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PRIX public : 3 500 F CFA | Zone europe : 4.0 € | Maroc : 45 dh

N° 15 • juillet-août-septembre 2015

focus

Brahim Benjelloun Touimi

business case

Administrateur et d.g du groupe BMCE Bank of Africa

‘‘ Notre ambition, faire émerger un leader panafricain de la banque d’affaires ’’

la pmi, clef de l’émergence économique 64-70



Le Maroc à la manœuvre… Une fois n’est pas coutume, nous consacrons le Business Case de ce numéro à Poudrox, une entreprise industrielle dédiée à la peinture industrielle en poudre. Aux commandes, une femme de «tête» ingénieure chimiste qui a réussi à s’imposer dans un milieu plutôt masculin. Avec opiniâtreté et pédagogie, elle parvint à surmonter les résistances du marché et à imposer ses innovations, voire à créer de nouveaux marchés. Mais l’intérêt de cette expérience que nous partageons avec vous réside dans le fait que la PME est un des leviers essentiels de développement du continent. Quand on évoque cette catégorie d’entreprises on oublie trop souvent de citer les PMI, dont industrielles, qui plus que les autres auront la capacité de créer les emplois dont notre jeunesse a besoin.

Alioune GUEYE

La sécurité alimentaire est une préoccupation cruciale et l’Afrique détient quelques clés pour nourrir la planète.

Le Dossier que nous proposons pour ce numéro revient sur le «Symphos», symposium annuel dédié aux phosphates. L’occasion de souligner à quel point la sécurité alimentaire est une préoccupation cruciale et que l’Afrique détient quelques clés pour nourrir la planète. Cela passera sans doute par une meilleure appropriation des outils et techniques au service de l’agriculture, mais surtout par la complémentarité des terres arables africaines et des engrais marocains. Le Focus, quant à lui, aborde une question rarement traitée en Afrique : celle des think tanks. Cette réalité plutôt anglo-saxonne peine encore à se développer en francophonie. Or plus que jamais les décideurs ont besoin d’agir en hommes de pensée, tout comme ces cercles de réflexion devraient se mettre à la place des hommes d’action. Mais pour aller au-delà de simples espaces de réflexion, les think tanks gagneraient à se convertir en «DO Tank» afin que les recommandations se traduisent en décisions palpables avec un impact réel sur le terrain. C’est à ce prix qu’ils parviendront à gagner en légitimité et à être plus attractifs à l’avenir. Brahim Benjelloun Touimi, administrateur et directeur général exécutif de BMCE Bank of Africa, dans le «Grand entretien» qu’il nous a accordé a non seulement abordé les questions bancaires, mais partagé la vision de la BMCE Bank et ses grandes orientations pour les prochaines années ainsi que sa stratégie pour être un acteur de transformation du continent. Il revient notamment sur le rôle que la banque devrait avoir en termes d’accompagnement de la PME, le prix de l’entrepreneuriat annoncé par le président de la banque Othman Benjelloun au Global Entrepreneurship Summit de Marrakech, ainsi que sur les motivations qui ont poussé la BMCE Bank à ouvrir un bureau en Chine. LA BMCE Bank of Africa apparait donc comme une banque panafricaine, mais aussi une banque trait d’union entre le reste du monde et l’Afrique. 

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PUBLICATION TRIMESTRIELLE N°15 | Juillet - Août - Septembre 2015

Le Magazine de l’Afrique en mouvement en couverture

Directeur de la publication Alioune Gueye agueye@africanbusinessjournal.info Rédacteur en chef Elimane Sembène esembene@africanbusinessjournal.info Secrétaire de rédaction Saloua El Hachami Rédaction centrale (Maroc) Baye Sakho, Moussa Camara, Babacar Seck, Elimane Sembène Correspondants Maimouna Dia Ndour (Sénégal), Bachir Sylla (Guinée Conakry), Fortuné Sossa (Bénin), Sylvio Combey (Togo), Essouma Cathy Corinne (Cameroun), Jean Bosco Nzosaba (Burundi), Julie Ilondo (Afrique du Sud), Boureima Balima (Niger), Carmen Soraya Merheb (Côte d'Ivoire), Albert-Baudouin Twizeyimana (Rwanda) Correcteur Narcisse Laamrani Maquette Insolite Communication contact@insolite-communication.com +212 665 24 05 48 Photos Laurent Laveille (ABJ) AFP Editeur Afrique Challenge 11, Cité Air France, Ouest Foire , Dakar Tél: +221 33 820 74 44 Fax: +221 33 820 74 46 abj@lafriquequiose.com Abonnement & Publicité Ibrahima Thiam Mob.: +212 668 69 73 19 Bur.: +212 522 36 04 18/20 it@regienordsud.com

think tanks

Cercles d’influence ou simples boîtes à idées ? Ce n’est point un mystère. Les think tanks sont de plus en plus en vogue, à l’échelle internationale. Dans son dernier rapport «Global Go To Think Tank Index (GGTTI)», l’Université de Pennsylvanie nous révèle qu’il en existait en 2014, quelque 6.618 dans le monde, dont 1.939 en Amérique du Nord, 1.822 en Europe, 1.106 en Asie, 674 en Amérique du Sud et du Centre. L’Afrique aussi connait ce phénomène. Elle a pris le train en marche. Sur les 6.618, 647 se trouvent dans le continent. Quels sont les principaux objectifs de ces think tanks ? Exercent-ils une réelle influence auprès des décideurs du continent ? Qui les finance ? Qui est-ce qui explique la prédominance des think tanks anglophones sur les cercles de réflexion francophones ? Nous avons essayé de répondre à ces différentes interrogations dans ce focus qui scrute à la loupe «ces laboratoires à idées» qui confectionnent, parfois, les stratégies actuelles et futures.

46-61

> Sur le fil 04 > La SID consacrera 30% de ses investissements à l’Afrique d’ici 5 ans

> Égypte: Lancement d’un fonds souverain pour soutenir le développement économique  > Cap-Vert: Le nombre d’abonnés au mobile dépasse la population de l’archipel  > Textile : Possible hausse des exportations africaines vers les États-Unis 06 > Emploi: Everjobs entame ses activités au Sénégal  > Investissements /Agrobusiness: Un rapport plébiscite la Côte d’Ivoire  > Kenya: Une application mobile pour mieux choisir les semences 07 > Croissance verte : Création de la 1re  Académie du solaire en Afrique  >Technologie: Construction d’un parc technologique au Ghana  > Côte d’Ivoire : Lancement du premier kiosque à journaux mobile en Afrique

> Conjoncture

Périmètre de distribution Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée, Equatoriale, Tchad, RDC, Maroc, Tunisie, Algérie, Mauritanie, France, Belgique, Suisse ISSN : 2230-1933 Impression Imprimerie OKAD EL JADIDA 5, avenue Hassan II. Quartier industriel Vita 10050 Rabat- Maroc Tél. : +212 537 79 69 70/71/73 Fax: +212 537 79 85 56 Email: okad@menara.ma Copyright © ABJ - La reproduction, même partielle, des articles et illustrations de ABJ est strictement interdite, sauf avec l’accord de l'éditeur. Ce numéro a été tiré à 20 000 exemplaires.

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08 > Rapport Africa Attractiveness Survey 2015 :

L’Afrique, deuxième plus grand destinataire des IDE

10 > Prévisions : Moody’s optimiste pour l’Afrique subsaharienne 11 > Infrastructures : Les États, 2e investisseur sur le continent 12 > Production d’or au Sénégal : Une aubaine pour la bijouterie locale 14 > Guinée : Veolia décroche le marché de gestion d’EDG 16 > Industrie: Le coltan très convoité au Burundi 18 > Production : Les femmes s’investissent dans le Café au Cameroun 19 > Afrique du Sud : Plaidoyer pour l’accès au financement pour les femmes noires 20 > Sénégal : Le défi de l’accès au financement des PME


> Perspectives

> Focus 46 > Think Tanks : Cercles d'influence ou

24 > Intégration régionale : Vingt-six pays

africains lancent un marché commun «du Cap au Caire» 25 > Électrification rurale et assainissement: L’ONEE signe des conventions au Sénégal et en Guinée Bissau 26 > Rapport sur la compétitivité en Afrique en 2015 : Développer les services et industrialiser l’agriculture 28 > Classement «Cities of opportunity Africa»: L’ Afrique subsaharienne, une région prometteuse pour les investisseurs 30 > Burundi : Afritextile naît sur les ruines de l’ex-fleuron de l’industrie textile 32  > Textile: La cotonnière industrielle du Cameroun en pleine restructuration 33 > Cameroun: Le fer et l'aluminium, des atouts pour la croissance 34 > Riz local : Le Sénégal dégaine sa stratégie pour l’autosuffisance

simples boîte à idées 48 > Global Go To Think Tank Index : Les think tanks à la loupe 50 > Classement régional : Les think tanks anglophones dirigent les débats 52 > Entretien avec Isidore Kpotufe, Responsable d’Imani-Francophone 54 > Projets think tanks : De la théorie, à la pratique… 56 > Entretien avec Diakalia Sanogo , Spécialiste de programme principal à Initiative Think tank (ITT) 58 >Ressources financières : Qui finance les think tanks ? 60 > Entretien avec Georges Vivien Houngbonon, Directeur de publication de «L'Afrique des idées»

> Entreprenariat Social 88 > Townships : Les commerçants étrangers révèlent leur «secret»

90 > Burundi : Le palmier à huile ou la vache laitière du littoral du lac Tanganyika

92 > Sénégal : Des bourses pour favoriser l’équité sociale

> Santé & Entreprise

> Bloc-Notes 62 > Ni Afroptimiste, ni afro-pessimiste, juste afro-réaliste

> Business Case

94 > Prévention : Des plantes contre les inflammations et douleurs articulaires

> Innovations 96 > TIC au Togo : La gent féminine prend «sa revanche»

97 > Des instituts de tech font la cour aux jeunes filles

97 > Entretien avec Nadège Afoutou, prési-

> Banques & Finances

dente de l’association éducation citoyenneté et changement (E2C)

> Green Business 64 > Poudrox Industries:

La PMI, clef de l’émergence économique

66 > Hausse des chiffres d’affaires : Les raisons d’une embellie

68 > Recherches et Développement (R&D): Innover pour s’accroitre

69 > Logistique, financement et concur36 > Banques: Attijariwafa  bank  détient

75 % du capital de la Société ivoirienne de banque 37 > Investissements : FinanceCom et Saham s’allient pour se développer en Afrique 38 > Banques : Standard Bank révise sa stratégie en Afrique francophone

> Grand Entretien

rence «déloyale» : Principales entraves

70 > Afrique : Futur marché de Poudrox

> Dossier 72 > Symphos 2015 : L’innovation, un tremplin pour agriculture durable

74 > Entretien avec Pr Amadou Hamadou

Babana, Microbiologiste à l’Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako 76 > Semences : Pour un meilleur accès des petits agriculteurs aux engrais abordables

> Avis d'expert 80 > Vous avez dit coaching ?Par Philippe

Beaujean Associé - Senior Business Consultant à PhB Conseillers

> Cahiers du manager 82 > TPAM : Un modèle de management 40 > Entretien avec Brahim Benjelloun

Touimi, Administrateur et directeur général du groupe BMCE Bank of Africa: «Notre ambition, faire émerger un leader panafricain de la banque d’affaires»

100% africain est né, Khalid Limamy est professeur à l’Université Mohammed V Rabat, et à la Faculté des sciences de l’éducation. Cofondateur de la Communauté des praticiens et chercheurs en management des organisations

102 > SARA 2015 : La Côte d’Ivoire agricole remise en selle 104 > Développement durable : Les énergies renouvelables, un tremplin pour une meilleure croissance en Afrique 106 > Environnement : Le Sénégal s’outille contre les sachets plastiques

> Livres du trimestre 108 > • L’économie du Sénégal, les 5 défis d’un demi-siècle de croissance atone de Moustapha Kassé; • Education et Croissance en Afrique: une Analyse Comparative des Pays Anglophones Francophones et Maghrébins de Doudjidingao Antoine; • Économie politique des investissements directs de la Chine en Afrique de Georges Courade; • L’Afrique, est-elle si bien partie ? de Sylvie Brunel

> Post-Scriptum 110 > De l’urgence d’une intégration

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sur le fil Investissement

La SID consacrera 30% de ses investissements à l’Afrique d’ici 5 ans La Société islamique pour le développement du secteur privé (SID), filiale de la Banque islamique de développement (BID), a annoncé qu’elle consacrerait 30% de ses financements au continent africain d’ici 5 ans contre 13% actuellement. Khaled Al-Aboodi, directeur général de la SID, a fait l’annonce lors de l’assemblée générale de la BID qui s’est déroulée mi-juin à Maputo au Mozambique. La SID prévoit, en outre, d’augmenter son capital de 2 à 4 milliards de dollars pour accroitre ses investissements dans 52 pays musulmans. 

Égypte Lancement d’un fonds souverain

pour soutenir le développement économique

Le gouvernement égyptien a indiqué, mi-juin, qu’il prévoyait de lancer un fonds souverain baptisé «Amlak» pour soutenir le développement économique du pays. Ce fonds sera développé et géré par la banque publique National Investment Bank. Selon le ministre de la Planification, Ashraf-El-Araby, «l'objectif est de mettre en place un fonds d'investissement hautement efficace qui sera en mesure d’investir dans des mégaprojets, aux côtés des institutions financières et des fonds souverains arabes et internationaux». Dans un communiqué, le gouvernement indique que ce fonds «agira comme un bras financier de l’État en vue d’encourager la diversification et de soutenir le développement économique et social durable». 

Cap-Vert Le nombre d’abonnés au mobile dépasse la population de l’archipel 613.000, c’est le nombre d’abonnés au mobile au Cap-Vert en 2014, soit une hausse de 18% par rapport à 2013, d’après les statistiques de l’Agence nationale des communications (ANAC). Un chiffre qui est supérieur à l’effectif de la population totale de l’archipel estimé à 538.535 habitants en 2014. Le taux de pénétration du mobile a atteint la barre des 118,13%. Cette situation est due au nombre élevé de propriétaires de plusieurs cartes SIM. «Le nombre d’abonnés sur le marché du Cap-Vert a montré une tendance haussière, poussée par une meilleure politique tarifaire et diverses promotions menées par les opérateurs télécoms et par la mobilité que leurs services offrent aussi bien sur la voix que dans la data», explique l’ANAC.

Textile

Possible hausse des exportations africaines vers les États-Unis D’après Gail Strickler, responsable de la branche textiles et habillement au département américain du Commerce, les exportations africaines de textiles et d’habillement en direction des États-Unis pourraient atteindre 4 milliards de dollars dans les dix prochaines années si le programme Africa Growth and Opportunity Act (AGOA) est reconduit. «L'AGOA devrait être reconduit incessamment, et l’Afrique devrait être en mesure de quadrupler ses exportations de produits textiles vers les États-Unis sans beaucoup de difficultés, ce qui permettra de créer 500.000 nouveaux emplois dans le secteur», encourage-t-il. La valeur des exportations textiles et habillement des pays d’Afrique subsaharienne membres de ce programme ont atteint 986 millions de dollars en 2014, soit une hausse de 6% par rapport à 2013. L’AGOA, adopté en 2000 par le Congrès américain, exempte de droits de douane plus de 70% des produits en provenance d’Afrique subsaharienne. Ce programme expirera le 30 septembre 2015. L'administration américaine a demandé au Congrès de le reconduire pour dix années supplémentaires. 

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Š photo D.R

sur le fil


sur le fil Emploi

Everjobs entame ses activités au Sénégal

© D.R.

Le portail de recrutement en ligne Everjobs a officiellement lancé ses activités au Sénégal, lors d’une conférence de presse organisée mijuin à Dakar. Son objectif : mettre en relation les recruteurs et les chercheurs d’emplois à travers sa plateforme numérique. «Notre ambition est de faciliter la croissance du marché du travail sénégalais en relevant ces défis qui permettront aux employeurs comme aux candidats de gagner un temps précieux. Notre mission est de promouvoir la transparence sur le marché du travail au Sénégal», a indiqué Éric Lauer, cofondateur et directeur général d’Everjobs en Afrique. Lancé en mars 2015, ce portail est déjà présent en Côte d’Ivoire, au Cameroun et en Ouganda. «Everjobs a pour ambition de devenir la plateforme de recrutement panafricaine de référence», précise l’entreprise.

NEWS

La Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Nigéria, le Rwanda et le Botswana sont les États susceptibles d’offrir les meilleurs retours sur investissement dans le secteur agricole. C’est ce que révèle un récent rapport du cabinet Linklaters intitulé «Agribusiness Investment Matrix Africa» (AIM Africa). Il s’est basé sur quatre critères pour établir ce classement sur échantillon de 21 pays d’Afrique subsaharienne : l’attractivité, le cadre règlementaire, l’environnement et les infrastructures du secteur. 

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Kenya Une application mobile pour mieux choisir les semences © D.R.

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Investissements / Agrobusiness Un rapport plébiscite la Côte d’Ivoire

Un jeune développeur kenyan de 25 ans a lancé l’application  mobile «MbeguChoice» qui fournit des informations aux agriculteurs sur les variétés de semences les plus adaptées aux conditions météorologiques changeantes que connaît le Kenya, en particulier sur le degré de tolérance à la sécheresse des différentes semences et l’altitude idéale pour la culture de chacune d’entre elles. Selon l’agence Reuters, plus de la moitié des 44 millions de Kényans ont accès au téléphone, tandis que l’agriculture occupe plus de 70% de la population active. 


sur le fil

Croissance verte

L’initiative Akon Lighting Africa envisage de créer, cet été au Mali, la première Académie du solaire en Afrique. Ce centre dispensera des formations professionnelles à tous les Africains qui veulent s’investir dans l’industrie du solaire dans le continent. Ce projet sera mis sur pied en collaboration avec l’entreprise Solektra International et des experts européens qui fourniront les équipements et assureront le programme de formation. «Nous avons le soleil, nous avons des technologies innovantes pour l’électrification domestique et collective ; ce qu’il faut renforcer à présent, ce sont les compétences africaines. C’est la mission que l’on se donne. Nous faisons plus qu’investir dans l’énergie propre : nous investissons dans le capital humain. Nous pouvons accélérer la transformation de notre continent à condition de former maintenant des générations d’ingé-

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Création de la 1re  Académie du solaire en Afrique

nieurs, de techniciens et d’entrepreneurs africains qualifiés», constate Samba Bathily, l’un des fondateurs de ce programme. Ce projet lancé par le chanteur sénégalais Akon ambitionne d’électrifier des zones

Le Ghana et l’île Maurice ont signé, le 5 juin, un mémorandum d’entente pour la construction d’un parc technologique à Accra et qui sera similaire à la Cybercité Ébène construite en île Maurice. Cette infrastructure permettra au Ghana de concentrer ses talents dans les technologies de l'information et de la communication en une sphère. Ce sera également un espace où les multinationales spécialisées dans les TIC pourront déposer leurs valises et s’y installer ultérieurement. 

Côte d’Ivoire Lancement du premier kiosque à journaux mobile en Afrique © D.R.

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Technologie Construction d’un parc technologique au Ghana

rurales de dix pays d’Afrique subsaharienne : le Sénégal, le Burkina Faso, le Congo, le Côte d’Ivoire, le Gabon, la Gambie, la Guinée, la Guinée Équatoriale, le Mali et le Bénin. 

La Côte d’Ivoire a lancé fin mai une plateforme numérique de vente de journaux dénommée «Ekiosk». C’est un kiosque en ligne accessible depuis les Smartphones et les tablettes. Les utilisateurs qui téléchargent l’application via Windows, Apple Store ou Android pourront avoir accès à plus de 500 journaux ivoiriens en format PDF publiés sur la plateforme à la veille de leur parution. C’est le premier kiosque à journaux mobile en Afrique. 

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Rapport Africa Attractiveness Survey 2015

L’Afrique, deuxième plus grand destinataire des IDE Les investissements directs à l’étranger en Afrique ont atteint 128 milliards de dollars en 2014, soit une hausse de 136 % sur un an. C’est une des révélations du rapport 2015 «Africa Attractiveness Survey-Making Choices» du cabinet Ernst & Young publié le 2 juin. Par Elimane Sembène

L’Afrique attire toujours les investisseurs internationaux. En témoignent les nombreux projets liés aux investissements directs à l’étranger (IDE) repérés dans le continent en 2014. Ces IDE ont atteint la barre des 128 milliards de dollars durant l’année écoulée, soit une progression de 136% sur un an, faisant de l’Afrique le deuxième plus grand destinataire d’IDE au monde en 2014, derrière l’Asie-Pacifique. Mieux, le nombre d’emplois générés par ces investissements a connu une hausse de 68% avec la création de 188.400 nouveaux postes. Seul bémol, la part de l’Afrique dans le nombre de projets d’IDE dans le monde a baissé de 8,4%, mais elle reste supérieure aux niveaux enregistrés avant 2008. L’Afrique du Nord rafle les investissements L’Afrique du Nord est la zone géographique qui a intéressé le plus les investisseurs, avec en tête l’Égypte avec plus de 61% des nombres de projets sur an et le Maroc (52%). Au total, la région a accueilli 22,2% de projets d’IDE de plus qu’en 2013. En 2014, elle a réceptionné 51,1% de l’ensemble des investissements

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étrangers en Afrique, loin de ses 19,1% en 2013. Cette tendance haussière a eu une incidence positive sur le nombre d’emplois créés par les IDE qui a plus que triplé pour atteindre les 80.000. En revanche, l’Afrique subsaharienne qui concentrait 81% des IDE en 2013, n’en a reçu que 49% en 2014, soit environ une baisse de 30%. Les principales économies comme l'Afrique du Sud, l'Angola, le Nigeria, le Ghana et le Kenya ont reçu moins de projets d'IDE qu'en 2013. Toutefois, note l’étude, la valeur moyenne de chaque projet dans la région a plus que doublé, passant de 67,8 millions de dollars en 2013 à 174,5 millions de dollars par projet en 2014. Le Mozambique (+88,2%) et l'Éthiopie (+47,1%) ont attiré le plus de flux croissants, souligne le rapport. La bonne nouvelle est que la valeur moyenne de chaque projet d’investissement de cette région a plus que doublé en passant de 67,8 millions de dollars en 2013 à 174,5 millions de dollars par projet en 2014. Ernst & Young précise que si l’on évalue les IDE dans le long terme, l’Afrique du Sud reste la destination la plus prisée en Afri-

que, car c’est le seul pays africain qui a attiré deux fois plus de projets d’IDE au cours des cinq dernières années. Montée en puissance des investissements intrafricains D’où proviennent ces IDE ? Ils sont majoritairement issus d’Europe de l’Ouest et des investissements intrafricains qui ont représenté la deuxième plus importante source de flux d’IDE en 2014, même si leur part en nombre de projets est estimée à 19,2% l’année dernière contrairement aux 24,5% en 2013. Ceci est le fruit des stratégies d’expansion panafricaine des groupes sud-africains, nigérians, kenyans et marocains, précise le rapport. Toutefois, les investisseurs traditionnels comme les États-Unis maintiennent le cap. Le pays de l’Oncle Sam a consenti le plus d’investissements en Afrique en 2014 avec 101 projets, soit 13,8% sur l’ensemble des projets d’IDE, contrairement au taux de 9,8% qu’il a enregistré en 2013. Les investisseurs sud-africains occupent la deuxième place avec 7,2% des projets d’IDE, ex aequo avec le


Improvement in Africa’s relative attractive

Royaume-Uni dont les investissements ont connu une forte baisse. Viennent ensuite respectivement les Émirats arabes unis, la France, l’Allemagne (5,8% des investissements) et la Chine (4,4%). Ces investissements diffèrent selon les domaines d’activités. Les secteurs de l’immobilier, l’hôtellerie, et la construction ont été les plus attractifs, ils ont réceptionné 43,8% de la valeur du capital et favorisé 33,6% de création d’emplois. «En termes de nombre de projets d'IDE, les investisseurs continuent à consacrer la plus grande partie de leur activité à trois secteurs orientés vers les consommateurs : technologie, médias et télécommunications ; services financiers ; produits de consommation et commerce de détail. Un tiers (31%) des personnes ayant participé à l'enquête estime également que l'agriculture s'affirmera, au cours des deux prochaines années, comme un facteur de croissance essentiel en Afrique», indique le rapport. Vent d’optimisme chez les investisseurs internationaux Parallèlement, le cabinet Ersnt & Young a intégré dans ce rapport les résultats d’un sondage réalisé auprès de 500 chefs d’entreprises de 30 pays du monde, sur le potentiel du marché africain. Quelque 53% d’entre eux pensent que c’est un marché intéressant pour faire du business, soit une baisse de 7% de la perception par rapport à 2014, alors que 69% déclarent que l’Afrique est un continent intéressant pour faire des affaires au cours des prochaines années soit un recul de 4% par rapport à 2014. «Le changement

Markets more attractive than Africa

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Africa

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Respondents citing an improvement in Africa’s attractiveness as a place to do business Attractiveness over the past year

60% +4 points Change vs. 2013 survey

Attractiveness over the next three years

73%

+1 point

Change vs. 2013 survey

Source: EY’s 2014 Africa attractiveness survey (total respondents: 503).

de perception est le plus faible depuis que notre enquête existe. Cependant, il est important de ne pas exagérer cette détérioration. Globalement, une majorité de sondés avait une vision positive des progrès réalisés en Afrique au cours de l'année dernière et pense que l'attractivité du continent en tant que destination commerciale s'améliorera au cours des trois prochaines années», précise Ajen Sita, PDG d'Ernst & Young Africa. Toujours à l’en croire, «l'Afrique est toujours bien placée par rapport à d'autres régions, notamment parmi les sondés qui connaissent bien ce continent. En fait, les personnes interrogées qui exercent déjà des activités commerciales en Afrique restent majoritairement positives et classent une fois encore cette région comme la destination d'investissement la plus attractive au monde».

Pour attirer encore plus d’investissements, l’Afrique doit combattre l’instabilité politique qui constitue le premier obstacle, selon 54,6% des sondés, la corruption (26%), l’insécurité (21,9%), et le manque d’infrastructures (13,6%). Selon le cabinet britannique, en 2015 la croissance économique du continent affichera probablement son niveau le plus bas durant ces cinq dernières années à cause de l’impact de la baisse des prix du pétrole sur les économies du Nigéria et de l’Angola, l’assouplissement des prix d’autres matières premières, et la faible croissance de l’Afrique du Sud. Il n’empêche, au même moment l’Afrique subsaharienne affichera encore le deuxième taux de croissance le plus élevé au monde avec 22 économies qui enregistreront une croissance de 5% ou plus. 

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Prévisions

Moody’s optimiste pour l’Afrique subsaharienne

Par Baye Sakho

L’agence Moody’s a récemment indiqué que les perspectives étaient stables dans 13 parmi les 17 pays notés en Afrique subsaharienne, notamment au Sénégal et en Côte d’Ivoire.

© D.R.

Les bonnes notes obtenues de ces pays s’expliquent par l’importance des investissements dans les infrastructures, les gains de compétitivité obtenus grâce aux dépréciations des monnaies locales, la classe moyenne qui supporte de plus en plus la demande intérieure, et les réformes en cours. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire figurent dans ce lot. D’après l’agence, ils présentent des perspectives positives, avec un possible relèvement économique dans les deux ou trois prochaines années.

Les clignotants sont au vert dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. On pourrait ainsi résumer les résultats dévoilés fin mai 2015 par l’Agence de notation Moody’s. Sur les 17 États évalués, 13 présentent des perspectives stables. Seuls l’Angola et le Ghana ont obtenu des notes accompagnées de perspectives négatives du fait de la baisse de la croissance et de la détérioration des équilibres

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macro-économiques dues à la dépréciation des cours de matières premières. D’après Moody’s, l’Afrique subsaharienne devrait connaitre en 2015 une croissance qui oscillera entre 4,5 et 4,75%, soit la plus forte croissance au niveau mondial, après les pays en développement d’Asie avec une croissance de plus de 6,5% en moyenne. La croissance mondiale se situera à 3%.

Toutefois, Moody’s observe quelques pratiques qui pourraient ralentir cette croissance notamment la réduction des dépenses annoncées par des États pétroliers de l’Afrique subsaharienne au cours des derniers mois, au lendemain de la chute des revenus des hydrocarbures. «Nous constatons que les coupes sont réalisées principalement dans les dépenses en investissement et dans d'autres portefeuilles budgétaires où elles peuvent être réalisées sans exposer les gouvernements à des difficultés sociopolitiques immédiates», indiquent ses analystes. Pour contourner ces obstacles, l’agence de notation recommande aux gouvernements de réduire la subvention aux hydrocarbures et de préconiser l’efficacité énergétique. 


Infrastructures

Les États, 2e investisseur sur le continent

Par Babacar Seck

Les États africains sont les deuxièmes investisseurs dans les infrastructures en Afrique derrière les institutions financières publiques internationales. C’est ce que révèle l’étude «Africa Construction Trends» réalisée par le cabinet Deloitte.

Les investissements dans les infrastructures représentent une part importante dans le Budget des États africains. Mieux, ils sont passés de 7 à 22% entre 2013 et 2014, selon les résultats de l’étude «Africa Construction Trends» publiée par le cabinet Deloitte. Seules les institutions financières publiques internationales trônent en tête des investisseurs avec une participation estimée à 26%. Petite surprise, la Chine n’arrive qu’en cinquième position dans ce classement. Les investissements de l’Empire du Milieu sont passés de 10% en 2013 à 7% en 2014, soit une baisse de 3%. Qui est-ce qui explique cette régression ? «La Chine se contente de

financer et construire, dit-elle. À l’inverse, les partenaires nord-américains et européens fournissent aussi la maintenance et des services d’exploitation», explique Laurence Van Prooijen directrice des partenariats public-privé pour Deloitte en Afrique francophone. Les Chinois sont légèrement devancés par leurs concurrents américains dont les investissements s’élèvent à 10%, juste derrière le secteur privé (11%).

vestissements talonné de près par les énergies avec 39%. Des chiffres «qui reflètent les besoins prédominants sur le continent», d’après Laurence Prooijen. Ils sont suivis de loin par les infrastructures hydrauliques (5%), et celles liées à la santé et à l’éducation (2%). Au total, les investissements en direction de l’Afrique ont augmenté de 46,2% en 2014, pour atteindre les 325 milliards de dollars. 

L’étude s’est également penchée sur les investissements réalisés dans différents secteurs. Il en ressort que c’est celui des transports qui est le plus grand bénéficiaire avec 40% des in-

u  Qui

investi en Afrique ? Pourcentages de fonds par investissement en 2013 et 2014

Gouvernements Institutions financières Investisseurs privés africains USA Institutions financières africaines Chine Europe Emirats, Brésil et autres 5 En 2013

10

15

20

xxx

25

En 2014 Deloitte

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0

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Production d’or au Sénégal

Une aubaine pour la bijouterie locale

Par Maimouna Dia Ndour

Le Sénégal a intégré le club fermé des pays exportateurs d’or. Pour accompagner ce dynamisme, l’État travaille sur un nouveau Code minier. Plusieurs dispositions du texte sont profitables à l’industrie de la bijouterie. Les professionnels du secteur apprécient les efforts, mais attendent davantage de l’État.

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explique Moussa Niang, président de l’Association nationale des bijoutiers du Sénégal (ANBS).

Les quantités d’or exportées ne cessent de progresser et ont atteint les 9 tonnes en 2013.

Ce n’est qu’en 2009 que le Sénégal a entamé l’extraction de son or, mais le pays caracole aujourd’hui à la treizième place parmi 50 pays africains exportateurs. Les quantités exportées ne cessent de progresser et ont été de 9 tonnes en 2013. De quoi réjouir l’État sénégalais qui y trouve une excellente source de devise et

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un moyen de renforcer l’industrie de la bijouterie. Sous la houlette du Chef de l’État qui a annoncé en personne la mesure, un quota a été réservé au marché local sur chaque once d’or extraite. «Dès que le pays signe un contrat avec une société minière, un quota de l’exploitation est réservé à la bijouterie locale»,

Les bijoutiers mieux servis Ces derniers regroupés au sein de l’Association nationale des bijoutiers du Sénégal ont déjà signé un accord avec la compagnie minière Sabadola Gold Corporation pour récupérer leurs quotas. Ils comptent réitérer ce type d’accord avec toutes les sociétés minières en place ou attendues. Les réaménagements du secteur d’exploitation de l’or sont aussi à l’origine de la carte d’orpailleur réservée uniquement aux personnes autorisées à l’extraire. De même, l’ANBS a aujourd’hui droit à un comptoir national de l’or pour l’approvisionnement des bijoutiers. Ce qui n’empêche pas les particuliers de posséder leurs propres comptoirs de l’or. «Nous allons installer un comptoir de l’or à Kédougou et des comptoirs relais dans différentes localités», précise Ibra Gueye, président de la commission finance de l’ANBS. De telles dispositions sont plus en phase avec les attentes des bijoutiers et sont les préambules du nouveau Code minier qui a connu sa première mouture. En effet, ce dernier va simplifier le régime des carrières, l'exploitation minière et introduire le droit


Attentes et contraintes de la bijouterie locale Les maux de l’industrie de la bijouterie locale sont légion. Le système des quotas est bien apprécié, mais les bijoutiers veulent aussi un périmètre dédié à exploiter au même titre que les sociétés minières pour garantir leur approvisionnement. «L’État sénégalais devrait mettre en place plus de mécanismes pour aider la bijouterie locale», selon Khalifa Niang, expert et consultant de l’association. Et ce, via l’instauration d’espaces aménagés réservés à la commercialisation de l’or. Les professionnels du milieu soulignent également la nécessité d’avoir une maison d’outils. «Pour attaquer les marchés internationaux, il nous faut des outils, des machines dont les prix avoisinent les centaines de millions de F CFA. C’est à l’État d’aider à l’acquisition de ces outils», ajoute Moussa Niang. L’objectif est de produire des bijoux de très bonne qualité, afin de satisfaire la demande locale, de limiter l’importation de bijoux et de conquérir les marchés sous-régionaux et internationaux. Les bijoutiers réclament des infrastructures modernes et adaptées à une bijouterie locale qui excelle. Ils estiment que même si l’or est disponible, il faut aider les artisans à être compétitifs, à créer un label made in Sénégal, à faire émerger des PME fortes, génératrices d’emplois et de recettes fiscales. Enfin, ils insistent sur la nécessité de faciliter le déplacement des minerais sur le territoire. Aujourd’hui, la législation rend difficile la circulation de l’or brute ou du charbon sur le territoire national, alors que les frontières sont très poreuses et permettent facilement aux étrangers de les sortir.

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de superficie ainsi que le principe du partage de la production. Il a, de ce fait, satisfait quelques revendications des bijoutiers vieilles de 20 ans sans pour autant combler toutes les failles du secteur.

Un savoir-faire millénaire pour façonner l’or «Notre rêve est de faire du Sénégal un pays exportateur de bijoux». (photo Moussa Niang président de l’ANBS) Le Sénégal a une expertise mondialement reconnue en termes de fabrication de bijoux. Nombreux sont les pays qui cherchent à s’inspirer du modèle et du savoir-faire millénaire du pays en matière de fabrication de bijoux. Mais ce sont des connaissances à moderniser au risque de les perdre. De ce fait, les bijoutiers veulent une école de formation en bijouterie qui leur permettra de transmettre ces connaissances, cette expertise soigneusement conservée de génération en génération. Un musée dédié à la bijouterie sénégalaise serait également un outil efficace de confinement et de transmission de cette longue tradition de créativité. Les bijoutiers misent sur cet héritage pour faire du Sénégal un hub de la vente de l’or à forte valeur ajoutée. «Notre rêve est de faire du Sénégal un pays exportateur de bijoux», conclut le président de l’ANBS.

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Guinée

Veolia décroche le marché de gestion d’EDG

Par Bachir Sylla

Lors de la signature du contrat entre l’Etat guinéen et Véolia à Conakry.

La signature du contrat de 11,3 millions d’euros liant l’État guinéen à ce groupe français a eu lieu le 19 juin dernier, à Conakry, en présence du Président Alpha Condé et des représentants du groupe de la Banque mondiale qui pilote le projet d’amélioration de l’efficacité/redressement du secteur de l’électricité en Guinée. Conclu pour une durée de quatre ans, ce marché, dont l’attribution aura été reportée plusieurs fois à cause de l’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola qui sévit en Guinée, vise plusieurs objectifs. Il s’agira, selon le ministre de l’Énergie et de l’hydraulique, Cheick Taliby Sylla, qui s’exprimait au cours de la cérémonie de signature, de réhabiliter et d'étendre les infrastructures

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© A.F.P

Veolia, société française spécialisée dans la gestion de l’eau, des déchets et de l’énergie, présente dans les cinq continents, vient de décrocher le marché de la gestion de l’Électricité de Guinée (EDG), une société publique en plein redressement.

exploitées par EDG, d’améliorer la performance technique, commerciale et financière de cette société, de la restructurer et de moderniser son matériel d’exploitation et maintenance et de renforcer les compétences de son personnel. Tout cela devant se faire avec une implication des travailleurs d’EDG avec le concours et la mise en pratique de l’expertise de Veolia-Seureca. Contestations L’attribution du marché de gestion d’EDG à une entreprise étrangère (de surcroit française) a aussitôt suscité des grincements de dents chez certains travailleurs de la Guinéenne de l’électricité. Au nom d’un certain nationalisme outrancier. Mais pas

seulement. Ces derniers estiment que le groupe français va bénéficier d’un concours de circonstances favorables. En effet, Veolia prend le contrôle de la gestion d’EDG après le lancement, le 28 mai dernier, du premier groupe de 80 mégawatts du barrage hydroélectrique de Kaléta. De ce fait, elle va capitaliser les avantages qu’offre ce nouveau barrage à vocation sous-régionale, dont une partie de la production est destinée au Sénégal, à la Gambie et à la Guinée-Bissau dans le cadre du projet d’interconnexion de l’OMVG (Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie). Avec ses 240 mégawatts de puissance installée, Kaléta, construit par la société China Water Electric, grâce à un partenariat public-privé, pour un montant d’un peu plus de 500 millions de dollars (dont 125 millions représentent la participation de l’État guinéen dans ce projet), viendra s’ajouter au réseau hydroélectrique ancien du système interconnecté Samou-Garafiri-Kinkon. Ce qui pourrait aider à améliorer la desserte en électricité en Guinée, où le taux d’électrification était jusque-là de 10%, assez dérisoire par rapport à la demande et, surtout, au regard des potentialités de la Guinée en matière d’énergie. À leurs décharges, les responsables d’EDG avaient très souvent mis


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en avant le peu d’investissements dans le secteur électrique, pour expliquer la dégradation progressive des infrastructures de production, de transport et de distribution de l’énergie, ainsi que la chute vertigineuse de la trésorerie financière que cette entreprise publique a connue ces dernières années. Redorer le secteur de l’électricité Bien qu’ayant une expérience avérée dans la gestion du secteur de l’énergie, Veolia devra toutefois batailler dur pour redorer le blason d’un secteur guinéen de l’électricité mal en point, tant les obstacles sont légion. Aux problèmes techniques récurrents sur le réseau de production, de transport et de distribution, le groupe français aura fort à faire avec les habitudes des abonnés très peu enclins à honorer leurs factures d’électricité. C’est que par le passé, beaucoup d’entre eux se plaignaient de la mauvaise qualité du service

rendu par EDG qui croulait sous le poids de décisions politiques inappropriées. Aussi, pour des raisons électoralistes, les gouvernements successifs en Guinée sont accusés de ne pas toujours favoriser la vérité des prix, aussi bien sur les combustibles, que sur les tarifs réels de consommation d’électricité. Le Plan de redressement du secteur énergétique guinéen, qui bénéficie de l’appui technique et financier d’internationales comme la Banque mondiale vise justement à sortir le pays des éternels colmatages pour trouver des solutions durables aux problèmes structurels du secteur de l’électricité en Guinée. Le contrat de quatre ans avec Veolia devrait permettre d’améliorer les performances d'EDG et participer à la mise en œuvre d'un plan de redressement de plus d’un milliard de dollars, dit-on. Auparavant, pour satisfaire la demande pressante de sa population

en matière d’électricité, le gouvernement guinéen s’était souvent contenté de solutions ponctuelles. Il en est ainsi de la réalisation de micro-barrages hydroélectriques, de l’adjonction du thermique au réseau hydroélectrique et le recours aux lampadaires solaires pour l’éclairage public, aussi bien à Conakry, la capitale, qu’en province. En effet, rien qu’entre 2011 et maintenant les autorités guinéennes ont acheté plusieurs groupes électrogènes, importés du Brésil et de la Turquie, et loué d’autres, notamment avec la société britannique Aggreko à hauteur de 10 millions de dollars par semestre, pour satisfaire la demande des populations de Conakry en électricité. Ce qui a eu le mérite de calmer l’ardeur des habitants des quartiers favorisés de la capitale qui avaient pris l’habitude de manifester leur colère dans les rues face au manque criard d’électricité. 

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Industrie

Le Coltan très convoité au nord du Burundi

Par Jean Bosco Nzosaba

© A.F.P

Objet de convoitise des industries de pointe, particulièrement dans le secteur de téléphonie mobile, le coltan est, depuis quelques années, exploité au Burundi, les habitants de la commune Kabarore, qui jouxte le Rwanda au Nord et parsemée de gisements de coltan, lorgnent cette nouvelle source de richesse contenue dans le sous-sol.

Le coltan fait vivre des centaines de jeunes Rwandais.

À Kabarore, une commune escarpée, située dans le nord du Burundi à la jonction du Rwanda, la découverte de gisements importants du coltan, ce minerai de couleur noire ou brun rouge, a changé le quotidien des gens et donné un coup de pouce à l’économie nationale. Cette commune qui jouxte le Rwanda est à plus de 170 km de la capitale Bujumbura. Depuis quelque temps, les habitants de cette commune ne font plus mystère de leur joie après la découverte de ce minerai de coltan. Une véritable aubaine pour eux.

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«Depuis longtemps, on entendait parler du coltan en République démocratique du Congo (RDC principal producteur mondial). Et aujourd’hui, c’est chez nous et c’est une grande opportunité pour nous de trouver du travail, de se développer…», déclare Anatole Miburo, quinquagénaire à peine et habitant de la colline Kivuvu, commune de Kabarore. «C’était un plaisir pour nous de trouver du travail, bien plus, le commerce est en train d’être fluctueux autour du site depuis quelques mois seulement», ajoute-t-il encore.

Mot-valise pour colombo-tantalite, le coltan est un minerai de couleur noire ou brun rouge dont on extrait le niobium et le tantale. Le tantale préparé à partir du coltan est indispensable à la fabrication des composants électroniques utilisés en particulier dans les téléphones mobiles. Le secteur de l’électronique monopoliserait ainsi 60 à 80% du marché du tantale. En 2000, une pénurie mondiale et une hausse des prix du tantale auraient empêché la fabrication de la PlayStation 2 de Sony en quantité suffisante. La RDC concentre jusqu'ici 80% des réserves mondiales du coltan. La production va crescendo. Ce qui constitue une grande richesse pour le pays et une voie de développement communautaire. «Au début des travaux avec du matériel semi-industriel, la production se situait entre 300 et 500 kg par semaine, mais grâce à l’utilisation des machines modernes comme des bulldozers, elle a grimpé jusqu’à atteindre 1.000 à 2.000 kg par semaine», indique Lucien Nahimana, directeur technique adjoint de la société d’exploitation du coltan à Kabarore. «La production était dans ces derniers mois, d’une tonne de coltan et dix tonnes de cassitérite par semaine. Et une tonne de ce minerai vaut environ 40.000 dollars avec les charges d’exploitation», renchérit Damien Mbonicuye, directeur général de l’entreprise exploitante.


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Le mythe du coltan, à Kabarore, tient surtout sur l’opportunité d’emplois dans un contexte essentiellement marqué par le chômage de masse. «Plus de 1.000 journaliers et 89 travailleurs sous contrats ont pu être embauchés par son entreprise. Exerçant en équipe de dix, les journaliers sont payés sur tâches après cinq jours de travail», fait remarquer Lucien Nahimana, directeur technique adjoint d’une société d’exploitation du coltan à Kabarore. «Le salaire est fixé autour de dix dollars par kilogramme produit alors que ceux qui travaillent dans les champs ne gagnent que cinq dollars, à peine», témoigne Nyabenda, journalier à l’usine d’exploitation du coltan. Avec la découverte et l’exploitation de la mine de coltan à Kabarore, rien ne devrait plus être comme avant pour la population de cette commune. Un miracle vivant pour les paysans de Kabarore structurellement éprouvés par la misère et le dénuement. Sur le site, des hommes grouillent au moment où, dans le voisinage, les vastes champs de bananeraies cèdent progressivement la place aux petits centres dominés, depuis peu, par des maisons couvertes de tuiles. De petites boutiques, des bouchers, des salons de coiffure envahissent le paysage et comme pour tout corser, l’électricité fait son entrée dans la commune à travers les plaques solaires ou les petits groupes électrogènes. «Bientôt, la Régie nationale de production et de commercialisation de l’eau et de l’électricité (Regideso) va desservir la commune», déclare, non sans sourire, Ildephonse Nakabahizi, un des responsables administratifs de la commune Kabarore. Au regard du potentiel du site, les exploitants de la mine s’attendent à un imminent goudronnage de la route reliant le chef-lieu de la province à la commune (Kayanza-Kabarore). Ce qui ouvrira la porte à une autre révolution en matière de transport et de mobilité de la population. 


Cameroun

Les femmes s’investissent dans la production de Café

Les productrices camerounaises ont choisi de mutualiser leurs efforts pour mieux défendre leurs intérêts et participer à la relance de cette filière.

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Par Cathy Koum

Au Cameroun, 500.000 femmes s’investissent dans la caféiculture, soit la moitié du nombre de producteurs estimé à un million, selon des chiffres du Conseil Interprofessionnel du cacao et du Café (Cicc). Mais ces travailleuses de la terre ne jouissent pas toujours du fruit de leur labeur. Une fois la production terminée, c’est le conjoint qui vend le produit de la récolte, et dispose des fonds à sa guise. Les femmes ont, par ailleurs, un accès difficile à la terre et aux financements. Pour faire face à ces difficultés, celles-ci ont décidé de mettre sur pied des regroupements d’intérêt commun. La Coopérative des agropoles des femmes rurales du Littoral, de l’Ouest et du Sud-Ouest (Coopaferlos) est un exemple de réussite. Elle réunit plus de 4.000 caféicultrices de ces différentes régions du Cameroun avec pour objectif de braver les

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obstacles qui nuisent à leur meilleure implication dans la production de la culture de rente. Aujourd’hui, elles sont à plus de 3.000 tonnes de café par an sur une production nationale d’environ 20.000 tonnes. Dans le département du Noun, région de l’ouest du Cameroun, il y a aussi la Coopérative industrielle agricole (Coopagro), qui accueille plus de 1.000 femmes qui interviennent à tous les niveaux de la chaîne de production du café (semis, décorticage et torréfaction). Une expérience qui fait école En avril 2015, les femmes productrices de café de Côte d’Ivoire, du Gabon, du Kenya, du Togo et de Grande Bretagne sont venues s’inspirer de l’expérience camerounaise, en ma-

tière d’implication des femmes dans la filière café, sur initiative du Conseil interprofessionnel du cacao et du café. «Face à la vivacité des caféicultrices camerounaises et de leur ténacité dans le travail, accompagnées de leurs maris, la relance du café ne peut que réussir au Cameroun.», déclare Agbakla Adzo Amedomé, productrice de café au Togo. Pour encourager les productrices de café dans leur lancée, le CICC a impulsé la création de l’association des femmes camerounaises dans le café (Afecc). L’association est dirigée par la députée Patricia Tomaino Ndam Njoya, épouse d’Adamou Ndam Njoya, homme politique camerounais présenté comme le plus grand producteur de café du pays. Selon une étude de l'Agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), si les femmes camerounaises avaient un meilleur accès aux terres et aux financements, leur implication dans la filière café pourrait rapidement catalyser une augmentation de la production nationale, de l’ordre de 20 à 30%. Le Cameroun dont la production du café a une tendance baissière a mis sur pied un plan de relance des filières cacaocafé. Ce plan, estimé à 600 milliards de francs CFA sur 5 ans (2015-2020), ambitionne de porter la production du café Robusta à 150.000 tonnes et celle de l’Arabica à 35.000 tonnes à l’horizon 2020. Soit une production totale de 185.000 tonnes. 


Afrique du Sud Plaidoyer pour l’accès au financement pour les femmes noires L’accès au financement des petites et moyennes entreprises demeure un réel problème en Afrique du Sud. Les questions sur la race et le genre font partie intégrale des défis à relever pour l’obtention de financement, en dépit des dispositions établies dans la Constitution sur l’égalité pour tous.

Les femmes noires sont souvent laissées pour compte et ne bénéficient pas des mêmes avantages que les hommes noirs lorsqu’il faut trouver un financement pour leurs entreprises. De nombreuses études ont pourtant démontré que les femmes représentent la plus grande partie de la population avec leurs propres entreprises. Il est assez difficile de se faire une place dans la société lorsque le terme «business» va avec «hommes», même si certaines se battent pour sortir de ce «stéréotype.». En dépit du lancement du programme BEE, «Black Economic Empowerment» les femmes noires sont généralement toujours à l’écart et continuent d’être marginalisées à cause notamment des préjugés ainsi que des barrières érigées par la société. Ce programme a été lancé par le gouvernement post-apartheid pour aider les noirs et autres marginalisés pendant la période de ségrégation raciale à jouir des privilèges économiques auxquels ils n’avaient pas droit auparavant. Des années plus tard après l’implémentation de ce programme, les femmes sont toujours exclues à cause de la discrimination, selon le département du Commerce et de l'industrie. Une situation qui pousse la plupart des femmes à se lancer dans le secteur informel. Elles n’ont généralement pas accès au financement alors que, selon une étude rendue publique par le Financial Charter, généralement, les femmes paient mieux leurs dettes que les hommes. Outre le manque de financement, cette

© Getty Images

Par Julie Ilondo

étude, qui énumère les différents défis rencontrés, cite par exemple le manque d’information qui handicape les femmes à créer leur propre entreprise. Les femmes représentent pourtant près de 52% de la population sud-africaine. La majorité d’entre elles évoluent dans le secteur informel. Des recherches réalisées par le département du Commerce et des Industries montrent que les femmes noires qui montent leurs propres entreprises choisissent notamment les secteurs du tourisme, de la manufacture et de l’habitat. Les tontines comme alternative Pour parer aux difficultés d’accès au financement, les femmes noires optent pour souvent pour d’autres moyens tels que les tontines, communément appelées ici «Stokvels». En dépit du nombre élevé des femmes, il n’existe que très

peu de grandes institutions majeures de financement auxquelles les femmes peuvent avoir facilement accès : The Industrial Development Corporation, Marang Financial Service et The Small Entreprise Foundation. The Small Entreprise Foundation se concentre sur les femmes noires dans les milieux ruraux. Elle apporte de l’aide financière aux femmes noires entrepreneures en leur accordant des crédits et en les aidant à ouvrir des comptes bancaires. Cette institution comporte à ce jour 55 branches à travers le pays et est parvenue à aider près de 95.000 femmes noires à gérer leurs entreprises. Des études financées par le département de Commerce et des industries n’ont cessé de révéler que financer les femmes noires et les encourager à créer des entreprises donnerait une nouvelle face à l’économie sud-africaine. 

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Sénégal

Le défi de l’accès au financement des PME

Par Maimouna Dia Ndour

Le Sénégal a plusieurs fonds dédiés au soutien et au financement des PME. Mais les entreprises en quête d’investissements sont rapidement déboutées à cause de la faiblesse des montants disponibles et des critères d’éligibilité sélectifs. Elles doivent de plus faire face aux problèmes endémiques et inhibiteurs de l’entrepreneuriat. Les petites et moyennes entreprises (PME) constituent 90% du tissu économique sénégalais. Conscient qu’elles sont le socle de l’économie nationale, l’État a élaboré plusieurs stratégies pour aider, accompagner, orienter et financer ces PME. Depuis 2000, il s’est fixé pour objectif de faire d’elles un moteur de croissance rapide et soutenu en améliorant

leur performance, leur compétitivité dans un environnement des affaires adéquat et propice. «Cette politique s’est traduite par l’installation de plusieurs instances publiques et parapubliques d’accompagnement et de financement», explique Papa Mademba Ndao, directeur des petites et moyennes entreprises.

Investissement moyen par secteur d'activité 40 000 000 30 000 000 20 000 000 10 000 000 ensemble

activités extractives

autres services

industries manufacturères

sectreur primaire

électricité, eau, gaz

activités d'hébergement et de restauration

commerce et réparation de véhicule

transports et communication

batiments et travaux publics

Source : ENPME 2013

Prêts octroyés aux PME en 2012 selon les créanciers 100 % 80 % 60 %

85,8%

90,4%

90,7%

99,3%

98,8%

97,4%

40 % 20 % 0 %

14,2% prêt bancaire

9,6% prêt auprès des IMF

oui

9,3% fournisseurs

non

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0,7% clients

1,2%

2,6%

crédit bail

autres Source : ENPME 2013

Une offre inadaptée La Banque Nationale de développement économique (BNDE) est sans doute l’une des instances les plus connues. Elle fournit néanmoins des services plus adaptés aux besoins des entreprises installées, structurées et offrant de réelles garanties. Les prêts sont consentis sous forme d’avance sur créances nées et constatées, de crédit de campagne et d’équipement. De même, le Fonds de garantie des investissements prioritaires (FONGIP) a été instauré. Il a pour vocation de financer les PME. Toutefois, comme son nom l’indique, il s’adresse essentiellement aux secteurs prioritaires que sont l’agriculture, la pêche, le tourisme, l’habitat social et économique, les technologies de l’information et de la communication, les industries culturelles, les énergies renouvelables et les infrastructures. Les conditions d’éligibilité pour l’accès au financement de ces fonds sont strictes et rebutent bon nombre de PME. Ces dernières quelles que soient leurs caractéristiques peuvent trouver un soutien auprès du le Fonds souverain d’investissements stratégiques (FONSIS). «Il aide les PME à renforcer leurs capitaux, à emprunter avec ou sans garantie, auprès des autres structures exis-


zoom Les PME sont marquées par la faiblesse de leurs chiffres d’affaires, avec une moyenne de 152,9 millions de F CFA en 2012. C’est ce qu’a révélé le rapport de l’Enquête nationale sur les PME publiée en octobre 2014 et réalisée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANDS). Très peu d’entre elles parviennent à exporter leurs produits. L’accès au financement est aussi l’un des problèmes majeurs des PME sénégalaises. Uniquement 14,2% ont emprunté de l’argent auprès d’un établissement bancaire et l’ont utilisé comme fonds de roulement. Elles accèdent difficilement aux marchés. Les causes y afférentes sont les failles de la réglementation, la difficulté à obtenir le quitus fiscal et les garanties bancaires, la difficulté à respecter les cahiers des charges, ainsi que la lourdeur de certaines procédures, la faible capacité technique et financière des entreprises, le difficile accès à l’information et à internet… En outre, 78,5% des entreprises interrogées dans le cadre de l’enquête estiment que les impôts et taxes élevés constituent le premier obstacle à l’exercice de leurs activités. Une autre contrainte soulignée est l’inconstance dans l’approvisionnement en énergie, d’après 59,9% des entreprises, alors que 43,1% dénoncent la difficulté à s’approvisionner en matières premières. Difficultés liées à l'exercice des activités des PME 100 % 90 %

21,5%

80 % 70 %

40,1% 50,1%

59,9%

51,3%

59,9% 59,9%

20,3%

60 % 50 %

26,8% 15,4%

40 % 30 %

13,8% 58,2% 34,5%

Accès à la commande publique

22,5%

33,1%

Approvisionnement en énergie

20 % 10 %

14,3%

20,6%

34,4%

26,2%

0 %

oui peu de difficultés

non

taxes et impôts élevés

Accès au crédit des SFD

oui beaucoup de difficultés

Accès au crédit bancaire classique

Approvisionnement en matières premières (qualité et quantité)

tantes qui leur sont dédiées (FONGIP, BNDE ou autres institutions financières)», affirme M. Ndao. À ces différentes structures destinées aux PME, l’État sénégalais alloue des budgets, en s’octroyant la possibilité de les ponctionner à hauteur de 60%. Ce qui affaiblit ces fonds les privant ainsi de moyens de financer convenablement les PME. Lesquelles se tournent alors vers les institutions privées, comme les banques commerciales. Il s’agit notamment de la Bicis, d’Ecobank, de l’International Commercial Bank… Mais les banques ont la réputation de ne financer que les entreprises installées et garanties. D’autres comme la Bank of Africa (BOA) ainsi que des mutuelles comme le CMS ou PAMECAS prêtent de l’argent aux PME sans garantie, mais à des taux exorbitants allant de 18 à 20%. En d’autres termes, les modèles de financement existants ne prennent généralement pas en compte les entreprises du secteur informel qui sont les plus gros demandeurs de financement et constituent le socle de l’économie sénégalaise. Conscient du gap, l’État prépare une loi plus adaptée aux PME, en prenant mieux en charge les besoins de celles informelles qui n’offrent aucune garantie, mais restent de précieuses pourvoyeuses d’emplois au Sénégal. Un forum est prévu dans ce sens en octobre pour se pencher sur cette loi en faveur des PME sénégalaises. 

Source : ENPME 2013

© D.R.

Un dispositif colossal au service des PME

Papa Mademba Ndao, directeur des PME

«Dans sa politique d’aide et d’encadrement de la PME, l’État a mis en place des structures publiques et para-publiques pour accompagner son développement», affirme le directeur des PME. Il s’agit de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (ASEPEX), de l’Agence de promotion et de développement de l’artisanat (APDA), de l’Institut de technologie alimentaire (ITA). À ces instances s’ajoutent les Chambres de commerce, l’Agence de développement et d’encadrement des PME (ADPME), le programme de mise à niveau et le programme d’appui à la compétitivité et à la croissance des PME (PACC-PME). «Ces structures d’appui aux PME ont été renforcées et entrent dans le cadre de la lettre de politique sectorielle des PME», rappelle le DG. «La loi n° 2012 portant Code général des impôts compte également parmi les outils de renforcement des PME», a-t-il ajouté.

AFRIcan business journal | N°15 | 21


Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI

3 LETTRE BILAN

ÈME

ÉDITION

3

LE SALON

DES INVESTISSEURS

ET DES ENTREPRENEURS

EN AFRIQUE

AVEC LE PARRAINAGE DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ETRANGÈRES ET DE LA COOPÉRATION

Le rendez-vous annuel des investisseurs & entrepreneurs !

Le Maroc : Capitale africaine de l’Entreprenariat HUB AFRICA est l'outil d’accompagnement par excellence des entrepreneurs africains vers la réussite perenne de leur business.

Les trois premières éditions de HUB AFRICA, le salon des entrepreneurs et des investisseurs ont connu un franc succès, preuve que la création d’entreprises, le développement notamment sur le continent sont plus que jamais un sujet de société. L’édition 2015 a été placée sous le thème : « Croire en l’Afrique, Investir en Afrique ». Hub Africa est devenu aujourd'hui le lieu de rencontres entre les différents acteurs économiques nationaux et internationaux opérant dans le domaine de l’investissement, de l’entrepreneuriat, et une plateforme B2B et de réflexion sur les problématiques liées à la promotion de la performance globale. HUB AFRICA est au service de l’investissement en Afrique et des outils de rupture (l’auto-entrepreneur, le crowdfunding, le business angel), pierre angulaire du développement économique inclusif. Le Maroc a depuis plusieurs décennies, fait de son grand sud un laboratoire de partenariat sud sud innovant et fécond en s’appuyant sur une diplomatie économique ambitieuse. Sous l'impulsion de Sa Majésté le Roi Mohammed VI, de grands groupes marocains, dans la finance, le transport aérien, le secteur pharmaceutique, l’immobilier, l’assurance, entre autres sont maintenant solidement installés dans les pays de la sous région sahélo sahélienne, comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, mais aussi en Afrique Centrale comme le Cameroun, le Gabon, voire même l’Afrique Australe et de l’Est, en Angola et au Burundi. Par ailleurs, sa position géostratégique entre l’Europe, les Amériques, et le reste du Continent, baigné par deux océans, la Méditerranée et l’Atlantique, son identité plurielle africaine, arabo musulmane, juive et berbère en font un carrefour naturel qui le prédestine à être un véritable Hub du continent. L’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE) vient souligner cette position en décrivant le Maroc « comme un véritable « hub eurafricain » devenu le premier investisseur africain dans les zones de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont les volumes d’échanges commerciaux ont doublé en quatre ans ». Alors, oui, “Believe In Africa, Invest in Africa“ est notre Crédo que nous voulons porter ensemble. Zakaria FAHIM,

Président Hub Africa

Alioune GUEYE,

Commissaire Général Hub Africa Président NGE IMPACT

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PROFIL DES VISITEURS 49 27 10 Cadres & cadres dirigeants

Chefs d’entreprise

8

Professions libérales Cadres associatifs

6 Étudiants • Données en %

QUE SONT VENUS CHERCHER LES VISITEURS À HUB AFRICA ?

Développement en Afrique

35

Opportunités d'affaires

30

Recherche de partenaires

21

Recherche de clients

11

visite de stand précis

11

Recherche de fournisseurs assister à des ateliers Autres

La recherche d’opportunités d’affaires sur l’Afrique, de partenaires et de clients constitue le principal motif de visite à HUB AFRICA.

10 6 24

• Données en %


ÈME

ÉDITION

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LE SALON

DES INVESTISSEURS

ET DES ENTREPRENEURS

EN AFRIQUE

LE 1ER SALON DES DES INVESTISSEURS ET ENTREPRENEURS EN AFRIQUE

HUB AFRICA AWARDS HUB Africa, Salon des investisseurs et entrepreneurs en d’Afrique, a organisé pour la deuxième fois consécutive ses « Awards ». Tenus au soir de l’ouverture de la 3èmé édition du salon, les « HUB Africa Awards 2015 » ont permis d’honorer 8 entrepreneurs et entreprises du continents. Ils étaient près d’une trentaine d’entreprises et entrepreneurs en lice pour les 8 prix mis en jeu, dont 7 soumis à la délibération d’un jury composant d’éminents acteurs de l’entrepreneuriat et de l’investissement, et un seul soumis au vote du public « Prix HUB Africa ». Ainsi, ont été honorés : 1- PRIX DE L’ENTREPRENEUR DE L’ANNÉE : Mme Zakiat Sekkat de l’entreprise « Poudrox » (fabricant de peinture pour appareils électroménagers…) 2- PRIX DE L’ENTREPRENEUR FEMME : Mme Chakira Hakimi de l’entreprise « Orientines » (fabricant de biscuits traditionnels « fait maison ») 3- PRIX DE LA RESPONSABILITÉ SOCIALE : L’entreprise « Stroc Industrie » 4- PRIX DE L’ENTREPRISE INNOVANTE : Khalid Bitar de l’entreprise « Ircos » 5- PRIX DU JEUNE ENTREPRENEUR : El Houssaine Benmasaoud de l’entreprise « Safedimat » 6- PRIX DU RÉSEAU D’ACCOMPAGNEMENT : « Réseau Maroc Entreprendre » dirigé par Aziz Kadiri 7- PRIX DE LA MICRO-ENTREPRISE : Rachid El Moutaouakil de l’entreprise «Marron vert» 8- PRIX HUB AFRICA : Mohamed Amadou Diallo de l’entreprise sénégalaise «By Feeling»

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© AFP

perspectives

Intégration régionale

Vingt-six pays africains lancent un marché commun «du Cap au Caire» Vingt-six pays africains ont récemment signé un traité de libre-échange pour la mise en place d’un marché commun. Une étape décisive pour une véritable intégration économique du continent. Par Moussa Camara

L’intégration économique tant chantée sous nos tropiques, maintes fois ressassée par nos dirigeants et recommandée par plusieurs rapports serait-elle en train de prendre forme ? L’optimisme est permis après la signature d’un traité de libre-échange le 10 juin à Charm El-Cheikh en

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Égypte par vingt-six pays africains membres de trois blocs économiques : le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Ce traité regroupe notamment de grandes

puissances économiques comme l’Afrique du Sud et l’Égypte, mais également des pays qui connaissent un dynamisme économique tels que le Kenya, l’Éthiopie, le Mozambique et l’Angola. Un marché de 625 millions d’habitants et plus de 1.000 milliards de dollars de PIB.


Électrification rurale et perspectives assainissement

C e     p r o j e t    n e    d a t e    p a s d’aujourd’hui, les discussions avaient déjà été entamées lors d’un sommet qui s’est tenu en 2008 à Kampala en Ouganda. Mais les négociations n'ont véritablement démarré qu'en juin 2011 au cours d’un autre sommet qui s’est déroulé à Johannesburg. Le 21 mai 2015, Rob Davies, ministre sud-africain du Commerce et de l'industrie, avait annoncé la future signature de ce traité et l’entame de nouvelles négociations plus tard en juin pour la création d'une zone de libreéchange qui va regrouper les 54 pays du continent, soit un marché de 1,3 milliard de personnes avec un PIB de plus de 2.000 milliards de dollars. 

© D.R.

Vers la création d'une zone de libre-échange en Afrique Concrètement, à travers ce nouveau traité, ces pays souhaitent mettre en place une stratégie pour réduire les tarifs douaniers et faciliter la circulation des biens et des marchandises. De sérieuses barrières qui entravent les échanges intra-africains. «Ce que nous faisons aujourd'hui représente une étape très importante dans l'histoire de l'intégration régionale de l'Afrique», a affirmé le Président égyptien Abdelfattah Al-Sissi. Ce traité de libre-échange doit d’abord être ratifié dans les deux ans par les parlements des vingt-six pays avant son entrée en vigueur. Pour le moment, aucun calendrier n’a été fixé pour le démantèlement des barrières douanières. Selon Ban Ki-Moon, le secrétaire général des Nations unies, cet accord de libre-échange «permettra à l’Afrique de faire d'énormes progrès. L'Afrique a clairement fait savoir qu'elle est ouverte aux affaires».

L’ONEE signe des conventions au Sénégal et en Guinée Bissau

L’Office national de l’électricité et de l’eau potable du Maroc a signé d’importants accords avec des entreprises publiques au Sénégal, en Guinée-Bissau et en Côte d’Ivoire, lors de la dernière tournée du Roi Mohammed VI en Afrique subsaharienne. Durant la première étape de cette tournée africaine qui a débuté au Sénégal le 20 mai 2015, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) a paraphé des conventions avec deux entreprises publiques ; l’une avec l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS) pour la coopération en matière d’assainissement, et l’autre avec la Société nationale des eaux du Sénégal (SONES). À cela s’ajoute le projet de raccordement de 600 villages situés au nord du pays au réseau national électrique sénégalais. Ce projet entre dans le cadre deux concessions d’électrification rurale attribuées à l’entreprise marocaine par l’État du Sénégal à la suite d’appels d’offres internationaux. Actuellement, 420 villages ont bénéficié de ce programme, de même que trois mosquées, deux écoles, et un centre de santé. Cette opération a coûté 500.000 dirhams soit 30 millions de francs CFA. L’ONEE ambitionne d’atteindre 600 villages d’ici fin 2015. En Guinée Bissau, l’Office a signé une convention-cadre de coopération avec Electricidade e Aguas da Guinée-Bissau (EAGB), à travers l’octroi d’équipements d’une valeur de 4 millions de dirhams (soit 240 millions de francs CFA), pour le renforcement de la production d’eau potable de la capitale Bissau. Concrètement, selon l’ONEE, il s’agira d’équiper huit principaux forages par huit groupes de pompage, huit groupes électrogènes et huit systèmes de javellisation. «Ces équipements permettent une amélioration immédiate des conditions de desserte en eau de la ville de Bissau à travers le dédoublement de la capacité de production actuelle des forages, la sécurisation de l’alimentation en énergie électrique des systèmes de pompages par le biais de l’installation des groupes électrogènes, l’amélioration de la continuité de service et la garantie de la qualité de l’eau distribuée grâce à un système adéquat de désinfection», indique l’entreprise dans un communiqué.

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perspectives

Rapport sur la compétitivité en Afrique en 2015

Développer les services et industrialiser l’ agriculture Dans son rapport sur la compétitivité en Afrique en 2015, la Banque mondiale exhorte le continent à développer davantage le secteur des services et à améliorer sa productivité agricole pour une meilleure intégration dans les chaînes de valeur mondiales. Par Babacar Seck

© L.L.V

En dépit de l’immensité de ses terres arables et d’une importante main-d’oeuvre (la moitié de la population africaine), le secteur agricole peine à nourrir les Africains.

Malgré une croissance économique notoire depuis 15 ans, l’Afrique peine encore à être compétitive dans l’échiquier international. D’après la Banque mondiale, aujourd’hui, un Africain sur deux vit dans l’extrême pauvreté et les inégalités de revenus observées dans le continent restent les plus élevées dans le monde. Ce paradoxe s’explique notamment par la prédominance de l’économie informelle. «L’Afrique reste une économie essentiellement rurale caractérisée par un vaste secteur informel et une

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croissance portée principalement par les ressources naturelles. (…) De plus, d’un secteur à l’autre – de l’agriculture à la transformation en passant par les services –, les niveaux de productivité restent faibles», indique l’institution de Bretton Woods. Développer les services Bien évidemment, ces facteurs sont des entraves majeures à l'accroissement de sa compétitivité. Pour y remédier, le rapport demande aux États africains de miser

davantage sur le secteur des services qui connait une forte hausse ; il représente actuellement plus de 50% du Produit intérieur brut (PIB) du continent. Une augmentation favorisée par le dynamisme économique noté dans les services marchands en particulier le commerce de détail, la distribution et les autres activités commerciales qui emploient 25% de la population active. Accroitre leur volume d’exportation serait un tremplin efficace pour tirer profit de ce secteur en plein essor. «Les services représentent 83% du prix final des roses éthiopiennes aux PaysBas. Pourtant, ils ne constituent toujours qu’une faible portion du volume total des exportations du continent. Pour maximiser les gains qu’ils pourraient tirer de ce secteur, les pays africains doivent réduire les barrières directes au commerce des services, ainsi que les réglementations défavorables qui entravent indirectement ledit commerce», préconise-t-elle. Industrialiser l’agriculture Outre les services, l’Agriculture représente aussi un grand champ de réformes. En dépit de l’immensité de ses terres arables et d’une


perspectives importante main-d’œuvre (la moitié de la population africaine), le secteur agricole peine à nourrir les Africains. Dans son rapport annuel sur «L’insécurité alimentaire dans le monde 2015», l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) souligne que 214 millions de personnes souffraient de famine en Afrique subsaharienne entre 2012 et 2014. Pis, l’Afrique importe d’importantes quantités de denrées alimentaires pour nourrir ses habitants. D’après la Banque mondiale, l’agriculture africaine souffre d’un déficit d’industrialisation, le secteur est «largement caractérisée par une production artisanale de subsistance» et «n’a pas bénéficié de la Révolution verte qui a profité à une grande partie du monde en développement». Pour lui permettre d’intégrer les chaînes de valeur mondiale et donc d’être plus compétitive, le rapport préconise la mise en place d’un système règlementaire institutionnel solide, des dispositifs financiers appropriés, la réforme foncière (pour accroitre l’accès à la terre) et l’augmentation des dépenses consacrées à la recherche afin de «promouvoir les cultures à haut rendement». «La région participe toujours aussi peu aux chaînes de valeur mondiales – les deux tiers de cette participation tiennent à sa grande richesse en ressources naturelles et s’expliquent par ses faibles niveaux d’industrialisation. Le renforcement de la participation aux chaînes de valeur mondiales dépendra de la mise en application d’un large éventail de politiques publiques, en mettant un accent particulier sur la facilitation des échanges, les politiques d’investissement et l’amélioration des infrastructures de transport et de l’accès au financement», souligne la Banque. 

P r i nc i pa l e s r e co m m a n dat i o n s d u r app or t 1. Développer l’infrastructure du transport et des TIC: L’augmentation des dépenses consacrées aux infrastructures rurales permettra de réduire la dépendance du continent à l’agriculture fluviale en soutenant l’irrigation intensive, en renforçant la résilience face au changement climatique et en améliorant l’accès aux marchés pour les intrants intermédiaires et les produits agricoles. Elle va également permettre de débloquer le commerce (intra-)africain et la participation aux chaînes de valeur régionales et mondiales. L’infrastructure de TIC est aussi capitale pour la fourniture de services au niveau national et d’un pays à l’autre. 2. Améliorer la qualité de l’enseignement : Le continent africain a, certes, accompli des avancées considérables dans le domaine de l’accès à l’enseignement primaire, mais les taux de scolarisation restent désespérément bas dans le secondaire. Des données empiriques montrent que la scolarisation au niveau tertiaire est un déterminant majeur des services offerts dans les pays en développement, principalement ceux qui sont axés sur les compétences et l’entrepreneuriat. 3. Réduire les barrières commerciales: Au-delà du piteux état de l’infrastructure physique et du niveau élevé des tarifs, on estime que 60 à 90% des coûts du commerce sont associés à des mesures non tarifaires. De plus, les retards et l’imprévisibilité entravent souvent la participation de la région aux chaînes de valeur mondiales, de nombreuses entreprises produisant à flux tendus et dépendant de la fiabilité des approvisionnements d’intrants intermédiaires. Entre autres mesures essentielles, on peut citer la simplification des procédures d’import-export. 4. Renforcer le cadre réglementaire: L’absence de marchés fonciers empêche les agriculteurs les plus efficaces de mettre leur production à l’échelle, et l’insécurité foncière limite la capacité des ruraux à utiliser leurs terres comme une garantie pour accéder aux marchés du crédit. D’importantes composantes du secteur des services – comme les télécommunications, les services de professionnels et les services de transport – sont relativement peu développées dans de nombreux pays.

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perspectives Classement «Cities of opportunity Africa»

L’ Afrique subsaharienne, une région prometteuse pour les investisseurs

Par Baye Sakho

Les villes d’Afrique subsaharienne offrent plus d’opportunités pour les investisseurs, révèle l’étude «Cities of opportunity Africa» récemment publiée par le cabinet d’audit et de conseil PwC qui analyse le potentiel actuel et futur de 20 villes africaines.

L’urbanisation  exponentielle est une réalité en Afrique. D’ici 2030, la moitié de la population africaine résidera dans les villes. Cela représente un énorme défi pour les États et un beau marché pour les investisseurs. Faudrait-il encore savoir où investir et comment investir ? Le PwC essaye de répondre à ces interrogations dans la première édition de son étude intitulée «Cities of opportunities Africa». Dans ce rapport de 52 pages, le cabinet d’audit et de conseil évalue 20 villes africaines en se basant sur 29 variables regroupées en quatre grands indicateurs : Économie, Infrastructures, Capital humain, Société et Démographie. Ce classement est segmenté en deux catégories : leur potentiel actuel et leurs opportunités dans le futur. «Avec 5% de croissance, une démographie dynamique et des classes moyennes en plein essor, le continent africain attire aujourd’hui de nombreux investisseurs. Après une période de pessimisme sur l’avenir de l’Afrique, puis celle d’un optimisme parfois exagéré, les dirigeants partagent aujourd’hui une vision plus réaliste de la situation économique du continent : c’est ce que PwC appelle l’“Afro-réalisme”», précise le rapport.

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Le Caire au sommet de la pyramide Le premier classement est largement dominé par les villes de l’Afrique du Nord qui occupent quatre des cinq premières places avec respectivement Le Caire (1er), Tunis (2e), Casablanca (4e), et Alger (5e). «La prépondérance des villes nordafricaines dans ce peloton de tête va de soi si l’on considère le temps long. En effet, ces villes existent toutes depuis des centaines d’années : ce sont des métropoles matures, qui ont eu le temps de mettre en place des infrastructures, de fixer un cadre réglementaire et légal, et de constituer un écosystème socioculturel au sein duquel les femmes et les hommes ont pu s’instruire, se cultiver», explique PwC. L’Afrique du Sud qui arrive en troisième position fait figure d’exception, «puisque la création officielle de la ville remonte à 1886, mais elle a rapidement développé, pour des raisons politiques, l’ensemble des infrastructures et services comparables aux métropoles plus matures», renchérit-il.

Kinshasa (19e) représentent la partie francophone. D’après PierreAntoine Balu, associé PwC Afrique francophone, «développer des infrastructures efficaces et mettre en place des systèmes d’éducation et de santé de haut niveau sont deux étapes essentielles à la réussite économique. Un autre défi concerne la diversification du PIB : les villes en tête du classement ont diversifié leur économie, qui ne repose pas uniquement sur les matières premières».

Le Top 10 est complété par Accra (6e), Nairobi (7e), Lagos (8e), Addis-Abeba (9e) et Kampala (10e). En Afrique subsaharienne, ce sont les villes anglophones qui dominent largement le classement, seules Dakar (11e), Abidjan (12e),

Dans l’étude des «Villes d’opportunités», la réalité est tout autre. Les villes d’Afrique subsaharienne sont les plus prometteuses, elles occupent les neuf premières places devant Le Caire, seule ville d’Afrique du Nord. Dar es-Salam, Lusaka,

L’Afrique subsaharienne, une région prometteuse Par ailleurs, PwC a établi un classement sectoriel. Le Caire arrive en tête dans le domaine des infrastructures, suivie de près par Tunis qui domine en termes de capital humain. Casablanca occupe le premier rang dans le secteur économique parce qu’elle accueille «les sièges des 500 plus grandes entreprises d’Afrique et pour la diversité de son PIB», Kampala détient le leadership dans le sous-indice «Société et démographie» devant Le Caire.


perspectives Alger

Tunis Le Caire

Rabat

Dakar

Abidjan Accra

Lagos Douala Kigali Kinshasa

Addis-Abeba Kampala Nairobi Dar-es-Salam

Luanda Lusaka

Antananarivo Johannesburg

Afrique du Nord

Le Caire 1re - Tunis 2e - Casablanca 4e - Alger 5e

Afrique de l'Ouest

Accra 6e - Lagos 8e - Dakar 11e - Abidjan 12e

Afrique Centrale

Douala 16e - Kinshasa 19e - Luanda 20e

Afrique de l'Est Afrique Australe

Maputo

Nairobi 7e - Addis-Abeba 9e - Kampala 10e - Kigali 13e - Dar-es-Salam 15e - Antananarivo17e Johannesburg 3e - Lusaka 14e - Maputa 18e Source : Rapport PwC

Cinq angles d’approche pour les investisseurs dans un paysage urbain dynamique 1 - Le niveau de développement actuel ou potentiel

La situation actuelle d’une ville et son potentiel à venir sont deux choses différentes. Lorsque vous évaluerez le présent, pensez à garder un oeil sur l'avenir.

2 - La situation géographique

La destination d’investissement choisie peut vous ouvrir des marchés plus vastes, et prendre les bonnes décisions implique une bonne connaissance du terrain et une analyse objective.

3 - La nature de l’opportunité envisagée

Faites un travail d'introspection, puis d'ouverture, car vous centrer sur les besoins de votre propre entreprise vous aidera à vous faire une place en Afrique.

4 - Les facteurs déterminants ou disqualifiants

Identifiez les conditions sine qua non et les éléments rédhibitoires pour votre investissement, car certaines caractéristiques essentielles d’une ville peuvent s’avérer disqualifiantes.

5 - La notion de temps

Bénéfices immédiats ou investissements pour l'avenir ? Prenez les décisions adaptées en fonction des délais dans lesquels vous souhaitez obtenir des résultats.

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Source : Rapport PwC

Nairobi, Lagos, et Accra composent le Top 5. Pour établir ce classement, PwC s’est basé sur quatre critères : la croissance du PIB réel, la facilité de faire des affaires, l’attractivité pour les investissements étrangers, et la croissance de la classe moyenne et celle de la population. «La plupart des villes les plus prometteuses de notre classement pourront se hisser aux plus hauts rangs de notre palmarès général avec un peu d’effort et d’organisation. D’ailleurs, nombre d’entre elles sont devenues des plateformes régionales incontournables : Dar esSalaam et Douala comme centres portuaires, Accra pour les télécommunications, Lagos pour la culture, Nairobi pour les services financiers», souligne le cabinet.


perspectives

Burundi Afritextile naît sur les ruines de l’ex-fleuron de l’industrie textile Dix ans après la faillite de l’ex-fleuron de l’industrie textile au Burundi, Cotebu (complexe textile de Bujumbura), Afritextile déploie ses ailes sur ses ruines et s’annonce porteuse avec sa gamme variée de produits textiles, notamment des tissus, des pagnes, des essuie-mains et du linge. Par Jean Bosco Nzosaba

© A.F.P

cette nouvelle entreprise du tissu. «Après la prise d’acte de sa faillite, l’ex-Cotebu ou plutôt ce qui en restait a été loué par la société Afritextile, une entreprise privée qui devra l'exploiter pendant 30 ans sans interruption, moyennant le paiement, chaque année, de 2% de sa production au gouvernement burundais ainsi que d’autres taxes qui s'imposent, nous pensons que les engagements de chaque partie seront respectés», fait remarquer Jean-Baptiste Gahimbare, ancien ministre de la Bonne gouvernance et de la privatisation. Sept ans après le démarrage de ses activités, Afritextile panse bien les plaies laissées béantes par l’ex-Cotebu. Sept ans après le démarrage de ses activités, cette entreprise emploie déjà un millier de salariés et l’effectif va crescendo.

Créée en 2006 après que le Complexe textile de Bujumbura ait mis la clé sous le paillasson en laissant sur le carreau ses plus de 2.000 salariés, Afritextile impose progressivement sa marque tout en fidélisant sa clientèle. Cette entreprise, d’origine mauricienne, érigée sur le site même de l’ex-fleuron de l’industrie textile burundaise, surfe en effet sur les vagues du succès en dépit de quelques ennuis conjoncturels, liés notamment à l’insuffisance du coton, sa matière

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première essentielle qu’elle achète à la compagnie burundaise du coton, Cogerco. «Toute notre production est directement vendue à Afritextile sur base d’un contrat annuel préalablement négocié», explique Pierre Claver Nahimana, directeur général de la Cogerco. Sevré des 7 millions de dollars que lui rapportait, bon an mal an, son industrie textile avant la banqueroute, l’État attend désormais beaucoup de

«Nous voyons que cette entreprise est en train de revaloriser la filière textile et de redonner espoir aux salariés que la fermeture de Cotebu avait poussés au chômage», déclare Vincent Nihorimbere, un ancien agent de l’usine Cotebu repêché par Afritextile. Sept ans après le démarrage de ses activités, cette entreprise emploie déjà un millier de salariés et l’effectif va crescendo. «Dans les jours à venir, nous devrions atteindre un effectif de 1.600 employés», déclare Sylvestre Banzubaze, représentant d’Afritextile.


perspectives L’une des priorités de cette entreprise est la diversification de sa gamme de produits diversifiés sur le marché burundais. «Notre entreprise produit une gamme de produits de bonne qualité, notamment des tissus, des pagnes, des essuie-mains et du linge et dans le souci de contribuer à la réduction du coût des habits, nous avons beaucoup investi dans la filature, le tissage, la teinture et l’impression de ces habits produits en coton», a expliqué Mohamed Firoz, directeur général d’Afritextile. De son côté, le gouvernement se réjouit naturellement de la relance de l’industrie textile au Burundi et lance un appel aux autres investisseurs privés pour emboiter le pas à Afritextile. «Nous félici-

tons et encourageons l'entreprise Afritextile qui contribue à valoriser le coton du Burundi et surtout à créer de l’emploi, nous allons continuer à assainir le climat des affaires dans le pays afin d’attirer d’autres investisseurs dans des secteurs variés», déclare le docteur-ingénieur Gervais Rufyikiri, deuxième vice-président de la République du Burundi. Comme ce fut le cas pour l’ancienne entreprise burundaise du coton (Cotebu), le principal adversaire d’Afritextile reste la fraude. «Nous avons des produits de qualité, mais notre principal adversaire reste la fraude, car le marché local est inondé de tissu frauduleusement importé d'Asie ou de la République démocratique du Congo», regrette

un cadre d’Afritextile. Pour dissuader les fraudeurs qui font la concurrence déloyale aux produits scellés Afritextile, le gouvernement a, en 2013, renforcé la surveillance sur ses frontières avec la République démocratique du Congo tout en rehaussant sensiblement les taxes sur le tissu en coton importé. ` «Le produit phare d’Afritextile est sans conteste le pagne en coton, et pour le protéger contre une éventuelle concurrence déloyale, le Gouvernement frappe chaque pagne importé d’un montant équivalant à 88% soit 50% pour les droits de douane, 18% de TVA et 20% de taxes supplémentaires», confie, sous couvert de l’anonymat, un cadre de l’Office burundais des recettes, OBR.

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perspectives Textile

La cotonnière industrielle du Cameroun en pleine restructuration Cette société qui a vécu des moments sombres du fait de plusieurs maux, dont la contrebande, et la contrefaçon, se refait progressivement une santé grâce à l’appui financier des pouvoirs publics. Par Cathy Koum

Le plan de restructuration en cours estimé à 4 milliards de F CFA va se poursuivre jusqu’ en 2016.

La Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), née en 1965 de la coopération entre l’État du Cameroun, la Banque allemande de développement (DEG) et le groupe français, Dolfus-Mièg et Compagnie (DMC), reprend peu à peu son souffle. Pendant plusieurs années, elle a été en proie à de nombreuses difficultés financières liées, entre autres, au départ du groupe français, l’un des actionnaires majoritaires. La première dévaluation du Naira, la monnaie nigériane, en 1985 ne facilite pas les choses. Le Naira évalué jusque-là à 1.000 F CFA tombe à 70 F CFA. Du coup, il y a invasion au Cameroun des produits nigérians à des prix extrê-

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mement compétitifs. La contrefaçon des tissus imputée en grande partie aux entreprises chinoises n’est pas en reste. Conséquences Les ventes de l’entreprise de droit camerounais chutent. En 1998, elles ne représentent que 30% de leur niveau de 1985, la belle époque. Ce sera le statu quo, sinon pire pendant bien des années encore. Du coup, l’entreprise n’honore plus ses engagements auprès de ses partenaires. Elle est scellée à plusieurs reprises à cause d’arriérés d’impôts. En juillet 2013, elle est privée d’électricité pour factures impayées. En 2014, il y a eu une

© L.L.V

grogne des employés qui réclament leurs salaires. Galère. Aujourd’hui, grâce aux financements de l’État, la restructuration de la Cicam a été lancée. Capitaine du bateau à reconstruire : François Raguideau, qui a pris officiellement fonction, le 3 janvier 2015. «J’ai découvert une entreprise qui a un vrai savoir-faire. Une entreprise qui éprouve la nécessité de rénover également l’ensemble de l’outil industriel. Et donc, ma mission consiste à lui redonner une assise financière, et à poursuivre la rénovation de l’outil industriel pour les 4 et 5 ans qui viennent», explique le DG. Le plan de restructuration en cours estimé à 4 milliards de F CFA va se poursuivre jusqu’en 2016. C’est que la Cicam n’a pas toujours brillé par la qualité des produits offerts. La texture des tissus proposée aux clients est souvent de qualité légère, la variété pas suffisamment développée, et par conséquent «le pagne après quelques lavages perd son éclat». Du coup, la concurrence étrangère a pris du galon. En 2011, les opérateurs économiques ont importé des textiles et autres produits dérivés, pour un montant total de 97 milliards de F CFA. La restructuration devrait permettre à la cotonnière industrielle du Cameroun de revenir à un niveau de qualité satisfaisant pour les clients. L’entreprise qui emploie environ un millier de personnes transforme actuellement 2millions de tonnes de coton en tissu imprimé. 


perspectives cameroun

Le fer et l'aluminium, des atouts pour la croissance Le pays regorge d’un énorme potentiel de minerais qui le positionne dans le peloton de tête africain. Les pouvoirs publics mettent en place des mesures pour faciliter leur exploitation afin de booster le développement du Cameroun. Par C.K.

Quant au fer, dans la région de l’Est, la découverte de Mbalam, c’est 220 millions de tonnes de minerais, riches à plus de 60% de fer, 2,4 milliards de tonnes de minerais d’une teneur moyenne entre 25 et 60% de fer. Il y a également le fer des Mamelles au Sud, avec 350 millions de tonnes de minerais d’une teneur moyenne de 30% de fer), les ressources ferrières de Nkout (au Sud), estimées à 2,7 milliards de tonnes. «Celui de Nkolemboula (dans le sud du pays) enraciné n’est pas encore étudié», précise-t-on au ministère des Mines. Toutes ces choses font dire au secrétaire d’État au ministère des Mines qu’«il ne fait aucun doute que c’est le fer et l’aluminium qui feront décoller le Cameroun, et non l’or ou le diamant.»

Les autorités camerounaises ont mis sur pied un Code minier incitatif qui accorde des avantages fiscaux et douaniers aux détenteurs de permis de prospection comme à leurs sous-traitants et fournisseurs.

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«En Afrique, le Cameroun est actuellement la zone potentiellement riche en fer. Nous sommes le deuxième pays potentiellement riche en aluminium en Afrique, après la GuinéeConakry», précise le secrétaire d’État au ministère des Mines, Fru Calistus Gentry. À Minim-Martap, dans le nord du pays, un gisement de bauxite de 1,116 milliard de tonnes d’une teneur de 43,7% d’alumine a été découvert ; à Ngaoundal dans l’Adamaoua - partie septentrionale du pays -, on est à 120 millions de tonnes, à Fongo-Tongo dans la région de l’Ouest (46 millions de tonnes extensibles à 70 millions de tonnes), et à Foumban dans la même région, 428 millions de tonnes.

Attirer les investissements Il faut donc y investir. Dans ce sens, les autorités camerounaises ont mis sur pied un Code minier incitatif qui accorde des avantages fiscaux et douaniers aux détenteurs de permis de prospection comme à leurs sous-traitants et fournisseurs, en même temps qu’il permet l’admission temporaire du matériel, équipements professionnels, machines, appareils et véhicules de chantier. Une exonération des droits de douane, des enregistrements et des taxes sur la valeur ajoutée est aussi concédée pour certains matériaux destinés aux firmes minières pendant les

phases de recherche, d’implantation et d’exploitation, jusqu’à la première production. Par ailleurs, une école des mines a été créée par les pouvoirs publics à Ngaoundéré, dans le septentrion, pour servir de vivier local aux investisseurs. Côté pratique, le Cameroun a signé une convention minière avec Cam Iron, filiale de l’australienne Sundance Resources, qui devrait investir 6,3 milliards de dollars pour la construction d’une mine et d’une ligne de chemin de fer de 510 kilomètres pour l’évacuation du minerai vers le port en eau profonde de Kribi dans le sud du pays, pour ce qui est du fer de Mbalam. 

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perspectives

riz local

Le Sénégal dégaine sa stratégie pour l’autosuffisance Le dispositif déjà en marche a permis d’écouler les stocks de riz en souffrance. Au cœur de ce mécanisme, la régulation et la limitation des importations, l’implication des acteurs pour l’investissement et la production du riz de qualité et aussi l’instauration d’une stratégie de commercialisation plus efficace. Par Maimouna Dia Ndour

Une parfaite autosuffisance en riz par la production de 1,6 million de tonnes de riz Paddy, c’est l’objectif que s’est fixé l’État sénégalais à l’horizon 2017. Pour ce faire, un protocole d’accord a été signé en mars dernier entre le ministère du Commerce, la Société d'aménagement et d’exploitation des terres du Delta et de la Falémé (SAED), le Comité interprofessionnel du riz (CIRIZ), la Banque Nationale pour le développement

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économique (BNDE) et l'Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (UNACOIS). En signant le protocole, les acteurs s’engagent à mettre tout en œuvre pour réduire progressivement les quantités de riz importées. «L’État table sur une réduction progressive des importations qui aboutira à terme à leur arrêt», explique Ousmane Mbaye, directeur du Commerce intérieur à ABJ. D’emblée, ils se sont procu-

rés, cette année, tout le stock de riz en souffrance dans les rizières. «Ce sont plus de 4.800 tonnes de riz qui ont été complètement écoulées», assure le DG. En outre, ces opérateurs du secteur ont l’obligation de se procurer des stocks de riz local proportionnellement à leurs quotas d’importation. «L’opérateur qui a un quota d’importation de 10% est tenu d’acheter 10% du stock de riz local disponible», indique le directeur.


perspectives Halte à la spéculation

Les difficultés endémiques de la filière riz au Sénégal

Au Sénégal, les surfaces cultivées atteignent à peine 60.000 ha par an, pour une production de 240.000 t par an de riz blanc, alors que le potentiel de terres cultivables est de 255.000 ha. De la même manière, l’environnement des affaires est peu attractif. Les régimes d'exonérations sont juste partiels et les procédures administratives longues. Dans cette filière riz, le régime fiscal actuel favorise plus les importations exonérées de TVA alors que les producteurs locaux ne peuvent toujours pas récupérer la TVA sur leurs investissements et l'énergie. Des difficultés auxquelles s’ajoute un régime foncier obsolète et inadapté ; l'accès à la terre reste très difficile dans le Delta et est quasi impossible dans la vallée. Année agricole 70 000

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L’autre aspect de ce protocole d’accord est l’implication des importateurs dans la production et la transformation du riz. L’État table sur une production de 1.500.000 tonnes alors que les unités de transformation ont une capacité moyenne de 200.000 tonnes de riz transformées. Toujours dans l’optique d’impliquer les privés dans le développement et la modernisation du secteur, les pouvoirs publics sénégalais ont organisé une visite de découverte au Brésil à laquelle ont participé plusieurs importateurs et producteurs de riz. L’idée a été de s’inspirer du modèle brésilien afin d’atteindre l’objectif d’autosuffisance pour le riz en 2017. 

© Benjamin Ives

Par ailleurs, parvenir à l’autosuffisance en riz passe en amont par l’élaboration d’une bonne stratégie de commercialisation. Pour l’année 2015, l’importation du riz sera limitée à seulement 500.000 tonnes. La réduction des parts importées vise justement à ce que les 200 milliards de francs consacrés à l’importation du riz soient investis dans l’économie nationale. De nouvelles mesures rassurantes pour les producteurs quant à l’absorption de leur production par le marché national. En contrepartie, ils sont tenus de produire du riz de bonne qualité. «Seules les rizières modernes, capables de produire du riz de qualité et agréées par la SAED sont partenaires et inclues dans le protocole», prévient le directeur du Commerce intérieur. Une qualité largement tributaire de celle des intrants, du riz Paddy cultivé, mais également des infrastructures de transformation.

Pour parer à toute spéculation sur le riz, l’État a mis en place des prix de référence. Le coût du kilogramme est fixé au plus à 260 F à Dakar aux détails, celui de l’usine est arrêté à 240 F. Ce qui dans une logique commerciale n’empêche pas aux revendeurs de vendre à des prix plus bas et aussi de négocier des modalités de paiement selon leurs convenances. Un comité de suivi a été instauré pour veiller au respect des tarifs et des termes du protocole d’accord.

Riz année agricole Production (Tonnes)

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Banques

Attijariwafa bank détient 75% du capital de la Société ivoirienne de banque Le Groupe Attijariwafa bank détient actuellement 75% du capital de la Société ivoirienne de banque suite au rachat de 24% de parts supplémentaires. hamed El Kettani, président du groupe Attijariwafa bank.

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Selon les clauses de cette convention, le groupe marocain s'engage à introduire 12% du capital de la banque ivoirienne à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) et à en céder 3% au personnel dans un délai maximum de deux ans. Donc AWB ne conservera que 24% des parts qui s’ajouteront aux 51% déjà acquis depuis 2009. Au total, elle détient 75% des parts de la SIB, le cinquième établissement de crédit en Côte d’Ivoire.

La dernière tournée du Roi Mohammed VI a été très fructueuse pour le groupe marocain Attijariwafa bank (AWB) qui en a profité pour parapher plusieurs accords. L’un des plus importants est sans nul doute celui signé avec l’État

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ivoirien pour le rachat de 39% de parts supplémentaires dans le capital de la Société ivoirienne de banque (SIB). Cet accord de cession a été signé par Nialé Kaba, ministre ivoirienne chargée de l'Économie et des finances, et Mo-

Le 19 février 2015, Mohamed El Kettani avait levé un coin du voile en annonçant que son groupe était en négociations avec l’État ivoirien pour racheter des parts supplémentaires dans le capital de ladite banque, sans préciser le pourcentage. Désormais, c’est chose faite. 


Banques & finances

Investissements

FinanceCom et Saham s’allient pour se développer en Afrique

Les groupes marocains FinanceCom et Saham mettent sur pied une structure juridique pour développer leurs activités dans le secteur des services financiers en Afrique.

© Agence Ecofin

ment au développement commun et à la coordination de plateformes métiers présentant les synergies les plus fortes. La conclusion de cette alliance stratégique viendra renforcer l’offre en matière de services financiers dans le cadre d’une approche de codéveloppement et démontre une nouvelle fois l’engagement des deux Groupes à s’investir pleinement dans le développement du continent africain», indique un communiqué conjoint.

C’est ce qu’on appelle une alliance stratégique. Deux grands groupes marocains, en l’occurrence le holding FinanceCom, dirigé par le milliardaire marocain Othman Benjelloun, et le groupe Saham, spécialisé dans les assurances, ont

annoncé début juin la création d’une structure juridique pour le développement de leurs activités dans les services financiers en Afrique. L’objectif de cette entité détenue à parité par les deux groupes «sera de se consacrer principale-

Les deux groupes souhaitent mettre à profit leurs complémentarités pour créer de la valeur. «Compte tenu de leur complémentarité dans les domaines bancaires, assurances et services financiers et des perspectives de synergies industrielles, plus particulièrement dans la bancassurance, cette alliance stratégique représente un potentiel significatif de création de valeur pour les deux Groupes», précisent-ils. 

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© Ivoire Express

Banques & finances

Banques

Standard Bank révise sa stratégie en Afrique francophone Le groupe bancaire sud-africain Standard Bank prévoit d’ouvrir une succursale en Côte d’Ivoire pour étendre ses activités en Afrique de l’Ouest francophone. Depuis novembre 2013, Standard Bank dispose d’un bureau de représentation à Abidjan dédié à ses clients résidant en Afrique francophone, et ce, à travers différentes activités comme les infrastructures, l’électricité et l’énergie, les biens de consommation, mais également l’exploitation minière, le pétrole et le gaz. Désormais, le groupe sud-africain souhaite trans-

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former ce bureau en succursale pour consolider sa présence en Afrique. «Le conseil d’administration de la banque a approuvé la conversion de notre bureau de représentation à Abidjan en une succursale», a indiqué Herve Boyer, directeur des Opérations de Standard Bank en Côte d’Ivoire, avant de poursuivre, «nous nous sommes recentrés sur l'Afrique, et certaine-

ment l’Afrique francophone est la pièce manquante du puzzle». Ce changement ne serait, en fait, qu’une première phase dans la stratégie du groupe qui envisage de demander une licence bancaire pour opérer dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Avec comme tremplin, la Côte d’Ivoire. 


Banques & finances

Bancassurance

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Ecobank entre dans le marché kenyan

Ecobank a ouvert au Kenya une filiale dénommée EcoInsurance Ltd pour développer des activités dans le secteur de la bancassurance. «Nous nous positionnons sur ce segment afin d'apporter notre contribution au secteur des assurances, à travers l'offre de nouveaux canaux de distribution, et avec un focus sur les produits d'assurances Vie et d'assurance Non-Vie. Le but est de faire grossir le nombre d'assurés dans un pays qui compte seulement 3,8% de polices d'assurance comparé à la population globale», a indiqué Ehouman Kassi, directeur général de EcoInsurance Ltd. 

Investissement

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La China Exim Bank ouvre un bureau de représentation au Maroc

La Banque chinoise d’import et export China Exim Bank a ouvert le 28 mai 2015 un bureau de représentation à Rabat pour couvrir le marché marocain et 26 pays de l’Afrique du Nord, du Centre et de l’Ouest, pour fournir des services financiers aux entreprises chinoises présentes dans ces régions, a indiqué l’agence officielle chinoise Xinhua. «En s’appuyant sur cette nouvelle plateforme financière, la Banque d’import-export chinoise souhaite renforcer ses liens économiques avec la région et aider à promouvoir le développement économique régional», a déclaré Liu Liange, président de China Exim Bank. C’est le deuxième bureau de représentation de la banque en Afrique après celui ouvert en 1999 à Johannesburg et qui couvre l’Afrique de l’Est et australe. 

Fusions-Acquisitions

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Les biens de consommation en tête en Afrique

Selon l’Agence Bloomberg, la banque d’investissement Citigroup Inc. a révélé, lors du dernier Forum économique mondial pour l’Afrique qui s’est tenu au Cap en Afrique du Sud, que le secteur des biens de consommation est le plus dynamique dans le marché des fusions et acquisitions en Afrique, grâce notamment à l’explosion du commerce transfrontalier et à la montée en puissance des classes moyennes. D’après la banque, les pays les plus attractifs en matière de fusions-acquisitions sont respectivement le Nigéria, le Kenya et la Tanzanie. La banque américaine indique, en outre, que l’Éthiopie représente un marché intéressant avec ses 94,1 millions d’habitants et avec une croissance annuelle de 8%. «Les entreprises sont très alléchées par l’émergence de grands blocs commerciaux régionaux, l'augmentation des revenus des ménages et une urbanisation croissante. (…) Nestlé et Unilever sont déjà présents sur le continent, mais d'autres géants internationaux sont absents, et la seule façon d’entrer dans ce secteur prometteur est de procéder à des acquisitions», a déclaré Miguel Azevedo, directeur Afrique de la banque. 

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© BMCE Bank

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le grand entretien

Brahim Benjelloun Touimi Administrateur et directeur général du groupe BMCE Bank of Africa

« Notre ambition, faire émerger un leader panafricain de la banque d’affaires » Le magazine britannique «EMEA Finances» a désigné la BMCE Bank of Africa comme «Meilleure banque au Maroc» durant l’année écoulée. Une distinction qui coïncide avec le développement d’une nouvelle stratégie de la banque en direction de l’Afrique marquée notamment par un changement de dénomination et le lancement du Prix de l’entrepreneuriat africain «African Entrepreneurship Award». Dans ce grand entretien accordé à ABJ, Brahim Benjelloun Touimi, administrateur et directeur général du groupe BMCE Bank of Africa, explique cette nouvelle vision et revient sur les grands projets lancés par son groupe au Maroc et en Afrique subsaharienne.

Entretien réalisé par Elimane Sembène

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le grand entretien BMCE Bank of Africa a été désignée «Meilleure banque au Maroc» en 2014, lors du dernier «African Banking Award» organisé par le magazine britannique «EMEA Finance». Sa filiale Bank of Africa (BoA) a également reçu le Prix de la Meilleure banque au Bénin, au Burkina Faso et à Madagascar. Ces consécrations pourraient-elles rehausser votre image et avoir un impact réel dans le renforcement de vos activités en Afrique et à l’international ? C'est en fait la troisième fois que ce prix de «Meilleure banque au Maroc» nous est décerné par le Groupe de presse britannique de renom, «EMEA Finance», dédié aux activités financières au sein de la région Europe, Moyen-Orient & Afrique. Nous sommes fiers que ce soit également le Groupe Bank of Africa, détenu à plus de 72% par BMCE Bank, qui ait été distingué en 2014. Ce sont les réalisations financières solides de notre Groupe qui sont ainsi couronnées de même que les efforts de bancarisation que nous déployons sur le continent africain. Ces récompenses soulignent enfin notre engagement résolu dans une démarche inclusive de responsabilité sociétale et environnementale. Certainement que l'image du Groupe BMCE Bank of Africa en est rehaussée et sa visibilité accrue pour poursuivre notre action au Maroc et à l'international... En 2014, BMCE Bank Of Africa a réalisé un bénéfice net de 1,94 milliard de DH, soit une augmentation de 58% par rapport à l’exercice 2013. Quels sont les facteurs qui expliquent cette hausse ? La tendance haussière de la capacité bénéficiaire du Groupe BMCE Bank résulte des différents chantiers commerciaux, opérationnels et organisationnels que nous avons engagés au cours de ces cinq dernières années,

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notamment. Elle traduit le bienfondé des orientations stratégiques que le président du groupe, Othman Benjelloun, et notre conseil d'administration ont imprimées au Groupe, notamment dans le cadre du Plan de développement 2012-2015. L'international contribue significativement à ces performances notamment les activités africaines. Elles connaissent une croissance à deux chiffres de leurs agrégats financiers, comme pour Bank of Africa où le Résultat net part du Groupe s'est inscrit en

son président a-t-il souhaité marquer ce jalon important de son histoire. La dimension continentale du Groupe BMCE Bank y est soulignée tout en capitalisant sur la marque puissante que représente Bank of Africa. C'est le bien fondé d'adjoindre, par décision de l'Assemblée des actionnaires, le suffixe «of Africa» à la prestigieuse marque BMCE Bank. Être un Groupe bancaire panafricain de référence est, en soi, un objectif très ambitieux qui devrait nous porter, avec les dizai-

«Être un Groupe bancaire panafricain de référence est, en soi, un objectif très ambitieux qui devrait nous porter, avec les dizaines de milliers de collaborateurs du Groupe BMCE Bank of Africa, pendant de nombreuses années. C'est faire preuve de leadership que d'y œuvrer chaque jour.»

hausse de +56% à 49 M€ le résultat net consolidé progressant de +58% à 90 M€. Lors de la présentation de vos résultats annuels le 23 mars 2015, vous avez annoncé le changement de la dénomination de la banque qui devrait être rebaptisée «BMCE Bank of Africa». Estce une manière pour refléter votre dimension panafricaine avec, en ligne de mire, la place de leadership dans le secteur bancaire en Afrique ? Dans le contexte d’internationalisation de ses activités, le Groupe BMCE Bank ne cesse de grandir et de s’enrichir en termes de métiers et de ressources humaines. Aussi,

nes de milliers de collaborateurs du Groupe BMCE Bank of Africa, pendant de nombreuses années. C'est faire preuve de leadership que d'y œuvrer chaque jour. Le pôle africain de banques d’affaires de BMCE Bank of Africa a connu une réorganisation en février 2015, avec le regroupement des filiales «Actibourse» (intermédiation boursière) et «BoA Asset Management» (gestion d’actifs) dans le holding BoA Capital. Qui est-ce qui explique cette réorganisation ? BoA Capital a bénéficie de l’expertise de BMCE Capital, la Banque d’affaires du Groupe BMCE qui en est un des deux actionnaires, aux


le grand entretien côtés de BoA Holding. Sa création s'inscrit dans le cadre de la stratégie de développement «Afrique» de notre Groupe. L'ambition est de faire émerger un leader panafricain de la banque d’affaires, en capitalisant en même temps sur l’expertise locale des Bank of Africa et sur celle de BMCE Capital. La Banque de développement du Mali (BDM) est une de vos filiales les plus dynamiques dans le continent. Elle a contribué avec Bank of Africa (BoA) et la Congolaise de Banque, à hauteur de 27% au bénéfice net du Groupe en 2014. Vous envisagez de faire de la BDM un Groupe bancaire qui disposera de filiales dans d’autres pays de la sous-région. Concrètement, où en êtesvous par rapport à ce projet ? Nous nous réjouissons que la part de BMCE Bank dans le capital de la BDM ait augmenté de 27,38 à 32,38%. Ce fut à travers l'acquisition d'une partie des actions que cédait la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest. Nous ne recherchons pas - et nous nous y sommes engagés formellement - à accroitre davantage cette participation. Notre volonté est d'accompagner seulement nos partenaires historiques – près de 3 décennies de partenariat ! – que sont les actionnaires maliens de la BDM, dans le déploiement de la stratégie d'expansion régionale qu'ils veulent pour cette banque leader dans son pays. C'est à eux d'en parler. Notre appui d'actionnaire de BDM leur est assuré. À l’occasion du cinquième Sommet mondial de l’entrepreneuriat qui s’est déroulé en 2014 à Marrakech, le PDG du groupe, Othman Benjelloun, a annoncé le lancement d’un Prix annuel de l’entrepreneuriat africain doté d’un montant d’un million de dol-

lars et dédié aux jeunes entrepreneurs. Qu’est-ce qui différencie ce Prix des autres distinctions déjà existantes en Afrique ? Le montant global consacré à l’African Entrepreneurship Award (AEA) est conséquent : un million de dollars US au total. En fait, au-delà, le président Benjelloun a voulu que ce Prix transcende les frontières et touche l’ensemble des 54 pays africains. Trois catégories de Prix sont prévues

mellement clôturée, sans doute à la rentrée 2015, bien après que la date de dépôt des propositions et des candidatures aura été forclose à la fin du mois de juin. L’obtention des financements constitue un véritable casse-tête chinois pour de nombreuses PME. La BMCE facilite-t-elle aux PME marocaines et africaines, en général, l’accès aux crédits, à des taux réduits ?

«Notre banque est, tant au Maroc qu'en Afrique subsaharienne, engagée dans des démarches de proximité et d’accompagnement de la PME, en mettant progressivement à leur disposition des structures dédiées au travers de Centres d’affaires, dotés de compétences et de savoir-faire avérés, répartis à travers les principales régions du Royaume ou des pays d'implantation des BoA (Ndlr. Bank of Africa)»

concernant l'Éducation, l'Environnement et un domaine qui serait jusqu'à lors inexploré. À cet effet le site AEA (www.africanentrepreneurshipaward.com) qui accueille les propositions des candidats originaires d'Afrique, a été monté avec des versions en anglais, en français, en arabe et en portugais, des langues parlées par plus de 90% des Africains. AEA a également été voulu comme «un voyage», en fait, un processus qui inclut un mentoring personnalisé, sur le terrain, pour chacun des entrepreneurs candidats, et ce, à chaque étape de sélection prévue par le Prix. Le Groupe BMCE Bank of Africa communiquera davantage sur l'AEA et son premier bilan quand la compétition sera for-

Il ne s'agit pas ici, à proprement parler, d'une seule problématique de financement, encore moins de taux «d'intérêt réduits». Les conditions de tarification doivent être tributaires du profil de risque des PME. En fait, réussir l’accompagnement de la PME – encore sous-bancarisée au Maroc – c’est réussir le métier de véritable banquier commercial dédié à l’entreprise et se forger de nouveaux gisements de développement pour les activités de Banque d’affaires. Notre banque est, tant au Maroc qu'en Afrique subsaharienne, engagée dans des démarches de proximité et d’accompagnement de la PME, en mettant progressivement à leur disposition des structures dédiées au travers de

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le grand entretien

BIOEXPRESS Né en 1960 à Rabat, M. Brahim Benjelloun Touimi poursuit ses études primaires et secondaires à la Mission française. Après l'obtention du baccalauréat en "sciences économiques" en 1977, il obtient le diplôme de doctorat de l'Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne en 1985, spécialité "monnaie finance banque". Il effectue plusieurs stages dans des banques françaises parallèlement à ses études. En 1985, le FMI retient sa candidature pour conduire des recherches sur les régimes de change et les systèmes financiers de certains pays membres du Fonds dans le cadre d'un programme doctoral. A l'issue d'un séjour aux Etats-Unis, M. Benjelloun est recruté par un établissement financier interbancaire à Paris pour lancer les activités des nouveaux produits financiers et notamment celles de l'intermédiation et de trading sur les marchés à terme de taux d'intérêt. En 1989, il entre chez Paribas à Paris en tant que responsable de la recherche au sein de la Salle des Marchés et contribue à ce titre aux publications relatives aux marchés des capitaux éditées par la banque. M. Brahim Benjelloun Touimi rejoint la BMCE à l'automne 1990 en tant que directeur à la Direction de l'International puis chargé de mission auprès de la Direction Générale. A ce titre, il a piloté le projet "Société de bourse et OPCVM" pour le compte du groupe BMCE. Il est promu à la tête du Secrétariat de la Présidence en 1995 puis du Secrétariat des Affaires Générales en 1997 et depuis (date??) Administrateur et Directeur Général de la BMCE Bank of Africa.

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Centres d’affaires, dotés de compétences et de savoir-faire avérés, répartis à travers les principales régions du Royaume ou des pays d'implantation des BoA. Pour leur part, les pouvoirs publics, au Maroc en particulier, ont développé en partenariat avec les opérateurs économiques – dont la communauté bancaire – une série de programmes qui ont permis l’amélioration de l’accès des PME au crédit bancaire pour leurs programmes d’investissement, de modernisation de leurs outils de production ou de leur mise à niveau ou déploiement. Grâce à l’ensemble de ces mesures, il y eut indéniablement, au Maroc, au cours des 10 dernières années, une amélioration du profil de risque de ces PME. Elle trouve sa source, essentiellement, dans la qualité du Management de ces entreprises et le renforcement de leurs capacités d’autofinancement. En Afrique subsaharienne, nous sommes encore au tout début du processus. Ici ou ailleurs, du chemin reste à parcourir en termes de renforcement de leur capitalisation, structuration, transparence et qualification de leurs ressources humaines. Nous nous tenons, en tant que banque partenaire, disposés à les soutenir dans leur démarche de structuration. Vous avez lancé mi-mai 2015 la DCC (Dynamic Currency Choice) qui permet à votre clientèle détentrice de cartes étrangères de fixer un montant souhaité dans sa devise avant de le retirer en dirhams dans les guichets automatiques. Une première au Maroc. Quel en est le but ? Le lancement du service Dynamic Currency Choice (DCC) sur les 800 Guichets automatiques bancaires de BMCE Bank est, en effet, une première au Maroc et


le grand entretien

«Avec l’ensemble des composantes des Groupes Finance Com et de BMCE Bank, nous nous positionnons comme des conseillers avisés et des intercesseurs efficaces pour l’accès des entreprises chinoises aux marchés africains. Les échanges commerciaux sinoafricains sont, autant que l'investissement, concernés. Le Maroc et la Chine pourraient parfaitement représenter les deux extrémités de la «Route de la Soie» du 21e siècle. »

en Afrique. Sont potentiellement concernés l'ensemble des clients étrangers détenteurs de cartes Visa ou MasterCard. La carte du voyageur est détectée comme éligible dès son utilisation au Maroc et l’offre Currency Choice est alors automatiquement proposée. La transparence des conditions à l'égard du client y est patente : le taux de change et les frais de conversion apparaissent clairement et renseignent instantanément le voyageur sur ses dépenses. Un autre avantage d'un tel service est que DCC permet au voyageur d’utiliser la devise à laquelle il est habitué et donc de gérer son budget dans sa devise lors de son séjour au Maroc. La dimension «Asie» est de plus perceptible dans votre orientation stratégique. Début avril 2015, le groupe a obtenu l’autorisation pour lancer une succursale à Shanghai en Chine, qui devrait être opérationnelle en 2016. Vous avez organisé les 24 et 25 juin 2014 à Rabat la première édition des rencontres B to B sur le partenariat Chine-Afrique, sur le thème «China Africa Investments

Meetings». La BMCE ambitionne-t-elle de devenir une interface dans les échanges économiques entre la Chine et l’Afrique ? Dès l'an 2000, à l'initiative de son président, BMCE Bank fut précurseur dans les relations économiques sino-marocaines en ouvrant un bureau de représentation à Pékin. L'organisation des China-Africa Investment Meetings (CAIM), en juin 2014 à Rabat, participe de cette même volonté de contribuer au rapprochement économique avec la Chine et de promouvoir le Maroc en tant que plateforme idoine et tremplin des entreprises chinoises vers notre pays et vers le reste de l'Afrique. Avec l’ensemble des composantes des Groupes Finance Com et de BMCE Bank, nous nous positionnons comme des conseillers avisés et des intercesseurs efficaces pour l’accès des entreprises chinoises aux marchés africains. Les échanges commerciaux sinoafricains sont, autant que l'investissement, concernés. Vous savez, le Maroc et la Chine pourraient parfaitement représenter les deux extrémités de la «Route de la Soie» du 21e siècle. 

de r n i è r e s n o u v elle s Nomination

Brahim Benjelloun Touimi, nouveau PCA de BoA Group

Brahim Benjelloun Touimi, administrateur DG du Groupe BMCE Bank of Africa, a été nommé président du conseil d’administration de Bank Of Africa Group (BoA Group), le 22 juin à Casablanca. Amine Bouabid a été désigné en tant qu'administrateur et directeur général du même groupe. Il remplace ainsi Mohamed Bennani ex-PDG de BoA Group dont le mandat est arrivé à échéance, et qui «est appelé à de nouvelles responsabilités au sein du Groupe». «Le conseil d’administration de BoA Group a adopté un nouveau mode de gouvernance, fondé sur la séparation entre les fonctions de président du conseil d’administration et de directeur général. Ce réaménagement vise à faciliter une plus grande intégration des structures de BoA au sein du Groupe BMCE Bank of Africa afin d'assurer le déploiement ordonné de la stratégie de consolidation d'un groupe bancaire multimétiers, de vocation internationale et d’ambition panafricaine», explique BoA Group. Le Groupe Bank of Africa, qui est détenu à hauteur de 72,7% par BMCE Bank depuis 2010, est présent dans 17 pays africains dont 8 en Afrique de l’Ouest, 7 en Afrique de l’Est et en RDC (Afrique centrale).

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Think

Cercles ou simples Ce n’est point un mystère. Les think tanks sont de plus en plus en vogue, à l’échelle internationale. Dans son dernier rapport «Global Go To Think Tank Index (GGTTI)», l’Université de Pennsylvanie nous révèle qu’il en existait en 2014, quelque 6.618 dans le monde, dont 1.939 en Amérique du Nord, 1.822 en Europe, 1.106 en Asie, 674 en Amérique du Sud et du Centre. Au vu de ces incroyables statistiques, l’on ne peut s’empêcher de s’interroger sur les réelles motivations de ces cercles de réflexion. Pour comprendre leur naissance, une rétrospective s’impose.

© Getty Images

Quand on jette un regard sur le rétroviseur de l’histoire, on constatera que les premiers think tanks ont vu le jour au 19e siècle en Royaume-Uni et aux États-Unis. Mais c’est lors de la Première Guerre mondiale qu’on assistera réellement à leur éclosion. Dans l’ouvrage «Les think tanks, cerveaux de la guerre des idées», Stephen Boucher et Martine Royo nous expliquent que ces «réservoirs de pensées» ou «laboratoires à idées» ont obtenu leurs lettres de noblesse dans le giron anglo-saxon, avant de connaitre une croissance fulgurante sous l’effet de la mondialisation. Ce grand village planétaire a rendu caduque la notion de frontières et démocratisé l’accès aux informations. Ces cercles d’influence se sont engouffrés dans cette belle brèche, en s’adossant sur la société civile, pour orchestrer une véritable diplomatie intellectuelle. Leur évolution a connu quatre grandes phases : Avant et après la Première Guerre mondiale (1884-1927), de la Seconde Guerre mondiale à la veille de la crise pétrolière (1943-1968), de la crise pétrolière à la veille de la chute du mur de Berlin (1973-1989), et enfin de 1989 à nos jours.

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Réalisé par Elimane Sembène

Ta n k s

d’influence boîtes à idées ?

affrontements post-électoraux meurtriers (3.000 morts) entre 2010 et 2012, la Côte d'Ivoire sous le nationale, avec l’ambition de devenir une économie qui émerge à l’horizon 2020. Retour sur 60 ans que ivoirien", la crise du modèle économique (Capitalisme d’Etat) dans les années 80 et 90, sur la crise rités gouvernementales ivoiriennes, le Plan National de Développement 2012-2015.

Leur influence a été parfois réelle. En Grande-Bretagne, Margaret Thatcher s’est basée sur les propositions de Think Tanks adeptes du libéralisme économique comme Adam Smith Institute, Institute for Fiscal Studies, Institute of Economic Affairs, et le Centre for Policy Studies pour mettre en place des réformes. Aux États-Unis, le Center for American Progress (CAP) qui emploie pas moins 100 salariés en interne, livre des notes d’analyses et des réflexions sur de sujets à long terme aux membres du Congrès. Le CAP a été décisif dans l’accession de Barack Obama à la Maison-Blanche en 2008. Son directeur de campagne lors des primaires démocrates (de même que celui d’Hillary Clinton) est ancien membre du Think Tank. L’Afrique aussi connait ce phénomène. Elle a pris le train en marche. Sur les 6.618 dénombrées par l’Université de Pennsylvanie, 647 se trouvent en Afrique. La majeure partie est localisée en Afrique anglophone. D'ailleurs, ces pays caracolent en tête dans le classement GGTTI. Quels sont les principaux objectifs de ces think tanks ? Exercent-ils une réelle influence auprès des décideurs du continent ? Qui les finance ? Qui est-ce qui explique la prédominance des think tanks anglophones sur les cercles de réflexion francophones ? Nous avons essayé de répondre à ces différentes interrogations dans ce focus qui scrute à la loupe «ces laboratoires à idées» qui confectionnent, parfois, les stratégies actuelles et futures. 

Réalisé par Elimane Sembène

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FOCUS

Global Go To Think Tank Index

Les think tanks à la loupe Depuis 2006, l’Université de Pennsylvanie basée aux États-Unis publie le classement annuel «Global Go To Think Tank Index (GGTTI)». Un ranking de référence mondiale qui expose les différentes catégories de think tanks dans le monde et leur influence dans leurs zones respectives. 6.618 ! C’est le nombre de think tanks que l’Université de Pennsylvanie a repéré dans le monde en 2014. Ce chiffre en dit long sur l’ampleur grandissante de ces groupes de réflexion et réservoirs de pensées. De véritables laboratoires idéologiques qui façonnent les politiques publiques et stratégiques. Leur coller tous la même étiquette serait réducteur parce que leurs activités et leurs cibles divergent, leurs intentions restent souvent floues. Mais concrètement, que font-ils ? «Les think tanks sont des structures spécialisées qui fournissent de la recherche axée sur les politiques, de l'analyse et des conseils sur les questions nationales et internationales, permettant ainsi aux décideurs politiques et au public de prendre des décisions éclairées au sujet de la politique publique», indique l’institution universitaire dans son rapport «Global Go To Think Tank Index (GGTTI)», avant de préciser que «les think tanks peuvent être affiliés ou être des institutions indépendantes qui sont structurées, avec des organes permanents, et non pas en commissions ad hoc», et qu’elles «agissent souvent comme un pont entre les communautés universitaires et décisionnelles et entre les États et la société civile, en générant de la recherche fondamentale et appliquée dans un langage compréhensible, fiable et accessible pour les décideurs et le public».

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Catégories

Définitions

Autonome et indépendant

Indépendant de tout groupe d’intérêt ou de donateur et autonome dans son fonctionnement et à l’égard du financement du gouvernement.

Quasi indépendant

Autonome du gouvernement, mais contrôlé par un groupe d’intérêt, donateur ou organisme contractant qui fournit la majorité du financement et qui a une influence notable sur les opérations du groupe de réflexion.

Affilié au gouvernement

Une partie de la structure formelle de gouvernement

Quasi gouvernemental

Financé exclusivement par des subventions et des contrats gouvernementaux, mais il ne représente pas une partie de la structure formelle de gouvernement.

Affilié à l’Université

Un centre de recherches universitaire.

Affilié à un parti politique

Officiellement affilié à un parti politique.

Entreprise à but lucratif

Un organisme de recherche en politique publique, affilié à une société ou simplement fonctionnant sur une base à but lucratif.

Les think tanks sud-africains leaders en Afrique Pour établir ce classement annuel, plus de 20.000 journalistes, des experts et autres spécialistes à travers le monde se basent sur plusieurs critères notamment la qualité et l'engagement du leadership du think tank, la qualité et la réputation du staff du think thank, et celle de la réputation de la recherche et de l'analyse produites, l'habilité à recruter et à garder analystes et experts, la qualité, le nombre et l'impact des publications, l'impact des programmes et de la recherche sur les décideurs, et l'usage des nouvelles technologies pour réaliser et diffuser recherches et travaux. D’après le rapport, le think tank égyp-

tien Al-Ahram Center for Political and Strategic Studies (51e mondial) est le plus dynamique en Afrique. En Afrique subsaharienne, on constate une nette domination des think tanks anglophones : sur les dix premiers, neuf appartiennent à cette zone. Le trio de tête est composée par Kenya Institute for Public Policy Research and Analysis (KIPPRA), Imani Center for Policy and Education (Ghana) et South African Institute of International Affairs (SAIIA) de l’Afrique du Sud. Le Council for the Development of Social Science Research in Africa (CODESRIA) du Sénégal qui occupe la 4e place est le seul représentant francophone dans ce Top 10. Comme lors des précé-


FOCUS dents classements, les think tanks sud-africains maintiennent toujours leur leadership avec cinq représentants dans ce lot. L’Égypte domine en Afrique du Nord La nation arc-en-ciel regroupe le plus grand nombre de think tanks en Afrique subsaharienne (87), devant le Nigéria (46), le Kenya (23), le Zimbabwe (24) et le Ghana (37). En Afrique francophone, le Cameroun (21), le Sénégal (16), le Burkina (14) et la

Côte d’Ivoire (12) forment le quatuor de tête. L’Égypte reste maitresse en Afrique du Nord avec 57 think tanks, suivi de la Tunisie (38), du Maroc (33) et de l’Algérie (12). Le pays des pharaons domine aussi largement le classement en Afrique du Nord, avec 4 représentants dans le Top 5 dirigé par Al-Ahram Center for Political and Strategic Studies, le Centre d’études et de recherches en sciences sociales (CERSS) du Maroc et Egyptian Center for Economic

Studies (ECES). «L’Asie, l’Amérique latine, l’Afrique, le Moyen-Orient, et l’Afrique du Nord continuent de voir une expansion dans le nombre et le type de think tanks établis», constate le GGTTI. Le classement mondial est dominé respectivement par Brookings Institution (États-Unis), Chatham House (Royaume-Uni), et Carnegie Endowment for International Peace (États-Unis). Le pays de l’Oncle Sam compte 6 think tanks dans le top 10 mondial.

Nombre de Think Tanks dans le monde en 2014 Total Global des Think Tanks en 2014 = 6.618 Europe

Asie

1106

674

Amérique Centrale et du Sud

1822

Amérique du Nord

521

Moyen-Orient Afrique du Nord

1989

Afrique subsaharienne

467

Océanie

39

Ce graphique montre le nombre de think tanks en 2014 sur la base des données recueillies à partir de décembre 2014

Répartition mondiale des Think Tinks par région

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Classement régional

Les think tanks anglophones dirigent les débats En Afrique subsaharienne, on observe la prédominance des think tanks anglophones sur les cercles de réflexion francophone. Plusieurs facteurs expliquent cet écart.

L’Afrique du Sud, le Nigéria, le Kenya, Ghana et Zimbabwe regroupent le plus grand nombre de think tanks en Afrique subsaharienne. Plus de la moitié des groupes de réflexion de l’Afrique (plus de 200) y sont localisés. Leur domination transparait également en filigrane dans le rapport GGTTI 2014 où ils occupent les premières

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loges dans le Top 10 continental. Selon Isidore Kpotufe, responsable d’Imani-Francophone, la version francophone du think tank ghanéen Imani, la géopolitique n’y est pas étrangère. «Il faut honnêtement reconnaitre que le terrain de fonctionnement pour les think tanks francophones est différent de celui de leurs homologues

anglophones. La géopolitique en Afrique anglophone ne peut aucunement être comparée à la géopolitique en territoire francophone. De plus, l’espace politique en Afrique francophone est tellement hostile au point où les “think tankers” se méfient souvent du genre et du degré d’activités qu’il faut entreprendre», constate-t-il.


FOCUS Facteur culturel et problème de leadership Il est important de souligner que les premiers think tanks ont vu le jour dans les pays anglophones, plus particulièrement au Royaume-Uni à la fin du 19e siècle et aux États-Unis au début du 20e siècle. Ce n’est que quelques années plus tard qu’ils feront leur apparition dans l’espace francophone, qui était plus habitué aux «salons de réflexion». L’aspect culturel est-il donc un facteur explicatif ? Oui, d’après Georges Vivien Houngbonon du think tank L’Afrique des idées. «Le développement des think tanks est un phénomène culturel qui prend du temps à se diffuser dans les pays d’Afrique francophones, car cette culture est venue plus tardivement en France. L’émergence des think tanks requiert qu’il existe une demande d’idées de la part des décideurs politiques», indique-t-il, non sans préciser que «cette demande existe bel et bien en Afrique francophone, mais elle est adressée aux organismes internationaux qui pourtant diffusent des idées assez générales sans être adaptées aux contextes locaux. Mais cela se comprend assez bien, car les États dépendent encore financièrement des organismes internationaux de financement». Repenser le modèle des think tanks francophones Outre les dimensions géopolitiques et culturelles, le problème de leadership se pose aussi au sein des think tanks francophones. À en croire Diakalia Sanogo, spécialiste de programme principale à l’Initiative Think Tank (ITT) qui finance de nombreux groupes de réflexion dans le monde, «il y a souvent un problème de leadership et de gouvernance au niveau des think tanks dans les pays francophones. Hormis les centres de recherche universitaires, la

Top 10 des Think Tanks en Afrique Sub-Saharienne Kenya u Kenya Institute for Public Policy Research and Analysis (KIPPRA)è  Ghana v IMANI Center for Policy and Education è  South Africa w South African Institute of International Affairs (SAIIA) è  Senegal x  Council for the Development of Social Science Research in Africa (CODESRIA) è  Botswana y Botswana Institute for Development Policy Analysis (BIDPA) è  South Africa zAfrican Centre for the Constructive Resolution of Disputes (ACCORD) è  South Africa { Institute for Security Studies (ISS) è  South Africa |Africa Institute of South Africa (AISA) è  South Africa } Centre for Conflict Resolution (CCR) è  Ghana ~ Centre for Policy Analysis (CEPA) è

majorité des think tanks dans nos pays sont créés par des chercheurs ou groupes de chercheurs sous l’impulsion d’un individu». Toujours selon lui, «les promoteurs de ces organisations ne prennent pas souvent le recul nécessaire après la création de leurs “bébés”, pour voir que pour la transformation organisationnelle de leurs initiatives en véritables structures de recherche pérennes, il faudrait associer à la gestion et la mise en œuvre des activités de ces institutions des professionnels compétents qui partagent avec eux les mêmes idéaux». Diakalia Sanogo pointe aussi du doigt le manque transparence et gestion qui caractérise en général les think tanks francophones. «Il y a des problèmes récurrents de gouvernance et de gestion de la recherche au niveau des centres universitaires où souvent l’intérêt personnel ou celui de groupe prend le dessus sur la vision institutionnelle, des entraves majeures qui font que certains think tanks

de l’espace francophone, bien que performant à des périodes données de leur développement, peinent à réussir leur transformation en véritable institution de recherche durable». D’où la nécessité de mettre sur pied un nouveau modèle pour les think tanks de l’espace francophone pour accroitre leur performance. C’est ce qu’a compris Imani avec le lancement d'un cercle de réflexion dédié à l’espace francophone. «Ce sont en fait ces réalités qui ont poussé Imani à initier le projet Imani Francophone, dont les activités sont principalement concentrées sur l’Afrique francophone. Imani est le premier think tank anglophone en Afrique et d’ailleurs le seul à ma connaissance à avoir dédié un projet singulièrement focalisé sur l’Afrique francophone. Il faut repenser un nouveau modèle de gestion de think tanks en Afrique francophone en vue de pouvoir faire face aux nombreux défis», précise Isidore Kpotufe.

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entretien

Isidore Kpotufe Responsable d’Imani-Francophone

«Nos travaux de recherche sont toujours suivis d’actions concrètes» Imani a été classé 2e think tank le plus influent en Afrique en 2014 dans le dernier classement de «Global Go To Think Tank Index» de l’Université de Pennsylvanie. Selon vous, quels sont les facteurs clés de ce plébiscite ? Oui, Imani a été classé 2e think tank le plus influent en Afrique en 2014 par le programme de cette prestigieuse institution, l’Univer-

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sité de Pennsylvanie. Notre position dans le classement de 2014 confirme de plus la cohérence et l’efficacité des stratégies employées par Imani dans l’exécution de sa mission. Imani se sert d’un modèle de gestion de think tank différent de l’ordinaire, au sens où nos travaux de recherche sont toujours suivis d’actions concrètes et de stratégies de plaidoyer à base scientifique et

bien définies visant à mener les décideurs à mieux comprendre les problématiques auxquelles ils sont confrontés ou risquent d’être confrontés dans le futur. L’objectivité de nos actions, la lourdeur de nos analyses et la forte probabilité de nos prévisions font de nous une figure de proue incontournable dans la société civile ghanéenne et auprès des décideurs. Au cours de ces


FOCUS dernières années, Imani a fait asseoir sa présence sur le continent africain grâce à la qualité de ses recherches et à l’impact de nos activités. Nous figurons parmi les 5 think tanks les plus cités en Afrique au cours de ces trois dernières années et le premier à être très souvent consulté par le gouvernement, le secteur privé et la communauté internationale sur des questions de politiques publiques au Ghana. Quels sont les principaux secteurs d’activités de votre think tank ? Il faut tout d’abord préciser que Imani est une structure multidisciplinaire, c’est-à-dire qu’il n’existe pas de limite en tant que telle en ce qui concerne nos domaines d’opération. C’est ce qui définit en fait notre unicité. Mais pour être plus précis, Imani s’engage dans des travaux de recherche et dans des actions de plaidoyer. Nos travaux de recherche concernent des questions clés d’intérêt public comme la gouvernance, l’économie, la politique, la santé, l’éducation, l’agriculture, l’énergie, l’environnement, les ressources naturelles, entre autres. Rédigées dans un langage clair, un format simple, et contenant des informations congrues, ces recherches sont mises à la portée des décideurs en vue de les aider à mener à bien la tâche que leur confie le peuple. Pour nos actions de plaidoyer, c’est pour justement s’attaquer à la classe politique ; là où s’exerce la domination d’une minorité du peuple sur la masse populaire très souvent vulnérable et ignorante des conséquences des actions de leur chancellerie. De ce fait, nous assumons de manière radicale le rôle de garde-fou, de sorte à assurer que les actions des gouvernants ne nuisent pas au peuple.

En outre, nous organisons régulièrement et très souvent en collaboration avec nos partenaires (qui sont des philanthropes, des universités, des ONG et d’autres acteurs clés de développement) des conférences, des forums et des séminaires visant à délibérer et à éduquer le public sur des questions clés. Ces rencontres servent aussi à consolider nos relations extérieures, notamment avec les médias, les donateurs, les organismes gouvernementaux, entre autres. U n   d e s   p r o g r a m m e s   p h a r e s d’Imani est la Students and Young Professionals African Liberty Academy (SYPALA, www.sypala.org), le volet académique qui forme les jeunes cadres et étudiants du continent sur les questions critiques au développement de l’Afrique. La fondation Atlas Network (www.atlasnetwork.org), en collaboration avec Imani a organisé, du 11 au 14 juin à Accra, des cours intensifs sur la manière de commencer et de manager efficacement un think tank en Afrique. Vos réflexions ont-elles un réel impact auprès des décideurs ? En ce qui concerne l’impact de nos activités auprès des décideurs, cela ne peut être remis en question. Nous mesurons la performance de notre think tank par l’impact de nos activités et non les efforts qui y sont mis dans l’exécution de ces activités. Imani fait partie des principaux points de contact du gouvernement ghanéen, des organisations internationales, à l’instar des Nations unies, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, de la Banque africaine de développement, sur des questions de formulation de politiques, de développement, entre autres. 

Le projet Imani-Francophone Imani-Francophone est un projet du think tank ghanéen Imani Center for Policy and Education avec l’aide financière d’Osiwa visant à incorporer l’Afrique francophone dans le débat de la liberté, de la prospérité et de la paix du continent africain. Ses objectifs : proposer des solutions innovantes aux problèmes économiques que traversent les pays francophones, évaluer les politiques publiques susceptibles d’avoir des effets systématiques sur la vie économique des populations en particulier, et le développement du pays en général, promouvoir l’activisme intellectuel dans l’Afrique francophone, renforcer le débat politique dans ces pays ciblés en vue d’apporter des alternatives, de servir de garde-fou aux politiques. Imani-Francophone se veut être une plateforme d’éclosion d’idées nouvelles desquelles les gouvernements des pays francophones de l’Afrique se serviront pour mener à bien la tâche que leur imposent leurs citoyens. Pour le moment, compte tenu des ressources à notre disposition et aussi du fait de l’efficacité du projet, nous ne ciblons que sept pays francophones de l’Afrique de l’Ouest à savoir le Togo, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso et le Niger. Toutefois, nos activités ne sont pas limitées à ces sept pays. Nos champs d’interventions sont : l’économie, la politique, l’agriculture, l’éducation, la santé, entre autres. Source : http://www.Imanifrancophone.org/

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Projets think tanks

De la théorie, à la pratique… Plus d’une dizaine de think tanks africains financés par l’Initiative Think Tank (ITT) ont été à l’origine de projets de développement stratégiques dans leurs pays respectifs. Zoom sur quatre cas pratiques.

IPAR, la voix des petites entreprises familiales du Rwanda

grâce à des initiatives de formation sur les micro-entreprises, grâce à la mise à disposition de capitaux via des fonds de développement d’entreprises (Business Development Funds) et grâce à un concours d’entrepreneuriat lancé par le ministère du Commerce et des Échanges commerciaux (Ministry of Commerce and Trade).

L’Institute of Policy Analysis and Research (IPAR-Rwanda) est une organisation indépendante de recherche, à but non lucratif, qui œuvre pour promouvoir la prospérité, les opportunités de développement et l’intégration au Rwanda. En 2012, l’IPAR-Rwanda a publié une étude réalisée auprès de 6.900 ménages et intitulée «Raising Productivity and Reducing the Risks of Household Enterprises in Rwanda» (Augmenter la productivité et réduire les risques des petites entreprises familiales au Rwanda), qui lui avait été commandée par la Banque mondiale. Ce projet devait contribuer à la définition d’une stratégie nationale pour augmenter la productivité dans le secteur des petites entreprises familiales. À partir des conclusions et des recommandations de l'IPAR-Rwanda, le gouvernement a repensé sa définition des entreprises et a reconnu le besoin d’inclure à part entière les petites entreprises familiales dans sa stratégie de développement du secteur privé. Plus concrètement, les petites entreprises familiales ont été intégrées à cette stratégie grâce à des initiatives de promotion de la productivité des jeunes et des femmes,

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CRES, porte-drapeau de la lutte antitabac en Afrique de l’Ouest

Le Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES), créé en 2004 eu Sénégal, s’attache à développer la recherche et la capacité d’analyse en sciences économiques et sociales, ainsi qu’à servir de base à la prise de décisions relatives aux questions sociales et économiques. Le CRES mène depuis 2010 des activités de recherche et de sensibilisation en lien avec la lutte antitabac dans le but de convaincre les décideurs politiques d’augmenter la taxe sur les produits du tabac. Ces efforts visaient initialement à changer les politiques publiques relatives au tabac au Sénégal, mais ont par la suite pris de l’ampleur et englobent désormais d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest.


FOCUS Afin d’influencer les décideurs politiques, le CRES travaille en étroite collaboration avec des experts du ministère de la Santé. L’organisation a également contribué à bâtir une alliance forte entre les membres de la société civile qui mènent des actions de sensibilisation et de lobbying. Ces efforts ont conduit au développement d’un projet de loi sur le tabac adopté par le Conseil des ministres ainsi qu’à la production de 15 rapports de recherche nationaux sur la taxation du tabac dans les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), d’une synthèse régionale et d’un document technique sur les nouvelles réglementations destiné aux autorités.

rechange concernant les tranches d’imposition. L’IEAKenya élargit également son rayonnement. En effet, il s’occupait tout récemment de préparer des contre-budgets aux échelles nationale et provinciale, mais il étend maintenant ses activités aux 47 comtés du Kenya et aider ces derniers à formuler leurs propres contre-budgets.

CSEA, l’instigateur du Fonds souverain au Nigéria

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Institute of Economic Affairs (IEA), Initiateur du contre-budget citoyen au Kenya

Depuis 20 ans, l’IEA Kenya s’emploie à favoriser le pluralisme des idées au Kenya grâce à un débat ouvert, actif et éclairé sur les questions de politiques publiques. En 2002, le think tank a entrepris la préparation annuelle d’un contre-budget citoyen qui offre aux citoyens un moyen de participer au processus budgétaire. Tous les ans, plusieurs mois avant la publication du budget national, l’IEA-Kenya organise des consultations prébudgétaires et reçoit les propositions d’intervenants clés des secteurs public et privé. L’IEA-Kenya s’est taillé une réputation au Kenya grâce à ses contre-budgets citoyens. Certes, des organismes financiers internationaux renommés élaborent aussi des contre-budgets, mais ils ont tendance à cibler des domaines d’intérêt précis, alors que le budget de l’Institut s’inscrit dans un exercice national plus cohérent. Le ministère des Finances élabore actuellement une stratégie axée sur la réforme des Finances publiques et l’IEA-Kenya est le seul organisme non gouvernemental à avoir été invité à y contribuer. De même, le Trésor lui a récemment demandé de présenter une proposition de

Le Centre fort the Study of the Economies of Africa (CSEA) a soutenu l’idée d’établir un fonds souverain et a joué un rôle essentiel en insistant pour que le gouvernement utilise la recherche de manière efficace dans la mise en ouvre de ces réformes. Les travaux effectués par le Centre ont démontré que la création d’un fonds souverain au Nigeria favoriserait la transparence à l’égard de la gestion des revenus pétroliers ainsi qu’une meilleure équité sociale. Le think tank a rédigé et diffusé un important document d’orientation intitulé «Should Nigeria Establish a Sovereign Wealth Fund ?» (Le Nigeria devrait-il établir un fonds souverain ?) Ce document aborde des questions sous-jacentes liées à la gestion des revenus pétroliers, aux choix qui s’offrent en matière de politiques et à l’établissement d’un fonds souverain. Il expose brièvement la façon dont le Nigeria pourrait tirer profit d’un tel fonds à la condition de doter ce dernier d’une bonne structure de gouvernance. La recherche menée par le CSEA sur le fonds souverain a suscité un grand intérêt et un grand débat sur la scène nationale à l’égard de la gestion des revenus pétroliers. Tout cela a abouti à la création, en 2011, de la Nigerian Sovereign Investment Authority qui a pour mandat de gérer le Fonds des générations futures, le Fonds de stabilisation et le Fonds d’infrastructure du Nigeria. L’établissement d’un fonds souverain devrait aider à résoudre les problèmes de longue date qu’éprouve le Nigeria relativement à la malédiction des ressources.  Source: ITT

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entretien

Diakalia Sanogo

Spécialiste de programme principal à Initiative Think tank (ITT)

«Les think tanks africains ont gagné en maturité » Les Think Tanks ciblent différents secteurs dans leurs travaux de recherches. Peut-on connaitre les principales catégories de think tank qui existent actuellement en Afrique ? Les travaux de recherches de think tanks appuyés par l’Initiative Think tank (ITT) ciblent les questions de développement économiques, sociales, sanitaires, agricoles et sécurité alimentaire, gestion de l’environnement et des ressources naturelles, et d’innovation scientifique et technologique contribuant à la réduction de la pauvreté et au mieux-être des populations. L’ITT finance trois catégories de think tanks qui sont: Les think tanks indépendants: initiés par un individu ou un groupe de professionnels et enregistrés sous forme d’organisation non-gouvernementale (ONG) nationale à but non lucratif.

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Les centres de recherches appliquées universitaires: crées au sein des facultés des sciences économiques et de gestion d’universités publiques. Ces centres travaillent sur des questions de recherches d’intérêt pour l’État qui rémunère le personnel de recherche et administratif et nomme l’organe de gouvernance du Centre et dans certains cas le Directeur Général, si cette désignation n’est pas faite par un vote des membres chercheurs de la faculté; Les Instituts de recherche gouvernementaux semi-autonomes: crées par l’État et rattachés généralement au Ministère des finances et de la planification. Ils sont généralement dotés d’un Conseil d’Administration nommé par l’État qui assure aussi la rémunération du personnel permanent. Leurs activités de recherches sont principalement financées par les bailleurs de fonds internationaux, même si certaines recherches

d’intérêt particulier pour l’État sont financées sur budget national. Par ailleurs, il est intéressant de noter ces dernières années, un élargissement de l’espace de réflexion en Afrique francophone à travers la création de plateformes novatrices utilisant surtout les technologies de l’information (site web, twitter) pour permettre à plus de jeunes académiciens et chercheurs, de politiques, et d’acteurs de la société civile et du secteur privé de contribuer à la réflexion, au partage d’expériences et à l’action collective nécessaires pour accélérer les transformations politiques, sécuritaires, économiques, sociales et culturelles indispensables à l’amélioration des conditions de vie des populations. Par exemple, L’Afrique des Idées (http://terangaweb.com/) fondée en 2011 a pour vocation de mener des analyses et d’élaborer des propositions novatrices sur des sujets


FOCUS économiques, politiques et culturels liés à l’Afrique. Une seconde plateforme, WATHI (http://www.wathi. org/), initiée en fin 2014, se présente comme ‘‘un laboratoire d’idées citoyen, inclusif, multidisciplinaire et innovant, qui se fixe comme objectif de ‘‘sensibiliser individuellement et collectivement les populations, en occurrence la jeune génération, aux questions d’intérêt général cruciales pour l’avenir de l’Afrique de l’Ouest.’’ Vous publiez régulièrement des rapports sur les activités des think tanks avec lesquelles vous travaillez un peu partout dans le monde. Qu’en est-il de la situation en Afrique ? Les think tanks africains du programme ITT ont gagné en maturité organisationnelle, ainsi que sur le plan de la production de recherche de qualité grâce au personnel qualifié que l’appui financier non restreint de l’ITT leur a permis de recruter et de retenir. Ils ont tous fait d’énormes progrès dans le domaine de l’engagement avec les acteurs du processus d’élaboration des politiques, grâce une meilleure communication et vulgarisation des résultats de leurs recherches auprès des utilisateurs. Plus d’une dizaine des think tanks que nous avons financés en Afrique ont ainsi contribué à informer les débats sur les politiques et à influencer l’élaboration de politiques dans des domaines comme: Amélioration de la croissance et de la compétitivité internationale du secteur privé du Nigeria, Réflexion sur la croissance verte et le développement durable en Afrique, Construction de la paix dans le delta du Niger du Nigeria, Réduction de la pauvreté infantile en Éthiopie. Le 7 avril, l’ITT a publié une étude dénommée « Liens entre les performances des think tanks, leurs décisions et le contexte ». Quelles sont les principales conclusions de ce rapport ?

Cette recherche par méthodes mixtes conduite par le Results for Development Institute (R4D, en collaboration avec l’Université de Washington et avec l’appui de l’Initiative Think tank, avait pour but de mieux comprendre la relation entre le contexte et l’efficacité des think tanks, et d’élaborer une structure explicite pour définir et réévaluer le contexte. Les résultats reposent sur quatre études empiriques inter-reliées dont, notamment, une analyse documentaire et les commentaires de plus de 200 directeurs exécutifs de think tanks, de chercheurs et de donateurs de plus de 50 pays. Le recours à un nouveau cadre conceptuel relatif au contexte a grandement contribué à l'étude, car il porte sur les think tanks et leurs décisions. Ce cadre détermine et exploite quatre facteurs externes influençant vraisemblablement le processus décisionnel et les résultats des think tanks, et quatre aptitudes que ces groupes de reflexion acquièrent et maintiennent sur le plan organisationnel. De ces facteurs externes, le contexte politique est le plus important, suivi de l'influence des bailleurs de fonds. L'analyse comparative d'études de cas au Pérou, Zimbabwe, Bangladesh et au Vietnam indique que les niveaux de concurrence politique et d'efficacité gouvernementale se répercutent sur la capacité des think tanks à influencer les politiques et sur les stratégies employées pour atteindre leurs objectifs. De plus, nous croyons que les bailleurs de fonds nationaux et internationaux représentent le public le plus important des think tanks. Les bailleurs de fonds internationaux confèrent très souvent aux think tanks une réputation favorable, ce qui leur permet d'acquérir de la crédibilité tant à l'échelle nationale qu'internationale en s'y associant. Cela dit, les think tanks signalent l'importance d'éviter que les intérêts d'une partie prenante ne les empêchent de demeurer impartiaux et rigoureux dans leurs travaux de recherche.

Projet Initiative think tank L’Initiative Think tank (ITT) est un programme visant à renforcer les capacités d’institutions indépendantes vouées à la recherche sur les politiques (les think tanks) dans les pays en développement. L'ITT est le fruit d'un partenariat regroupant cinq bailleurs de fonds. Lancée en 2008, l'ITT est administrée par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), un organisme canadien. L’ITT octroie actuellement un financement de base, à usage non restreint, à 43 think tanks répartis dans 20 pays. Ce soutien, qui constitue jusqu'à 30% de leur budget d'exploitation, permet aux think tanks d’attirer, de conserver et de renforcer les talents locaux, d’élaborer des programmes de recherche indépendants et d’investir dans des activités de communication publique afin que les résultats de recherche éclairent et influencent les débats sur les politiques aux échelles nationale et régionale. Six donateurs ont versé plus de 200 millions de dollars à l’ITT depuis le lancement du programme en 2008. Les donateurs de la deuxième phase du programme sont : La Fondation Bill et Melinda Gates, Le Departement for International Development (DFID) du Royaume-Uni, La Fondation William et Flora Hewlett, Le Centre de recherches pour le développement international (CDRI) du Canada, et L’Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD). L’objectif de l'ITT est de pourvoir à la durabilité à long terme des think tanks qu'elle soutient. À cette fin, le financement de base est jumelé à un soutien au renforcement des capacités, assuré par les administrateurs de programme et des spécialistes externes, dans trois domaines généraux : méthodes et compétences en matière de recherche, interaction avec la sphère des décideurs et communication, et efficacité organisationnelle. L’ITT appuie également l’apprentissage et les échanges entre pairs. L'ITT s'achèvera en 2019.


FOCUS

Ressources financières

Qui finance les think tanks ? La question du financement des think tanks revient souvent au-devant de la scène. Qui les finance ? Dans quel but ? Les bailleurs leur imposent-ils la voie à suivre ? Adoptent-ils d’autres modes de financement ? Réponses.

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recteur de publication de «L’Afrique des Idées». «La question du financement reste donc toute posée. Les think tanks américains et européens se financent à partir de la contribution de leurs entreprises partenaires. En Afrique, les think tanks répondent à des appels à projets de la part d’organismes internationaux et sont donc contraints dans le choix de leurs sujets de travail», renchérit-il.

Qui finance les think tanks ? Vous êtes sûrement nombreux à vous poser cette question. Et à raison. En effet, ces «vitamines» intellectuelles qui alimentent les politiques et l’opinion publique opèrent souvent dans la plus grande discrétion. D’où la curiosité de bon nombre d’observateurs. Les think tanks africains n’échappent guère à cette règle, dans un environnement où les sources de financement ne font pas légion. Qui finance, qui commande ? «Le financement des think tanks est souvent très limité, étant donné qu’il est soit de court terme ou spécifique à des projets. L’ITT, par contre, accorde un financement de base flexible qui n’est pas restreint à la mise en œuvre de projets spécifiques. Ceci permet

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aux institutions de concevoir un programme de recherche indépendant, de développer les talents locaux et d’investir dans la sensibilisation publique pour s’assurer que leur recherche informe et influence aussi bien les débats nationaux qu’internationaux», remarque Diakalia Sanogo, spécialiste de programme à l’ITT. Ces laboratoires à idées sont souvent confrontés à un grand dilemme. Tourner le dos à certains types de bailleurs et garder son autonomie ou recevoir ces financements et se plier à leurs directives. «La question du financement se pose effectivement surtout lorsqu’on veut garder une indépendance dans le choix, la production et la dissémination des idées», reconnait Georges Vivien Houngbonon, di-

Mettre en place des «business model» innovants L’argent est le nerf de la guerre, a-t-on coutume de dire. De lui, dépend également la pérennité des think tanks. Pour ce faire, ils doivent mettre en place des business model innovants, d’après Isidore Kpotufe, responsable d’Imani-Francophone. «Les think tanks africains doivent s’adapter à la réalité existant dans le continent et s’efforcer à développer des modèles de financement innovants pour soutenir leur durabilité. Imani a dès le début conçu cette lecture de la situation et s’est adapté en conséquence en développant le “business model” pour le financement de ses activités», précise-t-il. La formule du think tank : «nouer des relations stratégiques avec les acteurs du secteur privé. Ces relations nous permettent de leur rendre des services professionnels payants, ce qui nous permet en retour d’assurer notre durabilité. Nous dépendons peu des dons et des subventions en ce qui concerne la durabilité de l’organisation». «L’Afrique des idées», pour sa part, mise notamment sur les cotisations


FOCUS

Face à la rareté des partenaires financiers dissuadés par les affres de la crise économique, quelles alternatives faudrait-il développer ? «Pour les think tanks en Afrique francophone, une possibilité de financement est donc de mettre en place des services payants : votre think tank proposerait des services payants qui présentent un intérêt stratégique pour les entreprises et considérablement les organismes gouvernementaux. Pour aller un peu plus loin, votre think tank pourra développer des produits à base commerciale», suggère Isidore Kpotufe. Il leur propose, en outre, d’assister régulièrement «à des exercices de réseautage pour nouer le maximum de partenariats possibles et être tenu des opportunités de subvention ou de financement dans vos domaines d’opération».

L'Institut des futurs africains (AFI) a été fondé en 2004 par le professeur Alioune Sall «pour soutenir la réflexion prospective en Afrique en optimisant sur les réalisations du projet Futurs africains (AF)». Dans une interview accordée au site Rfi.fr, cet ancien fonctionnaire au PNUD déclare «Le think tank s’est construit sur les actifs intellectuels du projet régional du PNUD, au départ très axé sur l’économie. En créant l’Institut des futurs africains, j’ai voulu explorer des champs plus larges, aussi bien dans la culture que dans l’environnement, la technologie, la politique et les aspects sociaux. L’objectif est de tenter de comprendre les dynamiques de transformation à l’œuvre, en repérant les invariants, les facteurs de changement, les acteurs, leurs stratégies et les incertitudes qui y sont liées. Ensuite, on construit des scénarii pour identifier les “familles” d’avenir possibles». Ces scénarii du futur son évoqués dans son livre «Afrique 2025, quels futurs possibles pour l’Afrique subsaharienne». (Voir http://www.africanfutures.org/) L’AFI compte 7 cadres permanents et un réseau panafricains de 2.000 experts «qui se préoccupent d’économie, de démographie, de sociologie, de politique, de géographie et de statistique. Nous formons des cadres dans tous les pays où nous intervenons. L’Institut sert de support à ce réseau et fonctionne comme un secrétariat sans bureaucratie pérenne. Les cadres que nous formons ne sont pas seulement gouvernementaux. Ils appartiennent aussi à la société civile et au secteur privé. Car la nation, c’est plus que le gouvernement !» précise-t-il. © AFI

et sur le financement de structures académiques. «L’Afrique des idées se finance à partir des cotisations de ses membres et du soutien financier de ses partenaires académiques. Une solution serait de lever des fonds auprès de particuliers, mais cela pose le problème de la durabilité de ce mode de financement», révèle Georges Houngbonon.

Institut des futurs africains (AFI), un think tank spécialisé dans la prospective

Pr. Alioune Sall.

Le Codesria, le think tank majeur en Afrique francophone

© A.F.P

Codesria, le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique, dont le siège est à Dakar au Sénégal, a été établi en 1973 comme une organisation de recherche panafricaine indépendante avec un accent mis sur les sciences sociales, au sens large. Il est reconnu non seulement comme le pionnier de la recherche sociale africaine, mais aussi comme le centre non gouvernemental au sommet de la production de la connaissance sociale sur le continent. Ses objectifs sont notamment de promouvoir et faciliter la recherche et la production de connaissances en Afrique en utilisant une approche globale, multidisciplinaire, promouvoir et de défendre le principe de la pensée indépendante et la liberté académique des chercheurs dans la production et la diffusion des connaissances, encourager et soutenir le développement de la recherche comparative africaine avec une perspective continentale et une sensibilité à la spécificité du processus de Pr. Dzodzi Tsikata, présidente du Codesria. développement en Afrique et promouvoir la publication et la diffusion des résultats des recherches menées par des chercheurs africains. Au cours des 35 dernières années, le Codesria s’est imposé comme le leader de l’édition en sciences sociales sur le continent africain, avec 90% de ses publications provenant directement des activités et des recherches qu’il finance à travers l’appui apporté aux réseaux de recherche, aux universités, aux institutions de recherche en Afrique et de plus en plus dans la diaspora. Source : http://www.codesria.org/

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FOCUS

entretien

Georges Vivien Houngbonon Directeur de publication de «L'Afrique des idées»

«L’afro-responsabilité, notre credo» Votre think tank «L’Afrique des idées» revendique une «afroresponsabilité». Que recouvre ce concept pour vous ? Nous avons, en effet, fait de l’afro-responsabilité notre credo et pour nous, il s’agit de promouvoir chez les Africains et la diaspora du continent le débat d’idées et la réflexion sur les défis de développement de l’Afrique, afin d’œuvrer de manière active à la résolution des challenges auxquels le continent est confronté. Ainsi, c’est un concept qui se distingue à la fois de l’afrooptimisme et de l’afro-pessimisme qui conçoivent le futur de l’Afrique selon les circonstances favorables ou défavorables dans lesquelles elle se retrouve à un moment donné. Au contraire, l’afro-responsabilité va au-delà des circonstances pour s’approprier le discours sur le développement de l’Afrique. Cette appropriation se fait sur la base d’une démarche rationnelle dont le but ultime est la compréhension des défis auxquels notre continent est confronté afin de formuler

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des propositions concrètes pour les relever. Quelles sont les principales activités de votre think tank ? Ses réflexions ont-elles de réels impacts auprès des décideurs ? Les activités de L’Afrique des idées se structurent autour de deux axes majeurs que sont la production et la dissémination de nouvelles idées économiques, politiques et culturelles sur l’Afrique. Notre activité de production se répartit en trois catégories selon le public visé. D’abord, nous publions quotidiennement de courts articles d’analyses et d’opinions dont le but est de sensibiliser la jeunesse africaine et toute personne intéressée par l’Afrique aux enjeux économiques, politiques et culturels du continent. Ensuite, nous publions aussi des «notes d’analyse», l’équivalent des «policy brief» dans les think tanks anglophones. Ces notes d’analyse sont des documents très complets traitant d’une problématique d’actualité sur le continent. Leur objectif est de formuler des propositions de politiques publiques concrètes à l’endroit

des décideurs politiques africains. À titre d’exemple, nos dernières notes d’analyse portent sur la composition des classes moyennes et leur impact sur la croissance économique, l’état de la concurrence en Afrique et les moyens de la promouvoir, ainsi que sur l’impact de la titrisation des terres sur la productivité agricole en Afrique. Enfin, nous menons aussi des études de recherche dont l’objectif est d’apporter une contribution originale à un débat en cours sur le continent. Ces études sont conduites par des groupes de travail composés de jeunes, africains ou non, sous la supervision d’un expert (chercheurs ou professionnels) ayant une connaissance approfondie du sujet de la recherche. Récemment, nos études ont porté sur l’identification des déterminants de la croissance inclusive (ou prospérité partagée) en Afrique et sur la mise en place d’un indicateur qui permettra de mesurer et de comparer le degré «d’inclusivité» de la croissance dans les différents pays africains. Les résultats de ces travaux ont été présentés à l’université des Nations unies à Helsinki, ainsi qu’à la conférence de


© D.R.

FOCUS

la Banque mondiale à Paris. D’autres études sont en cours, elles portent sur l’identification des leviers les plus importants pour accroître les recettes fiscales en Afrique. La dissémination de nos idées se fait à travers l’organisation de conférences et de rencontres informelles avec des personnalités en lien avec l’Afrique. En plus de notre bureau local de Paris, nous disposons également de bureaux locaux à Dakar, à Cotonou, à Abidjan, à Lomé et à N'Djamena. D’autres bureaux locaux sont en cours d’ouverture afin d’avoir un accès direct aux décideurs politiques que nous visons à travers nos productions. Justement, vous prévoyez de créer un indicateur» d’inclusivité pour étudier la répartition des revenus en Afrique. Est-ce une manière implicite pour inviter les think tanks africains à migrer progressivement vers la pratique et ne pas seulement se cantonner dans leurs plateformes théoriques ? La question de la pauvreté et de la répartition des richesses est centrale dans les politiques de développement en Afrique. Nous partons du principe

qu’il sera difficile de maintenir la stabilité sociale dans les pays africains tant qu’une partie importante de la population vit dans le dénuement total, tant que les jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi ne trouvent pas du travail, et tant que les écarts entre les plus riches et les plus pauvres vont continuer de se creuser. Or les taux de croissance économique que réalisent les pays africains représentent une opportunité exceptionnelle pour réduire la pauvreté et les inégalités. C’est pour cela que nous avons décidé de mener l’étude sur les déterminants de la prospérité partagée et sur l’indicateur qui permettra de suivre les performances des pays en la matière. Cette initiative s’inscrit dans notre croyance en la complémentarité de la pensée et de l’action pour mettre en place des politiques alternatives en Afrique. Concrètement, de quoi s’agit-il ? L’indicateur de croissance inclusive ou de prospérité partagée vise à quantifier dans quelle mesure la croissance du PIB est partagée entre les populations riches et les plus pauvres. Il s'agit d'un indicateur qui indi-

que si un épisode de croissance a été ou non bénéfique aux personnes qui étaient initialement pauvres. Sa méthode de calcul repose sur le suivi des mêmes individus au cours d'un épisode de croissance et prend, de fait, en compte la mobilité de revenu, c'està-dire le passage d'un individu d'une classe de revenu à une autre. Ceci en fait un indicateur original et innovant. Idéalement, le calcul de l'indicateur requiert d'avoir des données sur les mêmes individus à plusieurs dates. C'est pour cela que nous l'avons pour le moment appliqué à la Tanzanie, un pays qui dispose de ce type de données, rares en Afrique. Cependant, nous avons aussi développé une approche qui permet de suivre des individus similaires à partir de données d'enquêtes qui ne suivent pas les mêmes individus. Puisque ces données sont disponibles pour la plupart des pays africains, notre ambition est de produire des rapports périodiques sur l'inclusivité de la croissance en Afrique. Ce rapport présentera un classement des pays africains en fonction de l'inclusivité de leur croissance telle que mesurée par notre indicateur. 

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d’Alioune GUEYE bloc-notes

Ni Afroptimiste, ni afro-pessimiste, juste afro-réaliste Dans le superbe ouvrage que vient d’écrire Sylvie Brunel, «L’Afrique est-elle si bien partie ?», en géographe reconnue, elle rappelle que dans le bruit médiatique actuel fait autour de notre continent qui fait l’objet de toutes les convoitises, il faudrait en fait identifier trois représentations de l’Afrique. Une Afrique bien connue de la misère, qui se caractérise par les conflits, l’insécurité alimentaire, les affres de la guerre et son corollaire de migration ; une Afrique exotique des parcs naturels et des populations «authentiques», qui ne capte malgré tout que 2% du tourisme mondial, et une Afrique émergente avec des taux de croissance à deux chiffres, une classe moyenne en forte croissance et tout son lot d’effets d’entrainement sur les secteurs économiques. Cette segmentation est importante, car elle permet de répondre avec discernement à la question de fond qui va suivre. Quelle Afrique voulons-nous vraiment ? La voulons-nous ardemment pour la voir éclore un jour ? Quelle attitude privilégier ? Faut-il être un optimiste béat ou un irréductible pessimiste sur l’avenir du continent ? En matière de développement, nous savons que la culture est un déterminant clé dans les chances de réussite ou d’échec d’une société. En 1967 déjà, Lee Kuan Yew distinguait les pays à culture «forte» versus ceux à culture «douce». Les premiers sont mus par une ferme volonté de réussir. Les seconds sont attirés par une certaine qualité de vie en étant moins enclins à faire des sacrifices pour engranger des bénéfices matériels. «Pour être une Nation "nantie", il faut d’abord le vouloir. Et le vouloir requiert d’avoir une claire perception de ce que l’on veut ; puis la discipline et l’organisation nécessaire pour l’obtenir, et enfin le cran et l’énergie ; c’est-à-dire d’enclencher de manière irréversible une mutation culturelle vers un mode de vie adapté à ce que nous voulons pour atteindre l’objectif». Il n’y a pas, en effet, une seule problématique que nous rencontrons actuellement en Afrique et qui n’ait été résolue sous d’autres cieux, qu’il s’agisse d’accès à l’eau potable, à l’électricité, à Internet, à l’éducation ou à la santé. Seule l’Afrique reste encore engluée dans cette inertie 50 ans après l’indépendance. Beaucoup de pays en voie de développement en Asie notamment ont surmonté ces handicaps en une génération. Pourquoi à quelques rares exceptions, la plupart des pays africains sont-ils encore en retard ? Cette Afrique qui émerge, la troisième, c’est justement celle qui est en train d’opérer cette mue culturelle et de mettre en œuvre de manière déterminée, conduite par un leadership «fort», des stratégies appropriées vers la satisfaction du plus grand nombre. En cela, ces pays ont su substituer une culture industrielle au profit d’un plus grand nombre à une culture de rente limitée au clan. Restons afro-réaliste et regardons l’Afrique telle qu’elle est ! 

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MASTER CLASS À SINGAPOUR

Date : du 14 au 19 Septembre 2015 DATE : DU 19 AU 24 JANVIER 2015

La diplomatie économique : pour une approche gouvernementale intégrée Contexte stratégique : Avec le développement des opportunités sur le continent africain, la bataille pour les investissements directs étrangers va devenir encore plus intense. Il ne se passe pas une semaine sans que ne se tienne forum et événements de promotion d’investissements ou de commerce en Afrique que ce soit au niveau pays ou à un niveau plus sectoriel. Toutefois, à l’avenir, les investissements étrangers se feront plus précis et discriminants, et les investisseurs auront des exigences plus éle vées du rôle que les gouvernements acteurs économiques pourront jouer dans la facilitation des investissements. Dans un tel contexte comment le secteur public africain peut-il jouer le rôle de diplomate économique ? Quels sont les outils et méthodes pour attirer les plus grandes entreprises mondiales et les investisseurs ? Comment les gouvernements africains peuvent-ils «toucher» efficacement les investisseurs notamment ceux d’Asie ? Résultats attendus : Que vous soyez ministre, fonctionnaire chevronné, diplomate, dirigeant de l’agence de promotion des investissements, membre dirigeant du patronat ou en charge d’une chambre de commerce et d’industrie, Vous serez en mesure au terme de ce « master class » inaugural a Singapour – l’une des "villes-Etats" les plusdynamiques au cœur de l’Asie - de vous approprier le cadre, les méthodologies et les outils stratégiques nécessaires à la conception d’une approche gouvernementale intégrée. Programme : Sessions pédagogiques interactives et participatives, visites de sites, sessions d’échanges et de networking avec des professionnels d’institutions spécialisées, de gouvernements, et du secteur économique de Singapour. Cible : • Conseillers de très haut niveau des présidents et premiers ministres • Conseillers en Stratégies économiques • Ministres des affaires étrangères • Ministres du Commerce et de l’Industrie • Agences de Promotion des investissements étrangers • Chambres de commerce • Patronats Prochaine session du 21 au 24 septembre 2015 About Singapore Singapore has achieved staggering economic success in the past 50 years. With little natural resources of its own, the former British colony of 5.3 million people today started life in 1965 as an independent country on par economically with most African countries. The country has had only three leaders in 54 years, and has seen a massive investment hub in the Asia Pacific, straddling China and India. It's GDP per capita grew from less than US$500 in 1960s to over US$55,000 today. Singapore is home to over 10,000 leading companies in the world and ranked the easiest place to do business according to the World Bank.

Pour tous renseignements et inscriptions :

African Business International Pte Ltd | Singapore, 10 Anson Road International Plaza #10-11 Singapore 079903 | Mail : contact@abi.com.sg


© Poudrox

business case

Poudrox Industries

la pmi, clef de l’émergence économique Réalisé par Elimane Sembène

Depuis 1990, Zakiya Sekkat, PDG de Poudrox Industries, développe et commercialise des peintures industrielles en poudre au Maroc et dans d’autres pays du Maghreb. Tout n’a pas été facile à ses débuts, car ce type de produit était méconnu dans le marché local. Il a fallu mettre en place des stratégies convaincantes pour briser la glace. Aujourd’hui, après 26 ans d’existence, l’entreprise voit rose avec un chiffre d’affaires qui connait une nette évolution depuis 2011. À la découverte de Poudrox Industries.

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business case L’entrepreneuriat et l’innovation sont les vecteurs du développement. Poudrox Industries en est un parfait exemple. Elle a vu le jour en 1990, sous l’impulsion de Zakiya Sekkat, son PDG. Née le 31 janvier 1963, elle obtient son baccalauréat en sciences expérimentales en 1980, avant de décrocher son diplôme d’ingénieur cinq ans plus tard. En 1989, elle entame une spécialisation en Chimie macromoléculaire avant d’obtenir un diplôme en ingéniorat commercial la même année. Ses diplômes en poche, elle décide d’entamer très tôt une aventure entrepreneuriale. «En accord avec ma formation et désireuse de créer un projet industriel en 1990, j'ai jugé que l'avènement des peintures en poudre pour le thermo-laquage des métaux et leur développement en Europe et dans le monde représentait un événement important sur le plan écologique et technologique qui ouvrait bien des horizons aux professionnels de l'industrie de la métallurgie, d'où ma volonté de faciliter aux professionnels marocains et maghrébins l'accès à cette technologie jusquelà peu connue et très peu utilisée dans nos pays», déclare-t-elle à ABJ. Contourner les obstacles Bien évidemment, en tant que jeune entrepreneure, les débuts ne pouvaient pas être faciles. D’autant plus que ce secteur d’activité n’était pas très connu dans le marché local. «La fabrication des peintures thermo-durcissables en poudre pour le thermo-laquage est un secteur rarissime au Maroc et au Maghreb, en général. Il est évident que faire connaitre un nouveau produit et initier à une nouvelle technologie est toujours difficile, mais notre grande difficulté était une difficulté de marché quasi inexistant et qu'il fallait créer pratiquement», reconnait-elle.

Une situation qui contrastait avec la réalité du moment dans les pays développés où «le passage des industries utilisant les peintures liquides vers les peintures technologiques en poudre était spontané en raison de la prise de conscience du haut rendement technique, économique et écologique». Face à ces nombreux handicaps, il était nécessaire pour la nouvelle entité de peaufiner une stratégie convaincante pour tisser sa toile à travers l’initiation et les conseils. «Au Maroc, un travail important d'initiation et de conseil était nécessaire bien qu'insuffisant, car dès que vous expliquez que pour

la conversion vers cette nouvelle technologie l'investissement dans des équipements d'application et de polymérisation est nécessaire l'enthousiasme s'affaiblit», explique-t-elle. Poudrox Industries est allée même plus loin en offrant «gratuitement des études d'ingénierie adaptées par secteur d'activité, accompagnés d'aide dans le choix des équipements et d'assistance au démarrage des lignes avec formation du personnel technique; ce qui nous a aidés à mieux faire accepter le changement». Un investissement qui a porté ses fruits au regarde de la croissance enregistrée par l’entreprise au cours de ces cinq dernières années.

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business case

Hausse des chiffres d’affaires

Les raisons d’une embellie

© Getty Images

Poudrox Industries a misé très tôt sur l’export avec l’ouverture d’une filiale en Algérie et la création de la société au Qatar. Une expansion qui se conjugue avec une stratégie d’innovation industrielle.

À l’origine, l’entreprise s’appelait «Oxyplast Maroc». Ce n’est qu’en 2013 qu’elle change de dénomination pour devenir Poudrox Industries. Un changement qui est loin d’être anodin. «Le mot Oxyplast laissait croire qu’il s’agissait d’une industrie de plastique. De plus, ce nom avait été choisi par nos anciens partenaires qui détenaient 10% du capital et dont nous avons racheté

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les actions», a déclaré Zakiya Sekkat dans un hebdomadaire économique marocain. Outre cette volonté de lever l’amalgame, l’entreprise visait d’autres horizons pour y écouler de nouveaux produits comme les «poudres autoclean, les poudres pour matériaux thermosensibles et les moyens de valorisation des déchets non recyclables».

Et c’est parti pour l’extension des activités ! En 2004, Oxyplast Surface Spécialité voit le jour à Mohammedia, située dans la périphérie de Casablanca, pour la fabrication de poudres à mouler. En 2006, elle ouvre la société Qatar Powder Coating au Qatar, avant de créer une structure commerciale en 2009 en Algérie. «Le seul moyen de se développer est d'être toujours à la recherche de nouveaux marchés», indique Mme Sekkat. Elle récolte les fruits de cette expansion puisque son entreprise est actuellement le leader du marché de la peinture en poudre en Afrique du Nord avec 70% de parts de marché et un chiffre d’affaires de 277 millions de dirhams en 2014. Mieux, le chiffre d’affaires annuel de Poudrox est passé de 197 millions en 2011 à 277 millions en 2014. «Les facteurs de hausse de notre chiffre d'affaires sont liés à de nouvelles applications par des clients nouveaux ou convertis du liquide vers les peintures en poudre tant bien sur le Maroc que sur les pays magrébins utilisateurs», révèle-t-elle. 


business case Chiffre d’affaires 2011-2014

2011

Dirigeant

Zakia Sekkat

Forme juridique

SARL

2012

277

Implantation

Tanger

270

Associés actionnaires

Sekkat Consort

233

Février 1990

197

Poudrox Industries

Date de création

Millions DH

Dénomination sociale

2013

2014

Rentabilité dégagée durant les 2 derniers exercices

Montant du capital

6 500 000

Effectif

70

19,56% 2013

18,9% 2014

Chiffre d’affaires à l’export, dont l’Afrique

Entre 30 à 40% en fonction des années

Principaux produits ou services

• Les peintures thermodurcissables pour thermo-laquage des métaux. • Époxy anticorrosion. • Polyester haute résistance UV garanties Qualicoat. • Peintures antistatiques et conductrices de haute performance, etc.

Valeur ajoutée des produits

• Écologique. 100% d'extraits secs exempts de COV (produit organique volatile). • Économique. Recyclable avec une utilisation efficace de 98%. • Des produits adaptés en matière de résistance chimique et mécanique en fonction du type d'industrie et de l'utilisation. • Service adapté et assistance aux industries utilisatrices.

Degré d’innovation

• Technologie de pointe en matière de revêtement. • Produits aux standards internationaux grâce à nos laboratoires de R&D.

Réalisations marquantes de ces 5 dernières années • La mise au point de peintures pour verre et pour bois. • De peintures pour effet bois sur aluminium. • De peinture Antibactérienne ISO 22196.

Accompagnement

• Par l'ANPME dans le cadre du programme «Imtiaz».

Engagement social

• Sensibilisation au tri et au compactage des déchets (sac plastique et sac et caisse en carton) dont le prix de vente est systématiquement distribué aux employés. • Instauration de la douche obligatoire en fin de journée pour les employées dans les ateliers de production.

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business case Recherches et Développement (R&D)

Innover pour s’accroitre La Recherche et Développement (R&D) occupe une place importante dans les activités de Poudrox Industries. Elle représente entre 15 à 20% de ses investissements.

Cette politique d’innovation a ainsi permis à la société de mettre sur les marchés de nouveaux produits à grande valeur ajoutée.

«Les services offerts aux industriels presque au quotidien sont des développements de teintes et d'aspect. L'adaptation des produits à de nouvelles fonctions ou exigences en matière de résistance, de nouveaux matériaux, voire de nouvelles utilisations, et ce, indépendamment de notre assistance technique quand elle est souhaitée», indique Zakiya Sekkat. Innover ou disparaitre. Telle semble être la devise de l’entreprise marocaine. Dans un secteur comme l’industrie, seule la créativité peut créer de la valeur. Poudrox Industries consent d’importants investissements dans ce domaine. À titre illustratif, ses investissements ont atteint 15% de son chiffre d’affaires en 2010, 9% en 2011, 7% en 2012, 11% en 2013, et 33% en 2014. «L'investissement en Recherche et Développement se situe au même niveau d'importance que l'acquisition des matières premières sans lesquelles nous ne pouvons produire et représente en-

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© Poudrox

de l’année lors de la troisième édition du Salon Hub Africa qui s’est tenue les 2 et 3 avril 2015 à Casablanca. Elle n’en est pas peu fière. «Le Prix Hub Africa 2015 est une distinction qui a fait plaisir à toute la grande équipe de Poudrox bien que nous n'opérons que sur l'Afrique du Nord jusqu'à maintenant. De plus, cette reconnaissance nous rappelle davantage la nécessité de faire plus pour notre continent», se félicite-t-elle.

tre 15 à 20% de nos investissements», affirme-t-elle. Cette politique d’innovation a ainsi permis à la société de mettre sur les marchés de nouveaux produits à grande valeur ajoutée. Des produits qui ont même obtenu une reconnaissance internationale. «Dès 1997, nos produits ont bénéficié d'une certification qualité internationale “Qualicoat” pour une garantie décennale de nos produits standards et de 25 ans pour des produits superdurables. En 2014, nous avons fait certifier ISO 22196 des peintures antibactériennes par IMSL (Industriam Microbiological Services LTD) en Angleterre», se réjouit-elle. Innover pour se distinguer Ces réussites couplées à la hausse du chiffre d’affaires (de 179 millions de dirhams en 2011 à 277 millions en 2014) ont notamment permis à la PDG de remporter le Prix de l’entrepreneur

Mieux vaut prévenir que guérir, nous dit le célèbre adage. Cette prévention revêt une importance capitale dans le secteur industriel, où les acteurs sont exposés à plusieurs risques de maladies professionnelles. Poudrox en est consciente. «Par rapport à d'autres industries du secteur, notre activité ne représente guère de danger pour l'employé comme pour l'environnement. Néanmoins, les mesures réglementaires d'équipement et de comportement s'imposent», reconnait Mme Sekkat. Parmi ces mesures : «Instauration de la douche obligatoire en fin de journée pour les employées dans les ateliers de production». La Responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) est aussi prise en compte par la société. «La RSE a toujours occupé une place importante dans notre entreprise sans laquelle nous n'aurions pas eu un turnover inférieur à 1%», affirme-t-elle. Dans le cadre de cet engagement social, Poudrox mène une sensibilisation pour le tri et le compactage des déchets pour en fabriquer des sacs plastiques et caisses en carton «dont le prix de vente est systématiquement distribué aux employés». 


business case Logistique, financement et concurrence «déloyale»

Principales entraves

Plusieurs obstacles constituent un frein pour le développement de l’entreprise. Des défis à relever pour s’imposer dans la durée.

Autrement dit, «l'ouverture du marché marocain en l'absence d’un contrôle et d’une bonne gestion des accords signés par le pays constitue pour nous et pour bon nombre d'industries marocaines une concurrence déloyale par des produits provenant de pays où l'industrie est souvent subventionnée, principalement en matière d'énergie et de transport», précise-t-elle. En dehors de ces deux blocus, la PDG de Poudrox déplore aussi «l'accès au financement et la lenteur et la complexité administratives». Le marché de l’export n’est pas également un long fleuve tranquille pour l’entreprise. Par exemple en Algérie, elle était obligée de se soumettre à la législation locale qui stipule qu’une société

HISTORIQUE CAPACITé INITIALE EN T/AN

ANNéE/ LOCALITé

CRéATION

CAPACITé ACTUELLE EN T/AN

OXYPLAST Maroc PoudrOX Industires

1990 / Tanger 2013/Tanger

500

7 500

QUATAR POWDER COATINGS

2004 / DOHA

1 500

3 000

OXYPLAST Surface Spécialités

2006 / Mohammedia

2 500

5 000

OXYPLAST Algérie

2009 / Tlemcen

AVANTAGES COMPARATIFS éléments importants Peinture liquide

Peinture poudre

épaisseur de couche

20 µm/couche

40 A 400µm/couche

Recyclage

Non

Oui jusqu'à 98%

Temps de séchage

Long si air libre

10 min de cuisson

Propriétés physico-chimiques

Moyennes

élevés et modelisables

Composés organiques volatiles

Oui

Exempt de cov

Utilisation effcicace

23%

98%

Poudre pour revêtement de fer à Béton

*Epaisseur ≥ 200 µm ; *L’adhérence au béton (FHWA 74-18) a une performance d’index > 110% ; *Haute flexibilité > 6% d’élongation ; *Haute résistance à l’impact ≥ 12 joules.

© Poudrox

Les obstacles sont partout, y compris dans le secteur industriel. Au cours de ses 26 années d’existence, Poudrox Industries en a connu un bon nombre, notamment les difficultés d’accès au financement et des problèmes de logistique. D’après Zakiya Sekkat, «les difficultés rencontrées en matière d'infrastructures (…) et par la suite de logistique étaient des difficultés générales et normales pour tout entrepreneur marocain». Autre entrave, la concurrence de certains produits importés. «Les obstacles à notre activité au Maroc sont liés à un manque de vigilance des structures de contrôle des produits importés dans le cadre des accords de libre-échange signés par le Maroc», constate-t-elle.

industrielle doit être détenue à hauteur de 51% par une entité algérienne. Mais généralement «à l'étranger ce sont plus des obs-

tacles logistiques et plus particulièrement des moyens et du coût de transport qui nous pénalisent», remarque-t-elle. 

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© Poudrox

business case

Après avoir dominé le marché des peintures en poudre en Afrique du Nord, l’entreprise souhaite franchir un nouveau cap en intégrant le marché africain.

Afrique

Futur marché de Poudrox

Après s’être imposée au Maghreb, Poudrox Industries a désormais l’Afrique en ligne de mire, avec comme tremplin : l’industrialisation. «Tous les chemins mènent à Rome». Dans ce 21e siècle, on dirait sans risque de se tromper que «Tous les chemins mènent vers l’Afrique». Le continent connait actuellement une forte croissance (voir pages conjoncture), une démographie ascendante dont la majorité est composée de jeunes, et une urbanisation galopante. Autant d’opportunités qui aiguisent l'appétit de tout investisseur. Poudrox Industries ne veut pas être en reste. Après avoir dominé le marché des peintures en poudre en Afrique du Nord, l’entreprise souhaite fran-

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chir un nouveau cap en intégrant le marché africain. Elle va s’appuyer sur l’industrialisation pour y développer ses activités. «Nos perspectives de croissance au Maroc, tout comme en Afrique en général, sont liées au degré d'industrialisation et que nous croyions indispensable pour le réel développement de nos pays», déclare Zakiya Sekkat. Selon elle, l’entrée dans le marché africain se fera de manière progressive à travers trois phases: «l'initiation des industries potentielles d'utilisation de cette tech-

nologie, le transfert de technologie et de savoir-faire et l'implantation d'une ligne de fabrication si le marché se développe». Cette stratégie sera mise en place probablement sur le moyen et long terme. En attendant, la société envisage de consolider son emprise sur son marché traditionnel en poursuivant «la croissance sur le marché intérieur», en accompagnant «l’industrialisation au Maghreb», et en participant à la vision économique du Maroc en Afrique «dans le cadre de la politique économique de développement dans cette région».


en kiosque

au sommaire de ce hors-série n°3 • Le vrai pouvoir du business school • Classes préparatoires au grandes écoles : au bout du...chemin de croix • Battre en brèche les idées préconçues • Accès au classes préparatoires au grandes écoles : la main invisible du bénévolat • Octave Jokung Nguema : notre business model, former des profils adaptés au marché de l'emploi • Pression de la demande sur l'offre: équation de récrurrence et de convergence • Enseignement supérieur privé au Maroc : en ordre de bataille • Yasmina Benamour : HEM consolide son programme de grande école • Enjeux, situation et perspectives de partenariats public-privé : un véritable cas d'école • Enjeux, situation et perspectives de partenariats public-privé : les leçons d'une enquête • Offre éducative en Afrique: ne surtout pas laisser le privé se développer sans contrôle • Enseignement supérieur et recherche scientifique: impossible harmonisation de l'offre régionale • Valeurs de l'université et ses missions initiales: un enjeu de politique publique • Enseignement supérieur en Afrique francophone : quelles politiques financières soutenables..............

demandez-le à votre buraliste www.africanbusinessjournal.info

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dossier Réalisé par Elimane Sembène

Symphos 2015

L’innovation, un tremplin pour agriculture durable Des professionnels, des chercheurs et des industriels du phosphate se sont réunis fin mai à Marrakech lors de la troisième édition du Symposium international sur l’innovation et la technologie dans l’industrie des phosphates (Symphos). Au cœur des débats : l’impact de l’innovation pour une meilleure agriculture dans le monde.

Comment mettre «l’innovation au service d’une agriculture durable»? Une question à laquelle des centaines d’experts africains et internationaux ont essayé de répondre au cours des trois jours de débats et d’échanges lors du Symposium international sur l’innovation et la technologie dans l’industrie des phosphates (Symphos) qui s’est tenu du 18 au 20 mai 2015 à Marrakech. Les discussions ont principalement tourné autour des procédés industriels, éléments de valeurs, les fertilisants du futur. L’objectif était de réfléchir sur les innovations à mettre en place pour favoriser une agriculture écoresponsable pour assurer une meilleure sécurité alimentaire dans le monde. En effet, les défis liés à la sécurité alimentaire sont énormes. D’après l’Organisation des Nations unies

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pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la population mondiale estimée actuellement à 7 milliards d’habitants passera à 8 milliards d’ici 2020, puis à 9,4 milliards d’ici 2050. En clair, la planète devra nourrir 2 milliards d’individus supplémentaires. L’Afrique ne sera pas en reste. Notre continent concentrera 25% de la population mondiale d’ici 2050, et 40% des jeunes du monde seront originaires d’Afrique. Aujourd’hui, 15 des habitants de la planète vivent en Afrique. À cela, il faut greffer, la pénurie en eau, l’augmentation de la demande agricole, et l’inadaptabilité entre la formation et l’emploi. Selon Thierry Zomahoun président de l’Institut africain des sciences mathématiques (AIMS), le secteur industriel, plus particulièrement la recherche et développement

(R&D) doit utiliser ces talents pour en faire de véritables fers de lance de l’innovation en Afrique. «L’Afrique reste la plus grosse réserve de talents. Il est temps que l’industrie en prenne conscience et les considère comme un actif et non un passif. Nous avons ici un vrai fer de lance pour le développement et l’innovation», préconise-t-il. L’éducation scientifique demeure aussi importante dans ce processus, renchérit-il. «La science et la technologie peuvent aider à transformer et à révolutionner l’industrie des phosphates. Pour ce faire, chaque débat doit commencer par l’éducation. Non pas telle qu’elle existe depuis l’indépendance de la plupart des pays en Afrique, mais pour devenir le point focal de l’excellence au niveau mondial, l’éducation scientifique est fondamentale».


© Symphos 2015

dossier

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dossier

entretien

P Amadou Hamadou Babana r

Microbiologiste à l’Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako

«Les biofertilisants, une alternative pour contrer les engrais chimiques» Vous avez participé à la 3e édition du Symphos à Marrakech placée sous le signe de l’innovation. Quelles sont les dernières innovations qui ont été présentées lors de cet évènement ? Plusieurs innovations dans les thématiques relatives aux procédés industriels, aux éléments de valeurs, aux fertilisants du futur ont été présentées au Symphos 2015. Cependant, les innovations au niveau du développement durable, à savoir l’utilisation des inocula mycorhiziens pour améliorer la nutrition phosphatée des plantes, et surtout le développement de biofertilisants phosphatés efficaces, peu coûteux et respectueux de la santé des producteurs et de l’environnement, ont été présentées comme innovations du futur à diffuser partout en Afrique. L’utilisation du phosphogypsum (PG) en tant que coproduit de l’industrie des phosphates et non comme déchet a été aussi accueillie comme une innovation d’avenir. En effet, l’utilisation de ce produit, jadis considéré comme déchet, pour améliorer la

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production des cultures et dans la construction des routes a été accueillie comme importante innovation à améliorer. Quelle place occupent l’innovation et la technologie dans l’agriculture africaine ? L'agriculture est un moteur économique pour l'Afrique. Afin de répondre à leurs besoins alimentaires et nutritionnels, les pays africains importent quelque 25 milliards de dollars de produits alimentaires chaque année, d’où la nécessité de transformer le secteur agricole africain, caractérisé pour l’heure par une faible productivité, en une locomotive du développement économique, en s'appuyant sur les améliorations technologiques et les avancées systémiques qui privilégient l'intensification à l’extensification. Pour atteindre cet objectif, la biotechnologie, surtout dans le domaine de la production de fertilisants biologiques, figure parmi les différentes technologies que les pays émergents et ceux en voie de développement doivent adopter

pour permettre à des millions de personnes de bénéficier d’une plus grande sécurité alimentaire. Aujourd’hui comment se porte le marché des phosphates en Afrique? Le marché des phosphates naturels et bio-phosphates, se porte très bien en Afrique. Ce qui est renforcé par le fait que les prix du DAP (phosphate de diammonium) et du phosphate d’ammoniaque, les engrais à base de phosphate les plus courants ont augmenté de 50% pour atteindre plus de 400 dollars la tonne au départ du producteur les rendant hors de portée des petits producteurs africains. Ce qui profite aux producteurs d’engrais phosphatés africains et rehausse la rentabilité des mines de phosphate qui jusqu’à une date récente avaient une rentabilité très basse. Dans le cas de l’Afrique, où la population croît à une vitesse fulgurante alors que les terres disponibles se raréfient, il est urgent de nourrir au mieux les sols cultivés. Pour accélérer la croissance des cultu-


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dossier

Le professeur Amadou Hamadou Babana dans son laboratoire et, en vignette, interviewé par le rédacteur en chef Elimane Sembène en marge du Symposium à Marrakech.

res, les Africains ont beaucoup utilisé les inoculants microbiens contenant les bactéries fixatrices d’azote. Mais, pour reconstituer le sol à moyen terme, le recours aux engrais phosphatés est indispensable, d’où l’accélération de l’exploitation des phosphates naturels et actuellement la tendance est à la production et à l’utilisation des biophosphates qui offrent un marché important constitué des petits producteurs du continent. Les engrais phosphatés sont en plein essor en Afrique, en témoignent les investissements importants dans ce secteur d’activité depuis plus de 5 ans. Cet essor, que connaissent les phosphates naturels et biophosphates, devrait continuer, car c’est ici qu’on s’attend à la plus forte utilisation des phosphates naturels et des engrais phosphatés biologiques. Les biofertilisants constituent une alternative pour contrer les engrais chimiques. Concrètement de quoi s’agit-il ? Quels sont ses avantages? Où en est l’Afrique ?

Les engrais phosphatés chimiques sont produits en utilisant les acides pour solubiliser le phosphore des roches phosphatées naturelles. Cependant, ces engrais chimiques bien qu’efficaces constituent un danger pour la santé des paysans et participent à la dégradation des sols agricoles. En plus, avec la hausse du prix de l’énergie, ces engrais deviennent de plus en plus chers et de moins en moins accessibles aux petits producteurs agricoles africains. Plusieurs travaux de recherche ont été conduits pour permettre aux petits producteurs d’avoir accès à des intrants efficaces, peu coûteux et surtout respectueux de la santé des paysans et l’environnement. Ces travaux ont conduit au développement de plusieurs engrais biologiques nommés biofertilisants. Ces biofertilisants phosphatés utilisent des microorganismes pouvant sécréter des acides organiques à faible poids moléculaire capables de solubiliser le phosphore des phosphates inorganiques et le mettre à la disposition des plantes.

Certains biofertilisants multifonctionnels combinent des micro-organismes solubilisant le phosphore et des champignons mycorhiziens dont les mycéliums explorent une grande surface du sol et permettent à la plante d’avoir accès à plus de phosphore du sol. Ces biofertilisants produits sur place, donc accessibles à temps opportun, sont moins chers et aussi efficaces que les fertilisants chimiques, et constituent une alternative intéressante pour contrer les engrais chimiques. L’Afrique actuellement, bien qu’en retard dans ce domaine innovant, possède plusieurs chercheurs et entreprises de pointe en ce secteur qui prend de plus en plus de l’ampleur. En effet, vous avez pu observer au cours de ce symposium que plusieurs chercheurs africains ont développé des biofertilisants avec une grande efficacité agronomique et une rentabilité économique jusqu’à deux fois plus forte que les engrais chimiques. E.S.

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dossier

Semences

Pour un meilleur accès des petits agriculteurs aux engrais abordables L’Office Chérifien des phosphates (OCP) a annoncé courant mai 2015, le lancement d’un vaste programme, d’une durée de 3 ans, pour permettre à 100.000 petits producteurs agricoles du continent d’avoir accès à des engrais abordables et propres à leurs cultures et à leurs sols.

Ce projet s’étalera sur les trois prochaines années. L’OCP s’engage à livrer des engrais à 100.000 petits producteurs établis dans six pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Le coût global du programme est estimé à environ 5 millions de dollars. «Cet engagement, d'une valeur approximative de 5 millions de dollars sur 3 ans, sera mis en œuvre en étroite collaboration avec des partenaires et des intervenants clés dans chacun de ces 6 pays, afin de

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L’OCP s’engage à livrer des engrais à 100.000 petits producteurs établis dans six pays d’Afrique de l’Est et de l’Ouest.

s’assurer que le modèle applicable à chacun de ces pays tienne compte de ses spécificités, soit approprié à chaque contexte local et permette d’avoir un impact maximal», indique le groupe. D’après l’OCP, cette initiative vise non seulement à lutter contre l’insécurité alimentaire, mais aussi, et surtout à mettre à ces

producteurs d’écouler leurs produits hors du continent. «Cet engagement fait partie d'une vision beaucoup plus large du Groupe OCP promouvant le développement prospère des agriculteurs en Afrique, en libérant leur potentiel pour nourrir leurs compatriotes africains et pour contribuer à nourrir une population mondiale croissante».

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Cette initiative a été annoncée par Moustapha Terrab, PDG du groupe OCP, lors de la conférence Clinton Global Initiative Moyen-Orient Afrique qui s’est déroulée début mai 2015 à Marrakech. À travers ce nouveau programme dénommé «Contribuer à la prospérité des petits producteurs agricoles africains», l’entreprise marocaine souhaite que les petits producteurs du continent accèdent «à des engrais abordables et appropriés et qui sont propres à leurs cultures et à leurs sols, mais aussi afin de leur permettre de bénéficier du soutien et des services dont ils ont besoin pour tirer de ces intrants une amélioration de la productivité agricole de leurs terres, et ainsi augmenter leurs revenus».


dossier

20,2%

COMMERCIAL La stratégie commerciale d’OCP est basée sur la proactivité et l’adaptabilité. Elle contribue, en outre, à l’essor économique du pays à l’international, grâce à ses activités fortement génératrices de valeur ajoutée.

1er

De contribution aux exportations nationales(2)

46

Exportateur mondial de phosphate sous toutes ses formes(1)

7,1

150

EXPORTATIONS

+

4,3%

#1 15 145

Plus grandes réserves de phosphate au monde connues à ce jour*

Disposant des plus grandes installations industrielles conçues selon les meilleurs standards internationaux en matière de process, de technologie et d’outil industriel, OCP produit près de 27 millions de tonnes de roche de phosphate, 5 millions de tonnes P2O5 d’acide phosphorique et 5 millions de tonnes d’engrais (MAP, DAP…).

Filiales et JVs avec des acteurs industriels et d’ingénierie de premier plan

Casablanca Khouribga Gantour 66%

Safi

Roche phosphatée

26%

Ligne intégrée Gantour - Safi

Boucraâ

8%

26,4

Capacité d’extraction (en millions de tonnes)

Production marchande (en millions de tonnes)

4,4 Production marchande (en millions de tonnes de P205)

Capacité de production

Acide (en millions de tonnes de P205) phosphorique

Phosboucraâ

Milliards de dirhams investis dans le Programme de Transformation Industrielle 2008-2025

32,2

4,7

Ligne intégrée Khouribga - Jorf Lasfar

Laâyoune

(1)

Roche : 33% (1) Acide phosphorique : 47% (1) Engrais phosphatés : 19%

(1) Source: OCP et l’IFA, 2013 (2) Sources : Commerce extérieur du Maroc 2013 Rapport annuel (édition provisoire), Office des Changes, 2014

De contribution au PIB marocain(2)

PRODUCTION

Jorf Lasfar

De part de marché d’exportation de phosphate sous toutes ses formes(1)

PARTS DE MARCHÉ PAR CATÉGORIE DE PRODUIT

Roche : 8,6 MT Acide phosphorique : 2,0 MT Engrais phosphatés : 4,3 MT

Clients à travers le monde

Milliards de dirhams de Résultat Net

28%

Milliards de dirhams de Chiffre d’affaires

13%

Pourcentage de la production mondiale

10% Pourcentage de la production mondiale

Sites miniers Unités de transformation chimique

7,4

Ports phosphatiers

4,8

Production marchande (en millions de tonnes)

Capacité de production (en millions de tonnes)

Slurry Pipeline Pourcentage de la production totale Groupe

Engrais phosphatés

8%

Pourcentage de la production mondiale

(MAP, DAP, TSP, Engrais spécialisés)

*Source : Selon US Geological Survey, rapport 2012

PRÉSENCE INTERNATIONALE 38%*

90%*

9%*

Europe

Amérique du Nord

Asie de l’Est

Amsterdam Engis Paris Les roches

USA

Istanbul

Pékin

Augusta

Gurgaon UAE Orissa

Côte d'ivoire

30%

*

24%*

25%* Asie du Sud

Singapour

Afrique

Amérique du Sud Sao Paulo

PARTS D’OCP DANS LES IMPORTATIONS DE LA RÉGION EN PHOSPHATE SOUS TOUTES SES FORMES*

36%* Océanie

Buenos Aires Bureaux OCP

*Source : Rapport provisoire de l’IFA 2012

Ouvertures prochaines de bureaux OCP Unités de production

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Système de Management certifié ISO 9001 GROUPE

CERTIFICATION IS0 9001 VERSION 2008 Le Groupe Afrique Challenge l’Afrique Qui Ose ! a obtenu la certification ISO 9001:2008 à l’issue de l'audit réalisé en Avril 2015 par SGS MAROC, le leader mondial de l'inspection, de la vérification, de l'analyse et de la certification. Dès sa création en 1999, l’Assurance Qualité a toujours occupé une place prépondérante dans la politique et l’organisation du Groupe. C’est pourquoi, nous avons initié en 2013 une démarche de certification, illustrant ainsi notre volonté affirmée de progrès permanent. L’ISO 9001 est une norme internationale de management de la qualité, utilisable par toutes les entreprises et comportant un ensemble d'obligations que nous devons respecter. La certification de nos systèmes de management de la qualité d’après la norme ISO 9001 atteste de notre engagement en matière de qualité et permet de mesurer nos progrès dans l’amélioration continue de nos performances. Cette certification reconnaît le Système de Management de la Qualité (SMQ), déployé avec succès, s’appliquant à l’ensemble de nos activités (Formation, Assistance Médicale et édition d’ouvrages et de revues économiques et managériales). A travers cette certification, reconnue par un organisme officiel suivant un référentiel international, le groupe Afrique Challenge, l’Afrique qui ose, démontre son aptitude à fournir des prestations conformes aux exigences du client comme aux exigences réglementaires. Le Groupe Afrique Challenge, l’Afrique qui ose place ainsi le client au centre des préoccupations de l’ensemble des collaborateurs du Groupe. En effet, notre politique qualité s’articule autour de 4 pôles : • L’entière satisfaction du client, qui constitue pour notre société l’objectif essentiel. Il convient de comprendre ses besoins et préoccupations présents et futurs et de s’efforcer d’aller au-devant de ses attentes, • Le développement de la polyvalence au sein du personnel, • Le développement de la relation avec nos partenaires et prestataires externes, • L’amélioration continue de nos performances afin de garantir la pérennité de nos activités et de l’entreprise, La certification obtenue est valable 3 ans et renouvelable suite à un audit réalisé annuellement par un auditeur de l'organisme SGS. Il va de soi que le processus d’amélioration ne s’arrête pas avec l’obtention de la certification ISO 9001 version 2008, mais se poursuivra de façon continue, afin de garantir dans le temps, la satisfaction client et l’excellence opérationnelle.

Groupe Afrique Challenge, l’Afrique qui ose 3, Rue Mansour Saadi – Casablanca Tél : +212 (0) 522 36 04 18/20 - Fax : +212 (0) 522 36 31 41 - www.lafriquequiose.com



þ  avis d'expert

Par Philippe Beaujean Associé - Senior Business Consultant à PhB Conseillers

Vous avez dit coaching ?

Qu’est-ce qu’un coach ? Pourquoi prendre un coach ? Qu’attendre d’un coach ? Comment choisir un coach ? Voilà quelques questions fréquentes qui nous sont posées. Je vous propose d’y répondre en plaçant ces questions dans le contexte professionnel.

Qu’est-ce qu’un coach ? Un coach a pour mission de vous accompagner dans la résolution d’une situation ou dans la conquête de nouveaux objectifs. En d’autres termes, il vous aide soit à résoudre un problème, soit à améliorer votre situation. De façon plus directe, un coach a pour mission d’accompagner son client à passer à l’action et reconquérir son autonomie le plus vite possible. Un coach n’a donc pas pour vocation de rester longtemps aux côtés de son client. Dès que ce dernier est autonome et dans l’action, sa mission s’arrête. Cela peut parfois se faire en une seule séance. Vu comme cela, le coaching est donc une profession anti-économique, puisque si le coach fait bien son travail, il n’a plus de travail. C’est une des raisons qui fait qu’un bon coach peut demander cher, et que les tarifs en vigueur dans le monde du travail peuvent paraître élevés. À titre de référence, le nombre moyen de séance en entreprise est entre cinq et dix. Un coach est avant tout un professionnel. Généralement, il s’est formé dans une école de coaching d’où il est certifié. Il existe aussi des organismes certificateurs indépendants de toute école, qui peuvent offrir une certification exempte de toute

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compromission. Parfois, le coach peut maîtriser ou être certifié dans certaines approches tombant dans le champ du développement personnel ou des thérapies brèves, comme la PNL, l’hypnose ou l’Analyse Transactionnelle par exemple. Pourquoi prendre un coach ? Les champs d’intervention d’un coach sont vastes. Un dirigeant ou un cadre pourra désirer se faire accompagner d’un coach pour surmonter une difficulté passagère, pour prendre une nouvelle fonction, pour résoudre un problème avec ses collaborateurs, pour acquérir de nouvelles compétences comportementales, pour faire évoluer son attitude, pour prendre une décision … Un commercial choisira de faire appel à un coach pour améliorer son chiffre d’affaires, pour développer ses compétences en vente ou en prospection, pour reprendre confiance en lui, pour régler un problème passager, pour comprendre sa situation … En même temps, un coach, ce n’est pas un formateur ni un consultant. Par exemple, je cumule bien les trois spécialités depuis plus de vingt-cinq ans, pourtant j’ai à chaque fois pleinement conscience du rôle que je

suis censé tenir à chaque instant. Lorsque je suis dans la posture de coach, je me mets au service de mon client pour l’accompagner à trouver ses solutions et prendre ses décisions. Un coach, à travers ses questions puissantes, aide son client à explorer sa situation. Il le convie à explorer les choses en partant de points de vue différents. Il l’aide à donner un autre sens à sa situation. Bref, il l’accompagne à enrichir la vision qu’il a de sa situation et à dépasser ses paradigmes ou ses croyances limitantes pour avoir une vraie chance d’aller plus loin. Qu’attendre d’un coach ? Si les outils sont importants en coaching, ils ne font pas le coach. Pour mieux le comprendre, il est essentiel d’avoir en tête la démarche du coaching. Lorsque quelque chose ne va pas ou lorsqu’on veut améliorer quelque chose qui va déjà bien, nous avons généralement recours à la résolution de problème. L’inconvénient de cette démarche est qu’elle se concentre sur l’état problème. On se pose des questions du genre: «qu’est-ce que le problème?», «d’où vient le problème?», «cela fait-il longtemps que ce problème existe?», «qu’est-ce que je ressens lorsque je vis ce problème?»...


avis d'expert þ Bref, on se focalise sur le problème. Le problème, c’est qu’en se concentrant sur le problème … on a juste «plus» du problème, comme le démontre aujourd’hui la psychologie. Un principe veut que « à où le regard porte va l’énergie». En d’autres termes, si vous vous concentrez sur le problème, ou sur l’idée de ne plus vouloir le problème, vous allez accroître le problème. Si vous n’en voulez vraiment plus, alors il faut commencer à concentrer toute votre attention sur la solution ou la recherche de solutions. C’est ce qui différencie le coaching d’autres approches issues de la psychologie. Si le coach vous écoute énoncer votre problème, ce qui lui permet de savoir d’où on part, très rapidement il vous demande ce que vous voulez à la place de ce problème, « ne plus vouloir le problème » n’étant pas une réponse valable à cette question, comme vous pouvez commencer à vous en douter. Une fois que vous avez partagé votre problème avec le coach et que vous savez ce que vous voulez à la place, alors vient la troisième étape du coaching, à savoir «de quoi auriez-vous besoin pour passer de l’état problème à la situation recherchée». Dans cette étape, il s’agit de définir les ressources, les outils et les forces intérieures dont vous avez besoin pour atteindre votre objectif. La suite du coaching consiste alors à opérer cette montée en ressource, c’est-à-dire à acquérir ou mobiliser chacune des ressources en vous. Approches et démarche Je relève deux approches en coaching. D’une part, il y a ce que j’appelle le «coaching différé», largement pratiqué de nos jours au sein des organisations de travail, et d’autre part, ce que je nomme le «coaching en prise directe sur l’action», qui est une forme de

coaching que j’ai, avec succès, abondamment pratiqué dans ma carrière, en particulier lorsque j’agis en tant que consultant pour accompagner les entreprises ou les administrations à accroître leurs performances opérationnelles ou commerciales. Le « coaching différé », c’est probablement ce que nous connaissons tous. Le coach rencontre son client dans un bureau, et son client lui parle de la «perception» qu’il a de sa situation, de son problème. Ce type de coaching est souvent suffisant, car ce que recherche le client c’est d’être accompagné dans la gestion des ressentis qui viennent en conséquence de sa situation. Dans le même ordre d’idée, parfois il souhaite simplement faire évoluer positivement un trait de caractère, une qualité, une aptitude … Il existe cependant une autre façon d’accompagner efficacement un client : «e coaching en prise directe sur l’action». En fait, pourrions-nous imaginer un coach sportif attendre dans les vestiaires pendant un match, pour ensuite demander au joueur «sa perception de la situation»? Impensable, n’est-ce pas? Au contraire, le coach est présent sur la pelouse durant le match et il observe attentivement. Une fois rentré au vestiaire, ou un peu plus tard, il pourra confronter la perception du joueur avec le fruit de sa propre observation, renvoyant ainsi au joueur une réalité un peu différente. Lorsqu’il s’agit de traiter des questions où d’autres sont en jeux, comme par exemple améliorer la conduite de réunions, c’est une forme de coaching de j’affectionne. Ce type de coaching se pratique en deux étapes. Pour la première étape, le coach se place dans l’ombre de son client et il l’observe. Que fait-il ? Comment le fait-il ? Que font les autres ? Quelles sont leurs réactions ? …

Ensuite, la deuxième étape consiste à en parler ensemble. Le coach, fidèle à sa mission, se contente d’être un miroir pour son client. Il lui renvoie le reflet de ce qu’il est ou de ce qu’il a fait. Il l’interroge et l’aide à prendre conscience de ses forces et des potentiels à développer. Il l’aide à comprendre d’abord, avant de l’accompagner à trouver des solutions qui commenceraient à changer la situation, puis de lui demander de s’engager sur la mise en oeuvre d’une solution immédiatement. Comment choisir un coach ? Aujourd’hui, les médias brouillent un peu les cartes, créant ainsi une compréhension erronée et des attentes déraisonnables de la part des clients. Ce que les médias mettent en scène, ce sont les coachs de spectacle. Rien de désobligeant dans le propos. C’est juste une spécialité. On peut ajouter à cette catégorie les coachs qui exercent dans de grandes salles face à un public. Dans cet exercice, le coach est souvent invité à donner son avis, voire à donner des conseils, ce qui n’est pas, de l’avis général, la démarche du coaching. Ces coachs ont parfois une pratique privée où ils excellent dans le coaching, et ce dans le respect des règles. Ensuite, les coachs se distinguent par leurs spécialités. Certains se spécialisent dans une technique, d’autres sur une pathologie, d’autres encore dans un contexte, comme les coachs professionnels qui se dédient au monde du travail … Enfin, il y a l’âge. Le coaching est en vogue aujourd’hui, et beaucoup de jeunes, curieux ou en recherche, viennent grossir les rangs au sein des cours dispensés par les diverses écoles de coaching. Mais il y a aussi les plus âgés. 

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Les cahiers du manager

Un modèle de management 100% africain est né

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Les cahiers du manager

Instigateurs du modèle TPAM®

Le pôle Prévoyance de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) Maroc Le modèle TPAM est totalement inspiré du modèle d’excellence du Pôle Prévoyance de la Caisse de dépôt et de gestion. En effet, TPAM est le résultat d’un travail de conceptualisation des facteurs clés de succès ayant permis au Pôle de réussir une transformation spectaculaire basée sur plusieurs leviers : • Adoption d’un système de management de la qualité totale. • L’alignement aux standards internationaux. • L’implémentation d’une organisation totalement dématérialisée. • Le développement d’un système d’information urbanisé et aligné. • L’agilité organisationnelle… Les réalisations et les performances enregistrées ont été reconnues par les organisations aussi bien nationales qu’internationales. En effet, plusieurs distinctions ont couronné le programme d’excellence du PP CDG (voir encadré).

Distinctions et Prix

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• Prix AISS des bonnes pratiques 2014 de l’Afrique pour : Gestion Relation client multicanal et totalement agile. • Trois Certificats de mérite de l’AISS avec mention Spéciale pour : Dispositif de prévention anticorruption. • Premier Prix des Nations unies au Service public pour la région Afrique : Catégorie «Prévention et lutte contre la corruption», 13 mai 2013. • Deuxième prix des services publics des Nations unies : catégorie «Improving the Delivery of Public Services for the initiative 0-papers» New York, 2012. • Trois Certificats de mérite de l’AISS pour les projets : - Dispositif de communication interne comme levier du Management RH et d'alignement stratégique de l’entreprise; - Pilotage de la performance; - Mise en ligne de services publics. Tanzanie 2011. • Prix «International Star for Leadership in Quality»: catégorie Or Paris, 2011. • Prix Natioanal de la qualité 2010 • Prix national de l'Administration Numérique 2008 • Deux Certificats de mérite de l’Association Internationale de la sécurité sociale pour les projets TQM et Zéro papier Kigali-Rwanda, 2008 • 2e prix RH AGEF 2006 Lauréat du Prix AISS des bonnes pratiques pour l'Afrique 2014, le projet gagnant ex aequo, Gestion relation client multicanal et totalement agile, est présenté par Moulay Ahmed Cherkaoui, Directeur du pôle Prévoyance, Caisse de Dépôt et de Gestion, en charge du Régime collectif d'allocation de retraite (RCAR) du Maroc.

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Les cahiers du manager

Auteur-concepteur du modèle TPAM®

Khalid Limamy est professeur à l’Université Mohammed V Rabat, et à la Faculté des sciences de l’éducation. Cofondateur de la Communauté des praticiens et chercheurs en management des organisations, il œuvre pour rapprocher le monde de l’entreprise et celui de la recherche universitaire. Il est membre du comité de pilotage du Centre d’expertise et de formation pour l’entreprise (CEFE). Il intervient auprès des entreprises pour accompagner les dirigeants dans la conduite de projets de changement et de transformation. Le chercheur a pu concevoir et formaliser le modèle TPAM après trois années de recherches effectuées au PP CDG selon une démarche scientifique qui peut être résumée en trois grandes phases : une phase exploratoire, une phase confirmatoire et une phase de conceptualisation-modélisation (voir encadré).

Analyse rétrospective étude exploratoire Analyse des facteurs clé de succès

étude confirmatoire

Validation des facteurs clés de succès

Conceptualisation des facteurs clé de succès confirmés

© tpam-model.com

Conceptualisation modélisation

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Mise en cohérence des concepts dans un modèle global de management


Les cahiers du manager

Composantes du modèle TPAM®

Le Modèle TPAM est formalisé autour de quatre composantes essentielles : 1. La combinaison TROPHE® : regroupe les grands facteurs clés de succès qui ont permis au PP CDG d’implémenter son modèle d’excellence. 2. Les Principes d’Agilité et de Performance (PAP) : un ensemble de principes de gestion et de management qui facilitent le fonctionnement du modèle et l’orientent continuellement dans le sens de l’agilité et de la performance. 3. Le TPM (Total Performance Management) : symbolise la performance globale mesurée à travers la valeur créée et adressée à toutes les parties prenantes 4. Le TAM® (Total Agility Management) : considère l’agilité selon une approche globale impliquant toutes les composantes de l’organisation. C5 étoile

Combinaison

TROPHE

de la valeur®

Le modèle d'excellence du PP CDG

hérents pour faire évoluer de façon harmonieuse les composantes du système de gestion et de management de l’entreprise. • «Challenger» les collaborateurs à la fois à titre individuel et collectif et enclencher une dynamique mobilisatrice. • Obtenir des certifications valorisant davantage les collaborateurs et améliorant l’image de l’entreprise. • S’ouvrir davantage sur l’international et sur l’environnement global de l’organisation. • Engager l’entreprise dans une logique d’amélioration continue au rythme des mises à jour et des renouvellements des référentiels internationaux. Toutefois, importer des pratiques managériales n’est donc pas uniquement une affaire de formation et d’apprentissage. C’est plutôt un processus bien plus complexe qui peut opposer des cultures différentes. La Roue LG appelée également la Roue 6 [A] ² (voir figure 01), vous offre une démarche spécifique basée sur une série d’innovations pour vous aider à réussir durablement la mise en œuvre des bonnes pratiques internationales et éviter les risques qui y sont associés.

TPAM

Assimitation

PAP

Principe d'Agilité et de Performance

Analyse Représentation

TPAM®

Total Agility Management

Concepts du modèle TPAM®

Le modèle TPAM foisonne de nouveaux concepts de management : TAM®, CAMiCAS®, PAP, Roue 6 [A], Matrice LD du manager agile, C5 étoiles de la valeur®…. Nous vous présenterons à chaque fois dans le cahier du manager de votre revue ABJ certains de ces concepts inédits.

La Roue 6 [A]² ou la roue LG (Limamy-Gueye)

Le recours aux bonnes pratiques et aux standards internationaux permet au RCAR de tirer profit de plusieurs avantages : • Gagner du temps en exploitant de bonnes pratiques ayant déjà démontré leur puissance. • Structurer le changement sous forme de projets co-

Appréciation

Actualisation

Evaluation Perfectionnement

Ajustement Simplification Sens

Audit

Appropriation

Amplification

Apprentissage

Puissance Confiance Automatisation

Compétence Entreprise Confiance

Accroissement

Amorçage

Généralisation Essaimage Consolidation Application

fig. 01 : La Roue LG ou 6 [A]²de l’application des bonnes pratiques et référentiels internationaux.

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Les cahiers du manager

Spirale

Interprétation

Assimitation

Analyse Représentation

Actualisation

Spirale

• Assilimer le référentiel par une équipe réduite.

Spirale

Accroissement

• Valider et approuver le choix dy référentiel en fonction de sa contribution potentielle au modèle de l'excellence.

Généralisation Essaimage Consolidation Application

• Le travail d'analyse se déclenche à chaque nouvelle version du référentiel.

Interprétation

Interprétation

Spirale

Ajustement Simplification Sens Appropriation

• Vérifier l'adhésion du personnel avant de passer à l'étape suivante.

Amplification Puissance Confiance Automatisation

• Le travail d'ajustement est affiné régulièrement.

Interprétation

• Les formations se déroulent sous forme de cycle conçu selon plusieurs modules qui s'étalent dans le temps : Projet CAMCAS. • Les formations aux bonnes pratiques ont une importance stratégique et sont pilotées par un membre de l'équipe dirigeante désigné directeur du projet. Il pilote en étroite collaboration avec la direction. Apprentissage Compétence Entreprise Confiance Amorçage

• La technologie intervient à travers des applications développées in house pour rendre la pratique : - visible, - durable, - mesurable - pilotable. • Ce qui évite ainsi d'éventuels essoufflements. • Le système de pilotage permet de monter en puissance dans l'application des bonnes pratiques.

• Le sens est rappelé continuellement, voire approfondi au fil de l'application.

Spirale

• Les échanges d'expérience permettent un apprentissage collectif et permettent de roder progressivement les pratiques.

Interprétation

• Alléger et ajuster le référentiel à la taille de l'entreprise. • Donner du sens à l'application de référentiel et faciliter son intégration mentale par les collaborateurs par une interprétation dans les catégories de la culture locale, comme quelque chose de respectable.

• L'application des bonnes pratiques est généralisée à l'ensemble des activités concernées.

Spirale

Interprétation

Appréciation Evaluation Perfectionnement Audit

• L'audit externe systématique et régulier permet d'apprécier le niveau de maturité des pratiques. • Les actions d'amélioration sont renseignées, suivies et pilotées par la direction de pilotage.

• Le directeur du projet s'engage en collaboration avec l'équipe dirigeante dans le processus de conception et de préparation des modules et des programmes des cycles de formation. • Les apprenants appliquent les bonnes pratiques acquises au file des modules de formation. • L'application des bonnes pratiques est souvent facilitée par un accompagnateur interne et/ou externe.

© Getty Images

• Des formations de perfectionnement et/ou d'actualisation sont organisées régulièrement, notamment à l'occasion d'une nouvelle version.

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Test

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Townships

Les commerçants étrangers révèlent leur «secret» Elles sont de plus en plus nombreuses, trois, quatre, voire cinq, par avenue dans le township de Soweto. Ces petites boutiques qui ouvrent leurs portes dès 7 h du matin et les ferment à 23 h. Elles ne connaissent ni jours fériés, ni weekends. Par Julie Iondo

© A.F.P

revenu», confie Muhammad, un commerçant somalien qui vit à Soweto depuis 2005.

Les habitants de Soweto y retrouvent un peu de tout: du pain, de la farine de maïs, du sucre et sans oublier les boissons gazeuses. Ces petites boutiques ne sont pas comme les autres, elles ont une particularité qui a séduit plus d’un client. «Vous pouvez, en fait, acheter un œuf, une seule couche ou encore prendre à crédit et payer à la fin du mois», témoigne Thembi, une jeune cliente

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fidèle. Il s’agit en fait d’un «nouveau» modèle d’affaires que les commerçants somaliens, éthiopiens et pakistanais ont apporté dans les townships. «Nous avons commencé par étudier notre clientèle avant de nous lancer dans le commerce. Nous avons constaté que dans les townships, les gens qui y vivent ont un revenu qui n’est pas très élevé et nous avons décidé de servir cette clientèle à faible

Ces commerçants achètent leur marchandise ensemble et la divisent entre eux. En achetant la marchandise en très grande quantité, ils bénéficient de réduction de la part de leurs grossistes. Des réductions qu’ils comptent bien en faire profiter leurs clients. «Le pain est une denrée de première nécessité, nous ne tirons donc pas grand-chose de cette marchandise, mais plus nous vendons, plus vite nous pourrons en tirer profit. Voilà pourquoi nous vendons les sachets de pain et nous les divisons en deux ou en trois parties. Même une personne qui n’a pas assez d’argent peut quand même acheter quelques tranches de pain…», souligne Badri, un commerçant pakistanais. Cette vente en détail porte des fruits: en vendant par pièce les œufs et les couches pour bébé, par exemple, ils arrivent à écouler plus rapidement leur marchandise. En


2013, une étude avait été menée par diverses organisations telles que Sustainable Livelihoods Foundation sur les secrets de ces commerçants. Il en est ressorti que les commerçants travaillent généralement en groupe et partagent toutes les charges, notamment celles liées au transport. «Ils peuvent ainsi se permettre de vendre à prix vraiment réduit pour une clientèle à faible revenu», rapporte Sustainable Livelihoods Foundation. Il s’agit là du plus grand «secret» de ces commerçants, mais qui, malheureusement, s’attirent très souvent la foudre de leurs concurrents locaux qui trouvent en eux des compétiteurs imbattables. La fidélisation des clients Les commerçants étrangers ont également adopté une méthode que les habitants des townships n’avaient jamais connue avant leur arrivée. Ils cherchent à fidéliser leurs clients et à les récompenser de soutenir leur commerce. «Je reviens toujours chez ce monsieur parce qu’il

me donne ce dont j’ai besoin à crédit. Je paie à la fin du mois lorsque je reçois mon salaire», témoigne Nonthando, une pensionnaire qui vit à Soweto. Muhammad explique en fait que pour avoir longtemps évolué dans ce quartier, il connait presque tous les habitants et leur permet de prendre certaines marchandises, jusqu’à 200 rands (soit environ $20) à crédit. «J’ai même dix clients fidèles qui prennent souvent des articles à crédit. Et ils paient sans problèmes, généralement à la fin du mois», déclare Muhammad. Outre le crédit accordé aux clients fidèles, les commerçants les récompensent également. Nomzamo, une autre pensionnaire fait ses provisions juste au coin de son avenue et obtient généralement un petit carton de savon pour sa lessive ou encore un carton de lait de 1 litre. «Je ne peux que revenir faire mes courses à cet endroit et pas ailleurs, parce qu’ils me donnent toujours un petit cadeau à la fin», confirme Nombulelo, une mère célibataire.

© A.F.P

Ces étrangers avec leur méthode de commerce «particulière» ne se sentent en aucun cas menacés par les grands centres commerciaux qui se trouvent à proximité de ces townships.

Ces étrangers avec leur méthode de commerce «particulière» ne se sentent en aucun cas menacés par les grands centres commerciaux qui se trouvent à proximité de ces townships. Les nombreuses études qui ont pris le temps de scruter leur mode opératoire ont finalement révélé que ces commerçants copiaient juste les grands magasins et essayaient d’adapter ces méthodes de commerce à leur clientèle pauvre. À cela il faudrait ajouter leur détermination à réussir dans un pays où les étrangers sans qualifications ont du mal à trouver du travail. Pour calmer la fureur des commerçants locaux, les autorités ont demandé à leurs compatriotes d'essayer de partager ce «secret» de commerce afin que les commerçants locaux se retrouvent. «Nous n’avons pas de secrets ou de recettes magiques. Comprendre sa clientèle et lui offrir ce que le compétiteur ne lui offre pas, voilà notre secret», conclut Muhammad. 

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Burundi

Le palmier à huile ou la vache laitière du littoral du lac Tanganyika Au moment où, au Burundi, la vache constitue un symbole de richesse dans la région du Mugamba sur la crête Congo-Nil et que le café est une poule aux œufs d’or pour la région du Nord, frontalière du Rwanda, le palmier d’huile constitue une véritable mine d’or pour les habitants du littoral du Lac Tanganyika.

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Par Jean Bosco Nzosaba

Les revenus annuels générés par le palmier à huile oscillent autour de 30 millions de dollars, soit 3% du PIB.

Grâce à leurs palmiers à huile, les habitants du littoral du Lac Tanganyika n’ont rien à envier à leurs compatriotes des plateaux centraux ou des régions montagneuses qui vivent de l’élevage des vaches ou de la culture du café. «Cette région s’attelle à la culture du palmier à huile depuis l’époque coloniale, mais c’est dans les années 1980 que l’État a décidé de booster cette filière avec l’appui de la Banque africaine de développement, BAD», explique André Ndayirukiye, ingénieur

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agronome et cadre à l’Huilerie de Rumonge, au sud du Burundi. Le palmier cultivé au Burundi se décline en deux principales variétés à savoir «Tenera» qui, le long du Lac Tanganyika, occupe une étendue de plus de 10.000 hectares ainsi que la variété dite «Dura» qui occupe 3.000 hectares. Sur le marché local, une bonne partie des besoins en huile de palme est couverte par la filière du palmier à huile. «La part de cette filière dans la couverture des besoins en lipides

sur le marché local n’est pas moindre ; cette filière permet en effet de fournir annuellement entre 16.000 et 20.000 tonnes d’huile brute pour l’approvisionnement d’un marché national dont les besoins en lipides sont estimés à plus de 100.000 tonnes», affirme Marc Ndimubandi, cadre à l’Office burundais de l’huile de palme (Ohp). Regroupés au sein de l’Association pour la promotion des palmiculteurs du Burundi (Apropabu), les palmiculteurs sont, pour la plupart, encadrés par l’Office burundais de l’huile de palme, OHP ou par l’entreprise Savonor, autre géant de l’huile de palme au Burundi. D’autres encore, moins nantis et non associés, se débrouillent pour se construire de petites unités artisanales où ils écoulent leur récolte. 30 millions de dollars par an Selon les données du ministère des Finances et de la planification du développement économique, les revenus annuels générés par le palmier à huile oscillent autour de 30 millions de dollars, soit 3% du PIB. L’huile de palme figure donc en bonne place aux côtés d’autres filières de rente traditionnelles comme le café, le thé ou encore le coton. Dans la province de Rumon-


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Palmier à huile ou Elaeis guineensis

ge, riveraine du Lac Tanganyika, de petits paysans palmiculteurs sont unanimes : sans palmeraie, il n’y a pas de vie ! «C’est notre principale source de revenus : avoir une grande palmeraie est synonyme de richesse dans notre région. C’est par l’argent tiré de l’huile de palme que nous parvenons à satisfaire à nos besoins cruciaux comme envoyer nos enfants à l’école, nous construire une maison… C’est en fait notre vache laitière», susurre Martin Nayuburundi, fier de ses 76 pieds de palmiers à l’huile. «J’en tire, tous les trois mois, un montant qui avoisine 2.000 dollars quand mon champ est bien entretenu», ajoute-t-il encore. Sur le plan social, tout jeune prétendant sans palmeraie est renvoyé. Rose, une jeune fille croisée à Nyanza-Lac (50 km au sud de Bujumbura) le confirme : «Quand ton mari dispose d’une grande palmeraie, c’est déjà une assurance qu’au niveau financier les choses vont marcher». L’Office burundais de l’huile de palme justifie aussi cette sacralisation du palmier par le revenu qu’il génère, bon an mal an. Et au niveau administratif, c’est le même constat. «Le palmier à l’huile est d’une grande utilité. Pour le cas de “Tenera”, le type le plus productif, un pied de palmier à huile peut donner 12 à 15 régimes. Et sur un hectare, on peut facilement récolter 2,5 à 3 tonnes de l’huile de palme par an, c’est beaucoup quand on sait qu’un fût de

plus ou moins 200 litres, se négocie autour de 300$», explique Térence Ntiranyibagira, chargé de service plantation à l’Office de l’huile de palme (OHP). Obstacles Selon le ministère de l’Agriculture et de l’élevage, la filière bute encore sur un bon nombre d’obstacles. «Nous remarquons, notamment, un inquiétant vieillissement des palmiers, une transformation encore artisanale à grande échelle, une pollution importante du lac par le rejet non contrôlé des effluents des unités de transformation artisanale, etc.», explique Elie Ntungwanayo, cadre audit ministère. Cependant, malgré tous ses efforts pour booster cette filière, le Burundi ne reste pas moins un nain dans ce secteur à l’échelle mondiale. Selon Oil World, la production mondiale d’huile de palme s’élevait à 48,98 millions de tonnes (MT) en 2011 sur une superficie estimée à 13,41 millions d’hectares. L’Indonésie et la Malaisie, avec respectivement 23,9 et 18 Mt, contribuent à 85% de la production mondiale d’huile de palme. À côté de ces deux géants d’Asie du Sud-est, une quarantaine d’autres pays en voie de développement produisent également une bonne quantité d’huile de palme. Parmi les plus significatifs figurent le Nigeria, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Côte d’Ivoire, la Colombie, la Thaïlande et l’Équateur.

Le palmier à huile ou éléis de Guinée (Elaeis guineensis) est un monocotylédone de la famille des Arécacées, largement cultivé pour ses fruits et ses graines riches en huile à usage alimentaire et industriel, appelée huile de palme, devenue depuis quelques années la «première source de corps gras végétal sur le marché mondial ». Le palmier à huile mesure 20 à 25 m de haut, mais dans les palmeraies de culture les elaeis ne dépassent pas 15 mètres. Son «faux-tronc» est le stipe caractéristique des palmiers, cylindrique, vertical, non ramifié et de diamètre constant. Les feuilles, pennées, mesurent de 5 à 7 m de long2, à pétiole très robuste et épineux. Elles forment une couronne symétrique en haut du stipe, entourant et protégeant le bourgeon végétatif. L e s   i n fl o r e s c e n c e s   s o n t   d e s spadices, implantés à l'aisselle de chaque feuille. La plante est monoïque et présente des spadices mâles et femelles séparés. Les fleurs, petites et de couleur blanc sale, sont très serrées. Le fruit est une drupe charnue, de forme ovoïde, sessile, d'environ 3 cm de long. La pulpe ou mésocarpe, de couleur jaune-orangé, renferme près de 50 % de lipides qui constituent l'huile de palme. Les noix de palme sont groupées en régimes. Un régime peut porter jusqu'à quinze cents drupes[réf. nécessaire], et peut peser jusqu'à 25 kg. Noyau du fruit du palmier à huile Il contient un noyau très dur, ou coque, constitué par l'endocarpe. Le noyau, constitué de l’amande et de la coque, pèse de 1 à 6 g selon les variétés. À l'intérieur du noyau, la graine ou amande, appelée palmiste, est également riche en lipides et fournit l'huile de palmiste. L’amande comprend un tégument mince et adhérent, un albumen cartilagineux qui contient environ 50 % d’huile et un embryon. Source: https://fr.wikipedia.org

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Sénégal

Des bourses pour favoriser l’équité sociale Il y a deux ans, le Chef de l’État, Macky Sall, avait dévoilé le Programme des bourses de sécurité familiale (PBSF), l’un de ses plus ambitieux projets sociaux. Depuis, le nombre de bénéficiaires ne cesse de progresser avec l’objectif de combattre l’analphabétisme, le difficile accès aux soins, les inégalités sociales, l’extrême pauvreté… Par Maimouna Dia Ndour

Critères en faveur de l’enfance Les familles choisies percevront les sommes pendant 5 cinq ans sous réserve de remplir quel-

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Anta Sarr Diako, délégué général à la Protection sociale et à la Solidarité nationale

© A.F.P

© photo D.R

Les bourses familiales ont profité à plus de 50.000 ménages vivant dans l’extrême pauvreté, au cours de la première année. L’ambition du ministère de tutelle est d’étendre le programme au profit de 250.000 familles d’ici 2017.² pour ce faire, la déléguée générale à la Protection sociale et à la solidarité nationale (DGPSN), Anta Sarr Diacko, sillonne régulièrement le pays pour communiquer et s’assurer du bon déroulement du programme. L’initiative permet de donner des bourses trimestrielles de 25.000 FCFA aux ménages les plus démunis du pays. Le programme a débuté en 2013 et a mobilisé une première enveloppe de 5 milliards de FCFA. Puis 10 milliards de FCFA ont été déboursés sur la période 2014 et puis répartis sous forme d’allocation annuelle de 100.000 F par ménage.

ques critères ; à savoir avoir un ou plusieurs enfants scolarisables et âgés de 6 à 12 ans. En effet, les conditions d’accès sont l'inscription, le suivi et le maintien des enfants à l'école, la vaccination régulière de ceux âgés de 0 à 5 ans et leur enregistrement à

l'état civil. L’objectif est d’assurer à ces jeunes un niveau d’instruction qui leur garantira un meilleur avenir. Pour une plus grande optimisation, cette aide a été assortie d’un volet de protection sociale intégrée, plus connu sous le nom de la couverture maladie univer-


© apanews

Les bourses familiales jusque-là réservées aux familles dites démunies seront étendues aux personnes vivant avec un handicap bénéficiaires de la carte d'égalité des chances, a annoncé le chef de l'Etat, Macky Sall.

selle (CMU). Le non-respect des conditions précitées conduit à la suspension des transferts. Rôle incontournable des collectivités Le PBSF concerne l'ensemble des familles pauvres et groupes vulnérables et intervient sur l’ensemble du territoire national, en privilégiant les zones les plus démunies. Avec l'avènement de l'acte 3 de la décentralisation, la Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale entend associer davantage l'administration territoriale pour de meilleures conditions d'attribution des bourses familiales. Toujours dans sa volonté de sensibiliser, les ateliers sont organisés dans ce sens par le ministre de tutelle. À travers cette initiative, le gouvernement réalise une promesse électorale, celle de réduire les inégalités et de combattre la pauvreté. Il fait des bourses familiales son cheval de bataille pour

sa stratégie. Elles permettent la reconstruction de la solidarité, la redistribution des ressources, une meilleure équité et justice sociale. Les bourses correspondent à des formes d’aides sociales utiles et pouvant atténuer les risques et chocs de la pauvreté sur les couches sociales les plus vulnérables. Le programme des bourses de sécurité sociale contribue de ce fait à la lutte contre la vulnérabilité et l’exclusion sociale des familles et renforce notamment leurs capacités éducatives, productives et techniques. L’initiative, adaptée au contexte local, a été inspirée du modèle brésilien de la «Bolsa familia» ou bourse familiale. Cette dernière est destinée aux familles aux revenus inférieurs. Si les enfants de la famille sont scolarisés et suivent les programmes de vaccination obligatoires, la famille touche une aide mensuelle. En 2010, le programme a couvert 11 millions de familles brésiliennes.

Gare aux dérives L’un des scénarios les plus redoutés est que les bourses soient attribuées à des personnes non éligibles, pour des raisons politiques. Une clarté dans la gestion des données est aussi un élément essentiel à la réussite du programme. Une mauvaise gestion des données empêchera tout bilan ou évaluation objective. En outre, plusieurs acteurs de la politique nationale craignent que les montants dégagés déteignent sur l’économie nationale. Le Sénégal est un pionnier dans ce projet audacieux. Aucun pays subsaharien n’a consenti autant d’effort, au moment où les défis de la conjoncture internationale et l’environnement sous-régional imposent des contraintes colossales.

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Prévention

Des plantes contre les inflammations et douleurs articulaires Certaines maladies sont responsables d’inflammations, donnant lieu ou pas à des douleurs articulaires en fonction du membre ou de la partie du corps qu’elles affectent. Pour lutter contre les douleurs et les prévenir, les antidouleurs tels que la cortisone sont très efficaces. Néanmoins, ils sont aussi la cause de bien des troubles et présentent de nombreuses contre-indications. Les causes Les inflammations du système articulaire et musculaire correspondent à une réaction localisée suite à un choc, une fracture, une foulure, une infection ou encore au froid et à l’humidité. Il peut s’agir d’arthrite, de rhumatisme, de douleurs musculaires, de bursite… Une inflammation peut également être le

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résultat d’une mauvaise hygiène de vie. Le stress favorise les douleurs chroniques du dos, la sédentarité également, un sport ou des équipements inadaptés peuvent être des facteurs d’inflammations chroniques… Limiter la prise d’anti-inflammatoire Les anti-inflammatoires présents sur le marché sont très efficaces, il peut s’agir de corticoïde, d’aspirine… mais leur utilisation sur le long terme – inévitable en cas de maladies chroniques - est responsable de dommages collatéraux. Néfastes et très agressifs pour les muqueuses du système digestif, ils peuvent causer des gastrites, des ulcères, voire des hémorragies ! C’est également pourquoi on préconise toujours de les prendre en milieu de repas,


© creative commons

santé & entreprise

pour éviter que l’acidité n’attaque trop les parois de l’estomac et de l’intestin, et l’apparition de nausées ou de vomissements parfois violents. Pour limiter la prise de ce type de médicaments, les plantes sont une bonne alternative et peuvent pallier la douleur et l’apparition de l’inflammation, et retarder l’évolution des rhumatismes. Le cassis (Ribes nigrum) Des études ont montré que l’action anti-inflammatoire, analgésique, mais aussi diurétique, des feuilles de cassis contre les douleurs articulaires était efficace dans la cadre de douleurs chroniques. Plus encore que dans les feuilles, c’est dans les bourgeons de cassis que l’on trouve les concentrations plus importantes de principes actifs anti-inflammatoires. Pour profiter des bienfaits du cassis, on utilise un

macérât glycériné de bourgeons frais ou des tisanes de feuilles à raison de 2 à 4 cuillères à café par tasse, à boire 3 à 4 fois par jour. La reine-des-prés (Filipendula ulmaria) Cette célèbre plante à l’origine de l’aspirine est un anti-inflammatoire et un antalgique bien connu qui soulage les douleurs des rhumatismes et de l’arthrite aiguë. Elle régule également les flux acides de l’organisme, qui jouent un rôle dans les problèmes inflammatoires. On peut consommer la reine-des-prés fraîche en salade et également en tisane - ne pas la faire bouillir, car elle perd alors ses vertus -. Les personnes allergiques à l’aspirine doivent l’éviter ainsi que celles sous anticoagulants, car la reine-des-prés pourrait potentialiser les effets. 

à noter Ribes  nigrum   est   le  nom scientifique du cassissier ou cassis ou groseillier noir ou encore gadellier noire, arbuste de la famille des grossulariacées cultivé pour ses baies noires riches en fibres et vitamine C, les cassis, rarement utilisées en fruits de table mais entrant dans la composition de liqueurs ou confitures. Ses bourgeons produisent une essence utilisée dans la parfumerie. Filipendula  ulmaria, anciennement appelée ulmaire, est une plante herbacée vivace de la famille des Rosacées, originaire de l'Europe. C'est une plante mellifère. Elle est riche en dérivés salicylés. C'est probablement son allure altière qui l'a fait appeler reine-després.

Source: Santeplusmag.com

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itechnologiques nnovations TIC au Togo

La gent féminine prend «sa revanche» Les Technologies de l’information et de la communication (TIC) résonnaient étrange dans les oreilles de la gente féminine en Afrique, encore plus au Togo, ce petit pays sur la côte Atlantique. Depuis bientôt une décennie, la tendance a changé, les jeunes togolaises se positionnent au-devant de la scène.

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Par Sylvio Combey

De la saisie de textes à l’appropriation des TIC, la percée de la gent féminine dans les technologies de l’information et de la communication est aujourd’hui fulgurante. Dans presque tous les démembrements, elles tentent autant que faire se peut de faire parler d’ellemême bien que certaines hésitent encore à faire le pas. Comme la cerise sur le gâteau, un camp-chantier TIC exclusivement pour les jeunes filles. Il est baptisé Female TechCamp. Depuis 2014, le projet fait son petit bonhomme de chemin. Quoiqu’elle émane de l’ambassade des États-Unis à Lomé, l’initiative est pilotée par une jeune fille. À l’ambassade des

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USA à Lomé, l’on soutient que c’est dans la perspective de stimuler la confiance en soi chez les jeunes filles, afin qu’elles soient des fondatrices et des leaders des incubateurs de technologies dans leurs institutions d’origine. Cet évènement qui s’apparente à une célébration des TIC par les jeunes filles permet aujourd’hui de faire non seulement découvrir, mais aussi émerger des talents. Elles y viennent avec leur génie, fédèrent leurs compétences pour peaufiner soit des projets en cours, soit en accoucher. Elles sont de plus en plus nombreuses, ces rencontres qui bénéficient du soutien des groupes organisés qui travaillent dans le domaine des TIC. Si en 2014 elles sont arrivées à confectionner elles aussi des ordinateurs en bidon appelé «Jerry Can», en 2015 elles ont lancé une multitude de projets. Entre autres, le projet «Lanmessè» qui devra venir en appui à la télémédecine encore balbutiante au Togo. Loin d’être perçue comme une idée irréaliste, «Lanmessè» se veut une plateforme web, à en croire Mylène Lawson, la

responsable du projet, qui va permettre de faire des consultations en ligne, de fournir des conseils de professionnels de la santé, les pharmacies, mais aussi et surtout développer des applications mobiles sur la santé. La présence des jeunes filles est aussi assez souvent remarquée lors de différentes rencontres qui ont les TIC comme élément principal. C’est bien le cas des BlogCamp, des BootCamp, des TweetUp et bien d’autres encore. Aussi, cette plume féminine qui semble avoir horreur de la politique se focalise beaucoup plus sur des sujets sociaux, des sujets plus thématiques. Le blog d’une jeune togolaise Trycia Kokoè Garba a été classé parmi les meilleurs Blog Mode par le magazine «Jeune Afrique» en 2013. Le travail de Community Manager ne se limite plus aux hommes, les filles l’ont pris d’assaut et n’hésitent pas à partager leur expérience assez souvent avec leurs paires. La dynamique a pris et suit son cours. Elle n’aura besoin que d’un coup de pouce.


innovations technologiques

Des instituts de tech font la cour aux jeunes filles

Dans les encablures du quartier administratif est logé un institut. Quoique un peu caché parce que partageant le même immeuble que la CENETI, l’on n’a pas besoin d’efforts hégéliens pour remarquer des étudiants vêtus de bas bleu et de hauts blancs avec cravate et veste bleu marine. Nous sommes à l’Institut africain d’informatique (IAI). Un Institut qui s’engage pour la gent féminine Comme sa dénomination le précise bien, l’IAI forme des jeunes dans les métiers de technologies et de communication. Un peu comme beaucoup de ces écoles et instituts de la place, il délivre des diplômes, licence, brevet de technicien supérieur, master. L’IAI «fabrique» des ingénieurs. Et parmi ceux-ci, une place de choix est accordée aux jeunes filles. Même si à l’ouverture, il n’y avait pratiquement pas de filles parmi les inscrits, elles ont commencé par prendre d’assaut ce centre bien reconnu hors des frontières. Le mythe sur cette filière souvent considérée comme la chasse gardée des hommes commence par tomber. Même dans la dernière filière «Multimédia, Infographie, et Technologies Web» ouverte au cours de l’année académique 2014-2015, l’on y observe la présence féminine. «Le domaine de l’informatique n’est pas réservé aux hommes. La preuve, quand les jeunes filles y entrent, on retrouve pratiquement tout le lot en année supérieure et l’on est promis à une belle carrière après», confie Kossi

Ameyikpo, directeur des études à l’IAI. Aujourd’hui, le taux d’inscription des jeunes filles dans les filières technologiques est de 17%. Un taux relativement bas, mais assez encourageant au vu des préjugés qui y avaient pesé. Encore mieux, l’Institut s’est doté d’une politique pour encourager celles qui hésitent encore. Selon les explications du DE, une tournée est faite chaque année dans des lycées pour, dit-il, non seulement mieux faire connaitre l’Institut aux futurs bacheliers, mais aussi, et surtout, inciter les jeunes filles à s’y intéresser et se décider à s’y mettre. Ce n’est pas tout, une autre politique de force de vente l’accompagne avec la réduction de 10% des frais de scolarité pour les filles. «Le monde appartient aux technologies et la gent féminine a un rôle à jouer», martèle Kossi Ameyikpo. L’«accouchement» de têtes bien faites De ces écoles et instituts sortent des têtes pas seulement bien pleines, mais bien faites. Et, les jeunes filles y font partie. «Au départ, je me suis inscrite à l’IAI pour relever un défi d'autant plus que c’est un domaine où il y a rarement les filles. Mais, chemin faisant, j’y ai trouvé une véritable passion et je me suis mise à fond», confie Koungou Mamuwa Tchohou, étudiante à l’IAI. À l’âge de 25 ans, elle prépare son Master en système et réseaux. À ce jour, elle dit ne rencontrer aucune difficulté particulière sauf que, nous

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Au Togo, la filière de l’informatique est bien prise en compte dans les curicula des écoles, instituts et universités privés. De l’avis des responsables des encadreurs, les inscriptions des jeunes filles dans la filière sont remarquables quoique des efforts restent à faire.

a-t-elle murmuré, ce n’est pas facile pour une fille de se retrouver parmi les garçons, d'autant plus qu’elle est souvent intimidée.

L’IAI n’est outre que le fruit de la dissolution et à main levée de l’Organisation commune africaine et malgache (OCAM). Elle se présente sous la forme d’une Association créée en novembre 1971 et regroupe onze États membres avec trois (3) représentations nationales. L’IAI Togo a ouvert ses portes en octobre 2002. La signature de l’accord d’établissement entre le gouvernement togolais et l’IAI a eu lieu le 12 mai 2006 à Lomé.

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innovations technologiques

Entretien

Nadège Afoutou Présidente de l’association Éducation citoyenneté et changement (E2C)

«Il y a une démystification des métiers du web pour les filles» L’un des évènements majeurs au Togo sur les TIC autour desquels se rassemblent les jeunes filles du Togo est bien le Female TechCamp. L’initiative est pilotée sur place par l’association Éducation citoyenneté et changement (E2C). Entretien avec sa présidente de Nadège Afoutou.

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former sur diverses thématiques liées aux TIC. C’est pourquoi nous alternons les ateliers pratiques, les présentations et les conférencesdébats. Il vise à intéresser la gent féminine à la science et à la technologie, à développer le leadership des jeunes filles en suscitant chez elles l’esprit d’inventivité et de créativité pour plus d’autonomisation et enfin, développer en elles l’esprit entrepreneurial.

En mars 2015, vous avez rassemblé des jeunes filles pour des échanges TIC dénommés Female TechCamp. Quel en est le bien fondé ? Nadège Afoutou : Les rencontres TIC sont nées du constat du fossé regrettable entre filles et garçons d’une part, et de la nécessité de

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préparer les jeunes filles à faire face avec efficacité aux défis de taille du monde moderne, d'autre part. Le Female TechCamp est littéralement un camp de technologie qui a pour cible les jeunes filles. Il consiste à rassembler celles venant des cinq régions du Togo pendant quatre à cinq jours pour les informer et les

Un petit bilan, deux ans après ? À ce jour, nous pouvons dire que la centaine d’étudiantes et de jeunes diplômées de divers horizons qui ont bénéficié de ce programme ont accès à l’information, sont plus confiantes en elles et se lancent dans l’entrepreneuriat pour réaliser leur plein potentiel. Pour preuve, il y en a qui ont rejoint la communauté Woelab comme Community Manager, le Groupe des développeurs Google (GDG), elles suivent les Massive Online Open Courses (MOOCS) et intègrent les avantages du web dans leurs activi-


tés commerciales et quotidiennes. Par exemple, elles explorent l’option d’un site web et l’utilisation des réseaux sociaux pour plus de visibilité, il y a une démystification des métiers du web pour les filles notamment les littéraires, par exemple, qui comptent embrasser des filières technologiques. Une participante marionnettiste a compris qu’à l’ère du numérique, elle devrait moderniser et rendre plus agréable son métier. Le Female Techcamp a aussi permis d’initier une trentaine de jeunes collégiennes de Lomé, qui sont pour la plupart défavorisées, aux outils de bureautique, et à la recherche académique sur internet. À ce jour, seule l’ambassade des États unis au Togo nous appuie. Nous espérons mobiliser prochainement plus de partenaires privés pour mieux outiller les filles et continuer le suivi. Quelle est la particularité de l’édition 2015 ? Il s’agit de pouvoir inclure dans la sélection des participantes la phase des interviews, de camper les participantes dans un même lieu sur toute la durée du camp, afin de permettre de dégager plus de temps pour la pratique, et permettre aux techcampers de discuter plus et fédérer leurs énergies, car nous encourageons énormément l’esprit d’équipe. Par ailleurs, une des innovations de l’édition 2015 réside dans l’identification des idées de projets sociaux alliant la technologie et leur exposé. Nous pourrions avec l’intérêt des partenaires privés notamment les sociétés qui interviennent directement dans ce domaine, accorder une place plus importante à cette innovation et surtout vulgariser la culture de l’Elevator Pitch qui demeure encore méconnue ici. Ceci conduira les participantes à parfaire leur force de persuasion. Notre souhait est également de diversifier les activités du TechCamp, d’accueillir

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innovations technologiques

plus d’experts-speakers et de favoriser un réseautage prolifique pour que les participantes puissent mûrir et réaliser leurs projets. Pensez-vous pouvoir combler le gap entre les deux sexes ? Le monde demeure encore largement dominé par les hommes. Mais après un siècle de féminisme, les choses bougent parfois de façon sensible. À mon avis, le gap entre filles et garçons peut être rattrapé grâce à l’accès égal à l’éducation et aux opportunités. De nos jours, la science tend à battre en brèche certaines idées reçues selon lesquelles le cerveau aurait un sexe. Il faut donc éduquer la fille à savoir qu’elle peut tout faire si elle y met la volonté nécessaire et que ni son sexe ni son genre ne sont des excuses pour rester à la traine. Il faut aussi créer les conditions pour son succès et ne pas tout mettre en œuvre pour freiner son élan et la décourager. Aujourd’hui, les jeunes filles s’inscrivent de plus en plus dans les filières technologiques. J’ai l’impression tout de même qu’un grand nombre s’intéresse plus au Software qu’au Hardware. Le chemin est encore long. Néanmoins, je demeure confiante dans le fait que leur intérêt pour les spécialités hautement techniques et pointues

va grandir et que ces spécialités et filières vont voir l’adhésion croissante des jeunes filles. Pour y arriver, quels sont, selon vous, les pas à faire ? Je souhaite que les TIC occupent plus de place dans les curricula de formation dans notre pays et que l’orientation des élèves commence plus tôt. J’exhorte mes jeunes camarades à tirer un bon profit du web en se formant par le biais des MOOCS et en étant à l’affût de l’information. Je lance un appel aux sociétés pour qu’elles soutiennent le Female TechCamp. C’est une bonne initiative qui retentit largement au-delà de nos frontières. Les gens veulent exporter notre exemple et il serait triste qu’à l’avenir notre évènement soit démodé ou dépassé faute de moyens. J’encourage les Nanatechs particulièrement à aller de l’avant. Nanatech désigne donc simplement ces jeunes filles et ces dames qui connaissent le web et en font leur métier. J'ai eu la chance de rencontrer la Nigériane Nnenna Nwakanma de la Web Foundation. C'est le modèle d'une Nanatech, une femme exceptionnelle. Nous avons l’impérieux devoir de marquer positivement notre temps. Propos recueillis par Sylvio Combey

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innovations technologiques

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PIA 2015. Le Marocain Adnane Remmal lauréat du Grand Prix Le Marocain Adnane Remmal, professeur et chercheur à l’Université de Fès-Benabdellah de Fès, a remporté la quatrième édition du Grand Prix de l’Innovation pour l’Afrique (PIA). Le jury a récompensé son invention qui est une solution alternative naturelle brettée aux antibiotiques destinée au bétail et qui permet de réduire la résistance aux antibiotiques chez les humains. Selon la Fondation africaine pour l’innovation (AIF), initiatrice de ce prix, cette solution «devrait transformer le secteur médical et agricole au sens large en Afrique, en prévenant ainsi la transmission de germes multirésistants et cancérigènes pour les êtres humains par la consommation de lait, d’œufs et de viande». Cette année, 925 candidatures issues de 41 pays ont été enregistrées soit 22 de plus que lors de la précédente édition. Les projets de 10 candidats ont été sélectionnés par le jury suivant des critères tels que l’originalité, la qualité marchande, l’impact social, les aspects scientifiques et techniques ainsi que le développement à plus grande échelle. Voir les autres lauréats sur http:// innovationprizeforafrica.org/ 

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Invention. Un Tanzanien invente un filtre à eau qui retient les micro-organismes et les produits chimiques Le Tanzanien Dr Askwar Hilonga, spécialiste des nanotechnologies à l’Institut africain Nelson Mandela pour les sciences et les technologies d’Arusha (Tanzanie), a reçu début juin le Prix de l’innovation africaine (33.000 euros) décerné par l’Académie royale britannique de l’ingénierie. Il a inventé un filtre à eau qui retient 99,99% des micro-organismes et des produits chimiques. Pour réaliser cette innovation (4 ans de travail en laboratoire), l’ingénieur de 38 ans a repris le modèle du filtre à sable qu’il avait déjà créé en l’améliorant avec des nanotechnologies. «Cette invention permettait de filtrer 97% des micro-organismes. Ma version évoluée retient maintenant les métaux lourds et les pesticides», a-t-il indiqué. Actuellement, ce filtre est vendu à 130 dollars (117 euros), mais Askwar promet de réduire rapidement les coûts de production grâce aux 33.000 euros qu’il vient de remporter et qu’il compte réinvestir dans la jeune entreprise qu’il gère depuis deux ans avec son épouse. Cette compétition qui a duré 6 mois avait réuni 54 participants issus de 15 pays africains. 

Africa Code Week. Enseigner aux jeunes africains le langage numérique

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La ville de Cap Town (Afrique du Sud) abritera, du 1er au 10 octobre 2015, la première édition de l’évènement «Africa Code Week» dont l’objectif est d’apprendre le langage numérique à des centaines de milliers de jeunes africains. «Nous allons transférer notre savoir-faire à des formateurs sudafricains, en particulier notre expérience en méthodologie Scratch. Une plateforme développée par l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT Massachusetts Institute of Technology), qui permet aux enfants d’apprendre le code par la visualisation, grâce à des dessins et des animations ludiques. Nous allons former au code 6.000 enfants sud-africains en nous rendant, par exemple, dans des écoles rurales autour de Cape Town», a déclaré Frédéric Bardeau, cofondateur de l’École de code Simplon (France) et membre de l’«European Code Week» initiateur de ce rendez-vous.

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Business Asia

Africa

est une séléction trimestrielle d’analyses sur les échanges et les investissements entre l’Asie et l’Afrique. Publiée en français et en anglais, elle vise à fournir des grilles de lecture pertinentes sur un large éventail de projets et de secteurs entre ces deux continents. Asia Africa Business, une lecture intelligente des dynamiques économiques entre les deux continents

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SARA 2015

La Côte d’Ivoire agricole remise en selle

Par Merheb Carmen Soraya

Après une très longue période de sommeil d'environ 15 ans, le Salon de l’agriculture et des ressources animales, SARA, a enfin ouvert les portes du monde agricole mettant non seulement en valeur ses richesses, ses potentialités et ses acquis, mais aussi ouvrant des débats professionnels. Question de projections et de développement adapté aux réalités et exigences du moment. «Promotion de l’investissement agricole durable». C’est autour de ce thème que s’est tenue la troisième édition du SARA. Cette édition après celles de 1997 et de 1999 était très attendue par les professionnels du secteur. C’est ce qu’expriment les propos de Kouassi Yao, producteur de café, de cacao et d’hévéa: «Le succès de ce pays repose sur l’agriculture, c’est ce que le premier

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Président du pays nous disait. Cela nous a galvanisés à l’époque et nous avons beaucoup travaillé pour développer l’agriculture. Mais j’ai eu le sentiment que notre monde a été oublié. Pour moi, le SARA, arrive enfin comme une reconnaissance de l’État et aider les agriculteurs à poser leurs problèmes.» Dès les premières années de la Côte d’Ivoire indépendante, le Pré-

sident Houphouët-Boigny avait effectivement comme premier axe stratégique de développement l’agriculture. Aujourd’hui, les données économiques montrent que sa célèbre phrase «Le succès du pays repose sur l’agriculture» est encore d’actualité. En effet, l’agriculture emploie plus de 60% de la population active, le monde agricole représente plus


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LE SARA EN CHIFFRES

de 30% du PIB et 70% des recettes d’exportation proviennent du secteur. Le rang occupé par le pays dans le domaine confirme non seulement, le besoin de reconnaissance exprimé par les animateurs du secteur, mais aussi la justesse des objectifs visés et de l’opportunité de l’organisation du salon. Sur le plan mondial, la Côte d’Ivoire est le premier pays producteur de cacao, de noix de colas et premier exportateur de noix de cajou. Au plan africain, le pays occupe la première place de producteur de latex et de banane. Le SARA 2015, c’était 9 pôles différents pour, entre autres, l’expression du monde agricole avec ses produits finis du terroir, ses richesses animales et halieutiques, pour l’espace technologique qui accompagne les producteurs dans la mécanisation de l’agriculture, ou encore celui de la nature de la vie et de la forêt. Ce dernier cadre a permis aux paysagistes d’exister et d’être découverts par le public suscitant même parfois des vocations. Éric Fabien, 6 ans, déclare : «je veux être aussi paysagiste. C’est trop joli ce qu’on peut faire avec les plantes.» Le SARA 2015, qui avait pour ambition d’être le rendez-vous de l’agrobusiness, a ouvert plusieurs cadres pour répondre aux besoins de tous; ainsi, outre les conférences et panels professionnels organi-

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• 371 stands • 607 exposants • 161.357 visiteurs • 300 journalistes • 19 pays représentés

sés traditionnellement, un marché s’est ouvert pour les producteurs, acheteurs et exportateurs à travers notamment les espaces nommés SARA Market et SARA Village. Sans fournir leurs chiffres d’affaires, certains affirment avoir fait de très bonnes affaires annonçant une rupture de stock des produits avant la clôture de l’évènement. Nohoun Coulibaly, président du comité scientifique : «nous avons vu des acheteurs se disputer des vaches qui étaient pourtant déjà achetées dès l’ouverture du SARA». Des conventions estimées à 9 milliards de F CFA Cet espace d’échanges entre professionnels et de découvertes a expérimenté au cours de cette édition les rencontres B to B ce qui a permis des discussions directes d’affaires entre les acteurs du secteur agricole venus d’Afrique de l’ouest, de l’est, du nord et du centre, de l’Asie et de l’Europe. Ce sont au total huit conventions signées pour un montant de 9,3 milliards de F CFA dans le secteur de l’agroindustrie et des partenariats signés d’une valeur globale 38 milliards de F CFA. Après la clôture, le bilan. Les ressources engrangées sont, selon le ministre des Eaux et forêts, Mathieu Babaud Darret, dix fois supérieures aux fonds engagés pour l’organisation. Réussite totale pour

le gouvernement dont le discours, prononcé par le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, ministre de l’Économie, des finances et du budget, est frappé du sceau de la satisfaction. Mais le satisfécit aurait pu être davantage éclatant si l’organisation n’avait pas failli en certains points. Des écarts qui ont amoindri les résultats. Notamment la logistique déployée pour accueillir l’évènement. Étant inadapté au climat de la ville d’Abidjan, l’équipement a considérablement freiné le parcours des visiteurs qui, sous l’effet de la trop grande chaleur, avaient du mal à faire le tour complet du site. Le site, qui lui-même trop excentré, a été un désavantage pour la population. Des manquements reconnus par Nohoun Coulibaly, président du Comité scientifique : «nous reconnaissons que le site était inadapté et très mal desservi par les transports en commun. C’est le lieu d’évoquer la question du parc des expositions». Le dernier point d’inconfort à relever, c’est la communication qui, dans sa première phase, n’a pas suffisamment été déployée sur les autres continents si bien qu’en dehors des pays africains, l’Europe et l’Asie étaient très peu représentées. Des faiblesses qui devraient être corrigées pour un beau succès de la quatrième édition qui envisage de porter une étiquette aux couleurs mondiales. 

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Développement durable

Les énergies renouvelables, un tremplin pour une meilleure croissance en Afrique

Par Baye Sakho

Les statistiques fournies par le rapport publié début juin par le think tank Africa Progress Panel (APP) sont très révélatrices. En Afrique subsaharienne, 621 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Cette région utilise moins d’électricité que l’Espagne. Plus grave, un Tanzanien mettrait, en moyenne, huit ans pour consommer autant d'électricité qu'un Américain en un mois. Une personne qui utilise sa bouilloire électrique deux fois par jour au Royaume-Uni consomme en un an cinq fois plus d'électricité qu'un Éthiopien au cours de la même année. Seule l’Afrique du Sud qui fournit à elle seule la moitié de l’électricité consommée dans le continent sort du lot. De même, la cherté du jus est nettement ressentie par certains ménages africains. Ceux ayant moins de 2,50 dollars/ jour dépensent chaque année 10 milliards de dollars pour acheter du charbon, du kérosène, des bougies et des torches faute d’électricité, tandis que les ménages les plus pauvres dépensent à peu près 10 dollars par kilowatts/heure (kWh) pour l’éclairage, soit vingt fois plus que les ménages les plus riches. Des prix très élevés comparés à ceux en vigueur aux États-Unis où le coût national moyen de l’électricité est de 0,12 dollar/kWh et 0,15 dollar/ kWh au Royaume-Uni.

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En Afrique subsaharienne, 621 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité.

Augmenter les investissements Cette pénurie a des répercussions négatives sur le plan économique, car elle fait perdre à l’Afrique entre 2 et 3% de croissance par an, ce qui constitue une entrave majeure à la création d’emplois et à la réduction du taux de pauvreté. Elle accentue aussi le retard de l’Afrique par rapport aux autres régions du monde. «Malgré une décennie de croissance, les écarts en production d'électricité entre l’Afrique et les autres régions s'élargissent. Le Nigeria est une superpuissance exportatrice de pétrole, cependant 95 millions de ses citoyens utilisent le bois, le charbon et la paille pour produire leur énergie», indique le think tank qui propose de multiplier par dix la production d’énergie

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Dans son rapport intitulé «Énergie, population, planète : saisir les opportunités énergétiques et climatiques de l’Afrique», le think tank Africa Progress Panel invite les gouvernements africains et leurs partenaires internationaux à augmentent les investissements dans le secteur de l’énergie et à lutter efficacement contre le réchauffement climatique.

pour permettre à tous les Africains d’avoir accès à l’électricité d’ici 2030 afin de réduire la pauvreté et les inégalités, et stimuler la croissance. Le rapport invite les institutions financières internationales à investir davantage dans le secteur énergétique dont le gap en termes de financement est estimé à 55 milliards de dollars par an jusqu’en 2030, dont 35 millions de dollars d’investissements dans les centrales, la transmission et la distribution et 20 milliards de dollars relatifs aux coûts de l’accès universel à l’énergie. «Un fonds mondial de connectivité» visant à raccorder 600 millions d'Africains supplémentaires d'ici 2030 est nécessaire


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Trois recommandations du rapport à l’endroit des gouvernements africains

pour encourager l'investissement en matière de fourniture d'énergie en réseau et hors réseau. Les donateurs et les institutions financières devraient débloquer l'investissement privé grâce notamment au financement de garanties contre les risques et d'atténuations des risques», suggère l’APP. Investir davantage dans les énergies renouvelables Par ailleurs, l’APP demande aux gros pollueurs de fixer un agenda pour une suppression progressive des subventions aux combustibles fossiles et interdire aussi les subventions à l’exploration et à la production d’ici 2018. «De nombreux gouvernements de pays riches nous disent qu'ils veulent un accord sur le climat. Mais en même temps, des milliards de dollars tirés de l'argent des contribuables subventionnent la découverte de nouvelles réserves de charbon, de pétrole et de gaz. Ils devraient éliminer le carbone du marché en le taxant, pas en subventionnant une catastrophe climatique», a déclaré Kofi Annan, président de l’APP. Cet appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Au sortir de leur sommet organisé mi-juin à Munich en Allemagne, les dirigeants du

G7, avec à leur tête la chancelière Angela Merkel, ont publié un communiqué final où ils réaffirment leurs engagements dans ce sens. «Je salue le leadership de la chancelière Angela Merkel dans la conduite du G7 à une entente ferme visant à “décarboniser” l'économie mondiale au cours de ce siècle. L’engagement pris à nouveau, dans ce communiqué, sur l'élimination des subventions aux combustibles fossiles est encourageant et constitue une première étape essentielle pour garantir que l'accord sera honoré», s’est réjoui Kofi Annan. Parallèlement, le G7 est favorable au développement des investissements dans les énergies renouvelables en Afrique, autre piste de solution évoquée par le rapport du think tank. «Les technologies renouvelables à bas coût permettraient de réduire le prix de l'énergie, ce qui bénéficierait à des millions de foyers pauvres, créerait des opportunités d'investissement et réduirait les émissions de carbone», précise-t-il. Reste à savoir s’ils respecteront leurs engagements. Le Sommet sur le financement du développement en Afrique qui se tiendra ce mois de juillet à Addis-Abeba en Éthiopie et le Sommet mondial sur le climat qui se déroulera en décembre nous édifieront.

1- Utiliser le gaz naturel de la région pour produire de l'énergie pour les besoins domestiques ainsi que pour l'exportation, tout en mettant à profit le vaste potentiel inexploité de l’Afrique dans les énergies renouvelables. 2- Faire cesser la corruption, rendre la gouvernance des services publics plus transparente, renforcer la réglementation et augmenter les dépenses publiques en matière d'infrastructures énergétiques. 3- Rediriger les 21 milliards de dollars US dépensés en subventions pour des services publics inefficaces et pour une consommation énergétique déficitaire - qui profitent essentiellement aux riches - vers des subventions pour le raccordement au réseau électrique et des investissements dans les énergies renouvelables.

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Environnement

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Le Sénégal s’outille contre les sachets plastiques

Le Sénégal devient le énième pays africain à élaborer une loi interdisant la prolifération des sachets plastiques. Les dispositions consignées dans un texte de 17 articles imposent des limites aux vendeurs et producteurs de sachets sous peine de lourdes sanctions. La réglementation arrive à temps pour stopper les dégâts causés par le plastique à l’environnement. Par Maimouna Dia Ndour

Des sachets noirs accrochés sur les arbres ou jonchant les routes, c’est le triste décor qu’offre l’environnement sénégalais depuis quelques années. Une invasion du plastique que l’État s’est engagé à enrayer en votant le projet de loi n° 04/2015 in-

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terdisant la vente et l’usage des sachets plastiques à faible micronnage. Le projet de loi, dont ABJ s’est procuré une copie, a été adopté en avril à l’Assemblée nationale et se décline en 17 articles. Tous tentent de dissuader les consommateurs

sénégalais d’utiliser le plastique. L’article 1 a été consacré à la définition des termes de la loi. Les articles 2 et 3 posent le principe de l’interdiction des sachets plastiques à faible micronnage et celui de la fin de la gratuité pour les sachets plas-


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De lourdes sanctions contre les récalcitrants

tiques d’une épaisseur supérieure ou égale à 30 microns. Ils stipulent clairement l’interdiction, sur l’ensemble du territoire sénégalais, de la production, l’importation, l’utilisation, la détention en vue de la vente et la distribution gratuite de ces types de sachets plastiques. Une partie du texte tente de standardiser la production des sachets plastiques et de promouvoir la gestion des déchets plastiques de manière plus écologique. L’article 4 de la loi tranche sur la question. Il annonce que les sachets plastiques d’une épaisseur supérieure ou égale à 30 microns doivent respecter les normes techniques concernant la fabrication, la composition des matériaux. Les fabricants sont également tenus de respecter l’étiquetage et l’écotoxicité fixés par un décret après une proposition émanant du ministère de l’Environnement. Obligations des fabricants Une bonne partie de la loi n° 04/2015 a été consacrée aux obligations des fabricants du plastique afin de réduire la pollution due à cette matière au Sénégal. L’article 5 rappelle l’obligation des industriels du secteur de diminuer les volumes

de déchets plastiques produits. L’article 6 renchérit cette disposition et stipule que les professionnels du milieu sont tenus de proposer un système de collecte ou de reprise des déchets plastiques en vue de les valoriser, recycler ou éliminer. Lesquelles réalisations doivent être consignées et registrées conformément à l’article 7 de la loi. Ainsi, la loi a été favorablement accueillie par les organisations de défense de l’environnement comme l’Oceanium d’Ali Haidar qui a longuement dénoncé l’impact du plastique sur l’environnement. En effet, la prolifération des sachets plastiques cause de graves dégâts à l’environnement. Ils encombrent les égouts et les caniveaux, détériorent les terres cultivables et les récoltes. Ils altèrent également la santé du cheptel qui les ingurgite et celle des personnes chez qui ils peuvent provoquer des affections allant des maladies cardiovasculaires aux cancers. Enfin, les sachets plastiques ne sont pas biodégradables et constituent un puissant vecteur de prolifération des moustiques, surtout lors de la saison des pluies. 

Les dernières parties du texte de loi sont réservées aux sanctions. Les articles 10, 11 et 12 punissent de 10 millions à 20 millions de F CFA d’amende, assortis d’une peine de prison de 3 à 6 mois, toute production ou fabrication illégale de sachets plastiques. L’importation sur le territoire national de sachets plastiques d’une épaisseur inférieure à 30 microns est aussi passible de poursuites conformément aux dispositions du Code des douanes. En outre, vendre, distribuer gratuitement des sachets plastiques aux composants interdits dans la nouvelle loi est sanctionné d’une amende de 20.000 à 50.000 F. Les professionnels du milieu dépourvus de registres bien entretenus conformément à l’article 7 sont également sanctionnés par l’article 13 d’une amende de 2 à 5 millions et/ou d’un emprisonnement d’un jour à un mois. La loi interdit de même le rejet de déchets plastiques dans des endroits non indiqués, sous peine d’une amende de 10.000 à 30.000 F CFA.

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livre du trimestre L’économie du Sénégal, les 5 défis d’un demi-siècle de croissance atone de Moustapha Kassé Cet ouvrage est une contribution au débat économique délaissé par la presse sénégalaise au quotidien et victime, singulièrement, de la décadence de l’élite politique, administrative et surtout intellectuelle qui a évolué de la splendeur à l’éclipse. De 1960 à nos jours, sur plus d’un demi-siècle, la croissance est atone (2,7% en moyenne sur la période) et n’a dépassé qu’épisodiquement celle de la croissance démographique (2,9 à 3%). Pourtant, les programmes et projets gouvernementaux successifs se fixent invariablement comme objectif un taux de croissance de 7% pour réduire la pauvreté, baisser les inégalités et résoudre le chômage endémique des jeunes. Les annonces incantatoires et vaniteuses restent silencieuses sur le fait que cet objectif n’ait jamais été historiquement atteint du fait des déficiences des politiques sectorielles. Les prétentieuses politiques néolibérales voulant bâtir un capitalisme sans les capitalistes locaux et sans État providence ont démontré à la fois l’État développeur et le secteur public avec une obstination, un entêtement et un autisme totalement absurde. Pendant plus de 50 ans, le pari d’une croissance forte est perdu sauf pour le PSE en phase de démarrage. Toutefois, soulignons que les pays émergents ont réussi à sortir du sous-développement en appliquant d’excellentes visions stratégiques qui reposent solidement sur les vertus prussiennes de travail, de rigueur, de discipline, d’épargne et sur le secteur privé soutenu par un patriotisme économique réfléchi et courageux. 

Education et Croissance en Afrique: une Analyse Comparative des Pays Anglophones Francophones et Maghrébins de Doudjidingao Antoine Ce livre traite de la relation éducationcroissance de 33 pays africains. L'idée est que les théories modernes de croissance et les récentes tentatives consistant à prendre en compte les effets de seuil et la trappe à pauvreté, ont toutes buté sur les difficultés à expliquer les retards de l'Afrique subsaharienne. Nonobstant le faible impact de l'éducation sur la performance de cette région, les résultats des analyses antérieures semblent être affectés, en grande partie, par la mauvaise qualité des données et l'influence des facteurs exogènes, conjoncturels et structurels. De plus, l'existence de la double relation causale entre l'éducation et la croissance crée des biais qui affectent ces résultats. En intégrant ces facteurs ainsi que les spécificités inter et intrarégionales, le livre met en évidence l'existence d'une relation étroite éducation-croissance : l'une ne pouvant se développer sans l'autre. Mais l'impact de l'une sur l'autre dépend d'un ensemble de facteurs : le fonctionnement général de l'économie et de son système éducatif, l'organisation et le mode de financement de l'éducation. Il établit une hiérarchie décroissante

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dans la performance éducation-croissance allant du Maghreb vers l'Afrique subsaharienne anglophone et l'Afrique subsaharienne francophone, tout en montrant que la croissance est le préalable au développement de l'éducation en Afrique.

Économie politique des investissements directs de la Chine en Afrique de Georges Courade La République populaire de Chine a initié en 1999 la stratégie Go Global pour encourager ses entreprises à investir à l’étranger dans le but de soutenir sa croissance économique. En 2010, les résultats du Go Global sont au rendez-vous : la Chine est devenue la deuxième économie, et le cinquième investisseur direct, mais aussi le premier consommateur d’énergie au monde. Comment diversifier ses sources d’approvisionnement énergétiques et ses partenaires économiques pour maintenir sa croissance ? Bienvenue sur le continent qui dispose de l’une des plus grandes réserves de ressources naturelles, et qui permet le retour sur investissement le plus élevé au monde. Du secteur banquier sud-africain au secteur minier de la RD Congo et du Niger, en passant par le secteur pétrolier du Soudan, du Nigéria, et d’Angola, la Chine est présente aux quatre coins du continent.

Cet ouvrage fait une analyse économique et politique des investissements directs étrangers (IDE) de la Chine, et des stratégies de ses sociétés d’État en Afrique. À travers une approche éclectique, l’ouvrage démontre que la stabilité économique et politique, et la corruption n’ont pas d’influence sur la localisation des IDE chinois en Afrique.

L’Afrique, est-elle si bien partie ? de Sylvie Brunel L’ampleur de la croissance africaine signe le grand retour du continent sur la scène internationale. Mais ce redressement est-il durable ? Jamais l’Afrique n’a été plus injuste : sa croissance économique s’accompagne d’un creusement des inégalités porteur de graves tensions. La grande pauvreté persiste, y compris dans les pays émergents. Des milliers de jeunes rêvent d’une vie, mais voient leurs espoirs fracassés par un Occident verrouillé et des élites campées sur leurs privilèges. Conséquence de ces injustices, la rancœur grandit au cœur des villes. De graves foyers de tensions minent l’intérieur du continent et menacent les littoraux arrimés à la mondialisation. L’Afrique émergente est assise sur une poudrière. Mettre en œuvre une croissance durable s’impose. L’Afrique a les solutions.


 rendez-vous Du 24 au 26 juillet 2015 au Cameroun 1re édition du Salon africain du Web et de l’intelligence économique en Afrique L’entreprise Afrique Web Group organise, du 24 au 26 juillet au Cameroun, la première édition du Salon africain du Web et de l’intelligence économique en Afrique (SAAWIE). D’après les organisateurs, 3.000 visiteurs et professionnels, une centaine d’entrepreneurs, 1.500 amateurs et passionnés pourront venir à la rencontre de 50 entreprises et assister à 10 conférences thématiques sur l’impact du Web sur les économies africaines. Comment mesurer l’impact du digital sur la réputation de votre entreprise et comment gérer l'e-réputation de son entreprise ? Comment développer votre chiffre d'affaires avec l'ecommerce ? : Quand e-commerce et commerce ne font plus qu'un. Autant de thématiques qui seront abordées au cours de ce Salon. Du 17 au 18 septembre 2015 à Abidjan (Côte d’Ivoire) 1re édition du Forum africain de la finance islamique La Société islamique pour le développement (SID) du secteur privé, filiale du groupe de la Banque islamique de développement (BID), et le gouvernement de la Côte d'Ivoire organiseront, les 17 et 18 septembre 2015 à Abidjan, la première édition du Forum africain de la finance islamique. «Le forum sera le premier forum de la finance islamique tenu en Côte d'Ivoire et il vise à stimuler le développement du marché local et international de la finance islamique en Afrique et particulièrement en Côte d'Ivoire, en ligne avec le Plan national de développement 2016-2020», indique un communiqué de la SID. Des banquiers, régulateurs, des avocats, des universitaires et d’autres experts internationaux de la finance islamique participeront à cet évènement. Du 21 au 24 octobre 2015 à Casablanca (Maroc) 7e édition du Salon Pollutec La septième édition de Pollutec Maroc, un salon international des équipements, des technologies et des services de l'environnement, se déroulera du 21 au 24 octobre 2015 à la Foire internationale de Casablanca. Lors de l’édition 2014, le salon

a enregistré 7.854 visiteurs et la présence de 300 exposants dont 56% internationaux de neuf pays. Trois conférences et la signature de conventions ministérielles avaient également eu lieu. «Pollutec Maroc propose un programme riche de conférences et d’ateliers techniques, avec ses partenaires experts du marché de l’environnement et des organismes professionnels du Royaume et d’Europe, un contenu informatif de haut niveau sur des sujets d’actualité en phase avec les besoins et priorités du pays», annoncent les organisateurs. Du 27 au 30 octobre 2015 à Dakar (Sénégal) 4e édition du Salon international de l’emballage au Sénégal Les spécialistes de l’emballage se donnent rendez-vous du 27 au 30 octobre 2015 à Dakar à la quatrième édition du Salon international de l’emballage au Sénégal (SIES). Ce rendez-vous constitue une occasion pour «cibler les opportunités stratégiques en Afrique dans un marché en plein essor avec un certain retour sur l'investissement étranger, initier et développer de nouveaux produits et technologies, évaluer la position de vos concurrents dans la région pour une concurrence saine, découvrir et pénétrer de nouveaux marchés et offrir des produits inédits à de nouveaux utilisateurs, apporter de nouvelles opportunités et établir une plateforme d'affaires en Afrique aujourd'hui», indiquent les organisateurs. Du 19 au 21 novembre 2015 à Brazzaville (Congo Forum «Investir au Congo-Brazzaville» Du 19 au 21 novembre, Brazzaville sera l’hôte de la première édition du Forum «Investir au Congo-Brazzaville» (ICB 2015). Cet évènement sera placé sous le signe de l’industrialisation, la diversification et la modernisation du Congo. Les organisateurs indiquent, en outre, qu’«à l’heure où l’Afrique prend une part croissante dans les échanges internationaux, le Congo aspire à tirer parti du dynamisme de son économie, de ses richesses naturelles et de sa position stratégique en tant que porte naturelle de l’Afrique centrale pour accélérer son développement». Près de 800 participants, notamment des décideurs, des experts, des consultants et des investisseurs, sont attendus lors de cette édition.

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Post-scriptum

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De l’urgence d’une intégration Elimane Sembène

esembene@africanbusinessjournal.info

Levons-nous tous pour leur réserver un standing ovation. Ah oui, ils méritent une salve d’applaudissements ! Ils ont réussi un coup de maître, à mettre dans les archives de l’histoire. Ils, ce sont les 26 pays africains qui ont signé, le 10 juin dans la station balnéaire de Charm-El-Cheikh en Égypte, un traité de libre-échange pour faciliter la circulation des biens et des marchandises. Cet accord historique et hautement symbolique regroupe les pays du Marché commun des États d’Afrique australe et de l’Est (Comesa), de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Trois grands blocs qui concentrent 650 millions d’habitants et qui génèrent plus de 1.000 milliards de dollars US de PIB. La participation des deux plus grandes économies du continent en l’occurrence l’Afrique du Sud et l’Égypte, et des économies dynamiques comme le Rwanda, le Kenya et l’Éthiopie, qui empruntent doucement, mais sûrement le chemin de l’émergence, rehausse la dimension d’une telle convention. Ce traité de Charm-ElCheikh rappelle, si besoin en est, l’importance de l’intégration régionale, maintes fois ressassée dans les grands-messes économiques, mais qui peine à être matérialisée. Ce marché tripartite, le premier du genre en Afrique, devrait accroitre les échanges commerciaux intraafricains estimés à seulement 12%, loin derrière les 55% en Asie et les

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70% en Europe. Les parlements des 26 pays doivent ratifier cet accord dans les deux prochaines années pour qu’il soit opérationnel. En l’absence d’un marché commun à l’échelle continentale, certains blocs régionaux tentent de voler de leurs propres ailes en mettant en place leurs propres initiatives. L’exemple le plus abouti est sans nul doute celui de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Cet ensemble sousrégional qui regroupe le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda et le Burundi ne cesse de poser des jalons importants pour asseoir une intégration solide. Depuis juillet 2010, les cinq pays ont instauré un marché commun – le premier du genre en Afrique – pour faciliter la circulation des biens et des capitaux. Trois ans plus tard, le 30 novembre 2013, un accord sur l’union monétaire, qui englobe celui de l’union douanière, a vu le jour. Objectif : faciliter une libre circulation de la main d'œuvre, des marchandises, des services et des capitaux dans ce territoire d’une superficie de 1,8 million de km² avec une population totale de 135 millions d’habitants. Une union monétaire qui constitue un préalable à la création d’une monnaie unique. Bien évidemment, les retombées sont palpables. Le Rwanda a supprimé l’obligation du permis de travail pour les ressortissants des quatre autres pays qui vont contribuer à son projet de «hub régional» et de futur «Singapour de l’Afrique», l’Ouganda

exporte des compétences dans les secteurs de la santé et de l’éducation, et la Tanzanie bénéficie de nouveaux projets d’investissements pour l’exploitation de ses terres et de son sous-sol. Mieux, le commerce des biens et des services y connait une importante hausse avec pas moins de 26% d’échanges commerciaux, au même niveau qu’en… Asie de l’Est. Le but ultime et très ambitieux de l’EAC : créer une Fédération d’Afrique de l’Est ! Ce dynamisme oriental contraste avec les réalités en Afrique de l’Ouest et du Centre. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), créée en 1975, et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), qui a vu le jour en 1994, peinent à valider le module de l’intégration, tout le contraire de l’EAC qui n’a pourtant que 15 ans d’existence… Le traité de Charm-El-Cheikh et l’EAC ont déjà balisé le chemin et montré la voie. Plus que jamais, l’intégration est devenue une nécessité de premier ordre. La Banque africaine de développement, l'Union africaine et la Commission économique pour l’Afrique l’ont compris avec la mise en place d’un indice de l’intégration régionale (qui devrait être publié fin 2015) sur la base de 13 critères, notamment le commerce, la migration, les infrastructures, la dimension sociale et culturelle. Espérons que les fruits tiendront, enfin, la promesse des fleurs.


AGENDA 2015 FORUM FIJE : Forum Interafricain des Juristes d’Entreprise • L’intelligence juridique : une nouvelle démarche stratégique pour les juristes d’entreprise Date : 27 au 31 janvier 2015 Lieu : Dakar FIASGA : Forum Interafricain des Achats, Services Généraux et Approvisionnement • La Fonction Achat : Contrôle Interne et Prévention des Risques Date : 24 au 28 février 2015 Lieu : Casablanca FIRH : Forum Interafricain des Ressources Humaines • Nouveaux enjeux, Nouvelle offre de valeur RH : quelle place pour le SIRH ? Date : 24 au 28 mars 2015 Lieu : Casablanca FISAD : Forum Interafricain des Secrétaires et Assistant(e)s de Direction • Assistante Orientée résultat : comment évoluer vers l’Office Manager 2.0 ? Date : 21 au 25 avril 2015 Lieu : Dakar FICOM : Forum Interafricain de la Communication • E-reputation - Manager le capital reputation de l’entreprise et du dirigeant à l’heure du digital Date : 26 au 30 mai 2015 Lieu : Casablanca FISI : Forum Interafricain des Systèmes d’Information • Elaboration d’un plan stratégique IT : démarche et outils Date : 21 au 25 juillet 2015 Lieu : Casablanca CIF : Congrès Interafricain de la Finance • Plan Anti Fraude : Quels outils et quelle démarche face aux nouvelles fraudes ? Date : 01 au 05 septembre 2015 Lieu : Casablanca


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africa south east asia chamber of commerce Chambre de Commerce Afrique-Asie du Sud Est

Mobilising Businesses Across Africa And South East Asia Mobilisant le secteur privé entre l’Afrique et l’Asie du Sud Est

OUR ACTIVITIES

NOS ACTIVITÉS

• Access to business ideas and opportunities in Africa and South East Asia

• Accès a des idées de commerce et opportunités en Afrique et Asie du Sud Est

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• Connecter et renforcer les relations d’affaires de haut niveau entre les secteurs privés

• Exclusive platform for networking, information sharing, and knowledge exchange

• Une plate-forme exclusive d’échange et de rencontres, où nos membres peuvent partager information et échanger connaissances

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