BULLETIN HISTORIQUE de Lambersart N°20 - décembre 2019

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La première école publique du Canon d’Or Le quartier du Canon d’or proche du Vieux Lille connaît un véritable développement à partir des années 1900 avec l’installation d’employés, d’ouvriers et de cadres. L’arrivée de ces familles crée un besoin d’école. Il s’agit d’abord d’une école maternelle « La Fontaine » sise 6 rue Kléber (à ne pas confondre avec l’actuelle école de ce nom, de 1958 côté place de la République) sur un terrain donné par les héritiers d’Alfred Becquart et bâtie en 1912 par l’architecte local Albert Baert, résidant 7 avenue Pottier (villa remplacée par un immeuble). Devenue aussi une école élémentaire de filles après-guerre, quatre nouvelles classes sont construites au rez-de-chaussée à gauche de l’entrée en 1928 par l’autre architecte local, Jules Descatoire, habitant lui aussi avenue Pottier. Il avait prévu de doubler ces classes en 1933 avec un étage, mais cela ne put se faire alors, en raison de la crise économique. La nouvelle enseigne d’école Watteau en carreau de grès émaillé (voir page 1) est apposée en 1928, du nom d’Eugénie Watteau (1880-1963), l’institutrice de l’école

Classe maternelle d’Eugénie Watteau au printemps 1914

maternelle au comportement exemplaire pendant l’occupation, devenue directrice de l’ensemble. Elle est mariée à Eugène Watteau, secrétaire général de la mairie de 1913 à 1948. Cette femme active crée la consultation gratuite des nourrissons en 1919 et développe ensuite des œuvres scolaires, des camps de vacances, une cantine scolaire et pour personnes âgées. Elle reçoit la légion d’honneur pour son action exemplaire. Madame Watteau est nommée conseillère municipale en 1941 au titre des œuvres sociales de la Ville. Après Mesdames Dupont et Bécue, Mme Geffray succède au poste de directrice-institutrice de l’école Watteau. L’école est enfin surélevée d’un étage de 4 classes en 1957 sur sa gauche. La nouvelle cantine scolaire à côté de notre mairie est baptisée du nom du couple Watteau en 1969, tandis que la dernière directrice de l’école de filles Watteau est Mme Alexandre. Avec la mixité des écoles publiques en 1975, il y a un directeur, Monsieur Lausin …

L’école en 1927 avant agrandissement

BULLETIN HISTORIQUE DE LAMBERSART N°20 - Noël 2019 Le mariage du curé Duhaut Jacques DUHAUT (1724-1797), curé de St-Calixte depuis 1764, préside l’assemblée du village en 1790 : 60 électeurs sont inscrits sur la liste électorale, 32 sont seulement présents. La vente des propriétés de l’Eglise (20% des terres en Flandre) afin de rétablir la situation financière de l’Etat se fait à l’avantage de certaines communautés. La constitution civile du clergé amplifie les tensions religieuses (12 juillet 1790). Les députés ont redessiné la carte des diocèses et paroisses, confié à la Nation le soin de désigner un personnel ecclésiastique, désormais rétribué par l’Etat, sous réserve de prêter serment de fidélité à la Constitution (27 novembre 1790). L’élection de l’évêque ou des curés se heurte à l’hostilité des paroissiens, surtout en cas de remplacement ou de contestation. Les prêtres réfractaires (hostiles) ou jureurs (favorables) s’opposent et en Flandre, moins de 10% acceptent le serment. Le curé Duhaut Jacques, âgé de 66 ans, est donc un jureur minoritaire. Il prête serment le 6 février 1791 à l’issue de la messe. « Il est un témoignage irrévocable d’attachement et de fidélité à un gouvernement, c’est de faire ce que les lois ordonnent et de s’abstenir de ce qu’elles défendent. Ce témoignage, nous l’avons toujours donné et nous le donnerons toujours. En conséquence, nous nous engageons de faire ce que le citoyen François (commissaire du directoire exécutif auprès l’administration centrale) exige, si c’est la volonté du législateur ». Anticatholique car le pape la condamne, la République à ses débuts nationalise les biens du clergé, supprime les prêtres réguliers et réduit le nombre de paroisses. La campagne de déchristianisation s’amplifie. Les cloches disparaissent, les vases sacrés partent pour la fonte afin d’être monnayés. Les clochers sont parfois arasés au nom d’un égalitarisme architectural. Lambersart subit les mêmes avanies. Seule une cloche subsiste pour sonner le glas ou l’alerte : la cloche Jésus de 1603/1605 (le dernier chiffre gravé prête à confusion). L’église (voir dessin d’époque) est vendue comme bien national à un certain Dumont qui ne donne qu’un acompte. La commune le lui rembourse, ainsi l’église appartient à la commune. A cause de la Terreur, le curé Duhaut doit renouveler son serment et même épouser à 70 ans sa domestique de 50 ans pour donner des gages de son attachement républicain, le 4 février 1794. Il meurt dans le dénuement en 1797, mais l’église est

sauvée…

L’école vers 1935 (agrandissement à gauche)

Classe élémentaire de filles de Madame Geffray en 1954

Comité historique : Éric Parize, Gilbert Pattou, Catherine Meersdam, Soizic Léger, Joël Marquizeau, Hervée Lépée, Claude Reynaert. Mensuel, 10 numéros par an (sauf juillet-août). Pour nous contacter : bulletin-historique@ville-lambersart.fr Abonnement au bulletin numérique en ligne : www.lambersart.fr/bulletin-historique Responsable de publication : Claude REYNAERT, adjoint au maire aux archives - Secrétaire de publication : Éric PARIZE Impression ville de Lambersart

SOMMAIRE : p.1 : le mariage du curé Duhaut - dossier central : une élection disputée en 1925 p.4 : la 1re école publique du Canon d’Or


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