ketzalcalli 2010-2

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sujet du 'mythos' ou du mythe. En conclusion, j'envisagerai une résolution de ces contradictions en envisageant un point de vue synthétique: le point de vue mytho–logique.

1.2. L'EXEMPLE DE L'ALOUCHE (ALUX2) 1.2.1. L'alouche comme superstition L'alouche est un petit être façonné généralement en argile – mais aussi en cire, en pâte de maïs, en bois, en pierre – et auquel les autochtones accordent le pouvoir de vie. Ils croient que le sorcier, après avoir prié pendant neuf ou treize jours et offert son sang, peut rendre vivant ce petit pantin et le mettre à son service ou au service de celui qui le lui a commandé.

1.2.2. L'alouche comme agent réel L'alouche est fabriqué par le h–men. Il y en a encore dans les forêts même si aujourd'hui on ne le fabrique presque plus3. Lorsque tu vas chasser, il arrive que tu entendes un bruit sourd, on jette un caillou tout près de toi ou on casse une branche d'arbre... et cela fait fuir l'animal... C'est un alouche qui te fait peur. Si tu t'entêtes, tu peux attraper une forte fièvre... Il vaut mieux partir ou alors offrir à l'alouche du saka', une bouillie de maïs et d'eau, il te laissera alors tranquille.

1.2.3. L'alouche comme agent réel et comme superstition La superstition est le point de vue de celui qui ne croit plus à l'efficacité4 de l'alouche. L’efficacité de l’alouche est liée à l’existence de régulations mythiques. Hypothèse: il y a projection sur la scène villageoise de l’image5 de l’alouche qui intervient dans les rapports sociaux. Cette image a une action réelle sur les rapports sociaux: – elle apparaît sous des formes déterminées socialement: son image est sonore ou visuelle – elle provoque des maladies – elle inhibe l’action. Elle cesse d’être active lorsque la conscience sociale de l’individu la déconstruit comme “fiction” mais alors la régulation sociale qu’elle exerçait (protection de l’écosystème, de la propriété privée…) doit être prise en charge par d’autres forces. Si ces forces ne sont pas mises en place ou sont insuffisantes, alors les rapports sociaux se dérégulent. Dans le cas de l’alouche on observe: a. une dérégulation croissante des écosystèmes b. un développement du vol et de la spoliation avec la colonisation par des personnes qui ne sont pas régulées par l’alouche et qui tombent donc (relativement) hors d’atteinte de sa sphère d’influence c. une intervention accrue de la “police”. Cette “police” qui pourrait venir réguler les attaques à la “propriété” et au “travail”6 est une police de classe – mais peut–on mettre en place autre chose qu'une police de 'classe ', c'est–à–dire une police partiale? – au service de la colonisation puis des classes dominantes: elle ne réduit pas la violence mais, dans un grand nombre de cas, l'augmente. La question se pose de l'efficacité relative de l'alouche: jusqu'à quel point l'alouche a pu protéger l'écosystème (voir les théories sur l'auto–destruction de l'écosystème maya: il faut envisager ici un point de rupture “politique” ou les régulations mythiques sont cassées

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