Sommaire et extrait de l'ouvrage Risques et assurances de responsabilité civile

Page 10

La responsabilité civile délictuelle ou quasi-délictuelle du chef critiqué ; – Sur le moyen pris en ses deux dernières branches : – Attendu qu’il est reproché à l’arrêt d’avoir statué comme il l’a fait alors, d’une part, que la cour d’appel n’aurait pas répondu aux conclusions soutenant que les victimes ne s’étaient pas conformées à l’article R. 219 du Code de la route qui les obligeait à ne traverser la chaussée qu’après s’être assurées qu’elles pouvaient le faire sans danger immédiat et alors, d’autre part, que la cour d’appel aurait omis de réfuter les motifs des premiers juges selon lesquels les époux Charles avaient commis une seconde imprudence en entreprenant la traversée de la chaussée sans s’assurer qu’ils pouvaient le faire sans danger et sans tenir compte que la vitesse et de la distance à laquelle se trouvait la voiture de Desmares était insuffisante pour permettre aux piétons de traverser sans danger et que ceux-ci n’auraient donc pu s’engager sur la chaussée dans de telles conditions d’autant que leur présence avait été masquée aux yeux de Desmares par la voiture se trouvant à droite de celui-ci ; Mais attendu que seul un événement constituant un cas de force majeure exonère le gardien de la chose instrument du dommage de la responsabilité par lui encourue par application de l’article 1384 alinéa 1er du Code civil, que, dès lors, le comportement de la victime, s’il n’a pas été pour le gardien imprévisible et irrésistible, ne peut l’en exonérer, même partiellement ; – Et attendu qu’après avoir relevé que l’accident s’était produit à une heure d’affluence, dans un passage réservé aux piétons ou à proximité de celui-ci, sur une avenue qui, dotée d’un éclairage public fonctionnant normalement, comprenait quatre voies de circulation, deux dans chaque sens, l’arrêt retient que, circulant sur la voie de gauche, la voiture de Desmares avait heurté les époux Charles, lesquels traversaient la chaussée de droite à gauche par rapport au sens de marche de l’automobilisme ; que, par ces énonciations d’où il résulte qu’à la supposer établie, la faute imputée aux victimes n’avait pas pour Desmares le caractère d’un événement imprévisible et insurmontable, la cour d’appel, qui, par la suite, n’était pas tenue de rechercher en vue d’une exonération partielle du gardien l’existence de ladite faute, a légalement justifié sa décision. Par ces motifs : – Rejette… ». La Cour de cassation a voulu renforcer la protection des victimes d’accidents d’automobile, à qui on imputait régulièrement une part de responsabilité en admettant l’exonération partielle. Mais l’arrêt Desmares a été très controversé et environ la moitié des cours d’appel refusait son application. Parfois même, la jurisprudence Desmares conduisait au résultat inverse : là où on avait admis un partage de responsabilité, on retenait une exonération totale de l’automobiliste. De plus, relevons que les juridictions pénales n’étaient absolument pas tenues d’appliquer cette jurisprudence civile. La loi du 5 juillet 1985 a mis un terme à cette situation confuse, tout au moins pour les dommages causés par les véhicules terrestres à moteur. La deuxième chambre civile de la Cour de cassation a, par la suite, de manière logique, abandonné la jurisprudence Desmares qui ne subsistait plus que pour des domaines pour lesquels elle n’avait pas été voulue. Trois arrêts du 6 avril 1987 ont sonné le glas de l’arrêt Desmares, dont l’arrêt Chauvet ci-dessous rapporté (Civ. 2e, 6 avr. 1987, D. 88-32, note Ch. Mouly).

Cour de cassation, 2e ch. civile, 6 avril 1987, pourvoi n° 85-16.387, « Chauvet » « – Attendu, selon l’arrêt confirmatif attaqué (CA Nîmes, 9 juill. 1984) que la bicyclette de la mineure Marie-Ève Lutgen a heurté et blessé Mme Chauvet qui, à pied, circulait sur la chaussée en agglomération ; que Mme Chauvet a demandé à Marie-Ève Lutgen et à sa mère la réparation de son préjudice ; que la caisse primaire d’assurance maladie du Gard est interwww.argusdelassurance.com

00_RESP_CIVILE_432.indb 91

91

12/06/12 16:55


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.