Pulsations avril-juin 2024

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Pulsations

Ados Méditer avec Mindfulteen

L’organe La mâchoire

DOSSIER Chirurgie

Au cœur de l’innovation

Avril-Juin2024

BAINS

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Actualité

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La « jet ventilation » pour le traitement des tumeurs

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Un programme de méditation pour les jeunes

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Aider les enfants en situation de handicap

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Avril - Juin 2024

Sommaire

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Le portrait Pr Paco Prada :

« J’ai bien aimé être utile pour la société »

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L’infographie

La ménopause

Les HUG s’engagent pour une médecine plus intelligente

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L’invitée

Anne Lévy, directrice de l’OFSP

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Vrai-faux

L’intolérance au lactose

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Témoignage

Les troubles schizophréniques

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Reportage

Le service ORL

Santé mentale

Soigner hors des murs

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Oncologie

Case managers : les pilotes du parcours de soins

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L’organe

La mâchoire

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Rencontre

Pr Idris Guessous, à la tête du Centre de l’innovation

40

Junior Pourquoi analyse-t-on le sang ?

14 DOSSIER CHIRURGIE Au cœur de l’innovation

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Mieux-vivre

Bien passer les examens

44

Brèves Agenda

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Livres & Web Pour en savoir plus

IMPRESSUM Editeur Bertrand Levrat, Hôpitaux universitaires de Genève, Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, CH-1211 Genève 14, www.hug.ch Réalisation Bertrand Kiefer, Michael Balavoine, Planète Santé / Médecine et Hygiène, www.planetesante.ch Responsable de publication Frédérique Tissandier Rédactrice en chef Suzy Soumaille Edition Joanna Szymanski, Giuseppe Costa Maquette et mise en page Jennifer Freuler, Bogsch & Bacco Publicité Michaela Kirschner, pub@medhyg.ch Abonnements Version électronique : gratuit, www.hug.ch/ pulsations-magazine. Version papier : gratuit, Tél. 022 702 93 11, www.pulsations.swiss Fiche technique Tirage : 39’000 exemplaires, 4 fois par an. Référence 441696, ISSN 2813-5385 — La reproduction totale ou partielle des articles contenus dans Pulsations est autorisée, libre de droits, avec mention obligatoire de la source. Crédits couverture: shutterstock, Keystone, Adobe Stock Crédits sommaire : Gettyimages, Nicolas Schopfer, Julien Gregorio

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QUAND TES SAUTES D’HUMEUR TE PÈSENT 022 372 42 42 sig-vitale.ch Choisir, c’est agir. Ma contribution au développement d’une électricité plus verte et locale. 2023 © parentidesign.com SIG_ap_2023_Pulsation_HUG_B2C_mere_fille_190x125mm.indd 1 27/03/2023 16:17 553

Moins, c’est parfois mieux

La sobriété médicale, nouvelle lubie ou vague de fond ? Vu le nombre croissant d’adeptes de la smarter medicine (« médecine plus intelligente »), une tendance lourde se dessine (lire article pages 10 et 11).

Dans un contexte d’amélioration des pratiques, nombre d’hôpitaux et de sociétés savantes suisses se sont mis à la chasse aux actes médicaux superflus, voire potentiellement délétères. Plus d’une vingtaine de spécialités possèdent désormais leur top 5 des laissés sur la touche.

Venu des États-Unis, le concept smarter medecine vise à casser certains automatismes du corps médico-soignant qui nécessitent désormais une réflexion préalable. Le principe est de faire mieux avec moins, en évaluant les bénéfices et les risques d’un geste ou d’un traitement. Tous les éventuels renoncements sont fondés sur

un consensus et des preuves scientifiques.

Les HUG ont mis en place le premier projet de ce type en 2012. Il concerne la prescription systématique de la radiographie du thorax avant une opération. Jugée inutile chez les individus en bonne santé, le nombre de ces radios a été divisé par deux en quelques années. Plus récemment, les soins intensifs adultes ont introduit avec succès des recommandations améliorant la prise en charge des personnes hospitalisées dans ce service.

Les habitudes ayant souvent la vie dure, la lutte contre les prescriptions automatiques prend du temps. À l’instar du recours excessif aux antibiotiques, elle passe par des arguments solides non seulement pour le personnel soignant, mais aussi pour les patients et patientes. En tant que partenaires de leurs soins, ils et elles sont bien placées pour participer à la priorisation des pratiques n’ayant plus de sens ou, au contraire, de celles qui manquent encore. 

Pulsations 3 AvrilJuin 2024 Editorial

Junior

36 ans Inscrit le 2 décembre 2021

Le dossier électronique du patient sur cara.ch

La « jet ventilation » pour le traitement des tumeurs

En diminuant significativement les mouvements respiratoires lors de l’anesthésie, le recours à la « jet ventilation » permet d’intervenir avec plus de précision sur les tumeurs.

De plus en plus souvent, certaines tumeurs, en particulier du foie et des reins, peuvent être enlevées sans recourir à une chirurgie « à ciel ouvert » (en pratiquant une large incision). Comment ?

En combinant deux techniques : la thermo-ablation (lire encadré) et la « jet ventilation », une technique de ventilation pulsée.

Lors de certaines anesthésies, un respirateur artificiel supplée la respiration naturelle. Un respirateur conventionnel insuffle environ un demi-litre d’air à chaque respiration, entraînant d’importants mouvements du thorax et de l’abdomen. « Avec la “jet ventilation”, seulement 70 à 100 ml sont administrés, de manière pulsée, permettant une très nette diminution des mouvements », explique le Dr Alain-Stéphane Eichenberger, médecin anesthésiste responsable du Secteur hors bloc. Grâce à la quasi-immobilité du ou de la patiente, les spécialistes en radiologie interventionnelle peuvent intervenir de manière plus précise sur des lésions qui ne pouvaient auparavant être traitées par thermo-ablation, car localisées dans des

zones difficiles d’accès. « Nous pouvons ainsi agir sur des tumeurs localisées juste sous les poumons par exemple, sans risquer de les léser », indique le Dr Alexis Ricoeur, responsable de l’Unité de radiologie interventionnelle.

Synergie entre radiologie et anesthésie

La « jet ventilation » n’est pas une technique nouvelle, mais sa combinaison à la thermo-ablation est récente. « C’est là un bel exemple de synergie entre différentes spécialités médicales. En collaborant, nous pouvons mettre en œuvre des associations innovantes », conclut le Dr Eichenberger. 

La thermo-ablation de tumeurs

Cette technique à visée curative détruit une tumeur par la chaleur (radiofréquences ou micro-ondes) ou par le froid (cryoablation). C’est une intervention minimalement invasive : la chaleur ou le froid sont appliqués directement dans la tumeur par le biais d’une ou de plusieurs aiguilles spécifiques et sous guidage d’imagerie (scanner, échographie ou IRM). Dans de nombreuses situations, la thermoablation représente une alternative à un acte chirurgical lourd tout en diminuant les risques de complications, voire le recours à d’autres traitements moins efficaces. « Après une thermoablation et une courte hospitalisation de 24 heures, les patientes et patients peuvent immédiatement reprendre une vie normale », assure le Dr Alexis Ricoeur.

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AvrilJuin 2024 Actualité
Pulsations
Par Sophie Lonchampt

Mindfulteen fait méditer les ados

Les HUG proposent un nouveau programme de méditation de pleine conscience conçu pour les jeunes qui veulent apprendre à mieux gérer le stress et être davantage connectés à l’instant présent.

Seules quelques situations médicales bien précises sont exclues, poursuit la spécialiste, qui évalue la motivation et l’indication au programme avec chaque jeune intéressé. Mindfulteen se déroule sur huit semaines. Il commence par une ou plusieurs consultations individuelles, pour connaître les attentes de l’adolescente Avril

Au sein de la Consultation ambulatoire de santé des adolescents et jeunes adultes (CASAA), les 10 à 25 ans peuvent désormais s’initier à la méditation de pleine conscience. Le programme « Mindfulteen » est ouvert à tous et toutes, y compris aux ados qui ne sont pas suivis aux HUG. Cette nouvelle offre en pédiatrie fait suite à des études cliniques ayant suscité beaucoup d’intérêt auprès des jeunes. « L’adolescence est une période de vulnérabilité, où les défis à relever sont nombreux. La gestion du stress et des émotions sont des thématiques qui parlent à tout le monde », relève la Dre Carole Paris, médecin à la Consultation ambulatoire de santé des adolescents et jeunes adultes et instructrice de méditation de pleine conscience.

Taillé pour les ados

Mindfulteen est un programme unique, conçu exclusivement pour les enfants et ados, avec ou sans trouble psychique. « Nous accueillons les jeunes qui s’intéressent à la méditation et qui veulent mettre un peu de pleine conscience dans leur vie. Méditer, c’est découvrir une façon de vivre différente et sortir du mode pilote automatique », déclare la Dre Paris.

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2024 Actualité
Juin
Par Elodie Lavigne Illustration Bogsch & Bacco

ou l’adolescent, et se termine par une séance de bilan. Une application, conçue dans la continuité du programme, est proposée pour encourager la pratique à domicile au fil des semaines.

« Un outil pour la vie »

Les séances durent une heure et demie et se déroulent en groupes (formés par tranches d’âge). La Dre Paris et ses collègues apprennent aux jeunes à ancrer leur attention sur la situation présente.

« Ces courtes méditations guidées sont suivies d’un partage en groupe sur l’expérience vécue », raconte la spécialiste.

Différents thèmes sont abordés : l’attention, les pensées, la distanciation, le stress, les émotions, les sensations, la bienveillance, etc.

La méditation, très en vogue, est une approche qui a fait ses preuves sur le plan scientifique. Lorsqu’elle est pratiquée régulièrement, elle est une aide précieuse pour améliorer la concentration, le sommeil, la gestion du stress et des émotions. Mais encore, précise la spécialiste : « La méditation est principalement un moyen de découvrir son propre mode d’emploi. En connaissant mieux notre fonctionnement, notre corps et nos émotions, nous sommes plus à même de gérer les événements. »

Méditer c’est enfin et surtout apprendre à accepter ce qui est en se connectant à l’instant présent. « Avec ce programme, qui mérite d’être connu, nous plantons une graine et espérons qu’elle germera. Car la méditation est un outil pour la vie », conclut la Dre Paris. 

Pour toute demande mindfulteen@hug.ch

Témoignage

MAELYS, 15 ans

« C’était une très bonne expérience

»

« C’est ma psychologue qui m’a suggéré ce programme. Je ne connaissais pas cette approche. J’ai appris énormément de choses dont je n’avais pas du tout conscience et qui m’ont ouvert les yeux. C’est parfois très subtil, mais important au quotidien. Nous avons parlé du stress, de la procrastination, des pensées négatives, des sentiments, des émotions. J’ai appris à décortiquer ce que je ressens et à connaître mon fonctionnement. Mais aussi à me détendre par la respiration, à l’aide d’outils très visuels. Dans le groupe, nous avons beaucoup partagé. Il n’y a aucun jugement et nous sommes libres de parler. J’ai appris des autres jeunes et me suis parfois reconnue dans ce qu’ils et elles vivaient. On se croit différente quand on a des problèmes psy, mais nous sommes beaucoup à avoir les mêmes. Cela nous montre que nous ne sommes pas seuls. Et c’est très bénéfique. »

Actualité 7
AvrilJuin 2024

Aider les enfants en situation de handicap

La neuroréhabilitation pédiatrique est une discipline en plein essor qui améliore la qualité de vie des jeunes et de leurs familles.
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2024 Actualité
AvrilJuin
Par Yseult Théraulaz
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Photo Julien Gregorio

Depuis janvier 2023, la Dre Marine Cacioppo s’occupe du projet de neuroréhabilitation pédiatrique des HUG, en partenariat avec le Centre Qap* et la Fondation Clair-Bois**, où elle consulte également. La jeune médecin, spécialiste de médecine physique et de réadaptation, explique : « Mon rôle est de réduire les séquelles physiques, psychiques et sociales des enfants en situation de handicap. Je cherche à améliorer la participation et la qualité de vie de ces jeunes et de leur famille. Cela passe par une meilleure autonomie tant à l’école que dans les loisirs ou à la maison. »

Objectifs du quotidien

Depuis quelques années, la neuroréhabilitation a le vent en poupe, car elle porte ses fruits chez les enfants dont le cerveau a été lésé. « Plusieurs recherches montrent qu’une prise en charge intensive et ciblée sur des objectifs du quotidien (comme attacher des boutons, se coiffer, entre autres) permet de faire de grands progrès. Il existe même, dans certains pays, des stages de rééducation intensive sur quelques semaines. Plus on travaille des gestes précis, plus l’enfant progresse et gagne en autonomie », poursuit la spécialiste.

La plupart des jeunes qui consultent la Dre Cacioppo ont des difficultés aussi bien dans leurs mouvements que dans leur développement cognitif. « Que le handicap ait été présent à la naissance ou qu’il soit la conséquence d’un accident ou d’une maladie, je cherche à optimiser leur prise en charge. Pour y parvenir, je coordonne l’intervention des spécialistes : physiothérapeutes, ergothérapeutes, logopédistes, neuropsychologues, psychologues, entre autres. Le suivi se fait souvent pendant une longue période. Je m’occupe également de proposer les moyens auxiliaires qui pourraient faciliter le quotidien », détaille la Dre Cacioppo.

Suivi pluridisciplinaire dès le début

Ce travail de cheffe d’orchestre se fait avec les thérapeutes de l’hôpital, mais aussi celles et ceux en cabinet. Aux HUG, la Dre Cacioppo intervient également au chevet des jeunes hospitalisés pendant

plusieurs semaines suite à un accident ou une maladie qui les empêche de bouger ou parler normalement : « Après un grave accident de la route, par exemple, un enfant peut rester plusieurs mois à l’hôpital pour sa rééducation, car son état l'empêche de rentrer chez lui. Il bénéficie alors d’un suivi pluridisciplinaire, dès le début de son hospitalisation, jusqu’à ce qu’il regagne son domicile avec toute l’aide nécessaire. » 

« Dès l’âge de deux mois, mon fils a fait des séances de rééducation »

Marie Zamborlini est convaincue que la rééducation dès le plus jeune âge est indispensable pour améliorer la qualité de vie des enfants en situation de handicap et limiter les séquelles neurologiques. Et elle sait de quoi elle parle : elle est pédiatre, mais également mère d’un petit garçon né grand prématuré et dont une hémorragie cérébrale in utero a paralysé le côté droit. « Dès que Mattia est sorti de l’hôpital, à deux mois de vie, il a commencé à faire de la physiothérapie. À neuf mois, il a aussi commencé l’ergothérapie. Aujourd’hui, Mattia a 4 ans et demi et trois séances de rééducation par semaine. Il ne pourra pas récupérer totalement des séquelles de son hémorragie, mais un tel suivi intensif fait vraiment la différence. Tout petit, ses progrès étaient très rapides. Aujourd’hui, c’est moins spectaculaire. Cela n’est pas étonnant : la plasticité cérébrale diminue avec l’âge. »

Mattia a déjà participé à deux stages intensifs de réhabilitation. « Ils sont dispensés en Belgique. Nous sommes partis deux fois pendant deux semaines afin que notre fils profite de cinquante heures de rééducation par camp. Cela permet aux enfants de passer des caps importants en se focalisant sur des objectifs de la vie quotidienne. Mattia adore cuisiner, alors il a appris, par exemple, à tenir un bol de sa main droite. Il a aussi commencé à faire de la draisienne. » Pour la mère et pédiatre, la combinaison de séances hebdomadaires et de stages intensifs annuels permet à son fils de ne pas perdre ses acquis et d’en développer d’autres.

* Centre Qap de réhabilitation pédiatrique à Carouge (www.centreqap.ch).

** La Fondation Clair-Bois assure un accompagnement adapté aux personnes en situation de handicap (www.clairbois.ch).

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La smarter medicine profite à tout le monde

Lutter contre les prescriptions automatiques, redonner du sens aux gestes médicaux et par la même occasion réduire coûts et déchets sont les bénéfices de la mise en pratique de ce concept.

marter medecine » se traduit littéralement par « une médecine plus intelligente ». Et c’est précisément le but de ce projet initié aux HUG en 2019 par le Dr Filippo Boroli, médecin adjoint au Service des soins intensifs, en collaboration notamment avec Audrey Prestini et Hélène Lenoir, infirmières responsables d’équipe, et la SMARTeam des soins intensifs. Le Dr Boroli explique : « Ce service est très spécialisé, avec beaucoup de ressources et un accès facilité à un grand nombre d’examens. La smarter medecine est un concept interdisciplinaire qui vise à casser certains automatismes que nous pouvons avoir en tant que soignants ou soignantes. En ayant travaillé à l’étranger, j’ai réalisé que nous pouvions soigner tout aussi bien en faisant beaucoup moins d’actes. »

Le Dr Boroli et Audrey Prestini ont ainsi implémenté dix actions proposées par la Société suisse de médecine intensive (SSMI) qui ne devraient plus être prodiguées par habitude, mais uniquement en cas de réel besoin. « Les équipes soignantes réalisaient beaucoup d’actes pour se rassurer ou par peur du jugement des collègues. À titre

d’exemple, un grand nombre de gazométries (examen qui mesure le taux d’oxygène et de dioxyde de carbone dans le sang, ndlr) effectuées aux soins intensifs ne sont pas nécessaires. Si la personne est stable, cette prise de sang n’a pas d’intérêt, alors pourquoi la faire ? »

Mieux réfléchir pour ne pas trop prescrire Grâce à la smarter medecine, prises de sang, transfusions, oxygénation, etc., sont moins fréquentes et ne sont surtout plus effectuées sans une réflexion préalable. « Cette nouvelle façon d’agir redonne du sens aux métiers exercés aux soins intensifs. Les équipes sont davantage motivées, car elles ont l’impression de faire un travail plus

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Juin 2024 Actualité
Avril -
Par Yseult Théraulaz
«S

intelligent. Cet épanouissement est également un bon moyen d’éviter le burn-out », constate le Dr Boroli.

Pour que ce changement de pratiques se fasse dans les meilleures conditions, un accompagnement par les collègues au pied du lit des personnes hospitalisées, ainsi que des entretiens individuels, ont été organisés. « Nous avons également développé des aides écrites à la prise de décision concernant certains actes techniques », précise Audrey Prestini.

Par ailleurs, qui dit moins d’actes, dit aussi moins de dépenses. Sans oublier que lorsqu’un ou une infirmière ne passe pas cinq minutes à faire une gazométrie inutile, il ou elle peut allouer ce temps à autre chose.

Grâce à cette approche, la quantité de déchets a également baissé, améliorant la durabilité du service. « Grâce à la smarter medecine, entre 2019 et 2022, nous sommes parvenus à réduire la consommation de plastiques de 608 kg et celle de tubes de 87 000 unités ! Une médecine plus efficiente est aussi moins polluante et moins chère », se réjouit le Dr Boroli. Son projet « Smarter intensive care medicine: from quality of care to environmental sustainability » (« Smarter medecine aux soins intensifs : de la qualité des soins à la durabilité environnementale ») a d’ailleurs gagné un prix aux International Hospital Federation Awards en 2023. 

Faire mieux avec moins

La médecine interne générale des HUG a aussi mis en pratique le projet smarter medecine. Le Pr Jean-Luc Reny, médecin-chef de ce service, a été mandaté par la Société suisse de médecine interne générale pour proposer des recommandations pour la médecine interne hospitalière en Suisse. « Le principe est de faire mieux avec moins. Il faut mettre dans la balance les bénéfices et les risques de certains gestes ou traitements médicaux et enlever ceux qui apportent peu d’avantages et beaucoup d’inconvénients ! », résume le Pr Reny.

Ainsi, un groupe de travail a identifié cinq pratiques* qui ne sont pas pertinentes. « Nous avons fondé nos réflexions sur des preuves scientifiques et médicales. Par exemple, il est inutile de traiter un pic de tension artérielle isolé d’une personne hospitalisée. Les valeurs peuvent en effet augmenter avec le stress induit par la prise de tension elle-même ou par l’hospitalisation. Il est alors préférable de la contrôler par la suite en s’assurant que le ou la patiente n’a aucune complication en lien avec ce pic de tension. En traitant systématiquement ce pic isolé, nous exposons la personne à davantage d’événements cardiovasculaires dus aux médicaments », illustre le Pr Reny.

Parmi les actes passés en revue, il y a également la prescription de neuroleptiques lors de l’hospitalisation pour des problèmes d’agitation et d’insomnie qu’il convient de ne pas renouveler automatiquement lorsque la personne rentre à domicile. Une autre de ces recommandations préconise d’éviter d’administrer des antibiotiques lorsque certains marqueurs inflammatoires sont élevés, car cela n’indique pas forcément qu’il y a une infection bactérienne. Ces exemples mettent en lumière des traitements qui ne devraient plus être proposés par habitude, mais seulement lorsque le tableau clinique de la personne l’indique.

* www.smartermedicine.ch/fr/liste-top-5/medecine-interne-generale-hospitaliere-2023

Actualité 11 AvrilJuin 2024
Crédit : istockphoto

« Optimiser la numérisation du système de santé est primordial »

À la tête de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) depuis 2020, Anne Lévy souligne les performances du système de santé suisse. Mais elle mesure aussi les défis incontournables à relever pour qu’il puisse perdurer et s’améliorer encore.

Pulsations Lutte contre les pandémies, surveillance des assurances maladie et accidents ou encore élaboration de programmes nationaux en faveur de la santé, les domaines d’activité de l’OFSP sont vastes. Comment résumer sa mission ?

Anne Lévy Elle repose sur trois axes majeurs : protéger la santé publique, élaborer la politique de la santé et veiller à ce que le système de santé suisse soit performant et financièrement viable. Si ce dernier est aujourd’hui considéré comme excellent, tout l’enjeu est qu’il en soit de même à l’avenir. Pour cela, tout le monde doit tirer à la même corde et dans la même direction, depuis le parlement, qui négocie les règles s’appliquant à toute la Suisse, jusqu’aux cantons et communes assurant l’approvi-

sionnement des soins, en passant par la recherche et le personnel de santé. L’objectif commun est de permettre à toutes et tous de mener une vie aussi saine que possible et d’avoir accès à des soins de qualité.

La pandémie de Covid a-t-elle révélé de nouveaux impératifs ?

Oui, elle a agi comme une loupe et mis en évidence sans ménagement les forces et les faiblesses de notre système de santé. Elle a notamment montré que la Suisse est à la traîne en matière de numérisation. Or celle-ci présente un potentiel inouï, en particulier pour le diagnostic et la recherche. Optimiser la numérisation est donc primordial, même si bien sûr un bon outil ne remplace pas un ou une spécialiste bien formée et capable de l’utiliser de manière adéquate. L’un des problèmes est que les différents systèmes utilisés aujourd’hui ne parlent pas la même langue. Par conséquent, les données de santé doivent souvent être recollectées, ce qui engendre une perte à la fois de temps et, potentiellement, d’informations importantes. Pour y remédier, le Conseil fédéral a adopté le programme DigiSanté en novembre dernier. Celui-ci devrait permettre l’élaboration de normes obligatoires pour tous les acteurs de la santé afin que les différents systèmes soient mieux reliés entre eux.

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AvrilJuin 2024
L’invitée
Par Laetitia Grimaldi Photo François Wavre | lundi 13

Le Dossier électronique du patient est-il l’un des outils du changement attendu ?

Absolument. Le bénéfice concerne à la fois les patientes et patients, qui conservent la maîtrise de leurs données de santé, et le personnel de santé. En effet, si toutes les informations importantes sont classées de manière claire et au même endroit, certains examens préalables, parfois refaits inutilement faute de données accessibles, sont alors évités, laissant ainsi plus de temps pour la prise en charge elle-même. À ce propos, j’ai pu récemment visiter les HUG et ai été très impressionnée par la façon dont s’organise la mise en place de la nouvelle plateforme romande du dossier électronique du patient CARA*, avec un soutien actif aux personnes concernées et à leurs proches.

Une autre priorité énoncée par l’OFSP est la prévention. Aujourd’hui, plus de 80% des personnes résidant en Suisse considèrent leur état de santé bon, voire très bon. Dans le même temps, les maladies chroniques et les troubles psychiques, entre autres, sont en augmentation. Quels leviers sont-ils en jeu ?

Le sujet est vaste car de nombreux faits s’entremêlent. Bien entendu, il est important de s’engager pour préserver la santé avant qu’une personne ne soit malade. Et c’est une évidence, un mode de vie sain permet de réduire les risques. Par ailleurs, les maladies chroniques – cardiovasculaires et respiratoires – sont à l’origine de 80% des coûts de la santé. Or la hausse de ces pathologies vient aussi du fait que notre espérance de vie s’allonge. Agir sur la prévention est donc crucial. Cela commence par nos propres comportements, mais s’applique également à nous en tant que société. Pour l’OFSP, cela implique des mesures de protection de la santé dans des domaines aussi variés que les produits chimiques, la radioprotection, le monde du travail ou encore la législation sur le tabac.

* www.hug.ch/cybersante-telemedecine/prendre-rendezvous-pour-ouvrir-votre-dossier-electronique-du-patient

13 L’invitée AvrilJuin 2024

Le nouveau visage de la

Sécurité des patients et des patientes, efficacité d’interventions toujours plus complexes parfois réalisées dans un degré d’urgence absolue, nouvelle prise en compte de la douleur, du bien-être et des questions qui inquiètent à l’approche du jour J : c’est une chirurgie révolutionnée par une série d’innovations technologiques et humaines qui se pratique aujourd’hui aux HUG. Direction le bloc opératoire… mais pas seulement.

Sous les éblouissantes lumières des blocs opératoires, ce sont près de 30 000 interventions chirurgicales qui sont réalisées chaque année aux HUG. En urgence ou planifiées en amont, s’orchestrent ainsi poses de prothèses de hanche, transplantations d’organes, chirurgies réparatrices ou encore ablations de vésicules biliaires, de tumeurs ou d’anévrismes tapis dans le cerveau. Pour toutes, la même ambition : perfectionner sans cesse le geste opératoire autant que prendre en charge le bien-être de la personne concernée, aussi bien avant que pendant et après l’intervention.

« Si l’innovation est un enjeu clé pour poursuivre l’amélioration des pratiques chirurgicales et aborder des interventions toujours plus complexes et spécialisées, une ambition majeure demeure. Elle allie la sécurité des patients et des patientes, la fiabilité des techniques opératoires et une récupération aussi confortable et rapide que possible », résume le Pr Frédéric Triponez, chef du Département de chirurgie.

Avril –Juin 2024 Dossier
Par Laetitia Grimaldi Photographies Bogsch & Bacco
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Datsenko/iStock
Georgiy

chirurgie

Le nombre d’interventions chirurgicales adultes et pédiatriques réalisées aux HUG en 2023, soit une augmentation de 9 % par rapport à 2022.

30 000 ↗ 9%

406 opérations sur la thyroïde et les parathyroïdes en 2023.

650

Le nombre de prothèses totales ou partielles de la hanche posées en 2023.

Des interventions de moins en moins invasives À l’origine du tournant qui a révolutionné le domaine il y a près de 25 ans : la chirurgie mini-invasive. Si elle s’est d’abord portée sur les interventions considérées comme « simples », telles que les ablations de la vésicule biliaire ou de l’appendice, « elle s’envisage pour de plus en plus d’interventions complexes, comme celles du foie, du pancréas ou du cerveau », se réjouit l’expert. Ce qui la rend possible : des progrès techniques et technologiques inouïs associant au fil des années miniaturisation des instruments opératoires (pinces, scalpels, bistouris, etc.), amélioration des systèmes de visualisation (caméras miniatures en couleur, puis 3D, associées aujourd’hui à la fluorescence), outils de coagulation limitant les risques d’hémorragie ou encore arrivée des robots opérateurs (lire en page 19) et de la réalité augmentée (lire en page 20).

Sans oublier les progrès de l’anesthésie elle-même. Sensation déstabilisante, et souvent étonnamment douce pour la personne opérée, l’anesthésie se traduit de plus en plus par l’impression d’instantanés « on/ off », comme si une seconde seulement s’était écoulée entre l’endormissement et le réveil. Une prouesse qui s’explique par l’utilisation de nouvelles molécules et des dosages toujours plus précis. À la clé, des anesthésies de mieux en mieux ajustées aux besoins, à l’origine de moins d’effets secondaires et de réveils plus rapides et confortables.

Mais la transformation en cours opère aussi hors du bloc. Si le concept de « patient et

Avril –Juin 2024 Chirurgie
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Louis Brisset/HUG, Adobe Stock

patiente au centre » s’est glissé dans une multitude de soins prodigués aux HUG, il a aussi fait évoluer la chirurgie. « L’objectif est de tout mettre en œuvre pour inclure la personne dans son parcours de soins, faire en sorte qu’elle arrive le mieux préparée possible le jour de l’intervention et lui permettre d’anticiper sereinement l’“après” », résume le Pr Triponez. Parmi les projets phares des HUG : le programme de réhabilitation améliorée en chirurgie (RAC) (lire ci-contre).

Une chirurgie hyperspécialisée, hypercomplexe et 24 heures sur 24 Forts de ces atouts et bénéficiant à toute heure du jour et de la nuit d’un plateau technique ultra-performant et d’équipes soignantes multidisciplinaires, les HUG sont un protagoniste incontournable du canton, notamment pour les interventions complexes, rares, hautement spécialisées, ainsi que pour leurs spécificités postopératoires. Et pour cause, ces cas extrêmes sont souvent associés à des risques élevés de complications, nécessitant elles aussi des compétences spécialisées.

À la pointe des innovations technologiques, les HUG se préparent également aux bouleversements qui attendent la chirurgie de demain et notamment à son association avec l’intelligence artificielle. Une démarche tournée vers l’avenir déjà présente dans les réflexions visant à faire évoluer les pratiques chirurgicales dans un dynamisme alliant audace, exigence scientifique et préoccupation constante de l’humain. 

Dans les starting-blocks pour le jour J

Depuis quelques années, le programme RAC (pour réhabilitation améliorée en chirurgie) et sa déclinaison RAC-Réseau, qui est menée avec l’Institution genevoise de maintien à domicile (imad), sont de plus en plus souvent proposés dans les prises en charge du Département de chirurgie. Destinés aux personnes fragiles ou concernées par certaines interventions chirurgicales complexes, ils reposent sur une approche multidisciplinaire et personnalisée visant à soigner aussi l’« avant » et l’« après » intervention chirurgicale. « Se faire opérer est un stress en soi. Se mêlent souvent des craintes, des questionnements, l’impression de se perdre dans la masse d’informations reçues. Et puis il y a l’organisme lui-même qui va subir l’intervention et qui peut y être préparé. Prendre tout cela en compte, dans un projet tel que le programme RAC, est extrêmement précieux. À la clé : une meilleure qualité de vie, des taux de complications et de douleurs moindres, des durées d’hospitalisation raccourcies », résume Petra Gambon Stow, responsable des infirmières RAC des HUG.

En pratique ? « Généralement, quand la personne concernée vient pour la consultation avec l’anesthésiste, elle rencontre également l’infirmière RAC, qui sera sa personne de référence et avec laquelle s’organisera un programme sur mesure. Selon les besoins, RAC – ou RAC-Réseau – peut prendre de multiples formes. Il peut s’agir de simples conseils comme de l’organisation de séances de physiothérapie, de conseils diététiques, de visites à domicile d’ergothérapeutes, de soutien à l’arrêt du tabac, à la perte de poids ou à une remise en forme. » Aujourd’hui proposé pour les chirurgies colorectales, du poumon, du pancréas, du foie, de l’œsophage ou encore de la hanche, le dispositif est en cours de développement pour d’autres spécialités, comme l’urologie.

Pour en savoir plus : https://pulsations.hug.ch/article/ operation-un-marathon-qui-se-prepare

Juin
Pulsations
Avril –
2024
Louis
Brisset/HUG, Getty Images

5,5

En journées, la durée moyenne de séjour en cas d’hospitalisation en soins aigus.* Env.

35%

Le pourcentage d’interventions urgentes en 2023* (32 % au niveau HUG).

Une vaste rénovation à bout touchant

En 2025, les HUG parviendront au terme des travaux d’ampleur initiés en 2015. Baptisé « AC10 » (pour « activités chirurgicales sur 10 ans »), le projet a permis de rénover, construire, adapter les blocs opératoires, certains étant désormais équipés de scanners ou d’IRM intégrés, pour répondre aux besoins, y compris ceux des prises en charge les plus complexes. À noter également un total réaménagement de l’espace d’accueil et d’attente à proximité des blocs opératoires pour les patients et patientes concernées par les interventions chirurgicales dites same day surgery (autrement dit arrivant à l’hôpital le jour de leur opération).

Partenariat public-privé : un pari gagnant

Début 2025, un pôle inédit de chirurgie ambulatoire « HUG-Hirslanden » ouvrira ses portes à quelques pas du Service de médecine interne et de réadaptation de Beau-Séjour. Sa particularité se devine à son intitulé : être le fruit d’un partenariat public-privé. Les avantages en trois points d’une tendance qui se généralise dans le monde médical, avec le Pr Frédéric Triponez, chef du Département de chirurgie des HUG.

Développer l’offre ambulatoire Impliqués à parts égales, les HUG et le groupe Hirslanden innovent avec des locaux et des équipements adaptés aux besoins des interventions en ambulatoire. À la clé : un confort accru pour les patients, patientes et équipes médico-soignantes, tout en garantissant la sécurité et l’efficacité des soins.

Participer à la réduction des coûts de la santé

Aujourd’hui, les mêmes blocs opératoires peuvent servir à des interventions « simples » comme à des opérations complexes nécessitant des plateaux techniques extrêmement élaborés. Ce nouveau centre permettra de les réserver aux interventions nécessitant une hospitalisation.

Soutenir le développement de l’offre ambulatoire Aux prises avec des enjeux financiers complexes, la chirurgie ambulatoire peine à s’étendre en Suisse. Elle présente pourtant des avantages majeurs pour une multitude d’interventions, notamment une meilleure récupération et une réduction des risques liés à l'hospitalisation.

* Chiffres pour le Département de chirurgie.

17 Chirurgie Avril –Juin 2024
Dossier
Nicolas Schopfer/HUG

Les (autres) défis de la chirurgie

Trois questions à Florence Aeschbach Duc, adjointe de direction à la Direction des ressources humaines des HUG.

Pulsations Féminisation de la profession, hausse des temps partiels ou encore nouvelle organisation des temps de travail : les changements touchant la médecine concernent-ils également la chirurgie ?

Florence Aeschbach Duc Oui, même si la profession reste encore très masculine, régie par une culture de l’exigence très poussée et des amplitudes horaires souvent importantes. Certains aspects sont a priori incontournables et font partie intégrante de la fonction. La maîtrise d’un geste opératoire va par exemple de pair avec la fréquence de sa pratique. Mais le portrait de la profession évolue et les mentalités changent, à la faveur des nouvelles générations de médecins-cadres et des étudiants et étudiantes. Ainsi, le métier se féminise et les questions concernant le bien-être au travail, l’équilibre entre vies professionnelle et privée ou encore les heures supplémentaires sont de plus en plus discutées. Les défis sont encore nombreux, mais ces sujets ne sont plus tabous.

Vous avez travaillé pendant près de dix ans aux ressources humaines du Département de chirurgie, quel regard portez-vous sur ce métier ? Il est hors du commun par de nombreux aspects. Il nécessite des aptitudes à la fois manuelles, intellectuelles et techniques exceptionnelles, suppose une résistance et une gestion du stress particulièrement élevées et un degré d’engagement tout aussi important, et ce dès les premières années d’études.

37,5%

Le pourcentage de femmes sur l’ensemble des médecins exerçant au Département de chirurgie.

La profession fait-elle toujours rêver les étudiants et les étudiantes que vous voyez en entretien ? Absolument. Pour beaucoup, l’attrait du bloc opératoire est immense. Mais la réalité est aussi faite des rendez-vous pré et postopératoires et de la recherche, qui est un aspect majeur, surtout dans un hôpital universitaire. Reste que ce métier découle souvent d’une vocation. L’idée de pouvoir sauver des vies et parvenir à « réparer » l’humain, c’est aussi cela qui fait rêver les jeunes générations et tant mieux !

Pulsations
Avril –Juin 2024
18
Nicolas Schopfer/HUG, Shironosov/iStock

ERIK, 63 ans, secrétaire général d’une fédération sportive suisse

« Comprendre ce qui va se passer aide énormément »

« L’intervention qui m’attendait s’annonçait longue et délicate. Et pour cause, il s’agissait d’opérer une tumeur du côlon et une métastase assez mal placée dans mon foie. Je suis ainsi resté plus de huit heures sur la table d’opération. Une semaine plus tard, je suis de retour chez moi et me remets tranquillement. Ce qui m’a le plus marqué ? L’absence de douleur et l’accompagnement exceptionnel avant comme après l’intervention. Quelques semaines avant le jour J, j’ai passé une journée aux HUG, guidé par une infirmière, pour recevoir des conseils en termes d’alimentation et d’activité physique en vue de l’intervention. J’ai aussi été préparé aux exercices respiratoires avec un spiromètre que je dois faire plusieurs fois par jour dans le cadre de la rééducation. L’équipe soignante continue à m’appeler régulièrement : le suivi est vraiment extraordinaire. Je suis particulièrement reconnaissant aux chirurgiens qui m’ont opéré, les Prs Christian Toso et Guillaume Meurette. Ils m’ont expliqué en détail ce qu’ils allaient faire – notamment grâce à un robot opérateur pour le foie –, ce qui allait être simple ou l’être moins. Et tout s’est déroulé comme prévu. Comprendre ce qui va se passer aide énormément et est très sécurisant. »

Zoom sur… le robot opérateur : le cas d’une

prostatectomie

Son nom de code : robot Da Vinci (en raison de sa marque). Son talent : depuis 2017 (pour sa version actuelle) révolutionner les interventions chirurgicales de la prostate et de certaines lésions rénales et viscérales. Son équipement : quatre bras articulés munis d’instruments miniaturisés se glissant dans l’abdomen du ou de la patiente par le biais d’infimes incisions, une caméra double optique (sorte de jumelles 3D pour le ou la chirurgienne), une console de commandes (permettant de « piloter » les instruments opérateurs). Sa ruse : ne pas vraiment être un robot… mais bel et bien un vrai bijou de technologie. « Jusque-là, les ablations de la prostate (rendues nécessaires en raison d’une tumeur) se faisaient selon une chirurgie appelée “à ciel ouvert”, autrement dit nécessitant d’inciser plus ou moins largement le bas de l’abdomen. Opérer aujourd’hui avec un robot Da Vinci, c’est le jour et la nuit », résume le Pr Massimo Valerio, médecin-chef du Service d'urologie et responsable du Centre du cancer de la prostate.

Avant de détailler : « Les interventions de la prostate sont délicates, car la glande est nichée dans un espace extrêmement confiné, en arrière du bassin. Elle est de plus entourée d’un vaste et délicat réseau de nerfs et de vaisseaux sanguins responsables de la fonction érectile et de la continence urinaire. Cette configuration fait que la laparoscopie**, qui a bouleversé de nombreuses pratiques chirurgicales, n’a pas présenté d’avantages majeurs pour la prostatectomie. À l’inverse, le robot Da Vinci permet des opérations infiniment plus précises, sûres, réduisant les risques d’hémorragies et d’atteintes concernant la fonction érectile et la continence urinaire. Moins invasives, ces interventions limitent de surcroît les risques de complications, les douleurs et les durées d’hospitalisation. »

La suite ? L’arrivée imminente d’une nouvelle génération de robots opérateurs, intégrant des technologies d’optique et d’imagerie plus performantes encore.

** Technique d’endoscopie permettant l’observation et la pratique d’actes chirurgicaux par le biais de courtes incisions au niveau de l'abdomen laissant passer caméra et instruments chirurgicaux miniaturisés non flexibles.

19 Avril –Juin 2024
Chirurgie
Dossier

Zoom sur… la réalité augmentée : le cas d’une malformation

artérioveineuse

Dans ce bloc opératoire de neurochirurgie, des écrans partout ou presque… et une impression de science-fiction. À l’image : le zoom sur l’intervention chirurgicale en cours, visant à retirer une malformation artérioveineuse nichée dans le cerveau de la personne endormie. Soudain, sur les écrans, des « objets virtuels » – créés à partir d’images du ou de la patiente elle-même – s’imbriquent avec les structures anatomiques réelles, avant d’être rejoints par des éclairs de fluorescence. Leurs flashs indiquent en temps réel les flux sanguins pulsant sous la pointe des instruments du chirurgien.

Les yeux rivés à ces images projetées depuis un microscope révolutionnaire, l’équipe de neurochirurgie vasculaire, dont fait partie le Dr Julien Haemmerli, chef de clinique au Service de neurochirurgie, s’active. À l’initiative de plusieurs projets impliquant la réalité augmentée, le chirurgien explique : « L’ablation d’une malformation artérioveineuse est une intervention délicate, car elle suppose l’extraction d’une sorte de “pelote” enchevêtrant des vaisseaux sanguins anormaux et fragiles. Pour limiter les complications, y compris postopératoires, le défi est double : atteindre la zone en question de la façon la moins invasive possible et parvenir à couper l’alimentation sanguine de la malformation pour éviter tout risque d’hémorragie. L’apport de la réalité augmentée, qui repose sur l’utilisation d’images virtuelles dans le monde réel, est considérable. »

ROSLYN, 80 ans, retraitée

« J’ai obtenu des réponses à des questions que je n’aurais même pas pensé poser ! »

Le principe : en amont de l’intervention, modéliser chaque détail de la structure à opérer en intégrant toutes les données d’imagerie de la personne (angiographie, scanner, IRM), établir ce qui sera le plan opératoire depuis l’incision de la peau et l’ouverture du crâne (qui se veulent les plus minimes possibles) et, le jour J, utiliser le tout chaque seconde de l’intervention. À l’origine de prouesses inédites, la réalité augmentée pourrait connaître une nouvelle révolution. Un indice donné par le Dr Haemmerli : « L’apport d’une quatrième dimension, le temps. Dans les années à venir, l’innovation supplémentaire sera de faire évoluer en temps réel les modélisations préparées en amont pour rendre chaque microgeste opératoire plus sûr et précis encore pour la sécurité des patients et patientes. »

« Après des mois à souffrir, me voilà avec une hanche toute neuve et presque plus de douleurs, alors que l’opération a eu lieu il y a moins d’une semaine. Elle s’est très bien passée. Le chirurgien, le Pr Didier Hannouche, a même pris la peine d’appeler régulièrement mon mari pour lui donner de mes nouvelles. Le jour de l’opération, je suis arrivée sans stress et même préparée physiquement, grâce aux équipes des HUG et de l’imad. Au cours de ces rendez-vous, j’ai obtenu des réponses à des questions que je n’aurais même pas pensé poser ! Un physiothérapeute est également venu à mon domicile pour me conseiller sur quelques aménagements à faire pour faciliter le quotidien quand je rentrerai à la maison, ce qui ne devrait pas tarder. Mon objectif maintenant : continuer à suivre les instructions à la lettre pour pouvoir reprendre le tennis dans trois mois ! »

Nicolas Schopfer/HUG, Shironosov/iStock

Zoom sur… la technique vNOTES : le cas d’une

hystérectomie

Utilisée aux HUG depuis 2019, la technique vNOTES pourrait transformer la prise en charge chirurgicale d’une multitude d’interventions, à commencer par l’hystérectomie (ablation de l’utérus). Pour rappel, celle-ci est généralement envisagée en cas de fibrome utérin ou de cancer de l’utérus. Au fil du temps, la chirurgie requise (qui laissait jusque-là de grandes cicatrices sur le bas-ventre) s’est allégée grâce à la laparoscopie**. Aujourd’hui, l’innovation va plus loin encore avec la technique vNOTES. Son principe : intervenir par le vagin grâce à un équipement spécifique comprenant système optique et instruments adaptés.

« Cette technique est absolument révolutionnaire puisqu’elle est entièrement réalisée sous contrôle endoscopique sans cicatrice sur le ventre, ce qui limite les douleurs et les risques de complications. Elle peut ainsi favoriser des interventions en ambulatoire et le retour plus rapide à une vie active, pour des opérations qui peuvent aujourd’hui nécessiter plusieurs jours d’hospitalisation sans cette technique », indique le Dr Jean Dubuisson, médecin adjoint, responsable de l’Unité de chirurgie gynécologique des HUG et premier gynécologue en Suisse à s’être formé à la technique vNOTES.

Plus précise, plus rapide, moins éprouvante : si ses avantages sont indéniables, plusieurs études sont actuellement en cours (aux HUG notamment, centre de référence en Suisse de la technique vNOTES) afin d’évaluer l’ensemble des paramètres en jeu, comme son impact éventuel sur la sexualité. Si les premiers résultats sont rassurants, l’expert précise : « Le principe de précaution s’impose, comme pour toute technique nouvelle. Des contre-indications existent, notamment pour les femmes souffrant de certains cancers gynécologiques ou n’ayant jamais eu de relations sexuelles. » Si la technique vNOTES est aussi utilisée pour la chirurgie des trompes de Fallope et des ovaires, comme l’ablation de kystes ou le traitement des grossesses extra-utérines, elle pourrait également représenter une option nouvelle pour la prise en charge chirurgicale de certaines affections colorectales ou rénales.

** Technique d’endoscopie permettant l’observation et la pratique d’actes chirurgicaux par le biais de courtes incisions au niveau de l'abdomen laissant passer caméra et instruments chirurgicaux miniaturisés non flexibles.

Dossier
Chirurgie
Julien Gregorio/HUG, Applied Medical
« Il y avait de la lumière, alors j’y suis allé »

En octobre dernier, le Pr Paco Prada est devenu le médecin-chef du Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise. Professeur associé au Département de psychiatre de la Faculté de médecine de l’Université de Genève, il évoque son enfance, qui a forgé celui qu’il est devenu.

AvrilJuin 2024
Pulsations 22
Le
portrait
Par Élodie Lavigne Photo Nicolas Schopfer

Un prénom espagnol, des origines tessinoises, une enfance genevoise. Le Pr Paco Prada a grandi à Bardonnex, au sein d’une famille monoparentale. Il porte le nom de famille de sa mère, venue en Suisse romande pour étudier et devenir psychologue. « Dans le chaos familial, habiter dans un petit village à la campagne m’a posé », se souvient-il. Fils unique, il appréhende très tôt le sens de la différence : « J’étais le seul enfant de parents divorcés. Avec mes cheveux frisés, ce prénom et mon tempérament, j’avais quelque chose d’atypique. J’avais de la facilité à l’école, mais j’étais gaucher et j’écrivais mal. » La relation avec son père, mathématicien puis entrepreneur, a été longtemps tourmentée. « Il travaillait beaucoup et je le voyais peu. À l’adolescence, c’est devenu chouette. Il avait un côté futuriste. Il a dirigé une boîte d’informatique, fondé une radio, puis est parti travailler aux États-Unis comme conseiller scientifique. Je commençais l’université lorsqu’il m’emmena sur le campus de Harvard. Être au milieu de chercheurs et chercheuses était très stimulant. »

Des figures féminines

fortes

De langue maternelle française, Paco Prada se rend régulièrement au Tessin dans la maison familiale : « Ma grand-mère a beaucoup compté pour moi. Elle logeait une mère et ses deux enfants, qu’elle amenait souvent en vacances avec elle. C’est en jouant avec eux que j’ai appris l’italien. »

D’abord barmaid, cette mère, elle aussi célibataire, devient infirmière en psychiatrie et compte parmi les figures féminines fortes qui ont marqué le petit garçon qu’il était. Dans cette enfance un peu bohème, l’art avait également sa place. « J’allais au théâtre avec un copain qui était le petit-fils de Dürrenmatt. Au collège, j’ai commencé à écrire des poèmes et des chansons. J’ai d’ailleurs gagné plusieurs prix de poésie. »

Extraverti et sociable, il fait aussi partie du club de foot du village : « Cela m’a beaucoup structuré et appris à faire équipe. »

Pour son travail de maturité, Paco Prada décide de reproduire une expérience d’éthologie et se lance le défi de faire naître des

1978

Naissance à Genève.

1998

Début des études de médecine.

2010

Spécialiste FMH en psychiatrie et psychothérapie.

2016

Doctorat à la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE).

2023

Spécialisation en psychiatrie de liaison. Nommé médecin-chef du Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise et professeur associé au Département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’UNIGE.

poussins. Les questions de l’inné, de l’acquis et de l’attachement le titillent déjà. Puis, baccalauréat en poche, il commence la médecine, avec la peur du sang. « Il y avait de la lumière, alors j’y suis allé. » Entre-temps, il s’acquitte de son service militaire en faisant un stage dans une institution pour personnes lourdement handicapées : « J’ai bien aimé être utile pour la société. » Puis vient le temps des premiers stages en médecine. Les urgences psychiatriques réveillent son goût pour l’humain et l’urgence. Ce sera donc la psychiatrie.

Ses débuts au sein de l’Unité d’intervention de crise des HUG dessinent un tournant. « Le médecin-chef du service et mes collègues m’ont transmis leur vocation. » Il se forme alors en psychothérapie des troubles de la personnalité et à la prise en charge des crises suicidaires. Il est rapidement nommé chef de clinique. Aujourd’hui, le Pr Prada dirige le Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise, où il pratique plusieurs approches. Un séjour en ces lieux représente pour beaucoup de ses patients et patientes l’opportunité de s’ouvrir à la psychothérapie. « Environ 60% n’y ont jamais eu accès », souligne-t-il. Celle-ci vise à mettre en lumière la façon propre à chacun et chacune de traverser une crise : « Nous cherchons à comprendre les traces laissées par les premières expériences de vie, qui échappent à notre conscience, mais qui impriment notre manière d’être au monde. » Valider la personne dans son vécu, l’aider à dépasser son statut de victime et l’encourager à redevenir sujet de son existence. Un point dont il est intimement convaincu : « Je ne suis pas très calculateur, mais j’anticipe beaucoup pour rester dans la capacité de faire des choix et de garder ma subjectivité. »

Investi dans la recherche sur ses sujets de prédilection, il l’est aussi dans leur enseignement aux futurs et futures médecins. Avec son équipe, ce psychiatre, d’un abord chaleureux et simple, tient à proposer, au cœur de l’hôpital, des soins aussi bien accessibles que spécialisés à toutes celles et ceux qui vivent une cassure dans leur existence. 

23 Le portrait AvrilJuin 2024

AvrilJuin

<10%

Le pourcentage de femmes sous traitement hormonal de la ménopause à ce jour.

Mais également risque accru de :

L’infographie

Par Laetitia Grimaldi Illustration Muti

La ménopause

Survenant normalement entre 48 et 55 ans, la ménopause est le signe de l’arrêt de la production hormonale des ovaires (œstrogènes et progestérone principalement). Définie comme l’absence de règles pendant une année en dehors de toute cause médicale, elle expose à des désagréments dans plus de 80% des cas et modifie la santé des femmes sur le long terme. D’où l’importance d’une attention à soi et d’un suivi médical si besoin.

Experts : Dre Carole Nicolas Bonne, médecin adjointe à l’Unité de médecine de la reproduction et gynécologie endocrinienne des HUG

• Fragilité osseuse (ostéoporose)

• Diabète • Maladie cardiovasculaire (infarctus, AVC, etc.)

Pas que des désavantages !

• Fin des règles et de leurs désagréments

• Fin de la crainte de grossesse non désirée

• Nouvel élan à la vie intime

»

Cas de « précocité

Lorsqu’elle survient avant 44 ans, la ménopause est dite avancée. Avant 38 ans, elle est appelée

« insuffisance ovarienne prématurée ». Différentes causes peuvent être suspectées : prédisposition génétique, maladies chroniques, traitements oncologiques ou chirurgicaux, facteurs environnementaux (tabagisme, perturbateurs endocriniens, etc.).

50%

Le pourcentage de femmes souffrant de symptômes de la ménopause qui consultent.

Ses effets

L’arrêt de la production hormonale par les ovaires (en particulier des œstrogènes) a de multiples conséquences. Voici les plus fréquentes.

Dès le début

• Bouffées de chaleur

• Troubles du sommeil

• Troubles de l’humeur

• Prise de poids

• Sécheresse vaginale et vulvaire

Au fil du temps

• Tendance dépressive/anxiété

• Douleurs articulaires

• Perte musculaire

• Infections urinaires

• Baisse de la libido

• Peau plus sèche

• Cheveux plus fins

Pulsations 24
2024

Zoom sur les œstrogènes et la progestérone

1 Hormones féminines par excellence, les œstrogènes et la progestérone sont exclusivement produits par les ovaires. Description de leur évolution au fil du temps.

Ménopause

3 4

Suite à l’arrêt d’activité des ovaires, les taux d’œstrogènes et de progestérone sont au plus bas. Les hormones androgènes (testostérone notamment), en partie produites jusque-là par les ovaires, perdurent grâce à leur sécrétion par les glandes surrénales. Post-ménopause Sous l’effet des hormones androgènes encore produites par les glandes surrénales, des symptômes « masculins » peuvent apparaître (cheveux plus fins, apparition de poils sur le visage par exemple, etc.).

Pré-ménopause

Les phases de la ménopause

Arrêt des cycles réguliers Œstrogènes Progestérone

Arrêt définitif des menstruations

Traitements

Les mesures visant à soulager les symptômes de la ménopause sont discutées au cas par cas.

Traitements non hormonaux : certains antidépresseurs ou le tout nouveau fezolinetant atténuent les bouffées de chaleur (d’autres molécules sont attendues prochainement pour contrer ces symptômes). À tester sans hésiter : acupuncture, yoga, hypnose. Automédication : des alternatives existent (compléments alimentaires, œstrogènes naturels, etc.). Bien souvent cependant la prudence s’impose en raison du manque d’études sur leur efficacité et leur innocuité.

Traitements hormonaux : ils sont soumis à des conditions de prescription très strictes (symptômes importants, absence de contre-indications telles que maladies cardiovasculaires ou cancer).

Sous forme de comprimés, ils associent œstrogènes ou progestérone. Sous forme de crème, patch ou ovule, ils peuvent ne contenir que des œstrogènes et leurs effets secondaires sont plus limités.

La combinaison « œstrogènes –progestérone » rythme les cycles menstruels et l’ovulation. Le léger déséquilibre et la chute hormonale de fin de cycle exposent à un syndrome prémenstruel (douleurs, fatigue, émotivité, etc.) en amont des règles.

Périménopause

Des fluctuations hormonales s’installent et les ovulations se raréfient, occasionnant un excès d’œstrogènes face à la progestérone. Les cycles menstruels deviennent irréguliers et des symptômes peuvent apparaître (douleurs mammaires, syndrome prémenstruel accentué, etc.).

Hygiène de vie

Précieux à tout âge, certains bons réflexes atténuent les méfaits de la ménopause et agissent sur le bien-être :

• Alimentation saine et équilibrée

• Activité physique régulière et suffisante

• Absence de tabagisme

• Consommation d’alcool limitée

• Gestion du stress et de l’anxiété 2

L’infographie 25 AvrilJuin 2024
1 2 3 4 Taux d’hormones
0
Âge
35-45 48-55

La psychiatrie communautaire soigne hors les murs

Le Service de psychiatrie adulte propose désormais des soins organisés dans l’environnement familier du ou de la patiente pour répondre au mieux aux difficultés rencontrées et soulager les familles. Une approche qui fait ses preuves.

Malgré une déstigmatisation progressive de la santé mentale, notamment depuis la pandémie de Covid, l’hôpital psychiatrique continue de souffrir d’une image négative. Dans l’imaginaire : un lieu loin de tout où des malades séjournent parfois pendant des années avec peu d’espoir de guérison. L’approche de la psychiatrie communautaire révolutionne cette vision avec des centres ambulatoires en ville et des équipes mobiles qui se déplacent dans les lieux de vie. L’hospitalisation reste néanmoins possible pour les soins aigus. « L’idée est d’assurer une présence au sein de la communauté. Les équipes vont à domicile, mais peuvent aussi aller à la rencontre des personnes dans un café ou un parc. Ce qui est primordial, c’est que les soins soient accessibles pour tout le monde », défend le Pr Stefan Kaiser, médecin-chef du Service de psychiatrie adulte.

Collaborer avec les familles

Car en matière de maladie mentale, les soins usuels ne conviennent pas toujours. Certaines personnes vivent isolées avec un trouble psychique, refusent les soins ou ne parviennent pas à adhérer à un traitement parce qu’elles ne se sentent pas malades (un symptôme fréquent des troubles mentaux).

« Les équipes mobiles ont été mises en place en collaboration avec les familles, car ce sont souvent elles qui portent beaucoup et qui font appel à nous. Nous réfléchissons ensemble à la meilleure façon d’intervenir, ce qui permet aussi de les soulager dans leur charge de soin », souligne le Pr Philippe Huguelet, médecin responsable de l’équipe mobile de psychiatrie adulte.

Confiance et flexibilité

Sur le terrain, l’équipe mobile propose un suivi intensif avec pour objectif le maintien de la personne dans son milieu social et familial. La Dre Chiara Chiabotto, cheffe de clinique pour l’équipe mobile, raconte comment se passe ce travail délicat dont la confiance est la clé : « Avant de nous rendre sur les lieux, nous établissons toujours un premier contact avec le patient ou la patiente, en collaboration avec la personne tierce qui nous a sollicités. Nous venons sans blouse, là où la personne se sent le plus à l’aise, et commençons par définir ses besoins, ses ressources et ses objectifs, afin de l’accompagner dans un projet qui a du sens pour elle. Nous sommes très flexibles, sans restriction de lieu ou de temps, et nous respectons son rythme. » Un suivi très

Pulsations 26
Juin 2024
Avril -
Santé mentale

personnalisé donc, avec en ligne de mire, toujours, le rétablissement et la reconnexion avec la communauté (lire encadré).

personnalisé donc, avec en ligne de mire, toujours, le rétablissement reconnexion avec la communauté (lire encadré).

Des bénéfices à long terme

Des bénéfices à long terme

Les effets positifs de cette approche sont nombreux et, selon une évaluation récente de l’équipe du Pr Huguelet, se maintiennent pendant plusieurs années : la qualité de vie s’améliore, les symptômes diminuent, les traitements sont mieux suivis et les familles soulagées. Mais aussi, et c’est très important, le nombre d’hospitalisations et leur durée diminuent drastiquement, car les réhospitalisations sont moins nombreuses. Pour des personnes qui ont des difficultés à s’inscrire dans un traitement traditionnel, la sortie de l’hôpital peut être suivie d’une rechute rapide. « Grâce à la psychiatrie communautaire, même les crises et les phases difficiles peuvent être traitées dans le milieu de vie de la personne », conclut la Dre Chiabotto. 

Les effets positifs de cette approche sont nombreux et, selon une évaluation récente de l’équipe du Pr Huguelet, se maintiennent pendant plusieurs années : la qualité de vie s’améliore, les symptômes diminuent, les traitements sont mieux suivis et les familles soulagées. Mais aussi, et c’est très important, le nombre d’hospitalisations et leur durée diminuent drastiquement, car les réhospitalisations sont moins nombreuses. Pour des personnes qui ont des difficultés à s’inscrire dans un traitement traditionnel, la sortie de l’hôpital peut être suivie d’une rechute rapide. « Grâce à la psychiatrie communautaire, même les crises et les phases difficiles peuvent être traitées dans le milieu de vie de la personne », conclut la Dre Chiabotto. 

Qu’est-ce que le rétablissement en santé mentale ?

Qu’est-ce que le rétablissement en santé mentale ?

Tout comme il est possible de se rétablir d’un problème physique, le rétablissement en santé mentale existe. Il s’agit d’une façon de considérer la maladie en se focalisant sur la possibilité d’une évolution positive et l’espoir de trouver un équilibre de vie. En mettant la personne au centre de son traitement, en s’appuyant sur ses ressources, son entourage, mais aussi sur ses besoins, le parcours de soins proposé peut tout à fait tenir compte de ses objectifs. Psychiatrie communautaire et rétablissement vont donc de pair.

Tout comme il est possible de se rétablir d’un problème physique, le rétablissement en santé mentale existe. Il s’agit d’une façon de considérer la maladie en se focalisant sur la possibilité d’une évolution positive et l’espoir de trouver un équilibre de vie. En mettant la personne au centre de son traitement, en s’appuyant sur ses ressources, son entourage, mais aussi sur ses besoins, le parcours de soins proposé peut tout à fait tenir compte de ses objectifs. Psychiatrie communautaire et rétablissement vont donc de pair.

Témoignage

« Je ne me rendais pas compte de mon état »

Une patiente de l’équipe mobile témoigne : « Ce sont mes filles qui ont fait appel à l’équipe mobile parce que je ne me rendais pas compte de mon état. Petit à petit, l’équipe m’a aidée à comprendre des choses et m’a ouvert l’esprit. Je voyais bien que quelque chose clochait, mais je n’étais plus dans la réalité. J’ai ainsi été encadrée et entourée, c’était vraiment bénéfique. Quand on est fatiguée et épuisée, c’est difficile de devoir se déplacer à l’hôpital. L’équipe vient à domicile, c’était vraiment nécessaire pour moi. »

27 Santé mentale AvrilJuin 2024

AvrilJuin 2024

Oncologie

Profession : pilote de parcours de soins

De formation infirmière en oncologie, Béatrice Ronarc’h est la case manager pour les tumeurs digestives. Petit aperçu de cette profession de l’ombre et pourtant si essentielle.

«J

e supervise le parcours de chaque personne suivie pour une tumeur digestive aux HUG, du diagnostic jusqu’à la fin du traitement », explique d’emblée Béatrice Ronarc’h, case manager au Service d’oncologie depuis sept ans. Encore peu développée, cette profession assure le bon déroulement de la prise en charge, que ce soit en oncologie ou dans d’autres spécialités.

Toutes les semaines, Béatrice Ronarc’h participe au tumor board (lire encadré) des tumeurs digestives, où chaque cas est discuté afin de déterminer le meilleur traitement possible. À l’issue de ce colloque, elle

assure un suivi régulier de chaque patiente et patient, afin de garantir que les étapes du parcours de soins soient conformes aux décisions prises. « Je veille à ce que chacun et chacune ait bien ses rendez-vous prévus avec les spécialistes et que les délais pour la prise en charge respectent les recommandations internationales. »

Pourtant, les patients et patientes ne savent pas forcément qu’elle existe… « Les cases managers sont les aiguilleurs ou aiguilleuses du ciel du parcours de soins : on ne nous voit pas et, pourtant, notre rôle est essentiel pour garantir le bon déroulement de chaque étape », conclut-elle. 

Tumor board : le rendezvous incontournable

Les tumor boards réunissent chirurgiens et chirurgiennes, oncologues, radio-oncologues, pathologues, radiologues et médecins nucléaristes. Ensemble, ils et elles analysent chaque dossier afin de proposer la stratégie de traitement la plus adaptée. Les options sont ensuite discutées avec le ou la patiente et la prise en charge adaptée à ses choix.

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Pulsations Crédit : The project twins

Démystifier l’intolérance au lactose

La Pre Laurence Genton Graf, médecin adjointe agrégée responsable de l’Unité de nutrition clinique, déconstruit les idées reçues sur l’intolérance au lactose, qui touche une personne sur cinq en Suisse.

Tous les fromages contiennent du lactose.

Faux. Seuls les fromages frais comme la ricotta, la feta, la mozzarella ou le cottage cheese en contiennent. Les fromages à pâte dure (par exemple gruyère, emmental) ou extra-dure (par exemple sbrinz, parmesan) n’ont pas de lactose et ceux à pâte molle (par exemple tomme, camembert) n’en contiennent que des traces. Cela est lié au fait que le petit-lait, qui concentre la plus grande part de lactose, est séparé durant la fabrication et que les bactéries éliminent le lactose restant pendant l’affinage. Les personnes intolérantes peuvent donc profiter des joies de la raclette !

Le lactose se cache uniquement dans les produits laitiers.

Faux. Il se trouve également dans certains produits transformés, par exemple les saucisses et les charcuteries, mais aussi dans certains médicaments. Les quantités de lactose y sont toutefois moindres.

Il n’est pas nécessaire de supprimer complètement le lactose de son alimentation.

Vrai. Car les personnes intolérantes tolèrent généralement de petites quantités de lactose allant jusqu’à 12 g par jour. Il est toutefois recommandé de manger les aliments en contenant par petites portions au cours de la journée et d’y associer d’autres aliments (féculents, sources de protéines) pour améliorer sa digestion.

Une alimentation restrictive en lactose augmente les risques de carences en calcium. Vrai. Également présent dans certains légumes, poissons, graines ou oléagineux par exemple, le calcium se trouve en majeure partie dans les produits laitiers. Une réduction de leur consommation peut donc mener non seulement à une carence en calcium, un minéral essentiel pour la minéralisation de l’os notamment, mais aussi à une carence en protéines, indispensables pour le maintien de la masse et de la force musculaires. En cas d’intolérance, il ne faut donc pas supprimer complètement les produits laitiers de son alimentation et privilégier les produits enrichis en calcium.

Pulsations 29 Crédit : gettyimages AvrilJuin 2024 Vrai/Faux Par Mélissa Chervaz

« Ce programme a représenté une bouée de sauvetage »

La fille de Laurence et Yves Ducrin* est atteinte de troubles schizophréniques**. Le couple a suivi le programme Profamille, qui permet aux proches de se former à la maladie, ses symptômes et ses traitements.

** Troubles schizophréniques : la schizophrénie est une maladie psychiatrique chronique se manifestant par des hallucinations auditives ou visuelles, ainsi qu’une perte de contact avec la réalité et une désorganisation du comportement. L’appauvrissement affectif et l’isolement social sont aussi fréquents, tout comme la démotivation. En Suisse, cette maladie touche une personne sur cent. Dans la majorité des cas, les symptômes apparaissent entre 15 et 25 ans.

** Troubles schizophréniques : la schizophrénie est une maladie psychiatrique chronique se manifestant par des hallucinations auditives ou visuelles, ainsi qu’une perte de contact avec la réalité et une désorganisation du comportement. L’appauvrissement affectif et l’isolement social sont aussi fréquents, tout comme la démotivation. En Suisse, cette maladie touche une personne sur cent. Dans la majorité des cas, les symptômes apparaissent entre 15 et 25 ans.

Pulsations 30
Juin 2024 Témoignage
Avril
* Prénoms et nom d’emprunt.

Crédit : Keith Negley

«Louise* était une jeune fille à la vingtaine épanouie, qui s’investissait dans ses études, appréciait le sport et sortir avec ses amies. Un été, alors qu’elle semblait un peu démotivée et triste depuis quelques semaines, elle a fait un premier épisode psychotique (idées délirantes et hallucinations, ndlr). En sautant depuis le premier étage, elle s’est blessée et a dû être hospitalisée », raconte Laurence Ducrin. Alertée par son état, l’équipe soignante a transféré Louise en psychiatrie dès que ses blessures se sont améliorées. Un diagnostic de schizophrénie a été posé quelques mois plus tard. Pour ses parents, la nouvelle a été bouleversante : « Nous étions d’abord dans le déni et l’incompréhension. Il nous fallait faire le deuil de notre fille “d’avant” . Nous nous sentions perdus, d’autant plus qu’un diagnostic précis est difficile à poser, car il existe une multitude de troubles psychotiques. »

Un programme psychoéducatif

L’équipe soignante leur propose alors de participer au programme psychoéducatif Profamille, une formation pour les proches d’une personne atteinte de schizophrénie mise en place par les HUG. Elle comprend des cours et des ateliers animés par des spécialistes de la santé dont l’objectif est non seulement de mieux faire connaître la schizophrénie et ses traitements, mais aussi de donner des outils pour communiquer avec la personne malade et améliorer la qualité de vie de toute la famille. « Ce programme exige beaucoup d’investissement, car il implique quatre heures de présence par mois ainsi que des travaux à faire à la maison. Au départ, j’étais un peu réticent, je n’étais pas sûr que cela me soit utile. L’enthousiasme de ma femme a fini par me convaincre. Puis je n’ai manqué aucune séance en deux ans ! », explique Yves Ducrin.

Alors que le couple a terminé le programme depuis quelques mois, il considère que les cours et les personnes rencontrées ont été déterminants dans leur cheminement. « Nous avons été chanceux de suivre Profamille peu après que notre fille a été diagnostiquée. Cela a représenté une bouée de sauvetage. Tout d’abord, nous sommes sortis de notre isolement en rencontrant d’autres parents confrontés à des situations similaires. Il est en effet difficile de trouver du soutien auprès de son cercle familial ou amical dans le cas de la schizophrénie, tant cette maladie est mal connue et suscite de la discrimination », considère Laurence Ducrin. Yves Ducrin souligne que mieux comprendre ce trouble permet aux parents de déculpabiliser : « J’ai intégré qu’il s’agissait d’une maladie chronique qui impactait le fonctionnement du cerveau de ma fille et que ce n’était pas en lien avec son éducation. »

Réduction des tentatives de suicide

Les outils favorisant une meilleure communication avec la personne atteinte de schizophrénie ont aussi été bénéfiques : « J’ai par exemple appris qu’il fallait éviter les situations de stress. Comme la mémoire à court terme de Louise est affectée, il vaut mieux lui demander de réaliser une tâche précise à la fois, par exemple “plie ton pull-over”, plutôt que “range ta chambre”  », confie sa mère. Le programme a aussi permis aux parents « de réapprendre à s’occuper de soi. Il est essentiel pour nous, et pour notre fille, de garder des intérêts et des loisirs ».

Avec une réduction de moitié des tentatives de suicide et un peu plus de 40% d’hospitalisations en moins chez les malades lorsqu’un ou une de leurs proches a suivi Profamille, les statistiques sont éloquentes. Laurence et Yves Ducrin sont convaincus : « Notre fille n’a plus été hospitalisée depuis 18 mois. Elle travaille et a repris ses études. Nous observons la même tendance chez les autres personnes dont les proches ont suivi la formation. » 

Pour en savoir plus Programme Profamille mis en place avec le soutien de la Fondation privée des HUG : www.hug.ch/ psychiatrieadulte/ programmeprofamille

Contact : Jonathan Dhaussy, coordinateur, 079 553 82 76

Témoignage 31 AvrilJuin 2024

Le service ORL fait peau neuve

Le service ORL et chirurgie cervico-faciale a été entièrement repensé, dans son architecture comme dans son organisation. Résultat : une prise en charge médicale des patients et des patientes plus efficiente, dans un lieu plus accueillant et lumineux.

Les derniers coups de peinture ont été donnés à la fin de l’année dernière. Après plus de deux ans de travaux, mais sans arrêt d’activité, le Service ORL et chirurgie cervico-faciale a été totalement transformé afin de mieux accueillir sa patientèle, enfants comme adultes, en urgence comme en consultation programmée. « Le premier contact étant particulièrement important, nous devions impérativement réaliser ces travaux », se souvient le Pr Pascal Senn, médecinchef du service. Ceux-ci ont été pensés par et pour l’ensemble des équipes, dans le cadre d’un projet d’envergure novateur.

« Fédérateur et interdisciplinaire, ce projet répond à de réelles attentes et améliore autant les infrastructures que l’organisation du service. Soutenu dès le départ par le Département des neurosciences cliniques, dont le chef de ce département, le Pr Karl Schaller, il change tout, pour les équipes soignantes comme pour les patients et patientes », poursuit le responsable des lieux.

Pulsations 32 AvrilJuin 2024 Reportage
Par Clémence Lamirand Photos Julien Gregorio

Témoignage #1

LUDOVIC VANDE ROSIEREN, Chef de projet au Département de médecine et ancien responsable d’équipe de soins au Service ORL et chirurgie cervico-faciale

« Tout a été revu »

« Lors de la rénovation, tout a été revu, tout en maintenant l’activité. Cela n’a pas toujours été facile, mais les équipes, intégrées au maximum dès le début du projet, ont parfaitement coopéré. Elles ont compris l’objectif final et y ont adhéré. La patientèle bénéficie désormais d’un meilleur accueil et d’une meilleure organisation, à toutes les étapes de sa prise en charge. »

Reportage AvrilJuin 2024
33

Les urgences ont désormais, au début du couloir du service, un périmètre dédié. Le tri et la surveillance y sont facilités. Suivent ensuite la zone des consultations programmées et, tout au fond, l’audiologie, qui réalise des tests d’audition et d’équilibre. Toutes les salles du couloir sont désormais parfaitement équipées, avec du matériel de dernière génération.

Trois salles d’attente

Avant les travaux, les personnes avec un problème aux oreilles, sinus, cordes vocales ou encore à la gorge, au cou ou au nez attendaient, tous symptômes confondus, dans le couloir, bruyant et plutôt sombre. Désormais, trois salles d’attente les accueillent, une pour les urgences et deux pour les consultations programmées (une dédiée aux enfants et une aux adultes). Les murs ont été égayés par la fondation Paint a smile, sur le thème de la nature. « Un magnifique travail a été réalisé. Les locaux sont métamorphosés. Les peintures sont délicates et rendent les lieux beaucoup plus lumineux et agréables », se réjouit le chef de service.

Pulsations

34
AvrilJuin 2024

Mieux gérer les flux

Le projet, principalement mené par Ludovic Vande Rosieren et la Dre Angelica PerezFornos, s’est aussi penché sur l’amélioration du parcours patient. Concrètement, la signalétique a été simplifiée, facilitant l’orientation et les déplacements. Virtuellement, des données informatiques sur le flux de la patientèle sont récoltées afin de mieux suivre l’activité du service, qui ne fait que croître d’année en année. « Avec le système AmbuFlow, nous pouvons analyser ce flux et anticiper certains pics de fréquentation. En nous organisant différemment lors de ces moments tendus, nous pouvons réduire les temps d’attente, mieux informer et finalement mieux prendre en charge », décrit le Pr Senn. De leur côté, les personnes soignées savent qu’elles sont bien enregistrées dans le système et voient sur des écrans combien de personnes attendent devant elles. Deux points qui font partie de leurs préoccupations premières lorsqu’elles patientent dans un service médical. Ce développement informatique, initié en ORL et déjà en place aux urgences pédiatriques, va être prochainement amélioré puis déployé ailleurs à l’hôpital. 

Témoignage #2

DRE ANGELICA PEREZ-FORNOS, ingénieure responsable du Centre universitaire romand d’implants cochléaires (CURIC) « Un projet rassembleur »

« Avant les travaux, le pôle audiologie était morcelé et vieillissant. En récupérant des locaux inoccupés, nous avons pu tout réunir. L’audiologie dispose désormais de grandes salles de consultation, dont une pour les nouveau-nés, et de tout le matériel nécessaire. Les travaux ont favorisé la collaboration entre les équipes et la mise en place de procédures. Pour moi, ce projet a abouti grâce à l’interdisciplinarité. Il a su rassembler. »

Témoignage #3

DRE HÉLÈNE CAO VAN, médecin adjointe responsable de l'ORL pédiatrique et pédo-audiologie

« Les jeunes s’y sentent mieux

»

« Les travaux du secteur audiologie ont été les premiers réalisés. Les nouveaux locaux sont plus ouverts, plus agréables, mieux pensés. C’est pour nous un gain énorme. Les jeunes patients et patientes s’y sentent mieux, leurs parents aussi. Les changements effectués facilitent aussi notre travail. Face à des enfants plus sereins, nous réalisons des diagnostics plus précis. »

Reportage 35
AvrilJuin 2024
La mâchoire est un système mécanique complexe lié à trois fonctions essentielles : mâcher, parler et déglutir. C’est pourquoi le moindre dysfonctionnement dans cette partie du corps est vite problématique.

Expert

Pr Paolo Scolozzi, médecin-chef du Service chirurgie maxillo-faciale et buccale

1 500

Le nombre moyen de fois qu’un être humain déglutit chaque jour.

Un mécanisme façonné par ses fonctions

La mâchoire – ou articulation temporomandibulaire (ATM) – désigne un système formé par deux structures osseuses : le maxillaire (haut) et la mandibule (bas). Elle remplit un rôle appelé manducation qui comprend trois fonctions : la mastication, la parole et la déglutition. Siège des dents, la mâchoire fonctionne grâce à un ensemble de muscles.

C’est leur stimulation dès le plus jeune âge avec le tétage, puis la mastication, qui donne aux os leur forme finale et assure le bon fonctionnement de la mâchoire.

Pulsations 36
MÂCHOIRE
Juin 2024 L’organe
LA
Avril

Mâchoire qui craque

C’est la pathologie de la mâchoire la plus fréquente. Elle touche neuf femmes pour un homme. Cette différence n’est pas bien comprise, car la mâchoire ne diffère pas selon le sexe. Cette maladie s’accompagne de craquements, parfois de douleurs et de limitations de la mobilité. Elle est favorisée par le bruxisme (grincement involontaire des dents, surtout la nuit) ou l’arthrose. Elle se soigne avec de la physiothérapie ou une gouttière. Il est aussi possible d’effectuer un lavage articulaire au moyen d’une chirurgie peu invasive. Une psychothérapie peut être proposée pour diminuer le stress.

Des traumatismes fréquents

L’ATM est exposée aux traumatismes, en particulier durant la petite enfance avec l’apprentissage de la marche. Les extrémités fines de cette articulation se cassent facilement. Une telle fracture durant la période de croissance peut entraîner des perturbations : l’une des spécificités de l’ATM est en effet qu’elle contient les cellules responsables de sa croissance. Une fracture peut donc donner lieu à une mâchoire trop petite. Parfois, ces cellules dysfonctionnent d’un seul côté, ce qui peut être à l’origine d’une croissance asymétrique.

14e

La semaine de gestation lors de laquelle la mâchoire du fœtus est formée. Il commence alors à avaler du liquide amniotique.

MÂCHOIRE

Les arthrites juvéniles

Habituellement diagnostiquées au genou ou à la hanche, les arthrites juvéniles peuvent aussi toucher l’ATM. Cela a pu être démontré depuis une quinzaine d’années grâce aux progrès de l’imagerie médicale et du dépistage chez le ou la pédiatre. En effet, les atteintes à la mâchoire passent souvent inaperçues chez les enfants concernés et les perturbations n’apparaissent qu’à l’âge adulte. Pour y remédier, il est possible de recourir à des lavages articulaires grâce à une chirurgie peu invasive.

Inclure des aliments durs

Le fonctionnement de l’ATM est lié à l’occlusion dentaire. Une molaire manquante peut ainsi entraîner des dysfonctionnements. Une alimentation fondée principalement sur des produits mous et ultratransformés est probablement responsable de la fréquence accrue d’agénésie dentaire (dents qui ne se développent pas). Pour une ATM en bonne santé, il faut privilégier un régime varié incluant des aliments durs (pommes, noix, viande, etc.).

70%

Le pourcentage de la population qui souffrira d’un craquement de la mâchoire au cours de sa vie.

L’organe 37
AvrilJuin 2024
Crédit : gettyimages/Jolygon

« Un endroit magique, mais pas sacré »

Le Pr Idris Guessous occupe depuis octobre dernier le poste de responsable académique du Centre de l’innovation. Créé en 2017, ce lieu de partage a pour vocation de faire émerger les idées innovantes des collaborateurs et collaboratrices des HUG.

Pulsations Comment définissez-vous le Centre de l’innovation ?

Pr Idris Guessous Je le décris comme un espace très inspirant, propice à la réflexion et à la créativité. Entièrement dédié à l’innovation, ce lieu d’échange et de discussion est là pour porter et faire avancer des projets uniques. On dit souvent qu’il est très important d’investir dans l’innovation. Mais y dédier, comme le font les HUG, un espace et une équipe est beaucoup plus exceptionnel.

Pulsations 38 Avril
Juin 2024 Rencontre Par
Lamirand Phot
| lundi13
-
Clémence
o Nicolas Righetti

Quelles sont ses priorités ?

Son principal objectif est d’aider à passer d’une idée originale et créative à un projet abouti et fonctionnel. Pour cela, le centre dispose d’une équipe pluridisciplinaire, dirigée par Helena Bornet dit Vorgeat, responsable opérationnelle, qui réalise un formidable travail. Nous aidons à concrétiser, développer et partager les idées. Nous mettons également en avant les porteuses et porteurs de projet : nous pensons « projet » bien sûr, mais aussi « personne ». Enfin, une de nos ambitions est de participer au rayonnement des HUG au-delà de leurs murs.

Comment y parvenir ?

Nous voulons valoriser nos collaborateurs et collaboratrices, nos métiers et notre institution. Nous devons pour cela créer toujours plus de partenariats avec les acteurs du système de santé, les pharmas, les medtechs, les universités. Il faut un centre fort, capable de tisser des liens puissants entre différents acteurs. Je souhaite vraiment ouvrir le centre et rassembler en son sein l’excellence venue de tous horizons.

Toute personne des HUG ayant une idée peut venir la partager au Centre de l’innovation ?

Oui ! Et c’est ce message d’accessibilité que je sou-

haite porter. J’aime dire que le centre est un endroit magique, mais pas sacré. Une de mes missions premières est que toutes et tous, aux HUG, se sentent légitimes de franchir ses portes. Chacun et chacune peut être force de proposition et de créativité. Les idées peuvent émerger de tous les services et de toutes les professions de l’hôpital. Le centre est un espace ouvert. Concrètement, des événements comme des hackathons ou encore les Journées et les Cafés de l’innovation, organisés tout au long de l’année, sont d’excellentes occasions pour soumettre une idée.

Par qui les projets soumis sont-ils évalués ? Ils sont examinés par un comité composé d’une vingtaine de personnes, d’horizons et de professions variés. Lors de l’évaluation, nous devons imaginer que nous fonctionnerons mieux avec ce projet que sans. Il peut impacter une pratique, perfectionner la qualité des soins, réduire les coûts de la santé ou encore améliorer les évolutions de carrière du personnel… Si le projet est innovant, peu importe qu’il concerne les soins ou les processus institutionnels.

En parlant d’institution, le centre participe aussi à l’élaboration du plan stratégique de l’hôpital… En effet, il l’accompagne.

Cette collaboration permet de mettre l’innovation au centre des débats et au cœur de la stratégie globale des HUG. Elle est pour nous tout à fait naturelle, car le centre sait comment concrétiser une idée. Le travail et la méthodologie nécessaires à l’élaboration d’un plan sont finalement similaires à l’activité du centre. Un hôpital doit avoir des idées précises pour l’avenir et tout mettre en œuvre pour les faire germer. 

Un projet déjà récompensé

Parmi les projets portés par le Centre de l’innovation, un a déjà été plusieurs fois primé. Il s’agit d’un stéthoscope intelligent, soutenu par la Fondation privée des HUG et imaginé par le Pr Alain Gervaix, médecin-chef du Service d’accueil et d’urgences pédiatriques aux HUG. Numérique, il aide au diagnostic de la pneumonie chez l’enfant. Ainsi, il apporte un soutien aux équipes soignantes tout en améliorant la prise en charge des jeunes patientes et patients et en réduisant les coûts.

Rencontre 39 AvrilJuin 2024

Pourquoi dois-je faire analyser mon sang ?

Lorsque tu te rends chez ton ou ta pédiatre ou à l'hôpital, un examen sanguin est parfois demandé. Donner un peu de ton sang permet de livrer de nombreuses informations très utiles pour ta santé.

Expert

Dr Cyril Sahyoun, responsable médical de la Cellule confort à l’Hôpital des enfants

A quoi sert un examen de sang ?

Un examen de sang sert à comprendre un problème médical ou à s’assurer que tu es en bonne santé. Cela peut être utile pour savoir pourquoi tu as de la fièvre ou pourquoi tu tousses depuis longtemps, par exemple.

Est-ce que ça fait mal ?

A l’hôpital, les médecins, les infirmières et les infirmiers aiment que les enfants soient confortables. Ils ou elles utilisent un patch ou une crème anesthésiante pour que la peau ait le moins de sensations possible. Même si tu devais ressentir une gêne, cela ne dure généralement qu’un court instant.

Comment ça se passe ?

Après avoir mis le patch ou la crème anesthésiante, l’infirmier ou infirmière va chercher le meilleur endroit pour prélever ton sang : généralement dans le pli du coude ou sur la main. Il ou elle va ensuite utiliser un garrot (un lien en caoutchouc serré autour de ton bras afin de ralentir la circulation du sang) pour rendre ta veine plus visible, puis nettoiera et désinfectera ta peau avec une compresse. Enfin, il ou elle recueillera ton sang, à l’aide d’une aiguille, dans un ou plusieurs petits tubes de couleurs différentes.

En partenariat avec

40 AvrilJuin 2024 Junior Par Elodie Lavigne Illustrations PanpanCucul Pulsations

Quelle quantité de sang dois-je donner ?

La quantité dépend du nombre d’analyses demandées. Plus il y a de tests, plus il faut de sang. Pour faire un bilan complet, qui réponde à plusieurs questions, plusieurs tubes de sang sont nécessaires. Des substances y sont ensuite déposées pour qu’il reste liquide ou au contraire pour qu’il coagule (qu’il fasse comme une croûte).

Quelles informations peut-on voir dans mon sang ?

Le nombre de leucocytes (cellules qui combattent les infections), de globules rouges (cellules servant à transporter l’oxygène des poumons vers les tissus) et de plaquettes (qui permettent la cicatrisation en cas de blessure). Les spécialistes peuvent aussi vérifier que tu as suffisamment de sels minéraux et de vitamines apportés par ton alimentation, des éléments qui t’aident à rester en bonne santé et à bien grandir.

Où vont les prélèvements sanguins ?

Ils sont envoyés au laboratoire grâce à une sorte de petite navette spatiale qui voyage dans des tuyaux à travers tout l’hôpital. Une fois arrivés à destination, les tubes sont mis dans des machines. Le sang est agité pour que les molécules qui le composent soient séparées. Il est ensuite aspiré pour être réparti dans différents petits appareils et analysé par des techniciens et des techniciennes en laboratoire.

Le savais-tu ?

Si tu as besoin de te détendre ou te distraire pendant la prise de sang, n’hésite pas à demander un casque de réalité virtuelle, de l’hypnose ou du gaz hilarant, qui la rendront plus confortable. La Consultation de confort et de sédation procédurale de l’Hôpital des enfants est là pour garantir les meilleures conditions de soins possibles.

AvrilJuin 2024 Junior 41

Des rituels pour bien passer les examens

Qui dit période d’examens, dit l’inévitable trilogie stress, malbouffe et nuits trop courtes. Mais est-ce vraiment une fatalité ? Selon la Dre Catherine Chamay-Weber, médecin responsable de la Consultation ambulatoire de santé des adolescentes et adolescents et jeunes adultes (CASAA), il est possible de traverser cette phase en gardant la forme.

Ce n’est pas une révélation, les études, et en particulier les sessions d’examens, peuvent être difficiles. Le stress est à son comble, les épreuves sont parfois condensées sur quelques semaines et la pression monte pour réussir son année. « Les études sont un facteur de stress qui ressort beaucoup lors de nos discussions avec les jeunes. Ils et elles se mettent beaucoup de pression pour réussir, alors que le monde actuel est déjà très propice à l’anxiété », explique la Dre Catherine Chamay-Weber, médecin responsable de

la Consultation ambulatoire de santé des adolescentes et adolescents et des jeunes adultes (CASAA).

Dans ce contexte, une session d’examens va cristalliser le stress accumulé et bouleverser le rythme quotidien. Les journées ne sont plus passées à aller en cours à heures régulières, mais à réviser sans limite de temps. Les bonnes habitudes, comme manger sainement, dormir assez ou faire du sport, volent alors en éclats pour laisser la place à des comportements néfastes pour la santé, mais aussi pour la qualité des révisions.

Revenir aux bases : manger et dormir Alors qu’en période d’examens le réflexe serait de supprimer tout ce qui pourrait ressembler à une perte de temps de travail, pour la Dre Chamay-Weber la clé se trouverait en réalité dans les petites routines de vie. « Une des choses les plus importantes pour la mémorisation et la concentration, c’est le sommeil. Or, les jeunes vont travailler toute la journée sur un écran d’ordinateur puis, sans transition, iront au lit l’esprit préoccupé, avec souvent des difficultés d’endormissement. Il faudrait plutôt instaurer un rituel relaxant afin de favoriser la production de mélatonine, l’hormone du sommeil : poser son téléphone, prendre une

Pulsations AvrilJuin 2024 Mieux-vivre
42

douche, écouter de la musique ou lire. Ces habitudes favorisent un sommeil plus réparateur. »

Autre difficulté potentielle en période d’examens : l’alimentation. Avec la fatigue et le stress, il est facile de se tourner vers des aliments sucrés et stimulants qui vont produire un pic d’énergie, souvent suivi d’un coup de fatigue qui va mener à un nouveau snack sucré. Pour ne pas interrompre le travail, la tendance sera également de sauter un repas, une erreur à éviter selon la spécialiste : « C’est une pause relaxante nécessaire à ne pas manquer. Le repas ne devrait être ni trop léger, ni trop lourd. Il peut aussi être ritualisé comme un moment qui offre une respiration. Se donner rendez-vous à la cafétéria, par exemple, permet de sortir de sa bulle et de retourner à son travail plus calme. »

Expérimenter le changement

La difficulté est de réussir à mettre en place ces habitudes dans une période où le stress nous fait prendre de mauvaises décisions. Pour adopter de bons comportements, il faut d’abord en expérimenter les bénéfices dans son corps. « Quand le rythme de travail ralentit et que le cerveau traîne, la solution est de sortir pour bouger. C’est une manière de dépenser le stress et de stimuler l’organisme. Les jeunes pensent que l’exercice physique va les fatiguer et leur faire perdre du temps alors qu’à l’inverse, il permettra souvent d’en gagner. » Pour se motiver, la Dre Chamay-Weber conseille aussi d’utiliser simplement le podomètre des téléphones portables et de se fixer un objectif quotidien de 5000 pas minimum. 

Des boosters de cerveau ?

Pour gérer le stress et améliorer les performances durant les examens, la prise de substances pour doper son cerveau, du complément alimentaire naturel aux dérivés d’amphétamines, pourrait séduire certaines personnes. Selon l’enquête 2022 de l’Observatoire de la vie étudiante de l’Université de Genève, moins de 20% des étudiantes et étudiants déclarent prendre des substances en vue des examens. Si les produits consommés sont en très grande majorité des vitamines ou de l’homéopathie, les psychostimulants de type méthylphénidate (mieux connu sous le nom de Ritaline®) ou dérivés d’amphétamines ne sont pas anodins, prévient le Pr Nader Perroud, spécialiste aux HUG du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité chez l’adulte : « Ces substances stimulent le cerveau et maintiennent l’éveil, mais elles peuvent aussi provoquer beaucoup d’anxiété et perturber le sommeil, au risque d’altérer les performances aux examens, soit l’inverse du but recherché. »

Mieux-vivre 43 AvrilJuin 2024

L’école à la MEA Pensez RUG

Quel que soit le motif d’hospitalisation, l’objectif de l’école à l’hôpital est de faire en sorte que les jeunes bénéficient d’un suivi scolaire individualisé ou en groupe. Cette présence est assurée à la Maison de l’enfance et de l’adolescence (MEA) depuis septembre 2023. L’enseignement est proposé dans une salle de classe située au 4e étage. Une équipe enseignante du Département de

l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse accompagne tout parcours scolaire primaire, secondaire ou spécialisé (école publique ou privée). Elle soutient chaque patiente ou patient en âge scolaire (de 4 à 18 ans) afin de favoriser au mieux son retour en classe à la suite de l’hospitalisation. Elle assure la continuité de la scolarité et prévient le décrochage tout en facilitant le lien entre l’école, l’enfant hospitalisé et la famille. Cette prestation existe aussi sous cette forme depuis 1992 à l’Hôpital des enfants. Plus d’infos sur : www.hug.ch/ enfants-ados/vie-lhopital

Le Réseau urgences Genève (RUG) a été créé pour remédier à l’engorgement des services d’urgences du canton et offrir une réponse de qualité aux besoins de santé de la population. Ainsi, en cas d’urgence non vitale et d’indisponibilité du ou de la médecin traitante, toute personne peut se rendre dans l’un des six services d’urgence du RUG : Clinique de Carouge, Clinique de la Colline, Clinique

des Grangettes, Clinique et permanence d’Onex, Hôpital de la Tour, Urgences des HUG. Dans chaque lieu sont appliqués les mêmes protocoles, afin de fournir une prise en charge identique et la même qualité de soins, ainsi qu’une tarification identique, couverte par l’assurance de base. Un site Internet dédié renseigne des délais de prise en charge indicatifs pour les urgences adultes non vitales. En cas d’urgence vitale, l’appel au 144 reste la première démarche à entreprendre. Plus d’infos sur : www.hug. ch/rug

Prévenir la maladie d’Alzheimer

Avec près de 10 millions de personnes touchées en Europe, dont plus de 8 000 à Genève, Alzheimer est la maladie neurodégénérative la plus répandue au sein de la population. Jusqu’à présent, les protocoles médicaux de prise en charge se concentraient surtout sur le diagnostic et le traitement. Désormais, les dementia Brain Health Services

(dBHS) proposent une démarche totalement innovante : mettre en place un parcours de prévention chez des personnes en bonne santé sans troubles de la mémoire. Celui-ci consiste à déterminer de manière proactive quelles sont les personnes à haut risque de développer une démence, avant même que cette dernière ne se manifeste, afin de mettre en œuvre des interventions efficaces pour prévenir l’apparition des toutes premières pertes de mémoire. Ce protocole sera déployé en phase pilote avec le soutien de la Fondation privée des HUG, lors du 2e semestre 2024, au Centre de la mémoire des HUG. L’ouverture au grand public est pour 2025.

Pulsations 44
Juin 2024
Avril -
Brèves
Julien
Crédits :
Gregorio, David Wagnières, HUG

Covid-19 : contrôle de la pandémie

21 mois

de suivi, de juin 2020 à mars 2022.

Unité semiprivée aux Trois-Chêne

L’Hôpital des Trois-Chêne dispose désormais d’une unité de soins aigus semiprivée dédiée aux personnes âgées. Cette structure répond aux besoins spécifiques des personnes bénéficiant d’une assurance maladie semi-privée, en proposant des soins gériatriques spécialisés associés à un niveau

185 000

contacts enregistrés dans le canton de Genève.

40% des personnes contaminées ont pu être identifiées par traçage des contacts.

Plus d’informations : www.hug.ch/ communiquesde-presse

de confort adapté. Avec une capacité d’accueil de 19 personnes en chambre individuelle ou double, l’unité récemment rénovée est équipée pour offrir des soins de qualité. La prise en charge médicale est assurée par un binôme constitué d’une ou un médecin-cadre et d’une ou un médecin interne. L’équipe soignante porte une attention toute particulière aux détails qui améliorent le confort et le bien-être. Une terrasse privatisée avec vue sur le parc complète les espaces à disposition.

Les graisses impliquées dans le diabète

Si le sucre est le coupable le plus souvent désigné dans le développement du diabète de type 2, mieux comprendre le rôle des graisses s’avère également essentiel. En analysant les profils sanguins de dizaines de personnes souffrant de diabète ou de pré-diabète, ou ayant dû subir une ablation partielle du pancréas, une équipe de recherche de l’Université de

Genève et des HUG a mis en évidence l’importance des graisses dans la détection et le traitement du diabète de type 2. D’une part, la composition en lipides du sang et des tissus adipeux oscille au cours de la journée et est altérée en fonction de l’heure de la journée chez les diabétiques, qui présentent un taux plus élevé de lipides toxiques. D’autre part, un type de lipides, les lysoPI, est capable de renforcer la sécrétion d’insuline en cas de défaillance des cellules bêta, qui la produisent normalement. Ces résultats pourraient avoir des implications importantes dans la prise en charge des personnes diabétiques.

Brèves 45 AvrilJuin 2024 Crédits : Julien Gregorio, UNIGE/Dibner

11/04 Parkinson

Stimuler le corps et l’esprit

10h-16h

Auditoire Marcel-Jenny Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4

La maladie de Parkinson est souvent associée au vieillissement, cependant sa forme précoce peut survenir tôt, parfois dès l’âge de 30 ans. Quels que soient l’âge et la situation des personnes atteintes, des solutions existent pour aider à accepter la maladie et mieux la vivre au quotidien. À l’occasion de la Journée mondiale de la maladie de Parkinson, le Service de neurologie des HUG vous propose, avec les partenaires du réseau de soins et des personnes touchées par la maladie, des conférences, stands d’informations, ateliers et diverses activités adaptées (danse, yoga, jeux de société, etc.). Programme détaillé sur www.hug.ch/JourneeParkinson-2024

17/04

Hémophilie

Journée mondiale

14h15-18h

Auditoire Marcel-Jenny Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4

Cette année, le thème choisi de la journée mondiale de l’hémophilie est « Accès équitable pour tous et pour tous les troubles de la coagulation ». Quatre intervenants partageront leurs expériences et leurs efforts pour promouvoir un accès équitable à un diagnostic et à des soins adaptés, quels que soient le type de troubles de la coagulation, le genre des patients, leur âge ou leur lieu de résidence. Programme détaillé sur www.hug.ch/evenement/ journee-mondialelhemophilie-2024

18/04

Exposition

Underground

17h30

Espace Opéra

Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre

Il y a le monde supérieur et il y a ici. Exposition de photo-

graphies des sous-sols des HUG réalisées par Cyril Finelle. Le vernissage a lieu à 17h30 et l’exposition se tient jusqu’au 31 décembre.

08/05

Mélanome

Dépistage

Dépistage

13h à 16h30

Bâtiment Jean-Louis Prévost (4e étage)

Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4 Entrée libre

Le dépistage précoce du cancer de la peau est essentiel et peut sauver des vies. Le Service de dermatologie et vénéréologie propose un examen gratuit de la peau. Le nombre de

Pulsations 46 Avril
Juin 2024 Agenda
-
Par Giuseppe Costa AVRIL MAI
Crédits : Julien Gregorio, Cyril Finelle

personnes pouvant être examinées dans le cadre de cette campagne est limité. Plus d’infos : 022 372 96 90

31/05 Tabac

Journée mondiale

11h30 à 13h30

Site des HUG

Entrée libre

À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, les HUG informent patients, patientes, public visiteur et personnel avec des stands installés sur tous les sites des HUG. Plus d’infos sur : www. hug-ge.ch (rubrique agenda)

14/06

Don du sang

Journée mondiale

7h30 à 17h

Centre de transfusion sanguine Rue Gabrielle-Perret-Gentil 6

Donner son sang, c’est sauver des vies. À l’occasion de la Journée mondiale des donneuses et donneurs de sang, donnez le vôtre au

URGENCES GÉRIATRIQUES À L’HÔPITAL DES TROIS-CHÊNE

Accueil rapide et dédié aux personnes de 75 ans et plus

Une équipe médicale et soignante spécialement formée pour prendre soin des personnes âgées

Pour les urgences non vitales et non chirurgicales

Ouvert 7 jours sur 7 de 8h à 19h

Centre de transfusion sanguine. Les poches de sang sont vitales dans les cas de leucémies, de transplantations, d’hémorragies importantes lors d’un accident, d’une opération ou d’un accouchement. www.dondusang.ch

Hôpital des Trois-Chêne

Chemin

Agenda JUIN
du
Thônex Accueil d’urgence
60
Pont-Bochet 3, 1226
: 022 305 60

AvrilJuin 2024

Livres & Web

En collaboration avec la Bibliothèque de l’Unige, site CMU

Pour en savoir plus sur…

Pleine conscience

Tu médites avec moi ?

La méditation de pleine conscience pour les enfants et accompagnants

Dre Carine Deloire

Ellipses, 2021

Cet ouvrage est un outil pratique de méditation de pleine conscience. Il met l’accent sur l’éducation thérapeutique et la relation de soin, ce qui permet au jeune et à ses accompagnants adultes d’être pleinement acteurs et actrices des soins portés à l’enfant.

Mindfulness : la pleine conscience pour les enfants. Confiance en soi, équilibre, maîtrise des émotions

David Dewulf

De Boeck, 2015

Cet ouvrage initie les enfants à la pleine conscience de façon ludique, sur la base d’un récit amusant et d’exercices bien adaptés. L’objectif est qu’ils aient davantage confiance en eux.

CONTACT

Tous les livres référencés sont disponibles à la Bibliothèque de l’Université, site CMU. Ils peuvent être consultés et/ou empruntés gratuitement par tous. La collection « patients » de la bibliothèque de médecine s’adresse à tout un chacun qui souhaite s’informer sur une thématique en lien avec la santé. Bibliothèque de l’Université de Genève

Centre médical universitaire Avenue de Champel 9

1206 Genève

Lu-ve : 8h-22h et sa-di : 9h-18h biblio-cmu@unige.ch

022 379 51 00

Pers. de contact : Annick Widmer www.unige.ch/biblio/patients/

La ménopause

La vie intime des femmes : un guide pour tous les âges de la vie

Dre Anne de Kervasdoué

Odile Jacob, 2021 Ce livre est conçu pour accompagner chaque femme tout au long de sa vie, de la puberté à l’aprèsménopause, et répond de façon claire, détaillée et rassurante à toutes les questions.

La ménopause

Dr Clémence Delcour Ellipses, 2019 (Coll. 100 questions/ réponses)

Cet ouvrage est dédié aux femmes, ainsi qu’à leur entourage, pour les aider à trouver des réponses à leurs questions et les clés pour aborder sereinement la ménopause.

Hygiène de vie

Le lactose

Allergies & intolérances : le guide suisse

Rang Group SA Éditions, 2022 Un guide de référence sur les allergies et intolérances. En collaboration avec le Pr Peter Schmid-Grendelmeier, spécialiste en allergologie, ce guide informe sur les symptômes d’allergie les plus courants.

aha – Centre d’allergie

Suisse

La Fondation aha! Centre d’allergie Suisse s’engage pour les trois millions de personnes qui souffrent d’allergie ou d’intolérance.

www.aha.ch/centre-allergie-suisse/ home

La schizophrénie

Des lumières sur le ciel : une mère et son fils face à la schizophrénie. Témoignage

Bénédicte Chenu

Bougez votre corps pour un cerveau plus fort !

Comment l’activité physique régénère vos neurones

Anders Hansen Marabout, 2021

Les neurosciences et la recherche moderne ont montré que l’exercice physique a un impact extraordinaire sur vos capacités mentales, votre mémoire et votre concentration. Ce livre propose des pistes pour booster vos neurones, maximiser votre concentration, lutter contre le stress.

Zen pour mes exams : méditation, relaxation, brain gym, autohypnose, sophrologie…

Elisabeth Couzon, Charlotte Ribault Vuibert, 2020

Ce guide explique ce qui vous met en stress et pourquoi. Il permet d’expérimenter les techniques qui ont fait leurs preuves et de tester les séances pour apprendre à méditer.

Leduc.s Éditions, 2019 Dans cet ouvrage bouleversant, l’auteure raconte le combat qu’elle mène avec son fils Charles, diagnostiqué avec une schizophrénie à l’âge de 17 ans, pour qu’il puisse vivre une vie apaisée et autonome.

Savoir pour guérir : la schizophrénie

Questions de patients, réponses de médecins Raymund Schwan

Ellipses, 2019 (Coll. La réponse du psy) Ce livre propose de faire le tour des connaissances médicales sur cette maladie afin d’apporter à toutes les personnes concernées ou intéressées les réponses recherchées.

Association Le Relais

Genève

Association de soutien aux proches de personnes souffrant de troubles psychiques. https://lerelais.ch/

Pulsations
48

MICHEL DONNER SON SANG C’EST SAUVER DES VIES

www.dondusang.ch KEISHA VOUS REMERCIE D’AVOIR SAUVÉ
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