EXPRESSO #08 2023/01/12

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FRANCE P.2

Retraites : les syndicats vent debout n Une mobilisation collective est prévue le 19 janvier, dans plusieurs secteurs professionnels.

COP 28

INTERNATIONAL P.5

Visite franco-allemande au Tigré n Paris et Berlin soutiennent le fragile processus de paix en cours en Éthiopie.

ECO/CONSO P.6

Bouclier tarifaire pour les HLM et les copropriétés n Le gouvernement gèle les prix du gaz et de l’électricité pour 5 millions de ménages.

SPORT P.8

Lloris : la relève se tient prête n Après la retraite de Hugo Lloris, le foot français se cherche un nouvel ange gardien.

Le roi du pétrole à la manœuvre

CULTURE P.9 Rencontre avec Julien Freu n L’auteur de Ce qui est enfoui sort son premier thriller.

Les Émirats arabes unis, qui recevront la COP 28 en fin d’année, viennent d’annoncer qu’elle sera présidée par le magnat du pétrole, Sultan Ahmed Al Jaber. Un non-sens écologique. P.4

EXPRESSO
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G. Van der Hasselt
G. Van der Hasselt
QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE
13.01.2023

Les syndicats montent au front contre la réforme

n Les annonces du gouvernement sur le report de l’âge légal à 64 ans font grincer des dents. Une mobilisation collective a été annoncée à partir du 19 janvier, notamment dans les transports, le secteur pétrolier ou l’éducation.

Au risque de devoir travailler deux ans de plus, ils seront nombreux à préférer perdre une journée de travail pour aller manifester contre la réforme des retraites. Selon un sondage Elabe, 80 % des Français seraient hostiles au report de l’âge de départ à 64 ans et, logiquement, près des deux tiers soutiennent le mouvement d’opposition à la réforme gouvernementale.

Journée noire

Le 19 janvier s’annonce comme une journée noire dans les rues. Dès l’annonce de la réforme par Élisabeth Borne, l’ensemble des grandes organisations syndicales dont la CGT, la CFDT

et FO, mais aussi les syndicats d’étudiants comme l’Unef et la Fage et de lycéens (VL, Fidl, MNL) se sont associés, dans une mobilisation commune interprofessionnelle nationale. Il faut remonter à 2010 pour voir un tel consensus, et déjà à l’époque, les retraites étaient au centre des débats, avec un report de l’âge légal de départ à la

SANTÉ Robots, à votre service !

n L’intelligence artificielle a investi la santé, pour assister les soignants ou les aider à opérer. Mais les robots montrent déjà leurs limites.

Paper, Kompaï ou Paro, ces robots assistent le personnel médical et les patients. Tant pour les prises de constantes (températures, tension…) que dans les déplacements au sein des établissements. Ils ont aussi une vertu stimulante et apaisante pour les patients. Mais pour Martin Chevallier, doctorant qui s’est intéressé à Paper en 2019, ils montrent des limites. « Les patients doivent se déplacer seuls jusqu’au robot et réaliser les gestes eux-mêmes », détaille-til. Ils représentent « du travail en plus » pour les soignants, sans oublier les bugs ou problèmes de batterie.

L’intelligence artificielle devient très répandue dans la santé. L’institut Curie vient, par exemple, de mettre au point

une intelligence artificielle détectant des formes de cancer jusque-là introuvables.

Outils complémentaires. Les robots doivent être « envisagés en tant qu’outils complémentaires […] mais ne doivent pas être considérés comme des solutions de substitution », souligne l’avis commun du 10 janvier du Comité consultatif national d’éthique et du Comité national pilote d’éthique du numérique. Marie Gosset, chirurgienne en oncogynécologie au Centre AntoineLacassagne à Nice, partage cette opinion : « Le robot est un outil piloté par le chirurgien, qui communique sans cesse avec l’aide opératoire […]. Avec ses pinces, le robot réalise des dissections anatomiques fines et précises », explique-t-elle. « Il n’y a pas d’ouverture mais des incisions », poursuit Christophe Jayle, chirurgien cardio-thoracique au CHU de Poitiers. Ainsi, les cicatrices sont minimisées, causant moins

retraite de 60 à 62 ans. Le 19 janvier ne serait que le point de départ « d’une puissante mobilisation sur les retraites dans la durée », selon le communiqué de l’intersyndicale.

Raffineries en grève Mercredi soir, la branche CGT du pétrole, au travers de la Fédération nationale des indus-

tries chimiques (FNIC-CGT), a annoncé « s’engager dans la lutte » en participant au mouvement. Un appel à la grève de 24 heures a été lancé pour le 19 janvier avec une baisse du débit et l’arrêt des expéditions. Là-aussi ce ne sera que le début de la mobilisation. Le syndicat a d’ores et déjà appelé à de nouvelles mobilisations de 48 heures le 26 janvier et 72 heures le 6 février. Une grève qui sera « reconductible avec si nécessaire, l’arrêt des installations de raffinage », comme indiqué dans le communiqué.

Pénuries en vue

Ces appels au débraillage dans les raffineries font craindre des risques de pénuries. Le gouvernement a donc rapidement réagi. Élisabeth Borne, en déplacement à Disneyland Paris, jeudi matin, a appelé à la responsabilité afin de ne pas « pénaliser les Français ». Dans ce bras de fer, nul ne sait pour l’instant qui sera le premier à flancher.

EN BREF

GHETTOS

de douleurs et une meilleure récupération pour les patients. Marie Gosset ajoute que « le chirurgien est confortablement assis dans une cabine : moins de fatigue, donc moins de bêtises » Christophe Jayle nuance : « Le chirurgien doit pouvoir intervenir à tout moment. »

Limites financières. Mais comme le pointe Christophe Jayle, la principale limite est financière avec des robots « de 1 à 2 millions d’euros », alors que le secteur de la santé est au plus mal. D’autres limites émergent comme l’obsolence ou encore le nombre de patients pouvant être opérés. « La robotique sociale est l’arbre qui cache la forêt. L’avenir c’est la robotique chirurgicale qui se diffuse largement », conclut Martin Chevallier. Le CHU de Poitiers soigne déjà jusqu’à 400 patients par an avec la robotique chirurgicale.

Les inégalités économiques en hausse dans les grandes villes n Selon une étude récente de l’Insee, les disparités de revenu entre les quartiers sont plus marquées qu’il y a quinze ans dans 30 des 50 villes françaises étudiées. Les 20 % les plus riches sont particulièrement concentrés dans les mêmes quartiers, tout comme les 20 % les plus pauvres.

JUSTICE

Eric Zemmour condamné pour injure à caractère raciste

n Le polémiste a été condamné à 4 000 euros pour « injure publique à caractère racial ». Dans l’émission Les Terriens du dimanche, en septembre 2018, Éric Zemmour avait dit à la chroniqueuse Hapsatou Sy que son prénom était « une insulte à la France ».

02 - EXPRESSO - 13 JANVIER 2023 FRANCE
RETRAITES
L’union intersyndicale s’est réunie mardi (Julien De Rosa/AFP)

Le nouveau « Parcoursup » des masters inquiète déjà

n Alors que la prochaine campagne d’inscription sur Parcoursup débute le 18 janvier, avec comme chaque année son lot de stress habituel, une nouvelle plateforme similaire commence à faire parler d’elle du côté de l’université.

Encore une plateforme dans l’éducation. Annoncé par Sylvie Retailleau, la ministre de l’Enseignement supérieur, en septembre dernier, le projet de plateforme de candidatures uniques en master va bel et bien voir le jour, à compter du 1er mars, lors de la prochaine campagne d’inscription. Les étudiants en troisième année de licence n’auront plus à envoyer un dossier différent pour chaque formation de second cycle. C’est d’ailleurs l’un des principaux objectifs du gouvernement qui souhaite « optimiser l’attribution des places », et surtout, permettre aux établissements d’« avoir une meilleure visibilité des places vacantes ».

Sonnette d’alarme

« La gestion des listes d’attente à l’échelle nationale est une vraie plus-value », estime Benjamin Coessart, directeur des études et de la formation à l’université Panthéon-

Assas. « Surtout lorsque l’on a des masters avec 25 ou 30 places pour plus de 1200 candidatures !» Mais s’il se réjouit de cette uniformisation, il concède aussi que certaines questions restent encore en suspens, notamment car les universités ont eu peu d’informations sur la réforme. Il se demande par ailleurs si les fonctionnalités de cet outil « suffiront pour étudier qualitativement les dossiers des étudiants ».

ce qui réduit les chances d’être pris dans un master. Et si un étudiant accepte un vœu, tous les autres sautent. Il prend donc le risque d’accepter une proposition simplement par sécurité. » Ce syndicat montpelliérain a d’ailleurs prévu d’organiser des réunions d’information pour mobiliser les étudiants.

Une mesure pansement ?

Le ministère affirme que l’outil sera surtout « une aide à la meilleure rencontre entre l’offre et la demande en master » mais inquiète d’ores et déjà de nombreux syndicats étudiants. « Ça ne règle rien. Au contraire, ça accentue des problématiques qui existent déjà », déplore Emma Couty, membre active du Syndicat de combat universitaire de Montpellier. « Les étudiants n’auront plus la possibilité d’effectuer des vœux illimités,

Surtout, il semblerait que cette plateforme ne palliera pas le principal problème, soulevé par bon nombre d’étudiants : le manque de places dans les formations de second cycle dites sous tension, comme, le droit ou la psychologie. Encore aujourd’hui, ils sont nombreux à ne pas pouvoir intégrer un master après leur licence. Pourtant, le droit à la poursuite d’études est garanti par la loi au travers des rectorats. Toutefois, d’après les statistiques avancées par l’Unef (Union nationale des étudiants de France), parmi les 11 615 étudiants refusés en master qui avaient saisi le rectorat en 2021, « seulement 2.469 [...] avaient eu une ou plusieurs propositions d’admission ». Pas sûr donc que cette plateforme « révolutionnaire » fasse office de véritable révolution.

ÉCOLE Retour de l’uniforme : une question très politique

n Blouse ou pas blouse à l’école ? Deux propositions de loi, l’une du Rassemblement national à l’Assemblée, l’autre des Républicains au Sénat relance l’éternel débat.

La circulaire avec les nouvelles réformes de l’Education nationale a été publiée jeudi avec un absent : le port de l’uniforme. Le Rassemblement national (RN), lors de sa niche parlementaire jeudi, et les sénateurs Les Républicains (LR), ont pourtant remis la question à l’agenda. Dans le même temps, Brigitte Macron a soutenu dans Le Parisien jeudi que le port de l’uniforme « permet de gommer les différences » entre élèves – ce qui n’est pas « le rôle d’une première dame », estime une attachée parlementaire au PS. Le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, clamait lui, le 4 janvier, sur RMC/BFMTV : « Imposer l’uniforme à tous les élèves, c’est non. » Scissions en vue.

Après l’aide apportée par la droite pour faire passer la réforme des retraites, « on pouvait s’attendre à ce que la majorité soutienne LR dans ces chantiers », souffle un socialiste. Défendue par François Fillon en 2017, la réforme sur le port de l’uniforme reste un gros dossier pour les Républicains. « C’est le symbole d’une égalité entre chaque élève », explique Laure Darcos, sénatrice LR. Seuls les établissements catholiques privés sous contrat appliquent allègrement le port de l’uniforme obligatoire. Mais certainement pas « pour des questions d’égalité etre chaque élève », estime un parent d’élève de l’école Saint Jean de Passy, dans le XVIe arrondissement de Paris. Devenu obligatoire pour le collège lors de l’arrivée du nouveau directeur, FrançoisXavier Clément, c’était une décision en « accord » avec sa politique « sévère et conservatrice », explique encore ce parent d’élève.

Rentrée des classes, en 1951 (Archives AFP)

Pour Laurent Hoefman, dirigeant du Syndicat national de l’enseignement, l’uniforme peut avoir son utilité. Selon lui, il permettrait de lutter contre « les dérives communautaires et les différences de richesse ». Une idée contre laquelle certains directeurs d’écoles publiques, s’inscrivent toutefois en faux : « Instaurer un uni-

forme, c’est nier la diversité des cultures, des opinions », s’insurge le directeur du collège Rosa Bonheur à Bray-et-Lû, en Normandie. Les syndicats de l’éducation nationale sont unanimes, le port de l’uniforme est loin d’être une priorité face aux difficultés que rencontrent l’école actuellement.

FRANCE ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
13 JANVIER 2023- EXPRESSO - 03
«Ça accentue des problématiques qui existent déjà»

COP 28 en Arabie Saoudite, un pétrolier aux commandes

n Sultan al-Jaber, président de la compagnie pétrolière nationale, présidera la COP 28 en décembre prochain à Dubaï. Entre greenwashing et paradoxes, la lutte contre le changement climatique semble s’organiser à grand renfort de pétrodollars.

Un géant pétrolier à la tête de la prochaine COP, et ce n’est même pas une blague. Jeudi 12 janvier, les Émirats Arabes Unis ont officiellement annoncé que la COP 28, prévue du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, serait présidée par Sultan Ahmed Al Jaber, ministre de l’Industrie et président d’Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc), l’industrie pétrolière nationale émiratie. Il compte aussi d’autres casquettes : envoyé spécial de son pays pour le changement climatique et dirigeant de la compagnie Masdar, fondée en 2006, spécialisée dans les énergies renouvelables à Abou Dhabi.

Personnage paradoxal

Si les Émirats Arabes Unis se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, ils sont encore (très) loin d’être un élève modèle. Le pays fait

partie des cinq plus gros émeteurs de gaz à effet de serre au monde, avec une moyenne de 20,4 tonnes émises par an et par personne... Plus de 18 tonnes au-dessus de l’objectif fixé par les Accords de Paris en 2015.

Pour autant, Sultan al-Jaber est conscient de la dichotomie dont il est l’objet. Dans le communiqué officiel de la COP 28, il affirme : « Nous apporterons une approche réaliste, pragmatique et axée sur les solutions ».

Il faut dire que le personnage est paradoxal. Lors d’un salon sur le marché du pétrole et du

gaz à Abou Dhabi en 2021, il insistait pour « investir 600 milliards de dollars tous les ans dans le pétrole jusqu’en 2030, pour satisfaire la demande mondiale ». Mais c’est le même qui est à l’origine de l’éco-ville Masdar City, dont l’objectif est de promouvoir une vie « zéro carbone et zéro déchets », en plein milieu du désert. Dans un pays où plus de la moitié des revenus du gouvernement sont couverts par les hydrocarbures, Sultan al-Jaber entend utiliser cet argent pour financer la transition énergétique. « L’action

climatique est une imense opportunité économique d’investissement dans la croissance durable. Le financement est la clé », ajoute-t-il dans le communiqué de WAM, l’agence de presse nationale émiratie.

« Inclure les compagnies »

Le rôle des géants pétroliers dans la lutte pour le climat est un sujet politique clivant. Au cours de la COP 27 à Charm el-Cheikh en novembre dernier, Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies, avait été interpelé par des activistes pour le climat qui l’accusaient de greenwashing et dénonçaient sa présence au sommet de l’ONU. Interrogée par L’Expresso, une chercheuse en décisions politiques liées au changement climatique à l’Université SaintLouis de Bruxelles affirme qu’il est « nécessaire d’inclure les compagnies pétrolières dans la lutte contre le réchauffement climatique, puisqu’ils en sont les acteurs principaux. » Un point de vue que réfute totalement l’ONG écologiste Notre Affaire à Tous, qui dénonce un énième « greenwashing » et soutient que « les pollueurs ne peuvent pas faire partie de la solution ».

À Venise, les gondoles ne passent déjà plus

n L’Europe est tout autant touché que le reste du monde par l’élévation du niveau de la mer. En Italie, les conséquences sont déjà là.

ÀVenise, la montée des eaux coupe déjà des têtes. Celles des gondoles, symboles de la cité des Doges. Le réchauffement climatique entraîne des marées de plus en plus hautes. Pour passer sous les ponts vénitiens, les gondoliers sont parfois contraints de scier leur riccio, cette boucle en métal qui coiffe l’embarcation. Cette atteinte au patrimoine culturel italien

montre une nouvelle fois que l’élévation du niveau de la mer ne concerne pas seulement les nations insulaires des océans Pacifique et Indien, mais aussi l’Europe, et dans des proportions plus coûteuses encore qu’à Venise.

Réaménagement du territoire

Les Pays-Bas reviennent souvent en exemple. Un quart de son territoire se situe sous le niveau de la mer, souvent sous la forme de « polders », ces terres gagnées artificiellement sur les eaux au fil des siècles. Aujourd’hui, la mer du Nord prend sa revanche et Rotterdam, plus

grand port d’Europe, est menacée. Le maire, Ahmed Aboutaleb, prépare sa ville depuis plus de dix ans à « vivre avec l’eau plutôt que la combattre ». Pour cela, il a fait le choix d’investir dans des bâtiments flottants et végétalisés, pour s’adapter aux inondations

La bataille s’annonce déjà déséquilibrée car les prévisions du GIEC tablent sur une accélération de l’élévation maritime. D’ici à 2100, le niveau moyen aura augmenté d’environ un mètre, voire deux. Dans la trajectoire actuelle, le RoyaumeUni serait le plus touché en Europe : pas moins de 7,5 mil-

lions de Britanniques pourraient vivre, à terme, sous le niveau de la mer.

L’Hexagone aussi

La montée des eaux ferait aussi beaucoup de dégâts autour de la Méditerranée, en raison de sa faible amplitude de marée. Pour Wolfgang Cramer, co-auteur du dernier rapport du GIEC, le risque est réel car « tout y est très proche de la côte ». La France n’est donc pas épargnée.

L’Hexagone est donc au devant d’un problème de taille : d’ici à la fin du siècle, une habitation côtière sur dix sera inondable.

GREENWASHING ÉCOLOGIE
o Philippine Quentin Sultan al-Jaber sera à la tête de la COP 28 en décembre. (AFP)
MONTÉE DES EAUX
04 - EXPRESSO - 13 JANVIER 2023

COLONISATION

Macron estime ne pas devoir demander pardon à l’Algérie n Dans un entretien au Point mercredi, le président de la République a expliqué que des excuses pour la colonisation seraient « une fausse réponse aussi violente que le déni ». « Le pire serait de conclure: “On s’excuse et chacun reprend son chemin” », a-t-il poursuivi.

POLLUTION

Des composés chimiques dans les eaux en France n Des perfluorés en nombre dans les eaux de surface (lacs, mers, rivières...) hexagonales. C’est ce qui ressort d’un rapport de l’ONG Générations futures, dévoilé jeudi. Utilisés dans notre vie quotidienne comme imperméabilisants sur des biens tels que les cartons d’emballage d’aliments, l’intérieur des boîtes de conserve, ou encore les vêtements, ces produits chimiques sont accusés de provoquer des cancers et des dérèglements hormonaux.

RUSSIE

Un militaire condamné pour avoir refusé d’aller se battre n Un soldat russe a été condamné mercredi à cinq ans de détention pour avoir refusé de participer à « l’opération militaire spéciale » déclenchée en Ukraine. Reconnu coupable de s’être dérobé à son service militaire, Marsel Kandarov, 24 ans, a été placé en camp pénitentiaire.

ÉGLISE

Décès du cardinal controversé George Pell n Le bras droit du Pape François est mort à Rome mercredi. Issu d’un milieu modeste, l’australien avait gravi les échelons de la hiérarchie écclésiastique, avant d’être condamné à 6 ans de prison dans une affaire d’agression sexuelle sur deux enfants dans les années 1990. Le prêlat avait finalement été blanchi.

DIPLOMATIE Paris et Berlin au chevet d’une paix fragile au Tigré

n En visite en Éthiopie cette semaine, le couple franco-allemand cherche à soutenir le processus de paix en cours au Tigré. Mais celui-ci montre déjà ses limites.

Jeudi, la ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna, et son homologue allemande, Annalena Baerbock, entamaient une visite de deux jours en Éthiopie. L’objectif, soutenir le processus de paix entamé dans le pays. Depuis le 3 novembre 2020, la région du Tigré est le théâtre d’exactions contre la minorité locale par le pouvoir éthiopien. Un accord de paix a été signé le 2 novembre dernier, à Pretoria, en Afrique du Sud, entre les responsables tigréens et éthiopiens. Les protagonistes se sont accordés sur le désarmement progressif des forces armées tigréennes et le retour de « l’accès à l’aide humanitaire à tous ceux dans le besoin en Ethiopie »

Incursion de l’Érythrée

Mais l’accord, signé en l’absence du gouvernement érythréen, reste fragile. Dès no- vembre 2020, l’Érythrée s’est engagée au côté des troupes éthiopiennes dans le nord du Tigré. Elle s’y appuie sur son

CRISE

armée, un « gang soumis aux mains du président », décrypte le géographe Alain Gascon. Cette participation militaire s’est accompagnée d’exactions commises contre les Tigréens et les réfugiés érythréens. Longtemps, cette incursion n’a pas été reconnue par Isaias Afwerki, le président de l’Érythrée. En avril 2021, le pays a fait marche arrière, admettant prendre part au conflit. Face à l’ONU, Asmara a même promis « d’entamer le retrait des troupes ». Malgré tout, le conflit ne sera pas résolu avant « une bonne dizaine d’an-

Exactions toujours en cours

S’il est symbolique, le déplacement franco-allemand n’est pas significatif. Au Tigré, plusieurs organisations humanitaires continuent de constater des exactions. Du reste, si l’Érythrée refuse de reconnaître officiellement l’accord de paix, les deux autres belligérants pourraient organiser « une union sacrée contre elle », synonyme d’un nouveau conflit.

Au Pérou, une révolte venue du Sud

n Depuis décembre, les manifestations contestant la destitution de l’ancien président Pedro Castillo ont déjà fait une cinquantaine de morts.

Le sud du Pérou est l’épicentre de manifestations violemment réprimées depuis la destitution de l’ancien président Pedro Castillo, en décembre, pour tentative d’« autocoup d’État ». L’ex-instituteur, élu de justesse en juillet 2021 avec 50,12 % des voix, avait tenté de dissoudre le parlement, à majorité de droite, dans des termes contraires à la Constitution. Lundi, les derniers affrontements entre manifestants et policiers ont abouti à la mort de 18 personnes dans la région de Puno – une cinquantaine de

personnes sont mortes depuis le début des événements. Jeudi, des affrontements avaient toujours lieu à Cuzco. La procu- reure générale de l’État a ouvert une enquête pour « génocide, homicide qualifié et blessures graves » à l’encontre notamment de la présidente par intérim, Dina Boluarte. Depuis le 7 décembre, les manifestants exigent le départ de celle qui est pourtant issue du même parti de la gauche radicale que Pedro Castillo, Pérou Libre. Ils réclament aussi des élections anticipées et la libération de Castillo. Originaire de la région de Cajamarca, l’une des plus pauvres du pays, Castillo représentait l’espoir pour les peuples du sud de voir leurs intérêts représentés au plus haut niveau de l’État.

Dans un pays où les tentatives de décentralisation ont échoué, la population de ces régions (Puno, Arequipa, Ayacucho et Cuzco), majoritairement agricoles et issues des ethnies quechua et aymara, ne s’est jamais sentie représentée par une élite péruvienne riche et blanche. À cela s’ajoute le manque de financement des infrastructures publiques et l’absence de politiques culturelles pour une meilleure intégration des cultures natives. Pourtant, la forte présence d’entreprises étrangères qui y exploitent les ressources minières sont un moteur pour l’économie du pays. Pas moins de cinq chefs d’Etat se sont succédé à la tête du Pérou au cours des six dernières années.

nées », analyse le professeur de l’université Paris-VIII.
13 JANVIER 2023- EXPRESSO - 05 INTERNATIONAL
EN BREF
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Catherine Colonna et Annalena Baerbock. (Amanuel Sileshi / AFP

Gel des prix, enfin au tour des copropriétés

n Jusque-là exclus du dispositif, les 5 millions de ménages résidant en copropriété ou en logement social vont désormais bénéficier du gel des prix du gaz et de l’électricité, avec effet rétroactif au 1er juillet 2022.

Après les particuliers, et les très petites entreprises, les copropriétés et les logements sociaux pourront à leur tour bénéficier de prix de l’énergie plafonnés, pour le plus grand plaisir des ménages comme « les copropriétés ou les bailleurs qui ont pris des abonnements électriques ou gaz trop chers », a annoncé, dimanche 8 janvier, le ministre du Logement, Olivier Klein, sur Radio J. Pour le gaz et l’électricité, ces mesures sont à effet rétroactif à compter du 1er juillet 2022.

«Une avancée»

Trois grands nouveaux décrets ont été publiés, qui élargissent le périmètre de ceux, publiés le 31 décembre dernier, en faveur des Très Petites Entreprises. Les modalités de cette aide accordée aux ménages dépendant d’un chauffage collectif électrique sont détaillées dans deux décrets. La compensation correspondra, en 2023,

à la « différence entre le prix unitaire des tarifs réglementés de vente (TRV) non gelés (part variable) et celui du TRV gelé ». Tous les ménages habitant dans des copropriétés et des logements sociaux sont concernés par ces aides. Que ce soit « à titre principal ou secondaire », précisent aussi les décrets. Pour Fabien Élie, conseiller juridique à l’Union sociale pour l’habitat, qui a régulièrement interpellé le gouvernement sur « le caractère imparfait du dispositif de bouclier tarifaire mis en place en 2022, qui pénalise les habitants des immeubles sociaux », ces textes constituent « une avancée ». L’aide sera versée par les in-

termédiaire des entreprises fournissant de l’électricité aux organismes HLM, sociétés d’économie mixte, syndicats de copropriétaires et aux associations syndicales de propriétaires. Pour les bénéficiaires de l’année 2023, ils devront se faire connaître auprès des entreprises « au plus tard le 31 décembre 2023 ». Concernant l’aide accordée pour le second semestre 2022, en revanche, ils doivent se faire connaître auprès des entreprises « au plus tard le 1er février 2023 ».

Bouclier prolongé

Concernant le bouclier tarifaire sur le gaz, prolongé durant toute l’année 2023, la compen-

sation sera calculée sur la base des TRV, dont « la hausse sera limitée à + 15 % en janvier 2023, par rapport aux niveaux de 2022 », indique le gouvernement dans un communiqué. Tous les ménages habitant dans des copropriétés, des logements sociaux, mais aussi dans des logements raccordés à des réseaux de chaleur utilisant du gaz naturel sont concernés. Que ce soit là aussi « à titre principal ou secondaire ».

À l’instar du bouclier sur l’électricité, les clients des fournisseurs de gaz (organismes HLM, syndicats de copropriété) devront se faire connaître auprès des entreprises « au plus tard le 31 décembre 2023 », pour la compensation de l’année 2023. Le compte à rebour est donc lancé. Pour l’Union FO Habitat, « ces décrets constituent une avancée notable, dont bénéficieront en premier lieu des milliers de familles mises en grande difficulté par la hausse brutale et sans précédent des coûts de l’énergie. » Il reste enfin, pour le gouvernement, à trouver dans les discussions à venir le bon niveau de compensation pour l’ensemble des fournisseurs d’énergie qui ont beaucoup sollicités ces dernières semaines.

n Entre inflation et isolement, les étudiants en situation de précarité se multiplient. Des associations leur viennent en aide en offrant notamment des paniers repas.

«C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 », déclarait Emmanuel Macron en octobre 2020. Mais c’est sûrement plus difficile encore d’avoir 20 ans en 2023. En effet, les 18-25 ans sont les plus touchés par la précarité. Aujourd’hui, ils sont environ 20% à vivre sous le seuil de pauvreté, selon l’Insee. Certes, la crise du Covid-19 a permis de mettre sur le devant de la scène cette préoccupation. Mais

depuis la fin du second confinement, le problème est peu à peu passé aux oubliettes. Dans un contexte économique compliqué, les solutions apportées aux étudiants se multiplient et le panier repas gratuit est de plus en plus proposé.

«Lien social». Créée en mars 2021, l’association StudHelp met en lien des donateurs et des étudiants dans le besoin. « Le but c’est d’aller au-delà du panier et de créer du lien social », nous explique son co-fondateur Florian Rippert. Chaque semaine, des donateurs font les courses pour des étudiants qui se sont inscrits au préalable sur le site de l’association. Dans

la plupart des cas, les deux restent en contact. Sur un an et demi, 5200 étudiants ont ainsi été aidés par 4500 donateurs. Bien que les étudiants précaires viennent de tout horizon, un profil type semble se dégager. Selon l’Insee, 80 % des étudiants qui ont recours à l’aide alimentaire sont étrangers. Aussi, chez StudHelp, 58 % sont des femmes. L’association les aide à retrouver un lien social qu’ils ont parfois perdu. Florian se souvient d’une donatrice qui avait invité un étudiant dans sa famille pour les fêtes de fin d’année. Joséphine, étudiante en Master 2 à La Sorbonne, était bénévole entre 2020 et 2021 pour l’association Co’p1-

Solidarités étudiantes, qui propose également des paniers repas gratuits aux étudiants.

«Se rendre utile». Mais pour celle qui s’est engagée pour « pouvoir se rendre utile », l’association remplit le rôle du gouvernement. Entre le prix des logements et le coût de la vie, 13% des étudiants travaillent en parallèle de leurs études, selon le ministère du Travail. Comme le résume la jeune fille, « le but de cette asso, c’est qu’elle disparaisse parce que ça voudrait dire qu’on aurait réussi ». Un peu comme Les restos du coeur, qui ne devaient durer qu’un hiver.

06 - EXPRESSO - 13 JANVIER 2023 ÉCONOMIE
Des
ÉNERGIE
ÉTUDIANTS
paniers gratuits contre la précarité étudiante
Les factures d’électricité en augmentation (L.Bonaventure/AFP)

HYPERMARCHÉS

À l’Assemblée, des polémiques très commerciales

n

La grande distribution critique une proposition d’un député de la majorité qui renforcerait le poids des industriels dans la fixation des prix. La proposition sera étudiée le 16 janvier dans l’hémycle.

«Sécuriser l’approvisionnement des Français en produits de grande consommation », tel est l’objectif affiché par le député Renaissance Frédéric Descrozaille. Le parlementaire porte une nouvelle proposition de loi sur les négociations commerciales, qui vise à encadrer davantage les négociations commerciales entre les industriels et les enseignes de la grande distribution. Mais plusieurs amendements tout juste adoptés par la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale suscitent des critiques car considéré favorable aux industriels.

Risque de forte inflation

En cas de négociation non aboutie, la loi prévoit actuelle-

COMMERCE

ment que le prix de vente soit identique au montant du dernier contrat entre les deux parties.

Le projet porté par Frédéric Descrozaille prévoit qu’en cas d’échec d’accord commercial entre l’industriel et le distributeur, ce soit désormais le prix proposé par l’industriel qui remporte la négociation. Sur son blog Michel-Edouard Leclerc – président du comité stratégique de l’enseigne éponyme – dénonce un « scandale » et condamne fermement un projet qui empêcherait les commerçants de « s’opposer à des augmentations de 10 à 30 % ». Face à ces critiques, le député de la majorité plaide qu’il s’agit de rééquilibrer le pouvoir afin que les industriels puissent moduler leurs tarifs pour répondre à l’augmentation des coûts de production, notamment liée à la hausse des prix de l’énergie. Les enseignes de la grande distribution dénoncent, elles, un risque de forte inflation et de pénuries de produits. Ce risque est démenti par Fré-

déric Descrozaille pour qui aucun industriel n’imposerait des tarifs excessifs.

Revente à perte

En marge du débat, un article de la proposition de loi semble faire consensus. En effet, Frédéric Descrozaille entend prolonger le dispositif « EGalim » qui oblige le distributeur à vendre

La pub tourne la page du prospectus

n Les unes après les autres, les enseignes de la grande distribution alimentaire annoncent l’arrêt de la diffusion de leur publicité imprimée. Une question de coûts, d’écologie et de demande.

Les hypermarchés sont en train d’enterrer la bonne vieille publicité imprimée. Cora, enseigne disposant de 60 magasins en France, a décidé d’arrêter totalement l’impression de ses catalogues depuis mardi dernier. Ce changement de cap suit les annonces des centres E. Leclerc qui devrait se passer de leurs imprimés dès septembre. Une désicion qui ravit les plus écologistes. De son côté, Carrefour compte réduire le volume de prospectus de 40 % cette année, puis de 80 % en 2024.

Fracture générationelle Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette rétractation. En

premier lieu, l’inflation excessive du coût du papier. Ces petites publicités coûtant environ 20 centimes l’unité, représentent finalement un budget « en centaines de milliers d’euros » pour un seul hypermarché, souligne Michel-Édouard Leclerc, le président des centres du même nom. Il évoquait aussi une hausse de « 40 % du papier en deux ans », sur France info, le 12 décembre.

Et pourtant, la disparition de ces petits imprimés pourrait renforcer la fracture numérique. Les premiers concernés sont les irréductibles fans du papier, notamment les personnes âgées. « Je n’ai pas d’ordinateur, alors si je ne reçois plus les dépliants, je ne pourrai plus recevoir les réclames des hypers. Je vais devoir changer mes habitudes, c’est plutôt gênant », s’attriste Marie-Jeanne Cavillon, 86 ans, dans la Somme. Ce sentiment n’est pas éprouvé par

tous. Selon une enquête du cabinet NielsenIQ réalisée en décembre, seulement 31 % des Français déclaraient faire leurs courses en fonction des prospectus reçus chez eux.

Experimentation

La fin des catalogues papier a été largement accélérée par cette faible demande. Depuis le 1er septembre, le dispositif « Oui pub » est expérimenté dans 11 zones tests de France. Il interdit par défaut la distribution d’imprimés publicitaires, sauf si les consommateurs ont collé sur leur boîte aux lettres la mention « Oui pub ». Un dispositif qui montre de manière explicite que peu de gens expriment leur volonté de recevoir des « prospectus papier ». Ainsi, c’est un pan entier de la communication marketing qui est voué à disparaître. Et en même temps, certains métiers, comme celui de distributeur.

ses produits minimum 10 % plus cher que le prix d’achat afin de garantir une plus large marge aux producteurs agricoles. Pour Dominique Schelcher, PDG de Système U, « ce dispositif a fait ses preuves ». La Fédération nationale de syndicats d’exploitants agricoles soutient par ailleurs le projet de loi.

EN BREF

JUSTICE Stéphane Fouks fait amende honorable n L’actuel président exécutif de H/Advisors, réseau du groupe Havas, a accepté, mardi, au tribunal judiciaire de Paris de payer une amende de 165 00 euros pour recel de favoritisme après avoir reconnu des contrats litigieux passés avec EDF.

TECHNOLOGIE

Microsoft prêt à investir 10 milliards de dollars n Microsoft entame des pourparlers afin d’investir près de 10 milliards de dollars (9,2 milliards d’euros) dans la société OpenAl, propriétaire de l’intelligence artificielle ChatGPT. Le but est d’intégrer Word, Excel, Powerpoint et Outlook à la société. Bien que financièrement risquée, la tentative de main-mise pourrait s’avérer payante dans sa concurrence avec Google.

CONSOMMATION
13 JANVIER 2023- EXPRESSO - 07
La grande distribution dit craindre des pénuries (P.Lopez/AFP)

Départ de Lloris : la relève se tient prête

n Après la retraite internationale de Hugo Lloris, capitaine et titulaire indiscutable du système Deschamps, le foot français se cherche un nouvel ange gardien. Parmi les prétendants, des noms connus, des jeunes loups, et un favori.

Une légende. 145 sélections, 13 000 minutes, 63 matchs sans encaisser de buts. Trois records absolus en Bleus, et un brassard de capitaine collé au bras depuis 2012. Après quatorze ans de règne dans les cages de l’équipe de France et une Coupe du monde glanée en 2018, Hugo Lloris (36 ans) a annoncé sa retraite internationale le 9 janvier. Si sa doublure historique, Steve Mandanda, est encore là, l’ex-Marseillais (37 ans) ne représente plus l’avenir des Bleus, pas plus que l’Auxerrois Benoît Costil (35 ans), ni Benjamin Lecomte (31 ans) qui cire le banc de l’Espanyol Barcelona depuis deux ans.

EN BREF

Cyclisme

Thibault Pinaut annonce prendre sa retraite n C’est une page qui se tourne dans le vélo tricolore. Le grimpeur de la Groupama-FDJ, Thibault Pinault (32 ans), a annoncé, au quotidien L’Équipe, qu’il prendra sa retraite sportive à la fin de la saison 2023. Il avait été troisième du classement général et meilleur jeune lors du Tour de France 2014.

TENNIS

Tableau dégagé pour Caroline Garcia à l’Open d’Australie n Le tirage au sort est fait. La Française Caroline Garcia, numéro 4 mondiale, ne croisera pas la Polonaise Iga Swiatek, en tête du classement ATP, avant une éventuelle finale. Chez les hommes, le numéro 1 mondial Carlos Alacaraz, blessé, est le grand absent de cet Open d’Australie.

Le prince, le valet… Aujourd’hui, le favori se nomme Mike Maignan. L’ex- Lillois rayonne à Milan. Élu meilleur gardien d’Italie la saison dernière, le Guyannais (27 ans, 5 sélections) fait figure d’héritier logique du roi Hugo. Doué sur sa ligne, il dispose d’un meilleur pied que son aîné, et se montre très performant sur penalty, le point faible

SANTÉ

de Lloris. Mais blessé au mollet depuis octobre, et absent du groupe France pour la Coupe du monde au Qatar, Maignan n’a joué que 810 minutes en 2022-2023. Un état de santé préoccupant, qui pourrait profiter à Alphonse Areola (West Ham). À 29 ans, il connaît bien les Bleus, où il est 3e gardien depuis des années. Présent dans 48 des 70 derniers groupes de

Deschamps, l’ex-du PSG et de Madrid manque toutefois de temps de jeu en Angleterre.

…et la jeune garde

Derrière, quatre loups peuvent bousculer la hiérarchie. Alban Lafont, 23 ans, est décisif au FC Nantes. En pro depuis ses 16 ans, le « chat » manque pourtant d’expérience au niveau européen. Si Deschamps ne l’a jamais titularisé, il connaît déjà les Bleus, et lorgne sur le poste de doublure de Maignan. Révélation de la saison en Ligue 1, le gardien de Lille, Lucas Chevalier (21 ans), pourrait bientôt connaître sa première apparition dans le groupe France, tout comme Illan Meslier (22 ans), excellent en Angleterre avec Leeds. Enfin, le Lensois Brice Samba (28 ans) performe en L1, et rappelle beaucoup Mandanda, autant par son jeu au pied, que par son leadership.Dans les cages de l’équipe de France, la suite semble donc assurée avec un beau vivier de gardiens.

Des chevaux pour soigner les maux

n Plus qu’un sport de loisirs ou de compétition, les écuries proposent de plus en plus l’équithérapie ou la pratique de l’équitation adaptée aux personnes en situation de handicap. Zoom sur ces pratiques peu connues.

«Elle permet de s’émanciper et de vaincre ses peurs », explique Laura Bascout, enseignante d’équitation adaptée pour l’association Trott’autrement. Dans les Ecuries d’Attilly, en Seine et Marne, Laura profite d’une heure par semaine pour donner une séance particulière à Sawsenne, 14 ans, souffrant de troubles de l’attention. Pour la cavalière, l’équitation est un « épanouissement ». « Le cheval l’a beaucoup apaisée. Elle se concentre sur l’animal, elle prend sur elle pour vaincre ses peurs », explique

l’enseignante. Entre théorie et pratique, ces moments passés dans cet environnement lui ont permis d’évoluer : « On a pris le temps d’aller dans son sens. Cet été elle a galopé pour la première fois, j’ai vu un sourire. C’était touchant de la voir plus épanouie », se souvient Laura. Aujourd’hui Sawsenne parvient « à faire des choses autrefois inaccessibles, même si ça reste difficile. » Contrairement à l’équitation adaptée, l’équithérapie n’implique pas forcément de monter à cheval. C’est une prise en charge thérapeutique permettant de soulager le corps et l’esprit en « s’appuyant sur le plaisir » et l’appréhension de l’animal. « Elle apporte tant sur le plan social, émotionnel que physiologique et moteur », note Claire Poinsot, équithérapeuthe à son compte. La pratique se répand dans les Ehpad. Aux côtés des personnes âgées,

la médiation équine révèle des vertus pour de nombreuses pathologies. Dans son Ehpad, à Parempuyre, Marine, psychomotricienne, raconte les séances avec une dame atteinte d’Alzheimer, de dégénérescence visuelle, et de capacités cognitives diminuées. Au fil des rencontres avec l’animal, la confiance s’installe. Sentir le souffle du cheval, le nourrir, le caresser, les étapes sont progressives. « A la première caresse, elle s’est mise à pleurer », poursuit la psychomotricienne. Au delà de l’expression d’émotions, dissimulées pendant plusieurs années, la révélation est marquante : « Elle m’a adressé un regard alors qu’on savait qu’elle voyait trouble depuis des années. On a vu des progrès inespérés ». Des progrès qui perdurent ensuite au quotidien.

08 - EXPRESSO - 13 JANVIER 2023 SPORT
EQUIPE DE FRANCE
Deschamps et Lloris, saluant la foule. (G. Van der Hasselt / AFP)

« Ce qui est enfoui », un thriller exaltant

n En cette rentrée littéraire, on aperçoit sur les étales des librairies une couverture montrant une silhouette en ciré, fascinée par un faisceau de lumière rouge. Il s’agit du nouveau roman de Julien Freu, Ce qui est enfoui. Rencontre avec l’auteur.

Automne 1990. Un collégien disparaît mystérieusement dans le canton d’Estanville. Ne sont retrouvés que ses vêtements, soigneusement pliés, au milieu d’une forêt sans cesse arpentée par un étrange « homme qui marche ». Ce n’est pas le résumé d’un livre de Stephen King, mais bien celui du nouveau roman de Julien Freu, Ce qui est enfoui, paru le 4 janvier aux éditions Actes Sud. Pour cet adepte des récits de science-fiction,

l’hommage à l’écrivain américain ne faisait pas de doute. « J’écris toujours en ayant deux romans en tête. Pour cette fiction, j’avais Ça de Stephen King et Bienvenue au club de Jonathan Coe dans l’esprit », affirme Julien Freu, contacté par téléphone.

Récit d’apprentissage

À la fois récit d’apprentissage via d’attachants personnages – Aurore, Jérémie, Dario et Guilhem – découvrant l’abrupt monde du collège, et thriller empreint de science-fiction, le roman ressuscite le début des années 1990. Guerre en Irak, scandale du sang contaminé, mandat de François Mitterrand, les événements mondiaux se lient avec l’étrange histoire d’Estanville.

« J’avais envie de me replonger dans cette décennie que j’ai trouvée heureuse à vivre, malgré le fait que ce soit un laboratoire de catastrophes. De même, Estanville est le reflet de là où j’ai grandi », précise l’auteur. Rêvant d’écrire une chronique sur les années 1990, Julien Freu avait commencé ses prises de notes en 2005 avant de s’y replonger, il y a deux ans, pour Ce qui est enfoui

Notes grunge

Lorsqu’on évoque la similarité de son ouvrage avec les séries à succès Stranger Things et Dark, l’auteur sourit. « Quand j’ai regardé Stranger Things, j’en étais aux trois quarts de l’écriture et je suis tombé des nues. L’histoire est ressemblante mais ce n’est pas une de mes références. En revanche, c’est presque devenu un argument commercial pour ma maison d’édition », s’amuse le quadragénaire. Aimant la musique, surtout le « punk rock » – Iggy

Fascination macabre des séries… mortelles

n Dahmer, Le Serpent, Hannibal… : les séries sur la vie des tueurs en série fascinent autant qu’elles répugnent. Une « glamourisation » du crime sur laquelle prospère le business de l’horreur, marché en plein développement.

Il aura fallu une semaine à Dahmer : Autoportrait d’un tueur pour atteindre les 300 millions d’heures de vues. Cette série, qui raconte l’histoire du « cannibale de Milwaukee », tueur en série qui a tué 17 jeunes hommes, a été accusée d’ « esthétiser » le crime.

Cette fascination s’explique en psychologie par « l’ambivalence affective ». Si l’on condamne les actes commis, notre attrait pour le macabre tiendrait surtout d’une « volonté de ressentir la souffrance de l’autre », d’éprouver de l’empathie, et par-là même de se « dissocier du

tueur », comme l’explique Patrick Avrane, psychanalyste et écrivain spécialiste des faits divers. Cette plongée dans la psychologie du tueur est devenue chose courante avec l’essor des « true crimes ». Nées dans les années 1990, ces séries presque documentaires proposent des rétrospectives réalistes des parcours de criminels. Selon Pierre Langlais, spécialiste des séries TV pour Canal+, ces histoires vraies ont l’avantage de « permettre l’identification » à des personnages réels via un « pouvoir narratif digne des meilleures fictions ». Mais avec le « voyeurisme malsain » des séries comme Dahmer, le risque est la « valorisation esthétique de la cruauté ».

Le business des produits dérivés bat son plein : les lunettes de Dahmer se vendent 150 000 dollars, des enfants se déguisent en criminels pour Halloween... et le

« tourisme noir » qui permet de visiter des endroits liés au crime explose. Si cet attrait pour le morbide a d’abord boosté la fréquentation de sites historiques à l’instar de Tchernobyl ou d’Auschwitz, il s’est récemment propagé aux scènes de crime des serial killers. Du musée Jack L’éventreur à Londres à la visite du « terrain de chasse » du cannibale Jeffrey Dahmer à Milwaukee (États-Unis), les « itinéraires macabres » abondent. Plus près de nous, en France, la demeure de « l’ogre des Ardennes », le tueur en série Michel Fourniret, attire chaque année des centaines de curieux. De l’avis de Pierre Langlais, faire de l’argent sur le dos de la souffrance des victimes était « la limite à ne pas franchir », l’« once de décence » qu’il fallait conserver. Mais peut-on encore faire marche arrière ?

o Lisa Bergès et Chloé Boyer

Pop, U2 et The Smashing Pumpkins figurent en épigraphe – Julien Freu conseille l’album Without a Sound de Dinosaur Jr. pour accompagner la lecture de son roman. Bien qu’il apprécie l’intérêt porté à son nouvel ouvrage, son attention se tourne déjà vers le futur. « Mon prochain roman sera un polar. J’y étudierai les conséquences d’un drame sur une communauté dans les années 1990 », conclut l’écrivain. On attend déjà la sortie avec impatience.

EN BREF

DISPARITION

Mort du virtuose de la guitare Jeff Beck

n Guitariste de génie, le Britannique Jeff Beck est mort à l’âge de 78 ans. Tout au long de sa carrière, qui a débuté dans les années 1960 aux côtés d’Eric Clapton et Jimmy Page, il a exploré de nombreux genres musicaux, du blues au hard-rock, en passant par la musique électronique. Il avait contracté une méningite bactérienne qui n’a pas pu être soignée, selon un communiqué de sa famille.

ÉDITION

La vente de livres résiste cette année encore n 2022 a connu une légère baisse des ventes de livres par rapport à l’année précédente. Malgré tout, elles restent supérieures à celles enregistrées en 2019, avant la crise du Covid, de 12 % en volume et de 17 % en valeur.

CULTURE
LITTÉRATURE 13 JANVIER 2023- EXPRESSO - 09
L’écrivain Julien Freu. (DR)
SÉRIES TV

JEUNESSE ENGAGÉE Mathys, 19 ans, en formation pour devenir pompier de Paris

« Les camions rouges, ça me faisait rêver »

n Mathys est fils de pompier et veut le devenir à son tour. Il est sûr de son choix, en dépit des difficultés toujours plus nombreuses rencontrées par la profession.

«Je ne me suis jamais vu faire un autre métier. » Mathys parle de sa passion avec une détermination peu commune chez un tout jeune homme de 19 ans. Il consacre sa vie à la préparation de l’examen d’entrée de la prestigieuse institution des pompiers de Paris. Après un bac professionnel « métiers de la sécurité », Mathys a effectué un stage de plusieurs semaines dans une caserne à Choisy-le-Roi, dans la banlieue parisienne, qui a confirmé son souhait d’embrasser la profession. Il y a passé son diplôme de secourisme, avant de se lancer à corps perdu dans la préparation du concours d’entrée, très sélectif. Il a déjà réussi la première étape de l’examen et attend la seconde, « avec un peu de stress » Mais le jeune homme met tout en œuvre pour réussir. Quatre fois par semaine, il effectue au moins deux heures de sport intensives. Si ces sacrifices sont parfois éprouvants, Mathys ne se plaint pas. Tout ce qui compte pour lui, c’est de réaliser son rêve.

Le métier dans la peau

On ne tarde pas à comprendre d’où lui vient sa détermination. Un brin d’excitation dans la voix, Mathys raconte que sa passion remonte à l’enfance. Comme beaucoup de petits garçons, « les camions rouges et le feu, ça [le] faisait rêver ». Le jeune homme grandit dans l’admiration d’un père pompier de Paris pendant dix-neuf ans. La caserne est pour le fils « un endroit mythique ». Si bien que pour ses premiers pas chez les soldats du feu, il décide de faire son stage au même endroit.

Si Mathys est passionné, il n’ignore pas pour autant les difficultés rencontrées par les pompiers au quotidien. Problèmes d’effectifs, agressions, manque de considération, il sait qu’il devra y faire face. « Pendant les attentats et le Covid, les pompiers de Paris faisaient jusqu’à 72h de garde

EXPRESSO UN JOUR, TROIS FOCUS

n C’est le pourcentage de jeunes de 11 à 24 ans qui estiment aujourd’hui que « la science apporte à l’homme plus de bien que de mal », contre 55 % il y a cinquante ans. C’est ce que révèle une étude de l’Ifop sur le rapport des jeunes à la science. Théories complotistes, croyances occultes, fake news médicales... les contre-vérités scientifiques se diffusent plus facilement qu’avant dans la jeunesse, en particulier sur les réseaux sociaux.

n Il y a 125 ans jour pour jour, l’écrivain Émile Zola faisait paraître sa lettre ouverte, J’Accuse, à la une de L’Aurore, journal républicain socialiste. Elle dénonce le traitement injuste du capitaine Alfred Dreyfus par l’état-major, et joue un rôle dans sa réhabilitation. Zola sera puni d’une condamnation à la prison, et d’un an d’exil. Un « lanceur d’alerte avant l’heure », déclarait en octobre l’éditeur de sa correspondance.

13 janvier 1898

d’affilée, alors qu’en principe une garde ne doit pas dépasser 48h », raconte-t-il. « De nos jours, peu de personnes veulent faire des métiers à risque, il y a de plus en plus de pompiers qui se font blesser au cours d’intervention. Quand ils se déplacent, ils sont obligés d’avoir des gilets anti-agression qui les protègent des lames de couteaux », explique-t-il encore.

Une grande famille

Mais qu’importe pour Mathys. « Ça ne m’arrête pas, car si c’était le cas, dans la vie je ne pourrais plus faire grand-chose », dit-il avec une maturité et une assurance qui forcent l’admiration. Ce qui lui plaît dans le métier, « c’est d’aider les gens » « Toutes les interventions sont aussi importantes les unes que les autres. Que ce soit une personne âgée qui tombe de son lit ou un incendie d’un immeuble de cinq étages, pour moi c’est pareil », assure-t-il.

Ce qui plaît aussi à Mathys : la solidarité entre les pompiers de Paris. « C’est une grande famille. Sur une garde de 24h, on est tout le temps ensemble, on mange ensemble, on fait du sport ensemble, on dort dans des chambres communes, explique-til. Il faut aimer la vie de collectivité. » Si cette solidarité est tellement forte dans la profession, c’est d’abord parce qu’elle est nécessaire au quotidien. Les pompiers sont parfois confrontés à des situations particulièrement éprouvantes sur le plan psychologique, comme dans le cas des attentats. « Il y a toujours un accompagnement. La meilleure façon d’évacuer est d’en discuter avec les collègues », explique le jeune homme. Quoi qu’il en soit, Mathys reste serein et se dit sûr de lui. « Le but de ma vie, c’est de rentrer chez les pompiers de Paris. Et si j’y arrive, je serai une des personnes les plus heureuses du monde. »

n On l’appelle aussi « séance d’initiative parlementaire », prévue par l’article 48 de la Constitution. Une journée par mois, un groupe d’opposition décide des textes mis à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Jeudi, la niche parlementaire était consacrée au Rassemblement national, une première dans l’histoire du Palais Bourbon. Les discussions ont porté sur sept textes, dont la proportionnelle ou l’uniforme à l’école (lire aussi page 3).

Niche Parlementaire

10 - EXPRESSO - 13 JANVIER 2023
EXPRESSO 13.01.2023 #8
Mathys au lycée François Arago à Villeneuve-Saint-Georges (94). (DR)
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