Le réveil des combattants - juillet/août 2018

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LES ENTREPRISES FRANÇAISES BATTENT LE RECORD DE DISTRIBUTION DE DIVIDENDES

ROGER TIRAND 1891-1949 UN HOMME D'ENGAGEMENT

LA POLITIQUE DE LA TROÏKA EN GRÈCE

Juilet-août 2018 - N° 846 - 5 €

AVEC L'ARAC, assurons le succès des marches pour la paix du 22 septembre 2018 en France Pour un monde de solidarité, de justice, de liberté, d'égalité, de fraternité, de paix


LE RÉVEIL ACTUALITÉS

La paix, un combat de chaque jour L’action pour la paix est un engagement permanent. Partout, sur les marchés, dans les lieux publics, dans les rassemblements, les réunions, les initiatives de l’ARAC. Partout, faisons signer la carte pétition adressée au Président de la République intitulée « Faisons la paix ensemble » et à mettre à la poste.

Vous pouvez vous procurer des cartes pétition à l’ARAC : 2 place du Méridien 94800 VILLEJUIF auprès de Teresa – 01 42 11 11 11

Gérard Vallée nous emmène au bord de la Rouge Mare du Haut-Plessis, en Basse-Normandie, près de Bretoncelles C’est l’histoire vécue d’un enfant de huit ans en 1944… Comme il n’y a pas la télé, ni radio… Le grand-père, le soir à la veillée, raconte son enfance, la guerre de 19141918, et l’épopée de l’oncle Casimir pendant la Commune de Paris en 1871. Le récit s’enchaîne au travers des générations, replongeant le lecteur sur l’Histoire et, alternativement, sur les anecdotes vécues par la famille. Les illustrations sont remarquables : en particulier les dessins de Steinlen (dit Petit Pierre) recueillis dans le Chambard : journal de 1893. Les chansons d’accompagnement sont de circonstance. « La tentative était audacieuse. Elle me semble réussie. Evoquer d’un même élan : la Commune de Paris, 14-18, et la France au printemps 44 ; l’amalgame se fait, la mayonnaise prend, on passe d’une époque à l’autre sans le moindre problème. Je crois que la réussite vient que le point de vue que tu adoptes est toujours le même : celui des humbles, des exploités, de la chair à canon celui des hommes qui se refusent à subir le joug séculaire. Ton livre est une ode à la gloire de la révolte et de l’insoumission, un monument érigé en mémoire de tous les rebelles… Les illustrations sont superbes et édifiantes… » Gilles PERRAULT

Livre à commander à l’ARAC auprès de Teresa : 01 42 11 11 11 au prix de 15 € l’exemplaire + 4 € de frais d’envoi.

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ÉDITO LE RÉVEIL IL NE SUFFIT PAS DE VOULOIR LA PAIX, IL FAUT LUTTER POUR LA PAIX

SOMMAIRE Actualités Chômage, déficit, pouvoir d'achat ................................................................ 4 Distribution de dividendes.............................................................................. 5 Après le 21 avril et les états généraux .......................................................... 6 Comment Emmanuel Macron apparauvrit l'Etat ........................................... 7

International L'inquiétude grandit en Allemagne ......................................................... 8 Le Portugal connaît un vrai miracle économique .................................... 9 Syrie. Daech renaît de ses cendres, et ce n'est pas un hasard ............. 10

Histoire Arsène Tchakarian, un homme courageux, un homme engagé, un combattant ...................................................................................... 21

Vos Droits Derrière les mots, une politique qui continue à être au service des très riches....................................................................................... 23 Refonte du code des PMI à droit constant ? Maintien des droits acquis ? .................................................................. 25

Vie de l’ARAC Vie des Comités................................................................................ 27-30 Paris commémore la bataille de Stalingrad pour ne pas oublier........... 31 La vie de l’ARAC ............................................................................... 26-30 Henri Barbusse, écrivain combattant mis en lumière par Michel Boissard ............................................................................... 31

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Roger TIRAND - 1891-1949 Un homme d'engagement www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0723-A06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires

• Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, Laurence Gorain • Régie Publiciatire : HSP - Tél. 01 55 69 31 00 contact@hsp-publicité.fr • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24, rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

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es conflits persistent en Europe. La volonté de masser des troupes américaines et de l’OTAN sur les frontières russes relance les tensions et les risques de guerre. Les forces occidentales, après avoir financé les djihadistes, déstabilisé les pays, décident à la place des peuples et menacent d’intervenir militairement. En Afrique, les anciennes puissances coloniales veulent préserver et même agrandir leur pouvoir économique dans nombre de pays. Les causes des guerres restent les mêmes, c’est le partage du monde entre puissances capitalistes. Voilà pourquoi, l’ARAC milite pour la reconnaissance de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et du tournant de 1945 à l’origine de la charte des Nations Unies. L’ARAC, comme en 1917, fait du cri des soldats « guerre à la guerre » l’axe essentiel de son action. S’opposer à tout acte de guerre, c’est construire l’humanité de demain. Nous militons pour un désarmement nucléaire universel, pour l’abolition des armes chimiques et bactériologiques. Nous refusons que l’OTAN installe en Europe un bouclier antimissile et exigeons sa dissolution. Nous réaffirmons qu’il faut respecter la souveraineté des peuples. Soumettre les peuples, c’est semer la pauvreté, le chômage, le malheur, ce qui entraîne des flux de réfugiés de ces pays martyrisés par la guerre. Œuvrer pour la paix, c’est construire d’autres relations entre les peuples. L’actualité le prouve, nous devons rester vigilants car l’extrême droite et le fascisme progressent en Europe. C’est remettre en cause les traités européens qui réduisent inexorablement la souveraineté des nations au seul profit de la finance. Chacun mesure au quotidien cette politique. L’Europe n’a de sens que si sa construction est la volonté de Nations souveraines, répondant aux besoins et aux attentes de leurs peuples. Cette démarche serait une garantie de sécurité et un gage de démocratie. Ceux qui utilisent la détresse sociale et morale pour faire taire l’aspiration à plus de justice, à plus de démocratie n’ouvrent jamais de véritable alternative politique. Aujourd’hui plus que jamais, défendre nos valeurs, celles de la République, celles de 1789, de la Commune, celles du mouvement social, celles qui ont conduit à la Résistance et au programme du CNR, celles des combats anticolonialistes nécessite que chacune et chacun s’engagent, tirent les leçons de l’histoire. Tout nous appelle à poursuivre, à prendre toutes les initiatives pour gagner le combat pour la paix. Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018

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Chômage, déficit, pouvoir d’achat : pas d’effet Macron Le deuxième été élyséen est toujours un cap de tempêtes car il sonne l’heure du premier bilan et la fin des espérances jaillies de la victoire. Bref, c’est le temps du retour au réel. Le réel est, d’ailleurs, la matière première du défi macronien. Le chef de l’Etat a fait de l’efficacité son credo. Il a déclaré urbi et orbi qu’il était là pour obtenir des résultats et non pas pour bercer les Français de vaines promesses et leur raconter, comme tous ses prédécesseurs, des calembredaines. Cette ambition définissait le nouveau monde qui allait naître. Certes, à juste titre, le chef de l’Etat a demandé du temps et n’a pas garanti de résultats probants avant 18 à 24 mois de présidence. Nous n’y sommes pas encore mais nous nous en rapprochons et la réalité n’est pas du tout celle prévue. C’est elle qui explique le discrédit qui affecte de plus en plus le Président et que l’affaire Benalla, symptôme d’une inquiétante dérive monarchique et d’une déconnection complète avec l’opinion, ne peut qu’aggraver. D’autant que, comme tous les séismes, de sérieuses répliques - parlementaires, médiatiques ou judiciaires - peuvent encore survenir à la rentrée. Si, comme on le dit autour de lui, le Président pense que l’affaire Benalla est derrière

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lui, il se trompe, victime à son tour de cette malédiction de l’Elysée qui isole son hôte. Jupiter seul dans son Olympe. D’une certaine manière, dans les médias, cette affaire occulte d’ailleurs le premier bilan d’Emmanuel Macron et la vérité des chiffres. Or, dans leur froideur, ils sont préoccupants, presque meurtriers. Sur le grand tableau de bord de l’économie française, en fait, rien n’est au vert. Tout est à l’orange pour ne pas dire dans le rouge en dépit des déclarations militantes des soldats d’En Marche sur le redémarrage du pays. Une chose est certaine : ce rebond n’est pas dans les statistiques et de moins en moins dans les têtes. Commençons par le mal français endémique : le chômage de masse. Au terme du premier semestre 2018, le constat de pôle emploi demeure obstinément mauvais (9,1 % de la population active sans emploi) et celui de l’INSEE, établi selon les critères du Bureau international du travail, n’est pas plus encourageant (9,2 % de chômage au terme du premier trimestre 2018). Notre industrie est toujours à la traîne, avec un déficit de compétitivité qui éclaire sa médiocre performance depuis un an : à la fin du mois de mai, notre production manufacturière n’avait progressé que de 1,4 % sur les douze mois précédents quand celle de l’ensemble des pays de la zone euro bondissait de 2,4 % sur la même période. Ces données éclairent cette autre maladie chronique : un déficit du commerce extérieur structurel depuis l’année 2004. Pas de miracle macronien dans ce domaine non plus ! Au premier semestre, le trou a atteint 33,5 milliards d’euros. Aucune inversion de tendance à l’horizon. Edouard Philippe, le Premier ministre, avait déclaré en début

d’année que ce déficit-là n’était « pas inéluctable ». Le rêve est envolé et tourne même au cauchemar car le taux de recouvrement de nos importations par nos exportations depuis six mois est parmi les plus faibles depuis bientôt 50 ans : 87,8 % ! L’avenir du made in France risque même de fort s’assombrir dans les prochains mois avec la hausse des produits énergétiques, une progression de nos importations de 6 % en rythme annuel, une désindustrialisation qui se poursuit inéluctablement contrairement à la tendance globale dans la zone euro ! Dans ce premier bilan, en dehors de la rafale de lois et de réformes dont nul ne sait encore quel en sera l’impact, rien ne peut déclencher un mouvement d’optimisme chez les Français. Car la croissance n’est pas non plus au rendez-vous annoncé. Le gouvernement y croyait tant qu’il la voyait supérieure à 2 % en 2018. Le voici contraint de battre en retraite et de réviser ses calculs à la baisse : 1,8 % voire 1,7 %, suggère Bruno Le Maire, qui pourrait bien devenir avec son compère Gérald Darmanin, ministre des mécomptes. Comment réduire la dépense publique alors que la croissance fait défaut et que les impôts et les prélèvements obligatoires français battent tous les records européens selon les calculs de l’OCDE ? La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump obscurcit en outre les perspectives et le Fond monétaire international revoit lui aussi


ACTUALITÉS LE RÉVEIL à la baisse ses prévisions de croissance 2018 pour l’Europe. Bref, l’avenir n’est pas rassurant. Les Français, le savent bien, qui ont vu leur pouvoir d’achat reculer de 0,6 % au premier trimestre 2018. Cause principale : la hausse des impôts et des taxes décidée par le pouvoir à l’automne 2017 en établissant le budget de l’Etat pour cette année ! Dans ces conditions, retrouver une popularité correcte n’est pas gagné d’avance. Certes, le pouvoir parie sur un rebond avec la suppression de la taxe d’habitation en fin d’année pour nombre de contribuables. Peutêtre voit-il la baisse de 2,9 % du coût de la rentrée scolaire comme un rayon de soleil dans l’eau froide mais elle

tient surtout à un changement du mode de consommation des familles qui privilégient désormais les produits à bas prix plutôt que les marques. Et pour cause, puisque leur pouvoir d’achat a diminué et que le futur est indécis. Sans oublier l’inflation qui redémarre et a égalé fin juillet un record vieux de 25 ans : à l’exception des 2,8 % de 2008 en pleine crise financière, il faut remonter à 1992 pour retrouver une inflation de 2,3 % sur un an. Diminution du pouvoir d’achat et retour de l’inflation, un étau que les Français n’ont pas connu depuis fort longtemps. Le pire n’est jamais sûr mais l’instauration du prélèvement à la source en janvier prochain risque de provoquer

une nouvelle onde de choc dont le pouvoir semble enfin s’inquiéter. Le pouvoir devrait donc renoncer à donner des leçons à la terre entière et cesser de chanter « tout va très bien madame la marquise ». L’arrogance n’est jamais bonne conseillère. Un peu de modestie s’impose dans la difficulté. Si le pouvoir disait lui-même la vérité sur ses 16 premiers mois, il créerait une nouveauté dans le monde politique. On s’en gardait bien dans l’ancien monde. En vérité, on agit de même dans le nouveau qui, au fil des mois, lui ressemble de plus en plus. Et, à en croire les sondages, les Français s’en rendent de plus en plus compte. Source : CHALLENGES – 20/08/2018

Les entreprises françaises viennent de battre leur record et le record du monde… de distribution de dividendes tingue avec un total de 176,5 milliards de dollars de dividendes distribués. Soit une augmentation de 18,7 % par rapport au deuxième trimestre 2017. Elle est ainsi le continent le plus généreux auprès des actionnaires. Dans le détail, on remarque le fort apport de la France dans l’augmentation de ces données. A lui seul, le pays a distribué 50,9 milliards de dollars de ses bénéfices à ses investisseurs, enregistrant là une hausse de 23,5 %. Alors que le pouvoir d’achat, les salaires, les retraites baissent. Pas de crise pour les dividendes. Une étude du gestionnaire d’actifs Janus Henderson rapporte que les dividendes versés par les entreprises aux actionnaires au deuxième trimestre 2018 ont augmenté, de par le monde, de 12,9 % en un an pour atteindre 497,4 milliards de dollars distribués. Une augmentation qui touche 12 pays, dont particulièrement la France et les États-Unis. L’Europe (hors Royaume-Uni) se dis-

C’est une entreprise historique de l’industrie agroalimentaire, le suisse Nestlé, qui trône au premier rang des entreprises qui reversent le plus de dividendes à ses actionnaires. Le constructeur automobile allemand Daimler et le conglomérat coréen Samsung complètent le podium. Deux entreprises françaises suivent ensuite, le laboratoire pharmaceutique Sanofi et la banque BNP Paribas. L’entreprise pétrolière et gazière Total prend la dixième place. Un top 10 qui représente 9 % du total des dividendes mondiaux.

Même si la période est marquée par une guerre commerciale menée par les États-Unis, Janus Henderson se dit « optimiste quant à la poursuite de la croissance globale des bénéfices des sociétés » pour les années à venir même si « à plus long terme, l’impact sur le commerce international de l’intensification de la guerre commerciale avec les États-Unis pourrait avoir une incidence négative sur la rentabilité des sociétés, bien que son ampleur soit largement incertaine à l’heure actuelle. » Source : Magazine Marianne – 21/08/2018

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Après le 21 avril et les états généraux : dans différents départements, des initiatives similaires vont avoir lieu Ainsi contact est pris avec des maires, des associations pour organiser des initiatives locales, ou départementales visant pour l’ARAC à continuer à mobiliser pour la paix. En Loire-Atlantique (44) cette question est à l’ordre du jour du prochain comité départemental. Dans le Lot-et-Garonne (47), en préparation avec initiatives d’états généraux pour la paix le 15 novembre à Clairac en lien avec la municipalité. En Dordogne (24), au lendemain des états généraux pour la paix, un débat a suivi une cérémonie, sur le thème indépendance, souveraineté pour le pays comme les communes, 5 adhésions ont été réalisées. En Haute-Garonne (31), après une rencontre fin juin pour examiner l’organisation des états généraux sur le département coorganisé par l’ARAC, la librairie de la Renaissance, des élus et des associations. D’ores et déjà, les états généraux pour la paix à Toulouse seront « 6 heures pour la paix » avec spectacle, animations, débats, dédicaces, exposition, la date est fixée : 1er décembre à la librairie de la Renaissance. En Gironde (33), lors d’un premier débat sur la Syrie, le 7 juillet, 100 participants, 2 adhésions. Le 15 août à Lamotge-Montravel, fête populaire, stand de l’ARAC, débat,

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environ 600 personnes, Madame la maire de Pujol sur Dordogne a remis une contribution financière conséquente pour l’activité de l’ARAC. En novembre avec la mairie du Bouscat, expo, débat à la médiathèque. 19 septembre pour la préparation des états généraux pour la paix sur le département, réunion avec les associations, les partis politiques, les syndicats, les élus. 10 novembre à Mérignac, maison des Associations, états généraux pour la paix sur la ville, expos, vidéos, débats autour des fusillés pour l’exemple. Débats autour du 100e anniversaire de l’ARAC, de son expo et des causes et conséquences de la guerre. En Ille et Vilaine (35) Tout l’été campagne de signatures de la carte des états généraux. En plus de celles envoyées par les adhérents, 120 cartes ont été signées et mises dans les boîtes aux lettres des quartiers. L’ARAC sera organisatrice et présente le 22 septembre à la Marche pour la Paix « Tout Rennes cultive la Paix ». Dans la suite des états généraux de Paris, conférence-débat, espace OuestFrance avec Bruno Drweski, le 8 octobre (rue du Pré Botté à Rennes) sur le thème « le 11 novembre 1918 : fin, poursuites et prolongements de la guerre ». Bretagne et Pays de Loire Participation au rassemblement pacifiste de l’Ile Longue (Finistère) le 14 octobre. Seine-St-Denis (93) Le 6 octobre à Tremblay-en-France avec le maire François Asensi, l’ARAC

organiser les états généraux du 93 de la Paix : « Faisons la paix ensemble » - Maison des Associations – Place Rol Tanguy avec des élus du département, les villes membres de l’Association villes pour la Paix, le Mouvement de la Paix, IDRP, Associations des Juristes pour la Paix et toutes les associations sollicitées et qui souhaitent être coorganisateurs. • 2018, centième anniversaire de la fin de la terrible guerre, qui a ravagé une grande partie du monde, l’ARAC 93 a pensé indispensable de saisir cette occasion pour poursuivre le débat citoyen(*) ouvert en avril dernier à Paris dans les Etats Généraux de la Paix à la Bourse du Travail. Il est temps de se lever ensemble pour nous engager dans la construction de la Paix mondiale dont dépend l’avenir de la planète. C’est la responsabilité de notre génération de préserver celles de demain.


ACTUALITÉ LE RÉVEIL

Comment Emmanuel Macron appauvrit l’Etat Le 2 août dernier, le ministère des Comptes publics a publié la situation du budget de l’Etat à fin juin 2018, autrement dit à la moitié de l’année. Six mois, cela commence à donner une bonne vision de ce que sera l’ensemble de l’année : l’Etat a déjà reçu en particulier plus de la moitié des recettes fiscales qu’il a prévu d’engranger sur 2018. Or ce bilan fait apparaître une situation inquiétante. Selon le ministère des Comptes publics, les recettes fiscales de l’Etat ont reculé de 2,4 % par rapport au premier semestre 2017 à périmètre constant. Compte tenu d’une inflation qui se situe à 2,1 % sur un an en juin dernier, cela signifie en réalité une baisse en volume de 4,5 %. Considérable : cela creuse un trou de 14 milliards d’euros sur l’année, 0,6 point de produit intérieur brut (PIB). Mais le plus inquiétant c’est la façon

dont le gouvernement a engendré ce trou dans les rentrées fiscales. Les recettes des taxes qui pèsent sur les gens ordinaires - la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TICPE), la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ou encore l’impôt sur le revenu augmentent en volume en 2018 par rapport à la même période de 2017. Les recettes fiscales qui font chuter l’ensemble ne sont concentrées que sur l’impôt sur les sociétés d’une part, et les autres impôts d’autre part. Ceux-ci regroupent surtout les différentes formes d’imposition du capital : impôt de solidarité sur la fortune (ISF) devenu impôt sur la fortune immobilière (IFI), droits de successions, impôt forfaitaire sur les revenus du capital… Or ce dernier poste chute à lui seul de 39 % en volume par rapport à 2017, l’équivalent de 10,5 milliards d’euros sur l’année.

Autrement dit, bien que les gens ordinaires continuent à acquitter de plus en plus d’impôts, l’Etat va être obligé de réduire significativement les services qu’il leur rend à cause de l’ampleur considérable des cadeaux fiscaux consentis aux entreprises et aux très riches… Source : alternatives 17/08/2018

économiques

Des drapeaux Drapeaux rouges logo et texte 70x100 – 20 €

Drapeaux rouges avec logo ARAC 50x70 – 10 € Pour les l défi défilé lés, manifestations, if t ti pour les initiatives et marquer visuellement le rôle, la place et la présence de l’ARAC. Sans hésitation, procurez-vous auprès de l’ARAC, le drapeau de notre organisation. A commander au siège de l’ARAC – 2 Place du Méridien – 94800 VILLEJUIF Teresa : 01.42.11.11.11. ou par mail : reveil-des-combattants@wanadoo.fr – arac.nationale@orange.fr

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Nous devons rester vigilants De tout temps, les crises économiques, les atteintes aux libertés et aux droits, la misère, les choix de servir toujours plus les riches au détriment du plus grand nombre notamment les salariés et les retraités, font le lit de l’extrême droite. Les pays occidentaux portent une grande responsabilité sur la migration de milliers de réfugiés dans nos pays. Les migrants qui se trouvent à nos portes le font souvent au péril de leurs vies. Ils s’installent de plus en plus de façon clandestine ce qui les pousse dans des situations de détresse, de fragilité, d’exploitation. Nous devons nous attaquer aux causes qui conduisent ces milliers de femmes, d’enfants, d’hommes à fuir leur pays. Il faut que les gouvernements mettent fin : - Au pillage des richesses des pays d’Afrique. A commencer par le gaz, le pétrole. - Au financement, pour des raisons géopolitiques au Proche et Moyen Orient, de groupe de terroristes et djiadistes. - Aux interventions militaires pour

mettre à terre des gouvernements comme c’est le cas en Libye, en Irak ou en Syrie. Les guerres, les conflits créent des mouvements incessants sur notre planète. Les empêcher permet de favoriser une vie digne aux populations. Il faut donner à toute femme, à tout homme, la possibilité de vivre dignement dans sont pays, dans le respect de sa dignité, de sa liberté de penser et d’agir. Ce qui se passe en Allemagne, avec les manifestations fascistes, ce qui se passe dans plusieurs pays avec la montée de l’extrême-droite, doit nous appeler à la plus grande vigilance. Quand les dirigeants font une politique d’exclusion, d’inégalité, une politique opposant les femmes et les hommes, les uns aux autres, on récolte la tempête. « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde » Bertolt Brecht L’histoire doit nous faire réfléchir. Le fascisme, le nazisme en Europe sont nés de la crise économique des années trente.

La police a refusé de fournir une estimation du nombre de manifestants mais les télévisions sur place ont parlé d’au moins 2 000 personnes.

Pour enrayer la montée de l’extrême droite, il est urgent de recentrer le débat sur les questions de pauvreté, de chômage, sur la régulation de la finance et non de le focaliser sur les fausses racines du problème qu’est l’immigration. Oui, nous devons être vigilants. Nous devons refuser une politique d’inégalité. Nous devons œuvrer pour la paix qui passe par le respect de chaque nation, par le respect de la souveraineté de chaque pays. C’est sur ce principe de respect de la souveraineté de chaque peuple qu’a été bâti la Charte des Nations Unies à la fin de seconde guerre mondiale.

L’inquiétude grandit en Allemagne face à l’extrême droite « Bien sûr l’Histoire ne repasse pas les plats, mais lorsque des foules excitées d’extrême droite créent de l’agitation au cœur de l’Allemagne et que l’Etat de droit est dépassé par les événements, cela rappelle un peu la situation de la République de Weimar », estime mardi le magazine Der Spiegel, sur son site internet. Une référence au régime politique démocratique né en Allemagne dans le sillage de la Première guerre mondiale, qui dut affronter régulièrement des tentatives de déstabilisation dans la rue et finit par disparaître lors de la prise du pouvoir d’Adolf Hitler en 1933. Le pays en est encore loin, mais les 8-

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« chasses collectives » contre les étrangers organisées par des sympathisants d’extrême droite dimanche dans les rues de Chemnitz, dans l’ex-RDA, puis les violences qui ont marqué lundi soir un nouveau rassemblement de plusieurs milliers d’entre eux - dont plusieurs ont défilé en faisant le salut hitlérien - constituent un choc pour le pays. Six personnes ont été blessées lundi soir lors d’échauffourées entre manifestants et contre-manifestants d’extrême gauche. « Quand l’Etat abdique », s’insurge le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). « Chaos à Chemnitz », renchérit le Handelsblatt,


INTERNATIONAL LE RÉVEIL en estimant que « l’Etat de droit a été mis hors service ». L’élément déclencheur est survenu au cours du week-end du 25-26 août, lorsqu’un Allemand de 35 ans a été tué à coups de couteau durant une rixe en marge d’une fête locale. Depuis, les franges les plus radicales de la ville, et de toute la région de Saxe, mobilisent l’opinion contre l’immigration et la politique du gouvernement d’Angela Merkel, défilant aux cris de « Les étrangers dehors » ou « Nous sommes le peuple ». « A Chemnitz, une alliance assez incroyable mêlant des hooligans, des

néonazis, l’AfD et les militants de Pegida s’est constituée. Les violences montrent que des mouvements se réunissent qui au final sont tous issus du même moule, le tout dans une atmosphère extrêmement xénophobe et agressive », a estimé la directrice de la Fondation Amadeu Antonio contre le racisme sur la chaîne de télévision n-tv. Le parti social-démocrate, membre de la coalition gouvernementale d’Angela Merkel, s’inquiète du raidissement idéologique au plan national. « Lorsque l’Etat n’est plus en mesure de protéger les citoyens, les gens descendent dans la rue et se protègent eux-

Des milliers sympathisants extrême droite en Allemagne le 27 août 2018.

mêmes, c’est aussi simple que cela ! » a tweeté un de ses députés nationaux, Markus Frohnmaier. AFP - Extraits

Le Portugal connaît un vrai miracle économique À rebours de la politique anti-austérité bruxelloise, le gouvernement de gauche portugais a su sortir son épingle du jeu, réalisant des prouesses économiques. C’est un « miracle » embarrassant pour Bruxelles car il repose sur une politique anti-austérité totalement contraire à la doxa économique imposée par la technostructure européenne aux états membres. Et si les résultats spectaculaires obtenus par le gouvernement de gauche d’Antonio Costa depuis bientôt trois ans se poursuivent, c’est tout le référentiel européen inspiré du modèle allemand qui pourrait s’en trouver bouleversé. Discrètement, le Portugal accomplit des prouesses économiques là où la plupart des pays de la zone euro échouent ou touchent aux limites du système. Quelques chiffres d’abord : entre 2016 et 2018, le pays a ramené son déficit budgétaire de 2,1 % à 1,5 % de son PIB (2,3 % attendus en France fin 2018). Sur la même période, le taux de chômage a reculé de 11,1 % à 7,9 % au début de l’année, et devrait s’établir à 7 % en 2019. En 2017, le Produit intérieur brut (PIB) du Portugal a progressé de 2,5 %, contre 1,9 % pour la zone euro et 2,2 % de croissance pour la France. Et que dire

de la réindustrialisation de la péninsule, dans les secteurs du textile, de la chaussure ou encore de l’automobile ? Après avoir investi dans les pays de l’est, à la recherche de main-d’œuvre bon marché, les industriels relocalisent au Portugal qui garantit une production de qualité et un coût du travail toujours avantageux. Pour relancer l’économie, le socialiste Antonio Costa, soutenu par le Parti communiste, les écologistes et la gauche radicale portugaise, a fait le pari d’une politique en rupture totale avec les recommandations de Bruxelles. C’était d’ailleurs l’une des promesses de la coalition lorsqu’elle était en campagne. A peine élu, le nouveau gouvernement a tenu ses engagements anti-austérité et pris le contre-pied du modèle économique soutenu par Bruxelles. Le salaire minimum (SMIC) est passé de 530 € à 557 € en 2017 et doit encore être porté à 600 € en 2019. Les pensions de retraite, comme les allocations familiales, ont également été augmentées, tandis que les impôts sur les bas salaires ont été réduits. Le programme de privatisation de services et d’infrastructures mis en œuvre par la droite a été stoppé, tout comme le processus

de réduction des salaires des fonctionnaires dont le temps de travail devrait être porté à 35 heures hebdomadaires. Les droits du travail ont également été renforcés. Après l’avoir longtemps subi, comme la Grèce, l’Espagne ou l’Italie, en échange des prêts du FMI, le Portugal s’est libéré du modèle économique imposé par la Commission européenne. Et en à peine deux ans, il a apporté la preuve qu’entre le système austéritaire modélisé par Bruxelles et la chimère populiste, une troisième voie existe. Soutenue par un bond remarquable de son tourisme, comme si la chance ne souriait qu’aux audacieux, sa politique de relance de la demande par la hausse du pouvoir d’achat et de la protection des salariés, fonctionne à haut rendement… Source : La dépêche.fr - Lionel Laparade – 19/08/2018 LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

La politique de la Troïka en Grèce : Voler le peuple grec et donner l’argent aux banques privées, à la BCE, au FMI et aux États dominant la zone euro Le 20 août 2018, le gouvernement grec d’Alexis Tsípras, le FMI et les dirigeants européens célèbrent la fin du 3e mémorandum. À cette occasion, le message qui est distillé par les grands médias et les gouvernants : la Grèce retrouve sa liberté, l’économie reprend, le chômage baisse, l’Europe a prêté 300 milliards à la Grèce et les Grecs vont devoir commencer à rembourser cette dette en 2022 ou en 2032… Les principales affirmations sont totalement fausses car la Grèce reste bien sous tutelle des créanciers en général, elle doit, selon les accords que le gouvernement d’Alexis Tsípras a signés, impérativement dégager un surplus budgétaire primaire de 3,5 % qui va la contraindre à poursuivre des politiques brutales de réduction de dépenses publiques dans le domaine social et dans l’investissement. Contrairement au message dominant qui laisse entendre ou affirme carrément que la Grèce ne commencera à rembourser la dette que dans le futur, il faut dire clairement que la Grèce rembourse en permanence des montants considérables à la BCE, au FMI, aux créanciers privés, ce qui l’empêche de répondre aux besoins de sa population. Le silence complice qui pèse sur la situation de la majorité du peuple grec est scandaleux : des études très sérieuses indiquent que le taux de mortalité infantile a fortement augmenté depuis 2010, de même le taux de mortalité chez les personnes âgées. Le taux de suicides a été multiplié par trois.

Manif contre l’interdiction du droit de grève promulgué par Tsipras (15 janvier 2018)

En réalité, le bilan est littéralement dramatique pour le peuple grec en termes de dégradation de ses conditions de vie et d’atteinte à ses droits civils et politiques. Si on se situe du point de vue de la Grèce en tant qu’État, il faut bien constater que les gouvernements qui se sont succédé depuis 2010 ont abandonné aux créanciers la conduite de la politique du pays. La Grèce est devenue un protectorat des puissances dominantes de la zone euro qui s’y conduisent comme en pays conquis. C’est aussi un fiasco économique flagrant, du moins si on prend en compte les objectifs officiels des trois mémorandums qui ont été imposés au peuple grec depuis 2010. Enfin, c’est également un échec pour une grande partie de la gauche internationale qui avait mis beaucoup d’espoir dans la possibilité de voir réussir un gouvernement de gauche qui s’était engagé à sortir son pays de l’austérité

et de la soumission à la loi du capital. Au lieu d’avoir le courage de mettre en œuvre une alternative, le gouvernement Tsipras a engagé son pays dans les affres d’un troisième mémorandum qui s’est terminé le 20 août 2018. Au cours des trois années qu’a duré le troisième mémorandum, les atteintes aux droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques du peuple grec ont été multipliées suite aux décisions du gouvernement Tsipras qui a plié de manière permanente devant les exigences des dirigeants européens, du grand capital grec et étranger ainsi que du FMI. Il n’y a rien à célébrer à la fin du troisième mémorandum car la Grèce ne retrouve pas la jouissance de la liberté d’agir. Elle est liée par un ensemble d’accords contraignants et le poids de la dette qui lui est réclamée restera insupportable longtemps encore. Eric Toussaint (extraits)

SYRIE. Daech renaît de ses cendres, et ce n’est pas un hasard Le groupe « État islamique », que l’on disait exsangue, a attaqué une province druze de Syrie, faisant plus de 250 morts. Un regroupement de djihadistes favorisé par l’opération turque à Afrin. 10 - LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018

Contrairement à ce qui était avancé ces derniers mois, le groupe « État islamique » n’a rien perdu de sa nocivité ni de sa capacité à mener des opérations sanglantes, en Syrie comme

en Libye. Mercredi, les djihadistes se sont déployés dans le Sud syrien, une région à majorité druze, pourtant jusque-là relativement épargnée par la guerre.


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

L’assaut contre plusieurs villages — couplé à des attentats — a eu lieu dans la province de Soueïda, contrôlée totalement par le pouvoir central. Les djihadistes de l’El sont présents dans une zone désertique au nord-est de cette région. Selon les médias officiels syriens, l’armée a lancé une contre-attaque pour repousser les djihadistes. Des raids aériens ont dans le même temps ciblé le groupe extrémiste, qui s’est emparé dans la matinée de trois villages, repris depuis. Près de 250 personnes ont été tuées, dont 135 civils, le reste des morts étant des combattants pro-gouvernementaux et des habitants qui avaient pris les armes pour défendre leur village. Au moins 45 djihadistes ont été tués dans les combats ayant suivi les attaques. « Le crime d’aujourd’hui montre que les États qui soutiennent le terrorisme essaient de ranimer les organisations terroristes pour pouvoir s’en servir comme monnaie d’échange à des fins politiques, mais ces tentatives sont vouées à l’échec », a dénoncé Becher Al Assad en recevant l’émissaire du président russe, Alexander Lavrentiev.

Empêcher tout règlement négocié « Les Nations unies condamnent les attaques contre les civils » à Soueïda, a affirmé dans un communiqué le coordinateur humanitaire de l’ONU en Syrie, Ali Zaatari. « Ce nouvel acte criminel de l’El confirme la nécessité d’une coordination des efforts de la communauté internationale pour éradiquer ce mal universel sur le sol syrien », a réagi, de son côté, le ministère russe des Affaires étrangères. Ces attaques ne surviennent pas à

250 morts dans l’attaque de l’état islamique du 25 juillet à Soueida dans le sud de la Syrie

n’importe quel moment. Damas cherche à reprendre entièrement les provinces proches de Deraa et Quneitra, contrôlées à plus de 90 % par le pouvoir. Selon l’agence de presse syrienne Sana, les attaques à Soueïda « visent à alléger la pression militaire » du régime contre les derniers djihadistes « qui seront anéantis à Deraa ». Dans le sud-ouest de cette province, un groupe extrémiste lié à Daech contrôle une zone, cible depuis plusieurs jours de raids aériens intenses de l’armée syrienne et de la Russie. Il s’agit en outre des premières opérations de cette ampleur menées par l’« État islamique » depuis des mois dans le pays, où l’organisation djihadiste a essuyé de nombreux revers. Depuis plusieurs semaines maintenant, les forces de Daech tentent de se regrouper alors que la plupart des djihadistes avaient trouvé refuge dans la vallée de l’Euphrate. Un regroupement rendu possible par l’invasion de l’armée turque et de ses supplétifs isla-

mistes dans l’enclave d’Afrin, contrôlée par les forces kurdes YPG et les Forces démocratiques syriennes (FDS), composées de Kurdes et d’Arabes. Une opération militaire turque particulièrement sanglante pour la population civile et qui a eu pour résultat de dégarnir le front est, où les FDS tentaient de déloger les dernières poches de Daech. De même, en Irak, les bombardements aériens et la présence de troupes turques au sol, engagées contre les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et leur base située sur le mont Qandil (Kurdistan d’Irak), ont affaibli les défenses mises en place contre Daech, permettant aux djihadistes de se déplacer plus facilement et de harceler les troupes irakiennes, voire de tenter de reprendre des morceaux de territoire. Une fois de plus — comme cela avait été le cas lors du siège de Kobané à l’automne 2014 — l’organisation dite de l’« État islamique » inscrit son action dans un plan beaucoup plus vaste visant à empêcher tout règlement négocié en créant une instabilité. Au profit de qui ? C’est toute la question. Daech ne peut espérer reprendre le territoire perdu mais pourrait être maintenant instrumentalisé alors que l’opposition syrienne a toujours du mal à enclencher une dynamique positive pour trouver une porte de sortie et que le pouvoir de Damas, fort de son avantage sur le terrain obtenu grâce au concours de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais, cherche à s’émanciper de toute négociation. Pierre Barbancey LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018 - 11


LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Les Etats-Unis en passe de vendre plusieurs hélicoptères Black Hawk à la Lettonie… Le Pentagone a annoncé, vendredi 3 août, que le département d’Etat américain avait donné son feu vert à la vente de quatre hélicoptères d’assaut de type UH-60M Blak Hawk à la Lettonie dans

le cadre d’un accord valant 200 millions de dollars. « Cet accord avec la partie lettonne contribue au renforcement de la politique extérieure et de la sécurité nationale des Etats-Unis » a ajouté le Pen-

tagone. Avant d’entrer en vigueur, ledit accord devra également être adopté par le Sénat. (Press TV, le 04.08.2018)

Le Mossad soupçonné d’être impliqué dans la mort de deux scientifiques palestiniens en Algérie… Extraits Deux scientifiques palestiniens ont été tués d’une manière suspecte dans un appartement à Alger. La chaine AlMayadeen a annoncé que deux scientifiques palestiniens avaient été retrouvés morts. Les deux Palestiniens sont Suliman Al-Farra, 34 ans et Mohammed Albana, un médecin de 35 ans, tous

deux originaires de Khan Younès dans la bande de Gaza. Selon les rapports palestiniens, les deux scientifiques, récemment diplômés en Algérie, auraient été assassinés par des agents du Mossad. Le Mossad a organisé ces derniers mois plusieurs attentats terroristes contre des scientifiques palestiniens, dont Fadi AlBatch qui était la dernière victime du

Moddas à Kuala Lumpur, en Malaisie. Fadi Al-Batch, professeur d’université et membre du Hamas, a été tué en avril dernier par deux hommes armés en moto en pleine rue à Kuala Lupur. Le scientifique palestinien Fadi Al-Batch, spécialisé dans l’énergie, était originaire de Jabaliya dans la bande de Gaza. (Press TV, le 23.07.2018)

Une force spatiale, la sixième branche des forces armées américaines, dès 2020… Extraits Le vice-président américain Mike Pence a déclaré jeudi que les Etats-Unis avaient l’intention de mettre sur pied une force spatiale d’ici 2020. « Le temps est venu de créer un force spatiale américaine » a déclaré M. Pence lors d’une réunion au Pentagone, citant la directive prise par M. Trump plus tôt dans l’année, destinée à constituer la sixième branche des forces armées américaines. « Il ne suffit pas pour les Américains d’être présents dans l’espace. Nous devons être dominants dans l’espace et nous le serons » a déclaré M. Pence, le Pentagone a présenté ses plans pour former cette nouvelle branche de l’armée amé-

ricaine identifiant des mesures pratiques immédiates, dont la mise en place d’une Agence du développement spatial, une organisation conjointe chargée de développer et de déployer rapidement des capacités de nouvelle génération. Ce rapport appelle également à la création d’une Force d’opérations spatiales, qui serait constituée d’experts en aérospatiale formés, promus et engagés en tant que professionnels de la guerre spatiale. M. Pence a déclaré que le financement de cette nouvelle branche militaire serait demandé dans le budget de défense de l’exercice 2020. Il a appelé le Congrès à approuver 8 millions de dollars supplémentaires pour les systèmes de sécurité

La force spatiale voulue par l‘executif américaine - ici le x 37

spatiale. M. Pence a affirmé que la création d’une nouvelle branche de l’armée n’était pas un processus simple. (Radio Chine Internationale, 10.08.2018)

Vers un doublement du nombre de Marines américains déployés en Norvège… Extraits

US Army Norway

12 - LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018

Le mercredi 15 août que la Norvège a pris la décision de doubler le nombre de ses Marines américains, 330 à 700, à partir de 2019. « Le nombre de Marines américains stationnés en Norvège doublera, malgré les protestations russes selon lesquelles cette décision aboutirait à une escalade militaire » a annoncé le ministre norvégien de la Défense. «

De telles mesures rendent la Norvège moins prévisible et peuvent accroître les tensions, provoquer une course aux armements et déstabiliser la situation en Europe du Nord » a déclaré l’ambassade de Russie sur sa page Facebook. « Nous considérons le déploiement de ces Marines comme un acte hostile qui ne restera pas sans conséquence ». (Press TV, le 17.08.2018)


LE CAHIER MÉMOIRE N° 846 JUILLET-AOÛT 2018

ÉDITO Par Paul Markidès

Roger TIRAND - 1891-1949 Un homme d’engagement et de conviction Ancien Maire des Molières - Ancien membre du Bureau fédéral du PCF de Seine et Oise - Ancien dirigeant national et fédéral de l’ARAC Imprimeur de la Résistance En novembre 2017, l’ARAC (association républicaine d’anciens combattants) a célébré le centenaire de sa création, lors du 56e congrès national qui s’est tenu à Créteil. Au cimetière de notre commune des Molières, repose un membre éminent de l’ARAC, Roger TIRAND qui fut maire du village de mars 1924 à mai 1925. Mais R. TIRAND joua aussi un rôle imprévu durant la seconde guerre mondiale. Imprimeur de son métier, c’est lui qui sera amené à imprimer l’Appel à la Résistance du P.C.F, le 10 juillet 1940,

texte rédigé par Jacques DUCLOS et Maurice THOREZ, appel diffusé quelques jours après celui du Général de GAULLE le 18 juin 1940. Déjà en 2006, la municipalité des Molières dirigée par son maire Claude GUILLEMIN avait rendu un hommage solennel à R. TIRAND, en collaboration avec l’ARAC départementale de l’Essonne et l’association moliéroise « Mémoire au village ». Une plaque rappelant l’Appel du 10 juillet 40 avait été déposée sur son monument funéraire au cimetière.

La célébration du centenaire de la naissance de l’ARAC et ses manifestations passées sont l’occasion d’une recherche plus approfondie sur R. TIRAND. Par le hasard de 1’histoire, il va se trouver au centre d’un épisode important du conflit, après l’Appel du 18 juin 1940, celui du 10 juillet 40 va jeter les bases de la résistance naissante.

La jeunesse de R. TIRAND, son métier de Typographe Malgré quelques recherches, nous avons assez peu d’informations concernant la jeunesse de R. TIRAND. C’est par sa fille Colette GODFRIN, grande résistante également (ellemême inhumée au cimetière des Molières) que nous avons quelques détails sur son père. Dans l’acte de naissance,

il est mentionné que Roger TIRAND est né le 11 mars 1891 au domicile de ses parents au numéro 119 de la rue d’Aboukir dans le 2e arrondissement de Paris (il était l’aîné d’un frère de 3 ans son cadet). Roger était le fils de Henri-Alexis TIRAND âgé de 27 ans, facteur des Postes et de Louise-Mé-

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

Plaque Appel au Peuple de France

lanie GUEBERT âgée de 24 ans, concierge de son état. La famille TIRAND était d’origine


LE RÉVEIL DOSSIER modeste, la fonction de la mère évitait le paiement du loyer. D’après sa fille Colette, 1’enfance de R. TIRAND fut heureuse et paisible, mais la famille déménageait quelquefois de loge en loge, de logement en logement. Souvent dépourvus de confort dans ce Paris ouvrier, ces logements étaient situés dans les quartiers du vieux Paris, le faubourg Saint Antoine, Mouffetard, Belleville, Montmartre, Charonne. A l’occasion de ces multiples déménagements, le jeune Roger a tout loisir de découvrir ces quartiers pittoresques au passé culturel et historique très riche. Son désir de découverte, son esprit

Manif antifasciste de l’ARAC en 1934

constamment en éveil, vont faire de lui un véritable « titi » parisien fier de sa ville et passionné par l’histoire de ces quartiers et de ces rues. Colette GODFRIN relate une scolarité primaire assez brillante. Dans les familles modestes, il fallait travailler très tôt et le jeune Roger comprend qu’il lui faut apprendre un métier assez rapidement. Comme il est motivé par la lecture, l’imprimerie et la typographie, il réussit à rentrer comme apprenti dans la prestigieuse école CHAIX. Roger va en sortir premier de cette école et ainsi il peut choisir sa spécialité. Il sera typographe, cela va lui permettre de rester ouvrier dans cette même école. Il s’investit dans ce métier qu’il a choisi avec beaucoup d’abnégation et de motivation. L’imprimerie CHAIX avait une excellente réputation. Son fondateur Napoléon CHAIX (1807-1865) va créer en

1845 l’imprimerie centrale des Chemins de fer qui dès l’année suivante imprime le premier livret indicateur des horaires de train. Avec l’essor de l’imprimerie, les parutions se diversifient : guides touristiques, revues, cartes, journaux. R. TIRAND se sent à l’aise dans ce milieu où les ouvriers sont solidaires car Napoléon CHAIR, doté d’un sens social développé, va créer une société de secours maladie, une école professionnelle pour ses salariés et également la mise en place d’une forme d’intéressement de ceux-ci aux bénéfices.

Service militaire - Guerre 14-18 - L’ARAC En 1911, Roger TIRAND a 20 ans. Comme tous les jeunes français, il doit accomplir son service militaire dont la durée était de 2 ans. Mais l’aggravation de la tension internationale mit à l’ordre du jour les questions militaires et une loi votée en 1913 (la loi des 3 ans) va faire passer la durée du service actif de 2 à 3 ans. Cette loi sera vivement combattue par Jean JAURES. On ne possède pas de documents précis sur ce service militaire accompli par R. TIRAND. Au terme de ces trois années passées sous les drapeaux ; R. TIRAND pense qu’il va retrouver la vie civile, son travail, sa fiancée, peut-être se marier ? Mais au début de l’été 1914 les grandes puissances se lancent dans la course aux armements et chacun des deux blocs (Triple En14 - LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018

tente contre Triple Alliance) était résolu à ne pas reculer devant l’autre. L’Europe semble au bord de la guerre. C’est l’assassinat à Sarajevo en Bosnie de l’Archiduc héritier d’Autriche François Ferdinand le 28 juin 1914 qui va précipiter les événements. Cinq semaines plus tard, la 1re guerre mondiale éclatait. Ainsi pour R. TIRAND il n’y eut pas de trêve, après trois années de service militaire, il ne fut pas libéré mais mobilisé dans l’infanterie. Il va participer à toutes les campagnes de France, aux grandes batailles et va connaître comme tous les « poilus » la vie des tranchées et ses calamités. Il fut blessé à plusieurs reprises, sans doute superficiellement car chaque fois il fut renvoyé au front. A partir de janvier 1917,

il est affecté au 3e régiment de zouaves, juste avant les mutineries de 1917. Comme beaucoup de « poilus », R. TIRAND est traumatisé par les horreurs de la guerre, des régiments entiers sont sacrifiés, les soldats prennent conscience qu’ils ne sont que de « la chair à canon ». L’offensive de NIVELLE au Chemin des Dames en est la triste illustration. En avril-mai 1917, des mutineries éclatent, symbolisées par la belle chanson de CRAONNE. Ces mutineries seront réprimées durement par PETAIN. C’est dans ce contexte agité que va germer l’idée de la création de L’ARAC. R. TIRAND est très sensible à tous ces événements et il va prendre part à ces rebellions. Il ne fut pas victime de la


DOSSIER LE RÉVEIL répression mais à titre de représailles, il fut envoyé en Orient en 1917 dans les zouaves jusqu’en décembre 1918. Il est probable que R. TIRAND ait participé aux combats à Salonique (en annexe, le poème de Colette GODFRIN où elle évoque Salonique). En 1918, enfin c’est la délivrance, sept ans de sacrifices, une jeunesse décimée, R. TIRAND va pouvoir rentrer chez lui pour retrouver les siens. Sa fille C. GODFRIN relate un épisode qui montre bien la lassitude, la meurtrissure et la haine de la guerre pour ces « poilus » qui ont connu l’enfer. A Lyon, sur la place Bellecour est organisée une grande parade militaire avec des officiers chamarrés en grande tenue devant ces « poilus » au garde à vous. La cérémonie s’éternise avec une Marseillaise qui dure trop longtemps, c’est alors qu’un homme déterminé R. TIRAND sort des rangs et lance le plus fortement possible ce cri : « à bas la guerre ». Evidemment, il est immédiatement arrêté, emprisonné à Lyon jusqu’à la fin 1919. D’ailleurs après l’armistice, les langues vont se délier et de nombreux « poilus » vont témoigner de toutes les horreurs qu’ils ont pu vivre. Cet épisode douloureux dans la vie de R. TIRAND va déterminer son engagement politique. Après le Congrès de Tours en 1920 et la scission du mouvement socialiste, il adhère à la IIIe Internatio-

nale et se montre sensible à la révolution russe. Son engagement va le conduire également à adhérer à l’ARAC dont le mot d’ordre est « plus jamais ça ! ». Très vite il va prendre des responsabilités dans cette association d’Anciens combattants. Il sera Président de la XIIe section de l’ARAC à Paris. C’est en 1916 la parution du livre d’Henri BARBUSSE « le feu » (prix Goncourt en novembre 1916) qui est à l’origine de la création de l’ARAC. L’écrivain-combattant nous livre dans son ouvrage le vécu et les souffrances du quotidien des « poilus ». Trois jeunes « poilus » Georges BRUYERE, Raymond LEFEBVRE et Paul VAILLANT COUTURIER vont lancer l’idée de la création d’une association d’Anciens Combattants avec un mot d’ordre sans équivoque « guerre à la guerre ». Mais pour mener à bien leur initiative, ils ont besoin d’une personnalité, ils contactent H. BARBUSSE qui est séduit par le projet. C’est ainsi que les quatre « poilus » vont fonder l’ARAC. Les quatre fondateurs se fixent quatre objectifs principaux : - obtenir puis défendre et étudier les droits à réparation des anciens combattants et victimes de guerre - rassembler les hommes et les femmes dans l’action contre la guerre, pour la paix et solidarité entre les peuples.

Henri Barbusse soldat

- promouvoir les idéaux républicains de liberté, égalité, fraternité et lutter contre le fascisme et le colonialisme. - cultiver la mémoire de l’histoire dans un esprit de vérité. H. BARBUSSE avait résumé ces objectifs par une phrase « tout faire pour unir, rien faire pour désunir ». Colette GODFRIN, le 25 septembre 1949, quelques mois après le décès de son père (le 12 février 1949) puis le 12 février 1950, date anniversaire, lui rend hommage et souligne son action au sein de l’ARAC lors de deux cérémonies au cimetière des Molières : hommage rendu sous forme de deux émouvants poèmes écrits et lus par sa fille .

L’engagement municipal aux Molières Après son retour à la vie civile, Roger TIRAND reprend son métier de ty-

Civils francais l'exode juin 1940

pographe mais il va aussi s’impliquer dans la vie politique locale. Il se présenta à deux élections. Un décret du 12 avril 1922 convoque les électeurs du canton afin de procéder à l’élection d’un conseiller général. R. TIRAND est candidat et il obtient 44 voix sur la commune des Molières. De même en mai 1924, il se présente à la députation dans la liste « Bloc ouvrier-paysan », il obtient 59 voix sur la commune. Mais pour R. TIRAND, la date importante est celle du 16 mars 1924.

Un poste.de conseiller municipal est à pourvoir aux Molières. Le maire, M. BARRE donne lecture des résultats constatés aux procès-verbaux des élections et déclare R. TIRAND élu dans ses fonctions de conseiller municipal (il obtient 49 voix). Le même jour a lieu l’élection du Maire, R. TIRAND est candidat, le scrutin va s’avérer très serré, il demande un 3e tour car aucun des candidats n’a la majorité absolue à l’issue des deux tours. Pour ce 3e tour, il y eut LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018 - 15


LE RÉVEIL DOSSIER quatre candidats et le résultat est le suivant : R. TIRAND > 7 voix M. BERRIER > 3 voix M. JULLEMIER > 1 voix M. CHAUVIN > 1 voix R. TIRAND ayant obtenu la majorité absolue est déclaré Maire des Molières. En l’année 1925, un arrêté préfectoral du 15 avril convoque les électeurs à l’effet d’élire dix membres du conseil municipal. L’élection se déroule le 10 mai 1925. R. TIRAND se trouve en 11e position des suffrages exprimés. Il est battu d’une voix (56 voix) par M. BERRIER Louis Napoléon (57 voix). R. TIRAND perd son mandat électif. M. JULLEMIER obtient la majorité absolue 10 voix sur 12 face à M. BERRIER. M. Georges JULLEMIER est proclamé Maire des Molières. Comment interpréter cette « disgrâce » de R. TIRAND qui n’aura été maire qu’un peu plus d’un an ? Dans les archives communales aucune indication ne précise qui pourrait nous éclairer sur ce mandat électif écourté. On ne peut émettre que des hypothèses non étayées. Par exemple durant ce court mandat, R. TIRAND avait proposé au conseil municipal un projet de construction d’une cité-jardin aux Molières. Dans

La France en 1940 après l'invasion allemande

cette commune rurale, ce projet a peutêtre pu susciter une crainte, certaines réticences qui pouvaient menacer la ruralité de la commune. Les cités-jardins ont vu le jour au XIXe siècle en Europe, surtout en Angleterre après la révolution industrielle, mouvement d’urbanisme original qui avait pour but de marier la ville et la campagne. La cité-jardin se composait d’un logement social individuel et locatif avec aménagement paysager et jardin autour de l’habitat. Ce projet de cité-jardin sera aban-

donné par le nouveau conseil municipal, il ne verra jamais le jour. Est-ce pour cette initiative que R. TIRAND a été battu, difficile de l’affirmer vraiment ? Mais ce court mandat municipal de R. TIRAND a été marqué par la gestion d’un dossier étudié par son prédécesseur M. BARRE. C’est le projet d’électrification du village (séance extraordinaire du 2 juillet 1923). A la séance du conseil municipal du 16 août 1924, les élus approuvent le rapport du Maire concernant l’éclairage public électrique, la distribution de la lumière en vue d’amener dans la commune des améliorations notables pour le bien-être des habitants, avec une approbation des plans et devis présentés par la société Sud-Lumière.

Le 20 décembre 1924, le conseil municipal décide de contracter auprès de Crédit Foncier de France un emprunt de 50 000 francs pour la réalisation de l’électricité. D’autre part, R. TIRAND donne connaissance de la lettre du Ministre de l’Agriculture qui informe qu’une subvention de 19 500 francs est accordée à la municipalité des Molières pour l’installation et la réalisation de l’électricité. Ce projet initié par R. TIRAND sera concrétisé par ses successeurs.

R. TIRAND et l’Appel de 10 juillet 1940

4 juin les allemands entrent dans Paris

16 - LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018

« Appel au peuple de France » Avant d’analyser l’origine, les difficultés d’impression et de diffusion de l’Appel du 10 juillet 1940, dont R. TIRAND en fut l’imprimeur clandestin, il faut se replonger dans ce contexte troublé, marqué par l’invasion du pays par les troupes allemandes en mai 1940, la défaite et la signature de L’armistice à Rethondes. La France est vaincue.

Surpris par l’ampleur et les conditions de la débâcle de l’été 40, tous les partis politiques, tous les mouvements, tous les syndicats ont éclaté. Cette défaite que personne n’avait imaginée ou anticipée quelques semaines ou quelques mois avant, va créer une situation totalement nouvelle. Durant ces quelques semaines de flottement, quelle fut la position du PCF face à l’invasion du pays et face également au pacte germa-


DOSSIER LE RÉVEIL no-soviétique (23 août 1939), facteur de démobilisation pour les militants et véritable « bombe diplomatique ». Analyse qui se veut d’être objective car le comportement du PCF durant cette période a provoqué bien des polémiques, des débats passionnés et contradictoires parmi les historiens. Il faut nuancer son jugement car d’un côté certains milieux ont exploité le désarroi du pays pour discréditer le PCF, d’autre part la direction du PCF a eu une position complexe faisant preuve d’une certaine lenteur, pratiquant une polémique attentiste et sous-estimant peut-être le trouble chez les militants déboussolés par le pacte germano-soviétique. La période 1939-1940 a été l’une des plus sombres pour le PCF. Le 26 sep-

tembre 1939, il est interdit par le gouvernement Daladier. La répression s’abat sur le groupe parlementaire (arrestation des députés le 8 octobre 39) et les militants. Le Parti, étant clandestin, est complètement désorganisé depuis le début de la guerre. Cette clandestinité impliquant des liaisons difficiles au sein de la direction avec une répression anti-communiste qui s’accentue à partir d’avril 1940 sous DALADIER, REYNAUD, PETAIN et aussi une hostilité à l’égard de l’URSS. Le 30 juin 1940, Vichy rompt les relations diplomatiques avec l’URSS. C’est une période de grande confusion, de grande dispersion : cadres et militants emprisonnés. Tout cela peut expliquer des tâtonnements, des contretemps ou quelquefois des erreurs. Le PCF semble

M. Thorez et J. Duclos auteurs de l'appel du 10 juillet 40

s’adapter devant une situation qui évolue de semaine en semaine. Toutefois, alors que Vichy était plébiscité par beaucoup de Français ; alors que la majorité des députés avaient voté les pleins pouvoirs à Pétain, le PCF est le seul parti qui s’est dressé contre Vichy.

La difficile gestation de l’Appel La préparation, la rédaction, l’impression du texte vont se heurter à toute une série de difficultés de nature technique, des liaisons compliquées entre les principaux dirigeants car M. THOREZ est à Moscou et J. DUCLOS est à Paris. Un témoignage de première main nous est encore fourni par C. GODFRIN, résistante de la 1re heure qui, par une déclaration enregistrée en octobre 1980, complétée en mai 1986, nous donne un éclairage sur la gestation de cet Appel. Le 14 juin 1940, les troupes alle-

mandes occupent Paris et comme il a été rappelé, le PCF est complètement désorganisé, les contacts entre direction et militants sont problématiques. C. GODFRIN et son père déplorent cette attente où aucune initiative n’est prise par la direction. C. GODFRIN connaissait un couple de militants, Francis et Suzanne VIRLOUVET avec qui elle avait travaillé au restaurant coopératif ouvrier « la famille nouvelle ». Francis et Suzanne VIRLOUVET l’informent que J. DUCLOS, logé chez Etienne VIRLOUVET, frère de Francis, demande aux militants de s’organiser. Il aura besoin ultérieurement de la participation de R. TIRAND en raison de son métier d’imprimeur.

Le 24 octobre 1940, Pétain rencontre Hitler à Montoire, 6 jours plus tard, il déclare : j’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration avec l’Allemagne

Cet épisode se situe entre le 15 et le 20 juin 1940. Dans une France occupée, où les contacts s’avèrent dangereux, l’impression et le tirage de l’Appel

posent de sérieux problèmes matériels. Les textes sont rédigés dans des conditions rendues difficiles par la clandestinité. Il fallait tenir secret le lieu, il faut disposer de machines, de caractères d’imprimerie spéciaux, de papier. Le manuscrit est écrit à la main, les premiers exemplaires sont tirés sur une ronéo à partir de stencils. C. GODFRIN se souvient de la visite de Jean CATELAS à la fin juin 1940, il est porteur du texte. (J. CATELAS cheminot, député PC d’Amiens, responsable d’une partie de la direction du PCF restée à Paris. Condamné par un tribunal français, il sera guillotiné en septembre 1941). Dans un entretien reproduit dans « l’Humanité-Dimanche » du 8 juillet 1951, donc onze ans après, elle déclare : « avec J. CATELAS, nous avons lu ensemble le manifeste écrit à la main, nous étions les premiers à le lire somme toute. Nous avons mis au point techniquement l’Appel, nous avons veillé à la ponctuation, au moindre détail ». Une première fournée permet d’imprimer 30 000 exemplaires mais le Parti LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018 - 17


LE RÉVEIL DOSSIER en réclamait encore 30 000. Elle précise l’aide efficace d’un certain LEBLANC qui fournit une Gestetner et du papier. Il se présente avec un texte dactylographié qui sera imprimé et grâce à cette machine le tirage va s’accélérer. Il faut souligner que ce texte a connu quelques corrections en cours de tirage, il fallait tenir compte des décisions prises par Vichy. L’Appel a pu être modifié par des militants qui désiraient l’adapter aux conditions de leur région. Les conséquences positives de l’Appel : la reprise de contact entre militants dispersés, isolés et la reconstruction du Parti. Ainsi en cet été 1940,

pendant des jours et des semaines R. TIRAND aidé par Marcel LE MARREC et André TESSIER sont mobilisés à imprimer des dizaines de milliers d’exemplaires acheminés dans la région parisienne puis très vite dans la France entière. Des dizaines d’agents de liaison ventilaient ces tracts vers des militants sûrs. A la fin d’août 1940, l’Appel était présent dans tout le territoire. Quand le 6 septembre 1940, R. TIRAND et ses camarades sont arrêtés par la police allemande, 600 000 exemplaires avaient été imprimés. Ils avaient été certainement dénoncés par un ancien journaliste de « la Vie

ouvrière » qui était venu les voir au début de septembre 1940, un certain CLEMENT ce dernier avait rallié J. DORIOT (chef du PPF, parti qui prône la collaboration avec l’Allemagne). Après un interrogatoire musclé à la Préfecture puis un séjour d’un mois à la Santé, R. TIRAND et ses camarades sont emprisonnés à la prison militaire du Cherche-midi. Le tribunal militaire condamne R. TIRAND à 21 mois de réclusion, LE MARREC et F. VIRLOUVET à 9 mois de prison. C. GODFRIN échappe à l’arrestation, elle avait été prévenue à son travail au crédit foncier par la femme de LE MARREC.

La diffusion de l’Appel Au fur et à mesure de l’impression de l’Appel, dans des conditions périlleuses, il fallait livrer des milliers et des milliers de textes en prenant mille précautions. La vie clandestine s’organise, c’est Francis VIRLOUVET, surnommé « l’homme à la poussette » qui sera le facteur, le passeur. F. VIRLOUVET venait prendre la poussette dans un bistrot chez ALCIDE (au coin de la rue du Renard et Saint-Merri), de là, il se dirigeait vers le boulevard Poniatowski pour arriver à l’imprimerie de R. TIRAND. Pour brouiller les pistes,

il changeait fréquemment d’itinéraire. Après avoir chargé ce matériel, il l’acheminait vers la rue de la Huchette au n° 11 chez Maria Serre DORIA qui en était la concierge. Les paquets de tracts sont entreposés dans un petit cagibi derrière sa loge. De par sa fonction de concierge, Maria avait pignon sur rue où elle pouvait observer tous les mouvements de rue. Elle rendait beaucoup de services aux gens du quartier, de nombreux jeunes amis de ses enfants venaient au n° 11 en vélo avec des sacs à provisions. En fait, ils prenaient li-

vraison de petits paquets pour ensuite les diffuser. La loge de Maria était très bien placée dans un secteur où les vaet-vient étaient continuels. Ironie du sort, l’Appel était stocké près de la Préfecture de police, les policiers de la Préfecture venaient au bar en face de chez Maria, Ils lui confiaient même leurs vélos. Maria jouissait d’une certaine notoriété dans ce quartier fréquenté et animé et ainsi ses activités clandestines passaient plus facilement inaperçues. Il fallait faire preuve d’une vigilance accrue pour éviter tout soupçon.

Analyse du texte de l’Appel Comme il a été rappelé, ce long texte de 4 000 mots a été l’objet de polémiques diverses, d’interprétations erronées. A la lecture du texte, on peut s’interroger sur le fait suivant : s’agit-il réellement d’un appel à la résistance ? Les ennemis visés avec virulence, ce sont les dirigeants français de droite comme de gauche qui se sont rendus responsables de ce constat de faillite et de douleurs endurées par le peuple français, dirigeants politiques qui font subir l’occupation de l’armée allemande. « à cause de ces hommes, la moitié du 18 - LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018

territoire français subit l’occupation de l’année allemande, aux frais de la France » le peuple de France connaît l’humiliation de cette occupation et ne se sent pas chez lui » Certes ce texte ne dénonce pas ouvertement l’occupant, il critique violemment la politique de PETAIN, demande de combattre mais pour le PCF, la position du Parti devait provoquer inévitablement l’ire des occupants. Certains milieux ont pu dénoncer cette ambiguïté de la direction du PCF face à l’occupation allemande.

Sans trop rentrer dans une analyse détaillée, on peut formuler quelques remarques objectives : - l’Appel dénonce le rôle de Vichy au service de l’Allemagne : « Le gouvernement de traites et de vendus qui siège à Vichy mise sur le concours extérieur pour se maintenir au pouvoir contre la volonté du peuple » - l’Appel replace les événements de 1940 dans le cadre des difficultés sociales et politiques dont la France des années 1930 fut le théâtre et explique la défaite par la trahison des élites politiques.


DOSSIER LE RÉVEIL - le PCF est complètement désorganisé. Depuis l’automne 1939 il est dissous, les dirigeants sont arrêtés, l’Humanité interdite. Les démarches hasardeuses pour la reparution légale de l’« Huma » seront condamnées et resteront sans lendemain. Certes le pacte germano-soviétique jette le trouble, c’est l’occasion pour la bourgeoisie de liquider le PCF (rôle du PCF durant le Front Populaire, le Parti contre les accords de Munich). En dépit du pacte, de toutes ces difficultés, la culture antifasciste du PCF et le souci de l’intérêt national va l’amener à réagir. En province, des initiatives locales se multiplient, l’Appel est largement diffusé, complété par des tracts locaux qui préconisent la reprise

de la lutte contre l’occupant, la ligne anti-nazie progresse. Dans de nombreux documents du Parti, durant l’été 1940, on dénonçait la guerre impérialiste et ses responsables mais aussi l’offensive allemande à laquelle, il fallait se donner les moyens de faire face. De nombreux historiens, spécialistes de l’histoire du PCF reconnaissent qu’il y a eu une évolution de la position du PCF. Pour le PCF, cet Appel permet également de faire vivre le Parti, de rétablir les liens avec la classe ouvrière. Pour beaucoup de militants l’Appel est un espoir, les noms de THOREZ et DUCLOS provoquent un sursaut d’énergie et une envie de s’engager dans la lutte. Un cadre du Parti H. JOUR-

DAIN dénote cet état d’esprit « Pour moi et je crois tous les camarades avec qui j’étais en contact, il ne faisait pas de doute que pendant l’été 1940, en faisant ce que nous Taisions, la lutte contre l’occupant commençait ». Pour répondre aux censeurs de l’Appel, qui a fait mieux à ce moment-là dans une France désemparée, désorganisée par l’ampleur de la défaite. Il faut rappeler que seuls 80 parlementaires s’opposent à Vichy sur 666 votants. Le texte du 10 juillet 1940 constitue le premier document de la direction du PCF définissant sa stratégie en fonction de la conjoncture nouvelle, il peut être considéré comme le premier appel à l’action directe lancée en France sous l’occupation.

Conclusion Singulier itinéraire que celui de Roger TIRAND ? Il traversa et participa à tous les événements et épisodes qui ont marqué la France durant cette période troublée de la 1re moitié du XXe siècle. Après son service militaire de trois ans (19111914), pas de répit pour lui, mobilisé il connut la vie des tranchées et les terribles souffrances endurées. Cela va le conforter dans sa détestation de la guerre et c’est tout naturellement qu’il va adhérer à l’ARAC créée en 1917. Il en est un membre fondateur au niveau national et fédéral. Par ailleurs en 1920, il va adhérer au PCF naissant. Mais c’est son métier de typographe qui va lui permettre de jouer un rôle inattendu durant la seconde guerre mondiale. Il mettra au service de la Résistance clandestine son imprimerie située boulevard Poniatowski à Paris. Dans cette modeste recherche, il a été rappelé dans quelles circonstances ris-

quées R. TIRAND et ses deux camarades ont été amenés à imprimer cet Appel du 10 juillet 1940 rédigé par M. THOREZ et J. DUCLOS, appel tiré à 600 000 exemplaires. R. TIRAND ne se doutait certainement pas du retentissement que cet Appel aurait ultérieurement. A la Libération, R. TIRAND continuera modestement son combat, fidèle à ses valeurs humanistes de justice sociale et de liberté au sein de l’ARAC. Eprouvé par tant d’années de sacrifices, de privations, il va s’éteindre le 12 février 1949 (cf. document : « l’Humanité-Dimanche » du 20 février 1949). 11 va reposer dans ce petit cimetière des MOLIERES en Essonne où sa fille Colette GODFRIN sera inhumée près de sa sépulture. Comme il a été brièvement mentionné au début de cette recherche, en 2006, la municipalité des Molières a rendu un émouvant hommage à R. TIRAND

en collaboration avec l’ARAC départementale et l’association « Mémoire au village », qui à cette occasion avait préparé une exposition sur ce résistant dans la salle du Conseil municipal. Plus de cent personnes, membres de l’ARAC, invités et élus se sont retrouvés devant la sépulture de R. TIRAND en présence de Bernard VERA Sénateur, Robert VIZET Sénateur honoraire, des Présidents national et départemental de l’ARAC, MM VAHE et FILLIERE, de Claude GUILLEMIN Maire des Molières. Une plaque commémorative rappelant l’Appel du 10 juillet 1940 a été déposée sur le monument funéraire ainsi qu’une gerbe de fleurs. Cette cérémonie a permis d’associer R. TIRAND et sa fille C. GODFRIN, symbole de ces combats d’hommes et de femmes qui s’engagèrent dans la Résistance pour libérer notre pays de l’occupant.

Cahier Mémoire réalisé par Pierre Pruneta, ancien professeur d’histoire-géographie et Vice-Président du Conseil des sages les Molières (91) LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018 - 19


LE RÉVEIL DOSSIER

M. Robert VIZET, sénateur honoraire en hommage à Roger Tirand au cimetière des Molières en 2006 (extraits) « Que cette sortie de la pénombre de l’Histoire soit un encouragement à l’enrichissement de la mémoire collective d’une société qui en a besoin pour y retrouver les repères planRobert Vizet tés par les générations antérieures. Cet héritage dont l’inventaire et les enseignements doivent être fait objectivement et servir à trouver le meilleur chemin pour construire une nouvelle société où les hommes et les femmes auront toute leur place et où les mots Liberté, Egalité, Fraternité prendront toute leur signification vivante. » « Trop d’évènements actuels incitent à enrichir cette mémoire collective relatant la vie et le combat des hommes et des femmes comme Roger Tirand et sa fille Colette qui ont été des artisans de cette histoire. » « Il n’est pas trop tard pour remettre les choses et les hommes à leur juste place sans ignorer les ombres et les lumières. » « Le temps qui passe ne doit pas faiblir la mémoire, car contrairement à une certaine interprétation des événements

Rue du 10 juillet 1940 Vitry

20 - LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018

de la dernière décennie, l’histoire n’est pas terminée. L’histoire continue avec les espoirs de solidarité, d’égalité, de fraternité et de paix entre les peuples, portée par des luttes multiformes comme celles que nous venons de vivre. L’espérance en des lendemains plus Hommage de Y Lubranesk, maire de la ville de Molière en 2017 heureux n’est donc pas une utopie. » « D’autre part, le fait que l’appel soit « Le PCF, déjà interdit depuis sep- signé par Maurice Thorez et Jacques tembre 1939 (comme l’ARAC, la CGT Duclos, redonne espoir aux militants et dizaines d’autres associations) subit communistes et les encouragent à orle contre contrecoup qui s’est abattu sur ganiser la lutte sous toutes les formes la France. Des centaines de militants possibles. On peut dire que l’Appel du sont pourchassées pour avoir dénoncé 18 juin de De Gaulle et du 10 juillet l’infiltration de l’appareil d’Etat par des 1940, avec chacun leur sens particulier, agents nazis. Les élus communistes sont ont permis à la résistance de s’unir pour destitués de leur mandat pour n’avoir aboutir, sous la responsabilité de Jean pas dénoncé le pacte germano-sovié- Moulin, à la constitution du Conseil tique. » National de la Résistance pour préparer « Des députés communistes sont l’insurrection nationale et réaliser ainsi condamnés à la prison, comme les 27 du la libération de la France, puis la vicChemin de l’Honneur qui étaient restés toire définitive sur le nazisme, le 8 mai fidèles à leur idéal. » 1945. » « En dépit du pacte germano-soviétique, la culture antifasciste des communistes Le prix en a été lourd de millions de et le souci de l’intérêt national qu’ils morts sur les champs de bataille, dans les maquis, ou pelotons d’exécution, ont, va les amener à réagir. » dans les prisons et les camps de la mort, « Dans le chaos où se trouvent la France dans les combats de la Libération à qui et son peuple, l’appel du 10 juillet 1940 nous rendons hommage. est important et Roger Tirand a pris un gros risque sans se douter de l’impact Rappeler et de saluer la mémoire de tous que cet appel aura sur la suite des évé- ceux et de toutes celles qui dès 1940, ont refusé la défaite pour permettre le nements. » « La proclamation « jamais un grand redressement national et la victoire sur peuple comme le nôtre ne sera un le nazisme, comme Roger Tirand et sa peuple d’esclaves, la France ne devien- fille Colette dont nous devons perpédra pas une sorte de pays colonisé » fixe tuer le sens de leur combat qui doit se des objectifs précis de libération natio- poursuivre dans les conditions d’aunale passant forcément par la défaite de jourd’hui. Robert Vizet l’Allemagne hitlérienne. »


HISTOIRE LE RÉVEIL

Arsène Tchakarian, un homme courageux, un homme engagé, un combattant Arsène Tchakarian est mort samedi 4 août 2018, emportant avec lui le dernier souffle du « groupe Manouchian », un réseau de résistance communiste décisif, qui a laissé une empreinte profonde dans la mémoire française. Un prestigieux patient s’est éteint ce samedi dans une chambre de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif. Celui-ci répondait au nom d’Arsène Tchakarian, né en 1916 dans l’empire ottoman, issu d’une famille arménienne, et naturalisé français en 1958. Mais l’homme n’avait pas attendu de décrocher officiellement cette nationalité pour se conduire comme tel : il était en effet un membre du « groupe Manouchian », dont il était le dernier survivant, réseau de résistance communiste à l’occupation allemande.

Une résistance acharnée Le groupe Manouchian était affilié aux Francs-Tireurs et Partisans Maind’œuvre immigrée (ou FTP-MOI) et devait son nom à son chef Missak Manouchian. Celui-ci, lui aussi d’origine arménienne et rescapé du génocide dont son peuple fut victime au cours de la Première guerre mondiale, avait, entre autres vies, été ouvrier, journa-

liste. L’unité dirigée par ce cadre du Parti communiste, qui avait francisé son prénom en Michel, a conduit 105 attaques contre les Allemands à Paris entre l’été 1943 (au moment où Michel Manouchian obtenait la fonction de commissaire militaire des FTP-MOI pour la région parisienne) et mi-novembre 1943, et treize sabotages de voies ferrées, selon un reportage de France 3 en 2005. Interrogé à cette occasion, Arsène Tchakarian avait expliqué que l’efficacité du groupe Manouchian tenait, pour beaucoup, à la discipline qui régnait en son sein et au cloisonnement strictement établi entre les membres pour les protéger. « Je ne savais pas si tu étais italien, catholique, mais je savais que tu t’appelais Paul ou Pierre comme moi je m’appelais Charles », avait-il brossé, révélant ainsi le nom de guerre sous lequel ses frères d’armes le connaissaient.

L’affiche rouge Mais ces mesures de précaution n’ont pas évité au groupe d’être démantelé par un coup de filet, survenu en novembre 1943. Condamnés à mort le 21 février, Michel Manouchian et 21

14 août 2018 cimetière d’Ivry. Les drapeaux autour d’Arsène Tchakarian

Arsène Tchakarian

hommes de son réseau sont exécutés le même jour sur le Mont Valérien. Une femme, Olga Bancic, a quant à elle été décapitée en Allemagne au mois de mai. Arsène Tchakarian, caché à Paris par un policier, a échappé à ce triste destin avant de reprendre le combat depuis le maquis. Les martyrs du groupe Manouchian ont connu une grande notoriété par le biais de la célèbre « affiche rouge », diffusée en des milliers d’exemplaires par la propagande des nazis et de Vichy sitôt après leur mort pour les salir. « Des libérateurs ? La libération par l’armée du crime ! » proclamait-elle par-dessus les photos des résistants. Mais le mensonge a raté le coche : bien loin de souiller leur honneur, l’affiche a permis de mettre des visages et des noms, ceux de Celestino Alfonso, Olga Bancic, Szlama Grzywacz aux côtés de Michel Manouchian, pour n’en citer que quelques-uns, sur ces héros.

Cimetière d’Ivry. Arsène Tchakarian et Pascal Salvoldeli lors d’une cérémonie au groupe Manouchian.

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LE RÉVEIL HISTOIRE

Ivry le 14 août 2018.

« La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans » Mais l’affiche rouge a au contraire puissamment marqué l’imaginaire national. Le 6 mars 1955, peu après qu’une rue du XXe arrondissement de Paris a revêtu le nom du réseau, Louis Aragon a publié en Une de L’Humanité son poème Strophes pour se souvenir, éloge littéraire du groupe Manouchian que Léo Ferré et Bernard Lavilliers, notamment, ont immortalisé en musique. Dans ce texte, on peut lire : « Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent / Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps / Vingt et trois étrangers et nos frères pour-

tant / Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir / Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant. » Michel Manouchian lui-même a couché quelques mots sur la fin de son groupe. Dans une lettre à son épouse Mélinée, écrite une poignée d’heure avant sa mort, il soulignait ainsi : « Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. » Il assurait ensuite mourir sans ressentiment : « Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. » Levant les yeux vers un ciel

auquel il ne croyait pas, il concluait plus tard : « Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. » Michel Manouchian, comme certains de ses camarades, ont ainsi refusé le bandeau que leur tendaient leurs assassins sur le point de faire feu. Comme un écho, Louis Aragon a laissé ce vers : « La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans. » Source : BFM TV

Arsène Tchakarian et Patrick Staat, secrétaire général de l’ARAC en février 2018 au cimetière d’Ivry pour l’hommage au groupe Manouchian.

Arsène Tchakarian en quelques dates : 1916 : naissance en Turquie, dans une famille arménienne. Exil vers la Grèce, puis la Bulgarie (1921) 1930 : arrivée à Paris, engagement en 1937 dans l’armée française, démobilisation en 1940 1940 : distribution de tracts anti-hitlériens avec son ami Missak Manouchian, passage dans la clandestinité et la résistance armée en 1943

1943 : après la vague d’arrestations de novembre, refuge dans la cache d’un réseau parisien, qui l’envoie en mission à Mérignac, sous l’identité d’Henri Melkian. Retour à Paris le 6 juin 1944, mission de commandement dans le maquis du Loiret. 1950 : premières missions de recherches pour le ministère de la Défense, dans le cadre de la Commission de Fusillés du Mont-Valérien

1986 : publication des Francs-tireurs de l’Affiche rouge, après 20 années de recherches Mai 2012 : publication des Commandos de l’Affiche rouge Juin 2012 : réception des Palmes académiques pour son action en faveur du devoir de mémoire : près de 200 déplacements dans les écoles, collèges, lycées, casernes, synagogues, dans toute la France.

« L’ARAC apprend avec tristesse la disparition d’Arsène Tchakarian, résistant des FTP-MOI, dernier survivant du “groupe Missak Manouchian”. Nous présentons à son épouse, à sa famille, ses amis, nos plus sincères condoléances. Nous porterons la mémoire d’Arsène-Tchakarian : d’abord, celle d’un résistant tenace au joug nazi et ensuite, celle d’un militant passionné et infatigable de l’irremplaçable travail de mémoire, jusqu’à son dernier souffle. » Raphaël Vahé Président National de l’ARAC

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VOS DROITS LE RÉVEIL

Derrière les mots, une politique qui continue à être au service des très riches Les mesures du rapport du Comité action publique 2022 L’AFP a détaillé les mesures contenues dans le rapport CAP 2022. Fonction publique : Le document propose d’assouplir le statut des fonctionnaires, afin de faciliter les évolutions entre les trois fonctions publiques (État, territoriale et hospitalière). Il préconise de ne plus recourir à des mesures générales de revalorisation. Le point d’indice(1) ou les augmentations automatiques n’existeraient plus. État/collectivités : « L’État doit renoncer entièrement aux compétences qu’il a décentralisées. C’est pourquoi la revue des missions doit porter sur l’ensemble des niveaux de l’État, des services déconcentrés jusqu’aux administrations centrales. Un travail d’inventaire doit être entrepris, aux différents niveaux territoriaux. L’ensemble des mesures œuvrant à la suppression des doublons et à la clarification des modalités d’intervention des acteurs « simplifieront le pilotage des politiques publiques et l’accès aux services publics pour les usagers, qui auront un interlocuteur par sujet. Elles redonneront aussi du sens aux missions de chaque agent public contribuant au service local. Elles permettront enfin d’améliorer le solde public d’environ 1 Md€ » affirment les auteurs. Fiscalité : Les experts veulent simpli-

fier « drastiquement le système de recouvrement » des impôts « en réduisant le nombre de dispositifs et de structures qui en ont la charge » (1 milliard d’euros). Le transfert du recouvrement de l’ensemble des taxes à la Direction générale des finances publiques (DGFIP) est recommandé. Le rapport suggère de couper dans les niches fiscales(2) « peu efficaces » : exonérations, taux réduits de TVA, aides à l’innovation… (5 milliards d’euros). De nouvelles réductions d’effectifs dans l’administration fiscale sont demandées. Santé : le texte préconise une « transformation structurelle »(3) du système de santé pour réaliser « plus 5 milliards d’euros d’économies ». Il propose pour cela de ne plus rembourser les soins des médecins, infirmiers et autres professionnels de santé libéraux qui ne seraient pas « inscrits dans un système de coordination entre les acteurs ». Il encourage la fusion de toutes les plateformes d’appel d’urgence (SAMU, police, pompiers). Chômage : l’objectif est de rendre Pôle emploi plus flexible en mettant en concurrence les services d’aide au retour à l’emploi et en recentrant Pôle emploi sur l’accompagnement des chômeurs les moins autonomes (350 millions d’euros). Le rapport propose un regroupement des minima sociaux en « une allocation sociale unique »(4). Il invite à mettre « sous condition de ressources » des allocations familiales, « afin que celles-ci viennent compenser les charges de famille des foyers en ayant le plus besoin ». « 70 % des ménages » continueraient à en percevoir. Audiovisuel : les experts souhaitent miser sur le numérique et recentrer l’offre sur deux chaînes, France 2 et France 3 (400 millions d’euros). Les

auteurs estiment qu’« à moyen ou long terme la diffusion hertzienne, de moins en moins pertinente pour certains publics(5), doit progressivement prendre fin ». Transport : Le rapport propose de favoriser la mise en œuvre d’un péage urbain(6) dans les principales métropoles modulé en fonction du niveau de pollution de la voiture. Logement : Les auteurs souhaitent revoir le calcul de l’aide personnalisée au logement (APL), qui, à partir de l’an prochain, seront calculées sur la base des revenus de l’année n, et non de l’année n -2, comme c’est le cas actuellement. Ils souhaitent également augmenter le « nombre de permis de construire délivrés dans les zones tendues ». Objectif : améliorer la situation des finances publiques d’environ 3 milliards d’euros(7) (dont 1,4 d’économies). Ils veulent faire de l’échelon intercommunal le niveau opérationnel de l’instruction et la délivrance de ces permis de construire. Ils proposent de revenir à un régime de droit commun unique pour les investisseurs en autorisant la déduction des charges de propriété et d’un amortissement. LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018 - 23


LE RÉVEIL VOS DROITS Ensuite, transférer les compétences d’aides à la pierre aux collectivités(8) et établir un cadre juridique et fiscal pérenne pour l’investissement locatif privé Education : Le rapport propose d’évaluer les établissements scolaires(9). Plusieurs critères sont mis en avant, allant des résultats des élèves, des conditions d’étude et de sécurité, l’im-

plication des équipes ou encore les conditions matérielles. AFP – 23/07/2018 (1) – Le point d’indice des fonctionnaires qui sert à la revalorisation de la retraite du combattant. (2) – La rente mutualiste anciens combattants est considérée par le gouvernement comme une niche fiscale. (3) – 5 milliards d’économie c’est le déremboursement de médicaments, la suppression d’établissements de soins de proximité, la réduction des personnels des hôpitaux. C’est des soins de santé liés aux revenus de chacun. C’est le contraire de la péréquation qui avec la Sécurité sociale posait les bases de soins égaux pour tous. (4) – Une allocation sociale unique, c’est la porte ouverte au recul de l’indemnité chômage, la mise en cause des allocations familiales. (5) – 30 % des ménages « les plus pauvres » n’ont pas accès à Internet. Cette mesure risque d’encore plus les isoler. (6) – Un péage urbain, c’est rendre encore

plus difficile les déplacements maison-travail au regard de l’absence de politique de transports publics de l’Etat dans les périphéries des grandes métropoles. (7) – C’est le choix du logement locatif privé au détriment du logement social. (8) – C’est faire porter l’insuffisance de logements sociaux aux collectivités déjà touchées par une baisse de 30 à 40 % des dotations d’Etat. (9) – C’est une école à 2 vitesses qui s’installe.

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VOS DROITS LE RÉVEIL

Refonte du code des PMI à droit constant ? Maintien des droits acquis ? Que de promesses fallacieuses !!! Il faut se rendre à l’évidence, le monde anciens combattants n’intéresse plus personne excepté ceux qui souffrent dans leur chair et qui ont donné leur sang, ou qui ont perdu un des leurs. Mais combien restent-ils encore ? A peu près 3 millions et ils n’oublieront pas le traitement dont ils font l’objet.

La refonte du code des PMI Elle a permis de transférer des sujets qui faisaient partie du domaine de la loi au domaine règlementaire (simples décrets). Elle a rayé d’un trait pour les mutilés titulaires du droit à la tierce personne (ancien article L18 et nouvel article L133-1) de leur droit à l’hébergement en établissement adapté, moyennant le versement audit établissement de leur majoration de pension pour l’assistance d’une tierce personne. La mention « mort pour la France » a été restreinte puisqu’elle n’est plus applicable que pour les militaires décédés hors du territoire français, et remplacé par la mention « mort au service de la nation » Rappelons aussi que le bénéfice du droit à pension partait du jour de la demande formulée devant l’administration, par l’intéressé (ancien article L6 du code des PMI). Ce raisonnement est parfaitement logique car lorsque l’intéressé attend plusieurs mois, voire plusieurs années avant de recevoir une personne de l’administration, ce silence est tout bénéfice pour l’Etat. Le législateur s’était aperçu de cette difficulté et « avait remis les pendules à l’heure ». Alors pourquoi tout remettre en question maintenant, si ce n’est pas encore pour faire croire que les causes du déficit budgétaire du pays et continuent à l’être.

Maintien des droits acquis Comment est-il possible d’assurer que les droits acquis sont maintenus, alors que vont être supprimées les juridictions des pensions. L’article 36 supprime purement et simplement l’existence des juridictions des P.M.I. créé par la charte de 1919. Désormais ce droit à pension serait régi par le code de justice administrative (nouvel article L111-1, sauf pour deux particularités prévues par les articles L111-2 (instauration d’un RAZO) et L111-3 (maintien de l’aide juridictionnelle sans conditions). Certes les 38 tribunaux des pensions actuels seront remplacés par 42 tribunaux administratifs, mais les 37 cours régionales des pensions, le seront par 8 cours administratives d’appel. Le droit à la proximité, surtout pour des handicapés, est une nouvelle fois bafoué. Quant à la rapidité des tribunaux administratifs pour juger les affaires de P.M.I., il est permis d’en douter. Il ne faut pas oublier que si les demandes de pensions « traînaient » c’est tout d’abord parce que l’administration était et est encore lente à donner une réponse (de nombreux mois, voire plusieurs années). L’administration soutient que les tribunaux administratifs statueraient en moyenne en dix mois ! Que nenni !! Les juridictions administrations de droit commun sont déjà encombrées par un nombre important de dossiers arriérés, et il est prévu d’allonger cette procédure par l’obligation d’un RAZO préalable obligatoire (recours administratif préalable obligatoire). Quant à l’application du Code de justice administrative, elle n’est nullement adaptée au traitement des P.M.I. et les juges administratifs ne sont

nullement familiarisés à ce droit : - Possibilité pour ce code de déroger à l’obligation de collégialité - Les affaires de pensions sont susceptibles d’appel - Procédure écrite très technique - Les juges administratifs (tribunaux et cours administratives d’appel) ne maîtrisent pas le droit à réparation en matière de P.M.I., droit qui n’est enseigné nulle part. - Suppression de l’existence d’une triple expertise médicale. Où se trouve la bienveillance prévue par la charte de 1919 pour venir en aide à « tous ces fracassés » par les horreurs des guerres ? La création du « RAZO » n’est qu’un leurre (voir Réveil des Combattants du mois de mars 2018 page 21). Vouloir transférer aux juridictions administratives classiques des procédures relevant jusqu’à présent des juridictions des pensions militaires d’invalidité, c’est en réalité vouloir banaliser ce droit qui ne peut et ne doit l’être. Il ne faut surtout pas oublier qu’en matière de P.M.I., l’Etat est partie au procès, n’est plus ni moins important que le demandeur de pension. L’Etat n’est pas là « pour dire le droit » comme le fait le commissaire du gouvernement dans les autres procédures précédentes devant les juridictions administratives. Non seulement simple partie au procès l’Etat est débiteur envers le demandeur de pension au nom de la nation et doit réparer toutes les blessures tant physiques que psychiques et prendre à sa charge les orphelins et les conjoints survivants. Il apparaît évident que l’Etat écoute peut-être les demandes et observation du monde combattant, mais ne les entend pas et ne veut pas les entendre. LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018 - 25


LE RÉVEIL VOS DROITS

Toute humanité disparaît dans les propos de l’Etat. Cette absence d’humanité est reprise par le vote des députés. N’oublions pas que tous ces pension-

nés ou futurs pensionnés « ont des droits sur nous » et que si les jeunes députés et sénateurs (lesquels heureusement n’ont pas connu la guerre) peuvent aujourd’hui vivre dans un

Etat démocratique, c’est grâce à leurs anciens qui se sont battus pour cela. Le droit à réparation ne peut pas être bafoué comme il l’est actuellement ! JTA

Que de déceptions ! Réellement le monde anciens combattants est bien malmené. Que sont devenus le droit à réparation et la reconnaissance de la nation ? Ce droit à réparation, officiellement adopté et reconnu depuis la charte de 1919, semble « tomber dans les oubliettes », puisqu’il est sans cesse « marchandé ». Le monde anciens combattants ne demande pas l’aumône, mais uniquement son droit à réparation. La Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et Victimes de guerre, semble ignorer ce droit à réparation. Bien des demandes ont été « oubliées » ou « balayées » d’un revers de manche. Certaines, rares, semblent avoir été ac-

ceptées (sous réserve des décisions futures prises par les élus : assemblée nationale et sénat).

Demandes paraissant pouvoir aboutir : - Attribution de la carte du combattant en Algérie pour la période 1962-1964. Création d’une commission tripartite sur l’évolution du point de pension militaire d’invalidité - Demande d’installation d’une plaque sous l’Arc de Triomphe en hommage aux militaires d’opérations extérieures morts pour la France. - Attribution de la carte du combattant aux blessés en dehors des OPEX (dossiers individuels étudiés cas par cas)

- Revalorisation des experts P.M.I. - Demande d’étude comparée concernant les dispositifs de soutien en faveur des blessés. Toutes autres demandes, très nombreuses, font l’objet soit d’avis défavorables, soit d’avis réservés. Le principal motif en est le coût financier. Comment révoquer un tel motif lorsqu’il s’agit du droit à réparation qui est une dette de l’Etat ? Comment révoquer un tel motif lorsqu’il s’agit de la reconnaissance de la nation envers ceux qui ont donné leur sang ou leur vie pour leur pays ? Ne l’oublions surtout pas en ces périodes quelque peu tourmentées ! JTA

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26 - LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Robert Vizet, « un parcours citoyen »*

Né le 30 janvier 1924 à Igny (91), où il repose désormais. Un hommage unanime a rassemblé 300 personnes, 16 drapeaux au matin du 21 août dernier à travers des brassées de gerbes (le préfet, les élus nationaux, départementaux, locaux) les délégations des associations avec ses camarades de combat, l’arac dont il était dirigeant d’honneur, ANACR, le PCF, la CGT, marquant sa fidélité de tous les instants à ceux avec qui il avait lutté toute son existence. Toute cette foule rassemblée en témoignait, anonyme et militants,

chacun avait une anecdote à raconter sur Robert, sa façon d’être, de militer, ses contacts humains, par-delà l’ancien maire de Palaiseau, le conseiller général, le député, le sénateur, c’était « Robert » l’ami. Réfractaire au STO, Résistant clandestin en lutte contre l’occupant nazi, il participa à la libération de Paris puis de La Rochelle. Puis le jeune communiste syndiqué à la cgt du livre devenu élu municipal à Palaiseau va consacrer sa vie au service des autres, de ses concitoyens et AVEC ses concitoyens. Il ne s’est pas contenté de « gérer honnêtement et avec compétence les affaires de la cité » – il a lutté contre toutes les injustices, les exploitations, les guerres. Avec son parti, avec l’Arac, il a ouvré pour que la population soient à ses côtés et participent en pleine conscience et responsabilité aux combats du quotidien. A travers nos expositions, avec ses témoignages, ses conférences, ses rencontres, il s’est voulu un « passeur de mémoire ». Robert Vizet, notre cama-

rade nous laisse en héritage l’exemple d’un sacré « PARCOURS CITOYEN ». * Livre d’Olivier Mayer (Temps des Cerises)

Extraits du message de condoléances de la direction nationale de l’ARAC Robert fut un ardent défenseur du travail de transmission de la mémoire, de la lutte antifasciste, de l’anticolonialisme. Il ne manquait pas de rappeler le progrès humain toujours d’actualité, que constitue le Programme du Conseil National de la Résistance. Il défendait résolument avec l’ARAC, les valeurs républicaines d’émancipation, la souveraineté, le droit républicain-imprescriptible- à réparation, le combat pour la Paix, la solidarité. Nous poursuivons son combat. » Pour la direction nationale de l’ARAC, Raphaël VAHE

Rennes (35) Remise de la Légion d’Honneur à Célestin Perrigault le 4/8/2018 Georges Ploteau Je voudrais remercier au nom de l’ARAC, Madame la Maire de Rennes de faire le lien entre la Libération de Rennes et les acteurs et témoins de la Résistance, ainsi que M. Rodriguez, directeur de l’ONAC 35 pour son aide. Après le décès en 2015, du Président d’honneur, Jean ROLLAND, nous avions demandé à Célestin PERRIGAULT de devenir à son tour Président d’honneur. Il est important de rappeler que parmi ceux qui bâtirent l’histoire, il y eut aussi ce peuple de Bretagne de France, ceux qui comme nous le rappelle le chant des partisans montait de la mine, descendait des collines. Parmi eux des femmes, des hommes, des jeunes comme Tintin, comme Guy

Faisant qui dès juin 1940, commençaient à résister. Dans cette Résistance, il y avait des anciens de 14/18, notamment des militants de l’ARAC, au plan national, quelques milliers de nos aînés qui connurent la prison, la torture, la déportation, et 212 de nos adhérents tombèrent en martyrs du nazisme. Un formidable espoir montait pour que le monde ne puisse plus revoir de telles souffrances. Il se traduisit mondialement par cette formidable Charte des Nations Unies, trop souvent oubliée aujourd’hui : « Nous peuples des Nations Unies » Car, si l’évocation du passé est importante, nous pensons à l’ARAC que comme Lucie Aubrac : « Le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent ». Avec cette distinction de Chevalier de la Légion d’Honneur remise au-

Célestin Perrigault à la tribune lors de sa remise de décoration.

jourd’hui, c’est un merci que nos générations adressent à ces citoyens de l’armée de l’ombre comme le fut Célestin. C’est un appel à chercher aujourd’hui un avenir de paix et de solidarité pour les peuples du monde, un appel à continuer à faire vivre ces idéaux républicains : la liberté, l’égalité, la fraternité. LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018 - 27


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Nièvre (58) Cérémonie du 16 juillet 2018 au cimetière de Poil (Nièvre) pour la réhabilitation de la tombe d’Alexandre Tcherkassov, commandant du détachement de maquisards soviétiques « Léningrad ». Liliane Rehby Présidente de l’ARAC du 71, Secrétaire Nationale de l’ARAC à la cérémonie de la tombe du commandant. Un peu d’histoire : Après avoir échappé à l’anéantissement du maquis Valmy par les forces allemandes lors de la bataille D’Uchon (juin 1944), les FTP décident de disperser leurs troupes en petites unités, couvrant l’est du département de la Nièvre et le nord-ouest de celui de Saône-et-Loire.

Les groupes soviétiques sont localisés principalement dans la Nièvre où ils réalisent divers sabotages. Au soir du 15 juillet 1944, alors qu’ils s’approchaient du village de Poil (limite de la Nièvre et de la S&L), « Viktor » et son fidèle adjoint « Fernand » durent engager le combat avec un groupe armé inconnu. Terrible méprise comme il peut en arriver dans une guerre : chacun croyait faire face à des miliciens, malheureusement c’était un détachement de maquisards

FTP français. Alexandre Tcherkassov fut tué (il mourut le 16 juillet au matin), Franciszek Orlowski fut blessé au bras. Dans le camp d’en face, deux de leurs assaillants Lucien Rouvray et Maurice Lamotte et appartenant au maquis Valmy avaient été blessés. Les honneurs ont été rendus à Alexandre Tcherkassov devant sa tombe restaurée. En présence d’élus, des écoliers et leurs maîtresses qui ont interprété une chanson sur la Paix de Jean Ferrat, des associations d’Anciens Combattants, de porte-drapeaux, d’habitants de Poil. Une représentante de l’Ambassade de Russie et l’arrière petite nièce venue de Sibérie étaient présentes. Dépôts des gerbes, verre de l’amitié ont permis des échanges autour de la mémoire du résistant Alexandre Tcherkassov.

Poissy (78)

Des recherches énergiques faites par l’ANOPEX ont permis d’identifier un ancien soldat français, Daniel Crepet, 47 ans, brigadier des troupes blindées, décoré de la Croix de guerre lors de

l’opération Daguet. Comment un ancien militaire peut-il devenir SDF ? Ce soldat français apparemment abandonné de tous, dont « les cicatrices » ne sont pas refermées » a précisé le maire de Poissy dans son oraison funèbre. Une chaîne de solidarité a pu être mise en place grâce à l’ANOPEX qui a permis de financer une vraie tombe. Un hommage lui a été rendu. Le Réveil s’associe à cet hommage.

Mardi 31 juillet 2018, les honneurs rendus au SDF, Militaire oublié de tous, mort un 14 juillet dans l’indifférence générale, sur le trottoir, à nos portes…

Loiret (45)

Loiret (45)

Val de Marne (94)

Sortie annuelle du comité départemental du Loiret de l’Arac de la section Fleury Saran, dans la ville de Montargis avec notre guide Micheline. Sur le trajet aller nous avons rendu hommage au maquis de Lorris (attaqué en août 1944 par l’armée allemande) situé au carrefour de la résistance.

Jeudi 23 août s’est déroulée la cérémonie du 74e anniversaire de la libération de Paris devant le château de Vincennes. Organisée par la fédération des groupements des anciens combattants et victimes de guerre de la RATP. L’ARAC était représenté par Jacques Verrier Secrétaire national et Guy Sabis porte drapeau départemental.

Un SDF, ancien OPEX décède dans le centre-ville de Poissy, le 14 juillet 2018, dans l’indifférence générale, sur le trottoir.

Tcherkassov

Le comité départemental du Loiret de l’Arac a rendu hommage à Cyprien Depardieu mort pour la France en tant que déporté politique au camp d’Auschwitz le 14 août 1942 avec la présence de sa petite fille Marie Paule et avec le concours de l’Institut d’Histoire Sociale de la CGT.

28 - LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Cher (18) L’ARAC du Cher a réuni en Assemblée Générale le 30 mars 2018 à St Amand Montrond a voulu marquer sa satisfaction suite à la création courant 2017 de la section « ARAC Cher Sud St Amand Montrond » regroupant les adhérents-es du sud du département. Après l’observation d’une minute de silence à Jean-Pierre Demolliens a présenté la nouvelle section, Paul Fontaine, Président de l’ARAC du Cher le bilan d’activité, commémorations. Quelques informations ont été apportées concernant les aides financières

que peut octroyer l’ONAC aux Anciens Combattants et Veuves. Le débat s’est engagé sur le devoir de mémoire et plus particulièrement en prenant la décision de présenter les expositions en milieu scolaire, de préférence à Bourges, Vierzon et St Amand Montrond. La participation aux Etats Généraux de la Paix à Paris. Annie Frison, adhérente à l’ARAC et présidente du Mouvement de la Paix a insisté sur la cérémonie pacifiste commémorant le 11 novembre 1918 à Vierzon pour aller vers un monde en paix.

Le bureau départemental a été élu : Président Paul Fontaine, Vice-présidente Colette Baudiment, Secrétaire Jacques Durand, Trésorier Alain Baot.

la 1re Guerre mondiale, et qui, rescapé de la boucherie, était revenu avec la certitude qu’avec tous les survivants et l’ARAC, il saurait empêcher que le crime se renouvelle. Il était écrit que le jeune paysan, malgré cet amour de la paix chevillé à

l’âme, serait obligé de surmonter sa répugnance parce que, lorsque la guerre éclate, lorsque le pays est envahi, lorsque ce sont ceux-là mêmes qui devaient le protéger qui ouvrent la porte aux envahisseurs, a-t-on vraiment le choix ? Sylvain, choisit de s’engager dans les rangs des Francs-tireurs partisans, les F.T.P.F. Cette fidélité, celle d’un homme qui avait choisi l’honneur lorsque tant d’autres se vautraient dans la collaboration, se doublait d’une certitude que jamais, quelles que soient les difficultés, il ne fallait baisser les bras. Il concluait que nous n’avions d’autre choix que la lutte et la Résistance.

Vaucluse (84) Le 25 juin, hommage à Sylvain Meyer, ancien président de la section de l’ARAC de Velleron. Extraits : Roger Martin (PCF) dans l’hommage au dernier résistant velleronnais. Sylvain était un homme de convictions. Il faisait partie de ces êtres trop rares pour qui les discours, fussent-ils les plus beaux, ne restaient que des mots si leurs auteurs ne les transcrivaient pas en actes. Des convictions profondément ancrées dès la jeunesse, cette haine de la guerre, que lui avait léguée, un père qui avait combattu et souffert sur différents champs de bataille au cours de

Pyrénées Orientales (66) Commémoration et recueillement au Col de la Bataille

las, Augustin Ferrer avec 8 membres de l’Amicale des guérilleros espagnols 66, une délégation de la section FNACA et AC d’Estagel.

Le samedi 7 juillet l’association « les Amis du Maquis Henri Barbusse » a réalisé un beau rassemblement autour du monument regroupant personnalités et associations.

Sont intervenus suite aux dépôts de gerbe et fleurs : - Daniel Baillette a rendu hommage à Adrien Vidal dernier survivant du Maquis décédé, retraçant son action au Maquis et son activité sur le devoir de mémoire. - Etienne Mas a retracé et insisté sur le rôle du Maquis, ses résistants, combattants avec les guérilleros de 1942 à la libération. - Augustin Ferrer des guérilleros a

L’ARAC 66 avec le Président Daniel Baillette, Etienne Mas Président de l’Amicale, une délégation menée par Serge Pages Président ARAC de l’Aude, Jean Pierre Castillo secrétaire de l’ANACR 66, le Président de la FNACA de la section de Mil-

donné connaissance d’un message du Président Raymond San Geroteo. Sur ses thèmes le débat s’est poursuivi autour d’un apéritif amical ; un appel a été lancé à participer aux prochaines commémorations. LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Paris : Célébration du 74e anniversaire de la Libération de Paris, le 25 août Un concert-mémoire sur le parvis de l’Hôtel de Ville L’objectif, sensibiliser toutes les générations aux événements de ces années 1939 à 1945, à travers des musiques rendues célèbres par les historiens qu’elles ont illustrées et des textes évocateurs lus par des jeunes artistes. Le concert avec la musique des gardiens de la paix de la Préfecture de Police a été suivi par la retransmission du film « Paris brûle-t-il »

réalisé en 1966. « Cette cérémonie officielle était très émouvante et très belle » a précisé la maire de Paris Anne Hidalgo. Elle a ajouté « je pense que le cinéma peut jouer un rôle très très important… dans ce récit collectif qui nous unit. » Nous comprenons cette appréciation dans la situation de disparition progressive des derniers grands témoins. Cela

étant l’évocation dans le concert-mémoire de personnalités décisives de la Résistance notamment comme celle du général de Gaulle, du Colonel Rol-Tanguy, aurait pu et dû être mieux considérée. L’ARAC était présente avec Raphaël Vahé (Président), François Kaldor et de nombreux militants de l’ARAC.

19 août 2018 : Hommage solennel aux fusillés du Bois de Boulogne 16 août 44, 35 jeunes résistants de la région parisienne sont fusillés près de la Cascade du Bois de Boulogne. Ils sont tombés dans un piège tendu par la Gestapo avec un agent double infiltré dans la Résistance. Le nombre de gerbes et de drapeaux montrent l’attachement à commémorer cet évènement. De nombreux élus, dont Catherine Vieu-Charier, les représentants des préfets et de l’ONAC, assis-

taient à cet hommage. Le discours de Catherine Vieu-Charier insiste sur le travail de mémoire indispensable et sur l’activité du message laissé par la Résistance face aux menaces qui pèsent sur la démocratie et les valeurs républicaines d’aujourd’hui. Robert Créange, a lu des lettres de fusillés, émouvantes et stimulantes. L’ARAC représentée avec ses porte-drapeaux emmenés par Jean-Luc Colin,

Août 2018 cascade du Bois de Boulogne

Jean-Pierre David, Raphaël Vahé, Président national, Liliane Rehby, secrétaire nationale, et Michel Kachkachian ancien FTP-MOI.

Bouches-du-Rhône (13)

Mardi 19 juin 2018, l’ARAC 13 avait organisé une visite mémorielle au Camp des Milles (13), Camp Français d’internement et de déportation. Une cinquan-

taine d’adhérents et d’amis ont pris part à cette visite guidée. Visite retraçant trois périodes. Septembre 1939-Juin 40 camp d’internement pour sujets ennemis (allemands et Autrichiens) qui avaient fuis le régime nazi. Juillet 40-Juillet 42 camp de transit et d’internement des Indésirables de la Zone Sud. A partir d’Août 42 Solution Finale, déportation vers les camps de la Mort (Auschwitz via Drancy). 10 000 internés, 2 000 déportés. Découverte du Camp, archives, films, lieux de vie, ré-

ACVGI Le 21 juillet à l’Arc de Triomphe, l’ACVGI dont Michel Bassot, Chevalier dans l’Ordre National du Mérite, est le président, l’ARAC avec Liliane Rehby, secrétaire nationale, chevalier dans l’ordre national de la Légion d’Honneur, dirigeant la délégation représentant l’association avec de nombreux porte-drapeaux de comités de la région Ile de 30 - LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018

France et les responsables de comités locaux et départementaux, le village de l’amitié au Vietnam « Van Canh » ont célébré les accords de la conférence de Genève en 1954 marquant la fin de la guerre d’Indochine. La Flamme du 21 juillet est issue d’une volonté militante de nos associations maintenue depuis une décennie.

sistance et sauvetage d’enfants effectués dans le camp furent au menu. Cette visite s’appuyant sur l’histoire, permet de comprendre comment les discriminations, les racismes, l’antisémitisme et les extrémismes peuvent mener au pire. Faute de temps nous n’avons pas visité la salle des peintures murales réalisées par des artistes internés dans le réfectoire des gardiens, le chemin des déportés et le wagon souvenir. Une seconde visite s’impose. Patrick Saintenoy.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

29 juin 2018 : Paris commémore la bataille de Stalingrad pour ne pas oublier A l’initiative d’élus parisiens (dont Catherine Vieu-Charrier, adjointe au maire de Paris, qui s’est beaucoup investie dans la mise en place du projet) a eu lieu l’inauguration d’une plaque en hommage aux soldats de l’armée rouge « dont le combat contribuera à

C. Vieu Charier et A. Mechkov ambassadeur de Russie place Stalingrad.

notre Libération ». « Entre le 17 juillet 1942 et le 2 février 1943 cette bataille fit près de 2 millions de morts ». Dans une interview, elle a tenu à préciser : « Je suis très émue, parce que je trouve qu’il y a beaucoup d’injustice ces dernières années à considérer que la fin de la Seconde guerre mondiale a été diligentée par les alliés. On oubliait toujours « ce magnifique sacrifice » des peuples soviétiques au moment de la bataille de Stalingrad. Tous démontrent que les Russes se sont sacrifiés, autant les civils que les militaires pour la liberté universelle » a-t-elle rappelé à juste titre. L’ARAC était représentée par Raphaël Vahé, Jean-Luc Colin et François Kaldor.

29 juin 2018 : l’inauguration d’une plaque à la mémoire de la seconde guerre mondiale – bataille de Stalingrad dans le 19e arrondissement de Paris à la place de la bataille de Stalingrad.

L’ambassadeur de Russie en France, Alexeï Mechkov a évoqué la « renaissance » des relations entre la France et la Russie, lors de cette inauguration.

Nos peines ■ AISNE (02) Montescourt-Lizerolles : Emile BRULÉ, 83 ans, AC ATM, Médaille Militaire, Croix de la Valeur Militaire. St Quentin : Roger LEFEVRE, AC ATM ■ ALLIER (03) St Germain des Fossés : Marc GARGAIRE, AC ATM. ■ ALPES MARITIMES (06) Cagnes sur Mer : Alfred GOZZI Villefranche : Serge GIORDANA, 78 ans, AC ATM. ■ BOUCHES DU RHONE (13) Vellutini-St Just : Daniel COGNE, AC ATM. Jacques N’GUYEN, 81 ans, AC ATM, président délégué et trésorier de la section. ■ CHARENTE (16) Ruelle : Jean LASCOUX, 99 ans, AC 3945, Chevalier de la Légion d’Honneur. ■ CHER (18) Torteron : Guy LEMASSONNE, AC ATM. ■ CORREZE (19) Brive la Gaillarde : André THOMASSON, 99 ans, Résistant, Commissaire aux effectifs dans la 2e région FTPF. ■ DORDOGNE (24) Excideuil : Paul PERTUIT, 95 ans. ■ GARD (30) Nîmes : Robert BRAHIC, AC ATM.

■ ILLE ET VILAINE (35) Rennes : Monseigneur Louis MAZURIER, AC ATM, Officier de Réserve, membre d’honneur du comité. ■ LOIRE (42) St Chamond : Robert LAMANT, 81 ans, AC ATM, porte-drapeau départemental. ■ LOIRE ATLANTIQUE (44) Raspail : Serge LE LIEVRE, AC ATM ■ MOSELLE (57) Ottange-Villerupt : Marcel CASTAGNA, AC ATM. ■ NIEVRE (58) Decize : Jean QUEFFELEC Garchizy : Claude ERAY Nevers : Jean DURAS, ■ NORD (59) Fenain : Albert MILLION, ACATM. Solre le Château : Maurice LENTIER, 83 ans, AC ATM ■ HAUTES PYRENEES (65) Soues : José MAIRAL, 83 ans, AC ATM. ■ PYRENEES-ORIENTALES (66) Perpignan : Adrien VIDAL. ■ SARTHE (72) La Suze : Claude RIOLON, 85 ans, AC ATM. ■ SAVOIE (73) Chambéry : Maurice CHARVET. Roger MAURO, 82 ans.

■ PARIS (75) 19e : Mme Huguette AZAVANT, combattante pour la paix. ■ SEINE MARITIME (76) Le Havre : Jean-Pierre LEFEBVRE, 80 ans, AC ATM. Charles MARGA, 79 ans, AC ATM. ■ VIENNE (86) Châtellerault : Josiane CHARAUDEAU, 88 ans, trésorière départementale. ■ YONNE (89) Migennes : Jacques FOUACHE, 85 ans, AC ATM, Président départemental. Georges VIGELAKOFF, AC ATM. ■ ESSONNE (91) Les Ulis : Max LECOMTE, AC ATM. Limours : Gilbert COTTAIS, 94 ans. Massy : Michel MANDON, AC ATM. ■ HAUTS DE SEINE (92) Asnières : Jean-Pierre LEBEL, 79 ans. ■ SEINE ST DENIS (93) Le Blanc Mesnil : Mme Alice BELLAT, 86 ans. ■ VAL DE MARNE (94) Chevilly Larue : Mme Pierrette THURMEAU, veuve Choisy le Roi : Bernard PARQUET, 79 ans, AC ATM. Villejuif : Mme Louise VIGNON, combattante pour la Paix. LE RÉVEIL - N° 846 - JUILLET-AOÛT 2018 - 31


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