CAHIER SPÉCIAL RÉGION | Un musée et ses artistes. 75 ans du musée d'art moderne de Céret

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Cahier spécial

Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée

Un musée et ses artistes

75 ans du musée d’art moderne de Céret

« Le musée de Céret illustre l’ambition que nous portons pour la culture. »

Je suis très heureuse et particulièrement fière que nous célébrions cette année les 75 ans du musée d’art moderne de Céret. Rénové, agrandi, proposant un parcours de visite renouvelé… Ce musée exceptionnel rouvert en 2022 après trois ans de travaux illustre très exactement l’ambition que nous portons, à la Région, pour la culture, dans tous les territoires d’Occitanie et pour tous les publics. Cet anniversaire est une fierté pour moi, je me permets de le répéter, en effet malgré les fortes contraintes qui pèsent cette année sur notre budget, nous faisons le choix politique fort en Occitanie de préserver l’accès à la culture car aujourd’hui plus que jamais, face à la montée des populismes et du repli sur soi, la culture ne peut être une variable d’ajustement. Elle nous permet de faire société, d’éveiller nos consciences et de partager notre histoire.

Depuis sa réouverture, grâce au soutien de la Région et des partenaires locaux, le musée de Céret fait à nouveau rayonner l’art dans les Pyrénées-Orientales et en Occitanie. C’est la dynamique volontariste et ambitieuse que nous voulons impulser dans nos musées régionaux, en les soutenant massivement à travers différents dispositifs de soutien, notamment dans le cadre de leurs travaux de rénovation. 2022 aura été une année à marquer d’une pierre blanche à ce titre : outre le musée de Céret, c’est également le musée Henri-Martin de Cahors qui a rouvert ses portes après six ans de travaux de grande ampleur, qui ont permis un doublement de sa superficie. Dans la même période, je pense entre autres à la réouverture du musée du Gévaudan à Mende, après trois ans de travaux, qui est devenu un maillon à part entière de la revitalisation patrimoniale et touristique de la capitale lozérienne.

Carole Delga Présidente de la Région Occitanie / PyrénéesMéditerranée

Un musée et ses artistes

Céret

du village d’artistes à la création du musée

Au cours de leurs séjours à Céret, Picasso et Braque composent un ensemble de tableaux considérés comme les chefsd’œuvre du cubisme. Grâce à eux, la ville est bientôt fameuse dans le monde entier. Dans leur sillage, les plus grands noms de l’art moderne viendront à Céret pour des séjours plus ou moins longs : André Masson, Maurice Loutreuil, Auguste Herbin, Juan Gris. Dans sa maison-atelier surplombant la ville, un peintre venu à Céret en 1916, Pierre Brune, accueille les artistes. Après la Première Guerre mondiale, l’effervescence artistique renaît dès les années vingt avec la venue des artistes de l’École de Paris, dont Soutine qui peint à Céret plus de deux cents paysages, œuvres majeures de l’expressionnisme. Entre 1927 et 1929, Chagall fera, lui aussi, plusieurs séjours à Céret. Plus tard, fuyant la Seconde Guerre mondiale, viendront au village : Raoul Dufy, Jean Cocteau, Jean Dubuffet, Albert Marquet…

Face à cette effervescence, Pierre Brune et Frank Burty, peintres et hôtes des artistes, décident de créer un musée. Henri Matisse, Pablo Picasso, Marc Chagall, Albert Marquet et de nombreux artistes offrent des œuvres. Inauguré en 1950, le musée s’ouvre dès les années 1960 à l’art contemporain en accueillant des performances de Dalí puis Ben. Dans le même temps, le musée accueille également les artistes du groupe Supports/ Surfaces, tandis que Miró expose en 1977. En 1993, le musée connait une nouvelle phase de son histoire. Un agrandissement est effectué faisant la part belle aux œuvres et à la lumière naturelle. Les artistes, quant à eux, suivent le sillage laissé par leurs aînés. Les salles d’expositions verront passer Antoni Tàpies, Claude Viallat, Alain Clément ou encore Vincent Bioulès, plus récemment, Miquel Barceló et Jaume Plensa. Le musée aime aussi mettre en avant la culture méditerranéenne et exposera Vieira da Silva ou Najia Mehadji.

75 ans du musée d’art moderne de Céret

Abrité sur le site d’un ancien couvent des Carmes, le musée de Céret a été créé en 1950. Il est le fruit de l’aventure artistique que connait la ville depuis le début du XXe siècle. Picasso, Braque, Chagall, Masson, Dufy, Cocteau, Marquet… Autant d’artistes de renom qui, tous, sont venus à Céret. Le musée témoigne ainsi de l’attachement de ces génies de l’art à travers son parcours muséal, agrandi deux fois. Du 12 avril au 16 novembre, il fête ses 75 ans d’existence avec une exposition temporaire célébrant les liens forts entre le lieu et les artistes qui l’ont fait vivre, intitulée 75 ans d’amitié, les artistes et le musée.

En novembre 2019, un second agrandissement, imaginé par l’architecte Pierre-Louis Faloci, est lancé. Rouvert en mars 2022, le musée d’art moderne de Céret dévoile alors un nouvel espace de 1300 m², répartis entre de nouveaux espaces d’expositions, de stockage, des réserves et ateliers. À l’étage, la grande salle d’exposition offre une surface de 550 m². Un étage supplémentaire est désormais dédié à l’accueil du public et un belvédère permet de découvrir Céret et une vue sur le mont Canigou.

Le musée d’art moderne de Céret est aujourd’hui un Établissement public de coopération culturelle dont les membres sont : la Région Occitanie, le Département des Pyrénées-Orientales et la Commune de Céret. Musée de France, il est aidé par l’État au titre de ses actions et de ses expositions.

Des collections

entre art moderne et art contemporain

Installé dans le bâtiment historique du musée, le parcours permanent présente les œuvres d’une riche collection d’art moderne, et d’art contemporain dont l’accrochage a été renouvelé cette année.

Dans les années 1950, la collection d’art moderne se constitue essentiellement de dons recueillis par Pierre Brune et Frank Burty, auprès des artistes ayant séjourné à Céret. S’y ajoute également le legs, selon la volonté de son mari, de Madame Aribaud. Archiviste de la ville, elle avait fréquenté les artistes de passage à Céret et constitué une collection personnelle d’œuvres de Juan Gris, Auguste Herbin, Kisling, André Masson, Manolo Hugué... Entre 1950 et 1957, Picasso et Matisse font don de pièces exceptionnelles dont une série unique de 28 coupelles en céramique sur le thème de la corrida, pour Picasso et 14 dessins réalisés lors de son séjour dans le port de Collioure en 1905, pour Matisse.

Au fil du temps, la collection historique raconte le passage des artistes les plus importants du XXe siècle à Céret à travers les œuvres de Picasso, Matisse, Auguste Herbin, Chaïm Soutine, Pierre Brune, Masson, Manolo, Pinkus, Krémègne, Juan, Gris, Marc Chagall, Raoul Dufy, Edouard Pignon, Léopold Survage...

Elle illustre aussi le dialogue qui s’établit entre ces artistes et ceux de la région comme Aristide Maillol, Etienne Terrus, Louis Bausil, Camille Descossy... De sa période moderne à sa période contemporaine, le fonds du musée de Céret est profondément marqué par le lien sentimental qu’entretiennent les artistes et les donateurs (ce sont souvent les mêmes) avec la ville et les paysages alentours. Depuis le 1er mars, l’art contemporain se déploie dans un nouveau parcours au musée. Sept étapes rythment la visite en proposant une lecture renouvelée de grands enjeux de l’art depuis les années 1960.

Le musée d’art moderne de Céret s’affirme dès les années 1960 comme un lieu d’expérimentations artistiques. En 1962, il met en avant des abstractions internationales, puis les expositions Impact de 1966 et 1972 témoignent du dynamisme des scènes artistiques de Nice, Barcelone et Paris.

Des artistes comme Ben, Claude Viallat et les futurs membres des groupes Fluxus et Supports/Surfaces y renouvellent les pratiques artistiques.

Le groupe Supports/Surfaces, fondé au début des années 1970, interroge la peinture en explorant ses matériaux et sa mise en espace avec des toiles et châssis libres. Après sa dissolution en 1972, ses membres poursuivent leurs recherches : Jean-Pierre Pincemin et Patrick Saytour expérimentent de nouvelles matières, tandis que Noël Dolla et André Valensi approfondissent leurs démarches picturales.

Dans ces mêmes années, la relation des artistes à la nature évolue au-delà du Land Art et de l’Arte Povera. Toni Grand associe les gestes de la sculpture aux propriétés du bois, et Adrienne Farb développe une peinture fondée sur l’observation de l’environnement. L’environnement pyrénéo-méditerranéen de Céret, riche d’histoire catalane, inspire aussi de nombreux artistes. L’héritage de Matisse, qui offrit quatorze dessins au musée en 1950, se prolonge chez Shirley Jaffe et Pierre Buraglio. Enfin, Céret reste un carrefour de l’art catalan, accueillant Antoni Tàpies, Miguel Barceló, Jaume Plensa et Teresa Lanceta.

Musées d’Occitanie

La politique régionale à l’œuvre

La Région Occitanie a adopté, pour la période 2022-2028, une nouvelle stratégie culturelle Pour une culture partout et pour tous, qui prend acte de l’évolution des attentes des professionnels et des usagers, du rôle de la culture dans l’émancipation des habitants et dans la vitalité des territoires, mais aussi du besoin d’innovation dans la mise en œuvre des politiques publiques. La Région Occitanie compte 132 musées bénéficiant de l’appellation « Musée de France », attribuée par le ministère de la Culture, et leur apporte son soutien à travers plusieurs dispositifs.

Aide à l’investissement

Fonds Régional d’Aide à la Restauration des collections (FRAR)

Les opérations de restauration des collections disposant de l’appellation « Musée de France » peuvent être accompagnées par le Fonds Régional d’Aide à la Restauration des collections (FRAR), mis en place depuis 2018. En 2024, ce fonds paritaire État-Région a permis de soutenir la restauration de quelque 250 objets : tableaux, blocs lapidaires, meubles, machines, pièces textiles, arts graphiques, squelette crocodilien… Parmi eux, 16 tableaux représentatifs de la peinture des XVIe au XIXe siècles ont été restaurés avant de rejoindre l’exposition temporaire 2024 du musée du Gévaudan à Mende (Lozère) : Brueghel, Géricault, Delacroix, Rodin. Dialogue de collections Béziers-Mende, ou encore 16 machines ou meubles d’imprimerie du musée du textile de Labastide-Rouairoux, actuellement visibles au Musée du protestantisme et de la laïcité, à Ferrières, dans le Tarn.

Aide

aux équipements culturels structurants

La Région accompagne sur le temps long les collectivités territoriales dans leurs chantiers de restructuration, d’agrandissements ou de créations ex-nihilo d’équipements muséaux, tant dans leur contenu que leur contenant. Les musées Goya à Castres (Tarn), HenriMartin à Cahors (Lot) ou du Gévaudan à Mende (Lozère) ont ainsi rouvert leurs portes respectivement en avril 2023, mai et octobre 2022, à la suite d’importants travaux de restructuration accompagnés par la Région. Actuellement, divers projets sont en cours, par exemple, à Lattes (Hérault) pour le musée Henri Prades sur le site archéologique de Lattara.

Le coup de pouce mobilité pour découvrir les musées d’Occitanie

Disposant de la compétence dans le domaine des transports, la Région souhaite favoriser l’accès à la culture en développant la mobilité des publics, tout en étant attentif aux enjeux du développement durable. Le site TER SNCF Occitanie propose ainsi des tarifs préférentiels dans les musées de Rodez, Nîmes, Albi, Foix, Lourdes, Carcassonne ou Montpellier sur simple présentation d’un justificatif de transport liO Train. Grâce au dispositif des billets de train TER à 1€ tous les premiers samedis et dimanches du mois, Toulouse, Perpignan, Collioure ou encore Sète offrent de beaux terrains de découvertes patrimoniales à petit prix. Ces offres répondent ainsi aux enjeux de la mobilité durable tout en renforçant la fréquentation des musées d’Occitanie et plus largement en promouvant la richesse du patrimoine régional.

Deux réouvertures de musées emblématiques en

Occitanie

Musée

Henri-Martin

de Cahors

La Région Occitanie a soutenu la restructuration du musée Henri-Martin de Cahors, aux côtés de l’État, du Conseil départemental du Lot et de la ville de Cahors.

Un montant total de 6 916 666€ a été attribué au projet permettant ainsi de doubler la superficie du musée (aujourd’hui 2 105 m²). Après six ans de travaux, il a rouvert ses portes le 6 mai 2022.

Fondé en 1833, il rassemble les collections acquises par la Ville, transférées dans l’ancien palais épiscopal du XIXe siècle et présentées au public à partir de 1929. En 1970, l’arrivée des œuvres d’Henri Martin initie une nouvelle phase de travaux et le nom du peintre est donné au musée. Les collections du musée Henri-Martin sont réparties en trois fonds principaux : les Beaux-Arts, dont 38 toiles d’Henri Martin, acquises pour certaines avec l’aide de la Région et de l’État, un fonds consacré à Gambetta (2 000 objets et documents), ainsi qu’une section consacrée à l’archéologie et l’ethnographie. Les collections s’étendent du Néolithique au XXIe siècle et comptent près de 11 000 objets et lots dont des pièces océaniennes : le fameux Rongo, dieu de la pluie, de l’agriculture et du curcuma est une pièce rare reconnue comme trésor national.

Musée du Gévaudan à Mende

Après plus de trois ans de travaux, en partie subventionnés par la Région Occitanie, le musée du Gévaudan a rouvert ses portes au cœur du centre historique de Mende le 18 octobre 2022. Inscrit dans le sillage d’une histoire muséale ancienne (le premier musée est ouvert en 1836, renommé Musée Ignon-Fabre à partir de 1976, fermé au public en 1995 pour des raisons de sécurité, et prend le nom de Musée du Gévaudan en 2017), le nouvel établissement déploie son parcours de visite sur 1 200 m². Il présente une collection de 16 000 objets offrant un panorama continu de l’occupation humaine du territoire, de la Préhistoire à nos jours, faisant la part belle à la nature et ses usages ainsi qu’à la culture et ses témoignages, sans oublier la mystérieuse « Bête du Gévaudan ».

Installé dans un ensemble de bâtiments patrimoniaux remarquables, l’établissement accueille également le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (CIAP) du Pays d’Art et d’Histoire (PAH) du Gévaudan. Conçu comme un musée ouvert, offrant des espaces de détente conviviaux et un accès libre à sa collection permanente, le musée est devenu un maillon essentiel de la revitalisation patrimoniale et touristique de la capitale lozérienne. Le musée du Gévaudan est géré par la Commune de Mende dans le cadre d’une convention pluriannuelle d’objectifs qui lie la commune de Mende, le Département de la Lozère et la Région.

Cérès Franco hors-les-murs : une exposition inédite à Carcassonne

Jusqu’au 7 mai

La Coopérative-Musée Cérès Franco investit la Maison des Mémoires de Carcassonne avec une exposition inédite : L’esprit des lieux : Cérès à tous les étages, jusqu’au 7 mai. Pensée en dialogue avec le lieu qui l’accueille, cette exposition fait résonner l’esprit de découverte et de liberté qui animait Cérès Franco. L’exposition s’articule autour de quatre thématiques - lieux, émulation, révélation et dissidence - proposées par les associations occupant la Maison des Mémoires. Chaque étage incarne un mot-clé, mettant en résonance les œuvres et la mémoire du lieu.

Cette exposition s’inscrit dans le programme hors-les-murs de La Coopérative-Musée Cérès Franco, en attendant sa réouverture au printemps-été 2026. Elle est la première d’une série qui réinvestira le territoire audois durant tout 2025. Une occasion de (re)découvrir l’âme de cette collection et de patienter jusqu’à la renaissance du musée.

Le GIP (Groupement d’intérêt public) La Coopérative-Musée Cérès Franco a été créé en 2018. Il est constitué de la Région Occitanie, du département de l’Aude, de Carcassonne Agglo, de la commune de Montolieu, et de l’Association pour la valorisation de la collection Cérès Franco.

• Tél. 04 68 72 45 55.

Cour d’entrée du Musée Henri-Martin

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