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N° 13 • janvier-février-mars 2015

finance islamique

l’afrique nouvel eldorado Didier Acouetey PDG de AfricSearch

Les PME, clés de la croissance inclusive en Afrique

business case

ECTA-BTP un géant des btp au cameroun dossier

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assurances l’afrique, un marché à fort potentiel

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Afrique 50

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© AfDB 2013 – DESIGN CERD/YAL

our accroître le taux d’exécution des infrastructures en Afrique, il importe de porter une plus grande attention à la préparation et au développement des projets y relatifs ainsi qu’aux instruments financiers spécialisés, ceci, pour répondre aux défis spécifiques du marché. En 2012, Les chefs d'Etat africains ont, dans leur déclaration du Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA), appelé à des solutions innovantes pour faciliter et accélérer la réalisation des infrastructures. En réponse à cet appel, et après une large consultation avec les acteurs africains, la Banque africaine de développement (BAD) a proposé la création d'une nouvelle structure financière appelée Afrique 50. Afrique 50 est le fruit de l’expérience et de l'innovation. Cet instrument vise à mobiliser le financement privé et à accélérer la réalisation d’infrastructures en Afrique afin de créer une nouvelle plateforme pour la croissance africaine. Afrique 50 va se focaliser sur des projets ayant un grand impact sur le plan national et régional dans les secteurs de l'énergie, du transport, des TICs et de l'eau. Afrique 50 sera orientée vers le développement, tout en demeurant une entité commerciale. Il sera à la fois complémentaire et légalement indépendant des organismes financiers de développement existant en Afrique. Les décisions opérationnelles seront prises par une équipe sélectionnée uniquement pour ses compétences techniques et managériales. Afrique 50 se focalisera sur deux secteurs : le développement de projet et le financement de projet. Afrique 50 a comme principal objectif de raccourcir les délais entre la conception du projet et la clôture financière. Afrique 50 a été conçue à partir des succès connus récemment par la BAD. La Banque a, en effet, réussi à surmonter les problèmes qui se posent généralement en début de projet en mobilisant le sou-

tien politique pour les réformes nécessaires et en déployant des experts qualifiés pour travailler aux côtés du gouvernement. Pour réaliser les projets d’infrastructures en cours en Afrique où le PIDA est impliqué, Afrique 50 aura besoin de 10 milliards de dollars de fonds propres, tout en attirant un capital global et local d'une valeur de 100 milliards de dollars. Pour commencer, Afrique 50 ambitionne de collecter 3 milliards de dollars de fonds propres pour être crédible devant les gouvernements, les promoteurs privés et les marchés financiers. En fonction des financements nécessaires et des projets en cours, Afrique 50 augmentera sa capacité de financement en mobilisant du financement par emprunt auprès des marchés de capitaux internationaux. Pour assurer un accès fiable à ces marchés tout en offrant une flexibilité opérationnelle, Afrique 50 vise la note d'investissement A. En tant qu'institution financière à caractère commercial, Afrique 50 cherchera aussi bien à préserver et fructifier son capital de base qu'à fournir des bénéfices aux actionnaires. Il y aura trois grands groupes d'investisseurs: i) les pays africains, ii) la BAD et autres acteurs financiers de développement et iii) les investisseurs institutionnels comme les fonds souverains et fonds de pension. Le capital-investissement détenu par les pays africains est un critère important dans la stratégie d'Afrique 50. Il s’agit, en effet, d’un signal fort pour les acteurs financiers et du développement sur l'engagement des pays Africains pour faire face aux risques non financiers de l'exécution des projets d'infrastructures en Afrique, telles que les réformes ou structures de régulation inadéquates, les décisions politiques défavorables, etc. Afrique 50 sera totalement opérationnelle au premier trimestre 2014.

www.afdb.org


Good morning Asia, this is Africa African Business Journal entame sa quatrième année avec quelques innovations. En plus d’avoir réorganisé ses rubriques avec notamment le lancement d’une rubrique Banques et Finances; ABJ s’est doté d’une nouvelle publication éditée à Singapour. Celle-ci dénommée «Asia Africa Business Journal» sera disponible en anglais, mais aussi en français. Sa vocation est précisément de rendre compte des nouvelles dynamiques afro-asiatiques tant sur le plan des investissements, des secteurs porteurs, des entreprises innovantes. A ce titre, AABJ tentera d’offrir des grilles de lecture originales aux décideurs des deux bords avec la même rigueur qu'African Business Journal. Parallèlement dès ce début d’année, nous mettrons à votre disposition les applications nécessaires à la lecture de votre revue sur vos tablettes.

Alioune GUEYE

La vocation de cette nouvelle publication est précisément de rendre compte des nouvelles dynamiques afro-asiatiques et d’offrir des grilles de lecture originales aux décideurs des deux bords.

Pour bien démarrer l’année 2015, Didier ACOUETEY, Président d’Africsearch, agitateur d’idées s’il en est partage avec nos lecteurs sa passion pour le développement du continent. Pour lui celui-ci passe nécessairement par le développement des PME d’aujourd’hui qui seront les champions de demain. La plateforme qu’il vient de lancer avec le Africa SME Forum Champions augure de belles perspectives. Nous consacrons à cet effet notre Business Case à ECTA-BTP, une entreprise camerounaise qui a beaucoup de mérite, car évoluant dans un écosystème pour le moins peu propice. Ce qui ne l’empêche pas de faire son «bonhomme de chemin» et d’être demain un de ces champions que nous espérons. En ces temps de finance débridée, et de crises financières à répétition il était temps de se pencher sur la question de la Finance islamique qui suscite beaucoup d’interrogations et secrète tant de clichés, alors qu’elle peut constituer un contrepoids créateur de valeur dans cette industrie financière, en privilégiant l’économie réelle à la spéculation. Je vous souhaite une excellente année 2015 pleine de santé, de réussite personnelle et professionnelle.

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PUBLICATION TRIMESTRIELLE N°13 | Janvier - Février - Mars 2015

Le Magazine de l’Afrique en mouvement en couverture Directeur de la publication Alioune Gueye agueye@africanbusinessjournal.info Rédacteur en chef Elimane Sembène esembene@africanbusinessjournal.info Secrétaire de rédaction Saloua El Hachami Rédaction centrale (Maroc) Baye Sakho, Abdou Diaw, Babacar Seck, Elimane Sembène Correspondants Maimouna Dia Ndour (Sénégal), Bachir Sylla (Guinée Conakry), Fortuné Sossa (Bénin), Carmen Soraya Merheb (Côte d’Ivoire), Sylvio Combey (Togo), Essouma Cathy Corinne (Cameroun), Jean Bosco Nzosaba (Burundi), Julie Ilondo (Afrique du Sud), Adama Diarra (Mali) Correcteur Ehcibet Rimas Maquette Insolite Communication contact@insolite-communication.com +212 665 24 05 48 Photos Laurent Laveille (ABJ) AFP Editeur Afrique Challenge 11, Cité Air France, Ouest Foire , Dakar Tél: +221 33 820 74 44 Fax: +221 33 820 74 46 abj@lafriquequiose.com Abonnement & Publicité Ibrahima Thiam Mob.: +212 668 69 73 19 Bur.: +212 522 36 04 18/20 it@regienordsud.com Périmètre de distribution Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée, Equatoriale, Tchad, RDC, Maroc, Tunisie, Algérie, Mauritanie, France, Belgique, Suisse

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Finance islamique : l'Afrique, nouvel Eldorado La finance islamique gravit les échelons dans l’architecture de la finance globale. Son industrie dépasserait actuellement les 2000 milliards de $, d’après les dernières statistiques dévoilées lors de la 10e édition du Forum Islamique Economique Mondial (WIEF) qui s’est déroulé fin 2014 à Dubaï. Mieux, les actifs de la finance islamique ont été multipliés par neuf entre 2003 et 2013, soit une hausse de 16%. Les experts tablent même sur un volume de 4000 milliards de $ en 2020. Le WIEF révèle qu’environ 80% des avoirs sont détenus par les banques, 15% sous forme de «sukuk» (obligations islamiques), 4% placés dans des fonds d'investissement et 1% dans le système d'assurance islamique takaful. L'Iran détient environ 40% des avoirs des banques islamiques, l'Arabie saoudite 12% et la Malaisie 10%.

> Sur le fil 04   >Maroc : L’OCP lance une académie régionale sur les engins industriels lourds >Ethiopie : Vers une hausse des exportations de café >Aliko Dangoté élu personnalité africaine de l’année 2014 par Forbes >Entrepreneuriat : La BMCE Bank lance le prix de l’entrepreneur africain

06   >Nigéria : Dangote Farms lance la culture d’une variété hybride de tomates

>Ghana : L’administration se numérise >Afrique du Sud : Autorisation accordée pour exporter des pommes vers la Chine 07   >Le milliardaire nigérian veut soutenir 1000 start-ups du continent >Mali : Un plan numérique pour développer les TIC >Burkina Fasso : Le pays perd 1,7% de croissance en 2014 à cause de la crise politique

> Conjoncture

ISSN : 2230-1933 Impression Imprimerie OKAD EL JADIDA 5, avenue Hassan II. Quartier industriel Vita 10050 Rabat- Maroc Tél. : +212 537 79 69 70/71/73 Fax: +212 537 79 85 56 Email: okad@menara.ma Copyright © ABJ - La reproduction, même partielle, des articles et illustrations de ABJ est strictement interdite, sauf avec l’accord de l'éditeur. Ce numéro a été tiré à 20 000 exemplaires.

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08   >Cap sur le ciment made in Burundi 10   >Cameroun : Des mesures pour encourager les investissements privés 11 >Guinée : Le Port autonome de Conakry accroit ses capacités pour être plus compétitif 12 >Togo: Lomé veut devenir le plus grand port d'Afrique 14 >Mali: L'or soutient la balance commerciale à hauteur de 70% 16 >Guinée Conakry: Un nouveau code pétrolier en ligne de mire 18 >Afrique du Sud: La nouvelle loi sur l'immigration menace-t-elle le cinéma et le tourisme ? 20 >Afrique du Sud: Tourisme, moteur de développement économique


> Perspectives

> Bloc-Notes

> Social

62   >Responsabilité des leaders : Provo-

quer le changement des "Mindeset"

> Business case Dossier sur l'insertion sociale des personnes handicapées au Togo

22   >9e Forum Africain pour le Dévelop-

pement : Feuille de route pour une Afrique émergente 24   >E-Commerce : Le Sénégal dans l'ère de la vente en ligne 26   >Agro-Industrie : Les Burundais développent l'industrie du jus de fruits 28   >Burundi : Les fruits de la libéralisation de la filière thé sont déjà palpables 30   >Côte d'Ivoire : Promouvoir des PME formelles et compétitives 32   >Transfert de migrants: Nigéria et Egypte sont les principaux bénéficiaires

> Banques & Finances 34   >AFIG fund veut ouvrir les portes du

marché financier de la BRVM aux PME 35   >Banque asiatique : Future rivale de la Banque Mondiale ? 36   >Commerce international: Les banques africaines ont apporté 350 millions de $ 37   >Kenya : Ecobank injecte 48 millions de dollars pour développer son activité en Afrique de l'Est

88   >Togo : Les handicapés visuels dans le viseur

90   >Togo: La reconversion des handicapés visuels

92   >Kekeli Neva : Le centre qui ouvre à la lumière

93   >Entretien avec le député Jérémie Vidja 64   >ECTA-BTP : Un bureau d'etude qui prospère

65   >Management : Qualité et professionnalisme, le binôme gagnant

68   >Portrait: Pierre Meli, fondateur et DG de ECTA-BTP

69   >Entretien avec Myriam Mbuetang Fonkeu, Chef de département

70   >BTP au Cameroun: Un secteur florissant 71   >Entretien avec Théophile Yimgaing Moyo, Président ONUC

72   >Les acteurs de la filière 73   >Formation : Une offre diversifiée

> Dossier

> Santé & Entreprise 96   >Le travail de nuit serait cancérigène

> Innovations 98   >2 GO : L'application qui domine facebook au Nigéria

99   >Prix Anzisha 2014 : L'esprit entrepreneurial primé

100   >Archivage des traditions africaines :

Vers la création de la première encyclopédie en ligne 102   >Développement des TIC : L'Ile Maurice, pays le mieux connecté en Afrique

> Green Business

> Note de lecture 38   >Parole de gouverneur :

de J-C Masangu Mulongo

> Grand Entretien Assurance : L'Afrique, un marché à fort potentiel

74   >Assurances en Afrique : Un marché de plus de 800 milliards de FCFA

76   >Les assureurs marocains à l'assaut de l'Afrique subsaharienne

77   >Afrique : Point de convergence des géants mondiaux de l'assurance

78   >Entretien avec Adama Ndiaye, Président de la FANAF

40   >Didier Acouetey, PDG de AfricSearch

> Focus 48   >Finance islamique : Des principes d'in-

vestissement qui promeuvent l'éthique 50   >Finance islamique : Principales techniques de financement 52   >BID, DMI, AL-BARAKA BANK: Les locomotives de la finance islamique 54   >Investissements : Quand l'Afrique séduit la finance islamique 56   >Entretien avec Mohamed Damak 58   >Microfinance islamique : Un service innovant pour les PME 60   >Entretien avec Ali Alami Idrissi

> Cahiers du manager 81   >TPAM, un modèle de management 100% africain est né

82   >Les instigateurs du modèle: Le pôle prévoyance de la CDG

83   >Les composantes essentielles du modèle TPAM

84   >Parrain-sponsor du modèle TPAM : Groupe Afrique Challenge

85   >Auteur-concepteur du modèle TPAM : Khalid Limamy

86   >Total QAP et Total Agility Management

104   >Lutte contre la désertification : Le Sénégal oeuvre sur plusieurs fronts 106   >Côte d'Ivoire : La fin de règne des sachets plastiques?

> Livres du trimestre 108   >L'économie de l'Afrique de Philippe Hugon >Economie politique de l'Afrique contemporaine: concepts, analyses, politiques de Pierre Jacquemot >Les sociétés entrepreneuriales et les mondes anglophones de Jacques-Henri Coste >Géopolitique de l'Afrique et du MoyenOrient de Philippe Dugot

> Post-Scriptum 110   >Le prix de la révolution

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sur le fil maroc

L'ocp lance une académie régionale sur les engins industriels lourds La Fondation OCP en partenariat avec l’ONUDI, Volvo, USAID, et le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle du Maroc lancent la création d’une Académie Régionale pour la Formation en Equipement Industriel Lourd et Véhicules Commerciaux, spécialisée dans l’entretien et la maintenance des engins industriels lourds et véhicules utilitaires. D’après l’OCP, «ce projet bénéficiera annuellement à 150 étudiants marocains, sénégalais et ivoiriens contribuant ainsi à améliorer considérablement l’employabilité des jeunes ». 

éthiopie : Vers une hausse des exportations de café Les exportations de Café de l’Ethiopie devraient connaitre un nouveau record durant la campagne 2014-2015. D’après l’agence Reuters, le pays avait réalisé sa meilleure performance durant la saison 2013-2014 en commercialisant 193 000 tonnes et devrait faire passer ses exportations à 235 000 tonnes. Cette hausse des exportations va stimuler les revenus de Addis-Abeba qui devraient se situer à 862 millions de dollars en 20142015 contre 841 millions de dollars entre 2013-2014. A en croire l’association éthiopienne des exportateurs de café, la sécheresse qui sévit au Brésil, premier producteur mondial de la denrée, et la rouille brune qui affecte actuellement les plantations mexicaines et péruviennes, constituent autant de facteurs qui influent positivement sur l’évolution des cours de la matière première et, favorisent la production éthiopienne. En Ethiopie, la filière du café fait vivre 15 millions de personnes. Au total, ce pays de l’Afrique de l’Est a produit 450.000 tonnes de café au cours de la campagne de 2013-2014 et s’attend à réaliser la même production durant la campagne 2014-2015.

Le milliardaire nigérian Aliko Dangoté, l’homme le plus riche en Afrique a été élu personnalité africaine de l’année 2014 par Forbes. Le magazine américain a vanté les mérites de ce «lion en matière de business», ainsi que les réalisations de sa fondation. Aliko Dangote, était en compétition avec Donald Kaberuka, président de la banque Africaine de développement (BAD), le sud-africain Thuli Madonsela, et ses compatriotes Chimamanda Ngozi Adichie, et Arunma Oteh, respectivement écrivaine et directeur général du régulateur des marchés du Nigeria. 

Entrepreneuriat

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La BMCE Bank lance le prix de l’entrepreneur africain

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Le PDG du groupe BMCE Bank, Othman Benjelloun, l’homme le plus riche du Maroc selon un classement 2014 du magazine américain Forbes, a décidé de lancer un prix africain pour l’entrepreneuriat. Il a fait cette annonce lors de son intervention au 5e Sommet mondial de l’Entrepreneuriat qui s’est déroulé au mois de novembre dernier à Marrakech au Maroc. Ce prix doté d’une enveloppe d’1 millions de $, récompensera chaque année le meilleur entrepreneur africain. En outre, il compte élargir les compétences de l’Observatoire de l’Entrepreneuriat, un centre d’information, de documentation et d’expertise qui a été crée au sein du groupe. L’objectif est de promouvoir l’esprit entrepreneurial sur le continent. 

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Aliko Dangoté élu personnalité africaine de l’année 2014 PAR le magazine FORBES


sur le fil

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sur le fil

Nigéria

Dangote Farms lance la culture d’une variété hybride de tomates

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La société Dangote Farms envisage de lancer la production d’une variété hybride de tomates dans l’Etat de Kano au Nord du Nigéria. Elle a distribué des semences de cette nouvelle variété aux producteurs locaux. L’entreprise a ouvert une usine de transformation qui débutera prochainement ses activités dans cet Etat, elle a dispensé des formations sur les bonnes pratiques aux producteurs de tomates et les a incités à s’organiser en groupements avec lesquels elle négociera l’approvisionnement de son usine en matière première. «Les producteurs récoltent à l’heure actuelle environ 10 tonnes de tomates par hectare. S’ils adoptaient cette variété hybride et avaient recours à de bonnes pratiques agricoles, les rendements pourraient varier entre 80 et 100 tonnes à l’hectare », a indiqué Alhaji Abdulhamid Kaita, directeur de Dangote Farms. 

NEWS

E-Ghana, c’est le nom du projet numérique que souhaite lancer prochainement le gouvernement ghanéen. Le but est de numériser les services administratifs pour permettre aux populations de mieux accéder aux services publics, d’améliorer la collaboration entre les ministères et le traitement des dossiers, et stimuler le rendement du gouvernement. Ce projet permettra également aux citoyens d’accéder à des soins médicaux en ligne. Ce programme d’un montant de 40 millions de $ est financé par la Banque mondiale. 

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Ghana L’administration se numérise

Afrique du Sud Autorisation accordée pour exporter des pommes vers la Chine Le ministre de l’agriculture de l’Afrique du Sud Senzeni Zokwana et le premier responsable de l’Administration chinoise de supervision de la qualité, de l’inspection, et de la mise en quarantaine (AQSIQ), Zhi Shuping ont signé un protocole qui permet désormais aux producteurs sud-africains d’exporter leurs pommes en Chine. D’autres négociations sont en cours pour obtenir une autorisation pour les poires et fruits à noyaux dans l’empire du milieu. 


sur le fil

Entrepreneuriat

L’homme d’affaires nigérian Tony Elumelu a annoncé, le 1er décembre à Lagos, le lancement d'un programme sur dix ans pour «former, financer et accompagner la nouvelle génération d'entrepreneurs» africains. Ce programme dénommé «Tony Elumelu Foundation Entrepreneurship Program (TEEP) » est doté de 100 millions de dollars. L’objectif est d’accompagner 1000 startups et jeunes entreprises dans les 54 pays du continent pour créer 1 million de nouveaux emplois et 10 milliards de dollars de revenus annuels, selon un communiqué publié par la fondation Tony Elumelu., «ce programme offrira une opportunité structurée et pluri-annuelle permettant d'accéder au financement, à la connaissance et, ce qui est sans doute encore plus important, à du mentorat, à une échelle jamais vue auparavant en Afrique. Voici notre opportunité de faire monter en

puissance une génération», a déclaré Tony Elumelu. Selon lui, le continent doit créer 10 millions d’emplois par an, mais les gouvernements et les grandes entreprises ne peuvent pas le faire seuls. La fondation indique que la sélection des projets éligibles au financement par le programme TEEP pour 2015 débutera le 1er janvier et s'achèvera deux mois plus tard. Elle se déroulera entièrement en ligne (sur le site de la fondation : www.tonyelumelufoundation.org/ TEEP), dans trois langues: anglais, français et portugais. Ce programme est ouvert aux entrepreneurs des 54 pays du continent, mais pas à ceux créant à l'étranger des entreprises consacrées à l'Afrique. «Vous devez travailler, respirer, croître en Afrique», a précisé Parminder Vir, directrice du TEEP, à l'occasion du lancement officiel du programme. Tous les secteurs sont concernés à l'exception des ins-

Le gouvernement du Mali prévoit de mettre en place le Plan Mali numérique 2020. Le Mali voit dans les TIC un moyen de développement socioéconomique. Le document de 65 pages qui est actuellement en préparation par un groupe d’experts nationaux devrait bientôt être présenté au Conseil des ministres pour validation. 

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Mali Un Plan numérique pour développer les TIC

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Le milliardaire nigérian veut soutenir 1000 start-ups du continent

titutions de recherche, des organisations religieuses, des négociants, des sous-traitants auprès de gouvernements. Les entreprises doivent avoir moins de trois ans d’existence. Un comité de sélection choisira les mille entreprises les plus prometteuses.

Burkina Faso Le pays perd 1,7% de croissance en 2014 à cause de la crise politique Le gouvernement de transition burkinabé a annoncé le 4 décembre 2014 que la crise politique déclenchée par les manifestations de rue, qui ont conduit à la fuite du président Blaise Compaoré fin octobre, coûtera 1,7 point de croissance au pays en 2014. D’après le ministre de l'Economie et des Finances Jean Gustave Sanon, « il est évident que la croissance sera inférieure aux 6,8% prévus pour cette année, pour s'établir à 5,1% ». 

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Cap sur le ciment made in Burundi Exit le temps où le Burundi misait essentiellement sur le ciment d’origine zambienne, tanzanienne ou ougandaise pour mettre en place ses infrastructures. Grâce à Burundi cement Company, (Buceco), première usine de production et de commercialisation du ciment, ouverte en 2011, près de 70% des besoins en ciments sont désormais bien couverts. Du coup, l’approvisionnement devient rapide et facile pour les opérateurs économiques, y compris le petit détaillant du coin. Par Jean Bosco Nzosaba

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«Avant l’ouverture de cette usine de ciment, ce matériel de construction était essentiellement commercialisé par quelques grands importateurs aux assises financières assurées, mais aujourd’hui, c’est à la portée de beaucoup de gens, à la fois financièrement et géographiquement», confie Immaculée Ndimurirwo, qui fait le commerce du ciment au détail au marché de la commune urbaine de Ngagara, en mairie de Bujumbura. Depuis 2011, Tribert Rujugiro Ayabatwa, un opérateur économique privé d’origine rwandaise, a installé au Burundi une cimenterie appelée

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"Burundi Cement Company (BUCECO)", dans la province de Cibitoke (70 km à l’ouest de Bujumbura), à la fois frontalière du Rwanda et de la République Démocratique du Congo. «Il s’agit d’un lourd investissement qui, pour commencer, aura coûté une bagatelle de 10 millions de dollars, mais le jeu en valait la chandelle, cela va sans dire», commente sous signe d’anonymat, un cadre de la BUCECO. Aujourd’hui, cette entreprise est aux bons soins d’une vingtaine de techniciens, dont sept Chinois et deux Kényans. Selon Aimé Mananda, directeur général

de BUCECO, cette entreprise emploie, au total, cent personnes et produit autour de 100.000 tonnes de ciment par an. Soit près de la moitié du ciment consommé chaque année au Burundi. Une demande qui s’intensifie Après près de deux décennies d’une guerre civile qui a détruit les infrastructures, notamment, en mairie de Bujumbura, le Burundi est en pleine phase de reconstruction depuis déjà 5 ans. C’est ainsi que comme pour les autres matériaux de construction, la demande en ci-


Des ouvriers de la cimenterie vacant à leurs occupations.

ment est forte et les prix prennent l’ascenseur. En l’espace de 5 ans, le prix d’un sac de 50 kg a quasiment doublé, passant de 20 à 30.000 francs burundais (19$). Mais comme d’aucuns s’y attendaient, l’arrivée du ciment made in Burundi sur le marché local a gelé cette envolée des prix. «Nous vendons un sac de 50kg de ciment à 16 dollars contre près de 19 $ pour le même produit importé », confie un technicien de la BUCECO. Selon Aimé Manda, directeur de cette entreprise, le prix de revient est encore relativement élevé car «l’essentiel des matières premières utilisées dans la production du ciment est encore importé». Ces produits importés sont, notamment, le clinker (importé de Vietnam, Chine ou Dubaï), la pouzzolane (importé de la République démocratique du Congo) et le gypse (importé du Kenya). « De toute évidence, le Burundi a une demande grandissante en ciment de bonne qualité, un ciment abordable et nous sommes ravis que BUCECO peut aider à y répondre », se réjouit Tribert Rujugiro Ayabatwa, propriétaire de BUCECO.

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© Photo A.F.P

Le gouvernement se réjouit du succès de ce fleuron de l’industrie du ciment au Burundi. « le trésor public profite du succès de Buceco à travers les taxes perçues, mais son dynamisme constitue aussi un bon signal pour les autres investisseurs, y compris dans d’autres domaines », conclut un cadre du ministère burundais du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme. Reste qu’au Burundi, l’essor du secteur industriel est encore tributaire de la sécurité et que ce pays qui sort de deux décennies de guerre civile peine à rassurer les investisseurs, notamment étrangers. 


Cameroun

Des mesures pour encourager les investissements privés Par Cathy Koum

Le gouvernement de Yaoundé a arrêté des mesures visant la mise en place d’un cadre incitatif compétitif pour attirer et capter un plus grand nombre d’investissements directs étrangers (IDE). Les rapports de plusieurs études publiées ces dernières années sur le climat des affaires au Cameroun n’ont pas été favorables à la politique d’investissement menée dans le pays. En effet, malgré une stabilité sociopolitique avérée et d’énormes potentialités humaines et naturelles, le Cameroun n’est pas toujours assez attractif pour les investisseurs. « Le problème c’est qu’il y a une énorme pression fiscale au Cameroun à laquelle viennent s’ajouter les lenteurs administratives et la corruption ambiante », fait savoir un opérateur économique. Pour renverser la tendance, le gouvernement a pris un train de mesures pour inciter les investissements tant locaux qu’étrangers dans le pays. Régime fiscal de projets structurants Grâce en effet à la mise en place d'un régime fiscal des projets structurants, les entreprises bénéficiaires sont exonérées de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) sur les achats locaux de matériaux de construction et les importations destinés à la mise en place du projet. Elles sont également exemptées du paiement de la patente au titre des deux premières années d'exploitation, en même temps qu’elles bénéficient de l'enregistrement au

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droit fixe de 50 000 F CFA pour les actes de constitution, prorogation et augmentation du capital ainsi que les mutations immobilières directement liés à la mise en place du projet. A tous ces avantages, il faut ajouter l'application de l'amortissement accéléré au taux de 1,25 du taux normal, pour les immobilisations spécifiques acquises pendant la phase d'installation et la rallonge de la durée du report déficitaire de quatre à cinq ans. Régime fiscal des contrats de PPP La mise en place du régime de Partenariat Public-privé (PPP) implique un certain nombre d’avantages pour les entreprises qui en font partie. Lors de la phase de construction et d’installation, ces sociétés bénéficient d’une prise en charge par le budget de la personne morale contractante de la TVA, relative aux importations et aux achats locaux de matériels. Elles peuvent également enregistrer gratuitement des conventions et actes passés par le cocontractant de la personne publique. Lors de la phase d’exploitation, les mêmes entreprises bénéficient d'une décote de cinq points en principal sur le taux d'impact durant les cinq premières années d'exploitation. Elles ont également droit à la rallonge

de la durée du report déficitaire de quatre à cinq ans, à l'application de l'amortissement accéléré égal au taux normal majoré de 25%. A tout cela, il faut ajouter la mesure ayant trait à la restauration du régime du réinvestissement qui permet aux entreprises éligibles de bénéficier d'une réduction de l'IS ou de l'IRPP de l'ordre de 50% des réinvestissements admis, et à celle qui exonère des entreprises nouvelles de la contribution des patentes au titre des deux premières années d'exploitation. Amélioration de la trésorerie des entreprises Dans le but d’améliorer la trésorerie des entreprises, le gouvernement a également pris un certain nombre de mesures, notamment l’exonération des droits d'enregistrement sur les conventions de compte courant, ainsi que sur les conventions de prêts des établissements de crédit et de micro finance, la baisse du seuil de remboursement des crédits de TVA de 25 à 10 millions, l’érection de la marge comme base de détermination du chiffre d'affaires des distributeurs de boissons, et des exploitants de stations- service, ainsi que la levée progressive de la caution en garantie du paiement de la RFA en matière forestière.


Guinée

Le Port autonome de Conakry accroit ses capacités pour être plus compétitif

Par Bachir Sylla

Cette nouvelle infrastructure, de 340 m de long et de 13 m de profondeur, qui s’ajoute aux 260 m existants pour former un linéaire de quai de 600 m, permettra d’y accueillir désormais simultanément des navires de grandes capacités, dit-on. Elle entre dans le cadre des travaux d’extension et de modernisation du Port autonome de Conakry, pour non seulement accroître ses capacités d’accueil mais aussi et surtout le rendre plus compétitif en Afrique de l’Ouest où il compte bien des concurrents. Considéré comme le «port naturel» du Mali, à cause de sa proximité avec Bamako, la capitale malienne, par rapport aux autres grands ports ouest-africains, le Port de Conakry entend bien mériter sa place et être une plateforme incontournable pour les économies des pays enclavés

comme le Burkina Faso et le Mali. «Notre ambition est de faire du Port de Conakry un hub vers l’Amérique Latine. En effet, quand vous prenez la carte de l’Afrique, la Guinée est le coin le plus avancé vers l’Amérique Latine », a déclaré le président Alpha Condé, à la cérémonie inaugurale du nouveau quai de Conakry Terminal.

© Photo D.R.

Pour lui, il n’est pas question de se limiter en si bon chemin. «Aujourd’hui, vous avez dit que nous pouvons accueillir 1.000 bateaux, mais nous voulons accueillir 2000 bateaux. Vous dites qu’il y a 600 m, mais nous voulons le double. Vous dites que la profondeur est de 13 m, mais nous voulons 14 m de profondeur », a-t-il affirmé, avant de s’attaquer vertement à ceux qui s’opposent aux réformes entreprises au niveau du Port de Conakry. « Il y a des gens qui s’agitent, mais ils perdent leur temps. Les travailleurs savent que nous sommes là pour les défendre. Nous n’allons pas laisser des gens qui n’ont pas investi au port et qui ont pillé les richesses de la Guinée, continuer à manipuler les travailleurs », a martelé le Président Alpha Condé. Allusion à peine voilée à ses opposants politiques qu’il entrevoie derrière les syndicats qui dénoncent une situation de quasi-monopole du groupe Bolloré au niveau du Port de Conakry.

Aire à conteneurs au port autonome de Conakry

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En novembre dernier, le Chef de l’Etat guinéen Alpha Condé a inauguré, tambour battant, le nouveau quai du Terminal à conteneurs du Port autonome de Conakry, réalisé en deux ans par la société chinoise China Harbour Engineering Company, grâce à un financement du groupe français Bolloré, pour une valeur de 47 millions d’euros.

Une pilule dure à avaler Certes le groupe Bolloré affiche des grandes ambitions pour le Port de Conakry, mais sa visée hégémonique passe mal aux yeux de certains. En effet, après avoir ravi la vedette, dans des conditions rocambolesques, à Getma Interna-

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Contribuer à l’essor économique Malgré les critiques formulées à son encontre, Bolloré Africa Logistics, qui opère dans 55 pays à travers le monde, dont 46 en Afrique, se présente comme étant le premier opérateur privé de partenariats publicsprivés portuaires en Afrique. En 3 ans et demi de présence en Guinée, le groupe affirme avoir investi des montants importants pour la modernisation du Port Autonome de Conakry et contribué aussi à l’essor économique de la Guinée à travers diverses taxes versées à l’Etat (TVA, patente, CFU, redevance portuaire, sociale, etc.). Le groupe prévoit à terme pas moins de 500 millions d’euros d’investissements sur la durée de sa concession au Port de Conakry qui s’étend sur 25 ans. D’ores et déjà, l’on se félicite que, depuis l’attribution de cette concession, Conakry Terminal ait pu améliorer ses cadences de manutention en passant de 19 mouvements en 2011 à 35 en 2014, avec plus de 550 000 conteneurs EVP (équivalent vingt-pieds) opérés sur les navires. 

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Troisième quai du port de Lomé avec un tirant de 15 mètres

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tional, un autre groupe français, au niveau du Terminal à Conteneurs le groupe du milliardaire Vincent Bolloré (ami de longue date du président guinéen) a récemment obtenu de la Direction générale du Port de Conakry la décision de lui concéder toutes les activités de transport RO/RO dans l’enceinte du Port. Ce qui, de facto, est synonyme de départ des anciennes sociétés et non des moindres, qui pratiquaient ces activités sur le site. Il s’agit de Getma Guinée, Afrimarines, entre autres, dont les employés pourraient être mis à la porte. D’où la levée de boucliers des syndicats contre la décision des responsables du Port autonome de Conakry et de Bolloré Africa Logistics.

TOGO

Lomé veut devenir le plus grand port d'Afrique

Par Sylvio Combey

Le Port autonome de Lomé dispose désormais d’un troisième quai. L’inauguration a enregistré la participation des Chefs d’Etat du Bénin, Yayi Boni, du Niger, Mahamadou Issoufou et bien évidemment celui du Togo Faure Essozimna Gnassingbé. Il est long de 450 mètres avec un tirant d’eau de 15 mètres. La vision de Lomé, est de devenir un véritable hub qui dessert la sous région ouest-africaine et bien au delà. La mise en service de ce troisième quai qui fait hisser le Port autonome de Lomé (PAL) comme le premier en eau profonde en Afrique est accueillie comme une belle bouffée d’oxygène. Le rêve lancé en mars 2011 a finalement pris forme. Et déjà, les statistiques font croire une montée en flèche des chiffres. Une vision profonde... A sa création en 1968, huit (8) ans seulement après son indépendance, le PAL accueillait seulement 415 navires par an. Et depuis lors, les chiffres ne cessent de monter cres-

cendo et pourra être accéléré avec le nouveau joyau. En 2013, c’est un total de 8,6 millions de conteneurs qui ont été traités avec 1.118 navires qui ont accosté, contre 989 en 2012. Comme conséquence, le trafic global a connu une augmentation de 13,04%. Encore que d’ici fin 2014, 1.150 bateaux sont attendus, selon les prévisions fournies par les services compétents du PAL. Le Premier ministre togolais, Séléagodzi Arthème Ahoomey-Zunu, confie qu’il faut s’attendre à un résultat net d’environ 1.667 milliards de francs Cfa, soit une progression


de 94% par rapport à l’année 2013. Le troisième quai s’est accompagné d’un terminal à conteneurs entièrement informatisé, équipé de deux portiques de quai. Aussi, les six grues mobiles devront permettre d’accélérer la cadence et de traiter simultanément au moins quatre navires. Selon Fréderic Lafont du Groupe Bolloré, le PAL offre désormais la possibilité d’accueillir des navires de nouvelle génération, pouvant transporter au moins 7000 conteneurs de 20 pieds. Le Togo s’est résolument positionné comme une destination de choix pour les grands armateurs internationaux. « L’avenir du monde est en Afrique et notre ambition est d’apporter ici (Togo Ndlr), de nouvelles technologies pour permettre au commerce extérieur de la zone de se développer un peu plus », renchérit

Vincent Bolloré président du groupe Bolloré, coréalisateur du projet. Un port tourné vers l’extérieur Avec la construction de ce troisième quai, profond de 15 mètres, Lomé peut se glorifier d’avoir le port le plus profond en Afrique sub-saharienne et concurrencer d’autres ports en Afrique. Selon beaucoup d’analystes, le 3e quai devient ainsi un précieux outil de repositionnement économique faisant du Port autonome de Lomé́, le maillon essentiel du projet de corridor de développement. Une situation qui justifie la présence de deux Chefs d’Etat africains aux côtés de leur homologue togolais. Des experts de la Banque africaine de développement (BAD) défissent un port profond à 30 mètres soulignant que la profondeur de 15mètres est beau-

coup plus courante pour les ports de commerce. La Primature s’en félicite toujours car, soutient le Premier ministre Ahoomey-Zunu, avec son 3e quai, le Port autonome devient un outil stratégique pour l’intégration dans la sous-région ouest-africaine. «Il a été́ conçu pour que les nouveaux atouts du seul port en eau profonde de l’Afrique améliorent l’offre de service pour toute la sous-région et en particulier pour les pays enclavés de l’hinterland». En 2011, 6.501.950 de tonnes ont été importées au Port autonome de Lomé. Si 50% était destiné à la mise en consommation, le reste est pour l’extérieur avec notamment 40% en transit et 10% pour la réexportation. Le troisième quai, c’est aussi le fruit de 300 milliards d’investissements sur fonds propres. 

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MALI l’or soutient la balance commerciale

à hauteur de 70%

Le poids de l’or dans l’économie malienne est considérable. Sa production industrielle a commencé depuis la fin des années 1980, selon le Groupe de suivi budgétaire (GSB) dirigé par Tiémoko Souleymane Sangaré. Le pays compte 9 sociétés minières d’or en activité (Somisy.sa, Morila.sa, Sadiola.sa, Somika.sa, Yatela.sa, Wassoul’Or, Somilo.sa, Gounkoto.sa, et Semico.sa). Par Adama Diarra

Arrivée du minerai sur des tapis pourle début du traitement

Grâce à ces 9 sociétés minières, 3895 emplois directs ont été créés. La manne générée par la production de ce métal sert à financer 1/5 des infrastructures scolaires, sanitaires ainsi qu’une partie du paiement des fonctionnaires. La production moyenne annuelle est d’environ 50 tonnes. Ce qui classe, le Mali, un des

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milliards de FCFA en 2012 contre 833,5 milliards de FCFA en 2011, soit une augmentation de 23%. Les mines représentent 70% des exportations estimées à 1 473,4 milliards en 2012.

pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest, 3ème producteur d’or africain après l’Afrique du Sud et le Ghana. Ainsi, le secteur minier est devenu depuis des décennies la clef de voûte de l’économie avec 8 % du PIB en 2012, soit 415,23 milliards de FCFA contre 350,8 milliards en 2011. La valeur des exportations d’or était de 1028,1

275,626 milliards de FCFA d’apports au Trésor public La production d’or s’est améliorée entre 2011 et 2012, d’un peu plus de 4 tonnes en passant de 46,033 à 50,272 tonnes. Le volume de production de 2012 traduit un léger dépassement de la prévision du département pour la même année qui était de 50 tonnes. L’apport agrégé du secteur minier au Trésor public est de 275,626 milliards de FCFA en 2012 contre 232,6 milliards de Fcfa en 2011. Cette augmentation s’explique par l’accroissement de la production de 4 tonnes et le niveau rémunérateur du prix moyen de l’once qui est passé de 1 652,23 dollars en décembre 2011 à 1 688,53 dollars en 2012. Malgré la production de ces neuf mines d’or, le métal jaune tant convoité mondialement, ne brille pas assez fort, à en croire Anton Op Beke, le représentant résident du FMI (Fonds monétaire internatio-


nal). Celui-ci estime que le pays a besoin de plus de recettes pour se développer, au regard du rythme de sa croissance démographique. Et, cela passe évidemment par l’élargissement de la fiscalité, une priorité. M. Beke propose alors, la mise à jour du code minier, de recueillir et de fournir plus d’informations sur la géologie, de mieux organiser le recouvrement, d’assurer la transparence et renforcer les audits. Ces différentes propositions figurent dans l’agenda du ministre des Mines, Boubou Cissé. Lassana Guindo conseiller technique au Ministère des Mines dit comprendre aisément le fait que beaucoup de Maliens pensent que l’or ne brille pas pour eux. Car, explique t-il, « notre industrie minière évolue de façon isolée, c’est pourquoi son apport à l’économie nationale n’est toujours pas visible par tout le monde. Sinon, c’est le secteur minier qui

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Des ouvriers à la réception des Officiels

Ecoulement de la lave du minerai dans des caissons

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Extration à ciel ouvert du minerai

soutient la balance commerciale du pays à hauteur de 70% » Le potentiel pétrolier attire les investisseurs Le potentiel pétrolier du Mali est répertorié depuis les années 1970 où des séismes sporadiques et des forages avaient permis de découvrir des traces de pétrole. Avec l’augmentation globale du prix du pétrole et du gaz, le Mali a accéléré la promotion et la recherche de nouvelles explorations, productions et exportations pétrolières. Le Mali pourrait offrir une route privilégiée stratégique pour les exportations de gaz et de pétrole de la région sub-saharienne vers l’Occident et de plus, il y a toujours la possibilité de relier le bassin de Taoudeni au marché européen, en passant par l’Algérie. Un travail de réinterprétation de données géologiques et géophysiques précédemment re-

cueillies a déjà débuté, se focalisant sur cinq bassins de sédiments dans le nord du pays, y compris ceux de: Taoudeni, Tamesna, Ilumenden, Ditch Nara et Gao. En juillet 2008, le gouvernement malien a modifié la loi sur l’exploration pétrolière, faisant passer la période d’exploration de 10 à 12 ans. Cette nouvelle loi a pour objectif d’augmenter l’attractivité de l’exploration pétrolière, du transport et du raffinage au Mali. L’Autorité de promotion de l’exploration pétrolière (AUREP) est l’organisme au sein du gouvernement malien qui est responsable du respect des engagements des entreprises à travers la signature de différentes conventions. L’intérêt suscité par les parcelles pétrolières et gazières au Mali est fort. Actuellement 15 parcelles sur les 29 proposées ont déjà été attribuées.

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Un nouveau code pétrolier

en ligne de mire

Les explorations pétrolières n’ont, jusque-là, pas révélé l’existence de l’or noir en Guinée. Pourtant, les autorités espèrent qu’à l’avenir les recherches géologiques pourront être concluantes. Elles ont alors décidé de prendre les devants, en ayant en ligne de mire un nouveau code pétrolier sensé réguler en amont le secteur pétrolier guinéen afin de promouvoir les investissements permettant d’identifier et de développer les ressources en hydrocarbures situées dans le sous-sol guinéen. Par Bachir Sylla

L’opération vise à encourager la recherche et l’exploitation pétrolières, à promouvoir une gestion systématique et transparente du secteur afin, dit-on, de garantir les bénéfices économiques et sociaux durables du pays dans le cadre d’un partenariat mutuellement avantageux avec les investisseurs. Pour mener à bien le processus, le gouvernement guinéen a obtenu de la BAD (Banque Africaine de Développement) un don lui permettant de réviser l’ancien code pétrolier de 1986 afin de le rendre plus conforme aux normes internationales actuelles, en tenant compte de la particularité du pays. Après plusieurs mois de travaux, la commission chargée de piloter le processus a déjà sous la main un

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projet de code, son décret d’application et son contrat-type d’exploration et de partage de production pétrolière. Elle souhaite recueillir désormais le maximum d’avis pour amender le travail des experts avant de les soumettre aux autorités compétentes, pour adoption et promulgation. Les aspects révisés du Code Dans le nouveau code en ligne de mire, de nouvelles dispositions ont été introduites au niveau du cadre institutionnel du secteur. L’on y préconise trois types de droits pétroliers attribuables par l’Etat, à savoir l’autorisation de reconnaissance, les contrats pétroliers et l’autorisation par canalisation. L’attribution des contrats, selon le

projet, est assujettie au principe d’appel d’offres international, sauf à quelques exceptions près bien encadrées. En matière de gouvernance et de transparence du secteur, les auteurs demandent des obligations étendues de transparence par la publicité sur le processus d’attribution des droits, les contrats et documents, les recettes pétrolières et les titulaires de droits. Ils insistent sur l’interdiction formelle des conflits d’intérêts et les pots de vin. Pour ce qui est des aspects environnementaux, de nouvelles procédures d’évaluation et de gestion des impacts doivent être de mise, de même que des obligations et des restrictions doivent être renforcées durant les opérations par

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Guinée Conakry


des mesures de réhabilitation à la fin de celles-ci. S’agissant des principes généraux des contrats pétroliers, le projet de code indique un cadre précis et détaillé, assorti de toute la souplesse nécessaire, notamment sur les périodes contractuelles et sur certaines conditions financières : bonus, redevances superficiaires… Figurent également dans le projet, de nouvelles dispositions sur le gaz naturel, l’hygiène, la santé et la sécurité, le contenu local et la main d’œuvre locale, et sur l’occupation des terrains. Tout ceci suppose des dispositions de stabilisation des contrats, souligne-t-on. Concernant les dispositions économiques et fiscales, le projet de code met en relief le maintien du mécanisme de partage de production d’hydrocarbures entre l’Etat et le contractant, une introduction progressive des revenus de l’Etat, un impôt sur les sociétés applicable au Contractant et des dispositions financières et douanières reformulées et développées. Investissements en berne En attendant le nouveau code, les investissements dans le secteur pétrolier guinéen sont en berne. Les autorités ayant décidé de ne plus nouer un quelconque contrat avant l’entrée en vigueur du nouveau cadre juridique sur la base duquel tout devrait être désormais négocié. A préciser que le nouveau code pétrolier en gestation ne traite pas des activités de raffinage du pétrole brut, ni des activités de distribution, de commercialisation, de stockage et de transport de produits raffinés. Par ailleurs, les dispositions du code des investissements, ni celles du code minier ne sont pas applicables à la recherche et à l’exploitation des hydrocarbures, d’une manière générale. 

En Bref … La FAO récompense 6 pays africains pour leurs efforts contre la faim L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) à 13 pays du monde pour leurs efforts dans lutte contre la faim, premier Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD). Ils ont atteint cet OMD un an avant l’échéance. Six nations africaines figurent dans ce lot : Cameroun, Gabon, Ethiopie, Maurice, Mauritanie, Gambie. «Vous avez surmonté de grands défis dans des conditions économiques mondiales et des environnements politiques difficiles», s’est réjouit Graziano da Silva, directeur général de la FAO. Mais selon lui, le combat n’est pas encore gagné. « Malgré les progrès en vue de l'éradication de la faim dans le monde au cours des dix prochaines années gagnent de l'ampleur, il reste encore beaucoup à faire, car 805 millions de personnes continuent de souffrir de sous-alimentation chronique», reconnait-il. La nigériane Diezani Alison-Madueke, première femme à présider l’OPEP Les pays membres de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) ont élu, le 27 novembre 2014 à Vienne, la ministre nigériane des Ressources pétrolières, Diezani Alison-Madueke, à la présidence du l’organisme pétrolier pour un mandat d’un an à compter du 1er janvier 2015 La ministre est ainsi devenue la première femme nommée à la présidence tournante de l’OPEP créée en 1960. Diezani Alison-Madueke, 54 ans, est une architecte de formation. Elle a entamé sa carrière dans un cabinet d'urbanisme avant de rejoindre en 1992 la Shell Petroleum Development Company (SPDC). En 2006, elle est devenue la première femme présidente du directoire de SPDC. Un poste qui la propulsera ensuite vers des responsabilités gouvernementales. D'abord ministre des Transports de 2007 à 2008, puis ministre des Mines et de l'Acier, elle prend ensuite en charge le portefeuille des Ressources pétrolières en 2010. Tourisme : l’Ile Maurice sur une pente ascendante Le secteur du tourisme marche bien en Ile-Maurice. Les arrivées touristiques ont connu une hausse de 4,5% au cours des neuf premiers mois de l’année 2014. D’après l’organisme Statistics Mauritius, le pays a reçu 725 623 visiteurs entre janvier et septembre 2014. Au total, le secteur a généré 32,232 milliards de roupies soit 0,7% de plus que sur la période en 2013. La Chine est le premier client de l’île avec 66% de touristes de plus qu’en 2013. L’Empire du milieu est suivi par le Royaume-Uni (+13,5%), la Suisse (+6,6%), l’Inde (+3,7%) et l’Allemagne (+3,7%). Les autorités prévoient de récolter 45 milliards de roupies de recettes en 2014 et 50 milliards de roupies en 2015.

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Afrique du Sud

La nouvelle loi sur l’immigration menace -T-ELLE le cinéma et le tourisme ?

Les lois sur l’immigration en Afrique du Sud ne sont plus les mêmes depuis le 26 mai dernier. Les conditions pour l’obtention ou le prolongement du permis d’études, de travail, ou encore d’accompagnement ont connu d’énormes changements.

Studio cinématographique à la ville de Cap

Parmi ces changements, les immigrés ne pourront plus changer leur visa visiteur en permis de travail ou d’études. La nouvelle loi stipule qu’ils devront retourner dans leur pays d’origine pour en faire la demande en personne. Un point qui a fait couler beaucoup de salive et d’encre dans la presse sud-africaine. Il a également provoqué un tollé que ce soit au ministère du tourisme mais surtout auprès de l’industrie du cinéma. L’industrie du

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cinéma est en effet, la plus concernée par cette nouvelle mesure. Le premier effet ressenti par cette industrie est le report au mois de juin de la série américaine Homeland pour une date ultérieure. L’industrie du cinéma affectée Les autorités de la ville du Cap, qui est en effet la destination favorite pour les tournages des films étrangers n’ont pas hésité à dénoncer une mesure qui, selon elles, nuirait

© photo D.R

Par Julie Ilondo

à l’économie ainsi qu’au développement de la ville et du pays. L’industrie du film dans le pays a en effet contribué à la création de 35 000 emplois et a pu ramener dans les caisses de l’Etat 5 milliards de rands ces trois dernières années. Les acteurs étrangers et autres Autres équipes de productions de films ne sont donc plus en mesure de faire la demande de leur permis de travail sur place au Cap. Selon Thomas de Cape Town Film Studios, cette nouvelle mesure vient détruire les efforts entrepris par les autorités sud-africaines d’encourager les grandes maisons de production des films américains, surtout, à venir produire leur film sur place. Les producteurs étrangers bénéficient en fait d’une réduction de 20% de taxe pour ceux qui ont un budget de 12 millions de Rands, soit environ 1,3 millions de dollars américain. Pour Andreas Kensel de IBN Business et Immigration Solutions, les compagnies américaines pourraient se décourager et choisir une autre destination pour le tournage des films. Allan* de Skinny


Film, a avancé que les acteurs et autres membres de l’équipe de production étrangers devront faire la demande de permis de travail de courte durée dans leur pays d’origine et non pas en Afrique du Sud comme ce fut le cas les années antérieures. Il convient de signaler que les journalistes, agents humanitaires, chercheurs, professeurs conférenciers ou encore les artistes peuvent bénéficier de ce Permis de travail de courte durée de 90 jours. La ville est devenue la destination préférée des américains ces dernières années. Le coût de la production dans la nation Arc-en-ciel, son paysage et sa beauté naturelle sont les éléments qui attirent le plus les maisons de production étrangères. Nico Dekker de Cape Town Film Studio a déclaré que les grandes maisons telles que Paramount, Disney et Warner aiment travailler en Afrique du Sud à cause de tout ce que la ville du Cap offre. Il faut également compter la faiblesse relative du Rand comparativement à l'euro ou au dollar. Il est donc moins coûteux pour ces grandes firmes de produire leurs films dans le pays de Mandela. L’Association des producteurs de l’Afrique du Sud et l’association nationale des agences de mannequinat ont décidé de sauver cette industrie qui, d’après leur prévision risque de subir l’impact négatif de cette mesure. «Nous avons écrit au ministère à plusieurs reprises au ministère de l’intérieur et nous n’avons jamais obtenu de réponse. Nous saisirons la justice afin de sauver nos emplois » pouvait-on lire dans un communiqué publié par ces deux associations. Le tourisme, la seconde victime Outre le secteur du cinéma, le tourisme craint également de subir de manière négative les retombées de la nouvelle loi sur l’immigration. Les agences de tourisme indiquent que de nombreux touristes pourraient

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La belle corniche de la ville de Cap Town

choisir d’autres destinations de vacances où les conditions d’obtention de visas sont moins exigeantes. La nouvelle loi stipule que les demandeurs de visa doivent désormais se présenter en personne lors du dépôt et du retrait de la demande de visa. Ce qui déplait aux agences de tourisme qui ont évoqué le manque de praticabilité de cette mesure. Selon Ashmad Tiller employé dans une agence de tourisme de la place, les chinois, par exemple, doivent se déplacer, voire prendre l’avion pour la demande de visa dans leur pays. «Pourquoi perdre autant d’argent pour se déplacer et demander un visa touriste? Que feriez-vous? Si ce n’est pas chercher un autre pays qui vous facilite la vie… », déclare-t-il. Une autre mesure avait également provoqué de vives émotions dans le pays ainsi qu’à l’étranger. Le ministère de l’intérieur avait en fait exigé que les parents devraient se munir des actes de naissance lorsqu’ils voyageaient avec leurs enfants mineurs. Une équipe a été mise en place par le ministère de l’intérieur pour étudier l’impact que la nouvelle loi aurait sur le domaine du tourisme. Cette mesure a été reportée à juin 2015, à la grande satisfaction des agences de tourisme. Dans son rapport rendu public au mois de novembre, cette équipe a

déclaré que la nouvelle loi menace jusqu’à 100 000 offres d’emploi et pourrait coûter 2.4 millions de perte de revenus. Le groupe chargé d’enquêter a également avancé que 70% des chinois pourraient renoncer à venir en Afrique du Sud pour y passer des vacances. Un rapport que le ministère de l’intérieur a tout de suite rejeté. Selon le porte-parole du ministre de l’intérieur, Mayihlome Tshwele, ce rapport ne démontre pas clairement comment la loi reformée va nuire au tourisme sud-africain. «Il s’agit-là d’un rapport purement spéculatif.» a-t-il déclaré. Si le ministère de l’intérieur a accepté de reporter la mesure sur l’entrée des enfants mineurs en Afrique du Sud pour permettre aux voyageurs de se préparer en conséquence, il ne compte en aucun cas changer la loi. Il a cependant déclaré qu’il reste ouvert à toute proposition et veut des propositions concrètes pour une meilleure implantation de la loi sur l’immigration. « Les gens devraient arrêter de se plaindre. Ils devraient plutôt se conformer car nous n’avons pas l’intention de changer quoi que ce soit.», avait alors lancé le ministre de l’intérieur, Gigaba Malusi lors d’une conférence de presse tenue à Johannesburg. 

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Afrique du Sud

Tourisme moteur du développement économique

Par Julie Ilondo

En Afrique du Sud le tourisme est l’un des secteurs qui contribuent fortement au développement économique du pays. D’après les statistiques publiées par le ministère du tourisme, ce secteur a contribué jusqu’à 10% du Produit intérieur brut (PIB) en 2012, soit 4% de plus que le secteur minier.

© photo A.F.P

Des touristes prennent des photos à partir du plateau surplombant la ville de Cap-Town

Selon le ministre du tourisme, M. Marthinus Van Schalkwyk, le tourisme en Afrique du Sud a connu un boom depuis l’organisation de la coupe du monde de football en 2010. Les autorités ont enregistré jusqu’à 6 millions de visiteurs étrangers lors de cette prestigieuse compétition, soit une hausse de 17.1 % de plus que pendant la même période en 2009. «Les touristes étrangers se sont rendus compte que l’Afrique du Sud n’est pas du tout ce que décrit les medias étrangers. L’Afrique du Sud, ce n’est pas que les meurtres, viols et braquages mais c’est ce paysage merveilleux et aussi cette histoire inédite», a déclaré Peterus Van Harcke,

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du département de tourisme dans un collège de la place. Les touristes viennent majoritairement du Royaume-Uni, des EtatsUnis, de la Chine et de la France. En 2014, le tourisme a particulièrement bénéficié d’une monnaie locale faible. En effet, depuis le début de l’année 2014, le rand s’est déprécié et a provoqué une forte inflation dans le pays. Les touristes européens et américains se sont ainsi rués sur les plages, montagnes et parcs sud-africains et ont profité en grand nombre du dollar ou de l’Euro de loin plus fort que le rand. Ce qui a placé le secteur du tourisme dans une position pro-

metteuse, alors que les autres secteurs ont du mal à se relever depuis la récession de 2009. Le tourisme, une niche d’emplois Outre sa grande contribution au produit intérieur brut, le secteur du tourisme a également créé des emplois dans le pays. On estime qu’un emploi est créé pour 12 touristes internationaux qui arrivent en Afrique du Sud. Le ministère du tourisme entend favoriser la création de 225 000 emplois d’ici 2020. Cependant la dépendance de la nation de l’Arc en Ciel au tourisme international pose un danger dans la mesure où il reste très exposé à la concurrence internationale. « Nous devons à tout prix chercher à développer le tourisme local afin d’apporter un équilibre dans le secteur du tourisme en général », a reconnu le ministre du tourisme sud-africain. Les nombreux rapports démontrent que le tourisme intérieur n’est pas très développé. De nombreux sud-africains ne se déplacent pas dans leur pays. Une initiative, dénommée Sho’t left, avait été lancée en 2013 afin d’encourager le tourisme local. Le ministre de l’intérieur a ainsi encouragé les provinces à faire leur promotion afin d’attirer aussi bien les touristes étrangers que locaux.


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9eForum africain pour le développement

Feuille de route pour une Afrique émergente

Du 12 au 16 octobre 2014, la Commission économique pour l'Afrique (CEA) a organisé à Marrakech, la 9e édition du Forum africain pour le développement. Plusieurs leaders africains s’y étaient donné rendez-vous. Ils préconisent la mobilisation de nouveaux mécanismes de financement pour accélérer la transformation du continent. Par Abdou Diaw

Ce forum était organisé pour la première fois en en dehors d'Addis-Abeba (Ethiopie), le siège de la Commission économique pour l'Afrique (CEA). Au rang des invités on pouvait reconnaitre le président sénégalais Macky Sall et son homologue ivoirien Alassane Ouattara ou encore José Maria Neves, Premier ministre du Cap-Vert. Dans son allocution, le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane s'est réjoui de l’émergence actuelle de l'Afrique qui constitue désormais un nouveau

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pôle de croissance mondial. D’après lui, le continent doit confirmer cette tendance en assurant la refonte des économies africaines vers des activités à haute valeur ajoutée. "Il faut pour cela pouvoir mobiliser les ressources, mais comment y arriver sans avoir à faire l'aumône", a insisté le chef du gouvernement marocain, qui a demandé à ce que toutes les parties fassent preuve "d'innovation et de création, pour promouvoir un développement intra-africain", préconise-t-il.

Inciter les grandes banques à financer des projets Au cours de cette grand-messe de l’économie africaine, les experts de la CEA ont identifié des modes de financements innovants pour stimuler la croissance en Afrique. Parmi ces mécanismes, la mobilisation des ressources nationales, en premier lieu, les transferts d'argent des diasporas plus importants depuis 2012 que les investissements directs étrangers (IDE), la lutte contre les flux financiers illicites, estimés «

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perspectives


perspectives

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entre 50 et 150 milliards de dollars chaque année d’après Macky Sall, le capital-investissement , qui, selon Carlos Lopes Secrétaire exécutif de la CEA, « doit profiter des opportunités offertes aujourd'hui par l'Afrique pour devenir le principal levier de développement du continent », et la promotion de nouveaux partenariats dans la foulée des PPP (partenariats publics-privés) suggérée par Alassane Ouattara. La CEA invite les grandes banques africaines à jouer leur partition, d’autant plus que, selon elle, plus de 200 milliards de $ sont confinés dans les coffres des différentes banques centrales du continent. Une manne financière qui pourrait service à financer des infrastructures ou réaliser des projets dans les secteurs de la santé et de l’éducation. 

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Durant le Forum de Marrakech, la CEA a officiellement présenté son nouvel Indice africain de développement social (IADS). Selon Iris Macculi chargée des Affaires économiques au sein de la division des Politiques de développement social de la Commission, l’IADS a été mis en place «sur la demande des pays africains eux-mêmes, afin de mieux coller aux réalités du continent». Concrètement, cet indice mesure le degré d'exclusion dans cinq secteurs clefs : la santé, l'éducation, l'emploi, les revenus et le mode de vie, en tenant compte du genre (hommes et femmes) et des zones géographiques (villes et campagnes). Lancé en 2011, l'IADS a été mis en place en juin 2014 dans cinq pays pilotes (Sénégal, Cameroun, Kenya, Maroc, Zambie). Il devait être généralisé à l'ensemble du continent avant fin 2014. Le premier baromètre devrait être présenté en mars 2015, et sera ensuite établi annuellement, en fonction de la disponibilité des données dans les pays.

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L’Indice africain de développement social officiellement lancé

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perspectives

E-commerce

Le Sénégal dans l’ère de la vente en ligne Le commerce en ligne marque ses premiers pas au Sénégal à travers l’implantation de plusieurs petits sites marchands, lesquels doivent composer avec une multitude de contraintes. Des difficultés ayant trait au manque de structuration, de réglementation adéquate et d’accompagnement. Mais elles n’entachent en rien l’optimisme des professionnels du secteur.

Le commerce en ligne est l’un des nombreux domaines qui profitent de l’ouverture sur le numérique au Sénégal. Porté par le développement ininterrompu des réseaux informatiques, le nombre de transactions électroniques est en constante hausse au Sénégal. Elles portent sur la production, la promotion, la vente, la distribution de produits et les échanges via des réseaux de télécommunication ou informatique. Le secteur est encore embryonnaire au Sénégal qui ne compte que 700 000 inscrits sur Facebook, selon les statistiques d’Internet World Stats en 2012. Des chiffres relativement faibles sachant qu’un pays de taille et de population équivalentes comme la Tunisie en totalise 3 328 300 sur la même période. Ils sont une dizaines de sites marchands à se partager ce marché très prometteur. Parmi eux Diayma. com, Kaymu.com, AvenBoutique. com, Niokobok.com, Cdiscount.sn, Senboutique.com, Hellofood.com, E-jay entre autres. Ces structures posent les jalons de l’e-commerce au Sénégal où tout est à construire. Elles s’aventurent sur un nouveau terrain miné par une multitude de difficultés ; à savoir la faible connectivité des sénégalais, due

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Par Maimouna DIA Ndour

notamment à la cherté des abonnements et à l’analphabétisme, auxquels s’ajoute le difficile accès au crédit et au financement. «Nous n’avons pas de banquiers modernes. Ils ignorent tout de l’économie numérique ainsi que les opportunités qu’offrent internet et les nouvelles technologies», explique, Massata Faye, le fondateur de diayma.com. A souligner également l’absence d’organisation des acteurs qui opèrent en solo et ne disposant d’aucun cadre de concertation pour défendre leurs intérêts communs auprès des pouvoirs publics, afin d’être ac-

compagnés. «Les sites fournissent des données sur le produit et sur les prix, livrant ainsi de l’information financière. Nous contribuons de ce fait à informer et à former les populations », explique M. Faye. Nouveaux métiers, nouvelles opportunités L’Etat sénégalais peut également mieux profiter du commerce en ligne et de l’internet de manière générale. Pour ce faire, il faudra instaurer un ministère dédié à l’internet et aux nouvelles technologies et dont l’une des pré-


perspectives

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La loi n° 2008 – 08, un grand pas en avant

rogatives sera de veiller sur les contenus consommés par les Sénégalais ainsi que de récolter des taxes sur les publicités en direction de ses nationaux. L’objectif est d’anticiper pour réglementer et tirer profit d’un secteur promis à une belle croissance dans les prochaines années au Sénégal, à l’image d’autres du continent. Autrement dit, le web africain est en pleine effervescence. Des firmes internationales comme Google à travers Google trade au Ghana ou orange avec Orange Money se sont déjà installés. Ils y ont décelé un bon filon à exploiter. Au niveau local et africain, des sites de vente en ligne sont déjà bien implantés. Il s’agit notamment du ghanéen Eshopafrica, du Sud Africain skinny LaMinx, de Beauty of Rwanda, des statups camerounaises Afric avenue.com et Lyam.mobi.com. Tous tirent leur épingle du jeu et espèrent de belles perspectives.

La loi n° 2008 – 08 sur les publications et transactions électroniques a posé les bases d’une juridiction dans ce secteur. Dans le cadre des transactions sur internet par exemple, elle précise les activités autorisées et celles interdites comme les jeux d’argent, les activités de représentation en justice ou de notaire. Elle met également en évidence les obligations dont les propriétaires de sites sont assujettis. De même les dispositifs déjà en place en faveur des consommateurs. La loi garantit la validité et la sécurité des transactions électroniques, y compris les transactions liées au commerce électronique, la conclusion du contrat électronique, la signature électronique et la preuve électronique et la transmission électronique de documents ou actes administratifs. Cette loi généraliste est un premier pas mais ne résout pas toutes les failles juridiques du commerce en ligne. A titre indicatif, aucune mention n’a été faite sur les produits nocifs à la santé ou la vente de médicaments en ligne.

Mode opératoire des sites en ligne Sénégalais Les sites sont soit spécialisés soit généralistes. Si Hello Food vend uniquement des produits de restauration, diayma.com lui se veut un moteur de recherche pour tous les produits en ligne au Sénégal. Les paiements se font uniquement par espèce ou à la fois par espèce, carte et chèque. Tous essaient d’assurer des délais de livraison avoisinant 1h de temps à l’intérieur de Dakar et environ, et 24h pour les sites opérant aussi dans les régions. Chez diayma.com par exemple on dispose de représentants avec d’importants stocks dans les régions appelés ambassadeurs. La logistique est ainsi énorme pour le commerce en ligne, mais la rentabilité est relativement importante. «Le retour sur investissement est assez rapide par rapport aux autres secteurs d’activités», assure M. Faye, fondateur de diayma.com. Les commissions vont de 5% à 10% sur chaque produit vendu. Créé en 2012, le site enregistre actuellement 75 000 visites par jours et 2 500 à 3 000 commandes par mois.

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perspectives

Agro-industrie

les Burundais développent l’industrie du jus de fruits Par Jean Bosco Nzosaba

Stimulés par le trop-plein de jus de fruits et autres produits agricoles transformés d’origine rwandaise sur le marché burundais, les Burundais se lancent massivement dans la fabrication des jus à partir de leur propre production de fruits. Une véritable industrie du jus prend déjà forme dans certains coins du pays. Du coup, les consommateurs s’en régalent. «C’est avec fierté que je bois du jus d’ananas localement fabriqué ici chez-moi, du jus bon marché et accessible à tout moment », déclare, un brin émerveillé, Nicolas Niyongere, enseignant à l’école primaire de la commune Musongati, à l’est du Burundi. Dans son voisinage, une centaine de paysans se sont associés depuis trois ans pour mettre sur pied une unité de production

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de jus d’ananas. «Aujourd’hui, nous produisons un jus sans sucre ajouté et les gens aiment ça. Pour ce qui est de la qualité, nous avons des certificats délivrés par le Centre national des technologies alimentaires, CNTA», précise Nestor Niyongabo, responsable de ce groupement de producteurs, précisant qu’ils produisent 1500 bouteilles de jus par semaine.

Les initiatives se multiplient Depuis quelques temps, pareilles unités de transformation de jus de fruits se multiplient dans les quatre coins du pays, des produits à base de mangues, d'oranges, de citrons ou d'érudits de la passion. «Ces sont les Rwandais qui nous ont mis la puce à l’oreille en nous amenant leur jus, souvent préparés à base de nos fruits qu’ils viennent


perspectives Dans cette attirance vers l’industrie du jus de fruits, certaines initiatives locales sont plus modernes et plus rentables que les autres. Dans ce secteur, celle qui tient le haut du pavé reste aujourd’hui, Burundi Brewery. Initiée en 2012 au nord du Burundi avec un fonds d’investissement évalué à près de 7 millions de dollars, cette industrie produit de l’eau minérale, des boissons de bananes et des jus de fruits. «Notre plus grande fierté est de proposer, enfin, des boissons industrielles entièrement faites au Burundi et sur base des produits burundais, du 100% made in Burundi quoi », se réjouit Jean Christian Kavakure, directeur général de cette entreprise.

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nous acheter», renchérit Nestor Niyongabo. N’ayant pas de moyens de les conserver pour pouvoir les vendre en période creuse, alléchés par la valeur forte du franc rwandais (plus de deux fois supérieur au franc burundais), les producteurs burundais de fruits commençaient en effet à les écouler au Rwanda voisin, notoirement gourmand en fruits. «Cet intérêt pour les fruits du Burundi tient aussi au fait que ce sont des fruits de qualité car naturels et non encore génétiquement modifiés et puis nous sommes dans la même zone de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est sans barrières douanières pour les produits originaires des pays membres », confie sous signe d’anonymat un

des commerçants rwandais qui s’approvisionnent au Burundi. Comme pour barrer la route aux Rwandais, le gouvernement burundais a, en mai 2014, interdit aux producteurs locaux de vendre au Rwanda ou en République démocratique du Congo. C’est alors que la police a sévi vis-à-vis de ceux qui voulaient enfreindre cette loi. «C’est injuste car nous avons le droit de vendre à qui nous voulons pourvu que ça nous rapporte des bénéfices», susurre Salum Kabura, un commerçant de Rumonge qui, en mai 2014, s’est vu refusé d’exporter ses paniers de mandarines vers la localité de Baraka située au sud Kivu, en République démocratique du Congo.

Une ruée vers la culture des fruits Voilà qui donne des ailes aux cultivateurs de bananes, d’ananas, de citronniers, de manguiers et autres fruits, à travers tout le pays. Toute cette galaxie d’unités de productions de jus de fruits rejoint celle qui les a précédées à savoir FRUITO. Initiée dans les années 1980 avant de mettre la clé sous le paillasson en 1993 suite à la guerre civile, cette unique usine à sirop de maracujas a été relancée en 1998. «Nous avons opéré une véritable révolution dans le pays car avant, les fruits étaient plutôt réservés aux enfants et aux malades », se réjouit Madame Marie Müque Kigoma, promotrice de FRUITO.

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perspectives

Burundi

les fruits de la libéralisation

de la filière thé sont déjà palpables Même si elle était redoutée au départ, l’arrivée, en 2011, d’un premier opérateur privé dans la filière thé a stimulé l’Office du thé du Burundi, unique entreprise publique jusque là chargée d’assurer la production et la commercialisation du thé. Par Jean Bosco Nzosaba

ques appartenant à l’Office du thé», a expliqué, le 18 septembre 2014, Nicaise Nikondeha, théiculteur de Bisoro, province Mwaro (centre, 75 km de Bujumbura). Sur injonction de ses partenaires financiers, notamment le Fonds Monétaire Internationale et la Banque Mondiale qui prônent la libéralisation des filières agricoles, le Burundi a, depuis 2007, libéralisé la filière thé. Des investisseurs privés ont profité de cette ouverture pour monter la première usine à thé, PROTHEM. Elle est opérationnelle depuis trois ans. «Nous voulons atteindre une production annuelle de 2500 tonnes de thé sec en 2016», déclare Epitace Bayaganakandi, un de ses promoteurs.

Initialement boudée par l’Office du Thé du Burundi (OTB) qui redoutait la concurrence dans un domaine où il jouit d’un monopole historique depuis 1971, l’arrivée, en 2011 de PROTHEM, première société privée d’usinage de thé, commence déjà à porter ses fruits. «La culture du thé attire les paysans aujourd’hui plus qu’hier, car avec la libéralisation de la filière en 2011, le prix au kilo de la feuille verte est passé de 0.14 à 0.25$ aujourd’hui, l’entreprise publique de transformation et de com-

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Paysannes transportant la récolte de la journée

mercialisation du thé a été obligée de revoir à la hausse le prix, de peur que les paysans ne vendent tout à la société privée, PROTHEM», expliquait, miseptembre, Anatole Niyondiko, théiculteur de la commune Gisozi, situé au centre du Burundi. Les producteurs se frottent les mains Les premiers bénéficiaires directs de la libéralisation de la filière thé sont les théiculteurs burundais. «Nous avons désormais la liberté de vendre chez PROTHEM ou aux usines publi-

L’Office burundais du thé redouble d’initiatives L’arrivée de cet opérateur privé a aussi stimulé l’Office du thé du Burundi (OTB), l’entreprise publique jusque là chargée d’assurer la production et la commercialisation du thé. L’OTB s’efforce, en effet, depuis trois ans, à réhabiliter ses usines de transformation du thé avec l’appui financier de l’Union Européenne via les Fonds Stabex. En 2010, l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) a intégré le Burundi dans un projet sous-régional visant à certifier sur base des normes ISO 22000 des entreprises de l’EAC (East African Community). Aujourd’hui, c’est le


perspectives

90 % du thé vendu au Kenya L’outil de production est aussi en voie de modernisation. « Entre 2007 et 2010, nous avons pu renouveler les outils de production (machines) grâce à un montant de 3.6 millions d’euros offert dans le cadre des fonds STABEX », confie un cadre de l’OTB. La production annuelle oscille autour de 13000 tonnes de thé sec, contre 10.000 tonnes avant l’arrivée de PROTHEM qui est déjà à près de 3000 tonnes. Que ce soit pour PROTHEM ou l’OTB, une bonne partie (90%) du thé burundais est vendue aux enchères de Mombassa (Kenya). Le reste étant cédé par vente directe ou versé au marché local. Le directeur général de l’OTB indique que les enchères de Mombassa sont réalisées auprès de quelques clients européens, notamment Lipton limited, LAB international, James Finlay et Van Rees b.V. Il reconnaît aussi que d’autres efforts s’imposent pour redynamiser la filière. Car avec une production de près 13 000 tonnes de thé sec par an, le Burundi reste un nain dans la cour des pays producteurs de thé, même à l’échelle régionale. Le Rwanda qui dispose d’un territoire assez similaire (climat/superficie) a fortement développé sa production et produit actuellement plus de 20 000 tonnes par an. Reste que les deux pays sont encore bien loin du Kenya, de la même région, qui assure 1/5è de la production mondiale, avec plus de 300 000 tonnes par an.

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respect des normes qui est dans le viseur. «Nous avons consacré cette année 2014 au respect des normes internationales en nous soumettant au contrôle de la qualité, c’est ainsi qu’en mars dernier, deux de nos 5 usines ont été certifiées par Rainforest Alliance, comme respectant les normes environnementales et d’hygiène sur toute la chaîne de production », a indiqué, le 18 septembre 2014, Herman Tuyaga, Directeur général de l’Office du thé du Burundi.

Champ de thé

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perspectives

Côte d’Ivoire

Promouvoir des PME

formelles et compétitives

L’Etat de Côte d’Ivoire veut être inscrit sur la liste des pays émergents en 2020. Une vision lancée par le gouvernement qui fédère toutes les énergies. Les Petites et Moyennes Entreprises sont en première ligne car l’émergence suppose un tissu économique solide. Par Carmen Soraya Merheb

Les Petites et Moyennes Entreprises, généralement, constituent les principales pourvoyeuses d’emplois pour les jeunes et les femmes qui représentent la majorité de la population dans les pays d’Afrique de l’Ouest. Bouaké, la deuxième ville de Côte d’Ivoire, après Abidjan la capitale économique, comptait au 30 septembre 2014, 792 entreprises. La quasi-totalité, soit 764 avaient le statut de PME. Une véritable force économique. Mais qui reste encore théorique en Côte

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d’Ivoire car la tendance est inversée. Ce sont plutôt les grandes entreprises et multinationales, représentant un peu moins de 20% du secteur privé, qui font l’essentiel du PIB en Côte d’Ivoire. Les PME qui représentent plus de 80% des entreprises recensées au plan national, n’emploient que 23% de la population active et ne génèrent que 20% de la masse salariale. De plus, elles n’investissement pas tous les secteurs. Très actives dans l’agro industrie et le bâtiment mais

presqu’invisibles dans les énergies renouvelables. L’accès au financement bancaire pose problème Ces indicateurs montrent la faiblesse des PME. D’après le Directeur de la Promotion de l’Assistance et de la Compétitivité des PME, Bertin ANGOA, plusieurs difficultés entravent la bonne marche des PME, « les PME sont des entreprises qui sont fragiles du fait des problèmes liés à leur faible productivité, la fai-

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Technicien vérifiant le code CAB dans la Chaine de distribution des produits commercialisés par cette PME


Biologiste dans son laboratoire

perspectives

Sur ce dernier point, le 20 septembre 2014, COULIBALY Non Kama, Président de l’Autorité Nationale de Régulation des Marchés Publics, déclarait lors d’une conférence sur les modes et procédures de passation des marchés publics, que les textes n’octroyaient aucune faveur aux entreprises nationales. Qu’elles soient grandes, petites ou moyennes, ivoiriennes ou étrangères, toutes sont soumises aux mêmes dispositions réglementaires. Cette exigence de la bonne gouvernance observée par la Côte d’Ivoire désavantage les PME locales lors des appels d’offres pour les marchés publics, vu leur faible capacité financière lors de l’exécution de marché et la grande expérience et force financière des multinationales. Créer 120.000 PME formelles en 2020 S’ajoute à ce problème réel, la question des relations ‘’banques-PME’’, pas du tout aisées et empruntes de méfiance. Cette situation est bien connue du ministère du Commerce, de l’Artisanat et de la promotion des PME. A en croire Bertin ANGOA, «face aux nombreux obstacles des PME pour avoir accès au financement, l’Etat a mis en place des dispositifs leur facilitant l’accès. Ces dispositifs sont prévus dans la Loi d’orientation des PME. Cependant, l’Etat a créé un fonds dédié au financement des entreprises à travers le FIDEN (Fonds

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ble accès à l’information et aux technologies la persistance du caractère informel des activités, l’insuffisance des compétences managériales des dirigeants, les problèmes de financement, l’environnement juridique et fiscal peu favorable. Il existe aussi très peu d’industries de transformation (faible intégration aux chaînes de valeur nationales et internationales ) et difficultés d’accès aux marchés publics »

Ivoirien de Développement Nationales). Par ailleurs, la Mutuelle de Crédit et de Financement (MCF) a permis le financement des PME par le rachat de leurs créances par l’Etat. » D’autres solutions sont envisagées par le gouvernement notamment le projet Phœnix, tout un programme en faveur des PME. Cette initiative a vu le jour en septembre 2013 avec l’appui de la banque mondiale. Il vise la création en 2020 d’une masse importante de PME compétitives, dynamiques et innovantes contribuant de manière significative au développement socio-économique durable de la Côte d’Ivoire. Aussi, le programme à terme devra compter au moins 120.000 PME formelles avec pour objectifs d’avoir un tissu de PME dense et solide employant 300.000 à 400.000 salariés qui auront un fort effet d’entraînement sur l’écono-

mie nationale, grâce à l’augmentation du niveau de vie des ménages et de leur consommation et un impact important sur les rentrées fiscales et les comptes sociaux. Pour la réussite du programme, tout est pris en compte, renforcement de capacité, amélioration du climat des affaires, financement…. Un budget de 86 milliards de francs FCFA est prévu pour cet ambitieux programme qui sera financé sur 5 ans. L’Etat de Côte d’Ivoire prend en charge une part importante de ce budget et aura comme priorité de promouvoir un cadre concurrentiel sain et un climat des affaires porteur qui permette aux PME de gagner en compétitivité et d’atteindre leur plein potentiel. Cet accompagnement de grande envergure projette de donner aux PME un visage plus rayonnant en 2020. 

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perspectives

Transferts des migrants

Nigéria et Egypte, principaux bénéficiaires Dans la dernière note d’information sur les migrations et le développement publiée le 6 octobre 2014, la Banque mondiale y annonce que les transferts des migrants officiellement comptabilisés vers les pays en développement devraient se situer à 435 milliards de $ en 2014, soit une hausse de 5% par rapport à 2013. Par Babacar Seck

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21

1,5

Ouganda

1,7

Afrique du Sud

2,1

kenya

Algérie

Tunisie

2,4

Sénégal

Maroc

Nigéria

Egypte

6,8

1,0

1,0

Mali

En Afrique, les plus gros bénéficiaires des transferts des migrants

18

en milliard de dollars

Cette tendance se poursuivrait à moyen terme, pour atteindre environ 454 milliards de dollars en 2015. L'Inde, qui possède le plus important nombre d'émigrés (14 millions de personnes), va se maintenir au premier rang des bénéficiaires des transferts des migrants cette année, avec 71 milliards de dollars d'envois de fonds, devant la Chine (64 milliards), les Philippines (28 milliards), le Mexique (24 milliards), le Nigeria (21 milliards), l’Égypte (18 milliards), le Pakistan (17 milliards), le Bangladesh (15 milliards), le Vietnam (11 milliards) et l’Ukraine (9 milliards). «Les envois de fonds restent une source particulièrement importante et stable de capitaux privés pour les pays en développement, où les grandes quantités de devises ainsi introduites contribuent à maintenir l'équilibre de la balance des paiements», souligne la Banque mondiale. D’après l’institution de Bretton Woods, les transferts vers l'Afrique subsaharienne devraient atteindre 33 milliards de dollars cette année et 34 milliards en 2015. La BM estime que les effets de la crise en Europe continuent à avoir des répercussions dans tous les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). «Dans la région MoyenOrient et Afrique du Nord, les envois de fonds officiellement comptabilisés ne devraient connaître qu'une croissance modérée de 2,9% cette année pour atteindre 51 milliards de dollars. Ces flux restent d'une très grande vo-

0,8

Guinée-Bissau Mali

5,3 %

7,2 %

Lesotho

24,4 %

Sao-Tomé-Et-Principe

7,4 %

Togo

7,8 % Gambie

Comores

20,0 %

9,0 %

Cap-Vert

9,3 %

Sénégal

10,7 %

Libéria

18,0 %

En termes de pourcentage du PIB (2013), les principaux pays bénéficiaires en Afrique latilité, particulièrement dans les trois principaux pays destinataires: l'Égypte, le Liban et le Maroc. Les transferts vers cette région devraient se renforcer

l’année prochaine, avec une croissance de 4% pour atteindre 53 milliards de dollars», constatent les experts de la l’institution financière. 


perspectives

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Bourses

AFIG Fund veut ouvrir les portes du marché financier de la BRVM aux PME fonds de Private Equity du monde entier». Il ajoute que la signature de ce partenariat vient offrir à sa structure «un nouveau véhicule pour la cession des participations qu’elle détient en portefeuille par le biais du nouveau compartiment du marché actions dédié aux PME tout en réalisant une bonne rentabilité ».

La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) de l'UEMOA a signé mardi 9 décembre 2014 un accord avec Advance Finance & Investment Group (AFIG) Fund, afin de développer le compartiment des petites et moyennes entreprises sur ce marché financier régional. Selon Edoh Kossi Amenounve, directeur général de la BRVM, l'objectif visé par cet accord est « de

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Edoh Kossi Amenounve, DG de la BRVM

s’allier l’appui d’un partenaire technique capable de participer à la mise en œuvre d’un compartiment adapté aux PME de notre Union, et qui facilite leur accès au financement par la bourse.» Les détails de l'accord n'ont pas été révélés, à en croire Papa Madiaw Ndiaye directeur général d'AFIG Fund, «l’émission boursière est un chemin privilégié de sortie d’un investissement pour les

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Madiaw Ndiaye, DG d'AFID Fund

Vu sa longue expertise dans le financement des PME en Afrique de l'ouest, il n'est pas aussi exclu qu'AFIG Fund ait obtenu d'accompagner toutes celles qui, bien que ne faisant pas partie de son portefeuille, souhaitent arriver sur la côte. Le Fonds qui est enregistré à l'Ile Maurice, avec des bureaux au Sénégal et aux Etats-Unis, a récemment achevé un deuxième closing (ndlr: dernière étape d'un processus de vente d'une entreprise) sur son programme Atlantic Coast Regional Fund, le portant à 122 millions $, en forte hausse par rapport aux 72 millions $ mobilisés lors de son lancement en 2008. 


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Banques & finances

Siège de la Asian Development Bank

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Banque Asiatique

Future rivale de la Banque mondiale ? La Chine et vingt autres pays ont signé, le 24 octobre 2014, un protocole d’accord pour la création de la Banque Asiatique d’Investissements dans les Infrastructures (AIIB). Cette banque régionale s’affiche comme une alternative à la Banque mondiale. Parmi les 21 pays signataires, on retrouve notamment l’Inde, Singapour, le Kazakhstan, le Pakistan, le Vietnam et le Qatar. Tokyo n’a pas signé cet accord en raison de sa rivalité avec Pékin sur les plans militaire, économique et politique. D’après les médias officiels chinois, la «Banque Asiatique d’Investissements dans les Infrastructures» (AIIB) sera dotée d’un capital initial de 50 milliards de dollars, et son siège sera basé à Pékin. Les financements devraient notamment permettre de développer des infrastructures dans toute la région, avec à la clé, la construction d’une grande ligne de chemin de fer reliant Pékin à Bagdad (Irak), selon

le Financial Times. «En chinois, nous avons un vieux proverbe qui dit: si vous voulez devenir riche, construisez d’abord des routes ; je crois que cela décrit de façon concrète l’importance des infrastructures pour le développement économique», a indiqué le président chinois Xi Jinping. La volonté manifeste de la Chine à mettre en place une institution financière rivale de la Banque mondiale résulte d’une frustration née de la domination des pays occidentaux sur la gouvernance des différents bailleurs de fonds multilatéraux. Pour rappel, le groupe des pays émergents plus connu sous l’acronyme Brics et qui regroupe le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, avait créé en juillet 2014 sa propre banque et son fonds de réserves, montrant son désir de mettre sur pied une nouvelle structure financière. La Banque asiatique d’investissements dans les infrastructures n’est donc que la suite logique de cette stratégie. 

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Banques & finances

Commerce international

Les banques africaines ont apporté 350 milliards de dollars entre 2011-2012 Dans son rapport intitulé « Le financement du commerce en Afrique », publié le 3 décembre 2014, la Banque Africaine de Développement (BAD) a estimé que les banques africaines ont contribué à hauteur de 350 milliards $ au financement

du commerce international, durant la période 2011-2012, ce qui «représente à peu près un tiers du volume total des échanges commerciaux réalisés par l’Afrique», selon la BAD. Ce chiffre dissimule cependant certaines disparités. Il ressort ainsi du

rapport que l'engagement des banques pour le commerce intra-africain aura été de 68 milliards $. Un chiffre qui représente 65% du volume globale (110 milliards $) des échanges entre pays africains sur la période de référence de l'étude.

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Ledit rapport souligne que la contribution de ces banques au commerce en Afrique diffère d'une région à l'autre. « L’on observe notamment une forte hétérogénéité d’une sous-région à une autre. Le niveau moyen des actifs alloués au financement du commerce par banque en Afrique du Nord étant très largement supérieurs à ceux des autres  sous-régions», constate-t-il. Le document révèle aussi que les banques se sont montrées encore très prudentes à accorder des prêts aux commerçants africains, même si cela a généré 17% de leurs revenus. « L’estimation prudente de la valeur de la demande non satisfaite de financement commercial par l’intermédiaire des banques s’établit entre 110 et 120 milliards de dollars, ce qui est nettement supérieur aux précédentes estimations qui la situent à environ 25 milliards $ », lit-on.

Projet du nouveau siège de la BAD

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La BAD note également que « les taux de défaillance moyens liés au financement du commerce (4 %) restent supérieurs à ceux enregistrés dans les autres régions du monde où ils représentent en moyenne moins de 1 % ». 


Banques & finances

Kenya

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Ecobank injecte 48 millions de dollars pour développer son activité en Afrique de l'est

Siège d'Ecobank à Nairobi

Le groupe bancaire panafricain Ecobank Transnational Incorporated (ETI) a injecté jusqu'à 4,325 milliards de shillings (48 millions $) dans le capital de sa filiale kényane pour se renforcer en Afrique de l’Est. « Je me réjouis de cette injection de liquidités qui vient en appui à notre stratégie de croissance », a s’est réjoui Ehouman Kassi, directeur général d'Ecobank Kenya. Avec l’apport de ses nouveaux actionnaires de référence que sont les groupes Qatar National Bank et Nedbank, ETI s'est constitué une réserve de trésorerie adéquate pour apporter du soutien en capital, à ses filiales

nigérianes et kényanes. Même si le groupe bancaire est relativement nouveau en Afrique de l'est, il nourrit une grande ambition dans cette sous-région où des projets d'infrastructures en rapport aux récentes découvertes de pétrole et de gaz en Tanzanie, en Ouganda et au Kenya aiguisent l’appétit de plusieurs investisseurs et autres acteurs de la finance internationale. Actuellement, l'Afrique de l'Est affiche la plus faible contribution en termes de revenus pour Ecobank. Entre janvier et septembre 2014, le Produit Net Bancaire (Ndlr. Le Produit Net Bancaire ou PNB re-

présente pour une banque l'équivalent de la valeur ajoutée créée par l'activité) a atteint 60 millions $, mais en revanche, les dépenses opérationnelle ont-elles aussi progressé, atteignant 57,8 millions $, auxquels il faut ajouter les 1,3 millions $ prévus pour les provisions de risque et pertes diverses. ETI devrait désormais s’attendre à une concurrence très rude, dans une région fortement dominée par les Kenyans Equity bank et Kenya Commercial Bank, et de grandes filiales internationales à l’image de Barclays Africa et Standard Chartered Bank. 

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l e c t u r e

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d e n o t e

Parole de Gouverneur

Jean-Claude MASANGU MULONGO L’Editeur "Afrique Challenge Editions" vient de diffuser, en novembre 2014, un ouvrage intitulé "Parole de Gouverneur" dont l’auteur est Jean  Claude MASANGU MULONGO. Cet ouvrage, qui comprend quatre tomes totalisant quelque 950 pages, est écrit en français et est appelé, à bref délai, à être traduit dans d’autres langues dont, notamment, l’anglais. Par Ismaïl ZAGHLOUL- Economiste

L’auteur de l’ouvrage, J.C. MASANGU MULONGO, est diplômé de l’Ecole internationale de Genève, du Worcester Polytechnic Institute (Massachusetts, USA) et la Louisiana State University. Après avoir exercé le métier d’ingénieur au sein d’une compagnie américaine, il a rejoint la Citibank où sa carrière fut couronnée par sa nomination en tant que directeur général de Citibank Zaïre. En mai 1997 il fut choisi par Laurent Désiré Kabila pour diriger la Banque centrale de la République Démocratique du Congo. Confirmé à ce même poste par Joseph Kabila en 2002, il devait y poursuivre ses activités jusqu’en 2013. Durant toute cette période, soit seize années, J.C. MASANGU MULONGO a veillé constamment à informer les environnements nationaux et internationaux de l’organisme dont il avait la charge des fondements de ses actions, de leurs succès et de leurs difficultés mais également de leurs résultats et ce, au moyen de conférences, interviews et autres adresses.

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L’ouvrage en question s’attache, à travers ces moyens de communication, à faire part du long parcours effectué par le Gouverneur de l’Institut d’Emission de la RDC sur la voie du redressement économique et financier de son pays. L’auteur, plutôt que de présenter son action à travers une longue succession de discours prononcés à des occasions diverses et traitant de sujets relevant de l’économique et/ou du financier, a choisi la démarche originale qui consiste à recenser les principaux thèmes traités dans ces discours et à les classer par catégories homogènes qui viennent constituer autant de recueils autonomes. Chaque recueil ou tome, portant le nom de la thématique, comporte deux parties: la première s’attache surtout à exposer les faits saillants, tandis que la seconde livre au lecteur, non pas l’intégralité des discours faisant allusion à la thématique en question mais seulement les extraits de ces discours en rapport direct avec elle.


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Jean-Claude MASANGU MULONGO

Coffret contenant les quatre tomes en reliure de luxe texte doré frappé à froid En vignette un exemplaire de la jaquette du tome I

PAROLE DE GOUVERNEUR La Banque Centrale du Congo : un Institut au service de l’économie nationale

TOME I AFRIQUE CHALLENGE EDITIONS

Ainsi, l’auteur semble avoir voulu mettre à la disposition du lecteur un bref aperçu sur la thématique considérée tout en lui laissant la latitude de se reporter à la deuxième partie pour approfondir tel point qu’il lui plairait. Au terme de cette démarche, l’ouvrage présente quatre thématiques : Le tome I traite du long chemin parcouru par la Banque Centrale du Congo sur la voie de l’assainissement, du redressement et de l’efficience. Après un rappel historique, il dresse un constat des lieux sans concession de la situation de la Banque au moment de sa prise de fonction. Il évoque ensuite les premières réformes entreprises sur la voie de l’assainissement pour, ensuite, évoquer la réforme de la Banque Centrale, son indépendance vis-à-vis de l’exécutif obtenue de haute lutte et ses contre-parties et, enfin, le plan de sa modernisation. Le tome II traite de la réforme monétaire qui consti-

tue l’épine dorsale de la mission de l’Institut d’Emission et de son gouverneur. Il rappelle ses préalables fondamentaux et structurels et dresse son bilan. Le tome III est consacré aux efforts consentis pour renouer le dialogue avec les Institutions de Bretton Woods, relancer avec elles une coopération toute tendue vers la restauration des fondamentaux économiques du pays. Le tome IV donne une vue générale de l’évolution de l’économie de la RDC de 1997 à 2012 et dresse le bilan des réalisations obtenues au terme de cette longue période, chiffres à l’appui. De par la multiplicité des sujets économiques et financiers traités et de la richesse des informations statistiques qui les illustrent, l’ouvrage "Parole de Gouverneur" constitue à n’en pas douter une importante référence pour une meilleure connaissance de l’histoire économique contemporaine de la République Démocratique du Congo.

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le grand entretien

Didier Acouetey Président d’AfricSearch

«Les PME, clés de la croissance inclusive en Afrique» Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) sont véritablement la locomotive de la croissance de l’Afrique. De jeunes entrepreneurs du continent rivalisent d’ingéniosité pour mettre en place des projets innovants dans plusieurs domaines. Quels sont les secteurs les plus dynamiques ? Quelles sont les contraintes majeures qui entravent le développement des PME ? Comment la diaspora pourrait-elle contribuer à l’épanouissement des PME en Afrique ? Didier Acouetey président d’AfricSearch apporte des éléments de réponse et propose des mesures pour accélérer leur croissance. Entretien réalisé par Elimane Sembène

Votre cabinet a été l’organisateur de la 1ère édition du « Africa SME Champions Forum » qui s’est déroulé les 11 et 12 novembre 2014 à Dakar. Qu’est ce qui a motivé la tenue d’un tel évènement ?

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Je vous remercie tout d’abord de l’opportunité que vous m’offrez d’échanger avec votre magazine et vos lecteurs sur cette problématique centrale du développement du continent Africain que constituent les PME. Dans   l’histoire   économique contemporaine, aucun pays n’a pu se développer valablement sans les PME ; elles sont le moteur de la croissance, et pourvoient la majorité des emplois. Ces PME repré-

sentent à elles seules 60% de la richesse des pays développés. Paradoxalement en Afrique, ces PME qui représentent presque 90% des sociétés privées du continent ne réalisent que 30% de la richesse du continent, avec des situations variables selon que nous nous trouvons dans les pays francophones ou anglophones. 70% à 80% de ces PME sont des micro ou très petites entreprises. Il faut noter aussi que les PME africaines sont à l’origine de 20 à 40% des emplois ; un taux qui monte à 70% dans les zones rurales. Elles représentent enfin 75% de l’emploi industriel. Ceci montre le potentiel que représentent les PME sur le continent

africain, mais dans le même temps, les freins probables dont elles font l’objet. En résumé, les PME jouent un rôle central dans le développement industriel. Elles satisfont la demande croissante de services locaux. Elles soutiennent les grandes entreprises grâce à leurs biens et services. Ainsi, les PME sont les clés du développement durable et de la croissance inclusive. Leur répartition sur l’ensemble du territoire garantit qu’elles joueront leur rôle de courroie de transmission jusqu’au cœur des économies. C’est dans ce contexte marqué par la transformation en cours des économies africaines, qu’il nous a paru essentiel de créer un espace de

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le grand entretien

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PME dans leur démarche de croissance accélérée ; l’objectif étant d’en faire de véritables Champions, à l’instar d’expériences réussies sur d’autres continents comme l’Asie du Sud-Est.

D. Acouetey une conférence D. Acouetey a été couronnéparmi le 19 un juinplanel 2014 dans « Entrepreneur Africain de France », par l’association AfricAngels

"Les TIC sont extrêmement dynamiques. Les prochains Google, Facebook, Apple seront en Afrique"

rencontres autour des questions de développement des PME, mais surtout un espace qui offre des réponses concrètes à leurs problématiques de croissance, comme l’accès au financement et aux Talents, la conquête des marchés africains, les partenariats entre elles sur le continent, la fiscalité, etc. En dehors de cette rencontre annuelle, prévoyez-vous d’accompagner les PME africaines pour favoriser leur décollage ? Quelles en seraient les modalités ? En effet, notre vocation est de créer un certain nombre d’instruments qui permettront aux PME en Afrique d’accélérer leur croissance.

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En dehors du forum annuel qui leur donnera un espace de rencontres, d’échanges, d’accès au Conseil et aux structures de financement, nous lançons cette année une plateforme d’informations qui leur donnera accès à des outils dans différents domaines de gestion, aux marchés, aux structures de financement spécialisées dans les PME, un espace de networking entre PME du continent,…bref, nous proposerons ce que les anglophones appellent un « One Stop shop ». Ceci sera couplé à une équipe qui assurera leur accompagnement dans les différents domaines, avec un réseau de professionnels dont la mission sera d’assister les dirigeants de ces

Loin de se focaliser uniquement sur la question d’accès au financement des PME, notre accompagnement se concentrera également sur l’organisation des PME, leur structuration, l’innovation, l’insertion et le développement des Talents qui aideront les dirigeants à améliorer leur compétitivité. Comment renforcer leur avantage concurrentiel sur leurs marchés, offrir des produits «uniques », conquérir les marchés africains et internationaux, etc. ; autant d’appuis que nous leur apporterons lorsque nous percevrons après analyse qu’elles ont un vrai potentiel de croissance. En Afrique, l’univers des PME ne cesse de s’agrandir. Les entrepreneurs rivalisent d’ingéniosité pour mettre sur pied des projets innovants. Peut-on avoir une idée sur les secteurs les plus représentatifs dans ce domaine ? Des nouveaux secteurs comme ceux des Technologies de l’information, ou de l’agrobusiness sont extrêmement dynamiques. Les prochains Google, Facebook, Apple seront en Afrique. Le phénomène Mpesa au Kenya, le « mobile banking » qui se développe à grande vitesse, les tablettes thématiques dédiées à la santé ou à l’éducation sont des réalités sur le continent africain qui vont bouleverser complètement la façon dont les africains feront des affaires dans les prochaines années. En matière d’agrobusiness, avec la croissance de la classe moyenne à venir, nous voyons de nombreux jeunes entrepreneurs se lancer dans l’industrie de la transformation, en innovant dans les produits de grande consommation :


le grand entretien

La pression fiscale et l’accès aux crédits bancaires couplés aux taux d’intérêt élevés des banques constituent des obstacles majeurs pour les PME. D’ailleurs un rapport du cabinet PwC intitulé « Paying Taxes 2014 », révèle que l’Afrique détient le taux moyen total d’imposition le plus élevé au monde avec un pourcentage de 52,9%. Cette situation ne risquet-elle pas, à la longue, de plomber leurs activités ? Comment en atténuer les effets ? Da manière évidente, beaucoup de pays africains risquent de tuer « la poule aux œufs d’or » en pensant que la seule fiscalité facile permet de doter les Etats de ressources. Les Etats se trompent de combat car le défi est de réussir à élargir le nombre d’entreprises, faciliter leur croissance avec une fiscalité faible pour parvenir à un effet de masse dont les bénéfices sont bien plus grands pour l’Etat car de facto ils élargissent le tissu d’entreprises susceptibles d’être fiscalisées mais avec des taux faibles. Ne vaut-il pas mieux imposer à 15% par exemple 10.000 entreprises que d’imposer à 52% un petit nombre d’entreprises qui essayeront toujours d’échapper à la fiscalité, tant son poids est disproportionné et empêche les entreprises de croître ? Il est temps de libérer les entreprises africaines pour en faire de vrais Champions. Nos Etats devraient revoir leurs stratégies fiscales et économiques. L’objectif doit consister à faciliter la croissance des PME pour en faire les agents de transformation de l’Afri-

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alimentation, santé, beauté, soins corporels, etc. et le tout à base de produits africains que nos grandsparents ont toujours utilisés. J’ai également rencontré des jeunes lors de compétitions «Start up» inventer des modes de transport originaux en zone rurale à l’instar de ces tricycles solaires. Bref l’Afrique s’éveille et innove.

D. Acouetey devant un stand de la foire du livre à Paris

"Nos Etats devraient revoir leurs stratégies fiscales et économiques pour faciliter la croissance des PME. "

que, pourvoyeurs d’emplois pour les jeunes et la source d’émergence de la classe moyenne dont tout le monde parle tant aujourd’hui. Des mesures très simples qui ont produit des effets positifs sur d’autres continents peuvent être appliquées en Afrique : fiscalité nulle pendant 3 ans pour les nouvelles entreprises, impôts forfaitaires pour les petites entreprises, fiscalité de 10% pour les entreprises en croissance rapide offrant beaucoup d’emplois les 5 années suivantes, avec une stabilisation progressive autour de 15% en contrepartie de la poursuite de l’investissement par l’entreprise dans son développement.

Les entreprises ne peuvent pas être perçues par les Etats comme les uniques vaches à lait à traire à longueur d’année car à force, il n’y aura plus de vaches, ni de lait. L’Etat doit être le premier partenaire du secteur privé ; il doit lui offrir les meilleures conditions pour son développement. A titre d’exemple, dans mon domaine de prédilection qui est celui des ressources humaines, les entreprises sont obligées dans certains pays de se substituer à l’Etat en matière d’éducation pour avoir accès à de la main d’œuvre qualifiée. Une entreprise n’a pas vocation à créer des écoles mais à employer les jeunes qui sortent

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le grand entretien de ces écoles. Tout ceci est une véritable ineptie ! En matière d’accès au crédit, les taux d’usure appliqués parfois par les banques pour minimiser leur risque est un phénomène qui ne facilite guère le développement des PME. Aussi les banques que les PME devraient mieux s’éduquer dans l’appréhension du risque, mieux se connaître, s’accompagner mutuellement car l’un peut difficilement vivre sans l’autre. Le rating, les organismes de garantie, le crédit-bail sont autant d’instruments qui peuvent don-

conseillé ces pays pendant des dizaines d’années. Les exemples de la République Démocratique du Congo avec le barrage Inga, ou le Nigéria, l’un des premiers pays producteurs de pétrole en Afrique, mais où tous les foyers et les entreprises doivent être équipés de groupes électrogènes, constituent l’illustration patente de cet échec. Et pourtant, malgré ces obstacles, regardez le dynamisme du secteur privé Nigérian qui s’est développé de manière incroyable. Cela démontre une nouvelle fois l’énorme potentiel des entrepreneurs africains.

la Coopération et le Développement Economique (OCDE). En agissant de la sorte, ces entités ne se privent-elles pas des sources de financement indispensables à leur croissance  ? Que faire pour les encourager à migrer vers le secteur formel ? Face à des Etats prédateurs, et parfois peu organisés, les entreprises se réfugient souvent dans l’informel pour échapper

ner aux banques plus de marges de manœuvre. Outre la pression fiscale, l’accès à l’électricité constitue également une contrainte de taille. Selon Banque mondiale, la croissance annuelle du PIB de l’Afrique a perdu plus de deux points à cause des délestages. Les PME du continent peuventelles émerger dans le noir ? Des pays aux ressources considérables, sans énergie : l’on pouvait difficilement faire mieux comme échec en matière de développement, avec l’appui des institutions multilatérales qui ont

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La bonne nouvelle est que les pays africains ont enfin pris conscience de la nécessité d’investir massivement dans les infrastructures, dont l’énergie. Ainsi, plus de 70 milliards de USD sont investis chaque année maintenant dans les infrastructures, dont plus de 20 milliards dans l’énergie. Ce montant global devrait être porté à 100 milliards bientôt selon les études de la Banque Africaine de Développement. On constate que plusieurs PME baignent dans l’informel, ce secteur représente 40% du PIB africain selon l’Organisation pour

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"La diaspora peut constituer un excellent catalyseur sur le continent et en dehors du continent pour les PME."

au matraquage fiscal et aux tracasseries administratives. C’est souvent donc par défaut que les entreprises restent dans l’informel. Si la formalisation est synonyme de pression fiscale que nous avons rappelée d’ailleurs un peu plus tôt, les entrepreneurs préfèreront la «débrouillardise». Proposer des espaces d’accompagnement, d’incubation, avec un accès au financement et une fiscalité nulle les 2 à 3 premières années pourrait encourager ces entrepreneurs à rejoindre le secteur formel.


le grand entretien L’entreprenariat séduit de plus en plus les jeunes du continent. Les résultats d’une enquête publiée lors du New York Africa Forum 2014 qui s’est tenu au Gabon indiquent que 75% des 5000 jeunes interrogés dans la tranche d’âge allant de 16 à 26 ans ont envie de monter leur propre entreprise. Plus de la moitié des entrepreneurs signalent qu’ils se voient d’ici à 10-15 ans à la tête d’une en-

aujourd’hui près de 80% de jeunes africains qui sortent du système scolaire sans qualification, il est très difficile d’espérer obtenir cette cohorte d’entrepreneurs. D’autre part, le système éducatif ne donne pas aux jeunes les rudiments de l’entrepreneuriat, ni d’espaces d’accompagnement, sans compter ensuite les possibilités d’accès au financement. Bref, la création d’entreprises par les jeunes en Afrique devrait être mieux

BIOEXPRESS Didier Acouetey est un Togolais de la diaspora. Il constitue l'une des principales figures de proue des chasseurs de talents africains résidant entre l'Occident et l'Afrique avec une dizaine de bureaux répartis entre l'Europe, les Etats-Unis et le continent africain. Fondateur en 1996 du Cabinet de recrutement et de gestion de ressources humaines «AfricSearch », il est pionnier dans ce domaine en France. A 46 ans, Didier Acouetey parcourt le monde pour mettre des talents intellectuels au service du développement des entreprises d'Afrique. De grosses multinationales occidentales comme Coca-Cola, Orange, Microsoft, Nestlé, ou des entreprises africaines comme Ecobank, MTN font partie des gros clients d'«Africsearch»; des exemples qui témoignent du succès grandissant de ce Cabinet auprès de diverses entreprises internationales et africaines. Des centaines de talents africains ont déjà été mis à la disposition de plusieurs multinationales par ce Cabinet. Courtois, rigoureux, sincère et parfois patriotique dans son approche entrepreneuriale, D. Acouetey tient énormément à un mot-clé dans sa recherche de têtes bien faites: leur capacité à «impacter leur environnement» dans leur domaine d'activités. Afro-optimiste convaincu, le promoteur d'«AfricSearch» croit dur comme fer qu`à force du travail bien fait, la majorité des pays africains parviendront au niveau de développement des Etats qui émergent sur le continent.

treprise de 15-40 personnes. Partagez-vous le même optimisme ? Avec près de 75% des populations africaines qui ont moins de 25 ans, et une population active qui dépassera celle de la Chine et de l’Inde en 2040, l’Afrique doit impérativement produire davantage d’entrepreneurs. Fort du potentiel de croissance du continent africain, les jeunes ont raison de croire en l’Afrique et de se voir en entrepreneurs. Cependant, l’un des défis majeurs pour voir ce rêve se réaliser reste l’Education et sa qualité. Avec

structurée, sinon beaucoup d’espoirs seront de nouveau déçus. Selon vous, quelles sont les principales mesures structurantes que doivent prendre les gouvernements africains pour créer un écosystème performant à même d’accélérer le développement des PME ? La Charte de développement des Champions africains sur laquelle nous avons travaillé avec mon partenaire et ami Paulo Gomes, ancien administrateur pour l’Afrique à la Banque mondiale, devrait permettre

aux Etats de créer ce cadre propice au développement des PME. Ceci inclut les réformes fiscales, l’accès au financement, aux talents, à la soustraitance avec les grandes entreprises, l’accès privilégié aux marchés publics, la facilité d’installation dans les pays africains, les incubateurs de croissance, les zones industrielles intégrées à l’instar de quelques expériences réussies en Malaisie, au Maroc, à Maurice. Quel peut être l’apport de la diaspora africaine dans l’épanouissement des PME en Afrique ? La diaspora, forte de ses compétences et de ses accès privilégiés aux capitaux et marchés internationaux, peut constituer un excellent catalyseur sur le continent et en dehors du continent pour les PME. Elle peut servir de partenaires depuis l’international aux PME africaines, comme elle peut elle-même rentrer en Afrique créer des entreprises en apportant des innovations observées à l’étranger. La diaspora est une chance pour l’Afrique. L’exemple de la Corée du Sud et de l’Inde dans le secteur des technologies est une très belle illustration. Vous êtes un des initiateurs de la Chambre de Commerce d’Afrique et d’Asie du Sud-Est. Comment les PME africaines peuvent-elles concrètement tirer profit des relations économiques entre les deux continents ? Cette chambre que nous avons créée en 2012 avec des patrons Africains et Sud Est asiatiques est une plateforme originale qui permet de nouer des relations d’affaires entre les deux continents, d’accéder aux best practices qui ont fait le succès des économies d’Asie du Sud Est, comme celle de la Malaisie du Professeur Mahatir, ou celle de Singapour avec Lee Kuan Yew. Enfin, elle facilite également pour les entreprises africaines l’accès aux marchés asiatiques et leur permet de mobiliser des financements.

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Finance

l'afr nouvel

© photo A.F.P

La finance islamique gravit les échelons dans l’architecture de la finance globale. Son industrie dépasserait actuellement les 2000 milliards de $, d’après les dernières statistiques dévoilées lors de la 10e édition du Forum Islamique Economique Mondial (WIEF) qui s’est déroulée fin 2014 à Dubaï. Mieux, les actifs de la finance islamique ont été multipliés par neuf entre 2003 et 2013, soit une hausse de 16%. Les experts tablent même sur un volume de 4000 milliards de $ en 2020. Le WIEF révèle qu’environ 80% des avoirs sont détenus par les banques, 15% sous forme de «sukuk» (obligations islamiques), 4% placés dans des fonds d'investissement et 1% dans le système d'assurance islamique takaful. L'Iran détient environ 40% des avoirs des banques islamiques, l'Arabie saoudite 12% et la Malaisie 10%. Cette croissance exponentielle est le résultat d’un système financier innovant qui s’adosse sur les préceptes de la Chariâ, la loi islamique. Une dimension éthique et morale qui transparait en filigrane dans ses produits majeurs : Mourabaha, Moudarabah, Moucharakah, Istisna’a, et Sukuk. Son rayonnement, elle la doit également à ses « pères-fondateurs » ; la Banque Islamique de Développement (BID), le groupe Daar al-Maal al-Islami (DMI) et le groupe Dallah al-Baraka. Ce triptyque, véritable locomotive de la finance éthique, chapeaute plus de 500

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Islamique Réalisé par Elimane Sembène

ique eldorado

affrontements post-électoraux meurtriers (3.000 morts) entre 2010 et 2012, la Côte d'Ivoire sous le nationale, avec l’ambition de devenir une économie qui émerge à l’horizon 2020. Retour sur 60 ans que ivoirien", la crise du modèle économique (Capitalisme d’Etat) dans les années 80 et 90, sur la crise rités gouvernementales ivoiriennes, le Plan National de Développement 2012-2015.

institutions financières islamiques présentes dans plus de 70 pays. Après avoir séduit les pays arabes, ces grandes institutions étendent de plus en plus leurs tentacules en Afrique (seulement 1% du volume de la finance islamique mondiale), à travers l’ouverture de nouvelles filiales et le financement de projets majeurs. Le Maghreb, le Maroc en particulier, lui fait aussi les yeux doux avec l’adoption de nouvelles législations qui encouragent le développement de cette finance. Un développement qui pourrait être orchestré par la microfinance islamique qui dispose d’un portefeuille de plus d’1 million de clients dans le monde. Toutefois, en dépit de sa croissance notoire, la finance islamique ne représente que 1% dans la finance contemporaine. Mais les experts restent optimistes sur ses perspectives, d’autant plus qu’on constate un intérêt grandissant des pays industrialisés, comme le Royaume Uni, le Luxembourg, l’Afrique du Sud et Hong Kong, à son égard. Ce focus met en lumière les différentes facettes de cette finance éthique, en s’appuyant notamment sur les analyses pointues des spécialistes Mohamed Damak Responsable mondial pour la finance islamique chez Standard & Poor’s et Ali Alami Idrissi fondateur et Directeur général du cabinet Optima-Finance Consulting, un des plus grands spécialistes de cette question au Maroc.

Réalisé par Elimane Sembène

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FOCUS

Finance Islamique

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Des principes d’investissements qui promeuvent l’éthique

La finance islamique connait un développement exponentiel. Ses actifs financiers ont été multiplié par 9 entre 2003 et 2013 avant d'atteindre les 2 000 milliards de $ U.S en 2014, selon les dernières estimations du Forum Islamique Economique Mondial (WIEF). Officiellement, la naissance de la finance islamique remonte à 1975, avec la création de la première Banque islamique de développement par la monarchie saoudienne. Depuis, elle ne cesse de connaitre

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une évolution spectaculaire et une grande notoriété, certains analystes n’hésitent pas à lui tresser des lauriers et la perçoivent même comme un système en devenir. Toutefois, son mécanisme de fonc-

tionnement est méconnu du grand public. De quoi s’agit-il concrètement ? Comme son nom l’indique, la finance éthique se réfère aux règles et recommandations de l’Islam. Ses principes fondateurs


FOCUS puisent leurs racines dans les préceptes édictés par la Charia. « Il y’a beaucoup d’à priori, beaucoup d’incompréhensions, de préjugés et de fausses idées autour de la finance islamique, aussi bien au niveau du consommateur lambda qu’au niveau des financiers et des banquiers. On a tendance à définir la finance islamique comme une finance sans taux d’intérêt alors qu’elle est beaucoup plus large et beaucoup plus noble que cela. C’est une finance qui est éthique et morale, basée sur un certain nombre de principes qui sont des principes universaux comme la solidarité sociale, l’équité, la transparence, l’engagement éthique, la création de richesse, le partage équitable des risques et le respect de l’environnement », précise M. Ali Alami Idrissi, fondateur et Directeur général du cabinet Optima-Finance Consulting à Casablanca. L’intérêt et l’usure prohibés L’un des fondamentaux de la finance islamique, c’est l’interdiction de l’intérêt et de l’usure communément appelée "Ribâ" en arabe. Autrement dit, les comptes qui sont ouverts dans les banques islamiques ne bénéficient pas de taux d’intérêts, le système repose sur le partage de risques et de profits. «L’Islam encourage le profit mais interdit le paiement d’intérêts. Le profit symbolise une entreprise fructueuse et la création d’une valeur ajoutée par l’utilisation d’actifs productifs, tandis que les intérêts représentent un coût qui est dû quelle que soit l’issue de l’entreprise et, qui peut générer une destruction de valeur si l’activité génère des pertes», explique Halsaâ Benzha, fondateur de RIBH, un portail spécialisé dans la finance islamique basé en France. Le deuxième principe consiste au partage des profits et des pertes. En effet, le principe de la justice sociale de la Charia recommande le partage de façon équitable des

L’EMISSION DE SUKUK DANS LE MONDE 120,000 107,310 100,000

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gains et pertes, en d’autres termes, le processus de création et de distribution des richesses dans l’économie doit être représentatif de la productivité réelle. Pas de spéculation ni d’actifs abstraits Contrairement à la finance conventionnelle, la finance islamique prohibe toute activité commerciale qui présente une ambigüité et une incertitude sur l’objet de la transaction, sa quantité, son prix, la possibilité de livraison ou non. «Par exemple, les contrats d’assurance traditionnels sont la plupart du temps considérés contraires à la Charia car le montant du remboursement est incertain et dépend de la survenance d’évènements spécifiques dans le futur. Selon le principe de la certitude contractuelle, les droits et obligations des parties doivent être clairement établis», renchérit-il. L’interdiction de la spéculation "Al Mayssir", reflète l’approche vertueuse de la finance islamique. En effet, conformément aux principes de la Charia, le système proscrit cette pratique qui encourage le divertissement et qui favorise l’accumulation de richesses sans effort. L’Islam trouve

aussi qu’il est immoral de faire un profit au détriment de l’autre. Outre la spéculation, la finance islamique ne cautionne pas les opérations financières avec des biens abstraits, les transactions bancaires doivent s’effectuer sur la base de biens réels et licites. Tous les investisseurs ne sont pas les bienvenus dans ce système, les banques islamiques y excluent les entreprises de tabac, d’alcool, l’industrie du sexe, les jeux d’argent. Les clients des banques islamiques bénéficient d’un privilège : s’ils sont en difficulté, leur banque pourrait leur octroyer un délai de remboursement adaptable. Cette forme d’indulgence a été mentionnée dans le Coran (Chapitre 2, Verset 280) « A celui qui est dans la gêne, accordez un sursis jusqu’à ce qu’il soit dans l’aisance...». Malheureusement tous les clients ne sont pas honnêtes. Que faudrait faire alors en cas de mauvaise foi collective? «Pour contenir ces risques, les banques islamiques appliquent la loi des grands nombres. Elles calculent le coût moyen des retards de paiements constatés parmi l’ensemble de leur clientèle et l’imputent au coût du financement», explique Halsaâ Benzha. 

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FOCUS

Finance Islamique

Principales techniques de financement La finance islamique comprend une vaste gamme de produits et de montages financiers, dont les principaux sont les suivants :

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la gestion de l’activité incombe à l’entrepreneur. Les bénéfices réalisés sont partagés selon une répartition convenue à l’avance après récupération par l’investisseur de son capital et acquittement de frais de gestion pour l’entrepreneur. En cas de perte, c’est l’investisseur qui en assume l’intégralité, l’entrepreneur ne perdant que sa rémunération.

• Mourabaha : le créancier (généralement une banque) achète un actif donné pour le compte d’un client (le débiteur) et par la suite, le revend au débiteur moyennant un (des) paiement(s) (échelonnés ou non sur une période donnée) à un prix convenu à l’avance entre les deux parties. La banque se rémunère par le biais d’une commission (majoration du prix d’achat du bien) fixée au préalable. • Moudarabah : cette opération met en relation un investisseur qui fournit le capital (financier ou autre) et un entrepreneur qui fournit son expertise. Dans cette structure financière, la responsabilité de

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• Moucharakah :  l’établissement et le client participent conjointement au financement du projet et assument le risque au prorata de leur participation. Les profits ou les pertes sont répartis entre le client et l’établissement selon des modalités déterminées à l’avance par les parties. La mourabaha représente globalement près de 60 % des activités financières islamiques, alors que le cumul des deux principaux instruments participatifs (la moudarabah et la moucharakah) représente moins de 20 %. • Istisna’a : ce contrat financier permet à un acheteur de se procurer des biens qu’il se fait livrer à terme à un prix convenu à l’avance et réglé graduellement tout au long de la fabrication du bien. Cette structure de financement est essentiellement utilisée dans l’immobilier. • Sukuk (obligations islamiques) : ils doivent être adossés, soit à des actifs tangibles, soit à l’usufruit d’un actif tangible. La rémunération versée aux souscripteurs de sukuk est fonction de la performance de l’actif sous-jacent et non de l’écoulement du temps. Source : Banque de France, Rapport annuel de la Zone franc, 2013

Compte bancaire et compte épargne, quelles différences ? • Compte bancaire : comme en finance classique, toute personne physique ou morale peut déposer des fonds sur un compte courant qui sont garantis par la banque islamique. Les déposants bénéficient gratuitement de chéquiers, de services, de transferts de fonds etc. En France, seule la Chaabi Bank propose l’ouverture d’un compte bancaire dit "chariacompatible". • Les cartes bancaires : on rappelle que dans le cadre de la finance islamique, l’argent ne peut fructifier ex-nihilo. Dès lors, si la carte bancaire entraine d’autres frais que les frais de gestion, son utilisation est proscrite. Seules les cartes de retrait et les cartes "Prepaid" sont proposées aux clients des banques islamiques. • Compte  épargne :  comme énoncé précédemment, la thésaurisation est en principe interdite. En finance islamique, les comptes d’épargne s’apparentent à des contrats épargne en unités de compte proposés en finance classique. Le capital n’est pas garanti et le titulaire du compte n’a aucun droit de regard sur la gestion de ce dernier. Quelles différences entre un prêt classique et un prêt "islamique" ? Un individu décide d’acheter un bien (par exemple une voiture). La banque achète pour le compte du client ce bien et devient ainsi co-investisseur avec l’emprunteur. Le remboursement s’effectuera sous forme de versements de loyers augmentés d’une marge bénéficiaire. Cette marge ne s’apparente pas à un intérêt puisqu’elle correspond à la transformation d’un paiement de court terme en long terme, autorisée par la loi islamique. Jusqu’ici, il n’existe pas de différence significative entre l’octroi d’un prêt par une banque classique et une banque islamique. Par ailleurs, si l’emprunteur présente des difficultés dans le cadre du remboursement de son prêt, la banque ne peut facturer des pénalités de retard (aucune réalité ne le justifie : il n’existe pas d’actif sous-jacent). Avec lafinancepourtous.com


FOCUS Montages de Sukuk Internationaux Janvier 2001 – Septembre 2012

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(en $ millions)

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émissions de Sukuk par des entreprises Malaisiennes Par secteur économique (Fin décembre 2012)

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SUKUK PAR CATEGORIE D’EMETTEUR


BID, DMI, Al-Baraka Bank

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Les locomotives

A l’aube de la finance islamique, ses pères-fondateurs ont mis en place un mécanisme de financement pour consolider leur système avant de tisser leur toile dans d’autres horizons. Un travail orchestré par trois grandes institutions : la Banque Islamique de Développement (BID), Daar al-Maal al-Islam (DMI) et le groupe Dallah al-Baraka.

BID, DMI, Al-Baraka Bank, trois grandes entités qui chapeautent plus de 500 institutions financières islamiques en activité présentes dans 75 pays au monde. Ces groupes constituent la colonne vertébrale de la finance islamique. Intéressons-nous d’abord à la BID. La première banque islamique de développement a vu le jour au début des années 1970 en Arabie Saou-

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dite avec un capital estimé 2,27 milliards de $US dont 25 % détenus par le royaume wahhabite. Elle a officiellement débuté ses activités le 20 octobre 1975. L’objectif de cette banque inter islamique était d’orienter les ressources des pays producteurs de pétrole (OPEP) vers le financement de projets de développement dans des pays musulmans pauvres.

Favoriser le progrès économique et social des pays musulmans Elle rassemble les 53 pays membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), l’appartenance à cette structure est une condition obligatoire pour tout membre. Les adhérents s’engagent à verser une contribution au capital de la banque et s’engagent à respecter les modalités établies


FOCUS

par son Conseil d’administration. Pour atteindre ses objectifs, la BID consent des prêts à des projets productifs, accorde une assistance financière au développement économique et social des pays membres, contribue à la promotion du commerce extérieur en particulier celui des biens d’équipements entre les Etats membres. En outre, la banque fournit aussi une assistance technique pour la formation de cadres issus des pays membres et leur participation à des activités de développement. La Banque islamique de développement n’évolue pas seule dans la sphère de la finance islamique. On note également la présence d’une autre institution portée sur les fonds baptismaux en 1981 : Daar al- Maal al-Islami connu aussi sous l’acronyme (DMI). D’abord société de services sous forme de holding installé à Genève et contrôlé par une association d’investisseurs musulmans, la DMI va tisser petit à petit sa toile. Elle effectue son immersion en Afrique subsaharienne en ciblant trois pays : Sénégal, Niger, Guinée. A l’image de la BID, la DMI prône une finance vertueuse et souhaite offrir à tous les musulmans de ces pays, des services financiers modernes et la réalisation de transaction financière tout en respectant les règles édictées par la Charia. Pour consolider leurs activités, la BID et la DMI ont mis en place un réseau de banques islamiques dans trois pays africains, la Banque islamique du Sénégal (BIS), la Banque islamique de la Guinée Conakry (BIG) et la Banque islamique du Niger pour le commerce et l’investissement (BIN).

Financer de grands projets d’infrastructures Ces entreprises participent aux financements de grands projets dans leurs pays respectifs. Ainsi en 2008, la BIS a signé un accord de plus de 2 milliards de FCFA avec la mairie de Dakar pour la rénovation des réseaux d’éclairage publics et la reprise des feux de signalisation dans la capitale sénégalaise. En Guinée Conakry, la BIG a décaissé en 2009 56 millions de riyals soit environ 15 milliards de $US pour la construction de 90 collèges et plus d’une dizaine d’écoles primaires en milieu rural, et a contribué à hauteur de 500.000 $ au financement du projet d’assainissement de la ville de Conakry. Au Niger, BIN a débloqué une enveloppe de 30 milliards de $ pour la construction du barrage de Kandadji et plus de 10 millions d’euros pour le tronçon routier de 96km reliant Zinder à Agadez. Elle a également participé au programme d’assainissement de Niamey, à la fourniture de médicaments et moustiquaires imprégnées aux familles démunies des banlieues de la capitale. « L’essentiel des financements islamiques consentis par la DMI dans cette zone continue d’être constitué par des "murabaha" remboursables à court terme. Les autres types de financements islamiques représentent encore une part modeste du portefeuille. La répartition sectorielle de ces financements couvre, d’une manière générale, toutes les activités conformes à la charia: 50% dans le commerce ; 10% dans l’agriculture ; 20% dans l’industrie; 20% dans les autres secteurs », explique Mohamed Fall Ould Bah, expert en finance islamique et micro finance et auteur du livre « Les réseaux de la finance islamique en Afrique ».

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s de la finance islamique

Logo de la Banque Islamqieu de Développement

Les PME, principales bénéficiaires des financement Ce sont principalement les Petites et moyennes entreprises (PME) de ces trois pays qui bénéficient de ces financements remboursables à court terme, celles-ci ne pouvant pas souvent effectuer des prêts auprès des banques centrales. «Environ 20% des financements accordés reviennent aux PME industrielles et concernent essentiellement l’agro-industrie et l’industrie alimentaire», renchérit Ould Bah. Le Groupe Dallah al-Baraka, fondé en 1982, complète le trio des plus grands groupes de la finance islamique. C’est le deuxième plus grand réseau international d’institutions de finance islamiques. Son siège se trouve à Djeddah, en Arabie Saoudite. Son expansion est limitée car la banque est seulement présente au Maghreb à travers ses filiales notamment en Tunisie avec Al-Baraka Bank Tunisie, en Algérie (Al Baraka) et en Mauritanie (BAMIS). 

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FOCUS

Investissements

Quand l’Afrique séduit la finance islamique Les investissements liés à la finance islamique sont passés de 1350 milliards de $ en 2012 à 2 000 milliards de $ en 2014, soit une hausse de 650 milliards. Toutefois, son développement reste embryonnaire en Afrique. Pour y remédier, plusieurs pays du continent réajustent leurs législations et s’activent dans le marché des obligations souveraines.

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sablanca, la législation sénégalaise constitue un cas d’école. « L’une des contraintes est d’ordre fiscal. Il faut une fiscalité adaptée. Je donne le cas de la mourabaha qui est un contrat d’achat et de revente. Si une institution financière quelconque voulait monter un projet de mourabaha, il est évident qu’elle ferait face une double taxation comme un droit d’enregistrement double et, éventuellement, une Tva double. Mais ce sont des contraintes auxquelles les autorités sont en train de réfléchir. D’un autre côté, la partie à haute valeur ajoutée de la finance islamique, le sukuk, demande nécessairement la mise en œuvre de Spv (Special purpose vehicules). Ces Spv ne peuvent opérer que dans des juridictions fiscalement efficientes comme le Luxembourg », indique t-il.

Sur les 56 Etats membres de la Banque Islamique de développement, 22 se trouvent en Afrique. Par conséquent, l’application de la finance islamique ne devrait être qu’une formalité. Que nenni. Cette pratique n’est pas encore ancrée dans le système bancaire du continent. D’après les statistiques, le taux de pénétration de la finance

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islamique en Afrique stagne à 1%. Le Soudan est le seul pays qui tire son épingle du jeu avec 22 banques qui réalisent une activité qui s’alignent sur les principes de la Charia. La fiscalité pourrait constituer l’une des contraintes. D’après Dr Mamadou Oumar Dia, expert et conseiller du cabinet Fayda Finance Development (Afrique) basé à Ca-

Exploiter les opportunités de la finance islamique De nos jours, beaucoup d’Etats africains semblent conscients des multiples apports de cette finance éthique, une réelle alternative pour stimuler leur développement. Beaucoup d’entre eux prévoient d’émettre des obligations conformes à la Charia, afin d’accéder aux sources de financement des Etats du Golfe et attirer les investisseurs


notamment la BID pour le financement de programmes dans les secteurs des infrastructures, de l’agriculture et de l’énergie. D’après l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), les réserves financières de ces Etats représentent plus de 1000 milliards de $. Pour faire les yeux doux aux détenteurs de cette manne financière, certains pays ont décidé de réajuster leurs législations. C’est le cas des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest africain (UEMOA) qui ont mis en place un cadre juridique et opérationnel pour réaliser des opérations liées à la finance islamique. Le protocole d’accord signé en septembre 2012 entre la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la BID s’inscrit dans le même sillage, avec comme objectif la promotion et le développement de l’industrie de la finance islamique dans les Etats membres de l’UEMOA. « L'Afrique du Sud a émis des sukuks de 500 millions de dollars. Il y a eu aussi des émissions en FCFA pour le Sénégal (Ndlr 100 milliards de FCFA) et en Gambie où la banque centrale émet régulièrement des sukuks. On peut penser que les besoins significatifs en infrastructures du continent puissent être financés selon les principes de la loi islamique au fur et à mesure que les pays africains se familiarisent avec ce mode de financement», constate Mohamed Damak analyste économique spécialiste de la finance islamique chez l’agence de notation Standard & Poor's. Des perspectives encourageantes Les institutions islamiques mènent également une offensive stratégique pour consolider leur implantation dans le continent. La BID et sa filiale la Société islamique pour le développement du secteur privé (SID) créée en 1999, ont effectué en 2008 des investissements dans plusieurs marchés de l’Afrique de

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l’Ouest. Actuellement, les deux entités contrôlent majoritairement les banques islamiques présentes au Sénégal, en Guinée Conakry, au Niger et en Mauritanie. La SID a même crée avec la banque turque Bank Asya, la société d’investissement Tanweel Africa Holding qui regroupe l’ensemble de ses investissements. Ladite société détenait un portefeuille de crédits évalué à 400 millions de d’euros fin 2012. La BID souhaite accroitre son "empire" bancaire, elle planifie l’ouverture d’une banque au Bénin et au Mali, et la création d’une banque islamique et d’une société de crédit-bail au Tchad. Actuellement, les investissements de Tanweel Holding ne représentent que 12 % des financements approuvés par la SÌD. D’où son souhait d’étendre ses activités en Afrique. «La nouvelle stratégie prévoit le développement de ce que nous appelons les canaux de la finance islamique pour assurer

la diffusion à large échelle des produits financiers conformes à la Charia», a déclaré Khaled Al-Aboodi le 22 avril 2014, lors de l’annonce de la mise en place des 4 nouvelles institutions précitées. A l’en croire, ces canaux seront constitués par les banques islamiques, l’Ijara (crédit-bail islamique) les l’assurance takaful (assurance islamique) et le retakaful (réassurance islamique). «Au stade actuel de développement des secteurs financiers dans les pays de la zone franc, la microfinance islamique et l’instrument Istisna’a offrent d’importantes perspectives de développement, tout particulièrement pour le financement des projets immobiliers et agricoles. Les autres techniques de financement, plus complexes, pourraient davantage s’orienter vers des secteurs à forte valeur ajoutée et concerner principalement les grandes entreprises», constate la Banque de France.

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Entretien

Mohamed DAMAK

Responsable Mondial pour la Finance Islamique chez Standard & Poor’s

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« Les perspectives de la finance islamique sont positives en Afrique » Dans son étude intitulée « Les États africains vont-ils se tourner vers la finance islamique pour financer sa croissance? » publiée en février 2014, Standard & Poor’s révèle l’engouement grandissant de la finance islamique en Afrique plus particulièrement en Afrique du Nord. Concrètement, qu’est-ce qui pousse ces Etats à se tourner de plus en plus vers cette finance alternative ? La première raison c’est que la finance islamique connait une croissance importante. Son industrie représente environ 2000 milliards de $ et a connu une croissance à deux chiffres sur les trente dernières années. L’industrie a gagné en crédibilité durant cette période et on constate qu’un nombre croissant d’émetteurs commencent à la regarder comme une alternative crédible pour le financement de leur économie notamment le financement d’infrastructures. La deuxième raison, c’est les besoins de financement importants des pays africains. Certains d’entre eux ont connu une

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augmentation significative de leurs besoins dans un contexte d’instabilité politique et baisse des exportations. Par exemple si on regarde le déficit du compte courant de la Tunisie et du Maroc, on constate qu’ils ont augmenté d’une manière significative sur les trois dernières années. Pour les autres pays africains, notamment les pays subsahariens, les besoins de financement restent élevés du fait de leur manque d’infrastructures. La troisième raison, c’est la diversification de la base des investisseurs puisque la finance islamique et notamment l’émission de « Sukuk » permettrait de s’attaquer aux segments d’investisseurs qui ne voudraient pas ou ne pourraient pas investir dans les produits conventionnels. Nous avons effectué une étude qui a été publiée en avril 2014 pour voir quel est le profil des investisseurs dans les « Sukuks » et nous sommes arrivés à la conclusion qu’en moyenne 60% de ces investisseurs viennent des pays du Golf et de l’Asie.

Les pays musulmans adoptent-ils la finance islamique dans leur majorité? Sur les 2000 milliards de $ environ de l’industrie de la finance islamique 80% sont concentrés dans le Golf et dans certains pays de l’Asie du SudEst notamment la Malaisie, à peu près 80% sont composés par les actifs des banques islamiques dans le monde, une dizaine ou une quinzaine de pourcentage concerne le marché des « Sukuk», et entre 5 et 10% sont détenus par les autres industries en particulier les industries de fonds islamiques, l’industrie de « Takaful » et l’assurance islamique. On voit aussi un nombre croissant de pays musulmans et non musulmans s’intéresser à la finance islamique. Par exemple cette année nous avons vu des émissions de la part du Royaume-Uni, du Luxembourg, et de l’Afrique du Sud. On constate également que de grands groupes bancaires à l’image de la HSBC et d’autres banques lon-


FOCUS doniennes s’intéressent aussi à la finance islamique. Pourquoi ces banques de la finance conventionnelle s’activent dans ce secteur ? Je pense qu’il y a deux raisons. Premièrement au niveau de la structuration de « Sukuk », ces banques disposent d’une capacité assez importante en terme de structuration de produits, naturellement des banques de type HSBC, BNP Paribas, Barclays, etc sont des partenaires pour tout ce qui est structuration de « Sukuk » et offre de produits de conseils. La deuxième raison c’est pour répondre à un besoin spécifique de la part des clients dans certaines régions. La finance islamique repose sur de nombreuses obligations qui puisent leurs racines dans la loi islamique (Charia) et qui tranchent avec la réalité observée dans la finance conventionnelle. Ces spécificités constituent-elles un avantage ou un inconvénient pour son développement ? En fait ces obligations et principes constituent en même temps un avantage et un inconvénient par rapport à la finance conventionnelle. Il existe cinq principes dans la finance islamique : d’abord l’interdiction de l’intérêt. Cela constitue certes un avantage pour attirer les investisseurs qui n’investiraient pas dans des produits conventionnels, mais c’est aussi un inconvénient car beaucoup d’observateurs ont privilégié la banque conventionnelle du fait de sa transparence, le fait de savoir dès le premier jour quel sera le taux d’intérêt qui sera payé sur la durée du crédit. Le deuxième principe de la finance islamique c’est l’interdiction de la spéculation, c’est clairement un avantage puisque ce principe devrait rendre la finance un peu plus responsable, encore fautil qu’il soit appliqué correctement bien évidemment. Le troisième principe c’est l’interdiction de financement de secteurs illicites au sens de la Charia, c’est clairement

un avantage pour l’industrie de la finance islamique puisqu’il devrait rendre la finance un peu plus socialement responsable et pourrait aussi servir d’argument pour attirer la clientèle qui n’est pas intéressée par l’aspect conformité avec la Charia. Le quatrième principe c’est le partage des profits et des pertes qui a clairement un avantage puisqu’il devrait faire en sorte que la finance islamique devienne un peu plus équitable encore faut-il qu’il soit appliqué correctement. Et finalement le principe de l’actif sous-jacent qui constitue également un avantage puisqu’il fait en sorte que le lien entre la finance et l’économie réelle soit renforcé. Ces principes pourraient être considérés comme inconvénients dans la mesure où ils peuvent induire une complexité ou un coût supplémentaire pour structurer les transactions en finance islamique. Structurer un «Sukuk» coûte parfois un peu plus cher que structurer une obligation classique, le «sukuk» est un peu plus complexe parce qu’il y a plus de contrats par rapport à une obligation classique où c’est un contrat entre les émetteurs et les investisseurs. Dans un «Sukuk» il existe six ou sept contrats, notamment un contrat de vente d’actif, un contrat avec une obligation de rachat à l’échéance, un contrat de location par exemple pour un «Sukuk I’jara», un contrat d’assurance pour l’actif sous-jacent. Mais on a observé sur les 15 dernières années qu’un certain nombre de types de «Sukuk» commencent à devenir assez standardisés. S &P a mis en place, depuis 2007, une méthodologie pour noter les «Sukuk». En quoi consiste réellement votre offre de valeur ? Aujourd’hui Standard et Poor’s est le leader sur le marché de notation des «Sukuk» notant à peu près 50 milliards de $ de « Sukuk ». Nous avons publié notre méthodologie en 2007, on a été parmi les premiers à le faire.

Notre valeur ajoutée consiste à donner aux marchés nos opinions par rapport à la qualité de crédit de ces transactions. Mais deux remarques importantes à faire à ce niveau: premièrement on ne structure pas les transactions, on n’offre en aucun cas des services de conseil aux émetteurs ou aux investisseurs, deuxièmement on n’émet pas du tout des «Fatwas» par rapport à la conformité ou non des produits par rapport à la Charia. En dépit de sa croissance, la finance islamique ne représente que 1% dans la finance contemporaine. Globalement comment voyez-vous les perspectives de la finance islamique dans le monde et en Afrique plus particulièrement ? Tout à fait, c’est un pourcentage très faible. Mais il est important de préciser que la finance islamique a connu une croissance à deux chiffres durant les trente dernières années. Au niveau mondial on pense que les perspectives restent assez positives, et on pense que la croissance va à deux chiffres va continuer. On voit un intérêt croissant de nombreux pays pour développer l’industrie de la finance islamique, on l’a vu cette année avec les émissions du Luxembourg, du Royaume Uni, de l’Afrique du Sud ou de Hong Kong. En Afrique aussi les perspectives sont assez positives étant donné les trois raisons qu’on a discuté précédemment. En effet je pense que la finance islamique peut servir de plateforme pour mettre en relation des agents économiques à forte capacité de financement, typiquement les investisseurs du Moyen-Orient et de l’Asie, avec les agents économiques qui ont un fort besoin de financement comme les banques et entreprises africaines. Comme vous le savez il y a un besoin extraordinaire de financement en termes d’infrastructures, et un des principes de la finance islamique suggère que toute transaction doit avoir un actif sous-jacent, ce qui fait en sorte que les deux domaines peuvent se croiser très facilement. 

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FOCUS

Microfinance Islamique

Un service innovant pour les PME La microfinance islamique offre de réelles opportunités pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME). Elle repose sur des critères moins contraignants que les garanties financières imposées par les banques commerciales. Elle dispose d’un portefeuille de plus d’un million de clients dans le monde qui ont bénéficié de plus de 570 millions de $ de crédits.

Obtenir des crédits bancaires ressemble à une démarche sysyphienne pour beaucoup de jeunes entrepreneurs. Même scénario pour les start-up. D’aucuns, lassés par la réticence des banques conventionnelles, décident tout bonnement d’enterrer leurs projets. En effet, les financements liés aux activités des PME nécessitent des crédits longs car il s’agit de financer des programmes qui s’amortissent sur un moyen ou long terme, alors que la plupart des banques privilégient les investissements à court terme, sans compter les nombreuses garanties financières exigées. Contrairement aux banques commerciales, les institutions de la finance islamique leur proposent une panoplie de services qui peuvent stimuler leurs activités. Plus de 570 millions de crédits dans le monde Dans l’univers de la microfinance islamique, la banque intervient en tant que partenaire et non en tant que bailleur de fonds, elle promeut le partage des pertes et des profits pour favoriser l’équilibre financier de la PME, à cela il faut y ajouter la relation de confiance établie entre les deux entités, ainsi que les struc-

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les principaux instruments bancaires islamiques Appellations

Caractéristiques

Correspondance avec des instruments occidentaux

Mudaraba*

Financement d’un projet par la banque avec partage des P&P selon un ratio préétabli

Capital-investissement

Musharaka* Mizaka

Co-financement par la banque et les promoteurs Capital-investissement avec partage des P&P selon un ratio préétabli

Kard hasan

Bay’as-salam

Prêt sans intérêt avec couverture des frais bancaires réels par l’emprunteur Achat d’un actif par la banque puis revente à son client avec paiement différé Achat d’un actif du client par la banque puis revente à terme à ce dernier

Cession-bail

Ijara

Achat d’un actif par la banque puis location à son client avec promesse de vente à terme

Crédit-bail

Murabaha

Prêt sans intérêt à court terme avec marge bancaire préétablie Emprunt obligataire adossé à un contrat de crédit-bail

Micro-crédit

Bay’mu’ajjal

Sukuk

Prêt mutualiste Vente à terme ou forward

Emprunt obligataire

Source : Errico & Farahbaksh, 1998, adapté par les auteurs de la recherche.

* instrument impliquant un partage de profits & pertes (P&P).

tures de suivi et de recouvrement pour contrôler les travaux relatifs à la réalisation des investissements consentis. «De façon générale, les problèmes liés au financement bancaire des PME restent similaires d’une institution à l’autre, qu’elle soit classique ou islamique. Toutefois, il ressort que les produits offerts par les banques islamiques pourraient être particulièrement adaptés

aux besoins des petites et moyennes entreprises», indique Halsaâ Benzha, fondateur du portail RIBH (France) spécialisé dans la finance islamique. La microfinance islamique est très prisée, particulièrement dans les pays musulmans. L’étude intitulée "Trends in Sharia-Compliant Financial Inclusion" publiée en


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2013 par le Groupe consultatif d’assistance aux pauvres (CGAP) et l’Agence française de développement (AFD) révèle qu’il existe au niveau mondial 255 fournisseurs de services financiers qui proposent une microfinance conforme à la Charia. Environ 92% d’entre eux se trouvent en Asie de l’Est et du Pacifique et dans la région MoyenOrient-Afrique du Nord (MENA), avec respectivement 64% et 28% de fournisseurs dans ces deux espaces. 1,28 millions de personnes bénéficient de ces services. La majorité de ces institutions sont des banques rurales, cela est notamment dû à la position de l’Indonésie où les banques rurales détiennent le monopole dans la fourniture de services micro-financiers. Il n’empêche, selon le rapport, les banques commerciales restent les plus grands prestataires de services avec 60% de l’effectif total des clients contre 16% pour les banques rurales.

Un concours pour encourager la microfinance islamique D’après cette enquête, les clients sont répartis entre 19 pays qui utilisent les services de la microfinance islamique, 82% d’entre eux résident au Bangladesh (445.000), au Soudan (426.000) et en Indonésie (181.000). «Toutefois, si on s’attache au portefeuille total de crédits en cours, le classement des pays diffère : l’Indonésie est première (347 millions de dollars US), suivie par le Liban (132 millions de dollars US) et le Bangladesh (92 millions de dollars US)», précise l’étude. Parmi les services financiers de la microfinance islamique la "Murabaha" est le produit le plus sollicité avec un portefeuille de 672.000 clients et un total d’actifs de 413 millions de $. D’après le CGAP, deux institutions s’affichent comme de véritables locomotives de la microfinance islamique, il s’agit de la Banque de l’agriculture du Soudan avec 75% des clients,

et la Banque islamique de Bangladesh avec 67% des clients. Les autres prestataires ont une taille assez modeste et disposent en moyenne 2250 clients et moins de 2 millions de $ de crédits. Pour encourager les fournisseurs à offrir des produits financiers innovants aux personnes démunies, le CGAP, Al Baraka Banking Group et Triple Jum un fonds d’investissement basé à Amsterdam (PaysBas) ont lancé en 2010, la première édition du concours "Microfinance Islamique Challenge" doté d’une subvention de 100.000 dollars. « Le nombre de prestataires de microfinance conformes à la charia a presque doublé au cours des dernières années, et leur portée a quadruplé. Mais cette portée est encore relativement faible car elle ne concerne que plus d’1 million parmi les 650 millions de musulmans qui vivent avec moins de 2 dollars par jour », constate le CGAP. 

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ENTRETIEN

Ali ALAMI IDRISSI

fondateur et Directeur général du cabinet Optima-Finance Consulting

«Casablanca peut être un Hub régional de la finance islamique »

Quels sont les principaux acteurs qui gravitent autour de la finance islamique dans le monde ? Dans le système financier islamique, on retrouve les banques islamiques, les compagnies d’assurance islamiques « Takaful », les établissements financiers spécialisés islamiques, les fournisseurs d’information sur les marchés islamiques, les agences de ratings «islamiques» ; ainsi que les acteurs occidentaux. En effet, depuis quasiment plus de 20 ans, le Top Ten des banques conventionnelles est déjà présent dans ce secteur. Le Luxembourg et la Suisse ont été des places financières très actives dans la finance islamique notamment sur la partie fonds d’investissement islamique, et ce bien avant des places comme Dubaï. On retrouve également au niveau supranational des organis-

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mes spécialisés comme la Banque Islamique de Développement (BID) qui est un des acteurs de référence de l’industrie. Ainsi que des organismes spécialisés dans la régulation et dans la mise en place des normes de conformité des contrats, des produits ou des marchés comme l’Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions (AAOIFI) basée à Bahreïn et qui propose des normes de conformité des contrats avec la Charia ou encore l’Islamic Financial Services Board (IFSB), basé à Kuala Lumpur (Malaisie), qui édicte les règles prudentielles. Il existe également d’autres organismes censés animer les marchés des capitaux comme l’International Islamic Financial Markets (IIFM) basé à Bahreïn et l’International Islamic Liquidity Management Corporation (IILM) à Kuala Lumpur.

On constate de plus en plus un engouement grandissant des pays d’Afrique du Nord pour la finance islamique. Concrètement, qui-est-ce qui pousse ces Etats à se tourner de plus en plus vers cette finance alternative ? Historiquement, la finance islamique a démarré d’abord en Egypte avec l’expérience de Mit Ghamr initiée en 1963 par Dr. Ahmed Abdelaziz Nejjar, et en Malaisie (1962) avec le Fonds dédié à l’Hadj (Lembaga Tabung Haji). Ensuite, elle a commencé à être institutionnalisée avec la BID et la Dubaï Islamic Bank au début des années 70. En Malaisie, il y’a eu une volonté affichée des autorités malaisiennes qui ont énormément encouragé le développement de cette finance islamique. Elles ont accompagné tout le processus de développement avec une implication


FOCUS très importante de la banque centrale malaisienne (Bank Negara Malaysia), qui a mis en place tout ce qu’il fallait en termes d’incitations et de règlementation prudentielle pour développer ce marché. Au Moyen-Orient, l’engouement pour la finance islamique des années 90's peut s’expliquer par une conjonction de facteurs : le rapatriement après le 11 septembre des capitaux placés aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe, l’augmentation des revenus pétroliers –et de l’épargne publique- , les opportunités d’investissement dans la région avec le lancement de grands chantiers d’infrastructure, ainsi que le renouveau religieux auprès des jeunes. Dans les pays du Maghreb, l’intérêt est beaucoup plus récent. Les raisons sont assez nombreuses. Au Maroc, le besoin de financement des grands chantiers d’infrastructure initiés depuis quelques années pousse les responsables, en période de crise financière internationale, à aller chercher les fonds sous d’autres cieux. D’ailleurs, c’est ce qu’avaient fait nombre de pays européens en 2008 en allant courtiser les pays du Moyen-Orient pour essayer d’attirer des capitaux. A l’époque, l’expremier britannique Gordon Brown avait fait le déplacement au MO en Novembre 2008 pour solliciter des fonds. Londres avait alors décidé d’adapter sa règlementation pour attirer les capitaux du MO et pour offrir à une population anglaise musulmane un certain nombre de produits conformes à la Charia. Il y’a également au Maroc une demande intérieure très importante pour les produits et les financements conformes à la Charia. Autres facteurs expliquant cet intérêt récent, le rapprochement stratégique depuis quelques années entre le Maroc et les pays du Golf, en particulier avec le Conseil de Coopération du Golf (CCG), ainsi que la recherche de modes de financement alternatifs pour diversifier les sources de financement. La Banque Islamique de Développement est présente au Maroc depuis plusieurs années à travers son bureau régional de Rabat, et a financé nombre de

projets au Royaume via des montages conformes à la Charia. Sa filiale l’Islamic Corporation for the Development (ICD), dédiée au secteur privé, finance depuis cette année des projets privés d’entreprises marocaines, et ce de manière conforme à la Chariaa. Il y a également un intérêt stratégique pour le Maroc à développer la finance islamique; Kuala Lumpur et Dubai étant respectivement les places financières islamiques de référence en Asie du Sud-Est et au Moyen Orient, Londres se positionnant comme place financière islamique européenne, Casablanca, de par sa situation géostratégique, peut donc jouer un rôle central en tant que Hub Financier reliant l’Europe, l’Afrique Subsaharienne et le MoyenOrient. La future place financière Casablanca Finance City (CFC) devrait être un hub financier régional, intégrant un compartiment finance islamique. Le Parlement marocain a adopté il y a quelques jours un projet de loi pour favoriser l’essor de la finance islamique au Maroc. Est-ce un pas décisif pour son développement dans le Royaume ? En 2007, il y a eu une note de recommandations de la banque centrale « Bank Al-Maghrib » pour permettre aux établissements de crédit de commercialiser trois produits avec deux variantes, soit cinq produits au total : Mourabaha, Ijara Tachghillia, Ijara Wa Iqtina, Moucharaka et Moucharaka Moutanaqissa. Seulement, ces produits n’ont pas eu le succès escompté. Plusieurs raisons expliquent ce ratage: premièrement, les banques n’étaient pas suffisamment préparées techniquement, il ne suffit pas de mettre un produit avec une dénomination « Murabaha » ou « Ija’ra » et dire que c’est un produit islamique. Il y a un environnement à préparer : l’infrastructure SI, les contrats, des comités de conformité, les aspects comptables et fiscaux, la règlementation prudentielle,….. Deuxièmement, lors du démarrage existait un problème fiscal de double taxation pour le produit « Murabaha ». Bien que ce problème ait été réglé dans la loi de finances de 2010, le client avait

intégré l’idée de « cherté » de ce type de produits. Troisièmement, les banques commercialisant ces produits n’avaient pas mis les efforts marketing et commerciaux habituels au lancement de tout nouveau produit, estimant très certainement que ce n’était pas stratégiquement le moment de les lancer. Indéniablement, l’adoption du projet de loi bancaire, qui intègre un chapitre sur les banques participatives, est une étape très importante. Cependant, ce n’est pas l’étape ultime, bien au contraire ce n’est que la première étape du processus. Le texte de loi fait référence, dans plusieurs articles, aux circulaires de Bank Al Maghrib et aux avis conformes du « Comité Chariaa ». Ce dernier, dont le texte de loi a donné un rôle majeur, a la responsabilité de se prononcer sur la conformité à la Chariaa des produits et services proposés par les banques. Donc, avant de pouvoir commercialiser les produits conformes à la Chariaa, les banques devront d’abord disposer des différentes circulaires de la banque centrale et attendre la création du « Comité Charia ». Le texte de loi prévoit que ce comité soit centralisé et qu’il émane du Conseil Supérieur des Ouléma. Ce comité devrait bientôt voir le jour. Sa constitution, la définition de ses prérogatives, son périmètre d’intervention et son mode de fonctionnement sont très attendus par les acteurs concernés. Comment voyez-vous les perspectives de la finance islamique au Maroc ? Soyons optimistes, mais en même temps réalistes. Le texte de loi ne va pas révolutionner le paysage financier marocain, en termes de parts de marché. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’on aura 20 ou 30 % des parts de marché pour le compartiment islamique. Cependant, la demande est là. Quand on met en place un nouveau compartiment, il faut laisser le temps de mûrir, de mettre en place les infrastructures techniques, les règlementations prudentielle et fiscale,… En termes de projection, si on atteint d’ici à 2024 les 10% de parts de marché, cela serait une très bonne chose. 

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d’Alioune GUEYE bloc-notes

La Responsabilité des Leaders

Provoquer le changement des ''Mindset'' Tous les experts du changement vous le confirmeront. Changer c’est d’abord accepter que l’on ne peut plus continuer, avec le même état d’esprit et les mêmes pratiques. On le voit bien, nous arrivons au terme d’une période ; et une autre doit démarrer. Entre les deux, nous sommes précisément à ce moment du Kairos grec, en langage courant de basculement décisif, dont l’intensité n’est pas perceptible avec une montre, mais où tout est question de ressenti. C’est le moment de l’émergence et du développement économique. De même, le chef d’entreprise exposé à la sanction du marché et à la concurrence de nouveaux entrants ne peut plus fonctionner avec un modèle basé sur le « business as usual », de même les décideurs de la sphère publique ne peuvent plus utiliser les méthodes surannées pour faire face aux défis actuels . Tout le monde a bien conscience que ce qui retarde l’émergence, ce n’est ni la technologie, ni la disponibilité des ressources, mais les mentalités qui ne sont pas en phase avec le niveau d’exigence de l’heure. De ce point de vue, il faut un changement radical de mindset dans nos pays, ce logiciel des comportements humains, si l’on veut entrer dans le train du développement. Howard GARDNER, un des psychosociologues les plus doués de sa génération et professeur à Harvard, nous rappelle dans un ouvrage remarquable* que sept facteurs clés peuvent accélérer le changement d’état d’esprit : la raison, la recherche, la résonance, les re-descriptions représentatives, les ressources et récompenses, les évènements du monde réel et les résistances. En effet, accentuer le risque de changement d’état d’esprit c’est multiplier les représentations tangibles d’un concept comme celui de l’émergence, les rendre plus « palpables » afin que toutes les couches de la société, quelque soit leur niveau, s’y retrouvent et traduisent dans leur quotidien ce à quoi cela peut correspondre en termes de niveau et de qualité de vie, d’accès équitable aux services publics, de disponibilité en quantité et en qualité de loisirs, bref de mieux-être. Nos dirigeants possèdent un potentiel énorme pour faire évoluer les esprits, voire les faire changer radicalement des fois. L’utilisent-ils suffisamment ? Mon sentiment est mitigé. Faire évoluer et/ou changer l’état d’esprit d’une Nation c’est raconter une histoire, celle de la nécessité de changer, et l’incarner pour qu’elle devienne réalité. 

© photo D.R.

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*Howard GARDNER « Faire Evoluer les Esprits », 2007, Odile Jacob, Paris


MASTER CLASS À SINGAPOUR

DATE : DU 19 AU 24 JANVIER 2015

La diplomatie économique : pour une approche gouvernementale intégrée Contexte stratégique : Avec le développement des opportunités sur le continent africain, la bataille pour les investissements directs étrangers va devenir encore plus intense. Il ne se passe pas une semaine sans que ne se tienne forum et événements de promotion d’investissements ou de commerce en Afrique que ce soit au niveau pays ou à un niveau plus sectoriel. Toutefois, à l’avenir, les investissements étrangers se feront plus précis et discriminants, et les investisseurs auront des exigences plus éle vées du rôle que les gouvernements acteurs économiques pourront jouer dans la facilitation des investissements. Dans un tel contexte comment le secteur public africain peut-il jouer le rôle de diplomate économique ? Quels sont les outils et méthodes pour attirer les plus grandes entreprises mondiales et les investisseurs ? Comment les gouvernements africains peuvent-ils «toucher» efficacement les investisseurs notamment ceux d’Asie ? Résultats attendus : Que vous soyez ministre, fonctionnaire chevronné, diplomate, dirigeant de l’agence de promotion des investissements, membre dirigeant du patronat ou en charge d’une chambre de commerce et d’industrie, Vous serez en mesure au terme de ce « master class » inaugural a Singapour – l’une des "villes-Etats" les plusdynamiques au cœur de l’Asie - de vous approprier le cadre, les méthodologies et les outils stratégiques nécessaires à la conception d’une approche gouvernementale intégrée. Programme : Sessions pédagogiques interactives et participatives, visites de sites, sessions d’échanges et de networking avec des professionnels d’institutions spécialisées, de gouvernements, et du secteur économique de Singapour. Cible : • Conseillers de très haut niveau des présidents et premiers ministres • Conseillers en Stratégies économiques • Ministres des affaires étrangères • Ministres du Commerce et de l’Industrie • Agences de Promotion des investissements étrangers • Chambres de commerce • Patronats Prochaine session du 21 au 24 septembre 2015 About Singapore Singapore has achieved staggering economic success in the past 50 years. With little natural resources of its own, the former British colony of 5.3 million people today started life in 1965 as an independent country on par economically with most African countries. The country has had only three leaders in 54 years, and has seen a massive investment hub in the Asia Pacific, straddling China and India. It's GDP per capita grew from less than US$500 in 1960s to over US$55,000 today. Singapore is home to over 10,000 leading companies in the world and ranked the easiest place to do business according to the World Bank.

Pour tous renseignements et inscriptions :

African Business International Pte Ltd | Singapore, 10 Anson Road International Plaza #10-11 Singapore 079903 | Mail : contact@abi.com.sg


© photo D.R.

business case

ECTA - BTP

petite pme deviendra

grande

Par Cathy Koum (Cameroun)

Ecta BTP Sarl (Etablissements Camerounais des Techniciens Associés en Bâtiments et Travaux Publics) est un bureau d’études techniques indépendant fondé en 1989 par Pierre Meli, ingénieur de conception sorti de l’école nationale supérieure polytechnique de Yaoundé et quelques uns de ses collègues de la défunte société d’études pour le développement de l’Afrique, un bureau d’études national emporté par la crise économique des années 90. La PME spécialisée en études et contrôle dans le domaine des BTP et services y afférents intervient dans le domaine routier, les bâtiments, les ouvrages d’art, les voiries urbaines, l’assainissement et l’hydraulique. Ses offres de services qui se veulent hautement compétitives et modulables sont orientées vers le montage des dossiers d‘appels d’offres, les études de projets, le contrôle et la supervision des travaux, l’évaluation des projets, les formations – renforcement des capacités du personnel- et les audits techniques. Ecta BTP implantée à Yaoundé, capitale camerounaise a fait de la qualité son crédo. Les nombreuses attestations de bonne fin délivrées par les maîtres d’ouvrage le justifient. De même, dans son challenge pour la qualité, elle se lance en 2003 dans la démarche qualité qui se solde par la certification Iso 9001 version 2008 obtenu en 2010 par le Bureau Véritas France et renouvelé en 2013 pour une période de trois ans. Exclusif en terre camerounaise! Dans un univers où la concurrence est rude et le marché dominé par les multinationales étrangères, Ecta BTP, qui

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business case

Un chiffre d'affaires de 2 milliards de F CFA De même, le bureau d’études est enregistré auprès des institutions multilatérales telles que la Banque mondiale, le fonds européen de développement, l’agence française de développement, la banque islamique de développement, l’organisation des pays exportateurs du pétrole, la banque africaine de développement. Le chiffre d’affaire de Ecta BTP estimé à son démarrage en 1989 à 100 millions de FCFA est aujourd’hui de 2 milliards de FCFA. Ses prestations s’étendent désormais dans la zone CEMAC (Ndlr Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale) où elle a réalisé plusieurs projets d’envergure. Ce business case met en relief ce travail.

Management

Qualité et professionnalisme

le binôme gagnant

Ecta BTP qui tutoie les multinationales de son secteur d’activité est la seule entreprise à capitaux camerounais, de sa spécialité à détenir une certification Iso 9001 version 2008, gage de sérieux et de professionnalisme.

Chantier supervisé par ECTA-BTP © photo D.R.

devient Sarl en 1998 met en avant ses ressources humaines hautement  qualifiées, constituées d’ingénieurs et techniciens permanents ou consultants qualifiés et pluridisciplinaires, son matériel de haute qualité et sa politique managériale axée sur l’écoute des clients. Son curriculum Vitae compte aujourd’hui de nombreux partenaires nationaux et étrangers de qualité avec qui elle a exécuté des projets en groupement ou en sous -traitance. Entre autres : le bureau d’études britannique ATGC avec Thoburn Colquhoum , le bureau d’études français Transroutes, l’Italien Carlo Lotti, le tunisien Studi International.

« Conscient que c’est par la qualité de nos prestations que s’est construite notre réputation, Ecta BTP s’est offert les moyens de ses ambitions ». Les propos sont de Pierre Meli, fondateur et Directeur Général des Etablissements Camerounais des Techniciens Associés en Bâtiments et Travaux Publics – Ecta-Btp-. Les ressources humaines composées d’une quarantaine d’employés permanents, dont 11 ingénieurs de génie civil dont l’expérience varie entre deux et 35 ans en 2014 ; un ingénieur de l’équipement rural, deux ingénieurs informatiques ;un technicien supérieur de topographie ; un technicien supérieur en génie rural ; un technicien supérieur de génie civil ; un projecteur VRD ; un expert en suivi et évaluation des

projets. Ce personnel permanent est complété par un vaste répertoire de consultants qui travaillent dans les domaines de l’économie, des transports, de l’urbanisme ; de l’architecture ; de la géotechnique ; de l’hydrologie, du génie civil, et aussi dans les domaines relevant de l’architecture paysagiste… Au sein de la structure, on laisse entendre que les principaux critères de sélection du personnel sont la pertinence de la formation académique et des qualifications techniques et professionnelles, l’envergure de l’expérience acquise dans le cadre de la réalisation des projets similaires à ceux du domaine de compétence d’Ecta BTP Sarl et la capacité démontrée de travailler de façon productive et efficace. Côté

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business case Nos activités

Certification, un satisfecit du management Pour arriver à la certification, la démarche n’a pas été évidente: «il y a trois instances d’audit, D’abord les audits internes pour voir si le système est rôdé, les audits à blanc fait par un organisme indépendant qui sont comme un examen blanc pour voir si on peut nous admettre à la certification et puis l’audit de certification qui sont faits par des organismes accrédités par la Cofac. Nous

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BAT

EV AL

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• Études géotechniques, économiques et environnementales • Etudes urbanistitiques et foncières • Contrôle et supervision des travaux

INF RO RA UT ST ES RU ET CT UR ES

ET RS ES VE IRI DI VO AUX SE RE

matériel, la structure s’est dotée d’un parc informatique et des logiciels de pointe, une gamme complète de matériel topographique, un soutien logistique composé de véhicules tout terrains et utilitaires adaptés aux spécificités de chaque mission. Depuis 2003, Ecta BTP s’est engagé dans la démarche qualité fondée sur l’amélioration continue de ses prestations et l’écoute de ses clients. En septembre 2010, la PME obtient la certification NF EN ISO 9001 : 2008 , renouvelée en 2013 pour une durée de trois ans. Elle reste le seul bureau d’études de droit camerounais de sa spécialité certifié. Pour le Directeur général Pierre Meli, « c’est la reconnaissance internationale de la qualité de ses prestations depuis plus de 20 ans ! »

s ine rba ies s u oir ie r i ble s v vo ota de en up es ux ’ea iqu va hn tra tes n d tec es gis tio es le d ysa duc tud trô pa ’ad • É o n es e d • C Et u d n t r ô l • Co •

es tud t s é men ffres e l nt se ’O na inis el d pre ’assa ’App m co s d s d res ge ier tiè uvra Doss u o o r es et des tud acé on • É de tr orati lab •É

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e s sd ue re u d s risq é s jet oc hé es ro pr arc n d s p des s m stio e d n e e its tio d t g ud alua ation on e A v • É ss ati • pa alu v •E

NTS

• Etudes • Etudes architecturales • Contrôletechniques des travau x

CHIFFRE D’AFFAIRES DES CINQ DERNIèRES ANNéES

Turn over

2009

2010

2011

2012

2013

1 501466 300

1 307 500 793

3 311 094 952

2 798 889 137

1 773 701 449

avons lancé un appel d’offres pour choisir un organisme qui nous suit jusqu’à présent à savoir le bureau Veritas France», explique Chancelier Dongmo, responsable management de la qualité à Ecta BTP. Ainsi, huit éléments du système management et qualité mis en place à Ecta BTP ont été audités par le bureau Veritas France. En l’occurrence, le processus de direction, qui prend en compte trois sous processus : le management du système qualité, le contrôle gestion et recouvrement des créances et l’action commerciale. Le deuxième processus concerne les processus métiers : c’est le processus de maî-

trise des offres – PC02-, puis il y a le processus étude des projets. Le quatrième processus concerne la surveillance et le contrôle des travaux ; le processus N°5 concerne la gestion des ressources humaines, le 6è porte sur la gestion comptable et financière, le N°7 concerne l’apport logistique et affaires générales, et enfin le processus N°8 ayant trait à la gestion du système d’information. Couvrir de nouveaux segments du secteur Selon les responsables de la PME, ce renforcement du management des opérations mené par


business case mécanisme du système de management de la qualité de ecta-btp basé sur le principe amélioration continue

RESPONSABILITé de la direction

gestion des RH et du système qualité

vérification du système qualité

recrutement et formation

audit qualité interne

maîtrise des documents et des données

maîtrise des non conformité du système qualité

maîtrise des enregistrements

satisfaction des clients

exigences des clients

revue de direction

actions correctives et préventives

réalisation du projet processus des series gestion et techniques besoins spécifiques

livraison spécifique

analyses des besoins du client offre de service et prequalification

entente avec le client ouverture du projet revue du contrat

planification du projet

planification du projet

identification à tester de la documentation identification et gestion de la documentation du projet

mécanismes d'achat biens et services achat biens et services

stockage et manutention des produits fournis par le client

mécanismes de contrôle et correction du projet contrôle et suivi d'un projet

évaluation du projet et de la satisfaction du client achat de biens et services

maîtrise du produit service non conforme et actions correctives

procédures techniques

la structure lui permet d’assurer une synergie de ses efforts organisationnels et de l’engagement du personnel pour améliorer la satisfaction des clients, mieux répondre à leurs attentes et réaliser leurs objectifs tant techniques que budgétaires. Les objectifs de Ecta BTP sont la croissance de ses activités grâce à sa capacité à identifier et à satisfaire les besoins des clients, à la couverture de nouveaux segments du secteur d’activité, au développement de nouveaux marchés (zones géographiques) ; la maîtrise des coûts en production et au sein des projets ; la tenue de ses engagements et de ses délais contractuels par la maîtrise de la chaîne logistique et le manage-

ment des projets. L’atteinte de ces objectifs repose sur une politique de management qui s’articule autour de quatre axes majeurs : l’écoute et la compréhension des besoins des clients dès la conception des projets, des procédés et des équipements, afin de répondre à leurs exigences et leur fournir des produits et services qu’ils attendent ; le déploiement des méthodes d’amélioration continue du programme de réalisation des projets ; le développement et l’implication du personnel à tous les niveaux en favorisant l’initiative, la responsabilité et la communication notamment grâce au programme de développement de l’autonomie des équipes ; et au final l’amélioration de la sécurité

au travail par la mobilisation de chacun et par la mise en place des actions adéquates et des équipements appropriés. Ces stratégies incluent le souci d’amélioration permanente et le respect des exigences réglementaires et légales. Bref , «avec une technologie appropriée, Ecta BTP Sarl satisfait les besoins de ses clients avec des solutions , des produits et des services sans défaut…à temps», rassure le personnel. A raison, car au sein de cette structure on est conscient d’une chose : « La concurrence est rude. Il ya de nombreux bureaux d’études nationaux et internationaux sur le terrain, il faut être professionnel et assez performant, ensuite se battre pour gagner des parts de marché ». 

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business case

PORTRAIT

Pierre MELI

Fondateur et DG de Ecta BTP

« Rayonner au Cameroun et à l’étranger »

© photo D.R.

A 58 ans, Pierre Meli, fondateur et Directeur Général de Ecta BTP est fier du chemin parcouru « Ecta- Btp est aujourd’hui l’un des plus importants bureaux d’études multidisciplinaires d’ingénieurs conseil de droit camerounais. »

Lorsque le cadre de la Société d’Etudes pour le Développement de l’Afrique -SEDA- se décide à mettre sur pied le bureau d’études en 1989, alors qu’il n’a que 33 ans, le contexte économique est difficile . « Nous avons vu souffler à un certain moment le vent de la libéralisation. Nous voyions comment la SEDA, une société d’Etat dans laquelle j’ai travaillé pendant 15 ans battait de l’aile. Il y avait un certain vent qui soufflait sur le pays. Les sociétés d’Etat mourraient une à une de leur mort naturelle, c’est ainsi que certains de mes anciens collègues et moi prenons l’initiative, de créer Ecta – Btp », explique Pierre Meli, Ingénieur de conception génie civil sorti de la 4e promotion de l’Ecole nationale supérieure polytechnique de Yaoundé en 1979 et titulaire d’un MBA en gestion de l’Université du Québec à Montréal – Uquam- depuis 2005. Des débuts difficiles Le chef d’entreprise se rappelle que les

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débuts ont été très difficiles : « Nous avons commencé à mon domicile, les dessinateurs travaillaient sur ma véranda. Mon salon servait de bureau. Parfois je dessinais dans ma salle de bain jusqu’à 4h du matin. ». Aujourd’hui, l’entreprise occupe deux niveaux de l’immeuble qui a abrité les services de l’ancien Fonds National de Développement Rural (Fonader), emporté par le mauvais vent des années 90. Ecta BTP, transformé en Sarl en 1998, c’est également un capital de 2milliards de Fcfa contre 100 millions au départ. Et même, l’entreprise envisage de construire son siège dès janvier 2015, un bâtiment comportant deux sous-sols et R+6, au cœur de la capitale. En termes de perspectives, « Nous lorgnons les pays voisins du Cameroun, pour notre extension, » déclare Pierre Meli. Quid du choix pour sa profession ? « Le génie civil devient mon métier parce que les lectures que j’ai faites à l’époque ont beaucoup vanté ce métier et puis au moment où j’intègre polytech, je n’ai pas beaucoup de choix parce qu’à l’époque pour faire le cycle des ingénieurs de conception il fallait faire uniquement génie civil. » A cette période là, l’Etat avait besoin d’ingénieurs pour travailler dans l’administration et ceux qui acceptaient avaient un complément de bourse de 25 000 FCfa. Pas suffisant pour appâter Pierre Meli. La SEDA, un tremplin A sa sortie de l’école polytechnique en 1979, le jeune ingénieur préfère intégrer la Société d’Etudes pour le Développement de l’Afrique(SEDA) un bureau d’études national basé à Yaoundé, capitale

camerounaise. « A l’école, on avait mis dans nos esprits que nous étions fait pour travailler dans le privé. Presque 80% de nos enseignants étaient des Français qui ont mis dans nos têtes que nous étions faits pour aider le pays à partir du privé» Au sein de cette entreprise, il sera chef de projet et chef de mission de contrôle et d’une multitude de projets. Le casernement de la garde présidentielle, l’étude de la route Nana Tchakounté , la route John Ngu Foncha et la route Sultan Njoya sont quelques uns des projets majeurs qu’il aura conduits à la SEDA. « Je suis très heureux d’avoir été le géniteur de ces routes . Elles ont été construites en 1983, et reste intactes. Aujourd’hui, s’il y a un seul trou, c’est qu’il a été provoqué par un concessionnaire ou une force extérieure», déclare Pierre Meli qui regrette la tendance actuelle des entreprises à mettre un accent sur le calcul de rentabilité au détriment de la qualité. Son rêve est de voir son entreprise « rayonner autant à l’extérieur qu’ à l’intérieur du pays à travers son travail de qualité ». L’ingénieur de génie civil qui reste attaché à son école de formation est membre du conseil d’administration de l’association des anciens élèves de Polytech. Le père de plusieurs enfants, et mari de Lusian Meli DRH à Ecta BTP est par ailleurs Président du Conseil d’Administration (PCA) et fondateur depuis 2014, de la mutuelle communautaire de croissance (MC2), une entité de micro finance. La structure implantée en milieu villageois a déjà octroyé des crédits de plus de 500 millions «aux plus démunis ». 


entretien Myriam Mbuetang

FONKEU © photo D.R.

chef de département des études à Ecta BTP

« Les démembrements se feront en temps opportun » L’ingénieur de génie rural de formation, chef de département des études à Ecta BTP s’exprime sur l’ambition de l’entreprise à faire valoir ses compétences hors du Cameroun. Qu’est ce qui a motivé l’externalisation des services de Ecta BTP? Nous pensons que c’est une autre manière de vendre l’image du pays et par là aussi de nous affirmer hors du Cameroun. L’externalisation de Ecta BTP vise également la diversification de nos Clients pour minimiser les risques face à une éventuelle conjoncture comme celle survenue dans les années 90. Nous espérons également par cette voie étendre notre porte feuille d’affaires. Avez- vous un chronogramme précis de cette externalisation ? Nous n’avons pas un chronogramme pré-établi. Pour le moment, nous nous sommes limités en Afrique. Nous évitons tout de même des pays instables. Hors du Cameroun, nous répondons aux appels à candidature financés par des bailleurs de fonds internationaux.

Le pays étranger dans lequel nous avons réalisé le plus de marchés jusque là est le Gabon, vient ensuite le Tchad. Quelle proportion occupe les marchés étrangers sur l'ensemble des marchés gagnés par Ecta BTP ? Les marchés étrangers représentent environ 20% de notre porte feuille. Mais en 2014, nous n’avons pas de marchés hors du Cameroun. Ceux pour lesquels nous avons soumissionné ont été infructueux. Mais la quête continue. Quels sont vos faits d’armes sur ce terrain ? Ils sont nombreux nous ne pourrons tous les citer. Mais les plus marquants sont le contrôle et la surveillance des travaux d’entretien courant des routes en terre en République du Tchad (Lots A et B,

triennal) ; les études techniques et l’élaboration du dossier d’appel d’offres en vue du bitumage des routes urbaines à N’Djaména. Au Gabon, on peut citer la mission de Maîtrise d’œuvre complète des travaux de voiries pavées au quartier Balise à Port-Gentil (Gabon) – Phase 1 ; les études complémentaires de voirie pavée et de drainage à Libreville, Port-Gentil et Oyem. En RCA (Ndlr. République Centre-Afrique), il y a les études (APD, PEO, DAO), la supervision et le contrôle des travaux de réhabilitation des infrastructures de base dans la région n° 1 (Lot 1 et lot 2). Envisagez-vous  des   démembrements dans ces pays ? Bien sûr. Au moment où le besoin se fera senti. Le plus urgent, pour l’instant est d’avoir des marchés dans ces pays 

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business case

BTP au Cameroun

Un secteur florissant

Le montant de ce porte feuille dans le budget annuel de l’Etat va grandissant d’année en année, du fait des ambitions que le gouvernement nourrit pour ce secteur. Mais les PME camerounaises ne tirent pas assez profit de cette situation. Le Cameroun est actuellement un grand chantier. Constructions de port, de routes, d’autoroute, de barrages, logements sociaux… Le budget du ministère desTravaux publics, première dotation en importance de la loi de Finances 2014, est évalué à 262,592 milliards de FCFA. C’est que le pays veut être émergent en 2035 et il est important d’avoir des infrastructures de qualité. La réalisation de ces différents travaux est faite pour la plupart par les entreprises étrangères. Les structures occidentales et chinoises – Razel, Arab contractor, CHEC, CWE…- se partagent la plus grosse part, près de 90% contre 10% pour les nationaux. Une portion négligeable, selon les entreprises camerounaises, mais évolutive tout de même. « De façon naturelle, le secteur des BTP a été réservé aux expatriés, à l’époque coloniale, parce qu’ils avaient la technologie pour réaliser les grands travaux. Les nationaux étaient réduits à des tâches subalternes d’ouvriers. Cela est resté ainsi jusqu’aux années 70 où on a commencé à avoir des nationaux tels que Nanga Company», explique le Pr Théophile Yimgaing Moyo, président de l’ordre national des urbanistes du Cameroun Début 70, le Cameroun crée ses grandes écoles dans le secteur des BTP : l’Ecole nationale supérieure polytechnique d’abord et plus tard l’Ecole nationale supérieure des travaux publics qui forment des ingénieurs de haut niveau. Il y a eu par la suite une profusion de lycées techniques qui forment des contremaitres de bâtiments de travaux publics. La main d’œuvre de qualité est disponible.

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Faible participation des entreprises locales Le secteur se teinte d’entreprises aux couleurs locales au cours des années 85-90, Ketch, Mag, Buns etc. Pour un accompagnement conséquent, à l’aube de la privatisation, l’Etat met en place un programme de formation des entreprises locales, avec l’aide des bailleurs de fonds. Plusieurs programmes sont financés par ces partenaires du gouvernement et un tissu d’entreprises locales est mis en place. Les patrons de ces structures sont formés à la gestion d’entreprises. 24 ans après, « La plupart ont disparu. Heureusement, il y en a quand même qui pointe la tête et réalisent des marchés de plus de 40 milliards », se félicite-ton dans le secteur. 10% des parts de marché aux entreprises locales La plus grande difficulté pour celles qui se créent ou qui ont résisté est d’ordre matériel et pécuniaire pour Robert Esso, architecte : « La volonté y est, mais beaucoup d’entreprises camerounaises n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour s’imposer dans ce secteur. Conséquence logique, elles ne sont pas matériellement fournies. Le Matgénie et le Labogénie existent certes pour une éventuelle location de matériel. Mais même jusque là, ce n’est pas évident pour elles ». Les entreprises camerounaises gagnent à peine 10% des parts de marché. Les acteurs de la filière, pensent qu’elles méritent mieux, parce qu’on ne saurait construire un pays avec les entreprises étrangères. «Les en-

treprises nationales ont juste besoin d’un accompagnement financier. Le matériel est onéreux, hors de portée. Ailleurs l’Etat a soutenu les entreprises qui sont aujourd’hui des références. Le gouvernement fait de plus en plus confiance aux entreprises nationales, mais nous souhaitons qu’il y ait une clause de préférence nationale. Il y a des fois où un appel d’offres est lancé, aucune entreprise camerounaise dans la short list, alors qu’il y a l’expertise », regrette l’ingénieur Simon Pierre Manga. Réplique de Patrice Amba Salla, ministre des travaux publics, « ce n’est pas la concurrence des multinationales qui fait ombrage aux entreprises nationales, mais leur indigence organisationnelle, leur manque de perspective... Il y a des critères de sélection des entreprises pour conduire les travaux d’envergure. Entre autres, la surface financière ; le matériel ; le personnel qualifié… Malheureusement les entreprises nationales sont loin de remplir ces conditions. Pour les encourager à se faire la main et à acquérir des fonds, le gouvernement leur a accordé celle de l’entretien routier, mais même dans ce secteur, elles ne donnent pas très largement satisfaction ». L’avis du ministre n’est pas pour décourager ces entreprises qui fondent l’espoir de leur émergence sur la Banque camerounaise des PME (Bc – Pme) constituée en 2011 avec un capital de 10 milliards F CFA, mais qui n’est pas encore opérationnelle. L’institution bancaire, selon des indiscrétions glanées au ministère des PME devrait l’être en 2015. 


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entretien

Théophile Yimgaing MOYO président de l’Ordre national des urbanistes du Cameroun

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« Accorder plus de parts de marché aux entreprises nationales » Le président de l’ordre national des urbanistes du Cameroun analyse l’état du marché des BTP au Cameroun et formule des propositions pour un mieux être des entreprises et de la main d’œuvre locale. Quelle est votre appréciation sur le secteur des BTP au Cameroun aujourd’hui? Le secteur des BTP est en pleine évolution, il est florissant au vu de tous les grands chantiers qui sont lancés par le gouvernement autant au niveau des routes, des immeubles que d’autres ouvrages. Il est en phase avec l’ambition du Cameroun d’être émergent en 2035. C’est un secteur qui draine d’énormes masses d’argent et qui reste à plus de 90% dominé par les expatriés, les Chinois y compris. Il y a une grosse part des marchés chinois qu’ils obtiennent parce qu’ils viennent avec la technique et l’argent, soit sous forme de don, soit sous forme de prêt. Sur le marché camerounais compte tenu de l’ancienneté des pays de l’UE (Ndlr. Union Européenne), les Chinois doivent faire beaucoup d’efforts pour s’imposer. Sur le plan politique, le Cameroun manœuvre habilement entre les grandes puissances pour ne pas s’enfermer dans des monopoles qui pourraient lui être préjudiciables. Les européens et les Chinois sont là et bientôt les Indiens et les Brésiliens. C’est une bonne chose. Les entreprises camerounaises bénéficient elles de cette prospérité dans le secteur ? La construction est chère, surtout lorsqu’il s’agit des grands travaux à l’instar des

routes, des autoroutes, des grosses infrastructures immobilières ou certaines infrastructures portuaires. Il y a beaucoup d’entreprises camerounaises qui n’ont ni la capacité technique, ni la technologie, encore moins la surface financière nécessaire pour pouvoir postuler au même titre que les entreprises internationales. Donc elles n’en tirent pas grand profit. On lance toujours des appels d’offres internationaux qui drainent beaucoup d’entreprises expatriées Bouygues, Contractor, Satom, Dragages, CHEC… Le BTP est un secteur qui draine d’énormes sommes d’argent vers l’extérieur et qui a les caractéristiques de ne pas être profitable sur le plan de transfert de technologies aux nationaux. En plus clair … Les Chinois importent la main d’œuvre. Ils travaillent avec leurs compatriotes. Mais on peut aussi se plaindre des pratiques européennes qui de par leur système de management ne favorise pas l’éclosion des techniciens camerounais. Les Camerounais sont des ouvriers, ils occupent des tâches subalternes et ne sont souvent pas placés dans les conditions d’apprentissage. Les écoles de formation ont tendance à former des ingénieurs de bureau, très peu sont assigné à des stages, des tâches de terrain. Quand vous faites 10 ans dans un bureau, vous n’êtes plus à même de faire le travail pour lequel vous avez été formé.

Que font les différents ordres nationaux pour promouvoir l’éclosion de l’expertise nationale dans le secteur des BTP ? Les ordres nationaux font des plaidoyers auprès du gouvernement pour que plus de considération et plus de parts de marché soient accordés aux entreprises nationales. Nous demandons la priorité aux nationaux s’il y a du travail dans un secteur qui les concerne mais le plus souvent ces ingénieurs se heurtent à des forces occultes qui favorisent plutôt les entreprises étrangères au détriment des Camerounais. Les appels d’offres peuvent être nationaux. Nous plaidons contre ces habitudes qui veulent qu’on donne des marchés à ce qui ne sont pas habilités à les réaliser. Un ministre qui donne un marché d’architecture à un commerçant. C’est impensable. Il faut une volonté politique qui puisse créer des conditions pour que les entreprises camerounaises aient accès aux financements auprès des banques. Les banques sont sur liquides, mais les entreprises ont de la peine à avoir un cautionnement pour un marché gagné de haute lutte. Les entreprises camerounaises doivent pouvoir réaliser des travaux d’envergure sinon, elles ne pourront jamais être parfaitement compétentes. Il faut leur donner les moyens pour financer leurs entreprises et leurs travaux et puis mériter la confiance des entreprises publiques et des maîtres d’ouvrage. 

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Les acteurs de la filière

La secteur de la construction est en plein essor

Chantier pour la construction d'une route

Dans le secteur des BTP du Cameroun, le Ministère des Travaux publics et celui de l’Habitat et du Développement urbain sont les maîtres d’ouvrage, le ministère des marchés publics et l’agence de régulation des marchés publics sont les principaux maillons de la chaîne du BTP au Cameroun. De manière détaillée, le ministère des Travaux Publics (Mintp) est responsable de la supervision et du contrôle technique de la construction des infrastructures et des bâtiments publics ainsi que de l’entretien et de la protection du patrimoine routier national. A ce titre, il est chargé d’élaborer la politique de construction, de maintenance et d’entretien des infrastructures, bâtiments publics et des routes; d’effectuer toutes études nécessaires à l’adaptation aux écosystèmes locaux de ces infrastructures en liaison avec le ministère chargé de la recherche scientifique, les institutions de recherche ou d’enseignement et de tout autre organisme compétent; d’assurer la promotion des infrastructures, des bâtiments publics et des routes en liaison avec le Ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire. Le Mintp assure également le contrôle de l’exécution des travaux de construction des infrastructures et des bâtiments publics conformément aux normes établies ; apporte son concours à la construction et à

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l’entretien des routes, y compris les voiries urbaines, en liaison avec les départements ministériels et organismes compétents. Le ministère de l'Habitat et du Développement urbain (Minhdu) est quant à lui responsable de l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière d’habitat et de développement urbain. En matière d’habitat, il est chargé de l’élaboration et de la mise en œuvre d’un plan d’amélioration de l’habitat, tant en milieu urbain qu’en milieu rural ; de la mise en œuvre de la politique d’habitat social et du suivi de l’application des normes en matière d’habitat. En matière de développement urbain, il est chargé de l’élaboration et du suivi de la mise en œuvre des stratégies d’aménagement et de restructuration des villes en relation avec les administrations concernées, et de l’élaboration et de la mise en œuvre des stratégies de développement social intégré des différentes zones urbaines. Autres obligations, l’élaboration et la mise en œuvre

des stratégies de gestion des infrastructures urbaines en liaison avec le Ministère des Travaux Publics ; l’embellissement des centres urbains en liaison avec les départements ministériels et les collectivités territoriales décentralisées intéressés ; le suivi de l’élaboration des plans directeurs des projets d’urbanisation en liaison avec les Collectivités Territoriales Décentralisées. Le ministère des marchés publics (Minmap) qui est l’autorité contractante a pour attributions le lancement des appels d’offres des marchés publics ; la passation des marchés publics et le contrôle de leur exécution sur le terrain ; la participation, le cas échéant, au montage financier des marchés publics, tout cela en liaison avec les départements ministériels et les administrations concernées. Autre structure, l'Agence de régulation des marchés publics qui assure la régulation du système de passation des marchés publics et des conventions de délégation des services publics.


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Formation

Une offre diversifiée L'École nationale supérieure polytechnique de Yaoundé, créée en 1971, est la pionnière de toutes les institutions camerounaises d’enseignement supérieur du BTP. Cette école d'ingénieurs est une composante de l'Université de Yaoundé I, l’une des huit universités du pays. Elle revendique aujourd’hui près de 2 000 ingénieurs formés. À l'origine elle formait des ingénieurs de travaux (Bac +3) et des ingénieurs de conception (Bac +5). Aujourd’hui, l’école supérieure forme des ingénieurs de conception dans les filières génie civil (bâtiment et travaux publics, génie urbain), génie informatique, génie électrique, génie industriel, génie télécommunications et génie mécanique. Les responsables de cet établissement sont fiers de constater que « les diplômés de cette école exercent partout dans le monde et poursuivent des carrières d'ingénieurs aussi bien aux États-Unis, au Canada, en France, au Japon en Angleterre, en Australie, que dans la plupart des pays africains. » Dans les années qui suivront, il est prévu d'installer sur le site de l'école polytechnique une zone franche universitaire. Une vingtaine d’instituts privés spécialisés en BTP Le système éducatif de l'École nationale polytechnique de Yaoundé vient de passer au système LMD. En 1974, la deuxième grande école publique, l’Ecole Nationale de Technologie (ENAT) est créée. Elle devient l’Ecole nationale supérieure des travaux publics (ENSTP) en 1982. Cette école placée sous la tutelle du Ministère des Travaux Publics a pour vocation la formation

de cadres supérieurs et moyens du corps du Génie Civil et du Génie Rural et de Topographie Cadastre. En outre la formation contient également un cycle de spécialisation des cadres en management. L’objectif de l’ENSTP est de former des cadres experts, et des techniciens capables d’exécuter ou de participer efficacement à tout projet dans le domaine des infrastructures rurales dans celui des infrastructures routières, hydrauliques et bâtiments, pour la filière génie civil. A la faveur de la réforme universitaire de 1993, les instituts supérieurs privés se sont ajoutés à l’offre de formation. Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, les filières qui concernent le secteur des BTP sont ouvertes début 2000. La même source laisse entendre qu’il existe une vingtaine d’instituts privés dans ce domaine de formation dont plus de la moitié se trouvent dans les villes de Yaoundé et Douala. Elles offrent des cycles courts (BTS) et des cycles longs (Bac + 5) pour devenir ingénieurs. L’institut universitaire Siantou, est le premier à offrir cette formation à travers son Institut Supérieur de Technologie. Il forme en cycle court des Chefs chantier, Calculateurs métreur, Techniciens de laboratoire des matériaux, conducteurs de travaux, et en cycle long des ingénieurs et architectes dans les entreprises de travaux publics. A Douala, l’un des instituts les plus réputés est l'Institut Supérieur des Technologies et du Design Industriel (ISTDI) devenu l’Institut universitaire de la côte. Il offre depuis 2002 des formations en génie civil

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Le Cameroun compte une kyrielle d’écoles supérieures publiques et privées dans le secteur des BTP.

L'École nationale supérieure polytechnique de Yaoundé

sanctionné par un BTS ou une Licence professionnelle. « Par la qualité de sa formation, l’ISTDI compte actuellement parmi les leaders de l'enseignement supérieur privé Laïc de la sous région Afrique Centrale », se félicite le management de l’établissement. Il existe aussi l’Institut universitaire du Golfe de Guinée que la cellule de communication du ministère de l’Enseignement qualifie de "petit frère de polytechnique dans le privé" du fait de la qualité de ses équipements. L’école offre les mêmes formations que ses pairs en cycle court et cycle long. Ces écoles ont déjà mis sur le marché de l’emploi plusieurs promotions de jeunes camerounais. Et elles sont fières de dire que leurs produits s’en sortent plutôt bien « Nous en avons partout, dans les structures de renom comme dans les petites PME », explique Lucien Wantou Siantou, fondateur de l’Institut universitaire qui porte son nom. Ailleurs, on précise que « ces jeunes ont eu les enseignements nécessaires qui leur permettent de travailler à leur propre compte. Ils sont nombreux dans ce cas ». 

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dossier

Réalisé par Elimane Sembène

Assurances en Afrique

Un marché de plus de 800 milliards de FCFA Le secteur de l’assurance a connu un développement significatif ces dernières années sur le continent. Beaucoup d’Africains souscrivent de plus en plus aux assurances vie et non vie pour diverses raisons. D’après le rapport de la Fédération des sociétés d’Assurance de droit national africaines (Fanaf) publié en février 2013, 16 pays ont collecté 833,3 milliards de FCFA de cotisations en 2012, soit 9,2% de plus qu’en 2011. Décryptage. Cette étude de 104 pages révèle une augmentation significative des cotisations émises en assurances vie et non vie durant la période 2008-2012. En quatre ans, elles sont passées de 52,8 milliards de $ à 71,9 milliards de $. D’après la Fédération des sociétés d’assurance de droit national africaines (Fanaf), cette hausse est « moins prononcée que pour le marché mondial (4 220,1 milliards de dollars US en 2008 ; 4 612,5 milliards de dollars US en 2012). La part relative de l'assurance africaine dans le monde augmente légèrement de 1,25% en 2008 à 1,56% en 2012 » Au total, en 2012, les 16 pays de la zone Fanaf ont collecté 833,3 milliards de FCFA de cotisations soit 1270,4 millions d’euros, soit une hausse de 9,2% par rapport à 2011.

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La Côte d’Ivoire, premier contributeur du marché Les apports diffèrent d’un pays à l’autre. La Côte d’Ivoire reste le premier contributeur du marché avec 19% des cotisations, suivie du Cameroun (18%), du Gabon (14%), et du Sénégal (12%). Les autres places sont respectivement occupées par le Congo Brazzaville, le Burkina, le Bénin et le Togo ces pays concentrent entre 3% et 5% des cotisations. Les 15% restantes sont émises par le Burundi, Centrafrique, Guinée Conakry, Madagascar, Mali, Niger, Rwanda, Tchad. « L'année 2012 a connu une évolution de +9,2% pour l'ensemble des 16 pays étudiés. Tous les pays enregistrent une progression positive de leurs cotisations sauf le Sénégal (-0,6%). La plus forte hausse étant observée au Congo Brazzaville (+45,1%). Cette forte hausse

s’explique par la performance des industries extractives et les prouesses des autres secteurs comme le BTP, les télécommunications ainsi que l’amélioration des revenus des ménages», précise la Fanaf. Prédominance de l’assurance non vie L’assurance non vie a représenté 72% de l’ensemble des cotisations en 2012. Une tendance qui est restée stable depuis 2000, selon la Fanaf. « Bien que la part non vie soit majoritaire dans tous les pays étudiés, de grandes disparités existent selon les pays (de 55% en Côte d’Ivoire à 98% en Centrafrique) », constate-elle. Quant aux cotisations médianes par habitant, elles sont passées de 1336 FCFA en 2005 à 2487 FCFA en 2012, soit une évolution moyenne de 11%. Le Gabon arrive en tête avec une cotisation


dossier EVOLUTION DES PRIMES DIRECTES VIE ET NON VIE DE 2008 À 2012 (16 PAYS)

RÉPARTITION DES COTISATIONS NON VIE PAR PAYS EN 2012

( en milliards de francs CFA)

614,5

655,8

763,4

723,0

Togo 4%

Bénin 4%

833,3

Mali 4% Burkina 5%

Autres (*) 16% Congo Brazza 9%

Sénégal 12%

Côte d'Ivoire 19%

Gabon 14% Cameroun 18%

2008

2009

2010

2011

2012

RÉPARTITION DES COTISATIONS VIE PAR PAYS EN 2012 Togo 7% Gabon 7%

Burkina 6%

Cameroun 17%

RÉPARTITION DES COTISATIONS VIE PAR PAYS EN 2012 Togo 7%

Bénin 4%

Sénégal 9%

(*) Burundi, Centrafrique, Guinée Conakry, Madagascar, Niger, Rwanda, Tchad

Autres (*) 10%

Gabon 7% Sénégal 9%

Côte d'Ivoire 40%

(*) Burundi, Centrafrique, Congo Brazzaville, Guinée Conakry, Madagascar, Mali, Niger, Rwanda

Cameroun 17%

Burkina 6%

Bénin 4% Autres (*) 10%

Côte d'Ivoire 40%

(*) Burundi, Centrafrique, Congo Brazzaville, Guinée Conakry, Madagascar, Mali, Niger, Rwanda

moyenne de 63.825 FCFA grâce notamment aux cotisations non vie où la cotisation moyenne est supérieure à 50.000FCFA. Le Congo Brazzaville occupe la 2e place avec une cotisation moyenne par habitant de 13 654 FCFA.

Les autres pays (Burundi, Centrafrique, Guinée Conakry, Madagascar, Niger, Rwanda, Tchad) représentent 16%. (…) La cotisation médiane par habitant est de 1 801 francs CFA en 2012 pour les 16 pays étudiés», révèle l’étude.

Les statistiques confirment la prédominance de l’assurance non vie dans le marché des assurances en Afrique. A titre illustratif, les 16 pays de la zone Fanaf ont collecté 602 milliards de FCFA de cotisations (917,7 millions d’euros) en 2012, soit plus de 8,9% qu’en 2011. La Côte d’Ivoire est le premier contributeur avec 19% des parts de marché, devant le Cameroun (18%), le Gabon (14%) et le Sénégal (12%). « Ces quatre pays représentent 63% du marché de l’assurance non vie. Viennent ensuite : le Congo Brazzaville, le Burkina Faso, le Bénin, le Togo et le Mali (entre 3% et 6%).

51% de cotisations pour les «assurances collectives» Autre aspect évoqué par le rapport, le pourcentage des cotisations non vie par branche. On y constate que l’assurance « Automobile » domine avec 34% des cotisations, s’en suivent celles relatives aux « Accidents et Maladies » avec 22%, l’assurance « Incendie » 15%, l’assurance « Transports » avec 14%, et enfin 4% pour la « RC Générale » et 9% pour les autres risques. Les assurances vie ont pour leur part représenté 231 milliards de FCFA (352,5 millions d’euros) dans le volume des cotisations, soit une

augmentation de 9,9% par rapport à 2011. La Côte d’Ivoire occupe encore la première place avec 92,8 milliards de FCFA (40% du marché), suivie du Cameroun (17%) et le Sénégal (9%). Pour les cotisations émises par habitant, c’est le Gabon qui contribue le plus avec une cotisation moyenne par habitant la plus élevée (9864 FCFA), devant la Côte d’Ivoire (3970 FCFA), et le Togo (2443 FCFA). « Les cotisations vie sont ventilées en trois grandes branches : Assurances individuelles : en cas de vie ; en cas de décès, mixtes, épargne, capitalisation et complémentaire – Assurances collectives : en cas de vie ; en cas de décès, mixtes, épargne, capitalisation et complémentaire – Acceptations. Les cotisations "Assurances individuelles" représentent 48% des cotisations collectées en 2012 et les "Assurances collectives" 51%, indique la Fanaf. 

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dossier

Les assureurs marocains à l’assaut de l’Afrique subsaharienne

Le groupe SAHAM détient 35 compagnies d'assurance dans 19 pays africains

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L’Afrique est devenue une destination privilégiée pour les ténors marocains de l’assurance. Prise de participation, rachat de filiales, ouverture de nouvelles antennes … Autant de stratégies pour conquérir un marché à fort potentiel.

Face à la saturation du marché local, les assureurs marocains déploient leurs ailes dans d’autres pays du continent, plus particulièrement en Afrique subsaharienne. Le groupe Saham détenu part l’homme d’affaires marocain Moulay Hafid Alami (actuel ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique), a été l’un des pionniers dans ce domaine avec le rachat de l’assureur panafricain Colina pour un montant qui avoisine les 100 millions d’euros. Actuellement, cette société d’investissement détient 35 compagnies d’assurances dans 19 pays africains, à travers sa filiale Saham Assurances. Elle avait effectué en novembre 2013 une opération d’une grande envergure en rachetant l’entreprise angolaise GA Angola Seguros SA, la plus grande compagnie d’assurance privée du pays en termes de revenus générés. S’appuyer sur les réseaux bancaires Très vite, d’autres groupes marocains à l’image de RMA Watanya, vont lui emboîter le pas. Cette filiale spécialisée dans les assurances du holding FinanceCom dirigé

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par le milliardaire Othman Benjelloun a racheté en mars 2014, quatre filiales du groupe ivoirien Belife Insurance présentes en Côte d'Ivoire, au Cameroun et au Togo dont ses deux filiales implantées au Cameroun. D’après elle, ces trois pays de la zone CIMA (Confédération interafricaine des marchés d’assurances) ont été « ciblés en raison de la taille de leur marché et de leur niveau de développement ». RMA ne souhaite pas se limiter à ces acquisitions, elle prévoit de s’implanter dans près d’une dizaine de pays africains d’ici 2020, en visant un niveau de primes qui varie entre 400 et 500 millions de $ dans les marchés cibles. «Nous visons à devenir, à l’horizon 2020, un acteur de référence de l’assurance africaine. (…) Nous ne nous interdisons aucun scénario de développement, encore moins une zone géographique. Notre ambition est de construire, pays par pays, là où le potentiel et l’opportunité se présentent, un groupe panafricain d’assurance en nous appuyant sur le réseau bancaire de notre groupe, notre expertise technique dans le domaine de l’assurance et les atouts des partenaires locaux», a déclaré à l’hebdomadaire marocain « La Vie éco », Zouheir Bensaid président du directoire RMA Watanya. Pour mieux intégrer le marché africain, la compagnie envisage de s’appuyer sur Bank Of Africa, (filiale détenue à hauteur de 54,9% par la BMCE Bank) présente dans une quinzaine de pays africains. Les groupes Banque Centrale Populaire (BCP) et AttijariWafa Bank ne souhaitent pas rester inactives. Ils ont été également séduits par les moult opportunités de croissance sur le continent. Le premier a acquis 50% des filiales d’assurances de la Banque Atlantique (Côte d’Ivoire) au Togo et en Côte d’Ivoire. Déjà en 2012, la BCP avait conjointement créée avec l’ivoirien Atlantic Financial Group, le holding bancaire Atlantic Business International (ABI). Le second a annoncé en septembre 2014, l’ouverture de deux filiales « Wafa Assurance Vie S.A » et « Wafa Assurance S.A » au Sénégal, « une première étape dans la stratégie Wafa Assurance en Afrique subsaharienne », indique un communiqué de l’entreprise. 


dossier

Afrique

Point de convergence des géants mondiaux de l’assurance

Depuis quelques années, l’Afrique constitue un nouvel Eldorado pour les géants mondiaux de l’assurance. Face à la crise qui sévit en Europe, le continent apparait comme une alternative pour conquérir de nouveaux marchés dans un espace loin d’être saturée. En effet, le secteur de l’assurance ne décolle pas en Afrique. D’après une étude publiée le 21 octobre 2014 par le cabinet PricewaterhouseCoopers, le taux de pénétration de l’assurance en Afrique est de 3,5%, en deçà de la moyenne mondiale (6,3%) et de celle des marchés développés (8,3%). Un énorme potentiel donc à exploiter. Les compagnies internationales l’ont compris et s’y attèlent. Le groupe allemand Allianz présent dans 11 pays africains prévoit de mettre en place une stratégie pour développer ses activités dans le continent au cours des six prochaines années. Pour Hervé Gloaguen membre du comité exécutif d’Allianz France et président d’Allianz Africa, «l’Afrique est une évidence». Le fonds d’investissement français Wendel semble confirmer ses dires. Il a racheté fin novembre 2013, 13,3% des parts du groupe marocain Saham. Wendel envisage d’investir 2 milliards d’euros en Afrique d’ici 2017.

L’Afrique, une niche d’opportunités Le premier assureur des EtatsUnis American International Group In. (AIG), Swiis Re et le groupe français Axa ont racheté des participations que possédait Leapfrog Investments dans des sociétés d’assurances africaines. Ce groupe s’active dans les secteurs de l’assurance, de l’épargne, des retraites et des services de paiements. De même, cette firme a cédé le 8 octobre 2014, ses parts de l’assureur kenyan Apollo Investments Ltd à Swiss Re. Auparavant, elle avait vendu en 2013 les parts qu’elle détenait dans l’assureur ghanéen Express Life Insurance au groupe Prudential présidé par l’ivoirien Tidiane Thiam. Ce fut d’ailleurs la première opération de la compagnie britannique en Afrique subsaharienne, mais elle ne souhaite pas s’arrêter là. «Nous pensons que l'Afrique pourrait être la nouvelle Asie, aussi bien pour nous en tant que compagnie d’assurances que sur le plan de la croissance économique globale», a déclaré Matt Lilley le DG de Prudential en Afrique. Son homologue britannique Old Mutual PIC prévoit de décaisser 460 millions de $ pour son développement en Afrique.

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Plusieurs compagnies d’assurance mondiales se ruent vers le marché africain soit par des prises de participation, soit à travers l’ouverture de nouvelles filiales. Avec un faible taux de pénétration de l’assurance estimé à 3,5%, le continent est une niche à exploiter.

Outre le faible taux de pénétration de l’assurance, existe-t-il d’autres raisons qui expliquent cet intérêt manifeste de ces multinationales ? Oui, selon Andrew Kuper fondateur de Leapfrog Investments. «Nous sommes à un point d'inflexion immense dans l'histoire. Plusieurs millions de personnes en Afrique commencent à être en mesure de se couvrir contre les risques et à recourir aux outils que fournissent les assureurs», a-t-il déclaré à l’agence américaine Bloomberg, avant de renchérir, «nous voyons un plus grand engagement des principaux assureurs internationaux en termes de nombre de pays africains couverts et d’importance des parts qu’ils contrôlent dans des sociétés africaines ». 

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assurances

Entretien

Adama NDIAYE © photo D.R.

Président de Fédération des sociétés d’Assurances de droit national africaines (FANAF)

« concevoir des produits adaptés aux besoins des assurables » D’après une étude publiée le 21 octobre 2014 par le cabinet PricewaterhouseCoopers, le taux de pénétration de l'assurance en Afrique est de 3,5%. Un taux qui reste très bas par rapport à la moyenne mondiale (6,3%) et à la moyenne des marchés développés (8,3%). Peuton avoir les dernières statistiques officielles du secteur de l’assurance en Afrique ? Il n’existe malheureusement pas de statistiques officielles du secteur de l’assurance africaine, même si des publications telles que le rapport SIGMA sur l’assurance dans le monde font référence. Dans son édition relative aux données de l’année 2013, SIGMA estime les primes non vie du continent à 72,4 milliards de dollars soit 1,56% du chiffre d’affaires mondial. Le taux de pénétration de l’Afrique est estimé 3,5% et la densité à 66,3 dollars par tête, soit environ 10% de la moyenne mondiale. Des organisations telles que la FANAF (28 pays), la CIMA (14 pays) publient annuellement les statistiques des pays ou des sociétés membres. Celles-ci, sont toutefois très partielles

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et n’ont pas la prétention d’être les statistiques officielles du secteur en Afrique. Quels sont les marchés les plus dynamiques dans le continent ? L’assurance est tributaire du secteur économique et d’un certain nombre d’autres facteurs sur lesquels nous reviendrons. Les marchés les plus dynamiques sont, donc, sans surprise, celles dont les économies sont les plus significatives comme l’Afrique du Sud qui représente 72% des émissions, le Nord de l’Afrique (Maroc, Egypte, Tunisie et Algérie) qui contribue pour environ 10%, le Nigeria avec 2,5% a des souscriptions équivalentes à celles de la zone CIMA qui compte 14 pays. Dans son rapport publié en février 2013, la FANAF révèle que l’assurance non vie a représenté 72% de l’ensemble des cotisations en 2011 si l’on cumule le volume dans les 16 pays africains. Qui-est-ce qui explique cette prédominance de l’assurance non vie sur l’assurance vie ? L’assurance vie est tributaire du ni-

veau d’urbanisation et de la scolarisation des populations, mais cela n’explique pas tout. Le vrai problème réside, de mon point de vue, dans l’absence d’innovation et de dynamisme commercial. Ce sentiment est conforté par une étude menée par un cabinet conseil de la FANAF cette année qui révèle que seuls 21% des sondés sont assurés et parmi ces assurés, 82% estiment l’avoir fait à cause de contraintes légales. Selon les conclusions de la même étude, 56% des sondés affirment avoir été approchés par des assureurs mais ne comprennent pas toujours de quoi il s’agit, 38% pensent que l’assurance n’est pas nécessaire et 37,5% estiment n’avoir pas les moyens financiers pour y souscrire. Ce sondage édifiant révèle que le travail de conscientisation qui aurait pu faire connaître et faire adopter l’assurance fait défaut, ce qui laisse le libre champ à toutes sortes des préjugés. Le besoin d’assurance existe pourtant, il suffit de le capter en déployant des stratégies de demande pour concevoir des produits adaptés


dossier aux besoins des assurables. Il faudrait pour cela, commencer par aller vers les populations pour étudier leurs besoins et concevoir des produits adaptés à leur demande et leur pouvoir d’achat. On constate de plus en plus que de grandes compagnies d’assurance mondiales à l’image de Allianz, Prudential, Axa, Old Mutual PIC, etc. se ruent vers l’Afrique. Leur présence massive ne risque-t-elle pas de réduire davantage la marge de manœuvre des sociétés d’assurances locales ? L’arrivée de ces groupes internationaux n’est pas nouvelle car certains d’entre eux sont sur le continent depuis près d’un quart de siècle. Son intensification ces cinq dernières années est porteuse d’opportunités pour les assureurs qui parviendront à hisser la qualité de leurs prestations aux normes actuellement en cours sur tous les marchés matures, pour les assureurs qui auront compris que les assurés attendent désormais des assureurs une écoute attentive et un accompagnement au quotidien matérialisé par le prêt d’un véhicule lorsque le leur est accidenté, le relogement en attendant la remise en état de leur domicile incendié, leur prise en charge par des structures d’urgence et leur évacuation vers des infrastructures médicales de qualité, le versement d’une pension décente lorsqu’ils sont à la retraite, le versement d’une allocation en cas de chômage, etc. De tels assureurs existent heureusement en Afrique ou des groupes et des sociétés 100% africaines tiennent la dragée haute à ces internationaux en donnant des prestations équivalentes. Ces groupes et sociétés africaines, de tailles plus modestes, présentent en sus l’avantage d’être plus flexibles, moins centralisées et de mieux connaître les marchés, leurs spécificités et leurs acteurs, ce qui n’est pas négligeable dans un continent où la réactivité, le relationnel et l’affectif continuent de guider dans une large mesure, les choix des assurés.

La formation en actuariat n’est pas très développée en Afrique. Plusieurs cadres sont formés à l’étranger. Comment inverser cette tendance ? Le métier d’actuaire en lui-même reste un mystère pour une bonne frange des professionnels. Mon point de vue est qu’il appartient aux actuaires d’en promouvoir la vulgarisation et le développement à travers leurs associations professionnelles afin de mieux faire connaître leurs compétences, non seulement dans le domaine de l’assurance et de la banque, mais également dans les autres domaines. Vous organisez du 16 au 19 février 2015 à Madagascar, votre 39e Assemblée Générale Annuelle sous le thème : « L’Assurance dans une Afrique en mutation ». Quels sont les principaux enjeux de cette rencontre ? Cette 39ème Assemblée Générale de la FANAF est la première organisée par le nouveau bureau porté à la tête de la FANAF en février 2014 à OUAGADOUGOU. C’est aussi la première organisée sur la Grande Ile. Elle a suscité des réticences de la part de certains membres car Madagascar est à plus de 10 heures de vol de la plupart des pays membres. Le principal défi est donc celui de l’ouverture de notre Fédération vers les pays de la COMESA (Ndlr. Marché commun de l’Afrique Orientale et Australe), les îles de l’Océan Indien et le Moyen-Orient, par une bonne communication et la traduction simultanée des conférences et des supports en anglais, alors que l’usage exclusif du français était la règle lors des assises de la FANAF. Il s’agira, également, pour nous, de réfléchir à Madagascar sur l’attitude que notre profession se doit d’adopter face à des risques comme la cybercriminalité ou des opportunités telles que le digital. Nous serons également appelés à réfléchir sur notre rôle face aux grandes endémies, sur la Responsabilité sociétale des Orga-

nisations et sur la place que les assureurs seront appelés à jouer dans les systèmes de protection sociale, au moment où, sous l’impulsion de partenaires au développement, la tendance est à l’instauration, aussi bien en assurance maladie qu’en assurance retraite, de paliers obligatoires confiés aux institutions publiques ou parapubliques de protection sociale.. Etes-vous optimiste quant aux perpectives de croissance de l’assurance en Afrique ? Je suis très optimiste quant aux perspectives de croissance de l’Assurance en Afrique. Les raisons d’espérer ne manquent pas dans la mesure où, si la causalité est difficile à établir, on ne saurait nier la très forte corrélation entre la souscription de produits d’assurances avec l’alphabétisation, le pouvoir d’achat, le niveau d’urbanisation et l’aversion aux risques. Or, le constat est que l’Afrique s’urbanise, s’alphabétise et enregistre des niveaux de croissance très importants. Elle fait également face à des périls nouveaux d’origine humaine ou naturelle et à une « crise » des valeurs et des comportements qui induisent un besoin de protection de plus en plus fort. Les prévisionnistes s’accordent sur le fait que l’inflexion de toutes ces tendances, positives ou négatives, n’est pas pour demain. S’y ajoute un formidable développement des technologies de l’information et de la communication qui élargit les frontières de la distribution de l’assurance en permettant de toucher, à travers la mobile assurance ou massurance et la m-microassurance, des populations jadis inaccessibles et d’accélérer et de sécuriser les moyens de collecte des primes et de paiement des sinistres. De telles évolutions ne pourront qu’impacter positivement le secteur des assurances en Afrique, en permettant de toucher de nouveaux types de consommateurs d’assurance et d’explorer de nouvelles niches porteuses. 

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tpam® un modèle de management 100 % Africain est né Réussir à transformer durablement son entreprise, un dessein qui hante la plupart des dirigeants. Toutefois, l’ampleur et la complexité des changements à effectuer apaisent souvent l’engouement. Cet ouvrage présente une approche structurée de la transformation des organisations à travers un modèle global, cohérent et intégré : Le modèle TPAM.

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Les Instigateurs du modèle

© photo D.R.

Le Pôle Prévoyance de la Caisse de Dépôt et de Gestion Maroc

Le modèle TPAM est totalement inspiré du modèle d’excellence du Pôle Prévoyance de la Caisse de Dépôt et de Gestion. En effet, TPAM est le résultat d’un travail de conceptualisation des facteurs clés de succès ayant permis au Pôle de réussir une transformation spectaculaire basée sur plusieurs leviers : • Adoption d’un système de management de la qualité totale ; • L’alignement aux standards internationaux ; • L’implémentation d’une organisation totalement dématérialisée; • Le développement d’un système d’information urbanisé et aligné; • L’agilité organisationnelle… Les réalisations et les performances enregistrées ont été reconnues par les organisations aussi bien nationales qu’internationales. En effet, plusieurs distinctions ont couronné le programme d’excellence du PP CDG. 

• Prix AISS des bonnes pratiques 2014 de l’Afrique pour : Gestion relation client multicanal et totalement agile • Trois Certificats de mérite de l’AISS avec mention Spéciale pour : Dispositif de de prévention anti-corruption • Premier Prix des Nations Unies au Service Public pour la Région Afrique - Catégorie ''Prévention et Lutte Contre la Corruption'', 2013 • 2e prix des services publics des Nations Unies catégorie ''Improving the Delivery of Public Services for the initiative 0-papers'', 2012 • Trois Certificats de mérite de l’AISS pour les projets : - Dispositif de com interne comme levier du Management RH et d'alignement stratégique de l’entreprise, - Pilotage de la performance - Mise en ligne de services publics, 2011 • Prix «International Star for Leadership in Quality» catégorie Or, 2011

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Les composantes essentielles

du modèle TPAM Le Modèle TPAM est formalisé autour de quatre composantes essentielles : 1. La combinaison TROPHE® : regroupe les grands facteurs clés de succès qui ont permis au PP CDG d’implémenter son modèle d’excellence. 2. Les Principes d’Agilité et de Performance (PAP) : un ensemble de principes de gestion et de management qui facilitent le fonctionnement du modèle et l’orientent continuellement dans le sens de l’agilité et de la performance. 3. Le TPM (Total Performance Management) : symbolise la performance globale mesurée à travers la va-

leur créée et adressée à toutes les parties prenantes 4. Le TAM® (Total Agility Management) : considère l’agilité selon une approche globale impliquant toutes les composantes de l’organisation. Le modèle TPAM foisonne de nouveaux concepts de management: TAM®, CAMiCAS®, PAP, Roue 6 [A]², Matrice LD du manager agile, C5 étoiles de la valeur® …. Nous vous présenterons à chaque fois dans le cahier du manager de votre revue ABJ certains de ces concepts inédits.

C5 étoile

Combinaison

TROPHE

de la valeur®

Le modèle d'excellence du PP CDG

TPAM

PAP

Principe d'Agilité et de Performance

TPAM®

Total Agility Management

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Le Parrain-Sponsor du modèle TPAM®

Le groupe Afrique Challenge

GROUPE

« N’ayant pas su tirer parti de la révolution industrielle, l’Afrique ne peut manquer le rendez-vous des Technologies de l’information et de la société de la connaissance. Nous sommes convaincus que l’Afrique 2.0 que nous appelons de nos vœux est en marche. Une nouvelle Afrique bien décidée à devenir un véritable acteur de développement et non plus un enjeu pour les autres puissances. Et bien déterminée à constituer un espace de création de connaissances et d’intelligences à dimension universelle et non plus un marché de consommation de connaissances produites par les autres… A cet égard, il nous faut inventer un management africain qui tout en s'appropriant les best practices universellement reconnues, fera la part belle au facteur C, je veux dire "Culturel."» Alioune Gueye PDG du Groupe Afrique Challenge

Le Groupe Afrique Challenge, l'Afrique qui ose! dont le siège social est à Casablanca, est une compagnie de conseil et de formation à vocation africaine, dont l'Afrique est l'espace de travail quotidien. Notre portefeuille comprend 1926 entreprises du Maroc à Madagascar, et du Sénégal à Djibouti. Notre conviction est qu'il nous faut inventer un management à l'africaine, en nous appuyant sur nos valeurs culturelles, car l'expérience démontre les limites de la transférabilité des concepts anglo-saxons de management. Le Groupe Afrique Challenge comprend 5 filiales: • Afrique Challenge Dirigeant, au service exclusif des dirigeants africains, dont la vocation est de leur apporter les derniers outils de management et des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication indispensables à la gestion de leurs entreprises et administration.

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• Priorité Formation, dédiée aux cadres et assistant(e) s africains pour leur permettre d'acquérir les techniques modernes de management, de partager des expériences réussies, et d'échanger des meilleures pratiques. • Hippocrate Training Center, dédiée au management de la santé au service des professionnels du secteur de la santé. • Afrique Events, dédiée à la communication et l'évènementiel. • Afrique Challenge Edition, dédiée à l'édition des ouvrages et des condensés sur les problématiques de l'entreprise africaine.


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L’Auteur-Concepteur du modèle TPAM®

© photo D.R.

Khalid Limamy

Khalid Limamy est professeur à l’Université Mohammed V Rabat, et à la Faculté des Sciences de l’Education. Co-fondateur de la Communauté des praticiens et chercheurs en management des organisations, il œuvre pour rapprocher le monde de l’entreprise et celui de la recherche universitaire. Il est membre du comité de pilotage du Centre d’Expertise et de Formation pour l’Entreprise CEFE. Il intervient auprès des entreprises pour accompagner les dirigeants dans la conduite de projets de changement et de transformation. Le chercheur a pu concevoir et formaliser le modèle TPAM après trois années de recherches effectuées au PP CDG selon une démarche scientifique qui peut être résumée en trois grandes phase : une phase exploratoire, une phase confirmatoire et une phase de conceptualisation-modélisation (voir encadré).

Démarche de construction du modèle TPAM® Analyse rétrospective Etude exploratoire Analyse des facteurs clé de succès

Etude confirmatoire

Validation des facteurs clés de succès

Conceptualisation des facteurs clé de succès confirmés Conceptualisation-modélisation

Mise en cohérence des concepts dans un modèle global de management

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Total QAP

Le modèle TPAM peut être appréhendé à travers une alliance entre la qualité, la performance et l’agilité : la qualité est généralisée à toutes les composantes de la chaîne de valeur de l’entreprise en vue de garantir la performance conçue selon une approche globale. La performance est constamment exploitée pour accroître le degré d’agilité de l’entreprise et l’agilité permet de renforcer continuellement la performance et de la maintenir dans la durée. Agilité Totale

Qualité Totale

• Agilité technologique : elle désigne la capacité de la technologie à s’aligner continuellement au métier et à la stratégie et également à renforcer l’agilité des autres composantes de l’entreprise ; • Agilité technique : elle se réfère à la capacité à intégrer rapidement toute offre de valeur incluse dans le domaine d’activité de l’entreprise ; • Agilité culturelle : celle-ci renvoie à la capacité de l’entreprise à relier les pratiques managériales et les outils de management à la culture de l’entreprise et aux valeurs de ses acteurs ; • Agilité humaine : elle évalue la capacité des Hommes de l’entreprise à recomposer leur portefeuille compétences et à fonctionner dans un système caractérisé par une multiplicité des rôles et des responsabilités. Toute entreprise convoitant progresser dans le sens de l’agilité totale doit évaluer son degré d’agilité à tous les niveaux de l’organisation. Pr. Khalid LIMAMY, l’auteur de l’ouvrage «Le modèle TPAM » propose à cet effet un outil de mesure de l’agilité totale qui permet de se positionner simultanément par rapport aux six dimensions de l’agilité totale précitées. L’outil permet ainsi d’éviter les pratiques usuelles qui consistent à agir à chaque fois uniquement sur la dimension la plus affectée par le changement.

Performance Totale Le triangle Total QAP

Le TAM® : Total Agility Management

Le TAM® inscrit l’agilité organisationnelle dans une logique d’amélioration continue tout en réconciliant, dans une approche systémique bien comprise, les différentes composantes de l’entreprise. Il intègre en particulier plusieurs dimensions de l’agilité qui se nourrissent et se renforcent mutuellement : • Agilité stratégique : l’agilité est au centre des préoccupations stratégiques de l’entreprise ; • Agilité organisationnelle : elle renvoie à la capacité de l’entreprise à reconfigurer sa structure organisationnelle en fonction des exigences des projets stratégiques ;

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Réponses personnalisées aux clients 5 4 3

Capacité du métier à associer les parties prenantes

Capacité du métier à intégrer toute offre de valeur

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Expertise métier

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Dossier réalisé par Sylvio Combey

TOGO

Les handicapés visuels dans le viseur La situation des handicapés visuels au Togo semble préoccuper de plus en plus beaucoup de personnes et d’Organisations de la société civile. Au delà des écoles spécialisées, des initiatives se multiplient en leur faveur.

Des écoles spécialisées Déjà depuis les années 1970, se sont ouvertes des écoles spécialisées pour accueillir les personnes souffrant d’handicap visuel. L’une des premières à ouvrir ses portes dans la capitale Lomé, c’est le Centre «Ephata». Quoique confessionnel, car porté par les fidèles de l’Eglise « Les Assemblées de Dieu », le Centre a commencé par ouvrir les bras à toutes personnes vivant avec ce handicap. D’années en années, grâce aux efforts de la société civile et encore plus des handicapés eux-mêmes, des centres ont vu le jour. En 2014, on en compte au moins une dans toutes les cinq régions économiques du pays. Les élèves, des handicapés visuels, commencent depuis là, non seulement leur apprentissage mais

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Ecoliers sortant après les cours du Centre spécialisé EPHATA

aussi leur insertion dans la vie sociale. Nombreux sont aujourd’hui ceux d’entre eux qui ont compris que leur place n’est pas au bord des routes à quémander mais sont dépositaires d’activités génératrices de revenues à l’image de Jérémie Yao Vidja, député à l’Assemblée nationale, et qui subvient aux besoins de ses frères et sœurs. Plus d’accès à la micro finance L’un des problèmes auxquels cette catégorie de personnes est souvent

confrontée est qu’aucune bénéfice de doute ne leur accordé afin qu’ils puissent capitaliser sur leurs talents. Mieux encore, aucun soutien financier ne leur est garanti si ce n’est des dons en vivre et monétaires que des groupes organisés et associations leur octroient, généralement en fin d’année. Pendant tout le reste de l’année, ils sont abandonnés à eux-mêmes. En 2012, la donne a changé grâce à l'Association pour la promotion des femmes handicapées du Togo

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Difficile d’établir des statistiques claires sur le nombre de handicapés visuels au Togo. Ils sont bien nombreux pourtant. A l’échelle mondiale, les chiffres parlent de 600 millions de personnes handicapées dont 15% de la population souffrant d’un handicap visuel. Depuis quelques années, les actions et initiatives pour favoriser l’insertion de ces personnes se multiplient.


Du sport pour mieux vivre Depuis plus de dix (10) ans, les personnes souffrant du handicap visuel ne sont pas écartées des activités sportives. Elles sont impliquées et s’y donnent à cœur joie. Un championnat national leur est organisé chaque année. Au départ, ce sont juste les handicapés moteurs et mentaux qui étaient concernés mais depuis quelques années, l’implication des handicapés visuels aussi a pris de l’ampleur. Les personnes handicapées se sont aussi investies dans différentes activités sportives pour leur épanouissement personnel et social. Les 15 et 16 novembre 2013 se tenait à Kara, au nord du Togo, le 10ème championnat national pour les personnes handicapées (moteurs

et mentaux). Cent joueurs étaient présents pour des compétitions d’athlétisme, de lancer de poids, de javelot, de tennis de table et de basketball. Le championnat était organisé par la Fédération Togolaise du Sport Para olympique (FETOSPA). Les meilleurs des différentes disciplines ont été sélectionnés pour le championnat d’Afrique Handisport de 2014. Parallèlement, il existe aussi une Fédération togolaise de sports pour personnes handicapées. Des jeux para olympiques leur sont consacrés chaque année. CBM à la rescousse Dans la quasi totalité des actions en faveur des handicapés qu’ils soient visuels ou non, un nom revient toujours, Christofel BlindenMission (CBM). Cette Organisation chrétienne allemande basée au Togo se veut

Sortie de l'école

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De jeunes écolières discutant entre elles pendant la récréation

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Les jeunes écolièrs suivent attentivement le cours en classe

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Jeune écolier en classe

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(APROFEHTO). Avec l’appui d’une ONG allemande, Christofel BlindenMission (CBM), cette association est parvenue à développer un programme qui permet aux femmes handicapées d’avoir accès aux crédits auprès des institutions de micro finance. Cette initiative cible tout type d’handicap, les handicapées visuelles n’en sont donc pas marginalisées, de même les mères des enfants handicapées. Le projet financé à hauteur de 37 millions de FCFA, pour une durée d’un an, prévoit entre autres, le renforcement des capacités de la femme handicapée en tant que citoyenne mais aussi, une facilitation à l’accès au micro crédit à travers le système de l’épargne et du crédit . Pour les responsables de l’APROPHETO, non seulement le projet devra leur permettre d'avoir accès aux services financiers mais aussi à gagner la confiance et l’estime de soi.

un cadre pour améliorer la qualité de vies des personnes handicapées et celles en risque d’handicap vivant dans les sociétés les plus défavorisées. CBM, à en croire les promoteurs, veut réduire l’incidence des déficiences évitables et les conditions qui causent le handicap, et offre des opportunités en vue de leur intégration sociale, leur insertion social et la sécurité de leurs sources de revenus. Les actions en faveur des déficients visuels se poursuivent, de même que le lobbying. Le gouvernement togolais, a finalement décidé de créer une direction au Ministère de l’action sociale pour mieux se pencher sur la situation des personnes handicapées. Cette direction devra élaborer les stratégies de protection et de promotion, et coordonner l’ensemble des actions entreprises en leur faveur. 

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L' Orchestre Happy Brothers jouant de la musique devant un partaire de jeunes gens

TOGO

La reconversion des handicapés visuels Le monde des handicapés physiques ou visuels est souvent lourd à maitriser pour le commun des mortels. Et pourtant, ils arrivent à émerveiller avec leurs talents souvent cachés par les préjugés de la société. Au Togo, nombreux sont les handicapés visuels qui arrivent à surmonter ce stéorotype.

Croire que le handicap est une fatalité au Togo relève désormais du passé. Ceux qui sont dépourvus de la vue arrivent à le prouver avec une reconversion dans des activités qui leur permettent de mettre en valeur les autres sens. Ils deviennent de plus en plus nombreux à faire carrière dans le monde musical. Emmanuel, de la chorale à l’Orchestre Emmanuel Eglo, est un handicapé visuel. Depuis sa naissance en 1973, il n’a jamais pu apprécier les lueurs de soleil, mieux encore, de ses propres cheveux. Il a perdu la vue sans que cela ne soit sa volonté. Il est né ainsi. Mais depuis lors, malgré la mise en quarantaine qu’il a subi dans les rangs de ses quelques rares amis valides et même dans sa propre fa-

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mille, il n’a jamais su croiser les bras. En revanche, il sait mettre en valeur des talents innés. « Je suis né avec la musique, j’aime chanter... », nous confie-t-il acquiesçant sa tête, pour vraiment insister là-dessus. Très jeune, il rejoint la Chorale de l'Eglise Catholique "Immaculée Conception" d’Agbalépédo, une banlieue de la ville de Lomé. Là il sera repéré par un bienfaiteur, précise-t-il, qui le placera à l’école des non-voyants à Togoville pour apprendre à écrire et lire le braille (Ndlr. Alphabet des non-voyants). Il va ensuite, avec ses autres amis handicapés visuels, mettre en place un Orchestre baptisé Happy Brothers au début des années 2000. Et depuis lors, il est devenu un batteur incontournable au sein du groupe. Avec ses pairs, ils sont souvent invités dans des Egli-

ses, des manifestations publiques. Autant d’activités qui leur permettent de s’affirmer et montrer le handicap ne devrait pas être en effet un handicap. « Les gens m’apprécient d’ailleurs plus que les personnes valides ». Même si Emmanuel n’a franchi que le premier cycle dans le cursus scolaire, il s’exprime couramment dans un français clair et bien articulé. Et quand la question du handicap revient, il préfère se remettre à la providence divine « Dieu fera que nous allons vivre normalement comme les autres ». Emmanuel Eglo n’est pas le seul handicapé visuel à sortir du lot avec de la musique. Pour beaucoup, la vue est perdue, mais ils sont nombreux, ces handicapés visuels à développer leur ouïe et les autres sens.


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des Eperviers du Togo à la fête du ballon rond, le tube n’a cessé de passer en boucle sur les stations de radio avec un nombre record de téléchargements sur les sites internet. Non seulement, la mélodie est douce, elle est bien dansante sur un rythme très apprécié par les mélomanes. Autant de prouesses qui prouvent à suffisance que l’homme est pétri de talents. C’était pour lui, sa manière de pousser les « 11 » à la victoire. Dieudonné, l’abnégation du succès Dieudonné Willa, lui, va plus loin. Aujourd’hui, il est un artiste confirmé. L’homme a su montrer ses preuves à la veille de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2013 en Afrique du Sud avec une chanson pour l’équipe nationale. Alors que ce n’était pas la chanson officielle retenue pour la participation

Après la CAN 2013, Dieudonné ne s’est pas non plus arrêté en si bon chemin. Il va une fois encore surprendre les mélomanes togolais et de la diaspora. Cette fois-ci, ce n’est plus les amoureux du ballon rond qu’il séduit avec sa voix suave mais le citoyen lambda qu’il appelle à ne pas désespérer car soutient-il, la vie est un livre, et à chacun d’écrire sa propre page. « Avant que je ne sois né, avant que je ne trouve la vie,

mon chemin est déjà tracé. Je savais ce que je serai, je savais ce que je ferai. Voilà bien pourquoi, je crie en disant, chemin tracé, je marcherai, j’avancerai, je réussirai. Et les gens verront, ils s’étonneront, voilà Dieudonné qui fonce… », dit-il en substance dans sa chanson. Un peu comme Dieudonné et Emmanuel, nombreux sont ces handicapés visuels qui ne se contentent plus de se morfondre sur leur sort mais prennent plutôt les taureaux par les cornes. Même le jeune Roland Sossou du l’Institut des Aveugles du Togo (IAT) Kekeli Neva veut faire carrière. A l’âge de 14 ans, il semble emboiter les pas de ses aînés et fait des compositions musicales sur des rythmes d’ambiances comme les stars de la musique togolaise «Toofan». Somme toute, le handicap visuel n’est plus une fatalité au Togo.

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social

Kekeli Neva Le Centre qui ouvre à la lumière Dans presque toutes les cinq (5) régions économiques du Togo, il y a un Centre d’initiation et de formation des déficients visuels à l’écriture braille. C’est un peu le cas du Centre Kekeli Neva qui depuis le 15 Octobre 1984, essaie autant que faire se peut, de faire tomber le mythe selon lequel l’handicap rime avec l’oisiveté.

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l’externat mais toujours sous la supervision du Centre Kekeli Neva. A en croire Gagnon Folly, le Centre n’est pas que dans l’enseignement. Des portes sont ouvertes à des formations professionnelles pour des élèves qui n’ont plus la capacité de continuer leurs études et un atelier de fabrique de craies légères et non poussiéreuses pour ceux qui n’ont pas pu évoluer ni par l’école ni par la formation professionnelle.

A quelques 67 kilomètres au sud est de Lomé, à togoville, première capitale du Togo au temps colonial, se trouve l’Institut des aveugles du Togo (IAT) "Kekeli Neva" qui veut dire littéralement en français « Que la lumière jaillisse ». Selon la Soeur Michelle Sossou, Directrice du Centre, l’idée est de faire sortir les enfants non voyants et malvoyants de « l’obscurité » à la lumière, cette catégorie de personnes souvent maladroitement marginalisée. Le Centre doit son existence à un Père Combonien italien Fabio Gilly. Ce dernier, à en croire la Soeur Sossou a dû perdre la vue au cours de sa mission à togoville alors qu’il roulait à bicyclette. Il avait le choix entre perdre la vue et l’ouïe mais étant un Prêtre,

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il aura décidé de garder l’ouïe pour nous dit-on, mieux écouter les sollicitations des fidèles. Une centaine d’élèves chaque année A ce jour, le Centre Kekeli Neva prend en charge une centaine d’élèves chaque année. Les élèves ne sont pas que des Togolais, ils viennent aussi des pays frontaliers, pour son sérieux, soutiennent les encadreurs. Les classes, vont de la maternelle au cours moyen deuxième année. Selon les explications de Komlan Gagnon Folly, surveillant général du centre des aveugles, des classes sont aussi ouvertes de la Sixième à la Terminale pour les élèves âgés de plus de 20 ans et à

Mais pour Jérôme Améganvi, enseignant dans sa 25ème année à l'IAT, encadrer un non-voyant n’est pas facile. « Il faut beaucoup parler. C’est dans le parler qu’ils (ndlr les élèves) comprennent la description des schémas et croquis. Au moins, même s’ils n’arrivent pas dessiner, ils arrivent à en donner les différentes parties », explique-t-il. Mais il reste ferme, « il n’y a plus de raisons de faire garder les non voyants à la maison ». Au centre Kekeli Neva, il faut débourser 50.000 F CFA (environs 75 Euros). Ce montant couvre les frais de scolarité, d’hébergement et de restauration. Mais de l’avis des encadreurs, c’est la croix et la bannière pour les parents. « La plupart des élèves viennent et sont laissés à nous. Nous n’avons pas de fonds conséquents de roulement mais nous faisons avec les moyens de bords », confie le sieur Gagnon Folly. 


Entretien avec le député Jérémie Vidja

« Je vis seul et je fais tout seul » Aîné d’une famille, Jérémie Yao Vidja est l’un des handicapés visuels qui ne se sont pas laissé dominer par leur handicap. Non seulement handicapé à la naissance, il est aussi orphelin de père. Très vite, il fera ses premiers pas au Centre des Aveugles de Kpalimé, (122 km au nord de la capitale Lomé), il a su gravir les marches aussi difficiles de la vie jusqu’à celle de l’hémicycle togolais. Il nous raconte son histoire.

ABJ: Comment Jérémie Vidja estil devenu un non voyant? Jéremie Vidja : Je suis un non voyant de naissance (1er Mai 1980) mais dont la corpulence a rendu un peu vieux. Très tôt abandonné par la famille paternelle. A un an, mon papa est décédé. Je ne l’ai jamais vu, ayant perdu la vue. Ma maman a été rejetée par la famille paternelle, dans la même année. Il fallait composer avec les personnes de bonnes volontés. Elle a dû se débrouiller pour m’élever. Vous comprenez aussi que la mère soit aigrie

que son premier enfant soit un non voyant. Et cela avait des répercussions sur moi. Elle ne m’a pas traité avec beaucoup d’humanité. Elle m’imposait des mets que je n’appréciais pas mais elle soutenait qu’elle n’avait aucun soutien et que je devrais moi aussi accepter tout ce qu’elle se débrouillait pour me trouver à manger. A 9 ans, il aura fallu que la matrone qui a aidé ma mère quand elle était parturiente, revienne nous apporter son coup de pouce quand elle m’a retrouvé sans rien faire. Et c’est là qu’elle

m’a aidé à m’inscrire dans une école de non voyants. Même cette étape décisive dans ma vie n’a pas été sans difficultés. La famille maternelle s’y est opposée au départ avant de lâcher du lest parce que soutenaient-ils, j’allais les quitter et fréquenter à plus d’une centaine de kilomètres d’eux. Et le début c’était aussi facile? Pas du tout! Quand j'ai entamé mes études primaires, c’était vraiment la croix et la bannière. Il y avait toute une série de difficultés

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que nous avons traversées. Mais ça m’a plutôt formé loin de m’anéantir. Les encadreurs nous ont appris à tout faire. Au cas où l’eau ne coulait plus dans les robinets, c’est nous-mêmes qui allions chercher de l’eau, sceaux et bassines sur la tête, dans une rivière pas trop loin du Centre. La cuisine, nous la faisons nous mêmes. Chercher du bois pour faire le feu, nous le faisons nous-mêmes et il y a en a qui se fendillaient d’ailleurs les pieds avec la hache parce qu’ils ont mal positionné le bois. De Kpalimé où nous fréquentions, nous avons été ramenés à Atakpamé (à 98 km de Kpalimé) pour une intégration avec les voyants dans des écoles pour personnes valides. Nous suivions tous les cours avec eux au même moment. A l’étape d’Atakpamé, je suis retourné en famille. N’ayant pas de moyens, il fallait chaque jour parcourir 3 km à pieds à travers des chemins sinueux et dans des collines pour aller au cours. Il m’arrivait de trébucher et tomber en chemin. J’ai dû affronter tout cela même au Corps d’enseignement générale d’application (CEGA) qui est une école normale supérieure; au Collège Saint Albert le Grand (école confessionnelle ndlr). Le chemin de l’Université m’a été ouvert. Avez-vous l’impression d’avoir été maltraités? Loin de nous de croire que nous avons été maltraités, pour nous c’était plutôt une formation. La preuve, vous êtes chez moi, je suis seul. Je vis seul et je fais tout seul, la cuisine, les achats, la lessive. Quoique pour certains linges il me faut l’envoyer pour un lavage à sec. C’était carrément une vie militaire mais j’en suis très heureux aujourd’hui. Et votre cohabitation avec les valides pendant vos études? Hum. !! (Il pousse léger soupire)!

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Ça n’a pas non plus été facile. Je retiens du moins qu’ils nous trouvaient différents d’eux et nous estimaient hors du commun. Ils nous prenaient pour des gens qu’on ne doit pas approcher, bref, il y en qui nous fuyait carrément. Lorsqu’on nous mettait avec eux dans les mêmes bancs, ils trouvaient toujours des moyens pour nous esquiver. C’était compliqué! A un moment donné, il aura fallu qu’on se plaigne pour que les enseignants tapent du poing sur la table. Il y a des livres que nous avions difficilement en braille. Lorsque les voyants lisent, nous on croisait les bras et on repartait à la maison avec tout ce que nous avions pu retenir. Il nous arrivait de quitter des épreuves parce qu’elles n’étaient pas en braille. Malgré tout cela nous avons pu avancer quoique j’aie échoué deux fois au Collège. Les raisons de mon échec, si vos voulez le savoir, étaient dû au manque de matériels et des encadreurs qui se souciaient peu de nous. Pour surmonter tout cela nous avons pu nous familiariser aux machines de dactylographie qui nous permettaient de faire nos saisies de texte. Malgré ces péripéties, vous semblez avoir tenu bon… Bien évidement. J’ai même été à la faculté de Droit à l’Université de Lomé sauf que j’ai dû raccrocher en année de Licence pour entrer dans la vie active et enseigner le braille. Au départ, je voulais devenir animateur radio. J’avais même débuté à Radio Excelsior (radio rurale ndlr) et j’animais une émission dénommée « Le monde des handicapés ». Je dois souligner que j’étais fasciné aussi par la politique pas pour la former mais pour moi, c’était un canal par lequel je peux défendre les droits de personnes handicapées surtout que la convention relative aux personnes handicapées a pu confirmer par des études que 15 %

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de la population mondiale est handicapé. J’ai un principe cher à moi, celui de ne pas faire le culte de la personnalité. Cela fait que j’ai parfois des difficultés avec des ainés politiques. Pour moi, c’est clair, il y a des inégalités sociales à corriger. A 34 ans vous vivez encore seul, c’est un choix? J’ai trop souffert avant d’arriver à ce stade et je me dis que la femme que je dois trouver doit être une femme assez sociable, C’est cela qui justifie la lenteur du choix que je voudrais faire. C’est moi-même qui ai pris du recul pour chercher mieux au lieu de tomber sur quelqu’un qui puisse constituer une embuche pour moi demain. Vous voulez une femme idéale? Elle n’existe pas mais il faut qu’en même trouver quelque chose de proche de l’idéale. A vous suivre de près, l’handicapé ne doit pas considérer son handicap comme un blocus dans la vie…Je vais d’abord interpeller les gouvernements à valoriser les actions des personnes handicapées car comme on le dit « faire quelque chose pour moi sans moi c’est le faire contre moi ». Je les exhorte donc à impliquer davantage les personnes handicapées dans les actions gouvernementales. Et pour mes amis handicapés, je leur dis qu’ils doivent s’affirmer, ne pas rester passif, dans leur chambre ou dans la rue. Nous avons des talents à mettre en pratique et nous pouvons faire plus que des personnes valides pour l’avancement de la société tout entière. 


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Mécanicien remplçant la nuit les plaquettes de freinage d'un véhicule

Le travail de nuit serait cancérigène

Avec Revue Médicale Suisse

Dans les pays industrialisés, 20% des salariés sont concernés par le travail de nuit. Pourtant, les effets du travail de nuit sur la santé sont peu traités par les revues médicales générales, alors que le travail de nuit a des conséquences non négligeables sur les systèmes cardiovasculaires et digestifs entre autres, comme l’ont démontré de nombreuses études ces dernières décennies.

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Le travail de nuit a encore récemment attiré l’attention quand il a été déclaré cancérigène probable (catégorie 2A) par le Centre international de recherches sur le cancer. Ainsi dans cet article, seront passés en revue les troubles de la santé qui peuvent être générés ou aggravés par le travail de nuit. Est considéré comme travail de nuit tout travail effectué durant la plage horaire de 23 h 00 à 06 h 00 (plus ou moins 1 heure). Une étude allemande de 2008 montre que le travail de nuit est un facteur de risque pour les maladies coronariennes, indépendamment de l'âge, du sexe et des facteurs de risque traditionnels. L'épaisseur intimamédia est en moyenne plus im-

portante chez les personnes ayant une histoire de travail de nuit de cinq ans ou plus, par rapport à ceux qui n'ont jamais travaillé de nuit. D'après les résultats de multiples études, les travailleurs de nuit ont un excès de risque de 40% pour les maladies cardiovasculaires par rapport aux travailleurs de jour. Risque d’hypertension artérielle et de tabagisme Non seulement le travail de nuit a un effet propre dans la survenue des maladies cardiovasculaires, mais il augmente aussi l'incidence des facteurs de risque traditionnels. Ainsi, le travail de nuit favorise l'apparition de l'hypertension artérielle. La prévalence du ta-


santé & entreprise bagisme est également plus importante chez les travailleurs de nuit par rapport aux travailleurs de jour. Une étude menée en 2006, qui a suivi des travailleurs pendant deux ans, a montré que les travailleurs de nuit étaient plus nombreux à commencer à fumer en comparaison avec les travailleurs de jour (après ajustement vis-à-vis de l'âge, du niveau de formation, du sexe, de l'exigence du travail et de la latitude décisionnelle). L'index de masse corporelle et la prévalence du diabète seraient augmentés chez les travailleurs de nuit par rapport aux travailleurs de jour, mais cela reste encore à confirmer. Ulcère peptique Les troubles digestifs sont rapportés chez 20 à 75% des travailleurs de nuit. Ils sont d'ailleurs estimés être la cause d'abandon du travail de nuit chez 30% des travailleurs. Les symptômes les plus fréquemment rapportés sont les douleurs épigastriques et les troubles du transit. L'association des ulcères peptiques avec le travail de nuit a déjà été démontrée dans de nombreuses études. Pietroiusti montre que la prévalence d'ulcères duodénaux chez les travailleurs de nuit infectés par l'Helicobacter pylori est quatre fois supérieure à celle des travailleurs de jour également porteurs de l'infection, après ajustement aux différents facteurs de confusion.

Troubles du sommeil et fatigue Des troubles du sommeil associés à une fatigue chronique sont les symptômes les plus fréquemment rapportés par les travailleurs de nuit. Il en découle un manque de vigilance qui augmente le risque d'accident au travail ainsi que sur le chemin de retour du travail. Même si les causes d'un accident sont souvent multiples, on ne peut pas manquer de relever que de grands accidents environnementaux survenus à Tchernobyl et à Bhopal se sont produits pendant les postes de nuit. Travail de nuit et grossesse Pour les femmes enceintes, il est

connu que le travail de nuit est un facteur d'insuffisance pondérale de l'enfant à la naissance, de prématurité et d'avortements. Dans une étude prospective, Schernhammer a mis en évidence une augmentation de l'incidence du cancer du sein chez les infirmières travaillant la nuit comparées à celles qui n'avaient jamais travaillé de nuit. Le risque relatif était de 1,79 chez celles qui avaient travaillé de nuit pendant vingt ans ou plus, après ajustement à l'âge, à l'âge des premières ménarches, au nombre de parité, à la ménopause, à la contraception orale, à l'hormonothérapie substitutive et à l'histoire familiale.

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itechnologiques nnovations 2GO

L’application qui domine Facebook au Nigéria 2GO, c’est l’application de Chat qui tient tête à Facebook au Nigéria. Créée en 2007 par deux jeunes étudiants sud-africains, elle est aujourd’hui le premier réseau social du pays avec 9 millions d’utilisateurs.

Facebook a des soucis à se faire, au Nigéria en particulier. Chez la première puissance économique de l’Afrique, une sérieuse rivale lui dame le pion. Son : 2GO. Cette application de chat a vu le jour en 2007, grâce à l’ingéniosité de deux jeunes sud-africains Ashley Peter et Alan Wolff qui ont étudié l’informatique à l’Université du Wits à Johannesburg. Cette application est destinée aux utilisateurs de Smartphones et de téléphones classiques. «Nous avons eu l'idée de créer 2GO pour répondre aux besoins des populations qui n'ont pas de Smartphone. En Afrique, c'est le cas de la plupart des gens. L'application est téléchargeable dans le monde entier, mais elle est surtout utile pour ceux qui veulent chatter via un simple téléphone portable», indique Ashley Peter. 9 millions d’utilisateurs … Et des perspectives prometteuses En sept ans d’existence, la start-up a grandi. Actuellement 16 personnes y travaillent. Elle ne connait pas un franc succès en Afrique du Sud, pays d’origine de ses créateurs, mais plutôt au Nigéria où

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9 millions d’utilisateurs actifs utilisent cette application. Mieux, 2GO est le premier réseau social du pays devant Facebook et l’application "Mixit". Ashley dévoile les coulisses de cette hégémonie, «notre application fonctionne sur n'importe quel téléphone low cost ou sur les Smartphones Android quelle que soit leur puissance. On s'est d'ailleurs aperçus qu'au Nigeria, lorsque les gens changent de téléphone pour acheter un Smartphone, ils restent sur 2GO pour chatter avec leurs amis». Des perspectives prometteuses se dessinent pour la start-up, car l’internet mobile connait une forte croissance au Nigéria. A en croire la commission nigériane des communications, le nombre d’utilisateurs d’internet sur téléphone mobile a doublé entre juin 2012 et juin 2013, en passant de 26,3 millions d’utilisateurs à 48,1

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Par Babacar Seck

millions. Autre avantage, les téléphones mobiles classiques représenteront toujours 85% du marché africain en 2015, d’après le cabinet de consultants en télécoms Informa. Malgré cette tendance rose, les créateurs de 2GO ne souhaitent pas exploré d’autres marchés comme celui de l’Iphone. Ils souhaitent d’abord consolider les acquis. « Nous n'avons pas l'ambition de développer l'application sur iOS car l'iPhone n'est pas vraiment populaire en Afrique. Et puis, nous restons une petite structure », affirme Ashley. 


innovations technologiques

Prix Anzisha 2014

L’esprit entrepreneurial primé

Quatre jeunes talents du continent ont été couronnés lors de la quatrième édition du Prix Anzisha. Des entrepreneurs qui ont mis sur pied des projets innovants au profit de leurs communautés respectives. La ville de Johannesburg en Afrique du Sud a accueilli la cérémonie de remise des prix pour l’édition 2014 du concours Anzisha, qui distingue les meilleurs jeunes entrepreneurs africains et qui encourage l’esprit entrepreneurial à travers le continent. 339 candidats issus de 32 pays ont pris par à cette compétition intellectuelle. Mais au final, quatre jeunes entrepreneurs se sont distingués. Le choix n’a pas été facile pour le jury, reconnait Josh Adler, directeur du Centre of Entrepreneurship de l’African Leadership Academy. « Chaque année, il est de plus en plus difficile de choisir un gagnant. Tous nos finalistes de cette année sont de radieux exemples de l’esprit d’entreprise des jeunes qui, nous l’espérons, sauront inspirer les jeunes de tout le continent et les pousser à créer des entreprises similaires», a-t-il indiqué. Le premier prix est revenu au camerounais Alain Nteff pour son projet "Gifted Mom ". Il s’agit d’une plateforme électronique dédiée aux femmes enceintes qui vivent dans des zones précaires. A travers ce portail, il souhaite aider les femmes à mener à bien leurs grossesses et réduire le taux élevé de mortalité maternelle et infantile. Pour mener à bien cette mission, il collabore avec des prestataires de services de santé et des étudiants en médecine. Le concept est simple: l’équipe crée des profils pour les femmes enceintes et leur envoi des alertes automatisées pour permettre à ces futures mères d’avoir accès aux

soins prénatales. Ce projet a permis la formation de plus de 200 étudiants en médecine et la sensibilisation plus de1200 femmes enceintes. Grâce à ce programme, le taux de fréquentation des services prénatals des femmes enceintes est connu une hausse de 20% dans quinze communautés rurales du Cameroun. Le Centre of Entrepreneurship de l’African Leadership Academy lui a remis 25.000 $ pour soutenir son entreprise. Des projets innovants, à vocation sociale Outre Alain, d’autres jeunes développent aussi des initiatives à vocation sociale. C’est le cas de la Sud-Africaine Thato Kgatlhanye qui a reçu le deuxième prix doté d’une enveloppe 15.000 $, grâce à son projet « Repurpose Schoolbags ». Concrètement, cette productrice âgée de 21 ans fabrique des sacs pour des écoliers, à partir des sacs plastiques recyclés. Ces cartables sont équipés d’unité solaire, de minuscules panneaux solaires qui se rechargent pendant la journée pour produire assez de lumière afin de permettre aux enfants d’étudier après la tombée de la nuit. Elle travaille avec huit femmes dans son usine implantée à Rustenburg. 120 enfants ont bénéficié de cette initiative. "Repurpose Schoolbags" a entrainé une importante réduction de l’empreinte carbone car l’entreprise avec le recyclage de plus de 10.000 sacs plastiques. Le jeune entrepreneur ivoirien Gabriel Kombassere (17 ans) complète le podium avec son

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Par Baye Sakho

association « Ribla Neda » dont l’objectif est de lutter contre la famine dans sa région natale. Elle se compose de trente membres ont quatre étudiants. L’association a pu produire 20 sacs de maïs et une cargaison de manioc. Gabriel pourra améliorer ses efforts grâce aux 12.500 $ récoltés. Par ailleurs, le Cercle des donateurs pour l’Afrique (Donors Circle for Africa) a remis un prix spécial doté de 10.000 $ au jeune kenyan Tom Osborn (18 ans) pour son projet "Greenchar" qui consiste à produire de l’énergie propre à travers la fabrication de briquettes de charbon de bois et la distribution de cuisinières respectueuses de l’environnement dans tout le pays. Cette initiative vise à lutter contre la déforestation et les problèmes de santé causés par l’inhalation de fumées de charbon de bois. Les briquettes de charbon de Greenchar sont carbonisés et permettent d’obtenir des briquettes de charbon de longue durée, à haute énergie et sans fumée. 

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innovations technologiques

Archivage des traditions africaines Vers la création de la première encyclopédie en ligne Gaston Donnat Bappa, camerounais et ingénieur en informatique prévoit de lancer la première encyclopédie en ligne exclusivement dédiée aux traditions africaines. Une manière très innovante pour sauvegarder les précieuses archives culturelles du continent. African Traditions Online Encyclopedia (ATOE). C’est le nom du futur Wikipédia made in Africa. Contrairement à l’encyclopédie libre qui brasse une multitude de domaines, ce portail sera exclusivement dédié aux traditions africaines, une bibliothèque numérique où sera jalousement sauvegardée la mémoire culturelle du continent. Le concepteur de ce projet se nomme Gaston Donnat Bappa, un ingénieur camerounais spécialisé en informatique, et de surcroît, chef traditionnel du village Nkong, au Cameroun. Une double casquette qu’il souhaite don mettre à profit pour démontrer que les traditions et les nouvelles technologies font bel et bien, bon ménage. «Certaines personnes pensent que les traditions n’appartiennent pas aux TIC. Mais, si nous ne savons pas d’où nous venons, nous ne pourrons pas savoir où nous allons», indique-t-il. Plus concrètement, cette plateforme fournira les résultats de recherches et travaux sur les langues et coutumes africaines pour permettre aux jeunes d’avoir accès à ces archives qui ne sont pas tout le temps disponibles. A l’image de Wikipédia, ATOE sera ouvert à tous. Et les apports auront un caractère bénévole. Cette encyclopédie est «ouvert à tout le monde: africains et non-africains. Parce que l’Afrique est le berceau de l’humanité», souligne Donnat Bappa. L’archivage des traditions, une nécessité Trouver les archives de la tradition africaine constitue un véritable sacer-

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Par Abdou Diaw

doce pour de nombreux chercheurs. Tant les ressources en la matière sont très rares. Dans la narration africaine, la tradition orale y supplante l’écrit. Des récits oraux savamment conservés par les griots, qui font office de mémoires de la communauté. En général, les contenus disponibles émanent des récits des colons. Une transcription qui ne reflète pas souvent la réalité. D’où la nécessité d’une réécriture de la tradition. Des chercheurs sénégalais l’ont compris en lançant le projet de réécriture de l’histoire du Sénégal. D’après l’historien le Pr. Iba Der Thiam, près de 400

scientifiques et chercheurs y contribueront. «J’ai listé pas moins de 376 personnes qui ont donné leur accord pour ce projet. Je ne connais pas un projet scientifique au niveau du Sénégal qui ait rassemblé autant de monde venant d’horizons divers (…) Jamais un projet d’une telle importance n’a obtenu autant de soutiens», constate-t-il. Deux grands projets très innovants qui auraient à coup sûr reçu l’agrément de l’écrivain malien Amadou Hampâté Bâ, auteur de la célèbre citation « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle.» 


innovations technologiques

Ghana L’application Saya rachetée par une start-up américaine L’application "Saya" lancée par l’entrepreneur ghanéen Robert Lamptey a été rachetée par la start-up américaine "Kirusa"basée aux Etats-Unis et spécialisée dans la messagerie vocale et les applications mobiles pour les médias sociaux.

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Par Baye Sakho

«C’était un mariage parfait. Inderpal (ndlr DG et président de Kirusa) et moi nous nous connaissions depuis un certain temps et sommes arrivés à un point que nous voulions réaliser des choses ensemble. Les discussions se se sont transformées en une acquisition ». Robert Lamptey créateur de "Saya" n’est pas peu fier du rachat de son application par la start-up américaine Kirusa. L’influence grandissante de cette application a peut être constitué un facteur clé dans la décision de l’entreprise américaine. En effet, cette application de tchat mobile créée en 2001, est utilisée par des millions d’utilisateurs. Son rayonnement a même dépassé les frontières de l’Afrique, car ce système

est notamment utilisé en Inde, au Bangladesh, en Indonésie, et en Syrie. Saya est une messagerie texte qui fonctionne sur des téléphones basiques et les Smartphones. Les téléchargements ont connu une hausse significative d’après Lamptey qui révèle que ses serveurs n’ont pas supporté les 400.000 téléchargements effectués entre juillet et août 2014. D’après Inderpal Singh Mumick, le continent est une plateforme d’avenir pour le développement de la messagerie. C’est ce qui explique l’acquisition de cette application made in Afrique. « L’Afrique demeure une priorité pour notre entreprise. Bien qu’il y ait eu des progrès fulgurants de l’industrie du mobile, le meilleur de la télé-

phonie mobile en Afrique reste à venir. Nous croyons qu’il y a des avantages à la création de produits spécifiques pour cette région et ont pris la décision stratégique d’acquérir Saya dans ce sens », indique-t-il. La société Kirusa basée aux EtatsUnis a vu le jour en 2001, elle est spécialisée dans la messagerie vocale et les applications mobiles pour les médias sociaux. Elle a noué des partenariats avec plus de 35 opérateurs de téléphonie mobile en Afrique, en Inde, en Amérique Latine, et au Moyen-Orient et proposent les applications mobiles comme InstaVoice, Celeb Connect, et Connect Sport. Ces services sont utilisés par plus de 8 millions d’utilisateurs mensuels dans le monde. 

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innovations technologiques

Développement des TIC L’Ile Maurice, pays le mieux connecté en Afrique L’Ile Maurice est le premier pays en Afrique en termes d’accès aux Technologies de l’Information et de la Communication. C’est ce que révèle que le dernier classement annuel "Mesurer la société de l’information", publié par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Par Babacar Seck

Plus de 3000 milliards d'internautes dans le monde En Afrique francophone, c’est le Gabon (126e place mondiale) qui caracole en tête avec une moyenne de 3,46. C’est d’ailleurs le seul pays de cette zone géographique présent dans le Top 10 africain. Le Sénégal (12e en Afrique et 130e dans le monde) occupe le deuxième rang grâce à un gain de trois places par rapport au classement précédent.

L’Afrique n’est pas encore très connectée aux TIC. C’est ce que nous renseigne le dernier classement 2014 de l’indice de développement des TIC dans le monde de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Selon l’UIT, ce classement entre 166 pays a été établi sur la base de trois critères : leur niveau d’accès aux TIC, leur utilisation des TIC, et leurs compétences dans ce domaine. L’objectif

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est de surveiller et de comparer l’évolution des technologies de l’information dans le monde. L’Ile Maurice (5,22) et les Seychelles (4,97) sont les seuls pays africains à décrocher une note supérieure à la moyenne mondiale (4,77). Ils se classent respectivement 70e et 75e dans le classement global. Ces archipels devancent de loin l’Afrique du Sud (90e), le Cap-Vert (93e) et le Botswana (104e).

Au niveau mondial, c’est le Danemark qui occupe la première place, suivi de la Corée du Sud, et la Suède. Dans son classement "Mesurer la société de l’information", l’UIT révèle que l’utilisation des TIC ne cesse de se développer dans le monde, plus de trois milliards de personnes sont en ligne. Le nombre d’internautes des pays en développement a même doublé entre 2009 et 2014. Ces pays regroupent actuellement les deux tiers des personnes connectées dans le monde. «Les TIC peuvent rendre le monde bien meilleur, en particulier pour les plus démunis, y compris les femmes, les jeunes et les personnes handicapées», a souligné le Dr Hamadoun I. Touré Secrétaire général de l’UIT. 


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LUTTE CONTRE LA DéSERTIFICATION

Le Sénégal œuvre sur plusieurs fronts

Par Maimouna DIA NDOUR

Le Programme de Gestion Durable et Participative des Energies Traditionnelles et de Substitution (PROGEDE) 1 et 2, Woula Nafa, la grande muraille verte et plus récemment la neutralité de la dégradation des terres, désignent les grands projets que le Sénégal a retenu pour lutter contre la déforestation et mieux préserver son environnement. Déployés avec l’appui de partenaires, ces programmes se font avec l’implication des populations locales. Le Sénégal va octroyer un budget de 523 milliards de francs CFA à son Plan d’action national de lutte contre la désertification (PAN/ LCD). Cette affectation budgétaire s’inscrit dans la continuité. Depuis 1998, le pays a élaboré plusieurs programmes pour se reverdir et protéger efficacement l’environnement. L’un des projets phare de cette lutte contre la désertification

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est le Programme de Gestion Durable et Participative des Energies Traditionnelles et de Substitution (PROGEDE). Le premier volet a consisté à conserver les forêts. « Il y a eu toute une cartographie des forêts pour faire l’inventaire et déterminer leurs capacités et limites », explique le Colonel Mamadou Fall, chef de la division aménagement et production forestière du service

des Eaux et Forêts. Ce plan veille à la durabilité tout en assurant l’approvisionnement des ménages en produits forestiers que sont le charbon, le bois d’œuvre, l’huile de palme, le miel, les écorces, les fruits de la pharmacopée… L’autre volet du PROGEDE a été consacré à la réduction de la consommation d’énergie en milieu urbain. Il a encouragé la création de nouvelles


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sources d’énergie de substitution et de matériels favorisant la baisse de la consommation d’énergie. Les populations locales au cœur du dispositif Aujourd’hui, le Sénégal est dans la phase de déploiement du PROGEDE 2 soutenu par la Banque mondiale. Le PROGEDE 2 veut augmenter durablement la disponibilité des combustibles domestiques diversifiés, tout en préservant les écosystèmes forestiers. Il intervient dans les régions de Kaffrine, Kaolack, Kédougou, Kolda, Matam, Sédhiou et Tambacounda. Depuis 2013, avec l’acte III de la décentralisation, ces forêts dépendent surtout des locaux et non du service des Eaux et Forêts. « En cas de feux de brousse par exemple, les populations, organisées en comité de villageois se chargent aussitôt de l’éteindre avec du matériel d’intervention que nous mettons à leur disposition. Les agents des Eaux et Forêts arrivent en renfort si nécessaire », affirme le Colonel Mamadou Fall. Les populations locales sont ainsi les premiers partenaires du service des Eaux Forêts, soutenus par le centre de suivi écologique, la Banque Mondiale, l’USAID, les exploitants forestiers, les Pays Bas, l’Union européenne. Par ailleurs, dans sa croisade contre la désertification,

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Le Sénégal pionnier dans la "neutralité de la dégradation des terres"

le Sénégal a aussi bénéficié de programmes comme Woula Nafa, une initiative de l’USAID. «Ce projet en deux phases échelonné sur 8 ans a surtout été orienté vers l’agriculture, l’aménagement des terres, la maitrise de l’eau et la conservation des sols », selon le colonel Fall. De la même manière, le service forestier a reboisé avec succés une bande de Filao sur le littoral de Dakar à Saint-Louis afin de stopper l’avancée des dunes et protéger les cuvettes maraichères. En outre, le Sénégal s’est aussi engagé, dans le cadre du NEPAD, à participer à la réalisation de la grande muraille verte allant de Dakar à Djibouti. L’initiative panafricaine dont la coordination se trouve à Ndjamena au Tchad est toujours en marche. Elle vient de bénéficier d’un appui financier de 41 millions de d’euros de la FAO et de l’UE, débloqué dans le cadre d’un programme de lutte contre la désertification, en Afrique, aux Caraïbes et dans le pacifique. En dehors du NEPAD, le Sénégal a pris d’autres engagements pour la protection de l’environnement sur la scène internationale. Le pays vient de signer un partenariat pour le projet "Neutralité de la dégradation des terres", de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. 

Au total, 15 pays pilotes sont concernés par le projet «neutralité de la dégradation de la terres : un concept en pratique». Le Sénégal est le premier pays signataire du mémorandum scellant un partenaire sur ce projet de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Il devrait permettre de planifier la gestion de la terre et indiquer les réformes à mettre en œuvre en matière de droits financiers et de droit à la terre. Le projet vise à terme la restauration des sols et la conservation des forêts.

Quelques réalisations du PROGEDE Rappelons que l’initiative PROGEDE a permis la photographie et la cartographie de 1 305 000 hectares de formations forestières et pastorales, ainsi que l’inventaire de 840 000 hectares de formations forestières et pastorales dans les régions de Tambacounda et Kolda. De même, 402 469 hectares de forêts communautaires et 317 villages ont aussi bénéficié d’une intervention du PROGEDE. Le projet a également contribué à la modernisation de la commercialisation du charbon de bois, la promotion du pétrole lampant comme énergie de cuisson, la contribution à la politique de butanisation, la promotion des boutiques énergie, la promotion de la bioénergie etc.

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CÔTE D’IVOIRE

LA FIN DE RèGNE DES SACHETS PLASTIQUES ? La décision d’interdire les sachets plastiques en Côte d’Ivoire a été prise en mai 2013 pour être appliquée 6 mois plus tard, c’est-à-dire le 23 novembre 2013. Mais que de difficultés ! La décision a engendré d’énormes inquiétudes notamment au sein des industriels et des employés qui craignent le chômage. Aussi se sont-ils tous opposés à l’application de la mesure.

Par Carmen Soraya MERHEB

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sont concernées et dix mille emplois directs menacés. En fait, c’est un pan entier de l’industrie ivoirienne qui est touché et qui risque de disparaitre. Une industrie qui compte dans l’économie ivoirienne car son chiffre d’affaire annuel est estimé à deux cent milliards de F CFA, et elle a versé près de trente-quatre milliards au titre des recettes douanières sur les matières plastiques en 2013.

Safiatou Tanoh, vient d’achever ses courses dans l’un des grands supermarchés d’Abidjan. Comme d’ordinaire, elle se dirige vers une caisse. Au moment où elle commence à poser ses produits sur le tapis roulant, elle entend la caissière lui dire: «bienvenue Madame. Vous êtes à une caisse bio. Ici, plus de sachet plastique pour l’emballage de vos produits. Si vous n’avez pas de panier ou de sac d’embal-

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lage, nous avons des sacs biodégradables vendus à 650FCFA ». La cliente marque son étonnement et accepte de payer le prix pour le sac biodégradable. Ainsi commence l’application de l’interdiction des sachets plastiques en Côte d’Ivoire. Le sachet plastique a été strictement interdit à la production, à l’importation et à la commercialisation en Côte d’Ivoire. Ce sont en effet quatre-vingt entreprises qui

Consensus entre les différentes parties Vu les conséquences socio-économiques qui pourraient découler de la décision et le réel potentiel de la filière dans l’économie ivoirienne, des négociations se sont ouvertes entre les parties prenantes pour aboutir le 19 février 2014 à un arrêté plus souple selon les termes suivants : «… Il est autorisé la production, l’importation, la commercialisation en Côte d’Ivoire de sachets plastiques mais qui devront être biodégradables. Il est Introduit des restrictions liées à la taille et à l’épaisseur des sachets dans une optique de leur conférer une valeur marchande en vue d’instaurer à l’échelle nationale une filière de rachat et de recyclage des déchets plastiques. Ledit arrêté stipule aussi qu’ «il est rendu obligatoire l’étiquetage des sachets et engage


green business

A l’origine de la première mesure prise en mai 2013, un véritable problème d’environnement. Le Porteparole du gouvernement, le ministre des Postes et des Technologies, de la communication et de l’Information, M. Koné Bruno, déclarait au sortir du conseil des ministres du 22 mai 2013 que « cette mesure s’inscrit dans la volonté du gouvernement de protéger l’environnement et d’offrir aux populations, un meilleur cadre de vie. Cette interdiction va mettre fin aux importants d’effets négatifs que causent ces sachets plastiques sur l’environnement et les populations. Ces sachets plastiques sont à l’origine de l’essentiel des problèmes d’évacuation des eaux usagers, puisqu’ils bouchent les voies d’évacuation. » Les sachets plastiques, un problème environnemental En effet, les sachets plastiques ont été imposés à tous. Sous diverses formes, tailles et couleurs. Dans les marchés, les boutiques, les supermarchés, les vendeurs ambulants tous, emballent pour le client, les produits dans des sachets plastiques. Les conditionnements de certains produits industriels vendus en petite quantité tels que le yoghourt, l’eau, l’huile…pour minimiser les coûts ont migré vers les sachets plastiques. En Côte d’Ivoire, plus un pas sans voir des sachets plastiques jonchant les rues, obstruant les caniveaux… Les populations des grandes villes telles que Abidjan, Yamoussoukro vivent un véritable cauchemar pendant les saisons de pluies. Toutes sont inondées. Des inondations

qui provoquent des glissements de terrains, des destructions massives d’infrastructures économiques et des pertes en vies humaines. Les pluies de 2014 ont causé la mort de plus de 20 personnes. Les dernières décisions d’assouplissement vont-elles résoudre ce problème environnemental ? Pas très certain. Selon des indiscrétions, le biodégradable, à la fabri-

lisation des populations à l’usage des sachets plastiques. Car c’est le comportement de l’utilisateur qui pose le véritable problème. Il faut aussi penser à un système de tri simple et accessible à tous les consommateurs», nous confie M. Baptiste Lafaille, Directeur Général de POLYCHIMIE. Les supermarchés avaient annoncé le déploiement à toutes les caisses des sacs d’emballage bio et l’arrêt

cation, revient très cher et donc la commercialisation risque d’être peu rentable. Même l’option d’un mixage à 30% bio ne solutionnera pas le problème dans son entièreté. L’étiquetage pour la traçabilité, bonne initiative, mais là encore, l’on s’interroge sur l’efficacité réelle qui reste conditionner à un contrôle strict et permanent. « Moi je suis convaincu de l’efficience de l’action stratégique du recyclage. Mais pour la réussite véritable, la mesure doit intégrer systématiquement l’éducation et la sensibi-

total de l’utilisation des sachets plastiques au mois de novembre 2014. Mais leur représentativité est faible, à peine 20%. En plus la clientèle de ces grandes surfaces est issue d’une certaine classe sociale pour la plus part déjà avertie et sensibilisée aux questions environnementales. Et les autres ? Quelle stratégie de communication ? En attendant les sachets plastiques règnent encore en maitre sur les grandes places publiques, menaçant sans crainte la quiétude de l’environnement. 

© photo D.R.

les producteurs industriels à assurer le rachat et le recyclage de tous les déchets de sachets plastiques. Il est strictement Interdit l’importation des déchets de sachets plastiques en vue de favoriser le développement d’un marché national du recyclage… »

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livre du trimestre L'économie de l'Afrique de Philippe Hugon Après avoir été longtemps marginalisée internationalement et stagnante, l'économie africaine semble aujourd'hui dynamique. L'Afrique est de plus en plus convoitée pour ses ressources naturelles et humaines avec une forte diversification de ses partenaires et connaît, au-delà des conjonctures, une croissance moyenne supérieure à 5 % depuis le tournant du XXIe siècle. Ce petit ouvrage cherche à analyser en profondeur l'économie africaine. Pourquoi les pays africains ont-ils eu des trajectoires économiques aussi diverses ? Quelle est la responsabilité des facteurs internes et internationaux dans les trajectoires des sociétés ? Quelles sont les perspectives de l'économie africaine ? Les Objectifs du Millénaire pour le développement (durable) seront-ils atteints en 2015 ? L'Afrique émergente sera-t-elle la nouvelle frontière de l'économie mondiale ? Quel est l'impact de la hausse des prix des matières premières et du désendettement de l'Afrique sur le développement ? En quoi une Afrique bénéficie-t-elle des nouveaux partenariats avec les pays émergents, notamment la Chine et l'Inde ? Cette synthèse sera utile à tous ceux qui pensent que l'Afrique n'a pas seulement besoin de compassion et qui souhaitent trouver des réponses aux questions soulevées par l'étude de son évolution. 

Economie politique de l'Afrique contemporaine: concepts, analyses, politiques de Pierre Jacquemot L’Afrique  subsaharienne  est  bien   partie  !   Force  est  de constater qu’elle sort de son sous-développement endémique. Son dynamisme, perceptible depuis le début du siècle, est une donnée nouvelle dans l’économie-monde. Engagée dans la voie de la modernisation, elle le fait à sa manière, selon des modalités qui ne ressemblent aucunement à d’autres. Avec son génie de l’hybridation, du mélange des genres et du métissage, elle pourrait bien, pour reprendre une formule de l’auteur, «inventer la démocratie sans la solitude». Fruit de nombreuses années de recherche, d’enseignement et de pratiques de terrain, cet ouvrage présente une somme des connaissances sur l’économie de l’Afrique subsaharienne, mais aussi sa sociologie, ses caractères culturels, ses pratiques politiques… L’approche est à la fois théorique et pratique. Pour chaque thème, l’auteur présente les outils conceptuels utilisés, les thèses en présence, les analyses et des politiques mises en œuvre. Sans complaisance mais avec un esprit d’ouverture à la diversité des situations, il identifie les contraintes et les atouts de ce continent en mutation, afin de définir des axes pour un développement durable et inclusif..

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Les sociétés Géopolitique de l'Afrique entrepreneuriales et du Moyen-Orient de et les mondes Philippe anglophones de Dugot Jacques-Henri Dans la collecCoste tion «Nouveaux Cet ouvrage montre comment  les entrepreneurs et leurs réseaux contribuent à l'émergence d'une société entrepreneuriale qui met en contact les mondes anglophones et d'autres aires culturelles. La montée de l'entrepreneuriat en tant que phénomène socio-économique reflète de profonds changements d'attitudes qui donnent leur cohésion aux sociétés entrepreneuriales du libéralisme postmoderne ou du postcommunisme. Ce processus de transformation impulsé par les individus, les familles, les diasporas et les institutions, apparaît comme une émanation du capitalisme anglo-saxon et l'expression d'un projet politique paradoxal. Il ne se fonde pas exclusivement sur le principe économique de la «destruction créatrice» mais prend également appui sur des normes et des valeurs structurant la manière du «vivre ensemble» et des formes originales de lien social. Les études réunies dans ce volume montrent que la dynamique de croissance de l'entrepreneuriat repose sur des stratégies internes aux cultures et aux sociétés, mais s'incarne également dans des expériences plus transnationales. En s'élargissant à toutes les sphères de la vie sociale pour accomplir sa visée, la pratique entrepreneuriale révèle sa fonction intrinsèque de moteur de changement social.

Continents», ce manuel, consacré à la géopolitique de l'Afrique et du Moyen-Orient, est conforme aux nouveaux programmes des classes préparatoires ECS. Il s'adresse aussi aux étudiants en IEP, aux personnes se préparant à des concours ainsi qu'à ceux qui s'intéressent à l'évolution du rapport de force entre grandes puissances, puissances émergentes et pays en développement. Il intéressera également tous les professeurs d'Histoire et Géographie en lycées. Cette édition, entièrement mise à jour et enrichie, prend donc en compte toute l'actualité géopolitique récente. Cet ouvrage se compose de 26 chapitres courts et très structurés afin d'en rendre la lecture stimulante. Pour chaque chapitre : une courte introduction permet de présenter les contextes et les enjeux ; des repères chronologiques, des définitions de termes clés et des cartes viennent éclairer le propos ; des «zooms» offrent des éclairages précis sur des problématiques particulières. L'ouvrage a été rédigé par une équipe regroupant des enseignants de classes préparatoires, des universitaires et des chercheurs qui ont eu une ambition d'allier la rigueur scientifique à l'accessibilité de leurs propos.


 rendez-vous Du 16 au 17 février 2015 à Casablanca (Maroc) Conférence annuelle de l’Emploi en Afrique La Confédération générale des Entreprises du Maroc (CGEM) va accueillir les 16 et 17 février 2015, la conférence annuelle de l’Emploi en Afrique. L'annonce a été faite lors d'une réunion organisée mi-novembre 2014 à Casablanca par l'Organisation internationale des employeurs (OIE) et Business Africa durant laquelle les participants, dont la CGEM, ont mis l'accent sur la nécessité de travailler ensemble pour l'élaboration d'un pacte pour l'emploi en Afrique. Lors de cette rencontre, les participants ont insisté particulièrement sur les niveaux «dangereusement élevés» du chômage des jeunes, qui constitue une menace potentielle pour la sécurité du continent. Du 16 au 19 février 2015 à Antananarivo (Madagascar) 39e Assemblée Générale Annuelle de la FANAF La Fédération des sociétés d’assurances de droit nationale africaines organisent du 16 au 19 février, sa 39e Assemblée Générale Annuelle à Madagascar sous le thème « L’Assurance dans une Afrique en mutation ». Durant cet événement, les participants se pencheront également sur des sous-thèmes Assurance et Cybercriminalité ; le Digital dans l'Assurance Africaine; l'Assurance face aux Grandes Endémies, l'Assurance Vie dans les Systèmes de Protection Sociale en Afrique. Du 16 au 17 mars 2015 à Genève (Suisse) 3e édition Africa CEO Forum La 3e édition du Africa CEO Forum, un forum panafricain, aura lieu les 16 et 17 mars 2015 à Genève en Suisse. Plus de 800 personnalités africaines et internationales sont attendues les 16 et 17 mars 2015 dans la capitale économique de la Côte d'Ivoire. Élaboré en partenariat avec la Banque africaine de développement, le Africa CEO Forum est organisé par le groupe Jeune Afrique et par Rainbow Unlimited, une société d'événementiel suisse. D’après les organisateurs, l'édition 2014 de cet événement a réuni, du 17 au 19 mars 2014, plus de 700 personnalités africaines et internationales, dont 500 dirigeants d’entreprises venus de 38 pays africains et 85 intervenants de haut niveau.

Du 22 au 25 mars 2015 à Kinshasa (RDC) AgriBusiness Forum 2014 L’AgriBusiness Forum est un Forum panafricain consacré au secteur de l’Agrobusiness en Afrique organisé sur le continent. C’est un espace d’échanges pour discuter et et de partages sur des projets et des modèles d’affaires prospères. Cette année, le Forum sera placé sous le thème: « Vers une Croissance Inclusive : Une Nouvelle Vision pour la Transformation Agricole en Afrique ». Selon les organisateurs, « L'AgriBusiness Forum est une plate-forme d’affaires internationale créé pour renforcer le secteur agro-alimentaire en Afrique, en encourageant les partenariats et l'échange des meilleures pratiques et en attirant des investissement », c’est chaque édition du forum est axée autour d’un thème central abordant les défis et les opportunités dans le secteur agro-alimentaire en Afrique. Du 26 au 28 mars 2015 à Libreville (Gabon) 2e Colloque international de Libreville « Regards croisés sur le développement de l’Afrique » Le Laboratoire de Recherches en Sciences de l’Informatique et de Gestion de l’Institut Supérieur de Technologie (France) organise du 26 au 28 mars 2015 le 2e Colloque international de Libreville «Regards croisés sur le développement de l’Afrique», sous le thème « Enjeux et perspectives de l’entrepreneuriat dans les territoires du Sud ». « Cette thématique revêt une grande importance au moment où le continent multiplie les pistes de recherche en matière de développement. Du 23 au 26 avril 2015 à Dakar (Sénégal) 6e Salon international des énergies renouvelables et de l’Environnement Cet événement sera un cadre de promotion et d’échange pour les différentes filières des Energies Renouvelables et sous secteurs de l’environnement. Il réunira les professionnels, les chercheurs, les autorités publiques, les représentants d’organismes internationales, les bailleurs de fonds, les ONG et comprendra quatre (4) volets : Exposition, Colloque, Rencontres de partenariat et Démonstration.

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Post-scriptum

Le prix de la révolution

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Elimane Sembène

esembene@africanbusinessjournal.info

La révolution est un médicament aux effets souvent indésirables. Un sacrifice émaillé de surprises désagréables. Pas besoin de remonter très loin dans l’histoire, la récente révolution burkinabè peut servir d’exemple. Le 31 octobre 2014, l’ex-président Blaise Compaoré quitte le pouvoir, sous le joug de la contestation populaire. L’ancien locataire remet les clés du palais Kossyam, après 27 ans de séjour. Sa décision de modifier la constitution pour briguer un cinquième mandat consécutif a précipité sa chute. Une nouvelle alternance que les 24 personnes mortes ne pourront malheureusement pas apprécié. Ces «martyrs» emportés par le fleuve de la révolution ne sont pas les seules victimes. L’économie figure aussi dans ce lot. Un autre effet indésirable, aux conséquences fâcheuses. L’instabilité politique a poussé Standard & Poor’s à abaisser, le 5 décembre 2014, la note du pays à «B-1», soit une semaine après le départ de Blaise. L’agence

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britannique révèle que son PIB ne progressera que de 5% en 2014 et 4,5% en 2015 à cause de la baisse des investisseurs publics et privés et la chute des exportations. Pis, les donateurs pourraient réduire leurs financements. Jean Gustave Sanon ministre de l’Economie et des Finances confirme ce pessimisme en annonçant que le pays perdra 1,7% de croissance en 2014. Une addition très salée pour une contrée qui émarge sur la liste des pays sous-développés. Le printemps arabe, un autre cas d’école. Ce feuilleton révolutionnaire a plombé l’économie de la Tunisie, de l’Egypte et de la Libye. A titre illustratif, la Tunisie a perdu 1 million de touristes entre 2010 et 2013, à cause de sa stabilité politique chancelante. Est-il besoin de rappeler de que l’instabilité politique fait partie des critères prédominants dans la pyramide du risque-pays. Ce vocable figure sur liste rouge des investisseurs. Ces bailleurs sont à l’image du paysan, ce dernier enfoui ses semences dans une terre féconde afin d’obtenir une récolte généreuse. L’investisseur ne mise que dans un pays stable, pour espérer des retombées positives.

La situation économique précaire qui caractérise souvent les lendemains de révolution en Afrique altère leur optimisme et modifie leurs plans. Nos Etats ne peuvent pas se permettre ce luxe, vu le poids colossal que représente les investissements dans l’économie du continent surtout en Afrique subsaharienne où les investissements directs à l’étranger (IDE) ont atteint la barre des 56 milliards de  $ en 2013 selon le Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUDED). D’où la nécessité d’éteindre, en temps opportun, les braises qui attisent la flamme de la révolution. Le changement est un pari risqué, un couteau à double tranchant. Elle ravive l’espoir et suscite des craintes. Elle installe l’alternance et asphyxie l’économie. C’est la rançon de l’instabilité. Le prix de la révolution. 


AGENDA 2015 FORUM FIJE : Forum Interafricain des Juristes d’Entreprise • L’intelligence juridique : une nouvelle démarche stratégique pour les juristes d’entreprise Date : 27 au 31 janvier 2015 Lieu : Dakar FIASGA : Forum Interafricain des Achats, Services Généraux et Approvisionnement • La Fonction Achat : Contrôle Interne et Prévention des Risques Date : 24 au 28 février 2015 Lieu : Casablanca FIRH : Forum Interafricain des Ressources Humaines • Nouveaux enjeux, Nouvelle offre de valeur RH : quelle place pour le SIRH ? Date : 24 au 28 mars 2015 Lieu : Casablanca FISAD : Forum Interafricain des Secrétaires et Assistant(e)s de Direction • Assistante Orientée résultat : comment évoluer vers l’Office Manager 2.0 ? Date : 21 au 25 avril 2015 Lieu : Dakar FICOM : Forum Interafricain de la Communication • E-reputation - Manager le capital reputation de l’entreprise et du dirigeant à l’heure du digital Date : 26 au 30 mai 2015 Lieu : Casablanca FISI : Forum Interafricain des Systèmes d’Information • Elaboration d’un plan stratégique IT : démarche et outils Date : 21 au 25 juillet 2015 Lieu : Casablanca CIF : Congrès Interafricain de la Finance • Plan Anti Fraude : Quels outils et quelle démarche face aux nouvelles fraudes ? Date : 01 au 05 septembre 2015 Lieu : Casablanca


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4 3,5 3 2,5

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africa south east asia chamber of commerce Chambre de Commerce Afrique-Asie du Sud Est

Mobilising Businesses Across Africa And South East Asia Mobilisant le secteur privé entre l’Afrique et l’Asie du Sud Est

C

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CMY

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OUR ACTIVITIES

NOS ACTIVITÉS

• Access to business ideas and opportunities in Africa and South East Asia

• Accès a des idées de commerce et opportunités en Afrique et Asie du Sud Est

• Connect and strengthen high-level business relationships between private sectors

• Connecter et renforcer les relations d’affaires de haut niveau entre les secteurs privés

• Exclusive platform for networking, information sharing, and knowledge exchange

• Une plate-forme exclusive d’échange et de rencontres, où nos membres peuvent partager information et échanger connaissances

*Membership by invitation only Headquartered in Singapore 140 Cecil Street, #01-00A PIL Building, Singapore 069540 Tel: (65) 6225 6273 Email: info@africaseasia.org



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