Opeimmo n103 mars 2018 feuillet

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LE POINT SUR...

également compatible avec la valorisation des CEE et permet ainsi une meilleure complémentarité avec les offres portées par la sphère privée.

Généralisation du chèque énergie : une aide complémentaire pour 4 millions de ménages Créé par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte en 2015 en remplacement des tarifs sociaux de l’énergie, le chèque énergie est une aide accordée aux ménages aux revenus modestes pour le paiement de leur facture d’énergie. Après une phase expérimentale de deux ans menée dans quatre départements français, le chèque énergie est désormais généralisé à l’ensemble du territoire. Cette phase d’expérimentation a notamment permis de noter un taux de recours beaucoup plus élevé (78 %) du chèque en comparaison aux tarifs sociaux de l’énergie : cette différence est principalement due au fait que le chèque énergie est adressé à l’ensemble des ménages bénéficiaires, sans demande préalable. Nouveauté également, le chèque peut être utilisé pour financer des travaux d’effica-

cité énergétique répondant aux critères d’éligibilité du Crédit d’impôt transition énergétique (CITE). Ce dispositif vient utilement compléter le programme « Habiter Mieux ». Dernière pierre à l’édifice : la complémentarité de l’action publique et des offres portées par la sphère privée. Seule l’existence d’une offre diversifiée et massive permettra d’atteindre les objectifs ambitieux et la nécessaire massification des opérations. C’est en ce sens que le Plan de rénovation énergétique imaginé pour le quinquennat ambitionne de créer des conditions de marché permettant l’accélération des offres complémentaires au programme « Habiter Mieux ».

La massification de la rénovation des passoires thermiques : une nécessaire complémentarité entre l’action des acteurs publics et privés Pour atteindre les 150 000 rénovations par an de passoires thermiques occupées par les ménages modestes, inscrites dans le projet de Plan de rénovation, la seule intervention du programme « Habi-

Deux questions à Vincent Perrault, responsable du programme « Habiter Mieux » à l’Anah Le programme « Habiter Mieux » porté par l’Anah est l’un des leviers d’action, à destination des ménages modestes, du Plan de rénovation énergétique des bâtiments. En quoi consiste-t-il ? Effectivement, les Plans « climat » et « rénovation énergétique des bâtiments » annoncés courant 2017 ont consacré comme priorité nationale la résorption des passoires thermiques et la lutte contre la précarité énergétique. Le programme « Habiter Mieux » de l’Anah, qui arrivait à échéance fin 2017, s’est vu confirmer et pérenniser jusqu’en 2022 avec un nouvel objectif ambitieux de 75 000 logements à rénover par an. Impulsé en 2011 à la suite du Grenelle de l’environnement, puis accéléré dans le cadre Plan de rénovation énergétique de l’habitat de 2013, « Habiter Mieux » a démontré sa pertinence au cours de ses 7 premières années passant de 6 000 logements rénovés à plus de 52 000 en 2017. Les différentes évaluations ont permis d’en souligner les externalités positives tant sur le plan environnemental et social (3/4 des dossiers financés concernent au moins deux natures de travaux de rénovation énergétique entraînant un gain supérieur à 40 % d’économies sur la facture de chauffage et l’amélioration du bien-être et de la santé des occupants) qu’en termes de retombées économiques (recours privilégié aux artisans de proximité, plus de 5 milliards d’euros de travaux générés). Le programme « Habiter Mieux » a également entraîné une forte mobilisation des acteurs (élus, techniciens, opérateursconseils et professionnels du bâtiment) impulsant une dynamique sans précédent sur l’ensemble du territoire, dans les grands centres urbains comme sur les territoires ruraux. Il s’agit maintenant d’accélérer et d’élargir cette dynamique pour répondre aux défis à venir. Quels sont les enjeux pour les années à venir et comment l’Anah y répond-elle ? Le défi majeur réside dans la structuration d’un parcours fluide et rapide à la hauteur des attentes de l’époque pour les propriétaires comme pour les professionnels. Les échanges entre acteurs, fondés sur la confiance collective et la bienveillance, feront émerger les innovations et tireront vers le haut les pratiques de tous. C’est là la clé pour sortir de la contradiction, en apparence irréductible, entre l’impératif environnemental et économique de massification et le besoin de sur-mesure social, économique et financier de chaque opération. L’Anah, pour sa part, s’est lancée dans une démarche sans précédent de simplification et dématérialisation de ses procédures et a complété ces dernières années son offre de financement d’ingénierie et de travaux pour l’adapter aux spécificités des différentes cibles. Depuis 2017, le programme est élargi aux copropriétés qui présenteraient des signes de premières fragilités énergétiques et sociales et pour lesquelles la rénovation énergétique permettrait d’améliorer durablement la situation. En 2018, l’introduction d’une nouvelle aide, plus souple, en maison individuelle (compatible notamment avec la valorisation des CEE) permet de créer de nouveaux parcours de travaux. Il s’agit de s’appuyer sur les effets d’entraînement du programme pour mobiliser de nouveaux prescripteurs et propriétaires jusqu’ici éloignés de la rénovation.

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