Journal le réveil mars 2017

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AUCHAN : 600 EMPLOIS MENACÉS

L’INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE DE LA FRANCE DE LA NATIONALISATION EN 1946 À AUJOURD’HUI

Mars 2017 - N° 832 - 5 €

Pour : notre République, s n o v u notre liberté retro e r t de pensée o n é t e n i a r e v u o s


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Louis Cortot, notre camarade, nous a quittés Notre camarade Louis Cortot n’est plus. Avec tristesse, nous sommes allés lui rendre hommage et honneur à la cérémonie officielle de ses obsèques dans la cour de l’Hôtel National des Invalides à Paris vendredi 10 mars 2017. Louis Cortot est Grand Officier de la Légion d’Honneur, Compagnon de la Libération, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945, de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance et membre du Conseil National d’Honneur de notre Association Républicaine des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Il était le président de l’Association Nationale des Anciens de la Résistance (ANACR). Louis Cortot est né le 26 mars 1925 à Sombernon, en Côte d’Or, dans une famille profondément républicaine, République à laquelle il était profondément attaché. La famille quitta la Bourgogne en 1937 et vint s’installer à St Cloud en région parisienne. Louis s’inscrivit et fréquenta assidument les mouvements de jeunesse et d’éducation populaire quelques jours après son arrivée, précisément le club de l’aviation populaire lancé dans le cadre des ministères de Pierre Cot, ministre de l’air, et Jean Zay, ministre de l’Education nationale, tous deux membres du gouvernement du Front populaire. En 1940, Louis avait intégré l’école supérieure de Suresnes. Il intégra aussi l’organisation spéciale, structure de Résistance mise en place par le Parti Communiste français interdit qui très vite s’élargit. Il resta toujours fidèle durant toutes les années de la guerre aux structures suscitées par le PCF et ne cessa de mener dans ce cadre des actions de Résistance. C’est ainsi qu’il devait devenir l’agent de liaison du colonel Rol-Tanguy, commandant en chef des Forces Françaises de l’Intérieur d’Ile de France et fut au cours d’une dernière mission blessé grièvement il perdit un œil, se retrouva à l’hôpital de l’Hôtel Dieu à Paris. C’est dans cet hôpital que le colonel Rol-Tanguy surpris, le retrouva le jour officiel de la Libération de Paris. Louis était un homme modeste et déterminé, profondément attaché à la portée du CNR, il n’aimait pas les vantardises, c’est ainsi qu’il répliquait à ceux qui qualifiait des Résistants de « grands » pour les flatter et de « petits » pour d’autres moins. « Il n’existe pas de grands et de petits Résistants, il y a des Résistants tout court, c’est tout ». Nous qui l’avons approché et fréquenté, nous qui avons mené des combats avec lui, nous pouvons le dire : près de lui on se sentait estimé, valorisé car il respectait chacun d’entre nous, quelles que soient les responsabilités de chacun, près de lui on se sentait quelqu’un. C’était un homme grand car près de lui chacun grandissait. Merci à Louis de tous ses engagements, de tous ses combats au service de la France et de sa République.

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ÉDITO LE RÉVEIL RETROUVER NOTRE SOUVERAINETE, POUR RETROUVER NOTRE VIE

SOMMAIRE Actualités Traité international de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada ................ 4 SNCF : « Il faut préparer les cheminots et les usagers à l’ouverture à la concurrence » .. 5 Les services publics de proximité plébiscités par les Français.............................................. 5 Risques accrus de coupures de gaz et d’électricité dès le 1er avril .................................... 6 Pierre Semard : l’engagement singulierd’un cheminot dirigeant syndical et politique..... 7

International Budget/Etats-Unis : Un message au monde ........................................................................... 8 Les Caraïbes en passe de devenir un nouveau bastion de l’État islamique................. 10 Fin mars, un millier de militaires américains seront déployés dans la ville polonaise d’Orzysz… ................................................................................................................................. 10 Lafarge suite… ......................................................................................................................... 11 Kurdes : L'ONU accuse Ankara .............................................................................................. 11 Turquie : Paris l’ami du nouveau Sultan ............................................................................... 12

Histoire L’ARAC a cent ans ..................................................................................................................... 21 Une pétition est lancée pour qu’une place, une rue à Paris porte le nom de Fidel Castro .......................................................................................................................... 22

Vos droits “Les décrets scélérats qui tournent le dos aux anciens combattants” ........................ 24 OPEX, modification des temps de séjour............................................................................ 25

Vie de l’ARAC Louis Cortot, notre camarade, nous a quittés ..................................................................... 2 André Fillère est élevé au grade d’officier de la Légion d’Honneur ............................ 23 Vie des comités ......................................................................................................................... 27 Legs et donation....................................................................................................................... 29

P. 13 . D O S S I E R L’indépendance énergétique de la France de la nationalisation en 1946 à aujourd’hui www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires

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L

e débat politique, le débat d’idées est confisqué dans ces élections présidentielles. Est-ce pour masquer la soumission à la politique européenne ? Pour cacher que la majorité des candidats accepte le diktat que la commission fait subir aux peuples européens ? Il est temps d’écouter nos concitoyens, leurs colères, ceux qui souffrent des inégalités, du mal logement, ceux qui subissent les licenciements, les emplois précaires, le chômage, l’exclusion. Ce n’est pas parce que les médias n’en parlent pas qu’il n’y a pas de luttes. Jamais dans l’histoire du pays il n’y a eu autant d’actions, de grèves, d’occupations*. Ces conflits expriment le rejet de cette société inégalitaire où une poignée vit dans l’opulence quand le peuple vit dans la misère voire dans la rue. En 1789, la Révolution Française dans ses premières décisions attaque le principe de la subsidiarité qui gère la France. C’est-à-dire mettre fin à ce qu’une poignée (la Noblesse et le haut clergé) décide à la place de la majorité (le bas clergé et le tiers état). La révolution Française souveraine installe la souveraineté populaire. Quel lien avec aujourd’hui ? La subsidiarité est la question centrale de l’avenir de notre Nation, de notre souveraineté. Jacques Delors, en 1992, a fait de la perte de la souveraineté française l’axe essentiel pour que la France intègre l’Europe. Il n’a pas été le seul à l’époque malheureusement. Aujourd’hui Donald Tusk, réélu président du Conseil européen, fait de la question de la subsidiarité l’objectif de son nouveau mandat. Les questions de l’Europe et de la souveraineté des peuples sont au cœur des élections présidentielles. Répondre aux attentes, aux besoins des Français passe par rétablir la souveraineté de la France. De la même manière, M. Juncker propose une armée européenne comme gage de paix, elle aura aussi le rôle de maintien de l’ordre dans les pays d’Europe. L’Allemagne se réarme en concentrant ses troupes avec les américains en Pologne à la frontière russe. De quelle paix parle-t-on ? Pour créer des rapports sains entre les peuples, il faut des nations souveraines, de peuples souverains qui décident des constructions communes. A la mise sous tutelle de la France, à la libre concurrence entre les peuples, imposons le débat d’idées, créons un rapport de force qui garantirait l’épanouissement humain et la paix sur notre continent. Certes beaucoup d’obstacles existent pour avancer mais la force de la conviction peut bousculer bien des montagnes. Patrick Staat * (une étude du CNRS voir le Réveil 831).

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Traité international de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada 43 sénatrices et sénateurs s’associent aux 100 députés ayant saisi le Conseil constitutionnel Le mercredi 15 février 2017, Le Parlement européen a ratifié l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, plus connu sous l’acronyme de CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) par 408 voix pour, 254 contre et 33 abstentions.

Eric bocquet senateur lors d’une question oral au senat sur le CETA.

Le CETA étant un « accord mixte », il revient désormais à 38 parlements nationaux et régionaux, compétents en matière commerciale de se prononcer sur le texte, pour qu’il soit définitivement ratifié. Cet accord viendra donc en son temps devant le Parlement français et nous vérifierons alors si les parlementaires le valident. Cependant, quelle que soit l’analyse que les uns et les autres font de ce traité – certains le jugent équilibré et positif, d’autres qu’il est l’aboutissement d’une logique de libre-échange dépassée – nous considérons qu’il est nécessaire de recueillir l’avis du conseil constitutionnel. En effet, de multiples questions se posent quant à sa compatibilité avec la Constitution de la cinquième République et il est décisif de savoir en amont si la ratification du CETA nécessitera ou non une révision constitutionnelle. Les interrogations principales portent sur les six sujets suivants : ✔ les stipulations du Traité affectant l’élaboration des normes nationales portent-elles atteinte aux conditions essentielles d’exercice de la souveraineté nationale ? 4-

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✔ les stipulations du Traité conférant à des tiers à l’ordre juridique français et européen le pouvoir de définir des obligations pesant sur l’État français et d’influer sur les normes nationales portent-elles atteinte aux conditions essentielles d’exercice de la souveraineté nationale et aux conditions d’exercice de compétences qui ont été attribuées par les États membres à l’Union européenne en contradiction avec les dispositions du titre XV de la Constitution ? ✔ la procédure de règlement des différends relatifs aux investissements entre investisseurs et États porte-telle atteinte à plusieurs principes constitutionnels ? ✔ le Traité porte-t-il atteinte au principe d’information des citoyens et au principe d’intelligibilité et d’accessibilité de la loi ? ✔ le Traité porte-t-il atteinte du principe de précaution ?

✔ enfin, l’application provisoire du Traité porte-t-elle également atteinte à la Constitution ? Le mercredi 22 février 2017, 106 députés ont donc formellement saisi le conseil constitutionnel pour lui demander de répondre à ces interrogations majeures. Aujourd’hui, mercredi 8 mars 2017, nous sommes 43 sénatrices et sénateurs, venant de différents groupes politiques, à annoncer que nous souhaitons solennellement nous associer à cette démarche. Nous espérons une réponse rapide du conseil constitutionnel sur cette question, afin que les intérêts du peuple français soient pleinement respectés et que le nécessaire débat public et parlementaire se déroule enfin dans une parfaite transparence. Michel Billout (Sénateur de Seine-et-Marne)

Auchan : 600 emplois menacés Lors du comité central d’entreprise du 2 mars 2017, le groupe Auchan a présenté la situation de l’entreprise et la nouvelle organisation de l’enseigne. Ce sont en fait 600 emplois qui sont menacés ! Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) va être mis en place, comme pour mieux licencier, avertit la CGT Commerce et service. Pourtant, l’enseigne Auchan a engrangé des aides publiques considérables : 14 millions d’euros grâce à la loi Fillon, 67 millions d’euros hérités du CICE, et 65 millions en 2015.

Une fois de plus les entreprises profitent de l’argent public non pas pour investir dans l’outil de travail et les embauches, mais au contraire pour détruire des emplois et faire baisser le prix du travail afin d’augmenter la rentabilité des capitaux et des profits. Auchan veut arborer une image nouvelle de marque unique mais ce sont encore les salariés qui paient la note.


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

SNCF : « Il faut préparer les cheminots et les usagers à l’ouverture à la concurrence » Solidité et dynamisme… grande réactivité commerciale et maîtrise de ses charges… chiffre d’affaires, de 32,3 milliards d’euros, réalisé pour un tiers à l’international,… croissance de 2,8 % par rapport à 2015… bénéfice de 567 millions d’euros… Qui suis-je… ? Eh bien non, je ne suis pas une banque ni une multinationale, je suis le groupe SNCF !

C’est bien ainsi que le « TEMPS RÉEL » du 27 février 2017 entend mettre en évidence les résultats annuels 2016, avec l’acquisition de filiales à l’étranger, telle OHL aux États-Unis pour aller « chercher la croissance là où elle se trouve ». Au revoir usagers, cheminots, EPIC, Groupe Public Ferroviaire qui ne font plus partie des éléments de langage… bienvenue #TGVPOP, Ouibus, Ouicar, et Geodis America ! Cependant, dans la vraie vie, et selon une enquête récente de « UFC Que Choisir », seuls 58 % des voyageurs se déclarent satisfaits des services de la SNCF. Ils étaient 70 % lors de la pre-

mière enquête de satisfaction en 2006 ! Si sécurité et ponctualité sont pourtant les deux références historiques de la SNCF, les retards et les suppressions de trains sont monnaie courante. Pourtant, la seule réponse de la direction est la gestion de l’entreprise par les marges bénéficiaires et le taux de rentabilité, avec comme argument « il faut préparer les cheminot-e-s et les usagers à l’ouverture à la concurrence ». La direction franchit une nouvelle étape, puisque c’est maintenant l’abaissement du niveau de sécurité que les dirigeants banalisent, toujours au nom de la réduction des coûts. Dégradation de la qualité de service, des conditions de travail, abaissement du niveau de sécurité sont la conséquence des suppressions d’emplois. 1721 en 2016 qui viennent s’ajouter aux 25 000 emplois supprimés depuis 2007 conduisant à une hausse de 36 % de la productivité sur la même période. En outre, la direction envisage de supprimer 24. 000 emplois supplémentaires d’ici 2023. La casse de l’emploi, des compétences

et du service public ferroviaire se traduisent également par l’usage abusif de toutes les formes d’emplois précaires et sous-qualifiés (intérim, CDD, stagiaires, alternants,…), la recrudescence du recours à une sous-traitance dont la qualité des réalisations peut laisser interrogatif, la polyvalence professionnelle, y compris sur des missions de sécurité. Pour pallier le désengagement de l’État sur les infrastructures de transport ferré et pour financer les intérêts d’une dette abyssale, la direction est prête à tout. Cette dette maintient une pression insoutenable sur le système ferroviaire du fait des taux d’intérêt versés aux banques privées : 1,7 Mds d’euros par an : 3 240 € par minute ! « Une maîtrise exemplaire des charges » en effet ! Pendant ce temps et à titre d’exemple, les premiers dirigeants de l’EPIC SNCF Mobilités voient leur rémunération exploser (400 000 euros annuels en moyenne, soit 40 000 euros d’augmentation en 2016). Malgré cela, les cheminots devraient subir une troisième année de gel des salaires imposée par la Direction SNCF.

Les services publics de proximité plébiscités par les Français Dans une étude publiée le 15 mars, la Mutuelle Nationale Territoriale (MNT) et la Société d’assurance mutuelle des collectivités locales (SMACL) se sont intéressés au regard porté par les Français sur les services publics de proximité.

Contrairement aux idées reçues, pas moins de 69 % des Français sont attachés à leurs services publics de proximité. En pleine campagne présidentielle, la Mutuelle Nationale Territoriale (MNT) et la Société d’assurance mutuelle des collectivités locales (SMACL) se sont penchées, avec l’Ifop, sur le regard porté par 4 000 Français résidant dans huit

régions de l’hexagone sur ces institutions. Selon l’enquête d’opinion « Utile aujourd’hui, utile demain », publiée le mercredi 15 mars, sous le patronage du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale, 73 % des sondés confient avoir connaissance des services auxquels ils peuvent accéder et 58 % y recourent même régulièrement. LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017

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LE RÉVEIL ACTUALITÉS

1 offre d’emploi sur 2 est illégale sur pole-emploi.fr !

50,3 % des offres mises à disposition des demandeurs d’emploi sont illégales. Sur les 1 298 offres répertoriées le 17 février 2017, 653 sont identifiées comme illégales. De l’offre qui propose un commerce pour 880 000 euros à celle qui propose un CDI se révélant en fait n’être qu’un

CDD de quelques jours, en passant par le coup de pub de l’agence d’emploi, il y a pléthore d’exemples tout aussi révoltants les uns que les autres. Le comble, c’est que ces offres sont considérées comme des offres « raisonnables » et qu’elles peuvent servir à radier les privés d’emploi. Les demandeurs d’emploi, souvent décrits comme des fraudeurs, ne sont pas prêts de s’en sortir avec des offres d’emploi qui n’en sont pas. Sachant qu’un demandeur d’emploi sur deux n’est pas indemnisé. Certains candidats à l’élection présidentielle et le Medef feraient mieux de

regarder la légalité des offres avant de vouloir accentuer le contrôle et les radiations des demandeurs d’emploi ! La Direction Générale de Pôle emploi est largement au courant de cette situation ainsi que la Ministre du travail, déjà interpellée lors des questions au gouvernement. En plus de la stigmatisation dont ils sont victimes, les demandeurs d’emploi subissent la double peine du chômage et des offres « bidons » qui s’ajoutent à la fermeture des agences de Pôle emploi l’après-midi et à la dématérialisation à outrance, mettant à mal le service public.

Risques accrus de coupures Air France de gaz et d’électricité dès le 1er avril Avec la fin de la trêve hivernale, les coupures d’électricité et de gaz pour impayés vont reprendre dès le 1er avril. En 2016, plus de 600 000 interventions ont été effectuées. Après un hiver rigoureux, la situation pourrait s’aggraver encore cette année. La fin de la trêve hivernale marque la reprise des expulsions locatives, mais aussi des coupures d’électricité et de gaz en cas d’impayés. Depuis la loi dites Brottes de 2013, les fournisseurs ne peuvent pas faire procéder à l’interruption de fourniture d’énergie de leurs clients entre le 1er novembre et le 31 mars. Dans le cas de l’électricité, ils peuvent cependant faire procéder à des réductions de puissance, sauf pour les bénéficiaires du tarif social ou du chèque énergie. Après un hiver particulièrement rigoureux, le risque est d’autant plus grand de voir s’accroître le nombre de coupures des fournisseurs d’énergie dès le 1er avril. 6-

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En 2016, 604 000 interventions pour impayés avaient été effectuées, un chiffre en hausse de 5 % par rapport à l’année précédente. La précarité énergétique touche plus de 12 millions de Français d’après le dernier rapport de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), soit 500 000 de plus qu’il y a deux ans lors de sa précédente étude. Cette précarité concerne les personnes qui consacrent plus de 10 % de leurs revenus au paiement de leurs factures d’énergie. « Une augmentation de 10 % du prix de l’énergie peut faire basculer environ 500 000 ménages en situation de précarité », assurait récemment Bruno Lechevin, le président de l’ONPE.

Les salariés de nombreux secteurs d’Air France sont scandalisés : en effet, les 14 hauts dirigeants de l’entreprise se sont partagé 5 millions d’euros pour l’année 2016, soit la modique somme de 357 143 euros pour chacun d’entre eux. Face à cette indignation, la direction a publié un flash actu le 24 février pour nier cette augmentation. Les chiffres officiels des « comptes annuels au 31 décembre 2016 » indiquent pourtant que « la rémunération du Comité exécutif à la charge d’Air France s’élève à 5 millions d’euros pour l’exercice clos le 31 décembre 2016 contre 3 millions d’euros pour l’exercice clos le 31 décembre 2015 »... Au vu des efforts réalisés par les salariés de l’entreprise depuis le premier plan de départs volontaires (salaires bloqués, congés amputés, nouvelle grille d’emplois...), le résultat net 2016 – 445 millions d’euros – devrait être partagé de manière équitable entre tous les salariés, et pas seulement profiter aux seuls membres du Comité exécutif (quand bien même l’augmentation serait de « seulement 17,6 % » comme le prétend la direction).


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Pierre Semard : l’engagement singulier d’un cheminot dirigeant syndical et politique

Nous avons rendu hommage le 7 mars dernier en gare de Nantes à Pierre Semard, syndicaliste, secrétaire général de la fédération Cgt des cheminots. Fusillé par les Nazis le 7 mars 1942. Son nom rappelle plus de 30 années entières qu’il a consacrées à la défense des intérêts de la classe ouvrière. A l’aune des attaques perpétrées contre

les Services Publics par des dirigeants politiques et les directives de l’Union Européenne, la vision, l’action de Pierre Semard sont d’une cruelle actualité. Qu’il s’agisse des questions de l’activité syndicale et politique de Pierre Semard de la création de la SNCF, de la participation de celui-ci à son Conseil d’Administration au rôle qu’il y tint. Ces multiples facettes de son parcours de militant et de dirigeant nous renvoient immanquablement à la situation de l’entreprise aujourd’hui, aux périls politiques de notre période. La SNCF est en effet plus que jamais en proie à de profondes mutations qui l’entraînent de plus en plus sur les voies du libéralisme économique. Désengagement financier de l’Etat, réor-

ganisations menées à marche forcée, concurrence privée, le tout rythmé par des pratiques managériales qui empruntent de plus en plus au privé sont autant de maux qui nuisent aujourd’hui au bien commun, aux conditions de travail et à la qualité de service. « J’attends la mort avec calme. Je démontrerai à mes bourreaux que les communistes savent mourir en patriotes et en révolutionnaires. » Ces derniers mots de P. Sémard résonnent d’autant plus fort à l’heure où les forces du capital et de la réaction sont à l’offensive, à l’aube d’échéances électorales cruciales. Continuons donc fermement à faire vivre l’esprit de résistance par la mémoire et les actes. Robin Salecroix

SEITA à Riom et Fleury : le plan social engagé, les salariés mobilisés Le troisième projet du Groupe britannique, Imperial Brands (ex Imperial Tobacco) de réorganisation de la SEITA depuis sa filialisation en 2008 a été présenté le 7 mars aux membres du Comité Central d’Entreprise. En 2014, le Groupe devait « sauvegarder sa compétitivité et enrayer la dégradation de ses indicateurs économiques ». Le Groupe Imperial Brands est le 4e groupe mondial du tabac. Son bénéfice net atteint à la fin d’exercice fiscal 2016 un niveau record à 2,4 Milliards de £ (+ 18 %). Le chiffre d’affaires net tabac pour le Groupe « a augmenté de 9,7 % » et le résultat opérationnel ajusté de l’activité tabac « a progressé de 10,4 % à 3,36 Milliards de £ ». Pour les actionnaires, c’est + 10% du dividende par action pour la 5e année consécutive, avec + 200 % de la valeur d’action sur cette même période. En France, la SEITA est n° 2 sur le mar-

ché des cigarettes et n° 3 sur le marché tabac à rouler et à tuber. Le résultat net de SEITA cumulé sur la période 2008 à 2016 est de 4,6 Milliards €. Le cumul des dividendes versés par SEITA au Groupe britannique sur la même période (2008 à 2016) est de 3,5 Milliards € auxquels il faut ajouter la contribution de SEITA au rachat d’actifs américains pour 1,4 milliards €. Sur la même période (2008 à 2016), le montant des investissements en France n’a été que de 97,2 Millions €. Concernant l’emploi, avant sa filialisation, l’effectif de la SEITA était de 1 988 salariés. Avec le nouveau projet de réorganisation l’effectif cible sera de 431 salariés soit une baisse de 1 557 salariés donc en moyenne 156 salariés de moins par an. Et pourtant SEITA a obtenu un Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi (CICE) cumulé (2014, 2015, 2016) de 2,1 millions €.

Le 8 novembre 2016, Madame Alison COOPER, Présidente Générale du Groupe, a annoncé aux 35 000 collaborateurs que : « Cette année a été difficile et ambitieuse, mais une fois de plus, nous arrivons à fournir des résultats en ligne avec les attentes de nos partenaires externes ». « Du point de vue de nos coûts et de notre trésorerie, nous n’avons cessé de réduire notre endettement pour délivrer davantage de liquidités et faire croître nos dividendes ». Pourquoi ce troisième projet de réorganisation qui aura comme impact net la suppression de 339 postes et la modification de 19 contrats de travail ? LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Budget/Etats-Unis

Un message au monde Le budget présenté par le président américain fait la part belle aux dépenses militaires, au repli sécuritaire et aux mépris des plus pauvres.

Donald Trump a présenté jeudi 16 mars, les grandes lignes de son premier budget. Le document intitulé « Amé-

rica First, l’Amérique d’abord » taille drastiquement dans l’aide aux plus pauvres, la santé, l’environnement, la culture, la diplomatie, au profit d’une hausse spectaculaire des dépenses militaires. Plus qu’un programme économique ce budget décline une vision du monde et de la place qu’entend faire jouer Trump à son pays. Pour le quotidien « Libération » « le milliardaire président ne saurait être plus claire dans sa volonté de fermeture, de dureté et d’exclusion.(…) Le vote Trump a été présenté comme une revanche du peuple contre les élites. C’est surtout

une revanche des élites du fric sur le peuple qu’on manipule en le jetant contre l’étranger bouc-émissaire ». La hausse de 54 milliards de dollars prévue pour la défense (près de 10 %) et les dépenses allouées à la sécurisation de la frontière avec le Mexique s’accompagneront d’une baisse marquée des ressources de la plupart des autres ministères et agences fédérales. Le budget prévoit une baisse de 28 % des ressources du département d’Etat, (Affaires Etrangères) en charge de la diplomatie de la première puissance mondiale. La Maison Blanche assure

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INTERNATIONAL LE RÉVEIL que la réduction portera essentiellement sur l’aide internationale et que « les fonctions diplomatiques essentielles » du département d’Etat, qui compte quelque 70 000 employés et 250 ambassades et consulats, ne seront pas remises en cause. Doit-on l’interpréter ce budget comme un retour à la politique de la canonnière ? En tous les cas pour le locataire de la Maison-Blanche le message est on ne peut plus clair « En ces temps dangereux, ce budget de sécurité nationale est un message au monde, un message sur la force et la détermination de l’Amérique », indique Donald Trump en introduction de ce document d’un peu plus de 50 pages. Or, avec 3,3 % du produit intérieur brut (PIB), soit près de 600 milliards de dollars, les dépenses militaires américaines sont déjà à ce jour et de loin, les plus importantes du monde. Elles sont près de trois fois supérieures à celles de la Chine, deuxième puissance militaire mondiale. Dans le même temps, la contribution de Washington aux Nations unies « serait réduite » et les Etats-Unis ne contribueraient pas à « plus de 25 % des coûts des opérations de maintien de la paix ». Les contributions aux banques de développement, dont la Banque mondiale, seraient diminuées de 650 millions de dollars sur trois ans.

Le mur de l’argent Le budget présenté par Trump prévoit également une réduction spectaculaire de 31 % des fonds alloués à l’Agence de protection de l’environnement (EPA), en pointe dans la lutte contre le changement climatique. Le magnat

de l’immobilier propose d’amputer le budget de cette agence de 2,6 milliards de dollars, en particulier en supprimant quelque 3 200 postes, soit environ un cinquième du total. Il suggère par ailleurs de mettre fin à la participation américaine au Fonds vert de l’ONU pour le climat (Green Climate Fund). Depuis son arrivée au pouvoir le 20 janvier, Donald Trump, qui a par le passé mis en doute la réalité du changement climatique, martèle sa volonté de supprimer nombre de réglementations fédérales sur l’environnement qu’il juge inutiles, affirmant « qu’elles sont un obstacle aux créations d’emplois. » Le document budgétaire, objet d’intenses spéculations depuis plusieurs semaines, mentionne aussi les premiers chiffres pour la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique « pour freiner l’afflux de clandestins », promesse de campagne emblématique de Donald Trump. Une somme de 2,6 milliards de dollars est prévue au le budget 2018. Ce colossal édifice qui devrait mesurer quelque neuf mètres de haut et s’étendre sur des milliers de kilomètres pourrait, selon les estimations, coûter entre huit et 40 milliards de dollars. Le budget des centres nationaux de santé (National Institutes of Health, NIH), la plus grosse institution gou-

vernementale en charge de la recherche médicale, subirait une baisse de 5,8 milliards de dollars. Le financement de nombre de programmes fédéraux, tels que le Fonds national pour les arts (National Endowment for the Arts), serait purement et simplement supprimé. La publication des orientations budgétaires de Trump ne marque cependant que le début d’une longue bataille avec le Congrès car c’est lui, et non la Maison Blanche, qui tient les cordons de la bourse. Or si les deux chambres sont contrôlées par les républicains, la majorité et le président ne sont pas, loin s’en faut, à l’unisson. Plusieurs poids lourds républicains du Congrès ont déjà pris leur distance avec certaines propositions. « L’aide étrangère n’est pas de la charité », a ainsi souligné le sénateur Marco Rubio, estimant qu’elle était cruciale pour la sécurité nationale. L’élu démocrate du Kentucky John Yarmuth a dénoncé un budget bâti sur « des coupes drastiques dans nombre de programmes qui protègent les Américains, que ce soit sur l’environnement ou la santé ». Il faudra également compter sur la rue de plus en plus mobilisée. Pour les anti-Trump « ce budget nourrit un peu plus le désir de résistance » Jean-Pierre Delahaye. LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Les Caraïbes en passe de devenir un nouveau bastion de l’État islamique... Les menaces brandies par Daesh ne se limitent pas à la région du MoyenOrient, car ce groupe terroriste a transformé les îles des Caraïbes en ses nouveaux bastions. L'inquiétude des responsables de Trinité-et-Tobago a fait récemment écho dans la presse américaine. Le quotidien américain The New York Times a publié ces derniers jours plusieurs articles sur cet

État insulaire situé à onze kilomètres du Venezuela. Selon le ministre de la Sécurité nationale de Trinité-et-Tobago, plus de 125 ressortissants de ce pays ont rejoint ces dernières années les rangs de Daesh en Irak et en Syrie, alors que la population de Trinité-et-Tobago ne dépasse pas les 1 300 000 âmes. Le journal américain indique que les responsables améri-

cains s'inquiètent de l'apparition d'un bastion approprié pour propager le terrorisme aux portes des États-Unis avant d'écrire : « Ils s'inquiètent que les éléments de Daesh de retour du Moyen-Orient à Trinité-et-Tobago, puissent attaquer la délégation américaine et les installations pétrolières, et atteignent les côtes de Floride ». (Press TV, le 01-03-2017)

En mer Noire début Fin mars, un millier des manœuvres navales de militaires américains déployés dans la ville polonaise de l’OTAN Bouclier maritime 2017… seront d’Orzysz… Huit pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), à savoir la Roumanie, la Bulgarie, la Grèce, la Turquie, les Etats-Unis, le Canada, l’Espagne et l’Ukraine, vont participer aux manœuvres maritimes baptisées Bouclier maritime 2017 qui vont débuter aujourd’hui, mercredi 1er février 2017, en mer Noire et qui dureront une dizaine de jours. L’OTAN devrait adopter des mesures systématiques censées faire face à toute menace fictive. Il s’agit des premiers exercices militaires de l’OTAN en 2017.

Fin mars, un contingent d’un millier de soldats américains sera envoyé en Pologne, a rapporté Fars News. La base américaine de Wiesbaden en Allemagne a annoncé que cette décision avait été prise dans le cadre de la mission transatlantique, a-t-on appris de la Deustsch Presse-Agentur. Ces militaires font partie des 4 000 militaires américains qui seront déployés dans la ville polonaise d’Orzysz, situé à 137 km de la ville russe de Kaliningrad où est déployée une grande quantité d’équipements militaires.

(Press TV, le 01-02-2017).

(Press TV, le 20.02.2017).

Selon Rodrigo Duterte l’armée américaine aurait entrepris la construction de dépôts de munitions aux Philippines… Le président philippin Rodrigo Duterte a accusé les EtatsUnis de construire des dépôts aux Philippines pour stocker des munitions, avertissant qu’il annulerait un accord bilatéral si Washington était réellement en train de construire des structures permanentes sur le sol philippin. « Voici mon inquiétude. Ils (les Américains) sont en train de construire des dépôts, ils déchargent actuellement des armes aux Philip10 - LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017

pines, à Palawan, à Cagayan de Oro et à Pampanga » a déclaré le président lors d’une conférence de presse tenue après minuit dimanche au palais présidentiel. « Je préviens les forces armées américaines : ne faites pas ça. Je ne le permettrai pas » a-t-il indiqué, citant une disposition de l’accord sur les forces « visitantes » signé par les deux pays, selon laquelle aucune installation permanente ne doit être construite sur le territoire philippin. M. Duterte a souligné que la construction d’un dépôt et le stockage de munitions dans son pays était un danger pour les Phi-

lippines et son peuple. Cependant, il a affirmé que les troupes américaines pouvaient encore mener des exercices militaires conjoints avec les forces armées philippines. Le secrétaire philippin à la Défense, Delfin Lorenzana, a fait savoir la semaine dernière que l’armée américaine devrait commencer à construire des installations dans les camps militaires aux Philippines cette année. Selon lui, ce projet fait partie de l’accord de coopération de défense renforcée signé en 2014 entre Manille et Washington. (Radio Chine internationale, le 30.01.2017).


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Lafarge suite… Le cimentier français admet des « arrangements inacceptables avec des groupes armés » pour sécuriser son usine en Syrie Le groupe cimentier est visé par une enquête préliminaire ouverte en octobre, à la suite de plaintes d'ONG et de Bercy. Selon « Le Monde », qui avait révélé l'affaire, ces arrangements ont profité à l'organisation Etat islamique. (Voir notre précédent numéro) Le géant suisse des matériaux de construction LafargeHolcim fait amende honorable. Il a admis, jeudi 2 mars, avoir conclu des arrangements « inacceptables » pour assurer la sécurité d'une cimenterie en Syrie, déchirée par la guerre, en 2013 et 2014. Le groupe reconnaît que la filiale locale, qui appartenait alors au français Lafarge, « a remis des fonds à des tierces parties afin de trouver des ar-

rangements avec un certain nombre de ces groupes armés, dont des tiers visés par des sanctions », sans pouvoir établir les destinataires finaux. Selon Le Monde, qui avait révélé l'affaire, ces arrangements ont profité à l'organisation Etat islamique. Situé dans le nord du pays, cette cimenterie est un investissement phare du groupe dans la région. Lafarge, qui a depuis fusionné avec le Suisse Holcim, l'a rachetée en 2007 et l'a mise en fonctionnement en 2011, avec une capacité de production de 2,6 millions de tonnes de ciment par an. Elle a tourné ainsi pendant trois ans, puisque le groupe français n'a quitté la Syrie qu'en septembre 2014, après le début de la guerre civile et

l'émergence dans le pays du groupe EI. Le géant français du ciment fait l'objet d'une enquête à Paris sur ces activités, alors qu'une série d'interdictions avaient été édictées par l'Union européenne, notamment l'interdiction de toute relation avec « les organisations terroristes présentes en Syrie ». Il est visé par une plainte de Bercy et de plusieurs ONG.

Kurdes

L'ONU accuse Ankara Dans un rapport récent les Nations-Unies accusent l’armée d’Erdogan de « graves violations » des droits de l'homme dans les régions kurdes Manifestation kurdes contre Erdogan

Les forces de sécurité turques auraient commis de nombreuses exactions au cours de leur lutte contre les rebelles kurdes depuis la fin du cessez-le-feu à l'été 2015, selon l'ONU qui estime entre 355 000 et 500 000 le nombre de personnes déplacées. Dans son rapport le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme détaille les « allégations de destruction massive, de meurtres et de nombreuses autres violations graves des droits de l'homme commises entre juillet 2015 et décembre 2016 dans le sud-est de la Turquie, au cours des opérations de sécurité gouvernementales ». D'après l'ONU, les opérations menées par les forces turques entre juillet 2015 et fin 2016 ont touché plus de 30 localités,

dont certains quartiers ont été rasés. Entre 335 000 et 500 000 personnes auraient été déplacées, en majorité des Kurdes. N'ayant pas été autorisé à se rendre sur place par la Turquie, le Haut-Commissariat a établi son rapport sur la base d'images satellite de l'ONU, d'interviews de victimes, de témoins ou de leurs familles et d'informations d'organisations non gouvernementales. Quelque 2 000 personnes, dont 800 membres des forces de sécurité et 1 200 habitants de la région, « auraient été tuées dans le cadre des opérations de sécurité dans le sud-est de la Turquie », rapporte l'ONU. Parmi les 1 200 civils tués, « un nombre indéterminé [...] pourrait avoir été impliqué dans des actions non violentes contre l'Etat », précise le rapport. L'ONU documente aussi un « usage excessif de

la force, des assassinats, des disparitions forcées, des actes de torture ». Le sud-est à majorité kurde de la Turquie est le théâtre de combats quotidiens avec les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui revendiquent l'indépendance de cette région peuplée principalement par des Kurdes, et les forces de sécurité turques. Les affrontements ont lieu depuis la rupture, à l'été 2015, du fragile cessez-le-feu ayant interrompu un conflit qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984. De nombreuses ONG de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé les violences contre les populations kurdes. Ces faits sont connus de tous. Les silences de l’Union Européenne et de l’Elysée sont étouffants. JPD LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017 - 11


LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Turquie

Paris l’ami du nouveau Sultan Les électeurs turcs seront appelés à se prononcer par référendum le 16 avril sur la modification de la Constitution visant à remplacer le système parlementaire actuel par un régime présidentiel Erdogan pas sûr de gagner multiplie les provocations. Le projet, s'il est adopté, marquera l'une des évolutions les plus marquantes des institutions turques depuis la fondation de la République sur les cendres de l'Empire ottoman il y a près d'un siècle. Le texte, prévoit entre autres d'autoriser le président de la République à prendre des décrets, déclarer l'état d'urgence, nommer les ministres et les plus hauts responsables de l'Etat, dissoudre le Parlement et annihilé toutes compétences. Cette évolution parachèvera et habillera juridiquement la dérive néo-fasciste d’Erdogan. Elle accentuera les dérives du régime turc vers le modèle dictatoriale. Rappelons que dans ce pays depuis plusieurs mois, sous couvert, de « putsch avorté du 15 juillet dernier », des milliers de personnes ont été arrêtées. Aujourd’hui, tout le monde est suspect. Fonctionnaires, militaires, juges, journalistes et écrivains, élus de l’opposition, citoyen membre ou non d’une association, mais qui veut s’exprimer, nul n’est à l’abri d’une interdiction de travailler, d’une arrestation, d’un embastillement arbitraire… Toutes ses mesures s’accompagnant d’un retour insidieux au rigorisme religieux. L’enjeu de cette consultation électorale est donc primordial pour Erdogan car en cas de victoire elle lui assurerait quasiment les pleins pouvoirs et la longévité puisque le texte prévoit qu’il pourrait se maintenir au pouvoir jusqu’en 2029. Un tout puissant nouveau Sultan régnerait sans partage sur la « Turquie Eternelle » aux portes de l’Europe si prompte à donner des leçons en matière de démocratie.

Vers un régime dictatorial ? Les partisans de la réforme y voient un gage de stabilité dans une période de fortes turbulences, « la sécurité du pays étant menacée par la guerre en Syrie et en Irak ainsi que par les attentats ré12 - LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017

pétés revendiqués par l'organisation Etat islamique (EI) et des organisations armées kurdes ». Pour Erdogan, rejeter la réforme « reviendrait à renforcer les ennemis de la Turquie, notamment le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) » qui combat Ankara depuis plus de 30 ans. Mais la partie n’est pas gagnée pour le tout puissant maître d’Ankara. Au sein même de son propre parti, l’AKP, certaines hautes personnalités refusent d’appeler à voter oui. Il lui faut donc convaincre plus largement et pour cela s’appuyer sur les millions de ressortissants turcs qui vivent en Europe (3 millions rien qu’en Allemagne dont 1,4 million en situation de voter au référendum). On comprend mieux l’acharnement à vouloir tenir meetings dans différentes capitales de l’UE, contre l’avis des autorités comme en Allemagne et aux Pays Bas, pour rassembler la diaspora sous son étendard. Quitte à provoquer l’hystérie. Pour le quotidien le « Monde », « En surréagissant de

façon délibérée aux difficultés rencontrées ces derniers jours par ses ministres envoyés faire campagne en Allemagne, aux Pays Bas ou ailleurs en Europe, le président turc sait ce qu’il fait. Il joue la victimisation chez lui, il titille le réflexe de fierté nationale à l’encontre des Européens, arrogants et “islamophobes”, afin de rallier le maximum d’électeurs. Il veut aussi déclencher une réaction d’hostilité européenne à la Turquie. » En tous les cas, il n’y aura guère que la France (comme toujours ?) pour accepter et autoriser un ministre turc en campagne électorale à Metz. Une initiative de la diplomatie française justifiée par la « liberté de réunion » mais bien dans la tradition de coopération entre les deux capitales qui visent particulièrement les démocrates turcs et kurdes. Décidément Erdogan sait qu’il peut compter sur le soutien indéfectible de la patrie des droits de l’Homme et des libertés pour asseoir son pouvoir dictatorial. JPDelahaye


LE CAHIER MÉMOIRE N° 832 MARS 2017

L’indépendance énergétique de la France de la nationalisation en 1946 à aujourd’hui La question des nationalisations va se poser avec force pendant la Résistance et à la Libération. La France se trouve face à une double exigence : reconstruire et moderniser. Dès 1944, la CGT fait appel à l’effort et au civisme des travailleurs « Gagner la bataille de la production est aussi important que d’avoir gagné la bataille de la Libération » (Benoît Frachon). Le 25 janvier 1945, Maurice Thorez s’adresse aux mineurs pour appeler à la « bataille du charbon » permettant d’améliorer les échanges et le ravitail-

lement et de satisfaire les revendications des ouvriers et des paysans. Le programme du CNR avait prévu « le retour à la Nation des grands moyens de production, fruit du travail commun… » Une exigence que le général de Gaulle donnera dans son discours à l’Assemblée constituante du 2 mars 1945 : « Si nous n’imaginons pas l’économie française de demain sans un « secteur libre » aussi étendu que possible, nous déclarons que l’Etat doit tenir les leviers de commande. Oui, nous affirmons que c’est le rôle de l’Etat d’assurer lui-même la mise en valeur des grandes sources de l’énergie : charbon, électricité, pétrole, ainsi que les principaux moyens de transport… et de moyens de communication et de transmission… C’est lui qui doit disposer du crédit de manière à pouvoir diriger l’épargne nationale… »

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11

Les nationalisations après la Libération Le 26 mars 1945, le CNR, en séance plénière, se prononce pour « un service national de l’électricité et du gaz ». A l’unanimité, l’Assemblée consultative adopte le 12 juin 1945 une proposition de résolution de Jacques Duclos « tendant à demander au gouvernement la nationalisation des grandes entreprises et sociétés de banques, d’assurances, d’électricité, de sidérurgie, de l’industrie et de la marine marchande. »


LE RÉVEIL DOSSIER

Les débats sur la nationalisation des entreprises électriques et gazières

Marcel Paul.

Les débats sur la nationalisation des entreprises électriques et gazières commencent le 3 août 1945 : Proposition du CNR, présentée par Pierre Le Brun dirigeant confédéral de la CGT, qui « tend à inviter le gouvernement à procéder à la mobilisation et préparer le retour à la collectivité de la production, du transport et de la distribution de l’électricité et du gaz ». N’oublions pas le rôle de Ramadier, de Jean-Marie Louvel et du ministre de la Production industrielle Robert Lacoste, qui en 1945 tentaient de contrecarrer la nationalisation proposée par le programme du CNR, en essayant

de placer un contre-projet, clamant « un secteur libre le plus large possible » qui laissait de côté la nationalisation des centrales hydrauliques, de l’électrochimie et de l’électrométallurgie (représentant 1/3 de la production nationale), la Distribution de l’électricité (le secteur le plus riche) et l’ensemble des industries gazières. Nommé le 21 novembre 1945 ministre de la Production industrielle dans le gouvernement dirigé par Charles de Gaulle, Marcel Paul, résistant déporté, rescapé de Buchenwald, ancien dirigeant de la CGT, est convaincu que la nationalisation est nécessaire. Son projet va se traduire par un volet économique avec la loi de nationalisation et un volet social, un statut précurseur aux travailleurs. Marcel Paul arrive au ministère le 23 novembre 1945. La bataille pour la nationalisation entre alors dans sa phase décisive qui a commencé dès octobre 1944 sur la charte du Conseil national de la Résistance (CNR) du 15 mars 1944 : Le CNR

souhaite « le retour à la Nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des grandes banques ». Le décret du 3 janvier 1946 crée le Conseil du plan de modernisation et d’équipement qui fixe les grandes options du Commissariat général au plan orientées vers six secteurs de base : électricité, charbon, acier, ciment, transports ferroviaires et matériel agricole. Des nationalisations-sanctions (sans indemnités) pour fait de collaboration frappent Renault et Gnome et Rhône qui devient la SNECMA. Les houillères du Nord-Pas-de-Calais sont nationalisées. Marcel Paul, ministre communiste de la Production industrielle, nationalise égalementaprès une rude bataille contre les milieux d’affaires, et grâce à l’action des syndicats CGT, les 1 730 entreprises de production, de transport et de distribution devenues par la loi 8 avril 1946 EDF-GDF.

De Gaulle démissionne le 20 janvier 1946 Le mercredi 27 mars 1946, Marcel Paul monte à la tribune. Il rappelle d’abord que le texte est le résultat de très longues discussions et d’un compromis intervenu entre le gouvernement et les représentants des trois grands partis appartenant à la commission de l’équipement. Il rappelle qu’il a créé « le pool de l’énergie électrique », pour mettre en commun toutes les ressources énergétiques. Il poursuit : « Concernant la concurrence des entreprises d’électrochimie, les entreprises électrométallurgiques, les chemins de fer et notre mécanisme national d’électricité pour l’équipement de nos chutes d’eau ? Dans 14 - LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017

ce cas, les errements du passé persisteront certainement. Nous assisterions encore à l’écrémage des meilleures chutes d’eau, à l’utilisation des meilleurs barrages, c’est-à-dire de ceux qui fournissent l’énergie la moins coûteuse. » « Il faut avoir une vue d’ensemble de ces problèmes. (...) L’électricité, c’est l’armée de la reprise économique. » « Il ne s’agit pas seulement, d’ailleurs, d’un problème économique, pourtant combien crucial, mais au fond, comme on l’a dit, de l’indépendance de la France. Équilibrer nos exportations et nos importations, (...) c’est travailler à garantir la liberté de la France.

Il faut lever, sur notre pays, l’hypothèque du charbon étranger. » Le ministre Marcel Paul conclut : « Il faut voter la nationalisation de l’électricité et du gaz : 1) Parce que c’est le programme de tous ceux qui ont lutté pour la libération du pays, c’est le programme du CNR. 2) Parce que tous, ou presque tous, nous l’avons promise au pays, qui nous a donné mandat de procéder à cette réforme. »


DOSSIER LE RÉVEIL Le 18 mars 1946, le projet est enfin déposé. Finalement, le projet est voté le 28 mars, avec une large majorité (490 voix contre 60). Au 8 avril 1946, (il y a 200 sociétés de production, et il y avait 93 sociétés de transport selon Pierre Blancher, ingénieur EDF, chef d’usine de La Bâthie), avec l’enjeu à la fois de permettre à tous les habitants de disposer de l’électricité et d’avoir un tarif qui soit le même pour tout le monde. La création d’EDF indique une centralisation de la gestion des installations de production, de transport et de la répartition de l’énergie électrique, activités assurées jusque-là par des sociétés différentes. Elle s’accompagne par conséquent d’un transfert des concessions et des installations (barrages et centrales) des sociétés nationalisées à l’établissement public. Ceci concerne toutes les entreprises proprement électriques,

dont les biens sont en intégralité repris par EDF. Les entreprises électrochimiques et électrométallurgiques (et toutes les entreprises n’ayant pas pour activité principale la production, le transport ou la distribution de l’électricité), jouissent d’un statut particulier (article 8 de la loi). Les installations de la SNCF et celles des Houillères, ainsi que la Compagnie nationale du Rhône, bénéficieront également d’un statut à part. C’est la loi du 17 mai 1946 qui nationalise tous les Charbonnages de France organisés en bassins autonomes, prenant en compte la grève des mineurs du 28 mai au 9 juin 1941, où 100 000 mineurs environ effectuent une grève revendicative et une grève patriotique. 22 juin 1946 Statut national du personnel (décret), le statut le plus avancé pour l’époque. Ce statut d’avant-garde n’a pas été donné par hasard au personnel, mais en

contrepartie d’un rôle essentiel, celui de prendre en charge, maintenir, défendre, sauvegarder, ces formidables outils de développement et de lien social que sont nos industries électriques et gazières. Au 1er janvier 1947, toutes les unités de la Production et du Transport étaient constituées ainsi que les 14 régions d’Equipement. Le 1er juillet 1947, la quasi-totalité des centres de distribution étaient en place. La nationalisation de l’électricité et du gaz découle du programme du CNR, mais son contenu aurait été différent si le débat s’était déroulé sans l’intervention des électriciens et gaziers, soutenue par la CGT et les forces progressistes.

L’énergie hydro-électrique En 1948, Marcel Paul, déclarait « Ne tournons nos regards vers le passé que pour nous porter en avant, pour bâtir, en faveur de tous, les moyens de prospérer et de bienêtre. Pour le mieux de tout de suite, et pour le bien de demain ». C’est la loi Armangaud de 1949 qui a modifié fondamentalement l’article 8 de la loi de nationalisation (fixant les dérogations à l’application du monopole), en permettant un secteur privé de production et en pérennisant les régies de distribution dont le maintien en 1946 était provisoire. Un décret du 20 mai 1955 leur a accordé la garantie d’achat par EDF à des tarifs très avantageux. En 1980, une loi relève le seuil pour les usines équipables avec une simple autorisation préfectorale. Intérêts énergétiques et économiques souvent nuls (surcoût pour EDF, donc pour les usagers), mais véritable manne pour la finance privée. L’hydro-électricité était le symbole de la reconstruc-

tion, de la modernisation et de l’indépendance nationale. La souplesse de l’hydraulique des réservoirs de montagne permet de répondre quasi instantanément aux besoins de la consommation, en heures de pointe (journalière, hebdomadaire, saisonnière). La nationalisation inaugure l’ère de l’interconnexion et des grands aménagements hydro-électriques réalisés par EDF, elle consacre la maîtrise de l’Etat sur un secteur industriel. Dans le contexte de l’augmentation rapide des besoins, pour la reconstruction et pour la modernisation de la France, la production hydro-électrique représente plus qu’un enjeu national. Les nouvelles tendances environnementales contribuent également à renforcer le rôle de la production hydro-électrique. Aujourd’hui, l’hydro-électricité représente la plus importante source d’électricité d’origine renouvelable (environ 90 % de la production natio-

nale) n’émettant pas de gaz à effet de serre (le nucléaire n’émet pas non plus de gaz à effet de serre mais n’entre pas dans la catégorie des énergies renouvelables). Il ne faut pas oublier non plus l’usine marémotrice de La Rance (1966) première mondiale, ainsi que la centrale solaire thermodynamique expérimentale de Thémis (1983) mise en service grâce à la coopération de trois services publics. La COMES, le CNRS, EDF. De plus, le principe de fonctionnement de ces centrales, permet de s’affranchir de l’intermittence solaire. Toutes ces technologies innovantes prouvent que notre service public, tel qu’il a été conçu en 1946, est bien la solution vivante, la force de modernisme dont notre pays a besoin en matière énergétique. LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017 - 15


LE RÉVEIL DOSSIER

Conséquences de la casse sur recommandation de la Commission européenne

Juncker Président Commission Européenne.

Depuis les fortes recommandations de la Communauté européenne et des lobbys du capital, la loi sur l’électricité de février 2000, et avec l’ouverture du marché de l’énergie depuis 2004, le monde de l’hydro-électricité connaît des bouleversements qui ont aussi des répercussions sur les collectivités locales. En 2004, suite à la perte de son établissement public, EDF est devenue une société anonyme dont le capital est ouvert aux investisseurs extérieurs. Aujourd’hui l’hydro-électricité ne représente plus que 13 % de la production électrique nationale (et 22 % de la puissance installée), contre 78 % pour le nucléaire. Sa souplesse de fonctionnement, sa rapidité d’utilisation et sa compétitive lui confèrent une place privilégiée dans le parc de la production d’EDF. L’énergie hydro-électrique est « stockable » et peut donc être utilisée comme variable d’ajustement permettant de répondre aux consommations d’électricité de « pointe ». Or, le réseau ne peut fonctionner que s’il y a à chaque instant une correspondance parfaite entre énergie produite et énergie consommée. Ce sont les barrages hydro-électriques (mais aussi le thermique et le dispatching national EDF/ RTE) qui assurent la stabilité du réseau, c’est eux qui permettent d’absorber les variations brutales 16 - LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017

liés aux fluctuations de production des éoliennes (le solaire reste tout à fait marginal). Ce sont eux également qui assurent sa sûreté notamment en permettant le redémarrage en cas de black-out. C’est donc cet outil que le gouvernement, pour répondre aux injonctions de la Commission européenne, prévoit de vendre à la découpe, et de l’abandonner à des intérêts locaux. Dans son article 29, la loi prévoit la privatisation de fait des barrages hydroélectriques. Cet article prévoit que les concessions hydroélectriques (les barrages) seront exploitées par des sociétés d’économie mixtes c’est-à-dire des sociétés anonymes à capital public et privé. La part publique serait de 34 % pour le public, 34 % pour l’exploitant et 32 % pour des investisseurs tiers. C’est une privatisation de fait puisque in-fine la puissance publique devient largement minoritaire. Quant aux opérateurs privés, rien n’indique non plus qu’à la différence d’un monopole public leur intérêt de court terme soit de garantir une production hydro-électrique permettant de stabiliser le réseau et donc d’exploiter au mieux les capacités de production d’électricité du pays. En matière de produits ou services de première nécessité que sont l’énergie, l’éducation, la médecine, le transport, etc., la solution public/privé revient à vouloir faire cohabiter les requins et les sardines. Leur but sera d’obtenir le maximum de profits, et c’est tout. En fait, ce que l’on est en train de vivre depuis des années n’est que la reprise en main du secteur énergétique par les forces capitalistes, qui n’ont jamais admis la nationalisation du 8 avril 1946. Alors que

le général de Gaulle déclarait le 3 novembre 1943 : « La France est résolue à de profondes transformations, elle veut faire en sorte que demain, la souveraineté nationale puisse s’exercer entièrement sans les pressions corruptrices d’aucune coalition d’intérêt privé. » En écho, pour le 35e anniversaire de la Nationalisation en 1981, Marcel Paul en visionnaire averti lançait aux personnels des IEG : « Je vous demande de ne jamais oublier que vous avez en charge un instrument fondamental de la vie du pays. Votre dignité, comme l’intérêt national, vous font un devoir impérieux de continuer à défendre sans jamais défaillir le service public, propriété de la nation, contre les représentants du grand capital industriel et bancaire dont le seul objectif est d’asservir encore plus le pays a leurs insatiables besoins de domination et de profits. De continuer avec le même courage à défendre notre légitime statut national, nos retraites, nos œuvres sociales, qui font désormais corps avec les deux établissements publics, issus du programme du Conseil national de la Résistance, expression du combat de ceux qui ont été jusqu’au sacrifice de leur vie pour sauver le pays et, avec lui, ses riches traditions d’humanisme et de liberté. »


DOSSIER LE RÉVEIL Aujourd’hui, sur injonction de la Commission européenne, l’Etat a décidé la mise en concurrence des concessions des installations hydro-électriques arrivant à échéance, ce qui introduit de nouveaux enjeux autour de la production hydro-électrique, laquelle est particulièrement attractive. Les barrages hydroélectriques représentent un enjeu énergétique stratégique, ils constituent également un risque d’ampleur nationale pour la sécurité publique. Au regard des risques, ces barrages doivent être exploités

par une entreprise publique totalement contrôlée par l’Etat et leurs bénéfices doivent revenir à l’ensemble de la collectivité nationale. Par ailleurs, alors que le scandale de la privatisation des autoroutes fait les gros titres des journaux ces derniers temps, qui pourraient ignorer les similitudes entre barrages hydro-électrique et autoroutes. Dans les deux cas, il s’agit d’infrastructures dont la construction très coûteuse a été supportée par les impôts maintenant largement amortis et qui sont privatisées afin que les co-

lossaux profits générés finissent dans les poches de l’oligarchie financière.

L’énergie électronucléaire L’origine dans notre pays remonte aux travaux de Frédéric Joliot-Curie et son équipe du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), travaux qui débouchèrent sur la réalisation de la première pile atomique, Zoé, qui divergea1 le 15 décembre 1948. Frédéric Joliot-Curie qui refusait de travailler pour la bombe atomique fut licencié de son poste de haut-commissaire en 1950 par Georges Bidault, alors président du Conseil. La porte était ouverte pour les orientations militaires de l’organisme public placé sous la tutelle directe du Premier ministre (président du Conseil à l’époque). Dès 1953, c’est la voie du plutonium qui sera retenue pour la fabrication de la bombe A qui explosera le 13 février 1960 à Reggan dans le Sahara. De 1955 à 1970, EDF commence à courir sur ses rails, tandis que l’État systématise une emprise de plus en plus étroite sur son fonctionnement. La voie choisie, celle du plut nium, donnera naissance au centre du CEA Marcoule et sur la lancée, c’est la divergence les 15 juin 1967 et 30 octobre 1968 des deux réacteurs eau lourde « Célestin » (puissance 200 MW chacun) et donnera le coup d’envoi de la filière nucléaire. Mais ce sont les années

1970 qui marquent une nette rupture sur le plan de l’équipement électrique en France. La crise pétrolière en 1973, se traduisant par un quadruplement en quelques mois du prix du pétrole. Un coup d’arrêt brutal est immédiatement donné au développement des moyens de production utilisant des combustibles fossiles, et tous les efforts sont désormais orientés massivement vers le nucléaire, qui connaît depuis cette dernière date une accélération importante. Il est nécessaire de se rappeler la façon dont la France passera les chocs pétroliers des années 70 grâce au programme électronucléaire. Le service public nationalisé a permis de réussir cette transition à la fois sur le plan social, humain, technique, technologique, économique et financier, environnemental et écologique basée sur une énergie non émettrice de CO2, ennemi mortel de la couche d’ozone de la planète et coupable des phénomènes de changement de climat. La crise du pétrole amène le gouvernement à décider d’un programme massif de centrales nucléaires. Il fallait économiser le pétrole par tous les moyens, tant pour produire de l’électricité que

pour chauffer les immeubles. Pour l’industrie courante, l’artisanat, les particuliers, la péréquation tarifaire reste de rigueur sur tout le territoire. Et elle va très loin en France : le prix du KWh est le même sur les Champs-Elysées parisiens et dans les champs de canne à sucre de La Réunion. Au nom du service public. Ce qui différencie fondamentalement la France, c’est effectivement l’importance de son parc de centrales nucléaires. Il est vrai que c’est pour échapper à la pénurie, puis à la dépendance pétrolière que les autorités politiques ont décidé le virage brutal vers le nucléaire. 1. On appelle divergence d’une pile (ou d’un réacteur) le fait de commencer la réaction en chaîne de fission.

Comité scientifique CEA de gauche à droite assis P. Auger, I. Juliot -Curie, F. Juliot-Curie, F. Perrin, Lew Kowaski ; debout B. Goldshmidt, P. Biquard, L. Demiwelle, J. langevin.

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LE RÉVEIL DOSSIER

Un bien commun est bradé EDF a réalisé les énormes investissements de ses programmes hydroélectrique et nucléaire sans recourir aux subventions de l’Etat. Ces investissements ont été financés soit par autofinancement, soit par le recours à des emprunts (souvent à l’étranger) déjà largement remboursés à l’heure actuelle. Ce sont donc les consommateurs et non les contribuables qui ont financé les investissements. Par contre, il est vrai que l’actionnaire d’EDF, l’Etat, n’a pratiquement pas reçu, au moins jusqu’en 1996, de dividendes ni bénéficié de l’impôt sur les sociétés, EDF voyant son chiffre d’affaires croître rapidement, tout en n’affichant que très peu de bénéfices. Implicitement, ceci signifiait que, les consommateurs ayant financé les investissements, c’était eux qui profitaient de la santé de l’entreprise par l’intermédiaire de prix de l’électricité attractifs. Les usagers-abonnés français verront leurs factures augmenter encore plus que celles des autres Européens. Ceci a été montré de manière magistrale par Marcel Boiteux dans un article paru dans

Valeurs actuelles le 27 mai 2010. Tous les Européens, y compris les Français, devront donc payer leur électricité au prix fort. La France devra mettre fin au tarif réglementé, au nom de la… concurrence ! Les centrales nucléaires françaises ou autres fourniront toute l’Europe en courant de base à faible coût. Dès l’an 2000 s’est ouvert le marché des grandes entreprises qui, chaque année, consomment plus d’un tiers de l’électricité produite en France. Le pouvoir de négociation de groupes comme Alcan-Pechiney (deuxième producteur mondial d’aluminium) ou Arcelor (numéro un de la sidérurgie) est tel que les concurrents d’EDF n’y ont vu qu’un lot de consolation avant d’accéder, à partir du 1er juillet 2000, aux consommateurs les plus rentables. Et le 1er janvier 2007, la concurrence est ouverte à tous les ménages. Aujourd’hui, il s’agit de conforter le pouvoir des gros actionnaires, notamment des investisseurs institutionnels, tout en séduisant les petits épargnants. Parmi les sociétés en embuscade : Suez. Propriétaire depuis la fin

des années 1990 de l’équivalent belge d’EDF-GDF, la multinationale s’est hissée, en 2003, au rang de deuxième producteur français, en mettant la main sur 49 % du capital de la Compagnie nationale du Rhône (CNR). En fait, une « véritable rente hydraulique », comme l’explique l’association Résistances électriques et gazières, qui décrit cette prise de contrôle comme une captation d’héritage : la construction des barrages de la CNR a été financée en son temps par EDF. Ces derniers étant amortis depuis longtemps, il ne reste qu’à empocher de confortables bénéfices. A l’avenir se profilent : La loi NOME (Nouvelle organisation du marché de l’électricité) qui date de 2004, oblige EDF à céder à ses concurrents et à prix coûtant 25 % de l’énergie nucléaire produite.

Comment s’enrichir sur le dos des consommateurs ? ritable manne pour certains et un coût exorbitant pour EDF qui doit payer ces kWh jusqu’à 30 cts pour le solaire alors que le prix de vente moyen du kWh domestique est de 12 cts environ. Grâce aux « énergies renouvelables », on permet à certains de s’enrichir encore plus sur le dos des Français, en imposant à EDF d’acheter de l’électricité à des fournisseurs privés (Eolien, Solaires), même si le besoin ne se fait pas sentir et avec des contrats qui portent sur 20 ans. Une vé18 - LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017

La différence étant supportée en grande partie par les usagers sur leur facture à travers la Contribution au service public de l’électricité. Environ 75 % de cette taxe sont dédiés à cette arnaque. Le caractère intermittent de ces énergies qui dépendent du bon vouloir d’Hélios et d’Eole, pose un problème technique en obligeant

les agents régulateurs du réseau à jouer en permanence, parfois sur le fil du rasoir, pour maintenir l’équilibre production consommation dont la rupture conduirait au blackout comme le 19 décembre 1978. Pour en rajouter à ce beau tableau, la loi de Transition Energétique va permettre à des opérateurs privés d’acquérir les installations hydroélectriques du service public qui appartiennent à EDF que nous avons financées à travers nos factures qui permettent de produire une énergie à très bon marché (entre 1.5 et 2 cts le kWh). Avec la loi NOME,


DOSSIER LE RÉVEIL la cession (après celle des barrages à Electrabel-Suez, en attendant la mise aux enchères des concessions hydrauliques et d’éclairage public) du quart de la production nucléaire du marché créerait un manque à gagner annuel d’EDF serait de 1,95 G €2. Dire la vérité sur la nécessité d’une augmentation des tarifs d’électricité en affirmant qu’elle est due au financement des énergies renouvelables et au soutien aux opérateurs alternatifs n’irait pas dans le sens de l’idéologie dominante, verte et libérale. Alors on invoque un bouc émissaire facile, le nucléaire. Oubliant

que c’est lui qui permet d’avoir des prix de l’électricité parmi les plus bas d’Europe. La loi NOME suppose la vente forcée du courant nucléaire pendant 4 ans. Pendant cette période, la perte subie par EDF serait comprise entre 5 et 8 G €, entre 3 et 5 fois le surcoût du premier EPR français. Et l’on s’abstient soigneusement de parler des conséquences des obligations d’achat… À cause de la loi NOME, les usagers du service public payent sur leurs factures les énergies renouvelables pour que les actionnaires des sociétés concurrentes

au service public engrangent de bons dividendes. Le développement des énergies renouvelables devrait être confié au service public, de manière à ce qu’elles soient au service de tout le monde et que seules des solutions réellement rentables, exploitables et pérennes, soient retenues pour le réseau, plutôt que des solutions de rentabilité immédiates répondant à des logiques de profit, qui déstructurent notre système électrique. 2. Unité monétaire et comptable représentant un milliard (109) d’euros.

Le consommateur paiera… prise qui, de EPIC (Entreprise publique industrielle et commerciale) devient S.A. (Société anonyme).

On peut se demander si ce n’est pas ce qui est recherché. Il serait alors plus facile de privatiser l’entreprise par appartements : RTE d’abord, découpage et vente d’ErDF ou encore ENEDIS ensuite, puis vente aux enchères des centrales nucléaires, comme cela s’est fait aux Etats Unis. N’oublions pas que le premier projet loi de transposition européenne, dit “relatif à la modernisation et au développement du service public de l’électricité”, pour ce qui allait être le début de la fin, a été adopté en 1999 sous Lionel Jospin. En juillet 2004 on assiste pour la première fois à l’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie. S’ensuit, le 19 novembre 2004, le changement de statut de l’entre-

À l’époque, le patronat et le gouvernement martèlent que la concurrence va permettre la baisse des prix et l’amélioration des services aux usagers. Concernant les prix, les chiffres sont sans appel puisqu’entre 2004 et 2016, le prix de l’électricité a augmenté de 22 % et celui du gaz de 66 % soit : En électricité pour une facture de 1 000 euros : + 220 euros En gaz pour une facture de 1 000 euros : + 660 euros. La hausse des prix ne touche pas seulement le prix du KWh mais également les services commerciaux associés qui avant 2004 étaient des missions de Service public, donc peu chers ou gratuits pour l’abonné. D’où la déclaration de l’ancien di-

recteur d’EDF Marcel Boiteux en 2007 : « Il ne s’agit plus d’ouvrir à la concurrence pour faire baisser les prix, mais d’élever les prix pour permettre la concurrence. » Depuis 2004, l’externalisation et la sous-traitance ont été la cause de milliers de suppressions de postes dans nos entreprises. A ENGIE (ex GDF-SUEZ), plus de 90 % de l’activité téléphonique clientèle est traitée aujourd’hui par des prestataires formés à vendre des services aux clients et non plus à délivrer une mission de Service public à des usagers. La relève des compteurs en France est totalement sous-traitée à des entreprises visant le moins-disant social, ainsi que la pose des soi-disant compteurs “intelligents”. Une généralisation imposée par Bruxelles et inscrite dans la loi de transition énergétique sans aucune concertation sur les enjeux financiers, les enjeux de santé et de pro2004

2016

Frais de mise en service

11,47 €

27,30 € (+ 238%)

Changement de compteur

Gratuit

54,67 €

Augmentation de puissance

Gratuit

36,73 €

Exemples

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LE RÉVEIL DOSSIER tection des données personnelles. A GRDF, filiale à 100 % d’ENGIE (Ex GDF-SUEZ), plus aucun chantier en Ile-de-France sur le réseau gaz n’est réalisé complètement par les agents de l’entreprise et beaucoup sont même totalement externalisés pour des questions de coûts. A ERDF devenu ENEDIS depuis le 31 mai 2016, filiale à 100 % d’EDF, des investissements nécessaires à l’entretien du réseau

ne se font plus, l’argent devant servir aux actionnaires, ce qui a amené la CRE (Commission de régulation de l’énergie) à formuler le constat suivant : « Faute d’investissements suffisants, le réseau de distribution d’EDF est en piteux état et cela le rend de plus en plus vulnérable aux aléas climatiques. » En 2004, le chiffre d’affaire d’EDF est de 46 milliards d’euros. En 2015, il est de 83,3 milliards

d’euros, soit une augmentation de 81 % ! Depuis 2005, les actionnaires ont vu leurs dividendes augmenter de 37 %. Parallèlement, en 2014, GDF-SUEZ a versé 3.6 milliards d’euros aux seuls actionnaires, alors que le bénéfice de l’entreprise est de… 3,4 milliards !! Soit 200 millions de plus que le profit réalisé !!

À EDF, en 2017 C’est 4 000 emplois qui seront supprimés et 10 000 dans les 5 prochaines années, ainsi que la fermeture de tous les accueils physiques d’ici à 3 ans à EDF. À ERDFGRDF, c’est 5 000 emplois supprimés d’ici à 2021. À ENGIE, c’est 50 % de suppression d’emplois d’agents statutaires en clientèle pour arriver à 95 % de l’activité externalisée et annonce 15 000 suppressions d’emplois dans les 3 ans. Notre travail de salarié rapporte de plus en plus d’argent dans nos entreprises, 30 milliards d’euros remontés aux actionnaires à EDF depuis 2005, 36 milliards d’euros de dividendes remontés aux actionnaires à Engie depuis 2006. En 2017 : Enedis remonte 551 millions d’euros pour les actionnaires à EDF, et en 2017, pour tout le monde, c’est 0 % d’augmentation sur le salaire national de base ! Rappelons que la richesse moyenne produite par un salarié des IEG par an représente 155 272 €. Rappelons que les dividendes versés aux actionnaires représentent 17 685 € par salarié et par an. Il nous faut reprendre en main les activités techniques de réseau que nous avons abandonnées à des entreprises privées. Avec le partenariat public privé, c’est toujours le privé qui gagne et s’enrichit, grâce à une notion d’intérêt général qu’il détourne à son avantage et ce sont toujours les usagers des services pu20 - LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017

blics qui trinquent. Oui, il faut choisir entre le capital et le travail. La privatisation et l’actionnariat sont néfastes au service public et à la population, alors que seuls les salariés produisent les richesses dans l’entreprise, les bénéfices ainsi réalisés ne devraient servir exclusivement qu’aux travailleurs, à l’investissement industriel et à la recherche, et ainsi offrir un service public 100 % nationalisé de qualité aux usagers. Risques sur RTE : Les annonces de la possible vente de 50 % de l’acteur unique qui achemine l’électricité à haute et très haute tension RTE (Réseau de transport d’électricité) se multiplient. Dans son plan à moyen terme, EDF a d’ailleurs mis RTE sur la liste de ses actifs non stratégiques. « En d’autres termes : RTE est sur une liste d’actifs susceptibles d’être vendus s’il y a des acheteurs intéressés ! » s’inquiète la FNMECGT, « la mise en place d’une nationalisation de l’énergie au service de la nation pour transformer les critères de gestion des entreprises en faveur de la mise en œuvre d’une politique énergétique visant le progrès social et répondant aux grands défis écologiques, politique qui se substituerait à la concurrence et au dumping social. » Est-ce le rôle de RTE d’être actionnaire majoritaire d’un aéroport au détriment de ses activités de transport de l’énergie ? La production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire n’est pas un mal nécessaire. Elle s’inscrit dans le

développement maîtrisé et progressiste des sciences et des techniques. C’est ce que des hommes comme Marcel Paul et Frédéric Joliot-Curie avaient montré et démontré en leur temps. Pour eux, l’énergie nucléaire devait être au service de l’être humain et non pas pour menacer son existence. Cela suppose un grand service public, d’où la nécessité d’une nouvelle nationalisation du secteur de l’énergie à finalité sociale et dont la démocratie sera le moteur. En reprenant la proposition de renationalisation et de création d’un grand pôle nationalisé de tous les secteurs de l’énergie production, transport, distribution, sous forme de monopole 100 % public, point figurant dans le programme originel du CNR, reconstruire purement et simplement l’outil indispensable pour permettre de réindustrialiser le pays et de produire en France avec les travailleurs de notre pays, pour mettre en place une politique écologique ambitieuse. Il faut redonner au service public, sa mission de recherche et de développement en matière de réseau et énergies de production. Nous avons au moins un avantage, celui de défendre un système qui a déjà fait ses preuves face à un autre qui est en train de s’autodétruire. Gérard Del Maschio, agent EDF/RTE


CENTENAIRE LE RÉVEIL

L’ARAC a cent ans Cent ans de combats pour la Paix, l’antifacisme, la dignité humaine De ces soldats est née l’ARAC

POUR UNE FRANCE REPUBLICAINE DEMOCRATIQUE ET SOUVERAINE

1917 2017

Henri Barbusse - Juillet 1917 dans “l’œuvre” après la décision de créer l’ARAC Extraits : « J’adresse un appel ardent à tous ceux des anciens combattants de cette guerre qui croient à la République et qui la veulent. La mort vous a épargnés. Je vous demande de venir tous à nous, de vous unir. Je veux vous entretenir aujourd’hui d’un grand intérêt général qui dépasse celui de chacun de vous, mais qui repose sur vous tous : soldats de la guerre, continuez à être les soldats de la pensée, il le faut. Vous ne devez pas renoncer encore à vous battre. La démocratie a besoin de vous. Elle vous appelle à son secours, vous qui serez un jour le nombre et la force, et qui êtes l’énergie, l’audace et la lucidité. Les avertissements nous assiègent de toutes parts : l’heure est grave, le principe immortel de la République est menacé, la charte des Droits de l’Homme leur est tombée depuis longtemps des mains. Les principes républicains sont, de tous

côtés, ou trop attaqués, ou trop mal défendus. Il faut veillez sur la République. C’est à vous entre tous et avant tous qu’incombe ce devoir, survivants de la guerre des hommes contre les oppresseurs ! Nous appelons République la société constituée sur les bases de la réelle souveraineté du peuple, c’est-à-dire sur la logique et la raison, avec tout ce qu’un corps social sagement organisé peut comporter d’égalité, de liberté et de droits pour chacun ; une société qui ne soit pas, ouvertement ou obscurément, conduite par une oligarchie de privilégiés et de parasites, mais illuminée dans tous ses coins par le clair intérêt général. Nous appelons République l’ordre et la discipline basés sur les grandes lois morales et non sur les traditions qui ont donné depuis des siècles leur aveu de malfaisance. Nous plaçons au-dessus de tous nos idéaux, comme les complétant fatalement, la République universelle. Nous disons que non seulement le but

que nous poursuivons à l’intérieur et à l’extérieur n’est pas une utopie. C’est là et non ailleurs qu’est l’aboutissement de l’œuvre de la Révolution. Quoi qu’il en soit, c’est par ces voies que la grande France de 1789 s’agrandira et durera. Cette foi n’exclut pas actuellement la volonté de vaincre l’Allemagne, au contraire, puisque celle-ci est la plus forte expression du militarisme dirigeant et déchaîné.

Editorial de P. V-Couturier « Le Combattant » N° 1 du 8 octobre 1919 « Au lendemain du Congrès de Lyon, au moment où L’ARAC va, dans la période électorale qui commence, pouvoir parler haut, ferme et clair, elle qui n’a pas de candidats, pas compromissions et pas de passé, il est bon que tous les camarades trouvent chaque semaine dans ce journal qui est le leur, des do-

cuments précis qui leur fournissent des outils de propagande. Nous sommes trop sensibles, dans ce pays aux grands discours et aux paroles sonores. Nous considérons les faits qu’on nous apporte non pas selon la façon dont ils parlent mais selon la façon dont on parle d’eux. LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017 - 21


LE RÉVEIL HISTOIRE Il faut nous dépouiller de cette mentalité-là. Favorable ou défavorable, il faut nous habituer à regarder les vérités en face, comme nous regardions la vie et la mort, là-bas. Les faits sont les arguments les plus solides et nul n’a besoin d’être orateur ou écrivain pour les exposer. Ils doivent aller nus comme tout ce qui est beau. Les réflexions qui suivent un exposé nourri de faits sont autrement salutaires. Elles n’entraient pas le seul désir de mieux faire. Elles provoquent des résolutions.

C’est pour cela que nous aurons en tête du Combattant, la rubrique des faits. Elle sera plus redoutable à nos ennemis que toute autre, elle sera chère à nos amis. Nous y traiterons de la question du non-désarmement de l’Allemagne, cette cause profonde de la guerre et de sa prolongation ; des fautes et des crimes des états-majors, des campagnes payées de la grande presse capitaliste, où se trouve l’origine de l’abêtissement de l’opinion publique ; des

erreurs judiciaires, des conseils de guerre. Il faut que chaque semaine tout militant de l’ARAC trouve en tête de son journal comme un mot d’ordre et que d’un bout à l’autre de la France par les soins de nos sections, des faits précis concernant la question à l’ordre du jour, soient portés à la connaissance de ceux qui ne se trompent que parce qu’ils ne savent pas, ou soient jetés à la face des hommes de mauvaise foi comme des gifles. »

Une pétition est lancée pour qu’une place, une rue à Paris porte le nom de Fidel Castro

Fidel Castro est décédé le 25 novembre 2016 à l’âge de 90 ans. Son choix, son engagement politique pour préserver l’indépendance et la souveraineté de Cuba face à l’impérialisme des Etats-Unis et à ces pétitions de maintenir Cuba sous sa coupe en font un des grands hommes politiques du 20e siècle. Il est impossible de dissocier Fidel Castro de l’histoire de Cuba sur près d’un demi-siècle. Il a été celui qui a rendu sa dignité au peuple cubain qui, jusqu’à la révolution vivait dans l’asservissement et une misère absolue. La chute de la dictature de Batista, l’homme des Etats-Unis, a permis au peuple cubain uni autour de Fidel et de ses compagnons de retrouver sa

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dignité, et de préserver aujourd’hui encore sa souveraineté et son indépendance. Aujourd’hui encore sévit le blocus américain à l’égard du peuple cubain, blocus qui ne vise qu’à affaiblir l’économie cubaine, à créer la pénurie alimentaire, énergétique, etc. Blocus qui tente également d’asphyxier des relations nouvelles entre Cuba et les autres pays du monde et notamment ceux d’Amérique Latine. C’est dans ce contexte difficile que Castro et le peuple cubain se sont fait un honneur d’augmenter la solidarité effective, une aide réelle et matérielle envers les pays en difficulté notamment en Afrique. Disciple de José Marti, Castro restera dans l’histoire comme un visionnaire, un homme d’état reconnu, un humaniste épris de paix. Fidel Castro a été successivement ministre de l’ile de février 1959 à décembre 1976, président du Conseil d’Etat de Cuba jusqu’à sa démission pour raisons de santé en février 2008. Fidel Castro a tenu tête face à dix présidents des Etats-Unis : Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon, Ford, Carter, Reagan, G.H.W. Bush, Clinton et G.W. Bush. Cet homme respecté par

tous les peuples du monde a été accompagné à sa dernière demeure par des millions de cubains. La mairie de Paris s’honorerait de dédier à cet homme illustre qui a consacré sa vie à lutter pour la dignité des hommes et des femmes dans son pays mais aussi en Amérique Latine et dans le monde entier, une place, une avenue, un lieu digne de la stature de ce géant de l’Histoire. Vous pouvez trouver et signer cette pétition sur : change.org – pour une place Fidel Castro à Paris.

Premiers signataires Altmann Romain, ARAC Nationale, Assassi Eliane, Blandin Olivier, Bonnet Ouladj Nicolas, Carlo JeanClaude, Chassaigne André, Chevalier Annick, Contant Brigitte, Corzani Hervé, Cuba Si France, Debailly Michel, Fort José, Girelli Landina, Guibert Gilda, Joly Pascal, Landini Léon, Laurent Pierre, Lecante Mas, Lereste Didier, Letriguilly Gérard, Malaisé Céline, Markidès Paul, Martin Alain, Pastourel Stéphane, Pulvermache-Landini Hermine, Rafanel Sylvain, Rehby Liliane, Salomon Jean-Claude, Saphorès Régis, Staat Patrick, Vahé Raphaël, Verrier Jacques, Zoughebi Julien.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Grigny le 25 février : André Fillère est élevé au grade d’officier de la Légion d’Honneur Une chaleureuse cérémonie autour de notre camarade André Fillère, Président de la Mutuelle de l’ARAC, Vice-Président honoraire de l’ARAC, plus de 150 personnes, personnalités du mouvement combattant, militants de l’ARAC, porte-drapeaux, de nombreux amis dont Nora Trehel, présidente de la Mutuelle Familiale étaient présents. Après un mot empreint d’amitié de Philippe Rio, maire de Grigny, et sous la houlette de J.P Gaulier, Michel Caciotti*, ancien résistant, Président d’honneur de l’ARAC 13 a élevé au grade d’Officier de la Légion d’Honneur André. Extraits du discours retraçant le parcours ô combien singulier d’André. « André, tu as été promu dans l’Ordre de la Légion d’honneur par décret du 13 juillet 2016. 26 ans après celle de Chevalier.

Origines et rôle de la Légion d’Honneur La révolution avait peu à peu aboli toutes les décorations de l’ancien régime. Elles ressemblaient trop à des privilèges liés à la royauté et à l’aristocratie. Cependant, l’Assemblée se réserve de statuer, une autre décoration nationale unique qui pourra être accordée aux vertus, aux talents, aux services rendus à l’Etat.

André, né en 1936, année de victoires sociales avec les congés payés, les 40 heures, les délégués du personnel parmi tant d’autres. En 1939, ton père est mobilisé et envoyé au front. En 1942, il refuse d’aller au STO, il décide de s’engager dans la résistance. André, tu as grandi à son image. Toute ta vie, tu as agi pour l’émancipation des êtres humains. Tu adhères en 1954 à l’âge de 18 ans au Parti Communiste auquel tu demeures fidèle depuis 63 ans. En 1956, à 20 ans, tu es mobilisé avec le contingent 56-2A. Envoyé au camp de Sainte-Marthe à Marseille. Tu es affecté au 1er régiment des chasseurs d’Afrique durant 4 mois de classes « disciplinaires ». Tu réussis le concours d’entrée à l’école des Officiers de réserve de Saumur en janvier 1957. Tu en sors aspirant le 10 juin 1957. Tu participes à de nombreuses opérations militaires. Ton commandement agit pour préserver la sécurité de tes 40 bonhommes. Tu leur fais comprendre qu’il ne faut pas molester, ni piller la population et refuser la torture. Au bout de 32 mois, tu reprends ta vie civile. De 1960 à 1962, tu t’opposes à la guerre d’Algérie ainsi qu’aux attentats OAS. Tu adhères à la FORR-FSORR et à l’ARAC en tant qu’ancien combattant de la troisième génération du feu. On te propose de remplacer Pierre Vittori au poste de rédacteur en chef au journal de l’ARAC. De 1970 à nos jours, tu as travaillé avec André Touné, Casimir Lucibello, Georges Doussin et Raphaël Vahé. Le journal s’est considérablement amélioré et continue son évolution.

Au 39e congrès, tu es élu secrétaire général. Président de la Mutuelle de retraite de l’ARAC. Tu viens contribuer à une solution pour que continue à vivre notre mutuelle. Tu as réuni une commission pour les OPEX, la 4e génération du feu. A la fois : à l’ARAC, à la Mutuelle, à l’UFAC et à l’ONAC. Sans relâche, tu demeures combattant de la paix, des libertés et pour le progrès social et au-delà des responsabilités que j’ai rappelées. Avec la génération de la résistance, tu poursuis dans la perspective des jours heureux du programme du Conseil National de la Résistance fondamentalement toujours d’actualité. Cher ami, camarade André, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés nous te faisons Officier de la Légion d’Honneur. La direction nationale de l’ARAC était représentée notamment par Raphaël Vahé, Président National, Patrick Staat, Secrétaire général et directeur du Réveil des Combattants notamment, Brigitte Contant, membre du Bureau National, Lucien Lagrange, Président de l’ARAC 91. * Michel Caciotti, auteur du livre « Une vie en résistance » - Editions FTP. LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017 - 23


LE RÉVEIL VOS DROITS

“Les décrets scélérats qui tournent le dos aux anciens combattants” Deux décrets du 11 octobre 2016 (J.O. du 12.10.2016). - L’un n° 2016-1350 est relatif au transfert à l’Etablissement public national Antoine Koenigswarter [EPNAK] de l’activité des biens, droits et obligations des écoles de reconversion professionnelle et du centre de pré-orientation relevant de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONAC-VG). - L’autre n° 20106-1351 est relatif au transfert de l’activité des biens, droits et obligations des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes relevant de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONAC-VG).

Ces transferts se font à titre gratuit Comment l’ONAC-VG ose-t-il, en cédant à titre gratuit les biens et institutions créées pour les Anciens Combattants et Victimes de Guerre, piller ainsi un patrimoine qui appartient à ceux qui ont souffert et donner leur sang pour la patrie ? Ces décrets ont été pris dans le plus grand secret, ce qui met une fois de plus en doute le principe de démocratie. Lors du dernier conseil d’administration de l’ONAC-VG du 27 octobre 2016, les deux conventions de cession n’étaient pas finalisées et la direction de l’ONAC

n’hésitait pas à demander à ses membres de voter des textes dont ils n’avaient pas connaissance ! (Voire Réveil des Combattants de novembre 2016) Ce transfert à titre gratuit peut être qualifié en droit de contrat léonin. La part du livre est dévolue à l’EPNAK ! Pourquoi ne pas en demander la nullité, ou bien l’abrogation. Au surplus, ce « pillage » se fait également au détriment des droits des salariés des maisons de retraite et des écoles de reconversion. Leur avenir, soi-disant assuré de façon pérenne… n’est qu’un leurre ! Il suffit pour cela de constater le combat que les syndicats sont obligés de mener pour que tous les droits des anciens salariés de ces deux établissements soient non seulement préservés mais maintenus. C’est ainsi que le statut des enseignants au sein de l’EPNAK prévoit un détachement du personnel et non une mise à disposition. Dans le cas de mise à disposition, les fonctionnaires conservent les conditions de travail de leur administration d’origine. Dans le cas d’un détachement, les fonctionnaires sont soumis aux conditions de travail de l’Etablissement qui les accueille ; mais dans les deux cas, aucune

situation pérenne n’est assurée car il peut être mis fin à tout moment à la situation de la part de l’agent ou de la part de l’employeur. Enfin, cerise sur le gâteau ! Non seulement les biens sont cédés à titre gratuit, mais encore l’ONAC-VG doit contribuer au plan de financement de remise à niveau des bâtiments affectés à l’activité des écoles de reconversion professionnelle pour un montant de 8 618 450 €. A compter de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2017, le plan d’aide à l’investissement complétera le financement des travaux à réaliser pour la remise à niveau des bâtiments affectés à l’activité des écoles professionnelles de reconversion dans la limite de 3 153 450 € ! [Voir page 6 de la convention du 24 octobre 2016 signée par Mme Antoine, directrice nationale de l’ONAC-VG, et le directeur général de l’EPNAK, Monsieur Jourdan. Ce dernier, contrairement au héros de Molière, signait de la prose en sachant ce qu’il faisait !] Le monde Ancien Combattant ne peut accepter un tel démembrement de son patrimoine… démembrement qui risque peut-être de précéder la disparition de l’ONAC-GV. C’est une fois de plus le droit à réparation qui est bafoué. Alors, réagissons ! et vite !

Guerre du Liban, attentat du Drakkar L’ONAC organisera un colloque fin 2017 Appel à témoigner Selon le relevé « officiel » des territoires et des périodes de conflit reconnus, les troupes françaises seraient intervenues en OPEX du 22 mars 1978 au 22 mars 2007. Durant cette période de 29 ans, une explosion, un drame : les attentats du 23 octobre 1983 à Beyrouth. Rappel des faits… 24 - LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017

En septembre 1982, dans un Liban déchiré par la guerre civile, l’ONU met en place une force de maintien de la paix nommée « Force multinationale de sécurité » à Beyrouth ; elle est composée de 2 000 militaires français (engagés ou appelés volontaires service long), 1 600 soldats américains (et 2 porte-

avions), 1 400 Italiens et 100 Britanniques. ➣ Le 1er Régiment de Chasseurs parachutistes a installé l’un de ses cantonnements dans l’Immeuble Drakkar de 8 étages dans le quartier Ramlet El Baida. Le 1er bataillon du 8e Régiment des « Marines » américains tient son caser-


VOS DROITS LE RÉVEIL nement sur l’aéroport international de Beyrouth. ➣ A environ 6 h 20, un attentat au camion-suicide frappe la base américaine tuant 241 militaires. ➣ Deux minutes plus tard, le même type d’attentat au camion-piégé détruit le poste français Drakkar faisant 58 morts (55 de la 3e compagnie du 1er RCP et 3 du 9e RCP), 26 autres sont indemnes. Les deux attentats seront revendiqués d’abord par le « Mouvement de la Révolution islamique libre », puis par « l’organisation du Djihad islamique. » ➣ Si les « représailles » françaises échouent (jeep bourrée de 100 kg d’explosifs devant exploser un centre culturel annexe de l’ambassade d’Iran… mais qui fut désamorcée, puis bombar-

dement par 8 « super étendards » du porte-avions « Clemenceau » sur une caserne « vide »), celles des USA – 2 ans plus tard : 1985, voiture piégée – tue 80 personnes et en blesse plus de 200 parmi les habitants du quartier. Camions-piégés contre voitures piégées… drôle de guerre.

Un colloque de l’ONAC En octobre prochain, l’ONAC organisera un colloque pour évoquer cette guerre du Liban et l’attentat contre le « Drakkar ». Il annonce vouloir donner la parole aux soldats. Peut-on espérer que – sans nier l’intérêt des colonels et généraux – on entende vraiment des soldats du rang s’exprimer… contrairement au colloque consacré à Sarajevo au cours duquel… UN SEUL de ces

Attentats d’octobre 1983.

derniers avait eu quelques minutes d’intervention. ➣ Un APPEL à témoignages est lancé par l’ONAC quant à cette guerre du Liban.

OPEX, modification des temps de séjour Des arrêtés du ministère de la Défense du 3 février 2017, parus au Journal Officiel du 2 février dernier, ont prolongé de deux ans la période prévue des opérations extérieures. Il en est ainsi de :

➣ L’opération « Barkhane » Qui concerne les territoires de la République islamique de Mauritanie, du Sénégal, du Mali, de l’Algérie, de la Côte d’Ivoire, du Burkina-Faso, du Niger, de la Libye, du Tchad, du Nigéria, du Cameroun et de la République Centrafricaine, voit sa durée prise en compte du 1er août 2014 au 31 juillet 2018. ➣ L’opération « Chammal » Qui concerne la Syrie, l’Irak, la Turquie, la Jordanie, le Liban, les Emirats arabes unis, l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Bahreïn, le Qatar, Djibouti et eaux avoisinantes, durée prise en compte du 15 août 2014 au 14 août 2018. ➣ Côte d’Ivoire, opération CALAO (ONVCI) Durée prise en compte : 18 septembre 2016 au 17 septembre 2018. ➣ Egypte, opération FMO (Force multinationale et observateurs) durée

prise en compte : 1er septembre 2014 au 31 août 2018. ➣ Jordanie, opération « Tamour » Du 6 septembre 2012 au 5 août 2018. ➣ Liban, Israël et eaux avoisinantes, opérations DAMAN (FINUL) et BALISTE. Du 2 septembre 2006 au 31 août 2018. ➣ Mali, opération MINUSMA Du 1er août 2016 au 31 juillet 2018 ➣ Républicaine Centrafricaine Opération MINUSCA et CUTM RCA, du 1er août 2016 au 31 juillet 2018. ➣ QUELQUES REMARQUES La liste mise à jour par les services de l’ONAC, relativement à l’attribution de la carte du combattant, met en évidence l’arrivée « guerrière » du « général Hollande ») telle l’opération CALAO (en Côte d’Ivoire) commencée il y a seulement 6 mois (18 septembre 2016),

MINUSMA (Mali, 1er août 2016), MINUSCA et EUTM (République Centrafricaine, 1er août 2016), tandis que l’opération SANGARIS (dont la fin a pourtant été annoncée) se poursuivra jusqu’au 4 décembre 2017 sur les Territoires de la République Centrafricaine, du Cameroun et du Tchad. ➣ Quant à juger de l’ampleur des interventions OPEX de la France Elles vont de Madagascar (30 mars 1947 au 1er octobre 1949) à Suez (30 octobre 1956 au 31 décembre 1956), de la Mauritanie (1er janvier 1957 au 31 décembre 1959) sans oublier la Corée, l’Indochine et l’Afrique du Nord traitées à part. Qui ose dire que la France n’est plus en guerre depuis 1945 ? Et pour combien de temps encore après 2018… « Guerre à la guerre… Barbusse réveille-toi… ils sont devenus fous ! » LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017 - 25


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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Nous tenons à vous signaler que note ami et camarade Michel DEFRANCE, résistant, président d’honneur de l’ANACR du Nord et membre de l’ARAC à Fenain a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur également dans la promotion du 1er janvier 2017.

Nord (59) Décès Guy Beziade Le message d’un Résistant, dirigeant départemental l’ARAC à la jeunesse Le 6 février. Guy Beziade nous a quittés. Ses camarades lillois se souviennent de « son humour, sa modestie rieuse ». Guy Beziade commandant des FTP (Francs-tireurs Partisans). Il intervenait régulièrement auprès de jeunes publics pour témoigner. « La lutte était nécessaire ; mais pas suffisante. La Résistance n'a pas commencé avec la lutte armée, mais avec les grèves des ouvriers et des mineurs ». « Je veux que les jeunes d'aujourd’hui s'engagent. S'ils ne le font pas maintenant, s'ils attendent et subissent les événements, peut-être que dans soixante-dix ans eux aussi devront té-

moigner sur la façon dont ils ont dû résister au fascisme ». Guy Beziade avait l'habitude de témoigner devant les jeunes générations. Les funérailles ont été célébrées le 9 février. A sa femme Paulette, sa famille et ses amis, l’équipe du réveil et la direction de l’ARAC se joignent aux communistes lillois pour leur adresser ses sincères condoléances.

Sud-Finistère (29) Après un hommage aux camarades décédés en 2016, deux sujets principaux à l’ordre du jour ont fait l’objet d’un débat intéressant. Le 100e anniversaire de l’ARAC et les opérations extérieures. Notre section s’appuiera sur le matériel collector pour commémorer cet évènement et défendre les valeurs de Paix et de Solidarité, dès maintenant notre section s’inscrit dans les assises de la paix qui se tiendront en mars prochain initiée par le Mouvement de la Paix. Notre exposition sur la guerre 19141918 sera présentée dans les mairies du secteur et notre Assemblée départementale se tiendra à Brest devrait prendre d’autres initiatives. Notre assemblée dénonce unanime-

ment les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite et au Qatar et les interventions guerrières en Afrique et au Moyen-Orient, les attentats criminels que l’ARAC condamne fermement. Faire la guerre au terrorisme c’est lui donner un statut, un écho supplémentaire et tomber dans le piège que nous tendent les terroristes dit à juste raison Dominique de Villepin, ancien ministre des affaires étrangères, Premier Ministre qui avait refusé en 2003 au nom de la France d’intervenir auprès des américains en Irak. L’ARAC exige que les conflits soient réglés sous l’égide de l’ONU. La situation de certains anciens OPEX en grande difficulté psychologique et financière leur lance un appel afin qu’ils se fassent connaître.

Côte d’Or (21) Obsèques Marcel Harbelot Marcel, vient de nous quitter, son départ laisse un large chantier que tous les camarades et amis vont devoir reprendre par leurs engagements respectifs au travers des multiples domaines dans lesquels, ta vie durant, tu auras été impliqué. C'est à 14 ans que tu entres dans la vie active dans le secteur du bâtiment. En 1943, c'est la découverte du monde industriel, dans la situation sociale difficile de l'occupation. C'est l'adhésion à la CGT clandestine. En mars 1944, ce sera une nouvelle étape dans la résistance, au sein du groupe FFI NANCY. Tu poursuis la lutte armée intégré aux forces du Gl De Lattre de Tassigny. Fin 1945, c'est l'engagement syndical et politique pour la mise en œuvre du Programme du CNR, Marcel est convaincu que la Libération ne pouvait-être réelle sans une République laïque et démocratique. Marcel a été un artisan hors pair pour analyser, expliquer, organiser pour que chacun puisse s'inscrire dans le grand ouvrage de la construction de notre histoire. Je ne saurais conclure sans évoquer l'important travail que Marcel a investi pour les droits des AC et VG et le devoir de mémoire. Ce sont sur ces préceptes que l'ARAC a été fondée en 1917, Association dont Marcel assura la responsabilité sur le département de la Côte d'Or. En te disant adieu Marcel, je salue avec humilité la mémoire de l'homme qui a consacré son existence à la défense de la dignité du genre humain.

J Theuret, Marcel Harbelot, A Chevalier LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017 - 27


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Galette républicaine et reconnaissance républicaine en Essonne • LES ULIS La traditionnelle galette républicaine de l’ARAC a réuni, samedi 21 janvier 2017, une bonne vingtaine de participants en la Maison pour tous de Courdimanche, sous la direction éclairée du Président Gérard Brunet et l’organisation active de notre amie Luz Savoye. Deux conseillers municipaux vinrent saluer les convives auxquels s’étaient joints Denise Henri et André Fillère, représentant la direction départementale de l’ARAC Essonne. Outre la galette et la vente de billets de tombola, un débat sur la solidarité passionna l’auditoire, avec – en conclusion – la décision de réaliser une initiative de soutien au Comité du Village de l’Amitié de Van Canh.

• GRIGNY A l’occasion du repas dansant fraternel réunissant les adhérents des sections ARAC et FNACA, près de 200 participants ont assisté à la remise des étoiles de bronze des mérites républicains civiques et militaires à nos amis Jean-Paul Goulier (Président de la FNACA, membre de l’ARAC et Président de l’Union locale de l’UFAC) et Philippe Rio, maire de Grigny et Président de l’Association française des mairies pour la paix. Au terme de ces remises par André Fillère, une gerbe fut déposée à la stèle Henri Barbusse voisine, puis la parole fut laissée à l’orchestre.

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Commentry (03) Des camarades à l’honneur à l’assemblée générale de la section ARAC de Commentry qui s’est tenue sous la présidence de Pierre Combémorelle en présence de Michel Tabourot, président départemental, de Jeanne Rousseau et Christian Bertrand respectivement trésorière et secrétaire départemental. Après la lecture des différents rapports, plusieurs camarades de la section ont été mis à l’honneur.

Médaille d’honneur de l’ARAC : Jean Bouillet ; Roger Diot ; Raymond Forichon ; Guy Formet ; Robert Michard Thérèse Rivera ; André Roux. Croix du combattant et TRN : Marcel Laligue

AG Section ARAC Commentry 14-01-17.

Eure et Loire (28) L’assemblée générale d’Eure et Loire avec la présence de Jacques Verrier secrétaire national et le président de l’UDAC du département. Celle-ci a décidé de tenir dans les prochains mois une initiative avec l’exposition sur 14/18.

Toulon et Cannes Le 15 août 1944 entre Toulon et Cannes, aidé par la Résistance, le 2e débarquement eut lieu en Provence ouvrant ainsi un deuxième front. Cette intervention fut capitale pour aider à vaincre l’Allemagne nazie et le régime d’extrême droite de Pétain. Le musée mémorial du MONT FARON méritait cette rénovation, inaugurée ce 16 mars 2017 par le Président HOLLANDE en présence de 150 invités. Il devient maintenant le mémorial du débarquement en Provence. Un peu d’histoire : En 1963 sur le mont, dominant la rade de Toulon se trouvait la tour Beaumont, un petit fortin militaire. Ces bâtiments conservés, servant de base à un ensemble inauguré le 15 août 1964 par le Général De Gaulle. La nouvelle muséographie met en avant la pluralité des mémoires du débarquement et la diversité des combattants qu’ils soient « Français libres, soldats venus d’Afrique, Résistants, évadés de France, volontaires du Paci-

fique et des Antilles, et autres soldats alliés ». Six cents mètres carrés aménagés en trois ans ; les thématiques diverses bien réparties. Ce patrimoine historique devient ainsi un des 9 hauts lieux de la mémoire nationale sous la responsabilité de l’ONAC, sous tutelle du ministère de la défense. Par ce mémorial dédié entre autres aux jeunes, défendant les valeurs républicaines, la transmission devrait s’effectuer avec les enseignants et le monde associatif. Gérard Vallée, membre du Bureau National a représenté l’ARAC à cette inauguration.

Francois Hollande au Mont Faron


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Legs Donation

Contribuer à donner un prolongement dans le temps à votre engagement, à vos idéaux, à vos combats, à votre attachement aux valeurs républicaines à l’occasion du centenaire de l’ARAC.

Déjà des milliers d’amis, de camarades ont depuis des décennies œuvré au travers de souscriptions, de dons, à l’activité et à l’existence de l’ARAC, de sa mutuelle, de son journal « le Réveil des Combattants », du Comité Vietnam, de Cuba-Arac-Solidarité, de l’ORMCM, etc.

De ces soldats est née l’ARAC

Dans l’entrée de ce nouveau siècle vous pouvez permettre à l’ARAC demain de poursuivre votre action, vos convictions, au travers d’un legs universel ou partiel, d’une donation, d’une transmission de tout ou partie de bien, d’un don sur succession. Par votre geste, vous avez le pouvoir de contribuer à l’avenir de l’association qui vous tient tant à cœur. Ce n’est pas un geste anodin alors n’hésitez pas si vous avez des questions ou besoin d’informations, appelez notre service qui répondra à vos interrogations ou demandes d’explications. Les lundis et jeudis de 9 h à 17 h – demandez Annick au 01 42 11 11 27.

Hommage à Emile Charennat

Emile Charennat est décédé le 12 février 2017 à l’âge de 93 ans. A vingt ans, Emile s’engage dans le maquis de Dordogne et devient responsable technique du sous-secteur B Dordogne Nord. C’est en 1956 qu’il épouse Monique Losson en Moselle. Ils auront six enfants, 18 petits-enfants et 7 arrière-petits-enfants.

Emile, c’est une vie de labeur (Emile était maître bucheron) de droiture, d’honnêteté, de combat pour la justice sociale, pour la souveraineté de notre pays. Emile, c’est encore la fidélité à ses idéaux de justice, de paix et de progrès social. Son engagement permanent à l’ARAC témoigne aussi de sa volonté et son besoin de justice sociale, de solidarité. Ses obsèques se sont déroulées le 15 février 2017 en l’église de son village de Redlach, trop petite pour accueillir tous ceux venus lui rendre un dernier hommage. Hervé Corzani au nom du bureau national de l’ARAC a tenu à saluer la mémoire et le parcours patriotique exemplaire de cet homme du peuple. L’ARAC et sa direction nationale s’incline de nouveau devant la mémoire d’Emile et est fière de compter dans ses rangs de tels hommes.

La Trinité (06) La section ARAC de La Trinité a tenu son Assemblée Générale annuelle ce samedi 18 février 2017. La municipalité avait délégué à cette réunion Mr Roland Paba, conseiller municipal chargé des anciens combattants.

L’histoire de notre association a été évoquée avec en ligne de mire l’organisation du Congrès National qui sera consacré à son centenaire en novembre 2017.

Pas-de-Calais (62)

Le comité départemental de l’ARAC du Pas-de-Calais a rendu hommage, dimanche 19 février, à Rino Della Negra et Cesare Luccarini, membres du groupe Manouchian ayant grandi à Vimy et Pont-à-Vendin, fusillés par les Allemands au Mont Valérien le 21 février 1944. Cet hommage était organisé en partenariat avec la fédération communiste du Pas-de-Calais, représentée par Hervé Poly et Cathy Apourceau-Poly, présidente de l’ADECR du Pas-de-Calais. L’ARAC du Pas-de-Calais, n’oubliera pas le sacrifice des FTP/MOI qui étaient polonais, roumains ou italiens comme Rino Della Negra et Cesare Luccarini, et qui sont tombés en martyrs de la Résistance pour libérer la France. David Noël Execution du groupe manouchian 21-2-44 sur la photo G Cloarec, Rino della negra, C Luccarini, A Salvadori. Photo ECPAD LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017 - 29


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Communiqué Un arrêté du 28 février 2017 paru au Journal Officiel du 14 mars dernier a revalorisé la valeur du point PMI à 14,12 euros à compter du 1er juillet 2016 “compte-tenu de la variation de l’indice de l’ensemble des traitements bruts de la fonction publique de l’Etat”. Les pensions militaires et les retraites du combattant perçues depuis cette date feront donc l’objet d’un rattrapage de 8 centimes du point (14,12 moins 14,04) lors du prochain paiement et celles à venir se-

ront réglées sur la base de la nouvelle valeur du point. Quant aux rentes mutualistes ancien combattant, dont le plafond majorable actuel est fixé à 1 755 euros, elles ne bénéficieront de ces 8 centimes de rallonge qu’à compter du 1er janvier 2018. Nous reviendrons sur ces 8 centimes “fabuleux” d’augmentation à retardement et un tableau complet d’ajustement des pensions paraitra dans un prochain “Réveil des combattants”.

Salon de Provence (13)

Visite de l’ARAC au collège de la présentation à Salon de Provence. Intervention de notre président d’honneur Michel Caciotti ancien résistant

Enfant d’une famille ouvrière italienne installée à Nanterre en 1923, il a commencé à travailler dès 14 ans. En juin 1940, il est entré en résistance avec d’autres jeunes communistes, participant à des actes de sabotage pour empêcher la livraison de matériel à l’armée allemande. Il a organisé la 30 - LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017

Les responsables de la section ARAC de Commentry se sont déplacés à la maison de retraite d’Aigueperse dans le Puy de Dôme pour honorer leur doyen, en lui remettant la médaille d’honneur de l’ARAC. Roland Eyrolles est né le 21 Août 1919. Il est membre de l’ARAC depuis 1948.

Saint-Marcel (13)

accompagné du président départemental Patrick Saintenoy. Interventions, échanges, discussions toute la journée sur la 2e guerre mondiale et la résistance. Extraordinaire rencontre avec les élèves de 3e, merci à la professeur Madame Archambauld de son inlassable et formidable travail de mémoire. L’ARAC des Bouches du Rhône rencontre chaque année près de 3 000 élèves et en cette année de notre centenaire d’autres rencontres sont déjà programmées. Patrick Saintenoy.

Très belle assemblée générale de la section l’ARAC de Saint Marcel à Marseille, très beau rassemblement autour des valeurs de notre association. Bravo pour le travail réalisé en 2016. 5 adhésions ont été réalisés lors de cette assemblée qui s’est terminée autour du verre de l’amitié. Bravo au président Paul Roubin et a son équipe, et en avant pour fêter notre centenaire cette année.

Angoulême (16)

Nanterre (92) Un Nanterrien de valeur s’en est allé. Vincent Pascucci, président d’honneur de l’ARAC 92 s’est éteint à l’âge de 94 ans. Le maire de Nanterre Patrick Jarry rend hommage à « une grande figure » de la ville et de la Résistance, « un homme qui incarne ce que la France a de meilleur ».

Un doyen de l’ARAC honoré dans l’ALLIER

libération de la ville, le 21 août 1944, avec Raymond Barbet et son ami Louis Meunier, abattu par les Allemands. Il a siégé au conseil municipal de 1953 à 1977, ancien résistant il a témoigné dans les établissements scolaires et accompagné des élèves à Oradour, au Struthof et à Auschwitz.

La Charente a tenu son Assemblée Générale le jeudi 9 mars 2017 en présence du maire adjoint Laïd BOUAZZA, Après un moment de recueillement à la mémoire de nos camarades disparus, le Président a brossé un rapport mémoire, reconnaissance, défense de nos droits. La secrétaire a présenté le rapport moral et d’activités. Le trésorier a présenté son rapport financier 2016, approuvé par le vérificateur aux comptes. Election du nouveau Conseil d’Administration. Débat entre les participants. Nous avons déposé une gerbe en présence du Maire d’Angoulême à la stèle Gontran LABGREGERE premier Charentais fusillé à l’âge de 19 ans.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Droit, pouvoir et citoyenneté

Le droit consiste à définir les rapports de pouvoir de chacun à tous les autres, dans tous les domaines. Or si le droit est censé faire obstacle à la loi du plus fort, c’est aussi le plus fort qui impose sa règle de droit. Le pouvoir dépend donc du droit qui le légitime et l’organise, mais ce droit dépend des rapports de pouvoir qui en décident. Dans l’abstrait, il n’y aurait aucune raison pour que ce ne soit pas tous les êtres humains qui se concertent sur

la façon de vivre ensemble. Donc, quand quelques-uns prétendent imposer au plus grand nombre les décisions qu’eux seuls ont prises, c’est un pouvoir confisqué. À partir de ce constat, Roland Weyl décortique le fonctionnement de nos institutions, analyse notre rapport au droit et au pouvoir, tord le cou aux éléments de langage qui n’ont d’autre but que de maintenir les peuples sous domination du système capitaliste, et développe de nombreuses pistes permettant l’organisation d’un véritable pouvoir citoyen. Un livre passionnant et accessible à tous, écrit par l’un des membres les plus éminents et respectés de l’ordre des avocats, Droit, pouvoir et citoyenneté est une contribution importante qui alimentera la réflexion de toutes celles et de tous ceux qui cherchent les voies de la transformation sociale. Vous pouvez commander ce livre auprès des Editions du journal l’Humanité – 5 rue Pleyel – Immeuble Calliope – 93528 SAINT-DENIS CEDEX – 01 49 22 73 47.

Asnières (92) Après 23 années de luttes et combats avec les différentes municipalités successives de la ville d’Asnières, le 25 novembre 2016, le comité ARAC 92 a pu remettre en lieu et place, la plaque commémorative qui avait été placée sur la maison nation d’Henri Barbusse, plaque qui fut jetée parmi les gravats lors de la démolition de cette

maison. Ce fut une dame avesnoise, Monique Stieffatre qui sauva cette plaque et nous l’en remercions, ainsi que le maire d’Asnières qui enfin nous a donné satisfaction. M. Bassot résuma en quelques lignes ce que fut Henri Barbusse, des extraits du « Feu » furent lus par 5 élèves du collège puis avec l’aide des enfants, J.-L. Colin et M. Bassot dévoilèrent la plaque ? Malgré l’heure un peu tardive et un dimanche, en présence de la mairie d’Asnières et le public que nous remercions pour cette initiative. Désormais, la plaque est avenue Henri Barbusse et en face de l’école « Réjane » et le parc baptisé « Parc Barbue ».

Bordeaux, le mardi 14 février 2017 La 1re réunion régionale des dirigeants et responsables de comités départementaux et locaux s’est tenue à Bordeaux mi-février. Venus de 5 départements de Corrèze, Charente, Charente-Maritime, Gironde, Lot et Garonne, la Dordogne étant excusée. 45 camarades ont pris le temps de débattre, d’échanger et de construire les bases de l’ARAC de demain. Partis des positions, des écrits et des combats de l’ARAC depuis 100 ans, les camarades ont réaffirmé leurs volontés comme nos fondateurs de défendre les valeurs universelles de la République. Les droits, tous les droits sont menacés, la souveraineté de la France bafouée, la République menacée dans ses fondements mêmes. La responsabilité de notre association est aujourd’hui entière comme en 1917. Il a été décidé que chacun prendra à son niveau les initiatives de rencontres, de débats, autour des expositions de l’ARAC et sur les thèmes mis en avant par l’actualité (l’OTAN, les causes des guerres, ONU, la laïcité, la paix, etc.). Déjà à ce jour en Corrèze, en Dordogne, des initiatives ont vu le jour. En Gironde, plusieurs débats ont eu lieu ou sont programmés. Chacun est ressortis de cette régionale avec la conviction de l’ARAC à la responsabilité de porter haut et fort dans le contexte d’aujourd’hui les ambitions et les combats de nos prédécesseurs. Une réunion riche en échanges dont nous sommes ressortis renforcés dans notre détermination que l’ARAC doit occuper la place qui est la sienne dans le débat d’aujourd’hui, c’est notre responsabilité.

LE RÉVEIL - N° 832 - MARS 2017 - 31


L’ARAC a cent ans

De ces soldats est née l’ARAC

Expos

Les expos, médailles et objets du centenaire Des drapeaux

14-18 500 €

Drapeaux rouges avec logo ARAC 50x70 – 10 €

Barbusse 700 €

Paul Vaillant-Couturier ierr 500 €

Drapeaux rouges logo et texte 70x100 – 20 €

Normandie Niemen 550 €

Guerre e d’Algérie

Le Front des poètes

500 €

Médaille du centenaire Copie de la 1re médaille de l’ARAC en 1919 Recto

Verso

600 €

Prix

Enveloppes centenaires

16 €

10 - 10 euros

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Pour les rassemblements, initiatives, cérémonies, manifestations Badge ARAC Ø 5,5 cm 2€

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