A comme amour recueil 8 james perroux 08 10 2014

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www.jamespx.com Image de couverture : Jaya Suberg - James Perroux

A comme Amour Poèmes classiques

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A comme Amour Poèmes recueil 8 2014


Préfaces Cerner à quel genre poétique appartient l'univers de James Px., le rattacher à une école qui serait peut-être proche du surréalisme serait être réducteur et injuste. Le talent poétique de James est de nous amener à la frontière de l'invisible, dont il est un explorateur enivré, « D'un monde étrange dans lequel il se sent bien. » (dixit l'auteur). Le poème café est un remarquable exemple de cette dérive de mots dans un imaginaire fastueux, où les métaphores défilent, paysages fous où le feu côtoie la neige, les océans les nuages et l'ivresse nait sous nos yeux, inoubliable alcool de mots qui pénètre dans nos corps, par l'incantation voluptueuse de tous nos sens. Il y a cependant un fil conducteur entre tous ces poèmes, une trame où l'on retrouve sans cesse abordés les thèmes de l'amour, de l'imaginaire, de l'enfance et cette indestructible neige qui hante ses poèmes et jalonne les voyages de sa propre vie. Ne passez pas à côté de cet univers si riche qui nourrira votre imaginaire au point de vous donner l'envie de devenir l'artiste de votre propre œuvre. Elisabeth Mesner

Lectrice assidue de ses textes, je n’hésite pas à le qualifier d’auteur aérien tant il embrasse tous les thèmes. Un paysage, un regard, un parfum, un mot…. Tout devient prétexte à l’écriture et la banalité se trouve transfigurée sous sa plume car James fait se juxtaposer des réalités même diamétralement opposées. Pour le lecteur c’est la naissance d’images plus que surprenantes et on se laisse aisément emporter par son style. Nadine Tabère


À propos de ma poésie La poésie est dans mon corps Né quelque part en Savoie, j’habite désormais dans le Var. Ces espaces de liberté comme la montagne et la mer, comme ses éléments naturels la neige, le sable, le soleil, le vent, le froid, la chaleur, la forêt, l'herbe et les fleurs, comme la couleur et la lumière m’ont nourri abondement les yeux et le cœur... J’ai fini par attraper un virus, celui de dessiner et d'écrire partout et n'importe où pendant mes heures perdues et trouvées. Lecteur, je vais vous faire une confidence, comme j'ai du mal à gérer ma ponctuation lorsque j’écris de la poésie, je n'en mets pas. Je me dis souvent à l’oreille, qu’un texte c’est comme une peinture, je ne dois pas le figer dans un cadre mais lui offrir une évasion expressionniste voir surréaliste ; où vous, lecteur, vous vous sentirez presque à la maison et son interprétation évoluerait selon votre nature psychique et sentimentale du moment. Je crois que le son, l'harmonie, le rythme et le sens du texte doivent être libres d’interprétation ! Il y a aussi pour moi le côté esthétique du texte qui est primordial et la ponctuation ne lui va pas ! Je parle pour mes poésies et non pas de ma prose et de mes nouvelles. C'est comme pour les rimes, souvent je reste dans un état de grâce, de transe et je me laisse emporter… J’oublie volontairement la mécanique comme seul pouvoir ; ce pouvoir « d’école classique » me coupe souvent l’herbe sous le pied et me fait perdre l’équilibre ! Et c'est dans mon équilibre musical et de sincérité brute que j'essaie de transcrire mon âme en conciliant l’intellect et la sensibilité, l’intuition et le calcul, la métaphore et le figuratif. Bien que j’aie une grande compassion à l’égard de l'homme, je ne perds pas de dévoiler mes confidences personnelles. Je suis un homme avec ses passions, ses désillusions, ses amours, ses rêves et ses peines.


Qu'est-ce qu'un poète en 2014 ? Qu'est-ce qu'un poète en 2014 ? Cela me dit rien, sans doute un utopiste de plus et qu'au-delà des formules et des définitions toutes faites, je dirais qu'un poète sans positions c'est comme faire l'amour sans plaisirs... Alors je baise le ciel du lit et la rivière coule jusqu'à la mer ! La poésie pure est la pure liberté de l'esprit. Elle se joue de toutes les frontières, du vrai et du faux, du réel et de l'irréel. Le poète a toujours le même rôle qu'hier mais il a des adversaires en face de lui visiblement stupides ou inversement trop intelligents pour savoir l'écouter et qu'il est noyé dans la jungle numérique sans pouvoir ni boussole ! De toute façon, je m'en fous de savoir où le poète doit se situer car ma poésie n'est-elle pas un hymne lyrique dans lequel je rêverai de me libérer de toutes servitudes ? Elle est inconditionnellement liberté pure. L'erreur n'intervient pas en poésie, mais dans son interprétation. Je dis qu'elle est l'expression ultime de mon moi, de mon pouvoir démiurgique en transformant le monde à l'image de mon désir. J'avoue je gonfle de la cheville droite et alors on ne vit qu'une fois ! Après ce Laïus ou manifeste échevelé, il ne me reste plus qu'a définir ce qu'est la « liberté pure ». Chaque fois qu'un homme invente ou crée un grand éclair poétique jaillit...


La poésie pure vainement cherchée à l'école de Valéry c'est la « liberté pure » de l'imagination telle que je l'ai rencontré chez Rimbaud et Lautréamont. Je pourrais poursuivre mais j'ai faim. Illusion ? Peut-être selon ce qu'il y a dans le frigo, elle se joue de tous les interdits au-dessus des formes épiques ou tragiques ou bucoliques et devient un hymne lyrique qui se rêve délivré de tout régime alimentaire à toutes servitudes. Elle est inconditionnellement liberté pure. La poésie est la pure liberté de l'esprit. Il est vrai que l'homme a deux visages, l'un qui interroge l'avenir et l'autre qui veut retourner dans le passé... Moi je remonte à mon enfance où la liberté était ni idéalisée ni une prédilection juste une évidence une fenêtre de naïveté dans laquelle je m'amuse encore. Et là, le propre du pur poète c'est la liberté pure. Le déchaînement inconditionnel des images sans aucun soucis des lois et je reviens à dire que c'est le pur exercice de l'imagination comme exercice de la liberté dans le ravissement. La poésie est toujours belle, il n'y a même que la poésie qui soit belle.


On imagine on échafaude on théorise Et puis il faut confronter tout cela à la réalité C'est à ce moment-là que les poètes bâtissent des révolutions S'accrochent à la muse de chair ou d'air Presque tous les poètes en ont besoin Des révolutions tout droit sorties des laboratoires Que se passera-t-il demain Pour le savoir vivons l’expérience d'une révolution Choisissons la nôtre et ouvrons les portes La poésie est une suspension qui éclaire le monde

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« Le temps d'écrire comme le temps d'aimer accroît le temps de vivre. »


L'absence de ma fleur s'éloigne chaque jour Comme dans un rêve après avoir peint des choses J'ai croisé l'analyste ou le psy j'ai perdu l'étage Une hôtesse tête en l'air vissée sur un tabouret me réceptionne Elle me supplie de suivre la ligne rouge peinte au sol Et d'enfoncer les clous qui dépassent Ah j'aime les voyages qui commencent par te mettre en cage Quand un malheur passe un autre arrive c'est une caméra cachée Non juste un crétin en costume qui te surveille au cas où Parce que tu portes une barbe de 3 jours Encore un qui n'a jamais décollé de son asile De toute façon l'oiseau en cage rêvera des nuages Même si mon bilan s'envole sous un déluge de notes Je garde toujours ma plume sous mon pull Et en été je la mets vous avez trouvé l'endroit Le seul fou du quartier encore en âge De rester seul devant un divan rouge Comment s'appelle-t-il déjà Henri Chapier Non et si je dis que c'est vous Vous aussi vous suivez la ligne blanche Enfin je parle du psychopathe qui sniffait mon cuir chevelu dans l'ascenseur Encore un adepte de Jean-Louis David Je commence à avoir plus de cheveux blancs que de noirs Pourtant je ne joue pas au échec je n'aime pas perdre Les soucis ou la génétique comment pour vos cheveux Et sur un cerisier mort est-ce qu'on trouve des fleurs -1-


Non alors je ne suis pas mort juste fou des fleurs Tout le monde s'en fout que je perds mes cheveux et vous Quand je pense qu'il arrive à faire un huit avec son cul Mon psychopathe oui j'ai encore une dent pour Pivot Je voulais dire contre lui et l'orthographe En plus il arrive à calculer la légèreté d'un être Comme s'il faisait noir au pied d'un phare Au fait il fait nuit au pied d'un phare Moi je rêve toutes les nuits et vous jamais Comme ces fleurs d'hier qui sont mes rêves de demain Oui les fleurs les oiseaux la plume la barbe le blanc le rouge Aussi le rosé l'été lors d'un barbecue À ce moment là la vie est une lumière dans le vent Je ne comprendrais jamais un citadin qui jouit Lorsqu'il voit de sa fenêtre la façade grise de son anonyme voisin C'est comme croire que la pensée d'une fourmi peut toucher le ciel Et vous m'en direz une autre comme celle là Quand je reviendrai avec mon chien pour aveugle Pour finir la séance par les mots qu'on n'a pas dit Où sont-elles vos fleurs du silence Désolé j'ai oublié ma carte de crédit À vendredi Rappelez-vous Jésus à marché sur l'eau

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Jusqu'au jour La première nuit est intense La deuxième confirme Humer la peau de l'autre Pour éteindre le feu La soif éternelle Ces souvenirs à l'obscurité Me rongent le jour Avec mon nombril Ma poésie est ma plus belle cicatrice Elle me rappelle que j'étais attaché À l'amour avant de vivre Qu'il puisse entrer Dans cet espace convexe Tous ses mots qui m'interpellent Tous ses maux qui m'épellent Je les ai insérés Dans les pores de mon corps Parfumés de son suc Lentement au bord d'un mail Et d'un SMS inutiles Le frisson épidermique Nourrit ma solitude Le silence et le vide Jusqu'au jour

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Il manque des étoiles dans le drapeau La passagère étoilée est en retard Au point d'orgue Comme celle du mythe Son rendez-vous loupé Sans crier gare Elle est passée par les armes Pourtant au départ l'idée est formidable Sans voile de secours Écrasé par la peur Le cavalier est contraint de décharger Le pied à l'étriller Dans le ciel du lit Peu importe la tribu La brise retourne d'où elle vient Parfois même très loin Sans épitaphe ni fleurs On ne peut réprimer la défaillance De part et d'autre du chemin À droite la forêt de la langue À gauche le vrac de ses mots L'amour est une patrie pour l'exilé Comme la haine pour l'abruti Sa suite est déjà un déchet Qui désodorisera nos poubelles Il manque des étoiles dans le drapeau -4-


Sans choisir l'heure Deux vies parallèles Ne se croisent jamais Si l'on ne brise pas le théorème Le long d'une ligne Blanche et courbe Flirtons avec les tangentes Prend mes soupirs Donne-moi tes larmes Sans regarder en arrière Dans ce triangle semblable On naît on s'aime on meurt Sans choisir l'heure Si pur est ton être Qu'il s'épanouit dans l'obscurité Alors où se trouve la vérité La nuit cadence les chairs Dans le couloir de la fureur Et l'aurore passe la porte Mes rêves s’accrochent à tes cheveux Avec nos promesses qui s’envolent Vers d’autres ciels Où nos dernières liqueurs Finissent par sombrer Dans l'alcool du seigneur Sans choisir l'heure

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Ne lâche pas ma main Ne lâche pas ma main Si je suis devenu vieux et fou Ou alors un autre homme Qu'importe ce que tu penseras Le jour où je partirai Au-delà du refuge des anges Ne lâche pas ma main Je t'aimerai même aveugle Sous la lumière de tes fleurs Plantées à la terre de nos souvenirs Je sublimerai ton corps céleste qui sait En l'offrant à l'île des bienheureux Ne lâche pas ma main Je tremble rien qu'à penser Si loin de toi mon amour Que la porte de ma tombe Donne sur un désert Peuplé d'êtres sans âmes Ne lâche pas ma main Et là j'entends ton cœur ralentir Dans le flou arboré de mes veines Dans les aubes perdues Ta silhouette s'est enracinée à mes iris Échouée aux pores de mon être

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L'amour est carnivore Après le stress au bout du fil L'invisible m'a offert à boire Un verre vide pour changer d'air Après quelques jours d’absence Boire nos souvenirs Ce n'est pas oublier C'est digérer l'autre qui a disparu Mon dernier voyage Me regarde de travers Dans cette marre d’heures Où s'écrit un océan de peurs L'amoureux inquiet Qui ressemble à monsieur tout le monde S'épanche sur le permafrost Pour conserver la sensation de sa peau L'amour est carnivore Il te bouffe de l'intérieur Tu ne le vois pas tu le vis Et comme les enfants Je rêverais d’avoir des supers pouvoirs Marcher sans perdre ses traces Sans laisser aucune J'aperçois un message à l'encre rouge S'inscrire sur le mur blanc d'en face M'interdisant de le franchir De retourner d’où je viens -7-


Et de passer mon chemin Je suis enclin à broyer du papier Passant beaucoup de temps seul La situation stationne Je me sentirais mieux Si je n'avais pas un sentiment de culpabilité Mais je n'en parlerai pas Je l'écrirai

« Pour vivre nous avons besoin de peu de vie Mais énormément d'amour » -8-


Résurrection Ton seul et unique espoir Est là à ta fenêtre Moi cheveux au vent Je vais venir t'aimer Seule sur son sort en équilibre Elle a mûri muette Forcée de fermer ses lèvres Dans son cœur Jadis débordant de ferveur N'émergeait plus qu'un néant résigné Le manque d'air asphyxiait sa fleur Et les volets lui cachaient la lumière À la vie qui cherche querelle Elle n'a plus envie de pardonner Même si cela abîme son idéal À trop mourir elle posera les armes Quand je franchirai sa fenêtre Essuyer ses larmes L'aimer de tout mon être On apprivoisera alors Notre jeune liberté Sans se retourner sur le passé On plongera dans l’ivresse Aux aubes épuisantes

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Derrière le cadre... I want to run away Ma main n'écrit pas sur le devant de la scène L'idée n'est pas là Elle est dans la difficulté d'accepter l'autre Dans les loges qui donnent sur la rue Où se déploie la réalité de la vie Les secousses sentimentales Pétries et remaniées Dans l'obsession du juste De la vilenie juste De l'abandon juste Du regard juste Jamais de jérémiades Au fil des mots dits Toutes entités incorrigibles Encrent les nus de mes libellules Livrés à la tyrannie de leurs sentiments Je sais que le cœur est une patrie Comme il est aussi une armure Il se conquiert Il se défend Jour après jour À chaque instant Je cherche à attraper du regard Un morceau de ciel Jusqu'à la mort cérébrale Pour disparaître dans un sable émouvant Où le cadre n'a plus d'importance I want to run away

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L’indifférence est inutile Souvent la vie regarde timidement Parfois elle découvre ses yeux Ouvert sur le présent La libellule croit passer indifférente Longer les rives du lac Dériver comme un souffleur d'écume Suivre le mouvement des roseaux Percer le jeu des cygnes Elle a pu s'envoler toute la nuit Rêver tout le jour Et tout s’est passé Nul miracle nul préméditation Elle ne l’a jamais trompé tout à fait Un ange n'est pas un homme Une voix lui a chuchoté Comme par enchantement Dans l'ivresse Que la folie les avait unis Cloués sur un cumulonimbus Après le soleil la pluie C'est le temps qui les a éloignés La lucidité aime l'idée Qu'il faut voyager plein d'espoir Et non pas franchir la ligne Car la folie est aussi vaine que l'inertie

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À ce moment mes narines frétillent De cette odeur maligne Chaque instant égrené Ne fait qu’éroder ma fièvre Vivre la fureur avant l'oubli Avant que le corps redevienne pauvre J'aimerais arrêter le temps Mais nul n’est assez fort Pour lutter contre lui Et si l'aiguille piétine L'horloge sonne

« Le silence est le seul bruit que l'on n'entend pas parce qu'il vient de l'intérieur. »

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L’abandonnée défie la mer du ciel Avec le regard simple Revient la force pure Celle que j'ai croisé Je la vois encore toute menue S'avancer pour me chanter Tous les oiseaux à plume sont des bêtes Or toi papillon bleu Tu as une plume dans les yeux Serais-tu alors une bête Croire que tu es fini Que tu en as déjà fini C’est ça qui te rend fragile À l’idée que tout s’écroule La fillette est une terre bafouée Avec des nuits sans rêves Et des yeux sans étoiles Du temps a passé Des jours ont brûlé Aucune cendre sur la colline Son corps redevient nu Elle scrute la mer Les mains dans le ciel Petite touche bleue Pour une petite vie Un brin de liberté L’abandonnée C'est tout ce qu'elle m'a demandé - 13 -


À l'ombre de la L U N E Un léger mouvement de lèvres Quatre lettres La cuillère saisie au bond À l'ombre de la L U N E Mes nouilles froides En scrutant la L U N E De mon œil droit Il n’y a rien à craindre Et rien à perdre Dois-je confesser mes sentiments Et me livrer entièrement La tâche de rousseur sur mon iris droit Le dermatologue m'a dit de la surveiller Je l'ai confié à la L U N E C'est la seule qui ne bouge pas Quoique je fasse Elle est toujours là Le seul satellite féminin fidèle De mon univers Oui je sais C'est presque gênant Je lui répète Prends des vacances au soleil Visiblement casanière et jalouse Elle ne veut pas tourner autour Ni de lui ni du pot Même lorsqu'elle est pleine Et commence à décliner Elle me rappelle l'heure - 14 -


Attends ami et prends patience Il n’y en a plus pour très longtemps Peu importe car tout passera Car personne ne comprendra Pourquoi tu aimes les libellules Ni qui tu es ni qui je suis Ni ce que tu écris dans le vent Depuis trop longtemps

Prudence Les mains sur le piano Je lui mime un dernier morceau... Ce que fait Prudence Avant l'effervescence Est un jeu d'osselet Nocturne et secret Attraper le bonheur insensé Comme un soutien-gorge fiancé Dans son armoire amoureuse Dieu que la vie est généreuse - 15 -


Enlacé à cette liane volubile Étoile à la géométrie parfaite Éclatante presque immobile Opalescente et offerte L'apogée est sous ma langue À force de rêver de l'autre Se sentir exsangue À l'étroit sans l'autre On se répand On s'étire D'un geste mesuré et lent On respire Et il y a des baisers qui volent Et se perdent dans l'eau folle Nos langues lapent les contours Et sculptent nos œuvres glamour Prudence est à la première loge Face à l'aiguille de l'horloge Elle perd la rime Pour reprendre son souffle Se lève Enfourche l'étoile filante Et disparaît Cachée par une cloison nuageuse Je l'aperçois dans le vestibule Enfiler ses ballerines dorées

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Dream Street La rue des rêves Je la descends avec les mains le long du corps La lumière dévore les lettres de l'enseigne Nous sommes intimes Je libère la nuit de sa coquille de jour Et je lui apprends à éclairer La nuit retourne dans sa coquille Dans le rêve je dors les yeux ouverts Derrière le miroir il fait jour Mes lèvres effleurent l'idée Mes pensées s'écoulent vers la fleur Nous murmurons l'air Nous nous envolons dans le ciel du lit Nous nous aimons comme abeille et pollens Nous nageons dans un « ré » de lumière La rue des rêves nous dévisage Nous ne sommes plus des anonymes Il est temps que le jour connaisse nos nuits Que le cœur soit notre devanture Il est temps de s'aimer

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Mi-figue mi-raisin Tout ce que je sais C'est qu'elle a peur De ne plus être Celle qui riait sans cesse À chaque instant de la vie Croyez-vous à la fatalité Ainsi vivre pour toujours Ou se livrer à la mort Dans la nuit du jour Où est l'importance Mon étincelle a disparu Et mon cœur brûlé Porte les stigmates De la Mélancolie Loin en retrait De la levure matinale Loin du rayon de midi Et de la lune De la fin du jour Ce qui m'est étranger Devrait être merveilleux Des chemins multiples Vers des choses Que je ne sais pas de moi Tu nais tu vis tu meurs Le chemin qu’on a à faire Cela existe pour l’autre Mais cela existe aussi pour toi - 18 -


Tout ce que je sais C'est qu'elle est belle Même au plus profond De sa tristesse silencieuse Coincée dans sa tanière C'est qu'elle est un amour Solitaire sous un ciel étoilé Elle chantonne des douces paroles Une chanson solidaire Pour le monde qui l'écoute Je crois qu’on n’est pas fini C’est fondateur Une fois qu’on le sait Se découvrir se transformer Ne pas savoir Qui on est vraiment Vivre avec cela C’est très beau Laisser la possibilité De ne pas s’enfermer Dans les choses Et de se tromper Vivre et pouvoir Se regarder Se dire qu’on a été bête Et aussi le reconnaître Je crois beaucoup à cela Encore Tout ce que je sais - 19 -


C'est que je ne suis pas un as Ni un trèfle à quatre feuilles Je ne suis qu'un cœur Fragile derrière ses carreaux Que s'envole la légère graine Qu'elle germe au bord du ruisseau Et l'arbre fleurira à chaque printemps Et me rappellera ce jour Où j'ai ouvert les yeux Tout ce que je sais C'est que je suis heureux Même si l'homme n'est ce qu'il sait Je n'ai pas peur des rêves

L'imprévisible Du numérique à la pratique D'elle à lui Cinquante nuages défilent En haut de la pile Il y a la nécessité - 20 -


De sauver le soldat Amour Et même en scrutant le tour De France et de Navarre Il est difficile d’en trouver un Sans plomb dans l'aile Sans plumes dans les poubelles Le grand chambardement Est tout d’abord provoqué Par la fée numérique Un amour qui sera épargné Est un amour platonique Ou lié à un mécanisme tantrique Orpailleurs amis du mot La pépite ne se baigne pas Dans un fleuve tranquille La poésie ne règle rien Elle entame juste la couenne du désir Vous pouvez toujours fantasmer J’offre un dico des amours de demain Au lecteur qui en trouve un Vu qu’on ne connaît pas l'avenir La solution pour ne pas le subir Est de l'inventer Et si le futur soldat de nos amours Peut se dessiner de manière réaliste Il reste néanmoins imprévisible

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Mission Contre ses lèvres Pressait mon index froid Non ne parle pas J'ai compris Comme air sur air Encore plus étouffé Pas un son n'était présent À ses côtés Se tenait ses cheveux gris Figés comme une pâte de verre L’important N'est pas la victoire C’est avec qui tu joues N'est pas la chute C'est avec qui tu sombres Et là Où tombe la feuille Là Elle reste Sans voix ni force Et toi poète Tu es là Pour immortaliser l'éphémère Au sein de ton recueil

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Face à la lune À consommer avec immodération Pour les aficionados de la lune Peau rouge blanche ou pastelle La pole position fétiche Est bien évidemment la levrette Les fesses sont une promesse De volupté et de douceur Une rivière brute Comme les laves identiques Perle depuis le centre Ces visions de nocturnes Décharnés ou pulpeuses Et un belvédère d'horizons Des corps déshabillés Planent déracinés Comme un semis de pendus Qui s'entête à la foudre Dans une posture Où finalement ses dômes Haute fonction naturelle Celle de protéger un secret Se découvre Là Dans l'attente de la possession Le cerveau de l'esturgeon Sort du fantasme Pour basculer dans la matrice sexuelle Provoquée par le visuel pour l'homme - 23 -


Par la prise de conscience pour la femme De ce qu'elle offre Ne disiez-vous pas Plus le secret est bien gardé Plus la promesse est grande Ô souffle Leur zone se découpe Détachée d'un chaînon En manque de matières ardentes Salée jusqu'à l'étouffement La gorge prise par les eaux Se laisse drainer Dans le flot rauque des lamentations Seuls les exocets Peut-être Chantent leur assurance Et rient à tubes pleins Sur l'écume opaline Alors qu'on prie à genoux Sous l'écrasement Ô fesses Levrette de tous les désirs L'explosion cutanée Décoiffe le ciel du lit L'abandon du navire est proche

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Les Saints-Pères Hauts-lieux de ma jeunesse Folles nuits écarlates Du disco à la New Wave Où Anges et Démons Smurfent à tour de draps Années quatre-vingts Disparues sous la neige Avec ses seins de glace Et ma langue resurgit À la source de l'aube Sur le dôme des ans Symboles de séduction Sensible et fragile Cette paire de sacrilèges S'agite à nouveau Dans le vase de mes iris Brûle les empreintes de mes paumes Implacable sentinelle ambigüe Aussi modeste qu'elle puisse être Semble participer À la gloire de mon organe À mes besoins spirituels À mon exigence matérielle Ombragées et bercées Sous ses porcelaines d'éloges Mes pensées viennent Sans se presser - 25 -


Et prennent de la valeur Avec le temps L'enfant encore né Caresse le fluide du confort Du bout de ses frêles phalanges Écoute les secondes tombées Des nuages à l'avenir Qui frappent le temps Me voilà un homme Avec mes lèvres qui titillent La petite partie Saillante et pigmentée Le lait où l’arc-en-ciel Boit la beauté du jour Rien ne m’aspire à être autrement Seul mon sang crie À travers cette poitrine À jamais mon dernier refuge Maintenant je dors paisiblement Et doucement Je vais rejoindre mon amour

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La cité interdite Je me penche Suis-je au-dessus de la mer Ou bien sur la margelle D’un fantasme à saborder Par delà l'intense ignorance Dans le domaine des larmes Et du mourir de plaisir Lorsqu'elle est combinée Il y a celles qu'on reluque Pétrit pince Et parfois même qu'on claque D'une petite tape Parfois même à l'insu de son propriétaire Une simple posture Et la rosace se transforme En un véritable appel à la révolution Jouant sur le registre de l'ambiguïté À ce jeu de cache-cache Nous sommes deux L'éventualité de ce vol M'offre du piquant Ô belle et bien cachée Ne cessant de m'exciter Le tocsin résonne Dans la vallée infernale

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Ces deux vigiles M'ouvrent le portail De la cité interdite Bercée d'un vent tumultueux Bâtie par les dieux Je crois à la nuit Dans un savant mélange Lié autour de l'unique grain de sable Perdu au centre étroit Joyaux en prière enclos Sous le flambeau de pierre Griffes sorties pour combattre La vallée assassine De collines en marécage Rongeant sans frein ses rondeurs Des minutes durant Mon donjon d'ores et déjà S'imbrique dans la muraille Se lovant doucement Dans un plaisir d'absurde Se glissant lentement Dans l'œil de la folie Les cris d'oiseaux Enchantent l'assaillant Quelque instant a suffi Sous le joug implacable D'une sentinelle avide Pour pénétrer la cité interdite Et mourir dans le cachot idéal - 28 -


La calèche Il est facile d'écrire sur l'amour Sans avoir entendu les cris D'un martyrisé ou d'un humilié Comme d'écrire sur la mort En évitant de regarder Le visage d'un enfant tuméfié Ma petite chose sous vos yeux Un brin timide et poétique N'a aucune importance Marche comme tout le monde Elle n’embrasse pas tout Peut-être elle suggère La vie sur un chemin en pente Parsemé de nids de poule Dans lesquels j'eus laissé Quelques plumes d'encre de chine Il y en a une chanceuse Devenue amoureuse Parue à la lumière de ma pointe De ma langue métadonnée À ras de terre je me soulève L’oreille à l’écoute Il me semble entendre au loin Une main caressant un rivage La bouche emplie de mots câlins Je chante par là le grand passage Le sommeil d'une libellule - 29 -


L'abricot de cire Le pistil à la pulpe lunaire Je m'y accomplis vitaminé Les lèvres acidulées Telle l'abeille cherchant fortune La rage bleue et mature À ras de l'étang je me réveille L'ocelle libéré de sa pénombre Il me semble voir au près Une gorge folle épuiser un sauvage Mon intention est plein de souffle Et de prouesses inventées Ma langue roule jusqu’au fond Telle une bague qui coulisse Au doigt émacié par l'accélération Viens ô faim ressort sans fin Va-et-vient noyer ses pores Répandre sa cyprine Sur toutes choses Il n’y a plus d’appel Pour t’étourdir Ni de chemin Qu’il me tarde de parcourir Quoique l'histoire se répète Pour atteindre un nouveau sommet Sans fanfare ni trompette Juste toi et moi Sur un sol en paix

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L'Étoile de Mer du Nénuphar Pointer du doigt l’étoile Celle de la grande bleue Exfoliant le fond du ciel D'un regard à l'âme sensible Inutile pour nourrir le présent D'en prolonger les ombres Par des faisceaux imaginaires Elle veut juste être choisie Comme la plus jolie fleur étoilée De la communion des floralies Vingt fois effleuré Et passé au travers Le vent étale le nuage de son parfum Dans mes profonds tremblements Et émerge l'étoile de mer Et demande au nénuphar S'il y a de l'eau salée dans son royaume Je n'ai que des larmes d'espoir Dans le courant fort Un grincement de porte Je déménage sans broncher Des cris d’ivresse pour l'un Des aubes raccourcies pour l'autre Le nénuphar sur la pointe d'une idée Change de cap les pieds sur terre Va-t-il éclairer le bon côté - 31 -


La face Nord de la voix lactée À la beauté des mille et une nuits Après la foudre Le fard de ses yeux éclairs A écrit un message sur l'oreiller L'étoile décline tout avenir De saisir où elle va De flirter ce qu’elle refuse D’accepter de s'envoler Rejoindre le fond bleu Mais flottera un temps sa mémoire Dans le frémissement de son cœur

« La poésie de nos jours est une lutte pour respirer respirons. » - 32 -


Et si demain était aujourd'hui Au creux de ton ventre Une voyelle édifie le nid Et caresse l'oiseau bleu L'amour le métamorphose Par delà la frontière Une lettre ressuscite mes songes Et soulage tes peines Dans la grisaille du jour Sur mes lèvres encore Un chant creuse l'alcôve Et fond dans tes os Comme la première neige De ta chair foulée Mes vers s'illuminent Et grave sur la pierre Pour vivre nous avons besoin de peu de vie Mais énormément d'amour

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D'une rive à l'autre Au milieu de la vallée des roses Il y a un pont imaginaire Où passe ton parfum chaque jour Je ne le franchirai pas pour t'aimer Juste pour embrasser Ce que ton être éprouve Et que je n'aperçois pas Sur la cime d'une partition Aux racines torrentielles Il y a un nid extraordinaire Où j'ai écrit tant de poèmes sur toi Dans ce courant tumultueux Tout peut commencer Je réciterai à l'unisson Où tu m'as invité en chantant Laisse-moi entrer dans l'amour Avec les yeux ouverts Bonne nuit mon amour En cet instant Qui a déjà durée une éternité Éteignons la lampe Et nos ombres s'envoleront Au profond du ciel L’œuvre est finie

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Time of my life De l'est au sud Du bout de la langue Je touche mon palais Je fais face aux ennuis Qui se profilent à l'horizon Le dernier mot a été prononcé Une cellule quelconque Sans murs ni ciel Dans l'ombre d'une lumière blanche Un tuyau ombilical souple la relie À la masse charnue Qui enveloppe sa poésie Même son cerveau parabolique Semble n'avoir qu'une existence provisoire Attendant toujours Le mot germé La fermentation alcoolique Le goût le parfum de l'autre La confirmation de l'apesanteur Minuscules flocons d'oxygène Mais tout manigance ici Dans ce pays métastasé Où tout est arachnoïde Rampant et sourd Immobile ailleurs - 35 -


Il peut entendre L'hydrolat de tilleul Attaquer la chair de son berceau L'intimant Goûter encore une bouchée de l'intime Geste hors sol Il a levé la main Sa main Avait six doigts Chaque doigt Un passé un avenir Et son mystère Il est temps de me réveiller De retrouver mon os à moelle

« Chaque instant recèle sa propre poésie. » - 36 -


La Beauté Vertige à l'oraison sucrée C'est beau l'été Quand tombe la foudre Et même si je reste seul Au sommet de la branche calcinée Sans plus d’attache sous mes pieds Que la terre dans l’univers Alors un instant Je me laisse entrevoir la Beauté Ne craignant aucun lendemain Dans l'alcôve Je me tiens et j’écoute Implacable comme le feu Tout peut s’enflammer Je suis immortel et parmi elle Avec des battements interminables Comme la respiration profonde de l'alcôve Dont la Beauté jamais se consumera

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Miroir Le poète est né pour écrire Non pour se préparer à écrire La barque de l'amour s'est brisée Contre la vie précipitée Où que je meure Je mourrai en chantant Poète ne pleure pas Écoute-nous Pourquoi penses-tu être médiocre comme nous Poète chéri Nous sommes tous un morceau du puzzle Tous un poète en éclosion Le poète est né pour écrire Non pour se préparer à écrire əɹıɹɔə ɐ ɹəɹɐdəɹd əs ɹnod uoN əɹıɹɔə ɹnod əu ʇsə əʇəod əႨ uoısoๅɔə uə əʇəod un sno⊥ əๅzznd np nɐəɔɹoɯ un snoʇ səɯɯos snoN ıɹəɥɔ əʇəoԀ snou əɯɯoɔ əɹɔoıpəɯ əɹʇə nʇ-səsuəd ıonbɹnoԀ snou-əʇnoɔƎ sɐd əɹnəๅd əu əʇəoԀ ʇuɐʇuɐɥɔ uə ıɐɹɹnoɯ əſ əɹnəɯ əſ ənb nO əəʇıdıɔəɹd əıʌ ɐๅ əɹʇuoƆ əəsıɹq ʇsəˌs ɹnoɯɐˌๅ əp ənbɹɐq ɐႨ əɹıɹɔə ɐ ɹəɹɐdəɹd əs ɹnod uoN əɹıɹɔə ɹnod əu ʇsə əʇəod əႨ L’écriture spéculaire ou plus communément appelée écriture en miroir, est une écriture dont les lettres peuvent être inversées sur elles-mêmes. Les lettres qui constituent le mot peuvent être ordonnées de droite à gauche et les mots de la phrase peuvent même être disposés de droite à gauche de sorte que le décodage nécessite de regarder la réflexion des mots dans un miroir.

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D'un désert à l'autre De ce pays chaud Je ne connais pas la saveur Et ne peut suivre ses sentiments Jamais un flocon ne tombe Je ne sais pas les oublier La nuit est la caresse d'un autre lit Toujours je dois me souvenir des neiges éternelles Embrasser les images de ma prairie Mes lèvres se rassurent déjà Parlent d'hier Je suis un poème perdu Sur tes paupières Mais ton visage s'éclaire Étire se voile de souvenirs Mes anges parachevés Sont les colombes libérées Dans ce coin de mon jardin d'hiver La glace devient source Nourrice de mes fleurs sèches Elles portent la voix de mon amour Leurs prières se noient Dans l'eau de mes yeux

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Canicule Pendant un rêve d'une profonde nuit Je t'ai aimé une dernière fois Les oiseaux migrateurs sont de plus en plus rares Lorsque j'approche de la cime Contempler cette mort C'est au-dessus de mes forces Une année où l'hiver a été long Le printemps pluvieux La neige qui ne voulait pas rejoindre la mer Arrive seulement aujourd'hui Un jour d’été Un jour de canicule Alors que je t'écris Isolé dans ma glacière artificielle Le monde ne tourne pas vraiment rond Les hommes sont de plus en plus fous Et je suis un homme Pendant ces mois obscurs Ma vie n'a scintillé que lorsque je faisais l'amour avec toi Comme la luciole qui s'allume et s'éteint Le phare au bout de la péninsule Je peux par instants suivre son chemin Dans la nuit parmi l'effeuillage Pendant ces mois obscurs Ma vie est restée affalée et inerte Alors que mon corps t'attendait La nuit le ciel criait le jour il pleurait - 40 -


En cachette je tirais le lait de la comète Pour survivre Je suis malade de poison Je suis malade d’une soif Pour laquelle la nature n'a pas créé de remède Je ne sais rien Je ne suis qu'un être humain Noyé dans la foule qui s'assassine Bientôt je renaîtrai Bercé d'utopie et d'humanité Tu liras ces vers un jour Et tu sauras impatiente et fébrile Les bras ouverts et le sourire aux lèvres Larme à l’œil Comptant les jours qui nous restent à vivre Le soleil est bas Nos ombres sont des géants Bientôt nous ne serons qu’ombres Et la lumière nous brûlera

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Cybèle Cybèle aux portes de la poésie Entre ciel et terre Nul n'a croisé sa trace La nuit fauve passe devant elle Étrangère Et le jour sibyllin dans le jardin de l'enfer Le vent lui arrache les feuilles de ses mains Même à l’arbre où ses yeux suspendus Préférait soulager des corbeaux Dans la lumière de la lune Si tu veux m'atteindre Il faut que d'une formule magique Tu exorcises ma langue morte Car elle se rend chaque jour Au temple pour y enterrer un mot Il faut que de ta bouche édulcorée Tu baignes ma langue de tes vers Car elle se rend chaque jour Au ciel pour y écrire un poème Cybèle aux frontières perdues Je veux te voir revenir Sur la péninsule jour et nuit Pour une semaine mille ans Peu importe Ce temps sera cette richesse Incalculable Amour Ton visage réchauffera mon monde Et de toi poussera toute ma passion - 42 -


Et si elle attendait l'hiver Une belle dose de sucre roux Un petit fond aigre-doux Quelques pincées de sel Et même deux ailes De surprises bien épicées Pour pimenter son été Dans un mouvement lent Elle danse face à un troupeau insolent Il y a des destins renversés Même quand tout est à croquer Dans ce monde actuel Où il n'y a plus personne pour elle Plus personne vers qui se tourner Comme il est soyeux de se rappeler D'être dans les bras de l'amour Entre rêve et réalité en plein jour Baignée dans un silence mortel Elle entend le cœur d'un oiseau virtuel Suspendu dans la cage internet Effacer sa mémoire de la tablette L'ange carbonique Aux yeux laconiques À la peau porcelaine Dans le four de l'arène Se dénude sur un papier glacé Où ses lèvres charnues déchirées - 43 -


Décrochent un dernier baiser à la lune Un cachet de fortune Un temps amer est advenu Entre deux prises de vues Rien ne dure Au-dessus de la ceinture Aucun foulard blanc ne s'agite Elle essuie ses larmes composites Entre rêve et cimetière L'ange ne lit ses vers Qu'aux chats de gouttières Et si elle attendait l'hiver

« C'est souvent ceux qui s'aiment qui récoltent. »

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Trivial pursuit chez Ana Maria Ana m’aime Maria ne m’aime pas Je sépare mes mains Et j’ai cassé mes doigts Jamais elle ne reviendra vers moi Le bateau de l’amour de la vie S’est brisé Sur les récifs du quotidien Les heures se suivent S'effeuillant de ce que nous ne sommes pas De ce que nous n'avons pas été De ce que nous n'avons pas combattu Le lendemain n’est pas consommable Ana m’aime Maria ne m’aime pas Je sépare mes mains Et j’ai cassé mes doigts

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La femme libre J’avais pour habitude Dans mes pensées secrètes De l’appeler La Silencieuse Je nage à contresens Elle a les pieds dans le sable fin Des dunes du désert Celui qui nous empêche de marcher vite Et encore moins de courir La Silencieuse est devenue femme Dans mon cœur à mille facettes Je l’invoque Et mes sens vibratoires tourbillonnent Dans l’espoir de la sentir heureuse Un jour La femme suivra son destin Et se déplacera Fidèle à son rythme Entre l’eau turquoise de la mer La plage Et à nouveau le désert Elle sera la Femme Libre

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Seule l’encre renfloue Piégé par sa naissance Un cœur en galère Divague Vers un amour qui n’existerait pas La déesse dirige son regard Profond et inquiet vers l'infini Vers l'horizon des mers et des océans Désespérée de tout ce qui vit Réfugiée dans son syndrome La chevelure entremêlée de poissons Bat des ailes tous ses rêves Déteint sa fierté à la proue du temps Tu m'inquiètes Que fais-tu Si tu élèves encore en toi L'emprisonnement des mots Bleus et rouges Ceux qui te glacent Et te brûlent Tu ne goûteras jamais à l'épice Accouche-les sur une page blanche Ose vomir tes complaintes Seule la page encrée de tes couleurs Libérera de tes entrailles cet ennui Qui se prosterne dans ce monde du silence Depuis si longtemps

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La lumière est juste là Consolante L'amour offre tout à gagner Même au plus démuni

Et si l'amour durait Et si l'amour durait Sous ton souffle Où le temps s’allonge Où le corps de l'autre Cède au regard Pour ne pas disparaître Dans les combles de la nuit Et même si j'aime Mimer une grimace Et conclure mille grâces L'air heureux La légèreté de l'être Rédige mon éphémère - 48 -


Comme il y a ce désert Qui coulent dans mes veines Le plus beau des silences Il est là Paradoxalement Mélangé à ce fleuve sanguinaire Où mes poumons pleurent Comme il y a cet amour Qui s’efface de mes pensées Le plus beau sentiment Il est là Paradoxalement Pour t'isoler du bonheur Où je n’apprivoiserai jamais le silence

La fillette à la sandale rouge Dans un délit d'imitation Un vent malsain a répandu La raison humaine La piété populaire Démocratie et laïcité Sur le chemin de la terreur Un rebelle du jihad - 49 -


Aveuglé par la sunna Affalé sur son trône sordide L'œil aux mains souillées Cherche à penser le bruit Mais l'art d'aller sans cœur Adhère au col de l'infâme Au hasard d'une vie Une mère voit Sous les yeux gonflés Les lèvres boursouflées De sa petite fille Qui hier encore Faisait danser ses pieds Sous un soleil d'été En ce jour fleuri aux fenêtres Transpire le souvenir Tous ces lendemains captivés Les cils labourés d'avril Une larme de fond Déferle avec chagrin Une graine a résisté au vent Petite fille il te reste Un épi dorsal Qui bourgeonnera de beauté Détendu sous le saint divin Et tenu au respect D'un barbelé dénudé

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Coup de poker Si tu es une joueuse de poker Sache que je ne suis ni un roi Ni un as ni même un joker Juste une peinture fauve Dans le cœur de l’été Accrochée à un mur Baigné de chaux Au fond d’une alcôve Sombre et encore fraîche Attirées comme un aimant Par ce cadre précieux Au plus près des étoiles Tes pupilles fusent Derrière mes reflets T'aimerais me découvrir Mais je suis un voyageur Lié à la matrice Peint d’ombre et de lumière Tu as frappé à toutes les portes Avant de parvenir à la mienne Tu m’observes comme je t’observe Et tu t’amarres au port de mes yeux Il y a du vert du jaune du bleu Des nuages un corps des cheveux La mer du sable un oiseau en cage Et la liberté au bout du champ de blé

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J'adore ce rouge carmin J’adore cette ligne de démarcation J'aimerais la franchir Torse nu bouche ouverte Mais tu pointes un fusil À la place de tes lèvres Sur mon cœur qui se meurt Il en va de la liberté comme de l’amour L’une des mains se charge toujours De conduire l’autre Et si la main nous échappe Le mur nous frappe Un jour cette friche sera la nôtre Le soleil brillera sans brûler La pluie nourrira sans noyer Nous cultiveront jour et nuit La beauté des êtres

« Gardons nos émotions pour les choses qui les méritent. »

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Vertiges sur un nuage d'été Des poètes il en est venu Des quatre coins du pré vert Et même de l'autre côté de la mer Aucun n'a su répondre à ses vœux Il en restait un en mémoire Le poète émérite qui habilement S'est acquitté de la tâche L'œuvre lui tenait à cœur Entre poésie et voyage Je n'ai pas choisi Un bras d'honneur à la mort Un baiser dans l'œil à la vie L'un et l'autre se confondent À côté de son corps Toujours plus loin À l'horizon du Nord La silhouette d'un d'ange Une jeune femme aux seins nus Une île vierge suspendue Ou encore une scène d'amour Entonnent ma page Une histoire belle à vivre Ici dans l'inconnu d'un été pourri L'amour doit frapper à toutes les fenêtres Avant de parvenir à rentrer Dans l'étrange lueur du couchant - 53 -


La coursive aux colonnades de bois Prend des allures fantasmagoriques D'une forêt dépenaillée Je me déshabille Et glisse contre les parois humides de ses os Des feuilles de papier jonchent le sol Et se recroquevillent sur les mots répétés De ma plume en elle La fureur emporte ses traits Et dans son regard d'encre Les pupilles encore dilatées N'en finissent pas d'attirer mon sujet Une nouvelle nuit étoilée Succombe à la noirceur du jour L'intensité est à son comble Le lac est semblable à la mer Son ombre délimite la frontière du réel Et s'invite dans l'alcôve Mon sang se fige au cœur de la liberté Et impassible s'empare de ma plume Sous ses yeux noirs grand ouverts J'enclenche d'un geste souverain Le plus extraordinaire envol Qu'elle n'osait espérer Je déroule posément à ses pieds Un parchemin blanc Comme un champ poudré de givre Dans ses veines elle ne vit pas ermite - 54 -


Dans un paysage contemplatif Elle n'écoute que le seul battement de son pouls Pour échouer encore au fond du gouffre Après cette dernière bouffée Aussi essentielle qu'une respiration Elle sort ses bagages Et avoue d'une traite Sa passion pour ma plume Et rejoint le ciel avec ses vertiges Il s'agissait de deux papillons de nuit À travers un ballet de nuages Tous animés par une salve de bleus De violines de rouges Sur des visages aux traits gommés Et mon imaginaire en un clin d'œil Prend les couleurs d'un autre climat Des poètes il en est venu Des quatre coins du pré vert Et même de l'autre côté de la mer Aucun n'a su répondre à ses vœux Il en restait un en mémoire Le poète émérite qui habilement S'est acquitté de la tâche L'œuvre lui tenait à cœur

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Né de la dernière pluie Comme chaque jour à l'exception Je consignerai sur mon carnet Toutes les sensations qui m'étreindront Voler à la mémoire La primeur du souvenir Si je broyais du noir au soleil Désormais la pluie m'enivre Plus aucun signe de faiblesse J'imagine de la délicatesse Les yeux dans les nuages Je ressens quelque chose Comme d'enlever mes chaussures Serais-je sur une terre sainte Pieds nus sur un plancher en laine Qui résiste à l'usure et au temps Tout en gardant son aspect initial Grâce à la souplesse de ses fibres Qui s'écrasent et se réitèrent Entre les passages L'amour s'est logé soudain là Dans la lueur ébène d'un regard Au seuil de la forêt des songes Une fécondité émergente m'entraine Douce et chaude au toucher Suis-je habité par une envie d'ailleurs À chaque pas l'escalier m'enchante - 56 -


Une applique en bois brut guide Ressemble à une corne d'abondance La gueule d'un hippopotame baillant hors de l'eau Donne l'heure de New-York à Tokyo Un troupeau de zèbres court sur le mur À la recherche d'une nouvelle prairie Des étagères assemblées en quinconces Supportent toute la poésie du monde Au sommet un sourire acier indéboulonnable M'accueille les bras en porcelaine Proche des yeux proche du cœur Le proverbe m'attire encore Comme un refrain léger Une tombée de rideau Et d'un coup de baguette magique Capable d'éparpiller aux quatre vents Mes plus infimes vibrations Rassembler mes plumes sous l'édredon Rejoindre la fée du logis Certaines y ont vu le jour Pas toutes Les unes sont parties dans la tendresse de l'enfance Les autres en pleine maturité Laissant derrière elles l'écume du désenchantement Et les échos vibrants d'un paradis perdu Ce soir Je suis là À l'épicentre de la clairière - 57 -


A raviver la flamme Et mordre les mots sulfureux des rampants Si hier ma poésie du néant Semblait ne partager que l'indifférence Une lancinante fibre nostalgique Aujourd'hui mes vers tissent une toile flamboyante Où l'indéfectible attirance n'est pas une araignée Mais une femme aux gestes libérés Le goût de la pluie épousera définitivement Le beau fixe d'un infini baiser

Le colibri du désert Vu du ciel entre les nuages En profondeur sous le sable Passe en filigrane L’ombre d’un phénomène Des étincelles dans les ténèbres - 58 -


L'âme glorieuse n’est pas inerte À la trempe de haïr Comme le pouvoir d'aimer Le carillon tintinnabule Et le désert s'éveille Devient le théâtre des sens Où mes lèvres ne peuvent être parjure Le sommeil est passé devant moi Offert aux quatre vents L'un dans l'autre Je cherche une protection Où la nuit d’étoiles blottis Pleine de lait maternel déborde Refoule la petite mort Belle nuitée au-dessus du lieu En passant près des Dieux Et le colibri s'illumine Ses couleurs changeantes Rythment les heures pieuses Les chairs pleines de souffle L’alchimie drapée se déplie Sur chaque lèvre un baiser sucré Sur chaque œil une brise salée Sur le temps au fond du désert Oasis fragile Où l'être est encore libre

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L'air innocent L'air innocent A songé toute une nuit Qu’il étalera à l’aurore Douce et brillante Des bouquets de fleurs Les allées Remontent jusqu'à mes narines À l’heure de la merveille Je déambule sur un tapis de fleurs Et de sciure colorée Où chaque fleur est un sexe Où chaque sciure est une évocation Et que puis-je faire Lèvres délicieuses Inhérentes à ce jardin suspendu Dansons en cadence Et laisse-moi t'admirer Parfaite harmonie Je t’en prie À l’heure de l’ascension Aiguille-moi à ton sein Plus lourd que ma soif Source immortelle Je t’en prie À l’heure de l’amour Teinte-moi l'iris - 60 -


Plus perçant qu'une flèche Beauté sempiternelle Je t’en prie Encore une heure d'éclat Dans laquelle je peux m’émouvoir Près de toi Autant je respirerai Dithyrambique Je t'offre ma vie Loin des fleurs du mal

La vierge de fer Son âme tient dans le vide d'une suspension Elle crève le mur de la honte De ses yeux gorgés de sang Une poésie à mille faces Se reflète dans mille autres Comme si sa vie Était tragiquement parcourue Par deux courants électriques - 61 -


L’un Intensément positif et gai L’autre Profondément négatif et désespéré Elle grave chaque face du mur À l'aide de ses songes démembrés Ses longues heures d’humiliations Une poésie de mille vers Une jurisprudence Pour un futur havre de paix Comme si un mille pattes Cherchait sans cesse dans l'océan Toutes celles qui lui manquent Pour parcourir le monde Sans jamais renoncer à sa liberté Elle fusille le mur de la honte Avec sa dernière arme Une poésie revolver Qui tire juste des mots d'amour Comme si une balle heureuse Avait pénétré sa poitrine Et ravivé son cœur avant sa mort Un dernier signe de vie Soyons lent avec les choses Celles qui dénoncent l'absurdité « La poésie de nos jours Est une lutte pour respirer »

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Fil d'écume Entre sourires et chagrins Souvenirs présents et lointains Au seuil de mes nuits À l’aube de mes jours Le fil tisse mes contre-jours C'est vraiment très beau La musique est si douce Et ce tableau de la vie Je suis vraiment émerveillé Auprès des sages et des fous Où une vache rouge de Chagall Gravit les montagnes de Mars Et où un corbeau vert Protège une peau rouge Ma plume s’amuse Parmi les enfants et les vieux Où l’au-delà reste mystérieux C'est l'évidence même Dieu a fuit avant de venir Dans l'échancrure de mes nuages Alors qu'elle est déjà là L’écume de septembre Nue sur la prairie de la lune Compte mes ronds dans l'eau Comme les étoiles de mes mots Ces mots qu’elle m’inspire Où sa douceur est l'arbre des fruits mûrs - 63 -


Tu as le don de parler aux femmes Avec une sorte de pudeur Qui pourtant ne semble pas affecter ta plume Serais-je un tout à la fois Un dindon de la farce Un écrivaillon dans son bocal Un dandy de ses dames Un aventurier sans boussole Un moi-même face à ses poèmes Après tout pourquoi pas Il n'y a aucun mal à ça J’adore Il y a de la gaieté et du mouvement dans tes mots Et ce qui est bien C'est que chacun peut le prendre pour soi Dans la nuit des jours Qui sans cesse s’agrandit Je vois de la poussière rouge Sur vos lèvres et vos yeux Et pourtant vous êtes en vie Parmi les séparations qui crient Au cœur des rencontres J’embrasse désormais ce rouge Particules écarlates Et ma bouche se teinte Je m’essuie à la pâleur Qui rougit à son tour - 64 -


Je trempe mon visage Sous la chantepleure Et l’eau coule rouge Je suis le fil jusqu’à la mer Où l’écume m’interpelle Peau rouge elle aussi Ce poème c’est ce qu’il fallait dire Je vous aime

« La poésie est le fer de nos traits d’unions. »

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Corne de lumière Où peux-tu bien être maintenant À cet instant même Où je recommence à exister L’amour s’est posé sous mes yeux Comme le bonheur d'une récréation Les fantômes n’existent pas Sommes-nous sûrs d’avoir été Ne gardons pas l'anonymat Son sang m’a attaché à cette terre Comme une nuée de poussière Le chemin est plus étroit Mais le ciel est bleu à l’horizon Lorsqu’ici-bas tu pars en voyage Où peux-tu bien être maintenant À cet instant même Où je recommence à écrire L’amour s’est posé sur ma langue Comme la saveur d'une partition C'est le souffle de l’innocence Mes mots ont le poison de la vérité Je prie sans prier le cœur aveugle Avec la peinture de cette image Je me love sur ses lèvres Pour chanter ses idées folles Je suis une poésie entre ses cuisses Mes doigts sont comme des vers - 66 -


Où peux-tu bien être maintenant À cet instant même Où je recommence à vivre L’amour s’est posé sur ma fièvre Comme la sueur d'une contrition La lune n’est ni morte ni noire Je suis là en haut-de-forme Et souris au travers de ma barbe Je traîne encore quelque part Dans le champ du cadre Elle traîne devant la glace Où je vois l’esprit sur le lit Déjà dans l’attente d’une nouvelle nuit Où peux-tu bien être maintenant À cet instant précis

« La poésie est une suspension qui éclaire le monde. » - 67 -


L’un dans l’autre Par sa surexposition Elle désire en réalité Atteindre l’apogée Et en même temps Effacer tous ses selfies Virtuels et magnétiques Au cœur de tout cela Il y a ceci Trouver le chemin du retour Entre les échardes de la peur Et de l'absurdité Jonchée de brise-glaces Et de courants d’air La nuit est si distante encore Elle passe sa robe et se coiffe Boutonnerait-elle sa mort Ses racines sentent venir la lumière Le succès n'est pas définitif L'échec n'est pas fatal Pourquoi courir La matière ne se perd jamais On naît on meurt Le débat est au milieu Mélange d’émerveillement Et d’accablement vertigineux Face à l’imperfection du monde - 68 -


À la beauté insolente Par la poésie Je veux qu’elle revienne à moi Un nuage glisse sur la neige La neige sur la peau des arbres Comme ma peau sur sa peau La tête dans un nuage Je crois que la mort est comme toi D'une pureté absolue Loin des marécages et de la lâcheté L’amour est libre et nous attend

Maimise D'un être à l'autre Comme d'une terre à l'autre À travers le bruit blanc Parfois la vie semble inutile Inutile à aimer Inutile à combattre - 69 -


D'où vient cette mainmise Qui t'expulse de tes murs Et t'expédie dans la boue Au bord d'un terrain vague Comme un caillou sans identité Toi qui hier encore D'un geste repeignais les étoiles Aujourd'hui renoncerais-tu en pleine lumière De montrer ton moi à la lune Même si tes yeux brûlés Par tant de mirages manquent de clarté Et ton être de lucidité Je sais la rage après la morsure De sourires complaisants T'as déchaussé les dents de sagesse Je sais le poète de tes yeux Qui te cueillait des anges Dans les arbres à fleurs Avant d'embrasser tes seins À l’aurore des cinq sens Comme les lèvres d'une ressuscitée A disparu dans un tubercule Sais-tu qu’un jour je t’ai surpris Affalée à moitié nue vomir tes peines Étouffée par un caillot de sang Et écoutée ton cœur Te supplier de caresser ses paupières Pour l'éteindre à jamais - 70 -


As-tu assez vécu pour embrasser les choses Que ton corps ne veut plus As-tu assez vécu pour appréhender les choses Tous ces clashs de l’esprit Pourquoi prier l’invisible Elle est revenue à la maison Personne ne dit rien Quelque chose l’avait bouleversé Elle se coucha sans manger Et encore habillée Tira la couette sur ses yeux Elle avait quarante ans Mais surement pas à cet instant Elle était là dans l’attente Comme elle le faisait j’imagine Dans le ventre de sa mère Vêtue de mille peaux Protégée par l'obscurité Demain elle se relèvera Dans l’étincelle d’un nouveau jour L’amour renaîtra Le long d'une allée bordée d'arbres en fleurs À travers le bruit blanc Où on s’était rencontré Où était passé sur le lit un nuage fertile Une larme pour toute une nuit Une petite pluie rien qu'une larme Là où un amour fluide était né - 71 -


Microblogage Blogger me signale trente huit abonnés Et une vingtaine de disparus Facebook soixante Et j'attends le soixante et un Twitter est absent de mes gazouillis Pourtant j'aime bien le petit oiseau bleu Mais je suis trop bavard Chaque tweet publié est limité à cent quarante caractères Il contraint l'utilisateur à être un éjaculateur précoce De la langue de Molière Ou de celle de Michel Houellebecq Ce qui est le plus probable Ne pas confondre avec Danny Welbeck Un mouton qui court après un ballon « Où est-ce que je suis Qui êtes-vous Qu’est-ce que je fais ici Emmenez-moi partout…» Et si je lui plumais le bec et le bec Ou la queue et la queue Pour dire que Mimi aime tweeter pour la presse Belge « Les morts sont habillés en bleu Et les Bleus habillés en morts Toujours un endroit où il pleut, Pas de vie au-delà des corps… » - 72 -


Google+ quarante cinq cercles rouges Me suivraient dans l’ombre Contre cinq en plein soleil Près d'un million deux cent milles passages Au pied de mon lit et aucun survivant Toute ma vie j'ai voulu être Comme celui qui est devant moi Je me lève et je le salue J'ai toujours voulu être dans sa lumière Toute sa vie il a voulu être plus petit Il se baissait et se voûtait Il a toujours voulu être dans l'ombre Il a réussi enfin presque Tu parles de Michel Houellebecq Non de Dieu Il a de l’humour de l’humour noir Ce qui résiste le mieux sur terre C'est la tristesse Pourtant le comique est parmi nous Ce qui résiste le mieux sur internet C'est la solitude Pourtant la foule est devant nous Rappelons-nous qui nous sommes Là se tient une clé sans serrure Un trou une toile d'araignée Un poisson rouge dans son bocal Une cougar dans une Ford mustang Un portable déchargé Le vertige de la domination - 73 -


Le besoin d'être au-dessus de la mêlée De maîtriser en vain amour et douleur Et il y a cette musique Un mas isolé quelque part en Provence Si froid l'hiver si chaud l'été Une plume clouée au-dessus de la porte Indique l'encre noire qui coule sur les murs Badigeonnés à la chaux Où en catimini les portraits changent Et partout de la fine poussière Où le temps égrène la réflexion Sur le bahut une poésie d'Anna Akhmatova Où ses lettres d'amour Jaunissent et s'abîment Cette chose qui occupe ma place à moi Je ne la connais pas Mais j'efface une larme Au bord de mes paupières Et referme la porte Je n'ai pas encore saisi cet acharnement Je dois vraiment les emmerder Ah le modérateur quel crétin Un avorton de la pluie et du beau temps Un poinçonneur de papiers toilette Imbibé d'eau de Cologne de chez Tati Juste un règlement de compte On imagine on échafaude on théorise - 74 -


Et puis il faut confronter tout cela à la réalité C'est à ce moment-là que les poètes bâtissent des révolutions S'accrochent à la muse de chair ou d'air Presque tous les poètes en ont besoin Des révolutions tout droit sorties des laboratoires Que se passera-t-il demain Pour le savoir vivons l’expérience d'une révolution Choisissons la nôtre et ouvrons les portes La poésie est une suspension qui éclaire le monde

Forum sur la toile du net À travers le lin Visage blafard Je me suis échappé Dans le tableau d’un homme pendu Ce n'était que la mort d'un poète Et la naissance d’un cartésien Comment puis-je dormir au soleil Les yeux fixant le fond de la nuit Et me voilà de retour Au milieu de ce forum alvéolaire - 75 -


Sur lequel jadis je m’envolais Et savourais le miel de l’échange Aréopage de plus en plus chagrin Où l’affluence des plumes anciennes se meurent Où le duvet se froisse Où l’eau déserte les chantepleures Où les fontaines aboient et pleurent Des vers dévers et revers De sel amer de vases et d’égouts Si je reste Dis-moi combien de temps Pourrai-je être un rempart Protégeant des béotiens Combien de temps pourrai-je Atténuer les brûlures de l'horreur Intercepter les balles bleues D'âmes froides et invisibles Alors que les voix de l'isolement Comme les voix de la crainte Cognent à mes tempes Inlassablement Sans oracle Je quitte le syndrome Au sommet de la courbe À travers le bruit blanc Je m’immisce loi normale Dans le tableau d’une femme éperdue Ce n'était que la mort d'un cartésien - 76 -


Et la renaissance d’un poète Comment puis-je dormir seul Les yeux perdus dans les siens L’élue est une fleur Couverte de pollen Sous le nombril du monde Qui porte tant de respirations animales Donne-moi ta main Pour m’agripper à ce que j’ai tant rêvé Et ton cœur Pour rejoindre les maléfices De la papesse de l’amour Ici en embuscade la peste jalouse Comme les compteurs d’eaux usées Guettent la moindre libellule Pour se déposer sur sa fébrilité Pour la voir disparaître sous terre Et alimenter les piliers du tombeau Seules survivent les vieilles souches Et les harpies javellisées à l’eau de Cologne Comme a écrit Beaumarchais Forum forum forum « Chose faible et décevante Nul esprit créé ne peut manquer à son instinct Le tien est-il donc de me tromper »

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La gardienne Elle se lève à l’aube Que devient sa vieille berceuse Est-ce qu'elle pourra encore la murmurer Dans sa pauvre loge Le soir venu Comment vit-elle Si elle vit Et le balai se hâte vers elle Une fois encore Le manche battant Sombre une volée d’escalier Se déplace lentement contre le plafond En bas sur le palier La poussière vole Dans un mouvement lent Face à un troupeau insolent Où il n'y a plus personne pour elle Où des noms d’oiseaux Recouvrent ses plinthes électriques Comme il est vivant ce souvenir D'être dans l'écume de l'amour Au pied du phare de ma jeunesse Toujours debout Après tant d’épreuves et de saisons - 78 -


Un sourire éclaire son visage Quand elle me voit C’est l’heure Qu’as-tu écrit cette nuit Une scène ordinaire d’une femme Gardienne de mes rêves Elle est pour toi

Let it be L'homme est-il un grand angoissé Cesser d'être affable Ne signifie pas Devenir désagréable C’est de la lucidité On ne contemple plus la lune On la décroche - 79 -


Et si elle venait seulement ici À l’ombre de mon péché Parce que j’ai peur de mourir J'ai sanctifié le feu à ce corps céleste Il me reste l’essentiel La conscience et la sensualité Il est beau comme la couleur du cri Avec des soupirs de contrition L’acte s’allonge sans se faire prier Pour célébrer le chant du cygne Entre les ailes d'une libellule Au cœur du foyer Le ciel c’est découvert Renversée La vapeur d'eau s'invite Trempe son hameçon Dans la flache nocturne Le pécheur suit son destin La fuite effrayée du poisson-lune Sous la lueur du néant L'œuvre démultipliée Brille dans la gravité amoureuse

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Jalon de vie Elle était comme une chimère Que l'on avait enfermée Longtemps elle fut comme invisible Flirtant le fond des limbes Mais j'ai entendu l'âge d'airain Parler à voix basse de son mystère Le mystère de la muse d'argent Dans cette oraison d'éclat blanc J'entrevoie personne m'entendre Et récolte en silence ses étincelles Ses yeux à la poésie captive Poète si tu veux m'atteindre Délivre moi la formule consacrée Implore ma langue de chimère Car elle se pend chaque jour À l'arbre en fer Pour y forger un poème Tout finit un jour par naître Par mourir quelque part La nature des choses est ainsi Seules ses marges d'argent Sans ailes ni destinations Nous dévoilent l'essentiel de sa vie Qu'il est sans doute inutile D'exiger de quérir la vérité - 81 -


Le soi est un secret sublime Au milieu de milliers Et une grande indigence Ne peut être exposée Restons dans le secret Et prenons nous la main Pour ne pas se perdre

« Si tu ne repasses pas je ne serais pas froissé. »

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Au jardin céleste La poésie débute là Où l’amour a le premier mot Au jardin céleste Elle a peint le contour d’une île Semblable à mon corps Et une bulle dans l’éther Avec une couche immense de duvet Et au cœur la plume du cygne Blottie au fond Elle a jeté le tempo Pour m’aimer à chaque écho Pour me voir déambuler nu Sur les donjons de sa mélodie Le soleil nous tire le nez Le vent a repris son murmure L’amour finit là Où la poésie a le premier mot

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Le labyrinthe d'un Califat Un couple de squelettes Vieux de quatre siècles Retrouvé main dans la main Dans un cimetière Me prouve que l’amour Est plus fort que la mort Atavisme ou réalité barbare Interprétation erronée La hache à double tranchant Un vieux symbole Crétois En rapport avec une déité Dont le culte était très fort Fut l'arme avec laquelle un dieu Que les Grecs allaient appeler Arès-Dionysos Ouvrit le premier labyrinthe Ce chemin qu'il ouvre Après avoir marché en rond Des jours durant Sur lequel il s'éclaire peu à peu Taillant l'obscurité Et s’ouvrant un sillon avec sa hache On l'appelle « Labyrinthe » Il a trouvé le centre du chemin Il est parvenu à la lumière Et jusqu'à lui-même

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Deux millénaires plus tard Sous le règne d’un Califat Déterré de son sens Cette hache reçoit le nom De Jund Al-Khalifa Et tant d’autres Où les ténèbres est sa brillance Veut forger le monde À ses lois Barbares et obscures Ce chemin qu'il ouvre De terreur au-dedans La répand au dehors Sur lequel il tue peu à peu Il a trouvé le cœur du monde Il est parvenu à l’ignominie Et jusqu'à lui-même Le mythe renaît avec fureur Sur un tapis de sang Mais les cloches sonnent Par-delà les montagnes Plus forts encore Que la horde sauvage Et je suis là j’écris cela Le cœur serré Son village et nous avec lui Recueillons l’amour La seule issue Pour apaiser espérer - 85 -


Aire d’inhumanité à l’humain Je l’avoue sans me confesser J’ai détaché tous les mots des prières Je ne suis pas croyant Pour me cacher derrière un voile de fumée Échapper à mes responsabilités Effacer mes erreurs Et sauver mon âme Toutes ces chairs mutilées Égorgées et brûlées Ont fait agoniser ma foi en Dieu Il me reste le recueillement Qui vaut mieux que la vengeance Mais habite dans ma chair encore libre L’action qui vaut mieux que le recueillement Je l’avoue sans me pardonner Je ne vais pas courir sur les cendres Je n’en n’ai ni la force ni le courage Il me reste ce que l’on m’a appris Ce que je ressens et ma lucidité Ne t’indigne pas Pleure Pleure jusqu’à la rivière Pleure rejoindre la mer Et pars convaincre librement Avec ta foi métabolique nécessaire Pour affronter le pire La terreur et la violence Au travers de la poésie - 86 -


Libère tes larmes Au travers de ces regards Animés d’inhumanité Pour noyer les monstres qui les habitent Libère ton arme Sans imposer tes idées ni ton autorité Pour pardonner ce qui est pardonnable Garde tes mains conscientes Et ton âme comme un trésor Tu en auras un jour bien besoin Quand ton cœur sera prêt à déborder Garde-toi comme un espoir Tant que tu respiras Pour qu’il brille dans les yeux De tous ses enfants au cœur mutilé Au cerveau lavé Par des larmes si sèchent Et écrit encore chante Les berceuses restent Ne pleure pas Ne pleure pas petit orphelin Garde espoir Même si tu es malheureux La vie n’est pas une souffrance La vie n’est pas celle que l’on t’a fait croire La vie n’est pas d’enlever la vie La vie d’un enfant qui ne pense pas comme toi La vie c’est vivre sans armes à la main Avec la main de l’autre dans la sienne - 87 -


Avec nos différences La différence est ta nourriture La nourriture de ton bien être et de ton avenir La liberté est avec toi Elle t’accompagne Il te faudra du temps pour oublier Mais le temps t’attendait Pour reconstruire ce monde Ce monde qui t’aime Et que tu aimeras

« Contrairement à la beauté l’horreur se voit toujours à l’œil nu. »

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Forum À travers le lin Visage blafard Je me suis échappé Dans le tableau d’un homme pendu Ce n'était que la mort d'un poète Et la naissance d’un cartésien Comment puis-je dormir au soleil Les yeux fixant le fond de la nuit Et me voilà de retour Au milieu de ce forum alvéolaire Sur lequel jadis je m’envolais Et savourais le miel de l’échange Aréopage de plus en plus chagrin Où l’affluence des plumes anciennes se meurent Où le duvet se froisse Où l’eau déserte les chantepleures Où les fontaines aboient et pleurent Des vers dévers et revers De sel amer de vases et d’égouts Si je reste Dis-moi combien de temps Pourrai-je être un rempart Protégeant des béotiens Combien de temps pourrai-je Atténuer les brûlures de l'horreur Intercepter les balles bleues D'âmes froides et invisibles Alors que les voix de l'isolement - 89 -


Comme les voix de la crainte Cognent à mes tempes Inlassablement Sans oracle Je quitte le syndrome Au sommet de la courbe À travers le bruit blanc Je m’immisce loi normale Dans le tableau d’une femme éperdue Ce n'était que la mort d'un cartésien Et la renaissance d’un poète Comment puis-je dormir seul Les yeux perdus dans les siens L’élue est une fleur Couverte de pollen Sous le nombril du monde Qui porte tant de respirations animales Donne-moi ta main Pour m’agripper à ce que j’ai tant rêvé Et ton cœur Pour rejoindre les maléfices De la papesse de l’amour Ici en embuscade la peste jalouse Comme les compteurs d’eaux usées Guettent la moindre libellule Pour se déposer sur sa fébrilité Pour la voir disparaître sous terre Et alimenter les piliers du tombeau - 90 -


Seules survivent les vieilles souches Et les harpies javellisées à l’eau de Cologne Comme a écrit Beaumarchais Forum forum forum Chose faible et décevante Nul esprit créé ne peut manquer à son instinct Le tien est-il donc de me tromper

« Tous les sourires valent de l'or si on sait encaisser. »

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Pansement Entre Bella Akhmadoulina Et le sourire imprécis de mon âme Erre là-bas dans l’oubli le lointain De cette patrie dont l’erreur singulière M’offre l’étrangeté de la terre et des mots Je vais commencer par la fin Et dire qu’ici tout va bien Continuer avec le funeste qui fâche Et dire qu’ici tout se cache La poésie est ma langue maternelle Naïve amoureuse Engagée positive Festive généreuse Passionnée interrogative Comme le temps qui nous couvre Comme la vie qui nous découvre Comme la mort qui nous recouvre La poésie est la fange du monde éternelle Le machiavélisme est une langue morte Trompeuse aliénable Insinuante fielleuse Tricheuse incapable Encombrante nébuleuse Comme l’avenir qui nous braque Comme le travail qui nous plaque Comme l’impôt qui nous traque Le machiavélisme est une feuille-morte - 92 -


Depuis un toit sans toi Je balance la rime vers un autre monde Il est nécessaire de vivre simplement D'oublier sa faiblesse dans le sourire D'une larme d'un cri De pouvoir ainsi s'endormir Et surfer sur l'inconnu La poésie est la fange du monde éternelle Le témoin de la plante des pieds D'opprimés de fantassins d'exilés Parcourant la couche d'ozone Dans l'innocence de l'inconscient S'enfilant par les trous béants de l'univers Respirer une seconde d’éternité Le machiavélisme est une feuille-morte Le terrassier de nos paysages et brasiers Au travers du regard de l’affamé de la rue Cherchant ardemment un coin de paradis Un wagon de vieilles chaussures N’atteindra qu’un repos misérable Sans-dents et pieds liés au rail de l’enfer Le saut dans l'inconnu N'est pas synonyme de peur Et de repli Mais d'ouverture et d'amour Écrivons

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Écho d'une petite nature Sous le prisme Tout le monde l'entend Elle a valsé tout l’été Chaque matin entre les colonnes Elle a visité mon symposium L’Écho solitaire et éphémère Où en elle seul le son serait vivant S'est nourrie de confiture De fruit tortueux du Mont Hélicon Et de mûres de la forêt noire Si profondément dans le pot en terre Que toutes ses idées Accédaient à peine à la lumière À l'extirper du refuge édulcoré Qu’elle avait tout ce temps suggéré Elle et ses âmes jalouses En robe des champs Vous avez mûri maintenant Et ses sillons ont ressenti le changement Ils se sont refroidis Étrange climat Comme ces familiers boulevards des airs Se désagrègent désormais Le bon entendeur des airs ne résistera pas Tous éclateront d'un bruit sourd Tous succomberont sous le froid

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D'ores et déjà L’Écho s’enfonce dans le néant Et dans la désespérance Le remords de l'amour Narcisse n’aime que lui C’est le retour de l’automne Où l’idée de chacun Est une réitération sans fin De la vie sur terre

« La modestie c'est la housse du talent. »

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Toile vierge de tout soupçon La lampe est sombre Au-delà de notre horizon Libérons le geste de l’idée Et ses ondes amoureuses Derrière la toile immaculée Une voix claire murmure « Je ne suis pas encore femme » J’écarte le chevalet Au large des îles Hermite Cœur bondissant Beauté diaphane L’immersion s'engage Chair languissante Les yeux chargés d’innocences De nuits blanches et obscures Aréoles brunes et gonflées Sirénien des courants chauds Je me délecte Comme les lèvres d’un nouveau-né Sur le sein de sa nourrice Muqueuses aux algues pacifiques Enfant de cœur excommunié Mon cierge tempête Comme le phare du Cap-Horn S’agrippe à la terre de feu Pour cultiver ses naufrages - 96 -


À cet instant N’a-t-elle pas déposé sa langue Sur mon âme aventureuse Au bord de ce magma sous-marin Je vois le sang battre l’épiderme Où la terre inverse l’aimant La femme est l’homme J’embrasse sa fleur marine Au travers ses sucs Tracés de sel Et mon ancre cisèle La lave de son gouvernail Et sculpte un hippocampe Sur ses épaules nues Mon amour Abandonne cette toile Au lieu d’adorer Dieu Pendant toute ta vie Le pinceau du zéphyr te submergera Encore et encore L’air de rien Elle me griffe le dos Comme acte consommé Et la toile est partie au Chili À cet instant N’a-t-elle pas déposé son amour Sur mon âme rêveuse - 97 -


En este instante À cet instant No depositó su lengua N’a-t-elle pas déposé sa langue Sobre mi alma aventurada Sur mon âme aventureuse Y la tela se fue a Chile Et la toile est partie au Chili En este instante À cet instant No depositó su amor N’a-t-elle pas déposé son amour Sobre mi alma soñadora Sur mon âme rêveuse

« La poésie est le fer de nos traits d'unions. »

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ラブ Amour Elle est belle Comme la couleur du cri Encore fleurie

« L’air doit frapper à toutes les fenêtres avant de parvenir à s’échapper quant à l’amour … »

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Titre des poèmes recueil 8 (Période 2014)

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Remerciements Je tiens à remercier en particulier ma famille Et tant d'autres La vie

www.jamespx.com Image de couverture : Jaya Suberg - James Perroux

A comme Amour Poèmes Recueil 1

Copyright numéro 00051199-1 Tous droits réservés Reproduction interdite sans autorisation de l’auteur



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