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Ne demandez pas une subvention, proposez votre expertise
Dans la relation avec une collectivité, un mécène ou une entreprise, l’association est souvent dans une posture de demandeur d’argent. Mais ne peut-elle pas devenir force de proposition ?
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Les habitudes prises n’aident pas. Le vocable « demande de subvention » se focalise souvent sur la seule dimension financière du processus et non sur l’ensemble de la démarche alors que celle-ci est à la fois relationnelle et établie sur une proposition d’action porteuse de résultats et de valeurs. Suggérer une intervention, c’est se positionner comme un acteur de la vie locale. Se montrer ouvert à la coconstruction des politiques et des projets locaux est un réel changement de posture. En étant respectée et reconnue sous ces angles contributifs, l’association aura plus de chance d’être interpellée pour participer à des démarches de montage de projets et jouer sur son territoire son rôle d’espace d’engagement pour les citoyens.
Valoriser l’action associative
Il s’agit de montrer les résultats sur la vie locale et pas seulement les bienfaits sur les usagers. Ces résultats tangibles seront évalués à la fois au niveau de l’association, des participants et du territoire. Par exemple, au sein de l’association @DN (Bollène, 84), qui travaille sur l’inclusion numérique, un participant a rapporté au terme d’un accompagnement que « c’était une nouvelle naissance pour lui et qu’il n’était plus à la rue ». Un partenaire a aussi remarqué « qu’à travers des ateliers bienveillants, l’association faisait se rencontrer des personnes qui ne se seraient jamais croisées et faisait évoluer les représentations des personnes les unes par rapport aux autres ». Côté territoire, il convient de s’habituer à valoriser l’action associative sous des angles différents : emploi, vitalité démocratique, attractivité locale, protection de l’environnement, etc. En évaluant l’utilité sociale de votre association, vous répondez objectivement à la question « Qu’est-ce que mon association apporte au territoire ? », complémentaire de « Qui je suis ? » et « Ce que je fais ». Le plus pertinent est donc de repérer un ou deux critères et de les qualifier par un ou deux indicateurs. En résumé, les critères d’attractivité locale et de dynamisme culturel peuvent être caractérisés par des indices de vitalité démocratique et la création directe ou indirecte d’emplois ou d’événements. En complément, la dimension quantitative, évaluant le nombre de personnes touchées, est aussi à mettre en avant. La chaîne logique peut apparaître ainsi :
COMMENT APPRÉHENDER UNE NÉGOCIATION ?
Le terme ne doit pas faire peur. Il est à extraire de son contexte marketing et marchand et à replacer dans une dimension de coconstruction. Il s’agit avant tout de s’intéresser à l’autre partie. À ce titre, vous pouvez consulter les ouvrages suivants : - « La négociation. applications et exercices », Christophe Dupont,
Dalloz 1994 ; - « L’art de négocier, les techniques de créativité pour gagner en performance »,
Dominique Rondot, Dunod, 2016 ; - les fiches « Bien préparer sa négociation » et « Préparer son
RV de demande de subvention », frama.link/CgcJ6jED « Nous portons des valeurs ; elles doivent se traduire par des actions opportunes ; cela fait sens que nous le fassions ensemble ; d’où la nécessité d’un cofinancement. » La demande d’argent arrive donc en quatrième position et non en première. Cela traduit une posture de « proposition », qui est avant tout un état d’esprit. Il convient à chaque structure de le faire vivre concrètement selon sa taille, ses enjeux et son contexte politique. L’association Le Lien (Saint-Étienne, Loire) s’est rendu compte qu’au-delà de la circulation d’une monnaie complémentaire à l’euro, elle aide des créateurs d’entreprises à forte visée écologique à s’implanter localement et à accéder rapidement à un vaste réseau de fournisseurs et de partenaires. Quant à l’Ades 69, qui promeut la santé publique dans le Rhône, elle s’est aperçue qu’elle avait développé des savoirfaire complémentaires comme la création de liens interacteurs en milieu rural ou encore une méthodologie ascendante et participative de création de projets. Et les résultats sont que des financeurs institutionnels font évoluer leurs appels à projets pour les enrichir au regard de ces plus-values. Autre exemple, celui du centre culturel associatif du Beaujolais (CCAB), qui a réussi à créer et fédérer sur la durée une quarantaine d’entreprises partenaires. La démarche est centrée sur l’apport d’un espace qui favorise le lien, l’entraide, l’échange, le plaisir des rencontres et l’ouverture.
La partager de manière compréhensible
Une des difficultés peut être de communiquer sur cette plus-value de manière simple et claire. Différents moyens s’offrent à vous. Ils sont mobilisables lorsque vous vous êtes mis d’accord sur la réalité de ces « plus-values » avec vos partenaires internes et externes. Vous
pouvez utiliser des citations, des témoignages, des schémas et/ou des dessins (parfois réalisés par des personnes appelées facilitatrices graphiques), des chiffres clés sur une dimension rarement valorisée de l’action ou encore des résultats d’une étude sur le sujet. Si cette façon de communiquer est nouvelle, n’hésitez pas à la tester en amont auprès d’un panel de membres et de partenaires afin de vérifier son degré de compréhension. Cela permettra de parer au risque de lancer des messages qui resteraient incompris et terniraient donc votre image. Sur ces questions sensibles, il convient donc de discerner à plusieurs. La Maison de l’amitié (Puteaux, La Défense, 92), qui accueille des SDF, illustre ses documents avec des dessins réalistes, grâce à un partenariat avec un dessinateur. À Mérignac (Gironde), l’association sportive Drop de béton a clairement misé, pour sa communication, sur l’impact visuel de grandes photos et de vidéos. Cela évite de longs textes rarement lus par les interlocuteurs et les visiteurs du site internet.
Des relations plus équilibrées
Lors d’un rendez-vous, s’intéresser à l’autre partie, la questionner sur ses projets, ses attentes puis lui présenter son action et ses projets est plus facile à dire qu’à faire. Si cela vous paraît difficile, cela traduit peut-être juste un état d’esprit qui est fixé sur un seul but, à savoir décrocher un accord verbal sur l’attribution d’un montant financier. Lors de formations, l’expérience montre que des saynètes de simulations d’entretiens font rapidement évoluer les comportements vers des échanges plus équilibrés et plus ouverts. Une chargée de mission d’un office municipal des sports avait retravaillé son approche téléphonique. En la centrant sur les projets et les intérêts de ses interlocuteurs, elle a pu obtenir plus de sponsors que nécessaire. En résumé, votre action associative a une valeur, vous disposez d’une expertise. À vous d’être imaginatifs pour la valoriser et la présenter.
Pascal Loviconi, consultant-formateur, cabinet Accointance
En savoir plus
- Guide de l’autoévaluation de l’utilité sociale, frama.link/dxQZuYdS - Guide d’usage de la subvention, frama.link/njWXyvP1 - Étude sur des partenariats territoriaux,
Le Rameau, 2015, frama.link/GRff3BGv
LA SUBVENTION N’EST PAS AUTOMATIQUEMENT ACCORDÉE AD VITAM AETERNAM
Il n’existe aucun droit à subvention : les critères d’attribution d’une subvention à une structure associative dépendent de la qualité du dossier présenté, mais aussi des budgets de l’organisme sollicité et de ses priorités. De la même manière, une subvention accordée pendant une ou plusieurs années n’est pas systématiquement renouvelée, même si cela peut fragiliser la pérennité d’une structure associative.