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N° 12 • Octobre-novembre-decembre 2014

Infrastructures

Et si l’Afrique misait sur les écosystèmes performants ? DRiss Benhima PDG de la royal air maroc

pas d’avenir pour les petites compagnies

Du rêve à la réAlité



L'écosystème performant ou l'écologie de l'investissement Pour le dernier numéro de cette année nous vous proposons un dossier sur ''les écosystèmes performants'', souvent présentés comme un facteur clé de succès de la transformation des économies africaines. En d’autres termes, ils constituent une condition essentielle d’attractivité des investissements nationaux comme internationaux : des infrastructures de qualité, des structures d’accueil de classe internationale (hôtels, aéroports, ports), une main d’œuvre qualifiée, une administration plus ou moins performante et une certaine qualité de vie. En fait, l’écosystème performant n’est rien d’autre que l’écologie de l’investissement : selon le milieu dans lequel il est réalisé, l’investissement consenti peut aller dans le sens voulu par les parties prenantes ou alors tourner au fiasco.

Alioune GUEYE

Selon le milieu dans lequel il est réalisé, l’investissement consenti peut aller dans le sens voulu par les parties prenantes ou alors tourner au fiasco.

Le Case Study que nous consacrons au Centre Songhaï illustre justement le fait que l’écosystème est essentiel et que quand un minimum de conditions de réussite sont réunies et maintenues, le succès n’est pas loin. D’ailleurs l’expérience du Centre Songhaï est en train d’être répliquée dans d’autres pays car elle répond à une problématique sérieuse celle de l’employabilité de jeunes en situation d’abandon scolaire et qui parviennent difficilement à s’insérer dans le tissu économique. Le Centre Songhaï est la démonstration qu’il est possible de réussir en Afrique même sans un grand diplôme. D’autres success stories comme FELDA(*) en Malaise et Barefoot College en Inde mériteraient d’être benchmarkées. Car la masse de jeunes qui arrivent annuellement sur le marché de l’emploi sans perspective menace sérieusement la stabilité sociale de nos pays africains. Dans le grand entretien que nous a accordé le Président de la RAM, qui a l’avantage d’avoir occupé les plus hautes fonctions comme ministre, gouverneur d’une grande mégalopole en l’occurrence Casablanca et dirigeant d’entreprise, développe une réflexion, s’appuyant sur une logique de taille critique. En effet, il affirme qu’il n’y pas de place pour les compagnies de petite taille car les coûts d’exploitation sont tels que seule une compagnie disposant de plusieurs avions peut subsister. Le parcours de la RAM qui remplace progressivement, dans sa vocation du moins, Air Afrique est en train de réussir le pari de réunir les pays d’Afrique, alors qu’il n’y pas si longtemps, un détour par Bruxelles, Paris ou Londres était indispensable pour relier un autre pays africain.

(*)

FELDA : Federal Land Development Agency

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PUBLICATION TRIMESTRIELLE N°12 | Octobre-Novembre-Décembre 2014

Le Magazine de l’Afrique en mouvement en couverture Directeur de la publication Alioune Gueye agueye@africanbusinessjournal.info Rédacteur en chef Elimane Sembène esembene@africanbusinessjournal.info Secrétaire de rédaction Saloua El Hachami Rédaction centrale (Maroc) Baye Sakho, Abdou Diaw, Babacar Seck, Elimane Sembène Correspondants Maimouna Dia Ndour (Sénégal), Bachir Sylla (Guinée Conakry), Fortuné Sossa (Bénin), Carmen Soraya Merheb (Côte d’Ivoire), Boureima Balima (Niger), Sylvio Combey (Togo), Essouma Cathy Corinne (Cameroun), Albert Baudouin Twizeyimana (Rwanda/RDC), Djigatchong Batoumai Hortence (Tchad), Jean Bosco Nzosaba (Burundi), Julie Ilondo (Afrique du Sud), Adama Diarra (Mali) Correcteur Ehcibet Rimas Maquette Insolite Communication contact@insolite-communication.com +212 665 24 05 48 Photos Laurent Laveille (ABJ) AFP Editeur Afrique Challenge 11, Cité Air France, Ouest Foire , Dakar Tél: +221 33 820 74 44 Fax: +221 33 820 74 46 abj@lafriquequiose.com Abonnement & Publicité Ibrahima Thiam Mob.: +212 668 69 73 19 Bur.: +212 522 36 04 18/20 it@regienordsud.com Périmètre de distribution Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée, Equatoriale, Tchad, RDC, Maroc, Tunisie, Algérie, Mauritanie, France, Belgique, Suisse

Infrastructures

Et si l’Afrique misait sur les écosystèmes performants ? La juxtaposition d’infrastructures, aussi grandioses et aussi impressionnantes soient-elles, n’est plus la panacée. De nombreux Etats optent désormais pour la construction intelligente, de véritables écosystèmes performants qui regroupent de grands pôles urbains ou zones économiques spéciales complémentaires. L’Afrique qui souffre d’un manque criard d’infrastructures devrait épouser ce modèle pour stimuler sa croissance et relever les innombrables défis démographiques, d’autant plus que ce déficit infrastructurel plombe sa croissance économique de 2% par an et limite la productivité des entreprises à hauteur de 40%. Cette nouvelle vision urbanistique ne fait pas encore légion sur le continent. Seuls quelques pays comme l’Afrique du Sud (Smart-city de Modderfontein), le Maroc (Ville verte Mohammed VI)et le Sénégal (Zone économique spéciale intégrée de Dakar) misent sur ces écosystèmes performants. Ce focus met en lumière cette nouvelle architecture innovante et expose leurs moult avantages socio-économiques pour l’Afrique.

> Sur le fil 04   > Le Maroc hôte du 5e Sommet mondial de l’entrepreneuriat  > Rapport Unicef : 40% de la population mondiale sera africaine d’ici 2050  > Téléphonie Le Rwanda, Kenya et Ouganda adoptent un tarif local commun > Ile Maurice: numérisation des services de police en 2015 06 > Ghana : Une nouvelle compagnie nationale en ligne de mire > Cameroun: Belle moisson dans la filière de l’huile Palme > Angola : Vers une transformation des diamants "locaux" 07 > Chine : 97% des produits burundais exemptés des droits de douane > Côte d’Ivoire : Bientôt un fonds dédié aux riziculteurs > Afrique du Sud : Construction du plus grand musée d’art contemporain d’Afrique

> Conjoncture

ISSN : 2230-1933 Impression Imprimerie OKAD EL JADIDA 5, avenue Hassan II. Quartier industriel Vita 10050 Rabat- Maroc Tél. : +212 537 79 69 70/71/73 Fax: +212 537 79 85 56 Email: okad@menara.ma Copyright © ABJ - La reproduction, même partielle, des articles et illustrations de ABJ est strictement interdite, sauf avec l’accord de l'éditeur. Ce numéro a été tiré à 20 000 exemplaires.

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08 > Guinée : Nouvelle convention pour l’exploitation d’une mine de bauxite 10 > Téléphonie mobile au Burundi : il y a de l’eau dans le gaz 11 > Coopération : Le Cameroun admis au guichet mixte de la BAD 12 > Transport ferroviaire : Une ligne pour rallier Ndjamena à Yaoundé 13 > Déficit énergétique : Le Burundi en quête d’investissements 15 > Burundi : Elargissement de l’assiette fiscale 16 > Rapport mondial sur la compétitivité : L’Ile Maurice leader en Afrique


> Perspectives 18 > Perspectives de croissance en Afrique : 84% des PDG affichent leur optimisme 20 > Cameroun : Des agropoles pour accélérer la croissance économique 21 > Niger : A la recherche d’investisseurs pour l’exploitation de l’or 22 > Financement : Le Bénin à la conquête de six mille milliards de francs CFA 24 > Exportations africaines : Vers de nouvelles opportunités 26 > Burundi : Le secteur minier sous les feux de la rampe

> Grand Entretien

> Business case 56 > Centre Songhaï : Du rêve à la réalité 58 > Mangement : Les secrets d'une réussite de l'entrepreneuriat agricole 60 > Formation : La lutte contre l'exclusion sociale au coeur du processus 61 > Environnement : Le pari de l'agriculture durable 62 > Le business Modèle de Songhaï 64 > Systèmes de production : Expérience de Songhaï avec les plastiques

> Avis d’expert 66 > Les PME d'Afrique australe boostées par l'Internet 67 > L’Equity crowdfunding : quand la foule sélectionne les start-ups

> Cahiers du manager

30 > Entretien : Driss Benhima PDG de la Royal Air Maroc

> Focus

> Innovations

69 > Facteurs individuels et partage des connaissances 72 > Commentaire de Khadim Touré 74 > Evaluer le potentiel d'innovation de votre entreprise : La roue de l'innovation 78 > Test : Do you speak management ?

> Success Story 80 > Tidiane Dème, Directeur de Google en Afrique francophone

94 > UVS: Naissance de la première génération de l'économie numérique 95 > ENO : Un concept innovateur made in Sénégal 96 > E-Gouvernement dans le monde : L'Afrique faiblement connectée 97 > Ampion Venture Bus : La caravane qui promeut l’entreprenariat 98 > Yeelenpix : La première banque d’images made in Afrique

> Grille de lecture 100 > La santé au secours de l’impression 3D

> Green Business

> Social 82 > Mandela Washington Fellowship : Le rêve africain dans les bottes américaines 84 > Sommet présidentiel : Le retour aux sources du couple Obama 85 > Projet Africa 39 : Une anthologie pour promouvoir la littérature africaine 86 > Foncier au Bénin : Le dixième des terres cultuvables appartient aux étrangers

> Santé & Entreprise 38 > Infrastructures : Quand l'Afrique néglige les fondamentaux 40 > Investissemenrts : Qui finance nos infrastructures ? 42 > Ecosystèmes performants : Repenser l'urbanisme autrement 44 > ZES : L'Afrique à l'heure des villes intégrées 46 > Ville verte Mohammed VI : Un écosystème innovant et performant 48 > Smart cities : Une alternative pour gérer l'urbanisation galopante 50 > Fonds Africa 50 : Une locomotive pour les infrastructures 51 > Entretien : Yacine Diama Fal, BAD 52 > PIDA : Construire demain, dès aujourd'hui

88 > Couverture maladie universelle : Le début de la santé pour tous au Sénégal 90 > Troubles musculo-squelettiques : Opter pour l'ergonomie

> Formation

> Livre du trimestre 108 > Rwanda, Inc : Comment une nation dévastée est devenue un modèle économique pour le monde en développement de Patricia Crisafulli et Andrea Redmond

> Post-Scriptum 110 > Quand Ebola rappelle l’urgence des labos

> Bloc-Notes 54 > Quelle formation pour les dirigeants ?

102 > Solaire : Une énergie en développement au Sénéga 104 > Biotechnologie : Une technique pour fertiliser l'agriculture africaine

92 > Networking : Comment entretenir son réseau professionnel

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sur le fil

© photo D.R

Le Maroc hôte du 5e Sommet mondial de l’entrepreneuriat

Marrakech abritera les 20 et 21 novembre 2014 le 5e Sommet mondial de l’entrepreneuriat. Le Maroc devient ainsi le premier pays africain à accueillir cet évènement majeur. Le président Barack Obama en a fait l’annonce lors du dernier sommet USA-Afrique à Washington. Le Sommet mondial de l’entrepreneuriat (Global Entrepreneurship Summit) est un événement mondial initié par Barack Obama et qui rassemble chaque année des milliers d’entrepreneurs du monde. 

Rapport Unicef : 40 % de la population mondiale sera africaine d’ici 2050 Quatre habitants de la planète sur 10 vivront en Afrique. C’est ce que révèle un récent rapport du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (Unicef). La population de l’Afrique de l’Ouest et de l’Est passera de 400 millions (nombre actuel) à 800 millions à l’horizon 2050, d’après l’organisme onusien. L’une des raisons de ce boom démographique, c’est le taux de fécondité des femmes africaines, qui affiche les pourcentages les plus élevés dans le monde, surtout au Niger où la population devrait atteindre les 204 millions en 2010 contre 17 millions actuellement. L’Unicef recommande d’investir en faveur des filles et des femmes dans le domaine de la santé et de l’éducation, pour maitriser cette explosion démographique. 

Téléphonie Le Rwanda, Kenya et Ouganda adoptent un tarif local commun Les consommateurs rwandais, ougandais et kenyans n’ont plus besoin d’utiliser le roaming pour communiquer avec leurs voisins. Depuis le 1er septembre 2014, les coûts de communication se font aux tarifs des communications locales. Cette mesure entre dans le cadre de l’initiative « One-network-aera » mise en place par les trois pays en marge du 6e sommet « Intégration du corridor-nord ». Le Soudan du Sud devrait bénéficier de ces facilitations à partir du 31 décembre 2014. D’après le gouvernement rwandais, cette abolition des frontières de la téléphonie devrait entrainer une baisse en moyenne de 60% des coûts de communication entre les pays signataires de cet accord. 

Ile maurice

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numérisation des services de police en 2015 La police nationale de l’Ile Maurice sera informatisée en 2015. D’après l'inspecteur Harshanand Kumar Balgobin de la cellule informatique de la police, cette numérisation des services « permettra de combattre la lourdeur administrative et suivre les enquêtes en cours plus facilement ». Ce projet qui est déjà entré dans sa seconde phase d’implémentation, nécessite un budget de 100 millions de Roupies mauriciennes soit 3,1 millions de $. Elle devrait concerner les autres zones géographiques du pays. Pour rappel, la première phase, débutée en 2012, avait ciblé la capitale Port-Louis, et la partie occidentale de l’île. Actuellement, les policiers suivent des séances de formation hebdomadaires pour se familiariser avec ce nouvel outil. Au total, 1200 en ont bénéficié en 2013. Ce programme sera géré par le bureau du Premier ministre et le ministère des Technologies de l'information et de la communication.. 

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sur le fil

Au service de l’Afrique qui avance

L’Afrique est riche. Riche de sa jeunesse et de son énergie. Riche de son ambition et de sa créativité. Nous croyons en cette richesse. Nous croyons en une Afrique entreprenante où l’initiative et l’innovation sont encouragées. Nous croyons en une Afrique solidaire où le dialogue et le partage d’expérience sont une source d’enrichissement mutuel. Nous croyons en une Afrique compétitive qui prenne la place qui lui revient dans le monde et dans l’avenir. Groupe Attijariwafa bank. Au service de l’Afrique qui avance. Attijariwafa bank société anonyme au capital de 2 035 272 260 DH - Siège social : 2, boulevard Moulay Youssef, Casablanca. Agréée en qualité d’établissement de crédit par arrêté du ministre des finances et de la privatisation n° 2269-03 du 22 décembre 2003 tel que modifié etAFRIcan complété.business Téléphone 0522 22 41 69/29 journal | N°1288| 588 - RC 333.


sur le fil

Ghana

Une nouvelle compagnie nationale en ligne de mire

© Photo D.R.

Le Ghana envisage de mettre sur pied, une nouvelle compagnie aérienne nationale. Pour ce faire, le gouvernement a désigné un cabinet de conseil et d’audit britannique pour travailler avec lui sur ce projet. Treize (13) compagnies aériennes seraient entrées en relation avec les autorités ghanéennes pour participer à ce projet. Dzifa Attivor, ministre ghanéenne des transports a indiqué qu’elle souhaite le lancement dudit projet avant mars 2015. Accra ne dispose plus de compagnie nationale depuis l’arrêt des opérations de Ghana Airways en 2004 et de Ghana International Airlines quelques années plus tard. Les vols intérieurs sont actuellement confiés à des opérateurs privés. 

NEWS

190 milliards de FCFA, c’est le chiffre d’affaires annuel réalisé par la filière de l’huile de palme au Cameroun. Cette révélation émane des producteurs d’huile de palme, des agro-industries qui s’en servent comme matière première et des commerçants, qui vendent aussi bien l’huile de palme brute que ses dérivés. Toutefois, la filière reste confrontée à un déficit de production, avec un volume des importations estimé en moyenne à 16.000 tonnes par an. 

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Cameroun Belle moisson dans la filière de l’huile Palme

Angola Vers une transformation des diamants "locaux" L’Angola prévoit de mettre en place une stratégie pour transformer les diamants produits localement. D’après Antonio Carlos Sumbula, président du Conseil d’administration de la société nationale de diamant (Endiama), ce programme devait en principe débuter fin septembre 2014. «Nous ne pouvons pas encore exploiter ce domaine sur tout le territoire national, mais nous sommes sur la bonne voie. Au fur et à mesure que nous améliorons cette expérience, nous informerons sur le processus kimberlite», a-t-il indiqué à l’agence de presse angolaise. L’Angola est l’un des plus grands producteurs de diamant au monde.


sur le fil

Chine

Les exportateurs burundais affichent actuellement un grand sourire. La Chine a décidé d’exonérer les droits de douanes à 97 % des produits burundais pour augmenter les exportations burundaises et faciliter leur entrée dans l’empire du milieu. Cette mesure fait partie des clauses de l’accord signé le 26 août 2014 entre les deux pays. Cette convention bilatérale prévoit aussi l'octroi d'un don matériel d'une valeur de 5 millions de yuans, soit plus de 810.000 $ en pour l'organisation des élections burundaises de 2015 et l'exemption réciproque de visas pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service. D’après Yu Xuzhong ambassadeur de la Chine en Burundi, le volume des échanges sino-burundais a atteint 70 millions de $ en 2013, sauf que la part des produits burundais exportés vers la Chine n’a pas été très élevé. « Pour le moment, les produits burundais ex-

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97 % des produits burundais exemptés des droits de douane

portés vers l’étranger, sont le café et le thé. Mais comme le café est principalement exporté vers l'Europe et le thé

La Côte d’Ivoire prévoit de mettre sur pied un fonds dédié aux riziculteurs, l’objectif est d’atteindre l’autosuffisance rizicole en 2016. «Les besoins de la Côte d'Ivoire en matière de riz sont de 1,8 million de tonnes, alors que la production est de 1 million de tonnes. Le pays a un potentiel de production qui peut lui permettre de relever le défi. Nous allons atteindre l'autosuffisance en 2016», a indiqué Yacouba Dembélé directeur de l’Office national de développement de la riziculture (ONDR).

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Côte d’Ivoire Bientôt un fonds dédié aux riziculteurs

vers certains pays asiatiques, il n'y a pas beaucoup de café et de thé exportés vers la Chine », renchérit-il..

Afrique du Sud Construction du plus grand musée d’art contemporain d’Afrique Zeitz MOCAA, c’est le nom du futur plus grand musée d’art contemporain d’Afrique. Il sera construit près de l’embarcadère de l’ancienne île-bagne Robben Island où Nelson Mandela fut emprisonné. Ce bâtiment qui ouvrira ses portes en 2016 au Cap (Afrique du Sud) aura une superficie de 6 000 m² et disposera de centres éducatifs pour les enfants et les jeunes conservateurs de musées. Il sera également équipé de boutiques, librairies et cafétérias. Selon Radio France Internationale (Rfi), le coût du chantier est estimé à 500 millions de rands, soit 34 millions d’euros. 

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Guinée

Nouvelle convention pour l’exploitation d’une mine de bauxite

Par Bachir Sylla

Fin juin dernier, Alliance Mining Comodities Ltd (AMC), une jeune compagnie d’exploration de bauxite, enregistrée aux Bermudes, a obtenu du gouvernement guinéen la signature de sa convention pour l’exploitation des mines de Koumbia, à Gaoual, dans la partie septentrionale de la Guinée.

© photo A.F.P

mières tonnes de bauxite de Koumbia à partir de 2018, pour une production annuelle de 10 millions de tonnes, pendant plus de 20 ans. Ce qui pourrait permettre à la Guinée d’améliorer son classement parmi les premiers pays exportateurs de bauxite. Jusque-là, la Guinée qui détient les deux tiers des réserves mondiales de bauxite (29 milliards de tonnes, selon les estimations) n’en produit que moins de dix pour cent.

Ce projet pourrait générer 2,2 milliards de dollars de revenus directs à l’Etat guinéen.

C’est la toute première convention signée en Guinée depuis que le pays s’est doté d’un nouveau code minier en 2012 et s’est engagé dans un processus de revue des conventions et contrats miniers avec les différentes compagnies évoluant dans le secteur. Il aura fallu près de deux ans de négociations pour que les deux parties parviennent à l’accord «gagnantgagnant» signé le 30 juin dernier, à Conakry. Accord paraphé par le PDG de la société AMC, M. Bob Adam, et le gouvernement guinéen, représenté par les ministres d’Etat, Mohamed Diaré, de l’Economie et des Finances et Kerfalla Yansané, des Mines et de la Géologie. Cet accord prévoit un inves8 | AFRIcan business journal | N°12

tissement d’un milliard de dollars américains pour le développement d’une mine de bauxite à Koumbia et la construction d’infrastructures composées notamment d’une ligne de chemin de fer de 126 km et d’un port fluvial à proximité de Boké, pour l’évacuation des minerais. C’est en 2010 qu’AMC a obtenu sa concession minière de 728 km2 sur la ceinture de Boké, une zone très riche en bauxite et où opèrent déjà plusieurs autres compagnies minières et non des moindres, notamment la Compagnie des Bauxites de Guinée (à Kamsar et Sangarédi), Rusal (à Dian Dian et Fria) et Guinea Alumina Company (GAC). Selon les prévisions, le marché mondial pourrait accueillir les pre-

Impact du projet A en croire les chiffres officiels, le Projet de bauxite de Koumbia pourrait générer 2, 2 milliards de dollars de revenus directs à l’Etat guinéen, et 250 millions de dollars de taxes indirectes additionnelles. Durant sa phase de construction (2015-2017), le projet prévoit la création de quelque 1000 emplois directs contre 700 dans la phase d’exploitation. De quoi satisfaire les besoins pressants d’emplois que les Guinéens exigent des compagnies minières et des autorités de leur pays pour bénéficier des impacts directs de l’exploitation de leurs ressources naturelles. Quid du régime fiscal S’il y a un point dont se félicite particulièrement le gouvernement guinéen dans l’accord, c’est bien celui relatif au régime fiscal du projet,


Engagements et attentes A la cérémonie de signature de l'Accord, le PDG de la Société AMC s'est réjouit de la transparence qui a caractérisé les négociations. "Nous avons une convention qui nous permet d'appréhender l'avenir dans des bonnes conditions, a déclaré Bob Adam, avant de s'engager à ce que sa compagnie mette tout en oeuvre pour respecter sa part du contrat. Le ministre guinéen des Mines, Kerfalla Yansané, a souligné le caractère symbolique de la Convention de l'AMC, la première à sortir de la revue actuelle des conventions et contrats miniers. Selon lui, la difficulté majeure dans le travail aura été de naviguer entre l'ancien et le nouveau code minier guinéen, de façon à éviter toute distorsion, aussi bien sur les aspects juridiques que financiers. "Désormais, il faut s'assurer que tout ce qui a été signé est réellement exécuté sur le terrain", a-t-il plaidé. Sa convention signée, AMC entend désormais se tourner vers ses autres partenaires. Ses responsables disent être à un stade avancé de négociations avec un investisseur dont la capacité pourrait accélérer le développement du projet. 

© photo A.F.P

qui permet à l’Etat d’acquérir une participation de 10%, non diluable et sans contrepartie. La société AMC s’est engagée par ailleurs à verser 1% de son chiffre d’affaires annuel au titre de sa contribution au développement local de la zone où elle opère (ce qui représente le double des 0,5% exigés par le nouveau code minier guinéen). En contrepartie, la société bénéficiera d'une exonération sur les bénéfices pendant au moins cinq ans et d'une exonération sur la taxe minière et la taxe à l'exportation pour les dix premières années.

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Téléphonie mobile au Burundi

il y a de l’eau dans le gaz

Par Jean Bosco Nzosaba

Selon l’ARTC, il y avait 2,24 millions d’abonnés au téléphone mobile au Burundi en 2012.

© photo A.F.P

Au Burundi, cinq opérateurs privés qui se partagent le marché de la téléphonie mobile ont le blues. Ils sont particulièrement remontés par l’arrivée, dès 2014, de Viettel, un autre opérateur qui, à leurs yeux, bénéficie des avantages fiscaux plutôt faramineux. A l’heure où la validité de leurs licences d’exploitation tire à sa fin, ils redoutent une concurrence déloyale et exhortent le gouvernement à limiter le nombre de licences pour leur permettre de jouer franc jeu.

Viettel, groupe de télécommunications vietnamien, a jeté son dévolu sur Bujumbura, capitale burundaise, depuis fin 2013. Cette entreprise est aujourd’hui en plein processus de recrutement de son personnel. Mais son entrée dans l’arène correspond quasiment à l’expiration des licences d’exploitation de ses futures concurrentes, en l’occurrence, LEO (31 décembre 2014), Africell (15 août 2014) et Econet (novembre 2014). Plus tard, deux autres sociétés de téléphonie mobile seront obligées de renouveler leurs li-

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cences à savoir l’opérateur public et historique, Onamob (2019) et Smart (2022). Dans ce secteur, la validité d’une licence est de 15 ans, aujourd’hui comme hier. Chaque entreprise s’en est procurée pour un montant de 200.000 US $. Mais à la prochaine heure du renouvellement, sa valeur oscillera entre 10 et 60 millions de $. Viettel l’a acquise à 10 millions de $. Aujourd’hui, toutes les 5 sociétés déjà existantes ont donc ceci de commun qu’elles redoutent l’arrivée de Viettel. D’abord parce qu’elle est de trop pour un petit pays comme le Burundi: «Pour une population d’un peu plus de dix millions d’habitants, le Burundi n’avait pas besoin d’un si grand nombre d’opérateurs, je pense qu’il faudrait limiter le nombre de licences pour permettre aux entreprises qui sont déjà là de bien travailler pour l’intérêt des clients», explique Prime Samutoto, un des leaders syndicaux de la société Onamob. A leurs yeux, cette société vietnamienne dérange ensuite parce qu’elle jouit d’énormes avantages fiscaux. Elle est, notamment, exonérée du paiement d’impôts pour une période de quinze ans. Ses concurrents ne jouiront pas de cadeau fiscal pendant ce temps. «Nous allons directement vers la banqueroute car il nous sera difficile de tenir face à un concurrent qui jouit d’une telle faveur», susurre sous le sceau de l’anonymat, un des responsables d’une entreprise

de téléphonie mobile. Et Tabou Abdallah Manirakiza, ministre burundais des Finances et de la planification du développement économique, de rassurer l’opinion : «Cette entreprise va jouir des avantages du Code des investissements comme les autres l’ont fait à leur début, je pense que si elles n’en ont pas profité pour investir davantage, couvrir tout le pays et conquérir la clientèle, ce n’est pas le moment de crier à la concurrence déloyale, il y a de la place pour tout le monde», indique-t-il. Aujourd'hui, cinq sociétés ont des licences d'exploitation de la téléphonie mobile. Il s'agit d'Africell, Lacel, Onamob, Spacetel et Telecel. Même le renouvellement de la licence n’est pas garanti pour certaines sociétés qui ont encore du mal à convaincre. «Après 15 ans d’exploitation peut-on renouveler la licence d’une entreprise qui ne couvre pas le territoire national alors qu’elle a reçu des avantages fiscaux pour cela? », s’interroge le Ministre en charge des Finances. Pour survivre, certains envisagent déjà de se mettre en ''jointventure'' ou de changer de nom. Ainsi, Africell serait à vendre. Econet (maison mère) pourrait acheter l’entreprise LEO qui exploite la licence de Telecel. Selon les statistiques de l’agence burundaise de régulation des télécommunications, ARCT, il y avait 2.24 millions d’abonnés (17%) au téléphone mobile en 2012 contre 270.000 en 2007. 


Coopération

Le Cameroun admis au guichet mixte de la BAD

Par Cathy Koum

Cette graduation permet au Cameroun d’avoir un financement supplémentaire pour ses différents projets de développement. selon André Fotso, le président du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam). La Bad pense aussi que le secteur privé, doit être fortement impliqué dans le processus de développement du Cameroun. «Les chefs d’entreprises ont un rôle très important à jouer dans la consolidation du pays à l’atteinte de cette position de pays à financements mixte», a indiqué, Racine Kane, représentant-résident de la Bad au Cameroun. Encourager les efforts du gouvernement camerounais Pour le ministre Nganou Djoumessi, cette graduation du Cameroun, est la conséquence des efforts du gouvernement en vue du redressement de son économie «La BAD nous a permis d’accéder au régime de pays mixte. Ce n’est pas parce que nous l’avons demandé. C’est en raison de l’appréciation rigoureuse que les évaluateurs de la BAD ont fait de notre économie. Cette appréciation a établi la solidité de nos critères macro-économiques. Elle a montré que nous avons un endettement faible et que nos ressources sont en cours d’exploitation. Et conséquemment, nous sommes un pays dont l’économie émerge», indique-t-il. Confirmation de Racine Kane, le représentant-résident de la BAD au Cameroun. «Ce statut traduit la reconnaissance du groupe de la BAD, des efforts entrepris par le pays» Depuis 1972, 91 projets ont été financés par l’institution financière dans

La BAD invite le secteur privé à s’impliquer davantage dans le développement du Cameroun.

© photo A.F.P

Selon le ministre de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire Emmanuel Nganou Djoumessi, la mesure de la Banque africaine de développement est en vigueur depuis le 1er juillet 2014. L’admission du Cameroun au statut de pays à financement mixte de la BAD l'autorise désormais à accéder directement au guichet souverain de cette institution bancaire régionale en même temps qu’il continue à bénéficier des prêts à taux concessionnels du Fonds africain de développement (FAD), filiale de la BAD. Concrètement, la graduation du Cameroun au guichet mixte lui permet de bénéficier de 255 milliards de FCFA supplémentaires de la part de la Banque africaine de développement dans le porte feuille 2014-2016. Celui-ci compte 21 projets pour un investissement de 460 milliards de FCFA. Le secteur privé en a cinq pour une enveloppe estimée à 23%, soit 51,75 milliards Fcfa. Et le gouvernement utilisera la grosse part restante pour financer son ambitieux programme d’infrastructures (barrages, routes, infrastructures de télécommunications, agriculture, énergie...) et d’amélioration de la gouvernance. Les acteurs du secteur privé souhaitent qu’à l’avenir, leur dotation soit revue à la hausse : «Pour que le Cameroun atteigne son objectif de développement à l’horizon 2035, le taux d’investissement privé doit être porté à 20% du PIB en 2020», soit 520 milliards Fcfa par an,

différents domaines tels que les infrastructures, la gouvernance, l'eau et l'assainissement, l'énergie, l'agriculture et l'environnement... pour un montant cumulé d’environ 990 milliards de FCFA. Cependant, pensent certains économistes, le Cameroun pourrait être mieux financé si le pays améliorait son climat des affaires et si les entreprises camerounaises du secteur privé venaient à mettre en place des jointventures afin de bénéficier des financements de la BAD qui sont d’un minimum de 10 milliards Fcfa, notamment dans le cadre des projets à fort impact social.

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Transport ferroviaire

Une ligne pour rallier Ndjamena à Yaoundé Ce nouveau tronçon devrait augmenter le flux des échanges commerciaux et des personnes entre les deux pays. Par C. K.

Deux banques régionales africaines sont déjà intéressées par le financement de ce projet : la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC). En application de l’article 6 de cet accord, les parties contractantes ont choisi comme partenaire technique du projet Bol12 | AFRIcan business journal | N°12

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Le tracé retenu par les deux pays s’étend sur 1400 Km. Il partira du terminus de Camrail Ngaoundéré dans la partie septentrionale du Cameroun pour Ndjamena, la capitale tchadienne. Montant de l’investissement : environ 1400 milliards de francs Cfa. L’Accord portant création de la Commission ferroviaire Cameroun-Tchad, en vue de l’extension du chemin de fer camerounais vers le Tchad a été signé le 3 juin 2014 entre le ministre camerounais des Transports, Robert Nkili, et son homologue tchadien en charge des Infrastructures, des Transports et de l’Aviation civile, Adoum Younousmi. Cette commission interministérielle bilatérale a pour mission principale, la coordination et la validation des études ainsi que la recherche des financements pour la construction de cette ligne ferroviaire, dont les travaux seront lancés fin 2016, selon le chronogramme établi par les experts.

Ce chemin de fer facilitera les échanges commerciaux entre le Cameroun et le Tchad.

loré Africa Logistics dont l’une des entreprises au Cameroun (Camrail) est concessionnaire du chemin de fer. Elle devra de ce fait «appuyer la réalisation des études ; apporter un appui à la préparation des

dossiers de présentation du projet aux bailleurs de fonds ; préparer les rencontres avec les bailleurs de fonds ; apporter une contribution aux réflexions et aux montages institutionnels et financiers».


Booster les échanges commerciaux entre les deux pays Pour le Tchad, ce projet est une véritable aubaine. La quasi-totalité des importations et exportations de ce pays d’hinterland passent par le port de Douala, capitale économique camerounaise. Pour le ministre tchadien des Infrastructures et des Equipements publics, Gata Ngoulou, « le chemin de fer est le moyen idoine pour l'acheminement en direction du Tchad vers ce port et vice versa. 60% du transport actuel de Camrail concerne le Tchad ». La construction de cette ligne de chemin de fer permettra également de désenclaver ce pays qui utilise beaucoup les voies terrestres pour le transport des marchandises. D’ailleurs, le gouvernement tchadien s’est engagé dans cette optique à construire une extension du chemin de fer vers Moundou, la capitale économique tchadienne.

L’accord, signé entre les deux pays, est l’aboutissement de quatre années de concertations entre les deux parties, indique le ministre camerounais des Transports. De même, Robert Nkili considère la signature de cet accord «comme un instant solennel d’affirmation d’une communauté de destins entre deux Etats voisins et un moment central de matérialisation de l’intégration dans la zone CEMAC».

Le Burundi en quête d’investissements Par J.B.N.

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Au Cameroun, le chemin de fer demeure l’un des moyens de transport fortement sollicité par les voyageurs. Selon la société Cameroon Railways – Camrail-, gestionnaire des infrastructures ferroviaires, 1,4 million d’usagers voyagent annuellement par train. De même, le transport des marchandises est assuré en grande partie par les voies ferrées. Entre 1999 et 2013, le volume des marchandises transportées est ainsi passé de 730 à 1.145 millions de tonnes/km.

Déficit énergétique

Pour arriver à s’auto-suffire en électricité, le Burundi a besoin de 600 millions de $.

Alors qu’il voit aujourd’hui au rythme des délestages intempestifs en raison de son profond déficit énergétique, le Burundi est en quête d’investisseurs étrangers qui pourraient l’aider à booster ce secteur vital pour la relance de son économie. «Depuis quelques années, nous assainissons le climat des affaires pour attirer les investisseurs étrangers dont le pays a grandement besoin, en particulier dans le secteur de l’énergie où nous accusons un grand déficit », a déclaré le 23 mai 2014, Gervais Rufyikiri, 2ème VicePrésident du Burundi, à l’occasion de la présentation du rapport soumis à l’évaluation Doing Business 2015. Les activités économiques tournent au ralenti par manque

de courant électrique. Vétusté des barrages hydroélectriques, baisse du niveau d’eau consécutive à la faible pluviométrie, notamment en période de saison sèche (juin-octobre), accroissement exponentiel de la demande en électricité suite à l’extension progressive des centres urbains, etc. Voilà autant de facteurs qui sont à l’origine des délestages intempestifs qui ponctuent le quotidien des burundais depuis le mois de juin.

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Le niveau d’eau baisse dans la poignée de barrages hydroélectriques encore opérationnels. La construction du dernier barrage hydroélectrique remonte à 1989. Aujourd’hui, la production interne est estimée à 30 MW. A cela s'ajoutent 15 MW fournis par la Société Internationale pour l’Energie des Grands Lacs (SINELAC), une unité sous-régionale appartenant à la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), regroupant le Burundi, le Rwanda et la République Démocratique du Congo, RDC. «Pour pouvoir répondre aujourd'hui à la demande intérieure réelle, il nous faudrait au moins 75 MW, le déficit est donc énorme et inquiétant», fait observer Côme Manirakiza, ministre burundais de l’Energie et des Mines. 14 | AFRIcan business journal | N°12

Privilégier les investissements étrangers Pour inverser la tendance, le Gouvernement mise essentiellement sur les investissements étrangers. Pour arriver à s’auto-suffire en électricité, le pays a besoin d’une bagatelle de 600 millions de dollars US. Conscients de la menace de ce déficit énergétique sur la relance du développement économique, certains partenaires financiers se mobilisent, chacun à sa manière, en vue de contribuer à accroitre la production énergétique au Burundi et dans la sous-région. La Banque Mondiale a accepté d'accorder un financement de 60 millions de dollars alors que l'Union Européenne s'est engagée à prendre en charge 50% de l'enveloppe globale à travers la Banque Européenne

d'Investissement(BEI). De son côté, la Chine s’attelle également à la construction d’une centrale hydroélectrique. D’autres opportunités sont attendues dans la sous-région, notamment les projets de construction des centrales hydroélectriques de Ruzizi III (sur la rivière Ruzizi, qui constitue la frontière entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda) et Rusumo Falls (situés sur la rivière Kagera, à la frontière entre la Tanzanie et le Rwanda), la construction d'une ligne électrique de 220 Kilovolts reliant les provinces burundaises de Gitega-Ngozi aux provinces de Butare (Rwanda) et de Kigoma (Tanzanie) ainsi que la construction d'une ligne électrique de 220 KV reliant Kamanyola (RDC) à Bujumbura (Burundi). 


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Rapport mondial sur la compétitivité

L’Ile Maurice leader en Afrique

L’Ile Maurice est le pays le plus compétitif en Afrique. C’est ce qui ressort du dernier rapport sur la compétitivité dans le monde publié par le Forum économique et mondial (WEF). Décryptage. Par Baye Salcho

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D’après le WEF, les pays doivent redoubler d’efforts dans la mise en place des réformes structurelles.

Le Forum économique et mondial (WEF) a récemment dévoilé son clas-

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sement annuel 2014-2015 sur la compétitivité dans le monde, en se ba-

sant sur des enquêtes menées auprès de 15.000 chefs d’entreprises de 144 pays. Pour établir l’indice mondial de compétitivité (GCI), les experts du WEF se sont basés sur une centaine d’indicateurs regroupés en 12 principaux indices, notamment la qualité des institutions, les infrastructures, la santé, l’enseignement et la formation professionnelle, l’efficacité des marchés financiers, la maturité technologique et la taille de l’économie. Ces résultats ont démontré que l’Ile Maurice, qui occupe le 39e rang au niveau mondial, est le pays le plus compétitif en Afrique, loin devant l’Afrique Sud (59e mondial), le Rwanda (62e), et le Maroc (72e). Ce sont les seules économies africaines qui figurent dans la première moitié de ce baromètre. Les six autres pays qui complètent le Top 10 sont respectivement le Botswana (74e), l’Algérie (79e), la Tunisie (87e), la Namibie (88e), le Kenya (90e) et la Zambie (96e). Le rapport note un gain de 29 places de l’Algérie au niveau mondial, contrairement à la première puissance économique du continent le Nigéria qui est passé de la 120e place dans le classement 2013-2014, à la 127e dans le dernier, soit un recul de sept places.


Miser sur les réformes structurelles D’après le WEF, le secteur de la santé s’améliore en Afrique subsaharienne avec des taux de croissance "impressionnants", proches de 5%. Il encourage les dirigeants du continent à prioriser le système éducatif, l’infrastructure, et la connectivité pour maintenir cette dynamique. Au niveau mondial, la Suisse confirme sa suprématie dans le GCI. Le pays helvète caracole en tête pour la sixième année consécutive, il est talonné par Singapour, et les Etats-Unis qui complètent le podium. «Nous sommes cette année en meilleure position que l'année dernière, le redressement économique mondial est plus ou moins au rendez-vous», a indiqué Benat Bilbao économiste senior auprès du Forum économique mondial. Toutefois selon lui, les pays doivent redoubler d’efforts dans la mise en place de réformes structurelles "pour une croissance à long-terme". Le rapport incite les leaders des secteurs public et privé à collaborer ensemble pour encourager la gestion des talents et l’innovation, pour réussir un "développement économique durable et inclusif". 

Top TEN des pays africains les plus compétitifs  Maurice  Afrique du Sud  Rwanda  Maroc  Botswana  Algérie Tunisie  Namibie Kenya  Zambie

En Bref … Burkina : Prêt de 14 milliards de FCFA pour la construction d’un aéroport Le Fonds saoudien de développement a accordé un prêt de 14 milliards de FCFA au Burkina Faso pour le financement de la construction d’un nouvel aéroport à Donsin, non loin de la capitale Ouagadougou. Ce prêt d’une durée de 30 ans, permettra de boucler le financement de la partie aéronautique de cette infrastructure dont le montant s’élève à 313 milliards de FCFA. D’après le ministère burkinabé de l’Economie et des finances, le royaume wahhabite envisage d’accroitre ses investissements dans le pays, pour soutenir les projets de développement. Afrique : Hausse de 10% des dépenses en infrastructures d’ici 2025 D’après un rapport publié début août 2014 par le cabinet britannique d’audit et de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC),les dépenses en infrastructures devraient croitre de 10% en Afrique d’ici 2025. En Afrique subsaharienne plus particulièrement, ces dépenses s’élèveront à 180 milliards de dollars durant les 10 prochaines années, soit 2% du total dans le monde. D’après le PwC, la majeure partie de cette somme sera dépensée au Nigeria (77 milliards de dollars) et en Afrique du Sud (60 milliards). « Au fur et à mesure que les économies se développent, les types d'investissements nécessaires dans les infrastructures évoluent », souligne Jonathan Cawood, responsable des infrastructures de PwC pour l'Afrique. Globalement, les dépenses dans les infrastructures vont plus que doubler dans les dix ans à l’échelle planétaire, pour dépasser les 9 000 milliards de dollars par an. Banques : La BCEAO annonce la gratuité de 19 services bancaires La Banque africaine des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a annoncé la gratuité de 19 services bancaires à partir du 1er octobre 2014. D’après l’institution bancaire, ces services qui seront gratuits sont l’ouverture, le fonctionnement et le suivi d’un compte bancaire, ensuite certains moyens et opérations de paiement, et enfin la banque à distance. Aussi, les banques présentes dans les huit pays de l’Union offriront gratuitement à leurs clients l’ouverture de compte, la délivrance de livret d’épargne, la tenue de compte sur livret d’épargne, la transmission de relevé de compte (une fois par mois) et le relevé récapitulatif des frais annuels. D’après Tiémoko Meyliet Koné gouverneur de la BCEAO, cette mesure entre « dans le cadre des actions visant à renforcer l’inclusion financière des populations, l’accélération de la bancarisation et le financement bancaire des Etats membres de l’UEMOA ».

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perspectives

Perspectives de croissance en Afrique

84% des PDG affichent leur o p t i m i s m e

Le rapport "Africa Business Agenda 2014" du cabinet londonien PricewaterhouseCoopers indique que les PDG africains sont optimistes sur les perspectives de croissance du chiffre d’affaires de leurs entreprises à long terme. Un sentiment qui tranche avec le pessimisme actuellement en vigueur dans les marchés mondiaux. Par Elimane Sembène

Apparemment, le vocable pessimisme ne figure pas dans le dictionnaire des Top managers africains. La plupart des PDG africains scrute l’avenir avec optimisme. C’est ce que nous apprend le cabinet d’audit et de conseil londonien PricewaterhouseCoopers

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dans son dernier rapport "Africa Business Agenda 2014". Globalement, les chefs d’entreprises sondés se veulent rassurants sur les perspectives de croissance du chiffre d’affaires de leurs entreprises à moyen terme. Toutefois, les degrés d’optimisme diffè-

rent, 84% se disent "confiants" tandis que 40% se montrent très confiants. « Les patrons africains reconnaissent qu’il reste encore beaucoup à faire pour transformer le potentiel de croissance exponentielle du continent en débouchés concrets. Les dirigeants d’entre-


prise recherchent des opportunités de croissance sur différents fronts, et pour beaucoup, la recherche de la croissance ne sera pas une tâche facile », constate Suresh Kana associé principal de PwC Africa. D’après le rapport, les dirigeants ont identifié les tendances clés qui pourraient transformer leurs entreprises durant les cinq prochaines années. 69% d’entre eux évoquent les avancées technologiques, 67% l’urbanisation et 63% les bouleversements démographiques. « Chaque jour, des avancées repoussant les frontières de la recherche et du développement ouvrent de nouveaux débouchés pour les entreprises. Au fur et à mesure qu’elles progressent, les technologies permettent d'améliorer encore l'efficacité et la productivité. De même, ces progrès devraient déclencher une forte accélération de la croissance économique vers la fin de la prochaine décennie », renchérit-il. Différentes niches de croissance L’Africa Business Agenda 2014 soulève aussi une nuance assez saisissante. Plusieurs PDG parient plus sur la croissance de leur entreprise que sur les perspectives de leur secteur d’activité. Autrement dit, moins de la moitié sont "très confiants" sur l’avenir des affaires de leur structure sur le court terme, alors que seuls 26% se disent très confiants sur la croissance de leur domaine. Etre optimiste sur la croissance de son entreprise c’est bien, mais faudrait-il encore connaitre les niches d’opportunités existantes. A en croire les chefs d’entreprises africains, ces opportunités de croissance se trouvent dans les innovations de produits et de services (31%), l’accroissement de leur part de marché sur les marchés existants (27%), et l’apparition de nouveaux marchés géographiques (20%).

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perspectives

Plusieurs PDG parient plus sur la croissance de leur entreprise que sur les perspectives de leur secteur d’activité.

Lutter contre le chômage des jeunes Ce dernier cas de figure intéresse d’ailleurs près de la moitié des PDG qui prévoient de lancer une nouvelle alliance stratégique ou une coentreprise dans les douze prochain mois. Près du tiers envisage également d’acquérir une autre entreprise dans leurs pays d’origine ou dans un autre pays africains. « Nous observons également une utilisation plus importante de produits et d’innovations technologiques, alors que pas moins de 91 % des CEO africains reconnaissent la nécessité de modifier leurs investissements ou sont en train d'engager ces changements. De même, 85 % en ont dit autant de l'analyse des données », note Suresh Kana. Le rapport n’a pas passé sous silence les infrastructures, colonne vertébrale de la croissance. Le constat

est très révélateur du retard du continent dans ce domaine. 45% des Top managers indiquent que leur gouvernement a été incapable d’améliorer les systèmes d’approvisionnement en eau, transport, et logement. Pour renverser cette situation,  64%  recommandent aux Etats la création d’une main d’œuvre qualifiée, 62% suggèrent la réduction de la pauvreté et des inégalités, et 74% préconisent la création d’emplois pour les jeunes. Last but not least, les dirigeants interrogés sont conscients des conséquences engendrées par la pénurie de compétences en Afrique, 83% sont préoccupés par ce déficit de talents locaux. « Les dirigeants d’entreprise africains signalent également qu'ils ont recours à divers programmes de perfectionnement des cadres visant à accroître et diversifier la réserve de talents », souligne le PwC. 

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perspectives

Cameroun

Des agropoles pour booster la croissance économique Par Cathy Koum

Le gouvernement camerounais à travers cette option compte mieux fournir les marchés et les industries agroalimentaires et surtout transformer la moitié de sa production agricole d’ici six ans.

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Le gouvernement camerounais souhaite mieux assurer la sécurité alimentaire à travers ce programme.

Le Programme économique d’aménagement du territoire pour la promotion des entreprises de moyenne et grande importance dans le secteur rural au Cameroun, baptisé « programme agropoles », a démarré ses activités en janvier 2013. Pratiquement, le gouvernement accompagne les petits producteurs déjà opérationnels, dans l’expansion de leurs activités de production, de commercialisation et de transformation, et les structures autour d’un producteur de taille plus grande de la même filière. Les appuis, apportés sous forme de subventions, sont de 100% pour les infrastructures sociocommunautaires et le renforcement des capacités, 30% pour l’acquisition des équipements et

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des infrastructures privées, et 35% en ce qui concerne l’acquisition des intrants. L’objectif du gouvernement à travers ce programme est de mieux assurer la sécurité alimentaire, satisfaire la demande des industries agro-alimentaires en matières premières, conquérir les marchés voisins, créer des emplois décents, et au final, transformer 50% de sa production agricole d’ici à 2020. Près de deux ans après le démarrage du programme, le bilan affiche quinze agropoles opérationnels à travers le Cameroun dans les filières avicole, porcine, poisson et végétales et quelque satisfaction côté gouvernemental : « Déjà, je peux vous signaler que le dispositif mis en place dans la filière porcine permet de résorber 30% du déficit signalé il y a un an », se réjouit Yaouba Abdoulaye le président du comité en charge du suivi du programme. Vingt deux (22) milliards pour encourager la création d’agropoles en 2014 Sur la quinzaine d’agropoles créés, la filière végétale occupe la grande part avec une dizaine. Et le maïs est la culture la plus développée : cinq agropoles au total dont trois dans la région du Nord avec pour objectif une production annuelle de 4670 tonnes et deux dans le centre pour une production annuelle de plus de 12 000 tonnes. C’est que la demande nationale est largement au dessus de l’offre actuelle. Et les demandeurs insatisfaits trouvent

jusque là leur solution dans l’importation. La filière végétale compte aussi deux agropoles de transformation du soja, dans le Littoral et l’extrême nord, pour une production annuelle de 16 000 tonnes ; une structure en charge de transformer annuellement 16.000 tonnes de fèves de cacao en beurre et poudre de cacao ; et l’agropole riz pluvial de Galim dans l’ouest du pays qui entend produire 3500 tonnes de riz chaque année, contre 400 à 600 tonnes actuellement. L’ananas a également obtenu son agropole de transformation de 26 000 tonnes annuellement. Concernant la filière avicole, il y a deux agropoles de production, d’abattage et de commercialisation des poulets de chair dans le Littoral, qui devraient mettre annuellement sur le marché près de trois millions de poulets prêts à cuire. L’agropole de production et de commercialisation des œufs de table de Baleng (région de l’Ouest) quant à lui, compte passer à une production de 25 millions d’œufs chaque année. La filière porcine a deux agropoles: à Kribi dans la région du Sud et Yaoundé, la capitale (35 000 porcs par an) ; et à Bafoussam pour la production et la transformation de 7 300 porcs par an. La filière poisson est jusque là réduite à l’agropole de Bankim dans le septentrional- 1 800 t par an-. Pour 2013, près de neuf milliards ont été investis pour les agropoles dont 3,2 milliards de la part du gouvernement. En 2014, c’est 22 milliards qui sont budgétisés pour encourager la création agropoles. 


perspectives

Niger

A la recherche d’investisseurs pour l’exploitation de l’or

Par Boureima Balima

Le Niger est à la recherche d’investisseurs privés pour l’exploitation de l’or découvert dans l’extrême Nord-est du pays dans la commune rurale de Djado. Depuis avril 2014, des milliers d’orpailleurs venant d’une quinzaine de pays ont fait des dunes argilo-sablonneuses leur destination donnant aux oasis environnants, un autre visage. Découvert en avril 2014, dans la bourgade toubou de Djado, dans l’extrême nord est du Niger (environ 2000km de Niamey), l’or continue d’attirer les chercheurs et les traders. Ce qui, du coup, désenclave la zone où des milliers des personnes vivent désormais de l’or du Djado. Les départs dans cette zone jadis mensuels sont devenus hebdomadaires. A bord de véhicules tout terrain, on arrive à Dirkou venant d’Agadez. Pour l’instant, c’est seulement avec un appareil détecteur de métaux que le précieux métal est trouvé à quelques centimètres de profondeur. C’est par groupe que les orpailleurs venus d’une quinzaine de pays opèrent. Difficile, pour l’instant, de dire quelle quantité d’or est trouvée chaque jour depuis les premières battues d’avril passé. L’orpaillage et la vente se font dans l’informel total. Il suffit d’avoir un appareil détecteur de métaux et s’organiser pour se mettre au travail.

On estime à plus de 20.000, le nombre de personnes qui ont fait le déplacement dans cette zone désertique, jadis connue pour sa production de la potasse, et de dattes. Mieux organiser la filière Afin de bien organiser l’exploration et l’exploitation de l’or du Djado, le gouvernement du Niger a octroyé un permis de recherche et d’exploitation à la Société de patrimoine des mines du Niger (Sopamin). « Nous avons effectué des missions sur le terrain pour voir la faisabilité de la recherche et l’exploitation » explique Abdourazakou Abdou Moumouni de la Sopamin. Un appel à candidature a d’ailleurs été lancé en direction des privés nigériens et étrangers. Selon les termes de référence, la société qui sera formée aura pour tâche de conduire les travaux d’exploration et de développement mais

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On estime à plus de 20.000, le nombre de personnes qui ont fait le déplacement dans cette zone désertique.

aussi la mise en exploitation industrielle ou semi industrielle de gisements découverts. La société aura également pour tâche de mettre en place et de gérer un comptoir d’achat de l’or issu de l’exploitation artisanale. Réveil de la zone En attendant la mise en place de cette société, le gouvernement du Niger a ordonné la fermeture temporaire du site afin de mieux organiser la filière. Pour la zone, cette fermeture entraînera un manque à gagner important. Depuis cette découverte subite de l’or, les oasis sont devenus la destination de certains produits jadis inconnus. Les transports se sont développés avec l’organisation des convois hebdomadaires et non plus mensuels, des vols charters organisés par une compagnie nationale et l’approvisionnement de la zone en produits de première nécessité. « On peut trouver des pastèques et des fruits de toutes sortes à Dirkou et à Djado » se réjouit Mardé Taher, notable de Dirkou. Aujourd’hui des personnes venues de tous les coins du pays et des pays voisins et même plus lointains convergent à la recherche de l’or. « Nous enregistrons chaque jour de nouvelles arrivées » explique le maire de la commune rurale du Djado dont les recettes sont devenues importantes. Un gramme d’or est prélevé chaque jour par un appareil détecteur de métaux. Déjà, la municipalité entend construire un marché et un forage de puits pour faciliter les transactions et la vie dans cette zone désertique. 

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perspectives

Financement

Le Bénin à la conquête de 6000 milliards de francs CFA

La Table-ronde a enregistré des promesses de financement à hauteur de 5606 millions de FCFA.

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Par Fortuné Sossa

Faire du Bénin à l’horizon 2025, « un pays à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social », c’est l’objectif du gouvernement. Fort de cette ambition, il avait organisé en juin à Paris, une table-ronde pour mobiliser et convaincre les opérateurs économiques occidentaux à investir au Bénin. L’initiative, qui augurerait d’un lendemain meilleur, a eu pour résultat la formulation de fortes intentions de financement. Cinq projets phares déclencheurs de croissance sont à la base du sommet de Paris. Entre autres, projet de construction d’infrastructures énergétiques, de restructuration et d’extension du réseau de distribution de l’énergie, projet de Développement des Aménagements Hydro-agricoles au Bénin, projet touristique de la route des pêches... Ces grands projets cumu22 | AFRIcan business journal | N°12

lés, explique Marcel de Suza, ministre béninois du développement, de l’analyse économique et de la prospective, s’élèvent à 6.529 milliards de FCfa. Ils devront être réalisées entre 2014-2018. Du coup, le gouvernement a décidé d’aller à la recherche d’investisseurs étrangers pour pouvoir réussir cet engagement à hisser d’ici peu le pays au rang des nations émergentes.

Selon le ministre de Souza, «les déclarations et annonces des partenaires au développement ont permis de préciser pour certains, le niveau de leur appui financier au développement du Bénin.» Ainsi, la Table ronde a permis d’enregistrer des annonces à hauteur de 5.606 milliards de francs Cfa (soit environ 11,200 milliards dollars Us). Pour le journaliste et expert en économie


perspectives

Inquiétudes du patronat Par rapport à la question de la représentativité du secteur privé à la table ronde, le président de république Yayi Boni et son gouvernement ont estimé que la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB), est la structure faitière au détriment du Conseil National du Patronat du Bénin (CNP Bénin). Face à cette situation, Sébastien Ajavon président du Patronat est monté au créneau pour exprimer son indignation : « La Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin est un établissement public au service des entreprises ». Du coup, elle ne saurait aucunement représenter le secteur privé à une instance de cette envergure. « En tout état de cause, précise-t-il, les instances dirigeantes du CNP Bénin ne sont pas concernées par les présentes assisses. Toutefois, les entreprises, membres du CNP-Bénin sont libres d’y participer individuellement». Pour sa part, Gbetoenonmon indique que « dans une approche inclu-

sive, le gouvernement devait faire en sorte que des expertises qui existent au niveau du secteur privé, des universités, de la société civile soient mises à contribution pour que cela ne soit pas seulement l’affaire des fonctionnaires». Vers la mise en place d’un comité de supervision Mais au-delà de cette confusion créée par les dirigeants de l’Etat par rapport à la représentativité du secteur privé aux assises de Paris, le président du patronat note que cet événement est organisé à un moment où des questions cruciales se posent au monde des affaires du Bénin, notamment la question

tion de la table-ronde. A cet effet, il a adressé une question orale au gouvernement sur l’assurance qu’il compte donner aux potentiels investisseurs, quant à sa capacité ou sa volonté de respecter les contrats conclus avec eux et de respecter les décisions de justice ou les décisions arbitrales qui pourraient découler de la mise en œuvre desdits contrats. Pour montrer sa volonté à faire aboutir les conclusions de la table ronde, le Président Boni Yayi projette de mettre sur pied un Comité de supervision et d’orientation qu’il présidera en personne ainsi qu’un Comité de pilotage composé de ministres sectoriels et des structures techniques au sein

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Abel Gbetoenonmon, « toute initiative qui concourt au développement est bonne, quelque soit le gouvernement qui l’initie et les acteurs qui y participent». Il estime que dans ce processus, il doit y avoir un certain nombre de projets dont les financements seraient déjà confirmés. «Pour les bailleurs qui ont donné leur engagement lors de la table ronde et pour lesquels cela n’a pas été précédé d’un document formel écrit et d’échange de lettre entre les deux parties, on ne peut parler que d’intention de financement», développe l’économiste. Il revient à tout investisseur, avant de s’engager résolument, d’analyser l’évolution du contexte économique du pays destinataire, ses perspectives prenant en compte les ambitions du pays pour le futur. On peut avoir, cependant, certains partenaires qui viennent à cette table ronde juste pour faire du marketing politique.

du respect des engagements de l’Etat et du respect des décisions de justice. Pour lui, « l’Etat béninois ne respecte pas ses engagements contractuels vis-à-vis des entreprises béninoises». Par ailleurs, « le gouvernement met à mal, par des actions quotidiennes, l’indépendance de la justice ». Ce que renchérit le député de l’opposition, Eric Houndete. Il relève une précipitation dans la prépara-

des ministères. Somme toute, il revient à l’Etat béninois de mettre en place au niveau national le dispositif fondamental pour conduire non seulement les réformes nécessaires pour que ses partenaires soient rassurés, mais aussi mettre en place le dispositif essentiel pour travailler à l’élaboration et à la finalisation des projets. Car, il n’y a pas de financement débarrassé de toute conditionnalité, sans procédure, sans rien.  AFRIcan business journal | N°12 | 23


perspectives

EXPORTATIONS AFRICAINES

VERS DE NOUVELLES OPPORTUNITéS Imaginez une entreprise de fabrication sans un département des ventes. Un non-sens ? Pourtant, de nombreux exportateurs africains ne sont pas équipés pour commercialiser leur production dans le marché mondial. Par Ruslan Kharlamov Fondateur et DG de Intertrade Dynamics SA (Suisse)

D’une part, les exportateurs manquent de capacités de service à la clientèle. Les décennies de concurrence entre les sociétés de négoce ont éduqué les consommateurs, notamment dans les marchés développés, à exiger des services de négoce auxiliaires. Au lieu d’acheter de la matière première, ils exigent des solutions d'approvisionnement qui comprennent des produits livrés porte-à-porte avec le financement et la gestion des risques.

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A l’exception d’une poignée de leaders nationaux, peu d’exportateurs sont en mesure de commercialiser leur production indépendamment.

Ensuite, imaginez une industrie bancaire qui laisse le financement des activités économiques vitales dans sa région aux étrangers. Impossible? Cela ne l’est pas dans le domaine du financement de la chaîne d’approvisionnement, un secteur dominé par quelques dizaines de groupes bancaires internationaux. Le modèle actuel d’exportations des matières premières des pays émergeants a été façonné par l'héritage du passé. Dans ce modèle, la fonction de vente est détachée de la production, comme le montre la Figure 1. A l’exception d’une poignée de leaders nationaux, fréquemment soutenus par l’Etat, peu d’exportateurs sont en mesure de commercialiser leur production indépendamment. Le plus souvent, les ventes internationales

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sont effectuées par des maisons de commerce adossées à des banques internationales. Plus grand est leur pouvoir de négociation, plus petites sont les marges bénéficiaires des exportateurs. Déconstruire les "services de marketing" Sauf pour les grossistes, les distributeurs et les autres prestataires de services spécialisés, le commerce de matières premières est une entreprise assez simple. Souvent, la totalité d’une cargaison va directement d'un producteur à un consommateur, mais avec quelques intermédiaires entre deux. Qu’est ce qui empêche donc les producteurs et les consommateurs de traiter directement les uns avec les autres?

D’autre part, c’est un manque de compréhension de la dynamique du commerce mondial. Les consommateurs apprécient des relations directes avec les producteurs ; néanmoins, la responsabilité de mise en place de ces relations, ainsi que les services à la clientèle requis, incombent aux exportateurs. Aujourd’hui, de nombreux exportateurs peuvent internaliser les services de négoce international à un coût raisonnable. L'élément principal qui constitue la valeur ajoutée de négociantes internationales provient généralement "des services de marketing", ce qui est un abus de langage pouvant conduire à de fausses interprétations sur le rôle du négociant dans la chaîne d'approvisionnement. Même si les clients modernes sont toujours plus exigeants, il n’y a pas de marketing, au sens propre, dans le commerce des matières premières. Ce que les acheteurs demandent, ce sont des matières premières de bonne qualité, au meilleur


perspectives les qui augmentent la rentabilité de ventes de quelques pour-cent. En parallèle, l'internalisation du financement des opérations de négoce réduit non seulement le coût de financement à court terme, mais renforce également la capacité d'obtenir du financement à long terme auprès des financiers régionaux et internationaux. Lorsque les exportations annuelles atteignent $30-50 millions, les gains financiers peuvent atteindre un nombre à sept chiffres chaque année.

prix et livrés avec certains services ajoutés. Ainsi donc, "les services de marketing" constituent tout simplement la capacité d’identifier des déséquilibres entre l'offre et la demande mondiale et d'en profiter. Ces éléments influent sur le pouvoir de négociation d’un point de vue commercial. Un exportateur sans capacité de vendre aux clients d'outre-mer sera dépendant d’un intermédiaire pour combler cette lacune. Or, les dépendances opérationnelles se traduisent inévitablement par un faible pouvoir de négociation et une baisse de la rentabilité des exportations. En revanche, un exportateur qui introduit en interne un service des ventes internationales peut, le cas échéant, contourner les fournisseurs de services commerciaux. L'indépendance   opérationnelle permet de transférer le pouvoir de négociation commerciale vers les exportateurs et améliorer les paramètres suivants : • L’efficacité grâce aux marges bénéficiaires des intermédiaires retenues par les exportateurs. • La rentabilité grâce à la capacité d’identifier et de vendre aux mar-

chés les plus rentables. • La sécurité grâce à la diversification de la clientèle et l’amélioration du risque de performance. Les exportateurs ne se penchent sur l'efficacité, la rentabilité et la sécurité des exportations qu’une fois assouvis les besoins plus fondamentaux, c’est-à-dire les besoins en capital, en technologie et en main-d'œuvre. La fragmentation de la production est une autre raison qui rend les négociants internationaux indispensables pour les petites entreprises. Mais lorsque les conditions économiques deviennent favorables, elles conduisent invariablement à une consolidation du marché et le développement des exportateurs se fait selon les axes suivants:

La nouvelle demande de financement Comme démontré ci-dessus, les exportateurs africains créeront une nouvelle demande pour le financement des matières premières. Mais d’où proviendra ce financement? Un nombre important de banques africaines offrent le financement du négoce international, mais le plus souvent ils se limitent aux services documentaires (lettres de crédit, collectes de documents, garanties, etc.) Par contre, toute banque prenant au sérieux la question du financement des exportateurs régionaux devrait être en mesure de proposer les solutions suivantes : • Financer le fonds de roulement du client contre le nantissement des stocks pré-vendus et invendus, sur le marché domestique comme à l'étranger ; • Financer le fonds de roulement du client contre le nantissement des créances d'exportation et les flux de trésorerie futurs ;

Reproduction

Croissance rentable

Arrangements financiers non-bancaires

Accès intégral aux marchés financiers

Faible pouvoir de négociation

Prouesses dans le commerce mondial

Comme l’exportateur met l'accent sur le passage de la production à une croissance rentable, il met en oeuvre des stratégies commercia-

• Financer les solutions logistiques du client, y compris le transport maritime et multimodal et la distribution à l'étranger ; .../...

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perspectives

Afin de fournir ces services, toute banque doit maîtriser tous les aspects du commerce international. Cette expertise ne peut être atteinte que par des équipes intertransversales embrassant spécialistes dans le négoce, le transport, la gestion des risques et le droit international. Pour les banques africaines, la hausse de la demande d’exportateurs offre une occasion unique de se diversifier vers le financement de négoce des matières premières. L'environnement économique actuel abaisse le coût d'acquisition des compétences nécessaires, alors qu’un certain réservoir de talents devient accessible. Un démarrage différé permet d'apprendre des erreurs des autres. Les banques régionales devraient analyser et développer leurs points forts, tels que les réseaux et les connaissances locales, une base de coûts plus bas, la tolérance aux risques politiques et la capacité de financer les exportateurs en monnaie locale. Comme les banques internationales sont désormais plus réglementées, les régimes bancaires locaux peuvent également constituer un avantage concurrentiel. L’évolution des exportations de matières premières rend la demande de financement de plus en plus mobile. Ce n'est plus le manque d'offre locale qui restreint le développement des exportateurs, cela a plutôt l’effet d’inciter à chercher des solutions de financement ailleurs. Pour réussir dans un environnement aussi concurrentiel, tout financier africain devrait suivre de près l'évolution du marché et y répondre sans tarder. 

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Burundi

Le secteur minier sous les feux de la rampe

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.../... • Faciliter la gestion des risques par un conseil et une assistance dans les activités de couverture (hedging) de la clientèle.

Par J.B.N.

Au lendemain de la guerre civile et à l’heure de la relance économique, le Gouvernement burundais mise particulièrement sur son potentiel minier. Prospection de gisements de nickel et bien d’autres minerais dont regorge le sous-sol, révision du cadre légal pour attirer les investisseurs, suspension des exploitations anarchiques, etc. Autant d’efforts tous azimuts pour rentabiliser ce secteur de tous les attentes.


perspectives

Le pays est aussi parsemé de mines d’or par endroits. Mais l’exploration reste encore partielle et artisanale. En outre, on signale d’autres gisements de phosphates et carbonate avec des réserves estimées à 26 Mt, des gîtes minéralisés en cassitérite, Wolframite et Colombo-tantalite (dans le nord du Burundi). Le pays regorge également de minerais industriels, notamment les matières premières locales destinées à l’import--substitution comme les roches carbonatées pour la fabrication du ciment (déjà effective à l’ouest du pays), le kaolin, le feldspath et le cilice pour les produits céramiques. La prospection met en effet en évidence des réserves de 2 millions de tonnes de roches carbonatées 16.320.000 tonnes de kaolin, 5.132.674 tonnes de quartzite et 730.083 tonnes de feldspath. A tout cela s’ajoutent d’énormes réserves de tourbe estimées à 36 millions de tonnes. Exit l’anarchie dans le secteur Tout ce riche potentiel minier

contraste avec l’anarchie qui caractérise son exploitation. Pour y mettre de l’ordre et afin d’en faire un véritable levier du développement économique, le Burundi s’est doté, le 15 octobre 2013, d’un nouveau Code minier qui remplace celui de 1976. «C’est pour mettre fin au désordre structurel et aligner le pays à législation internationale en matière d’exploitation des mines», explique Côme Manirakiza, ministre burundais de l’Energie et des Mines. L’article 1er dudit Code est assez explicite quant à son champ d’application : «Les dispositions du présent Code s’appliquent à toutes les opérations de prospection, de recherche, d’exploitation industrielle et artisanale, de transformation, de détention, de transport et de commerce ainsi que de la fermeture des mines, des substances minérales ou fossiles, des eaux thermales et des produits de carrière sur le territoire et dans les eaux territoriales de la République du Burundi, à l’exception des hydrocarbures liquides ou gazeux qui sont régies par des lois spéciales». Contrairement à l’ancien Code, le nouveau prévoit une taxe ad valorem sur la valeur de la production des substances minérales produites artisanalement ainsi que la redevance superficiaire due pour tout titre minier d’exploitation et permis d’exploitation des substances minérales et carrières en cours de validité, calculée à l’hectare. Comme pour se conformer à la nouvelle législation, les exploitants locaux, s’organisent en coopératives. En juillet 2014, l’on enregistre déjà une dizaine de coopératives d'exploitation artisanale des minerais ainsi que 5 comptoirs. 

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Ruiné par près de deux décennies de guerre civile, le Burundi compte désormais sur son riche potentiel minier pour remettre son économie sur les rails. Les yeux semblent particulièrement tournés vers les minerais de nickel. Même si elle est encore partielle, une récente prospection établie par les ministères burundais de l’Energie et des Mines évalue ses réserves à 261 millions de tonnes. L’exploration révèle un potentiel assez porteur même au sujet des autres minerais, en l’occurrence le vanadium (au centre du pays) dont les réserves sont estimées à 97 millions de tonnes.

Le sous-sol burundais disposerait de 261 millions de tonnes de minerais de nickel.

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perspectives En Bref …

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Conférence de Dubaï 19 milliards de promesses de financement dans l’UEMOA

Les 8 pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine « UEMOA » n’ont pas fait le déplacement pour rien, lors de la Conférence internationale des investisseurs « Investir dans l’Uemoa » qui s’est récemment déroulée à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis. Le royaume émirati et les partenaires du secteur privé se sont engagés à débloquer 19 milliards de dollars pour financer des projets d’infrastructures dans la zone. Ces projets de financements concerneront notamment le secteur des transports (routes, chemins de fer, aéroports), de l’énergie, de la sécurité alimentaire, et de l’eau.

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Prévisions OCDE L’économie ivoirienne sur de bons rails

Les perspectives de l’économique ivoirienne sont très rassurantes. C’est la conviction de l’Organisation de coopération et de développent économique (OCDE) qui constate qu’elle « avance dans une très bonne direction». D’après Luis Padilla chef d’une délégation de l’OCDE qui s’était rendue début septembre à Abidjan, « les efforts du gouvernement pour atteindre cette émergence (Ndlr. Plan émergence horizon 2020 du gouvernement ivoirien) se résume à une croissance économique forte et à une réduction de la pauvreté. Les choses avancent (…) Il y a une forte volonté pour lutter contre la pauvreté ». Le taux de croissance du pays a atteint 8,7% en 2013, le gouvernement prévoit un pourcentage de 8 à 10% en 2014.

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Aéronautique Le premier avion made in Africa prend son envol

Enfin le premier avion made in Africa ! L’aéronef a effectué son premier vol d’essai public avec succès le 13 août 2014 à partir de l’aéroport de Wonderboom à Pretoria en Afrique du Sud. Cet appareil conçu pour deux personnes a été développé par deux groupes aéronautiques sud-africains Paramount et Aerosud. Selon Paramount, « c’est le premier aéronef militaire à ailes fixes à avoir été complètement conçu, développé, et testé en Afrique.» D’après le patron de Paramount Ivor Ichikowitz, « l’émergence de l’Afrique en tant que puissance de plus en plus importante dans la scène économique signifie que le monde attend désormais que l’Afrique joue un plus grand rôle dans empêcher et contrôler les conflits dans le continent. La solution est de développer de capacités africaines pour résoudre ces défis africains».

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Bénin Un crédit spécial pour les producteurs de coton

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Le ministère de la microfinance du Bénin prévoit de mettre en place un crédit spécial pour les producteurs de cotons béninois. D’après le ministère, ce programme« permettra d’accompagner les producteurs de coton dans la période de soudure afin d’éviter à ces derniers le bradage des intrants destinés au coton et de leur permettre de gérer la période de la soudure-production sans trop grandes difficultés.» Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un projet du gouvernement béninois qui prévoit la réalisation d’une production de 600.000 tonnes en 2015. Le coton est la première culture d’exportation du Bénin, elle rapporte 40% des devises dans l’économie nourrit directement ou indirectement 1/3 de la population.


perspectives

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le grand entretien

Driss BENHIMA PDG de la Royal Air Maroc (RAM)

"Pas d'avenir pour les petites compagnies" La Royal Air Maroc est l’une des plus grandes compagnies aériennes du continent. L’organisme londonien Skytrax lui a décerné le prix de la meilleure compagnie régionale en Afrique en 2014. Dans ce grand entretien accordé à ABJ, son PDG Driss Benhima revient notamment sur cette consécration, la décision de la RAM de maintenir ses vols sur des pays touchés par le virus Ebola comme la Guinée, la Sierra Leone, et le Libéria, sa stratégie africaine mais également le projet de création d’une compagnie communautaire en Afrique. Entretien réalisé par Elimane Sembène

A.B.J.: Royal Air Maroc a été désignée meilleure compagnie aérienne régionale en Afrique en 2014 par SkyTrax. Cette consécration permet à la RAM de passer de deux à trois étoiles. Quels sont, selon vous, les facteurs clés de ce succès ? Driss Benhima: Il n’y a pas de secret. C’est le fruit d’efforts particuliers consentis pour une meilleure qualité de Service Client. Il en va de l’amélioration du traitement des bagages à l’élargissement de l’espacement entre les sièges, à en sacrifiant 12 par avion. Ces efforts portent aussi sur la refonte du 30 | AFRIcan business journal | N°12

menu à bord, plus adapté aux différents goûts de notre clientèle. Il y a aussi le réaménagement horaire de certaines liaisons au départ des capitales africaines pour raccourcir le temps de transit à Casablanca. Par ailleurs, nous avons mis en place des sessions de formation, et renforcé notre personnel navigant, en les recrutant dans différents pays du continent, pour justement répondre au mieux aux exigences des clients. Car, pour nous, la qualité de Service Client s’impose comme un enjeu clé de satisfaction et de fidélisation. C’est pour cela que je reste persuadé que cette reconnaissance, consacrant Royal Air Maroc

comme meilleure compagnie aérienne régionale en Afrique, est un hommage au travail acharné et au dévouement du personnel du Groupe, pour hisser la qualité de service au niveau des standards internationaux et atteindre les meilleures performances. Notez cependant que nous ne serons entièrement satisfaits que lorsque nous aurons décroché les 4 étoiles sur ce classement prestigieux. Ces succès ne doivent pourtant pas occulter les perturbations que nous connaissons lors des pointes saisonnières : 772.000 passagers transportés en août 2014 pour une moyenne annuelle de 500.000 par mois.


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le grand entretien

"Le continent n’est pas pour nous un champ de bataille périphérique, il est au cœur de notre stratégie, en ligne avec les orientations des plus hautes autorités du Royaume. "

Début 2012, vous avez mis en place un plan de redressement, après une perte estimée à 1,2 milliard de dirhams. Quels étaient les grands axes de cette restructuration ? Pour réussir ce tournant décisif, nous avons mis en place une batterie de mesures dont les résultats, je le rappelle, contribuent aujourd’hui encore à la réduction des charges de la compagnie. Nous avons procédé à la refonte complète du réseau et opté pour le recentrage de l’activité de la compagnie autour du hub de Casablanca. Parmi les mesures, il y a eu aussi le retrait de la flotte de dix avions dont le coût de maintenance, très élevé pesait lourdement sur nos charges, le recentrage sur le corps de métier de la compagnie et la session d’actifs non stratégiques. Le choix de rationalisation de notre organigramme qui a abouti à la réduction du nombre de directions, la mise en œuvre du plan social concerté pour réduire nos effectifs, de 5.600 à 2.700 salariés et l’externalisation des activités annexes, en partenariat avec des leaders mondiaux, ont fortement contribué à l’amélioration de la productivité de la compagnie. Cette métamorphose a permis de faire de Royal Air Maroc aujourd’hui, une entre32 | AFRIcan business journal | N°12

prise performante et compétitive, avec des coûts de production très faibles comparés à la concurrence. Le plan global de réduction de charges, combiné aux efforts consentis par le personne pour l’amélioration de la productivité, s’est traduit par des performances historiques sur le plan commercial, économique et financier du Groupe. Le résultat d’exploitation de l’exercice 2013, à 789 millions de DH, est un record dans les annales de la compagnie. Cette tendance devrait se maintenir au regard de l’évolution du trafic et du chiffre d’affaires à la fin du 1er semestre de l’année en cours. Contrairement à plusieurs compagnies aériennes, la RAM a décidé de maintenir ses vols sur des pays touchés par le virus Ebola comme la Guinée, la Sierra Leone, et le Libéria. Qu’est ce qui a motivé cette décision ? C’est une suite logique. Sous l’impulsion de Sa Majesté, le Maroc est fortement impliqué dans la dynamique de développement du continent, non pas d’une façon périphérique, mais de manière centrale. En soutenant la politique africaine du Royaume dont l’africanité est désormais inscrite dans sa constitution, Royal Air Maroc, à l’instar des grandes

institutions du pays, continue à desservir ces trois pays mis en quarantaine, parce que frappé par le virus Ebola. Car, pour nous, toute attitude de fuite en avant, devant le danger et l’abandon de nos frères africains est inconcevable. Dès lors que les instances internationales et les autorités sanitaires ont mis en place des procédures et méthodes qui garantissent la sécurité sanitaire de notre personnel et des passagers, je déplore, à titre personnel, que Royal Air Maroc soit la dernière compagnie africaine à desservir ces pays. Notre attitude est la démonstration certes modeste, mais engagée de l’identité profonde africaine de notre compagnie. Cette décision de maintenir connecté au reste du monde ces trois pays, trouve son fondement dans la solidarité fraternelle qui lie le Royaume à l’essentiel des pays du continent. Je rappelle que nous avons recruté des dizaines de salariés, essentiellement hôtesses et stewards, en provenance du Sénégal, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et du Cap-Vert pour encore refléter mieux notre identité. Le continent n’est pas pour nous un champ de bataille périphérique, il est au cœur de notre stratégie, en ligne avec les orientations des plus hautes autorités du Royaume.


le grand entretien

C’est une réelle vocation. Je vous renvoie à l’adresse de Sa Majesté, aux décideurs politiques et économiques ivoiriens, à Abidjan le 24 février 2014, à l’occasion de sa dernière tournée sur le continent, qui a mis en perspective tous les attributs d’un discours fondateur d’une véritable coopération SudSud. Voilà qui conforte encore plus le choix assumé de l’Afrique de Royal Air Maroc, qui je le rappelle, a opéré son premier vol international sur Dakar, voilà près de 60 ans. Ceci dit, nous ne sommes en rien responsables de la disparition sur les radars d’Air Afrique, en février 2002. La fragilité du paysage aérien africain que vous soulignez dont nous-mêmes avons souffert à travers Air Sénégal International n’est bénéfique pour personne. De toute évidence, si l’environnement n’est pas sain, aucune compagnie, encore moins les petites, n’est à l’abri du sort subi par Air Afrique et Air Sénégal International. Notre partenariat avec les plus grandes manifestations culturelles du continent s’explique, lui, par notre volonté de mieux faire percevoir l’engagement africain de notre compagnie. Le Maroc est un pays africain, RAM appartenant à l’Etat marocain, par définition c’est une compagnie africaine. Elle est pré-

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Royal Air Maroc a élaboré une stratégie africaine, matérialisée par le parrainage d’évènements et de manifestations culturels comme le pèlerinage des adeptes de la Confrérie Tidiane à Fès, le festival Dak’Art au Sénégal, le FESPACO de Ouagadougou ou encore le MASA à Abidjan. Cette nouvelle politique, est-ce une réelle vocation, ou simplement une opportunité à saisir du fait de la fragilité du paysage aérien africain caractérisé notamment par la disparition d’Air Afrique, et la faiblesse des petites compagnies locales ?

"Notre partenariat avec les plus grandes manifestations culturelles du continent s’explique, lui, par notre volonté de mieux faire percevoir l’engagement africain de notre compagnie."

sente dans des dizaines de pays sur le continent depuis longtemps. Nous nous employons chaque jour à prendre les mesures nécessaires pour que cette réalité devienne une perception généralisée. Là aussi, nous faisons sienne de ce message de Sa Majesté : «L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique». Chez Royal Air Maroc nous avons confiance dans notre continent.

Vous comptez renforcer l’effectif de votre personnel navigant en recrutant 20% du total du PNC en Afrique de l’Ouest, dans quel but ? C’est d’un côté une désignation objective du management, sachant que 25% de nos passagers sont des Subsahariens. C’est donc tout à fait naturel de croire que AFRIcan business journal | N°12 | 33


le grand entretien une partie de notre personnel navigant ou au sol, apporterait un plus culturel dans le traitement de cette catégorie de clientèle. Comme du reste le feraient leurs collègues marocains avec leurs compatriotes-clients. Nous ne sommes qu’au début du déploiement de notre stratégie Afrique, pour ce volet nous constatons déjà, qu’au-delà des méthodes de travail aussi rodées, soient-elles, cette mixité culturelle apporte un plus sur la culture du Service Client que nous sommes en train de construire. Nous sommes sûrs qu’à terme de ce processus, la perception d’africanité de notre compagnie sera plus généralisée. Peut-on avoir une idée sur la stratégie de diversification industrielle de la RAM. Après l’hôtellerie, le renforcement des capacités des pilotes vous venez de signer un accord dans le domaine de la peinture d’avions. Cela ne risque-t-il pas de vous éloigner de votre domaine d’activité stratégique dans un secteur où il faut être de plus en plus centré sur son métier de base ? C’est très lié à ma conviction, qu’on ne peut plus être concurrentiel en continuant d’internaliser l’ensemble des activités destinées au transport aérien. Malgré sa cinquantaine d’avions, Royal Air Maroc reste une petite compagnie pour atteindre des coûts compétitifs. Les opérations de partenariat que nous menons ont pour objectif d’améliorer la gestion de nos activités de support et de baisser les coûts en exploitant au mieux les ressources par la conquête de nouveaux marchés extérieurs à la compagnie. C’est ainsi que par exemple, notre centre de maintenance moyen-courrier qui traitait une quarantaine d’appareils par an, depuis qu’il s’est rapproché d’Air France Industries, dans le ca34 | AFRIcan business journal | N°12

BIOEXPRESS Driss Benhima né le 28 mai 1954 à Safi, est un haut fonctionnaire et chef d'entreprise marocain, actuellement Président-Directeur Général de Royal Air Maroc, la compagnie aérienne du Maroc. Il fut nommé à ce poste le 15 février 2006 par le roi Mohammed VI. Benhima a rejoint l'OCP (Office Chérifien des Phosphates) en tant qu'ingénieur d'exploitation à ciel ouvert dans la mine de Sidi Daoui à Khouribga. Il quitte l'OCP en 1990 après avoir assuré la fonction de directeur d'exploitation du site de Khouribga pour être nommé Président de la S.M.O.A. (Société Marocaine d'Oxygéne et d'Acétylène, filiale marocaine de l'Air liquide, leader mondial des gaz industriels. Le 19 mars 1994, il est nommé Directeur Général de l'Office National d'Electricité (ONE), monopole public de fourniture d'électricité au Maroc. En tant que DG, Benhima a notamment poursuivi l'effort d'accélération de l'électrification des zones rurales avec pour objectif de généraliser l'accés à l'énergie en 2010. Durant son mandat, il a également été choisi pour faire partie du gouvernement de transition, sous la primature de Abdellatif Filali (entre août 1997 et mars 1998) en préparation de l'Alternance avec le gouvernement USFP de Abderrahman El Youssoufi. Benhima fut Ministre des Transports, du Tourisme, de l'Energie, des Mines et de la Marine Marchande. De juillet 2001 à mars 2004, Benhima fut Wali du Grand Casablanca. Il fut ensuite nommé Directeur de l'Agence de Promotion et de Développement des Provinces du Nord (APDN). En novembre 2010, il a été élu à Addis-Abeba à la présidence de l'Association des compagnies aériennes africaines (Afraa).

dre d’une joint-venture, est monté en gamme. Il traite aujourd’hui le double de son portefeuille initial. Ceci a pour conséquence l’amélioration de sa productivité et la baisse de ses coûts. C’est aussi un message à mes frères africains : il est très difficile d’espérer atteindre des coûts concurrentiels en dessous d’une certaine taille de compagnie. Quelles sont les principales menaces qui pèsent le plus sur la RAM provenant de son environnement concurrentiel ? Et que faites-vous pour les contenir ? Il y a deux axes. Partant du constant que nos concurrents les plus féroces bénéficient d’un environnement administratif, social et fiscal avantageux, il est indispensable, pour résister, d’harmoniser le plus vite possible notre propre environnement. Le second axe consiste à s’appuyer sur nos avantages concurrentiels

naturels, en particulier la position géographique idéale du hub de Casablanca, entre le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest. Dans votre longue carrière, vous avez été Ministre, Gouverneur, Chef d’entreprise. Quel est le point commun entre le grand commis de l’Etat et le chef d’entreprise dans la conduite des missions qui vous ont été confiées jusque-là ? Le responsable d’une entreprise étatique doit veiller à ce que la gestion des ressources humaines soit à l’avant-garde du progrès social. Ceci ne veut pas dire céder à toutes les revendications car, certaines sont parfois corporatistes ou abusives. Cela veut même vouloir dire supprimer des pratiques parfois solidement ancrées mais surtout garantir à l’agent de l’Etat qu’est l’employé d’une entreprise publique une couverture sociale convenable, des perspectives de


le grand entretien

"Le modèle low cost n’est pas adapté à la taille actuelle du marché mais le business model qu’il constitue est un benchmark incontournable."

retraite dignes. En clair c’est garantir un environnement de travail où le mérite s’exprime, où la dignité de chacun est respectée. Je ne parle même pas de l’accès à un salaire décent car c’est déjà le cas dans l’ensemble des entreprises publiques du Royaume. Cette préoccupation de garantir un cadre social d’avant-garde dans les institutions publiques que j’ai l’honneur de diriger, et je crois, est une des caractéristiques essentielles d’un dirigeant professionnel au service de l’Etat marocain. Cela veut même souvent dire supprimer des pratiques anciennes mais injustifiables, des usages appliqués au bénéfice du personnel sans justification légale ou sociale. Je suis conscient que cette politique sociale représente un coût par rapport à la gestion privée. Mais le secteur public a cette mission implicite qui lui est attribuée par l’Etat pour constituer un pôle d’exemplarité au service du progrès social d’un pays. Quelle approche «Asie» avezvous pour la RAM ? Je pourrai vous dire qu’on s’y intéresse. Ce qui serait normal. On envisage d’y ouvrir des routes, surtout avec l’arrivée prochaine du Dreamliner qui est un long-

courrier très performant. Mais je dois dire qu’à valeur aujourd’hui, le marché asiatique n’est au centre de nos préoccupations. Je privilégie surtout la recherche de partenariats avec des compagnies opérant sur ce marché afin d’offrir à notre clientèle des trajets courts, agréables et prix compétitifs. Je suis persuadé que l’année 2015 verra l’aboutissement de ces recherches.

densité et la segmentation des services vendus. Le modèle low cost n’est pas adapté à la taille actuelle du marché mais le business model qu’il constitue est un benchmark incontournable.

U n e   c o m p a g n i e   « l o w   c o s t » est-elle pertinente en Afrique ? Quelle est votre position sur le sujet ?

La première stratégie a été tentée avec le pays où elle aurait dû le plus facilement réussir, le Sénégal en l’occurrence. La leçon tirée de cette expérience a été pénible, frustrante et coûteuse. Notre Conseil d’Administration nous interdit désormais à prendre le contrôle d’une compagnie nationale. Par contre, nous réfléchissons principalement avec les pays frères de la communauté du fleuve Mano à la solution qui permet d’envisager la création d’une compagnie qui appartiendrait à plusieurs pays, tout en franchissant l’étape de montée en puissance. C’est-àdire l’étape qui permet de passer de zéro avions à l’étape nécessitant au moins 15 appareils, en s’adossant à une compagnie déjà mature, en l’occurrence Royal Air Maroc. C’est difficile à ce stade d’en dire plus. 

La première vertu d’une compagnie low cost, c’est d’être énorme. Prenons l’analogie avec l’apparition des world cars à petits prix. Vouloir créer une compagnie aérienne low cost à moins de 150 avions, en Afrique, reviendrait à vouloir construire une Dacia Logan dans un atelier mécanique de quartier. Elle finira à ressembler à son modèle au prix d’une Rolls Royce sortie d’usine. Il est vrai que nous devons nous inspirer de certaines pratiques intelligentes, inventées par les low cost, pour nos compagnies, comme l’externalisation des activités support, l’harmonisation de la flotte, la priorité donnée aux routes à forte

Peut-on envisager une stratégie de croissance externe avec le rachat de petites compagnies africaines, ou alors privilégiezvous une croissance interne ?

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Infrastr

Et si l’Afri sur les éco perform

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La juxtaposition d’infrastructures, aussi grandioses et aussi impressionnantes soient-elles, n’est plus la panacée. De nombreux Etats optent désormais pour la construction intelligente, de véritables écosystèmes performants qui regroupent de grands pôles urbains ou zones économiques spéciales complémentaires. L’Afrique qui souffre d’un manque criard d’infrastructures devrait épouser ce modèle pour booster sa croissance et relever les innombrables défis démographiques, d’autant plus que ce déficit infrastructurel plombe sa

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actualité Réalisé par Elimane Sembène

ructures

ique misait osystèmes mants ?

affrontements post-électoraux meurtriers (3.000 morts) entre 2010 et 2012, la Côte d'Ivoire sous le nationale, avec l’ambition de devenir une économie qui émerge à l’horizon 2020. Retour sur 60 ans que ivoirien", la crise du modèle économique (Capitalisme d’Etat) dans les années 80 et 90, sur la crise rités gouvernementales ivoiriennes, le Plan National de Développement 2012-2015.

rêver

croissance économique de 2% par an et limite la productivité des entreprises jusqu’à 40%. Cette nouvelle vision urbanistique ne fait pas encore légion dans le continent. Seuls quelques pays comme l’Afrique du Sud (smart-city de Modderfontein), le Maroc (ville verte Mohammed VI) et le Sénégal (zone économique spéciale intégrée de Dakar) misent sur ces écosystèmes performants. Ce focus met en lumière cette nouvelle architecture innovante et expose leur moult avantages socio-économiques pour l’Afrique.

© Photo D.R

Dossier réalisé par Mohamadou SY "Siré"

N°09 | 37 AFRIcan business journal | N°12


FOCUS

Infrastructures

D’après la Banque mondiale, 48 pays africains ont une capacité totale de 68 gigawatts, soit la capacité de l’Espagne.

Quand

© photo A.F.P

les fo Par E.S.

L’Afrique souffre d’un manque criard d’infrastructures. Un déficit perceptible dans plusieurs domaines, et qui constitue une entrave à l’essor économique du continent. Sur le baromètre mondial des infrastructures, l’Afrique occupe le bas de la pyramide. Son dossier présente plusieurs lacunes : des infrastructures obsolètes, un manque de connectivité entre les différents moyens de locomotion, l’absence de politiques adéquates, une gestion inefficace. La liste des manquements est kilométrique. Le déficit infrastructurel plombe sa croissance économique de 2% par an et limite la productivité des entreprises à 40%, d’après une étude de la Banque mondiale intitulée «Infrastructures africaines: une transformation 38 | AFRIcan business journal | N°12

impérative» réalisée dans 24 pays africains. Pourtant, ce ne sont pas les financements qui manquent, chaque année, 45 milliards de dollars sont débloqués, mais le déficit reste énorme. Si l’on se fie aux projections de l’institution bancaire, d’ici 2020, les Etats africains devront débloquer la rondelette somme de 93 milliards de dollars par an, pour résorber ce gap. Ce qui représente 15% du produit intérieur brut, soit le total des investissements de la Chine en infrastructures au cours de la dernière décennie.

Plusieurs experts déclinent des perspectives rassurantes sur la croissance de l’Afrique, avec un taux qui devrait se situer autour des 6% par an en moyenne entre 2010 et 2040. Mais pour atteindre la barre des 6 voire 7%, nos pays devraient investir 5% de leur PIB sur les infrastructures, et consacrer 4% supplémentaires aux activités d’exploitation et d’entretien de ces projets. L’électricité, un luxe Concrètement, le niveau déplorable des infrastructures transparait notamment dans les secteurs de


FOCUS

nfrastructures

l’Afrique néglige l’électricité, de l’eau, des transports et des TIC. Le casse-tête énergétique, matérialisé par des coupures intempestives d’électricité, constitue un problème préoccupant. Elles constituent une épine dorsale pour l’économie. La régularité du réseau est même devenue à la limite, l’exception. Pas moins de 30 pays africains sont touchés par ces délestages. Pour démontrer l’ampleur du phénomène, la Banque mondiale s’est prêtée à une comparaison pour le moins frappante. Selon l’institution de Bretton Woods, 48 pays africains ont une capacité totale de 68 gigawatts, soit la capacité de l’Espagne. Plus grave encore, un quart de cette capacité n’est pas disponible à cause de la vétusté des centrales et le manque de maintenance. L’absence d’équipements sophistiqués entraine naturellement un coût moyen de production très élevée 0,18 dollar par kilowatts/heure, comparée à la moyenne mondiale. L’eau, une rareté L’eau, liquide très précieux, ne coule pas dans tous les foyers. Moins de 60% de la population africaine a accès à l'eau potable.

Une situation assez paradoxale, si l’on sait que le continent dispose de 60 cours d’eau transfrontaliers. Durant les 40 dernières années, les terres irriguées ont occupé une superficie de 4 millions d’hectares, contre respectivement 25 millions et 35 millions d’hectares en Chine et en Inde. Selon l’étude, la variabilité hydro-climatique, le stockage inapproprié, la demande croissante, et le manque de coopération transfrontalière sont les obstacles inhérents à l’accès à l’eau. La fluidité du secteur des transports demeure encore une chimère en Afrique. Aux interconnexions inefficaces entre les différents moyens de locomotion, s’ajoutent la pénurie d’infrastructures appropriées. «40% des africains vivant dans des zones rurales habitent dans un rayon de 2 km d’une route utilisable en toutes saisons, contre 65% dans les autres régions du monde.» D’après la Banque africaine de développement (BAD), en Afrique, le pourcentage des routes goudronnées est cinq fois inférieur à celui des pays développés, ce qui engendre un coût de transport supérieur à 63% à ceux de ces pays.

© photo D.R

on damentaux

AFRIcan business journal | N°12 | 39


FOCUS Par E.S.

Investissements

Qui finance nos infrastructures ? Le montage financier des infrastructures demeure un point essentiel. Qui finance ces grands projets ? Quels sont les secteurs privilégiés ? Qu’en est-il de la contribution des bailleurs de fonds ? Eléments de réponse. L’équation est très simple. Sans financements, point d’infrastructures. Et sans infrastructures, point d’émergence. Les Etats africains ont bien compris cette formule. Ils essaient de consacrer, chacun à sa manière, des flux financiers pour l’édification des projets d’envergure. Ainsi, les experts du programme diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD) révèlent que la majeure partie des dépenses publiques d’infrastructures en Afrique subsaharienne sont réalisées par les entreprises d’Etat. Leur participation est plus importante dans les pays à revenu moyen où ils contribuent à hauteur de 70%, tandis que dans les pays à faible revenu, qui n’exportent pas du pétrole le pourcentage avoisine les 60%. Ces dépenses concernent notamment l’exploitation et la maintenance. «Les États sont les grands argentiers

des investissements en infrastructure en Afrique subsaharienne. Excepté dans les pays à moyen revenu, les États sont à l’origine de 80 à 90 % de l’ensemble des investissements en capital. Ils allouent systématiquement au moins 80% de leur budget d’infrastructure aux investissements. Dans les pays à faible revenu qui dépendent de l’aide ou qui exportent du pétrole, l’État prévaut en tant qu’investisseur en raison de son rôle pour canaliser l’aide extérieure ou prélever les droits d’exploitation sur les ressources naturelles», précise l’AICD. Plus de la moitié de ces investissements publics ciblent le secteur des transports et de la distribution d’eau (80%) et de l’énergie (40%). Transports et énergie, les grandes dépenses Cependant, les budgets alloués

20

Dépenses en % du PIB

16

600

Flux financiers consacrés à l’infrastructure

500

14

400

12 10

300

8 200

6 4

100

2

Part du PIB (%)

Losotho Afriaue du Sud Namibie Cape Vert

-

Cote d'Ivoire Rwanda Nigéria Cameroun Niger Tchad Tanzanie Ouganda Bénin Madagascar Sénégal Malawi Mozambique Zambié Ghana Kenya Ethiopie

-

Dépenses par habitant

Source: AICD, base de référence financière (2008). Note: Basée sur les moyennes annuelles entre 2001 et 2005.

40 | AFRIcan business journal | N°12

Dépenses en dollars EU par habitant

18

aux investissements diffèrent d’un Etat à l’autre. La majeure partie des Etats d’Afrique subsaharienne consacre 6 et 12% de leur PIB aux technologies de l’information et de la communication (TIC), à l’eau, à l’assainissement, et aux routes, près de la moitié y injecte 8% de leur PIB, tandis que un quart dépense moins de 5 % pour les infrastructures. «Les secteurs du transport et de l’énergie absorbent à eux deux la part du lion des dépenses d’infrastructure (soit environ 80 pour cent dans les pays à faible revenu). La lourde charge des dépenses pour l’énergie répond à la crise de ce secteur largement reconnue sur le continent. Les efforts des pays à moyen revenu pour appuyer le développement de l’énergie contrastent fortement en termes de dépenses absolues avec ceux des pays les plus pauvres », explique l’AICD. L’on ne saurait parler de financements sans évoquer le rôle prépondérant des bailleurs de fonds qui épaulent les Etats. A en croire l’Africa Infrastructure Country Diagnostic, ils déploient des investissements très élevés (80-95% de leurs allocations) dans les secteurs routiers et hydrauliques dans les pays qui dépendent de l’Aide au développement. Seul bémol, « les engagements des bailleurs pour le secteur de l’énergie ont été faibles ou inexistants, ce qui contraste fortement avec les efforts considérables des pays à faible revenu qui ont affecté eux-mêmes près de 25% de leur budget d’infrastructure publique à l’énergie afin de remédier au sous investissement de ce secteur ».


FOCUS

Parts du PIB

Dépenses publiques d’infrastructure par secteur et par institution 3.0

Entreprises d'Etat

2.5

Gouvernement Général

Investissement

2.0 1.5 1.0 0.5

Parts du PIB

3.0

Entreprises d'Etat

2.5

Gouvernement Général

Pays à revenu moyen

Pays à revenu limité

MIC

Exportateur de pétrole

Pays à revenu limité

Pays à revenu moyen

MIC

ENERGIE

Exportateur de pétrole

Pays à revenu limité

Pays à revenu moyen

MIC

EAU

Exportateur de pétrole

Pays à revenu limité

Pays à revenu moyen

Exportateur de pétrole

MIC

-

TRANSPORT

TIC

Dépenses courantes

2.0 1.5 1.0 0.5

EAU

ENERGIE

Pays à revenu limité

Pays à revenu moyen

MIC

Exportateur de pétrole

Pays à revenu limité

Pays à revenu moyen

Exportateur de pétrole

MIC

Pays à revenu limité

Pays à revenu moyen

Exportateur de pétrole

MIC

Pays à revenu limité

Pays à revenu moyen

Exportateur de pétrole

MIC

-

TRANSPORT

TIC

Source: AICD, Exercice de référence (2008).

Coûts cachés des services d’eau et d’énergie en part de PIB 4.5% 4.0% 3.5% 3.0% 2.5% 2.0% 1.5% 1.0%

Malawi

Ghana

Malawi

Zambie

Niger

Sénégal

Madagascar

Côte d'Ivoire

Mozambique

Losotho

Niger

Africque du Sud

Soudan

Rwanda

Burkina Faso

Kenya

Burkina Faso

Nigéria

Namibie

Ouganda

Ethiopie

Bénin

Cap Vert

Eau

Nigéria

0.0%

Tanzanie

0.5%

4.5% 4.0% 3.5% 3.0% 2.5% 2.0% 1.5% 1.0% 0.5%

Mauvaise estimation des prix

Ghana

Sénégal

Tanzanie

Zambie

Ouganda

Pertes non prises en compte

Cameroun

Ethiopie

Rwanda

Losotho

Cap Vert

Madagascar

Tchad

Mozambique

Énergie

Kenya

Bénin

0.0%

Recouvrement insuffisant

Trente six pour cent (36%) d’investissements dans les industries extractives Selon la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne a conclu 158 accords de financements de projets pour une dette totale de 59 milliards de $ entre 2003 et 2013. Une somme jugée trop insuffisante comparée aux 5000 projets dénombrés dans le monde au cours de la même période, pour une dette totale de 2000 milliards de $. Soit donc une participation de 3% du continent. Plus concrètement, l’organisation dirigée par le président Jim Yong Kim révèle que 21 pays d’Afrique subsaharienne ont paraphé au moins un accord de financement de projets au cours des 10 dernières années. Les quatre pays qui forment le peloton de tête sont respectivement le Nigéria (17 milliards de $), le Ghana (11 milliards de $), l’Afrique du Sud (10 milliards de $) et l’Angola (4 milliards de $). Ils représentent 70% du total des financements en Afrique subsaharienne. Le secteur des mines, pétrole et gaz se taille la part du lion avec 64% des volumes de financements, (37 milliards de $). Au total, ces industries extractives concentrent 36% du marché des financements de projets au niveau mondial, presque la moitié de la part du continent. «La part disproportionnée des industries extractives en Afrique subsaharienne met en évidence le déficit d'infrastructure de la région. En moyenne, sur la période 20032013, les financements de projets dans les infrastructures ont représenté seulement 1 milliard de dollars, contre un potentiel de 12 milliards de dollars par an », note la Banque mondiale. 

Source: Calculs propres de l’auteur sur la base des données de l’AICD

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Ecosystèmes performants

Repenser l’urbanisme au

Construire des infrastructures c’est bien, bâtir des écosystèmes d’affaires performants c’est encore mieux. Des infrastructures complémentaires qui vont assurer le bien-être des populations et booster la croissance économique. Un challenge de taille qui interpelle l’Afrique. Des gratte-ciels à perte de vue, des immeubles et des buildings administratifs très imposants,… C’est l’image qui matérialise, le plus souvent, le développement de nos contrées. D’ailleurs dans les films et séries 42 | AFRIcan business journal | N°12

hollywoodiens, les réalisateurs n’hésitent pas à focaliser les projecteurs sur des gratte-ciels de New York, de Los Angeles ou de Washington, pour exposer l’hégémonie économique du pays de l’Oncle Sam.

Des complexes multidimensionnels Mais de nos jours, le concept de développement voire d’émergence épouse d’autres contours, prend une nouvelle dimension.


FOCUS Les Etats optent de plus en plus pour la construction intelligente.

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utrement

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cohorte d’infrastructures complémentaires. Ainsi dans la même sphère on peut retrouver des résidences, des aires de jeux, des surfaces commerciales de proximité, une connexion wifi à haut débit, et un réseau de transport adapté.

La juxtaposition d’infrastructures, aussi grandioses et aussi impressionnantes soient-elles, n’est plus la panacée. D’autres méthodes, d’autres visions, et d’autres concepts apparaissent. De plus en plus, les Etats optent pour la construction intelligente. Autrement dit des pôles urbains, ou zones spécialisées qui regroupe une

L’Afrique s’y met doucement, mais sûrement Quelques modèles sont en train de sortir de terre. C’est le cas de la ville nouvelle Mohammed VI qui sera construite par l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) à quelques kilomètres de Casablanca. Cette approche est également préconisée par le gouvernement sénégalais, à travers le projet de la Zone spéciale intégrée de Diamniadio (DISEZ), à une quarantaine de kilomètres de Dakar. La future smart-city de Modderfontein non loin de Johannesburg en Afrique du Sud sera bâtie sur ce modèle, avec l’émergence d’une nouvelle génération d’infrastructures. Avec un coût estimé à 84 milliards de rands (6 millions d’euros), cette

la juxtaposition d’infrastructures, aussi grandioses et aussi impressionnantes soient-elles, n’est plus une panacée. première ville intelligente au niveau continental sera construire sur une durée de 15-20 ans, sur une superficie de 16.000 hectares. Ce nouveau centre urbain interconnecté, va accueillir plus de 30.000 familles et créera des dizaines de milliers d’emplois. Son aspect novateur réside dans la concentration de nombreuses activités : outre les résidences, les architectes ont prévu des infrastructures sportives et éducatives, des parcs de loisirs, des galeries d’art, des industries et des centres d’affaires. D’après le promoteur immobilier chinois Shanghai Zandai qui pilote ce projet, cette cité sera le futur "New York africain" et abritera les infrastructures les plus avancées et innovantes du monde. A travers ce futur joyau architectural, les autorités africaines souhaitent faire de cette ville intelligente un hub technologique pour y faire essaimer les investissements chinois. D’autres pays africains devraient imiter le même modèle.  AFRIcan business journal | N°12 | 43


FOCUS

Zone Economique

© photos D.R

L’ Afrique à l’heure d

à l’instar de certains pays africains, le Sénégal opte aussi pour l’implantation d’écosystèmes performants. Le

Objectif : faire du sénégal un hub d

A Dakar, c’est l’un des projets phare du régime actuel. Lancé en 2007 en collaboration avec la Jebel Ali Free Zone Authority de Dubaï, la construction de la zone économique spéciale intégrée de Dakar (DISEZ) avançait à reculons. C’est récemment que ledit projet a été remis au goût du jour par le gouvernement du président Macky Sall, comme faisant partie intégrante de la Stratégie de croissance accélérée. Conscient de sa dimension et de son importance, il en fait l’une des têtes de pont de sa politique économique. Cette infrastructure, la première du genre dans le pays, sera construite sur une superficie 44 | AFRIcan business journal | N°12

de presque 15.000 hectares et coûtera un investissement de 800 millions de dollars. Attirer 1000 entreprises d’ici 20 ans D’après l’Agence sénégalaise pour la promotion des grands travaux (Apix) qui supervise les travaux, elle abritera un parc industriel, des espaces et services, des bureaux, une plateforme logistique, une zone commerciale, des complexes touristiques et des zones résidentielles. Le choix du site de Diamniadio n’est pas anodin. Cette localité se situe à 45 km de Dakar, et est accessible via la nouvelle

autoroute à péage. Sa proximité avec le futur aéroport international Blaise Diagne (AIBD) constitue également un avantage de poids. L’Etat du Sénégal compte mettre à profit tous ses atouts pour séduire les investisseurs avec pour objectif l’implantation en moyenne de 400 entreprises au cours des premières années d’exploitation, et 1000 entreprises durant les 20 prochaines années. «La Haute Autorité en charge de l’administration de la Zone offrira aux entreprises, à travers un Guichet Unique, les services collectifs (télécommunications, électricité, eau, gestion des ordures, etc.) les services administratifs (agrément,


FOCUS

conomique Spéciale

des villes intégrées

e gouvernement a lancé en 2007 le projet de construction d’une zone économique spéciale intégrée à Dakar.

des affaires en Afrique de l’Ouest.

permis et licences, autorisations, banques et services financiers) et logistiques (transport, stockage) dans le respect des meilleurs standards internationaux», indique l’APIX. La zone de Diamniadio devrait permettre la création de 40.000 emplois et à terme, plus de 100.000 emplois indirects. Une solution pour gérer la densité des villes Outre le Sénégal, d’autres pays d’Afrique subsaharienne investissent dans ces nouveaux types d’infrastructures. Ainsi, la RDC, l’Ethiopie, le Congo, la Tanzanie, et le Rwanda développent des

projets similaires. Cette floraison ascendante de zones spéciales permettra au continent de mieux faire face à l’urbanisation galopante. En effet, d’après la Division de la population des Nations Unies, le nombre de résidents urbains a plus que doublé en Afrique au cours des deux dernières décennies pour atteindre actuellement plus de 412 millions d’habitants, soit 40% de la population africaine. Les prévisions de l’instance onusienne table sur un chiffre de 870 millions à l’horizon 2035. «À ce stade, la moitié des Africains habiteront en zone urbaine», prédit-elle. A titre illustratif,

Lagos (Nigéria) et Kinshasa (RDC) qui occupent aujourd’hui les 18e et 29e rangs dans le classement des villes les plus peuplées du monde, logeront respectivement aux 11e et 12e places d’ici 2025 et dépasseront même le Caire, la plus grande ville du continent. «Au cours des 10-15 années à venir, les populations de Dar es Salam et de Nairobi pourraient doubler tandis que celle d’Addis-Abeba devrait croître de plus de 60%». Ces nouvelles cités intégrées permettront de réguler ces flux massifs et offriront des plateformes adéquates, innovantes et multifonctionnelles pour répondre à leurs attentes. AFRIcan business journal | N°12 | 45


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Ville verte Mohammed VI

Un écosystème innovant et performant La ville verte Mohammed VI symbolise l’émergence des écosystèmes performants en Afrique. Ce complexe multifonctionnel regroupera des infrastructures complémentaires, caractérisées par une forte empreinte écologique. La cité verte n’est pas encore sortie de terre, mais elle attire déjà les regards et reçoit des éloges. Elle sera construite près de la ville de Benguerir, située à 173 km de Casablanca et à 74 km de Marrakech. L’édifice a été inauguré en 2009 par le Roi Mohammed VI et souhaite être le reflet d’une nouvelle forme d’urbanisme. L’ouvrage sera réalisé en trois phases sur une dizaine d’années. D’une superficie de 1000 ha, la nouvelle ville comptera 100.000 habitants et sera

dotée d’infrastructures innovantes et complémentaires. La structure sera construite sous la forme d’une architecture écologique. Sur le plan immobilier, les immeubles résidentiels à partir de matériels  bioclimatiques sont prévus. Ces bâtiments seront alimentés en énergie solaire provenant des panneaux photovoltaïques. Les eaux usées qui proviendront de ces résidences, seront acheminées vers une station d’épuration, avant d’être réutilisées pour l’arrosage des

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l’édifice a été inauguré en 2009 par le roi mohammed vi et souhaite être le reflet d’une nouvelle forme d’urbanisme.

espaces verts. Un système de tri, de recyclage et de réutilisation des déchets est également prévu. « Premier projet de cette nature sur le continent africain, ce futur pôle urbain, obéit aux exigences du développement durable selon un cahier des charges visant la certification de niveau international … Ce chantier d’envergure (…) sera à l’avant-garde en matière environnementale dans la maîtrise des émissions de CO2 pour les transports. Le cahier des charges de la


FOCUS ville verte intègre également les normes d’une gestion responsable de l’eau. La future cité prévoit également l’usage des techniques de valorisation des déchets par les filières appropriées et le recours aux énergies renouvelables et propres », indique Moustapha Terrab PDG de l’Office Chérifien des phosphates qui pilote ce projet.

La formation, un des poumons de la cité La dimension scientifique est l’un des ADN de la ville verte. Elle est symbolisée par l’Université Polytechnique Mohammed VI, qui aura un statut privé et une vocation internationale. La Recherche-Développement (R&D), la formation, le transfert des technologies, l’incubation de

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Nouveau mode de transport Le secteur des transports constitue un problème Sisyphien dans nos villes. Les nuisances occasionnées par les embouteillages et leur vacarme incessant dérangent grandement les usagers. Les concepteurs de la cité Mohammed VI ont pris en compte cette dimension. Des bus électriques circuleront dans des quartiers compacts et équipés, avec de nombreuses pistes recyclables. Parallèlement, un cordon vert de 4 km sera construit entre la nouvelle ville et la ville de Benguerir. 50.000 arbres seront construits sur une superficie de 80 hectares, et auront comme voisins cinq oasis, des centres d’équipements de loisirs, de découverte, de récréation et de lien social.

D’une superficie de 1000ha, la ville comptera 100.000 habitants et sera dotée d’infrastructures innovantes et complémentaires.

la ville mohammed vi vise la certification leed for neighborhood   development (LEED ND)

projets innovants et porteurs, et l’ouverture sur l’entreprise sont les grands axes de cet établissement. Ces formations seront dispensées dans différentes écoles, à travers plusieurs disciplines telles que le management industriel, ingénierie, agriculture en zone aride, technologies vertes et développement durable, urbanisme et architecture, business et management, gouvernance et administration publiques et services de santé. Les cours seront animés par des professeurs et chercheurs marocains et étrangers. Ils logeront dans un quartier résidentiel de 23 hectares, comprenant une centaine de villas, des centres de loisirs, et des commerces de proximité. L’Université envisage de mettre en place un système de partenariat avec des établissements de renommée internationale comme le Massachusetts Institut Of Technology (MIT), HECParis. D’ailleurs, une première

convention a été signée entre l’OCP et l’Ecole des Mines de Paris. Outre le pôle universitaire, la ville verte accueillera aussi un lycée d’excellence spécialisée dans l’éducation et la formation. Cet institut d’un coût global de 360 millions de dirhams sera érigé sur une superficie de 10 hectares, et abritera des classes préparatoires réservées aux meilleurs étudiants qui seront logés dans des résidences. Enfin, les futurs touristes de la nouvelle ville découvriront un centre de formation industriel, un hôpital et une clinique, des établissements touristiques, une maison de la culture et du cinéma, des infrastructures sportives et lieux de loisirs, ainsi que des équipements de proximité. La ville Mohammed vise la certification Leed for Neighborhood  Development (LEED ND), «le premier projet de cette ampleur à viser cette certification en Afrique». 

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Smart Cities

Une alternative pour gérer l’urbanisation galopante

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L’urbanisation exponentielle couplée aux urgences sociales et menaces sécuritaires, forment un cocktail explosif pour nos villes. Les « Smart cities » ou villes intelligentes constituent une alternative pour redorer leur image et amorcer un nouveau virage.


FOCUS Le vocable "Smart city" ou ville intelligente est de plus en plus utilisé dans la littérature verte. Green City, connected city, ville numérique, écocité, ville durable sont autant de synonymes employés. Plusieurs déclinaisons, même objectif : faire émerger des cités vertes, connectées aux technologies nouvelles. L’Encyclopédie libre Wikipedia le définit comme «un type de développement urbain apte à faire face aux besoins des institutions, des entreprises et des citoyens, tant sur le plan économique, social qu’environnemental». Rudolf Giffinger, expert en recherche analytique sur le développement urbain et régional à l’université technologique de Vienne décortique davantage ce concept. D’après lui, six principaux critères permettent de déterminer une ville intelligente : une économie intelligente, une mobilité intelligente, un environnement intelligent, des habitants intelligents, un mode de vie intelligent, et une administration intelligente. Concilier croissance et développement durable Plus précisement, il s’agira de mettre en place un système de transport innovant, matérialisé par une intégration entre les différents moyens de locomotion. Ce système facilitera le déplacement des usagers et permettra de mieux réguler le transport, et d’éviter les ritournelles scènes d’embouteillages qui caractérisent les grandes métropoles africaines. L’usage des bus ou voitures électriques réduira considérablement la pollution de l’air. L’administration intelligente se traduit par la numérisation des pro-

cédures. L’e-gouvernement, encore embryonnaire en Afrique, doit être adopté par nos institutions publiques pour se mettre aux diapasons de l’ère numérique. Le Rwanda a montré la voie en décidant d’adopter à partir de janvier 2015, la numérisation des services publics via le site Rwanda Online. Les Rwandais pourront ainsi avoir accès à une centaine de services sociaux comme l’Etat civil, l’assurance maladie, le service des passeports, les licences de commerce, les titres fonciers, les permis de conduire, etc.

aujourd’hui, la mise en place de green city en afrique n’est plus une option, mais plutôt une nécessité.

Les Smart Cities ont une forte empreinte écologique. Ce visage vert est perceptible à travers la réutilisation et une valorisation des déchets, l’efficacité énergétique avec l’utilisation de systèmes électriques innovants comme les smart-grids, et l’usage des énergies renouvelables comme le solaire et le photovoltaïque. Le concept d’immeubles verts et l’aménagement de jardins verts sur les toits de grands édifices est aussi en vogue dans plusieurs villes occidentales. Les technologies de l’information et de la communication sont l’une des innovations les plus remarquables des smart cities. Les Wifi Outdoor (connexion gratuite) offrent aux citadins la possibilité de rester connectés avec leurs ordinateurs ou smartphones dans les différentes artères de la ville. Luanda en Angola est la première ville africaine à offrir ce sevice à ses citoyens. Ce service constitue un argument très séduisant pour attire touristes et éventuels investisseurs. Même si plusieurs pays africains ont obtenu des notes satisfaisantes dans le classement Doing

Business 2014, des efforts restent à faire pour alléger les diverses procédures entrepreneuriales. Une nécessité pour gérer l’urbanisation exponentielle Aujourd’hui, la mise en place de Green city en Afrique n’est plus une option, mais plutôt une nécessité. Le contexte actuel l’exige, les prévisions démographiques l’imposent. C’est un pléonasme de dire que les villes du continent refusent du monde. L’urbanisation exponentielle prend des proportions de plus en plus alarmantes. Et la tendance évolue crescendo. Le nombre de citadins devraient se situer à 870 millions en 2035, selon la Division de la population des Nations Unies. Durant les dix-quinze prochaines années, la population de Dar Es Salam (capitale Tanzanie) et de Nairobi (Kenya) pourraient doubler et celle d’Addis-Abeba s'accroître de plus de 60%. «Le taux de croissance moyen de toutes les villes d’Afrique subsaharienne d’un million d’habitants ou plus s’élèvera à 32 % sur les 10 prochaines années, à l’exception des villes d’Afrique du Sud et de Brazzaville (…)», indique l’Onu-Habitat. Un rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) publié mi-aout révèle qu’en 2050, 40 % de la population mondiale sera africaine. Autant de défis qui doivent inciter les Etats africains à opter pour les smart-cities pour gérer efficacement ces importants flux. «Aucun gouvernement africain ne peut se permettre d’ignorer la rapide transition urbaine en cours à travers le continent. Les villes doivent devenir des priorités pour les politiques publiques», suggère l’Onu-Habitat. 

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FOCUS Fonds Africa 50

De gauche à droite : Tas Anvaripour, Charles Boamah, et Saïd Ibrahimi DG de CFC lors de l’installation du Fonds Africa 50 à Casablanca.

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Une locomotive pour les infrastructures

La Banque africaine de développement (BAD) a lancé le Fonds Africa 50 pour encourager le financement de projets en Afrique. Cette plateforme d’investissements aura trois grands actionnaires : les Etats, les investisseurs privés, des entreprises publiques et parapubliques africaines et étrangères. Le déficit abyssal d’infrastructures n’est pas une chimère en Afrique, c’est bien une triste réalité. Les précédents papiers l’ont bien démontré. Le Fonds Africa50 souhaite résoudre cette équation, à travers la création d’une plateforme d’investissement d’infrastructures exclusivement dédiées à l’Afrique, à travers des capitaux privés et publics. Dans un premier temps, le fonds envisage de collecter 3 milliards de dollars pour démarrer ses activités, avant d’atteindre la barre des 10 milliards de financements dans les trois prochaines années. Cette manne financière lui permettra de financer différents projets tels que le Programme pour

50 | AFRIcan business journal | N°12

le développement des infrastructures en Afrique (PIDA) pilotée par le Nepad. « Africa50 aura besoin de 10 milliards de dollars de fonds propres, tout en attirant en capital global et local d’une valeur de 100 milliards de dollars », a indiqué Tas Anvaripour directrice d’Africa50, lors de l’installation du fonds dans les locaux de Casablanca Finance City (CFC), le 3 septembre 2014. Le Fonds est une structure indépendante mais s’il bénéficie de l’appui de la BAD sur le plan administratif. La BAD prévoit d’y injecter 500 millions de dollars pour donner pour encourager les investisseurs. Tous les types d’infrastructures sont susceptibles

d’être financés, mais le fonds privilégiera les projets ayant trait aux secteurs de l’énergie et des transports. Ces projets seront sélectionnés sur la base de trois principale critères, « leur valeur ajoutée à l’économie, en termes d’amélioration de points de croissance, mais également sur les impacts socio-économiques à favoriser », précise Tas Anvaripour. A peine lancé, le nouveau véhicule financier du continent se veut ambitieux en prévoyant une cotation en bourse. D’après Charles Boamah vice-président Finances de la BAD, « Africa 50 pourrait même entrer en cotation à la bourse. La logique voudrait que cela soit à la bourse de Casablanca ». 


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ENTRETIEN

Yacine Diama Fal Représentante résidente de la BAD au Maroc

«« Créer un véhicule identique aux plateformes d’investissements qui existent ailleurs » » A.B.J.: Le Fonds Africa 50 vient d’établir ses quartiers à Casablanca. Concrètement, de quoi s’agit-il ? Yacine Diama Fal: L’Afrique souffre d’un énorme déficit d’infrastructures qui freine son développement. Parti de ce constat, le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et beaucoup de responsables africains de haut niveau ont constaté que ce déficit représente environ la moitié des besoins annuels en financement d’infrastructures dans le continent, soit l’équivalent de 100 milliards de dollars, alors que les projets du genre ne sont financés actuellement qu’à hauteur de 50 milliards de dollars. En même temps, on

constate qu’il y a énormément de ressources d’origine africaine mais qui sont investies ailleurs à travers différents canaux hors du continent. L’idée de Africa50 c’est de créer une plateforme, un véhicule, une entité qui va permettre de répondre aux problèmes de financement des infrastructures, structurer des projets en terme de bancabilité et en terme de mobilisation des financements, créer un véhicule identique aux plateformes d’investissements qui existent ailleurs. C’est la même approche qui est déployée au Maroc avec Casablanca Finance City (CFC), au lieu d’aller à la bourse de New York, le Royaume a crée une plateforme pour mobiliser les financements.

Le Fonds est domicilié au siège de Casablanca Finance City (CFC) en lieu et place d’autres grandes places financières comme Johannesburg, Abidjan et Tunis qui s’étaient manifestées. Qu'est-ce qui justifie ce choix? Nous étions dans un processus d’appel d’offres pour héberger le Fonds Africa 50. La Banque a reçu plusieurs offres avec des critères très importants pour assurer la viabilité et la crédibilité du fonds, ces offres ont été examinées par des firmes de renommée internationale et qui ont une grande expertise, pour effectuer cette sélection, et c’est à l’issue de ce processus rigoureux que le Maroc a été choisi comme hébergeur d’Africa 50. AFRIcan business journal | N°12 | 51


FOCUS Quels sont les critères à remplir par les Etats africains pour bénéficier de ce fonds ? Ce fonds est crée par et pour les pays africains. Les 54 pays du continent sont concernés. Nous attendons trois catégories d’investisseurs : les Etats, les privés, et les institutions financières de dimension internationale. Le concept d’écosystèmes performants est de plus en plus en vogue. Africa50 intégrera-t-il ce paramètre dans ses projets d’infrastructures ? Africa 50 est un instrument innovant car son objectif est d’avoir des infrastructures qui demandent de mobiliser des ressources, des expertises, qui ont intrinsèquement les éléments pour être des projets réels et rentables dans un délai raisonnable, parce que maintenant l’Afrique n’a plus le temps d’attendre trop longtemps pour avoir des infrastructures qui soient disponibles.  Propos recueillis par E.S.

PIDA

Construire demain, dès aujourd’hui Le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) est actuellement le plus grand projet de construction d’infrastructures régionales en Afrique dans les secteurs de l’énergie, des transports, de l’hydraulique et des technologies de l’information et de la communication. Le PIDA est un projet conjoint de la Commission de l’Union Africaine, le secrétariat du NEPAD, et le Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD). Il a été officiellement lancé en 2010, lors du 15e sommet de l’Union africaine organisé à Kampala, en Ouganda, avant d’être adopté deux ans plus tard, en janvier 2012. « PIDA fournit aux parties prenantes africaines un cadre commun pour édifier les infrastructures qui permettront de mieux intégrer les réseaux de transport, d’énergie, de TIC et de voies d’eau internationales afin de stimuler les échanges, entraîner la croissance et créer des emplois », soulignent les trois promoteurs. Ce programme continent a pour objectif de réduire le coût de l’énergie et d’en élargir l’accès, réduire drastiquement les coûts de transport, de stimuler les échanges intra-africains, assurer la sécurité alimentaire et celle de l’approvisionnement en eau, et accroitre la connectivité. Ces infrastructures seront réalisées dans la fourchette 2012-2040. D’après les experts du PIDA, « les pays africains réaliseront un taux de croissance économique de 6 % par an en moyenne entre 2010 et 2040 (…) Le revenu moyen par habitant dépassera 10 000$ dans tous les pays. Cette croissance et cette prospérité durables vont multiplier la demande d’infrastructures, dont la pénurie est déjà l’un des plus grands obstacles au développement durable du continent ». Pour réduire ce gap, 51 projets ont été identifiés. Lors du Sommet de Dakar sur le financement des infrastructures en Afrique, le Nepad a identifié 16 projets majeurs « en raison de leur importance stratégique, politique et économique, en tant que projets phares régionaux », et qui « vont transformer considérablement la manière avec laquelle l'Afrique fait les affaires », note l’organisation continentale. 

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Source : BAD

Source : BAD

1. Projet Hydroélectrique de Ruzizi III (RDC-Rwanda) 2. Extension du Port de Dar es Salam (Tanzanie) 3. Route Serenge - Nakonde (T2) (Zambie) 4. Gazoduc Nigeria - Algérie 5. Modernisation de la Ligne Ferroviaire Dakar - Bamako 6. Projet Hydroélectrique de Sambangalou (Gambie, Guinée Bissau, Guinée Conakry, Sénégal) 7. Corridor Littoral Abidjan - Lagos 8. Fibre Optique Terrestre TIC Lusaka – Lilongwe (Zambie) 9. Ligne de Communication Zambie - Tanzanie - Kenya 10. Corridor de Communication de l’Afrique du Nord 11. Projets Routier et Ferroviaire Abidjan - Ouagadougou 12. Projet de Corridor Ferroviaire et Routier Douala - Bangui - Ndjamena 13. Mise à jour de la Route Kampala – Jinja (Ougadnda) 14. Projet Routier Juba - Torit - Kapoeta - Nadapal – Eldoret (SudSoudan) 15. Projet Hydroélectrique de Batoka Gorge (Zimbabwe-Zambie) 16. Projet de Pont Routier et Ferroviaire Brazzaville - Kinshasa et Chemins de Fer Kinshasa – Illebo Source : BAD

Source : BAD

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d’Alioune GUEYE bloc-notes

Quelle formation pour les dirigeants ? Plus que jamais, le métier de dirigeant est devenu infiniment plus inconfortable aujourd’hui. En effet, l’évolution très rapide des méthodes de gestion, la surabondance des informations, la médiatisation obligée avec en toile de fond la généralisation de l’instantanéité accélérée par les progrés des IT rendent cette fonction plus délicate. Autant de mutations auxquelles les dirigeants sont peu ou pas préparés. Cet état de fait commande une question centrale à savoir : quelle formation pour les dirigeants d’entreprise ? En effet, aucune école au monde ne prépare à la complexité croissante de ce métier où le changement est la constante et la routine l’exception. A y regarder de plus près, la formation de nos élites privilégie la mémorisation et la réplicabilité de situations déjà vécues. Or, la caractéristique principale de l’environnement actuel est de plus en plus que «les situations ne se représentent jamais à l’identique ». Qu’attend-on aujourd’hui du dirigeant ? Qu’il fixe le cap, qu’il entraine, qu’il développe et accompagne les talents, qu’il favorise le travail en équipe. On en attend également qu’il sache faire face aux crises qui se répètent à des fréquences de plus en plus courtes. Mais surtout, on lui demande des compétences de prospectiviste : la capacité à inventer l’avenir, tout en ayant les pieds sur terre. Raccourcissement des cycles de vie des produits, interdépendance croissante, innovations financières ininterrompues, concurrence autant de situations qui condamnent l’entreprise à ré-ajuster continuellement son business model voire à le réinventer. Alors que de ce point de vue, on voit bien que les dirigeants sont mal ou insuffisamment préparés. Comment surmonter ce handicap. Certainement en veillant d’abord au mode de nomination des dirigeants. Tant d’espoir placés en des dirigeants n’ayant pas l’étoffe, qui sitôt qu’ils prennent fonction alimentent désenchantement, par leurs tâtonnements dans la gestion. Ensuite, nos dirigeants ne sont pas suffisamment armés en matière d’organisation et d’outils de gestion. Pourtant, seule les qualités d’organisation donnent de la lisibilité à leurs actions en indiquant à leur équipe le chemin à suivre, et en facilitant une appropriation par le reste de leur équipe de la stratégie voulue. Enfin, nos dirigeants manquent de curiosité et d’audace que seule l’exposition à «d’autres façons de voir et de faire» peut apporter. On gagnerait à cet effet, à «pédagogiser» les best practices des grands dirigeants qui ont su affronter des situations difficiles, développer leurs organisations ou conduire avec brio des changements perdus d’avance. Les dirigeants actuels sont-ils préparés à relever ce défi, ou faut-il une nouvelle génération de dirigeants ? 

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MASTER CLASS À SINGAPOUR

DATE : DU 19 AU 24 JANVIER 2015

La diplomatie économique : pour une approche gouvernementale intégrée Contexte stratégique : Avec le développement des opportunités sur le continent africain, la bataille pour les investissements directs étrangers va devenir encore plus intense. Il ne se passe pas une semaine sans que ne se tienne forum et événements de promotion d’investissements ou de commerce en Afrique que ce soit au niveau pays ou à un niveau plus sectoriel. Toutefois, à l’avenir, les investissements étrangers se feront plus précis et discriminants, et les investisseurs auront des exigences plus éle vées du rôle que les gouvernements acteurs économiques pourront jouer dans la facilitation des investissements. Dans un tel contexte comment le secteur public africain peut-il jouer le rôle de diplomate économique ? Quels sont les outils et méthodes pour attirer les plus grandes entreprises mondiales et les investisseurs ? Comment les gouvernements africains peuvent-ils «toucher» efficacement les investisseurs notamment ceux d’Asie ? Résultats attendus : Que vous soyez ministre, fonctionnaire chevronné, diplomate, dirigeant de l’agence de promotion des investissements, membre dirigeant du patronat ou en charge d’une chambre de commerce et d’industrie, Vous serez en mesure au terme de ce « master class » inaugural a Singapour – l’une des "villes-Etats" les plusdynamiques au cœur de l’Asie - de vous approprier le cadre, les méthodologies et les outils stratégiques nécessaires à la conception d’une approche gouvernementale intégrée. Programme : Sessions pédagogiques interactives et participatives, visites de sites, sessions d’échanges et de networking avec des professionnels d’institutions spécialisées, de gouvernements, et du secteur économique de Singapour. Cible : • Conseillers de très haut niveau des présidents et premiers ministres • Conseillers en Stratégies économiques • Ministres des affaires étrangères • Ministres du Commerce et de l’Industrie • Agences de Promotion des investissements étrangers • Chambres de commerce • Patronats

About Singapore Singapore has achieved staggering economic success in the past 50 years. With little natural resources of its own, the former British colony of 5.3 million people today started life in 1965 as an independent country on par economically with most African countries. The country has had only three leaders in 54 years, and has seen a massive investment hub in the Asia Pacific, straddling China and India. It's GDP per capita grew from less than US$500 in 1960s to over US$55,000 today. Singapore is home to over 10,000 leading companies in the world and ranked the easiest place to do business according to the World Bank.

Pour tous renseignements et inscriptions :

African Business International Pte Ltd | Singapore, 10 Anson Road International Plaza #10-11 Singapore 079903 | Mail : contact@abi.com.sg


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CENTRE SONGHAÏ

DU RêVE A LA REALITé

Réalisé par :

GBAGUIDI S. Stéphane, BIO N’GOYE Clotilde, HOUESSILO Solange, étudiants à INSEAM/ESCA Casablanca. Sous la direction de Dr. GBAGUIDI Léandre, Maître Assistant des Universités de CAMES en sciences de gestion, Enseignant-chercheur à l’Université de Parakou (Bénin)

Le Centre Songhaï de Parakou (Bénin) fêtera bientôt ses trente ans d’existence. Trois décennies consacrées à la promotion de l’entreprenariat agricole et à l’insuffisance alimentaire en Afrique. Une expérience innovante qui porte l’empreinte du Père Godfrey Nzamujo. Aujourd’hui, son courage, sa persévérance et sa conviction pour le développement du continent africain, ont engendré des résultats nobles. Le Père Godfrey Nzamujo fut professeur dans les années 1970 en Californie aux Etats-Unis. Vu, à travers les mass medias, que ses frères africains avaient de réels problèmes de la famine, il avait décidé de leur venir en aide. Mais, comment faire? Ses recherches l’ont conduit à faire les constats suivants : l’Afrique est dotée d’énormes potentialités et le taux de croissance démographique est disproportionné par rapport à la productivité. Suite à ces constats, 56 | AFRIcan business journal | N°12

il organise un voyage exploratoire en Afrique. Ce voyage l’avait conduit successivement dans les pays du Maghreb et en Afrique subsaharienne. Dans son voyage, le Bénin apparaissait comme un pays favorable à son projet. Le gouvernement du Président Mathieu Kérékou d’alors à travers son Ministère du Développement Rural avait accepté d’accueillir le projet d’entrepreneuriat agricole qu’il portait. Le gouvernement lui cède en 1984 une partie de

l’espace du Centre d'Arboriculture Nutritionnel de Wando à PortoNovo la ville administrative et politique du Bénin. D’où la naissance du Centre Songhaï au Bénin. En octobre 1985, le centre de PortoNovo fut le premier inauguré et la première promotion d’élèves fermier fut recrutée en janvier 1986. En 1989, ce fut la création du centre de Tchi-Ahomandégbé dans l’ex-sous-préfecture de Lalo; en 1993 celui de Lokossa et en 1998 celui de Parakou et Savalou.


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Des subventions nationales et internationales Ces centres devaient aussi donner aux jeunes, paysans et entrepreneurs les valeurs humaines appropriées à un changement de comportement pour qu’ils deviennent les acteurs de leur propre développement, capables d’initiative et de créativité, et aider les africains à augmenter leurs rendements agricoles à travers des techniques simples, sans trop avoir recours à des engrais et des pesticides. Le centre bénéficie actuellement de l’appui des gouvernements béninois et du Nigéria, à travers des subventions d’exploitation et d’investissement. Celles-ci sont octroyées en nature (moyens roulants, engins et machines de production) comme en espèces. Plusieurs organisations internationales telles que l’United States Agency for Inter-

national Development (USAID), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Comité Catholique Contre la faim pour le Développement (CCFD), Society for International Development (SID), et Rabbani Fondation aux Pays Bas y contribuent également. 

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Un centre pour lutter contre le chômage et l’insuffisance alimentaire Les raisons nobles qui ont, en outre, motivé le Père à la multiplication des centres sur le continent africain et sur le territoire béninois sont : le très faible niveau du développement du continent, africain en général et celui du Bénin en particulier, caractérisé par l’insuffisance alimentaire, l’exode rural, la perte d’espoir en l’avenir chez les jeunes notamment ceux déscolarisés et la dégradation de l’environnement. La constitution d’une plate-forme entrepreneuriale et de développement intégré en vue de la mise en place d’un espace de vulgarisation porteur de solution techniques, organisationnelles, économiques, sociales et morale pour sortir les populations africaines d’une logique de pauvreté, les entraînant ainsi vers une prise en charge et un développement socio-économique durable en a été la motivation principale.

Le Père Godfrey Nzamujoimprimante Initiateur de Songhaï

Songhaï, c’est un processus de développement en pleine évolution, un laboratoire pour l’Afrique et le monde, un ferment pour demain.

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business case MANAGEMENT

SECRETS

LES D’UNE RéUSSITE DE L’ENTREPRENEURIAT AGRICOLE

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Les secrets de réussite de l’entrepreneuriat du centre songhaï sont fonction des facteurs endogènes et exogènes de son système de production. Ces secrets résident dans la philosophie du développement endogène qui transparaît dans toutes les activités du centre, et la valorisation des « bonnes bactéries » présentes dans le sol pour maximiser la production sans avoir trop recours aux produits chimiques.

Facteurs endogènes  Technique de production Le Centre Songhaï a opté pour une agriculture durable à travers la mise en œuvre d’une technique simple : utilisation des matières organiques (fientes ; les crottes de lapin, la bouse de vache) pour la fertilisation du sol, ce qui permet une exploitation durable des sites de production (terres cultivables) et d’obtenir une très bonne rentabilité en lieu et place de l’utilisation des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). Une production en contre saison : ce qui permet d’avoir des produits à plein temps.  Réduction du coût de production La main d’œuvre du Centre Songhaï est constituée en grande partie de jeunes apprenants qui sont répar58 | AFRIcan business journal | N°12

tis périodiquement dans toutes les sections d’activités (l’agriculture, l’élevage, la pisciculture et la section transformation) de façon rotative. Constituant ainsi une main d’œuvre pour le Centre Songhaï, ceci réduit le coût de production.  Production de qualité Le système de production agro bio mise en place par le Centre Songhaï laisse entrevoir une production naturelle, sans additifs chimiques et de qualité. Ce qui permet d’obtenir des produits de qualité et à moindre coût.  L’organisation du travail, la répartition et l’exécution des tâches Au Centre Songhaï l’on observe une organisation du travail sur toute la

chaîne de production. Les activités sont réparties en différentes sections. On pourrait donc noter : • La section Formation ; •  La section production végétale (Agriculture) ; •  La section autre volailles (poule pondeuse, dindon, caille, canard, pintade, oie) ; •  La section transformation (Sirop, mangue séchée, jus, farine de soja, semences, biscuit) ; • La section provenderie (provende) ; • La section élevage (bouverie, lapinière, porcherie) A la tête de chaque section on note la présence d’un animateur (Technicien et spécialiste du domaine d’activité) qui assure le fonctionnement et la coordination des différents services du secteur.  La dimension nationale du centre Implanté à Porto-Novo, le centre mère   Songhaï s’est démultiplié dans quatre autres départements du Bénin grâce aux succès enregistrés. Ainsi des centres annexes ont été créés à : •  Lokossa dans le département du Mono sur une superficie de 30 hectares ; •  Savalou dans le département des Collines sur une superficie de 300 hectares ; •  Parakou dans le département du Borgou sur une superficie de 240 hectares ; • Kétou dans le département du


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plateau sur une superficie de 107 hectares. Au total le Centre Songhaï a mis en valeur une superficie de 695 hectares et utilise une main d’œuvre toutes catégories confondues estimée à 667 agents dont 238 occasionnels et 562 permanents.  Structuration du Centre Le Centre Songhaï est régi par la loi 1901 (Organisation Non Gouvernementale reconnue par l’Etat Béninois le 5 mai 1990). Une Organisation Non Gouvernementale (ONG) de formation, de production, de Recherche et Développement en entrepreneuriat agricole et en agro business dont l’objectif est de susciter l’émergence d’une nouvelle société africaine qui repose sur des dynamiques socioéconomiques. Il

promeut aussi un type d’économie sociale axée sur un devoir de solidarité qui vise à rendre les pauvres producteurs, acteurs et planificateurs de leur propre avenir. L’organigramme met en évidence plusieurs services dont un service des ressources humaines, un service des comptabilités, un service de la Production et de la Survie des prestations et un service formation. Facteurs exogènes Le centre Songhaï reste et demeure encore le seul centre d’exploitation et de formation d’entrepreneurs agricoles au Bénin et dans la sousrégion. Il est donc le seul détenteur de ce savoir-faire de par son mode de production (Agriculture biologique). Il a donc de ce fait le monopole du marché. Quand bien

même on enregistre l’apparition de nouveaux concurrents sur le marché béninois quelques opérateurs économiques :  AGRISACH, CADJAF COMON, ARACOM et ceux qui sont installés à leur propre compte après la formation au centre Songhaï. Ces derniers essaient d’imiter celui qui en a été le pionnier. Mais ce dernier étant toujours dans l’innovation, ils ne sont jamais parvenus à l’égaler dans leurs actions. Le Centre Songhaï est unique en son genre (philosophie du développement endogène et valorisation des « bonnes bactéries » présentes dans le sol) à la seule différence que ses concurrents utilisent des produits chimiques pour accroître leur production ce qui n’est pas le cas chez Songhaï. 

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business case FORMATION

La lutte contre l’exclusion sociale au cœur du processus Le Centre Songhaï lutte contre la déscolarisation, le chômage et l’exclusion sociale des jeunes en mettant en œuvre un système efficient pour le recrutement et la formation des jeunes pour dix huit (18) mois.

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d’œuvre qualifiées. C’est pour répondre à cette préoccupation que le centre Songhaï met un accent sur l’entreprenariat agricole. A travers sa formation en entrepreneuriat agricole, le centre participe à la réinsertion des jeunes déscolarisés victimes de l’exclusion sociale.

La formation des jeunes déscolarisés en milieu rural au Bénin, figure parmi les objectifs du centre Songhaï. C’est un centre polyvalent qui offre des formations diversifiées dans le développement du secteur primaire (Agriculture, élevage et la pêche) spécifiquement en entrepreneuriat agricole pour les jeunes déscolarisés. Ses activités s’inscrivent dans le cadre de la vision stratégique de développement qui priorise le secteur agricole au Bénin. La valeur ajoutée des activités du centre sur l’économie béninoise est mise en exergue. Outre le volet significatif de renforcement de capacités des jeunes déscolarisés, les centres Songhaï offrent en toute saison des produits pour la consommation locale. Réinsérer les jeunes déscolarisés L’exclusion sociale est surtout manifeste dans les zones rurales au Bénin. Une telle situation compromet l’avenir du Bénin qui à son tour sera confronté au problème de mains

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Cette expérience du centre Songhaï peut servir de levier au relèvement des défis de développement et de lutte contre la pauvreté qui se posent au Bénin, notamment la promotion des filières agricoles, la professionnalisation des acteurs du secteur agricole et l’aménagement équilibré du territoire. La production locale issue de l’exploitation des activités du centre est transformée et distribuée sur place, ce qui permet de lutter contre la pauvreté et d’améliorer le niveau et la qualité de vie des populations.

Lutter contre l’exclusion sociale C’est donc pour remédier à tous ces maux qui minent et qui freinent le développement du Bénin, que le centre Songhaï à travers sa formation d’entrepreneurs agricoles joue en ce moment un rôle de père et de mère dans la mesure où il œuvre pour le bien être social de tous à travers la création d’activités économiques et de richesses nationales. Ceci en rassemblant les jeunes par des recrutements afin de les rendre utiles à la Nation. Le nombre chaque année croissant des jeunes déscolarisés recrutés et formés au niveau du centre Songhaï, cela montre que le Bénin possède un grand potentiel de main d’œuvre assez dynamique et volontaire. Il n’en demeure pas moins de constater que ces jeunes formés apportent toujours une valeur ajoutée de par l’entrepreneuriat agricole.

Soulignons que depuis quelques années le Bénin est caractérisé par un ralentissement des activités économique et un fort taux de chômage. Ceci est dû au faible développement du secteur privé. Aucun pays ne peut prétendre au développement sans assurer une autosuffisance alimentaire tout en disposant d’une économie dynamique et performante caractérisée par l’entrepreneuriat des jeunes à travers les créations d’entreprises prospères. Tout en mettant l’accent sur le développement humain et la valorisation des ressources locales. Il n’est pas de voir que de jeunes diplômés ne disposent d'aucun revenu pour leur permettre de subvenir à leurs besoins vitaux.

Au vu de toutes ces réalités, le centre Songhaï jouit d’une importance capitale puisqu’il valorise et facilite l’exploitation des ressources humaines disponibles, transforme les acteurs passifs de la vie économique en acteurs actifs, transforme des jeunes gens victimes de l’exclusion sociale, en hommes utiles à la société, et assure la réinsertion des jeunes déscolarisés (hommes et femmes) dans la vie active en les réorientant tout en développant leur capacité de créativité via l’entrepreneuriat agricole. C’est donc en ces termes que le centre Songhaï, lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale et l’épineux problème du chômage par l’entreprenariat agricole. 


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Dimension environnementale

Le Pari de l’Agriculture durable

La production intégrée au centre Songhaï équivaut à la vision de « Zéro déchet ». Le Centre a acquis une expertise dans le maintien de l’environnement. Selon les statistiques, Songhaï produit au moins cent (100) tonnes de déchets par mois qui sont valorisés pour la fertilisation du sol et la fabrication du compost, la production du biogaz, la production des asticots et la purification des eaux usées. Le modèle Songhaï est basé sur les interrelations entre les ressources de l'environnement, l’agriculture, la technologie, les services et l'industrie et surtout le renforcement des capacités humaines. Dans la pratique, le modèle encourage l'utilisation des ressources locales, la combinaison de pratiques agricoles traditionnelles et modernes, l'adaptation des technologies ainsi que la diversification des activités. Grâce à ces pratiques, Songhaï intègre les concepts "zéro déchet" et "productivité totale" en ayant recours à des pratiques agricoles biologiques et écologiques. Les sous-produits utilisés par le centre Songhaï proviennent des différentes sections

de production (production animale, pisciculture, production végétale, restauration, transformation agroalimentaire...) Fidèle à sa vision de "Zéro déchet", le centre recycle les déchets produits. Plus significative est la maîtrise de la technologie de maintien de l’environnement. Le centre est spécialisé dans la fertilisation du sol et la fabrication du compost, la production du biogaz et la production des asticots, et la purification des eaux usées. Le Centre a opté pour une agriculture durable dans la mesure où la pratique d’une agriculture conventionnelle est caractérisée par l’utilisation de l’engrais chimique et des

pesticides, ce qui participe à l’appauvrissement du sol et à destruction de la couche d’ozone ; et qui entraine aussi le changement climatique et le réchauffement de la planète. L’Agriculture durable quant à elle augmente les rendements agricoles à travers des techniques simples, sans avoir recours à des engrais et des pesticides. Les fientes de porcs sont transformées en biogaz, qui alimentent les cuisines du centre. Ce qui permet de lutter contre les gaz à effet de serre. Le changement climatique ayant un impact direct sur la pluviométrie; engendre un mauvais rendement dans la productivité.  AFRIcan business journal | N°12 | 61


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LE BUSINESS MODel de songhaï Cette présentation du modèle est extraite de la communication «comprendre, s’approprier pour mieux s’y intégrer » du Rév. Fr. Godfrey Nzamujo, Professeur en ingénierie et directeur du centre Songhaï en Afrique de l’Ouest au Bénin. Selon lui, pour que la croissance agricole devienne un moteur pour le développement socioéconomique et l’éradication de la pauvreté, il s’avère indispensable que le développement soit concomitant avec les secteurs secondaire et tertiaire. Il doit y avoir des liens à double sens, en amont et en aval entre l’agriculture et les autres secteurs.

interrelationship between the systems of production

Food Processing Tools, Machines, Manufacturing

Merkets, Financing Finished Products

s uct s rod ent mP ipm Far equ and uts mp mi Far

TECHNOLOGIE FORMATION

AGRICULTURAL

SERVICES Distribution

Fin anc ea Fre nd sh Ma Far rke mP t rod uct s

INDUSTRY

DYNAMIQUE EN AMONT ET EN AVAL ENTRE L’AGRICULTURE ET LES AUTRES SECTEURS DE L’ECONOMIE 1 – Outils de transformation des aliments, machines et fabrication 2 – Services de distribution 3 – formation en technologie 4 – Production agricole 5 – Produits finis 6 – Marchés et financement 7 – Intrants agricoles et équipements 8 – Produits de la ferme 9 – Finance et marché 10 – Produits frais de la ferme

Production

L’agriculture ne peut se développer par elle-même, mais elle requiert plutôt un système complexe intégré pour son appui. A cet effet, il faut commercialiser ses produits, lui fournir des intrants, lui allouer des crédits, la doter de la technologie et lui assurer une bonne gestion. Godfrey développe, selon son concept, les principaux leviers qu’il énumère et classe en quatre moteurs. Une agriculture multifonctionnelle et durable Le premier moteur consiste à une agriculture multifonctionnelle qui soit durable, viable et compétitive. Ainsi, pour que l’agriculture soit un élément déclencheur, elle doit être à la hauteur des défis suivants : fournir de la nourriture en quantité suffisante pour

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une population qui est de plus en plus exigeante en termes de qualité et de diversité, une production qui fournit des quantités suffisantes d’aliments sains, qui contribuent à la prévention des maladies, garantissent une vie saine et un vieillissement paisibles, fournir des intrants/matières premières compétitives pour l’industrie agroalimentaire. Cette agriculture devrait aussi fournir de la matière première pour la production d’énergie renouvelable, et conçue pour devenir une source d’énergie au lieu d’une consommatrice passive d’énergie. Elle doit fournir de nouveaux produits et services environnementaux et créer des emplois et fournir des habitats écologiques - Des « villes rurales vertes », un nouveau modèle d’habitat du millénaire.

Des technologies adaptées et durables Le deuxième moteur s’atèle à des technologies durables et de pointe/ Bonds technologiques. Des Technologies adaptées et durables doivent être déployées pour permettre des bonds d'éclat en avant. Le développement technologique a un rôle majeur à jouer dans l’Agro-business et la vie socio-économique en Afrique. Les techniques et les procédés élaborés doivent contribuer à créer des produits et services. Ils doivent, aussi, avoir un potentiel pour augmenter la productivité, assurer la qualité nutritionnelle et éliminer les déchets et la pollution de manière drastique. Le concept de développement durable implique un accroissement de la productivité tout en protégeant et en améliorant l’en-


business case songhaï green rural city model A Substainable Socio economic Settlement For the Millennium services & community infrastructures

primary production solar energy

habitat

ecotourism

health service

school

crop production biogas agro business

communication

agric by-products for energy

gasifier

training

documentation

farm to market

animal production

aquaculture

agro industry & machine production marketing

vironnement. Ceci n'est possible que dans un système intégré de production. Cette agriculture ne sera plus essentiellement un processus chimique comme l'agriculture conventionnelle, mais plutôt largement un processus biologique où les capitaux environnementaux et biologiques seraient pleinement engagés et exploités. De ce fait, il urge selon Godfrey Nzamujo que nous réapprenions la façon dont nous pratiquons l'agriculture, nous percevons le sol et sa fertilité, en passant par la façon dont nous entretenons, nourrissons et protégeons nos plantes et animaux jusqu’à la façon dont nous les conditionnons et commercialisons. Miser sur le capital humain Quand au troisième moteur, c’est l’importance des ressources humaines appropriées pour le développement rural intégré. Selon Godfrey Nzamujo, ce troisième volet explique que le Développement Rural Intégré est une "fonc-

tion transversale" ou une dynamique pluridisciplinaire. Il est loin d'être un programme sectoriel. Les projets ou programmes comme celui-ci dépendent donc dans une large mesure de la qualité, du caractère et de la mise en place d’une bonne organisation, d’un groupe responsable de sa mise en œuvre. C'est l'un des défis majeurs en matière de développement rural intégré. L'absence de ce «noyau» de compétences (noyau dur) pourrait entraver non seulement la mise en œuvre, mais aussi avoir un impact négatif sur les résultats des programmes de développement. Ce n'est que lorsque le noyau de compétence a le pouvoir et la capacité à mettre en œuvre des activités "intersectorielles intégrées" que les programmes de développement rural intégré deviennent réalistes. Développer le capital social, culturel et organisationnel Le quatrième et dernier moteur

conduit au développement du capital social, culturel et organisationnel. Comme l'agriculture est pratiquée par une multitude de producteurs individuels et des groupes, leur volonté et leur capacité à participer à tout programme de refondation est un facteur crucial. La planification sociale et l'organisation seront également un facteur déterminant dans la croissance rurale. Il s'agira d'un complexe de principes et de méthodes d'organisation et de planification visant à utiliser les forces sociales pour atteindre les objectifs de développement. Le développement rural est, en effet, une transformation complète de l'ensemble de la structure institutionnelle de la société rurale. L’Economie Institutionnelle doit être considérée comme un élément essentiel dans le développement agricole de notre région. L'agriculture pourrait donc devenir une Arme de Construction Massive. 

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business case

VERS L’AMELIORATION DES SYSTè

Expérience de Songhaï ave Depuis sa création, le Centre Songhaï œuvre pour la promotion d’une agriculture performante. L’idée et les ambitions qui ont prévalu à sa création n’ont depuis lors cessé de prendre corps et aujourd’hui le centre se veut être porteur de solutions techniques aux enjeux agricoles du continent. Parmi ceux-ci figurent notamment la raréfaction des ressources en eau et la baisse continue de la fertilité des sols due à l’utilisation de produits chimiques. Les ressources en eau du Bénin sont importantes et ce potentiel constitue l’un des bases des activités de production pour le pays. Cependant, malgré les possibilités existantes, l’irrigation est actuellement peu développée. Selon le rapport National d’investissement du Bénin, sur une superficie totale équipée pour l’irrigation de 12258 ha (soit 0,4% de la superficie cultivée), seulement 2823 ha (23%) sont réellement irriguées et les prélèvements d’eau de surface pour cet usage ne sont pas importants. Ceci pour confirmer que l’agriculture demeure pluviale et très peu d’exploitations s’aventurent dans la production à contre saison. Pourtant, la production nationale est loin d’avoir satisfait les besoins des populations. On assiste également à une utilisation abusive d’engrais et d’herbicides chimiques pour accroitre la production et les rendements. Malheureusement, ces pratiques contribuent à l’accélération de la dégradation des sols. Introduction des films agricoles Le centre Songhaï à l’instar des pays ayant une agriculture développée a introduit l’utilisation des films plastiques dans son système de production. En Europe, l’utilisation croissante des plastiques dans l’agriculture a permis aux agriculteurs d’augmenter leur production tout en réduisant la pression exercée sur l’environnement et la qualité de l’alimentation. L’utilisation actuelle des plastiques dans l’agri-

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culture aboutit à des rendements accrus, des récoltes plus précoces, une moindre dépendance vis-à-vis des herbicides et des pesticides, une meilleure protection des produits alimentaires et une conservation plus efficace de l’eau. Les systèmes agricoles basés sur les plastiques offrent des solutions efficaces pour accroitre les récoltes de diverses manières. Le projet songhaï au Bénin a fait du progrès depuis sa création en 1985 au Bénin. Il est le premier à avoir introduit cette technologie de production liée à l’utilisation des films de paillage en plastique dans son système de production. L’expérimentation de la technologie a commencé sur le centre de Porto-Novo et elle a été étendue à la région de Parakou en Janvier 2013. Actuellement, cette technique est utilisée au niveau du jardin pour les produits horticoles. Songhaï a associé l’utilisation de ces plastiques à l’installation d’un système d’irrigation goutte-à-goutte pour une gestion efficiente des ressources en eau. Une technique de production biologique Le système de films de paillage est utilisé dans l’optique de promouvoir une agriculture non polluante et peu consommatrice de ressources (eau, main d’œuvre). Son installation se fait en plusieurs étapes : • creuser des canaux ; • confectionner des planches devant porter les cultures ;

•  fertiliser des planches à base du compost ; •  installer le système d’irrigation goutte à goutte ; •  pailler les planches avec les fibres végétales ; • recouvrir les planches du film plastique ; •  procéder au perçage des poquets selon les écartements voulus ; • installer la culture. Les herbes qui ont servi au paillage sous l’effet de la chaleur se décomposent et nourrissant les plantes installées en engrais organique. Le système du goutte à goute optimise l’utilisation de l’eau. Les films plastiques évitent la concurrence avec les mauvaises herbes, réchauffe le sol et garde l’humidité pour une croissance plus rapide des plantes. Intérêts de la technologie L’utilisation du film de paillage en plastique dans la production agricole présente beaucoup d’intérêts dans une perspective d’utilisation de ressources locales pour impulser le développement agricole sur le continent africain. Les principaux intérêts portent notamment sur la transformation des menaces en potentiel de production à travers l’élimination ou la réduction substantielle de l’utilisation de désherbants avec des effets positifs sur l’environnement et sur l’économie, la réduction des coûts d’entretien, la réduction de la fréquence d’irrigation pendant la culture pour une meilleure gestion des ressources


business case

èMES DE PRODUCTION AGRICOLES

ec les plastiques agricoles

© photo D.R

L’environnement économique étant changeant le centre

Songhaï a été confronté à d’énormes difficultés parmi lesquelles nous pouvons citer : © photo D.R

•  Les contraintes liées au changement climatique et à la maîtrise de l’eau, les calamités naturelles

(Sècheresse

inondation et réchauffement climatique). Une telle situation se justifie par la non maitrise des nouvelles techniques relatives à l’eau.

•  Les contraintes liées à la gestion des hommes qui se manifestent par des conflits d’intérêts individuels et collectifs.

•  Les contraintes liées à la gestion du temps, de l’exécution des tâches et de la gestion des ressources tant matérielles qu’humaines. Ce qui se manifeste par une mauvaise planification du travail, de ruptures de stock de matières premières et de © photo D.R

Accroitre la production du Bénin Cette agriculture non chimique pour laquelle Songhaï a opté fait de lui une référence dans la production des produits naturels, sains et de bonne qualité à moindre coût. Ses produits résistent plus aux attaques parasitaires et peuvent se conserver sur une longue période. Ce qui fait que Songhaï a conquis son marché malgré son éloignement de la zone urbaine.Le Bénin est dépendant vis-à-vis des pays de la sous région en matière de produits horticoles. En période de sécheresse, on enregistre les pénuries en produits maraichers malgré l’importance des ressources en eau disponibles. Une partie de la tomate consommée dans le pays est importée du Burkina-Faso, un pays aride disposant de moins de ressources en eau. L’extension du système d’utilisation de film de paillage et sa vulgarisation reste une option pour l’accroissement de la production intérieure en vue d’une auto suffisance. Il serait intéressant d’envisager l’utilisation des plastiques biodégradables pouvant être enfouis après les récoltes pour éviter les difficultés liées au ramassage et au traitement. 

Quelques contraintes du centre

© photo D.R

en eau, et la précocité des cultures obtenues grâce à un réchauffement plus important du sol qui modifie le microclimat autour de la plante.L’ensemble de ces facteurs se traduit par une plus grande uniformité des cultures avec une amélioration des productions en termes qualitatif et quantitatif. La seule question qui se pose concerne la difficulté liée au ramassage et au traitement des plastiques après les cultures.

produits finis.

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avis actualité d’expert

Par David Binks Président de FedEx Express Europe, Moyen-Orient, Inde et Afrique (EMEA)

Riches de leur culture entrepreneuriale innovante, les entreprises d'Afrique australe exportent dans le monde entier grâce au web. Le monde est vraiment devenu un village global. Aujourd'hui, il est possible de commander en ligne des spécialités du Mozambique et de les faire livrer en quelques jours à un Mozambicain vivant au Royaume-Uni qui a le mal du pays. Prenez l'exemple du Wonderbag, le sac de cuisson lente innovant, inventé par un éco-entrepreneur sud-africain: grâce au ecommerce, sa société prévoit d’en vendre un million d'unités. J'ai récemment eu l'occasion de discuter avec plusieurs entrepreneurs africains. Une de leurs principales préoccupations concerne les questions d'infrastructures physiques et le développement du commerce transfrontalier. Même si, pour l'instant, l'avenir de l'Afrique australe semble prometteur. Parallèlement à l'amélioration des infrastructures, le développement de la connectivité contribue au développement des entreprises de la région. Véritable plateforme pour les secteurs pharmaceutiques, industriels, le monde de l'édition et des technologies de l'information, l'Afrique du Sud constitue une voie d'accès au reste de la région d'Afrique australe. Nombreuses sont les entreprises locales désireuses de nouer des partenariats avec des sociétés européennes, afin d'étendre leur clientèle. Compte tenu des prévisions selon lesquelles, d'ici 2016, les transactions mondiales liées au commerce en ligne ne représenteront pas moins de mille milliards de dollars, cette région constitue un formidable potentiel de croissance.

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Les PME d'Afrique australe boostées par l'Internet

De petites entreprises, mais un important potentiel de croissance Une grande part du potentiel de croissance réside dans la capacité à doter les petites entreprises des moyens nécessaires et de leur offrir l'accès à des opportunités commerciales sur l'ensemble du globe. En Afrique australe, comme en Europe, les PME constituent un véritable catalyseur économique, et le défi qu'elles doivent relever reste le même : développer leurs exportations. Il y a quelques années encore, pour les petites entreprises d'Afrique australe, nouer des relations commerciales avec l'Europe, par exemple, aurait constitué un véritable défi. Grâce à Internet, les marchés se sont ouverts. Cependant, il est nécessaire de mettre en place des dispositifs concrets afin d'assurer l'expédition, le dédouanement et règlement des droits de douane, et garantir le bon acheminement des marchandises (qu'il convient également de pouvoir suivre à tout moment). La gestion des formalités douanières apparaît souvent à première vue d'une extrême complexité pour les petites entreprises. Celles qui vendaient jusqu'alors leurs sculptures sur bois traditionnelles à l’un des nombreux marchés mondiaux peuvent désormais facilement créer leur site Web et y commercialiser leurs produits, non seulement en Afrique australe, mais aussi dans le monde entier, en s’appuyant toutefois sur des partenaires logistiques fiables. Elles disposent ainsi de véritables opportunités d'expansion mondiale de leur activité. Les échanges commerciaux entre l'Europe et l'Afrique connaissent une croissance régulière. Au cours des cinq prochaines années, les entreprises européennes

devraient enregistrer une augmentation constante de leur activité commerciale avec l'Afrique. Selon les prévisions d'Ernst & Young, d'ici 2020, l'Europe devrait devenir la première destination des exportations subsahariennes, qui représenteront près d'un quart de l'ensemble de son activité. D'après les Perspectives économiques en Afrique, des pays tels que le Mozambique et la Zambie pourraient enregistrer en 2015 et au cours des années suivantes une croissance nettement supérieure à la moyenne mondiale. Grâce à leur développement sur Internet, les petites entreprises sont idéalement positionnées pour constituer un moteur de croissance essentiel pour l'Afrique australe. Non seulement la croissance de ces entreprises serait bénéfique à l'économie de la région, mais elle permettrait à ses habitants de faire connaître leurs produits et tout ce qu’ils ont à offrir. Les petites entreprises permettront à l'Europe et au reste du monde de redécouvrir l'Afrique australe et tout son potentiel.  Source : Lesechos.fr


  avisactualité d’expert

L’Equity crowdfunding : quand la foule sélectionne les start-ups

Le crowdfunding permet de financer des start-ups et de développer leur notoriété. Il opère également un déplacement de la sélection des projets : elle s’ouvre à foule et non plus aux seuls investisseurs professionnels. Le crowdfunding, littéralement financement par la foule, ou finance participative connaît un développement exponentiel. Depuis sa naissance en 2009, la plateforme leader du marché américain Kickstarter a permis de collecter plus d’un milliard de dollars, pour un total de près de 58 000 projets financés. En France, un nouveau cadre règlementaire est en train de voir le jour (le décret d’application est attendu pour l’automne). L’industrie française du crowdfunding est portée aujourd’hui par plus d’un million d’internautes. Ce chiffre marque bien l’intérêt porté à ce mode de financement, dont l’organisation spécifique autour de plateformes web permet de financer un nombre significatif de projets concernant de nombreux secteurs d’activité : des projets culturels et solidaires, mais aussi des projets de création et de développement d’entreprises, portés par un esprit de communauté 2.0. Plusieurs formes de CF existent, dont celle qui permet d’investir dans les capitaux propres des start-ups. Des plateformes dédiées à l’Equity crowdfunding proposent à la vente des actions de ces entreprises dans le cadre d’une augmentation de capital destinée à financer leurs projets. Ces projets sont souvent dans les phases amont de leur cycle de vie. Plusieurs facteurs expliquent le succès du financement par la foule. Tout d’abord, il est difficile de financer les projets en phase d’amorçage et le CF com-

plète les sources traditionnelles de seed capital (business angels, love money, capital risque). Deuxièmement, l’évolution du web 2.0 facilite la mise en relation entre des "crowders" et des porteurs de projet, et permet la mobilisation d’outils de communication adaptés, rapides et peu onéreux. Le réseau social du porteur de projet peut être aisément activé et démultiplié, transformant ainsi son capital social en capital financier. Le CF s’appuie également sur le succès du crowdsourcing, qui fait appel à la foule pour obtenir des idées, des solutions, des avis, des savoir-faire. L’Equity crowdfunding bouscule les financements traditionnels des start-ups. Dans ce nouveau modèle, les start-ups ont un accès direct aux internautes, dans un schéma finalement assez proche de celui du marché boursier où une interface (ici la plateforme de crowdfunding) offre les titres à la vente, gère les flux de fonds, diffuse l’information et organise/amorce les échanges sur les réseaux sociaux. Le porteur de projet, en diffusant ainsi largement son idée et son business model, attend un retour d’information sur la manière dont le projet est perçu par la foule. Par ses choix de financement, et par ses commentaires et avis donnés sur la plateforme, la foule valide ou non le projet. Le processus est très différent de celui d’une négociation de gré à gré avec un business angel. Le créateur d’entreprise prend le risque de diffuser largement son projet, il mène ainsi une activité de signalisation qu’il espère payante, à la fois par les capitaux qu’il pourra lever, mais surtout par la notoriété escomptée. Le choix de la foule est réalisé sur la base d’un ensemble d’information relativement succinct : une courte vidéo avec spitch du dirigeant, le

Par Véronique Bessière co-auteur de l’ouvrage «Le Crowdfunding : Fondements et Pratiques», de Boeck (2014)

CV de l’équipe ; les informations liées à la dynamique commerciale comme le time to market sont privilégiées, les données financières sont relativement limitées. La foule est ici sollicitée non pas seulement en tant qu’actionnaire, mais aussi et surtout en tant que client ou utilisateur potentiel du produit proposé. Il en résulte une spécificité des start-ups à financer par Equity crowdfunding : un projet fondé sur une lisibilité marché, impliquant des supports de communication adaptés au web 2.0., dirigé par une équipe qui s’investit dans les échanges avec la foule (blog, tweet), qui dispose d’un réseau (social ou de partenaires) et des capacités cognitives lui permettant de faire évoluer le business model de l’entreprise selon les interactions avec la foule. Dans ce nouveau modèle, c’est bien la foule qui décide du bien-fondé des projets, qui porte un jugement sur les business models, qui décide ou non d’investir, bref qui réalise la sélection des projets. Elle le fait sur des bases d’informations limitées et en un temps relativement court (deux à trois mois selon les plateformes). Ainsi, l’évaluation et la décision se déplacent vers la foule alors qu’elles étaient traditionnellement réservées aux experts (capital-risqueurs et business angels). Ce mouvement s’inscrit dans un mouvement sociétal plus large : avec le web les experts perdent le monopole de l’analyse, cette analyse elle-même se transforme vers une définanciarisation de l’évaluation des projets. L’Equity crowdfunding institutionnalise ce mouvement sociocognitif dans le domaine des start-ups.  Source : lesechos.fr

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du manager

les cahiers Au sommaire

Tandem Mana-cher • Facteurs individuels et partage des connaissances : quelle explication peut-on fournir? • Commentaire de Khadim Touré, Directeur Associé Popay Africa et Expert IT spécialisé dans le Gestion des Ressources Humaines Boîte à outils du manager • Evaluer le potentiel d'innovation de votre entreprise: la roue de l'innovation Test • Do you speak management ?

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actualité Tandem Mana-cher

Facteurs individuels et partage des connaissances

Quelle explication peut-on fournir ? Aujourd’hui, les entreprises qui réussissent sont celles qui « créent constamment de nouveaux savoirs, les diffusent largement dans la structure et les intègrent rapidement dans les nouvelles technologies et les nouveaux produits » (Nonaka, 1991). Il s’agit ici des caractéristiques de la nouvelle organisation basée sur le savoir. En effet, la mondialisation, la saturation concurrentielle, l’accélération des processus d’innovation et la complexité des relations inter-firmes affectent de plus en plus l’environnement des entreprises. L’élaboration de nouvelles stratégies compétitives devient difficile et l’une des sources d’avantage concurrentiel durable est le capital de connaissances et de savoirs détenu par les organisations. Par Sanaa BOUKHARI, Professeur-Chercheur en Sciences de Gestion

Face à cette nouvelle donne, les entreprises ont instauré des initiatives en matière de gestion des connaissances, plus particulièrement de partage des connaissances. Xerox, Hewlett Packard, les Laboratoires Buckman, Chevron et Ford comptent parmi les premières entreprises ayant investit des sommes importantes pour capitaliser et gérer leurs connaissances. La gestion des connaissances ou knowledge management est ainsi définie comme un processus de création, de stockage et de partage des connaissances explicites et tacites. Ce processus a pour objectif la conversion des connaissances individuelles en connaissances organisationnelles afin de créer de la valeur et atteindre les objectifs organisationnels. Dans le cadre de cette recherche, nous nous intéressons plus particulièrement au partage de connaissances. Ce dernier est définit comme un comportement qui consiste à « rendre la connaissance disponible

dans une organisation. Le partage de connaissances entre les individus est le processus par lequel la connaissance détenue par un individu, est convertie sous une forme, qui peut être comprise, absorbée et utilisée par d’autres individus » (Ipe, 2003). Le partage de connaissances est devenu une activité primordiale pour toute organisation basée sur la connaissance (Zack, 2003). La capacité des entreprises à partager, intégrer et appliquer les connaissances créées et détenues par leurs différentes unités permet à celles-ci de générer un avantage concurrentiel durable. C’est ainsi que cette capacité de gestion et en particulier de partage et de diffusion des connaissances expliquent le succès ou l’échec des organisations agissant dans un environnement concurrentiel de plus en plus turbulent (Bowman, 2002). Par ailleurs, outre sa capacité à générer un avantage concurrentiel durable, le partage de connaissan-

ces représente plusieurs avantages au niveau intra-organisationnel. Ainsi, l’activité de partage permet de (Boukhari, 2008) : • Concrétiser la phase de création des connaissances. En effet, les connaissances créées par les organisations ont une valeur limitée si celles-ci ne sont pas partagées et appliquées. • Créer de nouvelles connaissances organisationnelles à partir de celles qui sont partagées et diffusées. • Améliorer la performance des équipes de travail et des individus qui appliquent les connaissances utiles. • Exécuter les tâches routinières de manière plus rapide, grâce au partage et à l’application de connaissances. • Conserver les actifs intellectuels importants après le départ des employés clés de l’entreprise. • Générer un gain de temps et d’effort considérables en partageant des connaissances utiles et en en évitant de ‘réinventer la roue’. AFRIcan business journal | N°12 | 69


actualité Tandem Mana-cher Toutefois, malgré l’importance stratégique que revêtent le partage et la diffusion des connaissances créées dans les organisations, un taux élevé d’échec de ces initiatives a été enregistré. Ceci s’est traduit par un manque de retour sur investissement pour les managers (Ruggles, 1998). Le comportement de partage de connaissances n’est pas un comportement naturel. Ce qui semble plutôt être naturel est la tendance des individus à retenir les connaissances dont ils disposent. Dans la littérature, plusieurs travaux ont tenté d’expliquer et de comprendre ce comportement stratégique. Parmi les approches mobilisées, l’approche individuelle est l’une des plus importantes. A ce stade, la question qui se pose est la suivante : Comment les facteurs individuels influencent-ils le partage de connaissances ?. La littérature nous a permit d’identifier trois catégories de facteurs. La motivation intrinsèque Selon Deci (1972, p 113) « une personne est intrinsèquement motivée lorsqu’elle exécute une activité sans aucune récompense apparente excepté l’activité ellemême ». Une personne, intrinsèquement motivée, réagit pour le plaisir ou le challenge et non pour des récompenses ou à cause des pressions. Dans le contexte de partage de connaissances, la motivation intrinsèque se manifeste par le sentiment de plaisir d’aider les autres personnes (Kankanhalli et al., 2005). Les travaux théoriques et empiriques ayant étudié le facteur Plaisir d’aider montrent que l’individu, par son comportement de partage, exprime une motivation intrinsèque et une satisfaction personnelle élevées (Hall, 2001). Cet individu est décrit dans la littérature comme une personne altruis70 | AFRIcan business journal | N°12

te, qui partage ses connaissances et ne s’attend à aucune contrepartie (Davenport et Prusak, 1998 ; Boer et al., 2004). Il considère, de ce fait que la connaissance est un bien public et une ressource commune qui doit être disponible à l’ensemble de l’organisation. La motivation extrinsèque Deci (1972) définit la motivation extrinsèque comme « l’accomplissement d’une activité pour des récompenses extrinsèques (par exemple un statut, une acceptation ou une promotion) » (p 113). Contrairement à la motivation intrinsèque qui stipule qu’une tâche est exécutée pour elle-même, la motivation extrinsèque suppose l’accomplissement d’une tâche afin d’obtenir des récompenses ou éviter des punitions (Ross, 1975). L’analyse des travaux portant sur le partage de connaissances permet de distinguer les récompenses tangibles et les récompenses intangibles. Les récompenses tangibles renvoient aux récompenses monétaires telles que les augmentations de salaire et les bonus, aux récompenses symboliques telles que les cadeaux et les voyages d’étude, à l’avancement de carrière telles que les promotions au travail et enfin à la sécurité de l’emploi. Les récompenses intangibles, quant à elles, renvoient aux récompenses verbales reçues par un individu. Ces récompenses contribuent à l’amélioration de la réputation de ce dernier et se manifestent par la reconnaissance des pairs et de la hiérarchie qui le considèrent comme un expert dans son domaine. Par ailleurs, pour un individu, la connaissance est une source de pouvoir et permet de renforcer sa légitimité au sein de son organisation. Considérée comme une propriété privée, celui-ci est réticent quant à son partage. Dans

ce contexte, les entreprises octroient des récompenses à leurs collaborateurs afin de rémunérer les connaissances qu’ils ont acceptées de partager. Celles-ci constituent une contrepartie du temps et de l’effort engagés dans le processus de partage (Markus et al., 2000). Concernant les récompenses intangibles, l’examen de la littérature montre que lorsqu’un individu partage ses connaissances, ce dernier cherche à améliorer sa réputation et à être reconnu par la hiérarchie et les pairs comme un expert dans son domaine de travail (Wasko et Faraj, 2005). Ainsi, l’individu échange ses connaissances et s’attend à l’amélioration de sa réputation. La réciprocité La reciprocité renvoie à la croyance exprimée par un individu, quant à la réception dans le futur, de connaissances de la part d’autrui en contrepartie de son comportement de partage. L’un des travaux les plus pertinents dans le cadre du partage de connaissances est celui de Davenport et Prusak (1998). S’inscrivant dans cette perspective d’échange social, ces deux auteurs ont introduit la notion de marché de connaissances. Le marché de connaissances est défini comme une place où les individus achètent et vendent les connaissances à l’intérieur de leur organisation (Desouza et Awazu, 2003). L’une des principales caractéristiques des marchés de connaissances est la réciprocité (Cohen, 1998). Ainsi, un individu en contribuant par sa connaissance, espère recevoir une contrepartie notamment sous forme de connaissances. Dans le cadre de cet échange, l’individu agit pour son propre intérêt. En effet, Davenport et Prusak (1998) expliquent que


Tandem Mana-cher

Note méthodologique L’ensemble des variables idéntifiées à savoir : Plaisir d’aider, Récompenses tangibles, Réputation et Réciprocité, ont fait l’ojet après leur opérationnalisation, d’un questionnaire qui a été administré auprès de 2200 collaborateurs appartenant à une entreprise, considérée comme l’un des leaders mondiaux de l'industrie alimentaire. Au final, 218 questionnaires ont été réceptionnés puis traités. Principaux résultats L’étude empirique montre que seules les variables« Plaisir d’aider» et « Réciprocité » ont impact respectivement très significatif et significatif sur le partage de connaissances. Ces résultats viennent conforter les études théoriques et empiriques antérieures qui stipulent qu’un individu, en partageant ses connaissances, exprime une motivation intrinsèque très élevée. Par son comportement, il aide les autres individus appartenant aux différents sites de son organisation, en leur fournissant les connaissances dont ils ont besoin. Aussi, ces résultats sont conformes aux préconisations théoriques et aux validations empiriques ayant souligné le rôle de la réciprocité pour encourager les comportements individuels de partage de connaissances.

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le temps et l’effort, comme la connaissance, sont des ressources rares. L’individu n’engage du temps et de l’énergie pour partager sa connaissance que si ce comportement génère des bénéfices. Dans cette optique, le partage de connaissances est perçu comme une transaction entre les demandeurs et les porteurs de connaissances. Une transaction dont la contrepartie est une obligation de réciprocité.

L’étude empirique montre que seules les variables «Plaisir d’aider» et «Réciprocité» ont impact respectivement très significatif et significatif sur le partage de connaissances.

En revanche, contrairement à ce qui a été supposé au départ, les variables « Récompenses tangibles » et « Réputation » n’ont pas un impact significatif sur le comportement étudié. Cela signifie que l’individu, en partageant ses connaissances, n’exprime pas une motivation extrinsèque. Celui-ci ne cherche ni des récompenses monétaires et symboliques, ni un avancement de carrière ou encore une amélioration de sa réputation. Conclusion L’objectif de ce papier est d’expliquer le comportement de partage de connaissances en s’inscrivant dans une approche individuelle. La revue de littérature a permit d’identifier quatre principaux facteurs à savoir : le plaisir d’aider, les récompenses tangibles, la réputation et la réciprocité. Confrontées au terrain, les hypothèses de recherche ont

permit de conclure à partir d’un échantillon de 218 collaborateurs, que seuls les facteurs Plaisir d’aider et réciprocité expliquent le comportement étudié. Par ailleurs, il faut souligner que les éléments de réponse apportés à notre question de recherche souffrent de certaines limites inhérentes aux choix effectués, puisque seuls les facteurs individuels ont été pris en compte dans cette étude. Aussi, au niveau de la méthodologie mobilisée, l’unicité du cas étudié limite la généralisation de nos résultats. De ce fait, cette recherche nécessite d’être prolongée notamment en améliorant l’explication du partage de connaissances par le biais d’autres facteurs issus du terrain. Aussi, cette étude mérite d’être réitérée dans d’autres contextes organisationnels comme celui des entreprises marocaines, afin de vérifier la validité externe de celle-ci .  AFRIcan business journal | N°12 | 71


Tandem Mana-cher

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"La réussite durable des entreprises dépend, et de plus en plus, de leur capacité à apprendre et à progresser."

Khadim Touré

Directeur Associé Popay Africa , Expert IT spécialisé dans le Gestion des Ressources Humaines

Les recherches effectuées par Professeur Boukhari concernent un aspect fondamental des pratiques organisationnelles. En effet, la réussite durable des entreprises dépend, et de plus en plus, de leur capacité à apprendre et à progresser. Il est admis aujourd’hui que la capacité de l’organisation à créer du savoir et à diffuser des connaissances devient un véritable moteur de compétitivité. Ce qui nécessite un système de capitalisation de l’expérience et une culture de partage bien ancrée au sein de l’organisation. Un système qui prend en considération les différentes formes du savoir : 72 | AFRIcan business journal | N°12

• Savoir explicite : données et informations objectives, faits concrets, procédures, méthodes, règles, rapports… • Savoir tacite : savoir-faire, expériences, expertises… Néanmoins, l’observation de la réalité des organisations montre que partager ses connaissances n’est pas un comportement naturel. Aucune entreprise n’échappe aux pratiques de dissimulation expliquées à notre sens par des mécanismes de défense visant à mieux contrôler les événements. Nous allons essayer de contourner les nôtres en partageant avec vous un commentaire sur les résultats présentés, basé sur notre expérience de manager. Nous pen-


Tandem Mana-cher

"Nous pensons que la propension d’un individu à partager est liée avant tout à sa structure de personnalité."

sons que la propension d’un individu à partager est liée avant tout à sa structure de personnalité. Une croyance basée uniquement sur notre vécu organisationnel. Les personnes de type empathique -pour parler le langage Process Communication- partagent facilement leurs connaissances. Elles ont tendance à considérer le partage comme un comportement naturel.

être des autres n’est elle pas une caractéristique fondamentale de la personnalité du type empathique ? Les résultats présentés font ressortir également et à juste titre que l’impact des récompenses tangibles que l’on peut tirer de l’acte de partager n’est pas significatif. Prévoir des primes ou d’autres formes d’incitation pour motiver les collaborateurs à partager ne favoriserait donc pas une culture de partage.

La pratique montre en effet qu’une organisation organisée en processus structure la démarche d’amélioration continue, favorise la formalisation, garantie la traçabilité et partant, la sauvegarde de la connaissance. Parallèlement un fonctionnement en mode projet incite les managers et leurs équipes à institutionnaliser les processus de retour d’expérience : planification, plans de mangement de proLes recherches du Professeur jet, grilles des risques, bilan Boukhari semblent valider ce de projet… Autant de livrables constat empirique. En effet Comment alors favoriser une et de mécanismes qui forcent les analyses montrent que culture du partage au sein de la collaboration, le partage les variables qui ont le plus l’organisation ? et la capitalisation. Enfin un d’impact sur le partage de autre levier doit être utilisé connaissances sont des va- Une affaire qui gagne en com- pour tirer meilleurs profit des riables qu’on peut associer à plexité si on admet qu’on ne deux dispositifs évoqués : la une dimension émotionnelle peut changer les personnali- technologie. La dématériaorientée vers la relation et tés et qu’on ne peut traiter la lisation des processus et les centrée sur la personne. La problématique à travers des applications supportant les variable «Le plaisir d’aider» mécanismes liés à la motiva- pratiques de management en est une illustration paten- tion extrinsèque. Il reste alors permettent de structurer la te. Cette recherche constante à agir sur les processus et les connaissance, de la rendre vide la satisfaction et du bien méthodes de management. sible et accessible.  AFRIcan business journal | N°12 | 73


La boite à outils du Manager

Par Khalid LIMAMY, Consultant en Management

Evaluez le potentiel d’innovation de votre entreprise

La Roue de l’innovation « L’innovation est le principal facteur de compétitivité des entreprises ». Une affirmation qui prend tout son sens dans ce monde numérique caractérisé par de nouveaux usages : acteurs et organisations de plus en plus connectés, produits et processus de plus en plus «virtualisés», afflux de données, d’informations et de connaissances de plus en plus submergent…

La plupart des dirigeants en sont bien conscients. Pourtant, les études montrent que très peu d’entre eux déclarent faire de l’innovation une priorité stratégique. Pour cause, l’innovation est une affaire complexe, multidimensionnelle, difficile à « manager ». « L’ampleur de la complexité décourage souvent les dirigeants qui cherchent à inscrire leur entreprise dans une démarche d’innovation continue», remarque un consultant. Comment alors développer les capacités organisationnelles de l’entreprise ? La première étape consiste à évaluer le potentiel d’innovation de l’entreprise. Vous disposez à cet effet d’un précieux allié : la « roue de l’innovation ». C’est l'outil d’évaluation du potentiel d’innovation qui intègre six critères d’ordre stratégique, organisationnel, technologique et humain : 1. 2. 3. 4. 5. 6.

L’alignement stratégique Le processus d’innovation l’ouverture d’esprit La créativité L’analyse du marché Le management de projet

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La boite à outils du Manager

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Alignement stratégique

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Ouverture d'esprit

potentiel innovation

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Processus d'innovation

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2

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1

Analyse du marché

Management de projet

Créativité

Chaque critère de la roue est côté sur une échelle à trois niveaux : L’échelle 3 est réservée à une existence forte du critère sur le terrain, L’échelle 2 pour une existence partielle L’échelle 1 si le critère n'est pas rempli.

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La boite à outils du Manager

Le critère « Ouverture d’esprit » s’évalue selon :

• Le niveau de maîtrise des nouvelles technologies • Le niveau de coopération avec les parties prenantes et les acteurs de l’environnement • L’intelligence économique et stratégique de l’organisation • La perception du changement au sein de l’organisation Non pas du tout

Ouverture d’esprit • • • •

Plutôt Non

Plutôt Oui

Oui tout à fait

L'entreprise manifeste un grand intérêt aux nouvelles technologies L'entreprise maitrise son dispositif technologique et arrive à en faire un moteur de l'innovation L'entreprise dispose d'un système de veille technologique est stratégique structuré L'entreprise coopère fortement avec les parties prenantes pour créer plus de valeur

Le critère « Créativité » est apprécié en fonction de :

• La capacité de l’entreprise à améliorer le potentiel créatif des collaborateurs • La capacité de l’entreprise à transformer les créativités individuelles en créativité organisationnelle.

Non pas du tout

Créativité • • • •

Plutôt Non

Plutôt Oui

Oui tout à fait

Les collaborateurs sont formés aux techniques et outils de créativité Des ateliers de créativité sont souvent organisés au sein de l’entreprise Le système d’évaluation prend en considération le potentiel créatif du collaborateur L’entreprise dispose de «catalyseurs » de la créativité chargés de croiser les idées créatives et de participer à leur maturation

Le critère « Processus d’innovation » est évalué en fonction de :

• L’existence d’un processus d’innovation formalisé depuis la génération d’idées jusqu’aux livrables de l’innovation • L’existence d’un réseau dédiée à l’innovation au sein de l’entreprise

Processus d’innovation • • •

Le processus de l’innovation a été formalisé et intégré dans la cartographie des processus de l’entreprise Le processus de l’innovation est piloté par des KPI (Key Performance Indicators) Une équipe a été dédiée à l’innovation au sein de l’entreprise : Responsable de l’innovation, Catalyseurs de l’innovation…

76 | AFRIcan business journal | N°12

Non pas du tout

Plutôt Non

Plutôt Oui

Oui tout à fait


La boite à outils du Manager

Le critère « Analyse du marché » renvoie à :

• La connaissance du marché • La capacité de l’entreprise à suivre les tendances • La capacité du Marketing à évaluer les retombés potentiels d’une innovation

Non pas du tout

Analyse du marché • • • •

Plutôt Non

Plutôt Oui

Oui tout à fait

Plutôt Oui

Oui tout à fait

Plutôt Oui

Oui tout à fait

L’entreprise coopère étroitement avec des associations clients L’entreprise effectue régulièrement des enquêtes clients L’entreprise dispose d’un système de veille marketing et analyse les tendances du marché L’entreprise enclenche l’innovation sur la base des problèmes rencontrés par les clients et les insatisfactions soulevés.

Le critère « Management de projet » prend en considération : • La capacité de l’entreprise à fonctionner en mode projet • La capacité de l’entreprise à réussir les projets

Management de Projet • • • •

Non pas du tout

Plutôt Non

Le métier de chef de projet est reconnu et valorisé dans l’entreprise L’entreprise dispose de chef de projets qualifiés L’entreprise gère les projets selon les standards internationaux L’entreprise pilote les indicateurs de performance des projets

Le critère « Alignement stratégique » est évalué en fonction de : • Priorité donnée à l’innovation dans la stratégie de l’entreprise • L’efficacité du processus de déclinaison des objectifs liés à l’innovation

Processus d’innovation • • • •

Non pas du tout

Plutôt Non

La stratégie de l’entreprise est tournée vers l’innovation La stratégie de l’innovation est déclinée en priorités et objectifs stratégiques Le portefeuille projet de projet de l’entreprise est composé en grande partie de projets innovants L’entreprise évalue les innovations sur la base de leurs contributions à sa stratégie.

AFRIcan business journal | N°12 | 77


Test

Do you speak management ? 1. Benchmarking signifie : a) Analyse factorielle b) Analyse comparative c) Stratégie de marque d) Positionnement stratégique

11. Flow chart est l’homologue de : a) Charte de valeur b) Charte de planification c) Cahier de charges d) Organigramme

2. Cash-flow désigne : a) Fonds de roulement b) Flux d’activité c) Flux de trésorerie d) Fond de teint

12. Balanced Scorecard (BSC) indique : a) Tableau de bord prospectif b) Balance commerciale c) Balance de paiement d) Carte de paiement électronique

3. Travailler en freelance équivaut à : a) Travailler gratuitement b) Travailler avec la lance c) Travailler en connivence d) Travailler en tant qu’indépendant

13. Workflow signifie : a) Fluctuations du marché de travail b) Flux de travail c) Travail à la chaîne d) Baisse de chômage

4. CRM signifie : a) Centre Régionaux de Management b) Customer Relationship Management c) Cellule de Réparation Matérielle d) Caisse de Renvoi Médical

14. Yield management désigne : a) Système de gestion des capacités disponibles b) Système de gestion des stocks c) Système de gestion du capital humain d) Gestion fine

5. Brainstorming signifie : a) Lavage de cerveaux b) Remue-méninges c) Tempête de neige d) Fuite des cerveaux

15. Knowledge Management équivaut à : a) Compétences managériales b) Savoir faire managérial c) Gestion des connaissances d) Connaissances de base en management

6. Turnover est l’équivalent de : a) Renouvellement de personnel b) Tourner autour du pot c) Tourner en rond d) Renouvellement du matériel 7. Business model veut dire : a) Modèle économique d’entreprise b) Travailleur modèle c) Entreprise modèle d) Marché de luxe 8. Briefing désigne : a) Note de service b) Réunion extraordinaire c) Séance de détente d) Séance préparatoire 9. Outsourcing signifie : a) Localisation b) Externalisation c) Source de vie d) Manque de ressources 10. Datawarehouse équivaut à : a) Base de données b) Déménagement c) Entrepôt de données d) Maison d’hôte

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Résultats Si vous avez terminé le test, nous vous invitons à découvrir vos scores ci-après. 1=b•2=c•3=d•4=b•5=b•6=a•7=a•8=d• 9 = b • 10 = c • 11 = d • 12 = a • 13 = b • 14 = d • 15 = c

Pour chaque réponse juste, donnez-vous un point. • Si votre score est entre 13 et 15 points, alors BRAVO! Vous êtes In ! • Si vous avez entre 9 et 12 points, COOL ! vous avez un niveau acceptable mais, envisagez tout de même un programme de perfectionnement pour être In ! • Si vous avez entre 5 et 8 points, ATTENTION! l’anglais s’impose de plus en plus dans le domaine de management, améliorez vos connaissances pour ne pas vous sentir en manque de confiance ! • Si vous avez moins de 5 points, OUPS !!! vous serez de plus en plus dépassé. Mettez-vous d’urgence à l’anglais !


Test

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ZIMEC

4th "OOVBM ;BNCJB *OUFSOBUJPOBM .JOJOH &OFSHZ $POGFSFODF &YIJCJUJPO

SIMEC

17-19 June, 2014 Paramaribo, Republic of Suriname Chamber of Commerce Expo & Conference Centre www.surimep.com

24-25 June, 2014 Lusaka, Republic of Zambia The New Government Complex Conference Centre www.zimeczambia.com

9-11 September, 2014 Freetown, Sierra Leone Bintumani International Conference Centre www.simec-sl.com

4JFSSB -FPOF *OUFSOBUJPOBM .JOJOH 1FUSPMFVN $POGFSFODF

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Partnered with Utho Capital Pty

AOGFI

RIMEC

23-24 September, 2014 Dubai, UAE Park Hyatt Dubai www.aogfi.com

24-25 September, 2014 Kigali, Rwanda Kigali Serena Hotel www.rimec-rwanda.com

2nd "GSJDB 0JM (BT 'JOBODF *OWFTUNFOU 'PSVN

ZIMBABWE MINING & INFRASTRUCTURE INDABA

3XBOEB .JOJOH BOE &OFSHZ $POGFSFODF &YIJCJUJPO

6th ;JNCBCXF .JOJOH *OGSBTUSVDUVSF *OEBCB $POGFSFODF 1 - 3 October, 2014 Harare, Zimbabwe )BSBSF *OUFSOBUJPOBM $POGFSFODF $FOUSF t3BJOCPX UPXFST www.zimminingindaba.com

2014

MAURITANIDES

SIM SENEGAL

PPP Africa

13-15 October, 2014 Nouakchott, Islamic Republic of Mauritania Centre International des ConfĂŠrences www.mauritanides-mr.com

4-6 November, 2014 Dakar, Senegal Hotel Roi King Fahd www.simsenegal.com

19-21 November, 2014 Abidjan, Côte d’Ivoire Sofitel Abidjan Hotel Ivoire www.africappp.com

rd .BVSJUBOJBO .JOJOH BOE 0JM (BT $POGFSFODF &YIJCJUJPO

rd 4FOFHBM *OUFSOBUJPOBM .JOJOH $POGFSFODF &YIJCJUJPO

6th "GSJDB 1VCMJD 1SJWBUF 1BSUOFSTIJQ $POGFSFODF 4IPXDBTF

PLEASE SEND ME FURTHER INFORMATION ABOUT: SURIMEP

ZIMEC

SIMEC

AOGFI

RIMEC

ZIMBABWE

MAURITANIDES

SIM SENEGAL

PPP AFRICA

1-&"4& '"9 5)*4 1"(& 8*5) :063 %&5"*-4 50 +44 20 7681 3120 03 &."*- 50 barbora@ametrade.org /Bme $PNQBOZ Address Tel 'BY &NBJM For further information please call our team +44 207 700 4949 or visit our website www.ametrade.org AFRIcan business journal | N°12 | 79 ".& 5SBEF -UE BEESFTT 6OJU t 6OJUFE )PVTF t /PSUI 3PBE t -POEPO t / %1 t 6OJUFE ,JOHEPN


success story

Tidiane Dème Directeur de Google en Afrique francophone

« Il faut que les Africains produisent du contenu pertinent pour les Africains » En Afrique, il est l’un des acteurs les plus discrets mais certainement les plus influents. Tidiane Dème est Sénégalais, âgé de 39 ans, qui est depuis quatre ans le patron de Google pour la région Afrique francophone. Avec Africatopsuccess

Après avoir obtenu son bac C à Dakar avec mention assez bien, il décroche une bourse qui lui permet de faire de brillantes études en France, -il est sorti de l’Ecole Polytechnique- il a travaillé comme consultant dans l’industrie IT et Telco, pendant

projet n’a pas bien marché parce que l’environnement ne s’y prêtait pas. J’ai ensuite créé une société de conseil, un système d’information, avec une équipe de quatre à cinq personnes. » Il n’a pas peur de l’échec qu’il connait aussi car selon

«il faut que les africains produisent du contenu pertinent pour les africains. et nous avons décidé d’encourager ceux qui produisent du contenu intéressant, de grande qualité.»

5 ans, avant de revenir au Sénégal. « Je suis issu d’une famille où seul le savoir est valorisé. A part ça, il n’y a rien d’autre qui m’a poussé à être passionné de l’internet. Mais, je pense que l’éducation a été déterminante dans mon parcours.» A son retour, il monte plusieurs entreprises. «Je voulais accompagner les PME pour mutualiser les ressources et leur permettre de bénéficier des nouvelles technologies. Mais ce 80 | AFRIcan business journal | N°12

lui, « avant de créer une entreprise qui ait du succès, il faut bien se planter un certain nombre de fois ». Premiers pas chez Google En 2008, Google qui l’a remarqué lui fait du pied. « Ils m’ont convaincu de les rejoindre pour ouvrir le bureau au Sénégal et m’occuper de l’Afrique francophone. » Le pari est pourtant risqué « dans une zone où Internet n’est pas encore dévelop-

pée, ce n’est pas évident de faire un tel projet et donc je ne me voyais pas faire ça. Les responsables de Google qui étaient venus au Sénégal, ont compris qu’Internet n’était pas développé dans la zone et leur approche était que dans quelques années, l’Afrique serait prête. Ce sera une grande opportunité de business pour nous». Pourquoi lui et pas un américain ou un expatrié ? « Les responsables de Google sont venus au Sénégal en disant qu’ils ne voulaient pas amener un expatrié. Ils voulaient quelqu’un qui a les compétences, qui comprend le pays, qui connaît le contexte et qui a déjà travaillé ici. J’ai fait mes études en Europe. J’ai travaillé en Europe et aux Etats-Unis. J’ai acquis des compétences dans le domaine de l’internet. Je suis venu au Sénégal, j’ai créé une société et j’ai travaillé dans l’environnement durant plusieurs années. Pour eux, c’était la combinaison qu’il fallait pour avoir le profil de celui à qui ils peuvent confier le développement de leurs activités dans la région. »


Adapter les produits aux réalités Africaines Aujourd’hui, il fait le pari du contenu. «Il faut que les Africains produisent du contenu pertinent pour les Africains. Et nous avons décidé d’encourager ceux qui produisent du contenu intéressant, de grande qualité. Nous avons envie de voir comment travailler avec tout ce secteur pour que les porteurs de projets puissent amener leurs contenus sur Internet et le faire de manière viable.» Sa plus grande fierté: que les américains s’intéressent aujourd’hui aux startups qui voient le jour au Sénégal grâce à Google, notamment… « Nous avons introduit chez Google l’idée de faire des interfaces Sms pour nos produits. Parce qu’en Afrique, tout le monde n’a pas encore Internet, mais tout le monde a un téléphone portable pour envoyer des Sms. On s’est posé la question suivante: «avec Google Tchatche de Gmail, est-ce qu’on peut tchatcher directement avec quelqu’un sur son téléphone portable?». Et on a développé ce produit qui a beaucoup de succès au Sénégal et qui a été déployé en Afrique mais aussi en Asie en Amérique latine et partout ailleurs. Donc c’est un apport

de l’équipe africaine de Google. Nous sommes devenus, sur beaucoup d’aspects, une source d’innovation pour Google. Ce qui est un bilan très positif pour nous car ça génère beaucoup d’attention et de respect pour la région et ça contribue à convaincre l’industrie Hi-Tech d’investir plus en Afrique où il y a l’innovation et des opportunités. »

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success story

» Tidiane sait que l’aventure ne fait que commencer, « des études ont prouvé que chaque fois qu’on gagne 10% de pénétration d’internet, on gagne 1% sur le PIB. Dans le cas du Sénégal, c’est encore plus facile à illustrer. Ici le secteur télécoms représente un pourcentage très important du PIB, certains même parlent de 12%. C’est donc un secteur porteur de croissance qui déve-

« les responsables de google sont venus au sénégal en disant qu’ils ne voulaient pas ramener un expatrié. ils voulaient quelqu’un qui aie les compétences, qui comprenne le pays, qui connaisse le contexte et qui aie déjà travaillé ici.»

Tidiane Dème a aussi lancé Youtube au Sénégal. « Google a une plateforme formidable qui est Youtube. Nous avons regardé les chiffres et nous avons constaté que Youtube était déjà populaire au Sénégal mais les producteurs ne pouvaient pas encore rentabiliser cette plateforme parce qu’ils ne le connaissaient pas. Il y a donc eu un travail de sensibilisation et de formation et ensuite il faut mettre à leur disposition un certain nombre d’outils.

loppe de l’emploi et des revenus pour le pays. Nous avons une formidable industrie de contenus culturels, audiovisuels qui intéressent le monde entier. Internet peut être un moyen pour distribuer ce contenu dans le monde entier d’une manière rentable pour cette industrie.» Aujourd’hui, sa plus grande conviction, c’est de constater que «le jeune développeur, programmeur africain n’a rien à envier à l’Européen ou l’Américain»  AFRIcan business journal | N°12 | 81


Mandela Washington Fellowship

Le rêve africain dans les bottes américaines Ils sont finalement de retour chez eux, les cinq cent jeunes africains sélectionnés pour l’expérience américaine. L’engagement citoyen, le business et l’entrepreneuriat, l’administration publique, le tout ponctué par le leadership. Par Sylvio Combey, de retour des USA

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Le président Barack Obama, lors de sa rencontre avec les jeunes candidats de YALI 2014.

Voilà les axes prioritaires autour desquels se sont déroulés les six (6) semaines de formation au pays de l’oncle Sam. Désormais, ils portent l’empreinte d’un grand homme africain et se verront appelés les “Mandela Washington Fellows”. Les Etats-Unis ont toujours été perçus comme la première puissance mondiale. Et, le pays est toujours resté un pays modèle, un rêve en matière de démocratie, mieux, de développement pour bon nombres de jeunes leaders africains. Et, ils sont des millions, ces jeunes 82 | AFRIcan business journal | N°12

leaders africains épris eux aussi du rêve de voir leur continent arriver à un stade avancé en développement. La Maison blanche semble prêter oreilles. Au commencement était le YALI En Juin 2013, le président américain Barack Obama a effectué une tournée en Afrique. A l’étape sud africaine, il a tenu à rencontrer des jeunes pour annoncer à toute la jeunesse africaine, l’initiative américaine baptisée Young African Leaders Initiative (YALI) qui consistait

pour l’administration Obama d’envoyer 500 jeunes leaders africains aux Etats-Unis pour des semaines d’apprentissage, d’immersion et de réseautage dans le système américain. Cette première initiale américaine a résonné pour certains comme un rêve. Il fallait à tout prix le réaliser. Les candidatures lancées, IREX (International Research and Exchange Board), une Organisation américaine contractée par le département d’Etat américain pour la sélection et l’organisation confie que c’est au total 50.000 demandes de candidature qui ont été reçues en Afrique (hormis le Maghreb). Et de ce grand nombre, il ne fallait bien retenir que 500. Selon Kofi Obeng-Asiedu du Département d’Etat, la tâche n’a pas été aussi aisée pour IREX. “Tous les postulants avaient un profil rivalisant toute concurrence, chacun avec son initiative innovante”. Et le rêve prit forme Après plusieurs mois de préparation, les boursiers seront finalement connus et vont commencer par fouler le sol américain. Pour bon nombre d’entre eux, c’était une première expérience. Mais, les attentes étaient bien grandes. Ulri-


Des échanges, … et des expériences Loin de voir cette opportunité comme une rencontre de bureaucrates, elle a été le brassage de jeunes africains de divers horizons, sans distinction aucune. Certains dans la production d’oeufs de poules, de fourniture de W.C mobile, de séchage de mangues, de constructions de ponts et chaussées: quand d’autres encore évoluent dans la microfinance, les

Notre confrère Sylvio Combey (en T-shirt noir) a participé au YALI 2014.

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chia Rabefitiavana du Madagascar un peu comme Ghandi voulais être le changement qu’elle souhaitait voir dans son pays qui venait de sortir d’une profonde crise."Quand j’ai appris que je suis retendue, la première chose qui m’était venue à l’esprit était que ce serait pour moi une opportunité de rencontrer des personnes qui partagent les mêmes valeurs, la même vision. Je savais que ce programme allait me rendre plus forte, qu’il allait m’ouvrir l’esprit, et me conforter dans mes ambitions et mes rêves pour mon pays. Kader Kaneye, jeune expert comptable de son état et qui se réclame “fan des USA” confie " Je voulais vraiment changer mon monde, le Niger et je faisais beaucoup choses déjà dans ce but. Lorsque j'ai vu Yali, j'ai tout de suite réalisé que c'était l'expérience qui allait me faire passer à ma version 2.0 et avoir plus d’impact". L’ivoirienne Denise Konin épouse Adou qui intervient dans le domaine de la monétique et de fidélisation veut se perforer avec les USA qui tiennent la tête du peloton en la matière. “Il était donc question pour moi de manière basique d’apprendre de nouvelles stratégies pour booster mes activités économiques”.

médias, l’agriculture : la protection de l’enfant, de la jeune fille et de la promotion de la femme et bien d’autres encore. Et donc, pendant six (6) semaines, les jeunes africains ont été répartis par groupe de 25 dans vingt (20) prestigieuses universités américaines, selon leur domaine d’expertise. Au delà de la formation de haut niveau avec des professeurs chevronnés, ils ont eu aussi à se frotter aux réalités économiques avec des visites d’entreprises, des activités communautaires. Pendant que certains se frottaient aux méthodes participatives pratiques pour impliquer les citoyens à bâtir une communauté plus juste, d’autres échangeaient avec de grandes figures de l’entrepreneuriat américain et des hommes politiques de renoms pour impacter autrement leur communauté.

Aujourd’hui, Ulrichia Rabefitiavana du Madagascar éprise de la vision Ghandi, celle d’être le changement qu’elle souhaitait voir dans son pays est rentrée chez elle avec une seule ambition, celle de promouvoir le changement de mentalité, encourager l’engagement citoyen des Malgaches et l’utilisation positive des ressources minières dans mon pays. Elle fait d’ailleurs partie de la centaine de jeunes qui ont reçu un fond supplémentaire de $25.000 pour la réalisation de leurs initiatives au pays. Le Mandela Washington Fellowship a été pour beaucoup de jeunes africains, une belle expérience. Bonne nouvelle, le programme sera reconduit dans les années suivantes et de 500, le nombre de boursiers sera porté à 1000.  AFRIcan business journal | N°12 | 83


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social

Sommet présidentiel

Le retour aux sources du couple Obama Au départ, l’idée maitresse était de faire converger des jeunes leaders aux Etats-Unis afin de se perfectionner à la manière américaine dans de grandes universités. L’objectif semble avoir été atteint. Au sommet présidentiel à Washington DC avec ces jeunes, le couple Obama n’a pas manqué de leur rappeler toute leur admiration mais aussi qu’ils sont des leurs. Par Sylvio Combey, de retour de Washington DC

Après les six (6) semaines de formations, les 500 jeunes leaders se sont tous retrouvés à Washington DC le couple présidentiel, au delà des observations faites sur le continent, n’ont pas hésité de rappeler leur origine, l’origine africaine. Barack Obama, le « Kenyan »! Même si depuis son élection en 2008 où il n’a cessé d’être taxé par ses compatriotes d’être plus africain qu’américain, le premier président noir des Etats Unis d’Amérique n’a pas caché son origine africaine devant les jeunes leaders africains. Après les futures leaders d’Afrique, il y est encore revenu en face des Chefs d’Etat et de gouvernement reçus dans le cadre du sommet USA-Afrique. « Je me présente devant vous non seulement en tant president des Etats Unis mais aussi en tant que fils d’un homme originaire de l’Afrique. Le Sang de l’Afrique coule dans les veines de notre famille. Et pour nous, le lien entre nos pays, nos continents sont vraiment étroits », a-t-il souligné et de renchérir « Nous sommes fiers de ces liens. De tous les moments les plus incroyables de notre voyage, le moment les plus mémorable a été d’emmener Michelle et plus tard nos deux petites filles dans le pays natal de mon père, le Kenya ».

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Michelle, le sang africain... Contrairement à Barack, Michelle Obama s’est focalisé sur un seul sujet, l’éducation de la jeune fille dans le monde, en particulier en Afrique. Devant un public qui le suivait très attentivement, elle va lâcher « Moi qui suis afro-américaine, cette conversation me touche au plus profond de moi-même. Les racines de mon arbre généalogique sont en Afrique. Comme vous le savez, le père de mon mari est né et a grandi au Kenya». Un tonnerre d’applaudissements va s’élever pour cette première dame qui selon les jeunes leaders africains descend de son piédestal pour leur rappeler qu’elle est aussi une des leurs. «Croyezmoi, le sang de l’Afrique coule dans mes veines, et je me sens vivement concernée par l’avenir de l’Afrique» a-t-elle renchéri tout en soulignant venir souvent en Afrique avec sa mère et des filles autant que faire se peut. Et Mandela, l’Africain... La stratégie américaine est de réaliser des projets de concrétiser des initiatives de manière inclusive pour que chaque partie prenante se sente concernée pour s’y mettre réellement corps et âme. le couple Obama n’a pas non plus lésiné sur les moyens dans ce sens.

Très vite, l’initiative YALI qui est destinée aux jeunes africains sera rebaptisé en honneur à un grand homme sur le continent. Celui que la majorité des jeunes leaders africains fixent comme un modèle. Depuis le 28 Juillet 2014, le programme YALI est rebaptisé Mandela Washington Fellowship for Young African Leaders. « C'est un honneur d'être comptée parmi les de ce programme qui porte le nom d'un géant africain qui s'est sacrifié et battu pour son pays au prix de sa vie. Comme quoi il existe en core des leaders de cet acabit! », s’est réjoui Régina Manavi Kpotor, une participante du Togo. A Kader Kaneye du Niger de renchérir «L'interprétation est simple et puissante selon moi: en chacun d'entre nous, vous et moi, sommeille un Mandela. Il est temps de le réveiller ». A la fin de cette première initiative grandeur nature américaine en faveur de jeunes dynamiques africains, ces derniers repartent plutôt bien ragaillardis, comme l’aura souhaité Barack Obama, armés de nouvelles compétences, de nouvelles ressources, de nouveaux réseaux avec encore une seule idée en tête, tout mettre en oeuvre pour porter haut la fierté du continent noir.


social Projet Africa 39

Une anthologie pour promouvoir la littérature africaine Trente neuf auteurs africains participeront à la rédaction d’une anthologie dénommée ''Projet Africa 39''. Un grand ouvrage qui souhaite dévoiler les talents de jeunes littéraires du continent et promouvoir les différentes facettes de sa diversité culturelle. Par Babacar Seck L’écrivain nigérian Wolé Soyinka préfacera cet ouvrage collectif.

© photo A.F.P

Liste des 39 écrivains sélectionnés

Les passionnés de littérature africaine ne seront pas sevrés de lecture. Ils seront choyés ce mois d’octobre avec la parution d’une anthologie qui fait la part belle à la culture africaine. Le Projet « Africa 39 » verra la participation de trente neuf auteurs de moins de 40 ans issus de plusieurs pays africains qui ont été sélectionnées par un jury composé notamment de Elechi Amadi, Tess Onwueme et Margaret Busby, suite à un appel à candidature. Chacun d’entre eux rédigera une nouvelle ou un extrait de livre qui seront rassemblés dans le cadre de cet ouvrage qui sera publié par la maison d’édition Bloomsbury, basé à Londres. D’après les responsables, ce projet verra aussi la participation de prix littéraire africains, d’associations d’écrivains, de magazines de littérature et festivals littéraires. La préface de l’ouvrage portera la plume du grand écrivain nigérian Wolé Soyinka, lauréat du prix Nobel de littérature en 1986. L’objectif de ce projet est de faire découvrir au grand public de jeunes talents du continent, qui vont narrer, à travers leurs écrits, les moult facettes de la littérature africaine. Il s’inscrit aussi dans le cadre des célébrations de la capitale mondiale du livre 2014 qui auront lieu ce mois d’octobre au Club de Lecture Arc-en-ciel de Port Harcourt au Nigéria. Cet évènement sera organisé en partenariat avec le Festival Hay d’Arts et de Littérature du Royaume Uni. Pour rappel, la ville de Port Harcourt a reçu en 2014 le statut de capitale mondiale du livre décernée par l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco). C’est la première ville d’Afrique subsaharienne à recevoir une telle distinction. 

Chimamanda Ngozi Adichie (Nigeria); Richard Ali A Mutu (République démocratique du Congo); Monica Arac de Nyeko (Ouganda); Rotimi Babatunde (Nigeria); Eileen Barbosa (Cap Vert); A Igoni Barrett (Nigeria); Jackee Budesta Batanda (Ouganda); Recaredo Silevo Boturu (Guinée Equatoriale); Nana Brew-Hammond (Ghana/USA); Shadreck Chikoti (Malawi); Edwige Renée Dro (Côte d’ivoire); Tope Folarin (Nigeria/USA); Clifton Gachagua (Kenya); Stanley Gazemba (Kenya); Mehul Gohil (Kenya); Hawa Jande Golakai (Libéria); Shafinaaz Hassim (Afrique du Sud) ; Abubakar Adam Ibrahim (Nigeria); Stanley Onjezani Kenani (Malawi/Switzerland); Dinaw Mengestu (Ethiopia/USA); Nadifa Mohamed (Somalia/UK); Nthikeng Mohlele (Afrique du Sud); Linda Musita (Kenya); Sifiso Mzobe (Afrique du sud); Glaydah Namukasa (Ouganda); Kioko Ndinda (Kenya); Okwiri Oduor (Kenya); Ukamaka Olisakwe (Nigeria); Ondjaki (Né à Luanda mais vit à Rio au Brésil); Chibundu Onuzo (Nigeria); Nii Ayikwei Parkes (Ghana/UK); Taiye Selasi (Ghana/Nigeria/UK/Italy); Namwali Serpell (Zambie/US); Lola Shoneyin (Nigeria); Novuyo Rosa Tshuma (Zimbabwe/ South Africa); Chika Unigwe (Nigeria/ Belgium/US) ; Zukiswa Wanner (Zambia/South Africa/Zimbabwe/Kenya); Mary Watson (Afrique du Sud /Irlande) et Mohamed Yunus Rafiq (Tanzania).

AFRIcan business journal | N°12 | 85


social

Foncier au Bénin

Selon les syndicats des paysans du Bénin, le bradage des terres a débuté en 2006 et s’amplifie davantage.

Au Bénin, environ 10 % des terres arables sont détenues par de grands groupes financiers. Ce phénomène qui contraint au chômage la majorité des paysans est plus accentué dans les départements du Sud et du Centre.

Par Fortuné Sossa (Bénin)

86 | AFRIcan business journal | N°12

Green Waves, société italienne, 20.000 hectares pour la culture de Jatropha, groupes koweitiens 15.000 hectares, Betexco, société nigériane, environ 1000 hectares, firmes chinoises, 600 hectares pour la culture de maïs, de fruits et de légumes ajoutés à 60 hectares que le gouvernement lui-même a mis à leur disposition, hommes d’affaire libyens, entre 100 et 200 hectares… Ainsi, selon ces chiffres rapportés par le Syndicat national des paysans du Bénin (Synergie paysanne), les nouveaux "seigneurs" des terres béninoises viennent d’Europe, d’Asie et même de certaines contrées d’Afrique. Ils sont propriétaires de 10% de la superficie cultivable du pays. Ce que témoigne son coordonnateur Nestor Mahinou, «l’achat massif des terres agricoles concerne plus de 300.000 hectares au Bénin». Or, la majorité de ces terres, achetées auprès des

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Le dixième des terres cultivables appartient aux étrangers

paysans à vil prix, au lieu d’être mises en valeur aussitôt, sont laissées en friche. Le contraste est que cette situation oblige des milliers de paysans à l'inactivité. La plupart, devant le fait accompli, se déversent dans la conduite de moto-taxi. La Banque Mondiale a commandité une étude en 2010 dans vingt (20) pays affectés par le phénomène dont le Bénin. Ladite étude confirme l’ampleur du bradage des terres. Elle souligne : « La hausse spectaculaire des prix des produits agricoles en 2007-2008… a abouti à une "redécouverte" du secteur agricole par différents types d’investisseurs et généré une vague d’intérêt pour l’acquisition de terres dans des pays en développement ». La farce des acheteurs Pour acquérir les terres, ces hommes d’affaires et multinationales promett ent aux paysans qu’ils


vont les employer à la transformation de ces superficies et ils deviendront, du coup, des paysans modernes avec des motoculteurs et des salaires prestigieux. Quand certains propriétaires terriens ne se laissent pas convaincre par ces arguments, ils leur font croire que s’ils ne vendent pas leurs terres, l’Etat viendra les exproprier. Par ailleurs, ces acheteurs font miroiter aux paysans des contrats de bail avec l’appui d’intermédiaires nationaux qui s’enrichissent sur leur dos. Pour prévenir le pire, le Syndicat national des paysans du Bénin (Synergie paysanne) en collaboration avec la Plate-forme nationale des organisations paysannes et professionnelles agricoles du Bénin (Proppa-Bénin), a organisé un atelier national à l’intention des organisations de la société civile sur les acquisitions à grande échelle de terres agricoles au Bénin, au lendemain des conclusions du rapport de la Banque mondiale. Ces organisations de défense des paysans relèvent que le bradage des terres a débuté en 2006 et s’amplifie davantage sans aucune réaction du gouvernement. Elles font remarquer également qu’il existe quelques groupes nationaux parmi ces puissances financières notamment la société CAJAF COMON avec près de 5000 hectares de terres acquis pour la culture de maïs, de soja et de palmier à huile. Puis, elles s’insurgent contre les principes promus par la Banque mondiale sur ce qu’elle nomme "investissements responsables" de la part d’entreprises agro-alimentaires. En effet, la Banque mondiale voit la terre et les droits à la terre, comme «une base cruciale pour les corporations en recherches de gros dividendes sur leurs capitaux».

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actualité social

Le nouveau code foncier décrié Comme en réaction aux plaintes et dénonciations des organisations paysannes, un nouveau Code foncier a été voté en janvier 2013. Cette loi, en son article 361 stipule : «  L’acquisition d’une terre rurale dont la superficie est comprise entre deux (02) et vingt (20) hectares est conditionnée par l’approbation préalable du conseil communal ou municipal d’un projet de mise en valeur à des fins agricoles, halieutiques, pastorales, forestières, sociales, industrielles, artisanales ou de préservation de l’environnement. Au-delà de vingt (20) et jusqu’à cent (100) hectares, le projet de mise en valeur est approuvé par l’Agence Nationale du Domaine et du Foncier après avis du conseil communal ou municipal ». Pour une superficie supérieure à cent (100) et inférieure ou égale à cinq cent (500) hectares, la demande d’acquisition de terre n’est recevable que lorsque le projet est approuvé par le conseil communal et a reçu l’approbation du ministre en charge du foncier, entre autres.

Au-delà de 500 hectares, le projet de mise en valeur est approuvé par décret pris en Conseil des ministres. «En tout état de cause, poursuit le même article du Code, aucune acquisition de terre ne peut excéder une superficie cumulée de mille (1000) hectares». Et c’est là que le bât blesse, prévient Synergie paysanne. Au coordonnateur Nestor Mahinou d’avertir : «Alors que les paysans dénoncent l’accaparement des terres par les firmes étrangères, l’article 361 de ce Code en fait la promotion en stipulant que tout individu peut acheter jusqu’à 1000 hectares. Ce qui est en contradiction avec l’idéal de l’agriculture familiale pratiquée au Bénin et défendue par Synergie paysanne». En outre, M. Mahinou juge qu’il faudrait que «ceux qui sont chargés de la mise en œuvre de cette législation, notamment les élus locaux, puissent s’approprier ces textes et puissent réellement les mettre en pratique puisque la loi leur confère des prérogatives qu’ils ne connaissent pas ou qu’ils semblent connaître».  AFRIcan business journal | N°12 | 87


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La Couverture maladie universelle

Le début de la santé pour tous au Sénégal Le Sénégal à l’image de quelques pays africains est parvenu à établir la couverture maladie universelle. Doté d’un budget encore modeste, la CMU est basée sur l’assurance volontaire et offre la gratuité des soins à plusieurs couches vulnérables de la population.

Par Maimouna DIA NDOUR

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Garantir l’accès aux soins à des Sénégalais quelque soit leur condition sociale, c’est l’objectif de la Couverture maladie universelle (CMU), nouvellement instaurée au Sénégal. La CMU veut créer les conditions nécessaires permettant à tous de bénéficier des soins préventifs ou curatifs de qualité. Elle s’articule autour de régimes mutualistes et de systèmes de gratuité. Le processus d’élaboration de la stratégie a été effectué sur plusieurs mois et de façon très inclusive. « Le ministère de la santé a consulté tous les individus, les institutions, les structures et les partenaires comme les techniciens de la santé, la société civile, les organisations consuméristes …»,

déclare le professeur Seydou Boubakar Badiane, coordonnateur de la Cellule d’appui à la couverture maladie universelle (CACMU). La CMU est l’aboutissement de plusieurs mois de réflexion d’acteurs de la santé, lesquels ont participé à des expériences similaires dans d’autres pays africains. « Il n’y pas de modèle d’inspiration en tant que tel. Il faut que les gens aient l’intelligence en partant de modèles venus d’ailleurs d’élaborer un système adapté à leurs besoins », selon le Pr. Badiane. N’empêche que certains pays en développement dont le Maroc, la Tunisie ou encore des pays plus proche comme le Rwanda, le Ghana restent des exemples en Afrique, en termes de couverture maladie.


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Un modèle controversé Des mesures destinées à réduire le coût de la santé, mais qui ne sont pas encore suffisamment connues du grand public. Pour rectifier le tir, la CACMU a mis en place un plan de communication auprès des élus locaux, des députés, des conseillers économiques et ruraux, des journalistes et des professionnels de la santé. Mais le manque de communication n’est pas la seule critique qu’essuie la CMU. Différents acteurs de la santé reprochent au gouvernement d’avoir élaboré une couverture discriminatoire et sélective, du fait par exemple que la gratuité de la césarienne est surtout valable dans les régions. Ils stipulent aussi que la première étape devrait consister à remettre les hôpitaux à niveau, en matière d’équipement, de personnel et de payer les énormes dettes de l’Etat qui ont asphyxié les hôpitaux sénégalais. A ces critiques, les défenseurs de la CMU rétorquent que la modestie du budget impose une sélection et que les populations sénégalaises ne doivent pas attendre la résolution de toutes les difficultés du secteur de la santé pour débourser moins. Ainsi la CMU ne fait pas l’unanimité. Pour s’assurer de sa pérennité au delà des régimes au pouvoir, l’Etat propose de voter une loi imposant la Couverture maladie universelle. 

L’Etat principal bailleur de la CMU Le budget de la CMU comprend en partie les 7 milliards réservés aux régimes de gratuité et les 10 milliards affectés par l’Etat et répartis à part égal entre la CMU et les bourses familiales. Des montants exclusivement déboursés par l’Etat, soutenu dans sa démarche par des partenaires comme l’OMS, l’USAID, la Coopération Sénégal-Luxembourg, la Banque mondiale, l’UNICEF, la Coopération française, Save Children et la Coopération technique Belge. Pour drainer plus de fonds, le ministère de la santé compte explorer d’autres mécanismes de financement comme la taxation du tabac et de l’alcool, le partenariat public privé, le mécénat.

« Une collectivité locale, une mutuelle de sante au moins ». Les théoriciens de la c o u v e r t u r e   m a l a d i e universelle déconseillent le recours à la couverture volontaire par les mutuelles, optée par le Sénégal. «Nous avons choisi  cette  solution également pratiquée par des pays comme le Rwanda après moult analyses et en toute connaissance de cause. Nous savons que c’est le meilleur moyen pour toucher toute la population», explique le Pr Badiane. Pour ce faire, le ministère de la santé a amélioré les anciennes mutuelles qui avaient d’énormes difficultés. Difficultés liées à une gestion tortueuse et sommaire ainsi qu’à des cotisations trop modestes. «Pour y remédier l’Etat, qui cotise pour les indigents, va former les gestionnaires des mutuelles, collaborer avec les collectivités locales et ramener les cotisations à 7000 F mensuels dont la moitié est à sa charge», conclut le coordonnateur de la CMU. En clair, d’après le Pr. Badiane, les subventions de l'Etat aux mutuelles sont de 2 types : 3500F pour tous ceux qui sont capables de cotiser (soit 50% du montant), et une de 7000F (soit 100%), pour les personnes dûment identifiées comme indigentes, ainsi que leur famille. © photo D.R

Au Sénégal, la CMU exclut les régimes de couverture existants. Actuellement 20% de la population bénéficient d’assurance maladie qui est gérée par le ministère de l’emploi. La CMU s’applique aux 80% de la population non couverte. Elle va réactualiser l’assurance maladie volontaire pour organiser les membres sur la base de mutuelles. En outre, le régime d’assistance médicale concerne la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes avec la gratuite de la césarienne et des soins pour les personnes âgées.

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santé & entreprise

Par Maimouna Dia Ndour

Troubles musculo-squelettiques

Opter pour l’ergonomie Les positions inconfortables adoptées au travail sont à l’origine de nombreux troubles affectant les muscles et le squelette. Mais se faire de vieux os au travail c’est possible. Le secret réside dans le respect strict de quelques règles d’hygiène. Des douleurs du poignet, de la main, des doigts, du coude, de l’épaule, du genou, du dos, de la hanche, des pieds et chevilles … Nombreuses sont les personnes qui ressentent ces signes annonciateurs de Troubles musculo-squelettiques (TMS). Cette appellation englobe des pathologies affectant les articulations, 90 | AFRIcan business journal | N°12

les os, les nerfs, les tendons, les muscles. « Ils désignent toute atteinte aux structures musculaires et squelettiques constituées d’un ensemble d’os et d’articulations et sont inclus dans le cadre global des rhumatismes », explique le Pr Souhaibou Ndongo, médecin rhumatologue à l’hôpital Aristide le Dantec de Dakar.

Ces TMS ont plusieurs causes. Le mal de dos, l’un des troubles les plus répandus et très fréquents chez les personnes qui restent longtemps assis au travail. «S’asseoir de façon inconfortable dans le cadre de son travail par exemple risque fortement de provoquer le mal de dos appelé lombalgie», affirme le rhuma-


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Cependant, les TMS sont soignables et ne sont nullement une fatalité dés lors qu’ils sont pris en charge en amont. Devant le patient, les médecins vont d’abord au delà du fait que la douleur soit due au stress ou aux positions adoptées au travail. Ils penchent sur l’origine exacte de la douleur. « Dans le cas du mal de dos, nous explorons différentes voies et cherchons des pathologies comme le début d’une hernie discale, une arthrose, une fracture tassement vertébrale…», précise le Dr Ndongo. Le traitement est adapté au diagnostic. La prise en charge aboutit quelquefois à une demande de reclassement professionnel. La personne affectée doit dès

lors respecter des mesures rigoureuses d’hygiène articulaire et musculaire en optant notamment pour des positions plus ergonomiques et en réduisant au minimum les sollicitations excessives du segment concerné. Des gestes anodins mais efficaces auxquels s’ajoutent d’autres pour prévenir les TMS. C’est l’adaptation du poste de travail après une analyse fine de l'activité des opérateurs, la réduction les masses manipulées et des tâches trop répétitives. Il est également recommandé de privilégier l’ajout d'assistance physique et ne pas abuser de l’usage des outils vibrants, ou encore d’alterner les opérateurs sur les postes et les sensibiliser sur les risques encourus. 

Pr. Souhaibou Ndongo médecin rhumatologue à l’Hôpital Aristide le Dantec de Dakar.

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tologue. Soumettre une articulation, un segment musculo-squelettique à un stress physique soutenu et intense augmente considérablement les risques de survenue d’un trouble. Autres causes possibles relevées sont les chocs mécaniques, les gestes répétitifs, les positions articulaires extrêmes, les efforts excessifs. Il en découle de grosses pertes pour les entreprises à cause de l’absentéisme occasionné et la baisse de performance des employés, faisant des TMS un enjeu humain et économique considérable pour les entreprises. Ils sont d’ailleurs la première cause de maladie professionnelle en France, selon une étude conjointe du ministère de la santé français et des organismes de prévoyance en 2011.

Tout passe par une bonne hygiène articulaire et musculaire • D’abord, dés le début d’un quelconque symptôme la personne doit aller consulter pour qu’un diagnostic complet soit établi. Que ce soit le médecin généraliste, le rhumatologue ou le médecin du travail, chacun a son rôle. Tous sont aptes à la prise en charge. Dans le cadre du travail, il est parfois plus facile d’effectuer la consultation auprès du médecin du travail de l’entreprise. Soit il vous prend en charge soit il vous oriente vers le spécialiste. • Ensuite, il faut éviter toutes les attitudes vicieuses tendant à compromettre les jeux articulaires. En allant voir le kinésithérapeute, il va vous indiquer les attitudes à adopter pour protéger ses genoux, son dos et ses différentes articulations. C’est tout un apprentissage et non quelque chose à ramasser rapidement. Il faut que les gens soient plus édifiés au plan ergonomique par rapport à leurs structures ostéo-articulaires et musculaires. • Enfin méfiez-vous de la prise de poids. Le surpoids est très mauvais pour la structure musculo-squelettique, en particulier pour éviter l’arthrose, l’un des troubles les plus fréquents. De la même manière, il convient d’adopter une très bonne hygiène articulaire. Il s’agit de bannir les gestes exigeant une utilisation excessive de la structure musculo-squelettique aussi bien au travail que dans la vie de tous les jours. Mais l’une des recommandations les plus importantes est de maintenir une activité physique soutenue et régulière. Elle est à la fois utile à la structure ostéo-articulaire et musculaire et aux différents organes dont l’appareil cardiovasculaire.

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actualité

Networking

Comment entretenir son réseau professionnel Un réseau, qu’il soit professionnel ou personnel, est comme un jardin qu’il faut entretenir pour obtenir les meilleurs fruits. Il est capital de le faire régulièrement pour qu’il vous soit utile quand vous en avez besoin.

Célébrez les dates anniversaires Une attention qui fait toujours plaisir à condition d’être sincère. Mais n’en restez pas là ! Cherchez à personnaliser votre contact en trouvant d’autres occasions à célébrer, par exemple la date de création de l’entreprise. Mémorisez ces dates dans votre smartphone ou dans votre logiciel de messagerie. Certains d’entre eux disposent d’un système d’alerte automatique qui vous préviendra quotidiennement des évènements à fêter. Favorisez les occasions de rencontres Plus activement, assistez ou mieux prenez une part active aux soirées-débats de vos clubs d’anciens de grands groupes ou d’études… 92 | AFRIcan business journal | N°12

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Identifiez votre réseau Les premières bases de votre réseau sont à chercher dans l’histoire commune que vous vous reconnaissez avec certaines personnes: votre entourage familial, vos camarades de lycée et d’études, vos partenaires de loisirs, vos anciens collègues, clients et autres pairs côtoyés dans les organisations professionnelles. Autour de vous se trouve déjà le terreau qui vous permettra d’étendre votre rayon d’action.

Plus il existe de liens entre les différents membres de votre réseau, plus il sera dynamique.

Rien ne remplace un contact direct. Sans attendre, profitez d’un événement pour rassembler vos meilleurs contacts, une exposition sans rapport direct avec votre activité. Plus activement, assistez ou mieux prenez une part active aux soirées-débats de vos clubs d’anciens de grands groupes ou d’études… Rien ne remplace un contact direct. Sans attendre, profitez d’un événement pour rassembler vos meilleurs contacts, une exposition sans rapport direct avec votre activité. Plus il existe de liens entre les différents membres de votre réseau, plus il sera dynamique.

Faites passer l’info ! Lorsque vous vous informez (magazines, presse quotidienne…), ne lisez pas simplement en suivant votre propre intérêt mais pensez également à ce qui pourrait intéresser les membres de votre réseau. Découpez les articles en question, notez les initiales des destinataires éventuels, scannez le document et envoyez-le par mail avec un commentaire personnalisé. Vos relations apprécieront toujours ces attentions qui les inciteront à réagir et faire de même. Les informations fournies fertiliseront vos échanges.


Détectez les besoins de vos contacts ! Ne terminez pas un coup de téléphone sans demander à votre interlocuteur quelle est sa préoccupation du moment et donnez vous ensuite un objectif de mise en relation. Le truc : contactez une personne susceptible de l’aider et avec son accord, envoyez un mail conjoint de mise en relation. Ainsi, vous rendez service aux uns et aux autres et, en vous plaçant au centre des échanges, vous obtenez des retombées positives. Plus vous rendez service, plus on vous rendra service. Savoir solliciter son réseau Activer son réseau est un art difficile et le respect de quelques règles cardinales s’impose. En vous recommandant à un client ou à un employeur, la personne sollicitée s’engage personnellement auprès de ce dernier. Il est dès lors capital de la rassurer sur vos aptitudes. Ne vous placez pas en situation de quémandeur, sachez vous vendre: vous ne demandez pas une faveur, mais saisissez une opportunité de rapprochement. Avant de solliciter quelqu'un, réfléchissez à votre demande. Les gens ont souvent peu de temps et ne savent pas toujours comment vous aider. Facilitez-leur la tâche en formulant précisément vos attentes et en suggérant si possible la façon dont votre interlocuteur peut vous assister. L’impact d’un «Je suis licencié, si tu connais quelqu'un dans les RP…» est évidemment moindre que je « Je recherche un poste de consultant dans les RP. J’ai 12 années d’expérience avec une spécialisation dans les hautes technologies. Je crois que ton ami Dupont dirige une agence de relations presse dans un domaine très connexe, peut-être pourrionsnous nous rencontrer»

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actualité

Un réseau est un ensemble organisé de plusieurs personnes physiques ou morales, dites acteurs du réseau, dispersées dans une zone territoriale donnée, de compétences différentes et complémentaires qui agissent pour un objectif commun, selon des normes et des valeurs partagées, sur la base d'une coopération volontaire pour améliorer la prise en charge d'une communauté. L’écrivain Guy Le Boterf distingue différents types de réseau en fonction de leur finalité : 1. Le réseau de soutien : La finalité du réseau est de fournir des « ressources » (savoirs, expertises, informations, relations...) dont un professionnel a besoin pour agir mais qu'il ne possède pas personnellement. Ce sont des réseaux de support d'un acteur individuel ou collectif. Face à une situation-problème, un professionnel peut faire appel à un réseau de soutien pour obtenir les informations et les savoir-faire qui lui manquent et qu'il devra combiner avec ceux qu'il possède. Ce type de réseau peut être interne à une organisation (structure d'accueil organisée en pôle avec un centre de ressource et des personnes ressources). Cela peut se traduire aussi par un syndicat, une association ou une fédération. 2. Le réseau de partage et de capitalisation des pratiques professionnelles : Sa finalité consiste à faire progresser les pratiques des acteurs à partir de leur partage et de la création d'un savoir commun. Si ces réseaux conduisent des actions, ce sont des actions en direction des professionnels qui visent la formation ou l'échange d'expériences. 3. Le réseau d'action collective : Sa finalité est la réalisation d'actions communes. Source : weka.fr

Avec cadreemploi.fr et placedesreseaux.com

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itechnologiques nnovations L’université virtuelle du Sénégal

Naissance de la première génération de l’économie numérique L’université virtuelle du Sénégal (UVS) est l’une des dernières trouvailles de l’Etat Sénégalais pour desservir tout le pays, absorber le nombre croissant de bacheliers et redresser le niveau de l’enseignement supérieur en proie à des difficultés endémiques. Le pays a conçu un modèle numérique unique pour ses besoins spécifiques.

a nouvelle université compte actuellement 2000 étudiants dispatchés au niveau de 12 sites implantés sur l'ensemble du territoire.

L'UVS a été créée par décret présidentiel le 23 septembre 2013. Elle est le résultat de réflexion d'experts très avertis sur les forces et faiblesses de l’enseignement au Sénégal et dans le monde. La nouvelle uni94 | AFRIcan business journal | N°12

versité compte actuellement 2000 étudiants dispatchés au niveau de 12 sites implantés sur l'ensemble du territoire. Ces sites sont appelés les Espaces numériques ouverts (ENO) où sont rattachés les étudiants

orientés dans 5 filières d’enseignement que sont les mathématiques appliquées à l'informatique, les sciences juridiques et politiques, la sociologie, les sciences économiques et l'anglais. L’UVS a débuté ses activités au sein d’espaces provisoires affectés par l’Etat en attendant la fin de la construction des ENO. Les premiers cours ont été axés sur le développement personnel, sur le leadership et les techniques d'expression. Ils ont permis aux étudiants de s’imprégner des réalités de cette nouvelle forme d’enseignement mais aussi de faire connaissance Conscient que l’ordinateur est le principal outil de travail des étudiants de l’UVS, l’Etat les en a doté dans le cadre du programme un étudiant un ordinateur, dans lequel il supporte près de 75% du coût d’acquisition. Ils peuvent ainsi se connecter à domicile où dans des ENO équipés et connectés à travers un nombre importants d'ordinateurs pour apprendre, s’informer et faire leurs devoirs.


L’UVS est ainsi devenue une réalité mais l’exécution du programme ne s’est pas déroulée sans heurts. Le déploiement a été ralenti par les retards dans l’orientation des étudiants et dans l’exécution des marchés par des partenaires. La structure a aussi subi des critiques tout azimut. Ses détracteurs reprochent à l’Etat d’être allé trop vite en besogne pour une telle expérience. Ces obstacles ont été sans effet sur le ferme engagement des instigateurs de l’UVS attendue avec espoir dans le secteur de l’enseignement supérieur déjà mal en point. «La nouvelle structure compte instaurer une meilleure formation et attirer l’attention sur les opportunités offertes par la dernière née des UV sénégalaises», explique le professeur Mouhamadou Mansour Faye Coordonnateur national de l’UVS. Ainsi, l’entité projette de monter des modules de formation pour alimenter le dispositif, voire les vendre à l’étranger. Et aussi offrir aux "cerveaux" sénégalais de la diaspora la possibilité de concevoir des modules de formation entière ou d’intervenir dans les formations, afin de partager leur savoir faire avec les jeunes Sénégalais et Africains. «La nouvelle université va de même contribuer à résorber le nombre grandissant de bacheliers», ajoute le coordonnateur. Elle s’attend à accueillir entre 4000 et 5 000 étudiants en 2015 et à s’étendre au niveau national grâce à l’engagement de l’Etat soutenu par des partenaires comme la BAD, la coopération coréenne et la Banque mondiale. 

Pr. Mansour Faye Coordonnateur national de l’UVS.

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innovations technologiques

Les ENO, un concept innovateur, made in Sénégal Comment définissez-vous les espaces numériques ouverts ? Ce sont des espaces où l’on retrouve toutes les commodités en termes d’équipements informatiques, de TIC et de connectivité, faisant d’eux un véritable îlot de TIC. Ils sont interconnectés et forment un réseau national donnant accès aux différentes ressources de l’UVS. Actuellement 12 ENO sont prévus à Kolda, Bignona, Ziguinchor, Saint -Louis, Podor, Guédiawaye, Dakar, Mbao, Thiès, Mbour, Diourbel et Matam. L’université virtuelle sénégalaise va permettre à travers ses ENO de fixer les forces vives du terroir afin qu’elles créent un dynamisme et constituent un levier de main d’œuvre pour les entreprises et institutions locales. Quels sont les principaux apports des ENO aux communautés voisines ? Les ENO vont améliorer les plateaux techniques des communes où ils sont implantés. Ils constituent une opportunité d’ouverture, réduisent l’appauvrissement, l’inégalité homme/ femme, la fracture numérique et favorisent la formation continue. Aujourd’hui, l’UVS est uniquement dans le segment de la formation initiale. Mais elle compte s’ouvrir à la formation professionnelle, à la formation continue et à la certification, très demandées. Prenez le cas d’un fonctionnaire qui est affecté assez loin d’un centre universitaire, il n’avait pratiquement aucune perspective de se bonifier. Mais grâce à l’UVS et ses ENO nous allons lui proposer des modules qui viendront peut être en relais dans le cadre de l’acte III de la décentralisation. C’est là que nous devenons véritablement une université du développement. La mission que nous avons donnée aux administrateurs des ENO c’est de faire un travail de veille, d’être à l’affût des besoins dans chaque terroir . Avez-vous eu des modèles de référence dans votre conception des ENO? Nous sommes dans un modèle original. C’est un concept en soi extrêmement innovateur dans sa conception et son utilisation. Si vous prenez les universités virtuelles du monde occidental, elles ne sont pas souvent sur le segment de la formation initiale. Elles sont plus sur celui de la formation continue ou de l’enrichissement. A partir de ce moment, elles ne sont pas obligées de mettre sur place des dispositifs. L’université virtuelle dans le monde francophone est une nouveauté. Nous n’avons copié personne. Nous avons juste identifié les besoins de notre pays, nous connaissons les contraintes, les risques et ce qui a été fait tient compte de toutes ces spécificités nationales pour proposer un modèle. Ce dernier devrait nous permettre d’atteindre nos objectifs et même servir de patron à d’autres expériences en Afrique. Propos recueillis par Maimouna DIA NDOUR

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innovations technologiques E-gouvernement dans le monde

L’Afrique faiblement connectée Par Abdou Diaw

Le réseau des administrations publiques des Nations Unies (UNPAN) lève un coin du voile sur l’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les administrations africaines. Dans son rapport 2014 sur l’e-gouvernement dans le monde, l’organisme montre à quel point nos gouvernements négligent ce paramètre. Pour établir son classement, il a mis en place l’indice de développement de l’E-gouvernement (IDEG) qui prend en compte trois grands critères : les services en ligne proposés par les pouvoirs publics, les infrastructures de télécommunications, et le capital humain. L’objectif est de mesurer l’impact de « l’utilisation des technologies de l’information et de la communication par les gouvernements dans la diffusion d’informations et de services publics aux populations ». La Tunisie leader de l’e-gouvernement en Afrique Si l’on consulte le classement général, il faudra descendre jusqu’à la 75e place pour trouver le premier pays africain, la Tunisie. Le Royaume de Carthage caracole en tête 96 | AFRIcan business journal | N°12

au niveau continental avec un IDEG de 0,54 sur 1, suivi de l’Ile Maurice (76e mondial), l’Egypte (80e) et des Seychelles (81e), le Maroc (5e) et l’Afrique du Sud (93e). Ces six pays sont les seuls en Afrique à présenter un niveau de développement de l’e-gouvernement supérieur à la moyenne mondiale (0,47 sur 1). La moyenne de l’IDEG se situe à 0,27 sur 1 au niveau continental. Attention, ces résultats ne sont que l’arbre qui cache la forêt. D’après

habitant et une interconnexion entre le développement du secteur des télécoms et l’amélioration de la numérisation des services. C’est ce qui explique d’ailleurs les faibles résultats notés chez la majorité des pays africains. Le secteur public joue aussi un rôle important dans le développement de l’e-gouvernement. A titre d’exemple, le Maroc et l’Ile Maurice ont réalisé respectivement des gains de 38 et 17 places en deux ans, car ils ont mis en

l’ONU, sur les vingt pays les moins engagés dans l’e-gouvernement, 17 sont en Afrique. Sur cette liste des mauvais élèves, on y retrouve notamment la Guinée (190e), le Niger (191e), ou encore la Somalie (193e). Le Nigeria, première puissance économique du continent loge à la 19e place en Afrique.

place des portails gouvernementaux de qualité. Les Nations Unies recommandent ainsi aux Etats de favoriser sur l’interconnexion entre les services télécoms et « L’E-gouvernement recèle un énorme potentiel pour améliorer la façon dont les gouvernements fournissent des services publics et renforcent la participation des parties prenantes dans la fonction publique », déclare Wu Hongbo Sous-secrétaire général de l’ONU.

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Plusieurs  gouvernements africains ne sont pas encore connectés au numérique. C’est ce qui ressort du rapport 2014 des Nations Unies sur l’e-gouvernement dans le monde. La Tunisie, premier dans le classement africain, pointe à la 75e place au niveau mondial.

D’après l’UNPAN, il existe une relation très étroite entre l’IDEG et le Produit intérieur brut (PIB) par


innovations technologiques Ampion Venture Bus

La caravane qui promeut l’entrepreunariat

Près de 160 jeunes entrepreneurs du monde entier sillonneront quinze pays du continent entre septembre et décembre 2014, dans le cadre de la 2e édition du projet « Ampion Venture Bus ». Au bout du voyage : la création de start-up pour le développement de l’Afrique à travers les technologies digitales. Par Baye Salcho

Développer l’esprit d’entreprise D’après les organisateurs, chaque bus rassemblera des jeunes entrepreneurs et experts du numériques qui formeront des équipes de travail. Ils feront des escales dans les pays traversés pour échanger avec des entrepreneurs locaux. L’objectif de cette aventure intellectuelle de quatre mois, est de pousser ces jeunes à imaginer des projets de créations de start-up pour le développement de l’Afrique par le biais des nouvelles technologies. Des créations doivent avoir un rapport avec la santé,

l’énergie et l’éducation. La parité sera respectée. 50% des participants seront des hommes et l’autre moitié des femmes. L’esprit d’ouverture est également au rendez-vous puisque 50% viendront de l’Afrique et l’autre moitié proviendra d’autres pays du monde. De même, il y’aura 50% de développeurs, 25% de designers, et 25% de businessmen. « Notre objectif est d'atteindre un public encore plus large et de continuer à développer l'esprit d'entreprise, en particulier chez les jeunes, acteurs et moteurs du changement en Afrique», indique Fabian Guhl, fondateur et directeur d'Ampion, une Ong basée à Berlin et Harare. Accompagner les meilleures startups Ces jeunes entrepreneurs doivent rivaliser d’ingéniosité car la récompense en vaut la chandelle. Les trois meilleures start-up de chaque bus bénéficieront d’un programme d’incubation gratuit pendant six mois. Ce programme sera mis en place en collaboration avec AfriLabs, fondation des hubs technologiques africains et VC4Africa, une plateforme de capital-risque. D’après Tako Akinyemi directeur de AfriLabs, « Ampion Africa n'offre pas seulement la possibilité aux entrepreneurs de se connecter les uns avec les autres et de faire émerger de nouvelles idées. Il rassemble également les différents acteurs de la scène de l'entrepreneu-

L’objectif est de pousser ces jeunes à imaginer des projets de créations de start-up pour le développement de l’Afrique à travers les nouvelles technologies.

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Et de deux pour Start-up Bus Africa ! Après une première édition en 2013, les organisateurs récidivent, avec plusieurs nouveautés. La compétition changededénominationpourdevenir «Ampion Venture Bus Africa». Le nombre de participants passe de 40 à 160 pour cette présente édition. La caravane change aussi d’itinéraire. L’an dernier, le bus avait seulement sillonné le sud du continent de Harare (Zimbabwé) et Cap-Town (Afrique du Sud). Cette année, 5 bus transporteront les candidats dans tous les coins de l’Afrique entre septembre et décembre 2014. Le convoi qui a débuté sa longue tournée le 19 septembre à Abidjan en Côte d’Ivoire, va parcourir plusieurs villes de l’Afrique de l’Ouest, avant de rallier par la suite l’Afrique Orientale, le Maghreb, et enfin l’Afrique Australe.

riat africain et international sur une plus grande échelle.» Les meilleures équipes de chaque bus auront l’opportunité de présenter leurs projets à la conférence internationale « My African Startup », un évènement international qui se déroulera au mois de novembre à Abidjan. En outre, la meilleure équipe de l’Afrique de l’Ouest présentera cinq jours plus tard son projet à la conférence Demo Africa à Lagos (Nigéria), qui verra la participation de deux cent investisseurs internationaux. Cet évènement constitue la grand-messe des innovations technologiques en Afrique.  AFRIcan business journal | N°12 | 97


innovations technologiques Yeelenpix

la première banque d’images made in Afrique Mettre un terme aux images stéréotypées de l’Afrique, c’est le grand défi que compte relever l’ingénieur ivoirien Moussa Fofana. Avec trois autres associés, ils ont mis sur pied en 2013, la start-up Yeelenpix, première banque d’images et d’illustrations dédiées au continent.

Cette plateforme contient plus de 10.000 images, mais seule une partie est consultable sur le site yeelenpix.com

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tait aucune banque d’images et d’illustrations unifiée et représentative de l’Afrique. J’imagine alors une banque d’images et d’illustrations numériques, proposant une vision réaliste et contemporaine de l’Afrique », indique Moussa au site nextafrique.com.

Les jeunes entrepreneurs africains rivalisent d’imagination pour embellir l’image du continent, sous différentes formes. Moussa Fofana, émarge sur cette liste. Cet ivoirien, ingénieur en informatique, a lancé en 2013 la start-up Yeelenpix avec trois autres amis. Objectif, « montrer la réalité de l’Afrique avec un œil différent ». Cette PME est issue de la jonction de deux mots : Yeelen qui signifie "lumière" en bambara (dialecte parlé en Afrique de l’Ouest) et Pix qui renvoie à la photo, au numérique. L’idée de création de cette plateforme numérique est partie d’un constat : le manque d’images représentatives des réalités de l’Afrique. Des photos qui tranchent avec les images de famine, de pauvreté, de malades qui meublent les photothèques des médias occidentaux. « L’idée de Yeelenpix m’est venue il y a trois ans lorsqu’une amie travaillant dans une agence de communication à Abidjan m’a demandé de lui acheter des images sur une plateforme occidentale pour un appel d’offres. Je me suis alors rendu compte qu’il n’exis98 | AFRIcan business journal | N°12

Plus de 10.000 clichés pour embellir l’image de l’Afrique D’après lui, cette plateforme contient plus de 10.000 images, mais seule une partie est consultable sur le site yeelenpix.com. Elles se déclinent en différentes catégories : tourisme et nature, lifestyle et traditions, éducation et technologie, architecture et infrastructures, etc. Des clichés qui peuvent être achetés en ligne "à des prix très doux". Ce projet n’a pas bénéficié d’apports financiers externes, les quatre associés ont décidé de voler de leurs propres ailes. « Le capital initial a été financé par les apports personnels des associés. A ce stade de l’aventure, nous n’avons encore reçu aucune aide », précise-t-il. Bien évidemment, cela n’a pas rendu la tâche facile à ces jeunes entrepreneurs. «Ce projet a été long, difficile à mettre en place, mais avec mon équipe, nous n’avons rien lâché. Nous nous sommes soutenus, nous avons travaillé d’arrache-pied pour en arriver là », souligne Moussa. Outre les ventes en ligne, Yeelenpix offre aussi d’autres services aux médias, agences de communication, entreprises et institutions, tels que les services de production photo à la demande, reportages, couverture photographique de grands évènements africains, conseils et services digitaux dédiés, etc. Aujourd’hui, la start-up souhaite attirer des nouveaux investisseurs pour consolider son assise. Pour réussir ce pari, les arguments ne manquent pas : « un business model clair et prometteur, une réelle connaissance du marché, une base de données croissante d’images exclusives de qualité, une formidable équipe, un réseau photographique dense, et une solution technologique performante et évolutive », indique Moussa Fofana. 


innovations technologiques

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grille de lecture

La santé Au secours

de l’impression 3D

Longtemps considérée comme "gadget" l'impression 3D semble avoir trouvé une véritable opportunité de croissance dans le domaine médical.

Par Jonathan Trevier | Consultant en finance

Les premières ébauches d’imprimantes 3D ont été produites dans les années 1980. A cette époque elles servaient exclusivement à des travaux spécifiques dans des marchés de niche. Et jusqu’au milieu des années 2000, l’imprimante 3D gardait un statut de "gadget", une technologie intéressante mais pâtissant d’un manque d’application pratique et d’un prix rédhibitoire pour une utilisation industrielle (comme c’est le cas aujourd’hui pour les drones). Tout a basculé depuis quelques années : le développement de machines grand public, l’augmentation de la précision des machines et la baisse du coût de production ont permis d’imaginer de nouveaux usages. Parmi ces possibles utilisa100 | AFRIcan business journal | N°12

tions, le secteur de la santé est en passe de tirer son épingle du jeu. Toute technologie de rupture a besoin d’un marché porteur capable d’accompagner une innovation à l’échelle industrielle. Cela fait partie du cycle de vie du produit, une fois la phase de recherche et développement effectuée, le produit doit se lancer et engager d’importants coûts pour s’installer sur un nouveau marché. Historiquement l’Etat a largement contribué à ce changement d’échelle en finançant des industries dans leur phase de lancement, comme pour l’automobile ou le nucléaire avant de céder ces entreprises une fois le produit et le marché bien définis. Malheureusement l’Etat ne sait pas plus qu’un autre acteur quelle technologie a un véritable potentiel.

La santé, un secteur porteur ? Parmi toutes les applications qui lui étaient destinées, l’impression 3D a trouvé son secteur porteur dans la santé, pour plusieurs raisons. D'abord le secteur est en forte croissance. L’allongement de la durée de vie rend critique le besoin en prothèses médicales. Ensuite, les prestations médicales sont devenues onéreuses et l’adoption d’une nouvelle technologie, par nature chère, ne présente pas un surcoût dissuadant l’innovation. Un secteur aux prix très réduits ne donne pas beaucoup d’espace à l’innovation, la différence de prix ne compense souvent pas la différence de valeur ajoutée. Et enfin, l'impression 3D apporte une incontestable valeur ajoutée. D’une part, la biotechnologie permet de comprendre de


grille DE LECTURE

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Le dernier exemple en date a été divulgué par le docteur Liu Zhongiun, le chef du service orthopédique du troisième hôpital de Pékin. Une nouvelle fois, ce sont les articulations qui ont bénéficié de la technologie de l’impression 3D. Mais cette fois-ci, l’équipe du Dr Zhongiun ne s’est pas penchée sur la complexité des genoux, des hanches ou des chevilles. C’est la vertèbre d’un jeune enfant qui a été remplacée par une copie conforme issue d’une imprimante 3D.

mieux en mieux le fonctionnement du corps humain. D’autre part, les progrès de l’impression 3D apportent une véritable solution aux patients en s’adaptant avec minutie à leur morphologie et à leur pathologie. De nouvelles applications Il existe aujourd’hui deux grandes approches : l’impression de prothèses biocompatibles et l’impression de cellules souches. La première est déjà très avancée et de nombreux traitements pour l’homme ont déjà été effectués. C’est par exemple le cas d’une implantation de prothèse trachéale effectuée par deux chirurgiens américains sur un

enfant de deux ans en 2013. Cette opération avait nécessité un scan des bronches du jeune enfant puis une impression d’une réplique plus solide de l’organe original. D’autres applications ont été effectuées comme par exemple l’impression et le remplacement de la majorité d’une boite crânienne, l’impression de plâtres chirurgicaux ou encore d’une mâchoire et de sa dentition.

autour de cette nouvelle technologie est grand. Le scan et l’impression 3D permettraient de créer des cellules souches qui ensuite iraient mûrir dans cette même imprimante pour atteindre le stade voulu. Une telle complexité ne permettra sûrement pas une exploitation rapide de cette technologie mais promet d’apporter un nouveau champ d’application à cette technologie.

Alors que cette première étape en est à peine à ses soubresauts, une seconde vague se prépare alliant cette fois les cellules souches à l’impression 3D. Nous n’en sommes encore qu’en phase de recherche et développement mais l’espoir

L’impression 3D semble en voie de s’imposer comme pilier de la médecine de demain. Cette industrialisation entraînera une réduction des coûts avant de s’ouvrir, dans un avenir proche, vers un tout nouveau marché.  AFRIcan business journal | N°12 | 101


actualité

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GREEN BUSINESS

Par Maimouna Dia Ndour

le solaire, une énergie en développement au Sénégal Ramener à 20% la part des énergies vertes dans sa production énergétique, c’est l’objectif que s’est fixé le Sénégal à l’horizon 2017. Le secteur de l’énergie solaire figure en bonne place dans cette stratégie. Soutenues par une demande croissante, les entreprises spécialisées en énergie solaire foisonnent. Les coupures intempestives d’électricités ralentissent considérablement les activités économiques au Sénégal. Le manque à gagner est estimé à coût de milliards chaque année. Pour faire face, de plus en plus d’entreprises et de particuliers utilisent les 102 | AFRIcan business journal | N°12

énergies renouvelables dont l’énergie solaire en appoint. Elle est produite artificiellement par captation des rayonnements solaires sous forme électrique ou thermique. Le solaire électrique via le générateur photovoltaïque est l’option privilégiée des

Sénégalais, dont le pays totalise 3000 heures d’ensoleillement par an. Ces énormes potentialités intéressent de plus en plus les entreprises, les particuliers et surtout l’Etat. Ce dernier a un très large programme d’électrification solaire photovoltaïque d’éta-


Vers une législation plus souple Pour accompagner le développement de l’énergie solaire et globalement les énergies vertes, la loi N°2010-21 portant loi d’orientation sur les énergies renouvelables a été instituée. Une étude pour la mise en application de cette loi est cours. Elle sera par ailleurs renforcée par une autre loi relative à l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau interconnecté. Des mesures règlementaires pour garantir un meilleur accès à ce type d’énergie ainsi que le lancement d’appels d’offres et la connexion de l’énergie solaire au réseau national de distribution. A travers ces initiatives, le Sénégal espère se placer en bonne position dans le domaine des énergies renouvelables, au niveau de la sous-région où la question des énergies vertes se pose avec acuité. La thématique a été largement débattue au cours de la conférence internationale sur la compétitivité de l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest, tenue à Dakar, en mai. Elle a réuni une centaine d’experts, de gouvernants, d’acteurs de l’énergie solaire ainsi que de représentants des bailleurs de fonds. 

Guide des entreprises du solaire au Sénégal

le secteur des énergies renouvelables au sénégal est très dynamique. elles sont plusieurs dizaines à se partager le marché. parmi elles, energie naturelle sénégal, solar energie sénégal, solar ka à thiès, systemes pv, sahel energie, senesol energie, soleil vert. ils proposent une multitude de services comme les panneaux solaires, les centrales solaires, les lampadaires solaires, les pompes à eau, les luminaires solaires, les ventilateurs solaires, les réfrigérateurs, l’énergie solaire portable, les chauffes eaux et les feux de signalisation solaire.

Comment choisir son installation ?

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blissements scolaires et de santé au niveau de 1000 localités rurales et zones périphériques. La réalisation est prévue sur la période 2014-2017, selon les prévisions du ministère de l’énergie et des mines. Le pays table sur 20% de parts pour les énergies renouvelables dans sa capacité prévue en 2017. En effet, 164 mégawatts de plus sont attendus en 2017, les 114 seront issus de la technologie solaire, d’après le plan de production de la Senelec. La société nationale a signé neufs contrats d’achat d’énergies renouvelables et espère recevoir ses premiers kilowatts d’énergie propre début 2015. Ramener la part des énergies renouvelables à 1/5 de la production totale d’énergie permettra à la fois de réduire le coût de l’électricité et la production de gaz à effet de serre.

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green business

le choix de l’installation solaire est relatif aux besoins. l’énergie solaire est disponible d’une part en énergie solaire thermique. cette dernière est surtout destinée aux chauffe-eaux solaires sanitaires, aux réchauffements des piscines et d’installations industrielles et semi-industrielles. elle sert également à alimenter les climatiseurs et autres appareils générateurs de froid. d’autre part, il y a le solaire électrique appelé panneau solaire. c’est le matériel le plus utilisé au sénégal et en afrique. il est cher et constitué d’un panneau solaire, d’une base du système, d’un régulateur de charge, de batteries accumulateurs électriques et d’un onduleur. Il sert à l’électrification d’appareils ménagers, industriels, commerciaux ainsi que du matériel pour le froid et les luminaires.

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green business Biotechnologie

Une technique pour fertiliser l’agriculture africaine La biotechnologie renferme plusieurs avantages. D’après des experts, elle augmente la productivité et participe à la préservation de l’environnement. Pour l’heure, cette pratique est embryonnaire en Afrique. Les raisons sont multiples. Par E.S

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D’après la FAO, les biotechnologies sont des tremplins efficaces pour stimuler l’agriculture en Afrique.

D’après l’Organisation de coopération et développement économiques (OCDE), « les biotechnologies sont un ensemble d’outils techniques issus des avancées scientifiques et ayant plusieurs applications: en production végétale, en élevage, 104 | AFRIcan business journal | N°12

en santé, dans le domaine de la transformation, etc. » Cette technique est scindée en deux branches: la biotechnologie agricole traditionnelle et la biotechnologie agricole moderne. La première renvoie à un ensemble de pratiques déve-

loppées par les générations passées pendant plusieurs siècles. Ces applications se caractérisent par l’utilisation de processus naturels et des organismes vivants. La seconde surfe sur la modernité. C’est l’utilisation de « techniques modernes intégrant la culture de tissus, la sélection assistée par marqueurs moléculaires et le génie génétique. » A en croire l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), les biotechnologies sont des tremplins efficaces pour booster l’agriculture en Afrique. Selon elle, les objectifs de sécurité alimentaire ne peuvent être atteints avec les techniques conventionnelles, d’où l’importance d’intégrer les biotechnologies dans la chaîne de production, pour non seulement augmenter la productivité, mais également sauvegarder l’environnement. Pour étayer ses arguments, la FAO convoque les chiffres. Ainsi, la valeur commerciale des produits agricoles qui ont nécessité l’usage des biotechnologies est passée de 25 millions de $ en 1980 à 340 millions de dollars en 1990, avant d’atteindre la barre des 12 milliards de dollars en 2000. Les semences figurant parmi les secteurs les plus lucratifs durant cette période, avec un chiffre d’affaires estimé à 6 milliards de dollars contre 165 millions de dollars en 1990.


green business La biotechnologie, une aubaine pour les producteurs Une enquête sur les répercussions mondiales des biotechnologies dans l’agriculture publiée en 2008 dévoilent les moult apports de ces techniques nouvelles. D’après ce rapport, à l’échelle mondiale, les agriculteurs ont bénéficié des avantages économiques nets qui se situent à 9,2 milliards de $, répartis de manière plus ou moins égale entre pays développés et pays en voie de développement. A titre d’exemple, en Afrique du Sud, les revenus des agriculteurs ont connu une hausse de 383 millions de $ grâce à la culture de variétés transgéniques de maïs, de soja, et de coton. Les adeptes de la biotechnologie se basent sur des projections pour vanter les mérites de cette pratique. Quand on jette un coup d’œil sur les prévisions, on y apprend qu’il y’aurait une augmentation de 70% de la demande mondiale des denrées alimentaires, qui contrastera avec une baisse de 27 % de la productivité mondiale due aux changements climatiques. Conclusion : les pays qui dépendront fortement de l’agriculture pluviale risquent d’en pâtir. Pis, en Afrique subsaharienne, les rendements en riz, blé, et mais pourrait connaitre des baisses respectives de 14%, 22%, et 5 % en 2050. Outre ses bienfaits économiques, les biotechnologies auraient aussi des vertus sanitaires et environnementales. Selon le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO) qui dépend de l’OCDE, elles permettent de lutter contre les maladies et les insectes, une adaptation aux stress environnementaux et une réduction de la dégradation de l’environnement. De même, « plusieurs types de vaccins peuvent être produits grâce aux outils de la biotechnologie moderne, dont ceux destinés à lutter contre les trypanosomiases animales. Au Burkina Faso par exemple, le développement du

coton Bt, constitue un moyen de résistance naturelle de la plante à des maladies et des ravageurs », souligne le CSAO. Quand la cherté des semences décourage les agriculteurs Si l’usage des biotechnologies reste embryonnaire en Afrique, c’est qu’il existe bien des raisons derrière, ou plus précisément, des contraintes. Au premier chapitre, les coûts éle-

vulnérables aux semences » Concrètement, ces deux entités craignent que les agriculteurs du continent soient dépendant vis-à-vis des grandes multinationales occidentales spécialisées dans la production de semences. C’est d’ailleurs pour éviter ce scénario que la FAO propose qu’on reconnaisse les producteurs comme détenteurs de « patrimoine génétique local » au sein de l’Union pour la Protection des Obtentions

Les quatre recommandations de l’OCDE pour encourager l’usage des biotechnologies en Afrique  Trouver des solutions aux obstacles limitant le libre accès des producteurs aux

semences au moins sur les deux aspects suivants : la résolution des questions liées à la propriété intellectuelle et le développement des capacités endogènes au niveau national et régional pour une souveraineté en matière.

 Promouvoir l’information et la formation des producteurs et des autres acteurs de la société civile, les décideurs politiques par l’ouverture d’un «débat franc, informé et impartial sur la question et permettre ainsi aux producteurs de contribuer aux décisions après évaluation des avantages et des risques».  Dynamiser et améliorer les performances des dispositifs publics et privés d’appuiconseil en agriculture. Cet objectif ne peut être atteint que si ces services sont assurés par du personnel formé et qualifié sur la biotechnologie moderne agricole. L’utilisation des outils de communication appropriés est également un préalable nécessaire à la diffusion de la biotechnologie.  Approfondir les investigations sur les risques relatifs à l’utilisation de la biotechnologie agricole, notamment ceux concernant l’environnement, la biodiversité et la santé humaine. vés des semences qui découragent les producteurs, contraints de se rabattre sur les semences conventionnelles. Ils n’ont quasiment aucune marge de manœuvre, devant les grandes multinationales agro-industrielles, qui gèrent le circuit. Ensuite, se pose la question de la propriété intellectuelle et du droit de brevetabilité. Autrement dit, « Les producteurs et les organisations de la société civile estiment que cette question de droit de propriété intellectuelle, si elle n’est pas prise au sérieux, elle risque d’exclure les producteurs au niveau de leurs droits sur le matériel vivant et ainsi compromettre l’accès des producteurs

Végétales (UPOV). En dehors de ces contraintes, les détracteurs de la biotechnologie évoquent des risques sanitaires et environnementaux qui sont liés à son usage. Selon eux, ces technologies provoquent des maladies cancérigènes et des allergies. Elles causeraient aussi la perte de la biodiversité, et la disparition à terme du patrimoine génétique local. Autant de facteurs qui plombent le développement de cette pratique en Afrique. Des experts de l’OCDE ont formulé quatre propositions pour lever ces craintes (voir encadré) et permettent au continent de récolter les fruits de la biotechnologie.  AFRIcan business journal | N°12 | 105


green business En Bref …

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Boston A la découverte des bancs connectés

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Les ingénieurs de Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont décidé de repousser les limites de l’innovation. Trois femmes ingénieurs dans cette prestigieuse institution ont inventé des bancs connectés dénommés « Soofa» qui permettent de recharger les téléphones, smartphones, tablettes, d’avoir une connexion 4G et de recueillir des informations pratiques sur la ville. Ces nouveaux outils numériques seront prochainement installés à Boston, capitale de l’Etat du Massachusetts. Ces bancs connectés fonctionnent grâce à un bloc en ciment alimenté en énergie. Selon les trois conceptrices, l’objectif est de « sortir les habitants des maisons pour les plonger dans une ville nouvelle, plus intelligente et plus durable ». Ce projet a été présenté à la Maison Blanche, le président Barack Obama a même pu charger son smartphone (voir photo) grâce à ces bancs intelligents.

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Maroc Des «Hammams durables» pour réduire la consommation de bois

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L’Ong internationale Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités (GERES) vient de lancer au Maroc le projet « Hammams durables » avec comme principal objectif : la réduction de la consommation de bois, d’énergie et d’eau dans ces bains publics du Royaume. Ce programme financé par le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) est prévu pour une durée de 4 ans. « En partenariat avec l’association marocaine ENsEN et l’association des propriétaires de hammams, 40 sites de démonstration seront réalisés sur tout le territoire. L’intervention qui débutera à Casablanca, Rabat et Chefchaouen, cible un accompagnement du secteur pour l’aider à se moderniser et répondre aux problématiques environnementales », indique l’Ong. Elle prévoit également d’organiser des formations destinées aux propriétaires de hammams afin de les impliquer dans ce programme. « A travers la rénovation des chaudières, des formations à la gestion des ressources, et de renforcement de compétences, les propriétaires de hammams visés seront aptes à se moderniser plus facilement », renchérit-elle.

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Consommation Invention d’un nouveau filtre purificateur d’eau

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Des chercheurs de l’Institut fédéral de Technologie de Zurich (ETHZ) ont crée un filtre purificateur d’eau qui peut produire jusqu’à 300 litres d’eau potable. D’après les concepteurs, le « DrinkPure » dispose de deux composants : un filtre qui extraie les grosses particules et un filtre central constitué d’une poudre de charbon actif qui retient les odeurs et les produits chimiques. Son utilisation est simple, selon Wendelin Stark professeur de génie des matériaux à l’ETHZ, qui affirme que ce filtre « n’a besoin ni de manuel, ni d’électricité, ni d’autres outils ou d’une formation quelconque pour être utilisé. Vous le vissez simplement sur la bouteille et il ne vous reste qu’à boire ». Cet appareil devrait être d’un apport bénéfique, surtout pour les populations africaines. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 780 millions n’ont pas accès à des points d’eau améliorés, notamment en Afrique subsaharienne. A en croire Jeremy, Nussbaumer, chef du projet et assistant de recherche, « un filtre DrinkPure fournit une quantité d’eau suffisante pour la consommation d’une personne en un an, après quoi la membrane et le charbon actif peuvent être remplacés plusieurs fois ».

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green business

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livre du trimestre Rwanda, Inc : Comment une nation dévastée est devenue un modèle économique pour le monde en développement de Patricia Crisafulli et Andrea Redmond Dix-huit ans après le génocide qui a mis le Rwanda au devant de la scène internationale, notamment dans les médias, et abandonné par l'Occident, le pays effectué atteint un revirement miraculeux. Le Rwanda a émergé sur la scène mondiale avec un modèle unique de gouvernance et de développement économique, sous la direction de son président fort et décisif, Paul Kagame. Dans cet ouvrage, Patricia Crisafulli et Andrea Redmond jettent un regard sur la stratégie du président Paul Kagame, et le comparent à un PDG américain. Elles mettent aussi l'accent sur le développement d'une main-d'œuvre compétitive et sophistiquée qui s'appuie sur le capital humain. Au Rwanda, ce leadership fort et efficace a fait une différence mesurable et significative. Les progrès du Rwanda offre un exemple pour d'autres pays en développement qui souhaitent sortir de la pauvreté réduisant la dépendance de l'aide étrangère, à travers la décentralisation, la responsabilisation, l'autodétermination et l'autosuffisance. Les auteurs explorent également les objectifs du Rwanda notamment qui ambitionne de devenir un pays à revenu intermédiaire, avec une économie basée sur la technologie, et ses progrès pour encourager le développement du secteur privé et favoriser l'esprit d'entreprise, tout en faisant des gains dans l'éducation, la santé et la sécurité et la sécurité alimentaire. 

Hegarty on creativity There are no rules de John Hegarthy Amical, spirituel et perspicace, l'un des grands esprits de la publicité est là pour guider tous ceux qui essaient d'être plus créatif. Le message de Hegarty est limpide et favorise la simplification, de penser avec audace et sans se laisser intimider par les défis en cours! La créativité n'est pas une profession. C'est une préoccupation. C’est inventer, perfectionner et définir notre monde. Elle explique et nous divertit. Mais qui-est-ce qui motive la créativité? Qui-est-ce qui inspire? Nous sommes tous créatifs, mais seulement certains d'entre nous aurons de la chance de gagner leur vie en optant pour la créativité. Sir John Hegarty est le fondateur DE Creative Partner de Bartle Bogle Hegarty (BBH), l'une des agences de publicité les plus primées au monde. Il a été le premier récipiendaire du Lion de Saint-Marc au Lions Festival international de la créativité à Cannes.

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Servir de Abdoul Mbaye L´ouvrage composé retrace les moments forts de son passage au poste de Premier ministre et évoque les épreuves que l´auteur a subies et les joies que lui ont procurées ses charges importantes. L´auteur n´a pas manqué de revenir sur sa nomination et son limogeage par le Président Macky Sall. Pour une première raison essentielle, il était important que je ne gêne pas l’action de mon successeur et du gouvernement qui a été mis en place après mon départ. J’avais pris pendant cette période d’hibernation et de réflexion la décision de rédiger un ouvrage pour rendre compte de mon activité à la tête du gouvernement, également de contribuer avec des amis à la création d’un Club de réflexion. J’ai pris l’habitude d’être concret, d’évoquer des choses déjà réalisées, plutôt que de simples projets. En la matière, nous sommes entrés dans une phase active pour la création du Club et l’ouvrage a déjà été réalisé (…).

Economie politique de l'Afrique contemporaine: Concepts, analyses, politiques de Pierre Jacquemot L’Afrique  subsaharienne est bien partie ! Force est de constater qu’elle sort de son sous-développement endémique. Son dynamisme, perceptible depuis le début du siècle, est une donnée nouvelle dans l’économie-monde. Engagée dans la voie de la modernisation, elle le fait à sa manière, selon des modalités qui ne ressemblent aucunement à d’autres. Avec son génie de l’hybridation, du mélange des genres et du métissage, elle pourrait bien, pour reprendre une formule de l’auteur, « inventer la démocratie sans la solitude ». Fruit de nombreuses années de recherche, d’enseignement et de pratiques de terrain, cet ouvrage présente une somme des connaissances sur l’économie de l’Afrique subsaharienne, mais aussi sa sociologie, ses caractères culturels, ses pratiques politiques… L’approche est à la fois théorique et pratique.


  rendez-vous Du 14 au 15 octobre 2014 à Ottawa (Canada) Colloque annuel du Forum Afrique-Canada La ville de Ottawa va abriter le colloque annuel du Forum Afrique-Canada les 14 et 15 octobre 2014. Cette rencontre sera placée sous le thème « Etablir des partenariats pour réduire les inégalités : opportunités et défis pour les OSC africaines et canadiennes ». D’après les organisateurs, le Forum réunit plus de 40 ONG, groupes de solidarité et d'allégeance religieuse de tout le Canada, qui s'intéressent aux problèmes de développement et de justice sociale en Afrique subsaharienne. Du 4 au 6 novembre 2014 à Dakar (Sénégal) 3e édition Salon International des Mines du Sénégal (SIM 2014) Le Ministère de l’Industrie et des Mines du Sénégal organise du 4 au 6 novembre 2014, la 3e édition du Salon international des Mines du Sénégal (SIM 2014). L’événement sera marqué par des conférences, d’une exposition qui va durer trois jours, et des visites guidées sur d’importants sites de l’industrie minière du Sénégal. Plus de 700 délégués venus de 30 pays notamment le Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée Conakry, de la Guinée Bissau, de la Gambie, de la Mauritanie, du Mali et du Niger, avaient pris part à la 2e édition qui s’est tenue en 2012. Le Salon avait enregistré la participation de 62 exposants ainsi que des partenaires multilatéraux, des investisseurs du secteur privé minier, de représentants du secteur public sénégalais. Du 11 au 12 novembre 2014 à Johannesburg (Afrique du Sud) 9e édition de la conférence annuelle sur la gestion de la trésorerie en Afrique Le groupe EuroFinance organise la 9e édition de sa conférence annuelle intitulée « Trésor, risques, et gestion de la trésorerie en Afrique », les 11 et 12 novembre à Johannesburg en Afrique du Sud. « La conférence de EuroFinance à Johannesburg se penchera en détail pratique à l'exploitation des fonctions de trésorerie dans les marchés à croissance rapide. Un accent sera mis sur les marchés où la trésorerie est confrontée à des défis particuliers - Angola, le Mozambique et le Nigeria - et les entreprises et les experts opérant dans ce secteurs partageront leur expérience », indique l’entreprise dans un communiqué.

Du 11 au 13 novembre 2014 au Cap (Afrique du Sud) Salon AfricaCom 2014 Les experts des télécommunications du continent se réuniront du 11 au 13 novembre 2014 au Cap, en Afrique du Sud, dans le cadre de l’édition 2014 du salon professionnel AfricaCom .Près de 10 000 notamment des leaders de l’écosystème numérique de l’Afrique, dont plus de 300 experts y prendront part. « Cet événement est une plate-forme idéale pour découvrir les nouvelles technologies et les nouvelles tendances des télécommunications qui sont particulièrement adaptées au marché africain », soulignent les organisateurs Du 18 au 19 novembre 2014 à Lagos (Nigéria) 11e édition de la Convention de l'industrie énergétique d'Afrique occidentale La Convention de l'industrie énergétique d'Afrique occidentale 2014 (West African Power Industry Convention (WAPIC) aura lieu les 18 et 19 novembre à Lagos, au Nigéria. « La 11ème édition de cette conférence et exposition bien établie et de haut niveau, consacrée à l'énergie, rassemblera de nouveau le gouvernement, les services publics, les consultants et les investisseurs afin de discuter des défis des marchés locaux, du renforcement des capacités et de l'investissement », lit-on dans le communiqué du WAPIC. Du 29 au 30 novembre 2014 à Dakar (Sénégal) 15e Sommet de la Francophonie Dakar sera la capitale internationale de la Francophonie les 29 et 30 novembre prochains. La capitale sénégalaise sera le point de ralliement des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui assisteront à la 15e Sommet de l’organisation. Cette édition aura pour thème principal « Femmes et Jeunes en Francophonie : vecteurs de paix, acteurs de développement ». D’après l’OIF, « le Sommet se réunit tous les deux ans. Il est présidé par le chef d’Etat ou de gouvernement du pays hôte du Sommet jusqu’au Sommet suivant. Il statue sur l’admission de nouveaux membres de plein droit, de membres associés et de membres observateurs à l’OIF. »

La Revue

C ’est pour vous et avec vous...

Des idées, des expériences et des réflexions à partager.

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actualité Post-scriptum

Quand Ebola rappelle l’urgence des laboratoires

Elimane Sembène

esembene@africanbusinessjournal.info

L’Europe a connu la peste au 14e siècle, l’Afrique redécouvre Ebola au 3e millénaire. Après sa première apparition en 1976 en République Démocratique du Congo (RDC), le virus est ressorti de sa coquille, 38 ans plus tard. Depuis mars 2014, il occupe le devant de la scène médicale et médiatique et provoque la psychose. La Guinée Conakry, le Libéria et la Sierra Léone, trois principaux foyers de l’épidémie subissent une véritable autarcie. Plusieurs compagnies aériennes rechignent à les desservir, touristes et potentiels investisseurs reportent à plus tard leurs plans, les pays limitrophes cadenassent leurs frontières. La récession, telle une épée de Damoclès, plane sur leurs économies. D’après la Banque mondiale, le produit intérieur brut (PIB) cumulé du Liberia, de la Guinée et de la Sierra Leone pourrait être amputé de 359 millions de dollars en 2014, et de 809 millions en 2015, si l’épidémie persiste.

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Leurs ressortissants sont isolés dans certains aéroports. Les populations locales, qui baignent dans une peur bleue, restent sur le qui-vive. Une peur contagieuse qui a fini par contaminer presque toute l’Afrique subsaharienne. La méfiance supplante la confiance et se répand à la vitesse de la lumière. La porosité de nos frontières accentue davantage les inquiétudes. Le feuilleton du jeune étudiant guinéen qui est entré au Sénégal avec le virus, illustre cette perméabilité flagrante. Les organisations régionales comme l’Union Africaine restent passives, préférant laisser ces pays lutter contre cette maladie avec leurs maigres moyens. L’arrivée des 3000 soldats américains promise par Barack Obama les fera peut-être sortir de leur mutisme. Mais au-delà de cette peur contagieuse et cette autarcie provoquées par Ebola, sa réapparition remet sur la table la lancinante question sur l’état de l’industrie pharmaceutique en Afrique. Si des recherches appropriées avaient été effectuées au lendemain de sa première détection, peut-être qu’on n'en serait pas là aujourd’hui. Mais pour étudier l’impact d’un virus avant d’aboutir à la mise en place d’un vaccin, faudrait-il encore disposer de laboratoires adéquats. Malheureusement, c’est là où le bât blesse. Le marché pharmaceutique africain est majoritairement contrôlé par les multinationales, les Asiatiques (Chine et Inde) en particulier.

Sur les 500 unités pharmaceutiques spécialisées dans la fabrication des médicaments génériques - la plupart de médicaments consommés sur le continent -, l’Afrique subsaharienne francophone n’en compte qu’une quinzaine. A titre d’exemple, la Côte d’Ivoire importe 25 % des génériques de la zone et ne produit que 5 % de ces médicaments pour sa population. Elle ne dispose que d’une unité pharmaceutique nationale, la Cipharm. Le Sénégal qui concentre 16 % de ces importations, confie sa production locale à des multinationales ou entreprises marocaines comme la Sothema qui a ouvert sa filiale West Afric Pharma à Dakar en mars 2013. Seuls des pays anglophones et maghrébins comme le Ghana et le Maroc tirent leur épingle du jeu. Accra dispose d’une trentaine de sites qui produisent 25 % des génériques consommés localement, tandis qu’au Royaume Chérifien, 70 % des 400 millions de boîtes de médicaments consommés annuellement sont produits par des entreprises locales. Pourtant, l’Union Africaine avait lancé en 2007 un «Plan de fabrication des produits pharmaceutiques pour l’Afrique», mais jusqu’à présent, pas de résultats probants. D’après l’entreprise américaine, IMS Health, le secteur pharmaceutique africain devrait peser 45 milliards de $ en 2020. D’où l’urgence de développer des laboratoires fonctionnels pour ne plus revivre, un autre Ebola. 


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Afrique 50

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our accroître le taux d’exécution des infrastructures en Afrique, il importe de porter une plus grande attention à la préparation et au développement des projets y relatifs ainsi qu’aux instruments financiers spécialisés, ceci, pour répondre aux défis spécifiques du marché. En 2012, Les chefs d'Etat africains ont, dans leur déclaration du Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA), appelé à des solutions innovantes pour faciliter et accélérer la réalisation des infrastructures. En réponse à cet appel, et après une large consultation avec les acteurs africains, la Banque africaine de développement (BAD) a proposé la création d'une nouvelle structure financière appelée Afrique 50. Afrique 50 est le fruit de l’expérience et de l'innovation. Cet instrument vise à mobiliser le financement privé et à accélérer la réalisation d’infrastructures en Afrique afin de créer une nouvelle plateforme pour la croissance africaine. Afrique 50 va se focaliser sur des projets ayant un grand impact sur le plan national et régional dans les secteurs de l'énergie, du transport, des TICs et de l'eau. Afrique 50 sera orientée vers le développement, tout en demeurant une entité commerciale. Il sera à la fois complémentaire et légalement indépendant des organismes financiers de développement existant en Afrique. Les décisions opérationnelles seront prises par une équipe sélectionnée uniquement pour ses compétences techniques et managériales. Afrique 50 se focalisera sur deux secteurs : le développement de projet et le financement de projet. Afrique 50 a comme principal objectif de raccourcir les délais entre la conception du projet et la clôture financière. Afrique 50 a été conçue à partir des succès connus récemment par la BAD. La Banque a, en effet, réussi à surmonter les problèmes qui se posent généralement en début de projet en mobilisant le sou-

tien politique pour les réformes nécessaires et en déployant des experts qualifiés pour travailler aux côtés du gouvernement. Pour réaliser les projets d’infrastructures en cours en Afrique où le PIDA est impliqué, Afrique 50 aura besoin de 10 milliards de dollars de fonds propres, tout en attirant un capital global et local d'une valeur de 100 milliards de dollars. Pour commencer, Afrique 50 ambitionne de collecter 3 milliards de dollars de fonds propres pour être crédible devant les gouvernements, les promoteurs privés et les marchés financiers. En fonction des financements nécessaires et des projets en cours, Afrique 50 augmentera sa capacité de financement en mobilisant du financement par emprunt auprès des marchés de capitaux internationaux. Pour assurer un accès fiable à ces marchés tout en offrant une flexibilité opérationnelle, Afrique 50 vise la note d'investissement A. En tant qu'institution financière à caractère commercial, Afrique 50 cherchera aussi bien à préserver et fructifier son capital de base qu'à fournir des bénéfices aux actionnaires. Il y aura trois grands groupes d'investisseurs: i) les pays africains, ii) la BAD et autres acteurs financiers de développement et iii) les investisseurs institutionnels comme les fonds souverains et fonds de pension. Le capital-investissement détenu par les pays africains est un critère important dans la stratégie d'Afrique 50. Il s’agit, en effet, d’un signal fort pour les acteurs financiers et du développement sur l'engagement des pays Africains pour faire face aux risques non financiers de l'exécution des projets d'infrastructures en Afrique, telles que les réformes ou structures de régulation inadéquates, les décisions politiques défavorables, etc. Afrique 50 sera totalement opérationnelle au premier trimestre 2014.

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