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Jeunes et accros
À l’heure actuelle, au Québec, les jeunes de 15 à 24 ans sont les plus grands consommateurs de drogues. Au secondaire, 12 % des ados présentent des signes de dépendance à la drogue et l’alcool. Heureusement, des gens comme Miguel Therriault, coordonnateur des services professionnels et responsable des programmes pour l’organisme Le Grand Chemin, peuvent les aider.
Le programme des centres Le Grand Chemin offre aux jeunes un traitement avec hébergement d’une durée de huit à dix semaines, accompagné de quatre mois de suivi en réinsertion sociale. Grâce à plusieurs intervenants psychosociaux spécialisés en dépendance, les centres offrent aussi divers services d’accompagnement tels qu’un soutien à la famille, une formation scolaire sur place et un suivi médical pour les jeunes.
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D’après M. Therriault, dans ses trois points de services, Le Grand Chemin aide environ 250 jeunes de la province par année, et entre 75 et 80 jeunes pour la région de Québec seulement. La moyenne d’âge des jeunes hébergés est d’environ 15 ans est demi.
Les dépendances les plus courantes
Les services du Grand Chemin assurent le traitement de la dépendance à l’alcool et aux drogues, à la cyberdépendance et aux problématiques de jeu excessif chez les jeunes. La surconsommation la plus fréquente chez les adolescents est la consommation de cannabis. «Dans la dernière année, près de 98% des adolescents consommaient du cannabis», explique M. Therriault.
© Photo : Le Cerveau de l’Enfant et de l’Adolescent La consommation excessive d’Internet, des jeux vidéo et des jeux de hasard font aussi partie des dépendances importantes à traiter chez les jeunes du Grand Chemin. Cependant, le coordonnateur de l’organisme ajoute que la majorité des adolescents qui bénéficient des services des trois centres sont polytoxicomanes et vont consommer plusieurs produits à la fois. Aussi, M. Therriault ajoute qu’il y a «environ 40 % des adolescents de nos centres qui présentent une consommation d’alcool problématique».
La toxicomanie est donc la dépendance la plus courante auprès des jeunes. Vient ensuite la cyberdépendance. Selon M. Therriault, «environ 7 % des adolescents du Québec ont une utilisation problématique d’Internet».
Les facteurs pris en compte
Afin de déterminer les facteurs mis en cause dans le développement de dépendance chez les jeunes, Le Grand Chemin tient compte de leur environnement familial. Par exemple, le centre vérifie s’il y a présence de surconsommation dans la famille des jeunes, ce qui représente un facteur de risque important, ajoute-t-il.
Il faut aussi tenir compte du contexte social dans lequel les jeunes évoluent et de leur contexte personnel, poursuit M. Therriault. En effet, certaines problématiques de santé mentale, comme les troubles de déficit de l’attention, peuvent augmenter le risque qu’une personne surconsomme. «80 % des adolescents qui sont chez nous ont une concomitance avec des problématiques de santé mentale, les plus fréquents étant le trouble du déficit de l’attention, l’anxiété ou la dépression», explique-t-il.
Un rétablissement plus rapide
Ayant auparavant travaillé dans le traitement de dépendance auprès des adultes, Miguel Therriault a constaté que le cerveau des adolescents est très malléable, tout comme leurs habitudes de vie. Leur cerveau se réadapte très rapidement et leurs habitudes de vie ne sont pas autant ancrées que celles des adultes. Ils ont alors la capacité de s’adapter très rapidement
© Photo Réussir ma vie

Les adolescents présentant un trouble de l’utilisation de substances telles que les drogues et l’alcool sont majoritaires dans les services Le Grand Chemin.
aux changements d’attitudes. «C’est un facteur très positif pour le pronostic des adolescents aux changements d’attitudes», dit-il.
Néanmoins, le responsable des programmes du Grand Chemin parle ici de majorité. Pour certains dépendants, la problématique peut être chronique et il faut alors les accompagner pendant plusieurs années, au cours desquelles ils vont vivre des périodes d’arrêt de consommation, décidées par eux-mêmes ou à la suite de traitements. Les personnes qui présentent une problématique chronique de dépendance ont souvent commencé à consommer très tôt, au cours de l’adolescence, et revivront alors d’autres périodes de traitement de sevrage dans le futur.
Selon M. Therriault, à l’âge adulte, il est aussi possible de parvenir à modifier ses habitudes de vie, d’aboutir à un rétablissement sain et de régler une problématique de dépendance. Les comportements chez les adultes sont simplement plus rigides et la dépendance est souvent intégrée depuis plus longtemps. Il est donc plus difficile de changer leurs habitudes et de régler leurs problèmes de dépendance, contrairement aux jeunes.