France Beaudoin et l’équipe d’En direct de l’univers
EN DIRECT DE L’UNIVERS
Des chansons racontées et un livre à répondre
KO ÉDITIONS
EN DIRECT DE L’UNIVERS
Rédaction, recherche et production de contenu : Josée Beaudoin
Coordination, recherche et production de contenu : Marie-Claude Lévesque
Recherche et collaboration au contenu : Amélie St-Onge
Responsable des approbations de contenu : Kim Bernard
Photographies : Eric Myre, sauf p. 266 (Elisabeth Cloutier), p. 219 (Vivien Gaumand), p. 27, 88, 209 et 263 (Ulysse Lemerise), p. 265 (en bas; Marilou Nadeau) et p. 108 (Thério)
Retouche photo : Michel Valois
Édition : Mélanie Roy
Direction artistique : Marie-Michèle Leduc
Révision linguistique : Christine Dumazet
Correction d’épreuves : Sabine Cerboni
Publié par KO Éditions
651, rue
Notre-Dame Ouest, bureau 100
Montréal (Québec) H3C 1H9
ko-editions.ca
Président : Louis Morissette
Directrice générale : Sophie Banford
Directrice éditoriale : Mélanie Roy
Gestionnaire de projets : Chantal Durand
Ce livre est inspiré de l’émission En direct de l’univers présentée par Radio-Canada.
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada, 2024
KO Éditions reconnaît l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada et du gouvernement du Québec par l’entremise du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres, géré par la SODEC.
© KO Éditions, une filiale de KO Média, 2024. Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-92540-023-3
Imprimé au Québec
France Beaudoin et l’équipe d’En direct de l’univers
EN DIRECT DE L’UNIVERS
Des chansons racontées et un livre à répondre
KO ÉDITIONS
Table des matières
Préface 6
PAR FRANCE BEAUDOIN ET L’ÉQUIPE D’EN DIRECT DE L’UNIVERS
À propos de ce livre 10
L’enfance 15
L’adolescence 47
Les amours 77
La famille 101
Les partys 123
Les voyages 145
Les cordes sensibles 165
Les amis 199
Le quotidien 213
Les différents styles 227
Les inclassables 241
Postface 260
PAR FRANCE BEAUDOIN
Remerciements 270

Préface

Y a rien qui nous fait plus plaisir que de vous voir vous approprier le concept d’En direct de l’univers dans vos événements personnels.
Vous êtes des centaines, chaque année, à nous écrire pour nous dire que vous organisez, en cachette, l’univers de votre chum, de votre grand-mère, de votre père, de votre prof ou de votre collègue. Vous chantez leur naissance, leur départ, leur retraite, leur 18e comme leur 100e anniversaire.
Que l’idée ait transcendé le show de télé en se frayant un chemin dans vos vies nous rend profondément heureux.
Une chanson, c’est une empreinte de bout de vie. Une musique a le pouvoir de nous ramener exactement dans l’émotion de ce qui a été vécu. C’est une combinaison de notes capables de déverrouiller les âmes et les cœurs les plus barrés. Même les orgueils les plus résistants finissent par céder.
Ça ne guérit peut-être pas, mais ça adoucit là où ça passe. Et ça rassemble, surtout.
Dans cette époque de l’éphémère, où on skippe, on zappe et on swipe selon nos humeurs du moment, les musiques continuent de s’imprimer automatiquement sans le moindre effort conscient d’archivage de notre part. Et ce, pour toujours, ou presque.
Des études démontrent que nos musiques sont parmi les dernières à partir. Qu’elles nous restent en mémoire même quand la mémoire part. Un proche qui ne se souvient plus de ton nom se rappelle pourtant toutes les paroles de sa chanson.
Notre tante qu’on aime tant ne se souvient pas qu’on est passé la visiter aussitôt qu’on est parti. Toutefois, elle connaît encore toutes les paroles de son cahier de La bonne chanson. Toutes. Et elle les chante avec une telle joie que c’en est confrontant. Comme si le bonheur de chanter gagnait sur tout, et faisait oublier tout le reste.
Un jour, au port, des Madelinots se sont mis à chanter Partons, la mer est belle, me faisant monter instantanément le sanglot, souvenir de mon père qui pleure en la fredonnant. Dans la seconde qui suit, une voiture passe avec Hurts So Good, de John Cougar Mellencamp, à fond la caisse à la radio. Je suis alors télétransportée sur-le-champ à Vancouver, dans un souvenir euphorique d’ados en décapotable, premier voyage, 16 ans, sans parents. Dans la même minute, je suis passée d’un chagrin enfoui à une joie explosive...
Dans ma tête, je venais de comprendre le rôle de la musique dans nos vies. Je saisissais aussi que c’était peut-être un concept télé universel que de chanter la vie de quelqu’un et que, dans le fond, c’est ce qu’on avait toujours fait chez nous.
J’ai toujours été curieuse de connaître l’histoire des chansons... Dans quelles circonstances et avec quelles intentions elles ont été écrites. Quels sont les chemins qu’elles ont pris pour se rendre jusqu’à nous. Comment une chanson écrite en peine d’amour par son auteur devient la chanson de naissance ou de mariage de celui ou de celle qui l’écoute. Comment la chanson de funérailles de l’un est associée au plus grand fou rire de l’autre. L’appropriation personnelle qu’on en fait dans nos vies est riche en histoires.
Ce sont ces histoires, tantôt pleines d’humour et tantôt si touchantes, récoltées au fil des ans, qu’on a eu le goût de vous raconter.
En partageant avec vous notre questionnaire, nous espérons aussi que l’exercice vous fera voyager dans vos propres univers, en provoquant des discussions, des réflexions et, pourquoi pas, des legs.
Suggestion : laissez traîner le livre avec vos réponses après l’avoir rempli. Ça fera passer le message que la job de recherche est faite. Un univers est si vite arrivé. Pour qu’ensemble, vous puissiez chanter vos vies.
Comme dit ma mère : « Créons-nous des souvenirs. » On ne sera jamais trop à se rassembler pour le faire.
Chantons, mes amis, chantons.
— FRANCE BEAUDOIN ET L’ÉQUIPE D’EN DIRECT DE L’UNIVERS
Sur ce...
Mesdames et messieurs, bonsoir, je vous annonce qu’à partir de maintenant, vous serez en direct de l’univers de :
À propos de ce livre
Divisé par thèmes puis par chansons, ce livre vous permet de répondre aux questions liées à votre univers musical en plus de vous faire découvrir quelques-unes des nombreuses histoires qui nous ont amusés, émus, étonnés et marqués au fil des 15 premières années d’En direct de l’univers.
Ces histoires sont rapportées fidèlement sous forme de citations, telles qu’elles ont été recueillies dans le questionnaire des invités, lors de la préentrevue ou encore en ondes lors de l’émission.
Certaines chansons font aussi l’objet d’un complément actuel et inédit puisque plusieurs auteurscompositeurs ont accepté de nous raconter, pour les fins de ce livre, l’histoire de la création de leur chanson et sa résonance pour eux aujourd’hui. Ces textes originaux ont été mis en italique.
Pourquoi avoir choisi ces chansons et non d’autres ? Parce qu’à l’instar des choix possibles, le plaisir de créer ce livre était juste trop grand. Il fallait donc garder ouverte l’idée de pouvoir un jour en faire un deuxième, un troisième, un quatrième...



Ci-dessus, puis dans le sens horaire : Paul
Philippe
Peter
et Jean-François Groulx sous la direction de notre chef Jean-Benoit Lasanté (à droite)



L’enfance
Questionnaire
Lorsque vous étiez enfant, est-ce qu’il y avait beaucoup de musique à la maison ?
Quelle est la première chanson dont vous avez le souvenir ?
Quelle est la chanson que votre mère vous chantait ?
Quelle est la chanson que votre père vous chantait ?
Quelle est la première chanson que vous avez apprise par cœur et quel souvenir lui associez-vous ?
Quelle est votre chanson préférée d’enfance et pourquoi ?
Avez-vous appris à jouer d’un instrument de musique et, si oui, lequel ?
Quel a été votre premier album, ou cassette, et quel souvenir lui associez-vous ?
Quelle était votre émission de télé ou de radio préférée lorsque vous étiez enfant ?
Quel est le premier spectacle que vous avez vu et quel souvenir en gardez-vous ?
L’oiseau
René Simard
1971
Paroles et musique :
Cécile Aubry, Eric Demarsan, Daniel White
« Jusqu’à l’âge de 20 ans, j’avais pas l’impression de travailler, mais L’oiseau est quand même la chanson qui marque ma première job ! Je l’ai enregistrée à 9 ans, et l’album complet s’est fait en 3 heures. Certains critiques disaient que ce serait un feu de paille, mais ça a tout l’air qu’on a mis du bois dans le foyer ! »
— RENÉ SIMARD
« C’est en voyant un enfant chanter à la télé que j’ai commencé à penser que ça pouvait être possible pour moi aussi. Je me suis accroché à mon rêve grâce à René Simard. Un jour, mon oncle nous a dit, à ma sœur et moi : “Venez, on va aller le rencontrer !” On est donc partis pour l’île d’Orléans, sans aucune garantie de pouvoir le voir. Une fois sur l’Île, alors qu’on tentait de trouver la maison des Simard, on a aperçu sur le coin d’une rue un jeune garçon qui vendait des journaux. Je lui ai demandé s’il connaissait René. Il m’a répondu : “Ben oui, c’est mon ami.”
Pendant qu’il disait ça, une limousine est passée à côté de nous. René s’est sorti presque tout le corps par la fenêtre pour saluer son ami. Combien de chances on avait que ça arrive à ce moment-là ? On a suivi la limousine jusqu’au club de golf où elle se rendait. René était l’invité surprise d’un événement spécial. On m’a accordé la faveur de prendre une photo avec lui. Ma sœur était nerveuse et tremblait tellement en prenant la photo que le résultat est tout embrouillé. On voit à peine les cheveux de René ! »
– MARIO PELCHAT

L’oiseau
« L’oiseau, je l’ai chantée à l’envers et à l’endroit ! Ma mère nous avait acheté un kit bourgogne et un col roulé blanc avec le zipper René Simard. On était habillés pareil, mon frère et moi, mais on a 7 ans de différence ! J’avais 12 ans et mon frère en avait 5. C’était ridicule ! Sûrement que ma mère aurait aimé qu’on soit aussi fins que René ; il était tellement le symbole de l’enfant parfait ! »
— CHRISTIAN BÉGIN
« Quand René Simard chantait L’oiseau, j’étais pâmée dessus ! J’étais allée me faire photographier dans les photomatons au Woolworth et je lui avais envoyé mes photos. Il y en avait une où je faisais un clin d’œil et une autre où je prenais une pose avec mon doigt sur le menton. »
— JOSÉE DESCHÊNES
« C’est une chanson qui me rappelle l’époque où j’étais dans Les P’tits Chanteurs de Granby, vers 11 ou 12 ans. Comme j’étais un grand sensible, j’étais rarement capable de la finir parce que je me mettais toujours à pleurer. C’est surtout la phrase “le bel oiseau que le vent chassait” qui me rendait triste, parce que ça m’écœurait que le vent chasse l’oiseau, et que l’oiseau se retrouve “rejet”. Même si j’ai mué depuis, je suis encore capable de la frapper aujourd’hui. Quand t’as une voix de tête, y a pas de limites ! Comme Céline, cinq octaves ! »
— ANTOINE BERTRAND
L’eau vive
Guy Béart 1958
Paroles et musique : Guy Béart
« Mes deux parents me la chantaient lorsque j’étais petite. Si ma mémoire est bonne, c’est une chanson qui a été composée pour le film L’eau vive. L’actrice qui jouait dedans s’appelait Pascale Audret. C’est en allant voir ce film-là que mes parents ont eu l’idée de m’appeler Pascale. »
— PASCALE MONTPETIT
« C’est la berceuse que je chantais à mes enfants et l’une des trois tounes que chante mon cockatiel, Coco. Il chante aussi La Marseillaise et Gens du pays. Quand il est en forme, il enchaîne les trois ! »
— LUCE DUFAULT
« J’ai déjà suivi des cours de piano à l’école primaire et j’en ai encore mal aux doigts ! Je n’avais pas le bon positionnement, pas d’oreille et, après un mois, la bonne sœur a dit à mes parents que ça ne donnait rien de dépenser leur argent pour des cours ! Chez mon grand-père qui avait un piano, tout ce que je savais jouer c’était L’eau vive. »
— ANNE-MARIE DUSSAULT
Une colombe
Céline Dion 1984
Paroles et musique :
Paul Baillargeon, Marcel Lefebvre
POUR LA P’TITE HISTOIRE
Cette chanson a été choisie comme hymne de bienvenue pour la visite du pape Jean-Paul II à Montréal en 1984. Céline Dion l’a chantée pour lui devant 60 000 jeunes réunis au Stade olympique. Comme c’était la toute première fois qu’un pape venait au pays, Radio-Canada a déployé la plus vaste couverture télévisée jamais réalisée à l’époque. Résultat ? Le mardi 11 septembre, 5 013 000 téléspectateurs étaient rivés à leur écran pour assister au passage de Jean-Paul II à Montréal.
« En 1984, il y a eu les grands voiliers, la visite du pape et le passage de la navette Challenger. Ce sont les premiers événements médiatiques d’envergure qui m’ont marqué. Je devais avoir 6 ans, et je commençais à comprendre qu’il y avait tout un monde à l’extérieur de la maison. Pour moi, la Colombe de Céline symbolise ça. Et je m’en souviens aussi parce que ma sœur la chantait. »
— PIERRE-YVES LORD

« Ma mère me faisait toujours chanter Une colombe, que j’avais apprise à l’école en troisième année. Elle trouvait ça beau, même si elle ne comprenait absolument rien de ce que je chantais. Elle était fière que j’apprenne le français ; elle voyait ça comme un investissement, je pense. Sa fierté était si grande, surtout venant d’une petite maman comme elle, pas la plus moderne du village, mais flamboyante à sa façon. »
— ELISAPIE
Une colombe
« Le jour où Jean-Paul II est venu au Stade olympique, en 1984, il avait plu à torrents toute la journée. Les petites filles qui jouaient la colombe étaient très légèrement vêtues d’un voile blanc et il faisait froid. C’était effrayant de les voir répéter dans des conditions comme ça. Nous, on était enfermés dans les chambres des joueurs, qui nous servaient de loges, et on ne voyait pas ce qui se passait dans le stade. Je devais réchauffer le public avant l’arrivée du pape, prévue pour une heure précise. Sauf que, le pape, après la journée qu’il avait eue, il était un peu fatigué. Il est resté installé dans la papemobile dans une des portes d’entrée du stade. D’où j’étais placé, je voyais très bien où il était et je le voyais la tête penchée sur son thorax : il somnolait.
Au lieu de faire les 10-15 minutes d’animation qui étaient prévues, j’ai dû en faire 55 ! Quand on est en plein centre du Stade olympique et qu’on a des milliers de jeunes autour de soi, on se dit : il y a sûrement un mouvement de foule à créer, surtout que chaque jeune avait un foulard blanc. À un moment donné, je me suis tourné vers la foule qui était à ma gauche et j’ai dit : “OK, quand je vous fais signe, vous vous levez et vous agitez votre foulard. Aussitôt que vous êtes debout, la personne à votre gauche se lève, vous, vous vous assoyez, et ainsi de suite. On va essayer de faire tout le tour du stade comme ça.” On s’est repris quatre ou cinq fois avant que tout le monde comprenne la mécanique. On ne m’a jamais prouvé le contraire, alors je suis à peu près certain que c’est là que la vague a été créée ! »
— MICHEL JASMIN
Nookie
Limp Bizkit
1999
Paroles et musique :
Fred Durst, Wes Borland, Sam Rivers, John Otto
« Le premier CD que j’ai acheté avec mon argent, c’était celui de Limp Bizkit pour la chanson Nookie. Je voulais tellement être une rockstar. J’avais l’album, le manteau, la casquette... Je voulais être le chanteur ! »
— PHIL ROY
« Quand j’étais en cinquième année, j’avais annoncé la mort du chanteur de Limp Bizkit à l’école, juste pour voir à quel point on était capable de partir une rumeur. On était à l’époque préInternet et on n’avait évidemment pas de téléphone intelligent, mais, malgré ça, toute l’école parlait de la mort de Fred Durst sur l’heure du midi. Et la rumeur s’est aussi répandue dans d’autres écoles ! J’imagine que le soir, quand ils sont rentrés chez eux et qu’ils ont écouté MusiquePlus, ils ont compris que c’était pas vrai. »
— ARNAUD SOLY
« Notre grand-mère paternelle nous faisait écouter des affaires qui n’étaient pas nécessairement destinées aux enfants. Elle était du genre à mettre la cassette du groupe Crampe en Masse et à nous enregistrer South Park et Les Simpson quand j’avais 7 ans. À un moment donné, elle m’a volé mon album de Limp Bizkit, elle s’est fait tatouer un poisson sur la cheville et elle s’est fait percer le nombril. C’était une grand-mère totalement funky ! »
— SONNY CAOUETTE (2FRÈRES)
Bozo
Félix Leclerc
1951
Paroles et musique :
Félix Leclerc

« Félix et moi étions amis et voisins à Vaudreuil. J’ai vu naître plusieurs de ses chansons puisqu’il débarquait chez nous avec sa guitare pour avoir notre avis. Félix, c’était comme mon frère. À mon mariage avec Henri, c’est Roger Baulu et lui qui agissaient comme témoins. Mon mari et moi étions parfois un peu perdus, de sorte qu’on s’est rendu compte qu’on avait oublié d’acheter des alliances. On a donc emprunté celles de Félix et de Roger pour se marier ! »
— JANINE SUTTO
Bozo
« J’avais organisé un spectacle de Félix Leclerc pour financer la création de la radio étudiante. J’avais communiqué avec lui pour qu’il vienne faire un tour de chant, et on avait rempli l’auditorium du Collège Saint-Laurent ! Je le vois encore arriver le soir dans sa Volkswagen, sa guitare dans un étui. Je lui avais donné cinq bruns. C’était le cachet qu’il demandait à l’époque ! »
— BERNARD DEROME
« Il n’y avait pas énormément de disques chez nous lorsque j’étais enfant, mais ceux qui y étaient ont été déterminants. Les 78 tours de Félix Leclerc figurent parmi mes premiers souvenirs musicaux. Comme je ne savais pas encore lire, ma mère avait dessiné un soulier sur l’étiquette du disque pour m’indiquer de quel côté se trouvait la chanson Moi, mes souliers. Je pouvais ainsi mettre le 78 tours moi-même sur le petit pick-up. De toutes les chansons de Félix, c’est Bozo qui demeure encore ma préférée. C’est une grande chanson à tous points de vue. Je la chante encore parfois et j’aime l’entendre chantée. Pour moi, c’est une chanson parfaite. »
— MICHEL RIVARD
« On a passé des heures et des heures à chanter ensemble, Félix et moi, à l’île d’Orléans. Ces moments figurent parmi mes plus beaux souvenirs. Je ne voyais pas le temps passer quand j’étais avec lui. Un soir où je donnais un spectacle à 20 h au Grand Théâtre de Québec, je me suis rendu compte à 19 h 20 que j’étais encore chez Félix, à l’île d’Orléans. Il m’a dit : “Bah, c’est pas grave. Si t’es en retard, tu leur diras que t’étais avec moi et ils vont t’applaudir.” Il était comique, Félix. Je me souviens encore de son numéro de téléphone : c’était le 828-2808. C’était plein de 8, et il est mort le 8 du 8e mois en 1988. »
— JEAN LAPOINTE
« Chaque fois que je monte dans une chaloupe, je chante Bozo, je ne sais pas pourquoi ! C’est d’ailleurs en l’honneur de cette chanson de Félix qu’on a appelé notre groupe d’auteurscompositeurs Les Bozos en 1959 et qu’on a ouvert Chez Bozo, notre boîte à chansons. À sa mort, Félix m’a laissé un mot qui disait : “Jean-Pierre, je partirai avant toi. Je te préparerai un château. Les clefs seront sous le paillasson.” »
— JEAN-PIERRE FERLAND
« À l’origine, Bozo devait être un roman. Félix raconte qu’il avait déjà écrit 60 pages quand le chemin de l’écriture fit un détour vers la chanson. C’est en fait un grand travail de distillation. Combien de raisins ramassés pour faire une bonne bouteille !
C’est aussi le premier court métrage qui illustre magnifiquement une chanson d’auteur-compositeur. J’ai vu pour la première fois ce petit film à l’âge de 10 ans grâce à mon oncle qui travaillait à l’ONF. Nous étions réunis, la famille et des amis, dans sa cuisine. Mon oncle avait déposé son projecteur sur la table, accroché un drap blanc et, soudain, dès la lumière éteinte, la poésie était là parmi nous. Des images en noir et blanc, des personnages somptueux, la fée Carabosse, les longs rideaux dans l’eau, les musiciens, le marais et la tristesse d’un amour sans retour, dans ce pays la nuit.
Odile Tremblay écrivait dans la série Un hiver avec Félix Leclerc avoir croisé ce personnage bien réel, ce Bozo, dans un coin de Montréal, le sans-abri pleurant ses illusions perdues sur son vieux radeau. Le poète savait sa douleur, il en a fait une chanson. Merci encore, Félix. »
— RICHARD SÉGUIN
Jardins de Babylone
Pierre Flynn 1991
Paroles et musique :
Pierre Flynn
« À l’époque, il y avait des restos grecs ouverts 24 heures dans mon voisinage. Avec des minijuke-box à chaque banquette. Au Nouveau Palais, qui est toujours là à Montréal, on commençait à entendre du hip-hop et du rap à la fin des années 80.
Je n’ai plus de colère mais curieux paradoxe
C’est un rap des enfers qui jaillit du juke-box
Ça m’amusait, cette rime en “oxe”. Et j’ai été bien touché quand mon ami Raymond, père d’Émile
Proulx-Cloutier, m’a raconté que son fils, qui avait alors 8 ans peut-être, aimait bien cette chanson et qu’il lui avait demandé : “Papa, c’est quoi au juste un paradoxe ?”
On commençait alors à parler de mondialisation, de globalisation. On s’en méfiait un peu, à vrai dire. Je parlais de cet appétit insatiable de reconnaissance ou de célébrité. Que dire là-dessus, trois décennies plus tard, avec l’Internet et les réseaux sociaux ? Disons que je la chante toujours, sans trop me sentir décalé !
Si cette chanson était à refaire, je supprimerais le cri heavy métal un peu raté au début ! »
— PIERRE FLYNN
« Depuis que j’ai 7 ou 8 ans, les chansons de Pierre Flynn m’accompagnent. Ami de mes parents, il était passé quelques fois à la maison. J’osais souvent le bombarder de questions. Dans sa chanson qui s’appelle Jardins de Babylone, on entend un riff de piano en dessous. C’était mystérieux pour moi. C’était même obsédant parce que ça revenait souvent. J’étais un peu intimidé, mais je me rappelle avoir demandé à Pierre : “Qu’est-ce que tu joues à cet endroit-là ?” Je me souviens de la révélation quand il a plaqué ses doigts sur le piano chez nous. Des accords jazz avec des sixièmes et des neuvièmes. Un accord mineur, mais avec une espèce de twist de soleil jazz dedans. Tout à coup, beaucoup de rouages dans mon cerveau ont compris les possibilités. Un monde s’est ouvert. »
— ÉMILE PROULX-CLOUTIER

Le bon gars
Richard Desjardins 1990
Paroles et musique : Richard Desjardins
« 1991. Pour le spectacle de fin d’année de la classe, j’ai préparé un lip-sync sur ma chanson préférée. Dans mon costume confectionné par ma mère, avec ma casquette à l’envers, mes bretelles et mes petites lunettes rondes pas de fond, je me suis avancée sur la scène avec assurance. (Faut dire qu’en réalité, la scène était une petite chaise en bois sur laquelle je tenais en équilibre, à côté du bureau de madame Thérèse.)
Quand j’vas être un bon gars, pas d’alcool pas de tabac
Dans la classe de première année, pendant qu’une petite blondinette s’époumonait en chantant du Richard Desjardins, les professeurs des classes voisines, intrigués, étaient venus assister au spectacle, en essuyant leurs larmes de rire au coin des yeux.
Pi moé su’ mon bord, m’as tomber dans l’fort
Là, on parle bien ici d’un fort... de neige... hein ?
À 6 ans, les enfants rêvent d’aller à Walt Disney. Moi, je voulais descendre à Val-d’Or. »
— INGRID ST-PIERRE
« J’ai jamais été du genre à apprendre une chanson du début à la fin, sauf celle-là. C’est ma première ! C’était pour une prestation au Café Show alors que j’étais aux études en médecine vétérinaire. J’ai eu du plaisir à chanter cette chanson-là parce que sa structure ressemble à du stand-up sur scène. Ça a été un succès, mais je sais pas si j’ai tant de mérite ! J’étais devant 300 étudiants en médecine vétérinaire, on se connaissait tous, j’étais président du café étudiant, donc celui qui contrôlait la place, la bière... T’sais, le gars qui a des clés ! »
— FRANÇOIS BELLEFEUILLE
La chanson du petit voilier
Paolo Noël 1958
Paroles et musique : Paul-Marcel Gauthier

« Les premières chansons dont j’ai le souvenir tournaient autour de l’eau puisque mon papa était marin. Ma mère et ma grand-mère me chantaient La chanson du petit voilier lorsque j’étais petite en me demandant de faire les harmonies vocales, mais je ne savais même pas ce que c’était ! Je l’ai appris avec le temps, à force d’entendre chanter ma mère et ma grandmère en tierce. »
— GUYLAINE TREMBLAY
« Ma mère me chantait cette chanson-là, mais avec des paroles qu’elle avait inventées juste pour moi. J’ai appris seulement en remplissant le questionnaire que ce n’était pas les vraies paroles de la chanson de Paolo Noël ! Dans la version de ma mère, ça dit : “Moi, je suis un tout petit garçon que sa maman aime beaucoup. Je suis beau et toujours souriant, je suis le bébé à maman.” J’aurais dû me douter qu’elle l’avait personnalisée ! »
— MATTHIEU PEPPER

« J’ai vraiment un univers qui tourne autour de l’eau, des bateaux, des navires, des arrivées et des départs... Mon père et mes trois frères ont travaillé pour la Garde côtière canadienne. Mon père vient du Bic et ma mère vient de Pointe-au-Père.
J’ai passé des étés dans le Bas-du-Fleuve aussi. La chanson du petit voilier fait partie de mes premiers souvenirs musicaux et elle est très importante dans ma famille. Elle a même joué aux funérailles de mon frère Réjean, chantée par un chœur. C’était d’une beauté ! On était tous à l’envers. »
— MARIE CARMEN
Le p’tit bonheur
Félix Leclerc 1948
Paroles et musique :
Félix Leclerc
POUR LA P’TITE HISTOIRE
Félix Leclerc a interprété Le p’tit bonheur pour la première fois en 1948 au théâtre du Gesù à Montréal. La chanson servait de transition, le temps de changer les décors dans la pièce Au petit bonheur, qu’il avait écrite et mise en scène.
« Chez nous, on n’a pas été élevés avec la radio française. On avait juste CHNC New Carlisle qui traversait de la Gaspésie. C’était un poste country, mais, heureusement, ils faisaient aussi jouer Félix Leclerc parce qu’il avait une chemise carreautée ! »
— ÉDITH BUTLER
« C’est une chanson qui était très à la mode et qui jouait beaucoup quand j’avais autour de 10 ans. Je la trouvais positive et si belle. C’est l’époque où j’étais studieux, poli, bien élevé et où je devais bien me comporter en toute occasion. Ça a changé par la suite ! »
— MICHEL CÔTÉ
« Très jeune, je chantais cette chanson-là avec mon frère dans des soirées, et mon père nous accompagnait à la guitare. Parmi les premiers spectacles que j’ai vus, il y a celui de Félix Leclerc, au collège où j’allais. Je savais qui il était, mais je ne savais pas que c’était une légende ! Félix était tout seul avec sa guitare et il nous a entretenus une bonne heure. »
— PATRICK NORMAN
« J’avais l’impression que c’était moi, le p’tit bonheur qui était tout en pleurs. Je me disais : “Un moment donné, quelqu’un va me ramasser !” »
— SANDRINE BISSON

Get Down
Backstreet Boys
1996
Paroles et musique :
Bülent Aris, Toni Cottura, Keith McGuffey
« Mon premier poster, c’était celui de Nick Carter avec un grand pli de magazine dans le front. Je me faisais des petits scénarios dans ma tête : Nick me disait des belles phrases, je m’approchais lentement de mon poster et, là, je lui donnais un bec. C’est gênant !
Quand je suis allée voir le groupe en spectacle, j’étais tellement assise dans le pit que, plus haut que ça, je sortais par le toit du stade ! J’avais quand même apporté mes toutous pour Nick et Brian. Je les ai lancés, mais c’est une fille devant moi qui les a reçus. Elle les a relancés, mais là, j’avais peur que Nick et Brian pensent que mes toutous venaient de l’autre fille. »
— CHRISTINE MORENCY
« Les Backstreet Boys ont tout développé chez moi : mon anglais, ma féminité, ma sensualité ! Je me souviens de prier fort dans la douche et de me dire : “Si j’ai des totons, ils vont me remarquer au Centre Molson.” C’était vraiment ridicule, mais dans ma théorie de l’évolution, quand on passe de petite fille à femme, on change de Backstreet Boy préféré. Quand t’es jeune, c’est sûr que c’est Nick. À une certaine époque, j’ai changé pour Brian, encore un peu baby face et blond, mais un peu plus mature. Et, avec le temps, c’est Kevin avec ses ténèbres dans les yeux, sa profondeur et son piano qui m’ont gagnée. Je vais encore voir les Backstreet Boys en show quand ils viennent à Montréal. J’y vais même toute seule. Je les aime encore et je les trouve encore sexy. »
— LÉANE LABRÈCHE-DOR
Frédéric
Claude Léveillée
1963
Paroles et musique :
Claude Léveillée
POUR LA P’TITE HISTOIRE
Au départ, Claude Léveillée voulait dédier cette chanson à son frère Jean, car elle parlait de leur vie de famille, du temps où ils étaient jeunes et qu’autour d’la table, ça riait, discutait pendant qu’maman nous servait. Comme le prénom de Jean ne comportait qu’une seule syllabe et que la ligne musicale en demandait trois, il a rebaptisé son frère Frédéric !
« Cette chanson-là, c’est ma préférée parmi toutes. Je pense que c’est la plus marquante, la plus grande et la plus incroyable. Le texte me rejoint beaucoup. Chaque dimanche, on allait chez ma grand-mère et chez ma tante qui habitait avec elle, puis à la messe dans la belle église de Ville Saint-Laurent. Dans l’après-midi, on partait prendre une marche avec mon père ou encore il nous emmenait à Dorval pour voir les avions. Par la suite, on revenait chez ma grand-mère pour le souper en famille. C’est vraiment ce qu’est la chanson Frédéric... Ça riait, discutait pendant que maman et grand-maman nous servaient à Ville Saint-Laurent. C’était le bonheur total ! J’ai eu l’occasion de dire à Claude Léveillée que mon fils s’appelait Frédéric en raison de sa chanson, et il était très ému de ça. »
— PAUL HOUDE
« J’ai chanté Frédéric avec Claude Léveillée lors de ma première performance à Star Académie en 2004. Je me souviens d’être allée le rejoindre sur la scène. Je me disais : “Mon Dieu, on est en direct, il y a des millions de téléspectateurs, mais je suis avec Claude Léveillée, donc je vais le suivre !” Je me sentais tellement privilégiée. Ça a été l’une de ses dernières prestations publiques puisqu’il a fait un AVC à peine deux mois plus tard. »
— VÉRONIQUE CLAVEAU
Frédéric
Ami Patrice,
Tu sais, on est tous le clown de quelqu’un et parfois de plusieurs, si la vie nous offre cette belle chance d’avoir un public.
Toi et moi avons été bénis, pendant notre enfance, on riait, discutait autour de la table pendant que maman nous servait, on a eu un piano occupant royalement le salon, penses-y, on a joué les grands amoureux à l’écran, beau prétexte pour embrasser des jolies femmes (je sais, je sais, c’est dur le métier de comédien), et toi... tu as su faire rire, peutêtre un peu parce que je t’ai fait sourire lorsque t’étais gamin ?
J’ai été ton clown, aujourd’hui je me repose et je te regarde au petit écran, voilà que tu es devenu le mien...
Je te laisse écouter ma musique, si ça te fait du bien...
Et toi continue de me faire sourire, ça me fait du bien...
Salut !
Léveillée
Claude Léveillée avait été invité dans l’univers de Patrice L’Écuyer, mais il avait dû décliner, lui qui se faisait très discret à l’époque. En revanche, il lui avait fait parvenir ce mot...

« À l’âge de 4 ou 5 ans, j’écoutais le disque de Claude Léveillée, l’oreille collée sur le tourne-disque, pas fort, pour ne pas déranger. Je pouvais chanter Frédéric par cœur. C’est l’album où on voit Claude accroupi sous un pont de la Seine. C’était le disque de mes parents, mais il est devenu mythique pour moi aussi. J’ai croisé Claude Léveillée à quelques reprises et je me suis fait une fierté de lui dire que, plus jeune, j’avais le disque de Clo-Clo, un personnage pour enfant qu’il avait joué à la télé. C’était MON disque de jeunesse, et j’ai écouté les histoires de Clo-Clo à répétition. »
— PATRICE L’ÉCUYER
L’histoire de la vie
Le Roi lion 1994
Paroles et musique : Elton John, Tim Rice
« Moi, The Lion King, c’est vraiment MA comédie musicale préférée. Je l’ai vue trois fois : deux fois à New York et une fois ici. Le show commence, et je braille instantanément. La deuxième fois où je l’ai vue à New York, Whoopi Goldberg faisait partie de la distribution. C’était toujours une surprise, car elle remplaçait l’une des actrices lors de ses congés. Sa voix était moins bonne que celle de l’autre chanteuse, mais on s’en fout : c’est Whoopi Goldberg ! Quand j’ai vu le spectacle à Montréal, j’étais avec Viviane, la fille de Jean-François Baril. Je m’étais dit : “C’est pas vrai que je vais brailler devant une enfant de 8 ans !” Eh ben, oui... Les animaux sont rentrés dans la salle et ça a été instantané. »
– ALEX PERRON
« Ma mère m’avait suggéré d’écrire une lettre au Téléthon sur la recherche pour les maladies infantiles pour leur proposer d’aller chanter. Je l’ai donc fait en disant que mon frère avait été malade, que j’aimais chanter et que je pourrais faire la chanson du Roi lion. Ils m’ont rappelée et ils m’ont invitée ! J’avais 12 ans. Mon frère, 10 ou 11. On s’aimait, là, mais on se chicanait tout le temps, comme un frère et une sœur de cet âge-là. Au Téléthon, mon gérant en devenir, qui était un ami de la famille, m’a dit juste avant ma toune : “Ce serait beau que vous vous donniez la main, ton frère pis toi, à la fin de la chanson.” J’étais comme : “Ah non, dégueu !” Finalement, je l’ai fait, et ça a été un moment hyper touchant. C’était Mireille Deyglun et André Robitaille qui animaient et, après la chanson, ni l’un ni l’autre n’était capable de parler.
Au Téléthon, il y avait Daniel Mercure, le chef d’orchestre qui aidait Luc Plamondon à trouver des talents pour Notre-Dame de Paris, sa prochaine comédie musicale. La semaine suivante, l’assistante de Luc a laissé un message chez nous en disant : “Monsieur Plamondon aimerait rencontrer MarieEve.” Moi, j’avais aucune espèce d’idée de qui c’était. Mon père et ma mère ont écouté ça en pensant que c’était une blague. Mes tantes me disent : “Reste toi-même ! Ne change surtout pas !” Et moi je ne comprenais rien ! Mon père m’a dit : “Viens t’asseoir, je vais t’expliquer qui c’est, Luc Plamondon !”
Mon audition pour le rôle de Fleur de Lys dans Notre-Dame de Paris demeure l’un des beaux moments de ma vie. On m’a fait chanter Vivre, qui est interprétée par Esmeralda dans le spectacle. À ce moment-là, la chanson n’était pas finie, donc il y avait encore des lalala dans les paroles. Luc m’a arraché la feuille des mains pour écrire “Sans un anathème, sans un interdit”. Il a écrit des paroles, là, devant moi, et ça m’avait beaucoup impressionnée. C’est un souvenir qui reste. Je lui ai inspiré deux phrases ! »
— MARIE-EVE JANVIER
L’adolescence
Questionnaire
Comment décririez-vous votre adolescence en quelques mots ?
Avez-vous eu une crise d’adolescence et, si oui, quelle chanson la décrirait bien ?
Quelles sont vos chansons préférées d’adolescence et à quels souvenirs les associez-vous ?
Quel est le premier album que vous avez acheté avec votre argent ?
Quelle est la chanson sur laquelle vous avez dansé votre premier slow et quel souvenir en gardez-vous ?
Qui était votre idole durant cette période et pourquoi ?
Quelle chanson associez-vous à votre premier emploi et pourquoi ?
L’ADOLESCENCE
Quelle chanson vous rappelle votre première voiture ?
Quelles chansons vous rappellent votre premier appartement ?
Quelles chansons vous ramènent à vos années d’études (secondaires, collégiales, universitaires ou autres) ?
Tout va changer
Michel Fugain
1973
Paroles et musique :
Michel Fugain, Pierre Delanoë
« C’est Pierre Delanoë qui est l’auteur de cette chanson, moi j’en ai fait la musique. Et pourquoi Pierre Delanoë, qui était un homme de droite, m’a fait chanter ça ? Je reste persuadé qu’il savait pour qui il écrivait. Il savait que j’étais un refaiseur de monde. D’abord, j’étais beaucoup plus jeune que lui, voire d’une autre génération. Lui, il était un tout petit peu caméléon, il écrivait pour des chanteurs précis, pour des mecs qui savaient qui ils étaient. Il m’a fait chanter “Tout va changer ce soir” parce qu’il pensait que c’était dans ma façon d’envisager le présent, l’avenir et tout ce qui pouvait arriver derrière.
Avec le recul, c’est le plaisir des autres qui me frappe au sujet de Tout va changer. Souvent, on me la demande. Elle date d’une époque où il y avait encore de l’innocence dans la société. Il y a un côté Walt Disney dans cette chanson qui résonne chez les gens. Il y a quelque chose qui ressemble à Noël, les chorales l’ont beaucoup chantée. Donc c’est le plaisir des autres qui me fait du bien. »
— MICHEL FUGAIN

Tout va changer
« J’écoute Michel Fugain partout et sans arrêt. Pour moi, c’est la plus belle voix française. Il y a quelque chose de beau, de tendre, de vrai et d’apaisant dans ses chansons. Les larmes me viennent aux yeux, même quand c’est joyeux, parce que ça me ramène à des beaux moments d’adolescence où l’on découvrait beaucoup, beaucoup de choses.
J’ai un ami qui est décédé beaucoup trop jeune, à 50 ans. Stéphane, c’était un immense gars avec un charisme hallucinant et une tendresse sans bon sens. C’est lui qui nous a fait découvrir Michel Fugain. On se promenait dans sa grosse van et, partout où on allait, c’était le Big Bazar, c’était Fugain.
Quand Stéphane est décédé, on s’est tous réunis pour chanter Fugain autour d’un piano. »
— VINCENT LÉONARD (LES DENIS DROLET)
« Je me revois dans l’auditorium de l’école et je regarde mon frère chanter cette chanson-là avec la chorale dans son spectacle de finissants. Moi, j’ai 12 ans, je suis en secondaire un, je commence à prendre mes aises avec l’être humain que je suis en train de devenir. C’était quand même une bonne adaptation, le secondaire. Grosse école, beaucoup de gens... J’étais un peu stressé. En entendant cette chanson-là, ça m’a apaisé à un point tel qu’on dirait que j’ai compris certaines clés de la vie : il y a des choses qui changent, des gens qui partent, d’autres qui arrivent, mais ça va aller. Mon frère finissait le secondaire, un jour ça allait être moi... C’est comme si j’avais vécu une séance de psychologie en quelques minutes, le temps d’une chanson.
Je prends souvent des moments dans ma vie avant de me coucher, je vais tamiser les lumières et faire une petite méditation... Parfois, je vais aller chercher cette chanson sur ma liste, précisément. Je vais me laisser bercer et je vais aller me coucher. »
— SAM BRETON
C’est zéro
Julie Masse 1990
Paroles et musique : Manuel Tadros
« Si cette chanson était à refaire, je ne changerais absolument RIEN ! Elle a marqué le début de ma carrière et ça a été vraiment magique, du moment où je l’ai entendue dans le bureau de Manuel Tadros au moment où je l’ai entendue pour la première fois à la radio, jusqu’au moment où j’ai entendu la foule la chanter avec moi. Quand je pense à C’est zéro, mon cœur se remplit d’une immense fierté. »
— JULIE MASSE

« Cette chanson a fait partie de ma réintégration québécoise lorsque je suis revenue des États-Unis, où j’ai vécu quelques années. C’était la première musique francophone que j’écoutais, et ça a été une façon de me réapproprier une culture qui m’était devenue très, très étrangère. »
— JULIE LE BRETON
« Je suis une fan finie de la chanson C’est zéro et j’ai toujours rêvé de la reprendre un jour ! C’est pour moi une “chanson jalousie”. La première fois que je me suis retrouvée à côté de Julie Masse, c’était à Cégeps en spectacle ; elle était la marraine d’honneur de l’édition à laquelle j’ai participé. Elle était belle comme une icône. Sa beauté, sa grâce, c’était comme une “apparition”. »
— ISABELLE BOULAY
How Deep Is Your Love
Bee Gees 1977
Paroles et musique : Barry Gibb, Maurice Gibb, Robin Gibb

« Dans nos partys, on jouait au couteau et à la fourchette sur cette chanson-là, entre autres.
Quand le slow s’arrêtait, le gars et la fille qui avaient le couteau et la fourchette devaient se “frencher”. Quand t’as 12 ans, c’est pas mal le plus proche que tu peux te rapprocher d’une orgie ! »
— GUY A. LEPAGE
« Quand on a commencé à sortir ensemble, Marie-Josée et moi, j’avais 19 ans et elle en avait 16. Notre premier french kiss a eu lieu sous un sac de poubelle Glad parce que c’était lors d’un méchoui et il pleuvait ! Cette chanson jouait, donc, chaque fois qu’on l’entend, on monte le son. »
— RENÉ
SIMARD
« J’ai commencé à faire de la radio à 17 ans dans une station de Saint-Hyacinthe où l’on faisait tout. Tu étais engagé comme animateur, mais tu lisais aussi les nouvelles, les avis de décès, le marché aux puces, etc. Une autre semaine, tu pouvais te retrouver à faire ce qu’on appelait les drive du samedi, plus disco. Les Bee Gees démarraient à peu près à cette époque. Je me transformais donc en animateur disco pour les besoins de la cause. Il fallait calculer le temps d’intro des chansons pour arriver “poteau”. J’étais pas pire ! À la fin, je lançais How Deep Is Your Love et je tombais pile sans calculer ! »
— PAUL ARCAND
« Quand on est en auto, ma sœur Ariane et moi, on chante toujours une chanson de Britney Spears pour commencer le trajet. Ensuite, quand on est proche de la destination, on finit la ride de char en chantant How Deep Is Your Love, des Bee Gees, en harmonie. S’il reste encore des minutes avant d’arriver, mais que la toune est finie, on chante le refrain a cappella en boucle jusqu’à ce que le moteur soit coupé ! »
— ÉLÉONORE LAGACÉ
Les Champs-Élysées
Joe Dassin 1969
Paroles et musique : Mike Deighan, Mike Wilsh, Pierre Delanoë

« C’était l’époque des frenchs. Nous autres, on avait une cabane à frenchs en arrière de la maison chez ma mère. C’était une cabane où on se réunissait, des gars et des filles ; on “frenchait” toute la soirée et on fumait du pot. J’ai aussi un souvenir d’avoir dansé un slow sur Et si tu n’existais pas, de Joe Dassin, au Mémo à Kénogami, où il y avait des danses 14-18. Les gars tournaient, les filles restaient sur place. T’essayais de te “matcher” avant la fin de la soirée pour pouvoir “frencher”. Toujours, le but, c’était de “frencher” ! Sûrement qu’en dansant avec la fille, je regardais le gars d’à côté, mais c’était mon secret personnel à l’époque ! »
— DANY TURCOTTE
« Parmi les premières chansons que j’ai apprises au piano, il y a Les Champs-Élysées, de Joe Dassin. Le piano noir, c’est ce qu’on avait à l’école et au Conservatoire. Le piano blanc, c’est ce que j’avais à la maison. À la base, c’était un piano noir. Mes sœurs et moi voulions un piano blanc, alors notre mère nous a donné un pot de peinture... et on l’a peint en blanc ! On avait une maison bourrée de couleurs ! Il y avait des dessins partout. Depuis ce jour, quand j’écris, c’est toujours sur un piano blanc. »
— MIKA
« Je connaissais pas mal toutes les chansons de Joe Dassin parce que c’était le chanteur préféré de ma mère. À un moment donné, je l’ai vu à la télé et je me suis dit : “Hein ? C’est sur lui que ma mère trippe à ce point-là ?” C’était ma jeune prétention d’adolescent, évidemment. Plus tard, en faisant de la musique, j’ai compris l’ampleur de Joe Dassin, et toute sa rigueur également.
Au décès de ma mère, à ses funérailles, j’ai chanté Salut les amoureux, le bout où ça dit : ”On s’est aimés comme on se quitte, tout simplement, sans penser à demain.“ Tout le monde s’est mis à chanter avec moi spontanément. Ça n’a pas été des funérailles tristes ; c’était à l’image de ma mère, une femme qui aimait la vie et qui aimait la musique. »
— BRUNO PELLETIER
Pour un instant
Harmonium
1974
Paroles et musique :
Serge Fiori, Michel Normandeau

« Michel Normandeau, d’Harmonium, c’est mon grand ami de jeunesse. J’étais à l’université avec Serge Fiori et lui quand ils ont commencé à faire des shows ensemble. Je les entendais créer leurs chansons chez nous, dans mon salon. À un moment donné, je leur avais suggéré de changer un bout des paroles dans Pour un instant, mais on s’entend-tu qu’ils n’avaient pas besoin de moi finalement ! »
— CLAUDE MEUNIER
« Quand tu dis aux gens que tu veux être comédienne dans la vie, tu te fais tout le temps répondre que c’est un métier insécurisant financièrement. Avant mon baccalauréat, j’ai décidé de partir en voyage et d’aller voir si je serais capable d’être confortable dans un contexte où je serais pauvre, sans trop savoir de quoi serait fait le lendemain. Et je me suis sentie très à l’aise ! Je suis allée chanter dans le métro à Athènes pour faire de l’argent. Il y avait quatre stations et quatre wagons. À chaque station, je changeais de wagon. J’étais avec un ami qui jouait de la guitare et on chantait tout le temps la même chanson : Pour un instant, d’Harmonium. »
— SYLVIE MOREAU
Album Abbey Road
Les Beatles 1969
Paroles et musique :
Les Beatles
POUR LA P’TITE HISTOIRE
La séance photo qui a permis d’obtenir l’image emblématique de la pochette d’Abbey Road n’a duré que 10 minutes. Les quatre Beatles ont traversé le passage piétonnier trois fois aller-retour et ça y était !
« La première voiture qui m’a un peu appartenu et dont je me souviens, c’est un corbillard Cadillac qu’on avait acheté d’un entrepreneur de pompes funèbres qui s’en débarrassait. Ça a été notre véhicule de tournée pendant un moment pour transporter notre équipement. On faisait sensation, surtout quand on ramassait des pouceux ! À l’époque, en 1969, mon groupe s’appelait Dieu de l’amour vous aime. C’était très cohérent avec le choix du corbillard ! On se spécialisait dans les Beatles, alors on faisait tout l’album Abbey Road. J’ai fait la tournée avec quatre amis et un technicien durant un an. Ça coïncide avec mon arrivée au Québec. Je chantais au sein du groupe, mais je n’étais pas le chanteur officiel ; j’étais le pianiste, le guitariste, le saxophoniste, le trompettiste... N’importe quoi, je le jouais ! Tous les autres membres du groupe sont repartis au Manitoba, sauf moi. »
— DANIEL LAVOIE
« Lorsque j’avais 14 ans, les albums coûtaient 5,25 $ et il fallait les commander lorsqu’on voulait les acheter. En attendant ma première paye comme cuisinier de casse-croûte, j’étais allé dans un magasin de musique à Boucherville pour me commander des disques. Comme ma paye tardait à rentrer, j’ai dû me résoudre à demander de l’argent à mon père pour aller chercher et payer mes disques. Mon père pensait que j’avais besoin de 10 ou 15 $, mais j’ai dû lui avouer que j’avais besoin de 100 piastres parce que j’avais commandé 20 albums ! Mon père est venu régler la note avec moi en disant aux gens du magasin que c’était écœurant de vendre autant de disques à un jeune comme ça. J’ai eu tellement honte à l’époque ! Pour un grand gars de 14 ans, c’était pas winner de se présenter au magasin avec son père pour régler ses dettes. »
— PATRICE L’ÉCUYER
« Je devais avoir 7 ans, peut-être moins, lorsque les Beatles sont entrés dans mes oreilles pour la première fois. Ils sont rentrés par la force des choses, parce que les Beatles rentraient partout ! On a vite été conquis : c’était phénoménal combien leur musique était rafraîchissante. J’ai acheté Abbey Road avec mon argent de poche dès sa sortie. J’ai été l’un des premiers à l’acheter à Sainte-Foy !
Pour le spectacle Love, j’ai monté des dialogues avec les vraies voix des Beatles à partir de bandes inédites où les gars sont en répétition et jasent entre eux. En tout, ça représente deux ans et demi très intenses de ma vie, avec un premier huit mois d’incertitude, car j’avais peur que mon matériel soit refusé. Puis, un jour, lors d’une rencontre, Yoko Ono m’a dit que John aurait beaucoup aimé. J’ai capoté et j’ai bu une douze ce jour-là ! La pression était un peu tombée. Par la suite, j’ai reçu un courriel des gens du Cirque disant que Paul aimait beaucoup et qu’il aimerait que j’en fasse encore davantage. Ceux qui m’ont encouragé le plus, ce sont les Beatles eux-mêmes, alors que leurs protecteurs étaient davantage sur la défensive. Ça a été une expérience formidable. J’y repense comme un rêve, comme si ça n’avait pas existé. »
— FRANÇOIS PÉRUSSE
Unison
Céline Dion
1990
Paroles et musique : Bruce Roberts, Andy Goldmark

« J’ai été honoré de faire la première partie de Céline au Centre Bell en 1999. J’étais caché sous la scène et, 30 ou 40 minutes avant que le show commence, les gens criaient : “CÉLINE ! CÉLINE !” C’est moi qui devais monter avant elle. C’était assez capoté comme feeling ! Plus tard dans le show, je revenais rapper avec Céline sur sa chanson Unison. J’étais tellement concentré qu’à un moment donné, je me suis fermé les yeux et j’ai pas vu qu’elle s’approchait de moi. Je lui ai donné une petite tape dans la face sans faire exprès ! Je me sentais, disons, un peu mal ! »
— STÉPHANE ROUSSEAU
« Comme première job à vie, j’ai travaillé dans le cornet au Vieux-Port de Québec. Il faisait chaud et on travaillait tellement ! Moi, je mesure 5 pieds 5, alors quand on arrivait dans le fond du baril de crème glacée, j’avais pas mal la tête dans le congélateur. C’était l’époque où les yogourts glacés commençaient à faire leur apparition, c’était la folie, et ça me faisait chier d’en faire parce que, de un, c’était long, et de deux, t’avais pas plus de pourboire. Il fallait calculer le nombre de fruits ; par exemple, les bleuets, c’était 10, les framboises, c’était 7... C’était insupportable ! J’ai donné dans le cornet seulement qu’un été. À cette époque, j’écoutais beaucoup Unison de Céline Dion. On la trouvait tellement hot, Céline ! Une toune un peu plus pop, avec un bout de rap, c’était incroyable ! »
— ALEX PERRON
« La première cassette que j’ai reçue en cadeau, c’est Unison. Je l’écoutais sans arrêt en me berçant. Humblement, je dirais que c’est Céline qui m’a appris que j’aimais la musique et qui m’a montré comment en faire. Lors de son show sur les Plaines en 2008, j’étais sa choriste. Je me souviens encore de l’ouverture...
De ce moment-là où c’était sombre sur scène : je me prépare, je suis à côté de ma sœur Suzie, on se regarde et on s’apprête à vivre la plus belle soirée de notre vie. Devant nous, il y avait des milliers de personnes. J’étais aux anges et je me disais : “C’est moi qui ai la plus belle place ! Je suis la choriste de mon idole !”
Lors des répétitions, je tenais le rôle de Céline. Heureusement que j’ai su seulement plus tard qu’elle écoutait les enregistrements de ces répétitions-là alors qu’elle voyageait en voiture ! »
— ANNIE VILLENEUVE
« Tout le monde doit nommer Céline comme idole de jeunesse, mais moi, c’est plus vrai que les autres ! La première fois que je suis allé voir son spectacle Incognito, j’étais un peu dans le fond, alors j’avais demandé d’y retourner une deuxième fois. À l’époque, il n’y avait pas d’Internet, donc ma mère avait pris une journée de congé pour aller faire la file chez Ticketpro. Plus tard, j’ai appelé de l’école et elle m’a dit : “Malheureusement, il y avait beaucoup de gens devant moi. On est assis en arrière, mais on va être là quand même.” Quand je suis arrivé à la maison, sur mon lit, en surprise, il y avait les deux billets : AA-1 et AA- 3. Quand j’ai réalisé que AA, c’était même devant A, ça a été tout un moment !
Le soir du show, j’avais des bretelles, une petite boucle bleue et j’étais allé acheter un bouquet de fleurs pour Céline. Comme je connaissais son spectacle pour l’avoir déjà vu, je savais qu’il y avait un numéro où elle arrivait avec une longue robe blanche et qu’elle chantait des chansons de Broadway. J’avais donc prévu d’aller lui porter les fleurs après ce numéro-là... et je l’ai fait !
Elle a pris les fleurs et elle m’a donné un bec sur la joue. J’ai essuyé le rouge à lèvres avec un mouchoir que j’ai mis ensuite dans un scrapbook qui était un cahier Canada à l’époque.
Ce spectacle représentait pour moi un tel événement incontournable qu’au moment de me rendre au St-Denis pour y assister, je regardais les gens marcher dans la rue et vivre leur vie en me disant : “Mais comment ça se fait qu’ils ne sont pas tous en train d’aller voir Céline Dion ?” »
— JEAN-SÉBASTIEN GIRARD
Petite Marie
Francis Cabrel
1977
Paroles et musique :
Francis Cabrel
« Francis Cabrel a toujours été l’un de mes préférés, et c’est encore le cas aujourd’hui. La première chanson que j’ai apprise par cœur, c’est vraiment Petite Marie. J’ai des amis avec qui j’ai joué au hockey junior qui me textent encore quand ils écoutent du Francis Cabrel parce que ça leur fait penser à moi. C’est la période où je jouais physique et où je me battais. Ça me faisait du bien d’écouter Cabrel... »
— DAVE MORISSETTE
POUR LA P’TITE HISTOIRE
« Moi, Cabrel, je l’ai écouté à la fin du secondaire et je le connaissais par cœur. Un jour, j’ai eu le privilège de chanter en duo avec lui pour une émission de télé. C’est quelqu’un de timide. Le seul moment où il se laissait aller, c’était quand il chantait. À la suite de ça, j’ai reçu un appel un dimanche : “Salut, Caro, c’est Francis Cabrel ! ” C’était tellement invraisemblable que j’étais certaine qu’il s’agissait des Justiciers masqués qui me faisaient un mauvais coup. Je lui ai demandé de chanter au téléphone, parce que je ne pouvais pas croire que c’était lui. Et quand il s’est mis à chanter, j’ai dit : “Non, excuse-moi, tu sonnes pas comme du Cabrel.” Et j’ai raccroché ! J’ai rappelé son gérant le lendemain pour m’excuser et il m’a pardonnée ! »
— CAROLINE NÉRON
Francis Cabrel renie la première version de Petite Marie enregistrée en 1977, car les producteurs de l’époque lui avaient demandé de masquer son accent du sud-ouest de la France, qu’ils trouvaient peu vendeur et trop marqué. Des années plus tard, en 1991, il a réenregistré sa Petite Marie bien à lui.
While My Guitar Gently Weeps
Paroles et musique : George Harrison

« Lors d’un souper avec des amis, je me suis retrouvé assis à côté de George Harrison. On a jasé pendant trois heures. Même s’il disait qu’il ne voulait plus chanter, dès que j’ai commencé ce soir-là, il a dit que, finalement, ça lui tentait. Des années plus tard, à la première de Love à Vegas, je suis allé prendre un cocktail dans la suite de sa femme, Olivia. Elle m’a dit que George lui avait tellement parlé de cette soirée-là, et que j’étais le dernier à avoir chanté avec lui. »
— GAROU
Superstition
Stevie Wonder
1972
Paroles et musique :
Stevie Wonder

« Mon premier appartement était à Montréal, sur la rue Saint-Germain. C’était infesté par des rats et ça a été long avant qu’on puisse les localiser ; j’avais un propriétaire qui était un peu un crosseur. Des rénovations avaient été faites, mais c’était juste du camouflage. Un soir, j’avais invité une fille à souper chez nous, dans l’espoir qu’elle puisse prolonger son séjour... On faisait à souper, et j’entendais les rats couiner dans le mur. Je me disais que, si elle entendait ça, elle partirait en courant et elle ne reviendrait jamais, alors je mettais du Stevie Wonder dans le tapis, beaucoup trop fort pour une conversation intime avec quelqu’un que tu “cruises” ! Fallait quasiment crier dans la maison, parce que j’avais trop peur qu’elle entende les couinements. Elle a d’ailleurs fini par les entendre en allant à la salle de bains parce qu’on s’est rendu compte que les rats nichaient là où était le bain. Elle a pris ses jambes à son cou et elle n’est jamais revenue. Donc oui, ma musique d’appartement, c’était Stevie Wonder... pour enterrer les rats ! »
— CHRISTIAN BÉGIN
« Les chansons de Stevie Wonder me rappellent notre premier appartement, à Suzanne et à moi, sur Saint-Denis, au coin de Rosemont. On payait 105 $ par mois. C’était l’été 1978. On était un jeune couple qui s’apprêtait à se marier. On préparait notre appart ensemble, et Stevie Wonder jouait très souvent. Et qui est-ce qui rénovait, qui grattait, qui décapait pis qui peinturait avec moi ? C’était The Sunshine of My Life ! »
— BERNARD FORTIN
« Superstition, de Stevie Wonder, c’est la chanson qui est sur toutes mes playlists de transition, entre la fin du souper et le début du party. On habitait dans un 4 et demie, Florence et moi, pendant une bonne partie de ma carrière NFL. Cette place-là me rendait tellement heureux. Je suis quelqu’un qui aime recevoir. Presque chaque vendredi, quand j’étais en médecine, on invitait les gens chez nous. Mon but dans la vie, c’était que les gens sentent qu’ils pouvaient venir cogner les vendredis soir en amenant une bouteille de vin, en étant toujours sûrs de trouver du monde.
On a fait des partys où l’appart était tellement plein qu’il fallait laver les murs au complet le lendemain parce qu’ils étaient bleus à cause des jeans des gens accotés. Toutes ces soirées-là commençaient avec un souper sur une grande table. À un moment donné vient le temps de transitionner et de stimuler les gens pour qu’ils se lèvent, commencent à faire la vaisselle, à danser et à avoir du fun. Le party commence là. Superstition de Stevie Wonder, c’est la chanson parfaite de transition. »
— LAURENT DUVERNAY-TARDIF
Paradise City
Guns N’ Roses 1987
Paroles et musique :
Steven Adler, Saul Hudson, Duff McKagan, Axl Rose, Izzy Stradlin
POUR LA P’TITE HISTOIRE
Le 8 août 1992, ce qui devait être le spectacle du siècle au Stade olympique s’est plutôt transformé en une émeute historique pour les 57 000 personnes venues applaudir les deux groupes de l’heure : Metallica et Guns N’Roses.
Parce que les deux formations ont considérablement écourté leur spectacle, les fans ont eu l’impression légitime de ne pas en avoir eu pour leur argent. Lorsque les promoteurs de l’événement ont annoncé qu’il n’y aurait pas de remboursement, les esprits se sont échauffés, et le chaos a commencé, au point où les dommages à l’intérieur et autour du Stade ont été évalués à près d’un demi-million de dollars.
« Quand j’entends Paradise City, je danse comme une épaisse et je me fais un torticolis en faisant du headbanging. Cette toune-là donne envie de se pitcher partout, et c’est vraiment très drôle !
J’étais au Stade lorsque le show a tourné à l’émeute en 1992. C’était incroyable ! J’étais assez jeune, autour de 15 ans, mais ma sœur plus vieille était dans une autre rangée, pas très loin de mes amis et de moi. Dans l’ordre : le spectacle de Metallica a commencé, le chanteur s’est brûlé avec la pyrotechnie, donc leur show a été annulé. On a attendu environ deux heures, puis Guns N’ Roses est arrivé sur la scène. Axl Rose nous a fait un doigt d’honneur et il est parti après une couple de chansons. C’est là que l’émeute a commencé, et ça a vraiment dégénéré. On savait qu’il fallait sortir du Stade parce que les gens commençaient à casser des vitrines et à faire des boules avec du feu. Il y avait des gars qui se battaient pour aucune raison, c’était un peu “freakant” et grisant à la fois... Ça a fait partie de notre légende de gang d’amis pendant des années. On se trouvait hot d’avoir été là ! »
— JULIE LE BRETON
« J’étais au Stade olympique le soir de l’émeute du show de Guns N’ Roses et de Metallica. J’ai encore mon billet ! J’avais 17 ans. Moi, je viens de l’ouest de l’île et j’avais dû convaincre ma mère de me laisser aller voir un show rock heavy métal au centre-ville. Je lui avais dit : “On prend l’autobus, on regarde le show, pis on revient. Qu’est-ce que tu veux qu’il nous arrive ? !” J’ai encore l’image de ma mère ce soir-là, au moment où je suis finalement revenu à la maison. Elle était dans le salon en train de tricoter et d’écouter les nouvelles où on voyait un char de police en feu, viré à l’envers. Elle m’a juste dit : “Tu retournes plus jamais à Montréal !” »
— DOMINIC PAQUET
« Je suis allée voir le spectacle de Guns N’ Roses au Stade, le fameux show qui s’est arrêté après 45 minutes. C’était la première fois que ma mère nous laissait aller dans un gros événement de ce genre-là. J’étais responsable de ma petite sœur, mais je l’ai perdue dans l’émeute ! Je me revois encore stationnée au Jardin botanique en face, en panique totale. Les gens renversaient les voitures, ils allumaient des feux dans les poubelles, ça se bousculait, ça courait, il y avait la police, ça criait et, moi, j’avais perdu ma sœur, donc je hurlais dans la rue : “J’ai perdu ma petite sœur, elle est diabétique, il faut absolument que je la retrouve !” Sur le coup, c’était vraiment dramatique, mais c’est devenu une drôle d’anecdote dans notre famille à force de la raconter. »
— VÉRONIQUE CLOUTIER
J’ai souvenir encore
Claude Dubois 1966
Paroles et musique :
Claude Dubois
« À l’âge de 15 ou 16 ans, je me suis sauvé en auto-stop avec mon chum pour faire le tour de la Gaspésie. Grande surprise, Gilles Vigneault m’a embarqué sur le pouce, sûrement parce que j’avais mon case de guitare. Je lui ai chanté J’ai souvenir encore dans sa voiture et il m’a dit : “Le flo, si ça te tente, tu peux faire mes premières parties. On va payer tes hôtels, ton voyage...”
Moi, j’étais pas groupie : je le connaissais, mais j’étais pas du genre “ah wow, Gilles Vigneault !”.
Je crois que Gilles a apprécié ça, d’ailleurs. On a fait plusieurs spectacles ensemble, ça a été génial. Je me souviens d’une fois où je lui ai dit : “J’en peux plus, la ville me manque, prête-moi les clés de ton auto, il faut que j’aille respirer de l’exhaust pour me retrouver !” Et ça, c’est resté. S’il y a quelqu’un qui est le contraire du citadin que j’étais, et de ce dans quoi j’ai grandi, c’est bien Vigneault qui, lui, au contraire, est complètement dans l’espace, dans tous les sens du mot. »
— CLAUDE DUBOIS

« C’est la chanson des dernières scènes, des dernières minutes de la série Les Lavigueur, la vraie histoire, dans laquelle j’ai eu l’immense privilège de jouer.
Et quand ces six heures de minisérie se sont terminées sur cette version épurée, piano-voix, de Claude Dubois lui-même, avec les images et tout, ça m’a viré complètement à l’envers.
Et je ne suis plus capable d’entendre cette chanson sans l’associer à ce moment chargé, inoubliable... »
– PATRICE BÉLANGER
Une chance qu’on s’a
JEAN-PIERRE FERLAND 80
On va s’aimer encore
VINCENT VALLIÈRES 82 Debout
ARIANE MOFFATT 84 Volver, Volver
FERNANDO Z. MALDONADO
Tu m’aimes-tu
RICHARD DESJARDINS 88
Chanson pour durer toujours
RICHARD SÉGUIN 90 L’hymne à l’amour
ÉDITH PIAF 93
Deux vieilles
CLÉMENCE DESROCHERS 94
Les souliers verts LYNDA LEMAY 96 Ils s’aiment
DANIEL LAVOIE 98
Les amours
Questionnaire
Quelle est la chanson qui vous rappelle votre premier amour et quel souvenir en gardez-vous ?
Sur quelle chanson avez-vous pleuré votre plus grande peine d’amour ?
Quelles sont les chansons que vous associez à vos amours passées ?
Quelle est la chanson qui vous fait penser à votre amour actuel et pourquoi ?
Quelle est la chanson qui vous rappelle le jour de votre mariage et pourquoi ?
Si vous deviez vous marier ou vous remarier, quelles chansons choisiriez-vous ?
Quelle est votre chanson d’amour préférée et pourquoi ?
Une chance qu’on s’a
Jean-Pierre Ferland
1995
Paroles et musique :
Jean-Pierre Ferland, Alain Leblanc

« Cette chanson jouait pendant le générique d’un documentaire que j’ai vu sur les frères et sœurs des personnes autistes. Quand j’ai reçu le diagnostic de mon fils, j’étais dans l’action, dans la quête de savoir quoi faire. C’est seulement en regardant ce documentaire que j’ai pleuré pour la première fois. J’ai été touchée d’apprendre que Jean-Pierre Ferland avait donné les droits de sa chanson pour le générique. J’aimais déjà Une chance qu’on s’a, mais depuis, je l’aime encore plus. »
— KIM THÚY
« Dans Une chance qu’on s’a, il y a cette tournure qu’on n’avait pas vue avant. C’est devenu une phrase clé. Yvon et moi, on se dit souvent : “Une chance qu’on s’a.” »
— JUDI RICHARDS
« À mon mariage, Jean-Pierre est venu chanter Une chance qu’on s’a, mais personne ne le savait ! Il était caché en arrière, il n’y a même pas eu de présentation. Le prêtre a arrêté de parler, il s’est tassé... Jean-Pierre est entré ! Le monde applaudissait, c’était fou ! C’était 200 % mieux que ce que j’avais imaginé. Avec une chorale de 80 personnes en plus ! »
— MÉLISSA BÉDARD
On va s’aimer encore
Vincent Vallières
2009
Paroles et musique :
Vincent Vallières
« Fin des années 2000. J’arrive au bout de ma vingtaine comme on arrive au bout d’une course. Essoufflé, heureux. Ma blonde et moi, on vient de quitter Montréal pour établir notre famille à Magog. Une maison à nous, près d’un lac. Assis à une table de travail aménagée au sous-sol, je profite de quelques semaines de pause d’une tournée incessante pour écrire les chansons de mon prochain disque. Au-dessus de ma tête, la cadence des petits pas des enfants qui se chamaillent entre le salon et la cuisine. J’écoute le feu roulant, cette vie à plein régime, sans compromis. Les poupées de ma fille prennent vie, les camions de mon fils font des accidents contre les murs. Au cœur de l’action, ma blonde, enceinte jusqu’aux oreilles, fait en sorte que nous gardions le cap. Je suis entre deux compagnies de disques, entre deux villes, entre deux âges, entre deux changements de couches. Tout reste à bâtir, à inventer. Je n’ai aucune idée de ce que nous réserve l’avenir. J’ai la chienne, j’ai confiance. »
— VINCENT VALLIÈRES

« La première fois que j’ai entendu cette chanson, je me suis dit que Vincent décrivait mes parents. Et je suis certain que tous ceux qui l’entendent la ramènent à eux, à leur mariage et tout, mais elle m’a vraiment marqué personnellement. C’est tellement beau, tout ce que mes parents ont vécu. Ils sont fantastiques et ils forment vraiment un beau couple. J’ai de la misère à voir les moments où ils ont eu des passes plus difficiles. Pour moi, il n’y a pas eu de chicanes. Mon père était directeur d’école, ma mère était professeure de première année. Je les aime beaucoup, beaucoup. »
— GUY JODOIN
« Cette chanson-là, c’est une grande chanson. Plus on vieillit, plus elle résonne pour nous, mon mari et moi ! Vincent Vallières, quand il l’a écrite, il n’était pas encore dans ces années qui avancent, mais nous autres, on est là, sur ce chemin, après plus de 30 ans, et on s’aime encore. »
— LOUISE PORTAL
Debout
Ariane Moffatt
2015
Paroles et musique :
Ariane Moffatt
« J’ai écrit Debout un peu pour contrebalancer la vague immense de chansons de ruptures. On peut nommer tant de chansons de peines d’amour et de cœurs brisés. Ces dernières sont certes une source inestimable de réconfort, et j’en ai écrit moi-même énormément, mais trop peu de chansons célèbrent l’amour qui tient et qui dure, contre vents et marées.
Je me souviens où j’étais quand j’ai écrit le texte, c’était à mon retour en studio pour l’album 22 :22, peu de temps après l’arrivée de nos premiers enfants à Florence et moi. C’étaient des jumeaux, alors on était pratiquement toujours... debout !
Blague à part, j’avais envie de célébrer le sentiment du besoin assumé de son ou sa partenaire, du fait de se choisir tous les deux et de surmonter ensemble les défis de la vie. Et je sais, à mon grand bonheur, qu’elle est devenue l’hymne de plusieurs autres amoureux. »
— ARIANE MOFFATT
« On a tellement aimé cette chanson qu’on a demandé qu’elle soit le générique d’ouverture de notre émission Format familial. Une chanson sur la famille, et festive en plus, c’est si rare. Ma fille l’appelle “la chanson des confettis”, car il y en a dans le clip. On a aussi une boule disco chez nous, pour s’encourager à faire la vaisselle. Quand vient le temps de la faire, on part la boule et c’est Debout qui joue. On danse dans la cuisine et on finit toujours par danser dans le salon aussi, comme si on avait une minidiscothèque. Je suis allée voir Ariane en show récemment et elle nous a dédié cette chanson, qu’elle a interprétée de façon très épurée, au piano. Mon Dieu que j’ai pleuré... »
— BIANCA GERVAIS

Debout
« Cette chanson-là décrit bien mon amour avec mon chum. J’ai l’impression d’être un peu en marge de la société, par le fait d’être en amour depuis si longtemps. Je ne pense pas que je suis dépendante affective, je ne pense pas que j’ai un problème, je pense juste que je suis bien avec ce gars-là. C’est rare, les chansons qui me décrivent aussi bien. »
— MÉLISSA DÉSORMEAUX-POULIN

« Je l’ai tellement écoutée !
J’aime tout de la chanson : les paroles, la voix, elle sonne très 80’s. C’est une chanson qui m’accompagne, qui m’a porté bonheur à plusieurs occasions et que j’ai faite quelques fois en show, dont une fois dans le cadre de Fierté Toronto. »
— RITA BAGA
Volver, Volver
Chanson traditionnelle mexicaine
1972
Paroles et musique : Fernando Z. Maldonado
« Quand j’ai demandé ma femme en mariage, je lui ai chanté Volver en sérénade, sous ses volets, comme dans les films ! J’ai fait deux sérénades à ma blonde : la première pour lui demander sa main et la deuxième la veille des noces, pour être certain qu’elle ne changerait pas d’idée !
La première fois, tout a bien été, car c’était la pleine lune. Pour la deuxième, j’avais appris la chanson dans l’après-midi et j’avais écrit les paroles pour m’en souvenir. C’était Delirante Amor, de Fernandito Villalona. Le hic, c’est que, le soir où je l’ai chantée, il n’y avait pas de lune, alors je ne voyais rien de ce que j’avais écrit. Un de mes chums éclairait la feuille avec une lampe de poche. C’était un peu ridicule, mais j’assume ! »
— GILDOR ROY
Tu m’aimes-tu
Richard Desjardins
1990
Paroles et musique : Richard Desjardins

« On a fait deux voyages d’un an en voilier, ma famille et moi. Lors du deuxième, j’étais en secondaire 3 et j’avais beaucoup plus de responsabilités sur le bateau, y compris des quarts de nuit. Dans mon lecteur CD portatif, j’écoutais l’album Tu m’aimes-tu, de Richard Desjardins. Je connaissais toutes les paroles par cœur. Comme l’album dure à peu près 1 h 20, je l’écoutais deux fois de suite et ça faisait mon quart de nuit au complet. Imagine... Tu navigues de nuit, tu regardes au loin, tu vois les étoiles, tu te sens seul au monde et t’écoutes Tu m’aimes-tu... »
— LAURENT DUVERNAY-TARDIF
« Le paquebot, la femme de ménage... La première fois que j’ai entendu cette chanson-là, je ne comprenais rien. Puis, à force de l’écouter et de lire le texte, j’ai compris. C’est tellement fort. »
— MICHEL CHARETTE
« Généralement, c’est la femme qui demande à l’homme s’il l’aime, rarement l’inverse. C’est pour ça que cette chanson est si troublante et que c’est la plus belle ! »
— JANETTE BERTRAND
« C’est la seule fois où, en entendant une chanson pour la première fois à la radio, je me suis mis à pleurer, complètement bouleversé. Il y a un tel désir dans cette chanson-là que ça m’avait jeté à terre. C’est une chanson extraordinaire. »
— PIERRE CURZI
« Quand j’ai découvert cette chanson, j’étais à l’âge de toutes les découvertes et je trouvais que ça faisait chic et semi-intello de l’écouter avec une fille. C’est devenu une sorte de filtre pour mes relations : si la fille n’aimait pas cette chanson, c’était pas une fille que je pouvais fréquenter ! »
— STÉPHANE FALLU
Chanson pour durer toujours
Richard Séguin 1980
Paroles et musique : Richard Séguin, Louky Bersianik
« C’était à l’hiver 1980, je sortais du tourbillon de Fiori-Séguin, il était convenu qu’on ne ferait pas de tournée avec cet album, chacun retournait à l’écriture, je partageais mon temps entre la ville et Saint-Venant dans les Cantons-de-l’Est.
L’écrivaine Hélène Pedneault que je voyais souvent à cette époque admirait depuis longtemps l’œuvre de Louky Bersianik. Puisque je connaissais son compagnon de vie, je lui ai demandé si nous pouvions rencontrer Louky. Elle nous invita spontanément chez elle, à sa maison de Verchères.
Une amitié est née. Je revenais souvent à la maison de Verchères. Il arrivait qu’aucune note de musique ne soit jouée durant la journée. Ce temps avec elle était un cadeau, alors j’écoutais, j’ouvrais l’oreille à la nouveauté, à la surprise, je savais le privilège d’être là. Puis, un jour, elle ouvrit un tiroir, prit une feuille dans ses mains, la déposa sur la table et dit avec une simplicité déconcertante : “J’ai mis des années à écrire ce texte, ça raconte les saisons du couple.”
Pour la musique, il fallait accompagner son texte et laisser toute la place à ses mots, à cette force lumineuse qui dit avec franchise « les saisons du couple » sans concession. J’ai créé la musique devant elle, une valse simple pour ne rien perdre de sa poésie. C’est un des plus beaux moments de création que j’ai vécu comme compositeur. Louky dira après l’avoir entendu : “On va l’appeler Chanson pour durer toujours.”
C’était la fin du jour, je rentrais à Montréal le cœur rempli de cette chanson.
Ce soir-là, je l’ai chantée pour Marthe, elle a été la première à l’entendre. »
— RICHARD SÉGUIN
« Je travaillais à la radio quand Richard Séguin a lancé l’album qui comprend Chanson pour durer toujours. À CKOI, quand les artistes lançaient des albums, ils venaient chanter trois ou quatre chansons en direct. À un moment donné, il a commencé cette chanson-là, tout seul à la guitare. J’ai vu qu’il était très ému. Je suis devenu très ému aussi. C’était beau, c’est pas croyable. C’est une grande, grande chanson d’amour. Pour moi, cette toune-là, en matière de chanson d’amour, elle flirte avec Ne me quitte pas, de Jacques Brel. »
— PATRICK HUARD


L’hymne à l’amour
Édith Piaf 1949
Paroles et musique :
Édith Piaf, Marguerite Monnot
« Le monde est tout le temps scié quand je chante L’hymne à l’amour, alors je ne me casse plus la tête. C’est rendu ma marque de commerce. Luc Plamondon me faisait tout le temps chanter ça debout sur les tables à Paris. Chanter surélevée, ça fait partie de moi. Ma mère me faisait toujours monter sur les tables pour chanter et danser la claquette parce que j’étais petite. Quand ils m’ont fait faire Starmania à 15 pieds dans les airs, j’avais aucun problème, j’étais habituée ! »
— PATSY GALLANT
« Le jour où Édith Piaf est décédée, je travaillais chez HydroQuébec comme “commis abruti”, c’est-à-dire que j’allais chercher le café, je faisais du classement plate et tout plein d’autres choses pas intéressantes. Mon travail m’amenait d’un étage à l’autre, d’un commis à l’autre, et certains employés avaient un radio transistor. Exceptionnellement, à cause du décès de Piaf, ils avaient eu la permission d’écouter la radio sans écouteurs. À la minute où j’ai pu m’approcher d’une radio, c’est L’hymne à l’amour qui jouait. J’avais l’impression que c’était le début d’une hécatombe et que plusieurs personnes connues allaient mourir dans les prochaines semaines. Ça me faisait très peur, mais je me réconfortais dans L’hymne à l’amour. »
— MICHEL JASMIN
Deux vieilles
Clémence DesRochers
1981
Paroles et musique :
Clémence DesRochers, Marc Larochelle
« Il y a longtemps, Pauline Julien était encore avec nous. Je la voyais souvent. C’est elle qui m’a dit : “Pourquoi tu n’écris pas une chanson d’amour entre deux femmes ?”
Sincèrement, je n’osais pas. J’avais peur de la réaction du public, la mère de Louise vivait toujours, et on n’en avait jamais parlé.
Plus tard, la mentalité des gens a évolué, et j’ai demandé à mon ami Marc Larochelle d’écrire la musique. J’ai osé, on était en 1979. Pauline l’a mise à son répertoire et je l’ai chantée en 1980 dans mon spectacle Les retrouvailles de Clémence.
Jamais personne ne m’a reproché ma chanson, au contraire. J’aime cette chanson. »
— CLÉMENCE DESROCHERS

« Clémence DesRochers demeure ma première et ma plus grande influence dans mon travail d’écriture. Enfant, j’écoutais ses albums et j’apprenais ses monologues par cœur. Ma chanson québécoise préférée de tous les temps, c’est Je ferai un jardin. »
— FRANÇOIS LÉTOURNEAU
« Il y a quelque chose dans la musique et dans l’atmosphère de cette chanson qui m’émeut et qui me parle beaucoup. Ça touche à la durée de l’amour, à l’art de se connaître, à l’accompagnement d’une vie. La poésie de Clémence est universelle, donc on peut tout prendre personnel. Même si l’histoire parle de deux vieilles, ça peut se transposer facilement pour un vieux et une vieille, ou deux vieux, ou qui vous voulez... »
— FRANCE CASTEL
« Ah ben là. Ma grande amie. On chantait dans les restaurants des fois, quand on avait pris un coup et qu’on était folles ! On se faisait un numéro et on passait le chapeau. Personne ne m’a autant fait rire que Clémence. Elle est encore plus drôle dans la vie que sur scène. Avec nos âmes d’artistes, on s’entendait très bien, et j’étais un excellent public ! Et y a rien de plus beau que les chansons de Clémence. On a ri ensemble, vécu la mort de nos mères ensemble, on a tout fait ensemble. »
— LOUISE LATRAVERSE
Les souliers verts
Lynda Lemay
1998
Paroles et musique :
Lynda Lemay
« Je me rappelle que j’étais assise à la salle de billard dont mon amoureux de l’époque était propriétaire. Je le regardais jouer, et j’étais assise à un comptoir, juste à côté, avec mon cahier... inspirée. Comme j’étais très amoureuse, j’imaginais, à la suite d’une conversation au restaurant avec Denise Bombardier, comment je réagirais si je trouvais dans la garde-robe de mon homme, une paire de chaussures (à talons aiguilles) de femme.
L’arme que j’utilise quand quelque chose me fait peur dans la vie, c’est l’humour. J’aime dédramatiser. J’aime aussi me préparer au pire en chanson. Ça me rassure. Et le pire pour moi, à ce moment-là de ma vie, c’était de perdre l’homme que j’aimais. C’était de l’imaginer tomber en amour avec quelqu’un d’autre. J’espérais surmonter ma peur en dressant un tableau coloré, poétique, et drôle d’une situation de crise dans un couple. Je voulais créer quelque chose où il serait évident “que je voyais clair”, que je ne serais pas dupe si une telle situation se présentait à moi. C’est presque davantage une pièce de théâtre qu’une chanson, ça se joue plus que ça ne se chante.
Aujourd’hui, comme c’est une chanson drôle et qu’une grande partie de mon public la connaît par cœur, je me donne comme mandat de trouver une façon de la “renouveler” à chaque nouvelle tournée pour surprendre autrement vu que l’effet de surprise du texte n’est plus là. Alors, je fais des blagues pendant, je change de rythme, je feins l’ennui ou je la rappe ! C’est la réaction du public ravi qui fait que je la garde encore dans mon pacing ! Et si cette chanson était à refaire ? Je n’y changerais que le mot “tapette”… »
— LYNDA LEMAY

« Lynda Lemay s’est inspirée de ma vie amoureuse pour écrire Les souliers verts. J’avais raconté cette histoire à Lynda et, sa chanson, c’est exactement ce qui s’est passé. À ce jour, je ne sais toujours pas à qui étaient les souliers que j’ai découverts chez celui qui est devenu mon ex, évidemment. Et en plus, ils étaient vert piscine ! »
— DENISE BOMBARDIER
Ils s’aiment
Daniel Lavoie 1984
Paroles et musique :
Daniel Lavoie, Daniel DeShaime
« Si j’avais à refaire cette chanson, je n’aurais pas la prétention de savoir faire mieux. Il y a des chansons miracles qui ne doivent pas être retouchées. Et Ils s’aiment en est une. Quelques mots et une mélodie qui transforment complètement une, plusieurs vies.
J’ai été inspiré par la guerre des factions au Liban au début des années 1980. Mais elle découlait aussi de mes peurs de la bombe, ayant connu l’angoisse de la baie des Cochons à Cuba, la folie des abris nucléaires, etc. Je crois que la chanson a plutôt bien vieilli, car le sujet est toujours actuel. L’amour et la guerre. La vie et la mort. Qu’y a-t-il de plus humain que cela ?
Je n’ai jamais trop compris pourquoi celle-ci plus que les autres, mais tant mieux. Si on doit se souvenir de moi pour une chanson, que ce soit celle-ci. »
— DANIEL LAVOIE
« J’étais dans un restaurant la première fois que j’ai entendu cette chanson. L’amie avec qui j’étais m’a offert le disque, qui a tourné en boucle jusqu’à ce que je me mette à écrire la pièce Oublier. Pourquoi, comment, par quel détour ces mots ont donné naissance à ma pièce ? Je l’ignore. Il y a dans cette alchimie tant de mystères que je préfère laisser l’obscurité recouvrir la source. Mais, à jamais, cette chanson me bouleverse et m’inquiète. Toute la fragilité de l’être humain y est. »
— MARIE LABERGE
« Pour moi, cette chanson est emblématique des années 1980 et de la guerre froide. Elle porte cette idée de s’aimer malgré toute la lourdeur ambiante. “Enfants de la bombe, des catastrophes, de la menace qui gronde…” Tout est là. Daniel Lavoie a réussi à placer une petite histoire intime, voire une histoire d’amour, dans un grand contexte mondial. »
— STÉPHANE ARCHAMBAULT

La famille
Questionnaire
Quelles sont les chansons préférées de votre mère ?
Quelles sont les chansons préférées de votre père ?
Quelles chansons vous rappellent vos grands-parents et pourquoi ?
Quelles chansons vous rappellent vos frères et sœurs et pourquoi ?
Quelle est la personne qui contribue le plus à renouveler votre univers musical et quelles chansons marquantes vous a-t-elle fait découvrir ?
Quelle est la chanson qui représente ou décrit le mieux votre famille ?
Quel artiste fait l’unanimité dans votre famille ?
Quelles chansons associez-vous à vos enfants et pourquoi ?
Quels sont vos grands classiques de famille ?
Y a-t-il des talents cachés dans votre famille ? Si oui, avez-vous des demandes spéciales à leur formuler ?
L’essentiel
Ginette Reno 1991
Paroles et musique : Charles Aznavour, Michel Jourdan

« Mon père écrivait des chansons, qu’il envoyait à Ginette Reno en espérant qu’elle chanterait ses mots. On n’a pas de traces de ses chansons parce qu’il lui envoyait les originales, sans garder de copie ! Un jour, il est allé la voir en spectacle au St-Denis ou à la Place des Arts, on n’est pas sûrs. Mon père s’est levé de son siège alors que Ginette venait de descendre dans l’allée centrale. Il est parti à courir vers elle. La sécurité est arrivée pour l’arrêter, alors mon père s’est jeté à genoux pour ne pas faire peur à Ginette. Comme elle a compris qu’il n’était pas dangereux, elle a arrêté les gardes de sécurité et elle a fini de chanter sa chanson en tenant la main de mon père, en le regardant dans les yeux. Il en a parlé jusque sur son lit de mort. Il racontait son histoire chaque fois avec le même delivery, la même passion, la même excitation de gamin. »
— MATTHIEU PEPPER
« Quand Éric Lapointe a fait son gros spectacle sur les Plaines, on m’a demandé de chanter à sa place durant la générale pour qu’il conserve son énergie pour le soir. J’ai donc chanté toutes ses tounes, avec tous ses invités, dont la belle Ginette. J’ai chanté L’essentiel avec elle en après-midi, devant absolument personne, mais c’était un grand, grand moment pour moi. Quand ç’a été fini, elle est allée porter son micro et elle m’a dit : “Toi, tu chantes en tabarnak !” C’est le plus beau compliment que j’ai reçu. »
— MARTIN DESCHAMPS
Votre fille a vingt ans
Serge Reggiani 1968
Paroles et musique : Serge Reggiani
« Je séjournais à New York quand mon père m’a laissé cette chanson sur le répondeur de mon cellulaire le jour de mon 20e anniversaire. C’est touchant quand un papa laisse savoir qu’il sait que sa fille devient femme...
Mon père adore Reggiani. Lorsque j’étais jeune, j’ai l’impression qu’à travers les chansons de Reggiani, tantôt rigolotes, tantôt sérieuses, il exprimait ce qu’il ne disait pas en paroles. Le fait qu’il ait choisi cette chanson pour mes 20 ans, c’était hyper significatif pour lui comme pour moi. En la réécoutant, je me suis rendu compte que c’est davantage une chanson qui s’adresse à la mère qu’à la fille elle-même, mais mon père m’a seulement fait écouter le bout qui me concernait. »
— KARINE VANASSE
Les brumes
Karim Ouellet
2012
Paroles et musique :
Karim Ouellet

« Ç’a toujours été ma chanson préférée de mon frère. Et il le savait. Ça commence un peu en blues, pis là, ça part avec l’effet dans la voix et la distorsion de la guitare.
Nous courons sous les bombes
Prends ma main
Avant qu’elles ne tombent
Sans te dire à demain
Comme le ciel est sombre
Ce matin
Accroupi dans l’ombre, je n’ai plus peur de rien
Quand Karim a commencé sa carrière, je le suivais beaucoup dans ses shows.
Chaque fois que cette chanson-là commençait, je me disais : “ Yes ! Enfin, c’est ma toune.” Il me faisait souvent écouter ses maquettes, ses débuts, les échantillons de ce qu’il faisait. Il m’envoyait toujours sa première version d’une chanson. Et quand il finissait l’album, il me le faisait écouter. J’ai fait pareil de mon côté. On se donnait nos coups de cœur et ce qu’on aimait moins. Mais j’étais vraiment plus dans l’écoute que dans la critique. »
SARAHMÉE

Stairway to Heaven
Led Zeppelin 1971
Paroles et musique : Jimmy Page, Robert Plant
« Je pense qu’on essaie tous d’apprendre Stairway to Heaven d’abord et avant tout parce qu’on veut pogner avec les filles. Tu t’en fous de connaître les accords, tu veux juste l’apprendre au plus vite pour pouvoir impressionner les demoiselles sur le bord du feu. Dans mon cas, ça n’a pas du tout fonctionné ! J’étais maigre et épouvantablement gêné, alors quand bien même je savais jouer, dès qu’elles venaient me parler, je fondais. »
— SYLVAIN MARCEL
« Mon père jouait de la guitare, de la batterie et il chantait. Il sortait des partitions et on pouvait passer des heures à chanter toutes sortes d’affaires. J’ai vraiment fait ma culture musicale avec lui. Quand j’étais ado, il avait la sclérose en plaques, et ça le rendait très émotif. Dès qu’il entendait le début de Stairway to Heaven, il cassait en deux et il essayait de se cacher pour ne pas que je le voie pleurer. J’avais l’impression de découvrir une nouvelle personne. J’avais jamais vu mon père craquer de même avec trois notes de musique ; ça devait le ramener dans des millions de souvenirs. J’ai décidé de me faire tatouer ces premières noteslà, par amour pour lui, et pour m’en rappeler. J’avais 17 ans. Il a été très touché. »
— DEBBIE LYNCH-WHITE
« On parle du secondaire 4. Le gars avait un œil sur moi et il m’a demandé de danser avec lui sur Stairway to Heaven dans la salle du gymnase. Ça avait été un grand moment, même s’il ne m’intéressait pas vraiment. Par la suite, il était tellement “fru” que je résiste à ses avances que, durant mon cours d’anglais, il me lançait des gommes dans les cheveux que j’avais fort longs à l’époque ! »
— SOPHIE THIBAULT
La dame en bleu
Michel Louvain
1977
Paroles et musique : Giacinto Bettoni, Peter Papini, Christine Charbonneau


« J’ai d’abord refusé de faire
La dame en bleu en disant que je ne chantais pas de tango. Mon producteur a un peu levé le ton en me disant que j’allais faire cette chanson. Je l’ai faite et c’est LA chanson de ma carrière. Ça prouve qu’un artiste n’est pas toujours bon juge ! »
— MICHEL LOUVAIN
« Ma mère était folle raide de Michel Louvain. Quand je l’ai rencontré, je lui ai dit ça. Il a pris une photo avec moi et, par après, il me l’a fait envoyer chez nous. Il avait autographié la photo et il l’avait dédicacée à ma mère, même s’il savait qu’elle était morte. Il avait écrit : “Ta mère serait fière d’où t’es rendu” ou quelque chose de même. C’était vraiment cute. »
— MIKE WARD
Minuit, chrétiens
1847
Paroles et musique :
Adolphe Adam, Placide Cappeau
POUR LA P’TITE HISTOIRE
En 1933, le cardinal Villeneuve souhaitait la disparition de ce cantique et recommandait à ses fidèles de ne pas le chanter. Il emboîtait le pas à une campagne menée en France qui traitait le Minuit, chrétiens de musique d’ivrogne !
« Mon grand-père était un personnage haut en couleur. Je me rappelle l’avoir entendu chanter le Minuit, chrétiens lors d’une messe de minuit à Chicoutimi, et il chantait fort ! À quelques bancs de nous, un autre monsieur a décidé de l’accoter en tentant de chanter encore plus fort. Un vrai combat de coqs ! Tout le monde a arrêté de chanter ; il y avait juste ces deux fous-là qui hurlaient dans l’église. À un moment donné, l’autre monsieur s’est étouffé parce qu’il a trop monté. Mon grand-père a fini seul le Minuit, chrétiens, et tout le monde l’a applaudi. J’étais très fier de mon grand-père... il avait gagné le Minuit, chrétiens ! » –
— MICHEL BARRETTE
« Mon grand-père vivait pour chanter, c’est ce qu’il aimait le plus faire au monde. Chaque fois que j’allais chez lui, il fallait qu’on chante ensemble. Les gens venaient de loin pour entendre son Minuit, chrétiens chaque année à la messe de minuit. En 2001, ma grand-mère, l’amour de sa vie, a été terrassée par un violent ACV et elle a dû passer Noël à l’hôpital. Cette année-là, mon grand-père n’a pas chanté à l’église. Nous nous sommes tout de même réunis, et il a chanté son Minuit, chrétiens dans la cuisine chez mon oncle. Ce fut son dernier. Mon grand-père est mort dans l’année qui a suivi. Heureusement, j’ai une vidéo de ce moment-là et je l’écoute à chaque Noël depuis. »
— KATHLEEN FORTIN
« Dans les spectacles de Noël à l’école, on me demandait de faire du lip-sync parce que je faussais trop. Si j’avais du temps, j’irais prendre des cours de chant, ne serait-ce que pour me libérer de cette frustration et de ce complexe ! Moi, la musique de Noël, j’en écoute beaucoup, beaucoup, et ça exaspère un peu mon fiancé. L’an passé, je pense que j’ai un petit peu abusé du Minuit, chrétiens de Richard Verreau. Mais ça arrive juste une fois par année ! »
— ANNE-MARIE DUSSAULT
Edelweiss
1959
Paroles et musique :
Oscar Hammerstein, Richard Rodgers
POUR LA P’TITE HISTOIRE
Même si Christopher Plummer avait reçu une formation vocale pour incarner le Capitaine Von Trapp dans La mélodie du bonheur, sa voix chantée avait finalement été doublée par un chanteur américain nommé Bill Lee. Près de 60 ans après la sortie du film, une version remixée a permis d’entendre la voix originale de Plummer chantant Edelweiss.

« Toutes les chansons de La mélodie du bonheur me font pleurer. Ça me rappelle une journée pédagogique que j’avais passée au lit avec ma sœur et ma mère à écouter le film à la télé. J’aime particulièrement Edelweiss, car c’est là que l’acteur Christopher Plummer commençait à tomber en amour avec Julie Andrews. »
— STÉPHANE ROUSSEAU
« Je suis un gros fan de La mélodie du bonheur. C’est le film culte qu’on écoutait à la maison, toute la famille ensemble, sur une base régulière. Je connais toutes les chansons, mais la plus belle, pour moi, ça reste Edelweiss. Ma grand-mère a étudié la musique en Autriche et elle a rencontré la plus jeune des sœurs Von Trapp sur un bateau à Vienne. Ma grand-mère joue du clavecin, du piano et de l’orgue. Elle a beaucoup voyagé aux États-Unis et en Europe pour des concerts. Non seulement elle n’était pas une femme au foyer, mais elle partait en tournée ! À cette époque-là, c’était très rare. »
— ARNAUD SOLY

« La mélodie du bonheur, ça me fait penser à ma mamie. On écoutait souvent le film ensemble. J’allais passer presque toutes mes fins de semaine chez elle quand j’étais au cégep. J’aimais ça. Elle mettait sa maison full chaude et on aimait manger les mêmes choses. Genre, des toasts ! »
— ROSALIE VAILLANCOURT
Dommage
Bigflo & Oli
2017
Paroles et musique :
Florian et Olivio Ordoñez, Paul Van Haver


également ses deux enfants, qui venaient de chanter tout juste avant
« La poésie du rap et la musicalité des paroles, ça me parle. Je vois mes enfants tripper et je trouve ça beau de les voir inspirés par la langue française. Thomas apprend actuellement à composer de la musique et il écrit ses paroles. Bigflo & Oli, c’est un beau trip de famille et on est allés les voir ensemble plus d’une fois en spectacle. »
— SÉBASTIEN DELORME
Get Up (I Feel like Being a) Sex Machine
James Brown
1970
Paroles et musique :
James Brown, Bobby Byrd, Ron Lenhoff
« De 1964 à 1967, j’étais placière à la Place des Arts. La moitié de mes collègues n’étaient pas intéressés par les spectacles, alors je m’arrangeais tout le temps pour changer de place avec ceux qui travaillaient dans la salle pour tout voir. Ça n’a pas de bon sens tout ce que j’ai vu. J’étais sur un buzz perpétuel !
L’un de mes premiers chums était percussionniste pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Il m’avait sifflée de la fosse. Comme je pensais que tous les musiciens de l’Orchestre devaient être des gens sérieux, j’en revenais pas que l’un d’eux m’ait sifflée. On a jasé et, de fil en aiguille, c’est devenu mon chum. Comme tous les percussionnistes, il gagnait aussi sa vie en faisant du jazz dans les clubs. Un soir, il m’a amenée voir le spectacle de James Brown dans un bar jazz. J’ai vu James Brown live ! Pour moi, ce spectacle-là, et la chanson Sex Machine en particulier, est associé à mes années à la Place des Arts et à ce percussionniste qui m’avait sifflée de sa fosse d’orchestre ! »
— MICHELINE LANCTÔT
« Mon fils Renaud est multihandicapé, mais côté musique, il est hot ! La chanson Sex Machine, c’est la sienne ; il l’écoute dans toutes ses versions et il capote. J’en ai une de 20 minutes enregistrée live, alors il peut tripper longtemps ! La musique est un moyen de communication extraordinaire pour lui. Il a appris à parler avec les paroles des chansons qu’il a ensuite transposées dans la réalité. »
— RÉMY GIRARD
« Peu de gens le savent, mais j’ai été choriste pour Garou durant tout un été ! L’année avant que Garou ne fasse Notre-Dame de Paris, il a passé l’été au Liquor Store de Magog. Je faisais mon show avec Maxim Martin de 8 à 10 et, ensuite, Garou embarquait pour le sien. L’alcool aidant, et Garou étant très open, pendant qu’il chantait Sex Machine, il me faisait chaque soir monter comme choriste et je faisais toujours : ”Get up, get on up.“ C’était pas trop dur, je pouvais pas me planter. »
— MARTIN PETIT
« James Brown était une idole pour moi depuis que j’étais toute petite, et je me suis retrouvée à faire sa première partie à Toronto et à Montréal ! Je suis la seule femme blanche à l’avoir fait d’ailleurs. À Toronto, James Brown n’était pas content de l’accueil que le public m’avait réservé, alors à la fin de son show, il a dit : “Now get up, get on up... for Patsy Gallant !” »
— PATSY GALLANT
Les partys
Questionnaire
Quelles sont les chansons qui vous font danser ?
Quelle est votre chanson de défoulement par excellence ?
Quelle est la chanson qui vous fait rire et pourquoi ?
Quelle est votre chanson de karaoké préférée, et/ou votre grand classique, dans les partys ?
Quelle est la chanson avec laquelle vous prenez plaisir à casser les oreilles de votre entourage ?
Avez-vous une chanson plaisir coupable ?
Quelles sont les chansons qui vous mettent de bonne humeur ?
Quelles sont les meilleures chansons pour faire lever un party ?
Quelle est la chanson qui vous rappelle une fête mémorable ?
Quelle est la meilleure chanson pour faire comprendre à la visite que le party est fini ?
Provocante
Marjo 1990
Paroles et musique :
Marjo, Jean Millaire
« Quand est venu le temps d’entrer en studio d’enregistrement avec Corbeau pour l’album Illégal (1982), la chanson Provocante ne comptait que deux couplets. Jugée sans importance, elle a été rangée et abandonnée dans une valise. Ces deux couplets mettaient en évidence une danseuse nue qui s’amusait à attirer les regards sur elle ; c’était une ébauche, un genre de portrait rock’n’roll de filles coquines qui, par leurs regards, provoquaient des envies et séduisaient sur-le-champ.
Plus tard, je me souviens que, juste avant d’entrer en studio pour l’album Tant qu’il y aura des enfants (1990), assise dans les marches de l’escalier du sous-sol chez Jean Millaire, je lui ai dit : “Cette chanson mérite d’être terminée. Il se passe quelque chose là-dedans.”
C’est alors qu’on s’est amusés ensemble à la rendre affriolante, drôle et accessible. La provocante en question bouge, danse et charme son entourage, on se surprend à l’aimer. Le succès populaire de Provocante n’était en aucun cas prévu, mais pour tout dire, je me réjouis d’avoir insisté auprès de Jean, huit ans plus tard, et d’avoir mis au monde cette chanson qui a laissé sur son passage un petit quelque chose qui émoustille.
Si cette chanson était à refaire, je ne changerais ni l’air, ni les mots, ni la structure, ni la musique bien rythmée. Elle ne demandait qu’à vivre au grand jour ! »
— MARJO

Provocante
« Quand on était plus jeunes, on écoutait La fureur et ils chantaient Provocante. Moi, je chantais plutôt Robocante, parce que c’est ce que j’entendais. C’était à une époque où Robocop venait de sortir, donc ça a sûrement eu une influence sur moi ! J’ai rencontré Marjo sur la série Trop et je lui ai dit : “Mon Dieu, c’est un honneur, Marjo, mais je veux juste vous dire que, moi, je disais Robocante !” »
— VIRGINIE FORTIN
« Ma prestation de Provocante au Bye Bye en 1991, ça a été l’un des plus gros highs de ma vie. Quel plaisir j’ai eu à faire ça, en direct en plus ! C’est inoubliable. Ça reste à ce jour l’un de mes plus beaux souvenirs professionnels. C’était le premier jour de l’An que je passais loin des miens. Ma mère était dans le secret, parce qu’il fallait bien que je lui dise que je ne serais pas au party. Elle savait que j’étais dans le Bye Bye, mais elle ne savait pas ce que j’allais faire. Ma mère était chez ma tante, toute la famille était réunie, tout le monde avait compris que j’étais absente parce que je travaillais, mais quand le Bye Bye a commencé, personne savait que j’en faisais partie. Quand ils m’ont vue, ça a pris tout le monde par surprise. Mon oncle est presque tombé à la renverse quand il a réalisé que c’était moi, Marjo ! Ça a été un beau moment pour toute la famille aussi. »
— MARINA ORSINI
« C’est la chanson qui me décrit le mieux et celle qui ouvre mon show chaque soir. Marjo, c’est ma meilleure ! J’ai l’impression que c’est une partie de moi qui a été enlevée, viarge, pis qu’elle a pris vie à côté. Je m’identifie tellement à Marjo, elle me fait capoter ! J’aime toutes ses tounes, elle est hallucinante. Je suis allée la voir aux Francos, pis c’est absurde, mais j’ai braillé tout le long. Pleurer dans un show de Marjo, cette image-là ne fonctionne pas, mais elle était juste trop bonne ! »
— MONA DE GRENOBLE
Piece of My Heart
Janis Joplin 1968
Paroles et musique : Bert Russell, Jerry Ragovoy
« J’ai failli faire un show avec Janis Joplin au Forum. On m’avait booké là-dessus, mais sans me le confirmer. À un moment donné, je suis parti en France et je suis allé jouer au casino. J’avais très peu d’argent, quelques sous, mais il s’est avéré que j’ai eu un énorme coup de chance au casino de Bandol. Ce que j’ai gagné m’a permis d’aller à l’île du Levant, une île avec des eucalyptus et tout le monde tout nu ! Alors moi, j’étais ravi, je rencontrais enfin Vénus, c’était la totale ! Je me suis installé là-bas et j’y suis resté tout l’été.
Le seul endroit où il y avait un téléphone, c’était au sommet de l’île, dans une espèce de café. Un bon jour, je reçois un message de la part d’un producteur qui me dit : “Il faut vite que tu reviennes à Montréal, le show avec Janis Joplin a lieu !” Par le temps que je reçoive le message, il était trop tard : il aurait fallu que je le sache au moins 24 heures plus tôt pour réussir à arriver à temps. Ça m’avait un peu embêté parce que c’était le deuxième rendezvous que je ratais avec Janis. J’avais auparavant refusé la tournée du Centenaire à laquelle elle participait aussi pour des principes d’ordre social et politique.
Quand on me demande si j’ai des regrets dans la vie, je dis oui. J’ai celui d’avoir raté des shows avec Janis Joplin parce que je l’aimais beaucoup ! »
– CLAUDE DUBOIS
« Cette chanson-là me rappelle ma deuxième adolescence, celle que j’ai commencée vers 36 ans ! Je portais des p’tites ceintures qui venaient des Indes, des p’tites jupes à taille basse, des foulards. Y avait rien de dangereux. On se passait nos chums, c’était merveilleux ! »
– FRANCE CASTEL
« Je l’ai vue en spectacle au Forum, mais je l’ai connue à Woodstock un peu plus tard. Janis était la plus grande amie de mon mari. Ils étaient toujours ensemble. Albert Grossman, son gérant, était aussi un grand ami de mon mari. Elle aimait beaucoup la compagnie des hommes, Janis ; elle aimait être “one of the boys”. Lorsqu’elle arrivait chez Albert, elle demandait toujours : ”Is the French actress still here ?“, en faisant référence à moi. Vous voyez, la petite actrice frenchie que j’étais, ce n’était pas son genre. Janis voulait partir en virée avec les gars. Et quand ils partaient, ça buvait du Southern Comfort à la bouteille. C’était heavy ! Je ne les suivais jamais. Janis et moi, on se voyait, on se côtoyait, mais on ne parlait pas vraiment. Après tout, nous avions des intérêts très différents. Je ne crois pas qu’il y ait eu de jalousie, c’était vraiment une absence d’affinités. »
– LOUISE LATRAVERSE
La danse à St-Dilon
Gilles Vigneault
1963
Paroles et musique : Gilles Vigneault
« J’ai écrit cette chanson en une journée à la demande du folkloriste Jacques Labrecque qui m’avait dit : “Fais-nous donc une chanson pour faire danser.” Je me suis référé aux années où j’étais p’tit gars et où j’allais aux danses avec mon père, dans les années 1930. Quand j’ai connu la musique, elle était vêtue en violon... »
— GILLES VIGNEAULT

« Je connais beaucoup trop cette chanson ! Je la chante toujours quand j’ai envie de prouver à mes amis que je suis québécoise. C’est d’ailleurs celle que j’ai chantée devant la famille du chum de ma mère lors de notre premier Noël avec eux. Ils étaient tous impressionnés, et je pense que ça a fait gagner des points à ma mère. »
— MARIANA MAZZA
« On écoutait cette chanson sur notre grosse table tournante et on dansait comme des folles, mes deux sœurs et moi. C’est peut-être à cause de ce premier souvenir musical que j’ai besoin d’autant de mots pour raconter mes histoires ! J’en ai fait plusieurs, des chansons où les mots défilent rapidement, mais je n’ai jamais réussi à rentrer toutes les paroles de La danse à St-Dilon en la chantant. »
— LYNDA LEMAY
Eye of the Tiger
Survivor 1982
Paroles et musique : Jim Peterik, Frankie Sullivan
POUR LA P’TITE HISTOIRE
Sylvester Stallone avait d’abord choisi Another One Bites the Dust pour la trame sonore de Rocky III, mais les membres du groupe Queen ont refusé de céder les droits de la chanson. Il s’est alors tourné vers le groupe Survivor pour leur commander une chanson sur mesure. Jim Peterik et Frankie Sullivan ont alors demandé à voir le film pour s’inspirer. Comme Stallone n’était pas chaud à l’idée, il leur a envoyé seulement les dix premières minutes. Sullivan a expliqué qu’il était bouleversé quand l’extrait s’est terminé, alors il a dit à Stallone qu’il devait voir le reste pour être sûr de composer une chanson qui respecte bien l’esprit du film. Il avoue que, dans les faits, c’était totalement faux ; il voulait juste savoir comment ça se terminait ! Les deux compositeurs ont créé la musique en 10 ou 15 minutes. Semble-t-il que ça coulait de source !
« Eye of the Tiger, ça me replonge dans Rocky. À la fin du primaire, j’aimais tout de Sylvester Stallone. Il se battait, mais, dans le fond, c’était un homme au cœur tendre. J’avais l’impression d’être la seule à comprendre ça.
En 6e année, j’ai fait une fugue pour aller le rejoindre. J’étais partie en vélo avec mon sac à dos. Je me souviens que j’avais pris des affaires dans le garde-manger et que j’avais écrit une lettre à mes parents qui disait : “Ne soyez pas tristes, je vous aime, c’est juste que j’aime plus Sylvester Stallone.” Je m’étais rendue de Boucherville jusqu’à la 20, mais après, je me demandais comment faire pour prendre l’autoroute. Je suis revenue, finalement. J’aimais Sylvester, mais c’était un amour inaccessible. »
— BRIGITTE LAFLEUR
« Mon frère était en secondaire 5, à l’âge où on a le goût d’être musclé, alors tous les matins, il faisait des push-ups sur Eye of the Tiger. Ça a duré un an de temps, tous les matins ! »
— GENEVIÈVE BROUILLETTE
« Ça me rendait folle. Ça jouait dans tous les congrès politiques, et tu voyais monsieur Bourassa rentrer sur Rocky ! Monsieur Bourassa, tu soufflais dessus et il tombait, il pesait à peu près 135 livres mouillé, mais t’avais la grosse musique de Rocky qui jouait quand il entrait ! Ça jouait tout le temps ! Maintenant, ils font plus attention ; ils choisissent des chansons francophones ! »
— LIZA FRULLA
Jean Leloup
1991
Paroles et musique : Jean Leloup

« J’ai rencontré Jean Leloup alors que je travaillais dans un magasin de musique. J’étais un peu entre deux chaises et je ne savais pas ce que je faisais de ma vie. Jean venait au magasin pour s’acheter des partitions parce qu’il voulait parfaire sa technique de guitare. À un moment donné, il s’est mis à jouer dans le magasin. Je suis allé lui dire qu’il avait une bonne guitare et que je le trouvais bon. Il était cool, très sympathique, il m’a demandé si je faisais de la musique. Je suis allé chercher ma basse, il a pris sa guitare et on s’est mis à “jammer” dans le magasin. Ça a été magique ! Il m’a demandé si je voulais jouer avec lui parce qu’il avait quelques engagements. Il m’a donné son adresse, il m’a fait découvrir ses compositions. Jean avait vécu 10 ans en Afrique, et ça paraissait. Il avait une façon de composer et de jouer de la guitare tout à fait exotique. On a fait quelques concerts ensemble... et on a fait peur au monde à une couple de places ! J’avais l’air de Fidel Castro, avec ma casquette, ma barbe longue et mes cheveux longs. Jean était un peu épeurant aussi avec son serpent en plastique autour du cou. Mais bref, c’était très, très intéressant comme période ! C’était en 1985-1986 et j’en garde un excellent souvenir ! »
— FRANÇOIS PÉRUSSE
« Jean Leloup, je le trouvais irrévérencieux et j’aimais ça, parce que, moi, je suis un peu plus gênée dans la vie. Le matin, j’allais dans le salon et je mettais la cassette pour me donner du guts. Après l’avoir écoutée, j’avais pris mon vélo et j’étais allée “frencher” ! »
— GENEVIÈVE SCHMIDT
1990
« Je suis arrivé à Rimouski en 1991 alors que la chanson 1990 faisait danser tout le monde. Souvent, le génie et la folie sont très proches ; c’est codé par le même gène. Jean Leloup, c’est un bel exemple de ça. »
— BOUCAR DIOUF
« J’ai une grande admiration pour les gens qui sont capables de faire une musique festive avec des paroles super dark. C’était malade de voir le monde se garrocher sur le plancher de danse quand la chanson 1990 est sortie. En fait, Jean Leloup a réussi à créer le message de sa toune : la fin du monde s’en vient, ça fait que, on est aussi bien de tripper maintenant. »
— PATRICK HUARD
« J’étais dans mon prime time ado, on écoutait du Jean Leloup en “frenchant” avec des petits gars dans le sous-sol. C’était l’époque où on mettait de l’eau dans les bouteilles de vodka des parents en pensant qu’ils n’allaient pas s’en rendre compte. »
— CATHY GAUTHIER
« Je ne sais pas pourquoi, mais quand j’entends une chanson, j’accroche sur la ligne de basse. C’est tout le temps celle que j’entends plutôt que la mélodie principale. À un moment donné, j’écoutais en boucle 1990 de Jean Leloup, car on l’avait chantée pour un organisme de charité, et je me souviens à quel point j’aimais entendre le bassiste. Je prenais mon auto pour retourner chez moi et je fredonnais juste la ligne de basse. »
— ANNE DORVAL
« La chanson 1990, elle est très forte pour moi. C’est psychédélique, onirique et imagé, mais, en même temps, très rock’n’roll et folk. Ça déborde de créativité ! Tu sens que Jean Leloup, c’est un écorché vif. Il a traversé tellement de choses et il a fait au mieux dans un système qui ne lui convenait pas du tout. Et ça, ça me parle beaucoup. »
— ZAZ

Another Brick in the Wall
Floyd 1979
« Ma mère travaillait comme secrétaire pour un vice-président chez Molson. Lui, il avait des billets pour tous les shows, mais il n’avait pas d’enfant, donc quand les shows ne l’intéressaient pas, il donnait ses billets à ma mère. J’étais choyé. Je suis allé voir plein de spectacles, dont celui de Pink Floyd au Stade avec mon ami Alex. On était dans la deuxième section. On avait 14 ou 15 ans. On n’avait pas rapport là. Clairement, les gens pensaient qu’on avait des parents riches. C’était une période où on fumait dans les arénas et les stades. Mon Dieu qu’on était dans une autre dimension de l’humanité ! Ce soir-là, on était vraiment des poteux. Les adultes autour de nous disaient : “Ça fait trop longtemps qu’on n’a pas fumé, pouvezvous rouler pour nous autres ?” J’ai passé la soirée à rouler des joints pour des messieurs et des mesdames.
Quand ma mère m’a dit le lendemain que les rangées autour de nous étaient remplies par ses collègues de travail, mon cœur s’est arrêté. J’ai marché les fesses serrées pendant deux semaines, de peur que ses collègues lui racontent ma soirée. Mais dans la mesure où j’avais roulé leurs joints, ils ont eu l’air de garder ça mort ! »
— ALEXANDRE GOYETTE
« Un des meilleurs spectacles à vie que j’ai ratés, c’est Pink Floyd quand j’avais 17 ans. Avec trois de mes chums, j’allais voir le show au Stade. Le gars qui avait les billets arrivait de Rimouski et il a pris le champ. Il s’est ramassé à l’urgence de Rimouski avec nos quatre billets dans ses poches. Nous autres, on l’attendait à Shawinigan, mais il n’arrivait pas. Finalement, on a su qu’il avait pris le champ et qu’il était à l’hôpital. On était bien émotifs, mais en même temps, on se disait : “Crisse, l’urgence de Rimouski, pourrais-tu nous faxer nos billets ? !” On a appelé à la billetterie en demandant si un fax de billets, ça marchait, mais ils ont dit non. On s’est quand même rendus au stade en espérant trouver des billets avec des scalpers, mais c’était trop cher. On a donc écouté le début du spectacle dehors en sachant qu’il y avait quatre belles places de libres au show de Pink Floyd ce soir-là. »
— FRED PELLERIN
« À l’époque, mon frère avait une Monte Carlo rouge deux portes. C’était un char magnifique, une bagnole d’enfer. Pour écouter Pink Floyd, qu’on avait seulement en cassette, je lui demandais de passer l’aspirateur dans le char. Je pouvais écouter du Pink Floyd dans sa Monte Carlo en passant l’aspirateur, c’était du bonheur ! C’est pour ça que ce groupe-là me plaît encore autant. »
— GINO CHOUINARD
Les étoiles filantes
Les Cowboys fringants 2004
Paroles et musique :
Jean-François Pauzé

« En 2012, j’ai passé quatre mois à Paris à faire des shows. J’ai vu les Cowboys fringants à L’Olympia, et ça demeure pour moi un spectacle marquant. La chanson Les étoiles filantes, je l’aimais déjà, mais je l’ai redécouverte dans ce show-là. À un moment donné, ils parlent d’avions en papier dans la chanson, et il y a à peu près 950 avions de papier qui ont surgi de partout dans L’Olympia. C’était très spécial pour moi de voir ça à Paris. »
— LOUIS-JOSÉ HOUDE
« La première fois que j’ai entendu ma fille chanter, c’est à son bal de finissants. Elle a vraiment une très belle voix ! Elle a chanté trois ou quatre chansons avec une amie en s’accompagnant à la guitare. Celle qui m’a beaucoup marquée, c’est Les étoiles filantes. C’était tellement joli de la façon qu’elle la faisait. »
— RENÉE MARTEL
« Je fais certainement des vœux en regardant les étoiles filantes, mais je vais vous confier quelque chose... Les étoiles filantes, ce sont en fait des roches filantes, alors quand on est en orbite et qu’on en voit une, ça veut surtout dire qu’on vient de passer proche de se faire frapper. Depuis que je suis allé dans l’espace, c’est moins poétique ! »
— DAVID SAINT-JACQUES
La complainte du phoque en Alaska
Dis,
Les voyages
Questionnaire
Quelle est la chanson qui vous rappelle un voyage en famille et quels souvenirs en gardez-vous ?
Quelle est la chanson qui vous rappelle un voyage entre amis ?
Quelle est la chanson qui vous rappelle un voyage en solo ?
Quelle est la chanson qui vous rappelle un voyage en amoureux ?
Quelles sont vos chansons préférées pour partir en roadtrip ?
Quelle est la chanson qui vous fait voyager sans avoir à aller nulle part ?
Qui est votre meilleur compagnon de voyage et quelle chanson lui associez-vous ?
La complainte du phoque en Alaska
Beau Dommage
1974
Paroles et musique : Michel Rivard

« Félix Leclerc a repris sur disque La complainte du phoque en Alaska. Ça a été pour moi toute une tape sur l’épaule ! C’était ma quatrième ou cinquième chanson à vie, paroles et musique. Je pense que j’ai mis le doigt sur quelque chose sans trop savoir ce que je faisais ! Quand Félix l’a reprise l’année suivante, je l’ai accueilli comme un très grand honneur, mais pas du tout comme un accomplissement. Ça voulait simplement dire de continuer. La secrétaire de la compagnie de disques m’a téléphoné pour inviter les membres de Beau Dommage au lancement de Félix. On était nouveaux dans le milieu artistique, on recevait des invitations, on avait du fun.
La secrétaire m’a dit : “Et vous êtes au courant naturellement...” J’ai répondu : “Euh... Au courant de quoi ?” La secrétaire m’a alors appris que Félix avait repris ma chanson. Le téléphone m’est carrément tombé des mains. J’en revenais pas ! C’était complètement surréaliste. Tout le groupe s’est rendu au lancement, et j’ai rencontré Félix. Il m’a serré la main et il a mis son autre main sur mon épaule en disant : “Vous avez écrit une très belle chanson.”
Pendant un grand bout de temps, j’ai arrêté de chanter La complainte du phoque en Alaska. Ça ne veut pas dire que je ne l’aimais plus, mais je voulais me démarquer de Beau Dommage et montrer au monde que je faisais autre chose. C’était extrêmement prétentieux de ma part !
Quand le public te fait le cadeau d’adopter une chanson comme ça, d’en faire quasiment un hymne en l’apprenant dans les chorales et les écoles, et quand même Félix Leclerc la reprend, ben... farme ta gueule, pis chante-la ! »
— MICHEL RIVARD
La complainte du phoque en Alaska
« Quand mon fils était petit, à 8 ans, il est parti vivre en Tunisie avec son papa, qui allait enseigner la médecine là-bas pendant un an. On était séparés, j’ai beaucoup hésité, mais je ne pouvais pas refuser. Il était en 2e année, donc il n’arrivait pas encore à lire l’écriture cursive. Je lui faisais alors des cassettes avec des chansons qu’il aimait, des trucs que je lui racontais et des histoires que je lui lisais. Un jour, il m’a lui aussi envoyé une cassette qui m’a fait pleurer... C’était la chanson de Michel Rivard, La complainte du phoque en Alaska, chantée par des petites voix françaises parce que mon fils était dans un lycée français. Sa classe chantait cette chanson-là, en Tunisie ! J’ai fondu. »
— FRANCINE RUEL
« Je l’ai souvent dit... C’est une chanson que j’aurais voulu écrire et une idée que j’aurais voulu avoir. Un jour, on m’a demandé dans une émission de radio française quelle était la chanson que j’aurais voulu écrire. Comme j’étais en France, j’ai répondu Avec le temps de Léo Ferré. Le hic, c’est que les gens de l’émission avaient prévu de faire jouer Le phoque en Alaska parce qu’ils avaient lu l’info quelque part dans un journal X. L’animateur était tout décontenancé. Le plus drôle, c’est qu’à RTL, qui est supposément la grande chaîne de radio française, ils n’arrivaient pas à retrouver la chanson de Ferré pour me l’offrir ! »
— LUC PLAMONDON
« Elle est tellement belle ! C’est une chanson parfaite. Elle est simple pour les enfants, mais aussi touchante pour les adultes. J’ai eu l’honneur en 2017 d’aller la chanter pour Beau Dommage à Toronto lorsque le groupe a été intronisé au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens. Dans la foule, il y avait également Neil Young, un chanteur dans mon top 3 à vie. Je chantais à la fois pour Beau Dommage et pour Neil Young ! »
— DAMIEN ROBITAILLE
« Mes parents aimaient beaucoup Beau Dommage. Ils en parlaient souvent. Quand on vivait en Afrique et qu’on s’ennuyait du Québec, on parlait des choses qui nous manquaient, comme la musique et le sirop d’érable ! »
— SARAHMÉE
« À l’émission PaparaGilles, j’avais proposé de questionner les classiques de la musique. Je suis donc allé en Alaska avec Michel Rivard pour trouver le phoque en Alaska ! On est restés là-bas deux jours et on a eu beaucoup de fun ! C’était très drôle, mais surtout émouvant de voir Michel dans l’enclos chanter sa toune avec deux phoques en avant de lui. À un moment donné, il m’a dit : “Moi, quand j’ai écrit ça, je savais même pas s’il y avait des phoques en Alaska. Je savais juste que ça rimait !”
—
FABIEN CLOUTIER
La bohème
Charles Aznavour 1965
Paroles et musique : Charles Aznavour, Jacques Plante
« J’ai connu Paris en 1950. Robert avait reçu une bourse de 1500 $, il fallait vivre un an là-dessus et j’étais enceinte. Quand on arrivait et qu’on était étrangers, les propriétaires nous faisaient payer le loyer plus cher que les Français, donc ça grugeait une grande partie du budget. La veille de mon accouchement par césarienne, on s’est sauvés pendant la nuit parce qu’on n’avait plus d’argent et que ça faisait deux mois qu’on n’avait pas payé le loyer. Le propriétaire n’avait pas le droit légalement de mettre une femme enceinte à la porte, mais ça, on ne le savait pas ! »
— ANDRÉE LACHAPELLE
« C’est Charles Aznavour qui m’a présenté mon mari et qui l’a fait venir au Canada. La dernière fois que j’ai vu Charles, j’étais avec ma fille Danièle, qui est tout le portrait de son père. Il lui a dit : “Vous savez, vous me devez une fière chandelle !” »
— DENISE FILIATRAULT
« Ça me rappelle un beau voyage en Europe. Je ne voulais pas revenir à Montréal, alors je me suis arrangée pour être monitrice de camp de vacances, ce qui m’a permis de visiter tout le sud de la France. Avec une autre monitrice française, on a fait du pouce. Ça se faisait beaucoup en Europe, mais très peu ici à l’époque. On embarquait dans des camions, parfois on était cinq ou six, puis on allait voir des lieux qu’on ne peut malheureusement plus voir maintenant. »
— BÉATRICE PICARD
Ailleurs
France D’Amour
1992
Paroles et musique :
France D’Amour, Mario Lessard, Louise Lamarre
« Quand je la chantais au début, j’étais une jeune maman dans la vingtaine qui partait en tournée et qui pensait beaucoup à son fils. Mon intention était qu’il sache que je pensais toujours à lui, que je sois ici ou ailleurs. Je me rappelle que, déjà, dans les années 1990, je m’inquiétais des enjeux environnementaux.
Je réalisais que la planète, tout comme les gens, était irremplaçable... Chaque personne qui croise notre chemin a une raison d’être.
Le temps a beau passer, le souvenir qu’on garde de ceux qu’on aime est indélébile. C’est ce que je dis aux gens avant cette chanson, à la fin de mon spectacle. »
— FRANCE D’AMOUR


« Cette chanson me ramène en 1990 à mon voyage de cinq semaines au K2, au sommet du monde. C’était un périple très difficile physiquement et moralement, dans une région inhospitalière. À un moment donné, un soir, à près de 4500 mètres d’altitude, j’ai emprunté la radio à ondes courtes du leader du groupe. J’étais dans ma tente, je n’avais rien à faire et je voulais voir ce que je pourrais capter. Sur le glacier du Baltoro au Pakistan, avec le bruit des avalanches au loin, dans une tente à -15 degrés Celsius, je suis tombé sur Radio-Canada International. J’ai entendu là la femme d’un militaire demander la chanson Ailleurs, de France D’Amour, et la dédier à son mari, qui était en Bosnie. C’est là qu’on voit d’où l’on vient. Avec France D’Amour, c’est comme si je revenais dans la cuisine chez nous. Je ne me suis jamais senti aussi près de quelqu’un qui n’est pas dans ma famille ou mon entourage. C’est devenu pour moi une chanson de référence. Et elle est tellement belle ! »
— PAUL HOUDE
Dis, quand reviendras-tu ?
Barbara 1962
Paroles et musique : Barbara
« C’est une chanson liée aux départs et à l’absence. Quand j’étais petite, mes parents travaillaient beaucoup, je les adorais, ils me manquaient, alors quand j’entends cette chanson, ça me fait penser à eux. Ça me fait aussi penser à mes amis d’enfance qui partaient en vacances, que je ne voyais pas momentanément et dont je m’ennuyais. C’est relié à tout ça, et pas seulement au sentiment amoureux. »
— SOPHIE LORAIN
« C’est la chanson d’amour de mes parents, mais je leur ai piquée solide parce que c’est une chanson qui dit tout ! Je ne connais pas une voix, une nostalgie, une mélodie et des paroles aussi puissantes et douces à la fois. C’est une chanson qui parle aux amis, à l’amour, à la scène aussi. »
— HÉLÈNE BOURGEOIS LECLERC
« J’ai été la spécialiste des peines d’amour, mais sans jamais fermer les yeux sur les autres possibilités amoureuses qui pouvaient rôder autour de moi. J’étais une amoureuse fervente, avec des peines d’amour très, très violentes et dramatiques, mais mon élan de vie ne s’éteignait pas pour autant. Il reste que Barbara avait, dans cette espèce de terrible tristesse ambiante, quelque chose qui me touchait beaucoup. »
— MARIE LABERGE
Pour que tu m’aimes encore
Céline Dion 1995
Paroles et musique :
Jean-Jacques Goldman

« Pierre-François Legendre et moi, on est allés à une soirée de tennis au Reine Elizabeth, où il y avait un encan caritatif. Comme on était rendus un peu chauds, on a commencé à miser sur le lot du voyage à Dubaï. Le lendemain matin, je me suis réveillé et j’ai pensé : “Oh crisse, c’est vrai, on a acheté un voyage à Dubaï hier soir à l’encan !”
En faisant des recherches, on s’est rendu compte que Céline Dion allait être en show à Dubaï pendant qu’on y serait. Même si on n’était pas nécessairement des fans finis, on s’est donné comme défi d’avoir des billets. Chacun de notre bord, quand on faisait des entrevues, on disait : “Ah oui, je pars à Dubaï, pis mon Dieu que j’aimerais ça aller au show de Céline.” À un moment donné, le fils de René Angélil nous a écrit qu’il pouvait nous avoir des billets Platine pour le show.
En arrivant à Dubaï, on a acheté son dernier album en se disant qu’il fallait l’écouter non-stop dans notre char loué pour être des vrais VIP. J’ai une vidéo où on chante à tue-tête Pour que tu m’aimes encore. Quand Céline l’a faite, on était prêts et on l’a chantée dans le tapis ! »
— RÉMI-PIERRE PAQUIN
« À mon anniversaire cette année, on a fait un meurtre et mystère arrosé, où j’étais habillé en mousquetaire rock. En fin de soirée, ça a viré en karaoké, on avait du fun et, là, quelqu’un a commencé à chanter Pour que tu m’aimes encore, de Céline Dion. J’étais assis devant la télé, je regardais les paroles défiler, mon sourire s’est dissipé tranquillement, je suis tombé dans l’écriture et l’interprétation du texte, et ça a été fini... j’ai été bouleversé pour tout le reste de la soirée !
C’est tellement beau ! C’est tellement... triste ! C’est beau, mais c’est triste, mais c’est... oh my God ! Pourquoi je ne m’étais jamais assis pour écouter ça avant ? C’est un chef-d’œuvre. »
— LOU-PASCAL TREMBLAY
« Pour l’album D’eux, Jean-Jacques Goldman voulait absolument faire des entrevues avec tout le monde de l’entourage de Céline pour vraiment lui offrir des chansons créées sur mesure. Pour que tu m’aimes encore parle de René. Cette chanson englobe vraiment qui ils sont. À travers la douceur de cette chanson, le message est si fort, si puissant ; ça vient toujours me chercher. Je vois encore le vidéoclip, qui a d’ailleurs lancé l’album D’eux à mon émission à TQS. Jean-Jacques était venu avec Céline, on avait fait une spéciale d’une heure, c’était magistral !
Quelques années avant, au lancement de l’album The Colour of My Love, j’avais animé la soirée où Céline et René annonçaient au public qu’ils étaient amoureux. Céline était très excitée et elle ne pouvait plus attendre, mais René était un paquet de nerfs. Il avait une peur bleue de le dire. Je l’ai poussé carrément dans le dos pour le faire sortir de l’arrière-scène. Il était si nerveux ! Les histoires d’amour qu’elle a chantées pour lui résonnent encore pour moi, parce que j’ai vu l’amour qu’ils ont partagé. »
— SONIA BENEZRA
Bette Davis Eyes
Kim Carnes 1981
Paroles et musique :
Donna Weiss, Jackie DeShannon

« Cette chanson me rappelle la première fois que j’ai fait la Route 66 en direction de la Californie dans ma troisième Coccinelle. Le roman On the Road a été publié en 1957, l’année de ma naissance. Je me considère donc comme un enfant de Jack Kerouac. La route, c’est l’aventure, même si c’est juste pour aller à Chicoutimi. Je partirais tous les jours pour rouler. Mon record, c’est 21 heures et demie sans arrêter, à part pour faire le plein, bien sûr. L’important, ce n’est pas la destination. Ultimement, je vais arriver quelque part, mais ce que j’aime, c’est la route qui y mène.
Avant, il m’arrivait souvent de prendre l’avion jusqu’à Vegas, je couchais là un soir, j’allais voir un spectacle et, le lendemain matin, avec une voiture louée – idéalement une décapotable —, je prenais une route sans savoir où elle menait. Dans le Nevada ou l’Arizona, il y a vraiment des coins où t’es tout seul en tabarnouche. Je me prenais un petit point sur la carte et je décidais d’aller voir ça. Je pouvais rouler pendant quatre ou cinq heures pour aller voir un petit village de quatre ou cinq maisons.
J’ai plusieurs autos de collection, mais je n’écouterai jamais du Frank Sinatra dans ma Camaro 70. Il faut que la musique coïncide avec l’époque de la voiture. Je fais jouer les bonnes chansons dans le bon char. »
– MICHEL BARRETTE
Beautiful Day
U2 2000
Paroles et musique :
« Je suis parti en auto de Los Angeles jusqu’à San Francisco avec ma blonde ; c’est environ sept ou huit heures de route. Mon frère m’avait prêté sa Mercedes décapotable et on avait écouté Beautiful Day à peu près 20 fois en ligne, parce que c’était la chanson préférée de ma blonde. C’était écœurant ! On était là pour le mariage de mon frère à Napa Valley. En fait, c’était triste et heureux en même temps, parce que ça faisait juste une semaine que mon père était décédé. On aurait dit qu’il avait décidé de partir juste avant pour qu’on puisse profiter pleinement de cet événement heureux sans s’inquiéter. C’est bizarre la vie, des fois... »
— MICHEL CHARETTE
« Pendant trois ou quatre ans à Salut Bonjour, à six heures moins cinq, on faisait jouer une chanson qui était toujours le choix de l’un des collaborateurs. Le matin de ma toute dernière émission, je n’avais pas besoin de regarder les nouvelles parce que je n’étais pas responsable du déroulement. J’avais choisi la dernière chanson : Beautiful Day de U2. À la toute fin, le réalisateur l’a remise en ondes, et ça a été un grand moment. Je ne suis pas très collectionneur de mes émissions, mais celle-là, je l’ai gardée. C’était a beautiful day, et j’en étais parfaitement conscient. »
— GUY MONGRAIN
« C’était malade, j’avais 27 ans, je venais d’être recruté par Radio-Canada pour animer un show à l’été 2000. Tout de suite après, on m’avait envoyé aux Jeux olympiques à Sydney, une ville extraordinaire, une effervescence, des athlètes de partout à travers le monde, le summum pour moi qui suis un tripeux de sports ! On aurait dit que, par procuration, j’étais un athlète moi aussi. C’était vraiment magique ! La chanson Beautiful Day jouait beaucoup à la télévision australienne, même si U2, c’est un groupe irlandais. Quand il y avait des succès de médaillés australiens, ils faisaient un montage des exploits avec des images en ralenti et les commentateurs disaient : “It’s gold for Australia... It’s a beautiful day !” »
— SÉBASTIEN BENOIT
Tel un seul homme
PIERRE LAPOINTE 169
The Great Escape
PATRICK WATSON 172
Si Dieu existe
CLAUDE DUBOIS 176
L’escalier
PAUL PICHÉ 178
Les dauphins et les licornes
LES TROIS ACCORDS 180 Revivre
DANIEL BÉLANGER 182
Je redeviens le vent
MARTIN LÉON 184
Tue-moi
DAN BIGRAS 187 Smile
NAT KING COLE 188
Ordinaire
ROBERT CHARLEBOIS 190
La saison des pluies
PATRICE MICHAUD 192 Ficelles
INGRID ST-PIERRE 194
Les cordes sensibles
Questionnaire
Quelle est la chanson qui vous émeut et pourquoi ?
Quelle est la chanson qui vous a accompagné dans une période plus difficile de votre vie ?
Avez-vous une chanson associée à un être cher qui vous manque ? Si oui, laquelle ?
Quelle est la chanson qui vous rend le plus nostalgique et quels souvenirs lui associez-vous ?
LES CORDES SENSIBLES
Quelle est la chanson que vous écoutez volontairement pour vous faire pleurer un bon coup ?
Quelle est pour vous la chanson la plus réconfortante et pourquoi ?
Quelle chanson choisiriez-vous pour vos funérailles et pourquoi ?

Tel un seul homme
Pierre Lapointe
2004
Paroles et musique :
Pierre Lapointe
« J’avais 22 ans. J’ai fait plein de tentatives avant d’arriver à cette chanson-là. C’était une idée qui m’obsédait. J’ai toujours été fasciné par la mort, obsédé par le fait qu’on soit éphémère. Ça m’a longtemps pesé. Énormément même. Cette obsession date du début de l’adolescence. Le fait de savoir que notre destin était scellé, qu’on allait mourir de toute façon, ça me démotivait de tout. Alors, je me suis dit que j’allais la narguer, la mort, en créant de la beauté.
Y a pratiquement pas un matin où je me réveille pas en me disant : “Prends bien soin de choisir ce que tu portes, car tu vas peut-être mourir dans ces vêtements-là.” Ça peut paraître lourd, mais c’est un moteur extraordinaire. Je fais souvent des choix que peu de personnes feraient parce que je sais très bien que je ne suis pas éternel.
Avec des chansons, on a parfois le privilège de toucher des gens. Certains ont utilisé Tel un seul homme pour exprimer leur dépression profonde ou pour mettre des mots sur des choses qu’ils ne réussissaient pas à nommer. D’autres, dans des situations très tragiques, se sont accrochés à cette chanson ou l’ont laissée comme message, sans rien d’autre, avant certains départs...
Cette chanson m’a personnellement fait beaucoup de bien. Chaque fois que je l’interprète en spectacle, ça me ramène aux mêmes sensations qui m’habitaient lorsque j’étais enfant et qui vont m’habiter encore tout au long de ma vie... »
— PIERRE LAPOINTE
Tel un seul homme
« J’aime toutes les chansons de Pierre Lapointe, mais Tel un seul homme, c’est la toune qui me visse sur mon banc. J’ai découvert Pierre par cette chanson-là, dans une émission de radio où il était invité. J’étais dans ma voiture et je suis venu les yeux pleins d’eau parce que ça faisait remonter plein d’affaires liées à une peine d’amour compliquée. Il y a des tounes qui te font rire et taper du pied, et il y en a d’autres qui viennent te chercher au point où tu te dis : “Ben voyons, qu’est-ce qui se passe avec celle-là ? !” Par la suite, j’ai su que Pierre était un fan de Dans une galaxie près de chez vous, donc je lui ai fait envoyer tous les coffrets pendant un show de la Saint-Jean. J’aimais tellement son album, alors je trouvais ça cool de savoir que, lui, il aimait Galaxie. »
— CLAUDE LEGAULT
« Quand j’étais professeure, dans mes cours de français, j’enseignais la poésie à travers les chansons. Je demandais aux élèves d’en choisir une qu’ils aimaient et de dire aux autres pourquoi, selon eux, c’était la plus belle. C’était toujours une activité tellement belle ! Moi, je leur présentais Tel un seul homme, de Pierre Lapointe, en leur demandant de trouver qui se cachait derrière le pronom “elle” dans la chanson.
Elle est là qui accourt pour nous rappeler
Que si les hommes s’unissent
C’est pour mieux se séparer
La réponse, c’était la mort. Quand les élèves pensaient avoir trouvé, il ne fallait pas qu’ils le disent aux autres équipes. Je les entendais crier et chuchoter dans la classe : “Ah, mon Dieu ! On a trouvé ! On a trouvé ! On a trouvé !” Puis là, il fallait qu’ils viennent me voir dans le corridor pour valider leur réponse en secret. Ils rentraient ensuite dans la classe tout fiers d’avoir percé le mystère ! »
— FABIOLA NYRVA ALADIN
The Great Escape
Patrick Watson
2006
Paroles et musique :
Patrick Watson
« C’était une mauvaise journée. Je me souviens que je devais m’occuper de régler des problèmes de téléphone et d’électricité à l’appartement où je vivais. J’ai souhaité que cette journée-là puisse prendre des vacances. J’aimais l’idée qu’une journée qui va mal puisse prendre congé et partir à la plage, comme si c’était un personnage en soi. Ça a été mon point de départ pour The Great Escape. Puisqu’elle a été créée rapidement et dans le plaisir, c’est comme si cette chanson-là ne venait pas de moi. J’ai l’impression qu’elle m’est juste tombée dessus. J’étais même un peu gêné de la mettre sur l’album. Je suis donc surpris du chemin qu’elle a pris, mais je suis toujours content quand la musique voyage...
Il y a certaines chansons que je joue seulement lorsque j’en ressens l’envie. The Great Escape en fait partie. Je ne la joue pas juste pour la jouer. Si vous me voyez la faire en spectacle, c’est parce que j’en ai ressenti l’envie. Donc, à chaque fois, le plaisir est vrai. »
— PATRICK WATSON

« Quand j’écoute The Great Escape de Patrick Watson, j’ai l’Afghanistan dans ma tête. C’était très Apocalypse Now, ce qu’on a vécu lors de notre mission là-bas en 2007... L’hélicoptère, la poussière, la nuit, les Américains qui sont venus nous chercher... C’était surréaliste. Une chanson nostalgique peut facilement me faire penser à ça. »
— PATRICE ROY
The Great Escape

« The Great Escape, c’est le titre que j’ai choisi pour la chronique que j’ai écrite sur mon dernier traitement de chimiothérapie. Dès le jour où j’ai su que j’allais embarquer dans ce train-là, j’avais juste une idée en tête : en sortir sur mes deux jambes, le dos droit pis la fierté accotée. La grande évasion ! Comme une sortie de prison, lumineuse oui, mais contraignante, effrayante et douloureuse. Patrick Watson, sans qu’il le sache, écrit ses chansons juste pour moi ! »
— ANICK LEMAY
« Je nage dans mon lac !
Te dire la douceur de cette eau ; le soleil qui se couche tranquillement derrière les arbres ; la beauté des nénuphars qui se faufile jusqu’à mes yeux qui se ferment ; leur odeur de poudre pour bébé qui se rend à mon nez qui aspire tout avec avidité. À chaque brassée, une caresse. À chaque inspiration, une émotion. À chaque coup de pied, une goutte qui s’échappe de mes yeux avec un sourire de gratitude.
Je m’étais fixé un but, le 12 avril dernier (en plein lendemain de chirurgie) : le week-end de la fête du Travail, je nagerai dans mon lac. J’y suis arrivée. »
Si Dieu existe
Claude Dubois 1996
Paroles et musique : Claude Dubois
« Si Dieu existe est une chanson mystique qui va au-delà de mon appartenance. »
— CLAUDE DUBOIS
« Lors de la cérémonie de décès de ma fille Catherine, le cercueil est sorti de l’église alors que Léon Bernier jouait Si Dieu existe au piano. On ne voulait que du piano, pas de mots, pour imaginer... Les enfants trisomiques, on ne cherche pas assez à décoder ce qu’ils veulent nous dire. Catherine était certainement beaucoup plus intelligente qu’on pouvait le penser. Il arrivait des choses très bizarres avec la musique. Quand Mireille habitait à la maison, on mettait les disques sur le lit et les pochettes à côté. Catherine pouvait jumeler les disques et les enveloppes sans jamais se tromper. On n’a jamais compris comment parce qu’elle ne savait évidemment pas lire. »
— JANINE SUTTO
« Je me suis posé très jeune des questions sur le “pourquoi” de la vie. C’est important pour moi de trouver un sens à tout ça. Claude Dubois a le don d’écrire des choses importantes sur des phrases simples. Si Dieu existe me touche profondément. Je pense que, quand on est à l’aise avec l’idée de la mort, on est beaucoup plus à l’aise avec la vie. »
— MARIE DENISE PELLETIER
« Moi, quand Claude Dubois chante Si Dieu existe, il me fait mourir ! »
— LOUISE LATRAVERSE
« Si Dieu existe, je l’ai chantée à l’église pour les funérailles de ma grand-mère. J’étais très proche d’elle, c’était comme une idole. Quatre mois après son décès environ, mon grand-père est parti lui aussi, et on m’a redemandé de la chanter. C’est devenu pour la famille la chanson qui représente mes grands-parents. »
— CAROLINE NÉRON
L’escalier
Paul Piché 1980
Paroles et musique : Paul Piché
« L’escalier est une très longue chanson qui décrit un très court instant. Elle exprime le vide que j’ai ressenti en haut d’un escalier, juste avant de le descendre.
Je n’avais pas trop idée de quoi je parlais en la composant. J’avais juste senti le besoin de mettre sur papier un moment fragile de solitude où je me retrouvais avec moi-même. Curieusement, j’ai mis deux ou trois bonnes années à ressasser ce que j’y avais ressenti, chaque fois en écrivant quelques lignes.
À un moment donné, j’ai pris un certain recul et je me suis observé écrire à propos de cet instant. Je parle donc spontanément et naïvement de comment j’écrivais cette chanson. De comment je me racontais des balivernes sur mon écriture et sur ma vie. Pour enfin accepter, après “un très, très long détour”, qu’être bien avec soi-même dans ces instants ne veut pas dire ne rien devoir à personne. »
— PAUL PICHÉ

« Avec les paroles de L’escalier, je casse tout le temps. Cette toune-là, je l’écoute religieusement. Je deviens trop émotif. Juste d’en parler, je suis tout à l’envers. Ce n’est pas vrai que les hommes pleurent en moyenne 17 fois par année. Moi, c’est pas loin de 340 ! Ça fait du bien, c’est une soupape extraordinaire. »
— NORMAND D’AMOUR
« Un moment donné où je ballottais entre deux amoureux, il y en avait un qui m’avait chanté L’escalier dans un parc parce que je l’avais laissé. Il me l’avait chantée a cappella et j’avais trouvé ça très touchant, au point où j’ai failli reprendre avec ! »
— MAUDE GUÉRIN
Les dauphins et les licornes
Les Trois Accords 2015
Paroles et musique : Simon Proulx, Pierre-Luc Boisvert, Charles Dubreuil, Alexandre Parr

« Quand j’étais au secondaire et que je commençais à jouer de la guitare, je me disais : “Je vais m’amener des pics dans mes poches quand je vais aller voir Les Trois Accords, donc si jamais le guitariste se blesse, ils vont sûrement demander s’il y a un adolescent dans la salle qui connaît les chansons, pis là, je vais me proposer.”
Mon amour des Trois Accords a commencé au primaire et, par après, chaque album a accompagné une partie de ma vie. Au cégep, c’était l’album J’aime ta grand-mère. Il durait 35 minutes. C’était la durée exacte de mon trajet pour me rendre au cégep, porte à porte, de Terrebonne à Joliette. Donc, je partais l’album tous les matins et j’arrivais exactement au moment où il finissait. Tous les matins. Pas de joke, je le jure.
L’album Joie d’être gai, c’est lié à l’École de l’humour et au début de ma vie professionnelle. J’ai choisi Les dauphins et les licornes pour finir mon one-man-show. J’étais tellement stressé avant ma première médiatique, j’avais pas mangé et j’avais de la misère à me tenir debout tellement j’étais nerveux. Le dernier numéro est vraiment physique. Juste avant de le commencer, je me demandais comment j’allais y arriver. J’ai réussi à le faire jusqu’au bout, mais quand la toune Les dauphins et les licornes est partie, j’ai juste éclaté en sanglots de “j’ai pu une once d’énergie en dedans de moi, mais je sais que ça vient de bien se passer”. C’est cette toune-là qui m’a accompagné dans ce moment-là ; c’était l’une des plus belles soirées de ma vie. »
— PIERRE-YVES ROY-DESMARAIS
« Les chansons des Trois Accords ont été là pour moi à des moments vraiment importants. Quand ma grand-mère est décédée, j’ai écouté Dans mon corps de jeune fille sur repeat durant tout le trajet jusqu’à Sherbrooke. À mon mariage, quand je suis rentré dans l’allée, c’était Pull pastel des Trois Accords qui jouait parce que ça me ressemblait. Ma blonde a approuvé mon choix, mais jamais autant que moi !
Les dauphins et les licornes, c’est la chanson qui termine mon spectacle, celle sur laquelle je fais mon salut et, à chaque fois, elle me fait de l’effet. Moi, j’aime tout, tout, tout des Trois Accords ! Mon début de show, c’est Les Trois Accords. La fin de mon show, c’est Les Trois Accords. C’est le groupe que j’ai vu le plus souvent en spectacle, même qu’une fois, je suis parti de Candiac pour aller les voir à Alma ! »
— PIERRE HÉBERT
Revivre
Daniel Bélanger
2001
Paroles et musique :
Daniel Bélanger
« Je voulais écrire une chanson où le personnage vaguement dans le doute s’accorde une deuxième chance. On l’accompagne dans sa réflexion qui évolue, couplet après couplet. Un autre thème utopique, plus facile à chanter qu’à réaliser pour vrai. Aujourd’hui, cette chanson accompagne parfois des campagnes de financement d’organismes humanitaires.
Revivre a ce caractère optimiste dont la douceur permet de croire finalement en un renouveau possible. Aussi, de façon plus confidentielle, on m’en parle comme on parle de quelqu’un qui vous a aidé dans un passage difficile de votre existence.
J’en suis toujours heureux, surpris toutefois d’avoir cette faculté d’aider autrui dans le confort de mon foyer. Je l’écrirais de la même façon aujourd’hui principalement en raison de son dénuement et de sa simplicité. »
— DANIEL BÉLANGER

« Chaque fois que j’étais en mue profonde, je venais au Québec. C’est une terre qui me soigne. Il y a quelque chose ici de féminin, de doux, d’accueillant...
Lors d’un séjour où je suis venue pour moi, et non pour faire des concerts, je n’allais pas très bien et je suis tombée sur cette chanson de Daniel Bélanger à la radio ou dans une playlist, je ne sais plus. Elle reconnaissait mes émotions. Depuis, je remercie cette chanson d’exister. C’est une chanson intense, et ce n’est pas la plus joyeuse, mais quand on sait aller dans les profondeurs de notre noirceur et qu’on arrive à en ressortir, notre lumière est encore bien plus lumineuse. Elle me touche encore beaucoup aujourd’hui... »
— ZAZ
Je redeviens le vent
Martin Léon 2010
Paroles et musique : Martin Léon, Manuel Laroche

« On était en studio, les musiciens et moi, en train d’enregistrer l’album Les atomes. J’avais cette mélodie qui était faite, mais pour laquelle je n’avais pas de texte.
À l’heure du lunch, les musiciens sont partis à l’épicerie. Moi, je suis resté avec cette musique, à la recherche d’une idée. Elle m’inspirait quelque chose de paisible et qui fait du bien. Quelque chose qui avait rapport avec la rédemption, l’acceptation.
Les musiciens sont revenus avec leurs sandwichs et ils m’ont raconté que, juste au coin de la rue, il y avait un homme couché au sol, immobile. À son chevet, il y avait une dame à genoux, fort probablement sa femme, qui pleurait et qui appelait son nom. Autour, il y avait un attroupement de gens, une ambulance, un char de police. Tout portait à croire que l’homme était décédé. C’est là que je me suis dit : “C’est ça, ma chanson...”.
Je me suis imaginé le moment où l’on quitte son corps, cet instant précis où l’on réalise que l’on est mort...
J’ai quitté mes amours, j’ai quitté mes amis sans nous désunir
J’ai quitté mon parcours, j’ai quitté aujourd’hui, je deviens souvenir
Je redeviens le vent
Je fais voler l’oiseau, je fais chanter l’océan
Invisible à nouveau
J’habiterai le printemps
Dorénavant
C’est ça qui se passait au coin de la rue, ce midi-là, alors que j’avais une musique sans texte... »
— MARTIN LÉON
Je redeviens le vent
« C’est une chanson touchante dans plusieurs circonstances, mais c’est vrai qu’elle est très forte pour des funérailles. Martin Léon m’a fait jurer de chanter cette chanson-là à son décès. Je lui ai dit qu’il me demandait quelque chose de gros... Je vais donc m’arranger pour mourir avant lui, pour que ce soit lui qui me la chante ! »
— LOUIS-JEAN CORMIER
« C’est vraiment l’une des plus belles chansons du répertoire de Martin, peut-être l’une des plus belles au monde à mon sens. Ça me permet de faire un peu la paix avec la mort. Quand j’entends cette chanson, je me dis que c’est peut-être pas si pire dans le fond… »
— VINCENT VALLIÈRES
Tue-moi
Dan Bigras 1992
Paroles et musique :
Francis Pierre Basset, Franck Langolff
« La chanson Tue-moi, je l’ai écoutée cinquante fois dans la même soirée sur une route qui me menait quelque part dans les Cantons-de-l’Est. C’est un beau souvenir. Ça m’a accompagné et ça m’a aidé. C’était il y a longtemps. »
— STÉPHAN BUREAU
« Tue-moi, ça peut pas être plus frontal que ça ! J’aime les chansons qui rentrent droit où elles doivent rentrer. »
— LARA FABIAN
« Tue-moi, c’est une des plus belles chansons jamais écrites. Dan et moi, c’est une histoire d’amour qui n’a jamais commencé et qui n’a jamais fini. C’est juste là, tout le temps. Et c’est aussi l’homme de la vie de ma mère. Tue-moi, au piano, avec sa petite camisole blanche... C’est mon époque préférée. On avait la même voix ! »
— MARIANA MAZZA
« J’ai connu Dan Bigras dans les années 1980, il chantait dans les bars, notamment au Quartier latin, sur Saint-Denis. J’allais là après le karaté, avec ma gang de karaté, et on écoutait ce gars-là, que personne ne connaissait. Je pense qu’on ne savait même pas son nom. Il chantait, jouait du piano et il avait l’air d’un bum, on aimait bien ça. Je l’ai suivi jusqu’à ce qu’il devienne populaire et je n’ai jamais arrêté de l’aimer. »
— ISABELLE RICHER (JOURNALISTE)
Smile
Nat King Cole 1954
Paroles et musique : Charlie Chaplin, John Turner, Geoffrey Parsons
POUR LA P’TITE HISTOIRE
« Smile était à l’origine une musique sans paroles puisque Charlie Chaplin l’avait composée pour en faire le thème de son film muet Les temps modernes, sorti au cinéma en 1936. »
« Mon fils est né en juin 2001, quelques semaines avant que je joue le rôle de Jean Duceppe dans la série télé. Le jour du 11 septembre 2001, j’étais en tournage au Lion d’Or et je devais faire des scènes de cabaret avec des jokes grivoises toute la journée, alors que tout le monde était paniqué par les événements de New York. Émotivement parlant, c’était une journée extrêmement drainante. Je suis rentré chez moi le soir et j’ai bercé mon bébé pendant des heures en lui chantant des chansons de paix, dont Smile. J’avais envie de répondre aux événements en montrant à mon bébé qu’il y avait du bon aussi... et de m’en convaincre. »
— PAUL DOUCET
« J’ai toujours aimé cette chanson, mais, en vieillissant, elle m’est encore plus rentrée dedans. Les paroles sont tellement vraies. Smile, though your heart is aching... J’ai compris toute l’importance de sourire quand ça va mal dans la vie. C’est la plus belle chanson du monde. »
— LISE DION
« Smile, c’est une chanson qui nous définit bien, nous, les comiques, les inquiets et les ambitieux de ce monde. J’ai vu tous les films de Chaplin. J’ai toute la collection à la maison. Quand j’avais 4 ans, mon père a trouvé un vieux projecteur 8 millimètres que quelqu’un avait jeté. Il l’a ramassé, il l’a réparé et il a trouvé des petits films de Chaplin de 25 pieds, donc de 30 secondes. La nuit de Noël, mon père a réveillé ses trois gars. On est arrivés dans la cuisine et, sur le mur, c’était Charlot. J’en suis jamais revenu. »
— YVON DESCHAMPS
« Smile, c’est ce que je chantais ad nauseam dans l’oreille de ma petite Lily Rose en néonatalogie avant qu’elle nous quitte. C’est une chanson très importante dans ma vie. »
— SERGE POSTIGO
Ordinaire
Robert Charlebois
1971
Paroles et musique :
Robert Charlebois, Mouffe, Pierre Nadeau

« J’ai vécu un bout difficile professionnellement où je n’avais plus envie de cuisiner, plus envie de rien. Je voulais même déménager dans un autre pays. À un moment donné, l’un de mes amis m’a invité à aller voir le show de Robert Charlebois. Je le connaissais comme tout le monde, mais je ne m’étais jamais arrêté à son œuvre. J’ai acheté son double coffret et j’ai voulu écouter chaque chanson avant de me rendre au show. Mon ami m’avait dit qu’on pourrait aller rencontrer Robert après, alors je me suis dit : “C’est pas vrai que je vais passer pour un cave s’il me parle d’une toune en particulier.”
Quand j’ai écouté Ordinaire, j’étais dans mon jardin dehors, avec mon iPod, assis sur le banc. Je n’étais plus capable d’arrêter de pleurer. Si t’enlèves les mots “chanteur populaire” et que tu les remplaces par “cuisinier”, la chanson complète était exactement ce que je ressentais. Brigitte est sortie dehors, m’a trouvé en larmes et m’a demandé ce qui n’allait pas. Je lui ai dit : “Je ne suis plus capable. Écoute ça. C’est ça que je ressens. C’est ça que je vis.” On a pleuré ensemble et on a pris les décisions qui s’imposaient pour la suite. C’est un point tournant, pour moi, cette chanson-là, dans ma vie. »
— RICARDO
La saison des pluies
Patrice Michaud 2017
Paroles et musique :
Patrice Michaud, Mark Hébert
« À l’origine, je voulais écrire sur le deuil. Un sujet difficile, émotif et universel. Je tenais toutefois à ce que ça demeure beau et authentique, quelque part entre le banal et le sacré.
Tsé... pas pire projet.
C’est en trouvant l’angle d’écriture que tout s’est précisé. J’ai décidé de faire parler la personne qui s’en va. Le reste est venu tout seul.
À ce jour, c’est encore la chanson qui suscite la plus vive émotion chez les gens. »
— PATRICE MICHAUD
« J’ai joué dans le vidéoclip de cette chanson-là alors que j’étais enceinte, à moins d’un mois d’accoucher. On tournait de longues scènes où on pleurait beaucoup, et le bébé était extrêmement réactif à tout ça. La musique de Patrice jouait aussi en arrière-plan. Je crois que ma fille n’aimait pas que j’aille dans ces zones-là, dans ces espèces de grandes envolées émotives. Elle me donnait de grands coups de pied comme pour dire : “Eille ! On arrête ça là !” Entre les prises, je me massais le ventre et je lui disais : “Maman va bien, c’est de la fiction.” Elle n’a peut-être rien senti de tout ça, mais moi, ça m’apaisait de lui dire. »
— BIANCA GERVAIS

« Je ne comprends pas comment Patrice Michaud fait pour chanter cette tounelà sans brailler. Ça vient me chercher à cause du décès de mon père, mais aussi parce que j’ai toujours en tête le vidéoclip de la chanson. À la fin, quand le père est mort, mais qu’on voit la graduation de sa fille... Eille, man ! Chaque fois qu’on réentend la chanson, ma blonde pis moi, on se ramasse tout le temps les yeux pleins d’eau. On finit par se mettre à rire parce qu’on se dit : “Mais qu’est-ce qu’on a à brailler encore ?” »
— DOMINIC PAQUET
Ficelles
Ingrid St-Pierre 2011
Paroles et musique :
Ingrid St-Pierre

« Je me souviens des mailles épaisses d’un tapis beige défraîchi dans un appartement de Trois-Rivières. Je me souviens de mes pieds froids qui se frottent sous le piano électronique.
Je déteste le son de ce foutu piano.
L’air est lourd, il subsiste une odeur âcre qui trahit l’incontinence du chat de l’ancien locataire.
Mon cœur est comme le tapis moche de cette chambre triste.
J’ai les yeux dans l’eau. Je vois à peine les notes du piano que j’effleure nonchalamment du bout des doigts. Les accords trop simples poudroient. Les mots tombent de ma bouche.
Ré majeur. Sol majeur.
Quelques minutes plus tôt, un appel téléphonique m’annonce un diagnostic redouté. Ma grand-mère s’effiloche.
Comme un Petit Poucet qui laisse tomber des cailloux blancs de mémoire.
Et c’est là, toute seule au milieu des larmes, dans cette chambre grise qui devrait pourtant éteindre tout crépitement de poésie, que je compose une chanson qui parle de cerfs-volants.
Une chanson à ciel ouvert qui porte pourtant des vérités lourdes et si laides. Des sanglots, des dentiers perdus, des couches pleines, des longs couloirs gris, des solitudes égarées, des regards vides et des noms qui s’oublient à jamais.
Je crois que j’écris des chansons pour ouvrir des fenêtres.
Pour faire s’envoler des laideurs.
Pour en révéler d’autres contours.
J’écris des chansons pour faire crépiter la poésie, là où on ne voit que du vieux tapis. J’écris pour encapsuler les heures. Comme une résistance au temps qui passe. J’écris des chansons pour qu’elles me quittent.
Qu’elles logent à vos maisons.
Qu’elles portent vos histoires plus que les miennes. »
— INGRID ST-PIERRE

« Cette chanson-là est arrivée dans des moments où j’avais des scènes un peu plus intenses à jouer, notamment dans Plan B. Je mettais mes écouteurs et je l’écoutais en sachant très bien qu’elle allait me transporter dans un état de fragilité. La démence, je trouve que c’est une fin épouvantable. Des grands joueurs de hockey qui gagnent 11 coupes Stanley et qui finissent avec une couche à se souvenir de fuck all, ça me tue. Ma blonde me dit d’arrêter d’y penser pour ne pas me programmer, mais j’y pense tout le temps. »
— LOUIS MORISSETTE
« Il paraît que le cœur n’oublie jamais. C’est là que je trouve mon petit réconfort. Quand je vais voir ma mère et que je la fais rire, je me dis qu’il va peut-être rester quelque chose en dedans d’elle et dans son cœur pour la journée et, ça, c’est plus important que de savoir quel jour on est. »
— MÉLANIE MAYNARD
J’veux m’en r’tourner chez nous
Un peu plus haut un peu plus loin
GINETTE RENO
Eja Mater
TIRÉ DU STABAT MATER DE VIVALDI
We Are the Champions
Les amis
Questionnaire
Quelle place occupe l’amitié dans votre vie ?
Quelles sont les chansons qui vous rappellent vos amis d’enfance ?
Quelle est la chanson qui vous rappelle un spectacle marquant entre amis ?
Quelles sont les chansons qui vous rappellent de beaux souvenirs entre amis et pourquoi ?
Quelle est la chanson qui vous rappelle une amitié précieuse et pourquoi ?
Quelle est la chanson incontournable de vos retrouvailles entre amis ?
Quelle est selon vous la plus belle chanson d’amitié et pourquoi ?
Quelle est la chanson qui vous rappelle un moment tendre ou un moment fou entre amis et quels souvenirs en gardez-vous ?
J’veux m’en r’tourner chez nous
Plume Latraverse
1980
Paroles et musique : Plume Latraverse
« Tout d’abord, on le devine, cette chanson fut écrite dans une période difficile.
Dans le creux d’aisselle d’une montagne russe, pourrait-on dire... C’était une époque où je considérais que je n’avais que la chanson pour me sortir de là. Et que ma guitare était, envers et contre tout, ma seule bouée de sauvetage.
Alors, je me suis accroché, même si ce n’était pas facile à l’époque.
Et je me suis retrouvé “chez moi” avec mon style mal embouché, ma discipline, ma persistance... et ma blonde pour y mettre des fleurs. J’veux m’en r’tourner chez nous est une invitation à ne pas lâcher prise, en quelque sorte... et, si elle était à refaire, je n’y changerais rien. »
— PLUME LATRAVERSE

« J’ai déménagé au moins 15 ou 20 fois à l’adolescence. À chaque déménagement, on se perdait un peu de vue, Sébastien et moi, mais je le rappelais. On se rappelait. On trouvait une façon. Il y a toujours quelque chose de plus fort que nous qui fait qu’on est encore ensemble et qu’on s’aime tellement.
Le déménagement extrême, ça a été Mont-Laurier. Moi, j’étais du genre à ne pas dire un mot plus haut que l’autre. J’ai toujours été comme ça. Je le suis fondamentalement encore. Quand on a déménagé à Mont-Laurier, ma mère m’a encouragé à exprimer ce que je ressentais en me disant : “Quand t’es pas bien, dis-le-nous, peu importe.” C’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Je suis arrivé avec mon espèce de ghetto blaster sur la table de cuisine et j’ai dit : “Il faut que je vous fasse écouter une chanson de Plume. C’est comme ça que je me sens.” Dans sa chanson, il dit : “Je veux m’en retourner chez nous. Icitte, j’étouffe. J’en ai assez.” C’était ça. Il y a eu un estie de malaise !
Heureusement, j’ai toujours été super bon à l’école et j’avais des notes hallucinantes. Mon directeur m’a dit : “Je le vois bien que t’es malheureux, alors va chez ton ami chaque fois que tu peux.” Je partais donc voir Sébastien à Saint-Jérôme avec tous les lifts que je trouvais. On passait nos journées ensemble, cachés dans l’entrée du Zellers, à jouer du Beatles, du Plume et à répéter les textes de Ding et Dong. Cette année-là, j’ai manqué 85 jours d’école pour aller rejoindre Sébastien. »
— VINCENT LÉONARD (LES DENIS DROLET)
Jack Monoloy
Gilles Vigneault
1962
Paroles et musique :
Gilles Vigneault

« J’ai entendu chanter Gilles Vigneault pour la première fois à La Boîte aux chansons, à Québec. Je suis par la suite allé chez lui, on a jasé de théâtre durant des heures... Ça a été le début d’une amitié qui ne s’est jamais démentie.
Quand il a chanté Jack Monoloy, je revenais de Paris, où j’ai étudié trois ans sur une période de cinq ans, un peu on and off. Sa chanson m’a donné un coup en plein front, comme quand on assomme un bœuf ! Ça a été pour moi un re-début de tomber en amour avec mon pays. Je me suis dit : “Wow ! C’est ici que je reste, c’est ici que je veux vivre, pis c’est icitte que ça va brasser !” C’est resté à ce jour d’ailleurs ma chanson préférée de Gilles.
Un jour, je suis allé au hockey avec lui à un match du Canadien. Tout d’un coup, j’entends Te v’là, de Robert Charlebois, dont j’ai écrit les paroles. Je dis à Vigneault : “C’est qui, ça ?” Il dit : “C’est Charlebois.” Je dis : “Oui, mais qui a écrit les paroles ?” Il dit : “Ben, je sais pas.” Je dis : “C’est moi, Gilles ! Heille, on me chante à un match du Canadien, essaie de battre ça !” Trois semaines ou un mois plus tard, je vais au Forum avec un de mes enfants et qu’est-ce que j’entends ? La danse à St-Dilon ! Y a pas moyen de le battre ! Vigneault, il est dans une classe à part. »
— MARCEL SABOURIN
« Ma première prestation publique, je l’ai faite à La Boîte aux chansons, à Québec, le 5 août 1960. Parallèlement, j’étais professeur de mathématiques et d’algèbre à l’École de technologie de Québec. Je menais vraiment une double vie en enseignant le jour et en chantant le soir. Les chansons Jack Monoloy, Quand vous mourrez de nos amours et J’ai pour toi un lac, je les ai écrites en classe, pendant que mes élèves faisaient des travaux d’algèbre. »
— GILLES VIGNEAULT
Un peu plus haut un peu plus loin
Ginette Reno
1969
Paroles et musique :
Jean-Pierre Ferland, Jean Leccia
« Je ne devais pas chanter cette chanson sur la montagne en 1975. Initialement, c’est Renée Claude qui devait la chanter. Elle a cependant été très généreuse à mon égard et me l’a offerte. Sans qu’on le sache, cette chanson est devenue magique. Pour moi, c’est une chanson qui restera dans l’histoire du Québec, à jamais. »
— GINETTE RENO
POUR LA P’TITE HISTOIRE
Lorsque Ginette Reno a chanté cette chanson pour la première fois, elle a reçu une ovation de 11 minutes. C’était le 24 juin 1975 devant des centaines de milliers de personnes réunies sur le mont Royal à l’occasion du spectacle de clôture des festivités de la Saint-Jean à Montréal.
« C’est le jour de l’An de 1999, on était dans le Nord, il faisait à peu près moins quarante mille. J’étais avec ma copine Michelle, que je connais depuis longtemps. Tout le monde était en couple, sauf nous deux, on se sentait un petit peu ordinaires. On était dehors parce que je fumais encore. J’avais un Walkman, on a mis chacune une oreille et on s’est fait jouer Un peu plus haut, un peu plus loin. C’était une belle nuit, il neigeait et on braillait toutes les deux. On braillait d’être émues parce que c’était beau la vie ! »
— GENEVIÈVE BROUILLETTE
« Ce serait mon rêve de chanter ça avec Ginette, mais elle me mettrait dehors à la deuxième mesure ! »
— GILLES RENAUD
« Au décès de Marie-Soleil Tougas, il y avait une super vidéo d’elle qui défilait, tandis que cette magnifique chanson était chantée par Luce Dufault. Ça m’a tellement marquée... Depuis ce temps, je ne peux m’empêcher d’entendre cette chanson dans cette perspective. Curieusement, je ne trouve pas ça triste. Je trouve ça plein d’espoir et à l’image de ce que je veux que soit ma vie. Toujours plus haut, toujours plus loin. »
— ANNIE VILLENEUVE
Eja Mater
Tiré du Stabat Mater de Vivaldi
Musique : Antonio Vivaldi

« Je sortais d’un deux ans de semi-dépression, c’était dans le temps de Noël, genre le 22 décembre. Mon coloc avait un costume de père Noël pour ses partys de famille et, moi, pour niaiser, je l’avais mis, mais sans aucune bourrure, avec des gros collants et la barbe dans le front. On s’est dit : “On fait quelque chose !” On est partis au métro McGill en plein rush du temps de Noël, je suis allé dans la cabine du Photomaton avec tout mon stock, je me suis changé là-dedans et je suis parti à courir. Mon coloc m’a filmé avec sa caméra digitale en train de courir dans le monde, déguisé en père Noël, pas de bourrure. J’avais l’air d’un hystérique anorexique pathétique ! Après, on a monté les images au ralenti sur la musique de Vivaldi. On a fini la vidéo en écrivant : 1-800-DONNEZ. Cette folie-là a été pour moi un point tournant, comme si le bouchon du volcan avait enfin réussi à sauter. À preuve, pas longtemps après, j’ai participé au concours où j’ai été découvert comme humoriste. Quand j’entends cette pièce-là de Vivaldi, c’est infaillible, je pense à mon costume de père Noël pas de bourrure. »
— ANDRÉ SAUVÉ
We Are the Champions
Queen 1977
Paroles et musique : Freddie Mercury

« Que tu sois une nageuse au secondaire ou un joueur de foot professionnel, chaque championnat finit avec We Are the Champions. On entend la chanson quand on est du côté des gagnants, mais on l’entend aussi du côté des perdants. Quand tu quittes le terrain, que t’as tout donné mais que t’as perdu, et que cette toune-là embarque, c’est comme le coup de poignard ultime ! J’ai vécu les deux côtés. »
— ÉTIENNE BOULAY
« Depuis que cette chanson-là existe, on l’aime, parce qu’on aime ça s’identifier à des champions. Ça me rappelle toujours de beaux souvenirs, à la fois comme joueur et comme coach. Moi, j’aime gagner autant que je déteste perdre. Quand j’étais coach des Draveurs de Trois-Rivières, l’équipe avait toujours le même chauffeur d’autobus. Un soir, on allait jouer un match important à Sherbrooke avec une équipe décimée par les blessures. Il nous manquait quatre ou cinq joueurs. Il y avait une grosse tempête de neige. J’étais assis en avant dans l’autobus et j’ai chuchoté au chauffeur : “Si je te le demande, est-ce que tu pourrais avoir un petit accident sans que ça fasse mal ? On éviterait de se rendre à Sherbrooke, j’ai tellement de blessés...” Le chauffeur a répondu qu’il n’y avait pas de problème et qu’on pourrait facilement tomber dans le fossé. Finalement, je me suis ravisé, mais j’y ai pensé ! »
— MICHEL BERGERON
« Notre gardienne avait commencé à “goaler” sur le tard, donc elle avait pas le papillon 100 % étanche, mais elle s’était beaucoup améliorée et on avait fini par gagner un tournoi. En revenant à la maison, on a écouté We Are the Champions en boucle, de Paspébiac à Gaspé ! »
— EVE CÔTÉ
« Chez nous, on partait chacun notre tour pour les championnats canadiens de tennis. Quand t’es jeune, le championnat canadien, c’est la plus haute compétition que tu peux gagner, et au Canada, il y a un haut niveau de jeu en plus, alors on capotait quand mon frère a gagné. On l’attendait avec la chanson We Are the Champions et un repas qu’on appelait “le macaroni de champion”, c’est-à-dire du macaroni avec du V8 et du Cheez Whiz gratiné. Mes frères et moi, on avait inventé la recette, et ma mère la reproduisait chaque fois qu’on partait en tournoi. »
— SARAH-JEANNE LABROSSE
Deux saisons trois quarts
LOUIS-JEAN
Le quotidien
Questionnaire
Quelle place occupe la musique dans votre quotidien ?
Quelles chansons écoutez-vous en faisant le ménage ?
Quelles chansons écoutez-vous en cuisinant ?
Quelle musique accompagne vos repas ?
Quelles sont vos meilleures chansons pour un souper romantique ?
Quelles chansons écoutez-vous en voiture ?
Quelle est la chanson qui vous calme ?
Sur quelles chansons faites-vous de l’exercice ?
Quelle est la chanson que vous utilisez comme sonnerie de téléphone ?
LE QUOTIDIEN
Quelle est la chanson qui vous sert d’alarme de réveil ?
Deux saisons trois quarts
Louis-Jean Cormier 2015
Paroles et musique :
Louis-Jean Cormier, Daniel Beaumont
« Tout d’abord, je dois préciser que les mots sont principalement de mon ami auteur Daniel Beaumont. Comme dans 99 % de mon répertoire, la musique est arrivée en premier. J’avais une forte envie de créer la musique la plus simple que j’avais jamais faite. Je cherchais comment faire tourner des accords de base d’une manière différente. Sans trop y penser, ce carrousel de trois accords s’est mis en marche, et la mélodie est apparue instantanément. Je sentais que ça allait être une chanson de route, une chanson-fleuve qui trace une ligne droite avec de longs reliefs. J’ai donné une maquette guitare-mélodie à Daniel, qui m’est revenu rapidement avec cette idée de roadtrip de couple qui traverse le temps et les obstacles. Avec beaucoup de décor, d’éléments du voyage et de métaphores sur l’amour.
Ça reste encore aujourd’hui une de mes chansons préférées. Je visualisais une chanson-“fleuve” à la Dylan sans me douter que les mots finiraient littéralement sur la route qui mène à ma région natale au bord de la mer.
Cette chanson m’apporte désormais un grand sentiment d’apaisement et de nostalgie. Cette époque importante de ma vie a été rocambolesque et étourdissante par moments, mais aussi poussée par une force créative qui m’impressionne davantage avec le recul.
Je ne changerais rien à la chanson, mais je la laisserais terminer l’album sur lequel elle apparaît, Les grandes artères. J’ai toujours regretté cette idée de fausse fin suivie de deux autres chansons. »
— LOUIS-JEAN CORMIER

« La route fait partie de ma vie depuis toujours. Là où on vivait, c’était pas mal loin pour aller chercher un pot de sauce à l’épicerie. C’était 1015 minutes aller, 10-15 minutes retour. Déjà là, beaucoup de route. À 16 ans, en région, c’était non négociable... t’as ton permis et ton char. J’ai quitté la maison à 16 ans et je suis allé au cégep à SaintGeorges de Beauce pendant deux ans. Ensuite, j’arrive à Montréal. L’autoroute 20, je l’ai faite probablement 8 millions de fois avec les tournées, les corpos, etc. Il y a des années où je faisais autour de 60 000 kilomètres. La chanson de Louis-Jean, elle fait un parallèle clair avec ma vie. Elle me fait du bien. Quand je l’entends, ça me met dans un état de belles routes et de beaux moments. Ce que j’entends “fitte” avec moi qui a la main sur le volant. Dans le début de la chanson, il parle du faux cuir du volant qui colle... Je me reconnais dans tout ça. »
— SAM BRETON
Par la fenêtre de Théo
Alexandra Stréliski 2018
Musique : Alexandra Stréliski
« J’ai créé cette pièce pendant quelques mois en observant Théo, mon beau-fils à l’époque, qui apprenait à marcher. Il titubait, tombait, se relevait, toujours avec un mélange d’amusement et d’impatience. Ce qui m’a inspirée, c’est la croissance de ce petit humain qui avait tout à apprendre et son regard sur le monde qui changeait tranquillement, à la cadence de ses pas.
C’est une pièce qui m’amène dans la nostalgie et le souvenir, car elle est représentative d’une époque importante de ma vie sentimentale. Un moment de beauté et de croissance. Mais ce n’est plus à propos de moi. Aujourd’hui, il y a un petit être de 13 ans qui est bien fier de sa toune, et je dirais qu’elle lui appartient désormais... »
— ALEXANDRA STRÉLISKI
« C’est la sonnerie du rappel de médication de mon fils Mathis, donc je l’entends chaque jour, au moins deux fois par jour. Il faut croire que j’ai bien choisi parce que je ne me tanne pas. Même que, des fois, je la laisse jouer, juste parce que c’est beau... C’est moi qui ai la plus belle sonnerie du monde ! »
— SOPHIE PRÉGENT
« Pendant plusieurs années, Jean-Marc Vallée me disait : “Shoote-moi ce que tu écoutes, je veux découvrir des tounes.” Je lui ai envoyé bien des affaires, dont la musique d’Alexandra Stréliski parce que je trouve ça super bon. Finalement, il a mis une de ses pièces dans son film Dallas Buyers Club, et elle a été jouée pendant la cérémonie des Oscar ! »
— MARC-ANDRÉ GRONDIN
« Quand j’étais dans l’espace, j’écoutais l’album d’Alexandra en boucle, dans mon petit cubicule, en regardant la Terre. »
— DAVID SAINT-JACQUES

Some
Nils Frahm 2015
Musique : Nils Frahm

« Quand j’ai du temps pour pianoter, je joue du classique. J’essaie. Je n’ai pas une très grande dextérité, mais je pianote. J’ai vraiment un intérêt très grand pour le classique très minimaliste. Un, parce que c’est plus facile à jouer, donc je peux le jouer. Et deux, parce que c’est la plus simple façon d’exprimer une émotion. Ma fille joue du piano depuis qu’elle est toute petite. Au primaire, il fallait qu’elle compose une petite pièce. Quand elle me l’a jouée, j’ai braillé ma vie parce que c’était vraiment comme du Nils Frahm. Pourtant, j’ai jamais dit à ma fille : “Écoute ça. Écoute du Nils Frahm.” Toute cette vague de néoclassique qui joue à la maison a eu une influence sur elle, comme moi j’ai été influencé par la musique que mon père écoutait. »
— FRÉDÉRIC PIERRE
« Tous les soirs, cette chanson-là est sur repeat. Sans joke. Elle ne me lâche pas. C’est une pièce que j’ai entendue pendant que je me faisais masser chez ma massothérapeute. Ça faisait juste 15 minutes que le massage était commencé quand je l’ai entendue. Pendant le 75 minutes qui restait, j’arrêtais pas de me dire : “Oublie pas de lui demander c’est quoi le nom de la toune, oublie pas de lui demander !” Heille ! Zéro relaxant ! Finalement, j’ai su le titre de la pièce et je l’ai fait jouer le soir même. Je la réécoute chaque soir depuis et je demande à mon speaker intelligent de s’éteindre après une heure. Ça joue, ça joue, ça joue et, à un moment donné, ça s’arrête. »
— CHRISTINE MORENCY
Il est où le bonheur
Christophe Maé 2016
Paroles et musique :
Christophe Maé, Paul Ecole
« En France, cette chanson-là a été numéro un pendant des mois. C’est incroyable qu’elle ne soit jamais arrivée ici ! Je voudrais que tout le monde la connaisse ! J’étais en train de faire un tournage pour La grande traversée quand je l’ai entendue à la radio. À partir de ce moment-là, je ne voulais plus écouter rien d’autre ! »
— FRANCIS REDDY

« Le soir où Christophe Maé est venu chanter pour Francis Reddy, je regardais l’émission parce que j’en rate pas une. En entendant Il est où le bonheur, je me suis dit : “Ça, c’est ma chanson à moi !” Le bonheur, il est là, dans l’instant présent. C’est exactement ce que je pense ! »
— JANETTE BERTRAND
C’est beau la vie
Jean Ferrat 1963
Paroles et musique : Jean Ferrat, Michelle Senlis, Claude Delécluse
POUR LA P’TITE HISTOIRE
La parolière Michelle Senlis a écrit cette chanson pour la chanteuse Isabelle Aubret après que celle-ci eut frôlé la mort dans un grave accident de voiture.
« Cette chanson me rappelle une période, vers 17 ou 18 ans, où je vivais dans la famille d’un ami que je considérais comme un frère. On passait des heures, étendus à plat ventre devant la stéréo, à écouter Jean Ferrat. C’était notre exutoire peut-être... »
— MICHEL JASMIN
« La chanson de Jean Ferrat est une ode à la vie, qui dit tout de façon si simple et complètement dépouillée. En dépit de ses enjeux, je trouve que la vie est une chose merveilleuse et que c’est un privilège incroyable d’avoir un agencement moléculaire et atomique qui nous permette d’être conscients d’exister et de pouvoir jouir de la vie à tout point de vue. »
— CHARLES TISSEYRE
« C’était la chanson de ma mère, qui est décédée quand j’avais 6 ans. On allait dans des restaurants qui avaient des juke-box au bout de la table avec des banquettes en cuir ou en vinyle orange. Ça me rappelle ça. »
— JEAN-MARC PARENT
« Pour vrai, j’ai dû l’écouter mille fois. Cette chanson-là, c’est le plaisir du plaisir du bonheur d’être heureux ! C’est un état d’extrême bonheur que j’assume. »
— MARTIN PETIT
Le temps des cathédrales
NOTRE-DAME DE PARIS
230
La symphonie du Nouveau Monde
ANTONÍN DVOŘÁK
232
Oh Happy Day
EDWIN R. HAWKINS
234 Ring of Fire
JOHNNY CASH
236
Les symphonies de Beethoven
238
Les différents styles
Questionnaire
Quel est votre air d’opéra préféré et pourquoi ?
Quelle est votre pièce classique préférée et pourquoi ?
Quelle est votre chanson rock’n’roll préférée et pourquoi ?
Quelle est votre chanson heavy métal préférée et pourquoi ?
Quelle est votre chanson country préférée et pourquoi ?
Quelle est votre chanson pop préférée et pourquoi ?
LES DIFFÉRENTS STYLES
Quelle est votre chanson rap préférée et pourquoi ?
Quelle est votre chanson de comédie musicale préférée et pourquoi ?
Quelle est votre chanson de film ou votre trame sonore préférée et pourquoi ?
Quels sont vos classiques du temps des Fêtes et quels souvenirs leur associez-vous ?
Le temps des cathédrales
Notre-Dame de Paris 1998
Paroles et musique :
Luc Plamondon, Richard Cocciante

« C’est très beau, ce que j’ai vécu humainement sur le passage du temps avec la troupe de NotreDame de Paris. J’ai repris mon rôle de Gringoire durant l’année de mon soixantième anniversaire, c’est-à-dire plus de 20 ans après l’avoir créé. C’était mon dernier tour de piste, et je suis fier d’avoir passé le relais. Gian Marco Schiaretti, qui a repris mon rôle, m’a dit : “Tu étais le chanteur préféré de mon père. J’avais 14 ans lorsque je t’ai entendu chanter Lune et Le temps des cathédrales la première fois. C’est là que j’ai su que je voulais faire de la comédie musicale.” C’est fou. C’est un Italien. Il est au bout du monde, et je l’ai inspiré à faire ça dans la vie. C’est un genre de legs qui me rend fier. C’est ce qu’il y a de beau à vieillir dans le métier. »
— BRUNO PELLETIER
« La ville de Londres me touche. Il y a quelque chose là-bas qui vient me chercher et que je ne peux pas expliquer. J’étais donc vraiment content d’aller y faire Notre-Dame de Paris. Un soir, tous les Québécois étaient en congé, alors j’ai joué avec des artistes britanniques. À Londres, les gens ne connaissaient ni les chansons ni l’histoire du spectacle. Avec Le temps des cathédrales, j’étais le premier à arriver sur scène et à mettre le public en contexte. Je devais bien sûr chanter en anglais, mais aussi avec le bon accent pour que les gens comprennent. Jouer Notre-Dame de Paris à Londres demeure parmi mes plus beaux moments sur scène. »
— SYLVAIN COSSETTE
« La première fois que j’ai rencontré Luc Plamondon, c’était au party après le gala de l’ADISQ en 1998. Mon père, qui était alors mon gérant, m’a présenté à Luc comme le gagnant du Festival de la chanson de Granby. À côté de lui, comme un ange descendu du ciel, il y avait Louise Forestier qui a dit : “Ben oui, Luc, j’étais juge à Granby, tu devrais l’entendre, il a une belle voix.” Luc a répondu : “Le temps des cathédrales, es-tu capable de la chanter ?” Moi, j’ai dit : “Eeeeeuh...” Mon père a répondu : “Oui, oui, il peut !” Quatre jours plus tard, j’étais en audition devant Luc Plamondon pour un rôle dans Notre-Dame de Paris.
Ça a été toute une école. J’avais 20 ans et je montais sur scène dans le costume de Bruno Pelletier sur les planches du St-Denis. Le soir de ma première, Bruno m’avait d’ailleurs envoyé un bouquet de fleurs dans ma loge avec un mot qui disait : “Salut, JF, je ne pourrai pas être là, mais je suis avec toi de tout cœur.” Un vrai gentleman.
C’est le personnage de Gringoire qui ouvre le spectacle. Après une intro musicale de 45 secondes, les lumières fermaient et je devais sortir d’une trappe dans le plancher. J’avais huit marches pour me rendre sur la scène. Deux secondes avant de monter, je me suis dit : “À quoi t’as pensé, tu devrais être en train de pomper du gaz au Nouveau-Brunswick.” Le technicien m’a poussé dans le dos pour que j’y aille. J’avais monté plein de marches pour me rendre là, il m’en restait huit, je me suis lancé. »
— JEAN-FRANÇOIS BREAU
La symphonie du Nouveau Monde
Antonín Dvořák 1893
Musique : Antonín Dvořák
POUR LA P’TITE HISTOIRE
Neil Armstrong, le premier homme qui a marché sur la Lune, avait emporté avec lui un enregistrement audio de cette symphonie lors de la mission Apollo 11 en 1969.

« Lorsque j’étais étudiant au collège, j’étais percussionniste dans l’orchestre et trompettiste dans l’harmonie. Je me rappelle avoir joué La symphonie du Nouveau Monde, un air classique que j’aime bien. Un jour, j’ai demandé au frère qui dirigeait l’ensemble musical de jouer du saxophone, mais il a refusé. Je lui ai dit que je voulais quand même m’acheter un saxophone. Le frère m’a donné la carte d’affaires d’une commission scolaire, voire d’une école de Saint-Laurent, qui se défaisait de sa fanfare. Je suis allé rencontrer le monsieur dont je me souviens toujours du nom, c’était monsieur Beaulieu.
Je me suis retrouvé dans un grenier à essayer le saxophone et j’ai signifié ma volonté de l’acheter. Monsieur Beaulieu m’a répondu qu’ils ne vendaient pas d’instruments à la pièce ; c’était le lot ou rien. Avec l’un de mes copains, et aidés par nos parents, j’ai acheté les 80 instruments de la fanfare, les boîtes pour les ranger, les partitions, etc. J’ai tout revendu à la pièce et ça m’a permis d’aller en Europe trois ou quatre mois ! Par contre, j’ai toujours conservé le saxophone, car c’est l’instrument qui m’a fait faire ce geste-là, ainsi qu’un sousaphone, pour la beauté de l’objet. »
— JEAN-LUC MONGRAIN
Oh Happy Day
Edwin R. Hawkins
1967
Paroles et musique : Edwin R. Hawkins
« Quand je chante du gospel, ça me transporte. Je ne suis plus dans mon corps. Parfois, je chante et, deux secondes après, je ne me souviens plus l’avoir fait. Je suis littéralement transportée. »
— KIM RICHARDSON
« Je m’étais inscrite au Chœur interculturel de Montréal avec mon amie Suzanne Champagne parce que je suis folle du gospel. On répétait dans un petit sous-sol d’église et on ne pensait pas du tout à faire des spectacles, mais voilà qu’on nous annonce qu’on fera des concerts à la TOHU. Nous avions de grandes toges et nous devions faire des mouvements : un coup à gauche, un coup à droite, on tape des mains, etc. Avant de faire la TOHU, qui est un lieu vaste, on donnait un concert dans une toute petite église, au sous-sol. On arrive là, on fait la première partie, tout se passe bien, c’est très beau, mais il fait très chaud. Suzanne, qui était placée juste derrière moi, était alors en ménopause. Juste avant de commencer la deuxième partie, elle me souffle : “J’suis à boutte, j’suis à boutte, je suis toute nue en dessous de ma toge.” Comme je suis devant elle, je ne peux pas me retourner, mais j’ai quand même l’image de la fille toute nue sous une toge qui chante Happy Day dans un sous-sol d’église... Et le fou rire me prend. Le chef de chœur me faisait signe de me reprendre, mais je n’étais plus dirigeable. J’implosais de rire. Même ma mère m’a demandé par la suite : “Mais qu’est-ce que t’as eu ?” J’ai dit : “Maman, les fils se sont touchés !” »
— SOPHIE FAUCHER
« J’ai loué le film Rock’n Nonne tellement souvent que le club vidéo a fini par me donner la cassette ! C’est même pas des blagues ! »
— FLORENCE LONGPRÉ
Ring of Fire
Johnny Cash 1963
Paroles et musique :
June Carter Cash, Merle Kilgore

« Mon père était un vrai mélomane. Il accordait tant d’importance à la musique qu’il se réservait du temps pour elle. Le dimanche, il mettait des 33 tours dans son bureau, et j’allais les écouter avec lui. Personne au Rwanda n’écoutait du country, mais mon père me faisait écouter Johnny Cash. Personne autour de moi n’écoutait du blues ou du jazz non plus. Les Rwandais écoutaient plutôt de la rumba congolaise, du zouk ou du reggae... Mon père me faisait sortir de mon lieu géographique grâce à la musique. Il m’a fait découvrir l’Amérique à travers le country de Johnny Cash, le gospel de Mahalia Jackson et plusieurs autres artistes que beaucoup de gens de ma génération ne connaissent pas. »
— CORNEILLE
« Le country, c’est la trame sonore de ma jeunesse. Mon grand-père chantait souvent Ring of Fire et il jouait du banjo. Cette chanson-là me ramène à ma famille et au plaisir de faire de la musique parce qu’on a le goût d’être ensemble, et non parce que c’est un métier. On sort les instruments, on se rassemble, on se prend une bière tablette, les tantes jouent aux cartes et, moi, je m’endors sur le divan dans la musique. »
— MARC DUPRÉ
Les symphonies de Beethoven
e« Ma mère m’a transmis son goût de la musique classique. À 14 ans, le premier disque que j’ai acheté, c’est la 5e symphonie de Beethoven. Mes chums écoutaient du Pink Floyd, mais moi, ça me créait de l’angoisse. Je préférais de loin mon Beethoven. J’ai écouté ce disque-là en boucle durant au moins un an. Je connais encore les quatre mouvements par cœur. »
— PAUL PICHÉ
« J’ai fait du piano de 8 à 14 ans. C’était une façon pour mes parents de me canaliser l’énergie vu mon déficit d’attention. Ça a été des années très créatives, constructives et, en plus, ça m’a fait découvrir Bach, Beethoven, Mozart, Chopin : je les ai tous joués. Beethoven, c’était le plus tourmenté, donc c’était mon préféré. Si ça avait été mon chum, c’est sûr que j’aurais voulu le sauver ! »
— MARIE-CHANTAL PERRON
« J’ai tellement aimé le disque de la 7e symphonie de Beethoven. Je montais debout sur la table avec un crayon et je faisais semblant de diriger l’orchestre ! »
— MICHEL RIVARD
e« J’ai interprété cette pièce pour le 100e message de mes publicités pour Bell. Je jouais 19 personnages, soit un chef d’orchestre et 18 enfants de différentes nationalités. Ensemble, on formait la grande chorale du monde qui répétait, via Internet, l’Hymne à la joie de Beethoven, en allemand. Le matin où je suis arrivé sur le plateau, par un hasard vraiment étonnant, je venais de voir la première photo de ma fille, une photo d’un pouce carré avec des petits yeux bridés. J’ai eu tellement de retouches maquillage durant ce tournage-là. J’étais émotif, c’était effrayant ! »
— BENOÎT BRIÈRE
« Mon premier CD, c’est la 9e de Beethoven ! Dans ma tête, la pochette est jaune. Dans mes hauts faits d’armes, j’ai déjà gagné un lecteur de disques compacts dans des gâteaux Vachon. C’était un concours où on devait gratter pour avoir trois images pareilles, le genre d’affaires où personne gagne, mais moi, j’ai gagné et j’ai reçu le lecteur chez nous ! »
— PATRICE ROBITAILLE
Tomber
LAURENCE JALBERT
Tous les cris les S.O.S. MARIE
Si j’étais un homme DIANE
Fais-moi danser François Hébert
MARIE-JO THÉRIO
Les inclassables
Questionnaire
Quelle est la chanson qui vous décrit le mieux et pourquoi ?
Quelle est la chanson que vous auriez aimé écrire et pourquoi ?
Quelle est votre chanson préférée des années…
1960 ?
1970 ?
1980 ?
1990 ?
2000 ?
Quel est l’album que vous possédez depuis longtemps et dont vous ne vous lassez pas ?
Quel est le meilleur spectacle de toute votre vie et pourquoi ?
LES INCLASSABLES
Quelle est la chanson qui vieillit le mieux selon vous et pourquoi ?
Quelle est pour vous la plus belle chanson de tous les temps ?
Si vous deviez entendre une seule chanson pour le reste de votre vie, laquelle choisiriez-vous et pourquoi ?
Tomber
Laurence Jalbert
1989
Paroles et musique :
Laurence Jalbert, Guy Rajotte

« Laurence Jalbert est l’une des rares artistes avec qui il fallait que je me force pour ne pas être groupie. Une fois, alors que j’étais en train de l’interviewer, elle m’a regardé, il y a eu un silence, et elle a dit : “Oh, je viens de voir passer un ange !” En plus de son écriture, elle a une voix d’âme... Je l’adore. »
— GUY MONGRAIN
« Trois jours après l’échec du lac Meech, on m’a embarquée sur le gros spectacle de la fête nationale avec Piché, Rivard, Dufresne et Vigneault ! Il y avait 200 000 personnes à Québec et 250 000 à Montréal. Heille, moi, je suis la fille à Robert pis Edna de Rivièreau-Renard, j’ai fait quinze ans de bar, j’ai deux tounes qui jouent à la radio, dont Tomber, et je vais chanter avec des monuments. J’étais terrorisée, mais je suis montée sur la scène et je me suis surprise à aimer ça en maudit ! J’avais 250 000 personnes debout qui hurlaient un pays devant mes yeux, c’était extraordinaire. C’est une magie que je ne pourrai jamais oublier. Je l’ai dans le corps, cette mémoire-là. »
— LAURENCE JALBERT
« De 19 à 28 ans, je faisais la tournée des bars pour gagner ma vie, bon an mal an. Chaque fois que je croise Laurence Jalbert, je lui dis : “Je chantais tes tounes dans les bars dans le temps !” Je chantais Tomber, que j’aimais beaucoup, et je me donnais le défi de la faire dans la même tonalité qu’elle. C’était pas mal moins réussi que l’originale ! »
— BRUNO PELLETIER
« Comme première job à 14 ans, j’étais livreur de dépanneur, et Laurence Jalbert était l’une de mes clientes. Sa fille avait le même âge que moi et, je vais le dire, elle avait un petit kick sur moi, donc elle venait souvent au dépanneur. À ce jour, Laurence me rappelle tout le temps que j’aurais pu être son gendre ! »
— SÉBASTIEN DIAZ
Tous les cris les S.O.S.
Marie Denise Pelletier
1987
Paroles et musique : Daniel Balavoine
« On est en 1986. Mon ami français m’arrive avec le disque de Daniel Balavoine qui, à ma connaissance, n’avait pas été lancé au Québec. Je me souviens... Je suis dans mon appart, en train de faire la vaisselle. Je mets l’album dans mon lecteur CD. À un moment donné, Tous les cris les S.O.S. se met à jouer. J’arrête tout. Je m’effondre sur le plancher et je pleure ma vie, mais littéralement ! Je trouve ça tellement beau. Et je me dis : “Il faut que je chante cette chanson-là !” Même si mon gérant n’était pas d’accord au départ, j’ai insisté et je me suis battue jusqu’à la fin pour que la chanson ait une place sur mon album. La suite m’aura donné raison. C’est sans doute la plus marquante de mon répertoire. Je lui ai prêté ma voix et mon cœur.
L’histoire qui me lie à cette chanson est remplie de coïncidences... En 1988, on a tourné le vidéoclip aux îles de la Madeleine, un lieu pour lequel j’ai eu un véritable coup de cœur dès la première fois où j’y ai mis les pieds. Dans le vidéoclip, on voit se transformer en bandes dessinées une maison que le réalisateur avait choisie parmi toutes celles des Îles. Plusieurs années plus tard, j’ai rencontré mon chum... aux îles de la Madeleine ! Quand je suis arrivée chez lui, je me suis rendu compte qu’il habitait directement en face de la maison du vidéoclip, et que cette fameuse maison, c’était celle de son frère ! Il n’y a pas de hasards dans la vie. Que des rendez-vous. »
— MARIE DENISE PELLETIER

Tous les cris les S.O.S
« Jeune, j’habitais à Terrebonne, et Marie Denise se produisait ce soir-là au Théâtre du Vieux-Terrebonne. De la rue, j’ai entendu qu’elle chantait Tous les cris les S.O.S. Je me suis caché, je suis monté sur le bord des marches, j’ai entrouvert la porte des coulisses et j’ai écouté la chanson, directement là ! Je voyais ses cheveux orange d’en haut, mais j’ai dû me sauver parce que quelqu’un arrivait ! »
— MARC DUPRÉ
« C’était le premier concours auquel je participais et, comme la vie est faite de drôles de hasards, ledit concours du Club Optimiste était organisé par le père de Rémon, celui qui allait devenir, trois ans plus tard, mon beau-père ! J’avais 12 ans. Toutes les autres participantes étaient plus vieilles que moi... C’était des madames ! J’ai chanté Tous les cris les S.O.S. et j’ai remporté le troisième prix. Je vous jure, je suis allée chercher mon prix et j’étais comme LA winner dans ma tête ! J’étais tellement fière ! »
— VÉRONIC DICAIRE
« C’est une chanson très puissante, mais moi, ça me calme et ça me sort du tourbillon. Je ne suis pas quelqu’un de reposant et je m’attaque souvent à des sujets durs. Des S.O.S., j’en reçois dans mes courriels régulièrement. Quand je m’investis dans quelque chose, ça m’habite longtemps. Il faut que j’en sorte. Des chansons comme celle-là, c’est non seulement une pause nécessaire, mais une recharge. Après, je peux repartir vers autre chose. »
— PAUL ARCAND
« J’ai gagné la finale nationale de Cégeps en spectacle avec mon numéro de théâtre dansé sur Tous les cris les S.O.S., une chanson complètement liée à mon enfance. Il y avait beaucoup de sincérité et toute une démarche derrière mon numéro dansé. Il y avait aussi des moments improvisés, où je me laissais aller complètement. C’est là où j’étais le plus... radioactif ! »
— SIMON BOULERICE
Si j’étais un homme
Diane Tell 1980
Paroles et musique : Diane Tell

« Quand j’ai écrit cette chanson, à 20 ans, j’étais pas riche du tout, mais j’avais quelques sous à la banque. J’étais avec un gars qui en avait encore moins que moi. Je partais pour la Grèce, mon premier voyage de jeune femme sans mes parents, le premier que je me payais avec mes sous. Comme je voulais emmener mon chum, c’est moi qui ai tout payé : les billets d’avion, l’hébergement, les restaurants... Il n’a pas déboursé un sou ! Je me souviendrai toujours... On était dans un restaurant en Grèce avec une vue extraordinaire, et il s’est mis à pleurer. Je lui ai dit : “Ben voyons donc ! Pourquoi tu pleures ? On est au paradis !” Avec du recul, je pense que ça le complexait de se faire offrir tout ça. J’ai écrit cette chanson à la suite de ce voyage-là.
Depuis, ma chanson a porté des messages différents de décennie en décennie, sans que j’en change une virgule. Récemment, avec tout le mouvement #MeToo, les gens se sont réapproprié ma chanson. Elle a été reprise dans des films et des séries un peu partout dans le monde. Beaucoup de gens de la communauté LGBTQ+ l’ont aussi redécouverte. C’est drôle et intéressant à la fois de voir comment les gens la réinterprètent aujourd’hui, selon leur vécu, leur genre, leur identité, leur origine, leurs croyances. »
— DIANE TELL
Si j’étais un homme
« Mes parents nous ont élevées non genrées avant l’heure, ma sœur et moi. Chez nous, il n’y avait pas de métiers pour hommes et de métiers pour femmes, ni de sports pour hommes et de sports pour femmes. Tu fais ce que tu veux. Tu es ce que tu veux. Tu es indépendante. Quand mon entreprise roulait à fond, j’emmenais mes amis partout, je faisais découvrir Paris à plein de monde, j’offrais la tournée, j’étais très indépendante, au point où j’avais de la misère à me faire payer quoi que ce soit. “Je t’emmènerais en voyage Voir les plus beaux pays du monde [...] Je t’offrirais de beaux bijoux…” Tout comme elle, je rêvais d’être la femme romantique et de pouvoir tout faire ça. »
— CAROLINE NÉRON
« Me maquiller moi-même au théâtre, c’est un rituel que j’aime, mais que je trouve extrêmement étrange. Je ne sais pas pourquoi, mais cette chanson me vient tout le temps en tête quand je me maquille. Sans m’en rendre compte, je commence à chanter : “Moi, si j’étais un homme, je serais capitaine...” Ça fait maintenant partie de mon rituel de théâtre, alors il faut que je la fasse. Je sais, jugez-moi, c’est vraiment bizarre ! »
— PIERRE-FRANÇOIS LEGENDRE
« J’étais en secondaire 3 et j’allais faire du patin à roulettes à Charlesbourg. La chanson de Diane Tell est liée à une belle blonde qui est venue me chercher pour patiner avec elle, main dans la main. Je ne me souviens plus vraiment de quoi elle avait l’air pour vrai, mais dans ma tête, elle était belle en tabarouette ! »
— GINO CHOUINARD
Imagine
« J’ai dansé mon premier slow avec une rouquine qui ressemblait à Fifi Brindacier. C’était la plus grande de la classe, et aucun gars ne lui avait demandé de danser. Il ne restait que moi... le plus petit ! On était une pièce d’anthologie ambulante ! J’étais en 6e année, et c’était une fête de Noël à l’école. Comme j’étais un peu nerd, je pensais qu’on jouerait à des jeux, mais les filles avaient décidé qu’on écouterait de la musique en dansant. J’étais complètement décontenancé. Mon Dieu ! On va danser collés sur des filles ! Le party complet s’est déroulé sur deux tounes : Imagine, de Lennon, et Uncle Albert, de McCartney. Aucune toune up tempo durant le party, juste du plain ! »
— YVES P. PELLETIER
« Imagine, pour moi, c’est toujours aussi beau, mais il ne faut pas l’écouter tous les jours. Ça fait partie des chansons que tu écoutes à l’occasion. Elle est toujours là et, quand tu la remets, t’en reviens juste pas à chaque fois. »
— CLAUDE MEUNIER
« J’ai entendu cette chanson à l’aéroport, alors que je venais de terminer mon contrat dans La Traviata à Saint-Pétersbourg.
L’expérience s’était avérée très difficile, humainement parlant. Les gens avec qui je jouais étaient extrêmement froids avec moi ; j’étais vu comme l’Américain qui débarquait et à qui l’on ne devait pas parler. Même si je connaissais déjà la chanson Imagine, elle a frappé fort ce jour-là. Je venais de m’asseoir à l’aéroport en me disant que j’étais passé au travers et, bang, cette chanson-là a commencé à jouer. Je n’étais plus capable d’arrêter de pleurer.
J’ai mis beaucoup de temps avant d’être capable de la réécouter, mais maintenant que j’y arrive, elle a vraiment un tout autre sens pour moi. »
— MARC HERVIEUX
« Mon père faisait une campagne de publicité pour je ne sais plus quel client et il tentait de libérer les droits de la chanson Imagine. Fouille-moi pourquoi, c’est Yoko Ono elle-même qui l’a appelé pour négocier et c’est moi qui ai répondu au téléphone ! »
— ALEXANDRA STRÉLISKI

Fais-moi danser François Hébert
Marie-Jo Thério
2000
Paroles et musique :
Marie-Jo Thério
« Parfois, il y a une part d’inconscient dans la création d’une chanson. On garde des choses en mémoire, puis ça refait surface au moment de l’écriture. Je me souviens que pour la création de l’album La Maline, il y a eu des points de départ géographiques. Pour la chanson La Maline, ce point de départ était une île en France qui s’appelle l’île d’Oléron. Pour Fais-moi danser François Hébert, c’était plutôt l’île d’Orléans. Ce sont deux îles qui ont habité l’album.
Fais-moi danser François Hébert, c’est une chanson sur le courage. Celui de trouver la force de sa vulnérabilité pour avancer. C’est un appel à une vie un peu plus vivante. En la relisant aujourd’hui, je sens une espèce d’urgence. Un genre de chant du cygne qui te dit : “Hey, c’est maintenant que ça se passe, demain ce sera trop tard !”
Et pourquoi “François Hébert” ? Simplement parce que je trouvais que ça sonnait joli. Dans ce cas-ci, c’est François Hébert, mais ça pourrait tout aussi bien être Raymond Gallant. Il faut l’interpréter en trouvant son propre François Hébert. Ce n’est pas quelqu’un que j’ai connu. C’est vraiment un nom que j’ai mis par pudeur, pour me garder cette intimité-là. D’ailleurs, à la sortie de la chanson, il y a 20 ans, il y avait plein de François Hébert qui m’écrivaient pour savoir si je parlais d’eux. Je leur disais : “Ben non, désolée !” »
— MARIE-JO THÉRIO
Fais-moi danser François Hébert
« Cette chanson représente pour moi un souvenir incroyable, car elle est intimement liée à la série 2 Frères. Le réalisateur Louis Choquette l’avait mise dans cette série, qui innovait à plusieurs niveaux. C’était nouveau à l’époque de sortir des studios et d’aller dehors pour faire des petits films avec la caméra à l’épaule. Louis a mis les graffitis en lumière et il a aussi mis de l’avant la musique. C’est grâce à lui que j’ai découvert la bouleversante Marie-Jo Thério. Fais-moi danser François Hébert, c’est une chanson qui demeure associée à une belle et douce période de ma vie où j’étais en pleine possession de mes moyens. »
— ÉLISE GUILBAULT
« Cette chanson, cette artiste a littéralement changé ma vie. J’ai été totalement renversée après avoir entendu par hasard cette chanson dans un téléroman québécois (2 Frères) à l’époque. Je me souviens d’avoir été saisie. J’ai tout arrêté ce que je faisais. J’ai pleuré devant la télé en rejouant mille fois les 15 secondes de cette chanson qui enluminait la scène touchante. J’ai cherché pendant des semaines qui en était l’interprète. Puis un jour j’ai trouvé. Marie-Jo Thério. J’avais compris qu’on pouvait écrire des chansons hors du cadre, empreintes de douceur et d’une voix douce. »
— INGRID ST-PIERRE
Postface
Avec les années, les chansons se sont imprimées de façon personnelle et collective dans le cœur et la mémoire des membres de l’équipe d’En direct de l’univers...
— PAR FRANCE BEAUDOIN

Avec le temps, de Léo Ferré, sera à tout jamais la dernière de Renée Claude. Elle était venue la chanter pour l’émission, alors qu’elle vivait avec la maladie d’Alzheimer à un stade déjà avancé. Nous étions dans l’univers de Catherine ProulxLemay. Exceptionnellement, nous avions préenregistré la chanson pendant l’heure du lunch, avec une équipe réduite. Et le moment de grâce s’est produit. L’instant d’un moment suspendu, la musique a eu le dessus sur la mémoire...

Comme un sage, d’Harmonium, c’est le coup d’émotion spontané qu’on a ressenti quand Serge Fiori s’est levé de sa chaise pour aller chanter avec Louis-Jean Cormier, sans préavis, sous l’impulsion du moment. Un grand fantasme.
We Are Family, c’est le cri de Kim Richardson qui s’est fait surprendre par son amie Stacey et par sa mère pendant qu’elle était en train de chanter dans notre spéciale du jour de l’An de 2020. Dans notre jargon, on appelle ça « faire une surprise dans une surprise ». Ça implique encore plus de menteries, mais ça augmente aussi notre niveau de fun !



Mamy Blue, de Roger Whittaker, nous rappellera toujours la réaction de surprise de Céline Dion quand le rideau est tombé d’un coup et qu’elle a vu toute sa famille sur scène en train de chanter sa chanson préférée d’enfance.
Ne me quitte pas, de Jacques Brel, c’est Wyclef Jean qui est venu directement de Los Angeles, qui a atterri à Montréal en toute fin d’après-midi et qui est arrivé en studio à 18 h 40, soit 20 minutes avant d’entrer en ondes en direct dans l’univers de Magalie Lépine-Blondeau. Il a à peine fait un test de son devant le public, qui était déjà installé et qui n’en revenait juste pas de ce qui se passait là. Ça prend un band de course pour arriver à faire ça sans vertige.


Voici les clés, c’est le souvenir de Gérard Lenorman qui est allé chanter son grand succès à Laurent Paquin pendant qu’il était couché sur le fauteuil du dentiste. Encore à ce jour, quand on va surprendre un invité dans son quotidien en prévision d’une émission, on appelle ça « faire un Laurent Paquin ».
That’s What Friends Are For, c’est la visite de la grande Dionne Warwick, la première artiste internationale qui nous a fait confiance et qui a accepté de venir chanter en direct sur notre plateau pour notre 100e émission, le 21 septembre 2013.


Just One of Those Things, de Cole Porter, c’est la chanson qui nous rappelle le passage de Harry Connick Jr. dans l’univers de Garou. À la signature du contrat, l’équipe du chanteur avait exigé que Harry Connick chante sur des bandes musicales, donc que nos musiciens fassent semblant de jouer, ce que nous ne faisons jamais. Nous avions exceptionnellement accepté, en pensant que nous n’avions pas dit notre dernier mot. Nous avions même ajouté le meilleur big band en ville pour servir la section de cuivres de sa pièce et nous avions établi notre stratégie : « comme par hasard », lorsqu’il allait entrer dans le studio, nos musiciens allaient être en train de « répéter » sa chanson. Il entendrait donc la qualité de notre band de course en mettant le pied en studio. Résultat : la magie a opéré. Avant même que la chanson soit terminée, Harry Connick Jr. demandait à son équipe que tout le monde l’accompagne en direct !
Et pour la vraie histoire... Harry Connick Jr. est l’idole de Garou. Comme il nous avait dit en préentrevue ne l’avoir jamais rencontré, nous étions particulièrement excités à l’idée de voir sa réaction. Mais le direct étant le direct, il arrive parfois des vertiges qui donnent quelques petites sueurs froides. Juste avant de dévoiler Harry Connick, j’ai demandé à Garou s’il l’avait déjà rencontré. À ma grande surprise, il m’a répondu que oui. Je lui ai alors demandé comment ça s’était passé et il m’a répondu : « Mal. » Sachant que Harry Connick entendait de l’autre côté et ayant peur que Garou regrette ce qu’il était en train de dire, j’ai pris la décision de couper court et d’aller au plus vite en musique. Nous en rirons un bon coup tous les deux après... La vraie histoire est que Garou n’avait jamais parlé à Harry avant son En direct de l’univers. Il l’avait vu de loin dans un party, mais, comme il était trop impressionné, il n’avait pas osé aller lui parler, d’où son ironie à vouloir me laisser entendre qu’il haïssait Harry, « le gars qui écœure parce qu’il a tout pour lui » ! L’équipe peut en témoigner, Harry Connick Jr. est effectivement aussi gentil que généreux. Mais que j’ai eu chaud ce soir-là !
We’re Not Gonna Take It, de Twisted Sister, ramènera toujours l’image de Dee Snider, plus grand que nature, qui a débarqué en studio pour venir surprendre Isabelle Boulay. En arrivant à la répétition du samedi après-midi, avec un sourire en coin, il a dit à notre chef Jean-Benoit : « You better be good! » La répétition est partie dans le tapis, comme si on était dans un stade de 50 000 personnes.


Entre deux joints, c’est le souvenir de Robert Charlebois, qui était venu la chanter dans la toute première émission d’En direct de l’univers, le 26 septembre 2009. C’est Guy A. Lepage qui avait accepté d’être notre premier invité principal, en sachant encore moins que tous les autres qui ont suivi dans quoi il s’embarquait. Plusieurs années plus tard, on a refait l’univers de Guy A. en le kidnappant pour marquer notre 200e émission après qu’il nous eut lancé : « J’aimerais ça refaire le show asteure que vous êtes rendus bons ! »

L’hymne à la beauté du monde, c’est le souvenir d’une interprétation magistrale de Diane Dufresne dans notre spéciale du jour de l’An de 2014, mais c’est aussi le rappel de la surprise qu’on a échappée ! On se mord encore les doigts en repensant à Luce Dufault qui tombe face à face avec son idole en coulisses, alors que Diane s’apprêtait à venir la surprendre sur scène. La surprise a donc été pour les autres et pour le public.
Je m’voyais déjà, de Charles Aznavour, sera pour toujours associée aux mimiques et à l’énergie du désespoir de Véronique Claveau, qui continuait de chanter comme si de rien n’était pendant qu’un mur du décor était en train de tomber dans l’univers de Serge Postigo. Digne d’une violoniste sur le Titanic.

Je ne suis qu’une chanson nous ramène à Ginette Reno, qui est venue l’offrir à Dominique Michel, qui fêtait ses 90 ans précisément ce jour-là. C’était pour Dodo la chanson qui résume tout.


Quand on n’a que l’amour, de Jacques Brel, c’est le duo virtuel de Céline Dion et Pierre Tourville, le chum de Yannick Nézet-Séguin. On était en octobre 2018. C’était la première fois qu’un gars chantait son amour à son chum sur notre plateau. Il y en a eu tout plein d’autres depuis, mais la preuve que c’était encore rare à l’époque, le New York Times en avait parlé dans un article où Yannick disait : « On ne l’a pas réalisé sur le coup, mais ça a eu un impact. Eille, deux hommes qui se chantent leur amour en pleine télé, avec la bénédiction de Céline en plus ! »

Il y a les moments qu’on a gardés pour nous... La chanson Feelings, de Morris Albert, aura toujours une place bien particulière pour l’équipe. La veille de Noël de 2015, les membres d’une famille m’ont téléphoné pour me dire que leur père, Georges, était un grand fidèle de l’émission et qu’il ne lui restait plus que quelques jours à vivre. En parlant à Georges au téléphone, nous avons convenu, lui et moi, qu’il allait tenter de tenir le coup pour venir nous voir le 9 janvier, soit la date de notre retour après les Fêtes dans l’univers de Bernard Derome. Georges a tenu sa promesse. Il est venu en studio avec toute sa famille. Il a regardé la répétition générale de l’après-midi aux premières loges, bien assis dans la chaise de l’invité principal. Et l’équipe, avec notre super Virginie en tête, lui a chanté Feelings, la chanson qui lui rappelait son premier slow avec sa Diane. Spontanément, elle est venue le rejoindre sur la pastille et ils ont redansé leur premier slow, le temps d’une dernière danse. Ce moment est resté gravé dans la mémoire de tous ceux qui y ont assisté. Georges est parti dans les jours qui ont suivi. Sa blonde nous a raconté qu’il était décédé dans ses bras, en réécoutant l’enregistrement de Virginie qui lui chantait Feelings.

Il y a les chansons qui nous ramènent à des moments plus déchirants... Elle s’en va, de Patrick Norman, en est une. On était en pandémie, le 14 mars 2020, en train de répéter l’univers de José Gaudet. Au point de presse de 13 h, le premier ministre Legault annonce qu’on ne peut plus accueillir en studio des gens de 70 ans et plus. À contrecœur, il a fallu que j’aille demander à Patrick de retourner chez lui, alors qu’il était déjà avec nous pour sa répétition. Bon prince, il a accepté de nous offrir sa chanson en cadeau avant de partir. Et avec la résilience qu’on lui connaît, il a dansé joue contre joue avec sa blonde avant de quitter le plateau.
Puis, même après tant d’années, le thème d’En direct de l’univers vient toujours avec une montée d’adrénaline, comme un réflexe de Pavlov. Et parfois, on en mesure particulièrement tout le privilège. Ce fut le cas lors de la répétition générale de notre spéciale de la fête des Mères, en mai 2020, au plus noir de la pandémie. Dès les premières notes, tout le monde sur le plateau a été happé par l’émotion. Ça restera pour toujours un moment de communion dans une période de grand doute collectif.
Remerciements
France Beaudoin entourée des productrices au contenu
Marie-Claude Lévesque et Josée Beaudoin

Il y a autant de mercis à distribuer qu’il y a d’heures de travail et de dentelle mises dans ce livre.
Merci à tous ceux et celles qui nous ont autorisés à partager leurs histoires avec le public.
Merci aux auteurs-compositeurs et auteures-compositrices qui ont pris le temps de nous écrire la genèse et le pourquoi de leurs chansons.
Merci à celles qui ont recueilli les pépites avec rigueur et passion, pareil, pareil comme elles bricolent les émissions chaque semaine. Merci à vous, Josée Beaudoin et Marie-Claude Lévesque, pour vos intelligences réunies. Pour la beauté et la sensibilité de ta plume, Josée, pour la coordination et la recherche, Marie. Merci pour toutes les couches de sens que vous y avez mises.
Merci à toi, Amélie, pour ta précieuse collaboration au contenu et merci à Kim pour les multiples approbations.
Merci à Radio-Canada pour tout le soutien et cette confiance qui donnent du gaz à tout le reste...
Merci aux Productions EDU et à notre partenaire de production, Attraction, pour tout le volet juridique et administratif de la démarche.
Merci à KO Éditions, notamment à Sophie, à Mélanie et à Marie-Michèle pour votre expertise et toutes ces heures d’échanges et de réflexions.
La marque En direct de l’univers tient sur une équipe qui la fait vivre. Merci à Jean-Benoit, à nos musiciens et musiciennes et à nos choristes qui enchaînent toutes ces musiques, parfois deux pis trois une par-dessus l’autre... Aux équipes de prod, de contenu, de mise en scène, de réalisation, de plateau, merci pour l’amitié qui dure et qui fait durer.
Au public, merci pour cette fidélité un peu rare qui nous donne l’impression que vous faites partie de l’équipe. On peut facilement vous entendre « brainstormer » et commenter avec nous au bout de la table...





« Mesdames et messieurs, bonsoir, je vous annonce qu’à partir de maintenant, vous serez en direct de l’univers de... »
Rendez-vous incontournable du samedi soir où une personnalité voit sa vie défiler en chansons, En direct de l’univers met en lumière depuis plus de 15 ans la musique d’ici et d’ailleurs, de même que les auteurs, compositeurs et interprètes qui la créent.
Dans cet ouvrage à personnaliser richement illustré de photos puisées dans les archives de l’émission, France Beaudoin et son équipe vous convient à un voyage dans votre propre univers musical, en plus de vous faire découvrir quelques-unes des nombreuses histoires qui les ont amusées, émues, étonnées et marquées au fil des ans.
En direct de l’univers : des chansons racontées et un livre à répondre promet de raviver des souvenirs, de provoquer des discussions et, pourquoi pas, des legs.




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