EXPRESSO #2 2023/01/05

05.01.2023

FRANCE

P.2-3

La fin des passoires thermiques ? n Retour sur les nouvelles règles sur la performance énergétique.

silence, ça tourne... Césars

INTERNATIONAL

P.4 Les républicains sans tête n À la Chambre des réprésentants, les tours de scrutin se poursuivent.

ÉCONOMIE

P.6

Hausse des taux, baisse de l’intérêt n Le pouvoir d’achat immobilier des ménages a reculé en 2022.

SPORT

P.8

Le cas Hamlin n Décryptage des malaises cardiaques dans le sport.

Alors que les accusations de violences sexuelles s’accumulent dans le septième art, l’académie des Césars se décide timidement à agir. Enquête après l’onde de choc MeToo.

Thomas Samson/AFP

Win Mcnamee/AFP

Dylan Buell/AFP

Tima Miroschnichenko.Pexel

Les passoires thermiques, c’est thermi-né

n Depuis le 1er janvier, il est interdit de mettre en location un logement classé G+ par le diagnostic de performance énergétique, le DPE. Comment cette interdiction se met-elle en place ? Explications des nouvelles règles avec l’Agence nationale pour l’information sur le logement.

La chasse aux « passoires thermiques » est ouverte. Depuis le 1er janvier et l’entrée en vigueur de la loi Énergie et Climat, votée en 2019, les biens consommant plus de 450 kilowattheures par m² par an, classés G+ – la pire notation possible – sont désormais interdits à la location. Cette mesure se veut écologique : l’habitat représente « un cinquième des émissions de gaz à effet de serre de la France », selon le ministère de la Transition énergétique. Il y aurait actuellement 5,2 millions de logements classés F ou G sur les 30 millions de résidences principales. Un tiers de ces F et G seraient occupés par des propriétaires à faibles revenus. En France, se chauffer ne représente pas la même consommation partout. Selon une enquête du site seloger.com

ATTENTAT DE NICE

de 2019, les logements les plus énergivores se situent en Picardie – 252 kWh par m² par an. Paris n’est pas en reste, avec 242 kWh par m².

Mesure progressive

« Cette mesure a comme objectif de laisser du temps aux propriétaires pour réaliser des travaux et se mettre aux normes », précise Louis du Merle, directeur juridique au sein de l’Agence nationale pour l’information sur le logement, une association informant sur

les droits des locataires et propriétaires. Pour la suite, la loi Énergie Climat prévoit qu’au 1er janvier 2025, les logements classés G ne pourront plus être loués. Cette mesure s’étendra en 2028 aux habitats classés F, puis, en 2034 à ceux classés E. À terme, la loi prévoit de passer, d’ici 2028, tous les logements en dessous du seuil de 331 kWh par m². Si l’interdiction de louer des logements G+ est entrée en vigueur au 1er janvier, elle ne concerne pas tous les baux : « La loi concerne les contrats

Le statut de victime débattu à la barre

n Au second volet du procès de l’attentat de Nice, 850 personnes tentent de se porter partie civile pour obtenir réparation. Elles se considèrent victimes, même si elles ne se trouvaient pas dans la trajectoire du camion ou à portée de tir. La Cour doit statuer sur la recevabilité de leur demande.

Au deuxième jour d’audience, les dizaines d’avocats ont enchaîné leurs plaidoiries à la barre. Maître Cathy Guitard tente de convaincre la Cour que ses clients sont bel et bien des victimes.

Parmi elles, Zoé C., 14 ans, qui se trouvait sur la plage pour assister au feu d’artifice avec

sa famille. La rive ne faisant pas partie du périmètre de reconnaissance défini par le Parquet, sa demande risque d’être refusée. Son avocate raconte les douleurs et détaille les traumatismes subis par Zoé C. en voyant les corps gisant sur le bitume. Elle finit en lisant une lettre écrite par la jeune fille à la Cour en apprenant qu’elle risquait de ne pas être reconnue comme victime : «Que vous dire de plus que le fait que je suis morte ce soir là ?».

L’avocate a également raconté l’histoire de «Julia», 35 ans quittée par son mari car elle serait devenue «agressive et infernale» après l’attentat. Pour l’avocate, le Parquet commet une erreur d’appréciation en

définissant la zone a posteriori : «On sait aujourd’hui qu’il n’y avait pas de danger à être sur la plage, mais au moment de l’attentat, personne ne pouvait assurer qu’il n’allait rien leur arriver».

de location nouvellement signés. Sachant qu’un bail dure 3 ou 6 ans, cela prendra du temps pour que la loi devienne applicable », précise Louis du Merle.

Aides de l’État

Pour les propriétaires, les pouvoirs publics devraient amortir les coûts des rénovations.

« L’État aide depuis longtemps via le réseau France Rénov’. Il y a également toute une série d’aides locales des régions, départements et communes. Sur le territoire, nous en avons recensé plus de 1 300, ce qui n’est pas anodin », indique Louis du Merle.

Concernant les locataires, si leur bailleur refuse d’effectuer des travaux de rénovation, ils pourront aller voir un conciliateur.

Et si la conciliation échoue ? « L’étape d’après c’est d’aller voir un juge qui peut forcer le bailleur à réaliser les travaux à sa charge, réduire le loyer voire le suspendre et indemniser le locataire pour le préjudice potentiellement subi », rapporte encore Louis du Merle. Afin de ne pas avoir d’araignée au plafond, mieux vaut donc rénover son logement au plus vite.

o Joanna Blain

Zoé C., 14

Pour Maître Guitard, il reste une chance que ces clients soient reconnus comme victimes.

« Il y a eu des précédents, » comme Gwenaël Leriche.

Lui qui avait couru derrière le tueur pour tenter de le stopper

et plaqué au sol un homme pour lui éviter une balle, a fini par être reconnu comme partie civile. Pourtant dans un premier temps, n’étant pas sur la trajectoire du camion, ni dans le viseur du terroriste, il n’avait pas été considéré comme une victime directe.

Depuis, la cour de Cassation a cassé cette décision de justice, créant une jurisprudence. L’avocate de Gwenaël Leriche espère aujourd’hui que celle-ci permettra de faire reconnaître les personnes présentes sur les plages, le soir de l’attentat, comme des victimes indirectes.

o Jérémy Paoloni

Un tiers des logements classés F et G seraient occupés par des propriétaires à faibles revenus. (Etadly/Pixabay)

« Que vous dire de plus que le fait que je suis morte ce soir là ? »

ans

À Paris, les catholiques font leurs adieux à Benoît XVI

n En France, les catholiques attendent les obsèques du pape émérite Benoît XVI qui auront lieu ce jeudi à Rome. À l’église Saint-Sulpice de Paris (VIe arrondissement), de nombreux croyants gardent le souvenir d’un pape horsnorme.

Quelques fidèles attendent le début de la messe de mi-journée dans le recueillement. Rien ne vient troubler le silence de la prière, ou presque. À quelques mètres, une petite équipe de la TV catholique KTO installe caméras et sonorisation. Dans quelques heures, l’archevêque de Paris présidera dans l’église SaintSulpice une messe d’hommage national à Benoît XVI, décédé le 31 décembre 2022. Depuis, les catholiques attendent les obsèques et se remémorent les événements marquants de son pontificat.

Entre gratitude et admiration « J’étais jeune quand il a pris la succession de Jean-Paul II en 2005 », se souvient le

père Michel, « j’ai admiré sa grande humilité et son soutien à Jean-Paul II dans sa mission avant qu’il ne devienne pape à son tour ». Avant de célébrer la messe du midi, le prêtre demande aux fidèles de prier pour le défunt. En sortant de l’église après l’office, Alix, 23 ans, confie avec enthousiasme son intention de participer à la messe d’hommage : « Benoît XVI a marqué l’Église avec ses écrits, c’était un grand théologien », explique-t-elle, « il incarnait la force tranquille qui a permis une stabilité dans l’Église. »

Un éloge qui ne fait pas l’unanimité. Pour Catherine, non pratiquante, « il représentait la radicalité, un catholicisme extrême, alors que l’actuel pape est plus ouvert ». Pour le père Michel, l’opposition n’est pas pertinente : « François est un pape du peuple, Benoît XVI était plus dans les livres et l’orthodoxie ». Une complémentarité qu’il estime nécessaire. Et si Benoît XVI était parfois jugé conservateur, il avait sidéré le

monde en 2013 en renonçant à sa charge pontificale, à l’âge de 85 ans, du jamais vu depuis plus de sept siècles.

« Nous ne sommes pas tristes » À l’heure du dernier adieu, aucun abattement ne se lit sur les visages. « Nous ne sommes pas tristes car en tant que catholiques, nous pensons que Benoît XVI a rejoint Dieu

Pantin se féminise en Pantine

n La ville de Pantin se renomme officieusement « Pantine » pour un an, comme symbole de son engagement pour l’égalité femmes-hommes.

«Pourquoi toujours masculin, masculin… non Pantine c’est bien ! » s’exclame une habitante. La mairie socialiste de Pantin a fait de l’égalité entre les genres une priorité pour 2023 — et cela doit s’illustrer par un nom féminisé, « Pantine », comme l’a annoncé son maire, Bertrand Kern, lors de ses voeux.

« C’est ridicule ». Ce « e » peut-il favoriser l’égalité entre les genres ? Karima, la cinquantaine, ironise : « C’est ridicule. C’est ma fille de vingt ans qui m’en a parlé et même elle trouve ça ridicule. Pantin ou Pantine ça ne va rien changer

! Il faudrait plutôt des espaces de discussion pour échanger. » À Pantin, lorsqu’on parle de faire une place aux femmes dans l’espace public, il s’agit aussi et surtout d’actions citoyennes. L’association « Pas si loin » a été fondée en 2013 par un groupe de femmes – de « mamans » – et rassemble aujourd’hui une cinquantaine de bénévoles. Elle propose des lieux de vie où les habitantes se retrouvent lors de divers ateliers.

Nadia, enseignante, co-préside l’association : « Le quartier des 4 chemins à Pantin accueille beaucoup d’immigration, des personnes qui se retrouvent nombreuses dans de petits appartements et préfèrent être dehors. Ça donne une omniprésence des hommes dans la rue et les femmes ne s’y sentent pas toujours à l’aise. Donc c’est important d’offrir des espaces

où les femmes peuvent se retrouver. »

« Coup de pub ». Pour elle, le surnom de Pantine est un « coup de pub » bienvenu. « C’est bien parfois les polémiques. Je le vois avec mes élèves, cela permet de se poser des questions, d’ouvrir des discussions qu’on n’aurait pas eues autrement ». L’association « Pas si loin » et la mairie travaillent régulièrement ensemble pour permettre aux femmes de s’approprier l’espace public. Au printemps dernier, des marches exploratoires ont été proposées pour cartographier des espaces problématiques. Un manque d’éclairage ici, un amas de poubelles qui oblige à un détour de poussette là, ou un coin de rue occupé par des groupes d’hommes… derrière le coup de com, des actions concrètes.

o Axelle Auvray

dans l’éternité », explique une fidèle. « Je suis heureuse pour lui », confie aussi Alix, « il a eu une vie longue et bien remplie ». Après l’hommage national, les catholiques pourront suivre à la télévision, ce jeudi, un événement unique dans l’Histoire : un pape célébrant les obsèques d’un ancien souverain pontife.

o Anne-Sophie Retailleau

EN BREF

ÉGLISE

Mgr Michel Aupetit réagit à l’enquête pour agression sexuelle n L’ex-archevêque de Paris s’est dit mercredi « extrêmement surpris », « outré » mais « serein » après l’ouverture par le parquet de Paris d’une enquête préliminaire pour agression sexuelle sur personne vulnérable. Des faits datant de plusieurs années. Il affirme « que cette plainte n’ira nulle part » et qu’il « poursuivra sa mission pastorale ».

COUP DE POING

Des militants écologistes repeignent Matignon n Deux militants du groupe Dernière Rénovation ont été arrêtés, mercredi 4 janvier en fin de matinée, après avoir aspergé de peinture orange la façade de l’Hôtel Matignon à Paris. Ils voulaient dénoncer « l’action climatique de facade du gouvernement ».

Messe en l’église Saint-Sulplice de Paris (J. Demarthon/AFP)

Un républicain, ça Trump énormément

n Le favori des républicains Kevin McCarthy n’a finalement pas obtenu les 218 votes pour son élection au titre de président de la Chambre des Représentants dans la nuit de mardi à mercredi. Les tours de scrutin se poursuivent.

C’est une première depuis 1923, les trois scrutins de ce mardi n’ont pas permis d’élire le persévérant Kevin McCarthy, élu républicain, à la tête de la Chambre des représentants. Une surprise pour le leader de la droite qui a subi les contre attaques d’une vingtaine de membres de son camp, ralliés sous le collectif « Never Kevin » Loin de la majorité, les 204 votes qu’il a obtenu avanthier risquent de prolonger l’élection sur plusieurs semaines. L’imbroglio nuit aux républicains, et bénéficie en miroir aux démocrates. Mais pose pourtant des questions sur l’avenir politique du pays. « Tant que le vote est suspendu, les commissions importantes sont retardées et les projets de lois de Biden sont mis en difficulté », souligne Denis Lacorne, spécialiste des États-Unis pour le Centre de Recherches Internationales. S’il est élu, le conservateur

EUROPE-CROATIE

pourrait bien mettre en place un plafond budgétaire et ainsi rendre impossibles certaines commissions qui paralyseraient les nouvelles dépenses du gouvernement.

Une fracture à droite Pour le parti traditionnellement au centre de l’échiquier politique, la fracture est relativement nouvelle. « Donald Trump est l’incarnation du chaos républicain. Son influence est désastreuse et ses slogans ont renforcé les séparations extrémistes », explique le politologue. L’échec de McCarthy révèle des cassures internes

qui sont symptomatiques d’une instabilité politique. Pour Denis Lacorne, « c’est la preuve que les Républicains sont incapables de gouverner, ils s’entredéchirent ». Un avantage pour Joe Biden en vue de la prochaine présidentielle.

« Il n’a pas assez brillé » Fervent opposant à l’avortement et très conservateur, Kevin McCarthy s’est vu critiqué, par les trumpistes, pour ses prises de positions trop accommodantes face à certaines dépenses de Biden pour relancer l’économie. « Face à lui, les ultra conservateurs veulent

Croatie : l’euro fait des heureux

n Le 1er janvier 2023, la Croatie a rejoint l’espace Schengen et adopté l’euro après avoir intégré l’Union européenne il y a dix ans.

Un nouveau pays adopte la monnaie commune.

La Croatie clôture sa dynamique d’intégration européenne et a adopté l’euro comme monnaie officielle, au 1er janvier, pour remplacer la Kuna. Cette stratégie de politique monétaire commune offre à ce pays des Balkans une plus grande stabilité éco-

nomique. « L’alignement sur ses pays voisins européens élimine les risques d’attaque spéculative et aura un impact sur les trajectoires macroéco-

nomiques du pays », explique Christophe Blot, chercheur en macroéconomie pour l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE).

Régi par la Banque centrale européenne, l’euro fait certes perdre à la Croatie son autonomie monétaire, mais reste un réel avantage. De quoi lutter face à l’inflation élevée de 13,5 % contre une moyenne de 10 % au sein de la zone euro. L’intégration de Zagreb à l’espace Schengen est loin d’être une surprise pour les 27 pays membres.

« C’est une suite logique puisque la Croatie utilisait depuis longtemps l’euro de

mettre le chaos à Washington et lui reprochent de ne pas avoir assez brillé pendant les mid-terms », poursuit Denis Lacorne. Le parti de droite se retrouve scindé en deux pôles, l’extrême droite d’une part et les partisans de McCarthy de l’autre. Malgré tout, le candidat reste très ambitieux et compte sur l’épuisement des électeurs pour diriger la Chambre. Une chose reste sûre : la Chambre des représentants, à majorité républicaine, fera tout pour censurer la politique de Joe Biden.

o Anaïs Lavielle

manière officieuse pour ses échanges commerciaux », analyse Sandrine Levasseur, spécialiste des questions européennes à l’OFCE. Pour la Croatie qui a accueilli, en 2022, quatre fois plus de visiteurs qu’elle ne compte d’habitants, l’entrée dans la zone Schengen donne aussi un véritable coup de fouet au secteur du tourisme.

« L’euro et le libre-échange sont deux facteurs indissociables pour développer la croissance économique de la Croatie », ajoute Christophe Blot.

o Anaïs Lavielle et Camille Courtat

Kevin McCarthy à l’annonce des résultats à la Chambre des représentants (WIN MCNAMEE / AFP)

« La Croatie utilisait l’euro de manière officieuse .»

Sandrine Levasseur, chercheuse à l’OFCE

SOMALIE

Un double attentat fait 19 morts n Près d’une base militaire à Mahas, dix-neuf personnes, ont été tuées dans les explosions de deux voitures piégées. Les victimes sont des membres des forces de sécurité et des civils. L’attaque a été revendiquée par les Shebabs, groupe terroriste qui combat le gouvernement. Ce dernier est soutenu par la communauté internationale.

RUSSIE

Départ de la frégate russe Amiral Gorchkov n Equipée du « dernier système de missiles hypersoniques Zircon », la frégate russe Amiral Gorchkov, est partie ce mercredi, afin de favoriser « la sécurité de la Russie ». Pouvant atteindre neuf fois la vitesse du son, soit près de 11 000 km/h, ces missiles sont pratiquement impossibles à intercepter.

IRAN

Charlie Hebdo n Pour l’anniversaire de l’attentat du 7 janvier 2015, Charlie Hebdo a publié des caricatures d’Ali Khamenei en soutien aux « Iraniens qui se battent pour leur liberté ». Le gouvernement iranien a lui, promis des « réponses » au gouvernement français, qualifiant les dessins d’« insultants ».

ÉCOLOGIE

Corées : tension sur le 38e parallèle

n Après une année marquée par la détérioration des relations entre les deux pays, notamment au sujet du nucléaire, 2023 débute sous les mêmes auspices. Les frères ennemis semblent prêts à relancer la course à l’arme nucléaire.

Pour les deux Corées, l’année 2023 sera nucléaire, ou ne sera pas. Erigée au rang de priorité par le Nord depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, c’est au tour du Sud d’afficher son intérêt pour l’arme atomique. Le nouveau président sud-coréen,YoonSeok-youl, a évoqué la tenue d’« exercices nucléaire conjoints » avec les États-Unis, qui ont déclaré ne pas l’envisager, via un communiqué, même s’ils confirment préparer « une réponse coordonnée et concrète à une série de scénarios, y compris une utilisation de l’arme nucléaire par la Corée du Nord »

Séoul sur le pied de guerre

Cet imbroglio met en lumière un durcissement de la politique du Sud vis-à-vis du Nord. Les récentes déclarations du ministère de la Défense sud-coréen confirment ce changement

d’approche quant aux menaces nucléaires de Pyongyang : « Toute tentative de la Corée du Nord d’utiliser ses armes nucléaires se traduira par la disparition du régime de Kim Jong-un. »

La nouvelle doctrine sud-coréen intervient face à la multiplication des « provocations » du Nord. En 2022, 70 missiles ont été tirés en direction des « ennemis» de Pyongyang. Par ailleurs, le Nord serait prêt à procéder à un essai nucléaire, le septième depuis 2006. L’arrivée de Yoon Seok-youl en 2022, a ravivé les tensions entre les deux voisins. Élu sur la promesse d’une politique de fermeté vis-à-vis du Nord, d’un

Climat : les sueurs froides de la jeunesse

n Absence de neige en Haute-Savoie, vagues glaciales dans le Midwest des États-Unis, été indien au 31 décembre… Le climat est un sujet anxiogène pour les jeunes du monde entier.

«Le 31 décembre, nous étions à la plage et on s’est baigné dans la mer. La température était incroyable pour cette période de l’année. » Juanjo, originaire de la province d’Alicante, a passé les fêtes de fin d’année en Espagne. D’après l’agence météorologique, le pays a battu son record de chaleur en 2022, avec une température annuelle moyenne de 15,5 °C. De quoi inquiéter Juanjo : « Tout a changé et ça va être pire, on ne fait plus la différence entre les saisons. Je suis rentré en Espagne avec mes vêtements d’hiver mais il faisait bien trop chaud ! »

La vie quotidienne est bouleversée face à ces changements brutaux de températures. L’heure est à l’adaptation. C’est le cas de

Maxime, 24 ans. Le domaine du Grand Massif de Haute-Savoie où il travaille comme moniteur de ski a fermé ses portes pour deux semaines en raison du manque de neige.

« Les canons à neige ne fonctionnent pas » « Il fait tellement chaud que les canons à neige ne peuvent pas fonctionner », raconte le jeune homme désabusé par la situation. Travailleur indépendant, il ne sera pas payé et ne touchera pas le chômage non plus. Le réchauffement climatique pourrait lui faire revoir ses projets de vie : « Ça m’inquiète car j’ai tout misé sur un boulot et je ne suis pas sûr qu’il existera dans quelques années. » Éléonore a posé ses valises de l’autre côté de l’Atlantique, fin août 2022. Le temps de finir sa dernière année d’études à l’université de Pace, à New York. Il y a deux semaines, Big Apple atteignait -11 °C, bien moins froid que les -55 °C dans le Kansas ou le Missouri par exemple. Relativement préservé de ces vagues glaciales,

rapprochement avec les ÉtatsUnis et le Japon, ce dernier a amené Pyongyang à durcir sa politique.

Course à l’armement nucléaire ?

Les frasques de Kim Jongun inquiètent de plus en plus au Sud de la péninsule, où, selon un sondage du 2 janvier réalisé par l’institut Hankook Research, 67 % des habitants seraient favorables à ce que leur pays se dote d’armes nucléaires. Une situation faisant craindre une course aux armements nucléaires en Asie de l’Est, qui pourrait inciter d’autres pays comme le Japon, à acquérir un tel arsenal.

o Thomas Papin

la jeune femme de 21 ans s’étonne de l’absence de mesure environnementale prises par les autorités : « Ici, les vagues de froid durent deux jours tous les mois en hiver. C’est peu pour New York. Mais voir à quel point les pouvoirs publics n’en tirent aucune conclusion, ça m’inquiète. »

« Je suffoque dans mon appartement »

Dans son appartement au sud de Brooklyn, elle ne peut pas contrôler la température de son radiateur, qui chauffe parfois jusqu’à 100 °C. Elle a fait deux malaises la semaine dernière : « Le radiateur du salon fume tellement il est brulant alors qu’il fait -5 °C dehors. Ma fenêtre est constamment ouverte. Je suffoque dans mon appartement, alors que des SDF meurent de froid dans ma rue. » En ce début d’année 2023, ces bouleversements de températures inquiètent les jeunes pour leur avenir. Et génèrent un fort sentiment d’impuissance.

o Lou Van Cauverberghe

Le président de la Corée du Sud, Yoon Seok-Youl (ANTHONY WALLACE / AFP)

Hausse des taux, baisse de l’intérêt

n Grâce à de faibles taux d’emprunts, 2021 a été une année dynamique pour les Français dans l’achat des biens immobiliers. Mais en 2022, avec l’inflation et la guerre en Ukraine, les taux n’ont fait que flamber. Conséquence, une baisse importante du pouvoir d’achat immobilier des ménages, révélée par la dernière enquête de Meilleurtaux.

Un F5 de 94m² en 2019, mais plus qu’un F2 de 52m² pour le même prix en 2022… Le cas d’Angers est symptomatique de la baisse du pouvoir d’achat immobilier des ménages français. En cause, le prix du m² qui a augmenté de près de 50% sur trois ans à Angers. “On ne parle plus d’une pièce en moins mais bien de deux pièces en moins !”, observe Maël Bernier, porte-parole du site Meilleurtaux.com. La ville se hisse à la première place de leur baromètre qui étudie l’évolution du pouvoir d’achat immobilier réalisé sur les trois dernières années.

Une très forte augmentation

Selon Century 21, le premier réseau d’agences immobilières en France, le nombre de transactions a reculé de 4% en 2022. Les causes sont multiples : l’inflation, découlant du conflit ukrainien, qui réduit le pouvoir d’achat, et surtout la hausse des taux d’intérêt. “Aujourd’hui, les taux d’intérêt augmentent car la Banque centrale européenne cherche à limiter l’inflation galopante depuis la sortie du Covid”, explique Cécile Vignal, sociologue spécialiste de l’habitat. La France a connu “une augmentation rapide et très forte des taux” détaille encore Maël Bernier. Emprunter pour acheter un bien coûte plus cher. Il y a encore un an, c’était possible “à un taux de 1% contre plus de 2,5 % aujourd›hui et cela devrait encore augmenter, peutêtre jusqu’à 3,5 % à la fin de l’année”, poursuit-elle. “C’est une mauvaise nouvelle pour les acheteurs, pour qui c’est difficile d’emprunter avec un risque

potentiel de surendettement”, poursuit David Rodrigues, juriste à l’Association nationale de défense des consommateur pour l’habitat (CLCV). Depuis la pandémie de Covid-19 et ses confinements successifs, les tendances immobilières ont connu de profondes modifications. Les Français se ruent désormais vers les villes moyennes, devenues plus attractives, notamment pour les acquéreurs en recherche d’espaces plus grands et de verdure. “La proximité avec le TGV mais aussi la possibilité du télétravail a poussé les cadres notamment à investir dans une résidence secondaire” explique Maël Bernier.

Celles-ci se retrouvent en tête du classement car elles ont subi “un rattrapage récent des prix de l’immobilier par rapport aux grandes métropoles”, ajoute-t-elle.

Des métropoles stables

Les grandes métropoles comme Paris (en 20ème place du classement), ou Bordeaux (19ème), n’ont pas connu de grandes variations ces dernières années car les prix avaient déjà augmenté bien avant la crise du Covid, “entre 2010 et 2019”, précise Maël Bernier. Lyon se place en 18ème position avec une perte de 9m² seulement pour un futur acheteur. Là aussi, “les prix de l’immobilier avaient déjà beaucoup

augmenté, donc l’évolution est moins marquée que dans les autres villes”, confirme l’agent immobilier Lucas Mayet. En France, “les prix immobiliers ont des niveaux très variés : élevés dans les métropoles, les côtes et espaces valorisés socialement, et très bas dans les espaces ruraux et petites villes en déclin”, souligne la sociologue du logement Cécile Vignal.

Un marché en stand-by Du côté des locataires, l’interdiction de louer des passoires thermiques, effective depuis le 1er janvier dernier (lire notre article en page 2), ajoute encore de la tension sur le marché immobilier, certains propriétaires sont contraints de retirer leurs biens du marché, ce qui réduit la part de logements disponibles à la location. Actuellement, le “marché est en stand-by”, juge Maël Bernier. “Il y a une quinzaine d’années, les taux étaient supérieurs à 3%. C’est normal qu’avec l’inflation les taux repartent à la hausse”. En France, les ménages empruntent à taux fixes, ce qui garantit une «super sécurité» en comparaison avec d’autres pays européens qui pratiquent des taux variables. Finalement, selon Maël Bernier, “le marché reste solide et les acquéreurs ne sont pas si coincés par la hausse des taux”.

o

Lisa Bergès et Emma Forton

ÉNERGIES

Les Français perdent leur flamme pour le gaz n La consommation de gaz baisse en France, selon les chiffres du transporteur GRTgaz. Depuis le 1er août 2022, une réduction de 10,5 % a été constatée. L’entreprise y voit un « effet sobriété ». Cette diminution rejoint celle des prix, le cours étant revenu au niveau d’avant-guerre en Ukraine.

TECH

n Meta condamnée à 390 millions d’euros d’amende La maison mère du réseau social Facebook, Meta, a écopé ce mercredi en Irlande, au nom de l’Union européenne de deux amendes totalisant 390 millions d’euros. Pointé par la Commission pour la protection des données (DPC), le non-respect de « ses obligations en matière de transparence ».

PRIX

L’inflation connaît finalement un peu de répit n Le taux d’inflation en France ralentit et s’établit à 5,9% sur un an en décembre 2022 contre 6,2% en novembre 2022, d’après les premières estimations de l’INSEE. Une baisse liée au recul du prix de l’énergie en fin d’année. Un rebond estimé à 7% reste à prévoir en ce début d’année.

SANTÉ

Le déficit des Ehpads publics continue de se creuser n Nouveau coup dur pour les Ehpads publics. 85% d’entre eux anticipent un fort déficit fin 2022, selon une enquête de la Fédération des hôpitaux de France. Leur bête noire ? L’inflation, qui apporte son lot de charges, sans que les tarifs ne suivent. Reste à voir si le gouvernement indexera leurs recettes sur l’évolution des coûts.

AUTOMOBILE

En Allemagne, tout roule pour l’automobile n 2,65 millions de voitures neuves ont été vendues en 2022 en Allemagne. Une hausse de 1,1% par rapport à 2021, dévoile l’Agence fédérale pour l’automobile (KBA).

Les achats immobiliers ont reculé de 4% en 2022 (Crédit/AFP)

Pour William Saurin, un débrayage conservatoire

n Confronté à l’augmentation du coût de l’énergie, le groupe Cofigeo (William Saurin, Raynal & Roquelaure, raviolis Panzani…) met 800 employés au chômage partiel pour une durée indéterminée.

Réchauffées en quelques minutes, elles font gagner un temps précieux en cuisine. Mais mises en difficulté par l’inflation énergétique, les conserves William Saurin font aujourd’hui grise mine. Face à une explosion de sa facture d’électricité et de gaz, la maison-mère a mis à l’arrêt 80% de sa production. Toutes les marques de Cofigeo, qui commercialise également des produits sous marque distributeur, sont également concernées.

Une production énergivore Quatre de ses huit usines sont concernées : Pouilly-sur-Serre dans l’Aisne, Saint-Thibaultdes-Vignes en Seine-et-Marne, Capdenac en Aveyron et Camaret-sur-Aigues dans le Vaucluse.

Contactée par téléphone, l’entreprise précise à L’Expresso que « sur un an, les charges

énergétiques sont passées de 4 à 44 millions d’euros ». Une note qui a fait « fois 10 » et a précipité une « décision inévitable » pour son président Mathieu Thomazeau.

l faut dire que la production de cassoulet et autres raviolis en boîte est un processus énergivore. Elle repose sur la technique dite de l’appertisation, une méthode de stérilisation obtenue en plongeant les plats préparés dans une grande

cocotte-minute industrielle, très demandeuse en gaz.

Chômage partiel mais flou total Annoncé en décembre, le chômage partiel, qui a pris effet le 2 janvier, concerne les deux-tiers de ses 1200 salariés. « La mise en place de l’activité provisoire de longue durée (APLD) a fait l’objet d’un accord avec les cinq syndicats représentatifs », indique Cofigeo. Un délai in extremis

Car ce dispositif, qui avait été mis en place par l’État lors du fameux “quoiqu’il en coûte” du Covid pour aider les entreprises en difficulté, a pris fin au 31 décembre dernier. La signature juste avant la fin de l’année permet donc à l’entreprise de bénéficier encore des aides d’État et de réduire son activité sans trop de fracas. Les salariés concernés voient, eux, leur salaire maintenu, « à hauteur de 70% », nous indique-t-on. Pour le retour à la normale, il faudra patienter. « On espère que cela ne durera qu’un mois, mais pour le moment, aucune date de reprise totale d’activité n’est arrêtée », apprend encore L’Expresso.

Que les consommateurs se rassurent toutefois. Aucune rupture d’approvisionnement dans les supermarchés n’est pour l’heure prévue. « Nos produits fonctionnent avec un principe de DDM [date de durabilité minimale, ndlr] qui n’impose pas une consommation immédiate comme c’est le cas pour le frais. On fonctionne donc sur du stock », nous assure l’entreprise. Mais l’avenir des salariés est, lui, des plus incertains.

o Julien Azoulai

n La cyclo-logistique, mode de livraison par vélo électrique à cargo, est en pleine conquête du monde entrepreneurial, avec des start-ups qui promettent de décongestionner les routes. Mais le risque d’ubérisation des livreurs plane, rebutant la clientèle.

Après les vélos à chargement bi-porteur dans lesquels des trentenaires écolos transportaient leurs enfants, place au vélo-cargo triporteur pour assurer les livraisons de marchandises en ville. Les start-ups de livraison profitent de l’essor du vélo à assistance électrique (VAE) depuis les confinements. En 2021, le chiffre d’affaires du marché

français généré en deux ans avait bondi de 43 %, selon le bilan de l’Observatoire du cycle 2021 paru en avril 2022.

Le VAE peut assurer des livraisons en centreville jusqu’à 60 fois plus rapidement qu’une camionnette, indique le rapport d’Active Travel Academy d’août 2021.

Si cette « alternative plus rentable » gagne du terrain, tout ne roule pas encore pour les vélocargo.

Ces transports permettent de « décongestionner les voies urbaines », comme l’assure Boîte à vélo, l’union nationale des professionnels à vélo.

Les fervents défenseurs du modèle reconnaissent eux-même que la cyclo-logistique doit encore « faire ses preuves ». Selon Amauric Guinard, cofondateur de Colisactiv’, structure prônant une livraison écologique de colis, la liste des écueils est longue : absence d’offre nationale de maintenance entre autres, mais aussi inertie des compagnies d’assurance qui ne proposent pas d’offres ajustées. Il est certain que ce « modèle ambitieux » doit encore « être structuré », conclue-t-il.

Mais la bête noire de ce marché reste les aprioris. « Lorsqu’on parle de cyclo-logistique, la clientèle pense directement aux livreurs ubérisés », déplore Céline Mourin, porte-parole de la Fédération professionnelle des cyclo-logisticiens. Elle estime pour sa part que ce modèle alternatif est « viable » et devrait être « mieux présenté » pour « donner confiance ». Des idées reçues, vraiment ? En réalité, admet-on chez Colisactiv’, il est difficile d’accéder au foncier. Cette difficulté d’accès à des hubs logistiques bien placés en ville forcent les start-ups à changer régulièrement d’entrepôts. La praticité affichée par les acteurs du marché n’est donc pas encore une réalité.

o Chloé Boyer

William Saurin freine sa production (Lionel Bonaventure/AFP)

: des start-ups à fond les pédales

Ce « modèle ambitieux » doit encore « être structuré », selon le cofondateur de Colisactiv’.

Quand le cœur n’y est plus

La rencontre de football américain de la NFL (National Football League), du 2 janvier, entre les Buffalo Bills et les Cincinnati Bengals a été interrompue dès le premier quart-temps. Damar Hamlin, défenseur des Bills a été victime d’un arrêt cardiaque des suites d’un plaquage. Dans un communiqué publié quelques heures après l’accident, sa franchise a indiqué : « Mercredi, il était encore en soins intensifs dans un état critique au centre médical de l’Université de Cincinnati. » Ce n’est pas le premier cas de problème cardiaque chez un sportif. Chaque année plusieurs malaises de ce type sont également à signaler dans le sport amateur.

Messager grec

La mort subite du sportif ne date pas d’aujourd’hui. Selon une légende datant du Ve siècle avant J-C, Phidippidès, un messager grec, aurait parcouru les 25 miles (40 kilomètres) qui séparent Marathon d’Athènes, afin d’annoncer la victoire de la Bataille de Marathon, avant de s’effondrer raide mort. Ainsi serait né le marathon, mais aussi la cardiomyopathie de Phidippidès, une maladie cardiaque liée à l’effort.

SKI ALPIN

n Le sport est bénéfique pour la santé, notamment au niveau cardiaque. Mais parfois, des accidents arrivent. Le joueur de football américain Damar Hamlin en a fait les frais, dans la nuit de lundi à mardi. Décryptage.

(Dylan Buel/AFP)

En 2008, une étude publiée dans l’European Heart Journal a montré que l’exercice d’endurance engendrait des modifications du cœur sur le long terme. Étant plus musclé, il envoie de plus grandes quantités de sang. Cela peut donc grossir les artères, entraînant leur raidissement et augmentant le risque de fibrillation atriale (contractions

irrégulières du cœur). Le dopage peut également déséquilibrer l’harmonie entre le côté droit et le côté gauche du cœur et bloquer, à terme, la sortie du sang de celui-ci.

Le coup fatal

Il est aussi possible que ces accidents cardiaques surviennent à la suite d’un contact. Selon

Intouchable Mikaela Schiffrin

n Dans des conditions très difficiles, l’Américaine Mikaela Schiffrin a remporté le slalom de Zagreb, sa 81e victoire en Coupe du monde. Elle se rapproche toujours plus du record de Lindsey Vonn (82 victoires).

Sur la route de Courchevel-Méribel, où se tiendront les championnats du monde de ski alpin du 6 au 18 février prochain, Mikaela Schiffrin ne laisse même plus de miettes à ses concurrentes. Elle est montée hier sur la première marche du podium pour la cinquième fois d’affilée, en remportant le premier des deux slaloms de Zagreb (Croatie). Sur une piste qui tenait par

moment davantage du ski nautique que du ski alpin, l’Américaine n’a guère été inquiétée que par la Slovène Petra Vhlova, grâce à un gros deuxième run, qui échoue finalement à sept dixièmes de Schiffrin. L’enneigement difficile a d’ailleurs empêché de nombreuses skieuses d’aller au bout de leur slalom, avec un nombre d’erreurs important. Les Françaises Chiara Pogneaux et Doriane Escane en ont d’ailleurs fait les frais. Seule tricolore dans

les trente meilleurs temps et au départ de la deuxième manche, Nastasia Noens, sérieuse sur les skis, termine 12e à environ deux secondes du podium. Rebelote ce jeudi à partir de 15h. Si la chaleur croate ne devrait pas permettre un grand spectacle sur la piste, cette manche pourrait malgré tout être historique. Si Mikaela Schiffrin gagne encore, elle porterait son total à 82 victoires en Coupe du Monde, égalant le record chez les dames de Lindsey Vonn et revenant à deux unités de la marque ultime du Suèdois Ingemar Stenmark (84 victoires).

o Baptiste Leduc

Robert McKelvie de la Western University (Canada), les athlètes peuvent « souffrir de perturbations soudaines du rythme cardiaque s’ils reçoivent un coup intense directement dans la région du cœur même s’ils ne présentent aucun trouble cardiaque », explique-t-il dans Le Manuel MSD en 2020. Mais comme le souligne Dr Benoît Gérardin dans la revue Cardio & Sport, en janvier 2015, ce « choc sur la poitrine est le plus souvent provoqué par un projectile de petite taille (balles de base-ball, de softball, du jeu de lacrosse, et de palets de hockey) et moins souvent par la collision entre deux joueurs ». Cette troisième possibilité reste la plus plausible pour expliquer l’arrêt cardiaque de Damar Hamlin. Mais rien n’indique qu’il s’agit de l’unique cause. C’est pourquoi il est recommandé aux sportifs d’effectuer régulièrement un électrocardiogramme.

La Société Française de Cardiologie en conseille un « tous les 3 ans entre 12 et 20 ans, puis tous les 5 ans entre 20 et 35 ans. Après 35 ans, l’examen recommandé est le test d’effort ». Une recommandation que les clubs respectent de plus en plus.

o Killian Tanguy

EN BREF

AUTO-MOTO

Loeb gagne enfin au Dakar n Après trois étapes marquées par des crevaisons, Sébastien Loeb (Prodrive) s’est enfin imposé mercredi. Il a devancé Stéphane Peterhansel (Audi) de 13 secondes. Au général, il est 14e, à plus de 1 h 30 du leader qatarien Nasser alAttiyah (Toyota).

CYCLISME

Cinq formations françaises en lice pour le Tour de France n Cinq formations françaises (sur les 22 présentes) prendront le départ du Tour de France le 1er juillet) : AG2R-Citroën, Groupama-FDJ, Cofidis, ArkéaSamsic et Total-Energies.

Les coéquipiers de Damar Halmin, 2 janvier, Cincinnati.

L’Américaine est à une victoire de Vonn et à trois de Stenmark.

Césars : en coulisse, une timide révolution

n Après les retentissantes affaires Roman Polanski et Sofiane Bennacer, l’Académie interdit à toute personne mise en cause pour violences sexuelles ou sexistes de participer à la cérémonie de remise des prix. Un retournement surprenant, mais cohérent avec les évolutions silencieuses des dernières années et de l’ère MeToo.

C’est un petit communiqué qui agite le monde du cinéma. Le 2 janvier 2023, l’Académie des Césars a annoncé que toute personne mise en cause par la justice pour des faits de « violences, notamment à caractère sexuel ou sexiste » ne pourra être ni invitée ni représentée à la cérémonie de remise des récompenses, le 25 février prochain. Un refus de les mettre en lumière, « par respect pour les victimes, même présumées », précise le communiqué, tout en expliquant que ces artistes pourront tout de même être récompensés.

La décision suit de près l’affaire Sofiane Bennacer : en novembre, l’acteur principal du film de Valeria Bruni-Tedeschi, Les Amandiers, était pré-sélectionné parmi les « révélations » de l’année. Suite à la médiatisation de ses mises en examen pour viols et violences sur conjoint, il est retiré de la liste. L’Académie aurait sans doute préféré se passer de la polémique, après avoir récompensé trois ans plus tôt le réalisateur Roman Polanski, accusé de plusieurs viols. La cérémonie, notamment marquée par le départ tonitruant de l’actrice Adèle Haenel, avait ébranlé le cinéma français.

«Une révolution démocratique»

Si la polémique avait, à l’époque, terni son image, l’Académie des Césars s’est, discrètement, remise en question. Dans le milieu de la culture, les professionnels se sont déchirés dès janvier 2020. Par tribunes interposées, les prestigieuses Société des réalisateurs français et le Syndicat de producteurs indépendants avaient accusé l’Académie des Césars « d’opacité », et de fonctionner par « cooptation ». Le

Conseil d’administration était majoritairement composé, à l’époque, de membres de droit : des personnalités récompensées aux États-Unis par des Oscars.

Deux semaines avant la cérémonie qui a récompensé Roman Polanski, le Conseil avait démissionné, et le système avait été refondu sous la pression médiatique. L’Assemblée générale, le bureau, les représentants : toutes les instances sont désormais paritaires et élues par les 4500 adhérents de l’Académie. En novembre 2020, celle-ci se sépare alors de ses membres historiques, comme son ancien président, Alain Terzian, ou Roman Polanski en personne. « Une révolution démocratique », affirme Matthias Weber, producteur et membre du bureau actuel des Césars. Une nécessité pour aborder sereinement les questions de violences sexuelles, explique aussi Maud Wyler, actrice et membre de ce même bureau : celles-ci font débat, dans un milieu où « une actrice doit aussi être objet de désir pour décrocher un travail ».

«Avancées inexorables»

Discrètement, c’est l’ensemble du monde de la culture qui s’est transformé dans le sillage du mouvement #MeToo.

« En cinq ans, il y a eu des avancées inexorables dans la prévention », estime Claire Serre-Combes, pilote du comi-

té Femmes-Mixité à la CGT Spectacle. « Dans le cinéma, la réputation joue beaucoup pour obtenir un travail, ce qui décourage les victimes de témoigner. Mais de plus en plus d’affaires éclatent, car le seuil de tolérance pour ces violences diminue peu à peu. »

«Limiter le harcèlement»

Les institutions du cinéma, le ministère de la Culture et le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) en tête, ont peu à peu mis en place des mesures. Depuis janvier 2021, les producteurs qui souhaitent obtenir des subventions du CNC doivent suivre une formation d’une demi-journée sur la prévention des violences faites aux femmes.

« Je me pensais informé sur le sujet , se souvient Matthias Weber. Mais j’ai beaucoup appris sur notre responsabilité en tant qu’employeur, pour limiter le harcèlement sur le lieu de travail. » Le CNC, avec une fédération de syndicats, et l’organisme de protection sociale Audiens ont aussi mis en place une cellule d’écoute téléphonique sur les violences sexistes et sexuelles dans le secteur du spectacle.

Au sein de l’Académie des Césars, un comité de réflexion, incluant des experts et des juristes, doit se concerter pendant les six prochains mois pour faire évoluer le réglement intérieur.

o Lyssia Gingins

CINÉMA

Paramount Pictures visée par une plainte pour exploitation sexuelle n Les ex-adolescents de Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli portent plainte et dénoncent une scène de nu non consentie. Ils accusent Paramount Pictures de les avoir exploités sexuellement en diffusant une scène intime qui dévoile leurs fesses et leurs poitrines nues. Olivia Hussey et Leonard Whiting, avaient 15 et 16 ans lors du tournage.

LITTÉRATURE

Découverte poétique pour le patrimoine français n À Lyon, un marchand d’art, Julien Paganetti, a découvert un poème manuscrit de Louis Aragon, Lyonles-mystères, qu’il a acquis auprès d’un collectionneur. Un manuscrit presque sans rature, authentifié, recopié par l’écrivain lui-même. Le poème aurait été écrit au printemps 1943 et serait extrait du recueil La Diane française.

ART

Le British Museum pourrait rendre les arts n Les marbres du Parthénon détenus par le British Museum pourraient retourner en Grèce. Un accord entre le mythique musée britannique et la république hellénique est en cours de finalisation depuis mercredi. S’il prend effet, l’arrangement mettrait fin à une querelle vieille de plus de cent ans entre les deux pays.

MUSIQUE

Quand y en a plus, il y en a encore pour Stromae n Les fans français de l’artiste Stromae peuvent se réjouir : quatre nouvelles dates de concerts dans le cadre de sa tournée Multitude Tour ont été rajoutées pour l’automne prochain. Les nouveaux shows auront lieu notamment aux Zéniths de ClermontFerrand (28 septembre) et de Toulouse (19 octobre). La production du chanteur belge mettra en vente les billets à partir de ce jeudi, à 10 heures sur le site.

Les Césars 2020 avaient fait polémique (Crédit Joël Saget / AFP)

JEUNESSE ENGAGÉE Élodie, animatrice en Ehpad à 18 ans

À deux, on vieillit mieux

n Certains liens surpassent tout. Élodie a 18 ans, Thérèse en a 98. Mais le lien qui les unit conforte la jeune fille dans sa vocation : celle de devenir animatrice en Ehpad, pour « égayer le quotidien » des personnes en fin de vie. De quoi donner un peu d’espoir dans un système à bout de souffle.

Élodie affiche un sourire lorsqu’elle filme la façade refaite à neuf de l’Ehpad dans lequel elle travaille. Modernisé en 2019 pour accueillir au mieux ses 100 résidents, l’établissement Saint-Aldric se dit « engagé pour le bien vieillir ». Situé au Mans, il appartient à l’association chrétienne Monsieur Vincent, créée en 1994. Élodie sort d’un bac pro accompagnement soin et service à la personne et réalise cette année un service civique. Enthousiaste et déterminée, elle a choisi la filière « animation » pour « entrer en douceur » dans un métier aussi difficile qu’« indispensable »

«Prendre le parti des victimes» Orpea, Corian, Bridge… L’année 2022 a été celle de toutes les révélations sur les Ehpads. Mis en cause pour des scandales de maltraitance et de négligence des résidents, ils souffrent d’un manque criant de personnel et de moyens financiers. Au 15 juin dernier, le 3977, le numéro vert contre les maltraitances envers les personnes âgées, recensait une hausse de 40 % des alertes au 1er

trimestre 2022. « Comment blâmer ceux qui se retrouvent seuls à gérer tant de résidents ? » réagit Élodie, qui confie toutefois « prendre le parti des victimes », parce qu’aucune défaillance ne peut justifier qu’on laisse « des personnes dépendantes se déshydrater ». Avant de reconnaître que « c’est plus facile à dire » pour elle qui travaille dans un cadre fonctionnel, son Ehpad n’étant pas touché par le manque de personnel et ac-

EXPRESSO UN JOUR, TROIS FOCUS

n C’est la durée de perturbations moyenne quotidienne relevée sur la ligne 12 du métro parisien, selon le compte Twitter @MetroQualite. Sans surprise, ces perturbations sont en nette hausse sur l’intégralité du réseau francilien. En cause : des incidents à répétition, surtout liés à des difficultés d’exploitation. Une « situation inédite », dont la RATP se dit « pleinement consciente ». Elle ajoute être « pleinement mobilisée » afin d’assurer l’offre de transports habituelles aux passagers.

cueillant « même les personnes les plus précaires », au nom de « valeurs religieuses »

« Jamais sentie autant aimée » Art thérapie, gym, sophrologie… « On ne s’ennuie jamais », s’enthousiasme l’apprentie animatrice. Chargée de l’organi- sation des activités, Élodie est aussi devenue un support pour l’équipe soignante, notamment pour la nutrition des personnes les plus dépendantes. De

n Il y a 128 ans jour pour jour, le capitaine Alfred Dreyfus perdait son grade militaire, dans la cour de l’École militaire de Paris. C’était le début de l’affaire Dreyfus : accusé de haute trahison, pour avoir supposément transmis des secrets militaires à l’Allemagne. Condamné et déporté sans preuve, il faudra attendre trois ans avant que le J’accuse ! d’Émile Zola (1898) ne remette l’affaire sur la scène publique. Gracié en 1899, ce n’est qu’en 1906 que la justice reconnaît son erreur : un engouement pénal dans une France antisémite.

manière générale, son Ehpad repose sur « l’implication collective », avec la présence tournante d’une centaine de bénévoles de tous âges.

Si Élodie a conscience de s’engager dans une « profession éprouvante », elle prend cela comme une chance. Sa chance à elle a été de rencontrer Thérèse, résidente de 98 ans qui la pousse à « vouloir faire ce métier ». Depuis des mois, Élodie lui tient compagnie matin et soir, « même pendant les jours de repos ». Un investissement que Thérèse lui rend bien : « Je ne me suis jamais sentie autant aimée que par cette dame », confie Élodie.

«Offrir une autre vision»

C’est pour « donner une autre image des derniers jours de la fin de vie » qu’Élodie filme son quotidien dans l’Ehpad. Des influenceurs sont même venus « faire un peu de pub » pour l’établissement… Avec succès, puisque leurs abonnés semblent s’être attachés aux résidents. Depuis, Élodie songe à créer un compte Instagram pour « offrir une autre vision » de cette vie entre quatre murs.

La jeune femme l’affirme : « Tous les Ehpads ne sont pas des mouroirs. » Avec un peu de « solidarité » intergénérationnelle, ils peuvent encore être un lieu où l’on peut « vieillir heureux et entouré », et où les plus jeunes peuvent, comme elle, se sentir « utiles » et « vivants ». La fin de vie sur une note positive serait donc encore possible.

o Chloé Boyer

n Soldat mobile, envoyé en éclaireur pour tirer sur l’ennemi… Historiquement, la France a appelé des hommes venant des colonies d’Afrique pour se battre. Quel que soit leur pays d’origine, ils ont vite été surnommés les «tirailleurs sénégalais». Depuis mercredi, les quarante vétérans encore en vie ne sont plus obligés de vivre en France six mois par an pour toucher leurs 950 euros d’allocation minimum vieillesse.

Élodie, 18 ans et Thérèse, 98 ans, au Mans. (Chloé Pasquier)