3 minute read

MOBILITÉ : ÇA SE DIVERSIFIE, MAIS…

Avec un trafic en hausse de 11 % sur les neuf premiers mois de 2022 par rapport à 2021*, la tendance se confirme : le vélo est le grand gagnant d’une mobilité qui évolue, au moins en milieu urbain. Au point de remettre en cause l’omniprésence de la voiture ?

Davantage de vélos, moins de voitures ? L’impression de voir le nombre de cyclistes progresser à vue d’œil le long des grands axes urbains n’est pas une illusion, confirme Mathieu Chassignet, ingénieur mobilité à la direction régionale de l’ADEME Hauts-de-France. “L’engouement n’a pas commencé avec le Covid mais la pratique du vélo a de fait augmenté de plus d’un tiers en France entre 2019 et 2022. Et la hausse se poursuit”. Très en vogue aux débuts de la pandémie pour des raisons sanitaires, le “vélotaf” s’est installé, beaucoup de salariés se tournant vers le vélo pour éviter les transports collectifs aux heures de pointe.

Clivages En S Rie

Mais cette diversification des modes de déplacement ne touche pas tous les publics de la même manière, explique Mathieu Chassignet en pointant une série de clivages qui touchent notamment aux catégories socio-professionnelles : “Alors qu’il y a vingt ans, la pratique du vélo était plutôt propre aux gens modestes, la tendance est en train de s’inverser. Ceux qui s’y mettent aujourd’hui sont souvent des cadres et des CSP+.” L’âge joue également, et c’est d’ailleurs la principale alerte des études menées sur le terrain : “les enfants se déplacent de moins en moins à vélo. Entre 2008 et 2019, la pratique a diminué de moitié chez les moins de 18 ans, essentiellement par peur des accidents mais aussi pour tenir compte d’une norme sociale qui veut qu’on laisse de moins en moins les enfants se déplacer seul dans l’espace public.” De fait, un écolier sur deux est déposé en voiture par ses parents, contre un sur quatre au début des années 2000. Autre distinction, celle qui touche au genre : “les pratiques des hommes et des femmes sont différentes. Les premiers se déplacent cinq à dix fois plus que les secondes en deux roues motorisées et se mettent plus facilement au vélo. Les femmes se déplacent davantage à pied ou en transports collectifs.” Dernière grande différence enfin : le critère géographique : “en milieu rural ou périurbain, la pratique continue de stagner”, explique Mathieu Chassignet pour qui ce n’est pas un hasard : “les grandes villes sont le seul espace où un effort a été engagé pour sécuriser la pratique, par exemple en généralisant les zones à 30 km/h. En milieu périurbain, rien ne remet vraiment en cause la place de la voiture.”

2,8 MILLIONS

DE VÉLOS ONT ÉTÉ VENDUS

L’AN DERNIER POUR 1,6 MILLION DE VOITURES NEUVES.

BUSINESS ANGELS : LA DIVERSIFICATION AU POUVOIR

Loin de l’image qu’on s’en fait parfois, les business angels ont vu leur profil se démocratiser avec le temps, même si leur objectif ne change pas : investir dans de jeunes entreprises dans lesquelles ils croient pour appuyer leur réussite. Et il n’y a pas que la tech pour les séduire ! Le point avec Benjamin Bréhin, délégué général de la Fédération Nationale des Business Angels, France Angels, depuis 2011.

COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS LE RÔLE D’UN BUSINESS ANGEL AUJOURD’HUI ?

Pour un investisseur, prendre une part dans le capital d’une entreprise dans laquelle on croit est certes une manière de diversifier son patrimoine mais d’abord un engagement qui demande de la passion, de l’engagement et de la curiosité. On n’investit pas seulement son argent personnel, mais aussi son temps. Pourquoi ? Parce qu’on croit au potentiel de croissance d’une jeune activité dont nous accompagnons le décollage et parce qu’on croit à l’équipe qui le mène. Qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, ces néo-entrepreneurs ont besoin de fonds, certes, mais aussi d’un accompagnement. Notre rôle est de leur apporter notre vécu, notre expérience, notre réseau relationnel et nos conseils.

DANS LES MÉDIAS, LES BUSINESS

ANGELS

SONT SOUVENT ASSOCIÉS AU MONDE DE LA HIGH TECH ET DU DIGITAL. EST-CE SI VRAI ?

Effort Public En Vue

Moralité : la pratique du vélo progresse là où on lui donne les moyens de progresser. Ce qui n’est pas encore le cas, les collectivités locales consacrant dix euros par habitant et par an au vélo contre 300 pour l’automobile. L’État en a conscience : alors qu’il avait prévu en 2018 d’engager 350 millions d’euros sur sept ans en faveur du vélo, 150 millions supplémentaires ont été débloqués dans le cadre du plan de relance et 250 millions devraient être dépensés pour la seule année 2023, dont 200 dédiés aux infrastructures. Une bonne raison de regonfler les pneus de son vieux VTC…

*Baromètre “Vélo & Territoires”, octobre 2022.

Les projets que nous soutenons sont bien plus diversifiés que l’on croit, comme le profil des business angels d’ailleurs. Le cliché du milliardaire arrivé qui investit dans une start-up ne correspond pas à la réalité du terrain, des profils et des parcours des investisseurs que réunit France Angels depuis 2001. Depuis le Covid, on sent une véritable appétence pour les projets tournés vers l’humain, la santé et la société. La tech est certes un terrain propice aux opportunités. Nous n’allons sans doute pas investir dans un commerce classique mais tous les secteurs ont leurs atouts, y compris dans le domaine sociétal ou environnemental sur tous les territoires où nous sommes implantés - la proximité est particulièrement importante à nos yeux. En novembre dernier, nous avons par exemple lancé AgriAngels, un nouveau réseau dédié aux projets qui se montent dans le monde agricole. Un nombre croissant de nos membres se tournent vers des projets à impact.