Millésime 1990 - Journal à Part 10

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MILLÉSIME

1990

© Shutterstock - Dan Gutu

L’apothéose

Chaque millésime est une histoire à lui tout seul : des saisons qui changent, des températures qui évoluent, des aléas et toujours un savoir-faire unique veillant à ce que ce fabuleux récit se termine le mieux possible. Au fond, qu’est-ce qu’une cave à vin si ce n’est une incroyable bibliothèque ? Eh bien, la nature était probablement très inspirée en l’an 1990. Un millésime ô combien exceptionnel, puisque non-content de donner naissance à des bouteilles d’une qualité plus que remarquable, aucune région n’est laissée de côté. Le Jura connaîtra une très belle année, la meilleure depuis longtemps. Il lui faudra d’ailleurs attendre un certain temps pour retrouver un aussi bon millésime. Les vins jaunes brillent plus que jamais par leur qualité, mais globalement, la plupart des vins jurassiens s’en tirent à merveille, blancs comme rouges. Une année à retenir pour les amateurs. En Champagne, malgré le gel les récoltes sont abondantes. L’hiver est doux, mais avril connaîtra des gelées importantes, faisant craindre pour l’issue de ce millésime. Cependant, les bourgeons feront preuve d’une vigueur extraordinaire, recouvrant une santé qu’on leur croyait définitivement perdue. Pas de sécheresse à l’horizon, les pluies arrivent toujours à point, en quantité et en fréquence. Les espoirs sont donc largement dépassés. Les baies sont riches en sucre, on obtient une belle acidité. L’hiver n’est pas froid non plus en Bourgogne et le printemps sera humide mais sans excès. Les vignes évolueront donc tout à fait favorablement. On connaît quelques épisodes de grêle et d’averses, mais pas suffisamment pour menacer véritablement la santé des vignes. La floraison est tardive, l’été est chaud et sec. Sécheresse compensée par des pluies à l’aube de septembre, qui viendront équilibrer le tout. Le raisin est récolté en quantité et l’excellence du millésime est incontestable. Les vins bénéficient d’une très belle garde. Que dire des Bordeaux, si ce n’est que 1990 est la grande année de la décennie ? Du vin en abondance, de très bonne qualité. Les raisins atteignent une excellente maturité. L’année fut particulièrement chaude, provoquant une incroyable concentration. On trouve de beaux tanins, compensant des acidités assez faibles. Beaucoup d’élégance, de complexité et de plaisir sont à attendre. Partout dans le Rhône, on connaît de grandes chaleurs avant les vendanges. En conséquence, la réussite est à la clé, partout dans la région. Les vins atteignent une belle concentration, une puissance remarquable, une richesse extraordinaire. C’est un magnifique millésime, et les flacons sont de très belle garde. Un millésime à retenir… et à déguster ! La Loire, elle non plus, n’échappe pas à la règle. Comme organisée par un prodigieux chef d’orchestre, la saison s’est déroulée à la perfection, sans le moindre accroc. C’est donc sans problème que les raisins ont atteint une maturité idéale. En blanc comme en rouge, les vins sont harmonieux, très agréables à boire et de bonne garde. L’année 1990 reste donc très présente dans le cœur des amateurs et vignerons comme une année exceptionnelle, particulièrement généreuse et réussie. Laurence Delacroix #10 - LE JOURNAL À PART

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