Magazine reveil des combattants juin 2013

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Retraites, des reculs inacceptables

L’Amérique sur écoutes

le réveil JUIN 2013 - N°794 - 5 e

www.le-reveil-des-combattants.fr

Le Ghetto de Varsovie

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Non au dépeçage de ce qui fait l’originalité de la France et sa place dans le monde !

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre


LE RÉVEIL actualités

Clément Méric a été tué sous les coups de militants d’extrême droite. L’ARAC adresse à sa famille, à ses amis en premier lieu toutes ses condoléances. Rien ne saurait justifier un acte qui a conduit à l’assassinat d’un jeune militant antifasciste. Nous appelons l’État, le gouvernement, le ministre de l’Intérieur à prendre toutes leurs responsabilités pour mettre fin à de tels agissements, au racisme, à la haine, à combattre et à dissoudre les groupuscules d’extrême droite. De tout temps, quand on laisse perdurer la violence verbale, écrite, physique, c’est la République qui est menacée, ce sont les Français, leurs enfants qui sont en danger. L’ARAC condamne cet acte odieux, elle appelle au rassemblement de ce soir à Paris, à être présent partout en France où des actions et des initiatives auront lieu pour exprimer la résistance et les combats contre l’extrême droite.

Déclaration de l’ARAC

Clément Méric : un meurtre odieux

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7/10/11

10:43

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Le Secrétariat national Villejuif, le 6 juin 2013

Le rassemblement du 6 juin dernier, place Saint-Michel à Paris

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LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013 RC

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ÉDITO LE RÉVEIL

Non au dépeçage de la France

SOMMAIRE Actualités p. 4 Ambroise Croizat et les allocations familiales.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 La clinique des Bluets en danger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Le parlement européen rétablit l’aide aux plus démunis. . . . . . . . . . . 5 Retraites, des reculs inacceptables.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Montée de la précarité énergétique.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 International p. 8 Moyen-Orient : les surenchères d’Obama.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 L’Amérique sur écoutes.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Nuits d’émeutes à Stockholm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Vie de l’ARAC p. 21 Souscription nationale.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 La vie des comités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Vos droits p. 27 Que deviennent les droits des victimes du terrorisme.. . . . . . . . . . . . 26 Les collectes du Bleuet de France en question. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Les syndicats de l’ONAC s’adressent aux ACVG. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Tableau des pensions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Magazine p. 31

P. 13 D o s s i e r

Le ghetto de Varsovie Extermination ou esclavage ?

www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 Édité par les Éditions du Réveil des Combattants SARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien, 94807 Villejuif cedex Téléphone : 01 42 11 11 12 Télécopie : 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

Tirage : 60 000 exemplaires Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain• Service photos : JeanClaude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Secrétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D Communication • Impression : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

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ur injonction de Bruxelles et de la Commission européenne, les salaires, la création d’emplois ont été les grands absents du programme de la conférence sociale des 20 et 21 juin. Les retraites, la politique sociale (Sécurité sociale, allocations familiales…), le droit au logement (inscrit dans la Constitution), les acquis de 70 ans de luttes seront sacrifiés à la loi des marchés. Un abîme se creuse entre les discours et les actes. L’emploi, une priorité ! Mais le gouvernement fait le choix de l’austérité et de la flexibilité (ANI). Le logement, il faut en construire 500 000, mais la part belle est faite au locatif privé alors que 64 % des ménages peuvent prétendre de part leur revenu à un logement social. C’est la vente à la découpe de ce qui fait et a fait la France et son rôle dans le monde qui est lapidé. « La Commission européenne n’a pas à nous dicter ce que nous avons à faire » a tonné François Hollande. Mais, derrière cette déclaration tonitruante, se cache le fait que ces réformes ont déjà fait l’objet de négociations avec les instances européennes. L’austérité empêche la croissance et provoque la récession. Elle est source de souffrances injustifiées, mais en plus elle est économiquement contre-productive. Comment répondre aux besoins des peuples, quand la seule maxime de Bruxelles est « la concurrence libre et non faussée » et que les gouvernements sont aux ordres. Comment s’étonner que la confiance des peuples dans l’Union européenne soit en chute libre (33 % seulement expriment leur confiance dans l’UE). 60 % des Européens pensent que les enfants vivront moins bien qu’eux. Dans cette Europe dont personne ne veut, respecter la souveraineté des peuples et des nations devient essentielle pour pouvoir demain construire une Europe sociale, une Europe de paix. Il convient d’imposer un changement de cap, changement de politique sociale, industrielle, de l’emploi, du logement. Il y a un an le peuple de France a choisi de mettre en œuvre une autre politique. Aujourd’hui, force est de constater que, malgré le discours du Bourget, le président Hollande n’a pas entendu ce cri d’espoir. Il y a urgence à se mobiliser car rien n’est joué d’avance. Nous ne sommes pas seuls : la mobilisation, la colère, l’action de tous les salariés, retraités, jeunes en recherche d’avenir, peuvent inverser cette politique. C’est décisif pour la France, mais également pour les peuples du continent européen. Patrick Staat LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Leçon des années 1945-1946

Les allocations familiales Extraits les plus significatifs de la loi présentée par Ambroise Croizat, lors de la séance de l’Assemblée nationale du 6 août 1946. « La première tâche a consisté à édifier une administration capable de prendre en charge la Sécurité sociale de tous les habitants du pays (…) Dans cette organisation, les allocations familiales avaient naturellement leur place (…) La technique des allocations familiales n’est pas autre chose qu’une technique de répartition qui ne diffère en rien, par sa nature, de la technique de répartition appliquée dans le domaine des assurances sociales (…) Des préoccupations démographiques et familiales dominent non seulement la législation des prestations familiales mais aussi celles de toute la Sécurité sociale. C’est une vérité évidente qu’un plan de Sécurité sociale ne peut être efficace sans un redressement de la natalité, sans un effort de tous les instants pour donner au pays une jeunesse vigoureuse et nombreuse (...) La Sécurité sociale tout entière s’adresse avant tout aux familles. Son but est de débarrasser toutes les familles de ce souci du lendemain, de cette hantise de la misère qui pèsent si lourdement sur tous les travailleurs. Ce ne sont pas seulement les prestations familiales proprement dites, c’est l’ensemble des prestations de la Sécurité sociale, c’est l’ensemble des réalisations sanitaires et sociales qui doivent être commandées par ces préoccupations qui sont et qui demeureront au premier plan de l’activité de tous les promoteurs de la Sécurité sociale. Sans doute a-t-on parfois exprimé la crainte que lorsque les mêmes institutions auront la charge, d’un côté, d’encourager les naissances et de subvenir aux besoins des enfants et, de l’autre, de servir des retraites, l’on ne soit tenté de sacrifier les enfants aux vieillards. Mais, je le disais, 4-

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il y a un instant, il ne saurait y avoir de concurrence entre les enfants et les vieillards puisque ce sont les enfants qui deviendront un jour les travailleurs dont l’effort permettra de servir les retraites aux vieillards (…) Vous savez aussi que la législation de ces caisses d’allocations familiales enlevées au monopole patronal sera désormais le fait d’administrateurs représentant les allocataires eux-mêmes, désignés provisoirement par les organisations professionnelles intéressées et, dans quelques semaines, élues au suffrage universel par l’ensemble des allocataires (…) Les allocations familiales ont été créées, à l’origine, sur des initiatives patronales, dont je me plais à souligner la générosité et les réalisations audacieuses et fécondes (…) C’est seulement en 1932 que le législateur est venu donner une consécration définitive à cette institution en lui conférant un caractère général obligatoire (…) Les allocations, en effet, se sont en partie détachées du salaire. Leur taux, fixé nationalement par la loi, est indépendant, en fait, des salaires touchés par les salariés. D’autre part, les allocations elles-mêmes ont été étendues à des catégories de personnes qui n’accomplissent pas un travail salarié, aux travailleurs indépendants d’abord et surtout, et ensuite aussi à certaines catégories de personnes n’appartenant pas à la population active, les veuves et les pensionnés de guerre, par exemple. Ainsi d’une manière imperceptible, les allocations familiales sont devenues véritablement une charge nationale, la contribution du pays tout entier aux charges qui pèsent sur ceux qui font l’effort d’avoir un enfant ; elles sont devenues la participation de la collectivité aux charges qu’exige l’éducation des enfants (…) C’est de ce point de vue surtout que la loi que vous discutez aujourd’hui marque une étape nouvelle (...) Elle affirme le droit de toutes les familles, sans distinction, au bénéfice des prestations familiales.

Comme la Sécurité sociale, les prestations familiales doivent s’étendre à toute la population du pays (…) C’est ce principe qui justifie légalement l’établissement, pour couvrir l’ensemble des prestations familiales, d’une cotisation uniforme applicable quelles que soient les régions et quelles que soient les professions, ainsi que le prévoyait déjà l’ordonnance du 4 octobre 1945 (… ) C’est d’abord l’institution des allocations prénatales, qui fait remonter à la conception le point de départ des allocations servies pour chaque enfant et qui doit permettre plus aisément à chaque mère de couvrir les charges nécessitées par sa grossesse et la préparation de naissance. C’est ainsi également que les primes de première naissance se trouvent remplacées, sur l’initiative heureuse prise par votre commission, par des allocations de maternité, combinant le souci d’encourager les naissances et l’aide à apporter à toutes les mères pendant les premières semaines qui suivent l’accouchement (…) Nous considérons toujours que le problème social ne doit pas rester à l’état d’immobilité absolue. Il doit évoluer comme tous les autres. Mais il est aussi, dans les circonstances présentes, fonction de l’amélioration substantielle de notre situation économique générale. C’est dans ce sens et par l’effort des producteurs eux-mêmes que nous pourrons ainsi, dans le cadre de la prospérité générale, envisager l’instauration dans notre pays d’un véritable système social qui assurera à tous les Français et Françaises le maximum de sécurité à l’égard de tous les risques dont ils sont ou peuvent être menacés au cours de leur existence. En disant cela, je songe aux familles, aux mères et aux enfants de notre pays. Le problème démographique reste, en effet, au centre de nos préoccupations et la politique de la France, la politique de la République française, consiste à se pencher particulièrement sur cette question car elle constitue également un élément de première importance pour retrouver la prospérité nationale. »


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Les Bluets

La clinique des métallos est en danger La clinique des métallos, qui dès 1947 a pratiqué l’accouchement sans douleur, est au bord de la cessation de paiement. Direction et salariés sont mobilisés pour sauver ce bijou médico-social de la CGT avant qu’il ne soit trop tard. 6,3 millions d’euros de dette, c’est la cessation de paiement qu’il faut craindre cet été si rien n’est entrepris rapidement pour sauver l’établissement. Daniel Gouttefarde, président de la maternité, affirme que deux tiers de cette dette serait directement imputable au passage à la T2A, la tarification à l’activité, l’une des mesures phares de la Loi hôpital 2007. Pour lui, le déficit des Bluets aurait été artificiellement gonflé par le passage à la T2A. Une position partagée par une grande partie des personnels hospitaliers français qui dénoncent l’effet pervers de cette décision : « la marchandisation de l’acte médical » que la T2A institue au détriment de l’effet thérapeutique. Avant la T2A, les maternités comme l’ensemble des centres hospitaliers percevaient une enveloppe budgétaire annuelle pour payer la globalité des soins qu’ils prodiguaient à leurs patients. Aujourd’hui, les établissements doivent fournir des factures pour se faire rembourser chaque acte médical. Comme l’explique Daniel Gouttefarde : « Le mécanisme de cette tarification privilégie la rémunération des actes techniques au détriment de tout l’accompagnement que nous proposons. Ce temps passé n’est pas du temps perdu. La T2A n’est que le ratio comptable et contre partie d’une productivité. »

Maternité sous pression En quelques décennies, deux tiers des maternités françaises ont fermé leurs portes ! Le risque ? Les remplacer par de véritables « maternités-mastodontes avec plus de 5 000 accouchements à l’année » s’alarme Jean-Jacques Kolar, délégué CGT des Bluets. Toutes proportions gardées, les Bluets sont passés de 1 700 accouchements à 3 000. « Difficile d’en

faire plus tout en maintenant la même qualité des soins et la sécurité des patientes ».

Une maternité pas comme les autres : un projet à défendre Les Bluets n’échappent pas au rouleau compresseur des restructurations auxquelles sont soumises les maternités françaises. Cette maternité est la seule en Ile-de-France a avoir obtenu, en 2008, le précieux label « Ami des bébés » qui récompense la qualité de soin auprès des mères et des bébés et l’accompagnement à l’allaitement. En France, seules 13 maternités ont ce label. Dans les années 50, les Bluets

ouvraient la voie en instaurant l’accouchement sans douleur avec le docteur Lamaze. Une petite révolution médicale qui fut ensuite généralisée aux autres maternités de France. Une fierté aussi qu’elle se réalise au sein d’un établissement médical fondé par les métallurgistes CGT de Paris en 1947. L’enjeu ? La disparition de cette maternité d’exception et de sa philosophie. Mais, au-delà du déficit de la maternité, c’est toute la structure associative Ambroise Croizat qui est touchée. L’association tenue par les métallurgistes de Paris se compose de trois centres de réadaptation professionnelle (CRP) pour personnes en situation de handicap dû à leur travail. Chaque année, c’est plus de 600 travailleurs handicapés en formations qualifiantes qui s’y forment. 580 salariés, maternité comprise, y travaillent. Le calendrier des luttes est déjà bien rempli. L’enjeu ? Le maintien de cet organisme associatif et de sa maternité.

Le Parlement européen

vote le fonds pour l’aide aux plus démunis Aujourd’hui, 18 millions d’Européens, dont 4 millions de Français, bénéficient chaque année de l’aide alimentaire. Le Parlement européen a rétabli le budget de l’aide aux plus démunis pour la période 2014-2020 au niveau qui était le sien durant les sept années précédentes, laissant augurer d’un nouveau bras de fer avec les États membres de l’UE. Le montant du Fonds européen d’aide aux plus démunis sera maintenu au moins à 3,5 milliards d’euros et ne pas être réduit à 2,5 milliards, ont estimé une majorité des députés européens lors d’un vote qui s’est tenu le 11 juin 2013. Une majorité de députés a voté en faveur d’une participation obligatoire et si les États membres décident de ne pas utiliser le fonds, le budget doit rester disponible pour les plus démunis. Toutefois, certains députés ont plaidé en faveur d’une participation volontaire des États membres. Le Parlement souhaite que le taux de cofinancement pour le programme s’élève à 85 % des

dépenses éligibles (la Commission européenne avait proposé 85 % comme niveau maximal) et déclare qu’il devrait être possible d’accroître ce taux jusqu’à 95 % pour les États membres les plus touchés par la crise. Le texte amendé a été adopté par 513 voix pour, 149 voix contre et 27 abstentions. Cependant, le vote final sur la résolution législative a été reporté pour permettre l’ouverture de négociations informelles avec le Conseil. Le budget final du Fonds dépend également de l’issue des négociations sur le cadre financier pluriannuel. Rappel : Le 8 février dernier, les 27 s’étaient mis d’accord sur une enveloppe d’à peine plus de deux milliards d’euros pour cette aide aux plus démunis, dans le cadre du budget pluriannuel de l’Union européenne.

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Retraites

Pour les syndicats, « le rapport Moreau ne propose que des reculs inacceptables.» La CGT, FO et Solidaires ont rapidement jugé inacceptables les propositions du rapport Moreau, qui seront discutées pendant la conférence sociale. Pour les syndicats, ce ne sont que des reculs, un nivellement par le bas. au profit des dividendes, c’est 130 milliards d’euros par an !

« La plupart des mesures listées pénalisent les actifs et les retraités et stigmatisent les fonctionnaires », résume FO. « Si elles devaient être retenues par le gouvernement, elles seraient écrasantes et inacceptables ». Un sentiment amplement partagé par Solidaires et la CGT, qui préviennent qu’avec un tel allongement du temps de cotisation, partir avec un taux plein devient simplement impossible. Ce qui revient de fait à une baisse des pensions. Et « réduire les mesures fiscales actuelles, augmenter le taux de CSG, c’est la garantie d’une paupérisation des retraité-e-s actuels et des futures générations » 6-

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prévient Solidaires. « Ces mesures constitueraient des reculs sociaux considérables : nous les refusons d’autant plus que le Parti socialiste soutenait en 2010 les manifestations contre la contre-réforme Sarkozy ! » Des solutions sont proposées. Selon le rapport, il faut trouver 7 milliards en 2020 pour équilibrer les régimes. C’est largement possible si on s’attaque aux privilèges financiers : - 80 milliards d’euros de fraude fiscale chaque année ! - La part salariale perdue dans le partage de la richesse produite depuis 30 ans

De son côté, la CGT propose « une coordination des différents régimes de retraites autour d’objectifs communs » et non le pilotage anti démocratique d’une commission d’experts, décidant chaque année de combien les retraites versées ou futures devront baisser, pour équilibrer financièrement le système de retraite ! Le gouvernement est prévenu, s’il s’appuie sur ces propositions du rapport Moreau, « la FSU n’acceptera pas de régressions pour les salarié-e-s et les retraité-e-s sur l’ensemble de ce dossier ». Et « la CGT Fonction publique réaffirme que la reprise par le gouvernement de propositions du rapport, comme passer de 6 mois à 10 ans, serait une provocation. La CGT appelle les fonctionnaires à se préparer aux mobilisations nécessaires. » François Hollande a annoncé le 16 juin lors de l’émission Capital qu’il n’entendait pas « tout remettre à plat » lors de la réforme des retraites, se montrant particulièrement prudent sur le sort des régimes spéciaux et le rapprochement entre les secteurs public et privé. « Nous allons continuer à augmenter la durée de cotisation pour tenir compte de l’allongement de l’espérance de vie », a-t-il confirmé. « L’âge légal ne bougera pas .».


actualités LE RÉVEIL

Montée de la précarité

énergétique Dans son rapport d’activité 2012, publié le 11 juin, Denis Merville, médiateur national de l’énergie, met en lumière la précarité énergétique. 8 millions de Français (4 millions de ménages) au moins consacrent plus de 10 % de leurs revenus aux dépenses d’énergie. En 2012, et c’est un chiffre en constante augmentation, près d’une sollicitation du médiateur sur cinq relevait de difficultés de paiement, avec une dette moyenne de 1 900 euros. La situation en 2013 est déjà alarmante : le quart des dossiers reçus depuis janvier

concerne des difficultés de paiement avec un pic à 34% en mars. La crise économique a détérioré la situation financière fragile de nombreux ménages. Les prix de l’énergie ont beaucoup augmenté dans le passé, de 32 % selon l’Institut national de la consommation en 10 ans. Mais il y a aussi les hausses de prix à venir. S’agissant des prix du gaz naturel, après

une période de hausse quasi continue ces dernières années, + 80% depuis 2005, de légères baisses sont enregistrées depuis le début de l’année. Rien ne permet de prédire que cette situation perdure. On peut, en revanche, être sûr que les prix de l’électricité vont augmenter : aux pourcentages annoncés par la Commission de régulation de l’énergie (près de 10 % pour la seule année 2013), il convient en effet d’ajouter la hausse inéluctable de certaines taxes l’année prochaine, 2 à 3 % pour la CSPE par exemple, sans parler de la hausse pour les réseaux (le TURPE)… Le médiateur propose quatre mesures : - la première, c’est de donner aux Français de la visibilité sur l’évolution des prix de l’énergie, et en particulier de l’électricité, - la deuxième est la mise en place d’un fournisseur de dernier recours, - la troisième est la mise en place immédiate d’un chèque énergie, via les Aides personnalisées au logement, - la quatrième, complémentaire de la précédente : il faut réévaluer significativement le montant des aides versées pour le paiement des factures via le chèque énergie.

Tarifs du gaz : danger à l’Assemblée En plein débat sur la transition énergétique, censé déboucher sur une loi à l’automne, le gouvernement tente de faire passer en douce une suppression des tarifs réglementés gaz pour les industriels et les professionnels dans le projet de loi Consommation, en discussion à l’Assemblée nationale. Nous sommes extrêmement choqués, et sur le fond et sur la forme. Sur la forme, quelle crédibilité a un gouvernement qui déclare organiser un grand débat démocratique sur les enjeux énergétiques et tente discrètement de modifier les tarifs réglementés gaz, qui en constituent un sujet central ? Quelle crédibilité a un gouvernement qui se couche si facilement devant Bruxelles en abandonnant sans bagarre des « contreparties » au délai supplémentaire accordé pour réduire ses déficits !

Contreparties sur les retraites, sur le prétendu coût du travail et sur l’énergie : - financer les interconnexions réseaux pour faire fonctionner un marché qui détruit le secteur de l’énergie et remplit les poches des actionnaires, - ouvrir à la concurrence les concessions hydrauliques qui constituent un élément central pour l’équilibre production-consommation du secteur électrique, - supprimer les tarifs réglementés gaz et électricité aux industriels, alors que

les tarifs sont un facteur de localisation et de développement industriels, que notre industrie se délite et que d’autres pays en Europe maintiennent des tarifs d’énergie bas pour protéger leur industrie. Quelle pantalonnade ! Cette disparition fragiliserait le service public du gaz dont la mission est confiée aux opérateurs historiques, GDF Suez et les Entreprises locales de distribution. GDF Suez, comme par hasard, effectue une publicité depuis quelques jours pour garantir les tarifs aux professionnels. La collusion entre le gouvernement et les dirigeants des grands groupes est sidérante. Il n’y a plus de retenue ! Nous appelons tous les élus à réagir et à ne pas laisser passer cet amendement ! LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

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international LE RÉVEIL

Moyen-Orient

Les surenchères d’Obama Pour un montant de 10 milliards de dollars, les États-Unis inondent d’armes le marché du MoyenOrient. Le nouveau secrétaire US à la Défense menace Téhéran. Les sanctions financières américaines asphyxient le peuple iranien. Le nouveau secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, un transfuge du Parti républicain, nommé récemment par Obama, a effectué fin avril une tournée régionale de six jours au MoyenOrient, largement consacrée, selon le département d’État, à la crise nucléaire iranienne et à la guerre en Syrie. En fait, ce voyage du patron de la défense US, le premier depuis son arrivée au Pentagone il y a deux mois, avait pour but, selon l’intéressé lui-même, de permettre de finaliser la vente - pour un montant global de dix milliards de dollars - de missiles et d'avions à Israël, aux Émirats arabes unis et à l'Arabie saoudite, alliés des États-Unis. Ces contrats prévoient de doter Tsahal (l’armée israélienne) de missiles antiradar conçus pour éliminer les systèmes de défense antiaérienne, de nouveaux radars pour des avions de combat. Également la livraison d'avions de ravitaillement en vol KC-135 et, pour la première fois, des appareils de transport V-22 Osprey, qui sont des engins mi-avion mi-hélicoptère. Les Émirats arabes unis recevraient des chasseurs F-16 et l'Arabie saoudite les derniers modèles de missiles américains. Interrogé par des journalistes, dès son arrivée à Tel-Aviv, pour savoir si ce contrat d'armement de plusieurs milliards de dollars avec Israël visait à montrer à Téhéran que l'option militaire était toujours sur la table, Chuck Hagel a répondu: « Il ne fait pas de doute que c'est un autre signal très clair pour l'Iran ». Ce que le correspondant du

Monde à Tel-Aviv traduisait le 24 avril dernier, dans le quotidien du soir, de la façon suivante : « Si ce n’est pas un feu vert implicite donné à Israël pour se lancer dans l’aventure des frappes militaires contre les sites nucléaires iraniens cela y ressemble fort. Mais consciente de ce risque, l’Administration américaine a beaucoup insisté pour que sa décision(…) ne soit pas interprétée comme un accord tacite à une accélération de la planification d’une attaque contre l’Iran. » C’est sûrement pour cette raison que les dirigeants américains et israéliens ont néanmoins fait entendre quelques dissonances. Elles n’ont pas empêché le chef du Pentagone de marteler, selon l’AFP, qu'il n'y avait pas de désaccord fondamental entre Tel-Aviv et la Maison-Blanche quant à la menace nucléaire iranienne… « Israël et les ÉtatsUnis voient la menace iranienne exactement de la même façon. C'est quand on se penche dans le détail du calendrier, si et à quel moment l'Iran décide de fabriquer une arme nucléaire, qu'il peut y avoir quelques divergences », a-t-il admis.

Menaces directes contre Téhéran Une semaine auparavant, le chef d'étatmajor israélien, Benny Gantz, avait assuré que l'armée israélienne était en capacité « d'attaquer seule » l'Iran, sans l'aide américaine indispensable selon les experts de défense. Chuck Hagel n'a pas souhaité commenter l'hypothèse d'une intervention solitaire, estimant simplement : « Israël est une nation souveraine qui a le droit de se défendre et se protéger ». Il a demandé à nouveau un peu de patience avant de voir si les sanctions et la diplomatie permettraient de convaincre l'Iran de changer de cap. « Je crois que notre stratégie est la bonne », a-t-il insisté tout en estimant qu'Israël a le « droit d'avoir sa propre évaluation ». De ce point de vue, l’adoption, le 15 mars, par la Commission des affaires étrangères du Sénat américain, d’une

résolution prévoyant un soutien militaire et diplomatique automatique des États-Unis, au cas où Israël, par “légitime défense”, se sentira “obligé” d’engager une action militaire contre l’Iran, a été accueillie avec satisfaction à Jérusalem. Parallèlement au déploiement militaire, Washington a renforcé les sanctions pour étrangler financièrement l’Iran. Dernièrement, Obama a donné son feu vert à l'imposition de nouvelles sanctions à des entités étrangères effectuant des “transactions importantes d'achat ou de vente de rials”, la monnaie iranienne. Le but étant de la rendre “inutilisable” en dehors des frontières de la république islamique. L'autre volet des mesures de rétorsion concerne le secteur automobile, une « source majeure de revenus pour l'Iran » selon la Maison-Blanche. Le décret d’Obama « autorise l'imposition de nouvelles sanctions contre ceux qui s'engagent en connaissance de cause dans des transactions financières ou autres liées au secteur automobile iranien. » Un porte-parole du gouvernement US a toutefois assuré que « la porte restait ouverte à une solution diplomatique qui permettra à l'Iran de rejoindre la communauté des nations s'ils respectent leurs obligations. » Coincé entre le marteau et l’enclume, les velléités guerrières et dominatrices de Tel-Aviv et le jusqu’auboutisme des ayatollahs, le peuple iranien est en souffrance et toute la région en grand danger. Jean-Pierre Delahaye

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LE RÉVEIL international

États-Unis

L’Amérique sur écoutes Un vaste scandale d’écoutes téléphoniques et de surveillance d’Internet au profit du gouvernement américain vient d’être révélé. Obama, en première ligne, soupçonné de dérive autoritaire. Edward Snowden, citoyen américain de 29 ans, employé modèle de la toutepuissante agence américaine d’espionnage NSA, a révélé début juin être la source des fuites sur le programme secret de surveillance électronique des États-Unis. Une enquête a été ouverte contre lui. Depuis il a fui le pays… Publié en partie dans le journal britannique The Guardian, un document confidentiel de deux pages et demie dévoile le programme de surveillance téléphonique mis en œuvre par la National Security Agency (NSA) baptisé PRISM. Il s’agit pour la Maison-Blanche, par l’interception de toutes les communications et une généralisation des écoutes, en coopération avec les opérateurs aux États-Unis, « de déceler toute activité latente ou imminente à vocation terroriste contre les intérêts américains, sur le territoire national ou à l’étranger ». Quatre autres programmes existeraient, visant à recueillir les données véhiculées notamment par câbles en fibre optique (Internet haut débit). D’après Snowden et le Guardian, seule la compagnie de téléphonie mobile Verizon serait impliquée. Mais, selon les experts, il est raisonnable de penser que d’autres accords existent entre la NSA et les concurrents de Verizon. L’opération PRISM pourrait s’étendre à Google, Microsoft, Yahoo, Facebook, Apple, AOL et Paltalk… Ainsi, toute l’Amérique serait sur écoutes ! Ce nouveau scandale secoue les États-Unis. Il vient s’ajouter à d’autres dérives autoritaires encouragées ou couvertes par l’administration Obama. Elles vont, pour la 10 -

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période récente, de la mise sur écoutes des journalistes de l’agence de presse AP à la découverte des pratiques du fisc américain à l’encontre des adversaires des démocrates au pouvoir, jusqu’aux assassinats par drones interposés sur décisions présidentielles unilatérales, sans contrôle et anticonstitutionnelle. Pour certains observateurs « Barack Obama a largement dépassé les limites déjà repoussées par son prédécesseur George W. Bush et l’équilibre des pouvoirs serait remis en cause par l’autorité que se serait arbitrairement attribuée la Maison-Blanche ». Le locataire de la Maison-Blanche est raillé par la presse américaine après les révélations du Guardian et du Washington Post. Ainsi le 7 juin dernier, « George W. Obama », titrait le Huffington Post en une. « Le quatrième mandat de Bush », renchérissait le site Internet Politico.

Vers un État policier ? La comparaison peut paraître injuste, mais n’oublions pas qu’Obama s’était, dès son premier mandat présidentiel en 2008, posé en rupture des méthodes du président Texan. Les deux mandats de

George W. Bush avaient été marqués par des mesures liberticides au nom de la guerre contre le terrorisme lancée après les attentats du 11 septembre 2001. Or, dans son effort de trouver un équilibre entre les libertés personnelles et la sécurité nationale, Barack Obama a révélé une « personnalité politique partagée », analyse Politico. « Le candidat Obama a souvent parlé de libertés personnelles avec la passion d’un avocat constitutionnaliste, alors que le chef des armées Obama a repris à son compte et étendu les efforts en matière de surveillance de l’ère Bush ». Pour le site Internet, ces révélations mettent pourtant en lumière ce que les soutiens du président Obama craignaient depuis des années. « S’il a promis pendant sa campagne de diriger l’administration la plus transparente de l’histoire américaine, Obama n’a jamais promis de revenir sur les politiques de son prédécesseur en matière de surveillance antiterroriste » indique Politico. « Nous avons ici les éléments d’un État policier », a commenté, avec un certain culot, le journaliste Mark Levin sur la chaîne de télévision conservatrice Fox news. « C’est l’Amérique, et notre gouvernement collecte beaucoup trop de données sur les citoyens ! » Un constat partagé par l’ensemble de la presse américaine, qui s’interroge sur la nécessité pour l’administration Obama de collecter les données personnelles de tout citoyen et non uniquement de terroristes présumés. Dans le Washington Post, Eugène Robinson craint ainsi que « cette vieille idée voulant que les contacts et mouvements des citoyens respectueux de la loi ne sont pas l’affaire du gouvernement soit une relique d’un autre temps. » Aux yeux des commentateurs, le président américain a interprété de façon extensive les pouvoirs de surveillance que lui autorise la loi. « Permettre cette surveillance modifie fonda-


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

mentalement l’équilibre du pouvoir entre individu et État et nie les principes constitutionnels régissant la recherche, les saisies et la vie privée », juge le New York Times. « C’est exactement le type de choses que M. Obama a un jour critiqué, quand il a dit en 2007 que la politique de surveillance de

l’administration de George W. Bush mettait en avant un mauvais choix entre les libertés que nous chérissons et la sécurité que nous procurons ». Le quotidien américain dresse, pour l’occasion, un comparatif entre les mesures de surveillance électronique prises par George W. Bush

et Barack Obama pendant leurs mandats respectifs. Les explications fournies par le président en personne, à la suite de ces révélations, n’ont pas davantage convaincu les médias. Des propos résumés ainsi par le New York Times : « Les terroristes sont une réelle menace et vous devez nous faire confiance dans notre façon de les gérer car nous avons des mécanismes internes (que nous n’allons pas vous révéler) pour nous assurer que nous n’enfreignons pas vos droits. Ces assurances ne sont pas convaincantes (...), surtout de la part d’un président qui a, un jour, promis transparence et responsabilité », poursuit le quotidien dans son éditorial. Et le New-York Times de conclure : « L’administration Obama a désormais perdu toute crédibilité sur ce sujet. » Jean-Pierre Delahaye

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L’exemple suédois

Nuits d'émeutes à Stockholm Le modèle social-démocrate fissuré et à bout de souffle paye cash des années d’austérité et une politique de ghettoïsation des immigrés… A la mi-juin, près de 5 jours d’émeutes ont secoué les banlieues de grandes villes de Suède. Des centaines de jeunes ont incendié des véhicules dans des quartiers défavorisés de Stockholm, notamment, et pris pour cible des policiers et des membres des services de secours. Au troisième jour des bagarres de rue, le commissariat de Jakobsberg, situé dans le nord-ouest de la capitale, a été attaqué, deux écoles vandalisées et un centre culturel incendié. L'appel au calme lancé par le Premier ministre, Fredrik Reinfeldt, est resté lettre morte. C’est un véritable choc pour ce pays tant de fois vanté comme un modèle de démocratie sociale, économique et politique pour l’Europe… Après des décennies de social-démocratie aujourd’hui remplacée par la droite, le vernis a craqué… Certains pointent l’échec de la politique

La Syrie rejette les accusations américaines Le régime syrien a rejeté, vendredi 14 juin, les conclusions américaines sur l’utilisation d’armes chimiques par Damas contre les combattants rebelles : « La Maison-Blanche a fait publier un communiqué truffé de mensonges sur les recours aux armes chimiques en Syrie, en se fondant sur des informations fabriquées », a déclaré un responsable du ministère syrien des affaires étrangères, cité par l’agence officielle Sana. Ce responsable a dénoncé la « politique ambivalente flagrante (de Washington) concernant le terrorisme » et l’armement des rebelles, qui compromettrait toute négociation. « Les groupes terroristes armés actifs en Syrie sont en possession d’armes chimiques mortelles et de la technologie nécessaire pour leur fabrication » a-t-il déclaré (AFP).

Le Monde du 16-17 juin 2013 12 -

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d’intégration. En effet, près de 15 % de la population suédoise est d'origine étrangère - la proportion la plus élevée de tous les pays scandinaves - et le taux de chômage touchant cette population est de 16 %, contre 6 % pour les Suédois “de souche”. La Suède est en tête de peloton de tous les pays membres de l’OCDE dans le domaine des inégalités. Pour Irène Molina, professeure de géographie culturelle à l’université d’Uppsala, « le problème, ce n’est pas la politique d’intégration, c’est qu’il n’y a pas de politique d’intégration en Suède, seulement une réthorique. Il existe beaucoup d’inégalités structurelles dans toute la société, pour l’emploi, le logement, pour aller en boîte et c’est plus ou moins accepté ». « L’augmentation des disparités dans les grandes villes est choquante », a écrit Ove Senhede du Centre des études urbaines, précisant à propos des quartiers défavorisés : « plus de la moitié des enfants qui y grandissent vivent en dessous du seuil de pauvreté… »

Le journal Aftonbladet a qualifié « d'échec cuisant » les politiques gouvernementales, qui ont, dit-il, soutenu le développement des ghettos dans les banlieues. « Nous n'avons pas réussi à donner un espoir à bon nombre de personnes qui vivent en banlieue », a déclaré au quotidien Svenska Dagbladet, AnnaMargrethe Livh, membre du Parti de gauche. Signe des tensions croissantes, un parti anti-immigration, les Démocrates suédois, pointe en troisième place dans les sondages en vue des élections législatives de l'an prochain. Le correspondant du Monde à Stockholm avance une explication intéressante. Dans un article publié le 31 mai 2013, il écrit entre autres : « A force de penser modèle social-démocrate suédois, on en oublie aussi que la Suède a été l’un des premiers pays européens à déréglementer ses services publics, dès le milieu des années 1980. La très dure crise du début des années 1990, conséquence en partie de la déréglementation du système financier qui provoqua l’explosion d’une bulle immobilière, a entraîné durant la décennie suivante une politique d’austérité qui disait son nom. Ces effets se payent aujourd’hui encore (…) » Jean-Pierre Delahaye

Jean Moulin

quelques précisions complémentaires A la suite de notre dossier consacré à Jean Moulin dans le précédent numéro du Réveil, l’un de nos amis historiens nous a fait parvenir quelques informations complémentaires à propos du sort qui fut réservé à Jean Moulin par les officiers SS de l’armée nazie et de la solidarité de son compagnon d’enfermement à Chartres. Pour ce qui est de ce dernier qui était un tirailleur sénégalais, celui-ci soigna toute sa nuit d’épreuve Jean Moulin pour qu’il ne perde pas tout son sang à la suite de la blessure qu’il s’était faite volontairement, ayant décidé d’attenter à ses propres jours pour ne pas céder à la pression des nazis. Ce prisonnier fut ensuite transféré à Lyon où il fut fusillé. Pour ce qui est des tortures que subit Jean Moulin à Lyon, après son arrestation à Caluire, l’officier supérieur SS qui mena l’interrogatoire était Klaus Barbie, avec un officier de grade inférieur dénommé Eichmann qui n’avait rien à voir avec le bourreau SS connu par ailleurs.


LE CAHIER MÉMOIRE

le réveil

N° 794 JUIN 2013

des combattants

Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807  Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

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Par Paul Markidès

Extermination ou esclavage ?

ÉDITO

Ghetto de Varsovie

Pour la Pologne, l’ambition nazie était claire : exterminer tous les juifs et réduire la population en esclavage. D’où la création de ghettos pour mieux identifier et cerner plus facilement les communautés israélites. En fait, l’occupant nazi voulait désespérer tous les Polonais, ne leur laisser aucun espoir. Pas de survie pour les juifs, une vie de peuple colonisé pour les autres. L’insurrection du ghetto de Varsovie n’a pas été la seule révolte en Pologne, d’autres ghettos, ceux de Bialystok et de Czestochowa se sont aussi insurgés, sans oublier les révoltes des camps de Treblinka, de Sobibor ou d’Auschwitz et les mouvements de guérillas dans les forêts du pays. La propre Résistance des populations de ces ghettos et la solidarité que leur manifestaient les populations extérieures leur ont permis de subsister. Il faut dire en effet que leur nourriture provenait à 95 % de ces populations extérieures. Cela prouve que les oppresseurs n’arrivent jamais totalement à avoir raison d’un peuple. Certes le peuple polonais a perdu beaucoup des siens. À Varsovie par exemple, sur 1,3 million d’habitants, 700 à 800 000 disparurent entre 1939 et 1944. Mais ces combats de l’ensemble de la population polonaise et la solidarité dont elle a fait preuve démontrent que face à ses occupants et à leurs cruautés, elle a su résister et, comme l’écrit Bruno Drweski, « crier à la face du monde son droit à l’honneur ».

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LE RÉVEIL dossier

Survivants de l'insurrection du ghetto de Varsovie emmenés par les SS (mai 1943)

Le soulèvement du ghetto de Varsovie Quelques rappels Bruno Drweski

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arler de l'insurrection du ghetto de Varsovie, c'est parler d'un moment héroïque et douloureux, placé dans un contexte historique dense marqué par de très nombreux événements, où il a donc fallu choisir ceux d'entre eux qui étaient les plus symboliques. Il faut donc commencer par rappeler, avant d'aborder l'insurrection du ghetto créé par les nazis dans la capitale de la Pologne, qu'il y a eu d'autres insurrections juives antinazies moins connues mais toutes aussi héroïques : soulèvement des ghettos de Bialystok et de Czestochowa, révoltes dans 14 -

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Bruno Drweski, historien, est Maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO).

les camps de Treblinka, Sobibor, Auschwitz, mouvements de guérillas dans les forêts. Il faut aussi rappeler que la destruction du ghetto de Varsovie s'insère dans une politique nazie qui avait planifié dès 1939 la destruction de la totalité de la capitale polonaise, la mort de ses habitants juifs, la « déportation » de la majorité de la population polonaise « aryenne » en Sibérie et la construction d'une ville de colonisation allemande à sa place, devant utiliser à cet effet une partie de la population conquise transformée en esclaves. Varsovie combattit frontalement l'occupant à trois reprises, et elle fut donc détruite en trois phases, l'insurrection du ghetto de Varsovie en avril 1943 occupant dans ce processus une place clé puisqu'elle démontra à l'occupant qu'une population

conquise et sans aucun espoir de survie pouvait cependant résister et crier à la face du monde son droit à l'honneur. La résistance de Varsovie, ce furent d'abord les combats du 6 septembre au 28 septembre 1939. Au cours de ces semaines, sous les bombes, l'armée polonaise, mais aussi les bataillons ouvriers de défense de Varsovie, les étudiants des écoles supérieures, les élèves des écoles rabbiniques, les civils de toutes origines participèrent activement au creusement des tranchées, à l'évacuation des blessés lors des bombardements (plus de 10 000 morts et 35 000 blessés), aux luttes contre les incendies, à la sécurisation des œuvres d'art, des archives et des objets de cultes. Le deuxième moment de résistance armée de masse, ce fut l'insurrection du


dossier LE RÉVEIL

ghetto de Varsovie qui dura du 19 avril au 16 mai 1943 et qui se termina par la destruction totale du quartier et de tous ses habitants. Le dernier moment, ce fut l'insurrection du reste de la ville de Varsovie, qui allait durer du 1er août au 3 octobre 1944 et qui se termina par la destruction totale, maison par maison, de toute la ville et la déportation de tous ses habitants. Du 1,3 million d’habitants que Varsovie comptait en 1939, on estime qu'entre 700 000 et 800 000 périrent ou furent exterminés pendant la période 1939-1944. Dès le début de l'occupation, des structures de résistance furent créées en liaison avec le gouvernement polonais en exil mais aussi par des partis politiques d'opposition, juifs et polonais. Puis face aux mesures de rationnement, de famine en fait, prises par les occupants (2 000 calories par jour prévues pour les civils allemands, 600 calories pour les Polonais « aryens », 200 calories pour les juifs, la création de réseaux de contrebande permettant de résister à la famine. Résistance, car ses participants étaient menacés de mort en cas de découverte, ce qui explique pourquoi, dans son journal intime, l'historien juif, Emmanuel Ringelblum, estimait qu'il faudrait construire après la guerre un monument au « contrebandier inconnu », car c'est grâce à lui que survécut la majorité de la population jusqu'à son extermination. A l'Est de l'Europe, le « marché noir » était donc une autre forme de résistance, à côté de la résistance politique et armée. Dès l'enfermement en avril 1940 d'environ 450 000 habitants juifs de Varsovie et de ses environs dans le ghetto surpeuplé, une résistance axée sur les partis de gauche et sur les formations sionistes se mit en place. Les

partisans encore majoritaires du traditionalisme religieux juif, à la fois antilaïc, antisocialiste et antisioniste optant pour la soumission et la prière, dans l'espérance du jugement divin. C'est donc au départ une minorité au sein de la minorité qui se lança dans la résistance politique clandestine combattue par les nazis, mais aussi par le Conseil juif et la police juive créés sous l'égide de l'occupant. La politique de famine systématique fut un échec relatif pour les occupants puisqu'elle n'aboutit pas à faire disparaître les habitants du ghetto qui firent montre d'une imagination extraordinaire, produisant clandestinement articles et produits textiles permettant d'importer grâce au « marché noir » avec les quartiers « aryens » de Varsovie et les campagnes environnantes jusqu'à 95% de la nourriture consommée dans le ghetto. Contrebande ô combien dangereuse qui freina, sans pour autant l'empêcher, la mort par la famine et les maladies dont furent victimes, selon les estimations, environ 100 000 juifs varsoviens. Face à cet échec, les nazis lancèrent, le 22 juillet 1942, la déportation massive vers les camps de la mort de la population « non travailleuse », et en trois mois, de juillet à septembre 1942, environ 300 000 habitants furent déportés vers les camps où la très grande majorité allait périr. Malgré les demandes faites par les organisations de résistance du ghetto de Varsovie et transmises à Londres par la résistance polonaise, les alliés occidentaux n'entreprirent aucune mesure économique ou de bombardements en représailles contre le 3e Reich, ce qui aurait pu au moins limiter la politique d'extermination. Même la presse des pays anglo-saxons évita de répercuter la plupart des informations et témoignages qui arrivaient de Varsovie. Ce

qui allait expliquer pourquoi Szmul Zygielbojm, représentant à Londres du parti socialiste antisioniste « Bund » auprès du gouvernement polonais en exil, allait finalement se suicider le 12 mai 1943 lorsque l'insurrection du ghetto se terminait, protestant dans sa lettre d'adieu contre l'inaction des Alliés. Au moment où le soulèvement éclatait, à la veille de la Pâque juive, le 19 avril 1943, il ne restait déjà plus qu'entre 50 à 70 000 survivants dans le ghetto, employés dans des usines aux mains de patrons allemands. La « liquidation » totale du ghetto paraissait imminente, ce pourquoi les insurgés passèrent au Rubinstein, le "bouffon du ghetto" assassiné par les Allemands en juillet 1942

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combat en tirant sur les forces d'occupation qui tentaient de pénétrer dans le ghetto. Les forces de répressions étaient composées de troupes allemandes, SS, Wehrmacht et policiers de différentes formations, épaulées par des supplétifs lettons, lituaniens et ukrainiens. Les policiers juifs qui avaient participé aux rafles des habitants du ghetto dans la période antérieure furent pour la plupart arrêtés et envoyés en déportation tandis que les détachements de la police polonaise créés par les occupants ne se virent pas engagés dans les combats mais furent chargés de surveiller les accès au ghetto. Les pompiers de Varsovie reçurent l'ordre de veiller à ce que l'incendie du quartier juif ne s'étende pas au reste de la ville, mais se virent interdire sous peine de mort de chercher à éteindre l'incendie des bâtiments du côté juif du mur de séparation. Malgré une disproportion extrême de moyens, les forces de l'occupant sous le commandement du SS-Gruppenführer Jürgen Stroop, se heurtèrent à une résistance tenace qui se prolongea même après la chute de l'état-major des insurgés par des combats

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sporadiques jusqu'en juin 1943, certains petits groupes parvenant même à se cacher jusqu'à l'insurrection de la partie « aryenne » de la ville, en août 1944. Tout le quartier juif fut méthodiquement brûlé et rasé, et sa population brûlée, exterminée sur place ou en déportation. Le 16 mai 1943, l'occupant annonçait la fin du soulèvement en dynamitant la Grande Synagogue de Varsovie. Les insurgés, hommes et femmes, plus ou moins armés représentaient environ un millier de combattants, certaines estimations portant leur nombre à 1 500. Parmi eux, entre 400 et 800 membres de l'Organisation juive de combat (ZOB) dirigée par les partis de gauche (Bund, communistes du Parti ouvrier polonais et sionistes de gauche de Poalej Sion) sous le commandement du jeune Mordechaj Anielewicz, sioniste de gauche, et de Marek Edelman, du Bund. Entre 150 et 400 combattants appartenaient à l'Union militaire juive (ZZW) regroupant les sionistes de droite (« sionistes-révisionnistes ») sous la direction de Paul Frenkel et Leon Rodale. La ZOB entretenait des relations privilé-

Misère quotidienne : un mort dans la rue

giées avec la résistance communiste polonaise et avec d'autres petites formation socialistes de gauche, elles-mêmes assez peu dotées en armes, ce qui rendait difficile l'approvisionnement des insurgés. Certains combattants de ces formations se joignirent au combat des résistants juifs. La ZOB bénéficiait en revanche d'un soutien limité de la part des organisations de résistance liées au gouvernement polonais en exil à Londres qui voyait d'un mauvais œil ces organisations jugées « prosoviétiques », tandis que la ZZW entretenait des rapports privilégiés avec les formations militaires clandestines liées à ce gouvernement. Ce qui prolongeait les relations établies avant 1939 entre les autorités officielles polonaises de l'époque lorsque des officiers de l'armée polonaise entraînaient les cadres militaires de l'Irgoun et des sionistes de droite. Ce sont les détachements du ZZW qui firent flotter au moment de l'insurrection, à côté du drapeau sioniste, et pour la première fois depuis septembre 1939, au-dessus de Varsovie, dans un bâtiment assez élevé, le drapeau polonais interdit par les occupants sous peine de mort. Drapeaux que Stroop tenta, longtemps sans succès, de faire décrocher car ils étaient visibles dans une grande partie de la capitale polonaise occupée. A côté de ces deux organisations, on trouvait aussi des combattants d'autres petits groupes politiques ainsi que des réseaux du marché noir qui rejoignirent l'insurrection. La ZOB était plus nombreuse et c'est elle qui prit le contrôle de la plus grande partie du ghetto. Les divergences politiques entre la ZOB et la ZZW étaient cependant telles qu'ils durent se diviser le terrain, ne parvenant pas à s'entendre sur la formation d'un état-major commun. Les combats se prolongèrent presqu'un mois


dossier LE RÉVEIL

grâce à la fabrication d'armes, aux récupérations effectuées sur les soldats allemands en fuite, tués ou blessés et aux quelques livraisons d'armes fournies par les résistants polonais. Certains détachements des deux courants de la résistance polonaise engagèrent des combats limités aux abords du ghetto, mais à aucun moment, les insurgés ne purent entrevoir une chance de victoire. Leur combat était un témoignage visant à mourir au champ d'honneur, terme qui, cette fois, méritait sans aucun doute cette appellation. On estime que la quasi-totalité des habitants du ghetto furent tués pendant les combats ou en déportation vers Treblinka. Parmi eux, 7 000 furent tués lors des combats alors que les pertes allemandes qui comptaient environ 3 000 combattants et policiers sont estimées la plupart du temps entre 300 et un millier, ce qui, compte tenu de la puissance de feu allemande et de ses moyens de protection, témoigne de combats acharnés, efficaces et héroïques de la part des insurgés. Sans parler des coûteuses pertes matérielles pour l'armée allemande. Et de la défaite morale que représentait cette longue insurrection, en particulier pour les populations polonaises environnantes qui avaient pu observer d'abord, pendant deux ans par-dessus les murs du ghetto, la misère extrême de sa population et, par contraste, découvrait sa capacité à tenir contre une armée se prétendant toujours « invincible ». Après la reprise du quartier juif par les nazis qui allaient procéder à sa destruction systématique, de petits groupes d'insurgés purent s'enfuir par les égouts, entre autres le chef adjoint de la ZOB, Marek Edelman, qui allait poursuivre la résistance jusqu'à

la fin de la guerre dans des détachements de partisans, avant de faire une carrière de médecin chef dans la Pologne d'après-guerre. D'autres survivants allaient mourir au combat lors de l'insurrection suivante, celle de tout Varsovie, en août 1944. Même si l'insurrection du ghetto, comme les autres mouvements de résistance avant 1944, n'avaient aucune chance d'être victorieuse militairement, elle a contribué à démontrer la fausseté de la propagande nazie sur lesdites races inférieures décrétées incapables de s'organiser et de se mesurer aux races «supérieures » et, par ce fait, elle démontra la justice de la cause de ceux et celles qui restaient convaincus de l'égalité fondamentale de tous les êtres humains, indépendamment de leur appartenance ethnique, reli-

gieuse, sexuelle, sociale. Ce qu'ils montrèrent les armes à la main en affrontant les yeux dans les yeux la mort qui les attendait inéluctablement. A lire : Marina Apfelbaum, Retour sur le ghetto de Varsovie, Odile Jacob, 2002 ; Marek Edelman, Mémoires du ghetto de Varsovie, Paris, Liana Levi, 2002 ; Mon témoignage devant le monde - Histoire d'un État clandestin de Jan Karski, traduction révisée et commentée par Céline Gervais-Francelle, Robert Laffont, 2011 ; Bernard Mark, « L'insurrection du ghetto de Varsovie », in Le Livre noir, Ilya Ehrenbourg, Vassili Grossman, Actes Sud, 1995 ; Kazimierz Moczarski, Entretiens avec le bourreau, Gallimard, 1977 ; Emmanuel Ringelblum, Archives clandestines du ghetto de Varsovie, Fayard, 2007, Tome 1 et 2 ; Chronique du ghetto de Varsovie. Janvier 1940-décembre 1942, Paris, Robert Laffont, 1978.

Graffiti antisémite et appel au boycott sur la vitrine d'un magasin juif (avril 1933)

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Témoignage

L’insurrection Interview réalisée par Hervé Corzani auprès de Jacques Lewkowicz, président de l’UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide), organisation de résistance antinazie créée en 1943. Hervé Corzani : Jacques Lewkowicz, vous êtes Président de l’UJRE, pouvez-vous pour nos lecteurs nous présenter brièvement votre organisation ? Jacques Lewkowicz : L’UJRE a été créée en 1943 à la suite de l’organisation Solidarité qui regroupait des juifs voulant résister à l’envahisseur nazi dans une volonté d’élargissement de l’organisation de la Résistance. Elle a mené la lutte armée et politique sur le territoire français jusqu’à la Libération. Par la suite, animée des mêmes valeurs, elle a mené le combat pour les valeurs démocratiques et contre le racisme et l’antisémitisme. H.C. : Votre organisation naît pratiquement au moment de l’insurrection du ghetto de Varsovie. Cette insurrection, c’est un moment particulier de l’histoire juive en Europe ! J.L. : L’insurrection du ghetto de Varsovie marque un moment fondamental de la Seconde guerre mondiale, le moment où les juifs disent massivement NON au destin funeste qui leur est promis par la haine antisémite nazie. Pour la première fois, des juifs obligent des SS à reculer, ces derniers devant déployer des moyens extraordinaires (aviation et lance-flammes) pour venir à bout de cette insurrection. Celleci est également remarquable par son unité puisqu’elle regroupe des militants d’organisations souvent 18 -

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très opposées entre elles depuis les communistes jusqu’aux sionistes en passant par les bundistes dans l’Organisation Juive de Combat. H.C. : Cette insurrection, c’est un baroud d’honneur des juifs polonais en rapport exclusivement au génocide juif par les nazis ou c’est un moment particulièrement fort plus globalement de la résistance d’une partie du peuple polonais à l’occupant fasciste ? J.L. : Non, ce n’est pas un baroud d’honneur, ni un acte désespéré, c’est un acte de résistance positive. Les dirigeants de l’insurrection avaient une stratégie : ils avaient pris contact avec la résistance polonaise non juive. Différents facteurs n’ont pas permis que cette jonction se fasse absolument, mais elle n’a pas été totalement absente puisque des armes et des munitions ont

été obtenues ainsi par les combattants insurgés même si ce fut en quantité insuffisante. En tout cas, l’initiative des combattants du ghetto, qui s’inscrivait dans la perspective de l’annonce de la victoire de Stalingrad par les armées soviétiques, encore récente, visait à porter un coup sévère à l’armée allemande et ainsi, entre autres objectifs, renforcer la résistance polonaise. H.C. : L’insurrection n’est pas née spontanément, c’est certainement le fruit d’un travail politique intense des différents courants qui constituent la résistance juive en Biélorussie, en Ukraine, en Pologne, à Varsovie ? J.L. : La population juive de Pologne et d’Europe de l’Est était déjà fortement politisée dans l’entre-deux-guerres. Comme déjà indiqué, différents courants traversaient cette population. Certains voyaient l’avenir des juifs dans le sionisme, c’est-à-dire la création d’un État pour les juifs en terre palestinienne. D’autres plaçaient leur espoir du côté du socialisme (les bundistes) ou du côté du communisme. D’autres enfin restaient purement religieux.


dossier LE RÉVEIL

qu’elle les a, très vraisemblablement, encouragés à entamer le combat contre les SS. H.C. : Quel rapport existe-t-il entre les organisations de partisans extérieurs au ghetto et les organisations des combattants juifs dans le ghetto ? J.L. : Une aide certaine a été apportée par les organisations de résistance polonaises non juives aux combattants du ghetto. On peut regretter que cette aide, notamment sous forme d’armement et de munitions, n’ait pas été plus importante.

Mais ce dernier courant était en déclin régulier depuis les années 1890, tandis que les courants montants étaient les trois autres indiqués, le courant sioniste étant néanmoins assez minoritaire à cette époque. En tout cas ces trois courants témoignaient d’une rupture avec la vie traditionnelle juive dominée par la religion et les deux courants, bundiste et communiste, les plus importants, indiquaient un ancrage très à gauche d’une grande partie de la population juive d’Europe de l’Est. H.C. : Au moment de l’insurrection, l’Europe dans son ensemble subit l’oppression ignoble de la botte nazie. Varsovie est au cœur de cette Europe. Loin de tous les fronts. Même si les Soviétiques viennent d’infliger une cinglante défaite aux Allemands à Stalingrad. Quelle finalité a donc cette insurrection ? J.L. : L’insurrection cherche d’abord à montrer que les juifs n’ont pas l’intention de se lais-

ser mener à l’abattoir comme des moutons sans résister. Des informations commencent, en effet, à filtrer sur le sort sinistre réservé aux juifs dans les camps de concentration. Mais au-delà de cet aspect de refus du destin promis par les nazis aux juifs, l’insurrection, dans sa phase préparatoire, a cherché et partiellement trouvé la possibilité de prendre des contacts et de s’allier à la résistance polonaise nonjuive. Elle a, certainement, été un des éléments de la Résistance à laquelle devaient se heurter les armées hitlériennes dans toute l’Europe et dans cette mesure, elle a contribué à contrarier la stratégie allemande.

Un homme se jette du haut d'un immeuble en feu.

H.C. : Quelles ont été les conséquences de cette insurrection pour les juifs au travers de l’Europe ? Cette bataille héroïque at-elle renforcé les organisations de résistance juives ? L’intensité du combat antinazi s’en est-elle ressentie ? J.L. : L’insurrection a été immédiatement connue dans l’ensemble de l’Europe et notamment en France. Elle a constitué un encouragement très important pour intensifier la lutte armée comme en témoigne la presse et les tracts édités par exemple par l’UJRE.

H.C. : Cette victoire des Soviétiques à Stalingrad a-t-elle influé sur l’insurrection du ghetto de Varsovie ?

H.C. : Les tentatives de falsifications de l’Histoire sont récurrentes aujourd’hui sur la résistance et le rôle des juifs en résistance en particulier. Votre organisation a cette volonté de rétablir la vérité historique. Comment imaginez-vous l’avenir d’une association progressiste juive comme la vôtre ? Et comment faire pour redonner toute sa dimension à cette réalité ?

J.L. : On a toutes les raisons de penser que cette victoire soviétique à Stalingrad était connue des combattants du ghetto et

J.L. : Il est bien vrai que de divers côtés existent des tentatives de falsification de ce qu’a été notre histoire, celle des résistants juifs LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

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LE RÉVEIL dossier français. Certains veulent minimiser le rôle des organisations proches du PCF pour des raisons politiques évidentes. D’autres veulent minimiser l’importance du génocide ou le comparer à des évènements sans rapport avec celui-ci comme le colonialisme et l’esclavage des Africains. Toute comparaison dans ces domaines a quelque chose d’indécent : ce sont tous des crimes contre l’humanité qui s’ajoutent les uns aux autres et ne sauraient se compenser. Pour en revenir à la résistance juive d’inspiration communiste, si elle n’a pas été la seule, elle a été l’une des plus déterminées et des plus efficaces et elle a payé un lourd tribut comme on le sait à travers notamment l’histoire de l’Affiche Rouge où les juifs résistants ont été mêlés aux combattants issus d’autres origines dans un exemple magnifique d’internationalisme et de fraternité humaine dépassant toutes les divisions nationales. L’UJRE veut, évidemment, maintenir vivant le souvenir de tous ces évènements. Elle les commémore régulièrement de différentes façons. Nous avons, en particulier, célébrer le 70e anniversaire de la création de l’UJRE par une soirée à l’auditorium de l’Hôtel de Ville, le 29 avril. Mais l’UJRE compte rester active dans le combat qui n’est pas terminé pour les valeurs qui furent les siennes au cours de la Seconde guerre mondiale. Lutter pour l’émancipation humaine, pour la démocratie, le progrès économique et social, la paix dans le monde, contre le racisme et l’antisémitisme, autant de champs d’action vis-à-vis desquels l’UJRE considère comme son devoir de prendre position. H.C. : Quelle perspective concrète définissez-vous dans le travail mémoriel sur cette question précise de la résistance juive en France et 20 -

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évidemment sur le ghetto de Varsovie et l’héroïque insurrection de ces combattants ?

puissent s’unir aujourd’hui pour une célébration commune de l’évènement.

J.L. : Il paraît d’abord nécessaire de continuer à approfondir le travail des historiens. Il faut également continuer à commémorer comme cela a toujours été fait annuellement l’insurrection. On peut rêver qu’à l’avenir, les différents courants qui ont été associés à l’époque dans l’insurrection

H.C. : Quelques mots en conclusion ? J.L. : L’insurrection du ghetto de Varsovie restera pour l’éternité un exemple de courage, de dignité humaine et de résistance face à la barbarie.

L’humanité tout entière… Szmul Zygielbojm se suicide, le 12 mai 1943, après avoir écrit cette lettre pour protester contre l’indifférence des gouvernements alliés face à la destruction des juifs polonais. « Derrière les murs du ghetto se déroule à présent le dernier acte d’une tragédie sans précédent dans l’Histoire. La responsabilité du forfait consistant à exterminer la totalité de la population juive de Pologne retombe au premier chef sur les exécutants ; mais indirectement, elle rejaillit également sur l’humanité tout entière. Les nations et les gouvernements alliés n’ont entrepris jusqu’ici aucune action concrète pour arrêter le massacre. En acceptant d’assister passivement à l’extermination de millions d’êtres humains sans

défense – les enfants, les femmes et les hommes martyrisés – ces pays sont devenus les complices des criminels (…). Je ne puis me taire. Je ne peux pas rester en vie alors même que disparaissent les derniers restes du peuple juif de Pologne dont je suis le représentant. Mes camarades du ghetto de Varsovie ont succombé, l’arme au poing, dans un dernier élan héroïque. Il ne m’a pas été donné de mourir comme eux, ni avec eux. Mais ma vie leur appartient et j’appartiens à leur tombe commune. Par ma mort, je désire exprimer ma protestation la plus profonde contre la passivité avec laquelle le monde observe et permet l’extermination du peuple juif. (…) Peut-être ma mort pourra-t-elle contribuer à arracher à l’indifférence ceux qui peuvent et doivent agir pour sauver de l’extermination (…) cette poignée de Juifs polonais qui survivent encore. Ma vie appartient au peuple juif de Pologne et c’est pourquoi je lui en fais don. » (1) (1) Seidman Hillel, Du fond de l’abime, Journal du ghetto de Varsovie, Pocket (coll. Terre humaine), 2002.


Vie de l’arac LE RÉVEIL

Souscription nationale

Liste des souscripteurs au 31 mai 2013 Le 55e Congrès national a décidé de poursuivre la bataille de la souscription pour l’avenir et la pérennité de l’ARAC Les comités départementaux Ardèche (07) : 6 000 e Hérault (34) : 150 e Loire-Atlantique (44) : 30 e Tarn (81) : 300 e

Les sections La Colle-sur-Loup (06) : 50 e Villeneuve-de-Berg (07) : 300 e Venarey-les-Laumes (21) : 50 e Lodève (34) : 252 e Montpellier (34) : 531 e Aiguillon (47) : 100 e Fourques-sur-Garonne (47) : 100 e Igny (91) : 200 e

Abonnés Réveil Agostini Yvonne – 50 e, Couderc Amaury – 20 e, Dammerey Jean-Claude – 50 e, Feuilloley Raymond – 50 e, Gaultier René – 20 e, Perez Joseph – 30 e, Pion Jean-Claude – 100 e, Roy Jean – 50 e.

Les souscripteurs par département

Henry Marcel – 100 e, Rebourcet Huguette – 50 e, Vallet André – 50 e.

Charente-Maritime (17)

Nord (59)

Bilbao Marcel – 100 e, Moreau Renée – 100 e, Rocher Jean-François – 50 e.

Daniel Jean-Claude – 50 e.

Caty Marie-Danièle – 20 e.

Yonne (89)

Cher (18)

Pas-de-Calais (62)

Chatelus Eugène – 50 e.

Demney Marcel – 50 e.

Grevet Jules – 20 e.

Essonne (91)

Corrèze (19)

Puy-de-Dôme (63)

Gouffault Roger – 50 e.

Bertoni Marcel – 50 e, Planeix Micheline – 50 e.

Côtes-du-Nord (22)

Chauvel Louis – 100 e, Léon Yves – 100 e. Finistère (29)

Prima Joseph – 200 e, Rolland Jean – 100 e.

Pyrénées-Orientales (66)

Haut-Rhin (68)

Seine-Saint-Denis (93)

Assenat Gérard – 50 e, Oromi-Bres Mireille – 40 e.

Rhône (69)

Abellan Alexandre – 50 e, Benacquista-Hoine Denise – 50 e, Bousquet Daniel – 30 e, Debette Colette – 100 e, Fabre Michel – 50 e, Lafon Marie-Thérèse – 50 e, Vilfeux Raymond – 200 e.

Grenier Ginette – 50 e, Pillon Robert – 200 e. Saône-et-Loire (71)

Cané Eliane – 50 e, Marquis André – 100 e, Mazoyer Emile– 50 e, Rey Raymond – 90 e.

Savoie (73)

Val-d’Oise (95)

Mercier Paul – 50 e, Peret Jacques – 50 e.

Feret Monique – 50 e.

Aisne (02)

Ille-et-Vilaine (35)

Giacomuzzi Denis – 50 e.

Huber Serge – 50 e, Leblanc Jacques – 50 e, Verron Germaine – 100 e.

Coutin Germaine – 20 e, Lagnier Gustave – 50 e.

Isère (38)

Paris (75)

Alpes-Maritimes (06)

Blangero Marius – 50 e, Caseti Ada – 15 e, Valéro François – 50 e. Ardèche (07)

Duranton Michel – 50 e, Giraud Marcel – 30 e. Ardennes (08)

Visse René – 50 e. Aube (10)

Thiebaux Robert – 50 e. Aude (11)

Coronado Pierre – 50 e. Bouches-du-Rhône (13)

Amendola Pierre – 10 e, Chaigne Jean – 50 e, Ciabattini Charles – 50 e, Convercet Gilbert – 50 e,

Mathieu René – 100 e, Ugolini Albert – 50 e.

Haute-Savoie (74)

Guillot Claude – 50 e, Vacher Jean – 100 e.

Azavant Huguette – 50 e, Pirolley Michel – 200 e, Poupon Pierre – 20 e, Sidibe Mamady – 200 e, Vukas Georges – 50 e.

Loiret (45)

Seine-et-Marne (77)

Galicier Marcel – 100 e.

Trouchaud Jean – 50 e.

Lot-et-Garonne (47)

Yvelines (78)

Chantre Jacques – 100 e, Jimenez Jacques – 100 e. Caudan Marguerite – 100 e.

Boissonnet Claude – 50 e, Castel Paul – 50 e, Le Gal Joseph – 50 e, Liechti Alban – 50 e.

Moselle (57)

Somme (80)

Loire (42)

Morbihan (56)

Conti Marcel – 50 e.

Heinemann Henri – 50 e.

Nièvre (58)

Vaucluse (84)

Brazey Paul – 50 e, Fumat Noël – 50 e,

Val-de-Marne (94)

Petit Guy – 50 e, Davis Gaétan – 50 e.

Sarthe (72)

Gillard Daniel – 50 e, Pauzes René – 20 e.

Walgenwitz Bernard – 50 e.

Clément Yvette – 50 e, Hellio Francis – 100 e, Lajot Henri – 30 e, Larrière René – 50 e, Lechable Renée – 50 e, Scarton Gilles – 50 e, Slusarski François – 100 e. Bracq Georges – 50 e, Bretagne François – 50 e, Lebovic Germain – 50 e, Moyse Paulette – 50 e, Rouillot Luce – 70 e.

Mortier Raymond – 50 e.

Alpes-de-Haute-Provence (04)

Hauts-de-Seine (92)

Le Yaouanc Yves – 100 e, Pascucci Vincent – 50 e.

Gard (30)

Haute-Garonne (31)

Fillère André – 50 e, Nguyen Phuc Ky – 200 e, Truhe Emile – 50 e, Vizet Robert – 100 e.

Evrard Robert – 50 e, Gazé André – 50 e, Serra Jean – 50 e. Moye Gérard – 100 e.

Hérault (34) Ain (01)

Vienne (86)

Iborra Marius – 50 e, Leblanc Pierre – 30 e, Varan Guy – 50 e.

Conseil National Barrieu Georges – 50 e, Bocquet Albert – 15 e, Boitelet Christian – 100 e, Bony Jean – 50 e, Chamaillard Marcel – 50 e, Jouet Emile – 100 e, Moisenier André – 50 e, Vincenti Jean-Louis – 12 e.

Bastaroli Gabriel – 50 e.

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

ARAC Moselle (57)

Gif-sur-Yvette (Essonne)

Vernissage au lycée de la Vallée de Chevreuse

Assemblée générale de l’ARAC de Moselle

ARAC Allier (03) I Un congrès de haute tenue Le 49e Congrès du comité départemental de l’ARAC de l’Allier s’est tenu dernièrement à Saint-Germain-des-Fossés. Devant une nombreuse assistance, le président de la section locale, Marcel Pommier, a ouvert la séance en accueillant le maire de la commune. Après la minute de recueillement à la mémoire des camarades disparus, Michel Tabourot, président départemental, a présenté le rapport moral dans lequel il n’a pas manqué d’évoquer la récente décision du gouvernement officialisant la date du 19 Mars comme celle de la fin de la guerre d’Algérie. 22 -

LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

Après que les officiels aient rejoint la tribune pour apporter, chacun suivant leur approche, leur soutien au monde combattant, nous avons informé les adhérents des actions menées par l’ARAC au niveau national et le résultat des diverses entrevues avec les pouvoirs publics. A 12h, porte-drapeaux en tête, les congressistes et leur famille se sont dirigés vers le monument aux morts où, après le dépôt de gerbes, le directeur de l’ODAC a procédé à la remise de plusieurs décorations.

Dans le cadre du devoir de mémoire et à l’initiative du professeur d’histoire, Monsieur Adam, et de trois de ses élèves, nous avons été invités à participer à la présentation du travail des lycéennes au Concours national sur la résistance et la déportation organisé par l’Education nationale. Le thème du concours pour l’année 2013 était « Communiquer pour résister ». Nous avons donc présenté une exposition de l’ONAC sur la guerre 1939-1945 sous la présidence d’André Fillère et Michel Monnereau, avec une intervention de deux anciens résistants, MM. Prince, ancien ingénieur, et Coudanne, ancien doyen de la faculté d’Orsay, âgés respectivement de 98 et 90 ans. Le vernissage a eu lieu le 12 avril 2013 en présence du personnel enseignant, de quelques membres de la municipalité, de représentants de l’ARAC Essonne et du mouvement ACVG. Puis près de 150 lycéens et lycéennes se réunirent le 25 avril pour entendre l’exposé de trois élèves traitant de l’importance des transmissions radio avec Londres pour permettre la diffusion de renseignements sur la situation militaire des Allemands. Tous, remarquablement attentifs, furent stupéfaits de constater que les deux anciens combattants venus répondre à leurs questions avaient leur âge au moment où ils sont entrés dans la Résistance. Puis le 23 mai, nous avons remis au Centre de documentation et d’information du lycée le livre Le Feu d’Henri Barbusse, ainsi qu’une coupe et trois trophées à chacune des intervenantes, Mylène Gelé, Alicia Dion et Elisa Garcia. Nous espérons pouvoir poursuivre ce partenariat avec le lycée l’année prochaine.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

ARAC Essonne (91)

Du civisme et de la Flamme Le 14 mai dernier, à l’occasion du ravivage de la Flamme par l’UFAC nationale, André Fillère, membre de son bureau national, mais aussi président fondateur de l’ARAC aux Ulis, a été accompagné à l’Arc de Triomphe par une large et représentative délégation de cette ville. Notamment Sonia Dahou, jeune maire de 38 ans nouvellement élue aux Ulis, née en Tunisie et venue faire en 1992 ses études de maths et de physique à la faculté d’Orsay, qui déposa une gerbe, accompagnée de quelques-unes de ses adjointes et toute une classe du groupe scolaire de La Queue d’Oiseau, dont chaque enfant présent déposa une fleur sur le tombeau de l’Inconnu. Une belle leçon de civisme, merci Madame le Maire.

Nominations Nous avons appris avec beaucoup de plaisir l’attribution de la Médaille militaire à nos camarades Marcel Fabre et Jacques Rousset (tous deux de l’ARAC des Bouches-du-Rhône) ainsi que la nomination de Pierre Bussone (secrétaire national de l’ARAC) au grade de Chevalier de l’Ordre national du Mérite. Dans la même promotion, nous avons relevé le nom de notre amie Paule Sudre (dirigeante nationale de l’Association des filles et fils de tués) dont le père est mort pour la France le 26 mai 1940 à l’âge de 26 ans. Nos plus sincères félicitations à tous ces ami(e)s et camarades.

ARAC 24 C’est avec un grand plaisir que nous apprenons que notre secrétaire départemental, Gérard Latour, par ailleurs viceprésident de l’UFAC et vice-président départemental des Anciens Combattants, a été nommé par décret du Président de la République au grade de Che-

valier de l’Ordre national du Mérite par le ministre des Anciens Combattants, Kader Arif. Cette nomination, en date du 14 mai 2013, est parue au Journal officiel le 15 mai 2013. Nos vives félicitations à Gérard Latour.

Michel Pirolley nous a quittés Le 25 mai dernier, une crise cardiaque a brutalement terrassé notre camarade Michel Pirolley. Adhérent de la Mutuelle de l’ARAC depuis 1991, (membre de sa Commission nationale de contrôle financier) et de l’ARAC depuis 1971 (dont il avait été membre du Conseil national), il s’est éteint dans sa 80e année. Ancien

combattant en Algérie, cet ancien électricien ajusteur à la RATP de Paris, s’est dévoué sans compter pour la défense et l’aide à ses camarades anciens combattants et victimes de guerre. Nous adressons nos sincères condoléances et notre soutien fraternel à Solange son épouse et à sa famille.

NOS PEINES juin 2013 Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances. BOUCHES-DU-RHÔNE (13) Rousset : Paul ESCOFFIER, AC ATM Saint-Barnabé : Edouard MALAGAMBA, 77 ans, AC ATM CORREZE (19) La Graulière : René GUILLAUMIE, 89 ans, Résistant

HAUTE-GARONNE (31) Launaguet : Guy BEZOMES, 74 ans, AC ATM. Eugène COUMES, 74 ans, AC ATM Lévignac : Roger NESSON Toulouse centre : Jean BORDES GIRONDE (33) Isolés : Claude CHALOT

CREUSE (23) La Souterraine : Claude AUGROS, AC ATM

HERAULT (34) Montpellier : Vincente BERRAUD, veuve

DORDOGNE (24) Bergerac : Roger LASSERRE, AC 39-45 Saint-Rémy : Jacques JOUBERT, AC 39-45 Thiviers : Alice LACHENAUD

NIEVRE (58) Lucenay-les-Aix : Bernard MARAIS, AC ATM

GARD (30) Alès : Jean-Pierre BADAROUX, AC ATM

NORD (59) Fenain : Marie-Thérèse VANDECASTELLE, dit Mathé, 73 ans. Elle fut présidente de la section et secrétaire départementale

PAS-DE-CALAIS (62) Harnes : Auguste LEFAIT, Résistant, Médaille de la Résistance, Médaille Militaire, président de la section

Paris (75) Paris 13e : Mme Gisèle MOREL Paris 19e : Jean LARVOR, AC ATM, secrétaire général de la section

PUY-DE-DÔME (63) Riom : Daniel ROBILLON, AC 39-45

SEINE-MARITIME (76) Le Havre : André LEBAS, 72 ans, AC ATM

RHÔNE (69) Lyon 7e : Charles PERIS, 72 ans, AC TM. André RIBOUTON, 90 ans, AC 39-45 Oullins : Guy LAURENT, 90 ans, AC 39-45 Venissieux : Louis Joseph VIGHETTI, 73 ans, AC ATM

VAR (83) Fréjus : Léonce LAMOURETTE, AC ATM.

SARTHE (72) Le Mans : Georges GUYOT, 88 ans, AC 39-45, Résistant, Prisonnier en Espagne, Evadé. Robert HOUTIN, 88 ans, AC 39-45

ESSONNE (91) Vigneux : Roger PAYEN, AC 3945 SEINE-SainT-DENIS (93) Bagnolet : Jean SERVAIS, AC ATM Pavillons-sous-Bois : Jean HAMON, AC ATM VAL-DE-MARNE (94) Villejuif : Ginette BARON, veuve. LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

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LE RÉVEIL Vie de l’arac

Arac Villejuif (94) Campagne de signatures pour la pétition «Contre l’austérité qui enchaîne les peuples» organisée par la section de l’ARAC Villejuif.

Le Conseil national élu au 55e Congrès Nous republions la liste du Conseil national car cinq camarades ont été oubliés par erreur : Jean-Pierre Delahaye, Danielle Maréchal, Patrice Nowak, Jacques Rémy et Eve Schmit. Dans le prochain numéro, nous publierons la liste des membres d’honneur du Conseil national. ARDIL Yves ARDILEY Alain BALESTRIERIE Pierre BASSOT Michel BECHLER Auguste BEN AZOUZ Kamel BEQUIGNAT Geneviève BESSIERE Jacques BILLE Roger BLONDET Serge BRAHIC Robert BRULEFERT Marcel BULCOURT Michel BUSSONE Pierre CAPELA Isabelle CAPPOEN Marie-Josée CARLO Jean-Claude CHABAN Huguette CHAMPAGNE J-Claude CHARRIER André CHENUS Corinne CHEVALIER Annick COFFIN André COLAS Jean-Pierre 24 -

LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

COLIN Jean-Luc CONTANT Brigitte CORZANI Hervé CRESTANI Antoine DANDEVILLE Roger DELAHAYE Jean-Pierre DELEVACQ Monique DESRUES Michel DROUILLAT Christian DUBREIL Jean DUFOUR Didier EVRARD Henri FERRAND Pierre FONTAINE Paul FOULATIERE Lionel GELIN Fernand GIRAUDOU Jean-Louis GOUTORBE Jacques GROULT Evelyne GUICHE Gabriel HORNYAK Michel KERVAREC Yves LACHAUX Jean-Paul LAGRANGE Lucien

LARGUIER Lucien LEGOUE Yves LE PORT Katherine LEGRAND Jean-Roland LONGUET Marianne Maréchal Danielle MARKIDES Paul MASSA Jean-Claude MERIAUX Monique MERLINC Ingrid MICHEL Guy MILLET Bernard MOUSSET Guy NOWAK Patrice PAQUIS Philippe PERRET Alexandre PIPART Chantal PLOTEAU Georges PORTA Jean POUILLOT Henri REHBY Liliane REMY Jacques RENARD-FEVRE France ROCHE Daniel

ROUSSEAU Michel ROYER Gérard SAINTENOY Patrick SALAUD Jean SALOMON Jean-Claude SAMUEL Jérôme SAPHORES Régis SARNA Dominique SCHMIT Eve STAAT Patrick TABORCIA Serge TABOUROT Michel THOMAS Roland TONELLI Colette TRAN VAN Michel VAHE Raphaël VALLEE Gérard VERRIER Jacques DOUSSIN Georges FILLERE André


LE RÉVEIL Vie de l’arac

ARAC 44 Le 22 mai 2013, lors du Conseil départemental de l’ARAC 44, nous avons remis le Diplôme d’honneur de portedrapeaux de l’ARAC à notre camarade Serge Raitière de la section d’Orvault et porte-drapeau départemental. Cette cérémonie a donné lieu à une réflexion sur les actions à mener pour faire encore mieux connaître, défendre et rayonner les valeurs républicaines que nous portons. Adhérents et militants, nous devons être présents dans tous les combats de la société pour donner vie à des lendemains qui chantent. Un pot fraternel a terminé cette assemblée. Jean-Claude Salomon, président départemental

Arac Pessac (33)

Samedi 25 mai : Une délégation de l’ARAC Pessac devant le musée Jean Moulin de Bordeaux pour commémorer le 70e anniversaire de la création du CNR.

ARAC Ardèche (07)

Dimanche 26 mai : Stand de l’ARAC lors de la fête populaire à Canéjan.

Le congrès départemental de l’Ardèche s’est tenu le jeudi 23 mai à Cruas : peutêtre pas assez de monde... mais il y avait la qualité. Les questions ont été riches, surtout en actualité du moment, en présence du délégué national, le camarade Georges Doussin. Ce fut une très belle journée, mais malheureusement le lendemain nous apprenions le décès de notre secrétaire départemental, Albert Laville.

ERRATUM Dans le numéro d’avril dernier du Réveil, une erreur s’est glissée dans les commémorations du 19 mars. Pour le Var (83) c’est le monument de Nanterre et non celui de Toulon et Marcel Brullefert est intervenu à SaintRaphaël et non à Toulon…

LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

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LE RÉVEIL Vos droits

Que deviennent les droits des victimes du terrorisme ? Au niveau des Nations Unies, le rapporteur spécial sur la lutte contre le terrorisme et les droits de l’homme - Monsieur Ben Emmerson - a exhorté le 22 juin 2012 les gouvernements du monde entier à fournir une meilleure protection des droits des victimes du terrorisme, en demandant l’adoption d’un cadre juridique unique définissant les droits de ces victimes et les obligations des Etats à leur égard. Le rapporteur poursuivait en précisant : « En dépit d’instruments internationaux de plus en plus nombreux sur la coopération pour la lutte contre le terrorisme, aucun Etat ne prend directement en compte les droits des victimes… » et ajoutait : « Les victimes souhaitent la reconnaissance de leurs droits par l’adoption d’un cadre nominatif unique qui prenne en considération leurs souffrances, les protège de violations futures et leur apporte réparation. » Monsieur le rapporteur, permettez moi de vous dire que vous êtes mal informé. Le droit français a, depuis de nombreuses années, reconnu aux actes de terrorisme le caractère d’actes de guerre. Le terrorisme est une nouvelle forme de guerre, et le législateur français reconnait également aux victimes le caractère

de victime civile de guerre. Depuis la loi du 23 janvier 1990, les victimes françaises d’acte de terrorisme bénéficient des droits et avantages accordés aux victimes civiles de guerre par le code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre et, notamment, du droit à pension de victime civile. Si le taux d’invalidité est égal ou supérieur à 10 % le droit à pension est ouvert. Les victimes ont la qualité de ressortissantes de l’office national des anciens combattants (ONAC). Les enfants orphelins ayant perdu un ou leurs deux parents dans un attentat ont la qualité de pupille de la nation et les conjoints-conjointes ont la qualité de veuf ou veuve de guerre.

Les victimes, et sous certaines conditions les ayants droit, peuvent bénéficier de la législation sur les emplois réservés. Des avantages fiscaux leur sont accordés : à partir de 40 % d’invalidité, le quotient familial de l’impôt sur le revenu est augmenté d’une demi-part. Ils ont droit aux soins médicaux gratuits. Ils peuvent bénéficier d’une carte d’invalidité, etc. On peut, une nouvelle fois, constater que le droit français est très en avance en ce qui concerne toutes les victimes de guerre et ce depuis et grâce à la charte de 1919. Alors protégeons cette charte qui devrait servir de modèle à bien des pays étrangers et que bien des pays étrangers nous envient lorsqu’ils la connaissent. Sans vouloir faire des fanfaronnades ou faire preuve de chauvinisme à outrance, il faut reconnaître que le droit français des Pensions Militaires d’Invalidité est un des plus favorables au monde et qu’il serait utile, voire indispensable de le faire savoir avant qu’une soi-disant réforme revienne détruire ce que des générations de victimes ont réussi à obtenir. Le combat continue !

Les collectes du Bleuet de France en question… Sont-elles réalisées pour l’aide aux ressortissants ou pour financer le centenaire de la guerre 14-18 ? Telle est la question que l’on peut se poser à la lecture du bilan 2012. • Pour 2012, la recette est de 1,034 million d’e (en baisse de 6,65 % sur 2011), ainsi réparties : - collectes sur la voie publique : 818.136,66 e nets (en diminution de 10,07 %) - collectes dans les espaces privés : 38.153,98 e (15,79 % en plus) (évènements de mémoire, chez des commerçants, etc) - dons hors collectes : 95.054,39 e (6,33 % en plus) - subvention des municipalités : 14.264,04 e (26,18 % en plus) - vente du livre « Les bleuets de l’Espoir » 1.983 e (142,42 % en plus) TOTAL : 967.592,07 e 26 -

LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

Soit, par rapport en bilan des recettes 2012 annoncées, une différence de 66.455,88 e dont la provenance n’est pas précisée. • Côté utilisation des fonds : - 707.155,86 e utilisés pour l’aide à 10.069 ressortissants - 254.918, 44 e pour le financement de 566 manifestations de mémoire - 183.413,46 e dépensés pour les frais de collectes, de recherches de fonds, de gestion de l’œuvre et sur site internet - 100.000 e dépensés pour le GIP, groupement mémoire 1914-1918 - 254.918,44 e ne sont pas consacrés à l’aide aux ressortissants les plus

démunis, mais à des manifestations de mémoire. • De plus, 100.000 e ont été dépensés pour les diverses opérations du groupement interministériel consacré au centenaire de la guerre 14/18. Un GIP qui a lui-même sa dotation financière gouvernementale et qui se propose à financer des initiatives de mémoire. • Alors question de fond : l’ONAC et le Bleuet de France vont-ils financer pendant 4 à 5 ans, à raison de 100.000 euros par an, le centenaire de la guerre de 14-18, sur des fonds recueillis avec le Bleuet de France, sensés venir en aide aux ressortissants les plus démunis ?


Vos droits LE RÉVEIL

Les syndicats de l’ONAC

Mémoire en maison de retraite

s’adressent aux Présidents (tes) des Associations d’ACVG et aux Administrateurs de l’ONACVG

A Massy (91) le 17 mai 2013, la maison de retraite « La Citadine » (labellisée « Bleuet de France ») a accueilli l’exposition de l’ONAC consacrée à Jean Moulin. Largement visitée, elle fut l’occasion d’une rencontre entre résidents, familles et bénévoles, avec l’aide amicale et efficace de la directrice, Mme Nguyen, de Romain l’animateur et des personnels de la Maison de retraite. L’après-midi, commencé en chansons d’époque par certaines pensionnaires, fut ensuite l’occasion pour M. François Eschbach (directeur de l’ONAC Essonne) de présenter son service et l’exposition ; puis André Fillère (viceprésident du Conseil départemental de l’ONAC Essonne et Président de l’ARAC 91) anima les débats marqués par des interventions émouvantes permettant aux souvenirs et à la mémoire collective de s’exprimer. Après un appel à transmettre cette mémoire aux enfants et petits enfants de chacun pour assurer un avenir de paix et de solidarité, un gouter servi à tous clôtura cette heureuse initiative qui trouvera son prolongement en septembre prochain.

Notre établissement public prépare le futur contrat d’objectifs et de performance qui fixera son horizon pour les années 2014-2018. Dans ce cadre, les représentants du personnel s’inquiètent d’un certain nombre de pistes de réflexion actuellement explorées, en particulier pour ce qui concerne le format et la répartition sur le territoire des services de proximité. Le maintien d’un véritable service de proximité, apte à répondre aux besoins du monde combattant, ne peut se concevoir qu’à l’échelon départemental, tout projet de « régionalisation » conduirait à rompre le lien de proximité qui justifie l’existence même de notre établissement. Par souci d’économies budgétaires, le remplacement des directeurs de ces services par des personnels de catégorie B, évoqué récemment par la Directrice Générale de l’ONAC, serait source d’affaiblissement de l’établissement public et entrainerait une perte de lisibilité au niveau du département concerné, préjudiciable au monde combattant. L’avenir de notre établissement passe au contraire par le renforcement de ses missions de proximité, tant dans le domaine du Droit à réparation que dans celui de la Mémoire et de la Solidarité. Dans cette politique, le maillage territorial de l’ONAC doit être utilisé pour servir de point de relais et, par exemple, renforcer le réseau social de la Défense (pour les civils et les militaires). Par ailleurs, la réflexion menée sur les établissements (ERP et EHPAD-

Maisons de retraite gérés par l’ONAC) qui conduit à rechercher des solutions pour sortir ces structures du giron de l’établissement public, est basée sur un déficit dont il convient d’analyser les origines, indépendamment des arguments qui ont été évoqués jusqu’ici. Les représentants du personnel réaffirment leur attachement à maintenir les établissements dans le domaine public. Les écoles, pionnières en matière de rééducation professionnelle, doivent poursuivre leur indispensable mission de service public au service de la reconversion professionnelle diplômante des personnes titulaires de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Leur maillage territorial et leur compétence reconnue doivent également pouvoir apporter auprès des ressortissants leur contribution dans le domaine de la solidarité nationale, notamment auprès de la population OPEX, au niveau d’une offre de reconversion, au niveau d’une offre d’habilitation et dans bien d’autres domaines. Ces écoles doivent figurer en bonne place dans l’organigramme du Ministère de la Défense, au même titre que les centres de reconversion pour les militaires. Les personnels de l’Office National appellent leurs administrateurs à la plus grande vigilance contre toute remise en cause des missions essentielles à la survie de l’établissement. Paris, le 15 avril 2013

Mireille Lefevre André Milano Danielle Bernal

Commission nationale de la carte du combattant Le groupe spécial de travail de la Commission nationale de la carte du combattant s’est réuni le 15 mai 2013 à l’ONAC. André Fillère y participait. Le groupe de travail a examiné 3237 dossiers de demandes de carte du combattant, toutes déclarées favorables, dont 28 au titre 1939-1945, puis 41 pour l’Indochine, 1483 pour l’Afrique du Nord (1321 guerre d’Algérie, 114 pour combats en Tunisie et 48 pour le Maroc) et 1685 pour les OPEX. Parmi ces derniers, 694 ex-Yougoslavie, 632 Afghanistan, 115 Tchad, 94 Côte d’Ivoire, etc. Prochaines réunions de la Commission les 2 et 3 juillet prochains. LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

- 27


LE RÉVEIL Vos droits

PENSION D’INVALIDITE

Valeur du point 13,92 e à partir du 1er avril 2013 Pourcentage

Indices

Montant mensuel

Invalidité 100 %

INVALIDITE de 10 à 80 % 10 %

48

55,68

15 %

72

83,52

20 %

96

111,36

25 %

120

139,20

30 %

144

167,04

35 %

168

194,88

40 %

192

222,72

45 %

216

250,56

50 %

240

278,40

55 %

264

306,24

60 %

288

334,08

65 %

312

361,92

70 %

336

389,76

75 %

360

417,60

80 %

384

445,44

INVALIDITE de 85 à 100 % avec all GI 1,2,3 et 4 selon taux 85 % ss all GM av all GM

489

567,24

625

725,00

90 % ss all GM av all GM

522

605,52

745

864,20

95 % ss all GM av all GM

574

665,84

872

1 011,52

100 % ss all GM av all GM

628

728,48

1000

1 160,00

INDEMNITE DE SOINS AUX TUBERCULEUX

1° sans all GM avec all GM 2° sans all GM avec all GM

928

1 076,48

1139

1 321,24

947

1 098,52

1180

1 368,80

2132,08

2 189

2539,24

1 142,60

1262

1 463,92

5° sans all GM avec all GM

1004

1 164,64

1303

1 511,48

6° sans all GM avec all GM

1023

1 186,68

1344

1 559,04

7° sans all GM avec all GM

1042

1 208,72

1385

1 606,60

8° sans all GM avec all GM

1061

1 230,76

1426

1 654,16

9° sans all GM avec all GM

1080

1 252,80

1467

1 701,72

10° sans all GM avec all GM

1099

1 274,84

1508

1 749,28

Par degré en plus de 10 sans all GM avec all GM

19

22,04

41

47,56

LES PENSIONS D’ASCENDANTS Ascendants âgés de moins de 65 ans Taux plein

213

247,08

Demi-taux

106,5

123,54

de ménagement

458

531,28

Demi taux

121,5

140,94

LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

1 838

985

4° sans all GM avec all GM

281,88

319

sans all GM avec all GM 1° sans all G.M. avec all G.M.

243

275

100 % + art L.18 + all GI n°5 bis (a)

1 416,36

Taux plein

au taux réduit

(1) invalidité à 100 % avec article l 18 + all gi 5 bis (a) + all gi n°6

1221

1 062,56

796,92

Montant mensuel

1 120,56

916

687

Indices

966

3° sans all GM avec all GM

de soins

au taux plein

Catégories

100 % + art l16 et l18 + all gi n°5bis (a) et gi 6

Ascendants de plus de 65 ans

de reclassement et de ménagement

28 -

INVALIDITE à 100 % avec degrés de surpension (art l.16) et avec all. GI N°5

Majoration pour chaque enfant décédé en sus du premier

1908

2 213,28

2289

2 655,24

1978

2 294,48

2369

2 748,04

3° sans all G.M. avec all G.M.

2048

2 375,68

2449

2 840,84

4° sans all G.M. avec all G.M.

2118

2 456,88

2529

2 933,64

2188

2 538,08

2609

3 026,44

6° sans all G.M. avec all G.M.

2258

2 619,28

2689

3 119,24

7° sans all G.M. avec all G.M.

2328

2 700,48

2769

3 212,04

8° sans all G.M. avec all G.M.

2398

2 781,68

2849

3 304,84

9° sans all G.M. avec all G.M.

2468

2 862,88

2929

3 397,64

10° sans all G.M. avec all G.M.

2538

2 944,08

3009

3 490,44

2° sans all G.M. avec all G.M.

5° sans all G.M. avec all G.M.

Par degré en plus de 10 sans all G.M. avec all G.M.

70

81,20

80

92,80

(1) A ces totaux s’ajoute éventuellement l’une des all. G.I. N° 8 (de 368 à 800 points selon le taux ou la nature de l’infirmité). L’all.G.M servie est soit l’all. prévue selon le taux, soit certaines all. spécifiques (ex: 982 points pour aveugles) si cette all. est plus avantageuse.

RETRAITE DU COMBATTANT 45

52,20

Annuelle Semestrielle

48

668,16 334,08


VOS DROITS LE RÉVEIL

Catégories

Indices

Montant mensuel

INVALIDITE à 100 % (1) Aveugles, bi-amputés, paraplégiques 100 % + L18 + all. GI n°5 bis (b) sans all G.M. avec all G.M.

1929

2 237,64

2280

2 542,20

100 % + art L18 + art L16 + all G.I. n°5 bis (b) + all G.I. n°6

PENSIONS DE CONJOINTS SURVIVANTS AU TAUX DE SOLDAT A tous ces indices s’ajoutent depuis le 1er janvier 2004 (art.121 de la loi de finances 2004) 15 points uniformes pour tous.

Indices

Montant mensuel

Conjoints survivants de victimes militaires (de guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le droit à pension découle de l’imputabilité ou dont le conjoint était pensionné à 85 % avec all. G.M.

515

597,40

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le conjoint était pensionné à 85 % sans allocation G.M.

504

584,64

333

371,30

… au taux de 70 %

336

374,64

… au taux de 75 %

360

401,40

… au taux de 80 %

384

428,16

… au taux de 60 %

288

334,08

… au taux de 65 %

312

361,92

Veuves de déportés morts en déportation, et de prisonniers du Viet-Minh morts en captivité, sans condition d’âge et de ressources

667

773,72

Conjoints survivants âgés d’au moins 50 ans ou infirmes remplissant la condition de ressources

667

773,72

Catégories AU TAUX normal

1999

2 318,84

2380

2 760,80

2° sans all G.M. avec all G.M.

2069

2 400,04

2460

2 853,60

3° sans all G.M. avec all G.M.

2139

2 481,24

AU TAUX DE REVERSION

2540

2 946,40

4° sans all G.M. avec all G.M.

2209

2 562,44

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) de moins de 40 ans bénéficiant du taux de reversion

2620

3 039,20

5° sans all G.M. avec all G.M.

2279

2 643,64

2700

3 132,00

6° sans all G.M. avec all G.M.

2349

2 724,84

2780

3 224,80

7° sans all G.M. avec all G.M.

2419

2 806,04

2860

3 317,60

8° sans all G.M. avec all G.M.

2489

2 887,24

2940

3 410,40

9° sans all G.M. avec all G.M.

2559

2 968,44

3020

3 503,20

10° sans all G.M. avec all G.M.

2629

3 049,64

3100

3 596,00

1° sans all G.M. avec all G.M.

Par degré en plus de 10 sans all G.M. avec all G.M.

70

81,20

80

92,80

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) de plus de 40 ans,bénéficiant du taux de reversion, dont le conjoint était pensionné au taux de 70% … Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) quel que soit leur âge,bénéficiant du taux de reversion, dont le conjoint était pensionné…

avec supplément exceptionnel

MAJORATION POUR LES TITULAIRES DE L’ARTICLE L18 (tierce personne) Conjoints survivants pensionnés justifiant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéficiaire de l’article L18 (tierce personne) avec l’allocation n° 5 bis (b) et était donc : aveugle, ou amputé de deux membres, ou paraplégique

350

406,00

Conjoints survivants (autres que ceux ci-dessus) pensionnés justifiant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéficiaire de l’article L 18 (tierce personne) avec l’all. n° 5 bis (a)

260

301,60

(1) A ces totaux s’ajoute éventuellement l’une des all. G.I. N° 8 (de 368 à 800 points selon le taux ou la nature de l’infirmité). L’all.G.M servie est soit l’all. prévue selon le taux, soit certaines all. spécifiques (ex: 982 points pour aveugles) si cette all. est plus avantageuse.

LES IMPLAçABLES L’Allocation aux grands invalides n°9, dite allocation aux implaçables, n’est pas d’un montant fixe. En effet, elle représente pour le bénéficiaire la différence entre ses revenus (pension et autres) et le montant produit par la multiplication de la valeur du point et de l’indice 1500 s’il est âgé de 65 ans ou de l’indice 1200 s’il a plus de 65 ans. Ainsi par exemple, un pensionné à 90 % sans allocation G.M. bénéficie d’une pension d’inva-

lidité calculée sur l’indice 522. S’il n’a pas d’autres ressources que sa pension, et s’il est âgé de moins de 65 ans, le montant mensuel de son allocation n°9 sera calculée comme suit : • 522 x 13,92 / 12 = 605,52 e • Les ressources globales autorisées sont fixées sur la base de l’indice 1500 multipliées par la valeur du point de pension en vigueur : Indice 1500 = 20 880,00 par an, soit 1 740,00 par mois.

• En retranchant de cette somme le montant mensuel de cette pension : 1 740 - 605,52 on obtient la valeur mensuelle de l’allocation n°9 : 1 134,48 e • montant mensuel des ressources autorisées

Indice 1500 = 1740,00 Indice 1200 = 1392,00 LE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

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Prix de base pour 16 à 20 personnes Supplément chambre individuelle Supplément Cambodge à partir de 10 personnes Supplément chambre individuelle au Cambodge

2280 euros 285 euros 400 euros 65 euros

Visa Vietnam et Cambodge Vols internationaux et intérieurs Hébergement en chambre double avec petit déjeuner Pension complète Programmes 2 jours/1 nuit sur bateau à Ha Long Guide national francophone Transferts en voiture privée et climatisée selon programme Frais de visites, excursions, spectacles Train de nuit Hanoi / Lao-Cai (cabine climatisée 4 couchettes) Assurance multirisque

Boissons Pourboires (guide, chauffeurs…) Communications, Linge

COMIT NATIONAL POUR LE VILLAGE DE L’AMITI PERMANENCE LE JEUDI DE 10 HEURES A 16 HEURES T L : 01.42.11.11.14 OU 06.82.12.29.69


dossier LE RÉVEIL magazine

DVD de Michel Tissier

Nos 20 ans en Algérie Prix du DVD : 17 e (frais d’envoi compris) - Contact : Michel Tissier, Tél. 02 48 51 94 82

Michel Tissier raconte ses 28 mois d’armée. « Les classes », les deux années dans le djebel. Ce sera aussi le parcours de milliers d’appelés, avec des différences suivant les compagnies et les endroits, la vie au quotidien, les copains, les « distractions », l’alimentation « équilibrée », les opérations, les

embuscades, les patrouilles, de jour comme de nuit, avec parfois la peur, les anecdotes « savoureuses » racontées avec humour, le témoignage d’anciens d’Algérie. Ce fut le vécu de nos 20 ans, et aussi un hommage à ceux qui ne sont pas revenus. Alors, les anciens… Vive la quille !

Graffiti de résistants

sur les murs du fort de Romainville, 1940-1944 Une coédition Libel, Département de Seine-Saint-Denis, 160 pages, 25 euros

Moins connu que les camps de Drancy ou de Compiègne, le fort de Romainville est pourtant le premier camp allemand en France occupée et un lieu essentiel de la répression contre la Résistance. Entre 1940 et 1944, plus de 7 000 personnes dont 3 900 femmes ont été enfermées dans ce fort militaire avant leur exécution ou leur déportation. En présentant les inscriptions murales laissées par les détenus, Graffiti de Résistants révèle l’histoire oubliée de ce camp, antichambre de la déportation.

« [r ?]ault Raoul, [1]3 novembre 194[2] » Une inscription sur un mur, un nom retrouvé, une histoire qui se dessine. Celle de Raoul Sabourault, probablement auteur de ce message, résistant, passé par le camp allemand de Romainville en 1942, puis déporté à Mauthausen et décédé à Gusen le 3 août 1944. Le fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas, est resté presque en l’état depuis la Seconde Guerre mondiale. Il constitue une source exceptionnelle pour connaître l’histoire de ce lieu

et celle des résistants qui y furent internés sous l’Occupation. Les auteurs du livre nous font partager une visite du site, à la lumière de l’ensemble des archives et témoignages disponibles, pour terminer par une analyse des inscriptions de détenus encore lisibles sur les murs de la casemate n°17. Éclairés par l’analyse historique, les graffiti retrouvent un sens. Ils deviennent le message fragile et émouvant de résistants désireux de laisser une trace de leur passage en ce lieu, avant de braver le destin que leur réservent les autorités allemandes.

ville, 2005), achève une thèse sur les politiques répressives allemandes en France durant la Seconde Guerre mondiale. • Sylvie Zaidman, docteur en histoire, conservateur du patrimoine, et Joël Clesse, chef du service Images, son et technologies de l’information aux archives départementales de la SeineSaint-Denis, sont les auteurs du livre La Résistance en Seine-Saint-Denis (Syros, 1994).

Les auteurs • Thomas Fontaine, doctorant de l’université Paris I, auteur de nombreuses publications scientifiques, spécialiste de l’histoire du camp allemand de Romainville (Les oubliés de RomainLE RÉVEIL - N°794 - juin 2013

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