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La guerre dans mon arrière-cour
HRONIQUE
La paix et la guerre ont toujours existé, une suivant l’autre, et ce, depuis le début de l’humanité: Caïn en tuant son frère Abel venait d’éliminer 25 de l’humanité par cette guerre fratricide. De même, le vieil adage latin Si vis pacem, para bellum signifie Si tu veux la paix, prépare la guerre. Les grandes guerres sont toujours écrites, car elles passent inévitablement à l’histoire. Pensons à Guerre et paix de Léon Tolstoï, un immense succès littéraire racontant la campagne de Napoléon en Russie. Le milieu artistique emprunte allégrement à cette dualité. En France, le palais de Versailles abrite la Galerie des Glaces, un couloir où se reflète la société qui y défile. À une extrémité, on retrouve le Salon de la paix, et à l’autre, le Salon de la guerre avec tous les attributs représentatifs pour les deux pendants. En revanche, la paix des bois ou des champs est rarement placée en récit, mais en image oui, principalement dans la période impressionniste. Les déjeuners sur l’herbe de Renoir ou Manet inspirent vraiment une paix bucolique: arbres en santé, végétation luxuriante, fleurs et fruits à volonté, personnages calmes — avec ou sans costumes — baignant dans une lumière diffuse. Un décor complètement naturel pouvant se situer entre le paradis et le ciel.
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GUERRE ET PAIX CHEZ MOI
La maison familiale dans laquelle j’ai passé mon enfance et le début de mon adolescence était un havre de paix, respirant une certaine tranquillité, et je m’y sentais heureux. Nous étions tout de même au courant de tous les événements guerriers qui se déroulaient sur la planète. Mes parents se sont mariés le 19 août 1942, jour de la bataille de Dieppe et je suis né pendant la mémorable conférence de Québec qui avait pour but de préparer le débarquement en Normandie, événement qui se déroulait à la Citadelle de Québec et au Château Frontenac. Y étaient réunis Sir Winston Churchill, Franklin Delano Roosevelt, Mackenzie King et les principaux généraux anglais, américains et canadiens. À cette époque nous avions une deuxième maison sur notre terrain, type de résidence de campagne, deux étages, toit en mansarde avec lucarnes. Comme elle était libre, elle fut réquisitionnée par un général de l’armée canadienne pour y loger des soldats de l’armée de réserve. Mon père ayant eu un grade militaire avait comme mission de donner un entraînement à ces futurs soldats. Malheureusement, ces valeureux futurs soldats se pratiquaient à la baïonnette sur les beaux érables que nous avions devant cette maison, avec comme résultat que les érables sont hélas morts. À la guerre comme à la guerre. Autre manifestation de la guerre dans mon entourage: mon parrain, qui à l’époque avait environ 60 ans, s’entraînait avec l’armée de réserve. De plus, il écoutait quotidiennement avec son très gros radio ondes courtes et longues toutes les nouvelles des armées qui se déplaçaient en Europe. Il avait placé sur ses murs des cartes des pays en guerre afin de suivre les déplacements des armées, donnés régulièrement par les correspondants de guerre. Notre situation géographique en 1939-1945 imposait de couvrir de toiles noires et opaques toutes les fenêtres situées au nord des maisons afin que les sous-marins allemands qui naviguaient dans le golfe Saint Laurent ne puissent repérer nos habitations avec leurs périscopes. Puis le 11 septembre 1945, l’Armistice est signé, et la paix est revenue. Par la suite, mon père a vendu notre deuxième maison qui a été déménagée, et il a fait construire un tennis sur le même emplacement. Les cartes indiquant le déplacement des armées disparurent et le beige calme des murs tranquilles accueillit alors quatre tableaux représentant les quatre saisons. Le printemps, l’été, l’automne et l’hiver, aucun personnage. La guerre les avait sûrement éliminés. À suivi une autre période de paix que j’ai bien connu. Celle des hippies des années 1960. Leur slogan de cette période était; «Faites l’amour, pas la guerre.» En écrivant ces quelques lignes, ça me fait penser à une autre superstar qui disait il y a plus ou moins 2000 ans: «Aimez-vous les uns les autres.» Entre les hippies et la superstar, il y a une certaine similitude, même après tant d’années. Puisse la paix vous accompagner. «Je me souviens»
C ourtoisie : Philippe Bouchard
PHILIPPE BOUCHARD
P.S.: Depuis maintenant près de deux ans, nous sommes en période de guerre bactériologique. Et c’est loin d’être terminé: les généraux Delta, Micron et Omicron sont en train de lever d’autres armées.