Bulletin historique de Lambersart - septembre 2019

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La première école publique de garçons de Canteleu Le « hameau » de Canteleu, près de la Haute-Deûle et le long de la route d’Armentières, connaît alors un fort essor démographique lié à l’arrivée d’ouvriers et de leur famille, à la suite de l’implantation d’usines sur des prairies libres et de l’agrandissement de Lille décrété en 1858. C’est en 1869 que naît une classe de garçons à l’initiative de Guislain Michel, sacristain de l’église St-Sépulcre de Canteleu, dans sa grande maison de la rue de l’église (disparue, à situer de nos jours place du Nouveau Canteleu). Il reçoit une subvention de six cents francs par an de la part de la municipalité pour l’instruction des enfants indigents, plus une indemnité de deux cents francs pour la classe et le logement. 50 élèves fréquentent la classe. Sa maison est achetée par la commune en 1879, devenant école communale et il est remplacé au poste d’instituteur. Une extension de l’école (classe pour les petits) et un préau sont construits en face en 1880, à l’entrée de la rue du St-Sépulcre, renommée rue de l’abbé Desplanque ensuite (extension disparue car remplacée en 1926 par le dispensaire d’hygiène sociale et bureau de bienfaisance). La convention de 1878 qui met fin à la sécession des trois hameaux de Canteleu à Lambersart, Lille et Lomme, stipule que les enfants “forains” de ces communes devront être accueillis dans l’école de garçons agrandie de Canteleu Lambersart. Le conseil municipal de Lambersart entend les écarter en 1881 mais le préfet rappelle les obligations et le conseil municipal consent à accueillir ces 50 enfants lillois et lommois de Canteleu. L’école primaire est agrandie en 1883 (2e classe), 1890 (3e classe) et 1898 (4e et 5e classes et cour) par l’architecte communal Henri Boudin et prend alors le nom d’école Victor Hugo. En 1923, la vétusté de ces locaux entraîne une obligation de construire de nouveaux bâtiments d’école et la municipalité rachète des terrains de l’ancienne briqueterie Dumoulin et ses jardins ouvriers attenants. Après l’édification du groupe scolaire Victor Hugo (garçons) & Maintenon (filles) en 1927-28, signé de l’architecte communal Jules Lesaffre, l’ancienne école de garçons de la rue de l’Église abrite jusqu’en 1939 des cours techniques prodigués par l’union philanthropique. Elle est rasée vers 1953, remplacée par le parking de la place devant l’église, qui sera à son tour rasée en 1992, sauf le clocher datant de 1900.

Maison d’école, rue abbé Desplanque

Dessin de la façade de l’école primaire, rue de l’Eglise – H. Boudin, 1898

BULLETIN HISTORIQUE DE LAMBERSART N°18 - septembre 2019 La relique de Saint Calixte

Classe de 1905 dans la cour avec le directeur Désiré Ladrière

Bâtiments d’école de part et d’autre de la rue de l’Eglise vue dans les 2 sens (église et usine Nicolle-Verstraete)

Recherches du comité historique (Éric Parize, Gilbert Pattou, Didier Delval, Catherine Meersdam, Soizic Léger, Dominique Pagliaro, Joël Marquizeau, Hervé Lépée, Claude Reynaert). Pour nous contacter : Bulletin-historique@ville-lambersart.fr Mairie de Lambersart 19, avenue Clemenceau 59130 Lambersart www.lambersart.fr/bulletin-historique Parution chaque mois sauf juillet-août. Versions numériques disponibles dans la rubrique « retour sur notre histoire ». Responsable de publication : Claude REYNAERT Secrétaire de publication : Éric PARIZE Impression ville de Lambersart

Le culte des reliques fut certainement le fondement de l’implantation du christianisme dans la société antique tardive et celle du haut moyen âge. Il fallait rendre la religion « populaire » et indirectement, fixer durablement des hommes autour d’une chapelle ou église et ainsi coloniser l’espace. L’arrivée à Lambersart, en provenance de l’abbaye de Cysoing, d’une partie des ossements de saint Calixte, ramenée par Evrard de Frioul, gendre puis beau-frère de l’empereur d’Occident et fondateur de cette abbaye au IXe siècle, eut à n’en pas douter cette fonction. Le lieu-dit s’agrandit par défrichement : Lamberti sartum est le sart de Lambert en latin. Une communauté s’y fixa : le lieu de culte est cité dans un texte de 1101, au retour de la 1ère croisade du comte Robert II de Flandre. L’église mère de Lambersart, la seule avant 1870, est dédiée à ce saint qui n’a plus aujourd’hui la notoriété. Calliste 1er, car c’est bien de lui qu’il s’agit, fut pape au début du IIIe siècle. Fils d’un esclave chrétien, esclave lui-même, sarde d’origine, il est affranchi par le pape Zéphyrin lorsque, venu à Rome, il lui fut confié l’administration du premier cimetière chrétien, qui portera son nom. Il fit de ce cimetière le lieu officiel de la communauté chrétienne de Rome où furent ensevelis tous les papes pendant plus d’un siècle. Devenu souverain pontife, il eut à faire face à l’opposition d’un théologien qui contestait la foi en la sainte Trinité et le caractère divin du Christ. Calixte fut massacré en 222, précipité dans un puits, une pierre de meule autour du cou ! Ce qui ne le prédisposait pas vraiment, reconnaissons-le, à une réputation de guérisseur des flux de ventre et de fluxions de poitrines auprès des pèlerins flamands se rendant à l’église de Lambersart au moyen âge. Il est surtout connu comme le saint patron des fossoyeurs et tous métiers liés aux cimetières, fêté le 14 octobre. De là le record de quatre cimetières à Lambersart !? Sa tombe fut retrouvée en 1961 au cimetière de Calepode à Rome mais il ne devait y rester que peu de chose si l’on en croit les tribulations de ses ossements au cours des siècles ! Vers 1600 il faut de nouvelles reliques venues de Cysoing car détruites à Lambersart par les Hurlus protestants ; après la Révolution française, Cysoing et Lambersart se partagent l’os de la mâchoire supérieure (voir photo) venu de la cathédrale de Reims ! Enfin, ne confondons pas Calixte 1er avec le pape Calixte II, descendant lointain de la fille d’Evrard par les comtes de Bourgogne (d’où le blason de Cysoing) et créateur du pèlerinage vers St-Jacques de Compostelle (c’est cependant lui sur le vitrail dans le transept de l’église !) et Calixte III, un Borgia qui a béatifié Jeanne d’Arc. On notera que la relique n’a pas subi le test au carbone 14 pour la dater. Dans le cadre des Journées du Patrimoine, des visites de l’église sont organisées chaque année par Gilbert Pattou du Syndicat d’Initiatives de Lambersart, le dimanche 22 septembre de 15h à 17h.

SOMMAIRE :

p.1 : la mâchoire miraculeuse de Saint Calixte - dossier central : la tentative de sécession de Canteleu - p.4 : la première école publique de garçons de Canteleu


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