivre nos valeurs de liberté, égalité, fraternité.

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Marie-France Bellois Maire-adjointe, représentant Laurent Cathala, maire de Créteil

« Henri Barbusse, un appel au respect des valeurs humanistes et universelles de la République »

Je suis honorée, aujourd’hui, au nom de Monsieur le Député-Maire de Créteil, Laurent Cathala, retenu par des obligations extérieures, de vous accueillir à l’occasion de l’ouverture du 55e Congrès de l’ARAC (…), à saluer votre action constante et votre engagement citoyen remarquable envers les jeunes générations pour la préservation de la paix et un monde plus juste (…) pour que les générations nouvelles n’oublient pas le passé, les sacrifices consentis et les devoirs qu’ils nous imposent (…) Votre combat pour une juste reconnaissance de la Nation et le droit à réparation pour les anciens combattants et victimes de guerre est (…) tout à fait fondamental. Honorer leur mémoire, c’est assumer à notre tour un devoir de vigilance et d’action pour résister aux sirènes démagogues et des extrémistes, aux propagandes morbides, aux appels à la haine de tous ceux dont Henri Barbusse dresse, dans Le Feu une liste implacable mais hélas toujours actuelle. « Ce serait un crime de montrer les beaux côtés de la guerre, même s’il y en avait », disait-il. Et il ajoutait que « deux armées qui se battent, c’est une grande armée qui se suicide » (…) Ces quelques mots résonnent comme un appel au respect des valeurs humanistes et universelles de la République. La paix entre les peuples, leur indépendance, la lutte contre le fanatisme et les aspirations démocratiques des populations, voici la voie vers laquelle notre pays doit s’engager. Et soutenir la démo10 -

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cratie, l’indépendance et la souveraineté des peuples fait partie des combats que vous menez avec détermination. Votre engagement pour faire enfin du 19 mars la date officielle du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie est également la marque de votre responsabilité envers les jeunes générations (…) Au-delà du devoir

de mémoire, nous avons un devoir d’action, car la paix que nous ont léguée les générations du feu est une construction précieuse, mais fragile. Aussi M. le Maire de Créteil m’a chargée de vous transmettre son respect et sa gratitude pour la constance et la ténacité que vous manifestez dans l’exercice de ces nobles missions et vous souhaite un Congrès riche et fructueux.

« Votre ARAC est grande et belle » Michel Cahuzac Représentant Jacques Goujat, président national de l’UFAC Le président Jacques Goujat, empêché, m’a demandé de représenter l’UFAC nationale. C’est un très grand honneur pour moi (…) Oui, votre association l’ARAC est belle et grande. J’exprime mon respect et mon admiration. Vous êtes nés dans les tranchées de la guerre 14-18, vous travaillez pour une mémoire républicaine, vous dépensez votre énergie à défendre nos droits, vous déployez tous vos efforts vers la paix et l’unité. C’est un honneur pour moi d’être en face de votre grande association l’ARAC (…) Dans une union comme à l’UFAC (…), les associations sont différentes (…) Elles conservent leur spécificité. C’est un honneur de les avoir rassemblées. L’intérêt supérieur a prévalu. Cet intérêt impose l’union sur l’essentiel : la transmission de nos valeurs à la jeunesse, la défense de notre spécificité : le droit à réparation intangible et immuable, acquis définitivement en défendant la Patrie à 20,25 ans. Il ne doit disparaître sous aucun prétexte (…) Je termine en m’adressant aux “Anciens”, (…) votre expérience est précieuse (…) Et avec vous, je dis vive la jeunesse, celle d’aujourd’hui et celle de nos 20 ans, celle de nos engagements. Soyons la conscience de la Nation. Vive l’union et la concorde entre nous et dans le monde ! Vive la fin des conflits ! Vive la Paix !


actualités LE RÉVEIL

Hommage aux porte-drapeaux « Vous portez le drapeau de l’ARAC, Ce drapeau de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, Ce drapeau de l’espérance pour le peuple de France Et pour tous les peuples de la terre. » Le Congrès national, à l’occasion du 95e anniversaire de l’ARAC, a rendu hommage à ses porte-drapeaux, véritables ambassadeurs de l’association, en leur remettant un diplôme et une paire de gants blancs après un discours de Georges Doussin, président d’honneur de l’ARAC. Extraits : « Notre France, à l’ARAC, c’est celle qui, dans ses messages et dans ses actes, respecte la devise de notre République « Liberté, égalité, fraternité », née de la Révolution française qui a éclairé tous les peuples du monde et nourri leurs espérances. Notre France à nous, c’est celle que chantait Jean Ferrat et qui chante encore dans nos cœurs (…)

Notre drapeau, vous le portez dans les combats d’aujourd’hui pour imposer aux États de revenir au respect des souverainetés nationales, à la solidarité des peuples de toutes les nations et pour le transmettre aux jeunes générations d’aujourd’hui et de demain, pour qu’à leur tour elles fassent leurs les combats pour faire vivre les idéaux républicains. Le drapeau tricolore porté par l’ARAC, c’est celui des droits de l’homme proclamés en 1793, celui qui flottait au pied de la Bastille après la victoire du Front populaire, celui pour lequel se sont battus et sont morts René Sahors, le colonel Fabien, Jean Moulin, Missak Manouchian, Guy Môquet,

Danielle Casanova et tous les Résistants de France massacrés par les nazis et leurs complices. Et, parce qu’il est de l’espérance dans un avenir heureux pour toute l’humanité, il doit être porté par la jeunesse qui n’a pas combattu dans les guerres dont les anciens combattants ont tous été victimes. C’est cette jeunesse-là qui, aujourd’hui et demain, prendra, dans l’ARAC, le relais de nos combats pour la paix, pour la victoire des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, de toutes les luttes citoyennes pour défendre toutes les vrais valeurs humanistes exprimées dans la devise de la République française. Chers camarades porte-drapeaux de l’ARAC, vous portez le drapeau de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, vous portez le drapeau de l’espérance pour le peuple de France, pour tous les peuples de la terre. Soyez-en aujourd’hui remerciés. »

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL international

USA/Assassinats Obama rattrapé par ses drones Sommée de s’expliquer, l’administration américaine bafouille, invoque la lutte anti-terroriste pour justifier des centaines d’assassinats. Obama directement impliqué… Le Président des États-Unis, prix Nobel de la paix 2009, qui vient d’entamer son deuxième mandat a bien mal commencé l’année. Alors que depuis plusieurs années, lui et ses proches conseillers pratiquent l’élimination physique, par drones interposés, des « ennemis » de l’Amérique, Obama a dû convoquer une conférence de presse début février pour s’expliquer. Selon des journalistes américains, il se serait d’ailleurs éclipsé rapidement de ce « meeting » après quelques mots d’introduction, laissant le soin à l’un de ses conseillers de répondre aux médias. Cette rencontre avec la presse, convoquée dans l’urgence, faisait suite à une lettre adressée au Président, début février, par un groupe de sénateurs, parmi lesquels huit démocrates, exigeant de la Maison-Blanche qu’elle rende public le mémo confidentiel du département de la Justice, justifiant les assassinats ciblés. Ce « livre blanc », intitulé De la légalité des opérations létales dirigées contre un citoyen américain exerçant de hautes responsabilités auprès d’al-Qaida ou d’une autre force associée, est explosif par le seul fait qu’il confirme que le Président des États-Unis s’arroge le droit de tuer toute personne désignée par lui comme associée à des activités terroristes. Rappelons que dans le Patriot Act imposé au peuple américain par l’administration Bush après le 11 septembre et perpétué sous l’ère Obama, il en faut peu pour être considéré « ami ou proche des terroristes… » Pour Hina Shamsi, directrice du National Security Project à l’ACLU (elle est chargée du dossier de la sécurité nationale à l’Union américaine pour les libertés civiques) ce livre blanc est effrayant, car il révèle en termes juridiques 12 -

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l’énorme pouvoir que s’arroge l’exécutif pour décider de tuer des citoyens américains partout dans le monde, loin de tout champ de bataille reconnu comme tel, sans la moindre implication d’une autorité judiciaire. La magistrate juge que « cette approche dangereuse constitue une redéfinition des limites qui encadrent l’utilisation de la force par le gouvernement. Car, si le document évoque des limites, il apparaît qu’il n’y a, en réalité, pas de véritables limitations, puisque le gouvernement n’a pas besoin de démontrer l’existence d’un complot imminent pour agir. »

Obama s’arroge le droit de tuer L’affaire n’est pas nouvelle et, alors que l’on semble faire des découvertes sur les agissements du chef de la MaisonBlanche de ce côté-ci de l’Atlantique, depuis plusieurs années, des articles publiés par la presse américaine ont dénoncé « le droit de tuer » que s’est arrogé Obama, les listes de cibles qu’il se voit soumettre régulièrement et la « responsabilité » solitaire qu’il estime devoir assumer. Jusqu’alors les agissements du « commandant en chef » n’ont pas choqué l’opinion américaine, encore plus de dix ans après, traumatisée par le 11 septembre. Sans nul doute, Obama bénéficie-t-il également de l’image positive du défenseur de l’Amérique qui a conduit la traque de Ben Laden jusqu’à son assassinat. Mais aujourd’hui des voix s’élèvent inquiètes des conséquences sur les opinions internationales et particulièrement dans le monde arabe du recours systématique aux drones. L’Amérique ne « torture pas », avait déclaré à son arrivée aux affaires en 2009 le président Obama. Il avait immédiatement demandé la publication des

fameux mémos juridiques de l’administration Bush, qui justifiaient l’utilisation par la CIA de « techniques d’interrogatoire renforcées » dans sa guerre contre le terrorisme. Les pratiques de torture avaient été déclarées interdites. Ironie de l’histoire, ce même président s’est depuis arrogé un droit de tuer, demandant à son tour à ses conseillers de rédiger une série de mémos donnant une justification juridique à ses décisions d’élimination de tel ou tel individu, au nom de la nécessité de protéger l’Amérique. « Le parallèle avec les mémos de l’administration Bush sur la torture est glaçant », note Vincent Warren, directeur exécutif du Centre pour les droits constitutionnels, parlant de « l’hypocrisie d’Obama », qui critiquait son prédécesseur mais s’est arrogé un immense pouvoir, non contrôlé par le Congrès, en matière de guerre contre le terrorisme. Ce qui est nouveau dans ce livre blanc est que l’administration étend le concept de menace « imminente » en utilisant ce que le département de la justice défini comme un « concept élargi de l’imminence. » La seule preuve requise avant l’élimination physique est que l’on dise - non pas que l’on prouve - que tel ou tel citoyen est « associé à al-Qaida ou une force associée complotant continuellement des attaques contre les EtatsUnis ». Des juristes américains font remarquer que dans un tel système, les notions de séparation des pouvoirs et d’équilibre entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire n’apparaissent plus. « En utilisant la guerre (contre le terrorisme) comme prétexte, l’administration Obama ne reconnaît plus les limites ni en terme de temps (la guerre contre le terrorisme est permanente), ni en terme d’espace, (le monde est transformé en un unique champ de bataille), ni en termes de droit puisque l’exécutif devient une autorité suprême se suffisant à elle-même. » Jean-Pierre Delahaye


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

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des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Vietnam Un peuple courageux, tenace et persévérant

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

Et l’indemnisation réclamée auprès des entreprises qui ont fourni l’agent orange ayant été refusée, le développement des recherches en cours pour éradiquer les conséquences de ce poison marque le pas par manque de moyens. L’ARAC, son Comité national du Village de l’Amitié au Vietnam ne ménagent pas leurs efforts pour contribuer au financement de ce village de soins et de formation professionnelle des jeunes handicapés notamment et au développement des recherches pour maîtriser ce mal. L’ARAC continuera sans désemparer dans cette voie car c’est pour elle, une des contributions à la construction permanente de la fraternité des hommes.

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Par Paul Markidès

américain. Courage, ténacité, persévérance, aux prix de sacrifices inouïs, ont fait du peuple vietnamien, un peuple martyr mais victorieux. Le napalm, les défoliants (agent orange), les tortures, les massacres n’ont pu avoir raison de lui. Et encore aujourd’hui où les effets de l’agent orange sont réels, ce peuple fait face, en soignant ses enfants et ses adultes victimes dans leurs chairs, avec l’aide solidaire des comités nationaux du Village de l’Amitié Van Canh de France, USA, Japon, Allemagne, Angleterre, Canada. Car pour ce pays, malheureusement, la guerre continue par les malformations et maladies diverses que subissent toujours ses citoyennes et citoyens et leurs enfants par les effets de ce défoliant.

ÉDITO

En janvier 1973, il y a eu 40 ans cette année, après plusieurs années de négociations, les représentants de l’administration américaine dirigés par Henri Kissinger et les délégués de la République démocratique du Vietnam (Nord Vietnam) dirigés par Le Duc Tho signaient à Paris des accords de paix résultants de concessions de part et d’autre. La guerre américano-vietnamienne était officiellement terminée. Enfin le Vietnam, colonisé 120 ans plus tôt, ayant perdu des milliers des siens, hommes, femmes, enfants, au cours de la colonisation et des guerres successives face au Japon fasciste, à la France colonisatrice et aux USA, retrouvait sa liberté grâce à ses propres forces, face à son dernier ennemi, l’impérialisme

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LE RÉVEIL dossier

60 ans d’existence et 30 ans de guerre Alain Ruscio

En 1954, les accords de Genève mettent fin à la guerre française en Indochine. Déjà, un nouveau conflit se profile avec les États-Unis. Du colonialisme français à l’agression des États-Unis Si l’Occident, dans sa globalité, est le principal responsable des malheurs du Vietnam au XXe siècle, c’est bel et bien le système colonial français qui a déclenché le processus fatal. En ne reconnaissant pas, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le droit à l’indépendance des peuples de la région (pas plus, d’ailleurs, que ceux des autres territoires), la IVe République a, en effet, déclenché le mécanisme fatal qui devait faire des centaines de milliers de morts durant ces trente ans. Et que dire également de la « justification » anticommuniste, la « théorie des dominos » (le Vietnam est le verrou de toute l’Asie du Sud). Que dire des premières utilisations d’armes de terreur, comme le napalm (produit américain, avions américains, pilotes français, victimes vietnamiennes). Que dire de la stratégie qui a consisté, après juillet 1954, à accepter immédiatement le leadership US, sachant que celui-ci signifiait la perpétuation de la division du Vietnam et donc, à terme, la « seconde » guerre ? Les accords de Genève signés en 1954, qui devaient mettre fin aux malheurs du Vietnam, auront été en fait le prélude à un autre conflit. Car Washington n’en a jamais accepté les clauses. Et ce publiquement. Après les accords, les États-Unis parrainent le régime de Saigon, dirigé désormais par Ngo Dinh Diem. La répres14 -

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Alain Ruscio est historien. Extrait Hors Série Humanité 2005

La piste Ho Chi Minh par laquelle étaient apportées les munitions et rapatriés les blessés

sion touche partout les partisans de l’application des accords. Le délai de juillet 1956 passe sans que les élections soient préparées, ni même envisagées à Saigon. A Hanoi, le régime, empêtré dans une réforme agraire inspirée par le modèle chinois, n’a pas assez d’autorité pour les imposer. Il faut se rendre à l’évidence : la réunification pacifique, même à moyen terme, est un leurre. Au Sud, de premiers maquis naissent plus ou moins spontanément. Ce n’est qu’en 1959 que Hanoi retient finalement le principe du retour à la lutte armée. En décembre 1960, naît un Front de libération nationale du Sud (FLN), officiellement indépendant, en fait lié à la RDV par des liens humains, politiques et militaires. A l’afflux croissant de conseillers américains auprès de l’armée de Diem correspond désormais une « descente » de combattants du Nord-Vietnam. Le nouveau président américain, John Fitzgerald Kennedy, qui a succédé à Eisenhower en 1960, est très attaché au Vietnam. Sa fa-

mille, catholique, est liée à Diem depuis les années cinquante. Kennedy fait du Vietnam, avec Berlin et Cuba, un des trois enjeux majeurs de la guerre froide. Pour lui, il n’y a pas lutte de libération, mais agression d’un État, le Vietnam du Sud (libre), par un autre, le Vietnam du Nord (totalitaire). Il ne cédera pas un pouce aux communistes. Sous sa présidence, le flux d’hommes et de matériel s’accentue. Dès 1961, des premiers pilotes américains participent aux combats. Contrairement à une légende dorée, c’est bien sous Kennedy que les ÉtatsUnis ont franchi les premières marches de l’escalade.

Après Kennedy, Johnson poursuit la même politique En février 1965, prenant prétexte d’un incident entre le destroyer US Maddox et des vedettes nordvietnamiennes, Johnson accentue la présence US. Le rythme d’envoi des boys s’accélère. De 23 000 en 1964, les Américains passent à 185 000 en 1965. Surtout, le gouvernement américain décide de déclencher un premier bombardement sur la RDV (février 1965). C’est une aggravation majeure du conflit. Sans aucun mandat international, Washington attaque un États souverain. Malgré le différend sino-soviétique, qui atteint justement en ces années son paroxysme, le monde communiste


dossier LE RÉVEIL

apporte une aide conséquente au Vietnam. 1965-1975 sera la décennie terrifiante. Tout le « complexe militaro-industriel » américain est mobilisé. En tout, 3 millions de soldats américains sont envoyés sur le terrain, l’apogée étant atteint en 1968 (516 000 hommes). L’aviation US larguera deux fois plus de bombes que la totalité de celles utilisées durant la Seconde Guerre mondiale (7 800 000 tonnes contre 3 500 000, chiffres officiels américains). Le seul Nord-Vietnam (moins du tiers de la France) recevra autant de bombes que tous les champs de combats du Pacifique de 1941 à 1945. Le plus horrible est atteint par l’épandage systématique des défoliants (dioxine) et des armes chimiques, qui laisse encore tant de plaies dans le corps social vietnamien ? Un autre aspect est l’exportation du conflit vers le Laos, puis le Cambodge, toujours sur décisions américaines. La « seconde » guerre d’Indochine n’aura pas seulement été la plus longue du siècle. Elle aura été la plus meurtrière, la plus impitoyable, coûtant aux populations de l’ordre de 1 500 000 morts.

Cette machine de guerre subit recul sur recul La première cause de la défaite américaine est de toute évidence l’incroyable capacité de résistance des populations locales. L’obstination à ne pas céder devant le monde entier surprend tous les observateurs, à l’exception de ceux qui avaient pris soin d’étudier l’histoire du Vietnam. La RDV est, de fait, la plaque tournante de cette résistance. Au sol, la jungle devient partout un cauchemar pour les boys. Les pertes humaines sont importantes. Le découragement guette. Aux Etats-Unis même, l’opposition, longtemps confidentielle, com-

mence à croître avec les revers des GI. Une crise morale sans précédent affecte le pays, marquée en particulier par la publication des dossiers secrets du Pentagone. La guerre est devenue un enjeu international. Les opinions se mobilisent avec une ampleur exceptionnelle. Partout dans le monde, le nom de Hô Chi Minh est clamé avec ferveur, ceux des dirigeants américains honnis. Le président Johnson, désemparé, renonce à briguer un second mandat. Richard Nixon lui succède (1969) en promettant un désengagement. Il rapatrie effectivement les boys, tout en renforçant les régimes locaux pro-américains. C’est la « vietnamisation ». Début 1968, pourtant, il a fallu se rendre à l’évidence : l’administration américaine accepte le principe d’une conférence internationale, qui se tient à Paris. Les deux principaux négociateurs, Henry Kissinger et Le Duc Tho, font des concessions qui amènent la signature des accords (janvier 1973). Les États-Unis se désengagent formellement, mais tentent de continuer à porter à bout de bras les régimes amis. C’est un échec. Privées de l’encadrement américain, les armées de Saigon, Phom Penh et Vientiane se révèlent vite faibles, face au dynamisme révolutionnaire. Les affrontements armés continuent. L’offensive de janvier 1975 commence. A la surprise même des dirigeants de Hanoi, l’armée du Sud n’offre pas une grande résistance. En quelques semaines, le régime s’effondre, abandonné par ses chefs, puis par ses soldats et fonctionnaires. Le 30 avril 1975, presque trente années après les premiers coups de feu dans cette même ville de Saigon, les révolutionnaires sont maîtres de l’ensemble du pays. Historique, la date d’avril 1975

Ho Chi Minh meurt le 2 septembre 1969 : son portrait sera brandi dans les manifestations (ici à Paris en 1969) jusqu’à la signature des accords.

l’est sans aucun doute pour les principaux protagonistes. Pour le Vietnam, c’est la première fois, depuis cent vingt années, que la totalité du pays est libre de toute emprise étrangère. Pour les ÉtatsUnis, cette défaite, la première de cette ampleur dans leur histoire nationale, sera durablement traumatisante.

Cette victoire, le peuple vietnamien l’a payée cher Toutes les familles du pays sont touchées et ont des morts à pleurer. Les blessés de guerre sont un demi-million, dont 200 000 estropiés, 100 000 aveugles, 20 000 paraplégiques… Il y a un million de veuves, 950 000 orphelins. Or, on ne doit pas oublier que ce Vietnam, magnifié (trop ?) par ses amis, est pauvre, très pauvre. Une nouvelle ère commence. Le Vietnam est fier de sa victoire. Ses amis de par le monde partagent ce moment unique. Mais les années qui suivront seront cruelles… LE RÉVEIL - N°792 - avril 2013

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LE RÉVEIL dossier

La petite fille en flammes Daniel Roussel Des images violentes, atroces de la guerre américaine au Vietnam ont fait le tour du monde et sont restées gravées dans nos mémoires. Elles ont contribué à interpeller les consciences, à mobiliser les énergies pour exiger l’arrêt du conflit et le retour à la paix. Qui ne se souvient du massacre de My Lai, l’Oradour vietnamien ? Et ce général sud-vietnamien qui, à Saigon, le 1er février 1968, fait extirper de sa cellule un combattant vietcong, le fait amener menotté sur la voie publique et, devant une caméra de télévision, sort son pistolet et froidement l’abat d’une balle dans la tête. Il y eut aussi cette abominable affaire des cages à tigres du bagne de Poulo Condor, île située à 230 kilomètres des côtes sud-vietnamiennes. 500 hommes, femmes, adolescentes, enfermés comme des fauves dans des cages mesurant moins de 1,5 mètre de large et 2,70 mètres de long, chaque cage renfermant de trois à cinq personnes.

C’est une délégation de sénateurs américains qui, en 1970, lors d’une visite, découvre ces cages. Ils sont interpellés par les détenus : « Nous avons faim, nous sommes malades, nous sommes torturés, les gardiens nous jettent de la chaux vive… » Des femmes, des fillettes gisent sur le sol. Dès son retour aux Etats-Unis, le sénateur démocrate Anderson alerte le Congrès et déclare : « Je ne sais pas si ces gens étaient communistes lorsqu’ils ont été emprisonnés, mais ils le seront à la sortie. » En 1972, il y a cette terrible photo d’une petite fille nue, brûlée par le napalm, courant en hurlant sous les bombes. Dix ans plus tard,

je l’ai retrouvée, à Tay Ninh, à la frontière cambodgienne. Phan Thi Kim Phuc, la petite napalmée, était devenue une belle jeune fille. Elle m’avait raconté le bombardement de ce 8 juin 1972 à 14 heures : « Il y avait des flammes partout. J’ai jeté tout en courant mes vêtements qui brûlaient. Puis j’ai perdu connaissance. Mon bras, ma nuque, mon dos, je brûlais. » Son cou s’est collé à l’épaule et le bras à la hanche. Le dos n’était plus qu’une bouillie informe. Je me souviens encore de ses yeux. « La petite fille en flammes Dans son dimanche de napalm Crie Éteignez-moi, je vous en prie… » a chanté Claude Nougaro.

Génération Vietnam La solidarité avec la lutte de libération du peuple vietnamien aura été pour de très nombreux jeunes la première expérience du militantisme. Plusieurs générations de militants et de jeunes ont accompagné dans notre pays la lutte de libération du peuple vietnamien. Depuis les difficiles combats menés contre la guerre française d’Indochine jusqu’en 1954, et notamment les actions restées dans toutes les mémoires en faveur d’Henri Martin et de Raymonde Dien, la cause vietnamienne n’a pas quitté le cœur de la jeunesse 16 -

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française. Au lendemain de la guerre d’Algérie, et alors que s’intensifie l’intervention suivie des bombardements américains, les premières manifestations contre la guerre américaine se déroulent en France. A partir de 1965, elles gagnent en ampleur et vont très vite devenir l’affaire de toute une génération, celle qui sera le fer de lance des événements de mai et juin 1968. Le 26 novembre 1967,

la Jeunesse communiste réussit une démonstration mémorable dans les rues de Paris. Toutes les années qui suivent, des manifestations très larges se multiplient qui rassemblent des dizaines de milliers de participants, faisant alors écho à une mobilisation mondiale contre la guerre américaine du Vietnam, et qui grandira toutes ces années aux États-Unis même.


dossier LE RÉVEIL

Des vies à jamais empoisonnées Des anciens combattants français, allemands, britanniques, américains, japonais, vietnamiens ont conçu le projet d’un village de l’amitié. Il a pris corps à quelques kilomètres de Hanoi à Van Canh. Centre de soins pour victimes de l’agent orange, le village accueille en permanence une quarantaine de vétérans malades et plus d’une centaine d’enfants de 9 à 15 ans, fils et filles d’anciens ou petits-fils et petites-filles de combattants du Nord-Vietnam partis se battre au sud du 17e parallèle. Outre les soins, la seconde mission du village est de permettre à des chercheurs de toutes disciplines de venir travailler auprès des victimes s’associant aux efforts pour évaluer, analyser et soigner les effets de la dioxine. Lors de notre visite à Van Canh, ce sont des vétérans, paysans originaires de la province de Tuyen Quang au nord-ouest de Hanoi, qui y séjournaient pour deux mois. Rencontre.

Paroles de vétérans vietnamiens dans le Village de l’amitié de Van Canh Ha Cong Ba, soixante-quatre ans En 1968, il combat dans la province de Quang Tri, juste au sud du 17e parallèle, laminée par les défoliants. Il est témoin des raids d’épandage : « J’ai vu les C130 répandant des nuages blancs. Puis on sentait une très forte odeur de brûlé. Les yeux nous faisaient mal, la respiration devenait difficile. Nous n’avions rien pour nous protéger que des serviettes imbibées d’urine à se mettre sur le nez et sur la bouche. Pour survivre nous utilisions l’eau déjà infectée. Elle avait un drôle de goût. Les fruits et les plantes étaient desséchés, nous n’avions plus rien à manger. Il nous restait du riz

et des pains à la farine de pois qui composaient les rations que nous envoyait la Chine. » Ba avait eu deux enfants avant sa mobilisation. Après, ce n’était plus possible. Il souffre de symptômes s’apparentant à la maladie de Parkinson, n’a plus la sensation de ses pieds et garde une mauvaise vision de l’œil gauche. Hoang Cong Luan, cinquante-trois ans Arrivé fin 1972 pour se battre à la province de Tai Ninh, à une centaine de kilomètres au nord de Saigon. Trois ans dans la région jusqu’à la libération. Il arrive en pleine campagne de Johnson City, du nom du président américain de l’époque, engagée début 1972. Une offensive de grande envergure pour faire régner la terreur. Les GI étaient débarqués par hélicoptères et attaquaient les villages. Il se souvient des gens malades autour de lui, ses camarades, des civils : « Nous pensions que c’était le climat ». Il ne travaille plus depuis plusieurs années. Il souffre des os. De ses trois enfants, l’aîné est handicapé mental, le second fils âgé de vingtcinq ans pèse 35 kg et le troisième est bossu. Mai Duy Chi, cinquante-neuf ans Il combat dès 1967 dans la province de Tay Ninh puis de Binh Duong. Des raids des C130, « trois ou quatre fois par jour », il se souvient de cette sensation d’humidité des vêtements après leur passage « comme si nous avions reçu la pluie ». « Les avions passaient et repassaient jusqu’à ce que les feuilles tombent et que la végétation meure. Nous étions tous malades et nous sommes restés à combattre dans ces zones où il y avait aussi de nom-

breux civils. J’ai eu des pertes de la vision. Je vois toujours très mal. »

Raphaël Vahé en compagnie de jeunes résidentes du Village de l’amitié Van Canh

Les femmes aussi… Nguyen Thi Tuyen, cinquantesix ans, Doan Thi Nang, cinquante-quatre, Dinh Thi Nhac, cinquante-deux ans ont été volontaires au sein des troupes vietcong. Elles se sont engagées en 1965 après les bombardements répétés de B52 sur le Nord dont la province de Ninh Binh où elles vivaient. « Quelques centaines de femmes de Ninh Binh ont répondu à l’appel de l’armée. J’ai été envoyée au sud à Quy Nhon près de Nha Trang. Je travaillais dans les services de transferts de canons, rapporte Tuyen. Nous transportions les pièces sur les bicyclettes et portions le fusil sur l’épaule. » « En 1972, je fus envoyée dans la province de Tay Ninh, près du Cambodge. Il y avait eu des épandages. J’y suis restée jusqu’en 1974. Très vite à force de boire de l’eau je n’ai plus eu de règles. J’étais atteinte de fièvre et le corps me démangeait. » De retour dans leurs villages, ni Tuyen, ni Nang, ni Nhac n’ont pu avoir d’enfants. Nhac au fur et à mesure que les années se sont écoulées a présenté des déficiences mentales. D.B.

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LE RÉVEIL dossier

Il y a 40 ans

étaient signés les accords de paix Daniel Roussel

Il aura fallu attendre deux ans pour que ce conflit prenne fin le 30 avril 1975. A Saigon, ce matin du 30 avril 1975, une atmosphère étrange, lourde, étreint la ville. La grande avenue Thong Nhat où se trouvent l’ambassade américaine et le palais Doc Lap, siège du gouvernement du Sud-Vietnam, commence à être envahie par la foule. La veille, le ciel de Saigon était particulièrement bavard, ce n’était pas le vent qui parlait, ni quelques nuages turbulents mais le rougeoiement et la fumée des incendies de l’aéroport Ton Son Nhut, allumés par les roquettes des forces armées de libération nationale. Un ciel bavard qui déroulait sur son écran géant les dernières séquences d’un film d’une guerre longue, abominable et inutile. Dans ce ciel tourmenté, les Saïgonnais regardaient un étrange ballet d’hélicoptères des marines faisant la navette entre leurs porte-avions et les terrasses des plus hauts immeubles pour évacuer les derniers Américains et leurs protégés vietnamiens. Une débandade extraordinaire que soulignaient cruellement les échelles tendues vers le ciel et des grappes humaines accrochées aux barreaux, la peur au ventre. Vers 18 heures, à la nuit tombante, c’est aussi par le toit, celui de son ambassade, que le représentant américain Graham Martin prenait la poudre d’escampette, offrant, avec la bannière étoilée sous le bras, le piètre spec18 -

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tacle d’un fuyard honteux. Dès le matin du 30 avril, des petits drapeaux du Front de libération, distribués la nuit par la résistance, apparaissent un peu partout, portés par des jeunes, fichés aux fenêtres des maisons, sur le portique d’entrée des entreprises, les dépôts de carburant. On entend ici et là crépiter des rafales de mitraillettes qu’étouffent rapidement les cris « Gia phong, gia phong ! » (Libération, libération !). Les trottoirs sont jonchés d’un bric-à-brac d’armes, d’uniformes, de casques, de gilets pare-balles abandonnés par des soldats et officiers sud-vietnamiens en fuite, certains en caleçon. Pour supprimer tout indice de richesse par peur de représailles, les Saigonnais les plus aisés jettent leurs meubles, frigo, télé, abandonnent leurs voitures, congédient leur personnel. Vers midi, alors que la foule afflue, cinq chars de l’armée populaire débouchent sur l’avenue où se trouve le général Duong Van Minh, dit le gros Minh, qui vient de prendre ses fonctions de président, son prédécesseur, le général Thieu, ayant pris la fuite huit jours avant et quitté le pays. Le colonel Bui Tin, juché sur la tourelle du premier char, est heureux d’apercevoir le palais car, dans Saigon, il s’est perdu à plusieurs reprises et a dû demander son chemin. Le blindé percute et écrase sous ses chenilles la grille d’entrée de l’enceinte du palais. Chaussé de ses sandales Ho Chi Minh coupées dans un pneu, Tin saute du char, gravit les marches de l’entrée, enfile un long couloir.

Daniel Roussel est un ancien correspondant de l’Humanité

Un lieutenant colonel l’annonce. Il entre dans un grand salon où l’attendent une trentaine de personnes. Le général Minh s’avance de quelques pas, s’incline : « Nous vous attendons depuis ce matin pour organiser la passation de pouvoir. » Réplique du colonel Bui Tin : « Il n’est pas question de transfert de pouvoir, vous ne pouvez pas donner ce que vous n’avez plus. Vous ne pouvez que vous rendre. » Dans la ville, l’ambiance est à la fête. Les Saigonnais sont soulagés. Contrairement à ce que leur avaient annoncé les Américains, il n’y a pas eu de bain de sang. Devant le palais, un dialogue s’est engagé entre les soldats et de nombreux jeunes dont beaucoup disent leurs inquiétudes. Pendant des années, la propagande du gouvernement sudiste leur a dit que les Vietcongs étaient des tueurs massacrant femmes et enfants, brûlant les églises et les pagodes, arrachant les ongles vernis des jeunes filles, obligeant les plus belles à se marier avec les soldats mutilés de guerre. Pendant vingt-et-un ans, le pays aura été coupé en deux. La réconciliation nationale prendra quelques années. Aujourd’hui Saigon est mort. Ho-Chi-MinhVille a maintenant trente ans et porte fièrement le nom du vieux chef charismatique décédé en 1969. Celui que les Vietnamiens du nord appellent affectueusement Oncle Ho.


dossier LE RÉVEIL

Les Vietnamiens ont forcé les Etats-Unis à mettre un genou à terre Guy Poussy Nous étions très sensibles aux évènements du Vietnam. En tant que Français, mais aussi en tant que militants communistes, nous avons toujours eu des affinités toutes particulières avec le Vietnam pour beaucoup de raisons. Il ne faut pas oublier que des leaders vietnamiens ont largement contribué à la création du Parti communiste français. Ho Chi Minh était présent au Congrès de Tours, en 1920, et il a voté pour la création de ce qui deviendra le PCF. Pendant l’occupation nazie, la force de « l’empire français » a été mobilisée. Or l’empire français, c’était les colonies… Beaucoup d’immigrés sont alors entrés en résistance aux côtés des Français, beaucoup sont venus ici défendre la France et, parmi eux, de nombreux Vietnamiens. En parallèle, dans leur territoire, toujours pendant la Seconde Guerre mondiale, ils ont aussi lutté contre l’occupation japonaise. Il était normal, qu’au sortir de la guerre, ce peuple, qui avait lutté pour l’indépendance de la France, demande à être reconnu et à prendre sa liberté. Le général Leclerc l’avait bien compris. Le gouvernement français à cette époque s’est dit : « Si l’Indochine devient indépendante, toutes les colonies vont réclamer la même chose… » C’était totalement légitime. Le Parti communiste français a toujours été, dans sa volonté internationaliste, solidaire des peuples dans leur lutte pour l’indépendance. Avec les Vietnamiens, c’était d’autant plus fort que nous étions liés à eux et à leur lutte par notre histoire commune. Nous avions donc déjà été très mobilisés pendant la guerre

De 1970 à 1982, Guy Poussy était secrétaire de la fédération du Parti communiste français du Val-deMarne.

L’entrée des forces du FLN à Saigon

d’Indochine. Alors, lorsque les Américains sont intervenus, nous sommes repartis en lutte aux côtés du peuple vietnamien. Les Américains ont été amenés à négocier car ils ont largement sous-estimé la résistance qu’il y avait en face. La force de ces gens, leur détermination m’ont réellement rendu admiratif. À la Fédération du Val-de-Marne, nous avons été informés par la direction du Parti de l’installation de la délégation vietnamienne à Choisy, à l’école Maurice-Thorez. Nous étions vraiment fiers de savoir ce qui se jouait ici. Nous avions une grande admiration pour ceux qui osaient affronter la première puissance mondiale militaire de l’époque. L’enjeu était énorme ! Notre rôle était surtout l’animation de la lutte politique et des campagnes de protestations contre les actes des Américains, car, sur le terrain, c’était la guerre et le peuple vietnamien subissait de plein fouet une violence sans pareille. Il fallait maintenir une pression permanente sur les États-Unis par des actions militantes, des manifestations, mais aussi organiser des campagnes de dons alimentaires et matériels… Bref, un ensemble d’actions de solidarité. Il faut aussi se souvenir que le contexte était celui de la « guerre

froide ». Deux blocs s’affrontaient en sourdine depuis des années et, là, les États-Unis étaient directement engagés. C’est dire l’enjeu de ce conflit ! Les Vietnamiens, eux, étaient matériellement aidés par les Chinois. Ils avaient cependant refusé une implication humaine de leur part. Ils voulaient vraiment que la lutte pour leur indépendance soit la leur. Et ils ont eu raison. Lorsque les Accords de Paris ont été signés, les Américains ont cru jusqu’au bout qu’ils pourraient retourner la situation, mais les Vietnamiens sont restés à Paris jusqu’au départ des derniers soldats. Ils ont gagné grâce à leur ténacité et à leur persévérance. Ils ont forcé les États-Unis à mettre un genou à terre. C’était, pour nous et pour le monde entier, un formidable espoir de se dire que l’impérialisme américain pouvait donc subir des défaites. L’enseignement de cette histoire dépasse largement les frontières du Vietnam : oui, la lutte est utile, oui, ça marche ! Qui pouvait imaginer, au début du conflit, que ce peuple battrait la première puissance mondiale et la mettrait dans une telle déroute ? Je me souviens de cette photo, qui a fait le tour du monde, de ces soldats qui détalaient de l’ambassade américaine, complètement paniqués, obligés de s’enfuir dans l’urgence. LE RÉVEIL - N°792 - avril 2013

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LE RÉVEIL dossier

Il s’agissait de continuer le combat pour la libération des peuples Gaston Viens Pendant la Seconde Guerre mondiale, je suis entré dans la Résistance à l’âge de 17 ans, puis j’ai été arrêté et déporté au camp de Buchenwald. J’étais donc déjà engagé au temps de la guerre du Vietnam et la résistance, dans un pays en guerre, était pour nous une vieille affaire. Dans les années 60, je me sentais proche de la résistance vietnamienne, c’est naturel. Je savais ce que c’était de vivre dans des conditions épouvantables. Avec l’Indochine, puis le Vietnam, il s’agissait de continuer le combat pour la liberté des peuples. Il y avait déjà une grande mobilisation contre la guerre d’Indochine. Il y avait une grande répression, c’était terrible. À Marseille par exemple, les dockers refusaient de charger les armes dans les bateaux parce qu’ils savaient que ça partait pour l’Indochine. On avait aussi créé un Comité de soutien pour libérer Henri Martin (jeune marin parti combattre les Japonais en 1945 et qui s’est opposé à la guerre française en Indochine, condamné à cinq ans de prison pour propa-

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gande et tentative de démoralisation de l’armée - NDLR ). Je me souviens qu’avec les camarades, on lisait beaucoup la presse et les comptes-rendus des journalistes sur place. On se renseignait énormément. Lorsque la délégation vietnamienne a demandé à la direction du PCF de lui trouver un point de chute, afin de vivre dans des conditions de sécurité optimale, l’École centrale, à Choisy-le-Roi, a très rapidement été sélectionnée. À ce moment, je venais d’être élu le premier président du Conseil général du Val-de-Marne. Fernand Dupuy, qui était alors maire de Choisy-le-Roi, m’a appelé pour qu’on travaille ensemble sur les conditions d’accueil de cette délégation au sein de l’ancienne maison de Maurice Thorez. C’était une maison bourgeoise et nous devions aménager les locaux de telle manière qu’elle puisse accueillir les responsables de la délégation. La Ville d’Orly a donc naturellement pris sa place aux côtés de Choisy-le-Roi. Nous avons démarché des entreprises pour réaménager la cour et les

Gaston Viens, déporté, ancien Résistant, a été Maire d’Orly de 1965 à 2009. Au moment de la signature des Accords de Paris, il était également Président du Conseil général du Val-de-Marne.

Le 2 mai 1975, Hanoi fête la victoire finale

bâtiments. Ensuite, il a fallu trouver des bénévoles, des personnes de qualité pour aider à la vie quotidienne. Il fallait des gens discrets, sérieux et vigilants. C’était une grande responsabilité. Je n’ai pas côtoyé personnellement la délégation vietnamienne. Ils venaient nous voir de temps en temps, lors de réceptions. Je me souviens de l’une d’entre elles, ouverte à la population, qu’on avait organisée à la mairie d’Orly. Je n’ai donc pas de souvenir précis des membres de cette délégation, mais le jour de la signature des Accords, c’était une grande joie et un vrai soulagement. C’était un événement majeur et on l’a fêté. Lorsque la délégation vietnamienne est partie, nous avons continué de prendre des nouvelles par le biais de la Ville de Choisyle-Roi. C’est important de célébrer ces Accords aujourd’hui. C’est l’occasion de faire connaître cette période et de ne jamais cesser de réfléchir à ce qui peut encore arriver.


Vie de l’arac LE RÉVEIL

55e Congrès national I Résolution

Pour la transmission de la mémoire historique La transmission de la mémoire historique aux générations nouvelles constitue pour l’ARAC l’un de ses principaux objectifs d’action. Si la mise en lumière des effets et des conséquences des guerres lui paraît absolument nécessaire, c’est la mise en évidence de leurs causes qu’elle estime déterminantes, afin de contribuer à la prise de conscience des citoyennes et des citoyens de la nécessité d’action pour la paix en obtenant leur éradication. La guerre d’Algérie et le 19 mars 1962 Ainsi, après la reconnaissance par le Parlement de la date du 19 mars comme « journée annuelle officielle d’hommage aux morts civils et militaires de la guerre d’Algérie et des combats de Tunisie et Maroc », l’ARAC tient à souligner la nécessité d’obtenir l’abrogation du décret du 23 septembre 2003 qui a fait du 5 décembre la date de commémoration en hommage aux morts d’Afrique du Nord et celle de la loi du 23 février 2005 qui confirme le 5 décembre et valorise « les bienfaits de la colonisation », car celles-ci servent en fait à cacher la cause fondamentale de la guerre d’Algérie qui n’est autre que le résultat des effets du colonialisme imposé par la France à ce pays depuis 1830. Nous souhaitons donc que chacune des parties en cause prenne ses responsabilités devant son propre peuple pour assumer cette mémoire et créer un climat de compréhension mutuelle afin d’aboutir à la signature d’un traité de paix et d’amitié. Devant la richesse des propositions des camarades, l’ARAC se doit d’être à la base d’une initiative d’envergure de préparation d’un colloque, ainsi que des écrits reprenant tous ces témoignages et ces vécus.

Le programme du Conseil National de la Résistance Aujourd’hui devant la situation sociale, économique et politique que connaît notre pays où les résultats du travail

sont dévoyés par quelques-uns, l’ARAC souligne aussi le rôle déterminant du programme du CNR qui permit en 1945 d’inspirer les dispositions publiques auxquelles notre pays a dû son relèvement après la Libération, notamment par le juste retour à l’ensemble de la population des biens qu’elle avait ellemême produits. Elle se félicite du vote pratiquement unanime du Sénat reprenant la proposition des associations de l’UFAC demandant la reconnaissance du 27 mai de chaque année comme date commémorative. En effet celle-ci est la date anniversaire de la réunion en zone occupée, rue du Four à Paris, du CNR le 27 mai 1943, sous la direction de Jean Moulin. Lors de cette réunion fut décidée la mise au point de son programme adopté le 15 mars 1944. Cette journée nationale de la Résistance non fériée, non chômée, serait le symbole d’une nation vivante et de la juste répartition de ses richesses dans la démocratie.

La guerre de 1914-1918

divergent encore sur les origines de cette guerre et pour cause, comme à cette époque les puissances capitalistes et leurs soutiens ne veulent pas reconnaître que leurs ambitions d’hier restent celles d’aujourd’hui, se partager le monde. Hier c’était la colonisation de continents entiers, aujourd’hui c’est la mise au pas de pays ou groupes de pays avec l’aide de dictatures s’il le faut. Enfin l’ARAC confirme sa détermination de poursuivre l’action pour obtenir la réhabilitation des fusillés pour l’exemple. C’est pourquoi L’ARAC sera non seulement participante active des cérémonies officielles commémoratives de la guerre 1914-1918 mais organisera ses propres initiatives.

Commémorer, c’est agir pour la paix L’ARAC tient au respect des commémorations de toutes les guerres et à leur célébration à la date officielle de leurs cessez-le-feu ou de leurs armistices. C’est une nécessité absolue de disposer des moyens de transmettre leurs mémoires historiques et permettre ainsi de donner connaissance aux générations nouvelles non seulement de leurs effets et de leurs conséquences mais surtout de leurs causes, livrant aussi à tous et à chacun les moyens d’agir pour la paix en luttant pour leur éradication Tout cela explique son opposition résolue à la journée unique du souvenir.

Le gouvernement, les collectivités territoriales, les associations du mouvement combattant, de nombreux élus, de nombreux citoyens et citoyennes tiennent à voir commémorer le centième anniversaire de la guerre 19141918 car tous ces constituants de notre vie nationale connaissent les effets et surtout les conséquences encore ressenties et visibles aujourd’hui sur la vie de la nation, de l’Europe, de la planète et dans de nombreuses familles. Chacun sait par contre que les avis LE RÉVEIL - N°792 - avril 2013

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Commémoration du 19 mars

Charente (16) Environ 350 personnes et de nombreux drapeaux étaient rassemblés le 19 mars au Mémorial d’AFN de Gond-Pontouvre près d’Angoulême, où le président Jean-Pierre Colas a lu le message de l’ARAC et a déposé une gerbe en présence de plusieurs personnalités.

ARAC 34

Remise de médaille Harfleur (76) Lors de la cérémonie du 19 mars à Harfleur, l’ARAC était la seule association d’anciens combattants présente. Charly Cramoisan, trésorier, a lu le message de l’ARAC, en présence de Jean-Pierre Lefebvre, Gaby Brault, 1er adjoint, François Guégan, maire et conseiller général, Bernard Jung, porte-drapeau de l’ARAC .

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Serge Levesque, trésorier du Comité ARAC de Balaruc-les-Bains, a reçu la médaille de bronze de l’ORMCM des mains de Joseph Cano, vice président

Bourg-la Reine (92)

Toulon (83)

Belle cérémonie du 19 mars à Bourgla-Reine, avec remise du drapeau de la section de l’ARAC.

A Toulon, l’ARAC a pris ses responsabilités en étant présente avec son drapeau à la cérémonie. En l’absence des

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départemental de l’ARAC, chevalier de la Légion d’honneur. Il est entouré ici de son président Alain Warin (à sa droite) et de son trésorier, François Cirillo.

élus, c’est Marcel Brulefert qui a donné lecture du message du Ministre afin d’officialiser la date du 19 mars.


international LE RÉVEIL

55e Congrès national I Résolution Affaires internationales

La situation mondiale Nous vivons dans un monde où se multiplient les tensions, les conflits. Le capitalisme est en crise, avec ses logiques de compétition et de puissance sur les peuples. Il détourne les formidables potentiels d’économie de travail des technologies informationnelles, pour les asservir à ses objectifs de rentabilité immédiate. Il a choisi la voie d’une nouvelle guerre économique mondiale mettant en concurrence les salariés et les peuples du monde entier. Marchés financiers et multinationales dictent leur loi à la politique. Le G8 et le G20 sont devenus des directoires du monde. Nous sommes arrivés à une troisième étape du partage du monde. Alors que la misère, la faim touchent des milliards d’individus, y compris dans nos pays, qu’un tiers de l’humanité n’a pas accès à l’eau potable, une poignée de pays s’accaparent les richesses de la planète. C’est cette situation qui est en cause de graves risques et conflits. Au lieu de relever ces défis majeurs de notre époque, le capitalisme prédateur joue avec le feu du « choc des civilisations », avec l’instrumentalisation des religions. C’est ainsi que Washington a fait du terrorisme un concept attrapetout, permettant aux États-Unis de justifier leur politique d’intervention. Mais force est de constater que l’Irak, le Pakistan et l’Afghanistan s’enfoncent dans la crise. Et, si le chef d’al-Qaida a été tué, l’organisation a essaimé au Maghreb, au Yémen, au Nigéria et au Mali. Un rapport du FMI annonce le déclin de l’empire économique américain : il pourrait être surclassé par la Chine dans peu d’années. C’est la raison pour laquelle Barack Obama entend s’opposer à cette évolution en utilisant la supériorité militaire et stratégique dans la région Asie-Pacifique en créant un « Partenariat transpacifique » (TTP) c’est-à-dire la plus grande zone de libre

échange pour ralentir le développement de l’économie chinoise en limitant son accès aux ressources naturelles et énergétiques indispensables à sa croissance. Ce « pivotement » stratégique sur l’Asie apparaît comme une donnée majeure des choix de Washington. Ceci explique que, lors de sa récente visite en Israël, Obama n’a affiché aucune ambition nouvelle pour le processus de paix entre Israël et la Palestine. Alors qu’une mission d’experts du Conseil des droits de l’homme de l’ONU demande à Israël de se conformer aux dispositions de la 4e convention de Genève en cessant immédiatement la colonisation, le nouveau gouvernement Netanyahou poursuit son plan d’expansion en annonçant de nouvelles constructions en Cisjordanie. De même, le Président François Hollande, en visite au Maroc, s’est dérobé devant l’exigence de la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Le capitalisme occidental n’est plus le seul acteur stratégique. Partout, dans le monde arabe, dans des contextes de grave crise sociale, on assiste depuis des dizaines d’années à un développement diversifié dans sa nature et sa radicalité de l’islamisme politique. Et il est aujourd’hui soutenu par des politiques d’État. L’offensive la plus arrogante émane des pétro monarchies du Golfe, lancées dans une stratégie de conquête aux aspects politiques, militaires, financiers et religieux ou idéologiques préoccupants. Le continent africain aussi est soumis à la nouvelle compétition géostratégique entre les grandes puissances industrielles en vue de soumettre les peuples à la domination des marchés financiers. En Europe, les traités mis en place depuis 30 ans n’ont pour but que de développer une « concurrence libre et non faussée » (mise en concurrence des pays entre eux sans règle, sans loi), renforcée

par la soumission des finances des États à la « règle d’or ». Ce qui a conduit à une crise financière et économique sans précédent. Mais le pire est à craindre, avec ce qui se trame entre le Conseil européen et le président Obama, à savoir la création d’ici 2015 d’une zone de libreéchange entre les États-Unis et l’Union européenne, signant la fin de l’espoir du « modèle social européen ». Pour l’ARAC, il s’agit de tirer de ces lourdes réalités une exigence politique primordiale. Le droit d’ingérence, les illusions dérisoires sur la situation de crise, la guerre et les logiques de force qui violent l’esprit de la Charte des Nations unies, traduisent les impasses d’aujourd’hui et la volonté de poursuivre les mêmes stratégies quand celles-ci produisent des situations de plus en plus ingérables et ne font qu’approfondir la misère, la pauvreté et les causes des tensions et des conflits armés. Dans le contexte mondial actuel, les valeurs d’amitié, de solidarité, de mémoire, d’anti-fascisme et de paix formulées dans le sigle de l’ARAC, gardent plus que jamais leur pertinence et leur justification. Alors, comme l’ont fait nos aînés, menons avec fierté et courage le combat avec celles et ceux qui ont l’humanité au cœur, contre les causes des guerres, leurs raisons d’être, pour un désarmement universel, un monde de paix et de coopération entre les peuples. Soyons fiers de porter dans ce combat l’universalité des valeurs de la Révolution française partout dans le monde.

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Les congrès départementaux Aisne (02)

Gironde (33)

L’assemblée départementale de la Gironde s’est déroulée en présence de Jacques Goutorbe, délégué national, administrateur de la Mutuelle. Hugues Dominguez, président, dans son allocution de bienvenue a remercié les nombreux participants pour leur fidélité et leur dévouement au service de l’ARAC. Les rapports – moral, d’activité, les droits, la mutuelle et financier - ont été adoptés l’unanimité. Jacques Goutorbe, dans son discours de clôture, a exposé les raisons de l’engagement de l’ARAC et a rappelé combien notre association disposait d’un héritage fort avec des valeurs exceptionnelles que nous ont laissé nos fondateurs. L’assemblée départementale s’est terminée par un repas convivial avec une ambiance fraternelle.

Une quarantaine de camarades ont participé au congrès départemental de l’Aisne, le 2 mars 2013. Xavier Bertrand, député-maire de Saint-Quentin, était présent à l’inauguration de l’exposition sur le 50e anniversaire de la guerre d’Algérie. Le congrès a eu un large échange sur le texte soumis à la discussion. Sur proposition d’Antoine Crestani, c’est JeanNoël Grébert qui est devenu le nouveau président de l’ARAC de l’Aisne. Le Congrès, à l’unanimité, a proposé à Antoine d’être président d’honneur. A l’occasion du congrès, des médailles ont été remises aux camarades et portedrapeaux. A la tribune, notamment Jean-Noël Grébert, président départemental de

l’ARAC 02, Patrick Staat, secrétaire général de l’ARAC nationale, Antoine Crestani, président d’honneur ARAC 02, et Patrice Nowak, secrétaire général de l’ARAC 02.

Charente (16)

Assemblée générale, le jeudi 7 mars 2013 de la Charente. Notre ami Michel Lacroix a souhaité passer la main. C’est notre camarade Jean-Pierre Colas qui a été élu président. Bernard Millet pour la Mutuelle de l’ARAC était présent. Un riche débat sur le texte d’orientation a eu lieu dans le cadre de la préparation du Congrès national. L’Assemblée s’est terminée, comme le veut la tradition, par un repas fraternel.

Val-de-Marne (94)

Pyrénées-Orientales (66) Le samedi 9 mars a eu lieu à Cabestani, au centre culturel Jean-Ferrat, le congrès de l’ARAC des PyrénéesOrientales. Étaient présents à la tribune : Patrick Staat, secrétaire général de l’ARAC, Albert Tronyo, président départemental, Yves Legoue, secrétaire départemental et Robert Delmas, président de la section de Cabestany. Marcel Le Goallec représentant la Mutuelle était également présent. 24 -

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Les 22 et 23 mars, Chevilly-Larue a accueilli le congrès départemental de l’Association républicaine des anciens combattants (Arac) du Val-de-Marne. Ce dernier a donné lieu à l’élection de Jacques Verrier, actuel président de la section chevillaise de l’Arac, au poste de nouveau président départemental à la place de Jacques Goutorbe, qui devient président honoraire. Ont été élus également : Térésa Gorain, secrétaire générale et Michel Derbois, trésorier. Le congrès s’est tenu en présence notamment de Christian Hervy, maire de Chevilly-Larue, Guy Pettenati, l’ancien maire, Ivan Bouchier, le sous-préfet, et

Daniel Guerin, conseiller général délégué aux Anciens Combattants. Il a permis aux délégués des différentes localités de mener une réflexion collégiale sur les actions à mener en faveur de la paix et du désarmement et sur l’importance du travail de mémoire en direction de la jeunesse.


LE RÉVEIL Vie de l’arac

Villars (24)

La section de l’ARAC de Villars (24), lors de son assemblée générale, a procédé à la remise des cartes 2013. La section a enregistré 3 nouvelles adhésions. La section de Villars se distingue parce qu’elle est essentiellement formée d’enfants ou petits-enfants d’anciens combattants ou résistants des deux dernières guerres. Ils perpétuent le souvenir de leurs disparus par leurs actions nombreuses en tant que porteurs de mémoire. L’union départementale s’enorgueillit de ces militants, exemplaires de dévouement, de solidarité et d’amitié.

Manifestation Bordeaux (33) Hauts-de-Seine (92)

L’ARAC a tenu son congrès le 2 mars dernier. Vue de la salle et remise de la médaille de bronze au porte-drapeau départemental Marcel Sureau

Manifestation le 9 avril 2013 devant la préfecture de la Gironde à Bordeaux avec les nouveaux drapeaux de notre association. Sur la photo, de gauche à droite : Alain Ardiley, secrétaire de la section de Pessac, membre du Conseil national, Régis Saphore, membre du Conseil national, Jean Roy, secrétaire adjoint de la section de Pessac, Christian Élie, président de la section de Pessac.

Sarthe (72)

Les assemblées des trois sections du département, où la même présentation du rapport d’orientation à partir du projet du document national a été effectuée, ont réunies une centaine de personnes ! A la suite, quarante délégué(e)s de ces sections ont participé au congrès départemental, sous la présidence d’une jeune femme, en présence de

plusieurs élu(e)s et de représentants d’associations. Le document préparatoire a été adopté après discussion, notamment sur les droits et la mémoire, élément essentiel de notre association, mais surtout sur l’avenir de l’ARAC. Nos méthodes de travail, l’apport des femmes, des jeunes, d’après une majorité de présents ne sont pas suffisamment réfléchis. Michel Hornyak

Brest (29) Pierre Semard Le 7 mars 2013, dans le hall de la gare de Brest, la commémoration annuelle de l’assassinat de Pierre Semard. LE RÉVEIL - N°792 - avril 2013

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LE RÉVEIL Vos droits

55e Congrès national I Défense des droits

Déclaration solennelle La loi du 31 mars 1919 a reconnu un droit à réparation imprescriptible au bénéfice des anciens combattants et victimes de guerre. Ce droit est toujours d’actualité.

Depuis mai 2012, le nouveau Président de la République dispose de la majorité absolue PS-EELV à l’Assemblée nationale et d’une majorité de gauche au Sénat. Aussi les anciens combattants et victimes de guerre étaient-ils en droit d’espérer que le changement allait s’exprimer dès maintenant, notamment pour la satisfaction de leurs droits légitimes à réparation résultant de la dette que la Nation a contractée envers eux. Leur déception a donc été grande en constatant que le budget 2013 des ACVG était non seulement à nouveau en baisse, que ses crédits étaient même insuffisants pour assurer en 2013 l’ADSCS à toutes les conjointes la percevant en 2012, que des injustices flagrantes étaient maintenues à l’encontre de l’indemnisation des orphelins et du bénéfice de la campagne double pour les AC en Afrique du Nord concernés, etc. Certes des promesses ont été faites au cours du débat parlementaire à l’Assemblée nationale, celui du Sénat n’ayant pas eu lieu. Promesses de commissions d’étude (ce qui n’engage à rien), de la carte du combattant en 2014 pour les anciens combattants en Algérie totalisant un séjour d’au moins 120 jours d’une présence commencée avant le 2 juillet 1962. Comment y croire lorsque déjà, en 2012, est faite l’annonce officielle d’une baisse de crédits de 3 % en 2014 et de près de 4 % en 2015 ? Face à une telle situation, que la majorité nouvelle continue de justifier par la « crise », comme la majorité précédente, 26 -

LE RÉVEIL - N°792 - avril 2013

les anciens combattants et victimes de guerre réaffirment qu’ils ne sont aucunement responsables de cette crise et ils disent aujourd’hui, comme ils le disaient hier, que le gouvernement doit chercher les ressources auprès de ceux qui ont généré cette situation, se sont enrichis en spéculant sur elle et continuent de le faire au détriment de l’emploi. Car la crise n’a pas touché de la même façon les sociétés en Bourse du CAC 40, les banques, les compagnies d’assurances dont les profits sont de plus en plus florissants, dont les PDG et les administrateurs perçoivent des salaires ou des retraites de l’ordre de 250 000 à 800 000 euros par mois… alors que la veuve de guerre dont le mari est tombé au combat pour la France, ne reçoit que 597 euros par mois ! De plus, face à l’effondrement critique des économies nationales dans certains pays d’Europe dont les peuples sont sévèrement frappés dans leur vie quotidienne, les ACVG ne peuvent rester passifs quant aux mesures actuelles portant atteinte à la souveraineté nationale tout en renforçant l’austérité, le chômage, dont sont déjà victimes, jeunes et moins jeunes, actifs et retraités dans tous les domaines de la société. Certes, l’ARAC est consciente que les droits à réparation des ACVG, leur exercice et leur amélioration sont étroitement liés à la satisfaction des revendications posées aujourd’hui avec force par l’ensemble de la population française dans tous les secteurs de la société : emplois, santé, logement, éducation, loisirs, retraite, etc. Mais elle souligne avec force que les ACVG sont doublement touchés sinon plus, non seulement en tant qu’ACVG avec la non-satisfaction de leurs droits légitimes, mais aussi en

tant que citoyens et que retraités à la fois par la hausse des prix, la baisse de leur pouvoir d’achat, le blocage des retraites, la hausse de la CSG de 0,30 %... Aussi rappelle-t-elle que les ACVG de la Seconde Guerre mondiale, par leurs combats patriotiques, ont libéré notre pays et, avec le Conseil national de la Résistance en 1943 et son programme en 1944, ont redressé une France pourtant exsangue dans une Europe en ruine. C’est pourquoi, avec nos pères dont nous avons hérité des valeurs républicaines, nous refusons aujourd’hui que soient piétinés tous les acquis sociaux de la libération. Face à une telle situation l’ARAC affirme qu’elle n’acceptera pas plus aujourd’hui ce qu’elle condamnait hier. Plus spécifiquement elle dénonce la baisse prévue du budget en 2014 et réclame le maintien des crédits, au niveau de 2013, pour permettre d’apporter des solutions à divers points du contentieux, notamment : - la carte du combattant aux anciens combattants en Algérie pour 120 jours de présence à cheval sur le 2 juillet 1962, de même qu’aux rapatriés sanitaires, - un relèvement substantiel de la valeur du point d’indice lequel, aujourd’hui, entraîne 44,6 % de retard du montant des pensions PMI, de la retraite du combattant, et du plafond majorable des rentes mutualistes AC, - que soit réancré le système de rapport constant sur l’évolution de l’indice médian de la catégorie C de la Fonction publique, assurant ainsi la parité avec un corps de référence dans la grille de la fonction publique, - fait siennes les résolutions adoptées par les assises de l’UFAC nationale des 3 et 4 octobre 2012, notamment



LE RÉVEIL Vos droits

en matière de relèvement des pensions des veuves des grands invalides, des veuves de guerre, des orphelins de guerre et des ascendants, - que soit porté à 964 euros (seuil de pauvreté) le plafond des ressources pour l’aide différentielle aux conjoints survivants, et que le montant du loyer soit déduit des ressources des intéressés, - qu’un système analogue soit mis en place pour les anciens combattants les plus démunis, - que le bénéfice de la campagne double soit attribué aux ex-militaires concernés ayant servi en Algérie, Tunisie et Maroc de 1952 à 1962, - que soient reprises les conclusions du groupe de travail de la commission Audoin afin d’aller vers plus de justice dans l’indemnisation des orphelins de guerre, - que soit abrogé la loi Morin qui ne permet pas un droit réel aux soins et à réparation au service des anciens militaires et personnels civils victimes d’irradiations et (ou) de contamination lors d’essais nucléaires français et de travail auprès d’équipements nucléaires tant en Algérie qu’en Polynésie et sur les sites français, - réclame l’adoption d’une nouvelle loi concernant toutes les victimes, y compris les populations civiles, respectant à la fois les principes de la République et l’article 6 de la convention européenne des droits de l’homme stipulant que tout plaignant a droit aux moyens de sa défense, - proteste avec vigueur contre la non prise en compte des affections résultant tant de ces irradiations que de l’amiante, de certaines médications préventives et d’armes nouvelles (telles celles utilisées pendant les guerres du Tchad, du Golfe persique et en exYougoslavie) et juge indispensable que le Parlement vote une nouvelle loi établissant pour ces victimes le principe de la présomption d’origine sans condition de délai, - que soit menée une véritable politique de réparation envers les OPEX, incluant en fin de contrat le droit au 28 -

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logement et à la réinsertion professionnelle, le droit au soin tant se multiplient les cas de psychotraumatismes de guerre au retour de campagnes, dont l’ampleur et le côté dramatique (allant jusqu’au suicide) sont désormais soulignés fortement par la presse et les documentaires TV. Le Congrès national demande donc l’accompagnement enfin systématique (après tant de retard incompréhensible), de toutes les unités d’intervention française en Afghanistan, au Mali ou sur les divers sites extérieurs où est engagée l’armée française : - d ’antennes de soins psychothérapiques dont il faut rappeler que dès 1944 en Normandie les USA les mirent sur pied, puis les développèrent considérablement pour les vétérans du Vietnam, comme l’ARAC l’a souligné dans ses deux colloques de Marseille (1995 et 2006) consacrés aux psychotraumatismes de guerre et aux oubliés des conflits modernes, - le rattrapage par étapes portant le plafond majorable de la rente mutualiste AC à l’indice 130. Dans ce contexte, l’ARAC, rappelant que trois conditions sont indispensables à la reconnaissance de la Nation envers les ACVG, à savoir un interlocuteur ministériel spécifique, un budget autonome des ACVG, le respect du droit à réparation défini par la loi et le maintien des services chargés de le mettre en œuvre, l’ONAC et l’INI : - réclame l’abrogation de la RGPP dont les effets dévastateurs ont supprimé des personnels, fait disparaître des institutions au service des ACVG et mis sous la coupe des militaires, l’exercice du droit à pension qui relevait, dans la loi du 31 mars 1919, du ministère des Pensions, - dénonce la manœuvre dangereuse d’une « refonte » du code PMI, entamée par le précédent gouvernement et prolongée par le nouveau, - craint que le qualificatif « refonte » utilisé permette de couvrir insidieusement une remise en cause de certains des fondements de la loi du 31 mars 1919 ; l’imprescriptibilité du droit à

réparation doit être maintenue dans son ensemble, - exige la participation de représentants du monde combattant et de parlementaires au sein de la commission supérieure de codification (CSC). - exige que les modifications apportées au code des PMIVG soient adoptées, comme ce fut le cas pour la charte du combattant en 1919, par une loi votée par le Parlement et non par des ordonnances et une loi d’habilitation décrétées par le seul gouvernement, - réaffirme son attachement à l’ONAC et à ses services départementaux, dont elle salue le travail et l’engagement des personnels au service des ACVG, qui en sous-effectifs connaissent des conditions difficiles inacceptables contre lesquelles s’élève le congrès national, - réaffirme également son attachement aux écoles de réinsertion professionnelle, salue les résultats brillants de leurs stagiaires et soutient l’action de leurs personnels qui refusent le départ des ERP de l’ONAC et réclament le rebasage des crédits alloués par les agences régionales de santé. En cette année 2013, riche de tant de hauts faits de mémoire historique, l’ARAC rappelle que les mois à venir seront l’occasion, pour les ACVG, de signifier leur volonté que tout soit réellement mis en œuvre pour revenir à l’esprit qui a présidé à l’élaboration et à la mise en œuvre du programme du Conseil national de la Résistance, afin que soient rendus à la France sa place et à son peuple, dont les ACVG, le droit de vivre dans la dignité, en maîtrisant leur sort en toute indépendance. Par conséquent elle attend des parlementaires, et plus particulièrement des députés et sénateurs de la nouvelle majorité, qu’ils obligent le gouvernement à prendre en compte la dette de la Nation envers les anciens combattants et les victimes de toutes les guerres et que cette reconnaissance se traduise réellement et concrètement en 2013 et dans les budgets 2014 et 2015.


Vie de l’arac LE RÉVEIL

Contre l’austérité qui enchaîne les peuples Notre 55e Congrès en lien avec les débats d’orientation a pris plusieurs décisions et axes d’actions : 1 / Tout d’abord a été décidé pour don-

ner à l’ARAC les moyens de se développer et d’aller allègrement vers son 100e anniversaire, de poursuivre la souscription jusqu’à la fin de l’année 2013. C’est la raison pour laquelle vous avez en annexe le point au congrès de la souscription. Réussir cette souscription est le moyen de donner à l’ARAC les finances pour se développer, élargir son champ d’activités et d’occuper le terrain de la mémoire, des droits des ACVG et OPEX, de la défense des valeurs républicaines et de la paix. Dans ces moments difficiles de tension que traversent la France mais également nombre de pays de la planète, nous avons besoin d’une ARAC engagée sur l’ensemble des fronts qui forment son socle et sa raison d’être. 2 / Nous appelons toutes les sections locales, tous les départements à enga-

ger une grande campagne de renforcement de l’ARAC dans toutes nos initiatives (signatures pétitions, débats conférences, manifestations et tous lieux publics) pour répondre aux enjeux que nous avons cernés au 55e Congrès. Cette campagne est tournée vers toutes les catégories de la population, toutes générations confondues, hommes, femmes, jeunes, retraités, ACVG et OPEX, salariés, etc. tous ceux qui aujourd’hui, au regard de la situation sont inquiets, veulent se mobiliser et avec nous exigent la défense des droits, des valeurs républicaines, de la souveraineté nationale, d’une réelle politique nouvelle pour la France.

Français et dire fermement que nous sommes contre l’austérité qui enchaine les peuples. Ces cartes pétitions sont à glisser directement dans les boites aux lettres de la poste, elles arriveront au Président de la République directement à l’Elysée. Soyons audacieux, plus nous prendrons d’initiatives avec la carte pétition, plus nous nous mobiliserons pour exiger une autre politique conforme aux intérêts des Françaises et Français, plus nous pèserons. 4 / Soyons présents avec nos calicots,

nos drapeaux à toutes manifestations, à toutes actions pour défendre les salariés, les droits, contre les fermetures d’usines, soutenir leurs luttes, etc. Oui l’ARAC a une place, un rôle à jouer dans les enjeux d’aujourd’hui.

3 / Dans ce sens, avec la carte pétition ci-

jointe et que vous pouvez reproduire ou commander au siège de l’ARAC, nous voulons engager une grande campagne publique auprès des Françaises et des LE RÉVEIL - N°792 - avril 2013

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dossier LE RÉVEIL magazine

De Brest à Buchenwald Dernier convoi pour Buchenwald

Roger Martin - Éd. Le Cherche Midi - 430 pages - 19 euros Pour être franc, c’est toujours avec appréhension que j’ouvre les romans dont l’action se déroule à l’intérieur des camps nazis. Très peu de fictions parviennent en effet à exister face à la force tellurique du témoignage des rescapés, certaines même sombrent irrémédiablement dans une sorte de voyeurisme qui dessert et le propos et l’Histoire. Avec Dernier convoi pour Buchenwald, Roger Martin évite tous les pièges du dolorisme, de l’apitoiement, du catalogue des misères et des souffrances, parvenant à croiser une documentation sans faille à un scénario tout droit issu du meilleur roman noir. Le texte est composé de deux parties enchevêtrées. Tout d’abord le récit de sa vie que dévoile un jeune militant trotskiste, un instituteur brestois du nom de Robert Danglars. Et ensuite son périple, après la chute de son réseau, depuis le camp de Compiègne jusqu’à celui de Buchenwald où, en échange de la vie de sa mère, de celle de sa sœur, il doit exécuter un dirigeant communiste responsable de la résistance des détenus aux nazis. Beaucoup de lecteurs découvriront, par le truchement du regard de Robert Danglars, les tiraillements d’une action de résistance communiste de sensibilité trotskiste, ses générosités et ses impasses quand, sous l’uniforme de la Wehr-

macht , on voit davantage l’ouvrier allemand enrôlé que le rouage humain d’un projet global d’asservissement. La reconstitution du voyage infernal en wagons à bestiaux, vers la Thüringe, est saisissante, avec son catalogue de lâchetés, de bassesse et aussi l’apprentissage des solidarités nécessaires quand il se fait jour que seule l’action collective permettra l’espoir d’un salut. Les pages que l’auteur consacre à la survie dans le camp Buchenwald sont vues par cet homme, Danglars, dont la mission secrète se heurte à l’humaine grandeur de ceux qu’il est chargé de liquider. La vie des siens d’un côté, la vie de ceux qui peu à peu deviennent les siens de l’autre… Impossible de se déchirer à ce point. Un regret tout de même : une étoile brille dans cette nuit de l’Histoire. Une jeune femme prénommée Delphine, une militante du réseau dont Danglars deviendra amoureux. Le lecteur est tellement sensible à sa

présence qu’il ne peut que regretter le sort qui lui est réservé. Didier Daeninckx

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