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Le magazine culturel de votre région
DÉCEMBRE 22 - JANVIER 23 HOMMAGE À PIERRE SOULAGES
© Vincent Cunillère NUMÉRO SPÉCIAL
Pierre Soulages 1919 - 2022
Dossier à découvrir dans ce numéro Récit photos par Vincent Cunillère
RÉCIT PHOTOS DES COUVERTURES
Dans ce numéro, le photographe
Vincent Cunillère livre le récit de 30 ans de photos au côté de Pierre Soulages
Reflets de Pierre Soulages
Parler de Pierre Soulages, parler de noir et de lumière, de présence et d’absence, de l’homme et de l’artiste, éviter les clichés, les redites, les commentaires convenus. Se sentir hésiter devant les mots les plus simples, ceux dont Flaubert affirmait qu’ils disent vrai parce qu’ils sonnent juste. Pas facile.
« Cette photo a été prise au musée Fabre, pendant l’accrochage d’une exposition sur les vitraux de Conques en 2010. Dans ses mains, il tient un essai de verre réalisé pour l’abbatiale. »
Partons du noir, sobre et nu, aussi vrai que les ténèbres ont précédé le jour si l’on en croit la Genèse, pour parler de lumière. Une obscure clarté qui tombe des étoiles, pour citer le fameux vers du Cid, oxymore qui semble au cœur même de la peinture du peintre de Rodez. L’œuvre au noir de Pierre Soulages, qui nous a quitté en octobre dernier à Nîmes, a fait rayonner d’un puissant éclat la peinture contemporaine française dans le monde entier. Cette œuvre continue de baigner d’émotions lumineuses le ciel d’Occitanie dont le peintre était un enfant et où il est décédé à l’âge de 102 ans. On a toujours du mal à évaluer, surtout de son vivant, l’importance de la présence d’un tel artiste dans la cité, son impact sur l’environnement culturel de toute une région, autrement qu’à l’aune d’un musée qui lui est consacré, celui de Rodez, et aux œuvres présentées ailleurs, notamment au Musée Fabre de Montpellier, à Conques et à Toulouse.
« Cette photo a été prise au musée Soulages, pendant une conférence de presse. Pierre Soulages pose pour les journalistes. Pour moi, cette photo est un instant de vérité, car Pierre Soulages ne me regarde pas, il est absorbé par le reste des photographes. C’est presque un instantané. Et puis, il y a la luminosité de la photo qui donne l’impression qu’il est habillé de lumière. »
Mais quelle que soit la difficulté à mesurer son legs artistique et son impact sur la production d’aujourd’hui - Pierre Soulages s’est toujours tenu à l’écart des chapelles, menant seul sa barque, sans héritier direct - il est évident que cette figure majeure de l’art contemporain n’en finit pas de déployer une ombre de géant sur le paysage artistique de notre région.
Ce numéro de décembre - janvier de l’Art-vues rend hommage à ce génial alchimiste qui savait faire surgir la lumière des plus sombres ténèbres. Une lumière qui va perdurer indéfiniment, semblable à celle d’une étoile longtemps après qu’elle a disparu dans le noir absolu.
Luis Armengol Rédacteur en chef
« Cette photo est, selon moi, représentative ducoupleSoulages.Pierreparlaittoujoursde son futur tableau. Colette, on ne la voyait jamais. Elle ne voulait jamais être prise en photo,etpourtantelleétaitomniprésente.Sur cette photo, on aperçoit uniquement ses pieds, cela représente parfaitement la symbolique de ce couple. »
Sommaire DÉC 22 - JANV 23
CAHIER SPÉCIAL RÉGION
SPECTACLES VIVANTS
SarlMédi’ArtCommunication
La Serre -Immeuble l'Arbre Blanc
1,pl Christophe Colomb 34000 Montpellier
Tél 04 67 12 06 00.contact@lartvues.com
Directeurde la publication :Stéphane Jurand
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Rédacteuren chef:Luis Armengol
Rédaction :Eva Gosselin -BTN -Marie-Jo Latorre
Anna Schütz -Mathieu Mandon (stagiaire)
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Assistante :Souha Zidani
Réalisation :Francis Duval
Impression :Rotimpres -Diffusion :BMC Diffusion
Dépôtlégalà parution -Magazine gratuit-ISSN :1164-7531
Edition etrégie publicitaire
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Prochain numéro : N° février - mars (sortie le 10 février)
EXPOSITIONS
– page trois –
EDITO
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27
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LE MAGAZINE CULTUREL DE VOTRE RÉGION
©VincentCunillère:«Cettephotoprisedansl’instantdel’accrochageestpourmoicellequisymbolisemarecherche: comprendre ce qu’il se passe derrière un tableau, découvrir la genèse de l’œuvre. La toile est le premier outrenoir réalisé par Pierre Soulages. Cette photo a été prise au cours de l’accrochage du musée Fabre en 2007. »
Pierre Soulages 1919 - 2022
Le 26 octobre dernier, la France perdait l’un de ses plus grands peintres. Pierre Soulages, inventeur de l’outrenoir, géant de la peinture contemporaine s’en est allé. De toute la France, mais aussi des États-Unis, du Japon, et de nombreux pays du monde, les hommages ont afflué, célébrant celui qui a fait jaillir la lumière du noir. L’émotion a également gagné toute une région, l’Occitanie, où ses attaches étaient fortes. À Rodez, sa ville natale où le musée qui porte son nom renferme la plus grande collection Soulages ; à Sète, où il avait fait construire sa maison en 1959 et où il vivait une grande partie de l’année ; à Montpellier, ville de sa jeunesse et du musée Fabre cher à son cœur. À travers ces pages, nous rendons hommage à cet incroyable inventeur qui illumina le noir, en voyageant en Occitanie, là où il a laissé sa marque, et à travers les témoignages de ceux qui l’ont côtoyé durant ses 80 ans de carrière.
Cahier Spécial Région Occitanie
Itinéraire d’un peintre LA VIE DE PIERRE SOULAGES
Sa vie durant, Pierre Soulages a fait naitre la lumière de la couleur la plus obscure : le noir. Né à Rodez, dans l’Aveyron, son parcours dépasse rapidement les frontières françaises. Sa peinture lumineuse interpelle, touche, au-delà de son pays et, rapidement, trouve un écho en Europe, aux États-Unis, et sur tous les continents.
Exposé dans les plus grands musées internationaux, le parcours de Pierre Soulages est celui d’un peintre qui aura emporté le monde entier dans sa quête pour la lumière.
L’Aveyron, la terre natale
C’est au cœur des plaines aveyronnaises, à Rodez, que nait Pierre Soulages le 24 décembre 1919. Son père, qui tient une entreprise artisanale de construction de voitures à cheval, meurt, en 1925, alors qu’il n’a que cinq ans. Élevé par sa mère et sa sœur, il développe très tôt un attrait pour le dessin. Mais, Pierre Soulages se démarque déjà. Loin des gribouillis enfantins, il semble déjà affirmer un autre regard sur l’art. Souvent, il racontera un moment de son enfance, où on l’avait surpris à tracer de grandes lignes noires sur une feuille blanche. Lorsqu’on lui demanda ce qu’il dessinait, il répondit « de la neige ». Un souvenir souvent répété dans les entretiens, mais qui traduisait surtout l’importance précoce du contraste pour celui qui deviendrait le maître de l’outrenoir.
Les jeunes années ruthénoises de Pierre Soulages seront aussi marquées par sa rencontre décisive avec l’abbaye Sainte-Foy de Conques. C’est lors d’un voyage scolaire, alors qu’il n’a que douze ou treize ans, qu’il visite ce joyau de l’art roman datant du XIe siècle. Pour le jeune adolescent qu’il est alors, et pour le peintre en devenir, la conviction que l’art sera au cœur de sa vie se fait ici. En 1969, sur le plateau de l’émission Vocations, il explique : « Après une visite à une abbatiale romane, à côté de Rodez, j’étais très impressionné par ce que j’ai vu : par l’architecture, par la sculpture, par l’art. Et je crois que ce jour-là, au fond de moi, j’ai décidé de m’occuper de ces choses-là, en en faisant toute ma vie. »
Montpellier, la révélation du musée Fabre
Devenu jeune homme, Pierre Soulages monte à Paris pour devenir professeur de dessin. Orienté, un peu malgré lui vers l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, il
est admis au concours. Mais Soulages est déçu par l’enseignement qui y est proposé et n’y suivra pas un seul jour de cours. Avant de repartir pour Rodez, il aura visité plusieurs expositions et les tableaux de Cézanne et Picasso le marqueront durablement. En 1940, la guerre a éclaté, il est mobilisé. En 1941, démobilisé il descend à Montpellier et s’inscrit à l’École des Beaux-Arts de Montpellier, toujours dans l’optique de devenir professeur de dessin. Le premier jour dans la cité méditerranéenne, il se rend au musée Fabre et découvre ses riches collections de peintures, notamment celles de Courbet. Le lieu restera d’ailleurs dans le cœur du peintre jusqu’à la fin de sa vie. Montpellier, c’est aussi pour Pierre Soulages le lieu de la rencontre avec celle qu’il épousera en 1942, Colette Llaurens.
*
Les toiles de Soulages n’ont pas de titre
Ou plutôt, chaque œuvre de Pierre Soulages est intitulée selon le matériau utilisé, la dimension de la toile et sa date. Pour le peintre, donner un titre à une toile aurait pour effet d’influencer le regard du spectateur et l’empêcherait de véritablement voir l’œuvre.
© Vincent Cunillère : « Pierre Soulages est ici dans son atelier du 5e arrondissement à Paris. Nous faisions ce jour-là une séance pour une exposition au Centre Pompidou et publiée dans le catalogue sorti chez Thalia Édition. Il avait complètement réorganisé l’atelier pour ces photos. »
© Vincent Cunillère : « Cette photo c’est l’histoire de la rencontre de Pierre et Colette. Ils se sont rencontrésen1946,àMontpellier,àl’ÉcoledesBeaux-Arts.Lapremièrechosequ’ilsaientfaite ensemble, c’est d’aller au musée Fabre, et plus précisément dans la salle Courbet. C’est leur première émotion de couple artistique. »
©
– page six –
Pierre Soulages à huit ans
Ar chi ves Soulages
Allemagne, premier succès
Pendant la guerre, le peintre se voit obligé de mettre son travail artistique entre parenthèse. Ce n’est qu’en 1946, désormais installé à Paris, qu’il peut à nouveau s’y consacrer. En 1947, il expose pour la première fois l’une de ses toiles au Salon des Surindépendants. Mais, en France, son travail tranche avec les couleurs de la peinture de l’après-guerre. C’est un médecin allemand qui sera, pour Pierre Soulages, l’occasion de participer à une première grande exposition. De 1948 à 1949, une exposition itinérante parcours l’Allemagne. Il y est le plus jeune peintre exposé, mais surtout, sa toile illustre l’affiche de cette exposition qui rencontre un grand succès. À partir de cette date, les sollicitations se font de plus en plus nombreuses.
États-Unis, l’entrée dans les grands musées
La fin des années 40 et le début des années 50 marquent un tournant. Pierre Soulages participe à plusieurs expositions de groupe dans de grands musées américains. Surtout, de 1954 à 1966, la galerie Samuel Kootz, à New York, lui ouvre ses portes pour des expositions personnelles régulières. En parallèle, ses œuvres entrent dans les musées : de la National Gallery de Washington, au musée Guggenheim et museum of modern art de New York, jusqu’à la Tate Gallery de Londres, le museu de arte moderna de Rio de Janeiro, et le musée d’art moderne de Paris. Par ailleurs, les expositions monographiques s’enchainent, de l’Allemagne au Brésil, de la Suisse au Mexique, du Japon aux Pays-Bas.
En France, la reconnaissance
En 1979, les premiers outrenoirs sont exposés au Centre Georges-Pompidou. Puis, de 1987 à 1994, Pierre Soulages mène le chantier de sa vie : la création de 104 vitraux pour l’abbaye Sainte-Foy de Conques, celle qu’il avait tant admirée enfant. En 2007, le musée Fabre rénové inaugure une aile entière qui abrite une donation exceptionnelle de Pierre et Colette Soulages. Faite en 2005, elle réunit une vingtaine de toiles majeures de l’artiste auxquelles s’ajoute un dépôt de onze œuvres. En 2009, Beaubourg célèbre les 90 ans de Soulages en lui consacrant une immense rétrospective. En 2014, le musée Soulages de Rodez est inauguré. Il abrite aujourd’hui 500 œuvres issues de trois donations de Pierre et Colette Soulages. Enfin, en 2019, le Salon Carré du Louvre accueille la rétrospective Soulages au Louvre. Parmi les œuvres, trois polyptyques réalisés pour l’exposition. n
Dates clés
1919
Naissance le 24 décembre à Rodez, dans l’Aveyron.
1931-1932
La visite de l’Abbaye Ste-Foy de Conques, est pour lui un choc décisif
1938-1939
Part à Paris et est admis à l’École nationale des Beaux-Arts
1941-1942
Démobilisé, il s’installe à Montpellier pour préparer le concours de professeur de dessin. Il s’inscrit à l’École des Beaux-Arts et rencontre Colette Llaurens qu’il épouse en octobre 1942. Il découvre le musée Fabre.
1945
Installation à Paris
1948
Fait partie d’une exposition de groupe en Allemagne, l’une de ses peintures est choisie pour l’affiche
1949
Première exposition personnelle à la galerie Lydia Conti à Paris
1953
Exposition au musée Guggenheim à New York
1954
Le galériste new-yorkais Samuel Kootz lui offre sa première exposition personnelle aux Etats-Unis et devient son représentant américain jusqu’en 1966
1959
Le couple Soulages s’installe à Sète où Pierre a un second atelier. Il vit et travaille entre Sète et Paris à partir de 1961.
1979
Début d’une nouvelle peinture qu’il appellera « l’outrenoir ». Exposition au Centre Pompidou.
1986
Reçoit le Grand Prix national de peinture.
1987-1994
Réalise les 104 vitraux de l’Abbaye de Conques
1992
Reçoit le Praemium Imperiale de peinture à Tokyo
1994-1998
Parution du Catalogue raisonné de Pierre Encrevé
1996
Rétrospective au musée d’Art moderne de Paris
2001
Premier artiste vivant invité à exposer au musée de l’Ermitage à SaintPétersbourg.
2005-2007
Donation de 500 pièces à la communauté d’agglomération du Grand Rodez en vue de la construction d’un musée. Pierre et Colette Soulages donnent également 20 toiles au musée Fabre à Montpellier qui, après rénovation, rouvre ses portes avec une aile consacrée au peintre.
Il a toujours travaillé comme un chef d’orchestre, avec une précision phénoménale. »
Soulages premier artiste vivant exposé au musée de l’Ermitage en Russie
En 2001, le musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg invite Pierre Soulages à exposer. Il devient alors le premier artiste vivant à y avoir été présenté. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il refusera, en 2019, que l’on décroche sa toile pour l’exposition de son centenaire au Louvre.
2009
Grande rétrospective organisée pour ses 90 ans au Centre Pompidou.
2014
Inauguration du musée Soulages à Rodez.
2019
Exposition au Louvre pour son centenaire
2022
Décès le 26 octobre à Nîmes
© Vincent Cunillère : « J’appelle cette photo « Le chef d’orchestre ». Nous sommes au Centre Pompidou et c’est l’accrochage de la salle 10. Pierre est au centre, en train d’organiser le positionnement des tableaux.
sept –*
Cahier Région | Pierre Soulages 1919-2022
– page
Si l’on connait les grandes toiles noires et lumineuses de Pierre Soulages, le peintre découvre et se concentre sur l’outrenoir à partir du début des années 1980. Avant cela, il s’intéresse au contraste créé par le noir sur la toile, il utilise également le brou de noix, matière empruntée aux artisans. Enfin, moins connue, les gravures et eaux-fortes sont pourtant une partie incontournable de l’œuvre de Pierre Soulages.
En 1946, alors qu’il peut enfin se consacrer entièrement à la peinture, Pierre Soulages installe un atelier dans le petit appartement de Courbevoie qu’il habite avec Colette. Si, au départ, il s’essaie à quelques dessins au fusain, il rompt rapidement avec toute tentative de figuration. Embarrassé par les pinceaux traditionnels des peintres, il cherche d’autres outils comme de larges brosses. Ces dernières impliquent alors de travailler une masse importante de peinture, et Pierre Soulages s’intéresse rapidement au brou de noix, matériau découvert dans les ateliers des artisans ruthénois qu’il côtoyait enfant. Ce brou de noix, fluide ou dense, devient une matière stimulante pour le peintre. Sur ses toiles naissent des formes, semblable à des caractères chinois, mais en réalité il ne s’agit pas de signe ou d’abstraction gestuelle. De 1946 à 1949, Pierre Soulages réalisera près de cinquante brous de noix. L’un d’eux sera exposé en 1948 en Allemagne et sera repris sur l’affiche de l’exposition, offrant une visibilité incroyable à Pierre Soulages.
À partir des années 1950, le noir est de plus en plus présent sur les œuvres de Pierre Soulages. Toutefois, les larges coups de brosse façonnent la texture de l’œuvre, et établissent la structure charpentée de la composition. Apparaissent alors des bruns et des bleus. Par ailleurs, sur d’autres toiles, les couches successives de noirs créent une masse écrasée au couteau laissant surgir des trouées de lumière et un clair-obscur. Dans les années 1960, la peinture de Pierre Soulages évolue encore. Sur de grands formats apparaissent de larges aplats de noirs sur fond blanc. Au début des années 1950, Pierre Soulages entreprend des recherches sur la gravure. Deux premières eaux-fortes sont tirées en 1952. Puis, à partir de 1957, il utilise la technique de l’aquatinte permettant de réaliser des aplats de couleur sur la plaque de cuivre grâce à un grainage à la poudre de résine. C'est cette zone couverte de résine qui une fois fondue retiendra l'encre et permettra de créer différentes nuances de couleur selon le temps de morsure de l'acide sur la plaque. Si Pierre Soulages revient plusieurs fois à la gravure au cours de sa vie, son œuvre imprimé est assez restreinte et compte 123 créations, toutes conservées au musée Soulages de Rodez.
C’est au cours d’une nuit de l’année 1979 que l’outrenoir surgit d’une toile. « Cette fameuse nuit, je me suis aperçu que je peignais avec de la lumière, que je ne peignais plus avec du noir. Ce n’était pas le noir qui comptait, mais la lumière réfléchie par le noir qui me conduisait », explique-t-il dans le documentaire Pierre Soulages, de Stéphane Berthomieux, en 2017. Dès lors, Pierre Soulages n’aura de cesse de chercher à faire jaillir la lumière du noir. Très vite, il invente le terme « outrenoir » pour décrire cette recherche, cette couleur nouvelle qui est un autre noir, qui va au-delà du noir.
Car l’œuvre de Soulages, c'est avant tout une couleur. Le peintre rejette la figuration. Pour lui, une simple ligne c'est déjà représenter quelque chose qui restitue le mouvement de la main, exprime une durée : celle de la main qui trace un trait. Soulages cherchera donc à échapper à la marche de cette durée, de cette trace, en regroupant sur la toile les touches du pinceau. Assemblées, elles créent un rythme, on saisit alors la globalité du tableau. À l’aide d’outils qu’il créé lui-même (racloirs, couteaux à enduire, spatules, brosses), il strie, lisse la toile. De ce mouvement naissent des aspérités, des stries où se reflète la lumière. Le noir est ainsi toujours en relation avec la lumière qui irrigue le tableau. C’est son reflet qui modifie le noir et le transforme en outrenoir.
Soulages a été le peintre le plus côté du monde de son vivant
En 2021, l’une de ses toiles, datant de 1961, a été acquise pour 20,2 millions de dollars, soit 17,8 millions d'euros. Cette vente aux enchères, organisée le 16 novembre chez Sotheby's, à New York, propulse Pierre Soulages au rang d'artiste français le mieux coté du monde.
Si les court de ses toiles pouvait s’affoler, Pierre Soulages n’accordait que peu d’importance à la côte. À propos de l’envolée du prix de ses toiles il répondra dans un entretien publié dans Le Monde, en 2019 : « [Il hausse les épaules. Silence. Lève les yeux au ciel.] Quel sens a l’argent dans ces caslà ? Cela veut juste dire qu’il y a des gens fortunés qui peuvent acquérir des œuvres. Voilà, à part ça… »
*
DU BROU DE NOIX À L’OUTRENOIR LE CHEMINEMENT ARTISTIQUE DE PIERRE SOULAGES
Huile
sur
73 x 47 cm,1947 © Vi ncent Cuni l l èr e © Vi ncent Cuni l l èr e – page huit –
Peinture 162 x 127 cm, 14 avril 1979
et brou de noix
papier,
ENTRETIEN AVEC
CAROLE DELGA PRÉSIDENTE DE LA RÉGION OCCITANIE
PYRÉNÉES-MÉDITERRANÉE
Il a révélé
CETTE LUMIÈRE SECRÈTE venue du noir
Ruthénois de naissance, Pierre Soulages est resté, sa vie durant, lié à son territoire natal, et plus largement à l’Occitanie. Un attachement que l’on retrouve dans un geste fort : la donation exceptionnelle dans le cadre de la création du musée Soulages de Rodez, ou encore celle d’une vingtaine de toiles au musée Fabre de Montpellier. Le peintre vivait également une grande partie de l’année dans sa maison sétoise, où il avait installé un atelier. Un lien unique avec le territoire sur lequel revient Carole Delga, Présidente de la Région Occitanie. Dans cet entretien, elle évoque également l’héritage artistique que laisse Pierre Soulages et l'avenir du musée Soulages.
« L'Occitanie est en deuil d'un de ses plus grands génies. Le plus bel hommage est de continuer à faire découvrir ou redécouvrir son œuvre universelle. »
C'est en ces mots particulièrement forts que vous avez souhaité rendre hommage à Pierre Soulages lors de son décès. Il entre à jamais dans l'histoire de notre région...
Pierre Soulages incarnait l’Occitanie comme personne. Evidemment c’est d’abord Rodez, ville qui l’a vu naître en 1919 et où a été bâti le musée qui lui est consacré, mais pas seulement. Il a été tout au long de sa carrière un formidable ambassadeur de notre région à travers le monde. Les vitraux à Conques, tout comme ses œuvres exposées au musée Fabre de Montpellier, ainsi que la ville de Sète où il résida, témoignent de l’attachement qu’il portait à l’Occitanie. Ce travailleur acharné, habité par sa recherche sur la matière et par son art, a été exposé dans les plus grands musées et les plus célèbres galeries : aux Etats-Unis, au Japon, en Allemagne notamment. C’est une grande fierté pour notre région !
Vous avez rencontré à plusieurs reprises Pierre Soulages et son épouse Colette durant vos mandats, notamment encore quelques jours avant son décès, quel était le lien que vous aviez et les sujets que vous évoquiez ?
Deux semaines à peine avant son décès, j’ai eu la chance de rendre visite à Colette et Pierre Soulages, chez eux à Sète. Nous avons évoqué la vie du musée de Rodez, cher à son cœur, pour lequel il avait généreusement fait don en 2020, pour la troisième fois, d’un ensemble d’œuvres pour enrichir ses collections, dont le grand Outrenoir du centenaire Peinture 390 x 130 cm. Nous avons aussi parlé de la prochaine exposition et des interventions du musée auprès de la jeunesse. Et puis, il était un complice inspirant, avec qui je partageais l’amour de l’art, du Japon, de l’Aveyron et de Sète.
Vous avez évoqué la donation faîte au musée de Rodez, les projets d'expositions et des actions envers la jeunesse... Comment le musée va-t-il gérer « l’après » ?
Grâce à la générosité du couple Soulages, ce musée offre le panorama le plus complet de l’œuvre de Pierre Soulages. Il est le seul artiste qui, de son vivant, a souhaité léguer une partie de sa collection personnelle à un musée, dont il a supervisé la construction et l’installation des œuvres. Depuis son inauguration en 2014, le musée Soulages, qui
est un Etablissement Public de Coopération Culturelle bénéficiant du partenariat de Rodez agglomération, du Conseil Départemental de l’Aveyron, de la Région Occitanie et du ministère de la Culture, est plébiscité par le public. Il a franchi en 2021 le seuil d’un million de visiteurs. Je suis persuadée que cette adhésion du public tient au talent de Pierre Soulages évidemment, et à l’architecture exceptionnelle du musée, mais également à la mission que le peintre nous a assignée : Pierre Soulages ne voulait pas un « musée mausolée », mais souhaitait un établissement ouvert aux autres créateurs, ceux de sa génération ainsi que la jeune création contemporaine. Alors fin 2023, ou en 2024, une exposition sera organisée en hommage à Pierre Soulages. Mais selon son souhait le plus cher, le musée présentera par la suite, des expositions temporaires d’artistes qu’il a côtoyés ou qui se sont inspirés de son œuvre. C’est le plus fidèle hommage que nous puissions lui réserver.
Quel héritage artistique Pierre Soulages va-t-il laisser selon vous à l’Occitanie ? Son talent a marqué à jamais le monde de l’art contemporain. Inventant l’outrenoir, il a révélé cette lumière secrète venue du noir, et je suis intimement convaincue que cela restera vraiment comme son trait de génie le plus mémorable. Mais il a touché à toute sorte de techniques et sa grande force, c’est qu’il ne s'interdisait rien. Il s’extrayait des codes académiques pour suivre son instinct, explorer en permanence. Cette liberté l’a guidé toute sa vie. Être confronté à son travail est une expérience esthétique unique, forte, bouleversante. C’est bien ce riche héritage artistique qu’il va laisser aux jeunes générations, afin qu’elles puissent s’en inspirer : ancrage territorial, modestie, simplicité, discrétion, profondeur de la recherche et ouverture sans sectarisme à tout ce qui peut élargir et permettre une liberté de création artistique.
L’Occitanie est une terre d'artistes, cela a été encore souligné lors de l'hommage national rendu à Pierre Soulages par le Président de la République. Vous êtes particulièrement attachée aux actions menées par la Région notamment avec le soutien à de nombreux lieux d'expressions artistiques et musées.
En effet, la permanence de l’occupation humaine et du génie créatif est manifeste en Occitanie, depuis les grottes préhistoriques peintes telles que celles de Niaux en Ariège et Pech Merle dans le Lot, jusqu’à la création contemporaine la plus engagée. Consciente de cette exceptionnelle richesse, et malgré un contexte budgétaire difficile et tendu, la Région a choisi de maintenir son soutien aux structures professionnelles du territoire, tout particulièrement celles dans lesquelles elle est directement engagée : le musée Soulages, bien sûr, mais également le Centre Régional d’Art Contemporain de Sète ou encore le Musée Régional d’Art Contemporain (MRAC) de Sérignan, gérés en régie directe, ainsi que le Musée d’Art Moderne de Céret dans les PyrénéesOrientales ou les Fonds Régionaux d’Art Contemporain de Montpellier et Toulouse. Ce sont aussi d’autres établissements à caractère plus patrimonial mais qui proposent une ouverture sur l’art, notamment le musée Narbo Via à Narbonne qui accueillera en 2023 une installation d’œuvres d’art contemporain du MRAC, dans le parcours permanent de la Narbonne romaine. Un bel anachronisme pour suggérer le caractère intemporel de l’art…
Recueillis par S. Jurand
“ Pierre Soulages incarnait l’Occitanie comme personne
“
Carole Delga avait rendu visite à Pierre et Colette Soulages quelques jours avant le décès de l’artiste 1919-2022 – page neuf –
Cahier Région
| Pierre Soulages
LE MUSÉE SOULAGES à Rodez
Fortes de quelque 500 œuvres signées par le maître de l’outrenoir, les collections du musée Soulages constituent le plus important ensemble du peintre au monde. Un fond composé de trois donations exceptionnelles de Pierre et Colette Soulages à la Communauté d’agglomération de Rodez, faites en 2005, 2012 et 2020. Imaginé par le collectif d’architectes catalans RCR, le musée Soulages est un véritable écrin pour ces œuvres, mais aussi un lieu ouvert sur la création moderne et contemporaine internationale. Au cœur des salles du musée, c’est une rencontre avec la diversité de la création de Soulages qui est proposée : de ses peintures de jeunesse à ses Brous de noix en passant par les travaux préparatoires de Conques ou encore ses gravures et bronzes.
Brous de noix et peintures sur papier
Commencés au milieu des années 40, les brous de noix mettent en valeur un matériau propre à l’artisan et manifestent dès l’origine la conception très personnelle de l’abstraction chez Soulages. Peu représentées dans les collections publiques, ces œuvres des années 1946-1948 comptent parmi les pièces majeures de l’artiste, au même titre que les Outrenoirs dès 1979. Les peintures sur papier forment un ensemble unique qui va jusqu’aux gouaches linéaires, épurées des années 70.
Peintures sur toile
Le musée présente une sélection de peintures sur toile réalisées de 1946 à 1986. Partant d’un recouvrement partiel ou total de la toile par le noir, l’artiste travaille les transparences : il racle la matière, dévoile les fonds avec des bleus, des rouges, des bruns…
Cartons préparatoires aux vitraux de Conques
Chef-d’œuvre de l’art roman, l’abbaye de Conques joue un rôle clé dans l’œuvre de Soulages. En 1986, il accepte une commande officielle proposée par l’Etat pour réaliser les vitraux. Le projet de l’abbatiale s’achèvera en avril 1994 avec les 104 vitraux réalisés par Soulages. L’artiste contemporain, côtoie avec humilité l’harmonieuse architecture romane. Au musée Soulages, on peut observer le travail préparatoire de ces vitraux. Des cartons grandeur nature, sur des panneaux de mélaminé servant à régler, par déplacement, les plaques de verre découpées une à une, pour chaque baie ; des notes et des dessins pour témoigner et décrire l’aventure des vitraux de Conques de 1987 à 1994 pour lesquels Pierre Soulages a mis au point un verre particulier.
L’œuvre imprimé
Soulages a un intérêt profond pour la réalisation de « multiples ». L’œuvre imprimé (eaux-fortes, lithographies, sérigraphies) compose un pan entier de sa production. L’expérimentation stimule le hasard et les accidents y dominent. Les matrices en cuivre des estampes vont côtoyer les planches imprimées ainsi que les sculptures.
Cinq nouvelles toiles en dépôt
À partir du 17 décembre, le musée Soulages présentera cinq nouvelles toiles de Pierre Soulages issues d’un dépôt de collectionneurs privés. Il s’agit de Peinture 102 x 165 cm, 21 avril 1991 ; Peinture 218 x 390 cm, 1982 ; Gouache 65 x 50 cm, 1973 ; Gouache sur papier 52 x 36 cm, 1973 et Peinture 92 x 65 cm, 1951.
Dans le cadre des 20 ans de la rénovation du musée Fenaille, plusieurs expositions temporaires ont lieu. Parmi elles, l’installation d’une toile de Pierre Soulages au cœur de la collection de statutes-menhirs. Profondément marqué par sa rencontre avec les statues-menhirs, le peintre Pierre Soulages a choisi une de ses œuvres personnelles pour entrer en résonance avec la collection de statues-menhirs. L’installation d’une œuvre de Pierre Soulages au cœur de la collection de statues-menhirs constitue un évènement fort dans l’histoire du musée, rappelant à la fois leur pouvoir d’évocation et l’importance de leur dimension esthétique pour le regard contemporain.
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SUR LES TRACES DE SOULAGES EN OCCITANIE
© Vincent Cunillère : « Cette photo a été prise lors de la première rencontre entre Pierre Soulages et Benoit Decron, en 2009. Ils sont dans l’atelier de Paris et regardent les œuvres qui feront partie de la donation. »
Une toile de Soulages au musée Fenaille à Rodez
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Une salle du musée Soulages à Rodez
BENOÎT DECRON DIRECTEUR DU MUSÉE SOULAGES
Inauguré en 2014, le musée Soulages abrite les donations de Pierre et Colette Soulages à la ville de Rodez, ville natale du peintre. 500 œuvres et documents composent le fond exceptionnel dont il dispose et offre un large panorama sur l’œuvre de Pierre Soulages. Présent au côté de l’artiste depuis la création du lieu, Benoit Decron, directeur du musée Soulages, brosse dans cet entretien le portrait de l’œuvre et du peintre.
“Imaginer un musée du vivant d'un artiste, C'EST RARISSIME !
Quelles sont les grandes caractéristiques de l'œuvre de Pierre Soulages ?
Pierre Soulages est un artiste majeur qui appartient au mouvement non figuratif, informel si l’on préfère. En réalité, il n'a jamais accepté qu'on le décrive comme un peintre abstrait. Il disait qu'il y avait quelque chose de concret dans son absence de réalisme. L'une de ses caractéristiques, c'est qu'il a peint pendant près de 80 ans. Il est assez inouï qu'un artiste couvre par sa création deux mouvements, le contemporain et le moderne ; et surtout deux siècles, le XXe et le XXIe siècle.
Outre la peinture, il s’est intéressé à beaucoup de techniques. Il était à la fois peintre, graveur, sculpteur. Il se considérait toujours comme un peintre, et n’aimait pas que l'on utilise le terme artiste pour le décrire.
ses inspirations ?
Pour lui, les grands peintres ce sont ceux de la préhistoire. Ce sont des anonymes, ou bien des peintres romans par exemple. Les fresques de Saint-Savin, de Montmorillon, de Tavant… Ce sont aussi les peintres primitifs italiens du XIVe siècle. Il a aussi été compagnon de route d'un certain nombre d'artistes de son temps comme Hartung, Schneider, Olivier Debré ou encore Atlan.
“ Pierre Soulages était aussi un inventeur, plus exactement, un technicien inventeur
En fait, il a toujours préféré l’autonomie et n'aimait pas être comparé aux autres. Pierre Soulages était aussi un inventeur, plus exactement, un technicien inventeur. Il a inventé dans sa peinture des techniques particulières : l'outrenoir bien sûr, mais aussi la gravure, la peinture sur papier, le verre dont les vitraux de Conques.
Comment travaillait-il ?
Jusqu'en 1979, il peint en s’intéressant au rapport du noir et de la couleur, le rapport du noir et de la lumière. La lumière sourd de la toile pour arriver vers le spectateur. Le noir met en valeur à la fois le blanc et les couleurs. Ce premier travail s'étend de 1946 à 1979. À partir de cette date, il découvre l'outrenoir, une notion géographique qui veut dire « audelà du noir ». Ce noir ce n’est pas du pathos, il n’y a aucun caractère dramatique. Ça n’est pas non plus un monochrome, mais bien une peinture monopigmentaire. La lumière se réfléchit sur le noir et revient vers le spectateur pour apporter à la fois de la lumière, et dans cette lumière des couleurs : c'est ça l'outrenoir. Pierre Soulages a peint 1800 tableaux, dont plus de la moitié sont des outrenoir.
Il s’intéressait à l’art pariétal, peut-on dire que cela faisiat partie de
Il faut comprendre qu'après la Seconde Guerre mondiale, les artistes, en particulier les abstraits, s'intéressent au hasard, et puis, à la matière, aux outils. Soulages n’utilisait pas de chevalet, il peignait sur le sol. Il ne se servait pas de pinceaux conventionnels. Il construisait ses outils.
À partir de là, il a développé des techniques et en particulier les estampes, la gravure plus exactement. Là où il a été le plus inventif, c'est avec l'eau-forte. Il a complètement défoncé des plaques de cuivre pour réaliser des formes élémentaires, presque brutales. Il a aussi inventé un verre pour les vitraux de Conques dans lequel il a capturé la lumière. Ce verre, translucide mais pas transparent, faisait se diffuser la lumière à l'intérieur de l'église de telle sorte que l’on ne voit pas ce qu'il y a à l'extérieur de l'intérieur, et de l'extérieur, on ne peut pas imaginer
l'intérieur. C'est ce qui est absolument formidable dans les vitraux de Conques. Cela représente 104 vitraux, et quasiment huit ans de sa création.
Vous avez conçu le musée Soulages à ses côtés, que représentait ce lieu à ses yeux ?
D’abord, il faut rappeler que sans ses donations, il n’y aurait pas de musée. Il en a octroyé deux importantes et également plusieurs dépôts. Cela représente environ 500 œuvres à l’inventaire et retrace son œuvre de 1934 à 2019. Pierre et Colette Soulages ont souhaité honorer ce territoire en assurant cette donation. Imaginer un musée du vivant d'un artiste, c'est rarissime ! Ce lieu a été conçu comme il voulait qu'il le soit. La collection permanente est très mobile, l’accrochage change régulièrement pour que le musée ait toujours une vie. Le but, c'est que l’on ne sorte pas du musée sans savoir qui il était. On y raconte l'histoire de sa technique, et celle de Pierre Soulages avec l'aide des œuvres, des films, des documents.
Pierre Soulages voyait dans ce musée, un lieu qui le représentait, mais il voulait qu’il soit ouvert sur d'autres artistes et c'est la raison pour laquelle on a une salle d'exposition temporaire très grande. Les expositions n'ont pas de rapport, pour la plupart d'entre elles, avec Pierre Soulages. Tout ce qui se fait au musée, même un simple raccrochage, lui était restitué. La création du musée, son évolution, sa marche, tout cela a toujours été fait en parfaite transparence, et confiance, avec Pierre et Colette Soulages. Désormais, le travail du musée va non seulement se poursuivre, mais s'amplifier. Notre grande fierté est
d'avoir ouvert, au-delà de l'œuvre de Soulages, la peinture non figurative au grand public. C'est aussi un succès très fort auquel Pierre et Colette Soulages étaient très attachés.
Vous l'avez longtemps côtoyé. Quel homme était-il ?
Je l’ai côtoyé très régulièrement pendant quatorze ans. C’était un homme extrêmement rigoureux. Il faisait partie de ces grands artistes qui peuvent douter. Lorsqu’on se rendait dans son atelier, on s’asseyait, on discutait et il pouvait demander leur avis aux gens sur ses œuvres. La deuxième chose, c’est qu'il était très exigeant. S’il n’était pas satisfait de ses œuvres, il était capable de les détruire. Par exemple, pour l’exposition au Centre Pompidou en 2009, il a détruit 24 peintures. À côté de ça, c’était une personne très drôle, facétieuse. Il faisait aussi preuve d’une grande bienveillance. C’était un monument. J’avais beaucoup d’amitié pour lui, et j’en ai pour son épouse, Colette. Il faut d’ailleurs insister sur le fait que Colette a accompagné l'œuvre de Soulages depuis leur mariage, en 1942. Pierre sans Colette, c'était impossible. Elle a accompagné l'œuvre de son mari, en le libérant d'un certain nombre de contingences matérielles. Cela lui a permis de peindre en toute liberté. La passion de la vie de Pierre, outre Colette, c'était la peinture. Il a vécu dans la peinture. Dès qu'il avait le temps, il était dans son atelier. Il a peint jusqu'au bout. Il avait toujours des projets. Ce qui l’intéressait, ce n'étaient pas les jours passés, mais ceux à venir.
Recueillis par E.G
ENTRETIEN AVEC
“ Ce qui l’intéressait ce n’était pas les jours passés, mais ceux à venir
© C. Bousquet
1919-2022 – page onze –
Benoit Decron Cahier Région | Pierre Soulages
À LA LUMIERE DE CONQUES
En 1993, j’ai la chance, grâce à l’amitié de l’ancien responsable culturel de la ville de Montpellier, Georges Desmouliez, d’être invité avec mon épouse, à Sète, par le couple Colette et Pierre Soulages. Nous y passons l’après-midi et les vitraux de Conques sont le sujet essentiel de la conversation. Il nous en explique la longue genèse et nous fournit d’innombrables détails techniques. Il nous conduit dans son atelier et nous montre les maquettes (qui seront bien plus tard exposées au musée de Rodez). Son enthousiasme me frappe et, pour le remercier, je lui envoie, les jours suivants le texte ci-dessous, à propos duquel il me téléphone longuement. Un second texte, nettement abrégé, sortira dans la revue Calades. Il faut savoir que l’œuvre de Soulages fut ma première vraie rencontre avec l’art moderne et contemporain, au musée Fabre (j’habitais juste à côté), où l’avait invité, dans les années 70, Georges Desmouliez alors en poste. Je ne me privais pas de le lui avouer. Le même Georges Desmouliez m’a, par la suite offert un monotype, signé par le maître, et qui avait fait partie des essais non retenus de couverture du catalogue Delteil (1975). De cette rencontre, il me reste, deux catalogues dédicacés, quelques photos et une conversation téléphonique que j’ai enregistrée, à l’époque. Je le reverrai maintes fois par la suite, notamment à Conques pour l’inauguration et bien sûr au musée Fabre en 2005, lors de la célèbre Donation mais simplement pour le saluer. Quant à Rodez, je suis arrivé trop tard pour la visite de presse… L’après-midi, il se reposait… Le texte ci-dessous date de 1993 mais il est actualisé (premier paragraphe) et, de temps à autre, légèrement retouché…
Pierre Soulages vient de nous quitter, à l’âge canonique de 102 ans. Il se dégageait de sa personne une impression de puissance et de force. Il semblait posséder, en son corps comme dans sa créativité, la résistance aux injures du temps d’un menhir, de ceux que l’on rencontre dans sa région natale. Celle-ci s’honore à présent de son musée consacré au maître et à ces expositions temporaires auxquelles il tenait tant. Montpellier, où il étudia il y a bien des lustres, n’est pas en reste grâce aux salles qui lui sont consacrées au musée Fabre, notamment celles vouées à « l’outrenoir », dont il se montrait si fier. Car son noir était lumineux. C’est un peu ce que l’on veut rappeler dans les lignes qui suivent : son rapport à la lumière. Pierre Soulages a refusé plusieurs propositions avant que de s’investir corps et âme dans ce projet de réfection des vitraux de la basilique Sainte-Foy à Conques donc, en Rouergue, chef d’œuvre de l’art roman, célèbre gîte de pèlerinage, construite à quelques kilomètres de son lieu de naissance, Rodez en Aveyron. Je ne sais si la vision enfantine de la sublime architecture de l’abbatiale, à l’instar de celle des dolmens voire des arbres perçus à contre-jour dans son terroir natal, eut une incidence déterminante sur la vocation plastique du jeune Soulages, et sur la découverte de sa singularité picturale, mais je ne puis me défaire de la pensée que ce consentement ressemble à une espèce de retour aux sources. Toutefois, il convient de dépasser ce caractère anecdotique, fût-il fort instructif.
Chercher dans l’œuvre même de Pierre Soulages ce qui le prédisposait à un rapport aussi intime, aussi pertinent et aussi légitime avec ce lieu me paraît nécessaire pour mieux comprendre son œuvre. Plusieurs raisons s’imposent à nous tout de go : des
rapports évidents peuvent en effet se voir établis entre l’architecture romane de l’église de Conques et ce que l’on peut retenir d’essentiel des réalisations de Pierre Soulages. Tout d’abord le plus manifeste : la subordination du détail à l’unité d’ensemble, caractéristique aussi bien de l’art roman que de chaque tableau ou gravure de Pierre Soulages, a fortiori de ses vitraux. J’y ajouterai le caractère construit de chaque tableau, lequel fait penser à une architecture ramassée, puissante et sobre, avec ses lignes majeures et ses éléments «mineurs». A Conques, à la nef et au transept, s’ajoutent des chapelles bénédictines qui concourent à l’effet massif de la bâtisse.
On note également une certaine sévérité, liée bien évidemment à l’extrême dépouillement du christianisme primitif par opposition aux fastes et flamboiements du gothique à venir. Ainsi l’intérieur de la basilique ne contient pas, à l’origine, de «figures» ni d’épanchements colorés, superflus ou surajoutés, une fresque plus tardive du transept étant d’ailleurs à peu près effacée. Chez Soulages, l’austérité est liée à l’utilisation, certes riche en nuances polychromiques, du noir, signe distinctif à tout jamais de sa production. Les vitraux, non transparents, reprennent cette austérité par le rejet du monde extérieur et de ses représentations. Il faut également souligner la recherche de la pureté et de la simplicité optimales. Dans l’architecture romane, la pierre est exhibée dans sa nudité. A Conques les pierres, d’origine différentes, sont colorées de jaune, de rose et de gris-bleu. Quel besoin dès lors de faire redondance en ajoutant des vitraux de couleurs (Et pourquoi pas une piste de danse ? disaitil ironiquement)? Cette quête de la netteté chez Soulages va de pair avec une certaine fermeté, un sens aigu de la précision, un esprit de finesse qu’accentue la confiance accordée à une peinture « monopigmentaire » (selon la proposition de son ami Pierre Encrevé, responsable du catalogue raisonné de l’Œuvre).
L’œuvre est imbibée voire traversée par une certaine qualité de lumière d’autant plus remarquable qu’elle se fait jour à partir de l’ombre ou de la pénombre. Cette aspiration à la luminosité irradiant de la matière même se fait de plus en plus subtile dans le parcours de Soulages. D’où son intérêt pour les vitraux. A Conques, la qualité de cette lumière se modifie selon l’heure, le temps ou la saison selon le parcours apparent du soleil. Il faut rappeler que, dans l’église, il fallait que les pèlerins puissent circuler pour se recueillir dans les chapelles. Certaines œuvres de Soulages nécessitent le déplacement, notamment pour apprécier les nombreuses possibilités consenties par les effets lumineux.
Essentiel aussi, le rythme lié, à Conques, non seulement à la multiplication des fenêtres mais également à la succession et à l’alternance des pilastres et des colonnes. Dans sa peinture on repère aisément des répétitions de zones colorées bien délimitées. On y
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Texte par BTN ©
SUR LES TRACES DE SOULAGES EN OCCITANIE
L’œuvre est traversée par une certaine qualité de lumière d’autant plus remarquable qu’elle se fait jour à partir de l’ombre
Hi sao Suzuki
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trouve également des contrastes entre compacité et fluidité du geste, entre matité et brillance, pleins et déliés par exemple. L’harmonie des contraires demeure une constante chez lui... On peut aller plus loin : l’église est avant tout un lieu de recueillement. Il ne saurait être question de distraire le pèlerin de passage. A l’extérieur, le tympan a rappelé l’essentiel : qui entre en religion, comme on entre en peinture, doit se dépouiller des images du monde. De même, on a l’impression que chaque toile de Soulages invite à ne rien contempler d’autre qu’elle-même pour ce qu’elle est, telle qu’elle se donne à voir intrinsèquement, hic et nunc. L’église contient suffisamment d’éléments pour qu’on n’y accole point des références externes. De même l’abbaye fut construite pour inciter à la prière et l’adoration, à la méditation contemplative. Les toiles de Soulages suivent cette voie.
Certes on peut être impressionné par les divines proportions du bâtiment dont la hauteur de la nef est extraordinairement élevée... C’est qu’elles nous ramènent à leur finalité : la gloire du Créateur... On peut à ce propos être surpris de l’importance accordée à la verticalité, laquelle semble hanter notre si grand peintre. Non seulement parce qu’un nombre assez édifiant de toiles sont peintes sur format vertical ; non seulement aussi parce qu’à l’intérieur des œuvres les élaborations à postulation verticale y jouent un grand rôle (ces sortes de blocs, de monolithes...) mais aussi parce que même les formats horizontaux, proposant des stratifications de masses picturales, aboutissent à des accumulations de type vertical. Les polyptyques sont souvent formés soit d’un échafaudage de toiles horizontales, soit d’imbrications de châssis finissant par délimiter des surfaces « verticalisées ». Comment ne pas voir, dans cette constante, le souci d’une élévation, d’une transcendance, dont peu nous importe qu’elle soit d’obédience religieuse ou pas, qui traverse toute l’œuvre de Soulages et nous indique le chemin : nous mener des effets de la matière aux effusions de l’esprit. Quand l’esprit sourd, la lumière jaillit. Et c’est cette lumière que les vitraux de Pierre Soulages à Conques diffusent à présent à l’intérieur du lieu saint. L’artiste les a considérablement dépouillés des redondances du plomb qui les alourdit habituellement. Or comme ils sont d’un blanc translucide et pur, celui qui connaît sa production ne peut s’empêcher de considérer le lieu dans son ensemble comme un équivalent concret et bâti de ces constructions picturales déterminant ses tableaux les plus célèbres - et dont le noir servait en quelque sorte de substructure à la lumière. C’est indiquer combien l’œuvre de Pierre Soulages habite ce lieu et combien ses conceptions lumineuses rejaillissent sur les visiteurs, dont certains font à présent le pèlerinage pour lui principalement. Pour communier avec ce grand œuvre.
On retrouve évidemment dans ces fenêtres profondes et étroites cette notion de verticalité évoquée plus haut d’autant que le découpage en panneaux suscité par les barlotières induit un effet d’amoncellement du bas vers le haut, à cause du rétrécisse-
ment suscité par la voute vitrée, faisant écho à celle de la nef. Pierre Soulages s’est servi de droites obliques tantôt rectilignes tantôt incurvées (concaves ou convexes) délimitant des subdivisions. L’intervalle entre deux droites est sensiblement proche de celui du pinceau à large brosse qu’utilise le peintre dans ces réalisations des années 90.
Autant dire qu’avec ses vitraux, l’artiste peint sans brosse, directement dans la matière lumineuse, en découpant ce verre à grains qu’il s’est inventé pour les besoins de la cause. Mentalement, on a envie de prolonger au-delà de la surface du vitrail. Car il convient de faire le pas au-delà. Ce que diffuse le vitrail, c’est toute la lumière du monde, une lumière qui vient s’incarner dans le verre et qui semble émaner du vitrail même (N’a-ton pas dès lors quelque chose qui suggère le mystère de la Transsubstantiation, dogme essentiel du christianisme ?). Lumière issue du monde extérieur, non seulement naturel mais transcendant, dont l’église au fond n’est qu’un pendant terrestre bâti, élevé dans la matière de pierre, afin d’illuminer cet intérieur censé éclairer l’homme sur le sens foncier de son existence. C’est-à dire sur son univers intérieur. Et de ce point de vue, nous ne manquerons jamais assez de lumière. Soulages nous incite au recueillement. Je ne reviendrai pas sur la longue quête du verre idéal menée par le peintre, durant une dizaine d’années, entre doutes et épreuves, à la manière des héros médiévaux, à la recherche du Saint Graal. La connotation alchimique n’est de surcroît que par trop évidente.
Mais l’or ici se fait impalpable. Une fois posés, les vitraux s’avèreront hors de portée de main. Ils flotteront dans la matière à la manière des archanges au glaive nu. Ils traverseront le temps afin de communier avec les époques futures à qui ils permettront sans doute de mieux comprendre et appréhender le génie ou l’esprit de ce lieu. Et ce Grand-Œuvre de Soulages l’aboutissement de toute une existence de peinture, dont la lumière se propage bien au delà de l’abbatiale de Conques. La matière manquait d’air. Comment ne pas admirer cette trans-lucidité, caractéristique, à présent plus que jamais d’un tel artiste. Lumière dans laquelle il baigne à présent, et pour l’éternité. Avec de surcroît son nom inscrit dans la « pierre ».
BTN (août 1993, novembre 2022)
1919-2022
Cahier Région | Pierre Soulages
“ Quand l’esprit sourd, la lumière jaillit. Et c’est cette lumière que les vitraux de Pierre Soulages diffusent
© Vi ncent Cuni l l èr e – page treize –
© Vincent Cunillère : « Cette photo a été prise la première fois que j’ai rencontré Pierre Soulages, en 1993, dans son atelier à Paris. Derrièrelui,Jean-DominiqueFleury,lemaître-verrieravecquiilatravaillésurlesvitrauxdeConques.Àcemoment-là,ilsfinissaient les cartons
et, quelques mois après, ils commençaient à poser le premier vitrail. »
Lumière et architecture
Face à ce monument du XIe siècle, joyau de l’art roman, Soulages se retrouve face au défi : sublimer une architecture mondialement connue grâce à la lumière. Si l’église est petite (56 mètres de longueur), elle possède pourtant un nombre étonnant d’ouvertures (95 fenêtres et 9 meurtrières).
La lumière est donc un élément clé et c’est la recherche d’une qualité de lumière adaptée à cet espace qui va guider l’artiste dans ses recherches.
À la recherche du verre parfait
Accueilli par le CIRVA (Centre international de recherches sur le verre et les arts-plastiques) de Marseille en 1988, Pierre Soulages entreprend de longues recherches et réalisera près de 400 essais. 300 autres seront nécessaires, cette fois au centre de recherche de Saint-Gobain Vitrage à Aubervilliers, pour obtenir un matériau verrier nouveau, réalisé à partir de verre incolore.
Le résultat est un verre translucide et non transparent, traversé par la lumière mais opaque au regard.
Effets chromatiques et lignes noires
Pierre Soulages à Conques a fait le choix de verres dits blancs, c’est-à-dire incolores - qui respectent les longueurs d’ondes de la lumière naturelle - pour ses vitraux destinés à remplacer des panneaux historiés et polychromes mis en place après la Seconde Guerre mondiale. Les vitraux de Pierre Soulages ne sont guidés que par sa seule volonté de faire entrer la lumière dans l’édifice. Le verre est blanc, mais en apparence seulement. Car, selon la lumière qui pénètre le verre, alors de son intensité, différente selon le moment de la journée ou de la météo, nait un chromatisme.
Le matériau mis au point, la lumière produite et ses modulations ont été, autant que l’architecture, à l’origine du dessin des maquettes. De la même manière, Pierre Soulages a supprimé la bordure habituelle des vitraux qui souligne généralement le contour des fenêtres ; il a ainsi souhaité garder la pureté et la puissance du dessin architectural de la baie, ce qui rapproche involontairement ces œuvres des premiers panneaux d’albâtre utilisés dans les églises avant l’emploi du verre.
Les cartons
Le travail sur les cartons a débuté avec JeanDominique Fleury et Eric Savalli dans les ateliers de l’artiste à Paris et à Sète ; il s’est poursuivi dans l’atelier du maître verrier à Toulouse.
Un procédé particulier a été utilisé : les plombs ont été dessinés avec un ruban adhésif noir de la même largeur qu’eux, appliqué sur une surface blanche et lisse de la dimension de la baie. Pouvant être déplacé de nombreuses fois, le ruban adhésif permettait, avec un contrôle visuel à distance d’arriver progressivement au trait juste. L’artiste opte pour des lignes fluides, afin de ne pas répéter les verticales et horizontales déjà présentes dans l’architecture de l’abbatiale. Ces lignes, dont la direction est liée aux proportions de chaque fenêtre, s’élèvent en quête de verticalité, défiant toute pesanteur, sans pour autant l’atteindre. n
L’ABBAYE SAINTE-FOY de Conques
Alors qu’il a déjà refusé plusieurs projets pour différents édifices, Pierre Soulages accepte, en 1986, de réaliser les vitraux de l’Abbaye de Conques. Commence alors une longue recherche de sept ans, pour laquelle il réalisera de nombreux cartons préparatoires et inventera un verre.
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SUR LES TRACES DE SOULAGES EN OCCITANIE
© Vincent Cunillère : « Il s’agit du transept sud à Conques. Les moments les plus beaux dans l’abbatiale sont en mai et en septembre, juste après le lever du soleil, ou avant son coucher. Les vitraux prennent une coloration allant du bleu au blanc, du rose à l’orangé. Cela ne dure qu’une vingtaine de minutes et c’est magnifique. »
LES ABATTOIRS
Musée-Frac Occitanie à Toulouse
Dans l’histoire des Abattoirs, Pierre Soulages tient une place importante. En novembre 2000, alors que le lieu est ouvert depuis le début de l’été, le musée-Frac propose sa première exposition temporaire monographique, dédiée à Pierre Soulages. Par ailleurs, le peintre est également présent dans les collections des Abattoirs qui possède cinq toiles, marquant toutes une époque différente de l’œuvre de Soulages.
L’EXPOSITION EN 2000 AUX ABATTOIRS
Du 17 novembre 2000 au 18 février 2001, les Abattoirs, lieu d’art tout juste ouvert, invite Pierre Soulages à exposer ses toiles dans le musée. C’est la toute première exposition temporaire monographique proposée par le lieu d’art toulousain. Annabelle Ténèze, directrice des Abattoirs raconte : « L’exposition s’appelait Soulages - 82 peintures, mais il ne s’agissait pas d’une rétrospective, plutôt d’une installation. »
Dans la grande nef des Abattoirs, les grandes toiles noires de Soulages se dé-
ploient. « Cette installation, on l’a revu ensuite au musée Soulages de Rodez, au musée Fabre et aussi au Centre Pompidou. C’était comme une sorte de promenade dans l’espace, dans la lumière, dans le rythme », commente Annabelle Ténèze.
Découvrez le reportage de France 3 sur cette exposition :
Décors de Pierre Soulages pour « Abraham» - Grenier de Toulouse 1951
© Jean Dieuzaide Collection museé Soulages Rodez
LES TOILES
« On peut retenir plusieurs choses de l’œuvre de Soulages. Il y a d’abord cette place importante au sein d’un mouvement d’émergence, d’une abstraction nouvelle, gestuelle et en même temps sublime. Un mouvement dont il a fait partie et qui est présent aussi bien sur la scène française, européenne et américaine. Cette époque est, à mon sens, son point d’apparition dans l’histoire de l’art. Ensuite, il y a bien sûr le travail sur le noir, qui est un noir de couleur. C’est un grand enjeu de l’histoire de l’art du XXe siècle que l’on retrouve chez certains artistes, je pense, par exemple, à Ad Reinhardt. Pierre Soulages a donc, lui aussi, employé ce noir, à sa manière, et c’est presque un élément performatif de se dire que l’on va travailler la même couleur toute sa vie. Nous, nous regardons la partie résultat qui est la peinture, mais je pense qu’il y a une partie qui tient presque de la performance d’une vie. »
Annabelle Ténèze directrice des Abattoirs, musée-Frac Occitanie Toulouse
Pierre Soulages a imaginé des décors pour le Théâtre du Capitole
Au début des années 1950, la production artistique de Pierre Soulages se diversifie : le peintre se tourne vers la gravure et la conception de décors de théâtre. En 1951, le peintre se voit confier la conception du décor du ballet de Marcel Delannoy : Abraham. Ce ballet est en représentation au théâtre du Capitole de Toulouse, sous la direction artistique de Maurice Sarrazin et Janine Charrat. Pierre Soulages crée pour l’occasion un fond de scène composé de larges bandes noires verticales. Le décor associe des grands volumes peints de couleur sombre,
se dressent des poutres noires.
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© Andr e Mor i n ©
Andr e Mor i n
sur lesquels
* Cahier Région | Pierre Soulages 1919-2022
Les outrenoirs de Pierre Soulages dans la grande nef des Abattoirs en 2020
Exposition « Soulages, 82 peintures » aux Abattoirs en 2020
MICHEL HILAIRE DIRECTEUR DU MUSÉE FABRE
“ Avec L’OUTRENOIR, c'est le tableau qui intègre LA LUMIÈRE
Plus de 4000 visiteurs se sont pressés dans les salles Soulages du musée Fabre, rendues gratuites les 29 et 30 octobre dernier, alors que le peintre venait de s’éteindre. Un plébiscite qui montre à quel point le musée Fabre est l’un des lieux qui compte lorsque l’on parle de Soulages. Avec une collection exceptionnelle d’une vingtaine de toiles, les cinq salles du parcours permanent proposent de découvrir le meilleur de l’œuvre du maître de l’outrenoir. Michel Hilaire, directeur du musée Fabre, revient dans cet entretien sur les liens qui unissaient Soulages, le musée et Montpellier. Il évoque également un artiste de grande envergure dont l’œuvre marquera à jamais l’histoire de l’art.
De quand date votre première rencontre avec Pierre Soulages et quel lien vous unissait ?
Notre toute première rencontre s’est faite au début des années 1990 à l’occasion d’une grande exposition que j’avais organisé au Pavillon populaire et Soulages est venu. Ensuite, notre lien s’est fait par un ami commun : Michel Laclotte, qui était alors directeur du musée du Louvre, mais également un proche ami et collectionneur de Pierre Soulages. Quand je suis arrivé à Montpellier, il m’a fortement encouragé à rencontrer cet artiste important qui avait des liens affectifs avec le musée Fabre. De là est née une relation suivie et régulière, à Paris et à Sète. D’emblée, j’ai été conquis par sa gentillesse, son ouverture, sa simplicité. On se voyait régulièrement. Cette relation a aussi été facilitée par les perspectives d’agrandissement du musée Fabre et notre lien s’est vraiment construit autour de ce projet.
Que représentait le musée Fabre pour Pierre Soulages, et plus largement la ville de Montpellier ?
Il m’a toujours dit que le musée Fabre de Montpellier était son musée de cœur. Il l’a découvert lorsqu’il était étudiant ici à Montpellier et a tout de suite été émerveillé par la richesse de ses collections, en particulier les tableaux de Courbet, ou de Zurbarán. Mais surtout les toiles de Courbet qui sont des œuvres de la modernité très forte, picturalement riches au niveau de l’expression de la touche, des colorations aussi, avec des noirs profonds, le clair-obscur. Tout cela, indubitablement, a marqué le parcours de Pierre Soulages. Ensuite, pour lui, qui venait de Rodez, une ville dans les terres, Montpellier, c’était la découverte de la lumière, la découverte d’une cité du Sud, et une très
belle collection de Beaux-Arts à sa disposition. Il venait souvent au musée, et fréquentait l’école des Beaux-Arts. C’est d’ailleurs là qu’il a rencontré son épouse, Colette, qui y était aussi élève. Ensemble, ils ont découvert les richesses des collections du musée Fabre.
Quelles sont les étapes qui ont permis l’acquisition des toiles puis la création des salles Soulages au musée Fabre ? Quand il y a eu le projet d’agrandissement du musée, à partir de 2001, et la fermeture du musée complète en 2003, Soulages a souhaité y être associé. C’est dans cette optique qu’il a fait ce geste extraordinaire de donner vingt toiles, en 2005. Il faut aussi savoir qu’il désirait être au même étage que Courbet, et avait d’ailleurs donné des conseils pour le réaménagement de la salle dédiée à ce
peintre. Le parcours du musée se termine donc avec l’art contemporain et dans le pavillon Soulages, construit spécialement pour lui.
On peut y voir sa donation, son dépôt et les achats que j’avais pu réaliser pour le musée Fabre. En effet, dès 1999, j’avais acquis et fait rentrer dans les collections du musée, deux splendides outrenoirs, des polypyiques.
Ce sont des œuvres qui datent pour l’une du 22 décembre 1996 et l’autre du 30 décembre 1996. D’ailleurs, le fait que le musée, et la ville, acquièrent ces œuvres a aussi stimulé Soulages.
Il a remarqué que le musée faisait un effort très conséquent envers lui, et c’est aussi pour ça qu’une relation de confiance s’est instaurée avec lui et a débouché sur ce compagnonnage artistique pendant plus de vingt ans.
Comment Pierre Soulages a-t-il participé à la conception des salles d’exposition ?
L’équipe Brochet-Nebout, les architectes, les conservateurs, moi-même et Pierre Soulages avons travaillé pour arriver à des salles presque sur-mesure. Soulages avait réalisé un plan, et savait exactement ce qu’il allait montrer. Surtout, il voulait la meilleure qualité de lumière. Le pavillon contemporain possède donc cette double paroi de lumières qui offre une luminosité extraordinaire sur les outrenoirs, eux-mêmes accrochés sur des câbles. Cet accrochage révèle la beauté de la lumière des outrenoirs. Soulages m’avait encore dit, au printemps dernier, que ses outrenoirs étaient magnifiés dans les salles du musée Fabre. C’était très important pour lui d’avoir cette qualité de muséographie.
Comment caractériseriez-vous l’œuvre de Soulages ?
La première partie de l’œuvre de Soulages, dans les années 50 et 60, correspond à une période où il est encore dans le système du clair-obscur, du contraste. Il peint selon un système traditionnel qui s’inscrit un peu dans l’histoire de la peinture depuis la Renaissance. À partir de 1979, il opère une révolution totale. Avec l’outrenoir, Soulages invente quelque chose : c’est le tableau lui-même qui intègre la lumière. Le noir a envahi toute la surface de la toile et comme il le disait souvent : dans les outrenoirs, non seulement le reflet est pris en compte, mais il est partie intégrante de l’œuvre. Il y intè-
ENTRETIEN AVEC
SUR LES TRACES DE SOULAGES EN
“Le musée Fabre de Montpellier était son musée de cœur
OCCITANIE
© Vincent Cunillère : « Ici, Pierre Soulages assiste à l’accrochage de ses toiles dans la nouvelle salle des outrenoirs, au musée Fabre, quelques jours avant sa réouverture en 2007. »
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© Vincent Cunillère : « Cette photo a été prise quelques jours avant la réouverture du musée Fabre. Pierre et Colette Soulages découvrent la nouvelle salle Courbet avec Michel Hilaire, directeur du musée. »
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LE MUSÉE FABRE à Montpellier
Étudiant, Pierre Soulages arrive à Montpellier en 1941. Dès son premier jour dans la ville, il visite le musée Fabre et s’émerveille devant les tableaux de sa collection, notamment ceux de Courbet. Dès lors, le peintre n’oubliera pas cette émotion et tissera, au fil des années, des liens forts avec la ville et le musée. Une relation qui culminera en 2005, année d’une donation exceptionnelle de vingt toiles et dix dépôts de Pierre et Colette Soulages au musée Fabre. Pour les mettre en valeur, le musée créera une toute nouvelle aile, dédiée aux œuvres de l’inventeur de l’outrenoir.
gre la lumière que reçoit la peinture lumière, changeante par définition, et la restitue avec sa couleur transmutée par le noir. Donc, c’est aussi un phénomène optique qui change en permanence, en fonction de l’éclairage, de la position même du regardant dans l’espace. C’est une vraie découverte, une vraie invention. Soulages a été conscient d’être un découvreur, un explorateur de l’histoire de la peinture.
Et, à partir de 1979, et jusqu’à sa mort, il n’a cessé d’explorer toutes les possibilités de l’outrenoir.
Que retenez-vous de Pierre Soulages, d’abord en tant qu’artiste, puis en tant qu’homme ?
C’est un artiste d’exception qui domine vraiment la deuxième moitié du XXe siècle et l’art français. Il était très accessible, mais aussi très autoritaire, dans le sens où il a conquis, inventé quelque chose au sein même de l’histoire de la peinture abstraite de la deuxième moitié du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Il avait une puissance de travail absolument hors du commun, qui était due aussi à son physique, c’était un peu un colosse.
Pierre Soulages fabriquait lui-même des outils, et a rompu avec le joli métier, élégant et traditionnel du peintre. À la place des pinceaux, il a au contraire utilisé des outils qu’il fabriquait lui-même : des brosses extrêmement larges, puissantes, tout un système de racle en métal, en caoutchouc. Il a donc inventé les outils mêmes de sa peinture et a révolutionné la façon de peindre. Il disait toujours que c’est son travail qui lui apprenait ce qu’il cherchait.
Personnellement, j’ai été vraiment très heureux en tant que conservateur d’avoir eu la chance, d’abord de le côtoyer très longtemps, et par ailleurs, d’avoir pu installer les salles du musée Fabre avec lui. À cette période, il venait pratiquement tous les jours et on déjeunait ensemble, il me racontait tous ses souvenirs de Montpellier.
C’était une mémoire vivante et c’était assez magique de passer du temps avec lui. On avait l’impression que toute l’histoire de la deuxième moitié du XXe siècle rejaillissait dans ses paroles. Il a gardé jusqu’à la fin une mémoire infaillible. C’était un privilège de pouvoir évoquer ce passé avec lui.
Recueillis par E.G.
« La collection commence en 1951 et va jusqu’en 2005 pour ce qui est de la donation et le dépôt. Ensuite en 2013, le musée a acheté avec l’aide de la Fondation du musée Fabre, un polyptyque de la dernière manière de Soulages qui date de 2012. Il s’agit du dernier apport à la collection. En ce qui concerne le don de Soulages, une toile très importante ouvre la donation au musée Fabre, puisque c’est celle en date du 10 janvier 1951. Cette toile avait été acquise par Alfred Barr, directeur du museum of Modern art de New York, qui avait remarqué Soulages à la 26e Biennale de Venise et acheté cette toile pour le Moma.
Quelques décennies plus tard, il a rendu l’œuvre à Soulages parce qu’il en souhaitait une autre. Il a échangé l’œuvre de 1951 pour un Brou de noix qui datait de 1947-1949. C’est comme cela que Soulages a récupéré ce tableau extraordinaire. Et, dans nos échanges, j’ai beaucoup insisté pour qu’elle soit la première œuvre donnée. Il y a bien sûr d’autres œuvres, très importantes également. Tout ce que Soulages a donné au musée Fabre, ce sont des œuvres majeures qui avaient été montrées depuis un demi-siècle dans les plus grandes expositions à travers le monde. Ce sont des toiles très connues du grand public. Il y a par exemple celle du 28 décembre 1959, une toile en noir et bleu. On peut aussi citer celle du 27 mars 1971, une grande toile en largeur. Dans les œuvres marquantes, il y a aussi un immense outrenoir de 1986, très important, que l’on peut voir dans la dernière salle Soulages du musée Fabre, un polyptyque de 3,24 m sur 3,62 m. Il est montré et révélé grâce aux passages de lumière sur cette peinture rugueuse, ces aspérités, ces mouvements de surface très inégaux et font que la lumière joue toujours différemment selon les heures du jour, les saisons, et le déplacement du spectateur. »
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Michel Hilaire directeur du musée Fabre
Cahier Région | Pierre Soulages 1919-2022
LES ŒUVRES DE PIERRE SOULAGES AU MUSÉE FABRE
© Céci l e Marson, Mont pel l i er Médi t ar r anée Mét r opol e
Michel Hilaire, Pierre Soulages et l’architecte Laurence Javal dans les salles Soulages du musée Fabre
© Musée Fabr e de Mont pel l i er Médi t er r anée Mét r opol ephot ogr aphi e Fr édér i c Jaul mes
© Vincent Cunillère : « Lorsque j’allais dans l’atelier, il y avait toujours des outils posés sur des tables, et bien ordonnés. Très souvent, j'ai pu faire des photos de ces outils, de détails d’atelier. »
J'ai fait plus de 10 000 PHOTOS de lui en trente ans
Pendant près de trente ans, il a observé le maître de l’outrenoir à travers son objectif. Des clichés dans son atelier, des portraits, ses œuvres, Vincent Cunillère a photographié Pierre Soulages à partir de 1993, construisant année après année une incroyable collection de clichés. Au cours d’une rencontre, il nous a confié l’histoire de leur première séance photo, l’attention de Pierre Soulages aux moindres détails, et le lien qui l’unissait au peintre.
Comment avez-vous rencontré Pierre Soulages ?
C’était en 1993. Je traversais une période compliquée dans ma vie personnelle, et je cherchais un exutoire. Mon idée a été
de publier des photos dans Match. Un ami m’a alors recommandé de contacter Pierre Soulages, ce que j’ai fait. Il a fini
par me téléphoner, c’était un peu improbable, car il n’aimait pas se faire photographier. Il m’a donc donné rendez-vous dans son atelier, à Paris : un lundi matin, à 11h. Je me souviens d'y être allé la veille pour être sur place et, le soir Colette, sa femme, a laissé un message sur mon répondeur, le rendez-vous devait être décalé au mardi. Le jour du rendezvous, j’arrive à son atelier avec une demiheure d’avance, et je l’aperçois, au loin, quitter son atelier. À 11h, ne le voyant pas revenir, je commençais à m’inquiéter, mais je décide tout de même d’aller frapper à la porte. Son assistant m’a ouvert, et Pierre Soulages est finalement arrivé quelque temps après. À cette époque, il
imaginait les vitraux de Conques. Il commence alors à me parler du Moyen Âge, puis, au bout d’une vingtaine de minutes, me demande : « Vous ne deviez pas faire des photos ? ». Je m’excuse, je dis que je ne voulais pas le couper. Il me répond qu’il va falloir faire vite, car il doit repartir dans dix minutes. J’avais avec moi au moins une dizaine de pellicules, pour faire environ 400 prises de vue. Finalement, je n’en ai fait que vingt-et-une ce jour-là. Voilà ma première rencontre avec Pierre Soulages.
Vous dites qu’il n’aimait pas être pris en photo, comment se passait une séance avec lui ?
C’est par la suite que j’ai compris son fonctionnement. En réalité, quand il faisait une séance photo, tout était calculé à l'avance. Le photographe pensait lui faire prendre la pose à un endroit parce que c'était le bon, mais en vérité il avait déjà tout organisé pour que le photographe lui dise de se placer exactement là. Finalement, on ne prenait pas les photos que l’on voulait, mais celles dont Pierre Soulages avait envie. Parmi mes nombreux clichés, j'ai deux photos qui montrent un peu ce système de fonctionnement (voir ci-contre). Sa technique, c'était de prévoir l'endroit où se positionner. Ensuite, il ne regardait pas le photographe, il regardait par terre, et se préparait à la photo. Puis, il regardait dans notre direction. Alors, on est tellement content que Pierre Soulages nous regarde que l’on prend la photo ! Ce n’est donc pas le photographe qui décidait quand appuyer sur le déclencheur, mais bien Soulages. Lorsque j’ai compris ce système, j’ai réalisé deux clichés. Sur le premier, Pierre Soulages a les yeux baissés, il tient ses lunettes. Puis, sur la seconde, c'est le moment où il a levé son
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ENTRETIEN AVEC
VINCENT CUNILLÈRE PHOTOGRAPHE
“ On ne prenait pas les photos que l’on voulait, mais celles dont Pierre Soulages avait envie
“
SOULAGES VU PAR…
© Vincent Cunillère : « Sur cette photo, Pierre et Colette Soulages sont accompagnés de Dan McEnroe, l'assistant de Pierre. Ils sont dans les salles du Louvre, au moment de l’exposition du centenaire, et regardent l’éclairage. »
regard vers moi. J’ai donc la même position, mais avec deux regards différents.
Intervenait-il autrement sur les photographies ?
Oui, on travaillait vraiment ensemble sur une photo. Je lui montrais mes prises de vue, et il faisait une sélection. Très souvent, il corrigeait aussi le cliché par rapport aux toiles, pour arriver à la vision qu’il avait de son travail.
Pendant une quinzaine d’années, je me suis aussi occupé de ses reproductions. Je lui montrais un premier jet qui n’était pas bon, mais qui lui laissait techniquement la possibilité d'aller vers ce qu’il voulait. C'était un tirage un petit peu terne, mais il le savait. Et, progressivement, il me faisait retoucher certaines parties d'un tableau pour arriver au rendu qu’il avait imaginé. Il est arrivé que l’on fasse dix à douze retouches. Parfois, on s'aperçoit que l’on est très proche de l’œuvre réelle. Je me souviens d’une fois où l’on était sur les derniers tirages et, en montrant le cliché à Colette, il a dit : « Tu vois la toile, c’est ainsi qu’elle devrait être. » Il avait donc retravaillé la photo pour arriver à l’image qu’il avait de l’œuvre dans sa tête.
Avez-vous une idée du nombre de fois où vous l’avez pris en photo ? Non, je n’ai pas compté ! Par-contre, je sais, grâce à l’informatique, que j'ai fait plus de 10 000 photos de lui en trente ans. C’est exceptionnel ! Il y a très peu de personnes qui en ont fait autant. Pour moi, photographier Pierre Soulages c'est un travail artistique, ce n’est pas du documentaire, du reportage. Je dis toujours que c’est un peu ma montagne SainteVictoire ! La différence, c’est que quand on fait un reportage, on ne reste sur place
que quelques heures et on repart. Pierre Soulages m’a permis de travailler sur le long cours. C’est un travail qui l’intéressait autant que moi. Par exemple, j’ai pu suivre tout le processus de montage d’une exposition au musée Fabre.
J'ai photographié le départ des toiles de Paris, la fin des travaux au musée pour accueillir les œuvres, et tout l’accrochage. Chaque jour, j’étais dans les salles et je cherchais à être le plus invisible possible. Ce fût ma manière de travailler, c’est-àdire discrètement, mais en étant présent, pour arriver à donner quelque chose d’exceptionnel.
Vous avez côtoyé Pierre Soulages pendant trente ans, quel type de rapport entreteniez-vous ?
Ça n’a jamais été un rapport traditionnel. Je ne peux dire que c’était un ami, mais je ne peux pas dire non plus que ça n’en était pas un. Il y avait tout de même quelque chose de très fort entre Pierre Soulages et moi. Je pense qu’il m’appréciait beaucoup, et de mon côté, c'était pareil. Du point de vue professionnel, on s’entendait très bien. Je pense que si mon travail n’avait pas été bon, je n’aurais pas pu continuer avec lui. C’était quelque chose de spécial…
Recueillis par EG
Centre d’art photographique Pierre Soulages à Marcillac-Vallon (12)
Tél. 09 53 09 96 38.
centre-photo-soulages.com
Actuellement à Paris (6e) exposition
« Hommage à Pierre Soulages par Vincent Cunillère »
jusqu’au 24 décembre à la Galerie Seine 55. seine55.com
photos symbolisent le moment où j’ai pris conscience qu’avec Pierre Soulages, on ne faisait pas la photo que l’on voulait, mais celle que lui souhaitait. Il ne regardait pas l’appareil photo, jusqu’à ce qu’il se sente prêt et qu’il regarde le photographe. Cette fois-là, j’ai donc d’abord pris une photo où il ne me regarde pas, puis une autre lorsqu’il a levé les yeux vers moi. »
Région |
Soulages 1919-2022
“Pour moi, photographier Pierre Soulages c'est un travail artistique, ce n’est pas du documentaire, du reportage
Cahier
Pierre
© Vincent Cunillère : « Dans ma galerie à Rodez, j’ai eu plusieurs fois le plaisir de recevoir la visite de Pierre et Colette qui venaient simplement me dire bonjour et discuter. »
© Vincent Cunillère : « Ces deux
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STÉPHANE BERTHOMIEUX RÉALISATEUR DU DOCUMENTAIRE PIERRE SOULAGES
En 2017, le réalisateur Stéphane Berthomieux s’intéresse à l’un des plus grands peintres français : Pierre Soulages. À travers des archives, des témoignages et des séquences avec l’artiste, il propose un documentaire à la fois biographique et poétique autour du maître de l’outrenoir. Dans cet entretien, il revient sur la genèse du documentaire, le parcours de Soulages, l’artiste et l’homme qu’il a été.
Je voulais montrer que l’on peut
AIMER SA PEINTURE DE FAÇONS TRÈS DIFFÉRENTES
Comment est née l’idée de faire un documentaire sur Soulages ?
Tout commence par une interview de Soulages, lu dans le journal La Montagne, et qui m’a interpellé. Son discours, sa vision de l’art me parlait énormément et je me suis dit qu’il aurait été intéressant d’en apprendre plus. J’ai donc essayé de le contacter et ça a été très compliqué. Voyant que je n’y arrivais pas, j’ai fini par écrire une lettre manuscrite que j’ai envoyée à son atelier, à Paris. Et, trois jours
après, son assistant m’a appelé pour me dire que je pouvais le rencontrer. Je l’ai retrouvé à Sète, et j’ai discuté avec lui pendant plus de trois heures trente. On voit d’ailleurs une séquence de cette première rencontre dans le documentaire.
Comment avez-vous construit votre documentaire ?
Avant tout, le film est une approche chronologique. Et puis, il y a toutes ces personnes qui, indépendamment les unes des autres, racontent leur lien avec Soulages. À travers leur témoignage, j’ai voulu montrer que l’on peut aimer sa peinture de façons très différentes. Pour obtenir ces différents témoignages, j’ai travaillé avec Pierre Encrevé, l’auteur du Catalogue raisonné sur l’œuvre de Soulages. C’était également l’un de ses amis proches. Il m’a guidé sur certaines personnes. Après, il y a ceux que je connais-
sais personnellement comme Michel Jarre, dont je savais l’intérêt pour Soulages. Le film donne la parole à d’autres personnes comme le philosophe Alain Badiou, l’astrophysicien Daniel Kunth, l’assistant de Soulages Dan McEnroe, ou le Père Jean-Luc Barrié, recteur de la cathédrale de Rodez. Ce dernier explique qu’il a d’abord vécu la lumière de Soulages comme une agression avant de finir par l’apprécier. J’ai trouvé ce retournement très intéressant. Un dernier exemple, celui des enfants dans les salles du musée Fabre à Montpellier. Cette séquence n›était pas du tout prévue. Je filmais les salles et toute cette classe d’enfants est arrivée. Au départ, j’étais embêté, je pensais que ça allait m’empêcher de filmer comme je voulais. Et puis, j’ai réalisé que c›était exactement ça qu’il fallait filmer. Puis je l’ai montré à Pierre Soulages et cela donne une séquence où on le voit très ému. Le documentaire s’achève presque sur ce moment et fonctionne comme un passage…
Divers lieux de la vie de Soulages sont évoqués : Rodez, l’Allemagne, les Etats-Unis, Paris, Sète… Ce sont ceux qui ont le plus marqué sa vie ?
Oui bien sûr, c’est une façon de retracer son chemin de vie. Cela montre également qu’il touche de nombreuses personnes à travers le monde. Le premier plan du film est une séquence tournée au Japon, à Tokyo, où il est très important. Aux États-Unis, il a eu une belle carrière qui a commencé dans les années 1960. L’Allemagne a aussi été très majeure puisqu’il y a été connu avant la France. Il était nécessaire de montrer la renommée
mondiale de Soulages. Concernant Rodez, et l’Aveyron, il était surtout attaché au souvenir qu’il en gardait. C’est d’ailleurs quelque chose qu’il raconte dans le documentaire. Il aimait ce territoire, mais il aimait surtout les paysages désertiques de l’Aveyron, du Larzac. Ensuite, il y a Sète où il a construit sa maison en 1959. Il adorait la vue sur la mer. Dans des rushs qui ne sont pas dans le film, je lui demande si la mer ce n’est pas un désert pour lui et il dit : « Mais si tout à fait, la mer, ça vous lave de tout. »
Dans votre documentaire, vous accordez une séquence à Colette Soulages, quelle place avait-elle auprès de Pierre ?
Colette ne voulait pas qu’on la filme. Lorsque j’étais chez eux pour tourner une séquence, j’ai voulu tourner ma caméra vers elle et elle m’a immédiatement empêché de la filmer. C’est une personne très discrète et dont on trouve d’ailleurs peu d’archives. Il y a quelques photos avec Pierre : les accrochages dans les musées, par exemple. Colette se faisait rare,
mais elle était évidemment très importante pour lui. Soulages disait d’ailleurs qu’il ne s’était jamais ennuyé avec elle.
Que retenez-vous de l’œuvre de Pierre Soulages, mais également de l’homme qu’il était ?
La peinture abstraite ce n’est pas tellement les connaissances qui vous la font apprécier, c’est plutôt une question d’émotion. De nombreuses toiles de Soulages me touchent, qu’il s’agisse des outrenoirs ou des peintures des années 1950. À première vue, un tableau de Soulages peut paraitre austère, même si ça n’est pas du tout le cas et que c’est la lumière qui vient du noir. Soulages disait d’ailleurs que si l’on voit du noir dans ses peintures, c’est que l’on a du noir dans la tête. Et donc, cette apparente austérité tranchait énormément avec lui qui était une personne très chaleureuse, très accueillante. Il aimait rire, et plaisantait beaucoup. Soulages, c’est à la fois une peinture, une œuvre très puissante et un homme très chaleureux et très cultivé Recueillis par E.G.
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SOULAGES VU PAR…
ENTRETIEN AVEC
“
“ Colette se faisait discrète, mais elle était évidemment très importante pour lui
Pierre Soulages, de Stéphane Berthomieux, 2017, Les Films d’ici Méditerrannée
Stéphane Berthomieux en compagnie de Pierre et Colette Soulages
« Dans ce recueil de poésies, les tableaux sont des prétextes. Je n’ai pas écrit sur les toiles, c’est de l’homme que je parle. Les œuvres sont un biais. La genèse de ce recueil, c’est l’ouverture du musée Soulages. Quelques mois après, j’ai perdu une personne très chère qui aimait beaucoup deux eaux-fortes de la collection. J’ai écrit sur ces deux œuvres, et en allant voir Pierre Soulages, je lui ai laissé le texte. Il m’a aussitôt écrit un courrier disant qu’il appréciait beaucoup mon poème. Ça m’a incité à poursuivre. Au fur et à mesure de nos discussions, je trouvais dans ses paroles les sujets de mes poèmes. »
Soulages veut dire « Soleil agissant »
En latin, Soulages vient de l’expression « Sol agens » qui veut dire « agissant ». Pierre Soulages était très attaché à la racine latine de son nom de famille, finalement annonciatrice de la lumière associée au noir de sa peinture..
« C’était un grand monsieur dans toute l’acception du terme. Il était généreux, bavard, cultivé, et bien sûr un grand artiste. Je l’ai rencontré plusieurs fois, il était toujours très amical, chaleureux. Je me souviens particulièrement d’un épisode. À cette époque, Daniel Dezeuze était au Canada, André Valensi à Nice, Patrick Saytour avec moi à Aubais. Tous les deux, nous avions sélectionnés des pièces de Dezeuze et Valensi, et avions organisé une installation sur la plage de Villeneuvelès-Maguelone, non loin de l’abbaye. L’annonce de l’exposition avait été faite dans un petit article dans Midi Libre. Le jour dit, on avait installé les toiles sur la plage et seulement quatre personnes étaient passés : un joggeur que la peinture n’intéressait pas, d’autres qui se promenaient sur la plage. Et puis, une petite jeep est arrivée : c’était Colette et Pierre. Ça nous a fait un plaisir énorme. On a déjeuné ensemble puis, on a assisté à un bain de Pierre. C’était une journée merveilleuse. Par la suite, je l’ai revu plusieurs fois, nous discutions de tout ensemble. »
SOLEIL AGISSANT
Le noir absorbera la chaleur du Soleil Agissant. Ses pigments ténébreux l’amplifieront jusqu’à brûler le bois brut des frontières.
Depuis cet instant, où la main dévoila la courbure du regard, impressions sombres sur l’ivoire du papier, les mots furent emportés dans les eaux fortes, torrentielles.
Depuis cet instant jusqu’à l’au-delà de nos existences, l’insistance de leur brièveté laisse des traces essentielles.
Je ralentis le pas. Le gravier se tait. Ma main suit les courbes granuleuses de la pierre anépigraphe. Ici, en surplomb des labours maritimes, la concession d’un chercheur d’or attend, couverte du bitume qui scelle les canopes.
Là est la raison pour laquelle les corbeaux ont gratté les pigments de leurs plumes, cendres d’étoiles qui résistent à la pluie, au vent, et à l’hiver. Pour cela aussi que les marins, leurs mains jointes en carènes étanches, ont séparé l’encre de l’onde ; cette encre, muette contagion, que les pouffres en fuyant répandent autour d’eux. C’est pour cela aussi que les peuples de la mer, empoignant les buissons erratiques qui bordent les chemins, ont pressé le sang noir de la mûre, l’ont déposé au seuil de ta maison.
« Octobre 1988, après une initiation à la photographie chez le grand photographe André Villers, j’ai à peine 20 ans, je débarque à Paris dans la ferme intention de devenir portraitiste dans le milieu de l’art.
Aussitôt arrivé, je déployais tous les moyens possibles et imagi nables afin de rencontrer les artistes (peintres, sculpteurs ou photographes). Très vite, j’ai eu la chance de rentrer dans l’in timité d’artistes comme Zao Wou-ki, Olivier Debré, Antoni Clavé, César, Robert Doisneau, Édouard Boubat, Robert Combas ou bien même Pierre Soulages.
La photographe Denise Colomb, rencontrée peu de temps avant, me parlait beaucoup de son ami Pierre Soulages, et ce fut assez facile de l’appeler de sa part. Je me rappelle très bien néanmoins qu’une conversation téléphonique avec sa femme, Colette avait été nécessaire pour faire valider le rendez-vous.
Grâce à tout cela, donc, je pénétrai dans l'atelier de Pierre Soulages qui, à mon grand étonnement, avait été très chaleu reux. Je lui avais emporté une boite de photos et il avait com menté chacun de mes portraits. Puis, on a pris les photos, de manière très détendue. À la fin de la séance, et à ma grande sur prise, il me dit : « Allez, je vous raccompagne au métro ! », ce qui n’était pas anodin de la part d’un si grand artiste, je le sa vais ! Pour la petite histoire, pendant ce trajet du retour, Soulages m’a parlé de son ami photographe Izis, décédé dix ans plus tôt. Il me raconta une anecdote cocasse : il avait suivi Izis qui voulait essayer de photographier les prostitués dans certaines rues à l’époque peu fréquentables…
Il me reste aujourd’hui mes photos de Pierre Soulages, prises ce jour-là, comme un éternel hommage… Et puis, bien sûr, les sou venirs, ceux de ces si bons moments, presque irréels. »
Quant à moi, ombre dans le songe d’une ombre, je t’apporte sans hâte le mince souvenir de nos doigts fins d’enfants, teintés du brou de noix de nos élans sauvages.
Rien alors n’était atroce. Aucun dénigrement.
Les noirs brillaient, lumineux, sensitifs, ignorant les ténèbres, la pâleur et l’oubli, hors de portée des grisailles cendrées, des lendemains funestes, des heures noires invisibles.
Je suis sur l’autre rive, contemplant le courant, les flots un peu boueux gonflés des pluies d’été.
Fleuve Niger qui traverse la terre, reptile rassurant dont les mues fertilisent nos rêves, le noir de tes secrets engloutit les couleurs, toutes les couleurs, du Soleil Agissant. Pour éclairer, jusqu’aux confins du monde, l’humus fertile, que les crues de nos larmes retenues recouvriront.
1919-2022
Cahier Région | Pierre Soulages
Jean-Yves Tayac
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CLAUDE VIALLAT, ARTISTE
PHILIPPE BONAN, PHOTOGRAPHE
TAYAC
page vingt-et-un –
SOLEIL AGISSANT, SOL AGENS, SOULAGES JEAN-YVES
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MATTHIEU SÉGUÉLA
ENSEIGNANT-CHERCHEUR ASSOCIÉ AU CNRS-MEAE AU JAPON
Japon a été une véritable RENCONTRE D’ART ET D’ÉMOTION POUR LUI
Il participait en novembre à l’hommage japonais rendu par la musée Fabre de Montpellier à Pierre Soulages, Matthieu Séguéla est parmi ceux qui connaissent le mieux le lien particulier qui unissait le peintre au Japon. Historien, il est l’auteur de Soulages, d’une rive à l’autre, qui raconte notamment ce rapport entre Soulages et le pays du Soleil levant. Rencontre.
Comment avez-vous connu Pierre Soulages ?
C’était en 1994, j'étais étudiant à Montpellier. J'écrivais un livre sur les personnalités qui avaient vécu dans cette ville et j'ai sollicité un entretien avec Pierre Soulages. Il m'a très gentiment reçu à Sète avec son épouse Colette. Il m’a d’autant plus accueilli que j’avais publié quelque temps auparavant un livre s’intitulant Pétain-Franco Il se trouve qu’il l’avait lu, et s’y était intéressé, car j’y relate notamment la rencontre entre les deux dictateurs à Montpellier. Or, Pierre Soulages est arrivé à Montpellier un 13 février 1941, exactement le jour où Pétain et Franco se rencontraient à la préfecture. À l’époque, cela l’a vraiment démoralisé et il est allé chercher du réconfort au musée Fabre pour y admirer les peintures. La
bas par des amis japonais, l'idée d'un livre m'est rapidement apparue. À chaque nouvelle rencontre avec Pierre, je lui apportais des documents dont il ne se souvenait plus : des textes qu’il avait donnés à des journaux, des entretiens, des photographies, l’opinion d’artistes japonais sur sa peinture… C’était pour lui une façon de se redécouvrir. Sa relation avec le Japon a été très longue, elle commence en 1951. Cette année-là, il expose sa première toile au Salon de mai de Tokyo. Il faut se replacer dans le contexte : jusqu’en 1945 l’art occidental et abstrait n’avait plus eu droit de cité. Soulages a donc fait partie des premiers peintres occidentaux abstraits que les Japonais ont pu voir, et pour eux ce fut un choc esthétique. Ce sont tous ces éléments qui m’ont conduit à travailler sur sa relation au Japon, et sur la relation du Japon à Soulages. Cela a donné lieu à un livre, écrit avec Michaël de Saint-Cheron, Soulages, d’une rive à l’autre, paru en 2019.
Que représentait le Japon pour Pierre Soulages ?
cette vision de Sète, c'était mon Japon. Au fond de moi, j'ai décidé que je reviendrai là un jour. » Sète, c'était son Japon et cela l’inspirait.
D'autant plus qu'ensuite, il y construira, avec Colette, sa maison dont la vue plongeait sur la mer Méditerranée. Il y a une forme de filiation avec les anciens, les grands peintres, comme Van Gogh, influencés par le japonisme. Toutefois, le japonisme de Soulages ce n’est pas celui des estampes en couleurs. Lui va participer à ce que l’on appelle le second japonisme qui nait dans les années 1950.
s’agit plutôt d’un hasard, une rencontre, une coïncidence de traits, de dynamiques à l'intérieur de ses œuvres et de celles de la calligraphie. La différence majeure, c'est que pour des Occidentaux la calligraphie est comme une peinture parce qu’on ne comprend pas le sens, mais pour les Japonais c'est une écriture. Dans les œuvres de Soulages, il n’y a pas de signifié, c’est une forme abstraite, sans écriture. On ne peut pas réellement comparer.
suite, on la connaît. Tout cela faisait de moi un historien spécialiste des relations franco-espagnoles, et de cet épisode dont il avait été un témoin historique. Durant notre entretien, on a évidemment parlé de cela, mais aussi d l’histoire avec un grand H.
Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser au lien particulier entre Soulages et le Japon ?
Lors de notre première rencontre, nous avions également parlé du Japon et quelques années plus tard, je suis parti y vivre. Je revoyais Pierre Soulages lors de mes retours en France, pour évoquer différents sujets, en particulier le Japon. Entre ce que lui m’apprenait sur ce pays et ce que je pouvais apprendre de lui là-
C'était un rapport à la fois inscrit dans l'histoire de l'art et dans un patrimoine intime. Le rapport historique est dans les références que Soulages pouvait avoir. Il faisait partie d’une jeune génération post-impressionniste. Il s'intéressait à Van Gogh. Il aimait ce peintre, qui lui aussi regardait vers le Japon, avec sa façon de dessiner les arbres, de réinterpréter ce pays dans certaines de ses œuvres. Cela me rappelle une parole que Soulages a eu lors de notre première rencontre. Il me parlait de sa jeunesse et de la première fois où il a vu Sète. À propos de ce moment, il m’a dit : « Devant moi s'étendait une sorte de flaque de métal fondu, belle étendue éclairée par la lune : c'était l'étang de Thau. Je distinguais la silhouette du Mont Saint-Clair avec la mer pour seule ligne. J'ai pensé au mot de Van Gogh en arrivant à Arles : « C'est aussi beau que le Japon. » Et pour moi,
C’est le moment où l’Occident découvre les arts martiaux, la philosophie zen, la calligraphie. Pierre Soulages aimait certains éléments de la culture japonaise, notamment l'architecture, les jardins de pierres, les jardins secs, la calligraphie, mais également la gastronomie, la poésie.
Est-ce que ces rapports au Japon ont pu influencer son œuvre ?
C’est vraiment une grande question ! Dès la fin années 1940, Soulages peint de grands signes noirs, et beaucoup de critiques font des rapprochements avec la calligraphie, en imaginant qu’il était influencé par cet art japonais. En réalité, pas du tout. Il
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Soulages a reçu trois prix de la part du Japon au cours de sa vie, ce qui traduit l’importance qu’il pouvait avoir pour ce pays. Comment qualifieriez-vous le lien du Japon à Soulages ?
Ce qui est intéressant dans la relation des Japonais à Soulages, c'est que la connaissance de son œuvre s'est d'abord faite par une avant-garde de peintres japonais.Toshimitsu Imai, Kumi Sugaï et Hisao Domoto arrivent à Paris dans les années 1950, alors que Pierre Soulages commence à prendre son envol. Ces artistes seront impressionnés, influencés, notamment Imai, par son utilisation du noir. À la même époque, une génération d’intellectuels japonais visite aussi, la France. De retour dans leur pays, ils écriront sur l’art abstrait français, et particulièrement sur Soulages. Ce qui
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“ Soulages a fait partie des premiers peintres occidentaux que les Japonais ont pu voir
SOULAGES VU PAR…
“ Le rapport des pleins et des vides entre en résonance avec la conception artistique asiatique
Matthieu Séguéla et Pierre Soulages
plaît alors beaucoup aux Japonais, c’est le rapport des pleins et des vides qui entre en résonance avec la conception artistique asiatique. Les œuvres sur papier attirait aussi l’intérêt de ces intellectuels nippons. Enfin, de nombreux collectionneurs de Soulages sont Japonais. Ce dernier expose donc à partir de 1951 au Japon, puis tous les deux ans lors de
sion d’une grande rétrospective au Seibu Museum of Art à Tokyo. Surtout, en 1992, il reçoit un deuxième prix, le Praemium Imperiale, équivalent du Nobel de l’art au Japon. Enfin, en 2000, Pierre Soulages a également imaginé un trophée pour les championnats de sumo, à la demande de Jacques Chirac. Son dernier grand voyage a été pour un colloque auquel il avait été invité.
Vous venez d’expliquer comment Pierre Soulages s’est intéressé au Japon toute sa vie, y avait-il d’autres cultures qui le passionnait ?
tre qui servait aux prières, une grande pièce en bois. Il y a aussi des statues aztèques, des objets africains. Sans être réellement un collectionneur, il conservait les œuvres qui avaient un sens pour lui, elles l'enrichissaient. Il y a encore beaucoup de terra incognita à découvrir chez Soulages, et c'est ce qui me captive chez cet homme.
À travers toutes ces discussions, et ces années passées à ses côtés, que retenez-vous de l'homme et de l'artiste ? Certains de ses amis, je pense à Pierre Encrevé, disait que c'était un génie. Et il en était un, au sens ancien du terme.
Il avait le talent artistique, mais aussi une réflexion, une observation extraordinaire. Tout cela dans une simplicité, une générosité, presque une timidité. Il était aussi impressionnant, et pas seulement physiquement, mais pour tout ce qu’il représentait intellectuellement et humainement.
C’est vraiment ce souvenir que je conserve : il voulait toujours apprendre, et il était aussi heureux de transmettre son savoir. On ne pouvait pas ne pas aimer cet homme. Il était à l’image de sa région : entier et généreux.
Recueillis par E.G.
PIERRE SOULAGES RÉCOMPENSÉ TROIS FOIS PAR LE JAPON
Le lien entre le maître de l’outrenoir et le Japon a toujours été très fort. Alors qu’il expose sa première toile en 1951, Soulages reçoit dès 1957 un premier prix : celui de la Biennale de Tokyo.
Puis, en 1992, il se voit attribuer le Praemium Imperiale, prix attribué par la famille impériale du Japon qui récompense des artistes pour une œuvre accomplie dans six domaines artistiques. Il est souvent considéré comme l’équivalent du prix Nobel. Enfin, en 2020, le Japon distingue Pierre Soulages de la plus haute distinction : l’ordre du Soleil Levant, dans la classe « rayon d’or avec rosette ». Pour le pays, il s’agit de récompenser le peintre pour sa contribution aux échanges artistiques entre la France et le Japon.
À la demande du président Jacques Chirac, Pierre Soulages imagine en 2000 un trophée pour les tournois de sumo. Le prix prend alors la forme d’un vase, réalisé à la manufacture de Sèvres.
Le vase modelé de l’artiste, un épure, n’a rien à voir avec l’idée commune des Occidentaux réduisant la céramique japonaise au bol raku d’un noir extreme utilisé pour la cérémonie traditionnelle du thé.
Le découpage du fût porte en son centre une forme ronde, le soleil rougeoyant du drapeau japonais, symbole de la déesse shinto Amaterasu.
salons. En 1957, il remporte le Prix de la Biennale de Tokyo, ce qui marque le fort intérêt du pays pour son art. C'est en 1958 qu'il se rend pour la première fois au Japon avec Colette. Ensemble, ils vont porter un véritable regard artistique sur ce pays en s’intéressant à l’architecture, aux paysages. Colette a d’ailleurs fait des photographies de ce voyage. Le Japon a été une véritable rencontre d’art et d’émotion.
Pierre se passionnera pour le jardin de pierres du temple Ryoanji à Kyoto. Il était captivé par le rapport que créaient ces pierres qui ponctuaient un espace rectangulaire. Dans cette reproduction de la nature, il voyait une construction géométrique et métaphysique. Par la suite, il y est retourné relativement souvent. En 1984, par exemple, à l’occa-
Soulages, c’était un « homme-monde ». On vient d'évoquer le Japon, mais il s’intéressait à d’autres cultures. Il apprenait beaucoup auprès de ceux qu’il rencontrait, quelle que soit leur origine. Cette facette de Pierre Soulages est finalement peu connue, car on avait de lui une image un peu localiste.
En réalité, Soulages s'intéressait à l'altérité, à l'autre et aux différentes sources d'art. Il se passionnait, par exemple, pour la grotte préhistorique d'Altamira, en Espagne, mais aussi aux arts premiers, africain ou océanien.
Cela passait souvent par les objets et il était curieux de la façon dont le temps peut être retenu par des œuvres, abstraites ou figuratives. La forme, le travail qui a amené à cette forme, la patine du temps sur l’œuvre : il regardait tous ces éléments. Dans son intérieur à Sète, il y a une grande statue indonésienne d'ancê-
On rajoutera un couvercle au vase qui rappelle les Kanmuri, coiffures noires et laquées de l’ère Meiji.
La lumière verticale passera par un côté ouvert du couvercle et stimulera l’or posé dans le fond du vase : le soleil nippon. C’est le seul objet de ce genre que Pierre Soulages ait créé.
En 2020, le musée Soulages avait présenté ce précieux vase lors de l’exposition Pierre Soulages, le Japon, etc.
L’écrivain Senghor possédait une toile de Soulages
L’écrivain Léopold Sédar Senghor possédait une toile de Pierre Soulages qu’il avait achetée en 1956. À propos de la première fois où il vu un tableau de Soulages il écrivit dans Les Lettres nouvelles : « La première fois que je vis un tableau de Soulages, ce fut un choc. Je reçus au creux de l’estomac un coup qui me fit vaciller, comme le boxeur touché qui soudain s’abîme. »
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Cahier Région | Pierre Soulages 1919-2022
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LE VASE DE SÈVRES, UN CHEF-D’ŒUVRE DE CÉRAMIQUE OFFERT AU JAPON
“ Sète, c'était son Japon et cela l’inspirait
© T. Est
Vase en biscuit émaillé et doré (2000), hauteur 66 cm x diamètre 34.5 cm, Manufacture nationale de Sèvres
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Pierre Soulages décoré de l'ordre du Soleil levant par l'ambassadeur du Japon le 21 juillet 2021
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À lire sur Pierre Soulages Des ouvrages sur Pierre Soulages
SOULAGES
Éditions Centre Pompidou
Une monographie de référence sur l’artiste ! Des remarquables brous de noix sur papier des années 1947-1950 qui fondent la démarche abstraite de Soulages et ont assuré sa reconnaissance internationale immédiate, aux étonnantes toiles « outrenoires », depuis leur surgissement soudain en 1979 jusqu’à leurs développements les plus récents, cette magnifique monographie offre une lecture renouvelée de cet artiste majeur.
SOULAGES. PAPIERS
Éditions Hazan
Ce catalogue officiel de l’exposition Soulages. Papiers au musée Picasso d’Antibes (2016), s’intéresse tout particulièrement à son œuvre sur papier, à l’origine domaine réservé de l’artiste pour expérimenter de nouvelles pistes de recherches. Car à côté de sa pratique de la peinture sur toile, Pierre Soulages, depuis ses débuts, développe une œuvre parallèle et complémentaire sur papier, que ce soit en utilisant le fusain, le brou de noix, la gouache, l’encre, l’acrylique ou le graphite. Une œuvre à part entière à découvrir à travers les pages de cet ouvrage.
L’ŒUVRE IMPRIMÉ
sous la direction de Pierre Encrevé et Marie-Cécile Miessner - BNF Éditions
Cet ouvrage présente l’intégralité de l’œuvre imprimé de Pierre Soulages dans les trois techniques de l’estampe qu’il a pratiquées : gravure, lithographie, sérigraphie. Le catalogue est précédé par un long entretien public de Pierre Soulages avec Pierre Encrevé. Il se voit ici augmenté, en coédition avec le musée Soulages de Rodez, de quelques réalisations récentes, auxquelles s’ajoute une expérience unique de papier formé. Chaque pièce est reproduite en couleurs selon les indications de l’artiste.
INCONTOURNABLE : LE CATALOGUE RAISONNÉ
SOULAGES. PEINTURES (1946-2006)
de Pierre Encrevé Éditions du Seuil
Signé par le linguiste Pierre Encrevé, ami proche de Pierre Soulages, cet ouvrage est une référence. Cette réédition reprend intégralement le texte qui accompagnait les reproductions des 1174 toiles référencées du catalogue raisonné des peintures sur toile de Pierre Soulages. Elle est également augmentée d’un nouveau chapitre consacré à la période 1997-2006, années durant lesquelles Soulages a peint plus de 130 nouvelles toiles dans un renouvellement continu de son travail. Le texte est accompagné de 120 reproductions choisies pour illustrer les analyses proposées et offrir un panorama complet des peintures de Soulages. C’est l’étude la plus complète sur l’œuvre de ce peintre majeur.
P. SOULAGES – CONQUES / UNE LUMIÈRE RÉVÉLÉE
de Bruno Duborgel - Éditions Bernard Chauveau
Dans un texte inédit, Bruno Duborgel porte un regard nouveau sur le travail de recherche de l’artiste qui a réalisé plus de 700 tentatives avant de parvenir au résultat espéré ! En mettant en dialogue la réflexion de Pierre Soulages avec des vues intérieures et extérieures des vitraux de l’église, le texte révèle la longue aventure créatrice de l’artiste, traversée de questions esthétiques, spirituelles et technologiques.
SOULAGES : D’UNE RIVE À L’AUTRE
de Matthieu Séguéla et Michaël De Saint-Cheron - Éditions Actes Sud
Ce livre est habité par la rencontre de et avec Soulages. Ses rencontres ont marqué à jamais sa vision de l’art : d’abord avec l’archéologie et l’art pariétal, ensuite avec Conques et l’art roman, enfin avec l’abstraction pendant la Seconde Guerre mondiale. Ses grandes rencontres des années 1950-1960, avec Picabia, Hartung, Atlan, Senghor, puis autour de Conques avec Georges Duby et Jacques Le Goff, sont aussi des moments phares de son œuvre, comme l’est sa rencontre avec le Japon. Michaël de Saint-Cheron et Matthieu Séguéla tracent ici un triangle d’or entre l’art de Soulages, l’Afrique noire et le pays du Soleil levant. Ce livre analyse l’outrenoir à travers une double approche novatrice confrontée à l’histoire du xxe siècle et au dialogue des cultures et des arts.
COMMENT TRAVAILLE PIERRE SOULAGES
de Roger Vailland - Éditions Le Temps des Cerises
27 mars 1961 : Roger Vailland passe l’après-midi avec Pierre Soulages dans son atelier. Il le regarde peindre, commencer et finir une toile, et note chaque étape de la création. Le lecteur voit Soulages préparer sa toile, ses couleurs, entend ses remarques, découvre sa pensée, suit son mouvement. Le texte est suivi d’un article de Vailland paru en 1962 dans Le Nouveau Clarté. Le volume est préfacé par Alfred Pacquement, directeur du Centre Pompidou. Trois textes, trois prismes par lesquels appréhender la modernité et la force de Soulages.
DOCUMENTAIRES
PIERRE SOULAGES S’EXPLIQUE
de Michel Amathieu, présentation Guillaume Durand (2012)
Le 5 novembre 2012, Pierre Soulages accordait une interview à Guillaume Durand. L'occasion pour le maître de l'outrenoir de revenir sur sa vie et sur les grandes étapes de son parcours artistique.
SOULAGES, UN SIÈCLE
réalisation Jean-Noël Cristiani (2019)
Dans son atelier parisien, Pierre Soulages se livre à son ami et historien, Pierre Encrevé. De son enfance à Rodez, aux paysages des Causses, en passant par l’Abbaye de Conques, les deux amis nous mènent au cœur de l’œuvre exposée au musée de Rodez.
SOULAGES, LE PEINTRE DU NOIR ET DE LA LUMIÈRE
série documentaire « La grande expo », de Nicolas Valode et Pauline Cathala (2014)
Dans ce film, la réalisatrice retourne sur ses traces, dans son Aveyron natal, là où est née la vocation d'un peintre qui, très tôt, a été célébré comme une star aux États-Unis, et qui s'est toujours tenu à une ligne exigeante.
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SOMMAIRE
les SPECTACLES VIVANTS
> CRÉATIONS EN RÉGION
> THÉÂTRE
> HUMOUR
> DANSE
> ARTS MÉTISSÉS
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> CIRQUE
> EN FAMILLE
> SPECTACLES DE NOËL
> MUSIQUE CLASSIQUE
> JAZZ
–
JC Car
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bonne
« Deleuze / Hendrix » en janvier à Perpignan, Tournefeuille, Alès et Cahors (page 34)
CRÉATIONS EN RÉGION
L’ALCOOL ET LA NOSTALGIE À SAINT-CÉRÉ ET FIGEAC
Adaptation d’un roman de Mathias Enard, L’alcool et la nostalgie fait vibrer le texte puissant de l’auteur dans un environnement sonore et chorégraphique imaginé par Clémence Labatut. Mathias part à Moscou pour escorter le corps de son ami jusqu’à son village natal, en Sibérie. À bord du Transsibérien, il évoque le passé, les errances de leur jeunesse, leur triangle amoureux détruit par la passion, consumé par la vodka et la drogue, dans le plus fascinant et théâtral des décors : la Russie. Avec pour compagnons de voyage les fantômes des écrivains mythiques - Pouchkine, Dostoïevski, Tchekhov - et les grandes pages de l’Histoire russe qui viennent hanter ce récit. Une pièce qui interpelle sur la perte de la jeunesse, sur la mort des idéaux révolutionnaires et des utopies.
Mar. 17 janvier, à l’Astrolabe à Figeac (46).
Tél. 05 65 34 24 78. astrolabe-grand-figeac.fr
Jeu. 19 janvier, au Théâtre de l’Usine à Saint-Céré (46).
Tél. 05 65 38 28 08. theatredelusine-saintcere.com
KATHERINE PONEUVE À MONTPELLIER ET NÎMES
Co-accueilli en création par le Théâtre des 13 vents, Centre dramatique national de Montpellier, et le Théâtre Jean Vilar, cette création de Lara Marcou trouve sa genèse dans une série de chansons écrites pendant une période d’amours complexes. Aujourd’hui, la metteure en scène et comédienne reprend ces textes pour créer une sorte de solo protéiforme mêlant théâtre, danse et chansons et où « une chanteuse ou une femme quitterait tout pour aller…. nulle part… ou ailleurs sans connaître cet ailleurs. » Cette création laisse entrevoir le cheminement existentiel d’une femme qui doute de sa propre forme sociale, qui soupçonne un écart entre ce qu’elle est profondément et ce qu’elle s’impose d’être pour exister dans le monde extérieur. Portée par les réflexions féministes de Virginia Woolf, Mona Chollet ou encore Virginie Despentes, elle décide de retravailler ses chansons sous le prisme féministe, en y intégrant d’autres formes d’expressions artistiques pour donner vie à une création singulière qui questionne la place qu’occupent les femmes dans notre société. Jouée en avant-première au dernier festival Supernova, au Théâtre Sorano à Toulouse, cette création sera jouée en janvier à Montpellier et Nîmes.
Du 18 au 20 janvier, au Théâtre Jean Vilar à Montpellier. Tél. 04 67 99 25 00. 13vents.fr
Mar. 24 janvier, au Périscope à Nîmes (30).
Tél. 04 66 76 10 56. theatreleperiscope.fr
ONCLE VANIA
AU THÉÂTRE DE LA CITÉ À TOULOUSE
Directeur du Théâtre de la Cité, Galin Stoev ouvre l’année 2023 avec sa revisite d’un classique d’Anton Tchekhov : Oncle Vania. Propulsés dans un monde dystopique, les personnages de cette tragi-comédie se retrouvent dans le domaine d’Oncle Vania pour tenter de vivre ensemble et réinventer un futur commun. Chacun avec ses espoirs et ses frustrations, pour faire face à des questionnements aussi banals que métaphysiques : comment nos rêves d’autrefois deviennent nos propres accusateurs farouches ? Comment les sentiments poétiques et tendres qui nous animent se métamorphosent en démons animés par la jalousie et la haine ? Où se trouve ce mystérieux point de bascule qui transforme la paix en guerre ? Avec son sourire mélancolique, Tchekhov dépeint les traits d’âmes humaines dépourvues d’amour. Des personnages à la fois touchants et cruels, drôles et surprenants. Du 10 au 14 janvier, au Théâtre de la Cité, Centre dramatique national à Toulouse. Tél. 05 34 45 05 05. theatre-cite.com
UNE AUTRE HISTOIRE DU THÉÂTRE À SÈTE ET TOULOUSE
Une création et deux lieux de production en Occitanie pour cette nouvelle pièce de Fanny de Chaillé : le Théâtre Molière de Sète et le Théâtre Garonne de Toulouse. Cette fois, la metteuse en scène nous propose de revisiter L’histoire du théâtre (du début du XXe siècle à aujourd’hui) à l’aune de ses traditions, ses rituels. Sur scène, quatre jeunes interprètes confrontent leur vision et leur pratique du théâtre. On y suit les transformations successives qui affectent cet art aussi bien que les métamorphoses du monde car l’histoire du théâtre ne peut se départir de l’histoire des hommes. Avec ce spectacle, Fanny de Chaillé invente un facétieux théâtre de la relation qui met en résonance les formes, les gestes et les écritures avec les enjeux politiques et sociaux contemporains.
Mer. 14 décembre, au Théâtre Molière, Scène nationale archipel de Thau à Sète (34).
Tél. 04 67 74 02 02. tmsete.com
Du 4 au 13 janvier, au Théâtre Garonne, Scène européenne à Toulouse. Tél. 05 62 48 54 77. theatregaronne.com
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Une autre histoire du théâtre
Katherine Poneuve
L’alcool et la nostalgie
Oncle Vania
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ANDY’S GONE, LA FAILLE, DE VOS YEUX : L’INTÉGRALE AU DOMAINE D’O À MONTPELLIER
Présentée en intégralité, l’ambitieuse trilogie de Julien Bouffier et MarieClaude Verdier plonge le public au cœur même d’un conte d’anticipation dystopique au travers duquel les notions d’engagement et de radicalité sont questionnés, en miroir de notre époque. Le tout illustré par une réécriture des plus actuelles des mythes antiques dont Antigone et Orphée Un triptyque interactif et immersif qui plonge le public au cœur même d’un conte d’anticipation.
Régine, reine altière et mère éplorée, vient annoncer la triste nouvelle : Henri, le prince héritier est mort. Droite et rigide, dans sa robe de deuil, éclairée par trois néons blafards qui forment l’initiale du prénom de son fils, elle invite l’assemblée à partager sa souffrance. Dehors, une catastrophe naturelle de grande importance va advenir, imposant l’état d’urgence. Régine a pourtant de grands projets pour l’avenir de la cité et Alison, sa nièce, est désignée pour prendre sa succession. Assis à même le sol autour d’elle, les citoyens-spectateurs découvrent l’amour de la reine pour la ville et son admiration pour les bâtisseurs de murs. Mais, l’entrée fracassante d’Alison, déterminée et éclatante, vient bousculer les certitudes. Quid de l’identité véritable d’Henri et que cache sa mort. Avec La Faille et De vos yeux, les luttes et le combat vont continuer. Les 20 et 21 janvier, au Domaine d’O à Montpellier. Tél. 0800 200 165. domainedo.fr
MAMAN AU PALAIS DES CONGRÈS À AGDE
Il fait nuit, fin décembre, et Jeanne, interprétée par Vanessa Paradis, sort de sa boutique. Elle dirige un magasin de vêtements pour femmes enceintes, un petit sapin clignote dans la vitrine et le nom Maman brille audessus du magasin en lettres de néon. Alors que Jeanne attend un taxi devant sa boutique, un jeune homme passe devant elle, revient et lui pose enfin une question qui va changer toute sa vie.
Avec Maman, Samuel Benchetrit explore les facettes de la comédie, tant dramatique que comique, tout en faisant surgir au cours de la pièce des situations insolites. La maternité, la filiation sont les deux thématiques fondamentales qui transparaissent à travers des dialogues pleins d’émotions. Dim. 5 février, au Palais des Congrès du Cap d’Agde (34). Tél. 09 71 00 34 34. saisonculturelle-agde.fr
THÉÂ TRE
LA MÉGÈRE APPRIVOISÉE AU THÉÂTRE DE PÉZENAS
Comédie signée William Shakespeare, La mégère apprivoisée raconte l’histoire du riche marchand italien Baptista et les circonstances du mariage de ses deux filles. Dans la saison actuelle du Théâtre de Pézenas, la pièce est réinterprétée par Frédérique Lazarini. Elle l’associe à la comédie italienne du cinéma des années 1950 et 1960, qui traite également de la critique sociale de manière comique, pour créer une adaptation émouvante qui ne craint pas l’affichage de sentiments harmonieux et romantiques d’un côté et la bataille profonde entre les sexes de l’autre. Ven. 20 janvier, au Théâtre de Pézenas (34). Tél. 04 67 90 19 08. ville-pezenas.fr
GUÉRILLÈRES ORDINAIRES AU THÉÂTRE DE LA FORGE À VILLEFORT
Guérillères ordinaires donne la parole à trois figures féminines vivant une oppression quotidienne. Affaire emblématique, car elle signe le musèlement de trois femmes. En effet, que leurs bourreaux soient mari, père ou patron, qu’elles soient violées, renvoyées, forcées au régime, ou interdites d’aimer qui elles veulent, elles sont victimes. Face à cette violence, leur résistance fait force. Entre guerrières et guérilleras, elles résistent à l’ordre établi, à l’oppression et au patriarcat, Léda, Lilith et celle qui est anonyme, décident de prendre les armes, de ne plus être les victimes d’une guerre qu’elles n’ont pas voulue et qu’elles subissent, de batailles engagées par des hommes. Ce texte magnifique, écrit dans une langue ciselée est un authentique acte de résistance. Soutenu par la fluidité du dispositif scénographique et par une bande son originale d’une grande sensibilité, il exprime une triste évidence, celle d’une assignation. Or lorsque les femmes dérogent aux règles, lorsqu’elles prennent les armes, elles changent de place. Les victimes sont devenues des Guérillères, qu’elles s’appellent Lilith, Léda ou qu’elles soient sans nom. Les personnages racontent leur présent, leur réalité, leur avenir s’il en est un, leurs rêves, leurs souvenirs, leurs peurs et last but not least, leur choix final. Jeudi 26 janvier, au Théâtre de La Forge à Villefort (48). Tél. 04 66 65 75 75. scenescroisees.fr
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© Mar c Gi not © Gassi an
© Mar i o Duhamel
Andy’s Gone © Marc Ginot
Maman avec Vanessa Paradis
Guérillères ordinaires
VIVA FRIDA AU THÉÂTRE MOLIÈRE À SÈTE
Viva Frida évoque la vie de la peintre Frida Kahlo « Frida, une bombe enveloppée dans des rubans de soie », une artiste exemplaire qui souligne la force des femmes, une icône de l’émancipation et de l’affirmation. Au travers de ses œuvres, elle révèle la puissance émotionnelle d’un parcours existentiel peu commun. En effet, Frida Kahlo a transposé dans ses peintures les plus importantes, ses désirs, ses frustrations, ses tourments et ses douleurs, douleurs physiques et spirituelles surmontées grâce à un amour subversif, inépuisable et explosif pour la vie. Le texte est tiré de divers écrits et recherches sur cette créatrice révolutionnaire mexicaine. Sous forme d’histoire théâtrale, une analyse minutieuse des émotions et des pensées sous-jacentes inscrites dans l’œuvre même.
Rare sur scène, l’actrice Claire Nebout, pour son retour au théâtre, a demandé à Karelle Prugnaud de la mettre en scène dans un monologue écrit par Didier Goupil d’après la correspondance de Frida Kahlo. Journal d’une femme en lutte, c’est une autre Frida Kahlo que Claire Nebout donne à voir : tour à tour désespérée ou dévergondée, crédule ou narquoise, soumise ou dominatrice. L’artiste est saisie dans son quotidien, au plus près de ses amours, de ses mécènes, de ses camarades de combat.
Mardi 10 janvier, au Théâtre Molière, Scène nationale archipel de Thau à Sète (34). Tél. 04 67 74 02 02. tmsete.com
MADAME PYLINSKA ET LE SECRET DE CHOPIN AU THÉÂTRE DE BÉZIERS
Cette année, plus de quarante spectacles sont à découvrir au théâtre de Béziers, dont Madame Pylinska et le secret de Chopin. Pièce adaptée du texte d’Éric-Emmanuel Schmitt, dans une mise en scène de Pascal Faber, elle raconte l’histoire de l’auteur et son lien avec la musique de Chopin. Plusieurs de ses œuvres plus ou moins connues sont subtilement interprétées par Nicolas Stavy. Lorsqu’il a neuf ans et qu’il entend sa tante jouer un morceau de Chopin, Éric-Emmanuel décide d’apprendre lui-même à jouer du piano. Cependant, le pianiste était toujours hors de portée pour lui, jusqu’à ce qu’il prenne des cours de piano auprès de Madame Pylinska à l’âge de 20 ans. L’enseignante polonaise est excentrique et intransigeante, ses méthodes d’enseignement complètement étranges. Néanmoins, ces leçons de piano deviennent une leçon de vie et d’amour pour Schmitt et finalement une nouvelle personne émerge, sensible et profondément connectée à la nature et aux autres. Éric-Emmanuel Schmitt est à la fois la tante adorée et Madame Pylinska non conventionnelle et luimême, et envoûte ainsi habilement le public.
Jeu. 15 décembre, au Théâtre Municipal de Béziers (34).
Tél. 04 67 36 82 82. ville-beziers.fr
LAZZI
Vincent Garanger et Philippe Torreton, deux comédiens au sommet de leur art dans une pièce de Fabrice Melquiot sur l’amitié indéfectible, le deuil et le cinéma. Une comédie mélancolique aux références cinéphiles, filmée sur smartphone par les personnages, jusqu’à être transformée en film. Après 27 ans, modernité oblige, Philippe et Vincent, respectivement veuf et divorcé, ferment leur vidéoclub, le dernier. Les deux amis se raccrochent l’un à l’autre et à un nouveau projet : partir à la campagne, aménager la maison rêvée. Fi des souvenirs, ils vont se réinventer au vert.
Mais, leur nouvelle demeure les plonge dans une curieuse atmosphère. Le fantastique s’invite alors que l’absence de femmes est criante. Cette création sur l’amitié, le temps qui passe, les ressources de chacun, puise dans la personnalité des acteurs, rend un puissant hommage aux arts du théâtre et du cinéma, à toutes les fictions aidant à avancer. Emily Loizeau, signe la création musicale.
Écrivain, metteur en scène et performer, Fabrice Melquiot est l’un des auteurs francophones d’un théâtre cru et poétique, les plus joués à l’étranger.
Jeu. 5 janvier, au Théâtre+Cinéma, Scène nationale Grand Narbonne à Narbonne (11). Tél. 04 68 90 90 20. theatrecinema-narbonne.com
Lun. 9 janvier, au Parvis, Scène nationale Tarbes Pyrénées à Ibos (65) Tél. 05 62 90 08 55. parvis.net
Jeu. 12 janvier, à l’Estive, Scène nationale de Foix et de l’Ariège (09). Tél. 05 61 05 05 55. lestive.com
POINTS DE RUPTURE
AU THÉÂTRE SORANO À TOULOUSE
Avec Points de rupture, comme souligné, Françoise Bloch et les acteurs et actrices de sa compagnie Zoo Théâtre explorent ces moments où se dessine une coupure avec le système ou bien le groupe afin de tracer une autre ligne, entrer dans une autre dimension. Cette thématique est abordée à partir d’imitations, celles de situations de travail, constituant la réalité historique du néolibéralisme entrepreneurial.
Entre réalité, fiction et climat onirique, le spectacle s’articule autour de fragments de textes fictifs, de matériaux documentaires, d’improvisations d’acteurs et de vidéos.
Opération de mise en abyme questionnant l’éventualité de leur propre rupture avec le confort de leurs habitudes théâtrales pour larguer les De l’humour et de la légèreté pour capter l’intelligence du spectateur. Du 17 au 19 janvier, au Théâtre Sorano à Toulouse. Tél. 05 32 09 32 35. theatre-sorano.fr
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© Chr i st
À NARBONNE, TARBES ET FOIX
opheRaynauddeLage
Viva Frida
Lazzi
Points de rupture
Madame Pylinska et le secret de Chopin © Fabi enne Rappeneau © Ant oni oGomezGar ci a
WALY DIA AU THÉÂTRE CHRISTIAN LIGER À NÎMES
Waly Dia est un artiste aux multiples facettes. Sa carrière débute au Jamel Comedy Club, mais il ne se fait vraiment connaître qu’à travers l’émission « On ne demande qu’en rire » de Laurent Ruquier. Depuis, il est apparu à plusieurs reprises sur grand écran avec des succès tels que Père fils thérapie ! et L’Ascension, et a également participé à la série Commissariat Central. Aujourd’hui, il est aussi présent à la radio, notamment avec sa chronique dans l’émission « Par Jupiter ! » sur France Inter. Waly Dia, connu pour son énergie, est actuellement sur scène avec son nouveau spectacle Ensemble ou rien. L’humoriste y traite de sujets variés comme l’éducation, l’écologie ou la coexistence de manière mordante et pointue et interroge ainsi divers aspects de notre société avec une belle pointe d’humour noir. Un spectacle rassembleur, pour toutes les générations, qui trouvera un peu de réconfort et de mordant pour affronter notre époque.
Sam. 17 décembre, au Théâtre Christian Liger à Nîmes (30).
Tél. 06 46 75 30 55. nimes.fr
LE SYSTÈME RIBADIER
AU THÉÂTRE JEAN-ALARY À CARCASSONNE
Adapté de la pièce éponyme de Georges Feydeau, Le système Ribadier est ici mis en scène par Ladislas Chollat. Servie par une belle distribution - Patrick Chesnais, Nicolas Vaude, Isabelle Gélinas, Benoît Tachoires, Elsa Rosenknop, et Karl Eberhard - la pièce raconte l’histoire d’Angèle, remplie d’un amour inconditionnel pour son premier mari, qui l’avait pourtant largement trompée durant leurs huit années de mariage. Veuve puis remariée, elle est désormais sur ses gardes ! Son second mari, Ribadier, est soumis à ses soupçons et à sa surveillance jusqu’à ce qu’il trouve un système pour quitter la maison, chaque nuit, sans être vu. Mais, lorsque Thommereux, un ami de la maison, vient spontanément rendre visite, ce système est fortement perturbé. Car lui aussi a un secret : il est amoureux d’Angèle et voit désormais une chance de la séduire en faisant exploser le système de Ribadier !
Sam. 21 janvier, au Théâtre Jean-Alary à Carcassonne (11).
Tél. 04 68 11 59 15. theatre.carcassonne.org
VINCENT DEDIENNE AU THÉÂTRE OLYMPE DE GOUGES À MONTAUBAN
Fin janvier, l’acteur et humoriste Vincent Dedienne se produit à Montauban avec son spectacle actuel Un soir de gala. Après le succès de son premier one man show, S’il se passe quelque chose, ce second spectacle se veut moins autobiographique. « Qu’écririez-vous à l’adolescent que vous êtes si vous deviez lui envoyer une carte postale ? » : c’est avec cette question que Vincent Dedienne ouvre ce nouveau spectacle. Il y croque et enquête avec enthousiasme divers personnages, parmi eux, Paul un retraité passionné de funérailles, un journaliste obsédé par l’actualité, ou un voyagiste qui reçoit un client nommé Xavier Dupont de Ligonnès. Il crée des personnages grotesques à l’aide desquels il analyse les névroses de notre présent. Ses mots sont tranchants, mais font mouche, les images qu’il élabore sont hilarantes et parfois effrayantes. Il parvient à créer un sens de l’absurde, suivi d’un rire mélancolique, d’un humour noir et d’une certaine nostalgie. Son programme s’adresse à un large éventail d’émotions et attire ainsi un public très diversifié. Mar. 24 janvier, au Théâtre Olympe de Gouges à Montauban (82). Tél. 05 63 21 02 40. spectacles.montauban.com
ARNAUD COSSON
Normalement Arnaud Cosson devait écrire son nouveau programme mais au lieu de ça il s’interroge de plus en plus sur son développement personnel et finit par souffrir du fameux syndrome de la page blanche. Il est insatisfait de ses relations interpersonnelles, qu’elles soient amoureuses, familiales ou amicales, et se retrouve en état de tout remettre en question. Alors qu’il ne reste que quinze jours avant sa première, il devient clair que rien ne se passera comme prévu, car rien n’est prévu, tout simplement.
Arnaud Cosson nous emmène dans ce voyage très personnel. Il nous offre un aperçu intime de son être le plus profond, laisse le spectateur s’immerger dans sa tête. Néanmoins, il parvient à raconter cette histoire pleine d’esprit, d’humour et de créativité. Divers personnages apparaissent dans un spectacle sincère et honnête, comme son psychiatre, ses parents ou son producteur, tous parfaitement interprétés par l’humoriste, qui se glisse magistralement dans chaque rôle grâce à des gestes comiques et des interventions inattendues. Jeu. 29 décembre, à la Comédie de Toulouse.
Tél. 05 34 44 16 70. lacomediedetoulouse.com
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HU MOU R
© Fabi enne Rappeneau
À LA COMÉDIE DE TOULOUSE
© Jean-
Loui s Fer nand
© JDavi d_Cl ement
Arnaud Cosson
Sellig ven. 16 décembre à 20h30 à Zinga Zanga à Béziers
Sellig sam. 17 décembre à 20h30 au Palais des Congrès à Arles
Inavouable sam. 17 décembre à 20h30 au Corum à Montpellier
Sellig dim. 18 décembre à 18h 20h30 à l’Hôtel Novotel Atria à Nîmes
Vincent Piguet sam. 31 décembre à 19h30 àà l’Hôtel Novotel Atria à Nîmes
Seb Mellia jeu. 5 janvier à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Thomas VDB jeu. 12 janvier à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Complètement Jojo ven. 13 janvier à 20h30 au Zinga Zanga à Béziers
Florent Peyre dim. 15 janvier à 18h à l’Hôtel Novotel Atria à Nîmes
Djimo dim. 15 janvier à 18h au Corum à Montpellier
Pierre-Emmanuel Barré mer. 18 janvier à 20h30 au Zénith de Toulouse
Redouane Bougheraba mer. 18 janvier à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Ary Abittan jeu. 19 janvier à 20h30 au Zénith de Toulouse
Sandrine Sarroche ven. 20 janvier à 20h30 au Zinga Zanga à Béziers
Sandrine Sarroche ven. 21 janvier à 20h30 à Palavas-les-Flots
Noelle Perna sam. 21 janvier à 20h30 à l’Hôtel Novotel Atria à Nîmes
Seb Mellia sam. 21 janvier à 20h au Corum à Montpellier
Jamel Comedy Club dim. 22 janvier à 20h au Corum à Montpellier
Kyan Khojandi mar. 24 janvier à 20h au Zénith de Toulouse
Tristan Lopin ven. 27 janvier à 19h au Corum à Montpellier
Le Cas Pucine sam. 28 janvier à 20h au Corum à Montpellier
Verino sam. 28 janvier à 20h au Corum à Montpellier
Anthony Kavanagh mar. 31 janvier à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Inès Reg mer. 1er février à 20h au Zénith Sud à Montpellier
Véronic Dicaire sam. 4 février à 20h au Zénith Sud à Montpellier
Amine Radi dim. 5 février à 18h à l’Hôtel Novotel Atria à Nîmes
Véronic Dicaire mar. 7 février à 20h à l’Arena de Toulouse
Veronic Dicaire mer. 8 février à 20h au Zénith de Toulouse
Max Bird mer. 8 février à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Laura Laune jeu. 9 février à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Les Chevaliers du Fiel sam. 11 février à 20h30 au Zénith Sud à Montpellier
Laura Felpin sam. 11 février à 20h au Corum à Montpellier
Olivier De Benoist mer. 15 février à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Laura Felpin ven. 17 février à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Maxime Gasteuil mar. 21 février à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Noelle Perna ven. 3 mars à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Les Bodin’s ven. 3 et sam. 4 mars au Zénith de Toulouse
Vincent Dedienne mer. 8 et 9 mars à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Zize ven. 10 mars à 20h30 à l’Hôtel Novotel Atria à Nîmes
Noelle Perna sam. 11 mars à 20h30 Salle Bleue à Palavas-les-Flots
Thomas Marty sam. 11 mars à 20h au Corum à Montpellier
Redouane Bougheraba mer. 15 mars à 20h au Zénith à Toulouse
Karim Duval mer. 15 mars à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Pablo Mira ven. 17 mars à 20h30 à l’Hôtel Novotel Atria à Nîmes
Manuel Pratt ven. 17 mars au Zinga Zanga à Béziers
Fabrice Eboué sam. 18 mars à 20h au Corum à Montpellier
Booder dim. 19 mars à 20h au Corum à Montpellier
Bérengère Krief mar. 21 mars à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Gérémy Crédeville mer. 22 mars à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Kev Adams mer. 22 mars à 20h au Zénith de Toulouse
Arnaud Ducret mer. 22 mars à 20h au Zinga Zanga à Béziers
Kev Adams jeu. 23 mars à 20h au Zénith Sud à Montpellier
Fabrice Eboué sam. 25 mars à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Karim Duval sam. 25 mars à 20h30 au Corum à Montpellier
Roland Magdane dim. 26 mars à 15h au Casino Barrière à Toulouse
FX Demaison mar. 28 mars à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
Anne Roumanoff mer. 29 mars à 20h30 au Casino Barrière à Toulouse
D’JAL mer. 29 mars à 20h30 à l’Hôtel Novotel Atria à Nîmes
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–agenda Humour
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Florent Peyre Sandrine Sarroche Seb Mellia Véronic Dicaire
DELEUZE / HENDRIX
À PERPIGNAN, CAHORS, ALÈS ET TOURNEFEUILLE
CASSE-NOISETTE À MONTPELLIER ET TOULOUSE
Le ballet Angelin Preljocaj sillonnera la région en ce début d’année. Immanquable, la création 2021 Deleuze / Hendrix offre une expérience réussie entre philosophie et culture pop, et plonge le public dans le son légendaire des années Woodstock. Pour cette création, Angelin Preljocaj témoigne une nouvelle fois de son attrait pour la philosophie. Il prend pour prétexte cette fois-ci les enregistrements audios des cours dispensés par Gilles Deleuze à l’Université Paris VIII à Vincennes dans les années 80. Dans ces archives sonores, Deleuze aborde avec humour et pertinence les réflexions menées par Spinoza autour de la question du corps et du mouvement dans son emblématique ouvrage : l’Éthique. Dans ce projet, la voix enregistrée de Gilles Deleuze et son propos substantiel, viendra s’intriquer avec la musique puissante, sensuelle et révolutionnaire de Jimi Hendrix afin d’entrer en résonance avec les scolies de Spinoza. Angelin Preljocaj retrouve la sensualité et la liberté, magnifie les mouvements des danseurs dans cette superbe union entre la danse et l’intelligence.
Les 12 et 13 janvier, au Théâtre de l’Archipel, Scène nationale de Perpignan (66).
Tél. 04 68 62 62 00. theatredelarchipel.org
Dim. 15 janvier, à l’Escale à Tournefeuille (31).
Tél. 05 62 13 60 30. mairie-tournefeuille.fr
Ven. 20 janvier, au Cratère, Scène nationale d’Alès (30).
Tél. 04 66 52 52 64. lecratere.fr
Mar. 31 janvier, au Théâtre de Cahors (46).
Tél. 05 65 20 88 60. saisonculturellecahors.fr
STÉRÉO AU THÉÂTRE DE NÎMES
Pour Stéréo, Philippe Decouflé revient en force avec un trio rock en live et cinq danseurs d’excellence pour un concert dansé ultra vitaminé ! Figure emblématique d’une danse décloisonnée aux couleurs tranchées, cette création, format hybride entre concert et danse, est née d’un désir de vitesse, de brillance et de virtuosité.
Maître en la matière, Philippe Decouflé a rassemblé une jeune équipe aux talents multiples à même d’abreuver sa soif d’énergie. Reconnu pour son style organique et très dessiné, il intègre ici musique live et acrobatie comme compléments jouissifs, et met en œuvre une danse qui bondit, fuse et rejaillit. Une fois de plus, le chorégraphe s’impose comme un créateur hors norme, déjouant les styles et les archétypes pour mieux les réagencer dans des combinaisons explosives.
Les 14 et 15 décembre, au Théâtre de Nîmes (30). Tél. 04 66 36 65 00. theatredenimes.com
Revisité en version hip-hop par la chorégraphe franco-espagnole Blanca Li, ce Casse-Noisette réinvente avec fantaisie et énergie le célèbre conte de Noël. L’histoire ne raconte plus un dîner de Noël, où Clara reçoit comme cadeau de son oncle Drosselmeyer un casse-noisette en forme de soldat en bois, mais un groupe de jeunes qui préparent le réveillon dans un appartement en dansant. C’est pourquoi Blanca Li n’utilise pas toute la musique de Tchaïkovski, mais lui ajoute des morceaux soul, funk, salsa, rap et autres sons groovy et entraînants. Sont toutefois conservés les grands airs de Tchaïkovski (la Valse des fleurs et la Danse chinoise) tout comme les moments clés du ballet initial comme la bataille des souris et des soldats de plomb. Le clou de ce spectacle festif et ludique est bien entendu le CasseNoisette lui-même devenu robot télécommandé via Ipad. On ne manquera pas de saluer la prestation des huit danseurs de hip-hop madrilènes qui interprètent avec brio cette version déchainée de l’un des ballets les plus connus du répertoire.
Les 3 et 4 janvier, au Théâtre du Casino Barrière à Toulouse. odyssud.com
Les 18 et 19 janvier, à l’Opéra Berlioz à Montpellier. Tél. 04 67 60 83 60. montpellierdanse.com
RUPTURES À L’ESTIVE À FOIX
À la confluence des danses hip-hop et traditionnelles, la compagnie Dans6T évoque les possibles horizons que dessinent les migrations. Car, depuis toujours, hommes et femmes migrent, et, depuis toujours, ils dansent. Bouziane Boutejdja représente le mouvement géographique des populations, perpétuel, historique et intensément actuel, à travers le mouvement des corps en scène. La terre et l’eau, éléments de survie, occupent le plateau. Les corps s’en nourrissent pour créer une danse organique, en interaction avec son environnement. Lui-même issu de l’immigration, Bouziane Bouteldja réunit sept danseurs de culture française ou maghrébine pour célébrer le mélange des cultures. Engagée et ancrée dans l’actualité, son écriture chorégraphique se fraye toujours un chemin vers l’espoir, en quête d’un avenir pacifique. Mar. 17 janvier, à l’Estive, Scène nationale de Foix et de l’Ariège (09). Tél. 05 61 05 05 55. lestive.com
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PRIMAIRE À BÉDARIEUX
En janvier, la saison culturelle du Grand Orb s’invite à Bédarieux avec une pièce chorégraphique colorée ! Imaginé par la compagnie La Baraque, ce spectacle fait des corps des pinceaux en mouvement sur une scène devenue toile. Au nombre de trois, les danseuses s’agitent, se découvrent, se rencontrent, dansent à l’unisson et créent un tableau vivant.
C’est un spectacle visuel fort et émouvant, où la danse et les arts plastiques se mêlent et forment un ensemble harmonieux et poétique.
Ven. 20 janvier, à la Tuilerie à Bédarieux (34).
Tél. 04 67 23 78 03. grandorb.fr
INVENTAIRES À LA SCÈNE NATIONALE D’ALBI
Ce spectacle retrace les grandes écritures chorégraphiques de ces trente dernières années : celles de Wayne McGregor, Jean-Claude Gallotta, Angelin Preljocaj, Jérôme Bel, Ohad Naharin et bien d’autres… Une traversée historique racontée par un garçon et une fille dont l’humour et la virtuosité servent aussi à retracer le parcours de leur propre vie. Une danse impétueuse, plurielle, moderne et ultra-vivante nous donne à voir les extraits les plus marquants de pièces majeures du répertoire contemporain. Elle nous fait partager aussi le quotidien et le ressenti de deux jeunes danseurs face à leur art. L’énergisante performance dansée et le plaisir non dissimulé des interprètes nous offrent une histoire de la danse : corporelle, vivante, émouvante, inoubliable. Un véritable feu d’artifice !
Ven. 6 janvier, à la Scène nationale d’Albi (81). Tél. 05 63 38 55 56. sn-albi.fr
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AR TS MÉTI SSÉ S
DANS LE DÉTAIL AU THÉÂTRE LIGER À NÎMES
Î D'ILES À L’ASTRADA À MARCIAC
Avec Dans le détail, plongez dans une enquête chorographique imaginée par Denis Plassard. Sept nseurs ont été convoqués à un stage de reconversion. Le directeur du stage a disparu. Un des danseurs est coupable. Les spectateurs sont invités à mener l’enquête. Dans les 7 reconstitutions différentes et loufoques, le coupable est le seul suspect qui refait toujours exactement la même chorégraphie, alors que tout le reste change autour de lui. Par observation, comparaison et élimination, à vous de trouver le coupable. Mais attention, ce spectacle est un vrai jeu d’enquête, rempli de fausses pistes !
Jeu. 19 janvier, au Théâtre Christian Liger à Nîmes (30).
Tél. 04 66 28 40 11. nimes.fr
JAZZ MAGIC À GAILLAC ET RAMONVILLE SAINT-AGNE
Î D'ILES est un projet porté par le saxophoniste toulousain Ferdinand Doumerc. À cette occasion, il rassemble autour de lui la harpiste Rébecca Féron, connue pour ses collaborations avec l’Orchestre National du Capitole, et le guitariste Csaba Palotaï, ayant joué avec John Zorn ou encore Thomas de Pourquery. Ce trio, afin d’illustrer son voyage dans les îles de nos fantasmes, s’enrichit du travail de l’artiste visuelle Audrey Spiry, qui oscille entre animation, fusain et peinture. Une création comme un voyage musical, poétique et visuel.
Sam. 21 janvier, à l’Astrada à Marciac (32).
Tél. 09 64 47 32 29. lastrada-marciac.fr
_JEANNE_DARK_ AU DOMAINE D’O À MONTPELLIER
Magie ou musique ? La compagnie Blizzard Concept a choisi de ne pas choisir ! Dans l’arène, un magicien et un musicien font le pont entre leurs deux disciplines, se renvoyant la balle avec humour et décontraction, offrant au public une joute verbale tant visuelle que sonore. Le magicien improvise en piochant dans son répertoire en fonction des interactions développées avec le public, comme un musicien de jazz. Une conversation sur l’art d’improviser, guidée par vos émotions et bien sûr la magie, de surprise en surprise… a compagnie Blizzard Concept, basée en Occitanie, évoque l’envie de vivre et partager des aventures humaines enrichissantes comme élément moteur. Jazz Magic n’échappe pas à cette règle. Leur langage est le cirque contemporain et populaire, qu’ils souhaitent singulier, décalé, loin des logiques convenues.
Ven. 16 décembre, au Balcon à Gaillac (81).
Tél. 05 63 81 20 19. gaillac-culture.fr
Les 26 et 27 janvier, au Kiwi à Ramonville Saint-Agne (31).
Tél. 05 61 73 00 48. kiwiramonville-arto.fr
_Jeanne_Dark_, c’est le pseudo Insta de Jeanne, lycéenne, issue d’une famille catholique de la banlieue pavillonnaire d’Orléans. Depuis quelques mois, elle subit les railleries de ses camarades sur sa virginité. Un soir, seule dans sa chambre, elle décide de ne plus se taire et se lance dans un live Instagram. C’est à ce live qu’assiste le public dans la salle, mais aussi sur son smartphone. Car c’est là toute l’originalité de la mise en scène imaginée par Marion Siéfert qui, par le biais des réseaux sociaux, nous invite à entrer dans l’intimité de cette adolescente. Dans ce journal intime 2.0, le smartphone devient tout à la fois objet d’aliénation et de libération, instrument divin et diabolique. Entre violence, emprise familiale, religion et narcissisme contemporain. Une mise en scène théâtrale et digitale inédite, servie par la remarquable performance de Helena de Laurens.
Les 15 et 16 décembre, au Domaine d’O à Montpellier. Tél. 0800 200 165. domainedo.fr
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ANIMAL, HISTOIRE DE FERME AUX SCÈNES NATIONALES DE SÈTE ET D‘ALBI
Après le succès de Tabernak en 2020, le Cirque Alfonse est de retour ! La compagnie québécoise présente sa quatrième production qui, comme les précédentes, s’inspire des traditions de leur pays. Après les bûcherons, les fêtes foraines et le patrimoine religieux, ce nouveau spectacle plonge les spectateurs au cœur d’une ferme. Animal, histoire de ferme est une création déjantée, explosive, hilarante dans laquelle les animaux sont humanisés et ont leur mot à dire ! Un gentleman-farmer s’entoure de poulets qui ont des dents, de canards qui sont effrontés et de vaches qui se rebellent. Alfonse, le farmer, célèbre l’approche contemporaine des valeurs laïques, détourne les clichés et captive le public avec poésie et habileté. Il crée un monde plein de fantaisie mêlé aux histoires de notre enfance qui inspirent chaque génération. Le Cirque Alfonse enchante avec une série de fables surréalistes de virtuosité et de comédie, soulignées par un mélange de trad et de soul, un funk agraire irrésistible. Les 9 et 10 décembre, au Théâtre Molière à Sète (34). Tél. 04 67 74 02 02. tmsete.com Du 13 au 15 décembre, Scène Nationale d’Albi (81). Tél. 05 63 38 55 56. sn-albi.fr
GLOB AU KIASMA À CASTELNAU-LE-LEZ
Deux personnages étranges entrent en scène. Ils sont doux et touffus, et attendent. On ne sait pas qui ou quoi. On ne sait pas où ils sont, ni où ils vont, eux non plus. Alors, ils attendent que la vie passe et en même temps, ils cherchent une tâche. Surtout, ils prennent le temps de prendre leur temps et invitent le public à faire de même. Et comme ils le font, la vie arrive et leur dit ce qui peut arriver. Un spectacle plein de surprises, de magie et de doux moments. Avec Glob, la Compagnie Foutoukours a créé une œuvre paisible, joyeuse et profondément humaine, qui émerveille les petits et offre aux grands un répit dans leur quotidien. Trois ans ont été nécessaires à la compagnie pour créer le spectacle. Un procédé créatif pendant lequel les thèmes de l’attente, de l’inconnu et de la rencontre ont été explorés pour les transformer en un programme tout aussi sophistiqué qu’enchanteur. Afin de trouver l’inspiration, la compagnie s’est tournée vers les contraintes du cinéma muet : une action physique inédite et des mouvements clairs afin de pouvoir mettre en place un scénario sans paroles. Mar. 20 décembre, au Kiasma à Castelnau-le-Lez (34).
Tél. 04 67 14 19 06. lekiasma.fr
EXTRÊMITÉS À LODÈVE
Dans le cadre de la saison de Résurgence, le Cirque Inextrémiste présente en décembre à Lodève un spectacle plein de prise de risque, d’acrobatie et d’énergie, misant sur la créativité et l’innovation. Au lieu d’utiliser des instruments de cirque traditionnels, la compagnie exploite un fouillis de planches et de bouteilles de gaz, créant une menace constante d’effondrement. Il y a trois personnes dans ce bordel. A deux mètres de hauteur, ils s’assoient sur les planches et les bouteilles en mouvement, et dès que l’un titube, ils tombent tous. Une peur subtile résonne partout ; non pas à cause de la construction fragile, mais à cause d’un éventuel faux pas d’une personne sur laquelle les autres parties s’appuient. Une intense complicité naît, créée par ces moments présents, dans lesquels chaque pas d’une personne est lié à celui d’une autre. Ils racontent ainsi une histoire où l’humanisme joue un rôle décisif, puisque tous les acteurs sont dépendants les uns des autres. C’est une question de solidarité et de cohésion et le défi de créer un équilibre soumis à la gravité et qui ne doit pas être perturbé. Ven. 16 décembre, à la salle Ramadier à Lodève (34). Tél. 04 67 44 24 60. festival-resurgence.fr
HURT ME TENDER AU DOMAINE D‘O À MONTPELLIER
Ce sera l’un des événements de la fin d’année à Montpellier : la compagnie circassienne CirkVOST investira Odysseum avec son chapiteau pour présenter Hurt me tender. Du 2 décembre au 8 janvier, acrobaties et haute voltige émerveilleront les petits et les grands. Invitée par le Domaine d’O dans le cadre de la Métro fait son cirque, CirkVOST explore dans Hurt me tender les contrastes qui nourrissent nos vies et nos sociétés. Pour le meilleur et pour le pire. Un coup de poing, une tirade amoureuse, une déclaration de dégoût, une réflexion existentielle… Ces contrastes qui nourrissent nos vies, nos sociétés, chaque individu, chaque couple, trio, groupe, communaute… inspirent ce tableau en mouvance, du sol aux cimes, que le CirkVOST met en chapiteau. Hurt me tender est un spectacle de haute voltige aérienne, énergique et vivant, a voir en famille. Des personnages vibrants se rencontrent, se percutent, se caressent, dansent et voltigent dans un univers semblable a la vie, fait de surprenants échanges ou s’entremêlent violence et douceur les chutes et les sauts, les acrobaties et les chorégraphies nous racontent bonheurs et désespoirs. Une générosité physique qui se veut au plus près de nos lâcher-prises, nos libérations, mais aussi nos victoires et nos échecs. Jusqu’au 8 janvier, à Odysseum à Montpellier. Tél. 08 00 20 01 65. domainedo.fr
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Glob Extrêmités © Rol l i ne Lapor t e © Ci r kVOST © Andr é Chevr i er © Ci r que I next r émi st e
CIRQUE Animal,
Histoire de Ferme
me tender
EN F A MILLE
CONTE CHIFFONNÉ AU PARVIS À TARBES
Inspiré par le conte de Cendrillon, un des personnages les plus connus de la littérature universelle de contes de fées, la compagnie Le Clan des songes fait naître un monde onirique entièrement réalisé à partir de bouts de tissus, chiffons et dentelles. Orienté par une comédienne marionnettiste, le public chemine avec elle, pénétrant dans un monde de châteaux, fées et princes, fait de dentelle fragile et irréalité. Ce même public est surpris, comme l’héroïne, par un énorme tas de chiffons, tombé du ciel qui la recouvre entièrement. De ce tas, surgissent et disparaissent, comme par enchantement, les personnages du conte : l’horrible marâtre, les vilaines sœurs, la jeune fille maltraitée... Enfin, dans un jeu de lumière, les chiffons voltigent aériens et colorés, afin de transformer notre souillon en princesse. Tout en restant fidèle à l’esprit des contes qui peuplent notre imaginaire collectif, la compagnie Le Clan des songes poursuit, après Arrivederci, son exploration de diverses matières, en particulier du tissu sous toutes ses formes. Les artistes explorent, public complice, les rêves vers lesquels sont capables d’entraîner une dentelle traversée par la lumière ou un chiffon froissé, coloré. Mercredi 11 janvier, au Parvis, Scène nationale Tarbes Pyrénées à Ibos (65). Tél. 05 62 90 08 55. parvis.net
DU SABLE DANS LA SOUPIÈRE
Transmission, héritage et filiation traversent l’histoire d’un frère et d’une sœur. Ces deux êtres se retrouvent chez leur grand-mère disparue pour vider la maison. Comme un retour dans le passé, la manipulation des objets qui les entourent, fait écho à leur histoire et aux personnes qui l’ont peuplée. Le buffet de la salle-à-manger, pièce maîtresse de la mémoire familiale, dévoile progressivement la vie de la famille, la place de l’aïeule. Petit à petit, l’univers que propose la compagnie vire à l’onirique, les objets prennent la parole, et pose la question du lien qui nous unit à eux. Une histoire universelle qui entraîne avec humour et poésie au cœur de toutes les familles, de leurs mythologies, de leurs secrets et des non-dits. Héritage, transmission, ce spectacle, au ton absurde, poétique et visuel, interroge le rapport transgénérationnel et son contenu.
Samedi 28 janvier, au Théâtre La Vista à Montpellier. Tél. 04 99 52 99 31. theatrelavista.fr
GOUPIL
Le roman de Renart est le pendant populaire de la littérature épique et chevaleresque. Goupil en est le héros principal, personnage d’une malice et d’une ruse extraordinaires, toujours prêt à une nouvelle fourberie, ajoutant toujours la dérision aux dommages, jamais à court d’idées pour chaparder de la nourriture et ridiculiser son oncle Ysengrin. Dans ses aventures aux multiples péripéties, l’on croise un loup peu perspicace, des paysans grugés et une ribambelle d’animaux forts en gueule. Les Compagnons de Pierre Ménard portent sur scène l’album jeunesse Goupil de Samivel, écrivain, poète, lequel a revisité le célèbre Roman de Renart, l’une des grandes œuvres du patrimoine littéraire médiéval. Quatre artistes donnent vie aux facéties du héros : un conteur aux mille voix, un musicien bruiteur, et deux comédiennes qui miment, dansent, chantent et signent en langue des signes, se transformant tour à tour en renard espiègle, en loup affamé, en poussin désinvolte ou en moineau anglais. A noter que renard s’est substitué dans la langue française au nom de l’espèce. Les partitions sonore et visuelle sont heureusement complémentaires, le conte mis en musique et incarné avec verve et humour, créant une symphonie de langages qui fera le bonheur des petits mais aussi des grands.
Mercredi 11 janvier, au Théâtre+Cinéma, Scène nationale Grand Narbonne à Narbonne (11).
Tél. 04 68 90 90 20. theatrecinema-narbonne.com
Après une semaine de résidence à l’Espace Roguet, en partenariat avec le Conseil départemental de la Haute-Garonne, la Compagnie Et Moi a mis au monde une belle Grand-mère perd la tête. Un spectacle adapté d’un roman attachant et délicat qui aborde la relation profondément sensible entre une petite fille et sa grand-mère. La comédienne, seule en scène, fait retour dans son enfance pour observer avec tendresse et bienveillance les changements du comportement de sa grand-mère, autant de situations comiques et loufoques, doublées cependant, de la crainte de perdre cet être cher. Construit autour d’une multitude d’objets, jouets, ballons gonflables, vêtements, accessoires vintages de son histoire qui prendront vie, le décor évoluera tout au long du récit, pour devenir ce que la narratrice ressent et constate à travers son regard d’enfant. De la drôlerie et de la gravité à la fois, traitées avec malice, amour et humanité.
Dimanche 15 janvier à l’Espace Roguet de Toulouse. Tél. 05 34 45 58 30. haute-garonne.fr
AU THÉÂTRE CINÉMA DE NARBONNE
THEATRE LA VISTA
MÈRE PERD
L’ESPACE ROGUET DE TOULOUSE
AU
À MONTPELLIER GRAND
LA TÊTE A
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Fr e de r i k Lej eune
BoOM AU CIRCA À AUCH
Un spectacle muet d’une interprète et 72 cubes. Entre marionnettes et théâtre d’objets, BoOm évoque ce fragile équilibre qui compose le monde dans lequel nous vivons. Se posent alors quelques questions fondamentales : comment gérer la gravité qui guide les objets et les êtres ? Comment investir cette étrange maison qui est le corps ? Chuter, se redresser puis vouloir s’envoler, autant de verbes en mouvement. Derrière une douce et délicate simplicité, les cubes sont entassés puis contournés pour aborder la question de l’équilibre de manière drôle, sensible, maligne et taquine. Claire Petit et Sylvain Desplagnes se hissent à hauteur des touts petits pour une invite dans un théâtre où la poésie des petits riens si grands, est portée au centre du récit. Une œuvre aussi imagée qu’imaginative pour saisir et rejoindre le mouvement du monde.
Mer. 11 janvier, au Circa, Pôle national du cirque à Auch (32).
Tél. 05 62 61 65 00. circa.auch.fr
HOMO SAPIENS AU THÉÂTRE DE LA CITÉ A TOULOUSE
Que peut-on dire des premières gestuelles du clown ? À quoi ressemblait cet animal en milieu naturel, lorsque, à l’état sauvage, il n’avait pas encore été domestiqué avant de ressembler au plus près à l’Homo sapiens ? Dans ce spectacle bourré d’énergie communicative qui dégage un humour féroce, sept clowns invitent les spectateurs à entamer un voyage poétique, aussi ludique que joyeux qui conduit jusqu’aux origines de l’humanité. Ces clowns de la première heure sont à la fois monstrueux et follement attachants. Ainsi, ils parviennent à faire rejaillir et à retrouver, peut-être, dans ce monde contemporain, les premières étincelles, celles qui n’ont sans doute pas manqué de donner naissance, à ce qui ressemblait aux premiers éclats de rire de l’humanité.
Les 2 et 3 février au Théâtre de la Cité, Centre dramatique national de Toulouse. Tél. 05 34 45 05 05. theatre-cite.com
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SPECTACLES DE NOËL
FESTIVAL DES LANTERNES À MONTAUBAN
La ville de Montauban accueille le Festival des Lanternes qui s’installera au cœur d’un des principaux parcs de la ville. Cet événement, phénoménal succès populaire, va s’installer au cours Foucault. Joyau de la culture traditionnelle chinoise, issu de la dynastie Tang, le Festival des Lanternes a déjà séduit le public, devenant le rendez-vous incontournable de l’hiver. En préalable, l’installation de lanternes splendides nées du savoir-faire traditionnel de la ville de Zigong, préfecture de la province du Sichuan en République populaire de Chine, ville à l’origine du festival chinois des lanternes. Les visiteurs seront conviés cette année au voyage sur le fleuve Yangtsé, nouvelle scénographie originale de cette édition. L’allée centrale du cours Foucault va se parer de la couleur du fleuve bleu, le plus grand de Chine. Sur les rives, place à la découverte du riche patrimoine architectural, de la flore et de la faune de ce fleuve mythique. Point d’orgue du périple, l’impressionnante Grande Tour de la Grue Jaune, haute d’une vingtaine de mètres et large de quarante. Compter la présence des célèbres pandas et les dinosaures articulés. La société MAG a repris cette création artistique reposant sur une technique unique au monde avec des spécialistes de la création de lanternes chinoises géantes associant lumière, soie et sculpture de fer. Magique !
Jusqu’au 5 février, à Montauban (82) festivaldeslanternes-montauban.com
PARBLEU AU CRATÈRE À ALÈS
Élémentaire, les noms de Laurel et Hardy, leur image est des plus présente. L’un, sec comme une planche à pain et l’autre, tout en rondeurs, gracile, à l’enveloppe confortable. Leur caractéristique : être fan de la blague bien roulée, sans indulgence, sans compromis. Ils ne cessent d’être impressionnants par leurs numéros de cirque fulgurants et inédits, sans avoir l’air d’y toucher. Un coup, ils jonglent, improbable, avec une truelle, une planche, une boule de pétanque, une masse de chantier, l’autre coup, ils bondissent de manière incroyable, dans un numéro acrobatique spectaculaire.
Tranquillement, subrepticement, ils détournent les objets avec une dextérité méthodique, précise et exacte. La scène devient, tour à tour, court de tennis ou billard géant. Détonnants autant que fascinants acrobates et jongleurs qui jamais ne se prennent au sérieux, lesquels avec un humour qui ne se départit ni de poésie, ni de joyeuse absurdité, entrainent le public dans un bien-être où le rire triomphe.
S’ils se sont rencontrés au siècle dernier chez la mythique compagnie Archaos, c’est en 2001 que Didier André et Jean-Paul Lefeuvre ont créé La Serre, accueillie à Cratère Surfaces en 2005. Ils ont ensuite fait retour à Alès en 2006 avec Le Jardin, et en 2008 avec Bricolage Érotique. Ils sont bien sûr très attendus !
Les 14, 17 et 18 décembre au Cratère, Scène nationale d’Alès (30). Tél. 04 66 52 52 64. lecratere.fr
NOËL AL-ANDALUS À LA SCÈNE DE BAYSSAN À BÉZIERS
La Caravane Arabesques s’arrête à la scène de Bayssan, le temps d’un festif Noël Al Andalus, pour proposer des spectacles enchanteurs.
Sami Ameziane alias Comte de Bouderbala, le retour, pour une 3e édition. Jihad Darwiche, Halima Hamdane et Ali Merghache, grands artistes du conte proposent un voyage dans l’histoire, la poésie, la musique et les merveilles de l’époque al-Andalus, pour réjouir toute la famille. Personnalité flamboyante, Widad Mjama est la toute première femme rappeuse du Maghreb. Depuis plusieurs années, elle s’intéresse à une tradition musicale marocaine transmise uniquement par des femmes, les chikhates. Nesma et les danseurs et musiciens de sa compagnie al-Andalus Danza incarnent sur scène ces muwashahat, poésies dont la forme est née en al-Andalous puis s’est transformée en courant musical, depuis la splendeur du califat omeyyade de Cordoue, l’exil à travers la Méditerranée, leur renaissance à partir du XVIIIe siècle et jusqu’à nos jours.
Enfin, dans les veines d’Ali Khattab, jeune guitariste égyptien coulent les maqâmats, les modes et les rythmes de la musique arabe. En apprenant la guitare, il s’amourache du flamenco. A écouter, son disque Sin país. Le musicien vit la fusion musicale totale avec le jeune oudiste Hesham Essam, mêlant flûte nay et palmas, cante jondo et chant soufi. Les 16,17 et 18 décembre, au Domaine départemental de Bayssan à Béziers (34). Tél. 04 67 28 37 32. scene-de-bayssan.herault.fr
JE PRÉFÈRE QU’ON RESTE AMIS À TRAC THÉÂTRE À CASTELNAU-LE-LEZ
La fin d’année se fête en riant ! C’est en tout cas ce que pense TRAC Théâtre, installé à Castelnau-le-Lez. Si tout au long du mois de décembre le spectacle Je préfère qu’on reste amis sera proposé, ne manquez pas la soirée du réveillon du Nouvel An ! Après le spectacle, écrit par Laurent Ruquier et proposé ici dans une mise en scène de Grégoire Aubert, TRAC Théâtre vous invite à réveillonner à leur côté ! Sur scène donc, une comédie romantique dans laquelle Claudine, fleuriste, annonce à Valentin, son meilleur ami, l’amour qu’elle a pour lui depuis cinq ans. Mais Valentin n’est pas sur la même longueur d’ondes. Avec cette déclaration, Claudine va découvrir le vrai Valentin. Et elle n’est pas au bout de ses surprises !
Jusqu’ au 31 décembre, à TRAC Théâtre à Castelnau-le-Lez (34).
Tél. 09 74 97 02 15. trac-theatre.fr
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Parbleu
Festival des lanternes
© Mat t hi euHagene
L’HOMME EST LE SEUL ANIMAL
QUI PORTE DES BRETELLES. C’EST CE QUI LE DISTINGUE NETTEMENT DU BOA AU THÉÂTRE DU GRAND ROND À TOULOUSE
En bretelles et charentaises, deux individus font irruption sur scène. S’ils ne sont pas jumeaux, ils sont reliés. Alexandre et Vialatte, l’un dit, l’autre écoute. L’un commence, l’autre finit. Ils évoluent, surprenants et précis, dans un univers rectiligne où tout paraît droit, mais rien ne l’est. Pour les fans de bons mots, traits d’esprits et autres facéties, quoi de mieux qu’un spectacle de la compagnie 11h11 ? Réunis au départ sur l’admiration pour Desproges avec le spectacle Le 11/11/11 à 11h11 étonnant, non ?, les deux pékins ne pouvaient passer à côté des textes d’Alexandre Vialatte aimé de Desproges. Au long des 900 chroniques écrites dans le journal La Montagne, Vialatte déploie un univers mélancolique, poétique, absurde et plein d’humour. Sur les planches, les lignes droites penchent, le bureau d’écolier est bancal. Un espace dans lequel on peut promener en laisse un chien empaillé ou donner à voir un authentique cheval de course. Quelques vignettes musicales, également décalées, viennent ponctuer le parcours improbable des deux olibrius. Un lieu où tout peut arriver, semé de poésie, d’incongruité, de drôlerie, espace ludique d’où peuvent surgir des images marquées de différences. Un espace de liberté totale, pour clôturer l’année ! Du 27 au 31 décembre, au Théâtre du Grand rond à Toulouse. Tél. 05 61 62 14 85. grand-rond.org
LES FENÊTRES DE L’AVENT À CLERMONT-L’HÉRAULT
Après le succès de l’année dernière, la poursuite de la charmante ouverture des Fenêtres de l’Avent s’imposait. Inspirée par une tradition en vigueur en Suisse et en Alsace notamment pour patienter avant Noël. Du 14 au 16 décembre, les habitants d’un quartier se retrouvent devant la fenêtre décorée et illuminée de l’un d’entre eux, partagent un verre et un moment de convivialité. Les pièces prévues seront jouées par un ou deux acteurs, à une fenêtre d’un ou d’une habitante volontaire. Le public, venu en famille, assistera au spectacle depuis la rue. Le texte aura un rapport avec Noël, référence du lien entre les pièces, chaque auteur gardant carte blanche sur le fond et le registre.
Cette année, Fenêtres 100% féminines, trois autrices et trois metteuses en scène proposant trois retrouvailles sous une fenêtre parmi lesquelles Noël à la fenêtre écrit par Carole Martinez, interprété par la compagnie Délit de Façade. Une rencontre entre un vieux grincheux qui boude Noël et une jeune fille brisée par un chagrin d’amour. Un moment tendre, cocasse, à réchauffer les cœurs meurtris. À noter aussi, Noëlle et Gabriel écrit par Catherine Anne, interprété par Les Arts Oseurs Noëlle est intriguée par son voisin, Gabriel, jeune homme lunaire, étrange, qui passe des heures à fixer son étoile depuis son balcon. Tendresse et poésie au rendez-vous.
Les 14,15 et 16 décembre, à Clermont-l’Hérault (34). Tél. 04 67 96 31 63. theatre-lesillon.fr
UN JOUET POUR NOËL AU THÉÂTRE J.P. CASSEL AU GRAU DU ROI
Bientôt Noël et il y a de l’agitation dans l’air. Des cris et des chuchotements. Petits et grands s’affairent. En effet, en cette période de fête, tout le monde pense à cette grande fête, qui aux décorations, qui aux menus et aux futurs festoiements, qui aux cadeaux, qui à l’arbre à installer. Chacun s’attelle dans la joie et la bonne humeur aux fameux préparatifs festifs. Mais, il y en a au moins un qui n’est pas embarqué dans ce train euphorique. C’est ce pauvre Rodolphe, propriétaire d’un magasin de jouets, pour lequel le seul mot de Noël le terrifie. La simple évocation de cette fête lui fait dresser les cheveux, car c’est une séquence où tout lui tombe dessus, où il en a par-dessus la tête, où les jouets deviennent un casse-tête, sinon des objets de torture. Pourtant, cette année, il y a de l’inédit dans l’air. Il reçoit une drôle de visite qui va lui faire vivre un Noël qu’il ne sera pas près d’oublier. Le suspense est en route. Petits et grands, soyez vigilants. Rodolphe va être très surpris ! Dim. 18 décembre, au Théâtre Jean-Pierre Cassel au Grau du Roi (30). Tél. 04 66 51 10 73. ville-legrauduroi.fr
PASSAGERS AU THÉÂTRE DE L’ARCHIPEL À PERPIGNAN
Le collectif de créateurs québécois, nommé avec justesse et malice 7 Doigts de la main, se risque avec talent à fusionner les disciplines : cirque et théâtre, danse et multimédia, musique et narration. Avec Passagers, ils invitent à un épatant voyage en train, prétexte aux rencontres et aux petites histoires qui regorgent d’humanité, que les artistes chorégraphient au travers de leurs acrobaties. Une aventure formidable, car quoi de plus propice aux rencontres et aux échanges qu’un voyage à bord d’un train qui se déploie tout au long de la traversée des villages et des paysages. Dans ce moment hors du temps, défile le monde à toute vitesse. Les caractères se dessinent, les confidences affleurent, les vies se dévoilent. Un univers que les artistes des 7 Doigts de la main racontent selon leur art : avec le corps, le mouvement et l’énergie qui les caractérisent.
Dans un maelström évocateur, inspiré et inspirant, ils jonglent avec la petite balle blanche, jouent les équilibristes audacieux, multiplient les acrobaties et les portés, dansent et bougent au rythme du cheminement. Cerceaux, ruban, fil, trapèze, ces passagers font leur joyeux cirque, prétexte à une belle histoire d’hommes et de femmes dont le destin reprendra son cours, au final, arrivée heureuse !
Du 20 au 23 décembre, au Théâtre de l’Archipel, Scène nationale à Perpignan (66). Tél. 04 68 62 62 01. theatredelarchipel.org
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© Fr anc oi s Soul at
Debussy
L’Homme est le seul animal…
Un jouet pour Noël
LYRIQUE & CLASSIQUE
OPÉRA ORCHESTRE NATIONAL DE MONTPELLIER OCCITANIE
Trois grands rendez-vous musicaux rythmeront ce début d’année 2023 à l’Opéra Orchestre. On ne manquera pas, les 31 décembre et 1er janvier, le traditionnel concert du Nouvel An, placé cette année sous le signe du voyage, et sous la direction de Michael Schønwandt. Autre date forte du mois de janvier, un opéra à découvrir en famille : La flûte enchantée de Mozart, une coproduction de l’OONM et de l’Opéra national de Lorraine conçues pour faire découvrir l’opéra aux plus jeunes. Enfin, à la fin du mois (24 janvier), Jane Birkin veindra présenter les chansons de son dernier album Oh ! Pardon, tu dormais…
Les temps forts de décembre et janvier :
lecture fraîche signée Anna Bernreitner, tout spécialement adaptée pour les enfants.
Sam. 21 janvier : Mozart #40. Nou- • veau chef assistant de l’Opéra Orchestre, Ka Hou Fan vous entraîne dans un périple musical au cœur du classicisme, décliné en deux volets : Mozart et Prokofiev.
Mar. 24 janvier : Jane Birkin, concert. • La chanteuse présente Oh ! Pardon tu dormais, un projet musical conçu par Etienne Daho, écrit par Jane Birkin et Etienne Daho pour certains textes, et composé et réalisé par Etienne Daho et Jean-Louis Piérot.
Sam. 17 décembre : Cuivres en lumière, direction Ka Hou Fan, autour de
• Gioachino Rossini, Georg Friedrich Haendel, Joseph Bologne de SaintGeorge et Mozart.
Mer. 25 janvier : Rivalité à Venise, • l’Ensemble Le Consort propose un concert aux sonorités italiennes avec Vivaldi, Reali, Uccellini, Marcello…
Ven. 27 janvier : Une symphonie alpestre, direction Kirill Karabits avec • Victor Julien-Laferrière (violoncelle).
Sam. 31 décembre et dim. 1er janvier : Concert du Nouvel An, direction
• Michael Schønwandt. Fêtez la nouvelle année en compagne de l’OONM et d’une programmation qui invite au voyage musical.
Les 4 et 5 février : Pierre et le loup live, un ciné-concert exceptionnel, à • voir en famille, avec le formidable film de Suzie Templeton qui transpose le conte musical de Prokofiev dans une Russie contemporaine.
• Le chef-d’œuvre de Mozart qui réjouit petits et grands s’invite dans une
Les 13, 15, 17 et 19 janvier : La Flûte enchantée, de Mozart.
Tél. 04 67 60 19 99. opera-orchestre-montpellier.fr
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La Flûte enchantée, de Mozart © JeanLoui s Fer nandez
ORCHESTRE NATIONAL DU CAPITOLE DE TOULOUSE
Après le traditionnel concert du Nouvel An, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse ouvrira l’année en beauté, et en musique ! On fêtera donc la nouvelle année sur les airs de Broadway avant de (re)découvrir la célèbre Vie parisienne d’Offenbach.
Après quelques accords de violon proposé par Viktoria Mullova, rendez-vous à la fin du mois pour se mettre au vert en compagnie de Jean-François Zygel.
Les concerts de décembre et janvier : Du 30 décembre au 1er janvier : Nouvel An • à Broadway, direction Lio Kuokman. L’esprit du jazz et des comédies musicales plane cette année sur l’orchestre ! Interprètes, compositeurs, pédagogues, Gershwin et Bernstein inventèrent une musique passionnante qui donne envie de danser, de chanter… et de se retrouver !
Jeu. 12 janvier : La vie parisienne, d’Offenbach. Le Palazzetto Bru Zane •
et l’Orchestre national du Capitole s’associent pour une version inédite de ce chef-d’œuvre plein de verve, drôle et attendrissant. Célébrée comme une véritable redécouverte, cette Vie parisienne est incarnée par un plateau de brillants chanteurs.
Sam. 21 janvier : L’âme du violon, direction • Gergely Madaras et Viktoria Mullova au violon qui interprète le Concerto n° 2 de Prokofiev, œuvre avec laquelle elle grandit musicalement.
Sam. 28 janvier : Les compositeurs se met- • tent au vert, avec Jean-François Zygel. Des joies pastorales de Beethoven aux flammes hispaniques de Manuel de Falla, des bouillonnements orageux de Rossini aux mystérieux jardins nocturnes de Jean-François Zygel, un voyage « au vert », foisonnant et multicolore, alternant répertoire et improvisation.
Tél. 05 61 63 13 13. onct.toulouse.fr
OPÉRA NATIONAL DU CAPITOLE DE TOULOUSE
Un opéra, un ballet, et des concerts émailleront les mois de décembre et janvier à l’Opéra national du Capitole de Toulouse. À ne pas manquer, la création imaginée par le directeur de la danse de l’opéra, Kader Belarbi : Don Quichotte. Programme de décembre et janvier :
Du 22 au 31 décembre : Don • Quichotte, création de Kader Belarbi. Le chorégraphe nous convie a suivre, entre réel et imaginaire, les traces de Don Quichotte, casque ficelé et lance a la main, chevauchant Rossinante. Les costumes, les décors et les lumières participent à créer un ballet coloré et festif à la flamme espagnole.
Lun. 16 janvier : Pavol Breslik, et le pia- • niste écossais Malcolm Martineau, ils explorent les plus grands lieder de Schubert, et les mélodies de Liszt sur des poèmes de Victor Hugo.
Du 20 au 31 janvier : Les Noces de •
Figaro, de Mozart. Dans la production du grand metteur en scène suisse Marco Arturo Marelli, Karine Deshayes incarne sa première comtesse et Hervé Niquet, éminent spécialiste de la musique du XVIIIe siècle, dirige l’Orchestre national du Capitole pour la première fois.
Mer. 25 janvier : Emiliano Gonzalez • Toro, accompagné de la harpiste MarieDomitille Murez, consacre ce Midi du Capitole à la figure fascinante de Francesco Rasi (1574-1621) et à ses contemporains.
Sam. 28 janvier : Les Sacqueboutiers, • le célèbre ensemble toulousain de cuivres anciens revient cette saison pour deux programmes : El Fuego, autour de l’œuvre de Mateo Flecha et Le Jazz et la Pavane, sur les liens entre jazz et musique de la Renaissance. Tél. 05 61 63 13 13. theatreducapitole.fr
ORCHESTRE NATIONAL AVIGNON PROVENCE
L’odyssée continue pour l’Orchestre national Avignon Provence. Voyage onirique ou vers les musiques du monde, les concerts vous mèneront vers de belles découvertes musicales. Deux événements à noter pour ce début d’année : une version illustrée du Petit Prince imaginée par Marc-Olivier Dupin, ainsi qu’un concert exceptionnel avec la chanteuse Angélique Kidjo.
Les concerts de décembre et janvier : Les 17 et 18 décembre : Concert de Noël, direc- • tion et violon Julien Chauvin, soprano Suzanne Jerosme, autour d’Haendel, Vivaldi et Telemann. Du 30 décembre au 1er janvier : La Sérénade, de • Sophie gail, direction Débora Waldman. Un opéra-comique en un acte coécrit avec Manuel Garcia, d’après la pièce éponyme de JeanFrançois Regnard.
Sam. 7 janvier : Le Petit Prince, direction Léo • Warynski. À la croisée des questionnements de notre monde moderne, Marc-Olivier Dupin propose dans un langage musical tendre, profond et dansant de revivre l’épopée du Petit Prince. Un
voyage symphonique, philosophique et illustré au travers du récit fabuleux de Saint-Exupéry. Accompagné des lumineuses et énergiques illustrations de Joann Sfar, Le Petit Prince orchestral répond avec fantaisie et poésie à ce récit initiatique.
Les 12 et 13 janvier : concert symphonique • avec Angélique Kidjo, direction Gast Waltzing. Angélique Kidjo, chanteuse et compositrice, fait équipe avec le célèbre chef d’orchestre et compositeur Gast Waltzing pour créer « Sings» une œuvre historique entre traditions musicales classiques occidentales et la puissante rythmique du Bénin. Soutenue par l’ensemble des 39 musiciens de l’ONAP, la chanteuse réinvente neuf classiques de sa discographie des 24 dernières années et deux nouveaux morceaux.
Dim. 22 janvier : Les rêveurs de la lune, direc- • tion Federico Santi. Opéra pour enfants inspiré par La Conférence des oiseaux (1171) du poète persan Farid al-Din Attar.
Tél. 04 90 85 22 39. orchestre-avignon.com
Lio Kuokman
Angélique Kidjo © Sof i a And Maur o © Al exander Goul i aev – page quarante-cinq –© TeyTat Keng
Don Quichotte
HOMMAGE AUX GRANDES DAMES DU JAZZ ET DE LA SOUL MUSIC À L’OMBRIÈRE À UZÈS
Les années 30, démarrant la grande histoire du jazz, vont amener les grandes interprètes afro-américaines féminines : Ella Fitzgerald, Aretha Franklin, Etta James, Whitney Houston, Alicia Keys. De la pop à la soul music musique, terme adopté pour décrire la musique populaire afro-américaine aux États-Unis, c’est tout un panorama de la famille jazzy qui va donner dans le rythm and blues. Cette nouvelle génération d’artistes féminines a profondément réinterprété les sons des pionniers, une musique qui a trouvé une grande popularité parmi les Blancs, conquis par la profondeur et la puissance des voix, l’intensité du chant, la virtuosité. Ce concert propose une traversée du répertoire de ces grandes artistes qui possèdent un point commun : la recherche de la richesse musicale des racines.Chef d’orchestre, compositeur, arrangeur, professeur et directeur artistique, Pascal Horecka à la direction du concert, est un artiste passionné qui sert la musique avec excellence, spécialisé dans la musique noire-américaine, particulièrement le gospel. Il dirige de nombreux projets musicaux avec le Gospel Expérience et accompagne régulièrement des artistes internationaux sur les grandes scènes. Une soirée proposée par Les Nuits musicales d’Uzès, pour entendre la grâce et la force du féminin des grandes pointures jazzy.
Sam. 28 janvier, à l’Ombrière à Uzès (30). Tél. 04 66 62 20 00. nuitsmusicalesuzès.org
HOMMAGE À GLENN MILLER À ZINGA ZANGA À BÉZIERS
Tout au long de l’année, la saison du Théâtre de Béziers est ponctuée de rendezvous avec la note bleue : le Béziers Jazz Club. Cet hiver, rendez-vous à Zinga Zanga pour un hommage à Glenn Miller, légende internationale du big band jazz et du swing américain.
Chef d’orchestre et tromboniste prodige, son répertoire est inscrit dans la mémoire collective et inoubliables grâce à des titres comme Moonlight Serenade, In the mood, ou bien Rhapsody in blue et At last.
Proposé par le Glenn Orchestral Big Band, ce rendez-vous réjouira les amateurs de grandes formations de jazz. Au programme, un spectacle qui perpétue en live le succès du mythique orchestre de Glenn Miller, dans la tradition des années swing.
Sam. 28 janvier, à Zinga Zanga à Béziers (34).
Tél. 04 67 36 82 82. ville-beziers.fr
JAZZ À BAYSSAN À BÉZIERS
Pour débuter cette nouvelle année 2023, la Scène de Bayssan propose un voyage au cœur d’une cartographie du jazz actuel où la musique afro-américaine dialoguera avec le rock, la pop, le classique, les musiques du monde, qu’elles viennent du Maghreb, d’Égypte, du Moyen-Orient, des Balkans ou d’Espagne. Reliant l’Afrique, l’Asie et l’Europe, la Méditerranée – mer « intercontinentale » - ne serait-elle pas au fond une véritable terre de jazz ? Jazz à Bayssan nous invite à promener la note bleue autour de la Grande Bleue au fil d’une programmation riche et plurielle avec au programme : Rabih Akou Khalil, Elina Duni, Antonio Lizana, Sophie Alour, Sarāb, Christina Alabau & Elia Bastida, Walid Ben Selim, Louis Martinez, Stéphane Belmondo, Tristan Melia, Caribbean Society, Naïma Quartet, Justine Blue, Serge Casero and co.
Du 3 au 5 février, à la Scène de Bayssan à Béziers (34). Tél. 04 67 28 37 32. scenedebayssan.fr
M. RAMPAL ET P.-F. BLANCHARD DANS L’AVEYRON
Dans le cadre de sa saison jazz, Millau Jazz invite Marion Rampal, accompagnée de Pierre-François Blanchard, au piano, à sillonner pendant trois jours les routes de l’Aveyron. Lauréate de la Victoire du Jazz 2022 dans la catégorie « Artiste vocal », Marion Rampal tisse un lien entre mémoire et invention, mot et mélodie, musiques populaires afro-américaines et racines classiques occidentales.
Avec Pierre-François Blanchard au piano, ils élaborent depuis leur rencontre un langage commun de l’interprétation qui bouscule les codes établis. Ils cherchent sans cesse un lien poétique et sonore qui transcende les styles, pour mettre à nu le cœur expressif des chansons dans de délicieuses dérives.
Ven. 20 janvier à Creissels, sam. 21 janvier à Sévérac d’Aveyron, et dim. 22 janvier à Montlaur (12).
Tél. 05 65 60 82 47. millaujazz.fr
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JAZZ
© Mar t i nSar r azac © j mc
Pascal Horecka
Dominique Rieux
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© El odi eWi nt er
Sophie Alour
FOCUS CREATION
En 1968, Dominique Imbert, le fondateur de FOCUS, pulvérisait tous les codes de la cheminée traditionnelle en créant un design organique précurseur qui allait révolutionner le design international : un GYROFOCUS suspendu, central et pivotant à 360 degrés !
Véritable icône de la marque, le GYROFOCUS est enseigné en école d’architecture, a été élu parmi 100 participants « plus bel objet du monde » au concours international Pulchra (Italie) en 2009, exposé au Musée d’Art Contemporain de Bordeaux en 1996, au Centre National d’Art Contemporain de Grenoble en 1997 et au Musée Guggenheim à New-York en 1998. Sous l’impulsion de la nouvelle direction en 2015, un programme très ambitieux de R&D a été mis en place pour convertir les foyers ouverts en foyers fermés dans le respect de la règlementation européenne : une prouesse car les formes organiques des modèles FOCUS ne sont initialement pas prévues pour recevoir de la performance énergétique au sens des nouveaux standards environnementaux.
Aujourd’hui, après deux années de R&D, le GYROFOCUS existe désormais en version vitrée et répond aux normes environnementales parmi les plus exigeantes au monde. Cette innovation industrielle brevetée, qui consiste à convertir le foyer en passant d’une 15aine de pièces pour le modèle originel à 150 pièces assemblées au millimètre près pour sa version vitrée, a été récompensée par le prix « Gold » de Archiproducts Design Awards en 2022 assortie de la mention « Durabilité ». Et maintenant par le prestigieux German Design Award 2023, aux côtés du Slimfocus en 2017, du Boafocus en 2019 et du Bubble en 2022.
Plébiscitée depuis son origine par les architectes du monde entier, FOCUS collabore avec les plus grands studios de design et d’architecture internationaux, à l’image de Norman Foster, de Renzo Piano, de Thibault Desombre et de Snøhetta entre autres. FOCUS exporte ainsi 70% de sa production : une 40aine de modèles différents indoor et outdoor, en version bois, gaz et même Holographik à destination des lieux recevant du public. Sa fabrication est également 100% française et le groupe emploie 150 personnes entre Provence et Cévennes.
4ème German Design Award pour une entreprise en Occitanie : le Gyrofocus primé dans la catégorie « Réédition 2023 ».
Publi-rédationel © Si mon Jaul mes
AGENDA DES CONCERTS
Lun. 23 janvier à 20h : One night of Queen
Lun. 13 février à 20h : Bring Me the Horizon
Mer. 15 février à 20h : Born in 90
Dim. 5 mars à 19h : Queen Extravaganza
Sam. 11 et dim. 12 mars : Je vais t’aimer
Jeu. 16 mars à 20h : Lomepal
Sam. 18 mars à 20h : Stars 80
Dim. 26 mars à 17h : Le Lac des Cygnes
Mar. 28 mars à 20h30 : Celtic Legends
Mer. 29 mars à 20h : Johnny Symphonique Tour
Sam. 1er avril à 20h : HF. Thiefaine
Du 7 au 9 avril : Starmania
Jeu. 13 et ven. 14 avril à 20h30 : Bigflo & Oli
Mer. 19 avril à 20h : -M-
Jeu. 20 et ven. 21 avril : Stromae
Sam. 22 avril à 20h : Jenifer
Jeu. 11 mai à 20h : Josman
Jeu. 9 mars à 20h : Prime
Ven. 10 mars à 19h30 : HK
Sam. 11 mars à 19h30 : Fuzz (Ty Segall)
Mar. 14 mars à 19h : Canibal Corpse + Dark Funeral...
Mer. 15 mars à 20h : Tamino
Jeu. 16 mars à 20h : Matmatah
Ven. 17 mars à 19h30 : The Inspector Cluzo
Sam. 18 mars à 19h30 : Scylla
Lun. 20 mars à 20h : Devin Townsend
Mar. 21 mars à 19h : Igorrr + Amenra...
Ven. 24 mars à 20h : Fakear
Mar. 28 mars à 20h : Hyphen Hyphen
Mer. 29 mars à 20h : La Grande Sophie
Ven. 31 mars à 19h30 : SDM
Sam. 8 avril à 19h30 : Dooz Kawa
Sam. 15 avril à 19h30 : DUB INC.
Jeu. 20 avril à 20h : Arthur H
Casino Barrière Toulouse 18, chemin de la Loge
Tél. 05 61 33 37 77. casinosbarriere.com/fr/toulouse
Dim. 8 janvier à 15h : Maxime Le Forestier
Dim. 22 janvier à 15h : Valses de Vienne
Mer. 25 janvier à 20h30 : Fugain fait Bandapart
Dim. 5 février à 15h : Daniel Guichard
Mer. 8 février à 20h30 : Camille Lellouche
Sam. 18 février à 20h30 : Michel Jonasz
Mar. 28 février à 20h30 : The Sound of U2
Mer. 1er mars à 20h30 : Isabelle Boulay
Dim. 5 mars à 15h : La promesse Brel
Jeu. 20 avril à 20h30 : Christophe Willem
Mar. 25 et mer. 26 avril à 20h30 : Renaud
Mar. 30 mai à 20h30 : Joe Satriani
Mer. 21 juin à 20h30 : Douce France
Mer. 8 novembre à 20h30 : Garou
Mer. 15 novembre à 20h30 : Roch Voisine
Jeu. 16 novembre à 20h30 : Jean-Baptiste Guegan
Dim. 3 décembre à 18h : Michel Jonasz
Mar. 12 décembre à 20h30 : Bonnie Tyler
Metronum à Toulouse
2, rond-point Madame de Mondonville
Tél. 05 31 22 94 17. metronum.toulouse.fr
Ven. 16 décembre à 19h30 : Médine
Ven. 13 janvier à 23h30 : Aephanemer...
Sam. 14 janvier à 20h : BossBitch
Dim. 15 janvier à 16h : Robinson & Samedi Soir
Sam. 21 janvier à 20h30 : Festival Cuba Hoy !
Jeu. 26 janvier : Adé + Blond
Ven. 27 janvier à 20h : Les Pépites du Métronum
Mer. 8 février à 19h : Katatonia & Solstafir & SOM
Dim. 12 février à 16h : Planète Félix
Sam. 18 février à 23h30 : Leprous + Kalandra
Dim. 26 février à 23h30 : Ice Nine Kills + Skynd
Ven. 3 et sam. 4 mars à 00h30 : Los Guayabo Brothers...
Jeu. 9 mars : Youv Dee
Ven. 10 mars à 20h : Marie Flore + Alexia Gredy...
Mer. 15 mars à 20h : V. Despentes + Zëro
Ven. 17 mars à 20h : Yaniss Odua & Artikal Band
Jeu. 23 mars à 20h : Front 242
Dim. 26 mars à 16h : DJ Lolote fait sa boom
Mer. 29 mars à 20h : Mélissa Laveaux
Jeu. 13 avril à 20h : Spider Zed
Dim. 16 avril à 16h : Bounce
Sam. 29 avril : So La Lune
Ven. 5 mais à 20h : Sasso + Guest
Mer. 10 mais à 23h30 : Uncle Acid and the Deadbeats...
Jeu. 11 mai à 20h : Voyou + Oscar Emch
Zénith de Toulouse 11, avenue Raymond Badiou.
Tél. 05 62 74 49 49. zenith-toulousemetropole.com
Ven. 16 décembre à 20h : Dadju
Sam. 17 décembre à 20h30 : Carmina Burana
Dim. 18 décembre à 19h : ERA
Jeu. 5 janvier à 20h : Harry Potter en ciné-concert
Sam. 13 et ven. 14 mai : Soprano
Ven. 23 juin à 20h : Michel Polnareff
Ven. 29 septembre : Zazie
Dim. 1er octobre à 17h : L’héritage Goldman
Sam. 14 octobre : Pascal Obispo
Mer. 18 octobre : Stromae
Sam. 21 octobre à 20h : Black M
Dim. 12 novembre à 18h : Claudio Capeo
Jeu. 16 novembre à 20h : Lomepal
Ven. 17 novembre : Disney 100 ans
Sam. 25 novembre à 20h : M. Pokora
Mar. 28 novembre : Michel Sardou
Jeu. 30 novembre : Sofiane Pamart
Sam. 2 décembre : Shaka Ponk
Sam. 3 décembre : Christophe Mae
Jeu. 22 février 2024 : Michel Sardou
Sam. 20 avril 2024 : Slimane
Ven. 11 octobre 2024 à 20h30 : The Rabeats
Le Bijou à Toulouse
123, avenue de Muret
Tél. 05 61 42 95 07. le-bijou.net
Jeu. 29 et ven. 30 décembre à 21h30 : Chanteurs Français
Du 4 au 6 janvier à 21h30 : Leila Houissoud
Jeu. 12 et ven. 13 janvier à 21h30 : DBK Project
Jeu. 19 et ven. 20 janvier à 21h30 : Joulik
Mar. 24 et mer. 25 janvier à 21h30 : Samuele
Mer. 25 et jeu. 26 janvier à 21h30 : Gerald Genty
Jeu. 26 et ven. 27 janvier à 21h30 : Yoanna
Ven. 27 et sam. 28 janvier à 21h30 : Julia Pertuy
Mar. 31 janvier et le 1er mars à 21h30 : François Puyalto
Jeu. 2 et ven. 3 février à 21h30 : Lula Heldt
Mer. 1er et jeu. 2 mars à 21h30 : Marine Bercot
Jeu. 2 et ven. 3 mars à 21h30 : Lula Heldt
Le Bikini à Ramonville
Parc Technologique du Canal- Rue Théodore Monod
Tél. 05 62 24 08 50. lebikini.com
Ven. 16 décembre à 19h30 : Medine + HYL
Dim. 8 janvier à 20h : Tryo
Jeu. 12 janvier à 20h : Dominique A
Mar. 17 janvier à 20h : Electric Callboy
Jeu. 19 janvier à 20h : Izia + Nili Hadida
Mar. 24 janvier à 20h30 : Accept
Ven. 27 janvier à 19h30 : Lorenzo
Sam. 28 janvier à 19h30 : The Kooks
Mer. 1er février à 20h : The Black Angels
Jeu. 2 février à 20h : Pomme + PI JA MA
Ven. 3 février à 20h : Lee Fields
Dim. 5 février à 20h : Soso Maness
Mer. 8 février à 20h : Epica + Apocalyptica
Ven. 10 février à 19h30 : Mademoiselle K
Dim. 12 février à 18h : Joachim Pastor
Mar. 21 février à 20h : Bullet for my valentine...
Jeu. 23 février à 20h : La P’tite Fumée
Ven. 24 février à 19h30 : Deen Burbigo
Ven. 3 mars à 19h30 : Agar Agar
Sam. 4 mars à 19h30 : Ashe 22
Ven. 28 avril à 20h : Kings Of Convenience
Mar. 16 mai à 20h : While She Sleeps + Resolve + Ashen
Mer. 17 mai à 19h30 : Wax Tailor + Mounika
Dim. 11 juin à 20h : Darkside
Lun. 6 novembre à 20h : Larkin Poe
Dim. 12 novembre à 20h : Archive
Ven 8 décembre à 20h : Les Fatals Picards
Narbonne Arena
74, avenue Maître Hubert Mouly narbonne-arena.fr
Mer. 25 janvier à 20h : One night of Queen
Sam. 11 février à 20h : Australian Pink Floyd Show
Mar. 21 mars à 20h : Irish Celtic
Ven. 24 mars à 20h : Aldebert
Dim. 26 mars à 17h : L’héritage Goldman
Jeu. 20 avril à 20h : -M-
Ven. 12 mai à 20h30 : BigFlo & Oli
Ven. 29 septembre à 20h : Soprano
Sam. 21 octobre à 19h : Urban Arena
Sam. 25 novembre à 20h30 : The World of Queen
Ven. 26 janvier 2024 à 20h30 : Michel Jonasz
Ven. 16 février 2024 à 20h : Shaka Ponk
Sam. 23 mars 2024 à 20h30 : The Rabeats
Le Rockstore à Montpellier 20, rue de Verdun
Tél. 04 67 06 80 00. rockstore.fr
Jeu. 15 décembre à 19h30 : Aloïse Sauvage
Ven. 16 décembre à 20h : Top Espace Musical
Sam. 17 décembre à 19h30 : Médine + Vin’s
Ven. 20 janvier à 19h30 : So La Lune
Ven. 3 février à 19h30 : Alkpote
Sam. 4 février à 20h : Ycare
Jeu. 9 février à 19h30 : Mademoiselle K
Ven. 10 février à 19h30 : Mr Giscard + Dab Rozer
Sam. 11 février à 19h30 : Salut C’est Cool
Ven. 17 février à 19h : Les Sheriff...
Sam. 18 février à 19h30 : Furax Barbarossa
Mar. 21 février à 19h : Franglish
Ven. 24 février à 19h30 : Jazzy Bazz
Sam. 25 février à 19h30 : La P’tite Fumée
Jeu. 4 mars à 19h30 : Lujipeka
– page cinquante –
Adé
Lee Fields
Les annonces concerts en temps réél sur : lartvues.com
Sam. 3 juin à 20h : Eva Oertle et Vesselin Stanev
Ven. 9 juin à 20h : Eclats
Sam. 9 décembre à 20h30 : Arthur H
Arena Sud de France à Pérols
Route de la Foire
Tél. 04 67 17 68 17. suddefrance-arena.com
Jeu. 19 janvier à 20h30 : Clara Luciani
Sam. 25 février à 20h : Soprano
Jeu. 6 avril à 20h : Lomepal
Ven. 28 et sam. 29 avril : Starmania
Dim. 7 mai à 20h : Hans Zimmer Live
Jeu. 21 septembre à 20h : Stromae
Dim. 22 octobre à 20h : BigFlo & Oli
Sam. 11 novembre à à 20h : Michel Sardou
Sam. 18 novembre à 20h : M. Pokora
Veen. 8 décembre à 20h : Shaka Ponk
Le Club à Rodez
37, Av. Tarayre
Tél. 05 65 42 88 68. leclubrodez.com
Sam. 17 décembre à 21h : Fanflures Brass Band
Mar. 20 décembre à 20h30 : Le Père Noël est un Rockeur
Mer. 28 décembre à 21h : Soirée Crash Test
Ven. 6 janvier à 20h : Pueblo Latino Invierno
Ven. 20 janvier à 21h : Les Inouis du Printemps de Bourges
Rio Grande à Montauban
3, Rue Ferdinand Buisson
Tél. 05 63 91 19 19. rio-grande.fr
Jeu. 5 janvier à 19h15 : Access Crew
Sam. 14 janvier à 21h : Flash Gordon & DJ Lamorosso
Sam. 21 janvier à 21h : Al’Tarba + Swift Guad...
Ven. 27 janvier à 21h : Psykup + Damantra...
Jeu. 9 février à 19h15 : Soror Dolorossa
Mer. 8 mars à 20h : Emma Peter
Jeu. 9 mars à 19h30 : Sanseverino
Sam. 11 mars à 19h30 : The Inspector Cluzo
Jeu. 16 mars à 20h : Virgine Despentes + Zéro
Ven. 17 mars à 19h30 : Adé + Blond
Sam. 18 mars à 19h : Les Tambours du Bronx…
Jeu. 23 mars à 19h30 : La Grande Sophie
Ven. 24 mars à 19h30 : Youv Dee
Sam. 25 mars à 19h30 : Front 242…
Jeu. 30 mars à 19h30 : Scylla
Ven. 31 mars à 19h30 : Acid Arab
Sam. 1er avril à 20h : HK
Ven. 7 avril à 19h30 : The French Touch NZ
Jeu. 13 avril à 19h30 : Massila Sound System
Ven. 14 avril à 19h30 : Klem
Sam. 15 avril à 19h30 : Les Fatals Picards...
Sam. 29 avril à 19h30 : Youthstar & Miscellaneous
Zénith Sud à Montpellier
2733, avenue Albert Einstein
Tél. 04 67 61 67 61. montpellier-events.com
Sam. 17 décembre à 20h : Amir
Ven. 27 janvier à 20h : Michaël Gregorio
Dim. 29 janvier à 17h : Queen Symphonic
Jeu. 16 février à 20h : Born in 90
Sam. 18 février à 20h : Dragon Ball in Concert
Jeu. 16 mars à 20h : So Floyd
Ven. 24 mars à 20h : Stars 80
Sam. 25 mars à 20h30 : L’héritage Goldman
Dim. 26 mars à 17h : Aldebert
Mer. 29 mars à 15h30 et 20h30 : Celtic Legends
Ven. 31 mars à 20h : HF. Thiefaine
Dim. 2 avril à 18h : Jenifer
Dim. 4 juin à 17h : Goldmen
Jeu. 9 novembre à 20h : Pink Floyd’s rock opéra
Sam. 18 novembre à 20h : Disney 100 ans
Mar. 5 décembre à 20h : Pascal Obispo
Sam. 8 décembre à 20h : Christophe Maé
Ven. 15 décembre à 20h : Slimane
Sam. 9 mars 2024 à 20h30 : Gospel pour 100 voix
Ven. 22 novembre 2024 à 20h30 : The Rabeats
Le Corum à Montpellier
Place Charles de Gaulle
Tél. 04 67 61 67 61. corum-montpellier.com
Jeu. 22 décembre à 20h : Carmina Burana
Ven. 20 janvier à 20h : Marc Lavoine
Dim. 29 janvier à 15h30 : Neko Light Orchestra
Dim. 26 février à 14h30 : Chantal Goya
Sam. 4 mars à 19h : Carte Blanche à Cyrille Tricoire
Sam. 4 mars à 20h : Queen Extravaganza
Ven. 10 mars à 20h30 : The Sound of U2
Ven. 7 avril à 20h : Concerto-En-Sol
Ven. 14 avril à 20h : Crowd Out
Sam. 15 avril à 19h : Complicité
Sam. 22 avril à 20h30 : Le Lac des Cygnes
Dim. 23 avril à 16h : Le Lac des Cygnes
Ven. 19 mai à 20h : Solistes en Lumières
Secret Place à St-Jean-de-Védas
24, rue Saint-Exupéry – ZI La Lauze
Tél. 09 50 23 37 81. toutafond.com
Ven. 16 décembre à 19h : Les Rockeurs Ont Du Cœur
Sam. 17 décembre à 19h : Heart Line + Nym Rhosilir
Lun. 9 janvier à 19h : The Real McKenzies
Jeu. 19 janvier à 19h : Aephanemer
Dim. 22 janvier à 19h : GBH + This Means War
Mer. 8 février à 19h : Imonolith
Lun. 13 février à 19h : Deez Nuts
Ven. 17 mars à 19h : Tech Trek Europe
Sam. 15 avril à 19h : Otargos + 2 supports
Dim. 23 avril à 19h : Swallow The Sun
La Cigalière à Sérignan
Parc de la Cigalière
Tél. 04 67 32 63 26. lacigaliere.fr
Jeu. 26 janvier à 20h30 : Laura Cahen + Marie Sigal
Ven. 27 janvier à 20h30 : Mélissa Laveaux
Sam. 18 janvier à 20h30 : LA Yegros
Sam. 19 février à 20h30 : Lily Wood and The Prick
Sam. 11 mars à 20h30 : Thomas Fersen
Jeu. 23 mars à 20h30 : Stacey Kent
Sam. 22 avril à 20h30 : Dominique A
Sam. 13 mai à 20h30 : Wanted Live Band
Mer. 17 mai à 20h30 : Groundation + Hebron Gate
Paloma à Nîmes
250, chemin de l’aérodrome
Tél. 04 11 94 00 10. paloma-nimes.fr
Ven. 16 décembre à 20h : Ibrahim Maalouf
Mar. 10 janvier à 20h : Hyphen Hyphen
Sam. 21 janvier à 20h : Pomme
Sam. 21 janvier à 21h : The Nomads
Mer. 25 janvier 2023 à 20h : Camille Lellouche
Jeu. 26 janvier à 20h : Lorenzo
Jeu. 10 février à 20h : Lee Fields
Sam. 4 février à 20h : BigFlo & Oli
Sam. 11 février à 20h : Soso Maness
Ven. 17 février à 20h : Nicolas Maury
Sam. 25 février à 20h : Leprous + Kalandra
Sam. 25 février à 21h : Deen Burbigo
Jeu. 2 mars à 20h : Agar Agar
Ven. 3 mars à 20h : Celsius Club #3
Mar. 7 mars à 20h : Fuzz
Jeu. 9 mars à 20h : Yungblud
Ven. 10 mars à 20h Ashe 22
Sam. 11 mars à 20h : Mathias Malzieu
Mer. 15 mars à 20h : Daniel Auteuil
Jeu. 16 mars à 20h : Bertrand Belin
Ven. 17 mars à 20h : Matmatah
Mer 22 mars à 20h : Shame + They Hate Change
Jeu. 23 mars à 20h : Fakear
Mer. 29 mars à 20h : Hyphen Hyphen
Jeu. 20 avril à 20h : Zola
Ven. 21 avril à 20h : Dominique A
Mer. 26 avril à 20h : EELS
Jeu. 27 avril à 20h : Petite Noir
Dim. 30 avril à 20h : Kings Of Convenience
Ven. 10 février à 20h30 : La saga de Grimr
Sam. 18 février à 21h : Soan + Bazar Bellamy
Sam. 25 février à 21h : Lujipeka
Ven. 31 mars à 21h : Joe Louis Walker
Le Cri'Art à Auch
9, bis rue de l’industrie
Tél. 05 62 60 28 17. imaj32.fr
Ven. 20 janvier à 19h30 : Fülü + Mélanie Lesage...
Ven. 10 février à 21h : Pogo Car Crash Control...
Ven. 17 mars à 21h : Who’s The Cuban ?
Ven. 24 mars à 21h : Washigton Dead Cats...
Ven. 14 avril à 21h : Baptiste Ventadour + Graines de Sel
Sam. 6 mai à 21h : Big Red + Le Rêm
El Mediator à Perpignan
3, rue Jean Payra
Tél : 04 68 51 64 40. theatredelarchipel.org
Dim. 8 janvier à 10h : Funplay Reborn
Mer. 18 janvier à 20h30 : Jean-Jacques Milteau
Sam. 21 janvier à 21h : Charlie Winston
Mer. 25 janvier à 21h : Skip The Use
Jeu. 2 février à 20h30 : Bigflo & Oli
Ven. 10 février à 20h30 : Dhafer Youssef
Sam. 11 février à 21h : Nuit Electro
Jeu. 16 février à 21h : Hyphen Hyphen
Ven. 24 février à 21h : Youv Dee
Sam. 4 mars à 21h : La Nuit Salsa
Mar. 14 mars à 21h : The Stranglers
Dim. 19 mars à 18h : Joe Louis Walker
Mer. 29 mars à 21h : Black Sea Dahu
Ven. 21 avril à 21h : Zola
Jeu. 4 mai à 20h30 : Arthur H
Ven. 5 mai à 21h : Wax Tailor
Location : Fnac de Montpellier, Nîmes, Perpignan et Avignon, Carrefour, Auchan, Leclerc. Location par internet : contremarque.c omadamconcerts.com
Suivez l’Art-vues sur :
Skip The Use – page cinquante-et-un –
Lomepal
Agenda des concerts, encore et toujours…
Pauline Croze mer. 11 janvier à 20h30 à Salle Nougaro à Toulouse
Alkpote + Guest ven. 20 janvier à 20h au Rex de Toulouse
Hélène Ségara mar. 24 janvier à 20h30 au Pasino à La Grande Motte
Michel Fugain jeu. 26 janvier à 20h30 au Pasino à La Grande Motte
Le Lac des Cygnes ven. 27 janvier à 20h au Pasino à La Grande Motte
Doolin’ + Zitoune ven. 27 janvier à 20h30 au Lo Bolegason à Castres
Hommage à Glenn Miller sam. 28 janvier à 20h à Zinga Zinga à Béziers
Daniel Guichard sam. 4 février à 16h à Zinga Zinga à Béziers
Year of No Light & No Spill Blood sam. 4 février à 19h30 au Rex de Toulouse
Révocation dim. 5 février à 18h30 au Rex de Toulouse
Harakiri For The Sky mar. 7 février à 20h au Rex de Toulouse
Mademoiselle K sam. 11 février à 20h30 au Lo Bolegason à Castres
Michel Jonasz ven. 17 février à 20h30 à Zinga Zinga à Béziers
Isabelle Boulay jeu. 9 mars à 20h au Pasino à La Grande Motte
Charlie Winston jeu. 9 mars à 20h30 au Lo Bolegason à Castres
Philippe Katerine mar. 21 mars à 20h30 à Salle Nougaro à Toulouse
Tryo jeu. 23 mars à 20h à Zinga Zinga à Béziers
Jean-Baptiste Guégan dim. 2 avril à 18h au Pasino à La Grande Motte
Christophe Willem ven. 14 avril à 20h au Pasino à La Grande Motte
Swallow The Sun jeu. 20 avril à 19h30 au Rex de Toulouse
Les Comédies Musicales ven. 28 avril à 20h à Zinga Zinga à Béziers
Yves Jamais sam. 29 avril à 20h30 à Zinga Zinga à Béziers
CharlÉlie Couture mar. 16 mai à 20h30 à Salle Nougaro à Toulouse
Les festivals d’été annoncent déjà leur programmation ! Réservez vos
Festival de Nîmes
AUX ARÈNES
Mar. 27 juin : Slipknot
Jeu. 29 juin : Soprano
Sam. 8 juillet : M ichel Polnareff
Dim. 9 juillet : Stars 80
Lun. 10 juillet : Sam Smith
Mer. 12 juillet : Lomepal
Dim. 16 juillet : Christophe Maé
Mer. 19 juillet : Djadja & Dinaz
Ven. 21 juillet : Louise Attaque
Sam. 22 juillet : Gims & Dadju festivaldenimes.com
places dès maintenant !
Les Déferlantes
AU CHÂTEAU D’AUBIRY À CÉRET
Jeu. 6 juillet
ALT-J + Josman + Scorpions + Tiakola
Ven. 7 juillet
Izïa + Lomepal + Shakaponk + Sting
Sam. 8 juillet
Adé + Deluxe + Indochine + Soprano
Dim. 9 juillet
BigFlo & Oli + David Guetta + Gazo + Louise Attaque + Pomme festival-lesdeferlantes.com
Festival de Carcassonne
AU THÉÂTRE JEAN DESCHAMPS
Dim. 2 juillet : Benjamin Millepied et Alexandre Tharaud
Jeu. 6 juillet : Lang Lang
Mar. 18 juillet : Joe Bonamassa
Mer. 19 juillet : -M-
Ven. 21 juillet : Gims & Dadju
Dim. 23 juillet : Juliette Armanet
Lun. 24 juillet : Michel Polnareff
Mar. 25 juillet : Soprano
Mer. 26 juillet : Angèle
Sam. 29 juillet : Aya Nakamura festivaldecarcassonne.fr
– page cinquante-deux
Pauline Croze
Angèle
Juliette Armanet
Scorpions
Sam Smith
–
les FESTIVALS D’HIVER
– page cinquante-cinq –
© Beat r i x Mexi Mol nar
Alfonso Losa au Festival Flamenco à Nîmes (page 58)
FESTIVALS D’HIVER
CHEVAL PASSION À AVIGNON
IMPRUDENCE AU THÉÂTRE J. CŒUR À LATTES
LesÉtrangers
L’un des plus anciens événements équestres de France se déroule pour la 37e fois en janvier. Cheval Passion présente non seulement les derniers équipements, innovations et services du secteur, mais également un programme diversifié qui propose des événements passionnants pour chaque cavalier. De nombreux spectacles et concours sont présentés pendant cinq jours ; plus d’un millier de chevaux participent aux événements les plus importants. Cela inclut le Gala des Crinières d’Or dont le spectacle tournera cette année autour de « L’Europe équestre », avec des chevaux andalous de Cordoue Ecuestre, tout droit sortis des écuries royales de Cordou, ou des maîtres italiens du dressage avec la compagnie Movie Rider.
L’idée du salon est née en 1985 au Café La Civette à Avignon. Un petit groupe d’amis passionnés par les sports équestres rêve de créer un événement engageant autour du sport. Ils trouvent rapidement un soutien dans la communauté et c’est ainsi que le premier Cheval Passion est inauguré en janvier 1986, avec à l’époque une quarantaine de chevaux et quelques milliers de visiteurs.
Du 18 au 22 janvier, au parc des expositions d’Avignon (84). Tél. 04 90 27 51 00. cheval-passion.com
LES DÉTOURS DE CHANT À TOULOUSE
Fin janvier, Détours de chant revient à Toulouse. La riche programmation du festival mêle artistes reconnus et rendez-vous avec des talents émergents : de nouveaux musiciens, de nouvelles mélodies, de nouvelles émotions. Pendant près de deux semaines, Détours de chant présentera plus d’une trentaine d’artistes tout en offrant l’occasion de croiser les lieux et les genres, pour bousculer les habitudes.
À ne pas rater : Mar. 24 janvier : Naïma
• Chemoul, Centre Théâtre de Colomiers. Jeu. 26 janvier : Frederika, Centre Culturel Espace Job.
• Jeu. 26 janvier : Bertrand Belin, L’Escale, Tournefeuille.
• Le 26 et 27 janvier : Yoanna, Le Bijoux.
• Ven. 27 janvier : Yannick Jaulin, Salle des Fêtes de Launaguet.
• Le 27 et 28 janvier : Plus rien d’humain, La Cave Po’.
• Dim. 29 janvier : Yves Jamait, La Halle aux Grains.
• Le 31 janvier et 1er février : François Puyalto, Le Bijoux.
• Jeu. 2 février : Debout Sur Le Zinc, Le Metronum.
• Ven. 3 février : Söta Sälta, Salle Jacques Brel, Castanet-Tolosan.
Temps fort de la saison du Théâtre Jacques Cœur, le festival Imprudence est de retour cet hiver. Cette année, de nombreux événements permettront de découvrir les compagnies de théâtre locales. Au total, huit spectacles sont présentés sur deux semaines, dont des lectures, des comédies et de théâtre contemporain, entre autres.
Les spectacles : Mar. 31 janvier : Maria & Marie, • un spectacle enquête de Christophe Martin.
Mar. 31 janvier : Dans la foule, • théâtre, d’après le roman de Laurent Mauvignier, mise en scène Julien Bouffier.
Du 2 au 4 février : L’Érosion, lec- • ture-concert avec Alex Selmane et
LES GIVRÉE AU
Eric Guennou, d’après Charles-Eric Petit.
Ven. 3 février : Parabolique Quar- • tet, spectacle musical de Claire Rengade.
Sam. 4 février : La femme éplu- • chée, un poème dramatique de Sarah Fourage.
Sam. 4 février : Si il ne restait que • Shakespeare, théâtre contemporain de Julien Masdoua d’après l’œuvre de William Shakespeare.
Lun. 6 février : Les Étrangers, • théâtre contemporain de Clément Bondu.
Lun. 13 février : À bras le corps, • comédie de Virgile Simon et Antoine Wellens.
Du 31 janvier au 13 février, au Théâtre J. Cœur à Lattes (34). Tél. 04 99 52 95 00. ville-lattes.fr
DE LA MAISON DU PEUPLE À MILLAU
•
• Ven. 3 février : Thomas Fersen, Le Bascala.
Du 24 janvier au 4 février, à Toulouse et sa métropole (31). detoursdechant.com
En plein hiver, un festival a lieu à Millau qui est basé sur la convivialité et l’échange. L’accent est mis sur les rencontres autour de la chanson française d’hier et d’aujourd’hui. Les concerts auront bien sûr lieu dans la grande salle du théâtre de Millau, et dans le sud-Aveyron. Plus d’une vingtaine d’événements sont organisés dans le cadre des Givrées en janvier, dont quelques projets amateurs et initiatives originales et avec de nombreux artistes à découvrir. Parallèlement, aux concerts, des ateliers, siestes musicales, émissions radios et autres activités seront à vivre. Les concerts :
Du 20 au 22 janvier : Le Secret, • Marion Rampal et Pierre-François Blanchard, jazz.
Mar. 25 janvier : Rue Chocolat, • L. Montagne, spectacle musical.
Jeu. 26 janvier : Fiers & Trem- • blants, Marc Nammour et Loïc Lantoine, concert parlé-chanté.
Ven. 27 janvier : Le Noiseur. élec- • tron libre de la chanson et Bonbon Vodou, chanson dépaysante.
Sam. 28 janvier : Nos courses • folles, Les Fouteurs de joie, spectacle musical.
Du 20 au 28 janvier, à Millau et dans le sud-Aveyron (12).
Tél. 05 65 59 47 61. maisondupeuplemillau.fr
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THÉÂTRE
© Luci e Locqueneux
Yoanna
Les Fouteurs de joie
© Dyl an Pi aser
GAROSNOW AUX ANGLES ET À LUCHON
En janvier, le festival de musique Garosnow aura lieu aux Angles et à Luchon. Pour la dixième fois, de nombreux DJ se produiront sur les pistes des Pyrénées et créeront une expérience inoubliable. Les mélomanes y trouveront leur compte : house, techno, électro, afrorunk et disco feront danser tout le monde. Rendez-vous en haut des pistes pour un week-end entre détente, musique et bonne humeur. Programme aux Angles
(66) :
Ven. 6 janvier : Feder + • Marine Trench + Popof + Voilaaa sound system.
FESTIVAL DE LA BIOGRAPHIE À NÎMES
Sam. 7 janvier : Pedro
• Winter + Myd + Betty + Clémentine.
Programme à Luchon Superbganères (31) :
•
Ven. 20 janvier : Camion Bazar + Kiddy Smile + Molécule + Soom T.
• Bloody Beetroots. garosnow.com
Sam. 21 janvier : Boston Bun + Braxe et Falcon + La P‘tite Fumée + The
CHANTS D’HIVER ET DE FEMMES À LA CIGALIÈRE À SÉRIGNAN
Ensemble, remonter le temps pour l’arrêter, en égrainant des souvenirs dans lesquels l’intime et le général sont liés, occupant une large place existentielle. « Nos souvenirs communs » pose le thème du festival de la biographie 2023. Des souvenirs en effet, pour tous ceux nés à une époque qui leur permet de se rappeler l’image télévisuelle du premier pas sur la lune de Neil Armstrong, d’avoir été ému de la vision du grand musicien Rostropovitch installé au pied du mur de Berlin le jour où ce même mur s’est effondré, en train de jouer une pièce de Bach, ainsi que pour les amateurs de football, le jour de la victoire de l’équipe de France en 1998. Plus terrible et bouleversante encore, la diffusion des images aussi effrayantes que surréalistes, des attentats du 11 septembre 2001. Des souvenirs d’évènements phénoménaux, gais, cruels ou tristes, d’une certaine façon associée à des personnages qui sont entrés fictivement ou non, dans le genre biographique, dont la dimension émotionnelle a donné une place particulière à ceux qui ont été acteurs. Sous la co-présidence de Jean-Pierre Elkabbach et FranzOlivier Giesbert , la présence de biographes, de témoins, conservateurs et commentateurs de ces évènements lesquels présenteront leurs ouvrages. Trois jours de débats, rencontres, dédicaces, concerts, projection. Les 27, 28 et 29 janvier à Carré d’art à Nîmes (30).
Tél. 04 66 76 35 35. festivaldelabiographie.com
FESTIVAL DU FILM POLITIQUE À CARCASSONNE
C’est le 12e rendez-vous de La Cigalière dédié aux voix de femmes, un festival qui a consacré des artistes et citoyennes du monde, une ouverture métissée et pétillante. En amont des concerts, des rencontres qui permettront d’échanger avec ces femmes de talent autour de leurs parcours d’artistes, de leur engagement.
De sa guitare et d’une voix singulière et captivante, Laura Cahen suit des paysages poétiques, une indie-pop au féminin, intimiste et onirique, inspirée de Feist, Portishead ou encore Anne Sylvestre. Sans détour, avec délicatesse, aussi libre que le vent.
Partagée entre différentes cultures et multiples influences musicales, Mélissa Laveaux porte une identité artistique plurielle et ouverte au monde. Après l’excellent Radyo Siwèl en 2018, elle est de retour avec un nouvel et quatrième album, spirituel et poétique.
Reine de la cumbia, La Yegros est l’artiste la plus charismatique du continent sud-américain ! Sa musique, savant mélange de mélodies traditionnelles et de sonorités actuelles, est pimenté d’une gouaille particulière, d’un magnétisme rare et d’une liberté de ton fascinants. Argentine, mais citoyenne du monde, La Yegros pratique le chamamé, mélange de polka et de musique guarani. Son déhanché ne manquera pas de dérouiller les corps !
Du 26 au 28 janvier à La Cigalière, à Sérignan (34). Tél. 04 67 32 63 26. lacigaliere.fr
Pendant cinq jours, Carcassonne redevient la cité du cinéma. Etienne Garcia, président du FIFP, et Henzo Lefèvre, son directeur, ont dévoilé la programmation de cette 5e édition, dans la dynamique de 2022 qui a enregistré plus de 10 000 entrées. Pour accueillir un public de cinéphiles toujours plus nombreux, les projections auront lieu dans cinq salles simultanément : Colisée, Dôme, Odeum. Un festival pour les scolaires, pour les Cm1 et jusqu’aux terminales, précède le festival grand public. Parmi les nouveautés, un salon du festival accueillera les équipes des films et les spectateurs pour un petit-déjeuner et une section courts métrages est ouverte. Un partenariat avec des restaurants pour permettre aux festivaliers de prendre leurs repas pendant la durée du festival, au centre-ville. Le FIFP a fait sa sélection parmi plus de 350 œuvres issues de 19 pays différents : 37 films, en avant-première, premières mondiales ou nationales. 21 œuvres en compétition, 7 par section, long métrage de fiction, documentaires, courts métrages. Les autres films sont répartis dans la sélection officielle hors-compétition, dans la thématique « Nouvelles technologies, cinéma et politique » et dans les séances spéciales. En ouverture, projection de Houria, de Meddour Mounia avec Lyna Khoudri (France/Belgique/Algérie), en avant-première. L’histoire d’une jeune danseuse à la vie brisée suite à une agression. Le documentaire de Laure Poitras, Toute la beauté et le sang versé, Lion d’or 2022 à Venise, première nationale, clôturera la manifestation. Les noms des invités, du président et d’autres surprises seront révélées ultérieurement. MCH Du 12 au 16 janvier, à Carcassonne (11). fifp-occitanie.com
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Feder
Mélissa Laveaux
« Houria » avec Lyna Khoudri
©Ast r di di Cr ol l al anz
Jean-Pierre Elkabbach
Un grand moment pour célébrer intensément la fiesta flamenca. Cette année, le programme est de très haut niveau, distribution de rêve, avec un bon nombre de figuras qui vont répandre à Nîmes le feu de la terre andalouse. La danse est la pièce maîtresse de ce prochain festival. Symbole de l’avenir, la petite fille de l’affiche, photographiée de dos. Émouvant, un hommage à la mémoire de René Robert, photographe de renom, qui a porté un regard généreux sur les artistes, dont le travail planera sur les murs des théâtres, musées et cinéma de cette 33e édition, concoctée de manière à réunir les stars primées du cante et du baile. « Un festival grandiose », a déclaré Chema Blanco, conseiller artistique, « les jeunes artistes sont l’avenir, et sans renier les racines, ils n’ont pas de vision passéiste, s’inscrivent dans la contemporanéité, l’actualité de la discipline. »
Témoin la grande Ana Morales et son Peculiar, qui fait rupture avec tous les académismes. Pour l’accompagner, Miguel Marin Pavón. Autre work in progress, Los bailes Robados. Figure de proue, le chorégraphe David Coria. Et si l’on ne présente plus Israël Galvan et Niño de Elche, il faut préciser que Mellizo Doble signe une création rare d’artistes connectés, dansant leur monde personnel. Pour voyager dans les profondeurs du Cante Jondo,
À NÎMES
écouter, c’est sa première venue à Nîmes, Rosario La Tremendita, son Tremenda. Principio y origen. Pour ce qui est des voix, celles de Perrate & Arbol qui se produiront dans la petite salle de Paloma, invitent à une extraordinaire odyssée sonore. Sebastiàn Cruz et Alfredo Lagos, orfèvres du chant et de la guitare, sont talentueux. Bien sûr, Rocio Molina fait retour, dans une attendue Vuelta a Uno. Les femmes artistes sont bien représentées avec Javiera de la Fuente, à la danse et au chant, La Yerbabuena, figure emblématique, et l’élégante Marina Heredia, chanteuse de Grenade. Mais aussi Luz Arcas danseuse et chorégraphe qui revisite les codes du folklore espagnol.
Étonnante dans un solo brut et dénudé, la danseuse britannique, Yinka Esi Graves. Andres Marin & Jon Maya ne sont pas en reste, le Madrilène Alfonso Losa ne l’est pas non plus. Il y aura encore à faire avec des rencontres, des master class, du cinéma, des expositions, la parole des artistes et, aiiiii, une balade flamenca, bien frappée, proposée par Sandy Korzekwa, photographe officielle du festival. MJ.L
Du 9 au 21 janvier à Nîmes (30).
Tél. 04 66 36 65 10. theatredenimes.com
ALBI JAZZ FESTIVAL
Proposé par la Scène nationale d’Albi, voici venue la quatrième édition du Jazz Festival d’Albi ! Rendez-vous déjà incontournable du début d’année, l’événement accueillera, en 2023, six grands concerts dans trois belles salles du département, le Grand Théâtre d’Albi, la Maison de la Musique de Cap’Découverte et l’Apollo de Mazamet, mais aussi une programmation OFF gratuite, des rencontres, des masterclass, des répétitions publiques…
Les concerts du festival In :
• Dim. 15 janvier, Espace Apollo à Mazamet : Lionel Suarez et André Min-
Sam. 14 janvier, Maison de la Musique de Cap’Découverte : Bengue.
• vielle.
• Pourquery.
Mer. 18 janvier, Grand Théâtre d’Albi : Macha Gharibian et Thomas De
• Ven. 20 janvier, Grand Théâtre d’Albi : Bethmann Trio et Airelle Besson
Jeu. 19 janvier, Grand Théâtre d’Albi : Canto et Suarez Trio Gardel.
• Quartet.
• Quintet.
Sam. 21 janvier, Grand Théâtre d’Albi : Kennedy-Milteau-Segal et Ceccaldi
Du 14 au 22 janvier, à Albi (81). Tél. 05 63 38 55 56. sn-albi.fr
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FESTIVAL FLAMENCO
© Al ai n Scher er
«Peculiar» d’Ana Morales
Thomas De Pourquery © Al exandr e Lacombe.eps
Patrick MONTAGNAC パトリック
Originaire de l'Aveyron, Patrick MONTAGNAC décroche un brevet de pilote d’avion à l'âge de 16 ans et c’est le début des grands voyages et la découverte de la terre vue du ciel. Atré par les phénomènes d’érosion naturelle, Patrick s’interroge alors sur le caractère éphémère de l’existence, et l’exprime au travers d’œuvres monumentales qui ne sont autres que du béton sur toile.
·モンタニャック
TOKYO, NEW YORK, SHANGHAI, MONACO, DÜSSELDORF, ROME, LONDRES, MONTPELLIER, AIXENPROVENCE, PARIS, AMSTERDAM, BARCELONE, TUNIS, MOSCOU, LIMOGES, GENÈVE, LAUSANNE, NICE, LILLE, ART PARIS, MADRID, OSTENDE…
« Couleurs du Noir » diptyque 200 x 760 cm Musée MATISSE à Lille Le CateauCambrésis – le 12 /11/ 2021
www.patrickmontagnac.com patrick.montagnac@gmail.com Tél : 33 (0)6 29 89 26 95
EXPOSITIONS les
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SOMMAIRE
> MUSÉES
> ARTS PLASTIQUES
> EXPOSITIONS
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Gérard Titus-Carmel au musée Paul Valéry à Sète
MUS ÉES
DJAMEL TATAH AU MUSÉE FABRE À MONTPELLIER
Décidément la peinture en France reprend des couleurs. La présence de Djamel Tatah au musée Fabre en apporte une nouvelle preuve, même si le fait de s’être installé récemment à Montpellier a dû faciliter le rapprochement. L’œuvre de Djamel Tatah s’identifie assez aisément. Des fonds monochromes, et des personnages, solitaires ou décuplés, lui suffisent à emplir la surface de la toile. Ainsi la question de la figure ou de l’abstraction n’est pas un problème pour lui, qui mêle les deux options de front. A propos de frontalité, ses personnages rechignent à regarder le spectateur en face, comme si le champ pictural supposait une autre dimension autonome et d’autres lois. La solitude, malgré la modernité du vêtement, leur confère une résonance métaphysique. Elle accentue l’impression de recul que prend l’artiste par rapport au réel. Mais prendre du recul ne signifie pas ne point se sentir concerné. Au bout du compte, chassez l’actualité, le tableau finira par la retrouver. Sa production émane d’un contexte sans lequel il ne serait pas ce qu’il est, et sa réception s’enrichit de nombreuses correspondances avec la réalité qu’il semble fuir pour un autre théâtre. Les répétitions de personnages ne font que confirmer cette impression. Elles suscitent un sentiment d’étrangeté, parfois d’absurdité, de solitude grégaire, si l’on veut bien accepter cette alliance de mots. On peut le voir dans ces tableaux où les individus, peints de profil, semblent s’affronter dans une sorte de tête à tête combatif et désabusé, ou quand ils marchent en banc (tels des poissons) tous dans la même direction, en silence. Le silence, c’est justement ce qui définit le mieux la peinture de Djamel Tatah. D’où le titre : Le théâtre du silence. Les formats sont en général imposants, quelquefois démesurés ce qui permet de s’essayer à l’effet frise. Les figures sont très réalistes certes mais l’inclusion dans un champ de couleur minimale les déréalise totalement. En fait, Djamel Tatah part de son
entourage pour distinguer ses modèles. Il projette les figures sur la toile avant se mettre à peindre, encore un moyen pour la peinture de s’approprier les techniques qui la fragilisent en apparence mais qui en fait la renforcentpuisqu’elles la forcent à se remettre en question et à aller de l’avant. Ainsi Tatah part du réel mais pour faire accéder ses figures à une autre réalité, laquelle s’inscrira ensuite, en dernière instance, dans le réel dont elle est issue, par le biais de l’exposition. Avec cette dimension métaphysique qui leur attribue un peu plus d’éternité temporelle, un peu moins de temporalité humaine. Au musée Fabre on pourra voir certes les séries de Présences, de Répétitions, ou son Théâtre du silence, avec non seulement des positions debout ou en mouvement, mais également assises ou allongées au sol, de façon ambiguë. Et aussi des séries plus anciennes : En suspens ou touchant aux origines de son travail. On constatera de la sorte qu’au départ les supports étaient volontairement pauvres : branchages ou assemblages de planches récupérées. La série En suspens favorise l’émergence de la suspension à partir de la toile libre en long lé où se précipite l’idée de chute dans l’espace vacant. Par ailleurs, si Djamel Tatah a privilégié la figure masculine, et à l’occasion l’autoportrait, la femme n’est pas absente qu’il s’agisse d’une apparition solitaire ou d’un portrait de figures répétées. On repère également un fragment de visage antique, sans doute un masque. Son œuvre pose en définitive le problème douloureux de la difficulté, pour les êtres, de communiquer. C’est un constat et un regret. L’artiste nous livre ses sentiments. C’est la raison pour laquelle cette œuvre atteint son but et touche. Contrairement aux apparences, elle parle de nous, elle parle de la réalité. Elle se veut en empathie avec l’humanité. BTN Jusqu’au 16 avril, au musée Fabre à Montpellier. Tél. 04 67 14 83 00. museefabre.montpellier3m.fr
COLLECTIONS PERMANENTES AU MUSÉE D’ART MODERNE DE COLLIOURE
Collioure demeure l’un des plus plaisants petits ports de la Méditerranée. Sa relation aux arts plastiques lui ajoute cette touche culturelle qui suscite l’attachement. Sa Villa Palm, accrochée à la colline qui surplombe la petite plage, est un lieu où l’on a toujours plaisir à se rendre, quitte à y prendre un bain de nature méditerranéenne. Or le lieu, à l’instar de son ainé de Céret, nécessite des travaux d’agrandissement et de rénovation bien légitimes. L’occasion de proposer un parcours parmi les collections à même de nous faire partager la vie locale perçue par des sensibilités hors du commun, mais aussi l’intérêt toujours renouvelé pour les artistes contemporains, lors des dernières décennies, manifesté lors de résidences actives. On est plongé dans les années d’après la Grande Guerre avec l’arrivée dans le petit port de pêche d’un Hollandais très dynamique, Augustin Hanicotte qui ne se prive pas d’illustrer la vie locale, telle que l’on ne la connaît plus, avec ses ravaudeuses, porteuses de poisson et cueilleurs de figues. Un peu plus tard, troisième partie de l’expo, d’anciens gosses, parmi ceux qu’il se plaisait à peindre, fréquenteront son atelier et, tout en exerçant une activité alimentaire et populaire, s’adonneront à une démarche plastique : ils avaient pour noms François Bernadi, le marin, peintre de la vie locale dans un style assez brut ; François Baloffi, le vigneron qui décorait des chaises de cuisine et dessinait sur des sacs d’engrais ; Ernest Daider, maçon et qui utilisait ses matériaux de travail, le ciment et les blocs de plâtre pour inventer des personnages haut en couleurs. Nous sommes alors au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Entre-temps, le couple formé par Rolande Déchorain et Henri Vergé-Sarrat présente diverses vues du Collioure des années 30 et 40, malgré la fureur et le bruit de ces épisodes tragiques se déroulant de part et d’autre de la frontière si
proche. Les jeunes filles au teint hâlé y lisent tranquillement, tout près d’une mère qui s’occupe de l’enfant, tandis que le linge est étendu d’une fenêtre à l’autre de la rue. Les terrasses font penser au sud intemporel de Nino Ferrer. Tous ces artistes perpétuent la vocation artistique de Collioure, toute auréolée de la naissance du fauvisme. Les années 50 sont marquées par la présence de deux nouveaux venus : Balbino Giner et Willy Mucha qui alimentent encore plus la légende du petit village aimé des peintres (dont Picasso) et amorcent le caractère festif de la future agglomération touristique. Puis, en 1970, c’est l’éclosion de Supports-Surfaces, et notamment la présence de Claude Viallat qui se livre à toutes sortes d’expériences, sous le soleil qui fournit des arguments aux couleurs et lumières catalanes. Michel Bertrand (Reliquaires) et Jean Capdeville (Triptyque sobre et élégant dans une abstraction ascétique), lui emboitent le pas, dans des démarches plus austères encore, abstraites ou formalistes. Avec l’arrivée des années 80 puis 2000, ce sont de nouvelles générations d’artistes qui hantent la villa Palm, qu’ils s’inspirent toujours des paysages autochtones à l’instar de Thomas Verny ou qu’ils demeurent fidèles au lyrisme néo-abstrait d’une Anne-Marie Pêcheur, inspirés des pistils et étamines. Comme on peut le constater, des années 1910 à 2020, le parcours est chronologique, et donc quelque peu didactique. Il permet de se plonger avec nostalgie dans le passé afin de mieux envisager l’avenir tel que les travaux nous en formuleront l’architecture concrète. Avec force et détermination. BTN
Jusqu’au 14 mai, au musée d’art moderne de Collioure (66). Tél. 04 30 44 05 46. museecollioure.com
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Œuvre de Jean Capdeville
Expo Galerie d’art Saint-Guilhem MONTPELLIER événement Georges etTristan HOSOTTE « L'heure bleue » Belle rencontre de deux artistes père etfils au cœurdu centre historique de Montpellier 21,rue Saint-Guilhem -34000 Montpellier du mardiau samedide 13h à 18h •06 83 27 68 83 •hosotte.com
ÉVÉNEMENT : OUVERTURE DU MUSÉE DU GÉVAUDAN À MENDE
Fermé en 1995, la réouverture du musée de Mende est un événement culturel pour toute la région. Avec une collection de 500 objets et œuvres d’art, les salles du musée retracent l’histoire de la Lozère. Un lieu patrimonial, ayant reçu l’appellation « Musée de France » que présente Nadia Harabasz, sa directrice.
ENTRETIEN AVEC
NADIA HARABASZ
directrice du musée du Gévaudan
Depuis 27 ans, Mende, et plus largement la Lo zère, n’avait plus de musée. Quelles étapes ont mené jusqu’à cette réouverture ?
Assurément, c’est un projet de longue haleine dont l’origine revient à la Société des lettres, sciences et arts de la Lo zère, qui avait fondé le tout premier musée à Mende. Il a dé ménagé à deux reprises pour s’implanter sur le site occupé à l’heure actuelle et que l’on connaissait comme le musée Ignon-Fabre. Il a été long temps porté par la Société des lettres, sciences et arts de la Lozère, qui est vraiment notre partenaire de choix puisqu’elle est propriétaire des collec tions historiques. En 1995, le musée a fermé ses portes et le département a repris le projet et la gestion des collections. C’est à cette époque que le musée obtient l’appellation Musée de France. Puis, dès les années 2010, et même un peu avant, la ville de Mende a été à l’initiative d’un projet culturel pour le musée. Différents élus ont soutenu cette idée aux côtés de la Société des lettres, sciences et arts de la Lozère, et des amis du musée. Il faut aussi souligner le soutien financier de la part de l’État, de la Région Occitanie, l’Europe, le Département de la Lozère et la Ville de Mende.
Trois ans de travaux ont été nécessaires, en quoi ont-ils consistés ?
Le projet du musée portait à la fois sur de la réhabilitation d’un site historique, dont le noyau dur est un hôtel particulier de la fin du XVIIe siècle, l’hôtel Buisson de Ressouches, mais également des extensions. Cela représentait un véritable défi, l’objectif étant d’agrandir les espaces, nous avons ainsi pu déployer le bâtiment sur une surface de 1200 m2. Il a fallu d’abord faire les fondations, puis relier l’ancien hôtel particulier à plusieurs maisons qui ne communiquaient pas du tout les unes avec les autres. C’est l’Atelier Nebout, architectes à Montpellier, avec l’appui d’Hélène Brouillet, qui a imaginé le nouveau musée.
Au cours des travaux, nous avons aussi mené un grand programme de restauration, qui a duré six mois, et a permis de relire et de redécouvrir des peintures murales du bâtiment : ce sont des vertus d’après Simon Vouet.
Plus de 500 items sont présentés au musée, pouvez-vous nous présenter les différents espaces de visite ?
Le musée est déployé sur trois niveaux. Au rezde-chaussée, on a un espace ouvert sur le territoire, et partagé avec le Pays d’art et d’histoire. On trouve un centre d’interprétation d’architecture et du patrimoine, ludique et sensible, avec
des petits focus thématiques pour aller à la découverte de la Lozère. Il y a aussi un salon dans lequel le visiteur est appelé à troquer des livres et des jeux, dans l’esprit d’un tiers-lieu, et une boutique. Au premier étage, se trouve l’exposition permanente composée d’environ 500 items, qui vont de la protohistoire, la préhistoire, au XXIe siècle. Les typologies d’objets y sont volontairement mixées, surtout dans les quatre premières salles, cela va de l’archéologie, aux beaux-arts, en passant par l’ethnographie… Le parcours est pensé autour de deux thématiques : la nature
La première partie donc, c’est la nature et ses usages. Quatre salles sont entièrement consacrées à la Lozère, on y parle de la géologie, la faune et la flore. On peut aussi bien y découvrir des empreintes de dinosaures qu’une œuvre d’art contemporain d’une jeune artiste locale. La suite du parcours ouvre au-delà du territoire de la Lozère, c’est la culture et ces témoignages. Ces salles racontent plutôt l’histoire des collections, car, comme beaucoup de musées de province, Mende recevait au tout début du XXe siècle, des dépôts de l’État, et donc des œuvres du musée du Louvre, par exemple. Chronologiquement, on traverse la préhistoire, l’Antiquité, pour passer par une petite bulle médiévale, puis un secteur est dédié au culte, une autre salle au XVIIe et XVIIIe siècle… Au fil de ces espaces, il y a toujours une petite pépite. L’idée est de toujours créer des surprises qui captivent le visiteur. On arrive ensuite à la pièce maîtresse, celle qui m’a permis de constituer le parcours muséographique : c’est la salle des peintures murales de Simon Vouet. Ensuite, le public peut découvrir un focus sur les faits liés à la bête du Gévaudan. Le parcours se termine sur des salles dédiées aux beaux-arts avec les œuvres de deux artistes lozériens : Jeanne Bourillon, portraitiste dans le style romantique du XIXe siècle, et Victorin Galière, né en Lozère et qui a fait sa carrière à Paris. Le choix des œuvres fait aussi que chacun y trouvera quelque chose qui l’interpelle. Le second niveau est dédié aux expositions temporaires, on y trouve aussi des ateliers qui nous permettront d’accueillir des groupes.
Qu’est-ce qui vous tenait à cœur dans ce parcours ? Y’-a-t-il des pièces maîtresses ?
L’objectif de cette sélection, c’est d’apporter de la diversité, et surtout le placement des objets qui vise à créer l’émerveillement. Ce que l’on souhaite, c’est qu’un visiteur qui se désintéresse, par exemple, de céramiques de l’époque gallo-romaine, s’approche tout de même et s’y intéresse. Il n’y a pas forcément de pièces maîtresses, il y a plutôt des petites pièces pour tous et des clins d’œil, et même parfois un petit peu d’humour sur certains objets, mais on n’en dira pas plus. Il faut venir voir ça sur place !
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Le choix des œuvres fait que chacun y trouvera quelque chose qui l'interpelle
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L’objectif de cette sélection, c’est d’apporter de la diversité
AU MUSÉE PAUL VALÉRY À SÈTE
GÉRARD TITUS-CARMEL
Si le musée Paul Valéry peut s’honorer de la qualité de ses collections et de ses expositions temporaires, il ne faut point oublier que la figure tutélaire du grand poète sétois, et donc universelle, hante les salles, à quelques encablures du cimetière marin où il repose dans la paix des colombes. C’est dire si la poésie plane sur les lieux, et il était naturel qu’un grand artiste, ouvert à la pratique poétique d’une part, aux collaborations diverses avec de grands poètes de l’autre, y fût invité. Cela permet de rappeler les liens étroits qui unissent les deux activités par le biais du livre d’artiste notamment, et cela permet au public régional de découvrir un autre style de dessin, une autre conception de la peinture que celle qui lui est habituellement présentée. Il est bien loin le temps où Gérard Titus-Carmel défrayait les chroniques en proposant aux visiteurs une exposition olfactive (la forêt amazonienne) ou incluait une vraie banane soumise aux injures du temps parmi sa série du même fruit réalisé en plastique. La nature joue déjà un rôle important, que l’on retrouvera tout au long des diverses séries qui parsèment l’œuvre, de Ramures en Frondaisons, de Feuillées en Forêts de Jungles en Sables, de Viornes et lichens à l’Herbier (du Seul), en passant par des Orées, la Jonchaie, des Fragments de saison, et d’Espace du paysage, ou par le calembour Steppes par Steppes. Attention toutefois, le végétal est toujours stylisé, jamais réaliste. Le titre de l’exposition sétoise se trouve dans la continuité de ces thématiques : Forestières et autres arpents, et il suffit d’avoir vu quelques-unes de ces œuvres récentes pour constater combien les arborescences tranchées, les rangements de bâtons hachés les ramures qui sont autant de traits et de lignes, ou simplement les troncs d’oliviers, y jouent un rôle prépondérant. Mais, le rôle du temps est aussi capital : dans les années 60, on voit l’artiste amorcer de superbes dessins sur l’art de détériorer des encoignures de volumes parfaits. C’est la dégradation de la forme qui l’intéresse alors, ou la décomposition. Ce sont eux, et aussi la série des épissures, ou de nœuds, qui assurent sa notoriété, sa reconnaissance non seulement parmi ses pairs, mais par de nombreux écri-
vains et surtout poètes qui le sollicitent. Titus-Carmel a ainsi illustré bon nombre d’auteurs majeurs (Bonnefoy, Quignard, Noël, Jaccottet, Sacré), et s’est pris petit à petit au jeu, exploitant à son tour une veine poétique, riche aujourd’hui de dizaines de volumes, depuis ses premières tentatives chez notre grand éditeur, Fata Morgana. Le thème de la bibliothèque, compartimentée en dix fois dix papiers marouflés, l’a également inspiré comme tout ce qui s’accumule, prolifère et s’organise. Car c’est la mission de l’artiste que de mettre de l’ordre dans le désordre du réel. Mais, Titus-Carmel se veut également peintre : on l’a vu relire à sa façon le fameux retable de Grunewald qui lui permet de traiter des formes incurvées, ogivales, rondes. Il aime avec évidence la couleur qu’il dispose en gestes réguliers et précis. On est loin du dripping. On peut même se demander si ces alignements ne sont pas davantage inspirés des possibilités gestuelles du bras qui peint que du référent (végétal, livresque, fragmentaire) proprement dit. Les Herses en particulier n’ont rien de réaliste. Titus-Carmel recourt souvent aux collages de papiers préparés qui peut faire penser à Matisse. On pourra le constater à Sète où l’exposition est essentiellement végétale : Ramures, Forêts, Brisées, des Plans de coupe (variations sur l’olivier, mais sans racines ni cime comme si seule la torture du tronc l’interpellait) ; Viornes et lichens, une immense Jungle… De grandes Feuillées… Cela lui permet de jouer, non seulement sur des variations de formats, mais aussi sur des formes différentes, parfois déployées en palmes d’autres fois ramassées en bâtons. Et également de densité. Pourquoi le végétal ? Parce que par ses aspects décoratifs, mais aussi par son obstination à se développer, il incarne la peinture dans ce qu’elle a de plus humain. On pourra voir ainsi, dans des formats plus modestes, des notes de voyage, où Titus-Carmel sublime l’art d’accommoder les restes. Le voyage n’a d’ailleurs pas besoin de s’avérer effectif. La peinture suffit à déployer le rêve. Et la poésie d’en accompagner l’essor. BTN Du 10 décembre au 12 février.
JEAN-LUC PARANT
Installé ces dernières années à Sète, Jean-Luc Parant n’a pas tardé à se manifester en tant qu’artiste dans les lieux qui comptent, et notamment au musée Paul Valéry. Sa disparition soudaine nous a privés d’initiatives multiples, sur le plan artistique, littéraire, performatif et éditorial, auxquelles il s’adonnait depuis plus de cinquante ans. Ce sont surtout ses boules de cire noire, multiples et numérotées, qui auront marqué les esprits. Si, au départ, elles épousaient, par leur modestie manuelle, la forme du modelage primitif des deux mains, elles ne tardaient pas à atteindre des dimensions étonnantes, à « s’expanser » en éboulements, et ainsi à se couler aisément dans des installations adaptées au lieu d’exposition. Elles sont par ailleurs dotées d’une ouverture, une sorte d’œil « ocellaire » ou à facettes, dirigé vers l’extérieur et virtuellement vers l’infini. Mains qui modèlent et sculptent, yeux qui font exister le monde alentour, ce sont les organes de base à partir desquels ausculter, interpréter et résumer l’univers. Jean-Luc Parant s’y attellera tout au long de sa vie. Au départ, il s’agissait sans doute d’imaginer une forme qui n’ait ni recto ni verso, ni endroit ni envers mais qui concentre toutes les directions, toutes les virtualités, un peu comme le noir chez Soulages, fait naître non seulement la lumière mais également ses couleurs. Petit à petit, les boules prendront de la couleur justement, les formes s’arrondiront, les matières se multiplieront,
les dimensions oscilleront de l’infime au gigantesque, d’autres objets viendront les rejoindre et notamment des animaux naturalisés, semblant en être issus. Jean-Luc Parant ayant, parallèlement à son travail de plasticien, développé une œuvre d’écrivain, laquelle semble une longue phrase, découpée en chapitres selon l’opportunité, il n’était guère étonnant qu’il croise sur sa route le livre, dans sa matérialité de support ou de proie – de la boulimie des boules. Enfin, il ne s’est guère privé de réaliser de véritables tableaux, muraux, en lesquels il fait intervenir un bestiaire primitif, car il ne s’est jamais éloigné d’une conception anthropologique, quasi brute, de la réalité artistique, et de la réalité tout court. Son œuvre a des aspirations cosmiques, ne serait-ce qu’à cause de la similitude boule-planète, sous le regard de notre globe oculaire, héros de chacun de ses livres-poèmes dé-ponctués, à l’instar d’une boule qui roule. On verra un peu de tout cela dans cette exposition qui lui rend hommage, en mémoire du Merveilleux, titre de son installation très remarquée, il y a un lustre à peine. Elle sera enrichie, outre du fonds sétois, de prêts et d’interventions de ses amis de Sète, dont certains avec lesquels il ne s’est point privé de collaborer, malgré un contexte général qui ne s’y prêtait guère. L’expo sera visible, au rez-de-chaussée du musée. BTN Jusqu’au 12 février.
Musées
Au musée Paul Valéry à Sète (34). Tél. 04 99 04 76 16. museepaulvalery-sete.fr – page soixante-six –© Gi l l es Hut chi nson
HOMMAGE À JEAN-LUC PARANT (1944-2022)
En mémoire du merveilleux Œuvres personnelles et hommages d’artistes par Kristell Loquet
Cette exposition en hommage à Jean-Luc Parant au musée Paul Valéry se présente en trois volets : un premier volet au rez-de-chaussée sous la forme d’une exposition d’une sélection d’œuvres personnelles de l’artiste déborde et se prolonge en un second volet jusque dans les collections permanentes par l’intrusion de quelques œuvres de Jean-Luc Parant « parasitant » les collections classiques du musée. Un troisième volet est présenté à l’étage du musée : ce sont les œuvres en hommage à Jean-Luc Parant réalisées par plus de 40 artistes originaires de Sète et d’ailleurs (Aldo Biascamano, Stéphan Biascamano, Marine Blot, François Boisrond, Phil Bonan, Mark Brusse, Nobuko Brusse, André Cervera, Lise Chevalier, Robert Combas, Cathy Cosentino, Christophe Cosentino, Daniel Dezeuze, Hervé Di Rosa, Marc Duran, François Escuillié, Julia Fabry, Albertine Ferdinande, Denis Ferdinande, Jean-Jacques François, Harald Gottschalk, Claude Guénard, Sylvester Hennig, Dan Ho, Frédéric Hoyer, Marine Joatton, Christian Lhopital, Elsa MacCallister, Lucas Mancione, Virgile Novarina, Léonard Novarina-Parant, Marie-Sol Parant, Quentin Parant, Sibylle Parant, Titi Parant, Christy Puertolas, Agnès Rosse, Jacqueline Salmon, Pierre Tilman, Topolino, Mâkhi Xenakis).
Parmi les œuvres personnelles de l’artiste, on compte des œuvres de différentes époques (entre 1958 et 2022) tirées des collections du musée Paul Valéry mais aussi empruntées à la famille de Jean-Luc Parant, à des collectionneurs privés ainsi qu’au Mobilier National avec une tapisserie monumentale réalisée à la Manufacture de Beauvais, et deux dentelles produites pour l’une dans les ateliers du Puy-en-Velay et pour l’autre dans ceux d’Alençon. Une « bibliothèque idéale » a spécialement été conçue pour cette exposition : livres en cire, boules bibliophages, boules en terre et en papier, tableaux divers, donnent à voir toute la richesse du monde lisible de Jean-Luc Parant (auteur de près de 200 publications poétiques et catalogues d’artiste entre 1975 et 2022), depuis ses pense-bêtes jusqu’à ses livres et manuscrits. En mémoire du merveilleux est donc une exposition-hommage mais cependant tournée vers la vie et la création qui ont toujours animé Jean-Luc Parant.
Une « bibliothèque idéale » a spécialement été conçue pour cette exposition : livres en cire, boules bibliophages, boules en terre et en papier, tableaux divers, donnent à voir toute la richesse du monde lisible de Jean-Luc Parant
Alors Jean-Luc Parant n’a sans doute pas disparu. Il est semblable à la boule de terre sous nos pieds : une moitié dans la nuit, là sous la terre, l’autre moitié dans le jour, là tout autour de nous et partout entre l’air, la terre et l’eau, entre notre tête et notre corps, comme il l’a écrit la veille de sa mort en juillet dernier.
Je cite encore Jean-Luc Parant dans son tout dernier texte : « Un soleil s’est éteint dans le ciel en même temps que les yeux se sont fermés, que les paupières se sont baissées. L’homme l’a vu s’éteindre quand la terre s’est retournée de l’autre côté, il a vu que derrière le soleil qui a disparu dans le ciel de son côté une infinité d’autres soleils plus lointains éclairaient une infinité d’autres mondes. » La disparition du soleil, ou de notre Jean-Luc, si solaire lui-même, ce ne serait donc pas la fin du monde mais plutôt le début de mille et mille autres mondes très lointains. Et comment ne pas consentir à cette idée quand nous voyons la richesse et la multiplicité des mondes que Jean-Luc a inventés ? Certains ont pu penser que Jean-Luc Parant se répétait, qu’il faisait toujours les mêmes boules, qu’il écrivait toujours les mêmes textes sur les yeux, qu’il était trop obsessionnel. Mais ceux qui ont su pénétrer son œuvre réalisent qu’elle est comme un arbre dont toutes les feuilles se ressemblent sans jamais s’identifier les unes aux autres totalement. Qu’elle est comme un cercle toujours rompu, duquel Jean-Luc s’est constamment échappé. Jean-Luc a cherché, par la répétition toujours différenciée dans son œuvre tant plastique que poétique, à rendre compte du passage du temps. Toute sa vie il a couru derrière le jour et la nuit, derrière le soleil et les étoiles. Et le voilà qui a maintenant changé de soleil. Il a été, est et restera à la hauteur du cosmos, en répétition et transformation permanentes. Mallarmé a écrit que « le génie s’envole au temps futur ».
Jean-Luc Parant a écrit : « La mort d’un homme ce n’est pas seulement un homme en moins, c’est une vision différente du monde qui devient invisible. » Cette phrase on peut la lire sur la stèle manuscrite présente à l’entrée de cette exposition, tout près de la « bibliothèque idéale ». Cette proposition est vraie mais on peut dire aussi, dans le cas précis de la disparition de Jean-Luc, qu’elle ne l’est pas. Car sa vision du monde est bien toujours là, déployée et exposée sous nos yeux, pas du tout invisible. Mais plutôt pleinement visible. Ou encore : le visible et l’invisible ont toujours été les deux faces d’une même idée pour JeanLuc Parant, je devrais d’ailleurs dire d’une même boule. Comme la Terre sous nos pieds avec son côté sans cesse dans le jour et son côté sans cesse dans la nuit, les deux s’interchangeant continuellement.
C’est donc la diversité de tous nos regards absolument singuliers sur l’œuvre de Jean-Luc si multiforme qui prolongera l’intensité et la vivacité du regard exceptionnel qu’il a su porter sur le monde qui nous entoure. Je me suis toujours demandé quelles forces profondes agissant en lui avaient pu faire surgir cette œuvre mystérieuse. Je n’ai pas de réponse. Jean-Luc a emporté avec lui ce mystère qui fait la beauté de son travail. Mais ses œuvres sont là pour nous ouvrir d’autres yeux que les nôtres, d’autres yeux en nous. Une autre oscillation que celle du jour et de la nuit sur la Terre est bien à l’œuvre aujourd’hui, en nous : celle qui met en balance tristesse et consolation.
Tristesse infinie de la perte de l’être aimé – et en cela nous resterons tous inconsolables, mais consolation active à l’idée qu’un artiste ressuscite par ses œuvres à chaque fois qu’elles sont montrées.
Alors regardons, voyons, observons, scrutons, comptons les boules, contemplons, soyons pleinement les lecteurs de ses textes et les témoins de ses œuvres, et tout simplement pensons avec nos yeux et nos mains pour nous couler dans les yeux et les mains de Jean-Luc et le faire vivre encore et encore et encore à travers nous.
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ançoi s Rousseau
RÉOUVERTURE DU MUSÉE PAUL DUPUY
Né de la collection personnelle d’un Toulousain amoureux de l’art, Paul Dupuy, le musée qui porte aujourd’hui son nom a rouvert ses portes le 15 novembre dernier après une vaste campagne de travaux. Avec un fonds de 150 000 œuvres, le lieu a complétement revu ses espaces pour présenter de nouveaux objets aux visiteurs, dont une collection sur le pré-cinéma et le cinéma qui n’avait été montré au public qu’une seule fois depuis 1990. Dans cet entretien, le directeur et conservateur en chef du musée, Francis Saint-Genez, nous ouvre les portes d’un cabinet de curiosité unique !
ENTRETIEN AVEC
FRANCIS SAINT-GENEZ
Directeur-conservateur en chef du musée Paul Dupuy
L’histoire du musée des arts précieux Paul-Dupuy est intimement liée à ce dernier, pourriez-vous rappeler qui il était ?
Paul Dupuy était le fils de riches marchands toulousains qui importaient des produits coloniaux, par exemple, des épices, et exportaient eux-mêmes d'autres denrées françaises à l'étranger. Il a fait des études à l'École Centrale à Paris, a obtenu le diplôme d’ingénieur civil, mais il n'a jamais exercé cette fonction. Il a passé toute sa vie à collectionner, à mener une vie d'érudit. Paul Dupuy était aussi membre de toutes les sociétés savantes de la ville. Il menait une vie mondaine : il allait beaucoup au spectacle et voyageait souvent à Paris où il avait un appartement et où il fréquentait les milieux artistiques et culturels parisiens.
Quels objets composent sa collection ?
C’est une collection très éclectique, à la fois d'objets d'art, d'œuvres, de sculptures anciennes, notamment médiévales, de dessins, de gravures... Paul Dupuy collectionnait à contre-courant, ce qui était assez visionnaire parce qu’aujourd'hui ces objets ont une vraie valeur patrimoniale. Et même ethnographique, car Paul Dupuy se passionnait pour l'ethnologie. Il a donc accumulé de nombreux objets, et a fini par créer son musée dans un hôtel particulier, l'hôtel de Besson, en 1909. Il le faisait visiter lui-même ! À sa mort, en 1944, il a légué le lieu à l'État en demandant de le rétrocéder à la ville et d’en faire un musée municipal. L'État en a profité pour réorganiser l'ensemble des musées toulousains, et le musée Paul Dupuy a rouvert le 14 juillet 1949 comme musée des arts décoratifs et cabinet d'estampes, puisqu'il y avait aussi beaucoup de gravures.
Ensuite, le premier conservateur a énormément enrichi le musée en faisant rentrer des pièces exceptionnelles. Il y a eu la donation de la collection d'horlogerie. La conservatrice suivante, Jeanne Guillevic a rénové le musée en 1985. Elle a doublé la surface d'exposition par l'adjonction d'un bâtiment annexe, et a créé un auditorium. Depuis cette date, le musée n’avait pas connu de travaux d'importance.
Trois ans de travaux ont été nécessaires pour cette réouverture. En quoi ont-ils consisté ?
Nous avons d'abord mené des travaux un peu lourds pour remettre le musée aux normes de sécurité, d'accessibilité, d'électricité... Et puis, nous avons aussi repris la présentation des collections avec une scénographie très élégante.
Quels sont les changements et les nouveautés de la muséographie ?
Nous n’avons pas tout revu, notamment pour la collection d’horlogerie qui est tellement importante qu’il n’était pas question que des pièces partent en réserve. Nous avons même rajouté une salle en fin de parcours. Tout le premier étage du musée est donc consacré à cette collection : c'est le Cabinet du temps. De nombreuses œuvres ont été restaurées, on a imaginé une présentation chronologique et rajoutée du mobilier pour replacer l'horlogerie dans l'histoire plus générale des arts décoratifs.
Pour le reste du musée, la scénographie a été totalement réactualisée. On a voulu redonner une idée de ce qu'était l'esprit du musée à l'époque de Paul Dupuy, particulièrement l'idée de la diversité des collections et du mélange des différents types de collections. La visite commence par un salon autour de la faïence et de la porcelaine avec un accrochage du sol au plafond. Les visiteurs sont entourés par les assiettes, les plats, les grandes terres cuites architecturales aussi, typiques des décors des immeubles de la ville de Toulouse. Ensuite, on entre vraiment dans le cœur du Cabinet de préciosité, avec différentes thématiques. D’abord, « Enfermer la préciosité », qui présente des reliquaires en émail du XIIIe siècle ou des boîtes en carton décorées du XIXe, en passant par des coffrets en ivoire... Ensuite on passe, avec « Précieuse nature », à la très belle collection de pharmacie du XVIIe siècle. On y trouve toutes sortes d'objets à motif décoratifs, animaux, végétaux.
Au sous-sol, la « Préciosité profane et préciosité sacrée », montre côte à côte les collections d'armements du musée et les collections d'objets et vêtements religieux. Enfin, on trouve également dans cette partie du musée une grande section consacrée aux débuts du cinéma. Certains objets faisaient partie de la collection de Paul Dupuy, mais l'essentiel vient d'une collection acquise par le musée en 1990. On y découvre des boîtes d'optiques, des stéréoscopes, des praxinoscopes, tous ces procédés qui ont précédé le cinéma pour animer l'image, et des lanternes de projection. Une dernière salle est prévue pour des projections, car nous possédons un fond de plus de 700 films.
La collection du musée comporte plus de 150 000 objets et œuvres. Les travaux ont-ils permis d’en montrer de nouveaux ?
Oui, effectivement. La collection de cinéma que l’on vient d’évoquer, n’avait été montré qu’une seule fois, au moment de son acquisition. Cette grande phase de travaux nous a aussi permis de restaurer et sortir plus de 200 objets des réserves.
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Paul Dupuy collectionnait à contre-courant
À TOULOUSE
Redonner une idée de ce qu'était l'esprit du musée à l'époque de Paul Dupuy
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i an Le Cor r e Musées
Francis Saint-Genez © Adr
MUSÉES EN EXIL AU MO.CO. À MONTPELLIERi
« Y’a pas que la rigolade, y’a aussi l’art » , disait Queneau, à propos de l’interprétation de ses œuvres. Y’a certes l’art, y’a aussi l’histoire, pourrait-on avancer à propos de ces trois musées en exil dont on nous présente certains chefs-d’œuvre, sur trois niveaux, une par continent, lors de cette exposition hivernale au MO.CO. On a bien compris que le sens faisait retour et que les causes diverses et justes (celle de la planète en danger, des minorités activistes, celles dénonçant les dérives colonialistes ou racistes, le féminisme évidemment, celle inhérente aux nouvelles technologies ou aux potentialités de la science…) servaient de base aux nouvelles recherches formelles. Comment les artistes réagissentils en cas de conflit, qu’ils soient directement ou indirectement impliqués ? Que faire des œuvres et des lieux voués à l’art en cas d’extrême urgence ? On pourrait ajouter : vaut-il mieux sauver la Vénus de Milo qu’une créature en danger, en chair et en os ? Certains parieraient pour l’art. Ils n’ont sans doute pas tort… Toutes ces questions nous viennent à l’esprit en traversant les premières salles où l’on revisite la mémoire de Guernica, les évacuations du Prado et du Louvre, la hanche de l’ange déchu d’un Cabanel emprunté au musée Fabre, et opportunément, la création actuelle sous les bombes en Ukraine. On est alors immergé dans la première collection, celle du peuple chilien si longtemps opprimé, à ses œuvres longtemps exilées, et à son musée de la Solidarité Salvador Allende, enfin ouvert. Trente-deux œuvres ont été choisies, souvent fortes, directes et émouvantes et qui frappent comme un coup de poing, qu’elles soient signées Gracia Barrios (et ses grandes avenues à réouvrir), Roberto Matta, qui dessine en trois volets la confrontation directe entre l’armée et le peuple, ou Alejandro Marcos qui pousse à la résistance face à la brutalité militaire. Outre les artistes chiliens, les ténors de l’Amérique du Sud, adoptés par la France, ont apporté leur soutien à la cause du peuple, qu’ils se nomment Soto, Cruz-Diez, ou Andrade (originaires du Venezuela), Le Parc (Argentine) tous maîtres de ce que l’on nommait à l’époque op’art tout comme Vasarely aussi présent. Ou le Cubain Wilfredo Lam, associé au surréalisme. Mais, la main qui écrit comme en s’évadant d’une prison, du Français Robert Forgas (On n’arrête pas l’idée), ou la caricature de Pinochet par Lou Laurin-Lam, prouvent que les artistes internationaux ne sont pas en reste, du moins parmi ceux qui restent attachés à la notion de liberté, qu’ils se nomment Calder ou José Balmes (et ses émouvants Disparus).
Ars Aevi, futur musée d’art contemporain de Sarajevo, ne propose pas de références directes à la situation tragique vécue par les peuples en belligérance, à l’exception du double portait du bosniaque Nebojsa Seric-Shoba, lequel illustre en deux photos son statut d’artiste engagée. Néanmoins, les
quatorze œuvres choisies nous plongent dans un climat dérangeant, où la mort est omniprésente (la tombe de Sophie Calle, la vidéo de Bill Viola, les héros décédés de Braco Dimitrijevic, et les dentiers d’Anur), le corps est malmené jusqu’à l’insupportable (Abramovic, Mona Hatoum), ou réduit à un théâtre d’ombres (Boltanski) voire à du sperme (Andres Serrano). Le visage répété d’Opalka ne respire pas la gaieté. Le ciment Victoria ne précise pas de quel côté penche Toni Cragg (qui incite à la reconstruction) et l’ourson de Dimitri Prigov semble écrasé par un destin qui le dépasse. On bute sur le miroir de Pistoletto. Ars Aevi se trouve placé au centre du triptyque : entre dénonciation (dictature chilienne) et espoir de paix (au Moyen-Orient).
Un statu quo temporaire, ou définitif ?
Au sous-sol, on hésite entre réquisitoire et espérance. Quarante-quatre œuvres nous attendent. Gérard Voisin, l’un des initiateurs du projet de musée, parie pour les Arts contre les Armes. Inspiré par Ernest Pignon Ernest, lequel substitue à son affiche urbaine de Rimbaud, à Ramallah, celle du poète Mahmoud Darwich, aujourd’hui décédé – photographié aussi par Marc Trivier, tout comme Jean Genet, ardent défenseur de la cause palestinienne. Beaucoup de photos, dans cette troisième étape, qu’elles soient signées d’Alexis Cordesse à Jerusalem Est, d’Anne-Marie Filaire devant un mur (et ses barbelés) à Kalandia, de Valérie Jouve et de ses femmes au pays de lune, de Mehdi Bahmed pour une Scène d’intérieur très éloquente sur les attitudes contradictoires selon les générations, ou de Martine Franck qui se fie à des précédents irlandais pour parier sur la réconciliation définitive. On y note aussi, en peinture, la présence de la combative figuration narrative : Velickovic, Cueco, Fromanger (les kiosques à journaux où l’on s’interroge sur « la situation »). On est heureux de voir qu’un régional comme Patrick Lhoste, et son Cavalier, n’est pas oublié. Ni Ségui, souvent exposé à Montpellier (tout comme Buraglio ici tout en cartes postales) et qui critique le capitalisme à la Madoff. On se demande si Jacques Cadet s’est inspiré de Chagall en imaginant cet être volant au-dessus du mur de scission. Ou si Mohammed Joha fait référence aux tentes nomades en concevant son Logement de tissus. Si Olivier Thébaud a pensé aux migrants de Lesbos, l’île de l’amour, en passant la frontière… En tout cas, on ressort secoué. Avec le sentiment d’avoir replongé dans les années noires et d’y avoir puisé quelque(s) instruction (s) pour les « situations » présentes, et à venir. Et qu’au fond, y’a pas que l’histoire, y’a fort heureusement, l’art. En tant de guerre comme en temps de paix.
Jusqu’au 5 février, au MO.CO. à Montpellier.
Tél. 04 99 58 28 00. moco.art
NIKI DE SAINT PHALLE
Les Abattoirs présentent une exposition dédiée à l’artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle, consacrée, aux années 1980 et 1990 de l’artiste, illustration de l’art en liberté. Cet espace propose aux visiteurs d’aiguiser leur curiosité, leur imaginaire au travers d’une sélection d’œuvres, de catalogues, de livres d’artiste. Certains écrits pour les enfants, accompagnés d’extrait de film réalisé par Niki de Saint Phalle. Engagée envers les minorités, les exclus, l’artiste, à la conviction féministe précoce, a soutenu les malades du sida, lutté pour la cause noire, milité contre le réchauffement climatique. La liberté de parole accompagne nombre de ses œuvres. À noter, l’importance des mots et une calligraphie caractéristique dans les estampes, les affiches, les
livres d’artiste, travail d’écriture qui marque ses dernières années. Son art s’organise sous l’angle de la liberté, de l’inclusion, de La vie joyeuse des objets, selon le titre d’une des dernières expositions réalisées de son vivant, au musée des Arts décoratifs à Paris en 2001. Joie et énergie traversent la dimension complexe du malheur et bonheur en une même conjuration vitale. Témoin, les motifs et les techniques qui guident ces décennies : monstres colorés, sculptures de mosaïques, animaux et nanas, cœurs et crânes, tableaux éclatés.
Jusqu’au 5 mars, aux Abattoirs musée-Frac Occitanie Toulouse.
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Tél. 05 34 51 10 60. lesabattoirs.org
AUX ABATTOIRS, FRAC OCCITANIE DE TOULOUSE
Marina Abramovic
© phot o Bor i s Cont e Musées
Vue de l'exposition "Niki de Saint Phalle. Les années 1980 et 1990 : l'art en liberté"
Claude Bertrand 196 pages 92 reproductions en couleur Peintures, Pastels , Aquarelles et Parcours de l'artiste Prix de vente : 30 € Frais de port : 12 € Livre : Claude Bertrand « Parcours » www.claude-bertrand.fr contact@claude-bertrand.fr / tél. 06 86 46 72 10
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Neige sur le Ventoux » Acrylique sur toile 40X80 cm
AYI MENSAH
Artistes présents à la galerie : YOMIBAS - YOUNS
ANTOINE EMMANUEL ROUSSELLEMARC DURAN - PATRICK BERTHAUD
Ouverture d’une galerie d’art contemporain à Béziers
La Galerie Florence . 11, rue Guibal-Béziers lagalerie orence.fr
La galerie TOKONOMA présente jusqu’au 28 janvier 2023 quatre peintres 昀guratifs contemporains
Fabien Boitard - Brann Renaud
Xevi Solà Serra - Cyril Tricaud
Ouverture du jeudi au samedi, de 14 à 19 h et sur rendez-vous
Galerie Tokonoma - 7 rue de l’Argenterie, Béziers François Amblard - Tél. 06 28 05 26 85 contact@galerie-tokonoma.fr - https://galerie-tokonoma.fr
titre de l’oeuvre : Yitso Agbo 85 dimensions : 178 x 140 cm acrylique sur toile
Cyril Tricaud - Autoportrait en peintre avant la sieste, huile sur toile, 195 x 117cm, 2016
ANNABEL AOUN BLANCO AU MUSÉE RÉATTU À ARLES
Arles s’honore de son passé, de ses vestiges romains et de sa Maison jaune et même de ses Journées internationales, sans lesquels le présent très créatif (Luma, Fondation Van Gogh…) ne serait pas ce qu’il est à présent. Annabel Aoun Blanco, trois continents à elle seule (France, Liban, Vénézuela) travaille précisément sur la mémoire et l’oubli, deux aspects de la création artistique. Le musée Réattu ne s’y est pas trompé en l’exposant pour la seconde fois. Elle se veut aussi bien photographe que vidéaste avec cette idée que l’image fixe (l’éternité immobile, de Platon) peut se rapprocher du mouvement par la déclinaison d’images, tandis que la vidéo, image mobile, peut très bien s’attarder sur une fixe, la mobilité lui étant attribué de manière non temporelle, mais spatiale, par intervention gestuelle. Comme on le voit, les deux médiums dans cette œuvre visent à se rapprocher comme s’il s’agissait de tendre vers une hybridation utopique, qui sert de point focal à cette production. Le portrait est privilégié puisque nous sommes en permanence confrontés à nos semblables, dont le visage s’efface vite de nos souvenirs. Dans ceux d’Annabel Aoun Blanco, il se rapproche du masque, dont il récupère la fixité quelque peu ancestrale et universelle. Les tonalités penchent davantage du côté du noir ou au contraire des teintes pâles parce qu’elles sont sensibles à l’effacement qui matérialise ou rend concret le phénomène de l’oubli. La matière est sollicitée qu’il s’agisse d’un côté du charbon ou de la cendre, du sable également, de l’autre du lait ou du plâtre, en lesquels se modèlent les apparitions faciales. Les vidéos, toujours très courtes, sont souvent disposées à la verticale, comme pour un portrait traditionnel. Les photos, en séries polyptyques afin de susciter l’idée de mouvement. On se situe parfois à la limite du lisible/visible alors que le modèle est bien vivant. C’est la magie de la mise en image que d’en révéler la part mortuaire, mais en même temps, on se rapproche des « mandylions », à savoir des empreintes du vivant sur suaire. Comme on le voit, le projet se
RCR ARQUITECTES AU MUSÉE SOULAGES À RODEZ
Le musée Soulages accueille cet hiver une nouvelle exposition temporaire dédiée à l’architecture, et plus précisément à la vision d’un cabinet d’architectes. RCR Arquitectes. Ici et ailleurs, la matière et le temps met donc en avant RCR, cabinet d’architectes catalans à l’origine du musée Soulages. Ici, car c’est à Rodez qu’une histoire se joue, et ailleurs pour évoquer leurs réalisations en Europe et la variété de leurs pratiques, entre architecture et territoires, aquarelles et design d’objets du quotidien. L’exposition rend hommage au travail des RCR avec une importante sélection représentative de maquettes, de plans, d’esquisses, de gouaches, vidéogrammes et de photographies sur plus de 30 années de création des RCR.
La scénographie s’appuie sur trois ensembles distincts et constitutifs de l’expérience RCR, le paysage, l’architecture et le design, trois présentations perméables dressant le portrait des RCR. À ces trois espaces scénographiques est ajoutée une salle destinée au musée Soulages, à son histoire et à son avenir.
Du 17 décembre au 7 mai, au musée Soulages à Rodez (11). Tél. 05 65 73 82 60. musee-soulages-rodez.fr
veut cohérent. Il l’est d’autant plus que l’artiste s’appuie sur la notion de Boucle, la deuxième relisant la première à la lumière de détériorations qui sont autant de formes d’oubli (ou effacement), et aussi en révélant l’image d’une image. Pour mieux concrétiser cette volonté de dédoublement, Annabel Aoun Blanco a accepté la seconde invitation qui lui a été faite d’investir les deux salles temporaires du musée Réattu. En effet, cette exposition hivernale, Coups après Coups, fait suite à son intervention de 2019, Eloigne-moi de toi. Mais Annabel Aoun Blanco, ce sont également des modèles trempés dans un liquide laiteux d’où émergent tantôt un visage, tantôt les membres d’un corps, tantôt des parties des deux. Le prétexte est la danse contemporaine, art du mouvement. On pense à des sculptures dont ne nous seraient parvenus que des fragments intacts. Certaines fixées sur la chevelure, d’autres sur des portraits de modèles, plongés dans l’eau, les bras croisés, dont l’image a subi, selon le principe des boucles, l’injure du temps ou du réfrigérateur. Ainsi va le cycle, ou plutôt la boucle de la vie. Chacun apparaît furtivement et disparaît presque aussitôt, au regard de l’éternité temporelle. L’œuvre d’Annabel Aoun Blanco, revisite cette évidence. Mais, elle le fait avec les moyens de l’image fixe et en mouvement. Rarement cette condition tragique nous aura été rendue aussi sensible. La photo devient non seulement un entre deux états, mais une thanatothérapie. L’alternance des vidéos et des photos brouille les repères. L’artiste, qui emploie des loupes, n’hésite pas à s’approcher du motif jusqu’à le rendre aveugle. Elle traque l’image dans ses derniers retranchements et la couleur là où l’on ne l’attendait plus guère. C’est à la fois expérimental, plastiquement réussi et cohérent pour qui a des yeux et raisonne. BTN
Jusqu’au 30 avril, au musée Réattu à Arles (13).
Tél. 04 90 41 37 58. museereattu.arles.fr
Au musée des Amérique, une exposition est consacrée aux œuvres de Jean-Louis Rouméguère (1863-1925), peintre de la lumière. Toujours salué par la critique pour l’extraordinaire beauté de ses panoramas et la profondeur de ses ciels, il est bien plus qu’un simple paysagiste. En fait, il est l’auteur d’une peinture pleine de poésie, dans laquelle la lumière joue un rôle élémentaire. Plus encore, c’est le thème central de son travail. De nuit comme de jour, Rouméguère a toujours cherché à capter les nuances subtiles de la lumière dans ses œuvres sans se soucier des conventions sociales. Il ne voulait pas reproduire fidèlement la nature, mais plutôt en créer une traduction fidèle et lumineuse, capable de transmettre les émotions qu’elle suscite chez le spectateur. Il a créé un sentiment d’immersion et de vertige par la façon brillante dont il a dépeint l’infinie variété des tons atmosphériques, la texture des nuages ou la dramaturgie des ciels orageux. L’exposition Atmoshpère(s) à Auch, ville natale de Jean-Louis Rouméguère, vise à honorer ce talent.
Jusqu’au 31 décembre, au musée des Amériques à Auch (32). Tél. 05 62 05 74 79. ameriques-auch.fr
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ATMOSPHÈRE(S) AU MUSÉE DES AMÉRIQUES À AUCH
Musées
Œuvre de Jean-Louis Rouméguère
DÉVOILER NEMAUSUS
Architecte et archéologue, Jean-Claude Golvin est le premier spécialiste du monde de la restitution par l’image des grands sites de l’Antiquité. Grâce à l’aquarelle, il recrée les paysages antiques. Des œuvres à part entière, plébiscitées pour leur exactitude et reprises pour illustrer de nombreux ouvrages historiques ou encore utilisés par les industries de l’audiovisuel et du jeu vidéo. La Ville de Nîmes entretient avec l’artiste une longue histoire.
Ainsi, à l’occasion de la restauration des arènes, elle lui a demandé de créer treize nouvelles aquarelles représentant le chantier en construction de l’amphithéâtre.
Ces nouvelles œuvres seront présentées à côté de nombreuses restitutions des monuments de Nemausus et d’amphithéâtres du monde romain, complétés par certains de ses travaux pour le jeu vidéo.
Une invitation à découvrir le parcours et l’œuvre singulière de ce chercheur qui restitue ses travaux par l’image.
Du 8 décembre au 5 mars, au musée de la Romanité à Nîmes (30). museedelaromanite.fr
QUELS CARACTÈRES !
Monet, Maxime Maufra, Albert Marquet, Alfred Sisley, Pierre-Auguste Renoir, arpentent et traitent le paysage avec une puissante volonté d’indépendance. Faisant rupture avec les références historiques et littéraires héritées de l’enseignement académique, ces artistes peignent sur le motif une nature exaltée, tantôt fidèle à la réalité, tantôt enrichie par l’écoute des sentiments et émotions. Une liberté qui rend audacieux ces impressionnistes. L’exposition illustre l’évolution du paysage depuis la fin du XVIIIe siècle au début XIXe siècle alors que l’académisme est encore très présent dans les mentalités, jusqu’à la modernité d’une Denise Esteban, en passant par l’impressionnisme où les peintres se libèrent d’un carcan. Pour cette exposition, le musée de Lodève s’est associé au musée des Beaux-Arts de Reims qui possède l’une des collections les plus importantes en France de peintures du paysage du XIXe siècle. Remarquables, les scènes pastorales de Camille Corot, les marines d’Eugène Boudin et les somptueux paysages de Renoir ou Sisley. Le musée de Lodève rend à cet hiver des couleurs et du mouvement, celui fondé par Claude Monet. Sur ses cimaises les œuvres d’artistes talentueux qui sont sortis de leur atelier pour prendre la nature comme unique modèle.
Jusqu’au 19 mars, au musée de Lodève (34).
Tél. 04 67 88 86 10. museedelodeve.fr
LA BÊTE, EXPO. GÉRARD LATTIER A MAISON ROUGE A ST-JEAN-DU-GARD
Souvent sous-estimée, la typographie est pourtant une forme artistique riche. Qu’elle soit ronde ou longue, épaisse ou étroite, elle peut prendre d’innombrables formes et jouer un rôle indéniable dans notre vie quotidienne. Dans son développement et sa représentation esthétique, elle constitue la base de l’histoire du livre et du texte imprimé. Beaucoup de choses ont changé depuis le XVe siècle, de l’invention de la presse à imprimer à caractères mobiles par Johannes Gutenberg aux procédés numériques d’aujourd’hui. Mais, la tâche des lettres est restée la même – il s’agit de lisibilité, d’efficacité et de beauté. Avec l’exposition Quels caractères ! le musée Médard se penche sur toutes les variations de la typographie. On peut découvrir les étapes les plus importantes de son histoire. Outre des illustrations, des exemples de calligraphie, le rôle de l’imprimeur ou des grands créateurs de caractères, de nombreux outils de production sont également exposés. Des expériences contemporaines de conception de caractères typographiques sont présentées. Enfin, et il est illustré comment la lettre est même devenue une ressource artistique pour des artistes plastiques comme Edith Schmid et Jean-Noël László. Jusqu’au 25 mars, au musée Médard de Lunel (34). Tél. 04 67 87 83 95. museemedard.fr
Effrayante histoire de la bête du Gévaudan qui représente un sujet idéal, traité et conté par Gérard Lattier, peintre haut en couleur, fin observateur des hommes et des bêtes. Avec l’humour qui signe la personnalité son auteur, ce peintre de la légende et du conte, artiste libre, frétillant de vie, a trouvé dans la Bête, de quoi exciter son imaginaire. Très inspiré par les nombreuses rumeurs, qui entre 1764 et 1767, ont traversé le Gévaudan, terre de Lozère et d’Ardèche - une monstrueuse bête, apparentée au loup, s’attaquait cruellement aux humains - Lattier a traité l’événement dans une série de 42 tableaux réalisés entre 1969 et 1993. À l’origine, une commande de l’écomusée de la Margeride. L’œuvre ne sera pas exposée alors, mais Lattier en formera une de ses pièces majeures. C’est la commune de St-Etienne-de-Lugdarès, où la petite Jeanne Boulet, 14 ans, fut la première victime recensée, qui en fit l’acquisition en 2020. Les tableaux suivent le fil de l’histoire. Deux objets, sorte de témoins de l’actualité de l’affaire sont là, un fusil et un piège à loup. Lattier a fléché chronologiquement l’histoire. Les hypothèses sur l’origine de la bête n’ont pas manqué, et, ici, les visiteurs sont invités à choisir.
Jusqu’au 31 décembre, à Maison Rouge, musée des vallées cévenoles à Saint-Jean-du-Gard (30).
Tél. 04 66 85 10 48. maisonrouge-musee.fr
– page soixante-quatorze –Musées
AU MUSÉE DE LA ROMANITÉ À NÎMES EN ROUTE
L’IMPRESSIONNISME AU MUSÉE DE LODÈVE
VERS
MUSÉE
AU
MÉDARD À LUNEL
« Les rochers de Belle-Ile » de Claude Monet
La première attaque
Œuvre de Jean-Claude Golvin
K.-J. HAAS ET P. VERBENA AU MUSÉE D’ART BRUT À MONTPELLIER
Kurt-Joseph Haas, un univers luxuriant de motifs décoratifs, de symboles primitifs, de monstres composites, profils stylisés, oiseaux, étoiles, cactus, palmiers, tracé d’un grand visage totémique, servant de pivot central à la composition. De l’art du masque traditionnel, regards fixes et bouches grandes ouvertes, effet fascinant renforcé par un coloriage psychédélique. Sur toile ou papier, techniques multiples : crayons de couleur, craie grasse, stylo à bille, aquarelle, gouache, peinture à l’huile et acrylique. Palette aux couleurs franches : noir, blanc, bleu, rouge, vert et jaune.
Pascal Verbena, rapporte des calanques de Marseille et des Saintes Maries, des bois flottants, entassés dans son atelier, un ancien entrepôt où il sculpte et assemble, redonne vie par le travail de la mémoire aux matériaux abandonnés.
Assemblages en patchwork de bois flottés, les premiers objets sont sculptés avec des outils confectionnés de sa main. Naissent des œuvres à mécanisme : portes qui s’ouvrent, coulissent, tiroirs, volets, caches et cavités diverses, boules chutant dans des conduits. Sortent d’étranges créatures, monstres antédiluviens, petites poupées de bois. Exposés à Paris, les habitacles en 1977, puis les pondeuses et les Retables. Le triptyque monumental Holocauste, se trouve à New York.
Kurt-Joseph Haas, jusqu’au 31 décembre. Pascal Verbena du 4 janvier au 30 avril. Au Musée d’Art brut de Montpellier.
Tél. 04 67 79 62 22. musee-artbrut.montpellier.com
IRRÉSISTIBLES CROQUIS AU MUSÉE FAYET À BÉZIERS
L’exposition Irrésistibles croquis : œuvres choisies de Jean Moulin proposera, pour la première fois depuis plus de dix ans, de découvrir une partie du fonds Jean Moulin de Béziers. Irrésistible, comme cette envie de dessiner qui prend Jean Moulin, dès le plus jeune âge, et qui ne le quittera plus, même dans les heures les plus sombres de sa vie, qui le pousse à couvrir de son coup de crayon le moindre petit bout de papier. Irrésistible comme le rire que suscitent en nous ces croquis d’hommes et de femmes, pris sur le vif, dans ce qu’ils ont de plus humain, parfois drôle, parfois cocasse. Irrésistible comme le désir que l’on aura de venir découvrir ou redécouvrir au musée Fayet l’œuvre d’un homme, artiste, avant tout. Du 22 mars au 31 août, au musée Fayet à Béziers (34). Tél. 04 67 36 82 92. ville-beziers.fr
Georges Daniel de Monfreid, père du célèbre écrivain Henry de Monfreid, était peintre, mais aussi collectionneur et grand ami de Gauguin dont il fit la connaissance grâce à Emile Schuffenecker. Cette exposition croisée qui est prolongée au vu de son immense succès, retrace le parcours et l’amitié qui a uni ces deux artistes tout au long de leur vie. Les 138 œuvres emblématiques, partagées entre tableaux, sculptures, objets, carnets, signent ce lien artistique tissant les carrières respectives de George Daniel de Monfreid et de Paul Gauguin. George Daniel de Monfreid, fervent amoureux des Pyrénées-Orientales illustrées dans ses paysages lumineux, partageait son existence entre Corneilla-de-Conflent et Paris, ces deux adresses lui permettant de lier des relations artistiques, également influentes pour sa carrière. L’amitié qu’il noue, de manière indéfectible avec Paul Gauguin, lui vaudra d’être le dépositaire des œuvres du peintre durant les séjours de ce dernier en Polynésie. Après la mort de Paul Gauguin, Monfreid restera l’administrateur de la succession de Gauguin.
Jusqu’au 31 décembre, au musée Hyacinthe Rigaud à Perpignan (66). Tél. 04 68 66 19 83. musee-rigaud.fr
MONFREID SOUS LE SOLEIL DE GAUGUIN AU MUSÉE H. RIGAUD À PERPIGNAN DE NAPOLÉON À TOUTANKHAMON… AU MUSÉE JEAN-JAURÈS À CASTRES
Dans le cadre du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion et le centenaire de la découverte du tombeau de Toutankhamon, le Centre national et musée Jean-Jaurès, offre un retour passionnant sur les grands moments qui ont inscrit à jamais les lettres de l’égyptologie. « Pensez que du haut de ses monuments, quarante siècles nous observent », déclarait Bonaparte au pied des pyramides. Jean-François Champollion s’exclamait, après avoir percé le mystère des hiéroglyphes, indéchiffrables pendant des siècles : « Je tiens l’affaire ! » Il s’agissait bien de « merveilles » découvertes par Howard Carter à la lumière d’une lampe introduite dans la tombe de Toutankhamon. Oui, l’Égypte suscite par son histoire millénaire, entourée de mystères à décrypter encore, une admiration mondiale sans bornes, pour l’élégance de sa culture, de son art, de ses richesses dont bon nombre restent encore enfouies dans la terre des pharaons. De l’intérêt de cette exposition, qui met en exergue les découvertes passées ainsi que l’actualité des expéditions et des missions, dont celle permanente au Caire. Autant de recherches abouties qui ont permis de constituer d’importantes collections abritées au Louvre.
Jusqu’au 30 avril, au Centre national et musée Jean Jaurès à Castres (81). Tél. 05 63 62 41 83. ville-castres.fr
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Pascal Verbena
Musées
MÉMORIAL DE RIVESALTES
ENTRETIEN AVEC GAËTAN NOCQ, AUTEUR DE BANDE DESSINÉE
Le Rapport W est un équilibre entre l'artistique et le scientifique
L’exposition au Mémorial présente d’abord de nombreuses planches du Rapport W, pouvezvous nous parler de l’univers de ce roman graphique ?
Il y a eu un très beau travail, sur la scénographie de l’exposition. La présentation du roman graphique se fait en trois parties : l’univers concentrationnaire, le travail d’espionnage, et la vie des prisonniers dans le camp. À côté, je trouvais important de montrer mes carnets de recherche et de scénarisation. Cela permet aux visiteurs de comprendre ma démarche qui s’appuie sur un travail d’analyse, d’immersion sensible et historique. Le Rapport W est un équilibre entre l’artistique et le scientifique. Le premier apporte une dimension expressive, peut-être plus accessible, à un propos difficile. Ensuite, pour ce roman graphique, j’ai choisi de créer un univers irréel. Pour cela, j’ai utilisé une palette de couleur réduite qui tourne autour
des bleus et des rouges, et qui crée une bulle onirique, ou cauchemardesque. La couleur était un enjeu majeur dans ce travail, car elle enveloppe le récit et lui donne une aura.
Connaissiez-vous le Mémorial ?
Non, je ne connaissais pas le camp Rivesaltes. Mais, j’avais déjà visité celui de Compiègne, je n’étais donc pas étranger à ce type de lieu. Je suis arrivé au Mémorial dans le cadre d’un autre projet, le documentaire Nos ombres d’Algérie de Vincent Marie. J’ai rencontré l’équipe qui m’a ensuite proposé cette idée de résidence. Quelles œuvres avez-vous imaginées lors de cette expérience ?
La résidence s’est déroulée en deux temps. Pour le premier, mon enjeu était de travailler sur le camp tel qu’il est aujourd’hui. Je me suis d’abord concentré sur les détails : le sol, les débris, tout ce qui fait penser à des stigmates. Et puis j’ai levé
Cet hiver, le Mémorial du camp de Rivesaltes met en avant les planches du roman graphique Le Rapport W de Gaëtan Nocq. L’auteur a également été accueilli en résidence par le lieu et donne, à travers ses dessins, sa vision du camp. Rencontre.
les yeux et là, j’ai travaillé sur les fenêtres à l’intérieur des bâtiments et l’ouverture qu’elles offrent sur la nature. Il faut imaginer que dans les années 1940 ce n’était que des cailloux. Aujourd’hui la nature offre un bel exemple de résilience, elle reprend le dessus. J’ai donc joué sur cette opposition entre l’enfermement et les ouvertures. Pour le second temps, j’ai continué à faire quelques croquis, mais je me suis surtout concentré sur les recherches historiques. J’ai découvert les photos de Paul Senn et je m’en suis inspiré pour créer une série de silhouettes emmitouflées en noir et blanc. J’ai également travaillé sur la liste des 2289 Juifs déportés. Cela a donné cette liste de prénoms que l’on voit dans l’exposition. Chacune de ces lignes représente une vie.
Joseph Puig
d’art contemporain
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des monnaies et médailles
Musée
Muséum
Casa Pairal
d’histoire naturelle Musée
Centre
Exposition Gaëtan Nocq, récit des camps jusqu’au 29 janvier, au Mémorial du camp de Rivesaltes à Salses-le-Château (66). Tél. 04 68 08 39 70. memorialcamprivesaltes.eu
ARTSPLASTIQUES
BARBARA NAVI À ACMCM À PERPIGNAN
Le lieu d’art dit Acentmètresducentredumonde, s’honore de sa proximité avec la gare dalinienne de Perpignan et d’avoir toujours défendu becs et ongles la peinture sous toutes ses formes, sans avoir attendu qu’elle revienne en état de grâce. Toutefois, on sent de la part de l’équipe d’ACMCM une prédilection marquée pour la peinture figurative, car celle-ci n’a cessé de se renouveler au fur et à mesure que sont explorées de nouvelles technologies, les potentialités de collage contemporain, des manières inattendues d’aborder l’art, et la notion de beauté à laquelle on l’a le plus souvent associé.
C’est ainsi qu’est présenté en ce moment l’œuvre d’une artiste française, une fois n’est pas coutume, qui mérite de voir sa production davantage reconnue, Barbara Navi. Et qui s’interroge cette notion de « Beauty », par référence au Moody Blues et à leur nuit de satin interposée. Il suffit de voir quelques-uns de ses tableaux pour comprendre que l’on est loin d’un certain hyperréalisme, lequel a pu naguère la tenter, mais que les phénomènes de saturation, de surexposition lumineuse ou de pixellisation sont pris en compte et viennent enrichir ce que d’aucuns nommaient jadis le Stupéfiant-image. Je parle du surréalisme à qui Barbara Navi continue d’emprunter la fameuse Inquiétante étrangeté, ou si l’on préfère l’Étrange familier.
Pour cette exposition, l’artiste a invité d’autres peintres (l’architecture gigantesque de cet ancien entrepôt le permet), parmi lesquels on reconnaîtra le Montpelliérain Abel Pradalié qui, lui aussi, aime à pratiquer le paysage en se souvenant des maîtres du passé.
Et aussi : Karine Hoffman et ses univers de l’absence, crépusculaire ou nocturne ; Damien Cadio et ses bouquets métaphysiques, ou Filip Mirazovic, travaillé par sa relecture subjective, yougoslave, de l’histoire de l’art, lesquels ont sans doute des points communs, aisément repérables, avec leur hôte temporaire.
Mais Corine Borgnet la retrouve dans l’association d’objets, Nicolas Darrot par le biais de sculptures étranges, Eric Manigaud par le dessin historique d’après photo, Léa Le Bricomte dans ses différentes (re)présentations de la guerre, Mathieu Dufois enfin grâce à ses dessins expressifs, à la mine noire.
Au visiteur de se raconter d’autres histoires, sur les interférences, au-delà des techniques et des parcours individuels. Nous y reviendrons plus en détail.
Texte complet à retrouver sur lartvues.com
Jusqu’au 21 janvier, au centre d’art ACMCM à Perpignan (66). Tél. 04 68 34 14 35. acentmetresducentredumonde.com
MARGAUX FONTAINE AU CHÂTEAU D’ASSAS AU VIGAN
Le temps n’est plus d’un art qui se revendiquerait comme tautologique. Les artistes de nos jours se sentent concernés. Par la nécessité d’une écologie raisonnée, par les injustices qui parsèment l’histoire, par la question du genre. Parmi les sujets de préoccupation majeurs : celle touchant à la féminité, à ses droits, ses prérogatives, ses antécédents.
Chez Margaux Fontaine, elle se pose avec une insistance d’autant plus accrue que l’on a l’impression que sa recherche la pousse de plus en plus vers les différentes traces de la créativité féminine, dont l’expression la plus troublante s’articule autour de la sorcellerie et de ses origines, notamment médicales, herboristes et médicinales.
Les pouvoirs et puissances des femmes, en d’autres termes, avec des allusions très nettes aux rites ancestraux liés à la fécondité, l’un des principaux atouts de la vie féminine.
Dans l’œuvre éco-féministe et quelque peu ensorcelante de Margaux Fontaine, le vivant est sollicité, qu’il s’agisse de la cire de colza ou des teintures végétales, particulièrement de celles que l’on nomme mauvaises herbes, aux vertus insoupçonnées. Elle recourt au drap récupéré et laissé libre de sa propre pesanteur sur lesquels émergent des signes et dessins figuratifs, lointaines ombres de ses travaux antérieurs marqués par les images de la culture que l’on dit populaire, animées ou pas, et naturellement par la bande dessinée. Le textile, encore une activité féminine, sert à composer la forme d’un papillon géant, première peinture vivante et symbole d’une activité métamorphique, alchimie naturelle au fond qui ne demande qu’à livrer ses secrets. Elle recourt à la soupe de clous dans une intention de recyclage des produits constituants de la peinture qui viennent teinter le support de manière suggestive. Le clou se fait peinture comme le plomb se transforme en or.
Elle utilise aussi une technique originaire de Japon, le « tataki zomi », consistant à écraser les matières végétales sur la surface, avec plus ou moins de réalisme, manière directe de métamorphoser la nature en art.
Au Château d’Assas, ladite nature environnante est bien sûr sollicitée.
On y verra des panneaux emprisonnant des végétaux et autres éléments empruntés à l’environnement (on y repère un escargot !). Il s’agit pour l’artiste de creuser la frontière entre l’humain et le végétal, mais d’un pont de vue féminin, comme si chaque œuvre était l’aboutissement d’un cérémonial dont le fondement se perd dans la nuit des temps.
C’est la raison pour laquelle la surface figurative mêle des références ésotériques à des motifs plus aisément repérables, mais qui conservent leur part de mystère : un fantôme de portrait de jeune femme, pensive, jouxte un chaudron dans une ambiance florale, portées par les tissus imprimés.
Des scènes se mettent en place impliquant des créatures ailées, sphinges ou anges, voire agneaux, mais aussi des nymphes mythologiques. Des symboles émergent, recourant au tissage : balance justicière, bougie se consumant. Des narrations se mettent ainsi en scène, où la femme tient toute sa place, mais à la façon d’une empreinte laissée par un corps, comme dans les miracles supposés du suaire.
L’histoire, la culture, dans ses aspects féminins, reviennent se conjuguer aux possibilités de la nature et du vivant. La série des eaux de lune où se mêlent de nombreux ingrédients se termine par un ruban, à l’instar d’un cadeau fait par la nature à l’humanité, mot féminin, on le précise.
Cette démarche ne manque en rien de cohérence. Elle vaut donc le détour. Jusqu’au 27 janvier, au Château d’Assas au Vigan (30).
Tél. 04 99 64 26 62.
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par BTN
AOULIOULÉ ET UN MUSÉE À SOI AU MRAC À SÉRIGNAN
Le Mrac a bien grandi depuis ses premiers pas sous l’ère Gélis, au point de devenir l’un des musées les plus importants de la région. Il partage en général son espace en trois parties : l’expo temporaire, les collections assez fournies, et des interventions graphiques ou vidéo. C’est le cas cet hiver. La temporaire s’intitule Aoulioulé, empruntée à une comptine milanaise. La collection a l’originalité de solliciter des « commissaires » quelque peu décalés, sous la direction de Mathilde Monnier, épaulée par Dominique Figarella. La vidéo est représentée par les films de Noëlle Pujol (des émouvantes Lettres à son frère Didier, à son étude des puces de St-Ouen).
Aoulioulé rassemble un certain nombre d’œuvres qui ont la particularité d’interroger plastiquement ou picturalement le langage. Les deux commissaires, Sylvie Fanchon et Camila Oliveira Fairclough sont avant tout des artistes, travaillées par cette problématique. La première décline depuis bon nombre d’années des tableaux dévolus à certains messages simples qui prennent une portée générale dès lors qu’on les soumet au public, et parfois multiplie les traces répétées de leur effacement par la peinture même. En l’occurrence, elle fait parler l’écureuil de Tex Avery. La seconde recourt au mot qu’elle sort du contexte pour le rendre plastique, autant visible que lisible, sur support inattendu. Parmi les 27 noms répertoriés, on croisera une figure majeure de l’art conceptuel, Joseph Kosuth, qui philosophe à partir d’une toile de Magritte, dont une jeune artiste, Muriel Glaize, reproduit la célèbre chaise devenue populaire. Si le choix s’est porté essentiellement sur des tableaux, d’autres supports ont été conviés : l’intimiste photographie de Martine Aballea, les vêtements de soie confectionnés par Karina Bisch, le coussin au sol de la Nîmoise Muriel Leray – qui dit Merci beaucoup – les céramiques murales d’Eléonore False, l’échelle de l’ascension sociale selon Elsa Werth… Nicolas Chardon livre sa conception à la fois ludique et participative du mot « Abstract » en huit toiles graphiques. Les commissaires ont pris soin de varier les supports, les formats, les calligraphies, la mise en forme et en espace. Si l’humour est omniprésent (le Toutou Rien, à l’encre de Chine, de Pierre di Sciullo ; l’interrogation sur la couleur énoncée en noir et blanc, de Christian
Robert-Tissot), l’art peut aussi se montrer provocateur et violent dans les peintures sur plexiglas, proches du tag, chez AnneLise Coste. Enfin, toutes les générations sont représentées puisque l’on note la présence de Gene Beery (quatre petits tableaux très dépouillés), du poète Rémy Zaugg, ou de Walter Swennen et sa prison dépliée.
Un musée à soi fait appel à six « curateurs » non professionnels, mais familiers du musée, invités à puiser dans le riche et récent fonds du lieu. Il s’agit de donner une cohérence à l’ensemble et à établir des liens entre les œuvres, qui légitiment les choix. Celui des apprentis commissaires s’est parfois porté sur la même œuvre (un tableau de Chéri Samba, une rêveuse affiche de Laurent Pernot, Raphael Zarka et ses clés de châssis). Beaucoup de peinture figurative, on pouvait s’y attendre, mais elle revient de toute façon en force. On pense à Tursic Ida & Mille Wilfried et leur portrait flouté, à Pencréac’h et sa relecture iconoclaste de l’histoire de l’art, à l’univers urbain de Nadia Benbouta. Du dessin avec les éternels jeunes de Julien Garnier. De la couleur également dans les papiers peints de Stéphane Magnin ou dans la peinture quasi abstraite de Farah Atassi. De la photo, avec les portraits de Per Barclay ou les sérigraphies de moto, par Olivier Mosset. Des œuvres à même de toucher directement des amateurs d’art censés être avant tout des profanes. Mais aussi des œuvres plus difficiles : l’Atelier sur acier de Neïl Beloufa, l’œuvre au noir, résino-typie de la forêt, de Gérard Traquandi, ou l’hommage à Max Ernst de Maxime Rossi. Des volumes à même de parler directement au cœur, à l’intelligence ou aux sens tel le Banc de Fortune de Io Burgard, ou encore celui en métal laqué d’Ann Véronica Janssens. Le nuage en marbre de Carrare, de Clairet et Jugnet. L’animation flash à base de phrases d’Armelle Caron, qui fait toujours son petit effet. Le géant désossé de Francesco Tropa. Son film sur le Purgatoire, et celui en couleur de Cindy Coutant à propos de la télé que l’on désire. Plus le film du déroulement des séances de travail par Badel et Fleury. Plus que les œuvres, c’est la démarche curatoriale qui retient au fond l’attention. Jusqu’au 19 mars, au Musée régional d’art contemporain à Sérignan (34). Tél. 04 67 17 88 95. mrac.laregion.fr
APRÈS L’ÉCOLE, BIENNALE ARTPRESS DES JEUNES ARTISTES
Le magazine artpress est une institution, en France et au-delà, qui aura accompagné l’évolution de la production artistique, littéraire et intellectuelle depuis cinq décennies révolues. Elle avait donc toute l’autorité à opérer des choix parmi les différents promus des écoles d’art, venus du pays entier et de la région en particulier. Cette biennale se veut la plus éclectique possible puisque toutes les disciplines sont représentées (de la peinture à la vidéo, en passant par la sculpture, les arts numériques, le fusain, la céramique décidément bien en forme, le verre, qui ne s’est jamais aussi bien porté, l’installation, etc.). Elle est, mine de rien, ouverte à l’international (des étudiants originaires du Maroc, de Chine, d’Arménie, d’Argentine, de Côte d’Ivoire, du Vietnam ou de Corée ont été retenus, prouvant la capacité d’attraction des écoles d’art françaises) et respecte une évidente parité. Elle se veut également réfléchie puisque sollicitant des critiques d’art, apte à distinguer le bon grain de l’ivraie, les jeunes artistes ayant parfois du mal à s’émanciper de leurs maîtres et à faire cavalier seul, à savoir œuvre origi-
nale. La biennale fait aussi intervenir d’anciens étudiants, censés avoir acquis des connaissances indéniables leur permettant de maîtriser, ou de renouveler, les codes de leurs disciplines. Trois lieux ont été sollicités : outre la Panacée, le prestigieux musée Fabre et l’espace Dominique Bagouet ; tandis que parallèlement l’ENSBA (artistes grecs) et le Frac proposent des prestations estudiantines, Post_production, pour le dernier. Trente-deux artistes cela fait sans doute beaucoup, mais c’est ce que le public attend d’une biennale : qu’elle soit dynamique, modifie nos habitudes, se détermine à l’image d’une ville (n’oublions pas que Montpellier aspire au titre de Capitale de la culture). L’idée, c’est d’associer la jeunesse des artistes à la pérennité du patrimoine montpelliérain, et donc de les y intégrer, en attendant un avenir qui, quoi qu’il en soit, tranchera. Censés refléter les « ambivalences du présent » et les états d’attente qu’elles suscitent, la plupart des artistes entendent bien stigmatiser l’esprit de leur temps, par la critique ou la défiance, l’inquiétude ou la fascination, pour ce qui
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À LA PANACÉE, AU MUSÉE FABRE, À L’ESPACE BAGOUET À MONTPELLIER Arts plastiques par BTN
Guillaume Dronne
concerne, par exemple, la cause écologique, les possibilités offertes par l’hybridation, ou les dimensions ouvertes par le numérique. Certains font de leur œuvre un feu d’artifice, d’autres lui prêtent le caractère d’un tableau Velleda. L’un se plonge dans des grottes sous-marines à la recherche d’une vérité foncière, un autre se contente d’observer et de peindre des ustensiles du quotidien (C’est le Montpelliérain !). À l’intérêt pour le monde agricole en déclin, voire à l’exode rural (chinois), s’ajoute un regain de bienveillance pour l’artisanat et l’univers médiéval. À un baiser de cinéma, s’opposent des exhibitions de sextoys et d’objets suscitant le désir, ou des fragments de corps moulés et malmenés. À la technologie la plus avancée en matière d’images (œuvre virtuelle, machine fitness pour vidéo immersive, animations à partir de collages), des installations de ciment, ou usant de la corde, du feutre, ou de laine brute sous-verre et autres matériaux dits pauvres. Des tableaux, pris dans la matière posée au sol. Des spots stroboscopiques, illuminant un abribus, ne semblent pas gênés par la proximité des cavaliers de l’apocalypse conçus d’un point de vue africain, post-colonialiste, d’un Léviathan ; d’un champ de pylônes sur tapis de paille ; d’un vivarium avec boîte à œufs ; ou de raquettes peintes aux couleurs du ciel… Bien sûr, si la Panacée rassemble le gros des troupes, le musée Fabre avec ses salles temporaires vouées à des séries monographiques intègre les nouvelles expériences picturales (On y peint la peinture ! Des aquarelles déli-
rantes ! Des tableaux effaçables !), photographiques (abstraites et picturales) et graphiques (a minima). L’atrium est totalement remodelé par des tissus suspendus, une scène précaire ou un chantier minier dans un esprit franchement revendicatif et en éveil. Un porte-nez de géants. Des billots de parade en liberté. Des dessins de machines. Mais, un parcours parmi les collections réserve bien des surprises, qu’il s’agisse du traitement du corps académique ou du pointilleux problème de la colonisation. L’espace Bagouet se présente plutôt tel un atelier ou un laboratoire, plus transitoire, « in progress », mettant en abyme la situation temporaire de la biennale elle-même. On y trouve pêle-mêle des prunes en cuivre au sol, un système hydraulique à base de bidons, un être de paille assis, deux colonnes d’éclairage, des vêtements suspendus, de la paille au sol, un faux matelas et des tableaux fantomatiques ou encore une peinture de plomb. De quoi amorcer des récits ou des motifs de réflexion en tous genres… Que deviennent les artistes lâchés dans le monde du travail et de la culture Après l’école ? Et comment leur relation au monde où ils vivent et où nous vivons s’inscrit-elle dans leur œuvre, de sorte qu’y transparaisse l’air de notre temps… Voilà les questions qui se posent...
Jusqu’au 8 janvier, à la Panacée, au musée Fabre et à l’espace D. Bagouet à Montpellier.
Tél. 04 99 58 28 00. moco.art
Cette citation a été avancée par l’artiste nantaise Anouk Chardot, curatrice de l’exposition avec Bertrand Riou. Elle invite à la fois les profanes à pénétrer l’espace du CACN, les sceptiques à redécouvrir les nouvelles expériences picturales apparues ces dernières années, et les amateurs d’art en général à apprécier la mise à disposition des œuvres retenues, chacun son box, dans l’espace labyrinthique du Centre. Une grande toile digitale nous y accueille, résistant aux intempéries, manifestement adaptée au lieu. Lana Duval, avec sa Dame D’eau nous incite ainsi à prendre un bain de peinture, sous toutes ses formes, modernes ou traditionnelles, venues d’ici ou d’ailleurs. Le doyen de l’exposition, Frédéric Clavère intervient ensuite, avec ses huiles sur bois découpé, usant d’une figuration qui emprunte à des BD désuètes, au cinéma des héros positifs, en hommage ironique aux images du passé. Un portrait hybride et multicéphale, toujours de bois découpé selon les nécessités de la figure choisie, est ensuite suspendu tandis qu’un autoportrait en forme de pendule aide à compter les heures qui auront raison de notre vanité. Juste à côté, deux sortes de paysages mentaux, acryliques sur toile, de Victoire Décavèle : trois toiles représentant des ilots montagneux semblant flotter sur un arrièreplan désertique, dépourvu de présence humaine ; des paysages plus indistincts, manifestement effacés par l’artiste selon un procédé d’apparition/disparition, ou, pour jouer sur les titres, en train de prendre la PFFUIT… La beauté ici se fait étrange, au sens où l’entendaient les surréalistes, et sans doute un peu inquiétante, peut-être même métaphysique. Nicolas Nicolini opte également pour un paysage improbable dans lequel il installe des sortes de constructions calligraphiques de morceaux de bois brut. Le contraste entre le gris et la couleur du fond est saisissant. Mais il s’exprime aussi par le biais du relief mural et de matériaux plastiques tel le plâtre ou la céramique, la cire ou la résine, pour réaliser des sortes d’avatar du tableau, des espèces de fenêtres où la matière se confond avec un supposé paysage. Avec Margaux Fontaine, on sort carrément de l’espace du tableau. Son installation est constituée de draps anciens, récupérés, cousus en parallélépipède totems, maculés de sécrétions végétales, rythmés de motifs végétaux ou de masques, dans un environnement de végétation naturelle, récupérée dans la proximité du lieu ou des lieux chers à l’artiste. La démarche est ouvertement écologique et féministe, faisant référence aux sorcières et guérisseuses, connaissant les secrets de la matière et pratiquant une autre médecine que celle que le patriarcat a imposée. La beauté ici se
fait carrément convulsive. Elle dérange et remue. On bascule alors dans la seconde partie de l’exposition. Cela démarre avec Pauline Rouet. On doit baisser les yeux, avec humilité, devant ses humbles propositions mi-sculpturales mi-picturales. En fait, on nous demande d’approcher les œuvres avec les yeux de l’enfant. Le tableau devient un jouet et l’humour refait surface. Les figures sont élémentaires, à l’instar du cours scolaire. On revient au b.a.ba de la représentation picturale. Le support est au moins aussi important que l’image et la redouble. Ensuite, c’est au tour d’Anouk Chardot qui décompose les deux disciplines conjuguées par la précédente : Amarres en fil de coton, simili cuir et anneaux de verre, suspendues à un rail métallique ; deux peintures contrastées en vis-à-vis sur le thème du sport mais aussi de l’évasion, de l’enfermement, de la possibilité d’imaginer un audelà (à la scène peinte, sans présence humaine). Anouk Chardot a remodelé le couloir qu’elle investit grâce à des rails de placo, ajoutant une dimension architecturale qui de toute façon semble irriguer son œuvre. Nous reste la pièce dévolue au grand, et petit, portrait de Gaétan Vaguelsy, l’homme sur bouée, le verre de jus d’orange à la main, à l’hyperréalisme criard. Si le personnage fait partie de l’univers familier de l’artiste, il semble en l’occurrence plutôt nanti, en tout cas le rival des modèles de l’histoire de l’art ayant eu accès à la postérité depuis l’invention des premiers portraits. Sauf que le modèle ne pose pas. Il semble saisi, s’abandonner à un moment de pause plutôt que de pose, et de ce fait échappe à la vanité humaine. Lana Duval achève le parcours ainsi qu’elle l’avait commencé avec ses séries de peintures digitales à base d’impressions textiles, disposées soit au sol, soit en suspension, soit entre mur et sol, soit carrément au mur sur moquette violette, à arpenter pieds nus. La beauté est multiple et peut prendre toutes les formes. Une vidéo est intégrée à son œuvre en suspension à base de voile de mariée. Parfois un concept lui suffit à désigner son rapport avec la technologie où elle puise ses images, qu’elle s’approprie et imprime. L’exposition nous balade donc de l’hyperréalisme à la peinture digitale, du bois découpé à la soupe de clou sur tissu d’enfant, de la peinture objet aux fenêtres de plâtre… Huit façons de voir les choses en peinture, dont on constate, souvent avec bonheur, même en plein hiver, le renouveau si longtemps différé. Et qui ne lésine pas sur la couleur comme en témoigne cette expo.
Jusqu’au 18 mars, au Centre d’art contemporain de Nîmes (30). Tél. 09 03 08 37 44. cacncentredart.com
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quatre-vingt-un
TU VERRAS, C’EST TRÈS BEAU AU CACN À NÎMES
Nicolas Nicolini
Et pour quelques EXPOS
Il convient tout d’abord de revenir sur les quelques expositions que nous avons déjà commentées, mais qui se prolongent et terminent au-delà du Nouvel An. Nous les dédierons à deux artistes sétois qui viennent de décéder prématurément, plus discrètement que leur aîné, Pierre Soulages.
> Le premier, Yves Helbert, exposait encore en cette fin d’automne à la Chapelle du Quartier Haut (A dessin 7) avant de faire partie de l’exposition collective que nous propose tous les ans la Galerie N°5 (une vingtaine de peintres, photographes et dessinateurs : du jazzman Raf Altrieth, à la spécialiste des mines de crayon Helga Stuber-Nicolas et de Laure Boin à Patricia Stheeman).
> Le second, Alain Campos, a eu les honneurs du musée Paul Valéry, cette année même, de février à mai, avec une série de toiles matérialisant ses visions, interrogations et inquiétudes d’artiste confiné, confronté à l’hégémonie des réseaux sociaux, de la télé, et y faisant face, en toute figuration, en revisitant l’histoire de l’art.
À SÈTE (34)
> Commençons par le Crac, de Sète, qui présente (jusqu’au 8 janvier), sur la mezzanine, l’étonnant Paul Loubet dont les explorations, aux titres impérieux (Railway map of Rome, Map World, Colosseums…), aux supports industriels (plaques d’aluminium, Tranfert toner) et aux références diverses (jeux vidéo, cartes célestes ou électroniques, planisphères, circuits intégrés, images de synthèse, science-fiction, cultures urbaines) déconcertent la plupart des visiteurs. À y attarder pourtant, et à y regarder de plus près, on découvrira une autre façon de concevoir la peinture, laquelle se situe bien au-delà de la dualité abstraction/figuration en laquelle on la confine. Loubet crée un univers bien particulier semblant relever de la vue aérienne stylisée, qui intègrerait les codes et figures de la technologie la plus avancée, notamment en matière d’image. On a affaire à une série de toiles, dont un polyptyque disposé dans l’espace, et à plusieurs tableaux muraux mêlant acrylique, encre offset, huile, glycéro et même craie grasse. L’univers de production des images numériques se mêle à une modélisation des astres qui se réfère à l’esprit de conquête tel qu’il s’est manifesté à travers l’Histoire et les jeux vidéos. D’où les nombreuses références à l’empire romain qui, à l’instar de nous autres civilisations, savons à présent que nous sommes mortelles, après une phase d’expansion qui n’empêchera jamais l’extermination. De nombreux objets muraux rythment cet esprit de conquête, dont un distributeur de ticket et un fanzine photocopié. Enfin, les cartes et cartographies de l’infime, comme de l’espace infini, sont omniprésentes et nous rappellent à l’humilité.
> La Pop Galerie de Pascal Saumade s’est penchée sur l’art populaire contemporain, avec pour titre Contact et surtout Sky is (not) the limit, qui nous laisse à supposer que l’imaginaire de certains créateurs autodidactes, ou de tendance brut-pop, est à même de bouleverser nos espaces mentaux, notre façon de voir et concevoir l’activité plastique. C’est le cas du montpelliérain Sylvain Corentin et ses tours imaginaires, toutes de blanc vêtues, érigées grâce à des matériaux glanés dans la nature et qui nous dépassent mais sont moins écrasantes que les gratte-ciels ur-
de PLUS…
La sélection de BTN
voyage, grâce au Roumain Ionel Talpazan et ses soucoupes volantes, à l’Américain Royal Robertson et ses délires paranoïaques dirigés contre la mère de ses onze enfants, au Péruvien Filder Augustin Pinal et ses visions hallucinogènes de voyages chamaniques, ou au cubain Damien Valdes Dila et ses villes improbables, survolées en hélicoptère. Ou le nocturne Indien Kashinath Chawan et ses divinités hindoues. Enfin JeanPierre Verdier, le clochard céleste, baroudeur inter-galactique. Toutes ces expériences relèvent du merveilleux. C’est un peu Noël avant l’heure. Jusqu’au 24 décembre donc.
bains, parce qu’elles nous ramènent à la mesure humaine. Dame MLA habite dans les vignes de Loupian, petit village héraultais. Elle aime portraiturer une créature dans un champ de couleurs, d’une façon qui lui est propre et qui ne s’embarrasse pas de consignes réductrices. Les peintures de Charles Bouisson se caractérisent par la rigueur quasi obsessionnelle du dispositif géométrique à base de taches, lignes et motifs qui composent des sortes d’icônes ou ex-votos. Dans le même esprit, Jill Galliéni couche des prières à Sainte-Rita, grâce à une écriture répétitive qui finit par animer la surface des modestes feuilles lui servant de support. Ensuite, on
> Et revoilà Ayda Su Nurogu, cette artiste d’origine turque que nous avons pu découvrir à StRavy, au Château Capion et à Odyssud à Blagnac. Cette fois, c’est le Réservoir de Sète qui présente ses panneaux textiles, ses ex-votos et ses tondos brodés qu’elle qualifie de vagabondages gri-gri. Rappelons que cette artiste sollicite souvent des collectifs de brodeuses ottomanes pour alimenter son œuvre au féminin. Qu’elle assemble ainsi des tissus en grands ensembles que l’on pourrait qualifier d’oniriques, puisqu’ils relient des espaces et le temps sur un même support. Que la couleur bleue empruntée à l’ancienne technique photographique du cyanotype leur assure une continuité et une unité de ton. Qu’elle peuple ses interventions d’animaux fabuleux, de créatures fantastiques et de végétation stylisée, de façon à créer un monde bien à elle, mais que chacun(e) a le droit de s’approprier. Que la figure féminine, divinisée, flamboyante, à la chevelure de source, semble incarner la fécondité qui est le propre de la femme. Ainsi, mine de rien, ce travail se veut « éveillé », ou concerné, et rappelle certains des apports décisifs de la femme dans l’histoire de la technique, de l’artisanat et bien sûr de l’art qu’Ayda Su Nurogu revendique. Au Réservoir, on verra des pièces toutes en rondeur, de petit format, de grands ensembles de tissus assemblés et de formats plus modestes faisant penser à des avatars de tableaux mais mis à plat le long des murs, qu’elle qualifie d’ex-voto. Le Réservoir est sans doute la galerie la plus englobante de la région puisque, outre les peintres sétois les plus connus, on peut y admirer en permanence des valeurs sûres comme Dominique Gauthier ou Jean Denant, et aussi les formes géométriques de Valérie Woillet, les cœurs colorés de Gérard Matharan, les paysages contrastés de Marion Sagon, les « remix » de Christian Dell’Ova et bien d’autres choses encore, la galerie se métamorphosant en permanence et renouvelant sans cesse ses accrochages. Et se multipliant (L’Arbre blanc, Paris…).
À LATTES (34)
> Le musée Henri Prades de Lattes, fidèle à ses principes, a invité jusqu’au 3 avril, une artiste contemporaine, Aïcha Snousi, dont on avait apprécié la Sépulture aux noyé-(e)s, monticule ordonné de bouteilles teintées, en hommage aux
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Paul Loubet
Ionel Talpazan
Ayda Su Nurogu
Aïcha Snousi
compter, d’une part, avec la composante féminine dans l’art, d’autre part, avec les pays peu représentés jusqu’à présent pour en redéfinir les contours ou contenus de son histoire. Les formats sont discrets, cette peinture invite à un voyage au cœur de l’intimité des visions de l’artiste. Des êtres, des animaux emblématiques, des signes et monogrammes y cohabitent dans une volonté de concilier les mondes ou règnes, souvent antagonistes. Les couleurs sont sourdes, feutrées, assez séduisantes. Elles nous plongent parfois dans un univers d’un autre temps, une sorte d’âge d’or, où peindre n’était pas un motif de honte, mais un combat honorable que Rosalind Nashashibi, adoptée par les Anglais, s’efforce de conduire, avec sa famille, ses amis et les gens qu’elle aime.
À AVIGNON (84)
migrant(e)s, il n’y a pas si longtemps, au MO.CO. Se revendiquant de la pensée queer, cette artiste d’origine tunisienne entend se glisser dans les collections antiques, elle dont le travail consiste à réinventer une antiquité imaginaire qui tiendrait compte d’orientations sexuelles non directives. Son travail sollicite des matériaux divers : os gravés, anneaux, perles, collage sur débris, mais surtout dessins et cahiers d’atelier illustrés à l’encre (de laine calcinée) noire. Ce sont ainsi de nouveaux récits, émanant d’une sensibilité contemporaine, qui se font jour et se mêlent aux précieux agencements et interprétations des spécialistes. Le titre retenu : Tout est chaos. Il s’agit, dans l’esprit de l’artiste, de la faille qu’elle entend creuser dans les références normatives de manière à faire entendre les chants de civilisations perdues, que l’on peut dès lors façonner ainsi qu’on les entend. L’introduction de ses nouveaux objets, de ses vestiges imaginaires, et de ses dessins, figuratifs, symboliques, assortis de textes ou calligraphie, participe d’une réflexion sur l’idéologie sexiste qui prévaut en la discipline archéologique. Cela produit un trouble chez le visiteur, dont les certitudes sont alors fissurées. Car nos histoires sont à revisiter, à relativiser, à la lumière de l’histoire des autres, et des tendances qui les sous-tendent. Pas seulement les dominantes, mais celles qui émergent…
À NÎMES (30)
> Carré d’Art présente (jusqu’au 26 mars) deux expositions assez contrastées : la première, spectaculaire, consacrée aux vidéastes Gerard et Kelly, lesquels ne cachent pas leur passion pour la chorégraphie, mais aussi pour des problématiques très actuelles : la dénonciation du racisme made in USA (performance filmée sous la coupole Pinault), les combats des minorités sexuelles, le colonialisme… Ou encore d’un certain type d’architecture froide, bien que réputée radieuse, qu’ils entendent bien ranimer. C’est le sens de ses positions prises par les danseurs au sein d’une maison de verre qu’ils s’efforcent d’humaniser, en couple ou en troupe, à l’intérieur comme à l’extérieur. Mais, l’expo n’est pas constituée que d’images en mouvement. Une salle est réservée à des dessins, à des propositions plastiques, scénographiées de manière judicieuse, incluant des installations en cuivre poli, ou un rideau de chemises de nuit bleues. Enfin, des bandes de vinyle de couleurs nous amènent à revoir les toits de la ville différemment tandis qu’un hommage est rendu à la Maison carrée toute proche. L’autre exposition est plus sagement constituée d’huiles sur toile ou papier. Rosalind Nashashibi est une artiste d’origine palestinienne, ce qui prouve une fois de plus qu’il faudra dorénavant
> Pendant ce temps, la Collection Lambert accueille Viva Villa et ses 71 artistes en résidence dans le monde, qu’il s’agisse de la Villa Médicis, de la Casa Velázquez ou de la Maison Kujoyama (Japon). Les disciplines cessent d’être clivées les unes par rapport aux autres, qu’il s’agisse de celles que l’on suppose traditionnelles dans le domaine des Beaux-Arts (arts plastiques avec la stradodrunkarster de Charlie Aubry, peinture à l’instar de la pin-up d’Eve Malherbe, sculpture par le biais des tuyaux en cuivre de Silvia Lerín, gravure, dessin, architecture, photo et les magnifiques Miss sans papier d’Evangelia Kranioti, vidéo, design, théorie des arts…) ; celles qui jouissent d’une aura souveraine, et qui ont tout à gagner de leur relation avec les précédentes
(littérature, cinéma, danse, théâtre, composition musicale, mise en scène, écriture de scénario tels les récits d’Elena, d’Aude Fourel…) et celles que l’on attendait moins et qui ne demandent pas mieux que d’apporter leur contribution à cette expo pluridisciplinaire et bien sûr collective (restauration, art culinaire, édition, métiers de l’art, création sonore, mode grâce aux modèles de chantiers japonais de Teddy Sanches, et même histoire). Derrière l’allusion aux trois villas, on ne peut s’empêcher de supposer que le titre de l’événement choisi comporte quelques connotations subversives. La plupart des artistes, en effet, se veulent conscients des grandes causes qui préoccupent notre époque et que les jeunes créateurs d’aujourd’hui ne sauraient occulter. Qu’elles soient en rapport avec l’écologie, la place de la femme dans la culture et dans la société, ou quelques autres dont la question cruciale des lois et devoirs de l’hospitalité. Le metteur en scène Guy Régis Jr va jusqu’à s’interroger sur la haine entre les humains. Parmi tous les artistes retenus par les deux commissaires, on aura reconnu les noms de Jacques Julien (sculpture, nuage en herbe, invité jadis au Crac de Sète), d’Apolonia Sokol (très revendicatrice, parfois controversée, aperçue à la Panacée et à re-découvrir prochainement au MO.CO.), de BenoÎt Maire (« Laicriture », d’objets, au Musée archéologique de Lattes) ou encore la peintre figurative espagnole de personnages hors champ, Mery Sales, vue à ACMCM). En témoignent la profession de foi de cette édition : Ce à quoi nous tenons, empruntée à une figure de l’écoféminisme, Emilie Hache.
À MILLAU (12)
> Un petit coup de pouce à la courageuse Vrac (Vitrine régionale d’art contemporain) de Millau qui entame sa quatorzième saison. L’installation de Brice Morel vaut le détour et le coup de réflexion. Celui-ci a acquis 300 kilos de laine brune des Cévennes, n’ayant pas trouvé preneur et en a empli la Vitrine de l’Hôtel de Tauriac, d’où émerge pourtant une vidéo relatant la tonte des brebis et ses aléas, voire péripéties. La démarche est intelligemment écologique et dénonce les absurdités du marché. Cette laine eût été pourtant bien utile en ces temps de restrictions hivernales…
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Rosalind Nashashibi
Apolonia Sokol
Evangelia Kranioti
Brice Morel
MÉTAMORPHOSE - LA PHOTOGRAPHIE EN FRANCE 1968-1989 AU PAVILLON POPULAIRE À MONTPELLIER
Que la photo soit devenue un art à part entière est à présent une évidence, qu’elle soit documentaire, esthétique ou plasticienne. Certains artistes majeurs de notre temps, pensons à Sophie Calle, présente dans cette sélection prestigieuse, y recourent pour étayer leur narration (ici deux tombes fraternelles), ou à Orlan qui témoigne de la transformation du corps féminin dans ses autoportraits mystiques (au sein généreux) ou même Michel Journiac qui n’a jamais reculé face au travestissement.
Le Pavillon populaire aura grandement contribué à assurer son rayonnement sur le plan local et régional en rendant hommage à des créateurs aussi originaux et prolifiques que Bernard Plossu (et son baiser en gros plan de la mère à l’enfant, flou et décontextualisé) ou Patrick Tosani (et son énigmatique talon disproportionné en couleur), et bien sûr Raymond Depardon (divulguant ses Notes de voyage) également présents dans cette exposition. Celle-ci dresse un bilan assez éclectique de la métamorphose (du documentaire en art et du journal aux cimaises) de cette activité. Elle a beaucoup évolué depuis les promenades urbaines de Cartier-Bresson ou de Brassaï, que l’on retrouve néanmoins dans le Val-de-Marne de Sabine Weiss, sans doute aussi dans les chômeurs de Gilles Favier, qui perpétuent ainsi la tradition d’un art humaniste, social, en plus dérangeant.
Soixante noms ont été retenus, en noir et blanc ou en couleur, parmi lesquels on reconnaîtra les écrivains Denis Roche (et ces appareils à retardement saisissant l’intimité du couple en voyage) ou Hervé Guibert (chroniqueur impitoyable de sa maladie : le sida).
On retrouve un peu tous les genres, actualisés : le portrait d’abord, lequel a ses farouches partisans, qu’il s’agisse des gros plans anonymes et sobres de Suzanne Lafont, originaire de la région, ou des kitch et clinquants Pierre et Gilles. Il se fait sophistiqué et glamour, voire davantage, chez Bettina Rheims. Étrange et nostalgique chez Sarah Moon. Quasi surréaliste chez Guy Bourdin.
La mode est un puissant consommateur d’images. Mais, le paysage n’est pas en reste. Jean-Marc Bustamante a longtemps posé son objectif sur les constructions en lisière des grandes cités, à l’encontre d’une végétation sacrifiée. Un Pierre de Fenoyl penche au contraire pour le reportage en milieu rural, dans la nature tarnaise. Inversement, Dominique Auerbacher a fondé sa production sur la place de l’humain dans la ville (Lyon). Bernard Faigenbaum se penche sur les statues romaines que personne ne regardait plus. Le Franco-Brésilien Sebastiao Salgado aura voué sa production à la cause de l’Amazonie et des peuples en voie de disparition.
La photo, plus que tout autre art, parle ainsi des préoccupations, conflits, phénomènes sociaux de notre temps (Mai 68, vu par Gilles Caron), ainsi que le prouve l’œuvre de Yan Morvan et ses blousons noirs. Entre les deux, une Florence Paradeis compose des scènes de la vie quotidienne, dans un cadre intimiste et domestique, avec personnages. François Hers préfère supposer la pièce vide et laisser imaginer l’identité de l’occupant consumériste. Bernard Faucon organise des banquets adolescents, ou revisite le clair-obscur dans une chambre aux amours absentes. L’objet aussi est un sujet crucial pour les photographes. Alain Fleischer fait des focus sur des couverts élevés au rang de sujets, telle sa cuiller en étain qui réfléchit un nu traditionnel.
Réinterprétant l’histoire de l’art, Florence Chevalier imagine des Corps à corps qui ne lésinent pas avec l’érotisme déchaîné. On reconnaît la relecture de Bellini effectuée par Jacqueline Salmon (cf. Musée Réattu). Par ailleurs, la photo, comme la peinture, se prête à la dramatisation, présente dans les propositions d’Alix Cléo Roubaud, laquelle ne dédaigne pas
la présence d’image dans l’image. Plus sagement, on retrouve de la mise en abyme grâce à l’Eponge, révélée, dans la salle de bains conceptuelle de Claude Batho tandis que John Batho décline des parasols plus faux que nature. Je suis loin d’avoir épuisé la liste des soixante invités (Georges Rousse et ses anamorphoses dans les ruines, Les femmes au travail de Janine Niepce, la Goutte d’or de Martine Barrat…), mais la richesse et variété de cette sélection ne peut que forcer l’intérêt et prouver que la France est loin d’être, ici comme ailleurs, à la ramasse. D’autant que l’expo est divisée en thèmes qui facilitent les déambulations des visiteurs entre les séries de Nouvelles écritures (Philippe Chancel…), de Corps en liberté (Yves Trémorin), de Présence des choses (Bernard Descamp), d’Espace dévolu à l’image (Jean-Luc Moulène… ), de Crise à vivre (Luc Choquer…), ou encore de Paysages contemporains (Alain Bublex).
Une exposition très pensée en tout cas, avec une intention didactique non déguisée, qui ne peut qu’éclairer le public. BTN Jusqu’au 15 janvier, au Pavillon populaire à Montpellier. Tél. 04 67 66 13 46. montpellier.fr
EXPOSPHOTOS – page quatre-vingt-cinq –
Bernard Plossu
Photographe française installée à Paris, Claudine Doury propose un travail photographique à l’intersection du reel et de la fiction. Dans ses clichés, elle aborde les notions de memoire et de transition notamment autour de l’adolescence et du voyage, thematiques centrales de son œuvre. En 2017 elle est laureate d’une commande nationale du ministère de la Culture et de la Communication sur la jeunesse en France, et recoit cette meme annee le Prix Marc Ladreit de Lacharriere - Academie des Beaux-Arts. En 2022, elle est aussi laureate de la commande du Ministere de la Culture destinee aux photojournalistes. Ses travaux sont regulierement exposes en France et a l’etranger et ses photographies figurent au sein de prestigieuses collections privees et publiques dont le Fonds National d’Art Contemporain a Meyrin (Suisse), le Musee de la Photographie a Braga, l’Imagerie a Lannion, et la collection Agnes B. Elle a publie 5 ouvrages monographiques dont « Amour » (ed. Chose Commune).
Claudine Doury est representee par la galerie In Camera a Paris et elle est membre de l’agence VU’.
Du 20 janvier au 9 avril, au Centre photographique documentaire à Sète (34). Tél. 04 67 18 27 54. imagesingulieres.com
LES VILLES INVISIBLES #3 À NÎMES
PRIX CARITAS PHOTO SOCIALE 2022
À LA GALERIE DU CHÂTEAU D’EAU
À TOULOUSE
Cette année encore, la Galerie du Château d’Eau de Toulouse accueille le lauréat du Prix Caritas Photo Sociale, ainsi que les deux finalistes. Pour cette troisième édition du prix, le lauréat est Cyril Zannettacci, dont les clichés seront exposés au côté des photographies de Karen Assayag et Pierre Jarlan, tous deux finalistes. C’est au cœur d’une unité de soins pour sans-abris que le photographe Cyril Zannettacci assiste en 2021, au déferlement de l’épidémie du Covid-19. Situé à Nanterre, aux portes de Paris, le Centre d’Hébergement et d’Assistance aux Personnes Sans-Abri (CHAPSA), lieu unique en France, accueille et accompagne des sans-abris dans un parcours de soin depuis la fin du XIXe siècle. N’ayant pas les mêmes ressources, ni la même réputation que la médecine classique, la médecine sociale souffre d’un manque considérable de moyens.
De son côté, Karen Assayag exposera Ce qu’il reste au fond de moi, un travail réalisé en association étroite avec des femmes en situation de grande précarité. Enfin, Pierre Jarlan présentera sa série Ici et demain, un travail transmédias sur les espaces de vie et les projets de jeunes migrants mineurs. Jusqu’au 31 décembre, à la Galerie du Château d’Eau à Toulouse. Tél. 05 34 24 52 35. chateaudeau.toulouse.fr
Dans le cadre du Mois de l’architecture Occitanie, NegPos présente la troisième édition des Villes invisibles, temps fort conviant une plateforme de photographes, cinéastes et architectes de premier plan. Jusqu’au 31 janvier, plusieurs expositions seront notamment à découvrir dans plusieurs lieux nîmois. À Nîmes, NegPos accueille l’une des figures majeures de la scène photographique française, Jacqueline Salmon. Elle présentera en exclusivité ses images des architectures de Le Corbusier. Cette exposition sera aussi l’occasion de découvrir l’église Saint-Dominique, bijou secret de l’architecture nîmoise, œuvre de l’architecte Joseph Massota, à travers l’objectif de son photographe attitré, Hervé Collignon. Présents aussi dans les locaux de l’école des maîtres (FDE ESPé), les photographes de Regards sur La Ville avec un travail collectif sur les anciennes Pépinières Pichon qui seront prochainement converties en parc urbain et les regards croisés de Chantal Auriol, Marcelle Boyer, Laurence Charrié, Patrice Loubon et les élèves du Tremplin FLS du Collège Romain Rolland accompagnés par leurs enseignants Guillaume Château et Emilie Portal. À la galerie NegPos Fotoloft, nous accueillerons Erick Soyer et Marie Meletopoulos, deux photographes émérites membres de l’association NegPos qui nous révèlent l’invisible de la ville à travers deux propositions particulièrement singulières… Jusqu’au 31 janvier, à Nîmes (30). negpos.fr
CLAUDINE DOURY AU CENTRE PHOTOGRAPHIQUE DOCUMENTAIRE À SÈTE
Photo © Cyril Zannettacci /Agence Vu'
Photo © Laurence Charrie - recherche sur la ville
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Photo de Claudine Doury
www.ap-project.art contact@ap-project.art & + 33 7 56 91 56 34
CGR LATTES ZAC des commandeurs LATTES 34970 CGR BÉZIERS Pôle Méditerranée VILLENEUVE-LES-BÉZIERS 34420 www.cgrcinemas.fr
EXPOSITIONS
Pierre Louis Nocca et Gauthier Fleuri
À LA GALERIE MAÏLYN BRUNIQUEL À SÈTE
La galeriste sétoise Maïlyn Bruniquel crée cet hiver, la rencontre des univers de Pierre Louis Nocca et Gauthier Fleuri. Le premier, sculpteur, commence à peindre des marines pour un peintre sétois, qui le pousse à entrer à l’école des beaux-arts de Montpellier. Les prix qu’il y remporte lui permettront son admission, en 1937, à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. En 1947, la ville de Montpellier lui commande le monument des Martyrs de la Résistance ainsi que, en 1964, le monument dédié à Jean Jaurès. La démolition de son atelier de La Ruche, en 1957, le ramène de plus en plus souvent dans sa région d’origine où il exécute de nombreuses commandes. Il se fixe définitivement à Sète où de 1965 à 1985, il est professeur à l’école des Beaux-Arts, tout en réalisant dans le sud de la France de nombreuses œuvres monumentales. Le second, Gauthier Fleuri a été étudiant aux Arts Déco avant d’entamer un parcours éclectique, en travaillant dans la communication chez Citroën, par exemple, et en aménageant un atelier mobile dans un side-car, avec presse à gravure intégrée ! Il a aussi traversé l’Atlantique. Jusqu’au 31 janvier, à la galerie Maïlyn Bruniquel à Sète (34).Tél. 04 67 46 09 83. galeriemailynbruniquel.fr
Derrière le rideau de Z AU P.A.R.C. À OCTON
Le P.A.R.C. en association avec VISA pour l’image, accueille en décembre une exposition de la photographe Elena Chernyshova intitulée Derrière le rideau de Z. De nationalité russe, Elena Chernyshova montre la réalité de la vie en Russie depuis l’invasion d’Ukraine en février 2022. Une exposition était présentée à Perpignan en septembre au Festival International du photojournalisme. Dans un texte commentant son exposition, Elena Chernyshova explique : « Plus de 90 % des Russes étaient convaincus qu’il ne pouvait y avoir de guerre contre l’Ukraine. Le 24 février a donc été un choc. Mais le mot « guerre » était interdit, il fallait parler d’une « opération spéciale ».
Du 10 décembre au 8 janvier, au Village des Arts et Métiers à Octon (34). vam-octon.org
L’Égypte à travers les origines de la photographie
AU PALAIS-MUSÉE DES ARCHEVÊQUES À NARBONNE
Alors que l’on fêtait cette année le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, et le centenaire de la découverte de la tombe de Toutânkhamon par Howard Carter, la ville de Narbonne propose de découvrir l’Égypte à travers le prisme des photographies prises entre 1850 et 1880. Photo souvenir ou carte postale, les voyageurs ont à cœur d’immortaliser le plus fidèlement la réalité : monuments, architecture, paysages... Pour les archéologues notamment, il s’agit d’un gain de temps considérable. L’exposition de photographies est mise en regard avec une sélection d’objets issus de la collection narbonnaise, peu connue du public. Les visiteurs pourront également découvrir une aquarelle d’Hippolyte Boussac, La dame au Sycomore. Jusqu’au 31 décembre, au Palais-Musée des archevêques à Narbonne (11). narbonne.fr
Ciel noir, mer noir
Organisée en collaboration avec Mécènes du Sud SèteMontpellier, la Chapelle du Quartier Haut présente en cette fin d’année Ciel noir, mer noir, une exposition d’olivier Kosta-Théfaine. Lauréat 2018 de l’appel à projets de Création Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers, il se définit comme un « peintre de paysages » explore la ville par ses marges. Lorsqu’il se déplace dans l’espace urbain, Olivier Kosta-Théfaine est à la recherche des éléments qui nous échappent. Dans sa volonté de réhabiliter l’inintéressant ou le connoté, l’artiste replace dans le champ de la poésie le rapport de force souvent inextricable que nous entretenons avec la ville.
Du 10 décembre au 15 janvier, à la Chapelle du Quartier Haut à Sète (34). sete.fr
Fragments #2 Salon des métiers d’art À TOULOUSE
Dédié aux métiers d'art d'Occitanie, le salon Fragments ouvrira les portes de sa deuxième édition du 16 au 18 décembre. Il rassemblera cette année 81 exposants venus de toute l’Occitanie, et sélectionnés par un jury d’experts. Au programme de ces trois jours de salon : une exposition-vente, des échanges et des rencontres avec les exposants. L’occasion pour le public de (re)découvrir l’excellence des savoir-faire spécifiques liés au travail du bois, des métaux, du verre, du textile, du cuir, de la céramique ou de la pierre... Un événement où la tradition des gestes ancestraux et l’esprit d’innovation de ces virtuoses de la matière se côtoient pour proposer le meilleur des métiers d’art.
Du 16 au 18 décembre, à l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques à Toulouse. artisanat-occitanie.fr
Contes et légendes en pays catalan
À LA GALERIE DES HOSPICES À CANET-EN-ROUSSILLON
Pour son exposition de Noël, la ville de Canet-en-Roussillon invite petits et grands à redécouvrir les Contes et légendes en pays catalan. Artistes plasticiens ou conteurs, ils reprennent les mythes et légendes fondateurs de la Catalogne, mais aussi des faits et histoires plus récentes qui ont marqué la région. Les réalisations de six artistes illustreront des contes et légendes tels que le crocodile de Canet, le dragon du Canigou, les sorcières du Haut Vallespir, le Pont du Diable de Céret ou l’ours et la bergère de Prats de Mollo. Laissez-vous emporter par ces histoires ! Il était une fois… Jusqu’au 15 janvier, à la galerie des Hospices à Canet-en-Roussillon (66). Tél. 04 68 86 72 60. canetenroussillon.fr
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À LA CHAPELLE
DU QUARTIER HAUT À SÈTE
Baigneurs et cie
Après les expos sur les 140 ans du Grau, en 2019, et sur la pêche et les pêcheurs l’an dernier, place au tourisme. Un petit air de vacances va souffler sur la Villa Parry…Depuis bien avant 1879, les baigneurs-touristes-vacanciers-estivants juilletistes-aoûtiens choisissaient déjà Le Grau. Deux mois, un mois, trois semaines, quinze jours, une semaine ou quelques jours, en plein été ou pas : la durée et les dates des séjours changent au fil du temps mais l’enthousiasme est toujours là. Vacances des uns, travail des autres : la mer et la plage, nos atouts naturels, ont depuis plus de 150 ans un impact économique conséquent sur la vie des Graulens et sur le développement du Grau. Chichis, maillots, spectacles, feux d’artifices, glaces, promenades en mer, sorties en pédalos, cabines, paillottes, etc…
Prenez deux mois de vacances à la Villa Parry. Jusqu’au 28 janvier, à la Villa Parry au Grau du Roi (30). Tél. 04 66 88 23 56. ville-legrauduroi.fr
Modestes et appliqués
AU
Le Musée international des arts modestes (MIAM), à Sète, et le centre d’art La Fenêtre, à Montpellier, s’associe pour proposer une exposition intitulée Modestes et appliqués. Habituées des créations marginales et des territoires périphériques de l’art, les deux entités proposent cette fois l’exploration d’un territoire qui leur est commun, aux confins des arts modestes et des arts appliqués. L’exposition rassemble ainsi des œuvres d’horizons divers.
On y retrouve d’abord une aventure cartographique d’Hervé Di Rosa. Ensuite, Patrick Bouchain, Liliana Motta et l’Atelier Ezekiel Messou propose une découverte de l’architecture modeste tandis que Michel Gondry et Bodys Isek Kingelez, exposent leurs maquettes futuristes. Le design graphique est également à l’honneur avec les créations de Jules et Etienne Robial et les expérimentations d’Etienne Mineur. Enfin, l’exposition propose une expédition parmi l’art des collections et les papiers d’agrumes. Jusqu’au 2 février, au Centre d’art La Fenêtre à Montpellier. la-fenetre.com
Sacrément Sud
À LA GALERIE Ô MARCHES DU PALAIS À LODÈVE
Pour cette exposition, la galerie Dock Sud et Ô Marches du Palais, fondée par Fatna et JC. Mironneau, proposent l’exposition Sacrément Sud. Les visiteurs y retrouveront une sélection de cinq peintres de la région : Maurice Elie Sarthou, Pierre Fournel, Jean Rouzaud, Gilles Marie Dupuy et Laurent Reynes. Tous seront présentés dans la chapelle lodévoise des Pénitents Blancs, désacralisée et consacrée depuis 2007 à tous les arts. Martin Bez, de la galerie Dock Sud, commente : « Comment ne pas se sentir touché par la nécessité viscérale de ces peintres à louer les cieux, la mer, les plages, les étangs… icônes de notre Sud. Ils peignent et repeignent parfois à l’excès notre Midi attentifs à ses incessants changements de couleurs et de lumières qui le rendent unique à chaque moment du jour. Un acte de dévotion pour un paysage sans cesse recommencé où chaque tableau fige un moment de grâce et nous fait entrevoir le Sacré de retour dans ce lieu autrefois dédié. »
Du 16 décembre au 21 mars, à Ô marches du Palais à Lodève (34). Tél. 04 67 88 03 31. omarchesdupalais.fr
Ursula Caruel AU RÉSERVOIR À MONTPELLIER
En cette fin d’année, le Réservoir Montpellier (anciennement La Serre) accueille l’artiste Ursula Caruel pour un format inédit. Pendant un mois, elle créera in situ et les visiteurs seront invités à venir la voir imaginer un wall drawing en direct. L’exposition Flowers in progress rassemble ses deux dernières années de créations autour des esthétiques des végétaux. Les travaux présents ont été réalisés à partir des récits historiques sur le Mont Ventoux, de l’apothicairerie du Château de Tarascon et pour les plus récents, du Jardin des plantes de Montpellier. Comme pour un herbier, Ursula Caruel a sélectionné certaines espèces pour les faire entrer dans le dessin contemporain.
Jusqu’au 30 décembre, au Réservoir, espace contemporain de l’Arbre Blanc à Montpellier. lereservoir-art.com
Les Bleus de la forêt
À Agde, l’exposition Les bleus de la forêt réunit le travail créatif de deux artistes exceptionnelles : Sandrine Pincemaille, plasticienne et licière, et Thalia Reventlow, sculptrice et designer céramiste. D’une manière fascinante, avec leurs visions opposées du monde, elles offrent une représentation commune des côtés mystérieux et secrets de la forêt. « Les bleus » symbolise l’infini de la mer et du ciel, en même temps le voyage, la sagesse et la spiritualité. « La forêt » crée une connexion mentale avec les temps passés ; à une ancienne forêt vierge, débridée dans sa diversité et sa luxuriance. L’exposition est centrée sur l’imaginaire, celui des visiteurs, mais surtout celui des artistes et leur vision de cette forêt vierge. Sandrine Pincemaille présente Grands sous-bois - une dizaine d’installations grand format, entre trois et cinq mètres, qui rappellent le côté fantasmagorique de la forêt et veulent véhiculer un monde plein de transparence et de légèreté. Thalia Reventlow présente de petites sculptures, des êtres animaux bleus et verts, dont les lignes claires rappellent les sculptures grecques antiques. Jusqu‘au 2 juin, à la Galerie de la Perle Noire à Agde (34). Tél. 04 67 26 94 12. capdagde.com
Lewis Trondheim fait des Histoires À PIERRESVIVES À MONTPELLIER
Depuis cet automne, on peut découvrir une nouvelle exposition à Montpellier qui traite l’œuvre d’une vie du dessinateur et scénariste Lewis Trondheim. Fils de deux libraires, il est considéré comme l’auteur de l’une des œuvres les plus complètes et polyvalentes de la bande dessinée moderne. Il a créé des personnages tels que Lapinot, Ralph Azham et Maggy Garrisson et a utilisé de nombreux genres divers dans son travail : de la science-fiction, de la fantasy et des thrillers aux westerns, comédies et bandes dessinées pour la jeunesse, il n’y a guère de genre que Trondheim n’ait pas essayé. En même temps, il a atteint d’innombrables adeptes de tous âges grâce à sa créativité. L’exposition est donc consacrée à l’éventail de son travail artistique et raconte l’histoire d’un homme qui ne savait pas dessiner, qui s’est lancé des défis et aimait les épopées fantastiques.
Jusqu’ au 28 janvier, au Domaine départemental de Pierresvives à Montpellier.Tél. 04 67 67 30 00. pierresvives.herault.fr
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EXPOS
À
LA VILLA PARRY AU GRAU DU ROI
CENTRE D’ART LA FENÊTRE À MONTPELLIER
À LA GALERIE DE LA PERLE NOIRE À AGDE © Mi chel Desnos © M©De tpar ement de l ’ He r aul t
Ama du Japon
Jusqu’au 31 janvier
Musée de la mer à Sète (34) sete.fr
Guillaume Gamache
Jusqu’au 3 janvier
Galerie du Fort à Montauban (82) lefort.online
34e Bienal de São Paulo
Jusqu’au 5 mars
LUMA à Arles (13) luma.org
Grandeur nature
Jusqu’au 4 février
Jardin Massey à Tarbes (65) parvis.net
Ana Sanjoan
Jusqu’au 23 décembre Casa Barrère à Bages (66) bages66.fr
Küsimus
Jusqu’au 22 décembre Espace St-Ravy à Montpellier montpellier.fr
Prom'nons nous dans l'enfance Jusqu’au 23 décembre Archives dép. du Tarn à Albi (81) centredartlelait.com
Andrés Baron
Jusqu’au 25 février Chap. St-Jacques à St-Gaudens (31) lachapelle-saint-jacques.com
Aquarelles
Jusqu’au 19 décembre
Chapelle des Cordeliers à Toulouse
Tél : 06 16 03 22 02
Emma Godebska
Du 6 janvier au 4 février
Esp. Jean Jaurès à Vauvert (30) vauvert.com
Louis Treserras
Jusqu’au 22 janvier
Galerie Sakah à Toulouse sakahgalerie.com
Group show Jusqu’au 30 décembre
Galerie Samira Cambie à Montpellier galeriesamiracambie.com
Misa Ato
Du 16 décembre au 3 février
Maison de l’eau à Allègres-les-f. (30) culture-maisondeleau.com
Un compas dans l’oeil Jusqu’au 3 mars
A + Art à Montpellier aplus-architecture.com
L’avocat dans la cité Du 14 décembre au 22 janvier Espace Bagouet à Montpellier montpellier.fr
Muge Qi
Jusqu’au 27 décembre Illustrafemmes à Toulouse illustrafemmes.com
Pierre Georges Latécoère
À partir du 17 décembre
L’Envol des pionniers à Toulouse lenvol-des-pionniers.com
Florian Mermin
Jusqu’au 24 décembre
Espace Ecureuil à Toulouse caisseepargne-art-contemporain.fr
J. Delécluse et M. Lapeyre
Du 12 janvier au 5 mars
La Manufacture à Lectoure (32) coworking-mgh.com
Nîmes et le Goncourt
Jusqu’au 29 janvier
Biblio. Carré d’Art à Nîmes (30) nimes.fr
–
–des expos encore
toujours
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et
UN PARFUM ARTHUR DUPUY À MONTPELLIER
DEDESL’ART IDÉES
LA PETITE BOUTIQUE DES MUSÉES ET MONUMENTS À TOULOUSE
La boutique éphémère des musées et monuments de Toulouse, née en 2020, revient durant tout le mois de décembre. On peut y retrouver une sélection de livres, objets de décoration, jouets et bijoux inspirés des collections de musées et lieux d'exposition : Musée des Augustins, Musée Saint-Raymond, Musée Georges Labit, Musée Paul Dupuy, Galerie du Château d’eau, Couvent des Jacobins et Castelet de l’ex-prison Saint-Michel, à petits prix. Un lieu idéal pour dénicher ses cadeaux de fin d’année !
La petite boutique des Musées et Monuments – 58, allées Charles de Fitte à Toulouse.facebook.com/boutiquesmuseestoulouse
C’est à Montpellier que l’atelier Arthur Dupuy® conçoit des parfums uniques. Entre création artistique et alchimique, les parfums Arthur Dupuy proposent des fragrances « où les mots deviennent matières premières, où les matières premières deviennent des notes, où les notes s’accordent en une symphonie artistique singulière, une brume parfumée procurant avant tout un plaisir éphémère qui s’inscrira dans les méandres de la mémoire. » Par ailleurs, la marque développe elle-même toutes ses compositions de façon artisanale. Pour Noël, découvrez les coffrets imaginés par la marque. À l’intérieur : des bougies parfumées, à la cire 100% naturelle, ravive la magie de Noël accompagnées de leur parfum d’ambiance. arthurdupuy.com
DES OBJETS DESIGN
UNE ŒUVRE INTÉRACTIVE DE FRÉDÉRIC
Magasin de mobilier contemporain et d’objets design pour l’intérieur et l’extérieur, Architruc & Balataz’art est installé au cœur du centre-ville de Béziers. À Noël, pourquoi ne pas sélectionner parmi vos idées cadeaux le célèbre Cactus créé par les designers Drocco et Mello et édité par Gufram en 1972 il n'est pas uniquement un objet de décoration, c'est également un porte-manteaux. Il est recouvert d'une laque lavable Guflac. Autre idée, les Bougies Trudon. La Bougie Classique se décline idéalement dans toutes les senteurs. Elles sont produites dans leur atelier en Normandie selon un savoir-faire d’exception, hérité des maître-ciriers.
Architruc & Baltaz’art – 28, rue de la citadelle et 5, rue Montmorency à Béziers (34).
Tél. 04 67 36 26 87. archi-truc.com
DES IDÉES-CADEAUX SINGULIÈRES
AU CENTRE PHOTOGRAPHIQUE DOCUMENTAIRE À SÈTE
Pour Noël, le Centre photographique documentaire de Sète propose une sélection d’idées-cadeaux artistiques. Tout au long du mois de décembre, la plasticienne Sylvie Meunier proposera ses objets édités en série limités (livres, céramiques, jeux) réalisés à partir de photos anciennes. Autre proposition, une vente exclusive de tirages encadrés du photographe Serguei Procoudine-Gorsky. Enfin, les cadeaux peuvent aussi être une expérience ! Les adhérents de l’association pourront glisser sous le sapin un workshop avec la photographe Claudine Doury, dont les clichés seront exposés au Centre photographique documentaire à partir du 20 janvier.
Librairie-boutique du Centre photographique documentaire 17, rue Lacan à Sète (34). imagesingulieres.com
Polytechnicien et artiste, Frédéric Durieu utilise les techniques numériques pour faire de l'art depuis de nombreuses années. Il écrit luimême ses programmes et réalise des installations, expositions et événements pour des marques prestigieuses. Il forme aujourd’hui un duo artistique étonnant avec Nathalie Erin, ancienne élève de conservatoire, professeur de chant et artiste dotée d’une grande sensibilité. Avec le logiciel « Infinitive », logiciel entièrement codé par Frédéric Durieu, ils créent ensemble des compositions digitales uniques. Déclinables en tableaux et en installations interagissant avec le son, l’image et le mouvement du spectateur, leurs œuvres s’inspirent de la nature et de la place de l’homme sur terre. Accordant une attention particulière aux détails, ils invitent leurs spectateurs à prendre conscience de la beauté du monde qui les entoure. fredericdurieu.com – page quatre-vingt-douze –
DURIEU ET NATHALIE ERIN
À ARCHITRUC & BALTAZ ‘ART À BÉZIERS
EN POURCADEAUX LES FÊTES
UNE ŒUVRE DE TITOUAN LAMAZOU
Passionnée depuis toujours par la couture, c’est très jeune que Danielle Engel s’engage dans cette voie. Native du Togo, elle se familiarise très vite avec le coton, cultivé par sa mère et tissé par sa tante. Le vê tement devient alors très vite une passion. Ancienne élève du Greta du design de la mode à Paris et de l’Ecole de la Chambre Syndicale de la Couture à Paris, Danielle Engel a choisi de créer sa propre marque pour laisser libre court à son talent. Pour la créatrice, le vêtement doit sublimer la femme mais aussi faire en sorte qu’elle se sente bien en le portant. Engagée, elle prend soin de choisir des matières respectueuses de la nature comme le lin, le velours, le coton, la mousseline de soie. Attachée à la qualité de ses pièces, elle les conçoit dans son atelier de Montpel lier et a obtenu le label Made in France. On peut découvrir sa collection dans sa boutique montpelliéraine, un es pace baigné de lumière qui met en avant ses pièces.
Boutique de Danielle Engel - 17, rue Croix d’Or à Montpellier. Tél. 04 67 12 04 08. danielleengel.com
Cadeau idéal pour les amateurs d’art, les œuvres de Titouan Lamazou séduiront également les amoureux des carnets de voyage. Dans ses tableaux, le navigateur et artiste, retranscrit les émotions des rencontres faites au cours de ses voyages. À l’Espace Titouan Lamazou d’Aigues-Mortes, ou sur son site internet, on découvrira ses grands formats, en éditions limitées, signées et numérotées. Moyens et petits formats viennent compléter l’offre, toutes sont signées par l’artiste.
Sur rendez-vous à l’Espace Titouan Lamazou 11, quai des Croisades à Aigues-Mortes (30). Tél. 06 08 67 32 05. boutique.titouanlamazou.com
UNE ŒUVRE D’INGRID B
Artiste peintre à l’univers coloré, l’artiste Ingrid B propose à travers ses œuvres un voyage de la Méditerranée, aux îles du Pacifique en faisant un détour par les rues de New York dans l’ambiance Arty underground des années 80. Guidée par son inspiration, ses compositions sont déclinées sur de multiples supports. Sortant du châssis conventionnel, elle s’exprime sur n’importe quel objet de récupération. Ambassadrice du littoral et artiste engagée, elle place dans son travail de nombreux symboles. Elle exprime là, avec un art ludique, ses préoccupations pour la défense des océans tout autant que ses rêves. Provoquer des émotions, apporter de l’énergie positive, de la gaieté et du bien-être, telle est sa motivation. L’artiste expose jusqu’au 31 décembre au Casino Flamingo au Grau du Roi. facebook.com/IngridB.artistepeintre
Tarif spécial : 490 € COFFRETS
« Intégrale des titres originaux de Georges Brassens » (10 vinyles)
Edition Super Deluxe limitée et numérotée illustrée par Robert Combas (700 exemplaires)
3 habillages de coffrets différents. Universal Music
Pour toute commande : cercledesarts34@gmail.com • Tél. 06 87 75 21 29
CRÉATION DANIELLE ENGEL LA MODE MADE IN OCCITANIE
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L’ARTISTE SÉTOIS MARC DURAN
ILLUSTRE L’INTÉGRALE DE BARBARA chez Universal Music
À l’occasion des vingt-cinq de la disparition de Barbara, le 24 novembre 1997, un coffret de 29 CD rassemble pour la première fois l’intégrale de ses chansons. L’artiste sétois
Marc Duran a imaginé un coffret, limité et numéroté, qui recèle l’âme et les couleurs d’une tessiture légendaire.
Recueillis par MJ.L
MARC DURAN Pour une longue dame brune
Marc Duran qui a réalisé les œuvres graphiques, le coffret et le livret de Barbara, est un curieux trimardeur de la première heure, talentueux touche à tout, aux airs de s’en balancer. Des bateaux il en a vu beaucoup, embarqué sur de nombreux cargos, vers des lointains rêvés, Brésil ou Amazonie. Des musiques, il en connaît tellement : au cœur de la note rock à Londres, lors de la création du groupe Phullankontarque, pensionnaire attitré du mythique Heartbreak Hôtel puis Manchakou. Impossible donc, de citer toutes les collaborations de l’artiste, de Robin Wills à Chris Wilson en passant par une haute fréquentation du milieu rock underground anglais.
De retour à Sète, la création d’un opéra sur le drame cathare, n’était qu’une continuation dans l’improbable, celle d’une existence, toujours en quête de nouveauté. Plus que jamais en mouvement, il était encore le mois dernier en résidence à Annecy, avec les Sans pattes, pour présenter quatre spectacles. Après les aventures maritimes et tropicales, ce « voyageur dans une gare qui prends le premier train qui passe », saute sur le Bato, fameux collectif monté par Katy Brindel Hervé Di Rosa et Robert Combas, tous à l’origine de la Figuration libre. Le retour aux sources sétoises est toujours fructueux, et plus encore avec d’artistiques retrouvailles, Robert Combas, entre autres. Une poussée créative de plus, et en visionnaire, Marc Duran se plonge dans la peinture, « la grande, d’où l’on ressort ébranlé comme d’un rêve étrange, mais familier dont on aurait perdu la clef ». Le succès suit cette révélation. L’inspiration, c’est sûr, ne risque pas de manquer : les voyages, les rencontres, le goût très marqué pour les arts populaires, révèlent enfin une solide et notoire signature. Pas étonnant qu’Universal soit venu à sa rencontre pour créer et illustrer ce sublime Barbara, par l’intermédiaire du collectionneur Christian Jurand, amateur des tableaux de l’artiste, lequel a accompagné la réalisation et le devenir de ce coffret contenant toute l’œuvre discographique de la dame en noir : 20 CDs trempés dans les peintures de Marc Duran qui explique : « J’ai travaillé une année pour finaliser ce projet. Même si mes goûts musicaux sont plutôt orientés vers le rock, je me suis laissé imprégner par cette ligne noire imposée, ce profil et ce geste verticaux , que j’ai posés dans le bleu, qui sait, couleur de la terre, inscrits dans mon univers de points. Oui, il y a aussi une dimension sentimentale : le souvenir de mon défunt frère, qui aimait beaucoup Barbara. Ce coffret rutilant fait signe de très loin, par la grâce de cette silhouette énigmatique, secrète, qu’évidemment, tout le monde reconnaît. »
Barbara, Madame
Sombre, lumineuse, coquine et mystique
Quelle riche idée, ce coffret, un vrai cadeau, qui permet de revisiter du grand classique via la variété, en retrouvant des dizaine de textes qui ne sont pas que bien ficelés, mais royalement ciselés par cette artiste complexe
et singulière, qui avait une gueule pas dans les canons, qui exprimait magiquement sa vie, en chansons. Chansons qui n’ont pas pris une ride, reverdissant dans une écoute que l’on pourrait parfois caractériser de religieuse, si l’on arrête de fredonner. Entre exubérance et colère, entre hypersensibilité et désespoir, l’image noire de Barbara s’est largement construite.
De Soleil en Aigle, Piano noir gueule et coeur de nuit, la légende a vite affirmé l’image sombre d’une femme, qui, c’est sûr, a chanté pour transmuer la noirceur en éclatante poésie, en îlot de beauté. Des perles ont surgi du répertoire, après des débuts timides à Bobino. Une vraie palette, sur laquelle la photo était bonne. Il ne faudrait pas, s’en tenir pour autant, au côté obscur du personnage. Tous ses proches ont souligné son côté clown d’Elle vendait des p’tits gâteaux ou Perlimpinpin, farceur, canaille, dans Les amis de monsieur et autres allusions friponnes. Hop la, n’enlève en rien le charme sans fard d’Une petite cantate. La dame a envoyé ce message à comprenne qui veut.
Mais il faut suivre, attendez que ma joie revienne, pour que, coquine, elle déclare qu’un immense troupeau qui se promène dans mon lit. Oui, des hommes elle en a connu, vu défiler, elle les interpelle qu’il soit Le grand frisé, l’Indien, pourquoi pas L’homme en habit rouge. Elle les convoque, parfois du bout des lèvres, ou dans une joie haletante pour crier dans ce petit chef d’oeuvre de l’attente amoureuse : Une auto descend l’allée. Pierre, mon Pierre, c’est lui. Louve, elle possède ses hommes, les questionne, anxieuse : dis, quand reviendras-tu ? L’on aura pourtant compris après Nantes, confession d’un monde intime, qu’il faut au moins une vie de chansons pour se soigner d’Amours incestueuses, pour trouver et défendre sa liberté après le bouleversant Mon enfance, après des années de galère et de vaches maigres à La Fontaine des quatre saisons. Frécy-Jardin, sa maison qu’elle chante aussi, se veut remède au Mal de vivre. En suggérant par les mots, donc sans vraiment dire, le public baigné dans une musique qui synchronise les émotions, est pris par sa magique présence. Barbara s’est emparée de lui, en complice, selon une subtile question réponse : vous voyez bien ce que je veux dire, non ?
C’est sans doute vrai, on aime ou on n’aime pas Barbara, l’indifférence n’est en tout cas pas de mise, et qu’importe ce qu’on peut en dire, sinon qu’il est difficile de résister à ce doux et sublime aveu : ma plus belle histoire d’amour c’est vous !
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Découvrez la vidéo de « l’Aigle Noir » de Barbara, illustré par Marc Duran
Mais non, vous n’êtes pas en retard !
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Mardi : 15.00 - 19.00 Mercredi au Samedi 10.00 - 13.00 • 15.00 - 19.00 04 67 19 39 04 45, 46 Quai de Bosc - Sète lereservoir-art.com infos.
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LIVRES
LA GUERRE A EU LIEU MERLEAU-PONTY
Texte de Merleau-Ponty paru en 1945 dans le premier numéro des Temps modernes, synthèse logique, subtile, titillante, remarquable dans sa mise en perspective historique. Texte qui n’a au su et au vu de l’actualité, pas pris une ride. À relire, donc, à la lueur des évènements du jour. L’auteur y mesurait la distance séparant les idées universalistes, dominantes avant-guerre, de la réalité, « replacés devant une vérité que nous ignorions en 1939. Nous pensions qu’il n’y avait pas de Juifs, pas d’Allemands, seulement des hommes ou même des consciences ». Histoire, produit de son propre produit, en dépassement des points de vue, questionnant à fond cette grande et belle idée de la liberté. Autorité de cette interrogation, de l’inquiétude concomitante, exprimant la juste place de la philosophie, nous adressant cette question qui tue : savons-nous exactement ce que nous pensons, connaissons-nous clairement, lucidement, le contenu de nos choix ? MJ.L Éditions Champ Social. Collection Questions actuelles
LE MAÎTRE DE L’OCÉAN
DIANE DUCRET
À travers l’extraordinaire parcours d’un jeune orphelin appelé à devenir moine taoïste, l’écrivaine Diane Ducret, interroge les grands concepts de liberté, de conscience, mais aussi le sentiment du tragique, de l’impermanence, de l’équilibre, de l’amour, affect qui ferme aussi harmonieusement que radicalement toutes les interrogations. Le côté visionnaire de ce livre à la tentation philosophique est celui de la centration, des plus actuelles, sur la richesse et l’essentialité de l’eau, élément indispensable au niveau individuel et collectif, lequel s’inscrit dans une forme de retour vers les eaux originelles, celles qui touchent l’infini et l’éternité. C’est donc un livre de sagesse que l’on a sous les yeux et dans l’esprit, qui traverse la philosophie grecque, allemande, les écrits taoïstes et les textes bibliques. Une somme, sorte de guide de l’existence reliant les cycles de nos vies, dessinant poétiquement un rapport au monde, la place occupée par l’humain. MJ.L Éditions Flammarion
POURQUOI LIRE ?
CHARLES DANZIG
ANNIE ERNAUX
PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE 2022
Écrire la vie
Le 6 octobre dernier, l’écrivaine Annie Ernaux obtenait le Nobel, qui représente la plus haute distinction littéraire et récompense, pour le cas, Les années d’effort, de combat, de passion, de conviction, d’ambition, concernant « l’acuité clinique de la découverte des racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ». Une soixantaine de livres soulignent, d’une écriture qui ne cherche pas à séduire, la difficulté de trouver La place, quand les rapports de classe, de domination, la hiérarchie, sont le lot commun, plus particulièrement encore, ceux qui entravent le parcours existentiel des femmes.
Imprévisible succès, car, ni héros, ni héroïnes, moins encore de pathos dans l’œuvre, autobiographie inscrite dans l’histoire collective en déjouant les codes. L’espace personnel est recouvert, en effet, par la référence à Bourdieu, est déclarée, l’ambiance, le milieu, la séquence historique. À l’origine, une enfance des plus modestes dans le café-épicerie des parents, suivie d’une révolte déchirée d’adolescente, transcrite en toute culpabilité, transfuge de classe, vécue comme traitre à un milieu dépossédé du savoir.
Question sans doute pertinente mais bien indue lorsque comme l’écrit Charles Danzig, « le lecteur fleur ouverte, attend l’abeille ». L’auteur se révèle à travers moult démonstrations de l’addiction au vice impuni, voluptueusement intelligent, dans son renvoi à la lecture de chefs d’œuvre. Entrer ou répondre à l’interrogation, c’est se plonger dans autant de chapitres qui donnent quelques raisons de se laisser charmer « comme un serpent devant le flûtiste ». Adorer ou détester, là n’est plus la question, car le combat reste au lecteur, toujours en débat. Il est vrai que l’auteur ne fait pas dans la dentelle côté détestation, la langue de bois n’étant pas en usage chez lui. Avoir lu Proust, Stendhal, Cohen et autres de la même plume, c’est faire partie des tatoueurs. Le terrible de l’affaire c’est de voir peu à peu s’accomplir cette prédiction finale sidérante pour tout lecteur patenté : « l’information servira encore mieux les puissants qui pourront ranger l’humanité dans des appartements …sans bibliothèques
Éditions Grasset
MJ.L
À l’origine encore, une violente solitude, un doute profond, heureusement générateurs d’écriture, ouverture, sinon catharsis, dans l’enfin compréhensible, accès à sa propre histoire, à sa place de sujet. Dire le monde dont elle est issue et dont l’école l’a séparé, mais clamer aussi son féminisme au travers d’une écriture à la fois condensée et frontale, traitée au scalpel. Débarrassée de la résistance à se montrer nue pour livrer en mots, les maux de sa condition de femme, la dépossession de son corps avec la terrible humiliation du viol, l’éprouvé anxieux et douloureux de l’avortement clandestin. Traiter de la soumission, parfois volontaire, à la pression masculine. L’œuvre d’Ernaux, répond à des questions, des attentes : qu’aurons nous été ? Pour qui ? Autant d’interrogations sur le temps qui passe, celui où l’on ne sera plus jamais Cela implique de sauver en urgence, quelque chose de ces Mémoires de fille, de La femme gelée. Nécessité d’échapper à la fragmentation temporelle lors d’une lecture resserrée de l’œuvre, ces attachements des photos de classe, repas de famille et clichés de vacances. Des souvenirs communs, figurant le tracé des changements sociaux. En ce sens, l’œuvre permet de retrouver la continuité, s’y inscrire en lecteur, rejoindre le collectif en déroulant son propre parcours. Associant dans cette écriture universelle, un outil chargé d’empathie afin de se penser et de penser le monde.
– page quatre-vingt-seize
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! »
MJ.L
Pierre Soulages, ses citations…
« C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche. »
« Un jour je peignais, le noir avait envahi toute la surface de la toile, sans formes, sans contrastes, sans transparences. Dans cet extrême j'ai vu en quelque sorte la négation du noir. Les différences de texture réfléchissaient plus ou moins faiblement la lumière et du sombre émanait une clarté, une lumière picturale, dont le pouvoir émotionnel particulier animait mon désir de peindre. Mon instrument n'était plus le noir, mais cette lumière secrète venue du noir. »
« La réalité d'une œuvre, c'est le triple rapport qui s'établit entre la chose qu'elle est, le peintre qui l'a produite et celui qui la regarde. »
« Ce qui m’a décidé de faire de la peinture, c’est d’abord la nécessité que j’éprouvais de peindre. »
« La plupart des choses que j’ai faites sont des choses que je n’ai pas voulu au départ. »
« J’attends d’oser. »
« Peindre demande de la concentration, de la réflexion, des tentatives, et ensuite, peut-être, surgit une peinture. »
« La différence fondamentale est que l'artisan sait où il va, par quel chemin il va y arriver, et l'artiste ne sait pas du tout où il va. Il connaît plusieurs chemins, mais le véritable artiste est toujours attentif à ce qu'il ne connait pas. »
« Si l'on sait qu'on ne sait pas, si l'on est attentif à ce que l'on ne connait pas, si l'on guette ce qui apparait comme inconnu, c'est alors qu'une découverte est possible. »
« Outrenoir : le noir devient émetteur de clarté. Ce sont des différences de textures, lisses, fibreuses, calmes, tendues ou agitées qui captant ou refusant la lumière font naître les noirs gris ou les noirs profonds. Le reflet est pris en compte et devient partie intégrante de l'œuvre : il y intègre la lumière que reçoit la peinture et la restitue avec sa couleur transmutée par le noir. »
© Vincent Cunillère : « Ici, Pierre Soulages est sur sa terrasse, à Sète, derrière lui ce sont les arbres de son jardin. On faisait une séance de pose. Àcetinstant,ilestdanssespenséesetfinalement,illâcheprise,ilarriveàoubliermaprésence.»
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