Magazine reveil des combattants octobre 2013

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Allemagne : terre d’inégalités

Budget 2014 des ACVG inacceptable !

le réveil Octobre 2013 - N°797 - 5 e

www.le-reveil-des-combattants.fr

première guerre mondiale

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix Quand s lité les inéga ce en Fran r on g e n t urs les vale ique ubl de la Rép

PROFITS

Pour exprimer notre colère et exiger un meilleur budget,

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rassemblement

mercredi 30 octobre à Paris, devant l’Assemblée Nationale, Place Édouard Herriot. Avec L’ANCAC, les associations d’ACVG de la fonction publique, l’ARAC et les UDAC d’Ile-de-France.

Depuis 30 ans les gouvernements ne s'attaquent pas e aux causes de la cris

Le même jour partout en France, organisons des délégations devant les préfectures

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL actualités

11 novembre 2013

L

Message de l’ARAC

a proximité du centenaire de la guerre de 1914-1918 provoque une attention accrue sur le 99e anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918, qui sera commémoré comme il se doit le 11 novembre de cette année 2013. Et tout en préparant les initiatives propres à ce centenaire, les pouvoirs publics, les collectivités territoriales, les associations du monde combattant, relayés par divers médias, commencent à s’exprimer à ce propos dans le cadre du 11 novembre 2013. Il est à noter que les effets de la Grande Guerre, puisque c’est ainsi qu’elle est souvent qualifiée, les morts, les blessés, les mutilés, les veuves, les orphelins sont souvent évoqués autant que les régions dévastées, sans oublier les restructurations géographiques d’un nombre appréciable de nations. L’ARAC ne conteste pas évidemment ces évocations, mais il importe de ne pas en rester là, l’action pour la paix exige de mettre en évidence les causes de ce conflit, les buts des pays belligérants. Car c’est en éradiquant les causes des guerres qu’il sera possible d’ouvrir la voie à la paix et en en connaissant les buts, de contraindre les gouvernements à prendre le chemin de la négociation plutôt que celui de l’affrontement. L’ARAC refuse les interprétations sentencieuses de l’histoire de la guerre de 1914-1918. Car la complexité d’évocation des événements historiques conduit obligatoirement à formuler des évocations qui, pour différentes qu’elles puissent être, n’en n’ont pas moins autant de valeur lorsqu’elles respectent l’événement dans sa réalité. L’ARAC n’entend pas fêter la guerre 1914-1918, mais évoquer ses causes dans leurs réalités pour mieux s’y attaquer et commémorer les citoyens et citoyennes qui ont dû y faire face. De ce point de vue, elle rappelle qu’elle demande avec persistance la réhabilitation de l’ensemble des fusillés « pour l’exemple ». Et l’ARAC rappelle aussi que la commémoration des sacrifices de la guerre 1914-1918 ne peut être confondue avec les morts pour la France de tous les autres conflits, exprimant ainsi, en la circonstance, son opposition résolue à une « journée unique du souvenir ».

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LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013

l

Message de l’UFAC

l y a 95 ans, était signé l’Armistice du 11 novembre 1918. Ainsi s’achevait, dans les brumes de l’automne, la Première Guerre mondiale, commencée, quatre années plus tôt, en août 1914. La FRANCE victorieuse était affaiblie : • 1 400 000 morts • 740 000 invalides • 3 000 000 de blessés • des centaines de milliers de veuves et d’orphelins Bilan très lourd reflétant l’ampleur des sacrifices consentis pour la Patrie et la Liberté, par nos soldats engagés dans ce conflit appelé la «Grande Guerre». Le 11 novembre 1918, les survivants pensèrent qu’ils avaient gagné la «der des ders». Hélas, vingt et un ans plus tard, les peuples étaient entraînés, par des régimes fascistes et totalitaires, dans la Seconde Guerre mondiale. En ce jour de commémoration ouvrant officiellement le cycle mémoriel qui marquera jusqu’en 2018 le centenaire de la Première Guerre mondiale, rendons hommage à tous ces soldats de Métropole, d’Outre-mer, des Pays alliés, qui ont fait preuve d’un courage exemplaire méritant notre reconnaissance. Beaucoup d’entre eux sont «Morts pour la France» et nous nous inclinons devant la douleur de leurs familles, si cruellement éprouvées. L’Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de Guerre (UFAC) fidèle au souvenir de toutes celles et tous ceux, victimes de toutes les guerres, invite la jeunesse à œuvrer pour un monde plus juste, plus solidaire et plus fraternel. Vive la République ! Vive la France !


ÉDITO LE RÉVEIL

Quand les inégalités rongent les valeurs de la République

SOMMAIRE Actualités p. 4 Le monde à l’envers : les plus démunis touchés par l’impôt.. . . . . 4 Dysfonctionnements et réalité du fédéralisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Budget 2014 des ACVG : inacceptable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 1913 : 2013 : une comparaison économique instructive. . . . . . . . . . . . . 6 International p.8 Allemagne : une terre d’inégalités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Asie/Pacifique : guerre d’influence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Cisjordanie : aide humanitaire en danger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Iran/Etats-Unis : vers la détente. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Interventionnisme US : Obama dégaine.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Vie de l’ARAC p. 21 La vie des comités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Vos droits p. 26 Mutuelle : la direction nationale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Essais nucléaires : les vétérans accusent.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Vivre dignement .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Bleuet de France.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Date des élections municipales et européennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Magazine p. 31

P. 13 Do s s i e r

Première Guerre mondiale Causes, effets et conséquences www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

Gérant Directeur de la publication : Raphaël

Tirage : 60 000 exemplaires

Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain• Service photos : JeanClaude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Illustration de Une : © Ajubel - Paru dans Courrier Internatio-

nal et El Mundo • Impression : RIVET P.E. - 24 rue

«L

a France vit au-dessus de ses moyens », « C’est la crise ». Mais pas pour tout le monde. Carlos Ghosn a touché 13,3 millions d’euros en 2012, soit 36 400 euros par jour. 80 % des recettes fiscales de l’État sont payées par les travailleurs alors que l’impôt sur les bénéfices des entreprises ne représente que 10 % des recettes fiscales. Plus personne ne peut contester la société inégalitaire dans laquelle nous vivons. Depuis 1945, le pays n’a jamais compté autant de démunis avec plus de 8,6 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (14 % de la population). Quand le gouvernement décide de baisser de 3 % le budget des anciens combattants, il porte atteinte aux conditions de vie des anciens combattants. Quand il décide d’augmenter le prix du gaz, des transports, les ménages, les retraités et particulièrement les foyers à revenus modestes sont mis à contribution. Alors même que les entreprises du CAC 40 voient leurs bénéfices augmenter de 25 % en un an. Comment s’étonner de la colère, de la désespérance qui conduit à l’abstention, voire au vote Front national. L’abstentionniste ou l’électeur du Front national est un citoyen qui a voté pendant des décennies pour les candidats « républicains », et qui a changé d’avis pour des raisons qui tiennent à l’incapacité des gouvernements à proposer de véritables alternatives. Il faut, en urgence, répondre au besoin du plus grand nombre, à tous ceux, ouvriers, employés, jeunes, retraités, qui ont tout simplement besoin d’avoir les moyens de vivre. Il faut utiliser la richesse nationale produite par le travail pour relancer l’économie, produire français, redonner du travail à ceux qui en cherchent. Il faut créer des emplois, augmenter les salaires et les retraites. Il faut redonner du pouvoir d’achat. Mettre au cœur des luttes actuelles l’action pour la défense des valeurs républicaines, la solidarité de la nation envers tous les Français. Il faut redonner espoir, redonner du sens, c’est le meilleur moyen de s’opposer à la montée de l’extrémisme, à la montée du fascisme. L’histoire l’a montré. C’est toujours avec les inégalités, la misère, les injustices que l’extrême droite fait son lit. Seule la mobilisation, la démocratie, le courage politique, la réponse aux aspirations de la majorité des Français peut la faire reculer. Mesdames, messieurs les députés, les sénateurs, vous du gouvernement, un peu de courage, la défense de la République, de ses valeurs, dépend de votre comportement à répondre avec détermination aux attentes des Français. Patrick Staat LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Le monde à l’envers

Dysfonctionnements et réalité du fédéralisme

Insupportable et injuste ! Plus d’un million de personnes, parmi les plus vulnérables, ont eu la très mauvaise surprise de se voir désormais imposables. D’autres subissent une augmentation forte… C’est l’effet désastreux du gel de l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu instauré par Fillon, alors Premier Ministre. La loi de finances était une vraie bombe à retardement pour les plus démunis, non désamorcée par le gouvernement Ayrault. Les personnes devenues subitement imposables, en plus de devoir payer l’impôt, perdent des droits essentiels : sont impactées l’allocation logement, les allocations familiales, les quotients familiaux, la carte améthyste, la redevance TV, la taxe d’habitation, etc. C’est d’autant plus inacceptable à l’heure où les plus riches et les grandes entreprises se voient multiplier les exonérations, où l’évasion fiscale se chiffre par dizaines de milliards ! Non, il n’y a pas trop d’impôts ! Ils sont répartis injustement ! Le patronat français s’est vu offert par le gouvernement une baisse de 20 milliards de sa contribution fiscale (crédit impôt compétitivité), accordée sans contrepartie pour l’emploi et le pouvoir d’achat. Cela fait baisser d’autant les recettes fiscales pour le pays. Alors, on taxe les plus modestes ! Et on ponctionne de 4,5 milliards les collectivités territoriales… Jean-Marc Ayrault communique sur « une pause fiscale », pendant que l’énergie et les transports sont annoncés à la hausse... Mais ce n’est pas une pause dont on a besoin : c’est d’une grande réforme fiscale d’ensemble, marquée par la justice, qui combat en la taxant la spéculation et qui encourage la relance par le pouvoir d’achat, l’emploi, les services publics. Une réforme en rupture avec la spirale désastreuse de l’austérité en s’attaquant enfin à la finance.

Faiblesse de taille de l’Allemagne : une structure fédérale trop cloisonnée qui tarde à évoluer, même si elle paraît bien adaptée à l’Europe.

Les plus démunis rattrapés par l’impôt !

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LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013

Comme vient de le montrer le rapport final de la Commission d’enquête parlementaire sur les crimes racistes de la cellule terroriste d’extrême droite NSU, c’est pour beaucoup la concurrence et l’indifférence entre les services régionaux des renseignements généraux qui expliquent pourquoi, en treize ans, les enquêteurs allemands n’ont jamais suivi la piste de l’extrême droite. Et ce, en dépit de l’assassinat de neuf citoyens d’origine étrangère avec la même arme. Aujourd’hui, les parlementaires demandent unanimement une refonte d’une structure policière régionalisée et cloisonnée. De tels dysfonctionnements se retrouvent également dans l’éducation. Professeur d’anglais dans un lycée berlinois, Ute va quitter la capitale avec regret pour s’installer dans le Land de Hesse : « Cela me fend le cœur de devoir abandonner la vie berlinoise pour m’installer à Offenbach, une banlieue endormie et petite-bourgeoise de Francfort. Mais làbas, j’ai immédiatement obtenu le statut de fonctionnaire à vie et je gagnerai bien 800 euros de plus par mois », explique-t-elle. Le système éducatif étant du ressort des Länder, chacun d’entre eux a bricolé au fil des ans son propre système, en fonction de son budget et dans le cadre de lignes directrices nationales extrêmement vagues. Résultat : un système éducatif morcelé où la concurrence et les inégalités règnent: « Avec les dettes et le budget serré de la ville, trouver un prof de maths ou de biologie à Berlin n’est pas une sinécure. Beaucoup préfèrent aller dans d’autres régions », confirme le directeur d’un des meilleurs lycées de Berlin. Même si des politiques destinées à unifier le paysage éducatif commencent

à être mises en œuvre, une maturité (Abitur) obtenue à Berlin ou à Brême sera nettement moins estimée, à notes égales, que celle obtenue à Munich ou à Stuttgart. Côté culture, enfin, le fédéralisme est autant synonyme de variété que de duplication des structures et d’éparpillement des moyens. Avec plus de 6 250 musées, 300 théâtres ou encore 100 000 livres publiés par an, le monde culturel allemand en impose. Mais la réalité est moins rose : « Le gouvernement fédéral a bien sûr un budget culturel propre, mais le domaine est resté sous la coupe des Länder », explique Moritz Wulf, responsable de production de programmes culturels au bureau berlinois de la chaîne franco-allemande Arte. « Les financements obtenus pour un film auprès d’un Land doivent être dépensés dans celui-ci. C’est un drame pour les grandes productions nationales qui explique en partie le faible niveau général du cinéma allemand, qui ne reçoit en outre des crédits que s’il est assuré d’une vente aux télévisions. » En mars dernier, la publication d’un ouvrage sur « l’infarctus culturel 1 » allemand, proposant la fermeture de la moitié des musées et institutions culturelles pour faire de la qualité plus que de la quantité, n’a évidemment pas manqué de déclencher une violente polémique sur le modèle culturel allemand. T.S. - La Liberté du 30-08-2013 (Suisse) 1 / Der Kulturinfarkt, D. Haselbach, A. Klein, P. Knüsel et S. Opitz, Mars 2013, Albrecht Knaus Verlag, 288 pp.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Budget 2014 des ACVG

Inacceptable ! Un projet de budget 2014 des ACVG en baisse et qui porte atteinte aux droits à réparation acquis ! Le projet de budget 2014 des ACVG qui sera débattu à l’Assemblée nationale le 5 novembre prochain est non seulement en baisse (- 2,93 % soit - 80 millions d’euros) mais il porte atteinte aux droits acquis des mutualistes AC à qui il fait supporter le coût des deux modestes mesures positives annoncées ! Inadmissible et inacceptable, réagissez auprès de vos députés et participez ou associez-vous aux manifestations de protestation le 30 octobre (voir encadré ci-joint) à Paris ou en délégations dans les préfectures. Le ministre délégué aux Anciens Combattants, avec son projet de budget, argue qu’il a arraché 13 millions pour financer l’octroi de la carte du combattant aux anciens d’Algérie « à cheval » sur la date du 2 juillet 1962 (ils sont environ 8 400) et le relèvement à 932 e du plafond de ressources pour l’accès à l’ADCS (Allocation de solidarité pour les conjoints-survivants). C’est bien, mais trop peu, puisque rien ne figure pour le rattrapage des 41,11 % de retard de la valeur du point PMI ; rien pour la campagne double, rien pour les pensions de veuves de guerre et de veuves de grands invalides ; rien pour l’indemnisation des orphelins ; rien de concret pour les OPEX, à part une mesure pour les amputés (prothèses de nouvelle génération). « 13 millions d’euros » dit M. Kader Arif, soit : - 4 millions pour la carte du combattant ATM, dont la mise en œuvre n’aurait lieu que le 1er avril 2014 au lieu du 1er janvier. C’est inacceptable ! - 1,3 million pour l’ONAC dont 800 000 pour l’ADCS et 500 000 pour l’action sociale, - 1 million pour les prothèses des OPEX,

- 6 millions pour les commémorations 14-18 et 1944. Mais, dans le même temps, un décret quasi secret (n° 2013-853 du 24 septembre 2013 du ministère de la Défense) « rabote » de 20 % les subventions d’État accordées aux rentes mutualistes AC depuis 90 ans ! D’où un « bénéfice » de 10 millions d’euros pour 2014 et de 30 millions prévus pour 2015 et pour 2016 ! En fait, non seulement le gouvernement économise 80 millions (sur le dos des morts à venir en 2014), mais il y ajoute tout de suite 10 millions spoliés aux Mutualistes, et 30 millions par an pour 2014 et 2015 ! C’est inacceptable !

Toutes les craintes sont permises et la riposte indispensable Quand un gouvernement se met à violer les droits acquis et à porter atteinte aux droits à réparation, tout est à craindre ; car nul ne sait jusqu’où il ira si aucune riposte d’ampleur ne s’y oppose. • Au nom de la crise, dont les ACVG ne sont pas responsables, le gouvernement impose l’austérité, la baisse du pouvoir d’achat, la stagnation de la valeur du point PMI, en même temps qu’il s’en prend aux retraites, à la santé, aux loisirs, au droit au travail… Alors que, dans le même temps, il multiplie les cadeaux et les avantages fiscaux à une minorité de rentiers (actionnaires de la finance) qui encaissent chaque année des fortunes grandissantes (+ 25 % en 2013 !).

• Au nom de l’Europe : La souveraineté nationale de la France part en lambeaux. En 2014, le budget voté par les parlementaires français sera soumis au vote de la Commission européenne (non élue) qui pourra le refuser et exiger l’abaissement des dépenses ! Une Europe en chasse contre toutes les « exceptions nationales » et qu’est-il de plus humaniste que ce droit sacré à réparation, que cette loi du 31 mars 1919, que cet ONAC et ses services départementaux ? Déjà, la“refonte” du code des pensions militaires d’invalidité est en cours sans les ACVG, et sa mise en œuvre est prévue par une loi d’habilitation et des ordonnances, à l’écart de tout débat et vote des parlementaires français ! Ripostons ! Que chacun intervienne auprès des députés et les mette en demeure de faire appliquer la mise en œuvre de la carte ATM au 1er janvier 2014, faire abroger le décret qui frappe les mutualistes AC, et introduire de nouvelles mesures positives dans le projet de budget. Si le gouvernement s’y refuse, qu’ils rejettent ce budget indigne ! Que chacun manifeste le 30 octobre, là où il se trouve et selon les formes qui lui conviennent, en province, devant les préfectures, les permanences des députés... Ne rien faire, ce serait ouvrir la porte à toutes les atteintes aux droits ! Et tourner le dos aux combats de nos aînés et au programme du Conseil national de la Résistance.

Pour influer sur le débat à l’Assemblée nationale le 5 novembre

REAGISSONS TOUS ENSEMBLE

Avec l’ANCAC, les Associations d’ACVG de la fonction publique, l’ARAC Et les UDAC de la Région parisienne

Et participons au rassemblement LE MERCREDI 30 OCTOBRE à 10 heures

À Paris, place Édouard Herriot, devant l’Assemblée nationale Appuyons la rencontre avec les présidents de groupe à l’Assemblée nationale ! Et partout où c’est possible, organisez des délégations le même jour en préfecture pour dire votre colère et exiger un meilleur budget.

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

1913/2013

Une comparaison économique instructive... A ceux qui doutent de l’intérêt de se pencher sur notre Histoire, en tirer les enseignements pour mieux construire notre avenir, un travail de Franck Dedieu et Béatrice Mathieu publié par l’Expansion devrait les faire réfléchir. En effet, alors que nous allons fêter le centenaire de la Première Guerre mondiale, les deux journalistes se sont penchés sur l’économie de cette époque et l’ont comparé à la situation économique actuelle. Et surprise, « les grandes familles tiennent la France, déjà le sentiment de déclin, déjà le modèle allemand, déjà les lobbys bancaires »… Et ce n’est pas parce que les autorités françaises et allemandes vont mêler leurs voix et répandre haut et fort ce que les dirigeants de la France en 1918 avaient déjà dit « plus jamais ça » que le danger est écarté. L’histoire nous apprend qu’il faut toujours être attentif et vigilant car l’histoire a tendance à se répéter. « Des intellectuels comme Jacques Attali, Thomas Piketty ou Christopher Clark dressent des parallèles étonnants entre 1914 et 2014 en matière de géopolitique, de sociologie et bien sûr d’économie. Pour comprendre les ressorts et les traits profonds du pays, ses instincts secrets, ses habitudes séculaires. Et si, malgré les deux guerres mondiales, malgré l’exode rural, malgré la décolonisation, malgré la mondialisation, la France n’avait pas tant changé ? « Ainsi, en regardant la détention de la richesse du capital privé français en nombre d’années du revenu national, on constate :

On peut donc parler du retour aujourd’hui de rentiers. « Déjà en 1913, le refrain d’une France en déclin. « En 1913, le retard industriel, le déficit de la

balance commerciale, les pertes de parts de marchés des industries françaises doublées par leurs concurrents allemands - rappelle un « sentiment de déjà vu » un lien avec l’actualité. « A la veille de la Première Guerre mondiale, il flotte comme un parfum de défaite économique, à peine masqué par la puissance de l’empire colonial et par le lustre des uniformes de l’armée. « A cette époque, la croissance moyenne de l’économie française a difficilement atteint 1,6 % contre 1,9 % en Grande-Bretagne, 2,2 % aux Pays-Bas et 2,8 % en Allemagne. Le made in France est en baisse et ne représente plus que 7,2 % des exportations mondiales. « C’est à cette période que l’Allemagne creuse l’écart dans des secteurs irrigués en capitaux grâce aux fameuses Universalbanken. « Dès les premiers coups de canon, on découvre, effaré, que 94 % des explosifs

utilisés par l’armée française sont fabriqués outre-Rhin. Tandis que la France s’arc-boute sur son agriculture, la jeune Allemagne se lance dans la chimie, dans l’électrotechnique. « En 1913, la dépense de matériel électrique par habitant atteint tout juste 4 750 francs en France, contre 15 000 francs en GrandeBretagne et 16 750 francs en Allemagne. Les géants AEG et Siemens affichent chacun un capital vingt fois supérieur à celui de la Compagnie générale d’électricité. Une première enquête auprès des industriels, menée en 1916 par le ministère du Commerce, fait remonter des plaintes que Pierre Gattaz, le nouveau patron du Medef, reprendrait aujourd’hui volontiers à son compte : manque de financement, compétitivité érodée, concurrence déloyale des pays neufs, main-d’œuvre mal formée… »

Des banques aussi puissantes qu’aujourd’hui « A l’époque, personne ne parle encore du lobby bancaire, mais la haute finance exerce pourtant un puissant magistère sur l’économie. Et pour cause : au seuil de la Grande Guerre, le Crédit Lyonnais reven-

En Bourse, des capitalisations proches de celles de 1913 En % du PIB

1913

2013

Société générale

1,46

1,36

BNP (Comptoir national d’escompte + Paribas)

1,20

3,00

Schneider

0,37

1,64

Veolia (ex-Compagnie générale des eaux)

0,30

0,32

Eramet (ex-Le Nickel)

0,12

0,09

Saint-Gobain

0,09

0,97

Alcatel-Lucent (Compagnie générale d’électricité)

0,08

0,26

PSA (Automobiles et cycles Peugeot)

0,06

0,19

Ciment français (ex Ciments français et Portland)

0,04

0,08

Havas (Agence Havas)

0,04

0,11

Air Liquide

0,04

1,55

Source : David Le Bris

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LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013


Sources : Jacques Marseille, David Le Bris, Shizuya Nishimura et Kazuhiko Yago, Banque de France.

actualités LE RÉVEIL Une épargne prisée En 1913 les caisses d’épargne concentrent 11 % du PIB, contre 13 % en 2013. Des banques surpuissantes En 1913, la capitalisation du secteur financier pèse 7,8 % du PIB, contre 7,3 % en 2013. Un endettement préoccupant En 1913, la charge de la dette publique représente 2,37 % du PIB, contre 2,40 % en 2013. dique la première place mondiale en termes de total des actifs gérés. Les plus belles briques du fameux « mur de l’argent », ce sont aussi la Banque de Paris et des Pays-Bas (Paribas), le Comptoir national d’escompte de la Ville de Paris (BNP) et quelques maisons familiales comme Rothschild, Mallet et Hottinguer. Équivalence troublante, les banques cotées à la Bourse de Paris en 1913 pèsent à elles seules environ 7 % de la richesse nationale, autant qu’aujourd’hui. » En 1913, 1 % des mieux payés concentrent 25 % de tous les revenus en France contre 27 % en 2013.

Les petits rentiers prospèrent Au jeu des analogies, l’économiste Thomas Piketty va plus loin. La part des héritages dans le patrimoine des Français devrait rejoindre en 2030 son niveau de la Belle Époque. « Comme au début du XXe siècle, le capital dégage aujourd’hui une rentabilité supérieure à la croissance économique. Les flux successoraux devraient donc devenir de plus en plus importants ». Et si l’avenir appartenait aux notaires ?

Grands indicateurs : un air de déjà vu Une balance commerciale déséquilibrée. En 1913, le déficit commercial équivaut à 4 % du PIB, contre 2,9 % en 2013.

Une croissance atone Croissance annuelle moyenne en % 1870-1913 : 1,40 % 1970-2013 : 1,80 %

« L’argent français coule (en 1913) à flots sur les chemins de fer russes et roumains. Avant la guerre, les avoirs placés hors des frontières se montent ainsi à 40 milliards de francs, soit les trois quarts du PIB national. »

Comme hier, les pays neufs font rêver « 1913, pour les grandes fortunes industrielles et les banques, c’est en Chine, en Russie, au Brésil et en Argentine, eldorados regorgeant de matières premières et où tout est possible, qu’il faut investir. Des pays neufs : et pas émergents : qui comptent déjà sur la scène mondiale. « En 1910, les cinq plus gros industriels français du textile emploient déjà 10 000 salariés dans leurs filiales russes et polonaises. En 1917, quand la révolution bolchevique éclate, 44 % des banques russes sont détenues par des étrangers, dont la moitié sont français. « Ces fameux emprunts russes pèseront jusqu’à un tiers du portefeuille d’épargne des ménages les plus fortunés. « En un siècle, le niveau de vie a augmenté… En 1913, 43 minutes de travail étaient nécessaires à un manœuvre pour acheter 1 kilo de farine. En 2013, 3 minutes suffisent… mais les inégalités demeurent. » Comme on le voit rapidement résumé ici, les similitudes de situations, d’enjeux, d’inégalités, de faits sont multiples. Alors, si nous ne voulons pas qu’à situations égales les mêmes faits se reproduisent, si nous voulons construire une Europe de paix, une Europe sociale, une Europe de coopération entre les peuples, nous devons nous attaquer aux inégalités qui existent, à la super puissance des banques sur l’économie, au poids de la financiarisation. Mais nous devons surtout pour construire cette Europe sociale, le faire avec des nations souveraines, indépendantes. Toute tentative de fédéralisme qui bâillonnerait les Parlements nationaux, qui bâillonnerait la souveraineté

des nations, conduirait à plus d’inégalité entre les pays, entre les peuples. Une telle situation produirait des pays pauvres et des pays riches, à une mise en concurrence des peuples. Et qui dit tension dit risque de conflits, qu’ils soient régionaux ou nationaux. Une politique qui étouffe la souveraineté des peuples ne peut qu’à terme faire peser des risques lourds sur notre continent. Alors sachons tirer les enseignements qui s’imposent, exigeons le respect de la souveraineté nationale, laissons les peuples décider de la forme et du contenu de l’Europe qu’ils veulent construire. Il y a quelque chose d’inquiétant dans la volonté d’avancer à marche forcée de la part de la Commission européenne, des gouvernements français et allemands entre autres. Car cette volonté de ne pas prendre en compte les inquiétudes, les aspirations des peuples ne conduit qu’à une politique qui tourne le dos aux intérêts du plus grand nombre. On le sait, à chaque fois que l’on étouffe la démocratie, que l’on écrase les aspirations, les attentes, que l’on refuse d’entendre les cris de souffrances, de désespoir, c’est le lit de l’extrême droite que l’on construit. Là encore, sachons tirer les enseignements de l’Histoire, mener une politique tournée vers l’intérêt du plus grand nombre, les ouvriers, les salariés, leurs familles, c’est donner de l’espoir, c’est construire la France de demain, c’est œuvrer pour la Paix. Alors réfléchissons à notre passé pour construire notre avenir pour que les mêmes causes ne conduisent pas aux mêmes effets. Jean-Michel Verneuil

Sources Gretha, COE Rexecode LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013

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Allemagne Une terre d’inégalités Contre le chômage l’Allemagne a fait le choix des travailleurs pauvres, la France est en passe de l’imiter. Taux de chômage : 5,4 % C’est l’un des plus bas d’Europe. Bien en dessous de la moyenne de l’Union européenne, à 10,9 %, et bien plus satisfaisant qu’en France, où il a atteint les 11% de la population active. Depuis 2005, le taux de chômage a presque été divisé par deux. La raison ? Lors de la crise de 2009, l’État a subventionné le chômage partiel, afin que les entreprises ne se délestent pas de leurs effectifs pendant la période de creux. Les réformes du prédécesseur d’Angela Merkel, Gerhard Schröder, ont également créé un marché du travail très souple. Ce qui n’est pas sans conséquence sociale.

Pauvreté : 15% de la population Bien que le chômage soit faible en Allemagne, la pauvreté y est plus importante qu’en France. « L’Allemagne a fait le choix des travailleurs pauvres », explique Patrick Arthus dans Le Point. Le risque de sombrer dans la pauvreté y est de 15 %, selon Eurostat. Et 8 millions de salariés gagnent moins de 8 euros brut de l’heure, car le salaire minimum n’existe pas et les mini jobs précaires et sous payés (450 euros par mois) se normalisent. 15 % de la population étaient sous le seuil de pauvreté en 2011, contre seulement 10 % en 2000. Le prix de la compétitivité ?

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Exportations : 1 000 milliards d’euros Elles ont quasiment doublé depuis 2000. Automobiles, machines-outils... l’Allemagne exporte du haut de gamme. Son excédent commercial a atteint 188 milliards d’euros l’an dernier, soit 30 milliards d’euros de plus que l’année précédente. Coût de l’énergie, bas salaires dans les services et esprit de meute ont créé un épais tissu d’entreprises de tailles moyennes, tournées vers les marchés internationaux. Même dans l’agriculture, désormais l’Allemagne devance parfois la France, en ayant recours à des salariés immigrés sous-payés. Les exportations allemandes s’orientent de plus en plus vers l’Asie, notamment la Chine, et de moins en moins vers l’Europe. Des déséquilibres qui suscitent la crainte des partenaires européens de l’Allemagne, qui l’appellent à stimuler sa demande intérieure, en acceptant des hausses de salaires notamment.

Croissance : 0,4 % du PIB C’est à la fois plus que la France et relativement peu, compte tenu de son potentiel, notamment dans l’ex-RDA et du niveau de ses exportations. L’Allemagne a imposé à l’Europe des réformes structurelles qu’elle a elle-même réalisées il y a quelques années. Et quand les pays trop endettés ont fait appel à sa solidarité financière, elle a exigé un rétablissement rapide de leurs comptes publics et une libéralisation de leur économie. Résultat, l’austérité généralisée en Europe a provoqué la récession de la zone euro, pourtant

exportatrice et peu endettée dans son ensemble, qui commence à pénaliser aussi la croissance allemande.

Excédent public : 0,6 % du PIB L’Allemagne est passée d’un déficit public à 4,1 % de son PIB en 2010 (soit le pourcentage de déficit de la France fin 2013) à un excédent de 0,2 % l’année dernière. Il devrait passer à 0,6% du PIB cette année. Sa gestion des finances publiques et ses exportations lui garantissent des marges de manœuvres importantes. Comment les utiliser ? Hausse des salaires, aides sociales, stimulation de l’économie ? L’Allemagne va d’abord commencer à rembourser sa dette. Car elle doit préparer l’avenir.

Population : 73 millions en 2050 Pour l’instant, la politique familiale n’y fait rien : le taux de fécondité reste à 1,36 enfant par femme (contre 2,01 enfants par femme en France). Ainsi la population allemande devrait passer de 85 millions aujourd’hui à 75 millions dans 35 ans, soit 10 millions en moins. Alors que la France devrait passer sur la même période de 65,5 millions à 70 millions selon l’Insee. Au milieu du siècle, il y aura alors plus d’un Allemand sur trois de plus de 60 ans. Qui financera leurs retraites ? A moins d’un infléchissement de la natalité, ce seront des étrangers : soit des personnes ayant immigré en Allemagne, soit les salariés d’entreprises à l’étranger détenues par les épargnants allemands. Ce qui dépend notamment du niveau de l’euro. (Nouvel Observateur, 22-09-2013)


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Asie/Pacifique Guerre d’influence Obama obligé d’annuler sa tournée en Asie pour cause de crise budgétaire. Pékin pousse son avantage… Dans la course pour le contrôle de la région Asie-Pacifique chère à Obama, les chinois viennent-ils de distancer l’Amérique? Pour le moins, la tournée que vient d’y effectuer le président chinois Xi Jinping a resserré les liens avec l’Asie du Sud-Est. Et, selon les observateurs et la presse, lors d’un discours historique au Parlement indonésien, il aurait marqué un point dans la guerre d’influence avec Washington après que le chef de la Maison-Blanche eut écourté puis annulé, pour cause de « shutdown » (paralysie de l’administration américaine), sa visite prévue de longue date dans la région. « Nous devrions travailler de concert afin de forger des liens plus étroits entre la Chine et l’ASEAN », (Association des nations d’Asie du Sud-Est), a déclaré le président Xi à Jakarta. Le numéro 1 chinois a promis de dénouer les différends qui opposent Pékin à ses voisins en mer de Chine méridionale,

épine dans le pied des relations entre le géant asiatique et l’ASEAN. « Les deux parties devraient respecter le principe d’une consultation pacifique et d’un dialogue amical (…) afin de préserver la stabilité et la paix dans la région», a-t-il affirmé. L’ASEAN, qui regroupe dix pays de la région, tente depuis dix ans de convaincre la Chine de signer un code de bonne conduite dans cette mer, afin prévenir la « détérioration des conflits territoriaux ». Avec les États-Unis, elle prône une résolution multilatérale du conflit mais les Chinois préfèrent une approche bilatérale ce qui leur permet, selon leurs détracteurs, de pousser leur avantage de grande puissance. En fait, ce qui se joue dans cette partie du monde c’est le contrôle de toute la mer de Chine méridionale, carrefour de routes maritimes vitales et réserve potentielle d’hydrocarbures …

souligne Bantaro Bandoro, expert à l’Université indonésienne de Défense à Jakarta. « La Chine tente de contrebalancer la présence américaine », estime-t-il, soulignant que la décision récente du président américain d’écourter sa tournée asiatique jouait en faveur de Pékin. Ce n’est pas un hasard si le numéro 1 chinois a choisi la capitale indonésienne pour pousser l’offensive. L’Indonésie joue une part importante dans la guerre d’influence à laquelle se livrent Washington et Pékin dans la région et le voyage de Xi Jinping avait également pour objectif de fermement ancrer Jakarta dans la sphère chinoise. L’importance conférée à ce déplacement était d’ailleurs soulignée par le discours de Xi, le premier, d’un dirigeant étranger, prononcé devant le Parlement indonésien avec à la clé la signature d’un partenariat stratégique très vaste qui vise notamment à porter à 80 milliards de dollars d’ici à 2015 les échanges commerciaux bilatéraux. Vingt-et-un accords d’une valeur cumulée de 28,2 milliards de dollars (21 milliards d’euros) ont également été signés, en soulignant la volonté de renforcer la présence chinoise dans le quatrième pays le plus peuplé au monde (240 millions d’habitants). Un marché émergeant en plein boom. La Chine est, derrière le Japon, le deuxième partenaire de l’Indonésie. Les échanges commerciaux entre les deux pays sont passés de 16,5 milliards de dollars en 2005 à 66,2 milliards l’an dernier. Jean-Pierre Delahaye

Des contrats juteux pour Pékin Dans ce contexte, « on peut considérer que les propos du dirigeant chinois à Djakarta sont avant tout un moyen de contrecarrer la stratégie d’Obama de faire de l’AsiePacifique le «pivot» de sa diplomatie », LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013

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Cisjordanie Aide humanitaire en danger Des diplomates onusiens empê- par certains militants étrangers, trois chés de travailler, une Française malmenée et jetée à terre. L’armée israélienne ne recule pas ! On savait que, dans les territoires occupés et colonisés par Israël, en Palestine, les droits de l’homme n’étaient pas la préoccupation première. Un nouvel incident est survenu le 20 septembre dernier dans le village de Khirbet alMakhoul. Cette fois les soldats de « Tsahal », l’armée israélienne, s’en sont pris (ce n’est pas la première fois) à des représentants des Nations unies et à des humanitaires. Le convoi qui arrive, ce vendredi 20 septembre à Khirbet al-Makhoul, est imposant. Des humanitaires et une quinzaine de diplomates étrangers, la plupart européens. Ils viennent livrer des tentes et de l’aide d’urgence aux habitants du village, des Bédouins palestiniens, qui ont vu leurs habitations détruites par les soldats israéliens, après une décision de la Cour suprême. Selon la correspondante de RFI à Jérusalem, Murielle Paradon : « Lorsque le convoi débarque, les soldats israéliens sont déjà là. Ils empêchent le camion rempli de matériel de passer. Ils forcent une diplomate française à descendre du véhicule, Marion Fesneau-Castaing, qui se retrouve brutalement à terre, choquée, sans être blessée. D’autres diplomates sont malmenés. Le camion est saisi ». Les soldats israéliens affirment avoir reçu des pierres jetées 10 -

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Palestiniens sont arrêtés. Les organisations internationales ont rappelé que l’action des diplomates et des humanitaires était tout à fait conforme au droit international. Ils venaient en aide à des populations démunies. Le responsable du Bureau de coordination humanitaire de l’ONU pour les territoires palestiniens (Ocha), James Rawley, a exprimé sa profonde inquiétude. « J’appelle les autorités israéliennes à respecter leurs obligations de puissance occupante en protégeant les communautés sous leur responsabilité et, notamment, en cessant les démolitions de maisons et de propriétés palestiniennes », a-t-il déclaré dans un communiqué de presse. La 4e convention de Genève dit clairement qu’Israël, en tant que puissance occupante, doit subvenir aux besoins de la population occupée. Et si elle ne peut ou ne veut pas le faire, elle doit faciliter la distribution directe et rapide d’aide humanitaire, précise Niell O’ Ciorain de l’organisation humanitaire Diakonia qui était sur place au moment des faits.

Aide humanitaire, une obligation « Dans ce cas-ci, non seulement Israël a créé le besoin de cette communauté, mais il a en plus empêché par la force les personnels de l’ONU, des diplomates européens et internationaux et des travailleurs humanitaires de venir au secours d’une communauté qui en a urgemment besoin, notamment en termes d’abri et d’eau » a précisé à la presse Niell O’ Ciorain. « Ce n’est malheureusement pas la première fois »,

a-t-il ajouté, « les personnels humanitaires dans les territoires palestiniens font de plus en plus face à ce genre de problèmes, leurs cargaisons d’aides sont confisquées. Et cela pose vraiment la question de l’avenir de la distribution de l’aide humanitaire pour les Palestiniens ». Dans la vallée du Jourdain, où se situe Khirbet al-Makhoul, les Palestiniens vivant dans des zones totalement contrôlées par Israël n’ont souvent pas le droit de construire. Et dès qu’ils le font, leurs maisons sont détruites. Cerise sur le gâteau, la diplomate française en poste à Jérusalem, Marion Fesneau-Castaing, va rentrer en France. Cette jeune femme était jusqu’ici chargée des affaires humanitaires au consulat général. Elle ne sera pas expulsée comme cela a été envisagé un moment, mais sa mission sera « écourtée ». Marion Fesneau-Castaing rentrerait à Paris à la fin de l’année. « L’incident » se serait « finalement réglé à l’amiable entre les autorités françaises et israéliennes ». Sa mission sera « écourtée », elle rentrera en France à la fin de l’année, bien plus tôt que prévu. « Cet incident ne reflète pas la nature des relations amicales entre Israël et Paris », fait-on savoir de source officielle israélienne. Côté français, on explique avoir cherché une solution qui « préserve la relation bilatérale et l’intérêt de la diplomate ». L’affaire était devenue sensible. Notons que le ministère des Affaires étrangères français s’est quand même « fendu » d’une lettre de protestation. Quelle autorité ! Jean-Pierre Delahaye


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dentaux ... Certes, il reste encore beaucoup de prisonniers d’opinion, mais le pouvoir iranien semble vouloir donner des signes d’apaisements.

Des signes de détente

Iran/États-Unis Vers la détente ? L’assemblée générale des Nations unies a été le théâtre d’une offensive diplomatique du nouveau président iranien Hassan Rohani. Washington semble avoir entendu. Un long chemin reste à parcourir. Fin septembre, en marge de l’assemblée générale des Nations unies, l’Iranien Hassan Rohani et l’Américain Obama ont eu un échange téléphonique de près d’un quart d’heure. Cela faisait trente-quatre ans que les deux pays ne s’adressaient plus la parole. Trente-quatre longues années d’invectives et de menaces qui faisaient monter toujours plus la tension internationale. L’initiative de cet échange téléphonique revient au nouveau président iranien élu le 14 juin dernier. Il faut dire que, depuis sa victoire, il travaille à donner de son pays une image différente et multiplie les signes d’ouverture, parfois symboliques, d’autres plus significatifs suivis d’effets. Par exemple, à l’occasion de la fête juive de Roch Hachana, le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a envoyé un twitt destiné aux juifs du monde entier. A une

question de la fille de la représentante démocrate américaine, Nancy Pelosi, sur l’Holocauste et l’Iran, il a répondu que son pays n’avait jamais nié l’Holocauste et que la personne qui l’avait fait, Mahmoud Ahmadinejad, n’était plus président. Concernant la Syrie, dans une tribune publiée par le Washington Post, le président Rohani a proposé sa médiation pour faciliter le dialogue entre le tyran Bachar el Assad et l’opposition. En politique intérieure, Téhéran ouvre doucement et lentement les portes de ses geôles. Des prisonniers politiques sont de nouveau libres, comme Nasrin Sotoudeh, une militante des droits de l’homme, Mohsen Aminzadeh, viceministre des Affaires étrangères de l’exprésident Khatami, condamné pour sa participation à des rassemblements et pour avoir répondu à des médias occi-

« Laissez-moi vous dire que l’Iran ne représente pas une menace, ni pour le monde ni pour aucune région », a déclaré Hassan Rohani devant l’assemblée générale des Nations unies, expliquant que la population iranienne était « plutôt modérée » et qu’il était temps pour l’Iran de prendre part de manière positive aux affaires du monde, sortir de la confrontation et de l’isolement. Selon la correspondante du quotidien Libération à New York « il a déploré une division entre nations «supérieures» et «inférieures» sur la scène diplomatique, et estimé qu’il fallait changer ce rapport de force. Dénonçant le discours de propagande qui faisait planer la menace iranienne, une menace imaginaire», le président Rohani a laissé entendre qu’il était temps de changer de registre ». Concernant le nucléaire, il a souligné que l’Iran n’avait pas besoin de l’arme nucléaire, que le programme iranien avait un objectif civil et que, selon lui, personne ne pouvait nier le droit de son pays à le développer, soulignant toutefois que les sanctions internationales, qu’il a considérées comme « des violences structurelles, affectant la population civile avant tout », n’y changeront rien. Hassan Rohani a conclu à la nécessité de prévoir rapidement des discussions afin « de construire la confiance et travailler en transparence » sur le nucléaire. Dans son discours devant l’assemblée générale, Barack Obama a, quant à lui, mentionné la relation de défiance entre les deux pays, avant de déclarer que les « deux gouvernements devraient être capables de trouver un accord limitant le programme nucléaire iranien ». Peut-être un espoir d’ouverture diplomatique, bien que le chef de la Maison-Blanche n’ait pas rencontré son homologue iranien lors de cette session new-yorkaise. « Trop tôt », analysent différents éditorialistes dans la LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013

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presse américaine, tout en saluant le ton modéré du président iranien. Cette politique « des petits pas » portera-t-elle ses fruits ?

Interventionnisme US Obama dégaine

Bras de fer On veut l’espérer bien que, déjà, les réticences des faucons des deux camps se fassent entendre et que la résistance aux avancées diplomatiques s’organise. En Iran, bien que le nouveau président semble jouir du soutien du guide suprême, Ali Khamenei, il inquiète les religieux ultraconservateurs puissants et influents dans tous les postes de la société. En témoignent les manifestants, dont beaucoup de « gardiens de la Révolution », selon les observateurs, qui aux cris de « A mort l’Amérique ! A mort Israël ! » l’ont accueilli à l’aéroport à son retour de New York tandis que deux ministres dépêchés par le guide suprême l’attendaient pour le féliciter ! Côté américain les choses ne sont pas simples non plus et l’on connaît la tentation d’Obama d’être à l’écoute des sirènes de Tel-Aviv… Or, le Premier Ministre israélien, Netanyahu qui parle de ruse, a qualifié le président iranien de « loup déguisé en agneau ». Dans la foulée, John Kerry, affirmait : « Nous sommes fermement attachés à la sécurité d’Israël, qui reste primordiale ». Le bras de fer ne fait que commencer ! Jean-Pierre Delahaye

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Les marines américains interviennent quand ils veulent et où ils veulent, sur ordre du Président, en vertu d’un texte antiterroriste adopté au lendemain du 11 septembre. Obama n’hésite pas. En 48 heures, les 4 et 5 octobre, les forces spéciales américaines sont intervenues dans deux nations étrangères. Par bateaux en Somalie, à bord de plusieurs voitures en Lybie. A Tripoli les commandos ont kidnappé un leader historique d’al Qaida, soupçonné d’être le cerveau des attentats en Tanzanie et au Kenya en 1998 (228 morts). Dans la ville côtière de Brava, en Somalie, les « Navy Seals », unité responsable de l’assassinat du criminel Ben Laden, ont, par contre, raté de peu un chef shebab, ces islamistes radicaux qui se sont « illustrés » récemment dans le massacre d’un centre commercial à Nairobi. Dans ce dernier cas, les autorités US ont reconnu « avoir fait des victimes parmi les shebabs ». Le gouvernement libyen a demandé une « clarification » à Washington sur cette intervention militaire et rappelé sa volonté de « juger ses ressortissants luimême », répondant ainsi au Pentagone qui faisait savoir que le terroriste arrêté était « légalement retenu par les militaires américains dans un endroit sûr hors de Libye ». Le coup de force militaire en Somalie a fait l’objet de beaucoup moins de commentaires officiels. Mais, tout

comme pour la Libye, il a été justifié, par les autorités américaines, invoquant « l’autorisation d’utiliser la force militaire » (autorisation for use of military force, AUMF), adoptée par le Congrès le 18 septembre 2001, une semaine après les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone. Ce texte est très clair et bien pratique. Il autorise le président des États-Unis, commandant en chef des armées, à utiliser « toute la force nécessaire et appropriée contre les nations, organisations et personnes qui ont planifié, autorisé, commis ou aidé les attaques terroristes du 11 septembre 2001 ou ont abrité de telles personnes ou organisations, en vue de prévenir tous actes futurs de terrorisme international contre les États-Unis par ces nations, organisations ou personnes ». Pour les pacifistes américains cette résolution, adoptée au lendemain des attentats meurtriers du 11 septembre, est en fait un « chèque en blanc donné au président pour faire la guerre quand il veut où il veut », comme l’a indiqué à la presse la démocrate de Californie Barbara Lee, qui a déposé en juin un projet de loi pour révoquer l’AUMF en 2015, après le départ des troupes américaines d’Afghanistan. Dans son discours à l’ONU mi-septembre, le prix Nobel de la paix, Barack Obama, affirmait que les États-Unis n’avaient aucunement la vocation d’être le gendarme du monde. Stephen Walt, professeur à Havard, dont les propos ont été recueillis par la correspondante du Monde à Washington, s’étonne de la contradiction : « Les États-Unis envoient des Navy Seals pour capturer les «méchants» en Somalie et en Libye. Et pourtant nous affirmons que nous ne sommes pas les policiers du monde ! » Le sheriff américain reste toujours prêt à dégainer son colt. Qu’on se le dise ! Jean-Pierre Delahaye


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

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des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

ÉDITO

A l’occasion de la commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918, des initiatives publiques ou associatives seront prises autour du centenaire de la guerre 1914-1918. Leurs initiateurs ont déjà précisé leurs intentions et certains d’entre eux entendent limiter leurs évocations à des effets certes importants (régions dévastées, morts, mutilés, blessés, familles endeuillées), mais en négligeant les causes et comportements des gouvernements et dirigeants de grandes industries, ainsi que certaines conséquences dont notre pays, comme d’autres, a subi et subit encore des suites contraignantes. Depuis sa création, l’ARAC n’a jamais cessé d’évoquer, dans ses écrits comme

dans ses expositions et les interventions orales de ses dirigeants, les causes comme les effets et les conséquences de cette guerre. Ses responsables le font systématiquement pour tous les conflits. Ce comportement de l’ARAC est motivé par une volonté farouche de donner les possibilités à tout un chacun de prendre conscience que cette guerre, comme toutes les guerres, est provoquée par des causes, les gens qui les mènent ont des objectifs, des buts précis. La mise à jour de ces buts révèle le plus souvent que la négociation peut remplacer le conflit armé et, d’une manière générale, que ce sont les causes qu’il faut éradiquer pour construire la paix.

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

Par Paul Markidès

Première Guerre mondiale Causes, effets et conséquences C’est ce qu’Henri Barbusse appelait « faire la guerre à la guerre ». Ainsi donc aujourd’hui, notre ami l’historien Bruno Drweski expose dans ce cahier les causes, les effets et les conséquences de la guerre 1914-1918 et nous avons demandé à l’historien Frédérick Genevée d’éclairer, selon lui, l’une de ses conséquences dramatiques : les fusillés pour l’exemple. A l’aube du centenaire de la guerre 1914-1918, nous ne pouvons pas nous en tenir à de simples relations générales à son propos. Comme l’a dit Jaurès : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ». C’est ce que nous nous efforçons de mettre en pratique.

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LE RÉVEIL dossier

La Première Guerre mondiale

Un conflit pressenti Bruno Drweski

La Première Guerre mondiale a éclaté non pas comme un éclair dans un ciel serein, mais comme le résultat d’une accumulation de tensions et de frustrations, à l’échelle mondiale, qui s’étaient accumulées dans la foulée des « grandes découvertes » qui avaient relié le « nouveau monde » à l’Europe, puis dans la foulée du partage du monde dans le cadre du processus planétaire de colonisation. En 1914, la terre se révélait un espace fini et c’est désormais pour s’assurer le partage des richesses et des ressources et retarder la baisse tendancielle des taux de profit que les grandes puissances rivales se sont affrontées. Dans un monde où les masses découvraient les possibilités ouvertes par le progrès scientifique et technique, possibilités rendant désormais visiblement possible le progrès social, démocratique et civique. Dans un monde où, malgré cela, persistaient de multiples archaïsmes, entre exploiteurs et nations dominées, opprimées, 14 -

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exploitées, colonisées, entre « capitaines d’industrie » et classes sociales vivant de leur travail. Dans un monde où était né un mouvement ouvrier de masse. Dans un monde où de nouveaux États indépendants, rejetant la domination des vieux empires, naissaient. Comment la guerre n’aurait pu arriver dans un monde où l’information commençait à circuler, où l’éducation était en train de devenir massive, alors que les blocages sociaux persistaient et que les humiliations nationales s’exacerbaient, en Europe et dans les colonies.

Bruno Drweski, historien, est Maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO).

Aux origines de la mondialisation Contradictions mondiales • Entre métropoles pour la conquête des colonies, des marchés et des ressources Alors que le monde était devenu un grand marché tendant vers l’unification, les dominations brutales persistaient et les rivalités entre : - vieilles puissances coloniales : Grande Bretagne et France en particulier, - nouvelles puissances coloniales : Allemagne et Italie en particulier, - de nouvelles puissances montantes encore « périphériques » : les États-Unis d’Amérique et le Japon, - d es puissances « périphériques » et des empires en crise : Autriche-Hongrie, empire Ottoman, Russie. Le reste de la planète, c’étaient quelques petits États indépendants, beaucoup d’États sous tutelle et une masse de pays colonisés. La lutte pour s’assurer des sphères d’influence, voire un repartage du monde s’exacerbait entre puissances, dès lors que les ressources internes des différents États ne pouvaient être exploitées


dossier LE RÉVEIL

de façon plus intensive. C’est la guerre qui allait pousser au progrès technique, garant d’une nouvelle révolution technologique dans la révolution industrielle. • Entre pays développés et pays de l’Est et du Sud Les puissances de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord dictaient alors les rythmes de développement et les flux commerciaux au reste du monde : aux pays d’Europe de l’Est et d’Amérique latine en mal de « rattrapage » et au monde colonial en mal d’émancipation capitaliste et les différentes formes d’archaïsme(s) que ces mêmes puissances utilisaient dans leurs colonies et leurs sphères d’influence, mais aussi au sein même des sociétés développées où des secteurs entiers de la population, classes défavorisées ou régions marginalisées, ne pouvaient atteindre le progrès. • Entre colonies et colonisateurs Alors que le siècle des Lumières, la Révolution française, l’épopée napoléonienne, le printemps des peuples, la Commune de Paris, le mouvement ouvrier avaient répandu les idées de raison et d’égalité des êtres humains, les blocages de la fin du XIXe siècle avaient généralisé également les idées d’inégalités des races, d’inégalité des classes, d’inégalité des sexes, de lutte pour la vie, du « darwinisme social ». Trois révolutions annonçaient un monde nouveau : première révolution russe (1905, « la répétition générale »), révolution mexicaine (1910), révolution chinoise (1911). Alors que la « civilisation européenne » s’étendait dans le monde avec la « barbarie européenne », barbarie qui donnait libre cours aux massacres de masse dans les colonies (Algérie, Inde, Congo, Sud-Ouest Africain, Philippines, Corée, etc.), barbarie qui démoralisait les armées et les fonctionnaires, et qui allait donc tout naturellement être « rapa-

triée » en métropole au cours de la guerre à venir.

Contradictions politiques entre le poids des monarchies, les mouvements démocratiques et l’éveil des peuples dominés Les empires ottomans et autrichiens apparaissent de plus en plus, aux yeux de leurs propres populations, comme des monarchies vieillissantes dans un monde marqué par le dynamisme du capitalisme et des processus de démocratisation des institutions et des rapports sociaux, ce que ni la « Révolution jeune turque » ni la démocratisation du système électoral autrichien quasiment à la veille de la guerre ne parvinrent à modifier. Le Reich allemand restait marqué par des contradictions fondamentales entre le principe monarchique s’appuyant sur les grands propriétaires terriens de l’est de l’Allemagne et de la Prusse, les Junkers, et la bourgeoisie industrielle de l’Allemagne de l’Ouest, tendant vers un libéralisme de plus en plus concurrencé par la montée du mouvement ouvrier. Ce qui la poussait vers une politique de fuite en avant vers la puissance mondiale, la Weltpolitik, dont l’axe ferroviaire BerlinBagdad devenait le symbole. A l’Ouest, les démocraties européennes n’avaient pas su assurer la pleine égalité civique, les femmes restaient privées du droit de vote, les lois sociales étaient toujours au stade embryonnaire, y compris si l’on compare avec l’Allemagne et le principe d’égalité était bafoué par ces empires mondiaux partagés entre « citoyens » et « sujets ». Ces incohérences étaient d’autant plus injustifiables que ces démocraties s’étaient trouvées comme principal allié face à la puissance allemande, une Russie dont le système autocratique délégitimait leurs prétentions démocratiques

et démasquaient l’hypocrisie de leurs dirigeants. Tout cela au moment où les systèmes d’éducation formaient chaque année de nouvelles vagues de jeunes aux ambitions montantes, y compris parfois dans les colonies et qui ne trouvaient pas de débouchés à la hauteur de leurs qualifications sur le marché du travail. « Surplus » de capacités dans un monde pourtant promis à l’expansion.

Contradictions sociales entre le renforcement du capitalisme et le développement du mouvement ouvrier De plus en plus, les populations mises en mouvement par la mobilité spatiale et sociale découvraient l’incohérence entre le développement des principes démocratiques et le maintien de barrières institutionnelles et d’inégalités sociales figées. La concentration de populations ouvrières venues des campagnes et de l’étranger facilitait les mobilisations au moment où la monopolisation de la propriété industrielle et commerciale bloquait les possibilités d’émancipation et d’autonomisation des masses. Dans beaucoup de pays, en particulier à l’Est et au Sud, mais pas seulement, les réformes agraires n’avaient pas été accomplies, dans LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013

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LE RÉVEIL dossier d’autres la concentration de la terre répondait aux objectifs des lois du marché.

Contradictions techniques entre le développement d’une industrie moderne et un monde rural resté archaïque. Les jeunes étaient fascinés par les promesses de la modernité et de la technique dans un monde encore marqué par le poids des religions traditionnelles. A l’enchantement répandu par les vieilles religions, succédait la fascination pour des lendemains prometteurs annoncés par le progrès technique et le mouvement socialiste. Dans une situation où, au quotidien, la masse de la population restait soumise aux lenteurs d’un développement rural trop lent qui faisait disparaître les vieilles formes d’entraides ou de paternalismes sans les remplacer par de nouvelles solidarités. Partout, la mobilité sociale était trop lente, même si l’Amérique et les colonies offraient des débouchés d’où l’on revenait en général avec une arrogance et un esprit conquérant peu propices à la démocratisation des esprits.

La guerre de 1914-1918 : des contradictions en mouvement Une guerre improvisée forçant au progrès technique et à l’asservissement des masses La guerre, ce fut une accumulation d’horreurs, tant pour les soldats que pour les civils. Ce fut aussi la précipitation de masses de populations dans le progrès technique. Ce fut une guerre imprévue pour beaucoup de ceux qui croyaient au progrès de la rationalité et qui ignoraient les grandes contradictions sociales régnant dans leur pays et les grandes contradictions 16 -

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économiques qui dominaient les empires. Pourtant le mouvement socialiste, le marxisme, avait découvert les lois du développement du capitalisme qui ne pouvait avancer sans guerre. Mouvement ouvrier qui, pourtant, en 1914 était englué dans ce que plusieurs militants révolutionnaires et pacifistes appelaient le « crétinisme parlementaire », contrôlé par une « aristocratie ouvrière » attachée aux positions de notables qu’elle était parvenue à conquérir à son profit. Ce fut une guerre qui était censé être courte, mais qui démontra vite l’état d’impréparation des gouvernements et des élites qui durent improviser une guerre de plus en plus meurtrière pour les masses de soldats et qui allait servir à « discipliner » les masses au service des profiteurs de guerre.

Une guerre de positions épuisante : des fronts fixes, mortifères, sans objectifs perceptibles Ce fut donc une guerre longue, une succession de combats meurtriers, de petites avancées ou de reculs limités, qui faisaient perdre toute conscience d’objectifs finaux pour lesquels il valait la peine de se battre, de mourir ou de tuer. Ça et là, dans les petits pays envahis, ou lorsque le front se rapprochait de la capitale, le soldat pouvait croire qu’il se battait pour préserver l’indépendance de sa patrie. Globalement, cependant, ce fut une guerre dont les objectifs étaient la conquête de la puissance aux dépens d’autres puissances, ce qui éveillait des résistances

chez les peuples, ce qui allaient se manifester avec une force particulière dans l’empire russe épuisé puis dans les puissances centrales. « Guerre à la guerre » fut un slogan qui allait commencer à conquérir les cœurs de nombreux soldats. Après un siècle d’affaiblissement de la censure et de rodage de nouvelles techniques de propagande, la Première Guerre mondiale fut l’occasion de perfectionner les propagandes mensongères et les faux enthousiasmes. Dès 1914, de Berlin à Paris, on annonçait le départ des soldats « la fleur au fusil », alors que dans le silence des compartiments et des foyers familiaux désertés, c’étaient les larmes et l’incompréhension qui dominaient.

Une guerre de mobilité des populations : soldats, réfugiés, femmes, travailleurs étrangers Les soldats, jetés sur les fronts et dans les tranchées, découvraient un monde inconnu, des pays inconnus, des langues inconnues, sur les fronts d’Europe, au MoyenOrient, dans les colonies. Tant « en face » qu’au sein de l’armée où ils étaient mobilisés. En particulier dans les grands États multinationaux et encore archaïques. Dans beaucoup de pays, on envoyait les conscrits des régions « récal-


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citrantes » (Alsaciens, Polonais, Arabes, Flamands, Caucasiens, Tchèques, Sénégalais, etc.) le plus loin possible de leur région d’origine. La guerre fut aussi pour certains une gigantesque occasion d’enrichissement, d’affairisme, d’ascension sociale, de carriérisme, d’opportunisme. Alors que le soldat se terrait dans la boue des tranchées, il découvrait lors de ses permissions la frivolité des grands cafés de la capitale où l’on faisait bombance. Les « planqués » restaient l’objet d’une haine tenace. Les régions conquises ou dévastées par les combats envoyaient « à l’arrière », souvent dans des contrées méconnues, des masses de réfugiés. Ceux qui étaient restés dans le pays occupé, en Belgique par exemple, se voyaient menacés de suspicion et de répressions de masse. L’occupation signifiait souvent pillage, répression et rébellions. Alors que l’égalité des sexes n’était encore qu’un rêve lointain, les nécessités de la guerre poussaient à l’embauche des femmes dans des fonctions que l’on considérait jusque-là comme impossible à remplir par « le sexe faible »… et qui furent pourtant remplies dans la sueur et la misère par une masse de femmes épuisées et appauvries. Aux soldats venus des colonies

pour se battre dans une guerre qui avait encore moins de sens pour eux que pour les Européens, vinrent vite s’ajouter, en Europe, des travailleurs coloniaux, venus de pays aussi lointains que la Chine, et qui venaient remplacer la main-d’œuvre locale partie au front. Travailleurs coloniaux qui allaient découvrir les contradictions des sociétés des métropoles coloniales et la logique mondiale d’une économie qui écrasait tous les travailleurs.

Une guerre illégitime qui vit craquer tous les systèmes dominants : mutineries, grèves, révolutions Les tensions se manifestèrent partout à mesure que la guerre se prolongeait, sans perspective de victoires rapides. En particulier dans les États économiquement les plus faibles et dont le caractère multi ethnique leur enlevait toute légitimité à l’heure de l’exaltation des passions nationalistes : empire russe, empire ottoman, empires centraux. Mais aussi dans tous les États capitalistes touchés par la propagande pacifiste et socialiste dès avant 1914. A mesure que les conditions de vie de plus en plus pénibles se généralisaient et que les soldats, les ouvriers et les ouvrières, les

nationaux et les immigrés faisaient connaissance avec le nouvel environnement où ils/elles avaient été précipités, rationnement, augmentation des prix, misère, disette devenaient le lot quotidien de populations désespérées, excédées, fatiguées. Des mutineries au front et des grèves dans les usines se multiplièrent, malgré les lois martiales, malgré le système répressif, malgré la trahison de nombreux bonzes syndicaux ou socialistes. Puis éclatèrent les révolutions, en Russie, en Allemagne, en Hongrie. Ailleurs et partout, y compris dans les pays les plus lointains, on assista à la montée de poussées révolutionnaires.

La Première Guerre mondiale : une guerre pour rien ? Des vaincus humiliés, des vainqueurs épuisés Les vaincus ne furent pas vraiment défaits puisque les armées « victorieuses » n’avaient atteint ni Berlin, ni Vienne, ni Constantinople, ni même Sofia. Ils furent vaincus par épuisement et rébellion de leurs propres peuples contre les profiteurs de guerre et les régimes archaïques. Mais ces vaincus furent humiliés par les puissances « victorieuses » qui voulurent croire dans leur victoire au lieu d’imposer les critères démocratiques de solution des conflits au nom de quoi elles s’étaient battues. Les re-partages du monde et le découpage des nouvelles frontières furent l’occasion de démontrer à quel point c’était la logique des rapports de force qui s’imposait contre les sentiments et les intérêts de tous les peuples concernés. La France et la Grande-Bretagne, essoufflées par leur effort de guerre et la multiplication des tensions sociales et des revendications dans leurs colonies, pensèrent sortir « par le haut » de LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013

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ces menaces en ponctionnant les nouveaux territoires conquis et en détruisant leurs concurrents. Dans les faits, 1918, ce furent des puissances victorieuses déclinantes, des États humiliés et revanchards, des compromis bancals entre puissances, des conflits territoriaux généralisés.

Des anciens combattants hors circuit dans la société Une masse de soldats démobilisés qui avaient découvert un autre monde et souvent peu désireux de se recaser dans les vieilles structures, voire désormais incapables de le faire lorsqu’elles avaient été démantelées, surtout dans les pays vaincus et en crise, se retrouvaient « à la rue ». Certains furent absorbés dans les usines et les mouvements ouvriers, beaucoup furent jetés dans la précarité des villes et des petits centres urbains. Ils allaient nourrir les mouvements d’anciens combattants et de corps francs d’extrême droite qui furent le terreau du fascisme et du nazisme. Car, en Allemagne, dans l’ex-empire austro-hongrois, dans l’ancien empire russe, en Turquie et en Grèce, la guerre ne s’arrêta pas en 1918 mais allait se poursuivre parfois jusqu’en 19221923. Augmentant le nombre de 18 -

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désespérés, de réprimés, de réfugiés, de déplacés.

L’espoir s’est levé à l’Est, la puissance s’est déplacée vers l’Amérique La défaite des empires centraux et l’épuisement des puissances européennes victorieuses sonna le glas de la dynamique coloniale. Un nouvel empire était né en Asie, le Japon, qui profita de la Première Guerre mondiale pour s’étendre sur les bords du Pacifique. Signe que le règne de « l’homme blanc » pouvait être concurrencé. En Russie, les deux révolutions successives de 1917 amenèrent contrôle ouvrier, nationalisation, droit de vote pour les femmes, révolution culturelle, mobilité sociale, industrialisation, internationalisme, anticolonialisme. L’Internationale communiste allait remplacer la vieille internationale ouvrière déconsidérée par la guerre et le Congrès des peuples d’Orient de Bakou signaler l’émergence d’une alliance entre communisme et luttes anticoloniales. C’est aussi dans la foulée de la Révolution russe que, dans les démocraties occidentales, pour la première fois dans l’histoire, on vit des partis sociaux-démocrates plus modérés que les commu-

nistes accéder au pouvoir. Face à la peur « du bolchévik avec son couteau entre les dents », les bourgeoisies découvraient les possibilités du « compromis de classe ». Autre conséquence de la Première Guerre mondiale. La Révolution en Russie, privant le capitalisme de la gestion d’un sixième de la planète, signifia le premier recul du capitalisme dans l’histoire. La mondialisation et les taux d’échanges commerciaux internationaux de 1913 n’allaient plus être connus jusque dans les années 1980. C’est vers une politique de développement plus autocentré que les États allaient devoir s’orienter. Seul pays réellement vainqueur et profiteur de la guerre, les ÉtatsUnis d’Amérique, enrichis par la guerre qui avait multiplié leurs capacités productives, sauveurs d’une puissance britannique demandeuse, à la tête d’un continent encore à exploiter (leur domaine d’Amérique du Nord et leurs protectorats de fait d’Amérique latine), c’était alors une puissance socialement et techniquement dynamique, en état de drainer vers elle capitaux, main-d’œuvre choisie et élites scientifiques. Dans un pays toujours marqué par des inégalités de races, héritage de la période coloniale. L’Amérique un « mythe » pour un siècle de guerre. Guerre mondiale donc qui s’arrêta en principe en 1918, mais qui allait repartir une vingtaine d’années plus tard et dont les conséquences directes se firent sentir jusqu’à la fin du « court vingtième siècle » (1914-1991), sous le signe des révolutions et des contre-révolutions.


dossier LE RÉVEIL

Fusillés pour l’ex

Pour une réhabil

Frédérick Genevée

Pendant le premier conflit mondial, près de 2 500 condamnations à mort furent prononcées et entre 600 et 650 exécutées, 740 si l’on compte les condamnations de droit commun. Depuis, familles, associations d’anciens combattants comme l’ARAC, organisations comme la Ligue des droits de l’homme ou la Libre Pensée se sont mobilisées sans relâche pour obtenir leur réhabilitation.

itation collective

Frédérick Genevée est membre du comité exécutif national du PCF et responsable des Archives et de la Mémoire.

emple

Comme le rappelle justement la proposition de loi de réhabilitation et d’octroi de la mention « Morts pour la France » du groupe communiste, déposée en janvier 2012, ils « furent passés par les armes après des conseils de guerre improvisés et sommaires et sous des prétextes divers : sentinelle endormie, insulte à officier, battue en retraite sans autorisation, mutinerie, désertion (...) Sur un front qui n’était qu’un immense charnier, sous les obus et la mitraille, des hommes ont souffert, douté, ont eu peur ; d’aucuns ont refusé de partir à l’assaut, de tuer, à l’époque où le statut d’objecteur de conscience n’existait pas, ou encore d’obéir à des ordres donnés par des officiers incapables de protéger leurs hommes (...) Malgré les conditions exceptionnelles dans lesquelles ont agi, ou refusé d’agir, ces hommes, souvent très jeunes, l’absence de toute dispo-

sition de réhabilitation persiste à les faire considérer comme des lâches ou des traîtres, flétrissant ainsi leur mémoire et jetant l’opprobre sur leurs descendants. » En 1998 à Craonne, les propos du Premier Ministre Lionel Jospin ont été un premier grand pas : « Épuisés par des attaques condamnées à l’avance, glissant dans une boue trempée de sang, plongés dans un désespoir sans fond », qui « refusèrent d’être sacrifiés », victimes « d’une discipline dont la rigueur n’avait d’égale que la dureté des combats » réintègrent aujourd’hui pleinement notre mémoire collective nationale. En 2008, le Président Sarkozy ajoutait : « Mais quatre-vingt-dix ans après, je veux dire au nom de la Nation que beaucoup de ceux qui furent exécutés alors ne s’étaient pas déshonorés, n’avaient pas été des lâches mais simplement, ils étaient

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allés jusqu’à l’extrême limite de leurs forces ». Il faut maintenant aller plus loin et ne pas se contenter de déclarations présidentielles ni de réhabilitations individuelles. Il est naturel que des familles ou des associations demandent des réhabilitations de tel ou tel cas. Une quarantaine fut d’ailleurs acquise entre les deux guerres mondiales. Il s’agissait alors de dénoncer, au regard du droit de l’époque, les injustices flagrantes et les dysfonctionnements judiciaires. Une réhabilitation collective n’est pas un acte juridique, mais un acte politique d’aujourd’hui et il faut l’assumer comme tel. Il peut s’agir de la voix présidentielle mais c’est surtout au Parlement de se prononcer. Et à ceux qui affirment que la réhabilitation des fusillés serait confondre les héros et les traîtres, nous répondons qu’ils furent tous victimes de la même grande boucherie, d’une guerre qui ne fut pas celle du Droit mais du déchaînement des nationalismes, d’une guerre pour la défense d’intérêts qui

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n’étaient pas les leurs, les victimes d’un commandement défaillant. Comme vient de le rappeler l’historien Marc Ferro, ceux qui désobéirent ne furent jamais l’objet de l’opprobre de leurs camarades. Ce sont les embusqués, les « gros » comme le rappelle la chanson de Craonne, l’état-major qui subirent les foudres des poilus. On dit aussi que l’on ne peut réhabiliter les criminels de droit commun. Certes, mais comment prouver que tel ou tel le fut, alors que les pièces des dossiers manquent ou que les instructions ont été bâclées. Inversons plutôt la problématique. Au lieu de maintenir la suspicion et le déshonneur en tentant d’en extraire certains au cas par cas, réhabilitons et ensuite que l’on démontre qu’il faut en exclure certains. Le cas par cas ne tient pas compte non plus des progrès de l’historiographie qui intègrent ces actes dans un continuum plus vaste d’indiscipline et de refus de la guerre beaucoup plus général. De nombreuses collectivités territoriales ont pris position en ce

sens. Ainsi le conseil général de Corrèze a-t-il voté en 2009 un vœu qui demandait que les soldats « condamnés pour l’exemple soient reconnus comme des soldats de la Grande Guerre à part entière, de façon à permettre que leurs noms puissent être légitimement inscrits sur les monuments aux morts des communes de France, à la demande de leurs familles ou des associations et collectivités concernées. » Le Président de la République et le gouvernement doivent parler dans ce sens et il existe une majorité au Parlement pour voter une loi de réhabilitation collective. La France ne peut pas faire moins que le Royaume-Uni, le Canada et la Nouvelle-Zélande qui ont déjà pris ce type de décisions. Un siècle après les faits, justice doit être enfin rendue. Le centenaire de la Première Guerre mondiale ne doit pas être un prétexte pour le retour de l’Union sacrée nationaliste. C’est d’éducation à la paix dont nous avons besoin. Cette réhabilitation collective peut en être une étape essentielle.


Vie de l’arac LE RÉVEIL

Villejuif (94) Décès du général Vo Nguyen Giap Culture de paix Une grande tristesse « La paix est l’avenir de l’humanité. Elle pour l’ARAC s’édifie dans un mouvement inverse à l’égoL’ARAC présente ses condoléances les plus sincères à sa famille, à l’Association des vétérans du Vietnam, au gouvernement vietnamien, au peuple vietnamien. Il restera vivant dans notre mémoire collective notamment, comme un combattant inlassable et exemplaire pour l’indépendance de son pays contre le colonialisme français puis contre l’impérialisme américain, aux côtés du Président Ho Chi Minh. Le général Giap fait honneur à son pays. L’ARAC portera aussi la mémoire vive d’un combattant hors du commun pour l’émancipation et pour la paix, internationaliste, « optimiste pour un monde qui, à l’heure de la révolution scientifique et technique, doit permettre à chaque homme et à chaque femme de ne plus souffrir de faim et de la maladie », comme il aimait le préciser ces dernières années, dans ses rencontres. Raphael Vahé - Président de l’ARAC Villejuif le 6 octobre 2013

ïsme, à la volonté de domination et à la violence. Elle ne se construit que petit à petit, par l’éducation, dans le respect et l’échange avec l’autre, le différent, l’étranger. À l’intérieur de nos frontières, la droite et l’extrême droite excitent les haines ordinaires qui tirent leurs sources de la peur de l’avenir et du manque de perspectives. Des politiciens sans scrupule montent les pauvres contre les moins pauvres, les habitants des pavillons contre les habitants de logements sociaux, les immigrés depuis quelques générations contre les immigrés tout juste arrivés. Ainsi, tant que le peuple se déchire, le monde de la finance peut continuer à engraisser ses actionnaires sans être inquiété. La famille Le Pen est son meilleur allié. En dehors de nos frontières, comme en Afghanistan ou en Syrie, la guerre s’exporte bien. Des guerres entre les peuples, qui servent les intérêts des grandes puissances : il est souvent question de réserves de gaz, de pétrole ou de pipelines. Et il est troublant de constater que si l’on ne trouve pas d’argent pour les hôpitaux ou le financement de la retraite à 60 ans, il reste des milliards pour faire la guerre. Seule l’intervention des ci-

Mme Claudine Cordillot, Maire de Villejuif, M. Alain Rouy, conseiller municipal délégué Vie associative, Relations internationales, Culture de paix et Patrick Staat, Secrétaire Général de l’ARAC ;

toyens peut faire la différence. Oui, la paix est un choix politique. Nous l’avons fait… C’est aussi le sens de notre action au sein du réseau mondial des Maires pour la Paix, et de nos semaines de culture de paix, du 21 septembre, Journée internationale de la paix instituée par l’ONU, jusqu’à la corrida annuelle. Du quartier à la planète, la paix se cultive patiemment. À Villejuif, cela commence par l’amélioration des conditions d’habitat, d’éducation, de soins et de culture dignes pour chacun. » Extraits du discours d’Alain Rouy, conseiller municipal délégué Vie associative, Relations internationales, Culture de paix.

NOS PEINES octobre 2013 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. ALPES-MARITIMES (06) Nice : Jean Valentin ROGNONE. ARDÈCHE (07) Annonay : Gilbert SUSINI, AC 39-45. BOUCHES-DU-RHÔNE (13) Endoume : Mme Madeleine BLANC, combattante pour la paix. Fos-sur-Mer : Robert AMATO, AC ATM. Septèmes-les-Vallons : Henri DUH, 72 ans, AC ATM, trésorier de la section. CHARENTE (16) Saint-Cybard : Jean Rémi VASLIN, AC ATM.

LOIRE (42) Saint-Chamond : Jean BONNEFOI, 87 ans, AC 39-45.

VIENNE (86) Chatellerault : Gilbert AUDEBERT, 89 ans, AC 39-45.

LOIRE-ATLANTIQUE (44) Orvault : Angelique JOSEPH, 93 ans, AC 39-45.

ESSONNE (91) Saulx-les-Chartreux : Henri MONGEOT, AC ATM.

LOT-ET-GARONNE (47) Layrac : Angel MANZANO, AC 39-45. PUY-DE-DÔME (63) Pionsat : Henri DELOUCHE, AC ATM.

SEINE-SAINT-DENIS (93) Bagnolet : Mme Guillemette ROULETTE, combattante pour la paix. Dugny : Maurice CARRÉ, AC ATM.

PARIS (75) 19e : Jean NOGUES, AC d’Indochine.

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Essonne (91)

Solidarité avec le village de l’amitié Van Canh Le comité départemental de l’Essonne pour le Village de l’amitié de Van Canh développe diverses initiatives publiques avec pour objectif de faire connaître, soutenir et rassembler (autour de notre comité départemental) pour une meilleure connaissance du Vietnam, et réunir des fonds pour exprimer concrètement et financièrement notre soutien au Village.

L’an passé à Verrières-le-Buisson, plusieurs actions ont été menées dont une exposition, un débat public et l’inauguration de la plaque en souvenir de la délégation vietnamienne qui a conclu les accords de Paix de Paris de 1973, en présence de nombreuses personnalités locales, départementales et nationales. En février dernier, une journée à Vigneux, avec la tenue de notre assemblée

générale annuelle fut suivie d’un débat sur l’agent orange, puis d’un repas vietnamien et de quelques pas de danse. Une belle réussite, avec 9 adhésions à notre comité et une collecte de solidarité intéressante. Nous avons donc eu le plaisir d’adresser au siège national la somme de 600 e, destinée au Village de l’amitié qui nous tient tant à cœur. Lucien Duverger-Chatellet Vice-président départemental

Village de l’amitié Van Canh Dioxine-OGM : une soirée à Villejuif Symbole de la réconciliation, de la fraternité et de la paix, le Comité pour le village de l’Amitié de Villejuif a souhaité s’associer aux initiatives diverses de la ville commémorant la Journée mondiale de la paix. Cette soirée de connaissance et de solidarité soutenue par Claudine Cordillot, maire de Villejuif, a rencontré un large public de 90 personnes. Cette initiative a fait la démonstration que la catastrophe humanitaire et écologique dont a eu à souffrir la population vietnamienne et

leurs enfants à la quatrième génération était due à la fabrication par Monsanto de défoliant contenant de la dioxine. Cette firme multinationale, après la guerre, s’est reconvertie dans l’agroalimentaire. Elle produit à la fois un herbicide toxique, le Round Up et des plantes génétiquement modifiées qui conduisent à la ruine des petits agriculteurs et à la transformation de l’alimentation. Monsanto bénéficie de la bienveillance officielle de l’État Américain.

Grande tombola de Noël de soutien au Réveil des Combattants

Cette année encore, UNE VOITURE à gagner ! Dans ce numéro, vous trouverez un carnet de 10 bons de soutien, afin de soutenir notre journal, indispensable outil d’information, de réflexion, de mémoire et de défense des droits des anciens combattants et victimes de guerre. Vous pouvez acheter le carnet entier ou des bons à l’unité (2 e). Vous devrez alors renvoyer au siège national de l’ARAC (2 place du Méridien, 94800 Villejuif), la ou les souches remplies, accompagnées de votre règlement en utiisant la lette T et garder vos tickets.

Retour des souches arrêté au 31 décembre 2013, pour un tirage en janvier 2014… Pour tout renseignement : Tél. 01 42 11 11 11 - reveil-des-combattants @wanadoo.fr

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

A la Maison du combattant de Rennes... A la Maison du combattant de Rennes, avocats et représentants de l’ARAC se rencontrent sur les droits et le forfait de pension. Avant de remercier les intervenants Georges Ploteau, membre du Bureau national de l’ARAC et secrétaire général de l’Ille-et-Vilaine, saluait tout spécialement la présence de sept avocates et avocats et tout spécialement de Monsieur le Bâtonnier de l’Ordre de Rennes. « Depuis 1919, anciens combattants et victimes de guerre ont obtenu non simplement la charité, mais des droits… et notre siècle apporte malheureusement de nouveaux type de conflits, » précisait-il. La rencontre a été ouverte par Maître Stéphane Gardette, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Rennes. Celui-ci a pu souligner combien les avocats sont des acteurs majeurs pour la défense des droits des justiciables qui, bien souvent, ne peuvent faire face seuls aux chaussetrappes procédurales du droit des pensions militaires d’invalidité. Une rétribution convenable des avocats est donc indispensable. Cela assure aux justiciables non seulement une assistance de qualité mais aussi une meilleure situation stratégique. Lorsque l’administration sait que les avocats des administrés sont convenablement rétribués, elle prend en considération l’opposition crédible qu’elle pourra rencontrer, ce qui l’incite à plus de mesure. Or, en droit des pensions militaires d’invalidité, la rétribution a été longtemps absente. De 1959 à 2001, l’assistance judiciaire était gratuite pour ceux qui la demandaient. Les avocats désignés d’office n’étaient donc pas indemnisés. Depuis 2001, l’aide juridictionnelle totale est accordée automatiquement sans condition de ressources en matière de pensions militaires d’invalidité. Cela signifie que l’avocat est au moins rétribué à ce titre. Même s’il s’agit d’un progrès par rapport à la situation antérieure, les justiciables qui auraient les moyens d’acquitter des honoraires en sont dispensés. En outre, l’unité de valeur servant de base à la rétribution des avocats au titre de l’aide juridictionnelle

n’a pas été revalorisée depuis six ans. Des progrès doivent donc encore être accomplis.

Le forfait de pension Maître Thierry Poulichot, du Barreau de Rennes, a ensuite évoqué la règle du double cantonnement du forfait de pension, thème déjà abordé par le Réveil des Combattants (n° 787, octobre 2012, p. 26). Ceux qui sont susceptibles de bénéficier d’une pension militaire d’invalidité peuvent réclamer, en outre, sur le fondement du droit commun, l’indemnisation des préjudices qui ne sont pas couverts par les pensions (comme le préjudice d’agrément, le préjudice esthétique ou le préjudice de douleur). De plus, en cas de faute de l’administration ayant causé un préjudice, celui qui bénéficie d’une pension du fait de cette faute peut réclamer une indemnité complémentaire. Michel Desrues, directeur départemental honoraire de l’ONAC, a présenté le régime applicable aux pensions militaires d’invalidité. Il a insisté sur la singularité de ce système qui repose sur le droit fondamental à réparation et qui dispose de ce fait de son propre code : le code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre, de ses propres commissions de réforme, d’une administration spécifique : l’ONACVG, de juridictions spécialisées : les tribunaux de pensions réformés en décembre 2011. L’accent a été porté sur des points souvent méconnus, tels que sont les victimes d’acte de terrorisme survenus en France et à l’étranger, le calcul du taux global d’invalidité selon la règle de la validité restante dite « règle de Balthazard », les différences injustifiées entre victimes, entre les victimes civiles et les victimes militaires pour les pensions des conjoints survivants : « Il faut 60 % pour que le survivant d’une victime militaire ait droit à une pension et 85 % pour

le survivant d’une victime civile ». Également rappelés, les droits accessoires aux pensionnés : carte d’invalidité ouvrant droit à des réductions sur les transports en commun, les soins médicaux gratuits, une fiscalité particulière. Par la suite, un riche débat s’est engagé entre les participants notamment sur les droits des OPEX, les victimes des essais nucléaires. Venu de Nantes, Jean-Claude Salomon précisait : « Pour nous ARAC, l’important c’est d’abord un monde de paix ! »

ARAC Saint-Chamond (42) Le comité local de l’ARAC de SaintChamond a participé au salon des associations de la ville. Notre journal était au cœur du stand de l’ARAC, mais aussi le calendrier 2014, le programme du CNR. Une adhésion a été réalisée. Un tract retraçant l’histoire de l’ARAC et de ses combats d’hier et d’aujourd’hui a été largement porté à la connaissance des visiteurs du salon.

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

ARAC Paris (75) L’ARAC présente à l’occasion du 2e anniversaire de la mise en place par Bertrand Delanoë, maire de Paris, d’une stèle en hommage à l’ensemble des victimes civiles et militaires de l’OAS.

Outre les élus parisiens, on note la présence de Raphaël Vahé, président de l’ARAC, Henri Pouillot, Alban Liechti, Jean-François Gavoury.

TOMBOLA Mme Georgette Cantat de Geugnon (71), l’heureuse gagnante du voyage « croisière sur le Rhin » de 5 nuits a décidé de l’offrir à l’ARAC. Nous la remercions.

ARAC Pessac (33) Le 21 septembre 1942, 70 patriotes militants syndicalistes furent lâchement assassinés par les nazis avec la complicité de la police de Vichy. Le vendredi 20 septembre 2013, à l’appel de l’Union départementale des syndicats CGT de la Gironde et du Comité du souvenir des fusillés de Souge, nous étions invités à assister à la cérémonie du 71e anniversaire des fusillades de Souge. La photo représente le monument qui se trouve à l’intérieur de la Bourse du travail. L’ARAC était représentée par Christine Courio, Robert Arnaud, Pascal Chauvet, Régis Saphores et Alain Ardiley du Comité national, Christian Élie, président de la section de Pessac. 24 -

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

ARAC Vosges (88) Rappel à mémoire

L’ARAC Massy (91) n’a pas son drapeau dans sa poche A l’occasion du forum associatif qui s’est déroulé le 7 septembre dernier, notre section était présente. Cette rentrée associative permet à chacun de présenter les buts de son association. C’est ce que nous avons réalisé avec une nouvelle touche d’infos des diverses activités et actions de notre section, ainsi que celles du département… en particulier, sur la reconnaissance du 19 mars, du 27 mai, le CNR, les OPEX, la mutuelle, les fusillés pour l’exemple, la position de l’ARAC sur la Syrie. Ce qui a amené quelques échanges ver-

baux un peu vifs… mais débattre, c’est la démocratie. Également une pléiade d’ouvrages, nos sorties mémorielles (musée de la Grande Guerre de Meaux, Châteaubriant) ainsi que notre escapade annuelle, récréative, conviviale, fraternelle… attendons les retombées… mais à noter pour la première fois les drapeaux de l’ARAC, qui nous ont été offerts lors du dernier congrès national, flottaient sur le stand, avec la complicité d’un excellent vent… qui dérange un peu… pas nous.

Le 24 septembre 1944, par représailles pour avoir aidé des aviateurs anglais parachutés, une colonne allemande a investi une petite commune vosgienne de 300 habitants environ : Le Puid. Après avoir incendié une douzaine de maisons, molesté femmes et vieillards, elle est repartie en emmenant 22 hommes qui ont été internés dans des camps de concentration. 19 ne sont pas revenus. Le 24 septembre 2013, comme chaque année, à 18h, commémoration de cette journée de 1944. Le maire, adhérent de l’ARAC 88, a invité notre association patriotique à cette manifestation. Une délégation de l’ARAC 88, emmenée par son président y a participé, avec dépôt de gerbes, discours, Marseillaise et Chant des Partisans. Cérémonie émouvante devant une trentaine de personnes de cette petite commune qui ne comprend plus maintenant qu’environ 120 habitants. Dans son devoir de mémoire, l’ARAC 88 se propose de réitérer cette initiative ici ou dans d’autres lieux du département afin que les horreurs de la guerre ne soient pas oubliées.

ARAC Villejuif (94) Dans le Val-de-Marne, la pétition est à l’honneur. Une cinquantaine de cartes pétition ont été signées sur le marché de Villejuif et 240 à Fontenay-sousBois.

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LE RÉVEIL VOS DROITS

Jamais trop tard pour bien faire L’article « L’ARAC et sa Mutuelle » paru dans le Réveil des Combattants de juillet / août 2013 (n°795) rendait compte de l’Assemblée générale de la Mutuelle du 25 mai 2013, mais si nous sommes en mesure de savoir pourquoi une Mutuelle ARAC et pour qui, il n’est pas évident d’en connaître les animateurs et il n’est jamais trop tard de rappeler qui ils sont, de les mettre à l’honneur pour leur dévouement au bon fonctionnement de notre Mutuelle. Il s’agit des élus au Conseil d’administration et à la Commission de contrôle financier, des camarades de l’ARAC, responsables, correspondants, animateurs en coordination constante avec leurs directions nationale et départementale. N’hésitez donc pas à prendre contact avec l’un deux, nous pourrons vous mettre en relation avec eux.

Le Conseil d’administration André Fillère (ATM) Essonne, Georges Doussin (ATM) Vaucluse, Marcel

Brulefert (ATM) Var, Jacques Goutorbe (ATM) Val-de-Marne, Robert Moullière (ATM : ANCAC) Côte-d’Or, José Mure (OPEX) Vaucluse, Robert Deberghes (ATM) Nord, Claude Arteaud (ATM) Loire-Atlantique, Antoine Crestani (ATM) Aisne, Gaston Girodet (ATM) Ain, Marcel Le Goallec (ATM) Pyrénées-Orientales, Henri Moitrier (ATM) Val-de-Marne, Daniel Tanneveau (ATM) Essonne, Monique Hersant (Pupille) Seine-Saint-Denis, Jean-Pierre David (ATM) Seine-Saint-Denis, Ali dit Alain Attal (ATM) Essonne, Michel Bassot (ATM) Haut-de-Seine, Jacques Cieutat (ATM) Paris, Pierre Clec’h (ATM) Gard, Georges Delorme (ATM) Rhône, Lionel Foulatière (ATM) Nièvre, Maurice Garrel (39/45) Gard, Jean Gaumet (ATM) Saône-et-Loire, Gérard Gonthier (Pupille) Aveyron,Yves Legoué (ATM) Pyrénées-Orientales, Allain Madec (ATM) Sarthe, Pierre Martres (ATM) Haute-Garonne, Daniel Mas (ATM) Côte-d’Or, Bernard Millet (Pupille)

Vienne, Patrick Staat (non combattant) Val-de-Marne.

Commission nationale de contrôle financier • Président : Alexandre Léonoff (ATM) Paris • Membres : Jean Ciret (39/45) Seine-etMarne, Michel Pirolley (ATM) Paris († dcd le 29 mai 2013), Christian Renard (ATM) Côte-d’Or, René Sagnes (ATM) Aveyron. Il va sans dire que nos félicitations, nos remerciements vont également aux adhérent(e)s de l’ARAC et de la Mutuelle de l’ARAC pour leur action collective en faveur de la défense de nos droits, du droit à réparation et de nos valeurs républicaines qui, avec la politique sociale du gouvernement, tomberaient dans les oubliettes. En clair, ensemble, continuons l’action. Jacques Goutorbe Vice-président de la Mutuelle de l’ARAC, membre du Bureau national de l’ARAC

Communiqué de l’ARAC

Rentes mutualistes anciens combattants L’ARAC et sa Mutuelle protestent contre l’atteinte au droit à réparation perpétrée par le gouvernement. Sans aucune concertation et dans le silence le plus total - par un décret du 24 septembre 2013, inscrit plus que discrètement dans les annexes du projet de loi de finances pour 2014 - le gouvernement a décidé de réduire de 20 % la subvention accordée (par la loi du 4 août 1923) aux rentes mutualistes que se sont constitués (ou se constituent actuellement) les anciens combattants de tous les conflits, y compris les actuels combattants des opérations extérieures. Cette attaque au droit à réparation, cette remise en cause d’une loi votée par le Parlement en utilisant un simple décret est scandaleuse et inacceptable. Par ce biais, le gouvernement entend récupérer 10 millions d’euros en 2014 et 30 millions en 2015 et 2016 dans le même temps où il présente un projet de budget en baisse de 80 millions. En clair, c’est sur le dos des anciens combattants et victimes de guerre qu’il entend financer chichement les maigres « avancées », telle la carte du combattant aux anciens

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combattants en Algérie dont le coût (4 millions) est ainsi largement amorti. C’est d’autant plus inacceptable que les anciens combattants et victimes de guerre sont déjà touchés en tant que citoyens par la baisse régulière de leur pouvoir d’achat, le retard de 44,11 % du montant de leurs pensions militaires et retraite du combattant, leur situation de retraité, leurs problèmes de santé, etc. Ce ne sont pas eux les responsables de la crise, ce ne sont pas eux qui ont engrangé les 25 % perçus en un an par les actionnaires des sociétés cotées en bourse au CAC 40. Le gouvernement doit changer sa politique, dire NON à l’Europe (pour qui l’exception française du droit à réparation des anciens combattants et victimes de guerre doit disparaître) et faire payer les véritables responsables que sont la grande finance française et internationale. Le Parlement doit exercer sa responsabilité et la souveraineté nationale en obligeant le gouvernement à abroger ce décret scélérat. Villejuif, le 11 octobre 2013


VOS DROITS LE RÉVEIL

Essais nucléaires

Les vétérans accusent Des vétérans des essais nucléaires ont accusé jeudi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de les «mépriser», après le rejet de trois de leurs propositions sur quatre. Les vétérans de l’association AVEN ont participé mercredi à une réunion de la Commission consultative de suivi sur les essais nucléaire, présidée par M. Le Drian. Dans un communiqué, ils reprochent au ministre de garder inchangée sa position « malgré les rapports du Parlement et du Sénat, sans équivoque, Annonceconstatant 210x150 l’échec 3D COPY:Mise en page de l’application de la 1loi d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français qui «n’indemnise

quasiment personne ». » Ils l’accusent d’avoir ignoré leur demande portant sur l’intégration de deux scientifiques désignés par leurs associations au sein du Comité d’indemnisation, sur « la prise en compte de la contamination et de la présomption de causalité stricte pour tout le personnel civil et militaire » et sur l’attribution d’un titre de distinction honorifique. Le seul point accepté par le ministre concerne l’extension des zones géographiques concernées à l’ensemble de la Polynésie, ajoutent-ils. M. Le Drian « est resté totalement ferme sur la méthode utilisée 7/10/11 10:52méprisant Page 1ainsi les avis des par le CIVEN, associations », assènent-ils. Les vétérans annoncent qu’une pétition

rassemblant plus de 15 000 signatures commence à circuler et menacent d’envisager « des actions plus radicales » lors de l’assemblée générale de l’AVEN, prévue le 12 octobre à Neuvy-sur-Barengeon (Cher). Mercredi, M. Le Drian a souhaité une meilleure information des personnes susceptibles d’avoir été exposées à des radiations, pour une meilleure efficacité du dispositif d’indemnisation. De 1959 à 1996, la France a procédé à 210 essais nucléaires au Sahara algérien et en Polynésie française. M. Le Drian a « demandé à l’ensemble des participants d’œuvrer pour que tous les dossiers des demandeurs puissent être transmis au Comité d’indemnisation », a indiqué son ministère dans un communiqué. AFP, Paris, le 10 octobre 2013

Si vous êtes intéressé(e) et si vous souhaitez recevoir une documentation plus complète, adressez le coupon ci-dessous à : Mutuelle de l’Arac - 2, place Méridien 94807 Villejuif cedex - Tél : 01 42 11 11 00 mutuarac@mutuarac.com

Vous êtes Ancien Combattant titulaire de la Carte du Combattant et/ou du Titre de Reconnaissance de la Nation (TRN), veuve, orphelin, ascendant de “Mort pour la France”.

Je souhaite recevoir des renseignements sur la rente mutualiste.

La Mutuelle de Retraites de l’A.R.A.C. est faite pour

Vous désirez protéger votre famille comme vous-même en transformant votre épargne en une rente mutualiste d’avenir.

la Mutuelle de Retraites de l’Association Républicaine des Anciens Combattants permet de se constituer une rente.

Prénom :

vous

Date de naissance : ........../........../.......... Adresse : Code Postal : Ville : Tél.:

• Non imposable et revalorisée chaque année

E-mail :

• Subventionnée par l’Etat de 12.50 à 60% • Cumulable avec toute autre pension ou retraite

Cochez les cases correspondantes :

• Avec des versements déductibles en totalité de vos revenus imposables

❏ Carte du Combattant. Date de délivrance : ........../........../..........

• La garantie de votre placement vous est assurée par la CNP (Caisse Nationale de Prévoyance)

❏ Titre de Reconnaissance de la Nation. Date de délivrance : ........../........../..........

• Le capital constitué sera reversé à votre décès, au(x) bénéficiaire(s) que vous aurez désigné(s) *

❏ Veuve, Orphelin, Ascendant, de “Mort pour la France” à titre militaire.

• Versements à votre convenance

Campagnes : ❏ Indochine ❏ 1939-1945 ❏ Conflits modernes ❏ ATM (1952-1964)

*Dans le cas d’un capital réservé viagèrement.

Agissant en tant qu’intermédiaire entre la Caisse Nationale de Prévoyance et ses adhérents :

Nom :

RC


LE RÉVEIL Vos droits

Vivre dignement Une veuve dont le mari est mort à la guerre peut-elle vivre avec 597 euros par mois ? Une veuve d’ancien combattant peut-elle vivre avec 850 euros par mois ? Est-ce respectable et digne qu’elles ne touchent même pas l’équivalent du seuil de pauvreté ?

Depuis le 1er janvier 2000, les pensions militaires d’invalidité et la retraite du combattant ont perdu 14 % de leur valeur par rapport à l’inflation, dont 5,5 % depuis le 1er janvier 2010. En fait, sur les vingt dernières années, leur valeur a été divisée par deux et l’État ne verse que la moitié de ce qu’il doit aux anciens combattants et victimes de guerre. Comme les retraités, les actifs, les demandeurs d’emploi, comme chaque jeune ou ancien, nous sommes mécontents, car nous espérions en le changement annoncé pour vivre enfin dignement et en paix dans une société où le présent et le futur assureraient à tous l’égalité des droits et en finiraient enfin avec l’enrichissement sans limite d’une infime minorité de nantis au détriment de la précarisation et de la détresse de l’immense majorité d’entre nous. Or les anciens combattants et les victimes de guerre, à qui la loi doit réparation pour services rendus au pays, se voient toujours refuser l’application ou l’amélioration de leurs droits au nom d’une crise dans laquelle ils ne portent, eux non plus, aucune responsabilité. Pour 2014, l’État annonce une baisse des crédits budgétaires de 15 milliards d’euros. Ce seront près de 100 millions de moins, indispensables, pour les 28 -

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ACVG (-3,3 %). Pour le gouvernement Hollande-Ayrault, « les économies seront le fruit d’un effort partagé ». Oui, mais, selon quelle règle ? D’un côté des milliards de cadeaux pour les patrons de grands groupes financiers privés et de l’autre, la crise et l’austérité des budgets de la santé, de l’emploi, de la culture, du sport, de la vie sociale, de l’agriculture, etc., alors que les actionnaires des grandes sociétés en Bourse vont se partager 40 milliards d’euros et que leurs patrons touchent des salaires annuels moyens de 2,3 millions d’euros, soit 140 années de SMIC ! Avec l’ensemble de la population, dont les anciens combattants et victimes de guerre sont solidaires, nous réclamons un changement de cap au profit d’une politique de justice sociale tournant le dos au chômage, à la précarité, à la baisse de pouvoir d’achat, aux hausses de gaz, d’électricité, des transports... Nous réclamons la dignité et l’exercice de nos droits, à commencer par le maintien du niveau des crédits budgétaires 2013 dans le budget 2014, afin que soient enfin votés : - l’attribution de la carte du combattant pour les militaires ayant servi au moins 120 jours en Algérie, lors de leur séjour « à cheval » sur la date du 2 juillet 1962, - le bénéfice de la campagne double sans condition aux militaires ayant servi en Algérie entre 1954 et 1962, - le plafond du montant des ressources permettant l’aide différentielle aux veuves d’anciens combattants aligné sur le seuil de pauvreté (964 euros actuellement), - la revalorisation de la valeur du point (13,92 e) servant au calcul des pensions militaires d’invalidité, des pen-

sions de veuves, d’orphelins et d’ascendants, de la retraite du combattant et du plafond majorable des rentes mutualistes anciens combattants qui compte près de 45 % de retard (soit 20,11 e), - que soient relevées les pensions de veuves de guerre et des veuves de grands invalides AC. - que les combattants en opérations extérieures (Afghanistan, etc.) bénéficient de la carte du combattant, de la réinsertion professionnelle en fin de contrat par stage (payé par l’armée) dans l’une des écoles de l’ONAC, de la garantie du droit au logement en fin de contrat et d’une véritable politique de soins gratuits pour ceux qui souffrent de psychotraumatismes de guerre. - que soient accordés les crédits nécessaires au fonctionnement correct de l’Office national des ACVG (ONAC), de ses services départementaux, de ses écoles de reconversion professionnelles et ses maisons de retraite actuellement menacées d’être offertes au privé, alors qu’elles font partie intégrante d’une indispensable politique nationale de santé. Ancien combattant et victime de guerre ou non, notre solidarité est indispensable pour faire aboutir les droits et les revendications légitimes de TOUS, les nôtres, les vôtres ! Déclaration du Bureau national de l’ARAC Villejuif, le 4 octobre 2013


VOS DROITS LE RÉVEIL

Bleuet de France Acte de solidarité et de mémoire Depuis près de 80 ans, les fonds collectés par le Bleuet de France participent à l’amélioration du quotidien de plusieurs milliers d’anciens combattants, de victimes de guerre ou d’attentats, d’hier et d’aujourd’hui, en difficulté, mais également en éveil de la conscience citoyenne des jeunes générations. Sur 100 e donnés au Bleuet de France : - 58 e reviennent aux ressortissants de l’ONACVG en difficulté, - 25 e permettent l’organisation de centaines de manifestations de mémoire, -17 e servent à organiser et promouvoir les collectes. La gestion de la collecte et la répartition des fonds collectés s’effectuent sous le contrôle de l’agent comptable principal de l’ONACVG et de la Cour des comptes.

Dates des élections municipales et européennes Le ministre de l’Intérieur a présenté, en Conseil des ministres du 2 octobre, un décret fixant la date du renouvellement des conseils municipaux et communautaires et portant convocation des électeurs. Il a en outre annoncé les dates des élections européennes de 2014. Élections municipales Le dernier renouvellement des conseils municipaux ayant eu lieu les dimanches 9 et 16 mars 2008, l’élection des conseillers municipaux et des conseillers communautaires aura lieu les dimanches 23 et 30 mars 2014. Afin de faciliter la participation des électeurs, le gouvernement a retenu le

couple de dates permettant qu’aucune zone ne se trouve en période de congés scolaires. Par ailleurs, pour la première fois en 2014, les électeurs des communes de 1 000 habitants et plus éliront, en même temps que les conseillers municipaux, et par le même bulletin de vote, le ou les conseillers communautaires représentant leur commune au sein des organes délibérants des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre (communautés de communes, communautés d’agglomération, communautés urbaines et métropoles). Les électeurs de telles communes sont donc également convoqués pour procéder aussi à l’élection de leurs conseillers communautaires. Le scrutin sera ouvert à 8 heures et clos à 18 heures. Pour faciliter l’exercice du droit de vote par les électeurs, les pré-

fets et hauts-commissaires pourront avancer l’heure d’ouverture ou retarder l’heure de fermeture du scrutin dans certaines communes.

Élections au Parlement européen Par une décision du 14 juin 2013, le Conseil de l’Union européenne a avancé la période pendant laquelle doivent se dérouler les élections dans l’ensemble des États membres de l’Union européenne, afin de favoriser la participation des électeurs. Les élections des représentants au Parlement européen auront donc lieu entre les 22 et 25 mai 2014, au lieu de la période du 7 au 10 juin initialement prévue. En France, à l’exception de certains départements et collectivités d’outre-mer, le scrutin aura lieu le dimanche 25 mai 2014. LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013

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Souscription nationale Comités départementaux et locaux, adhérents, amis, votre soutien est déterminant pour poursuivre ensemble notre rôle de « haut-parleur de la vérité », comme le disait Henri-Barbusse.

Liste des souscripteurs - Octobre 2013

Comités départementaux Arac de l’Ardèche (07) : 100 e Arac de Seine-Maritime (76) : 50 e Arac du Val-d’Oise (95) : 100 e Arac section du Havre (76) : 100 e Arac section Argenteuil (95) : 100 e Abonnés Réveil : Robert Raymond : 50 e Conseil National Fitoussi Jacques : 50 e Izaguirre André : 50 e Nicolas Alain : 50 e

Merci de préciser le mode de règlement : • par chèque à l’ordre de l’ARAC, en un ou plusieurs règlements, avec les dates d’encaissement souhaitées.

Ain (01) - Aulagner Elie : 100 e Aisne (02) - Vanseveren Claude : 50 e Alpes-de-Haute-Provence (04) - François Claude : 50 e Alpes-Maritimes (06) - Macri Victor : 50 e - Wavreski André : 50 e Aube (10) - Thiebaux Robert : 10 e Bouches-du-Rhône (13) - Caldora Raphaël : 50 e - Fabre Marcel : 50 e Cher (18) - Turco Dellia : 37 e Côte-d’Or (21) - Ianelli Lucien : 50 e Finistère (29) - Mercier Jean : 50 e Gard (30) - Boulicault André : 20 e - Lauriol André : 50 e Haute-Garonne (31) - Carpene Daniel : 50 e Ille-et-Vilaine (35) - Doreau Henri : 50 e Nièvre (58) - Vavon Henri : 50 e Hautes-Pyrénées (65) - Lamon Laurent : 50 e Pyrénées-Orientales (66) - Adiba Georges : 50 e Rhône (69) - Corbel Maurice : 50 e

Saône-et-Loire (71) - Gaydon Georges : 50 e Sarthe (72) - Lethielleux Gaston : 100 e Haute-Savoie (74) - Sigg Bernard : 50 e Paris (75) - Jarret Pierre : 50 e - Rigaux Jack : 50 e Seine-Maritime (76) - Boullé François : 50 e - Maguet Jean-Pierre : 100 e Tarn-et-Garonne (82) - Campanini Bruno : 100 e Vosges (88) - Bénini Albert : 10 e Essonne (91) - Anchuelo Louis : 50 e - Dif Emile : 50 - - Prioul Marcel : 50 e - Vanbesien Jean : 50 e Hauts-de-Seine (92) - Collin Denise : 50 e - Militon Alice : 100 e Seine-Saint-Denis (93) - Chauvin Laurent : 50 e - Desnoyers Henriette : 50 e - Laurent Fabienne : 40 e - Mohand Issad : 50 e Val-d’Oise (95) - Gurrera Augustin : 50 e

Je souhaite faire un don à l’ARAC et je coche le montant souhaité :

n 50 e

n 100 e

n 200 e

n Autre montant :

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Nom et prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

• par prélèvement bancaire, avec le montant de votre prélèvement (mensuel ou trimestriel) : dans ce cas merci de joindre un RIB. • Dès réception de votre règlement, nous vous adresserons une attestation de contribution et un reçu fiscal.

Adresse :

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Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ...................................................................

A retourner à : ARAC - 2 place du Méridien - 94800 Villejuif


dossier LE RÉVEIL magazine

Génocide et propagande L’instrumentalisa-L’instrumentalisa tion politique des massacres

Edward S. Herman et David Peterson, Ed Lax, 15 e

Aujourd’hui, les mots “massacre”, “bain de sang”, “génocide” occupent massivement le vocabulaire des relations internationales. Ils sont indissociables de la « justification » des interventions militaires occidentales, que ce soit au Kossovo, en Bosnie-Herzégovine, en Irak ou en Libye. Ainsi, les morts causés par les régimes de Kadhafi à Benghazi relevaient des crimes de guerre, selon la communauté internationale… alors que l’écrasement sanglant de la guerilla Tamoule par le Sri Lanka au même moment n’a suscité aucune protestation. C’est que, en politique, les mots ne sont pas innocents et le sens qu’on leur donne est fonction des buts que l’on poursuit et des intérêts que l’on défend. L’étude rigoureuse des discours officiels et des médias montre que ces mots sont utilisés pour qualifier les agissements de pays qui, d’une manière ou d’une autre, sont en conflit avec les États-Unis. Qu’en déduire ? Sinon que la « responsabilité de protéger » mise en avant pour « justifier » les interventions militaires à vocation « humanitaire » de l’Occident n’est que le nouveau masque d’un impérialisme plus vigoureux que jamais ! « Une fable moralisante dans un monde peuplé de méchants et de victimes d’autant plus facile à distinguer les uns des autres… qu’ils ne changent jamais de rôle ! » Ce qu’explicite avec force l’analyse qui est faite du Kossovo, du Rwanda et de la

Palestine, autant d’exemples éclatants quant aux exactions commises par les USA et leurs alliés.

dû céder fin juillet 2006 la présidence à son frère cadet et premier lieutenant, Raul Castro.

Les mémoires de Fidel Castro

L’argent de l’État Un député mène l’enquête

Éditions Michel Lafon

Les éditions Michel Lafon ont publié les trois tomes des Mémoires de Fidel Castro, intitulés « Les chemins de la victoire 1926-1959 », livre dans lequel le dirigeant communiste cubain raconte sa jeunesse, les raisons de la révolution et de la lutte armée, puis « De la sierra maestra à Santiago de Cuba ». L’ouvrage publié chez Lafon est agrémenté de 250 pages de photographies et de documents historiques inédits. Né en 1926 à Biran, fils d’un riche propriétaire terrien d’origine espagnole, Fidel Castro Ruz s’oppose immédiatement à la dictature du président Fulgencio Batista et ce dès la fin de ses études de droit à l’université de la Havane. Emprisonné de 1953 à 1955, après l’échec de l’assaut de la caserne Moncada à Santiago de Cuba, puis exilé, il rentre clandestinement à Cuba en 1956 avec 80 révolutionnaires. Malheureusement, l’armée de Batista les attend et seuls 20 d’entre eux vont survivre, dont le « Che ». En relation étroite avec Che Guevara, Fidel Castro organise alors une guérilla depuis le maquis de la Sierra Maestra. Début 1958, Batista décide de frapper un grand coup et de liquider la menace révolutionnaire. Près de 10 000 hommes sont mobilisés, une artillerie lourde, des forces navales et aériennes colossales. Face à eux, 300 guérilleros. Pourtant, les combats se solderont par la fuite de Batista en 1959. Après presque un demi-siècle de pouvoir, le père de la révolution cubaine, en raison de graves problèmes de santé, a

René Dosière, Éd. du Seuil, 19,50 e

René Dosière, député PS de l’Aisne, mène depuis des années une enquête rigoureuse et tenace sur le budget de l’Élysée et le train de vie des responsables politiques. Après L’argent caché de l’Elysée, il s’est penché sur la croissance des dépenses élyséennes du précédent Président de la République, le plus souvent dues à des comportements dispendieux de Nicolas Sarkosy (à l’Élysée et hors du palais). Il épingle les vacances présidentielles de celui qu’il appelle « M. sans gêne », la hausse de 172 % de son traitement, la table de Sarkozy, sa cave d’exception, sa restauration coûteuse et sa folie des grandeurs : des conférences à 58 000 euros la minute, des repas à 5 362 euros par personne et (bien sûr) l’impunité financière. Abordant pour la première fois le coût réel d’un ministre, René Dosière montre que les têtes de l’exécutif échappent à la rigueur qu’elles imposent aux Français. Dans les cabinets ministériels, effectifs et rémunérations augmentent à vive allure ! Un ministre, c’est 17 millions d’euros de coût à la République, pour 20 collaborateurs au cabinet et 100 personnes de soutien, plus le loyer et le train de vie. Multipliez par 24 ministres et 9 secrétaires d’État qui composaient le gouvernement de M. Sarkozy …. Et l’Élysée, bien sûr, et vous ne trouverez aucune correspondance avec le salaire des Français : SMIC ? RSA ? Connaîssent pas ! LE RÉVEIL - N°797 - octobre 2013

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