PalaceCostes 22

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Angelina Jolie

Vassili Schneider

Carnets de mode : éternelle

dentelle

Mode

joaillerie Jamais sans mes bijoux

Portraits cachés

Magazine

English texts

PalaceCostes

PalaceCostes

SOMMAIRE

N°22/Février-Mars 2025

10. Tendances. Tout ce qui va émerger en 2025.

14. Angelina Jolie

«Cela a été un vrai cadeau, à ce stade de ma vie, de trouver un cinéaste qui me permette de me révéler à moi-même».

18. Vassili Schneider. «Quand la chance te sourit, souris- lui».

20. Anne Coruble. «Etre cheffe dans un tel établissement à 30 ans, c’est magnifique».

22. Des gens que j’aime… Peter Knapp.

26. Jamais sans mes bijoux

Belle, puissante et sexy…toujours. Mais surtout parée des bijoux de la maison Bvlgari, dont son iconique serpent symbole puissant de haute séduction. Photographies Adam Amouri

40. Antoine Le Glaunec Krystophe Bouvier. «Avec LGNC, nous voulons créer un vestiaire qui agit comme une protection moderne».

44. Portraits cachés

Peut-on être encombré d’apparat? Riche, fier mais enseveli, magnifique mais masqué?

Peintures Volker Hermes

52. Vincent Ruffin. «La couleur est un vecteur d’émotions».

56. Stéphanie Huang. «Violoncelle solo, un poste de rêve».

57. Les trésors d’Olwen Forest. Glamourous Gems.

58. Aurélie Hoegy. Des meubles en mouvement…

70. Mon Paris à moi. Nicolas Lacroix.

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Magazine édité par la société c o s t e s E D I T I O N S

RÉDACTION

7 rue de Castiglione, 75001 Paris. Fondateur

Claude Maggiori

Rédactrice en chef, Rédactrice en chef Mode

Anne Delalandre

Direction artistique, maquettes Christian Kirk-Jensen

Secrétariat de Rédaction Philippe Bottini

Secrétaire Administrative Dolorès Gonzalez

Assistante Mode Noémie Jalu

Ont collaboré à la Rédaction : Séraphin Bonnot, Anne Delalandre, Sabine Euverte, Sandra Hirth, Marie Jérémie, Patrica Khenouna, Juliette Michaud, Ellen Willer.

Photographies : Adam Amouri, Sarah Moon, Frédéric Poletti, Amaury Viduvier.

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Costes Editions,340 rue Saint-Honoré, 75001 Paris

Direction commerciale:Marianne Tran 06 20 99 77 57 mariannetran@palacescope.com

IMPRIMERIE

Imprimé en France, Roto France Impression Lognes (77)

Suivi fabrication Annick Torrès (Les Conseils du Héron)

Tous les papiers utilisés dans cet ouvrage sont issus de forêts gérées durablement, labélisés 100% PEFC, ayant un Ptot de 0,01.

PHOTOGRAPHIE DE COUVERTURE

Adam Amouri

Directrice artistique et sélection des bijoux Anne Delalandre

Styliste Joy Sinanian Mannequin Arisha Kriukova (Silent Models).

Coiffeur Jean-Luc Amarin (WSM). Maquilleuse Akari Sugino (SVT). Manucure Marie Rosa (SVT).

Set Designer Alisson Rodrigues Assistante photographe Lena Mezlef Assistantes styliste Ludivine Milard,Camille Huguenin et Nastya Bezsonova Assistante Noémie Jalu

Arisha porte des boucles d’oreilles haute joaillerie, or rose, saphirs, émeraudes et diamants, BVLGARI et un trench coat ZIMMERMANN

Merci à The Bureaupour sonformidable accueil.www.thebureau.club

(Photographie retouchée)

MAKING OF

Réalisée au sein de The Bureau, le pionnier des espaces de coworking premium à Paris, la série Jamais sans mes bijoux met en scène une femme active, puissante et sexy à la fois. Le photographe Adam Amouri, qui a déjà signé de belles séries pour PalaceScope et Palace Costes, a composé des images élégantes et décalées dans ce décor sérieux de bureau. La styliste Joy Sinanian a composé un vestiaire de tailleurs et de costumes… mais une culotte haute en laine, un mini short en tweed jaune ou encore une chemise transparente apportent une touche de fantaisie glamour. La coiffure aussi, s’amuse à bouleverser les codes. Le coiffeur Jean-Luc Amarin, a imaginé un chignon

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extravagant, dont la démesure n’enlève rien à la beauté de la mannequin Arisha. Parée de pièces incontournables de la maison Bvlgari, dont les bijoux serpent, l’animal iconique de la maison romaine. Parfois réaliste, parfois stylisé et graphique, il s’enroule avec souplesse autour du cou, enserre élégamment le col ou la manche d’une chemise en popeline… L’année 2025 du calendrier chinois sera celle du serpent. Une belle année pour la maison Bvlgari qui a fait de cet animal sensuel et sulfureux, un emblème toujours renouvelé.

ANNE DELALANDRE

COUTURE

SPRING SUMMER 2025

TENDANCES

Tout ce qui va émerger en 2025

Quelles tendances vont éclore en 2025 ? Le plus sûr, pour avoir des réponses aussi étonnantes que documentées, c’est de poser la question à Vincent Grégoire.

Le futur est incertain ? Célébrons le passé Victor Hugo et Les Misérables ? C’était à peine hier. Tout comme Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires et Le Comte de Montecristo, trop contemporains. Une exposition Marie-Antoinette prévue pour septembre au Victoria and Albert Museum à Londres. Deux films à propos de Cléopâtre en 2025, l’un avec Gal Gadot, l’autre avec Zendaya, des stars bien d’aujourd’hui. Et que dire de ce goût bizarre pour les fossiles ?

Les plus riches s’arrachent les spécimens les plus impressionnants de dinosaures

Les noms des plus grandes fortunes mondiales fuitent parmi les enchérisseurs, et les prix flambent : «Il y a dix ans, on pouvait s’acheter un joli tricératops pour 500 000 euros. Aujourd’hui, plus rien àmoins de 5 millions», explique Vincent Grégoire. C’est à peu près le prix de Vulcain, 5 mètres de haut, 20 mètres de long, qui s’est vendu 6 millions d’euros en novembre dernier. Et Apex, un stégosaure d’environ 150 millions d’années, a fait près de 45 millions de dollars : «Mais on peut encore s’offrir des griffes ou des dents à des prix abordables.» Pourquoi pas ? Mais pourquoi un tel engouement ? «On a une vraie obsession pour les fossiles, ces mondes oubliés. Les collectionneurs d’art contemporain se battent dès qu’un squelette de dinosaure sort en salle des ventes. Ça fait des scores hallucinants, des montants délirants. C’est un signe de reconnaissance pour une sorte d’élite. François Pinault, par exemple, a toujours été obsédé par les racines, le terroir, la terre, les origines, les traces.»

Alors, à part un dinosaure et un billet pour le bal, on s’achète quoi, en 2025 ?

«Stylistiquement, ça va donner une sorte d’esthétique romantico-antico un peu précieuse. La mode va plus que jamais s’inspirer du passé, “des” passés. L’Antiquité, mais aussi les années 1920, symbole d’une insouciance perdue. Du luxe un peu désuet. En déco, ça va donner quelque chose de très minéral, brutaliste. Des géodes montées en pied de lampe, façon cabinet de curiosités, un peu dans l’esprit de la Galerie Janssen des années 1980-1990. Rue Charlot, à Paris, il y a une boutique qui vend de gros quartz montés en bague, des colliers en pierres de volcan… des bijoux avec un côté tellurique autour de cristaux, de pierres brutes. Ça traduit bien ce besoin généralisé de réancrage.»

«Une autre expression de la tendance 2025, l’autre clé d’entrée, c’est l’illimitation»

Vivre les choses à fond, échapper à la réalité, refuser les barrières, les frontières, aller vers l’infini, le décloisonnement. Conquête de l’espace, reconquête de la lune, avec les Chinois qui entrent dans la compétition, avec la mission Artemis, qui envoie pour la première fois une femme en expédition sur la Lune et plein de missions sur Mars : «Ça donne une tendance très science-fiction. Si on a besoin de savoir d’où on vient, on aimerait aussi savoir où on va, avec des scénarios futuristes, peut-être pour conjurer le sort. Le futur interpelle, il faut commencer à le dessiner, à le décider. En architecture, dans les solutions techniques, innovantes, dans les territoires esthétiques … 2025 sera le grand début du Space Age.»

Les volcans, les énergies brutes, tout ce qui sort de terre fascine «Confrontés à un monde de plus en plus immatériel et complexe, nous avons besoin de concret, de tangible. Ça se traduit aussi par le succès des romans historiques.». Ou encore l’attrait pour ces nouveaux historiens, comme le tiktokeur La Grande Roux, 250 000 followers au compteur : «Il revisite l’histoire à sa façon, c’est super contemporain. C’est le nouveau Stéphane Bern. Et puis, on cherche à en savoir plus sur la génétique, sur son propre ADN, on voit sortir des produits cosmétiques liés à l’épigénétique…»

Les chasses au trésor s’organisent partout et les ventes de détecteurs de métaux explosent «En Angleterre, on se fout de savoir si c’est légal ou pas : tout ce qu’on remonte, on le garde. Ils balancent de gros aimants dans l’eau, parfois ils récupèrent des armes anciennes, de vieux vélos, des boulets de canons, des bijoux perdus…» Quête du passé, de l’élégance perdue, fascination pour les périodes flamboyantes, à réhabiliter. Tout au long de l’année sont programmés des grands bals masqués, à Versailles au château, à Paris à l’Hôtel de la Marine, à l’Opéra de Bordeaux…

En 2025, l’Expo universelle au Japon se projette sur la société du futur, la vie de demain, comment la penser, l’imaginer Et on parle déjà bien sûr de celle de Riyad 2030, «Ensemble vers un avenir clairvoyant», qui se veut une «plateforme mondiale qui accélérerait les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable», fin de citation. Le premier avion décarboné à 80 %, le Cassio 330, est annoncé pour 2025 par la société VoltAero, et les innovations technologiques se multiplient dans tous les domaines. A l’université de Stanford, aux Etats-Unis, des biologistes sont parvenus à rendre une souris quasi transparente, de manière réversible et à l’aide d’un produit courant : «On s’approche de la cape d’invisibilité, ce qu’on appelle le “quantum step”. Il y a aussi cette quête de vie éternelle, avec des gens comme Bryan Johnson, qui se fait transfuser le sang de son propre fils. Et bien sûr, les premiers hôtels sur orbite…»

Le tourisme spatial, c’est pour tout de suite

Des entreprises privées, comme Space X, Virgin Galactic, proposent des vols à des prix certes astronomiques, mais qui ne suffisent pas à rebuter les plus riches. La start-up californienne Orbital Assembly va ouvrir le premier hôtel de l’espace avec son module Pioneer qui peut accueillir 28 clients. Il y a déjà des inscrits et même une liste d’attente. Quant au géant mondial de l’hôtellerie, Accor, il vient de signer un partenariat avec Orbite Space, pour développer des séjours d’une semaine sur Terre pour se préparer au tourisme en l’air.

Ces grandes incertitudes quant à l’avenir marquent aussi un retour à l’opulence, à l’intensité

«On a une grosse thématique du côté du faste, du déguisement, du glamour poussé à fond, très amplifié, très exagéré. On accumule plein de trucs pour faire dériver le regard, pour le distraire de la réalité. Après le boring luxury après le quiet luxury, c’est l’avènement de l’XS luxury, l’excès, le too much, le surchargé. De nouveaux scénographes travaillent le néo-baroque. Une grande expo sur le jade et les émaux chinois à New York au Metropolitan Museum, l’expo Dolce&Gabbana au Grand Palais, une mode très chargée, très excessive, pas forcément portable mais pleine de symboles, avec une débauche de broderies, d’or, de perles, un artisanat ultra-précieux.» Il y aura aussi l’expo Paul Poiret cet été au Musée des arts décoratifs, les grandes expos Puyforcat, Christofle, avec des requêtes de plus en plus nombreuses sur les sites de revente et de seconde main pour de l’argenterie ancienne, de la vaisselle ancienne. «En parfumerie, grand retour des notes opulentes, capiteuses, sensuelles, érotiques, des élixirs sirupeux, des philtres de séduction. Même la maison de parfum Le Couvent propose des jus ultra-sensuels, qui n’ont rien de monastique.»

«Chez NellyRodi, les paradoxes sont un cheval de bataille : face au trop, on a l’antithèse : le rien, le vide» «Qui se traduisent par la spiritualité, la préservation, le care, la bienveillance, les nouveaux caissons d’isolement sensoriel, le soin de soi. On a un grand courant autour de la retraite, la méditation, la solitude volontaire, la sérénité. On revient aux fondamentaux, qui débouchent sur un vrai sursaut de la religion chrétienne. La réouverture de Notre-Dame, Castelbajac qui en dessine les tenues et les ornements liturgiques, Ronan Bouroullec qui repense le mobilier ecclésiastique de la chapelle Saint-Michel dans le Finistère. L’émergence de designers mystiques, Sylvain Dubuisson, Guillaume Bardet, Ionna Vautrin… Voulzy, Natacha St-Pier qui font leurs concerts dans des églises. Des stars populaires, comme Vianney, le footballeur Olivier Giroud, qui affirment leur identité et leur pratique chrétiennes.»

Le phénomène déborde de la religion

«On voit des restaurants dans des couvents, des monastères transformés en hôtels, des expos dans les églises. Ritrit est un site type Airbnb pour des retraites en abbaye, couvent et autres lieux spirituels. Les crèches de Noël grandeur nature ou presque se sont multipliées partout l’an dernier, dans des endroits parfois inattendus. L’artisanat monastique se développe de façon incroyable, en beauté, en food, les confitures, les biscuits, les liqueurs, les pâtes de fruits, les savons, les cosmétiques.» Un phénomène qui sécrète bien sûr des excès et des dérives : des séminaires pour renouer avec la bonne masculinité, pas la toxique, l’autre, l’approche tradwife, qui milite pour un retour au rôle traditionnel de la femme, ce milliardaire américain qui veut fonder une famille blanche géante, par le biais d’une vingtaine de mères porteuses…

Un moment de grâce absolue : rencontrer le pape lui-même

Les célébrités en font toute une story Instagram. Les autres se contentent de le saluer furtivement ou de l’apercevoir sur son balcon : le nombre de requêtes pour obtenir une audience papale au Vatican n’a jamais été aussi élevé, et ses bénédictions du mercredi et du dimanche à Rome n’ont jamais connu une telle affluence. En 2025, allons en paix. Propos recueillis par ELLEN WILLER

ENGLISH TEXT: What’s Emerging in 2025. What trends will flourish in 2025? The best way to get surprising yet well-researched answers is to ask Vincent Grégoire.

The Future Uncertain? Let’s Celebrate the Past. A Marie Antoinette exhibition is planned for September at the Victoria and Albert Museum in London. Two films about Cleopatra are set for 2025—one starring Gal Gadot, the other Zendaya, both modern icons. And what about the odd fascination with fossils?

The Super-Rich Battle Over Fossils. “Ten years ago, you could get a nice triceratops for €500,000. Today, nothing under €5 million,” says Vincent Grégoire. Vulcain, a five-meter-tall, 20-meter-long skeleton, sold for €6 million last November. Apex, a 150-million-year-old stegosaurus, fetched $45 million. However, smaller relics like claws or teeth remain somewhat affordable. “Fossils evoke forgotten worlds, sparking intense competition among collectors. It’s become a status symbol for a certain elite. François Pinault, for instance, has long been obsessed with roots, soil, origins, and traces of the past.”

Volcanoes, raw energies, and what emerges from the earth captivate people. “In a world growing ever more intangible and complex, we crave something concrete and tangible. This is reflected in the success of historical novels.” The trend extends to TikTok historians like La Grande Roux, with 250,000 followers: “He revisits history in a very contemporary way. There’s also growing interest in genetics, personal DNA, and even epigenetics-based skincare products.”

Treasure Hunts and a Return to Opulence. Treasure hunts are booming, and metal detector sales are skyrocketing. “In England, legality doesn’t seem to matter; people keep whatever they find— throwing magnets into water and pulling up everything from ancient weapons to lost jewelry.” This yearning for lost elegance also fuels glamorous masked balls at Versailles, the Hôtel de la Marine in Paris, and the Bordeaux Opera.

Space-Age Exploration. Simultaneously, the other dominant trend is limitlessness “Living intensely, escaping reality, breaking barriers, exploring infinity.” The space race is accelerating. China joins the fray with Artemis sending the first woman to the Moon, alongside numerous Mars missions. The first orbital hotels by Orbital Assembly, offering week-long space prep programs, are almost here.

XS Luxury and Spiritual Renaissance. Amid uncertainties, opulence reigns supreme. “XS luxury—excess, overload, maximalism— is here to distract from reality: neo-Baroque fashion with brocade, gold, pearls, and ultra-precious craftsmanship.” Perfume notes lean toward opulent and sensual—sweet seduction elixirs are trending again. In contrast, a minimalist countercurrent exists, emphasizing spirituality, care, and serenity. Notre Dame reopens with designs by Castelbajac and Ronan Bouroullec. Monastic craft (jams, biscuits, cosmetics) thrives, while Airbnb-like platforms offer spiritual retreats. From fossil skeletons to space hotels, 2025 beckons us to both look back and boldly forward. Let’s embrace the contrasts— and go in peace.

Angelina Jolie

«Cela a été un vrai cadeau, à ce stade de ma vie, de trouver un cinéaste qui me permette d’essayer quelque chose de nouveau, de me réveler à moi-même»

Après quatre ans d’absence au cinéma, et après avoir enfin tourné la page d’un des plus longs divorces de l’histoire d’Hollywood, Angelina Jolie fait un retour étincelant dans Maria, le nouveau biopic de Pablo Larrain (Jackie, Spencer), qui réinterprète les derniers jours de la diva grecque. Un troublant jeu de miroirs. Car la déesse incomprise, la femme blessée qui nous est donnée à découvrir, à aimer, dans ce film-requiem, n’est pas tant Maria Callas que la fascinante Angelina Jolie elle-même. Fille d’acteurs devenue comédienne pour faire plaisir à sa mère, Marcheline Bertrand, qui avait abandonné son rêve pour élever ses deux enfants. «Très jeune, je payais les factures avec mes cachets. Ma mère était mon manager. A sa mort, je ne savais plus très bien pourquoi je faisais ce métier», a-t-elle récemment confessé dans la presse américaine. Ne vous y trompez pas, Angelina Jolie n’a pas exactement chômé ces quatre dernières années ! Figure du luxe discret et éternelle activiste, celle qui a si élégamment représenté Guerlain a fait bouger le monde de la mode en créant un collectif novateur : Atelier Jolie, qui invite à collaborer créateurs et artisans du monde entier, particulièrement des pays en crise. Des collections capsules élégantes et originales conçues avec des tissus recyclés, dans les anciens locaux du peintre Jean-Michel Basquiat, à Manhattan. So chic ! Mère de six enfants qui sont aussi ses conseillers, cette héroïne de sa propre vie qui affronte les bombes pour défendre les réfugiés conduit son propre avion et a immédiatement aidé les victimes des incendies qui ont ravagé Los Angeles, où elle habite en partie (elle vit aussi à New York et parle toujours d’aller s’installer au Cambodge), a également remporté un Tony Award comme productrice de la comédie musicale du moment à Broadway, The Outsiders. Tout cela le plus naturellement du monde, alors qu’au cinéma ses projets se bousculent, plus néo-féministes que jamais. Angelina Jolie, la metteuse en scène, a terminé le tournage de Without Blood, une histoire de vengeance au féminin, avec Salma Hayek. L’actrice superstar sera avec Halle Berry dans l’explosif Maude V Maude de la Néo-Zélandaise Roseanne Liang (sortie en 2026).

«Un mélange entre Mr and Mrs Smith et Mission : Impossible», précise en souriant notre prima donna, regard vert étincelant, costume noir sobre, chevelure glamour et longs doigts de fée… Et, sachez-le, Angelina Jolie reprend aussi du service dans Maléfique 3. Dans Coutures, d’Alice Winocour (Revoir Paris), qui devrait sortir cette année, l’ensorceleuse

fascinera Louis Garrel dans le rôle d’une réalisatrice américaine pendant la Fashion Week. Que les votants des Oscars aient choisi, contre toute attente, de snober son come-back n’y change rien. A l’aube de ses 50 ans, le 4 juin, Angelina Jolie, Gémeaux multifacette, plus libre, plus engagée, plus imprévisible que jamais, a retrouvé sa voix. Quel était votre rapport à Maria Callas, avant d’accepter l’offre de Pablo Larrain ? Comme beaucoup d’Américains, je n’ai pas une culture musicale classique très sophistiquée. Ce que je savais, par contre, c’est qu’à chaque fois qu’on entendait la Callas, à la radio, ou dans un film, je me sentais transportée. J’ai longtemps pensé que l’opéra était réservé à une élite. Alors que l’opéra est justement fait pour tout le monde. Nous traversons dans la vie des expériences indescriptibles, de joie et de douleur, aucun art ne les exprime mieux que l’opéra, aucun art ne parvient à égaler leur intensité. Et personne n’est aussi intense que Maria Callas Vous dites que jamais un rôle ne vous a rendue aussi vulnérable. Pablo Larrain connaît très bien l’opéra. Et, par respect pour Maria Callas, il ne voulait pas tricher. Le défi était immense, mais il fallait en plus que je chante vraiment… Je ne m’en sentais pas capable. Je n’ai jamais eu dans ma vie le soutien nécessaire, l’encouragement pour oser chanter. Quand quelqu’un de proche vous dit que vous ne pouvez pas faire telle ou telle chose, cela vous coupe tous les moyens. La confiance que Pablo a eue en moi a dénoué un blocage. Depuis, je conseille à tout le monde d’essayer l’opéra (Rires.) Vous vous êtes trouvée bonne chanteuse ? J’étais moins mauvaise que je ne le pensais ! Mais le processus a été très perturbant. Artistiquement, je me sentais au plus bas. Parfois, vous vous demandez si votre lumière ne s’est pas éteinte. Est-ce que j’ai encore quelque chose à offrir ? Dès que je chantais, ma voix s’étranglait dans ma poitrine et je commençais à pleurer. Or on ne peut pas chanter et pleurer en même temps. A l’Actors Studio, on nous disait qu’un acteur doit savoir utiliser seulement les muscles nécessaires… comme les chats. Mais là, je devais tout utiliser, corps et âme. Il fallait que je m’ouvre, que je m’abandonne. Cela a été un vrai cadeau, à ce stade de ma vie et de ma carrière, de trouver un cinéaste qui me permette d’essayer quelque chose de totalement nouveau pour moi, de me révéler à moi-même. Même si ce cadeau était terrifiant… Quel entraînement avez-vous suivi ? Sept mois de cours d’italien, de chant, d’opéra. Durant le tournage, Pablo et son équipe me traitaient comme une soprano… ce qui m’a beaucoup aidée. Partout où j’allais, il y avait des pianos, des professeurs, des vocalises à faire, et chaque nuit je m’entraînais pour la performance du lende-

main. Sur le plateau, j’avais, dans les écouteurs, la voix de Maria Callas pour me porter. Pablo a plus ou moins mixé ma voix avec la sienne suivant le besoin des scènes. Lorsqu’elle chantait entièrement, il conservait des fragments de ma voix, pour l’harmonie du film. Votre performance a été magnifiquement accueillie, huit minutes d’ovation à Venise. Une belle vengeance pour Maria Callas, alors que le film révèle sa triste fin, en 1977, à seulement 53 ans… Maria, je l’aime. Que les gens réagissent à la tristesse de ses derniers jours me touche profondément. Durant sa vie, et surtout à la fin, elle était si seule. Dès qu’elle a quitté les sommets, les critiques ont été horribles avec elle. Elle est morte en pensant que le public ne l’aimait pas et ne l’aimerait plus jamais. C’est incroyable ! Une chose en particulier m’a touchée : elle ne voyait plus très bien. Au conservatoire, elle n’osait pas dire qu’elle voyait mal ; du coup, elle avait pris l’habitude de mémoriser toute la musique. Elle ne pouvait probablement pas bien voir les acteurs sur la scène. Dans le film, je porte les mêmes lunettes qu’elle, aux verres si épais… Son corps la faisait terriblement souffrir. Mais personne ne pouvait le deviner, tant elle laissait croire qu’elle chantait sans aucun effort, comme par magie. Son endurance surhumaine me la fait aimer plus encore. Cette dichotomie entre célébrité et vie privée renvoie forcément à votre propre statut… Je comprends, je connais sa solitude. En même temps, je suis une maman : lorsque je rentre chez moi le soir, mes enfants sont là, m’apportent le bonheur. Ça fait toute la différence.

Maria Callas était, comme vous, une icône de style. Quels vêtements auriez-vous aimé garder de sa garde-robe ? Le peignoir blanc que je porte dans le film. Elle l’avait fait faire spécialement en Italie, au crochet. Mais cette femme peignoir derrière les portes fermées de son appartement, avec sa fidèle cuisinière et son dévoué valet, avec ses caniches qui la suivaient partout, ce n’est pas ce que le monde voulait de Maria. Ce qu’il voulait, c’était la Callas. La divine.

ENGLISH TEXT. After four years away from cinema and a long, tumultuous divorce, Angelina Jolie returns in Maria, Pablo Larraín’s biopic about Maria Callas. More than portraying the Greek diva, the film mirrors Jolie herself—an actress shaped by her mother’s sacrifices. «After my mother passed, I wasn’t sure why I was still acting,» she recently admitted. Now, she’s a frontrunner for the Oscars, 26 years after winning for Girl, Interrupted Far from idle, Jolie has been an activist, fashion innovator, and producer. Her Atelier Jolie promotes artisans worldwide, creating sustainable collections in Basquiat’s former Manhattan studio. She also won a Tony for The Outsiders and continues her humanitarian efforts, all while raising six children.

On screen, her projects multiply. She directed Without Blood, a female-led revenge story starring Salma Hayek, and will star alongside Halle Berry in Maude v Maude (2026), described as Mr. & Mrs. Smith meets Mission: Impossible. She also reprises her role in Maleficent 3 and stars in Alice Winocour’s Coutures opposite Louis Garrel. Jolie admits she had little knowledge of opera but was always moved by Callas’ voice. «Opera expresses emotions like nothing else, and no one was more intense than Callas.»

Dès que je chantais, ma voix s’étranglait dans ma poitrine et je commençais à pleurer. Or on ne peut pas chanter et pleurer en même temps.

She calls the role her most vulnerable. Larraín insisted she sing, despite her fears. «I never had the encouragement to sing. When people tell you that you can’t, you start believing it.» Months of training in Italian and opera helped, and her performance received an eight-minute ovation in Venice.

Callas’ tragic loneliness resonated deeply with Jolie. «She died thinking the public had abandoned her. That breaks my heart.» Unlike Callas, Jolie finds comfort in her children: «When I come home at night, they’re there—that makes all the difference.»

Pablo Larrain dit qu’il a d’abord pensé à vous parce que Maria Callas n’était pas seulement la plus grande chanteuse du monde, mais aussi une grande actrice, avec une discipline de fer. A la moindre faute d’un partenaire lors des répétitions, elle quittait la pièce. Maria Callas avait le don, mais elle l’a travaillé sans relâche. C’est elle seule qui a mené son instrument vers un tel niveau de pureté. Avant les fleurs, les éloges et les applaudissements, il y a le travail. Oui. Je suis une bosseuse. Sur un plateau, je suis là pour travailler.

Comment sort-on d’un rôle aussi mythique ? Ma relation à Maria Callas est toujours très personnelle. Presque douloureuse. A la fin du tournage, je suis tombée à genoux. Je n’ai pas rechanté depuis le film. Mais j’entends encore résonner les airs que nous avons chantés “ensemble”. Je repense aussi à la façon dont ma mère chantait l’Ave Maria. Dans ma tête, je chante l’Ave Maria avec Maria Callas en pensant à ma mère. Tout se mêle.

Propos recueillis par JULIETTE MICHAUD «Maria», de Pablo Larrain, avec Angelina Jolie, Pierfrancesco Favino, Alba Rohrwacher, Valeria Golino.

Jolie remains as disciplined as Callas. «Before the applause, there’s hard work. I show up to work.» After filming, she collapsed to her knees. «I haven’t sung since, but in my mind, I still sing Ave Maria with Callas… thinking of my mother.» Maria, starring Angelina Jolie, is in theaters now. The Oscars take place on March 3.

Angelina Jolie

Vassili Schneider

«Quand la chance te sourit, souris-lui en retour !»

Dans la fratrie Schneider, la fibre artistique irrigue les âmes comme une onde bienfaisante. C’est au tour du petit dernier d’imposer son style. Visage d’éphèbe, silhouette gracile, regard mélancolique… Vassili Schneider avait tout pour ensorceler l’objectif. Depuis son interprétation poignante d’Albert de Morcerf dans l’adaptation cinématographique du Comte de Monte-Cristo (2024) d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, il est devenu l’étoile montante et une idole de la jeune génération. La chose le surprend autant qu’elle le flatte, mais il garde les pieds sur terre. «Je ne suis pas du genre à bomber le torse et à me nourrir de cette adoration. La célébrité aurait plutôt tendance à me mettre mal à l’aise», dit-il avec une simplicité désarmante. Vassili a grandi à Montréal. Férus d’art, ses parents sont sa première source d’inspiration. Mannequin à ses heures, sa mère joue du piano. Grâce à son père, ex-danseur à l’Opéra de Paris, puis acteur et metteur en scène, le petit garçon fréquente précocement le milieu du cinéma. «Il m’a inscrit au doublage à 6 ans ! Ça m’amusait beaucoup de composer les voix de dessins animés ou de films comme Karaté Kid et d’aller ensuite les voir en salle.» Mais, à l’adolescence, lui qui avait songé embrasser une carrière de skater professionnel commence à se lasser des studios de doublage. Lorsque Philippe Lesage lui propose un rôle dans Les Démons (2016), il savoure l’expérience de «jouer un personnage, l’avoir dans son corps». Plus il multiplie les tournages (Diamant noir, La Nouvelle Vie de Paul Sneijder), plus le rêve prend forme. A 18 ans, Vassili part en France tenter sa chance. Après une incursion dans le mannequinat (pour Yves Saint Laurent), il suit pendant un an les Ateliers du cinéma de Claude Lelouch, à Beaune. Non sans s’interroger. «Je ne savais pas si l’on voudrait de moi, si je serais à la

hauteur.» En l’engageant dans Les Amandiers (2022), Valeria Bruni-Tedeschi balaie ses doutes et confirme son désir d’être acteur.

L’immense succès du Comte de MonteCristo (10 millions d’entrées) va bouleverser le destin de cet artiste dont la profondeur émotionnelle nous touche et qui a plus d’une corde à son arc : il pratique le dessin, la peinture, la photographie et le piano. Actuellement sur les planches pour la toute première fois, c’est une autre facette de son talent qu’il nous livre dans La prochaine fois que tu mordras la poussière, une pièce adaptée du best-seller de Panayotis Pascot. Un quasi-seul-en-scène où s’exprime le poids des silences familiaux. «Pour moi, le théâtre est l’expression la plus noble du métier d’acteur !» exulte Vassili, heureux de pouvoir «communier avec le public». Ce fan de Patrick Dewaere se verrait bien travailler sous la direction de Jacques Audiard, Yórgos Lánthimos ou encore Justine Triet. Il s’était promis de réaliser un long-métrage avant ses 30 ans… il finalise son premier court-métrage alors qu’il vient d’en avoir 26. Une comédie noire adaptée d’une nouvelle de Raphaël Haroche : La Plus Belle Fille du monde, avec Melvil Poupaud et Eva Danino, qu’il a «adoré diriger». On le verra aussi bientôt à l’affiche de La Venue de l’avenir, de Cédric Klapisch. Il semblerait que Vassili Schneider ait appliqué à la lettre la maxime infaillible de son père : «Ne laisse aucun obstacle entraver tes rêves, et, quand la chance te sourit, souris-lui en retour...»

PATRICIA KHENOUNA

«La prochaine fois que tu mordras la poussière», jusqu’au 8 mars au Théâtre du Petit Saint-Martin, Paris Xe

ENGLISH TEXT. Vassili Schneider shines as a rising star, earning acclaim for The Count of Monte Cristo (2024) and captivating audiences with his soulful presence. Raised in Montreal by artistic parents, he began dubbing films at six before transitioning to acting with The Demons (2016). Now 26, Vassili balances film, stage, and directing, starring in The Next Time You Bite the Dust while completing his first short film. Humble despite fame, he describes theater as “the purest expression of acting” and dreams of collaborating with Jacques Audiard and Yórgos Lánthimos. Catch him onstage in Paris until March 8.

Anne Coruble

«Etre cheffe dans un tel établissement à 30 ans, c’est magnifique !»

Elle a la grâce d’un ange et le sourire d’une madone. Une imagination bouillonnante et une façon d’exercer son métier qui suscite l’admiration de ses pairs. Sacrée pâtissière de l’année 2024 par La Liste (guide numérique qui dresse l’inventaire des 1 000 meilleures tables du monde), Anne Coruble est une cheffe comblée. «Obtenir une telle reconnaissance me remplit de fierté !» s’exclame la jeune prêtresse de la partition sucrée au Peninsula. Déguster ses audacieux desserts dans cet écrin somptueux est une expérience inoubliable. La voir vibrer quand elle nous les décrit en est une autre, tant Anne Coruble est habitée par son sujet. Sa pâtisserie est à son image : elle a du caractère et va droit au but… non sans dissimuler quelques surprises. «Je peux y glisser jusqu’à 15 propositions différentes, mais, parfois, il suffit de trois mini-points de condiment réglisse ou de vinaigre de fruits pour apporter de la fraîcheur. Tout est une question d’harmonie, jamais de surenchère. L’important est de raconter une histoire, d’exprimer mon identité à travers mon vécu.»

Anne a grandi à Thil-Manneville (Seine-Maritime), un bourg d’à peine 700 âmes niché entre Dieppe et Veules-les-Roses. Dans la famille Coruble, personne n’a opté pour un métier à toque, sa mère est comptable et son père restaure des maisons traditionnelles à colombages, mais tout le monde aime manger de bons produits. «Nous allions chercher le lait à la ferme, le beurre chez un producteur voisin… D’où mon attachement à la nature, au respect des circuits courts.» Aux rayons de sa gustatothèque personnelle figurent quelques madeleines de Proust indétrônables dont le souvenir fait pétiller d’émotion son regard bleu : la pomme de terre sautée du dimanche qui accompagne le poulet rôti, et surtout l’excellent éclair au café et la Tatin d’anthologie que sa mère réalisait avec les pommes acidulées du jardin. A l’adolescence, son penchant pour la pâtisserie s’affirme. Anne passe de plus en plus de temps à potasser l’art du chocolat et à régaler ses proches. Cette recherche de l’excellence ne vient nullement perturber sa scolarité, puisque la brillante élève obtient son bac scientifique avec mention très bien. Hésitant à faire médecine, elle cède bien vite aux sirènes de la pâtisserie. Direction Paris. Et plus précisément l’Ecole Ferrandi. Après une année d’apprentissage, Anne rêve de postuler dans un palace. «Tout m’attirait, dans ce genre d’établissement : la précision,

la perfection visuelle et l’éclectisme des missions.» Elle intègre la brigade du Bristol en 2014 et débarque cinq ans plus tard au Peninsula. Elle reprend les rênes de la pâtisserie après la pandémie, un challenge de taille. «Je me suis donnée à 100 % pour créer les cartes du tea time, du brunch, des petits-déjeuners et du restaurant L’Oiseau Blanc (2 étoiles Michelin), où le chef cuisinier David Bizet (Normand, lui aussi !) me laisse une immense liberté.» On pense bien sûr à son incroyable signature, le Vanille de Tahiti grillé glacé, feuille de tabac caramélisée, que le guide Lebey a classé meilleur dessert en 2022. Si le yaourt, le chocolat et la vanille figurent au panthéon de ses ingrédients fétiches, travailler l’oignon, le bois, les algues ou l’huître, qu’elle associe volontiers à de l’abricot, ne l’effraie guère. Les clients applaudissent. Ouvrir un jour une boutique au sein même du Peninsula ? La perspective ne lui déplairait pas. «On verra bien, tempère-t-elle prudemment. Pour le moment, je savoure. Etre cheffe dans un tel établissement à 30 ans, c’est déjà magnifique !»

ENGLISH TEXT. Anne Coruble, crowned Pastry Chef of the Year 2024 by La Liste, captivates diners at The Peninsula with her bold and harmonious creations. Known for her precision and creative storytelling through desserts, the 30-year-old chef draws on her Normandy roots, inspired by childhood memories of fresh farm products and her mother’s iconic pastries.After excelling academically, Anne chose pastry over medicine, training at École Ferrandi. Her journey led her to Le Bristol in 2014 and then to The Peninsula, where she heads the pastry team. Her signature creation, grilled Tahitian vanilla ice cream with caramelized tobacco leaf, earned the Lebey guide’s Best Dessert title in 2022. Dedicated to sustainability and local sourcing, Anne seamlessly balances tradition with innovation, experimenting with ingredients like seaweed and apricot. While she envisions perhaps opening a boutique someday, for now, she revels in her role at The Peninsula, calling it a dream come true.

Peter Knapp

DES GENS QUE

J’AIME…

Cher Peter, je n’irai pas par quatre chemins : peut-on se revoir ?

Vous avez révolutionné l’image de la mode, travaillé avec Cage et Cunningham, photographié les débuts de Deneuve et Bardot, vous étiez là quand Serge est tombé amoureux de Jane, c’est à votre amie Deborah Kerr que vous devez de vivre à Klosters et, chez les Lazareff, vous avez déjeuné avec Sagan, Montand, Kessel, et même le pilote qui avait largué la bombe sur Nagasaki… Pour vous écouter encore, je reviens quand vous voulez Galerie Oana Ivan, 93 rue du Faubourg-Saint-Honoré, où vous êtes exposé jusqu’au 17 avril. D’ici là, merci infiniment pour ce (premier) entretien.

1/ CHARLIE CHAPLIN. «Beaucoup de films, qui devraient être visuels, sont une accumulation de dialogues, en général fort banals. Charlie Chaplin a fait, lui, des films d’une grande élégance, drôles et tristes. Sans un mot, il arrivait à raconter ce que les meilleurs dialoguistes peinent à faire passer. C’est un exemple que je n’atteindrai jamais, un génie. Je reste admiratif de tous les gens capables d’aller très loin dans l’image, comme, après lui, Fellini. Fellini allait voir les producteurs avec ses dessins. Et ses personnages, dans le film, étaient comme ses dessins. Jean-Paul Goude aussi dessinait les choses avant. Moi, comme je suis photographe, un peu peintre, cinéaste, vidéaste, je nomme mon métier : faiseur d’images. L’imagination est tout, finalement. – Quelles sont vos premières images de Chaplin ? «Les mercredis après-midi, pour 50 centimes, on s’installait devant des Chaplin. C’est ma mère qui m’a éduqué en matière de vision. Deux me reviennent : une où il fait du patin à roulettes au bord d’un trou où on a toujours peur qu’il tombe, l’autre où il part avec Paulette Goddard sur un chemin vers l’infini.»

2/ PAUL KLEE. «Très tôt aussi, j’ai découvert Paul Klee, dans un livre à la maison. J’y retrouvais, émerveillé, la liberté de mes dessins d’enfant, avant tout enseignement, ce désir de raconter d’une façon jamais racontée auparavant. J’ai commencé à collectionner ses livres. J’en ai un de petits dessins soi-disant de rien, c’est plein de personnages étonnants ! Quasiment toute sa vie, il a fait des petits formats, comme sur un coin de table, sans prétention. Donc s’en dégage toute une poésie. Plus tard, bien sûr, j’ai lu La Pensée créatrice. J’ai aussi acheté un petit tableau de lui, pour 800 francs. J’aime ses villes, son cirque, ses variations sur les signes africains… Enfin, où je ne suis pas doué, c’est en musique. Klee était, en plus, un très bon violoniste. On sent parfois un rythme visuel qui pourrait être musical.»

3/ JACQUELINE DU PRÉ. «Je me lève habituellement entre 7 et 8 h, et je prends le petit-déjeuner assez tard, vers 9h-9h30. J’allume la musique classique à la télévision. Donc, je suis là, avec mon thé et mes tartines, et en face, il y a cent cinquante personnes qui jouent pour moi, bien habillées, avec des nœuds papillon. Un cadeau extraordinaire ! Quelquefois, je reste tout le concert, un peu jaloux tout de même que les visuels aient un tout petit public alors que la musique en a un si grand. Un matin, je vois une superbe femme non maquillée, les cheveux libres, et j’entends tout de suite que tout le monde tombe amoureux d’elle. Déjà, physiquement. Ensuite, quand elle joue du violoncelle, c’est tellement extraordinaire ! Tous les grands chefs d’orchestre ont observé ce quelque chose d’inexplicable qu’elle ajoutait. Ce qui me charme, moi, c’est un être humain absolument

libre, qui à aucun moment n’a de manières, de gestes pour séduire. Elle est juste là, et, étant là, elle étonne tout le monde. Alors j’ai commencé à la rechercher. Et… elle était déjà partie. Très tôt, en fait.

– Elle est morte en 1987, à 42 ans.

– Oui, je ne l’ai jamais vue qu’à la télé. (Silence.) Aussi, mon ex-femme jouait un peu de violoncelle, mais, évidemment, quand elle l’a entendue…

– Elle a arrêté ?

– Elle a arrêté.

– Non, c’est vrai ?

– Oui !

– On va terminer avec une autre femme, essentielle pour vous.» 4/ HÉLÈNE LAZAREFF. «Oui. Je suis en Amérique avec Jean Tinguely, plus ou moins son assistant. Il m’a conseillé de peindre, mais ma peinture abstraite ne marche pas parce que c’est le début du pop art. Forcément, au bout de quelques mois, ça manque un peu d’argent… Arrive alors une lettre d’Hélène Lazareff qui me demande de devenir directeur artistique du journal Elle. J’ai suivi, en Suisse, la première école, très Bauhaus, typographique, photographique. Elle-même, juive, a passé la guerre à New York et travaillé à Harper’s Bazaar. Nous sommes en 1959, à Paris. J’ai 28 ans; elle, 50. Elle me dit : “Je veux faire un journal pour les femmes françaises, mais je veux tirer le million… Vous aimez Avedon ?” Je réponds : “Oui, c’est un très bon photographe de mode.” “Vous aimez Penn ?” “Oui, c’est le champion du monde !” Elle continue : “Tout ça, je n’en veux pas. On sort 52 fois par an. Il y a 2 numéros de haute couture. Pour les 50 autres, oubliez les mannequins cabine, trouvez-moi des filles dans lesquelles les femmes se retrouvent et qui donnent envie aux hommes de dîner avec elles.” On attendait les danseuses à l’Opéra, on regardait les actrices débutantes…

Et puis, tout était subitement en couleurs. Tant que les magazines étaient en noir et blanc, un gris, c’était quoi ? du citron ? du beige ?

Les femmes manquaient d’information chromatique.

– Ah oui ! Elles avaient la forme des vêtements, mais rien sur les coloris !

– Voilà ! A part ça, aux conférences rédactionnelles, on était tous impressionnés par le nombre de propositions d’Hélène… Et puis, au bout de six ans, malheureusement, elle a été attrapée par Alzheimer, presque du jour au lendemain. Et notre histoire s’est terminée comme ça.

– Vous l’avez revue après ?

– Oui. Je préfère ne pas en parler. Ce que je veux ajouter, c’est que les cent cinquante personnes qui travaillaient à Elle étaient amoureuses d’elle.

– Vous aussi ?

– Oui. Quand vous êtes avec quelqu’un avec lequel vous travaillez tous les jours, qui, au lieu de vous critiquer, de vous frustrer, vous entraîne toujours à faire mieux, c’est évidemment une base pour être amoureux.»

SABINE EUVERTE

ENGLISH TEXT. Dear Peter, I’ll get straight to the point: Can we meet again? You revolutionized fashion imagery, worked with Cage and Cunningham, photographed the early days of Deneuve and Bardot, were there when Serge fell for Jane, lived in Klosters thanks to Deborah Kerr, and dined with Sagan, Montand, Kessel, and even the pilot who dropped the bomb on Nagasaki at the Lazareff’s. To hear you speak again, I’ll return whenever you say— Galerie Oana Ivan, 93 Rue du Faubourg Saint-Honoré, where you’re exhibited until April 17.

1. CHARLIE CHAPLIN.«Many films are just dull dialogue, but Chaplin made elegant, funny, and sad films. Without a word, he

expressed what even top screenwriters can’t—a genius I’ll never match. Fellini pitched films with sketches that mirrored the final product. Jean-Paul Goude worked similarly. As a photographer, painter, and filmmaker, I call myself an image-maker. Imagination is everything.

– What are your first memories of Chaplin?

«On Wednesdays, for 50 centimes, we’d watch Chaplin. I recall him roller-skating near a perilous drop and walking into infinity with Paulette Goddard.»

2. PAUL KLEE. «I found Paul Klee in a book at home and saw the freedom of my childhood drawings—the urge to narrate uniquely. I began collecting his books, including one of ‘insignificant’ sketches full of characters. Klee worked casually yet poetically. I even bought a small painting of his for 800 francs. I love his cities, circus scenes, and African motifs. Klee, a violinist, also infused his work with visual rhythms akin to music.»

3. JACQUELINE DU PRÉ. «I wake up around 8 AM and have breakfast at 9 with classical music playing. One morning, I saw a beautiful, natural woman on TV. Then she played the cello—it was extraordinary. Great conductors noted her magic. What struck me was her pure, unpretentious humanity—she astonished everyone. I sought her out but realized she was already gone.

– She died in 1987 at 42.

«Yes, I only ever saw her on TV. (Silence.) My ex-wife played cello but stopped after hearing Du Pré.»

4. HÉLÈNE LAZAREFF. «In 1959, Hélène Lazareff invited me to become Elle’s art director. She didn’t want Avedon-style perfection but relatable women. We scouted actresses or dancers, and everything went into color. Before that, gray could mean lemon or beige— women had no chromatic context. Hélène inspired us daily. Sadly, Alzheimer’s struck her six years in.

– Did you see her afterward?

«Yes, but I’d rather not talk about it. Everyone at Elle adored her. When someone inspires rather than criticizes, you can’t help but love them.»

Jamais sans mes bijoux

Photographies

Direction artistique et sélection des bijoux

Stylisme

JOY SINANIAN

Belle, puissante et sexy… toujours. Habillée d’une chemise blanche, d’un tailleur ou d’un costume strict twistés avec un haut délicatement transparent ou avec un short ultra mini, mais surtout parée des bijoux de la maison Bvlgari, dont son iconique serpent symbole puissant de haute séduction.

ADAM AMOURI
ANNE DELALANDRE
Collier et bague
«Serpenti Viper», or blanc et diamants, boucles d’oreilles
«Serpenti», or blanc et diamants, BVLGARI
Veste double boutonnage en laine et soutien-gorge en satin, DOLCE & GABBANA
Collier et bracelet haute joaillerie, or rose serti d’éléments en onyx et diamants, montre
«Octo Finissimo», acier, mouvement automatique et cadran gris, bague
«Serpenti Tubogas», or jaune serti d’éléments en onyx et diamants, deux bagues
«Serpenti Viper», or blanc, or rose et diamants, boucles d’oreilles
«Serpenti Viper», or rose et diamants, BVLGARI
Chemise et culotte taille haute en coton, MAX MARA Stylo plume « Meisterstück » doré classique, MONTBLANC
Boucles d’oreilles
«Serpenti Seduttori», or blanc, émeraudes et diamants, collier haute joaillerie, or blanc et diamants, BVLGARI
Chemise et surchemise en popeline, MIU MIU Lunettes, BURBERRY

Bracelet haute joaillerie, or rose serti d’éléments en onyx et diamants, bague «Serpenti Tubogas», or jaune serti d’éléments en onyx et diamants, bague «Serpenti Viper», or rose et diamants, BVLGARI Chemise en coton, MAX MARA

Une boucle d’oreille «Serpenti Seduttori», or blanc, émeraudes et diamants, boucles d’oreilles haute joaillerie, or rose, saphirs, émeraudes et diamants, collier «Bvlgari Tubogas», or jaune, collier «Serpenti Tubogas», or jaune serti d’éléments en onyx et diamants, BVLGARI Illuminate cargo trench coat et Illuminate body, ZIMMERMANN

Collier «Tubogas» haute joaillerie, or rose, tanzanite, tourmaline, rubellite et diamants,montre «Serpenti Tubogas» deux tours, acier, or jaune et diamants,mouvement à quartz, trois bracelets «Tubogas», or jaune, or blanc et or rose, titane et diamants,deux bracelets et boucles d’oreilles «Serpenti Viper», or blanc, or rose, titane et diamants, deux bracelets «Serpenti Seduttori», or rose, titane, rubellites, saphir, malachite et diamants, BVLGARI Chemise «Jolene», THE FRANKIE SHOP Jupe et sac, TOD’S. Escarpins Kate, CHRISTIAN LOUBOUTIN. Carnet #163 format moyen, noir et ligné, MONTBLANC

Collier haute joaillerie, or rose, onyx et diamants, BVLGARI

Parfum «Heron» en brume, collection In All Intimacy, HENRY JACQUES

Carnet #163 format moyen, noir et ligné, stylo plume « Meisterstück » doré classique, MONTBLANC

Collier haute joaillerie
«Serpenti», or blanc, émeraudes et diamants, collier «Serpenti Seduttori», or blanc, diamants et émeraudes, BVLGARI
Chemise, THE FRANKIE SHOP
Veste en sergé de laine, FENDI

Boucles d’oreilles haute joaillerie, or rose, rubis taillés en perles et diamants, BVLGARI

Veste en coton, SPORTMAX

Chemise «Uma», THE FRANKIE SHOP Lunettes, PRADA

Boucles d’oreilles haute joaillerie, or blanc et or rose, turquoises, émeraudes, saphirs et diamants, bague «Serpenti Viper», or blanc et diamants, bague «Serpenti Tubogas», or jaune serti d’éléments en onyx et diamants, bague «Serpenti Seduttori», or rose, saphirs, malachites et diamants, BVLGARI

Veste en lin, chemise en coton et cravate, EMPORIO ARMANI

Photographe

Adam Amouri

Direction artistique et sélection des bijoux

Anne Delalandre

Styliste

Joy Sinanian

Mannequin

Arisha Kriukova (Silent Models)

Coiffeur

Jean-Luc Amarin (WSM)

Maquilleuse

Akari Sugino (SVT)

Manucure

Emilie Rubira (SVT)

Set Designer Alisson Rodrigues

Assistante photographe

Lena Mezlef

Assistantes styliste

Ludivine Milard, Camille Huguenin et Nastya Bezsonova

Assistante

Noémie Jalu

Photographies retouchées

Merci à The Bureau pour son formidable accueil. www.thebureau.club

Collier et bague «Serpenti» haute joaillerie, or rose, émeraudes et diamants, boucles d’oreilles
«Serpenti Viper», or rose et diamants, BVLGARI
Blazer et short jaune, coton et lin, LACOSTE
Mini malle émeraude, PINEL & PINEL

Antoine Le Glaunec Krystophe Bouvier

«Avec LGNC, nous voulons créer un vestiaire qui agit comme une protection moderne»

La toute jeune marque de mode française LGNC a été fondée en 2023 par Antoine Le Glaunec avec des convictions puissantes : proposer un vestiaire original et stylé, qui allie élégance et protection, pensé pour affronter le rythme effréné de la vie urbaine et redonner confiance aux femmes. Que signifie LGNC ? LGNC est l’abréviation de mon nom de famille, Le Glaunec. Il était essentiel pour moi que la marque et le projet que je souhaitais porter soient à la fois identitaires et clairs.

L’aspect marketing a joué également un rôle crucial : il fallait un nom simple, concis, facile à prononcer et à mémoriser. Dans votre communiqué, vous avez écrit que vous souhaitiez «offrir aux femmes un vestiaire qui leur permettrait d’enfiler un masque de protection pour dévoiler en toute confiance la meilleure version d’elles-mêmes». Cette phrase résume la vision de LGNC : créer un vestiaire qui agit comme une protection moderne, à la fois physique, mentale et spirituelle. Nous vivons dans une société de plus en plus agressive, où il devient difficile de prendre le temps de guérir nos blessures intérieures. La mode peut jouer un rôle crucial en offrant cette protection. Nous avons cette conviction que les vêtements peuvent être des instruments de transformation,

permettant à chaque personne de se dévoiler dans sa meilleure version, sans peur ni faiblesse, en célébrant l’individualité et la confiance en soi.

Vous parlez de protection, or de nombreux looks sont transparents. N’est-ce pas contradictoire ? La notion de protection va bien au-delà du simple fait de se couvrir. La quantité de tissu sur le corps n’est en rien un indicateur de l’état d’esprit d’une personne. Les tissus transparents, par exemple, permettent de dévoiler le corps avec subtilité, en assumant pleinement sa féminité et sa singularité.

Le cuir animal recyclé, quant à lui, invite à renouer avec une nature primitive, tandis que les rivets symbolisent une réparation, scellant les failles pour libérer une force nouvelle.

Vous utilisez beaucoup les rivets… Les rivets sont un élément important dans notre signature visuelle. Ils ne sont pas là simplement pour l’esthétique, mais pour symboliser la réparation et la solidité. Chaque rivet sert à sceller les différentes parties du vêtement entre elles, créant une unité, une structure, mais aussi une métaphore de la guérison. Ils renforcent le vêtement, mais réparent aussi les failles internes, en transformant les blessures en éléments de force.

Quelles sont vos matières de prédilection ?

Le cuir recyclé venant de deadstocks est l’une de nos matières de prédilection. Respectueux de l’environnement, en donnant une nouvelle vie à des matériaux, il incarne également une idée de résistance et de connexion avec la nature primitive. Nous utilisons également du jersey et du mesh, qui apportent de la légèreté et de la fluidité à nos pièces. Le jersey est doux et agréable à porter, tandis que le mesh, avec ses mailles ouvertes, évoque une certaine liberté.

En quoi vos vêtements sont-ils écoresponsables ? Nous croyons fermement que la mode peut être à la fois créative et respectueuse de l’environnement, tout en prenant soin des personnes qui participent à sa fabrication. Nos vêtements sont conçus et fabriqués à Paris, dans nos ateliers locaux. En produisant en petites séries, nous limitons la surproduction et l’excédent de stock. Pour nos plus grandes productions, nous avons choisi de collaborer avec des ateliers en Europe, où les conditions de travail sont éthiques et respectueuses des droits des travailleurs.

Propos recueillis par ANNE

Antoine Le Glounec Krystophe Bouvier

Portraitscachés

Peut-on être encombré d’apparat ? Débordé de dorures, emmêlé de rubans, étouffé de dentelles, dévoré de velours ? Peut-on se noyer dans ses habits, se perdre dans sa pourpre, disparaître par trop d’éclat, être effacé par l’excès de pompe, riche, fier mais enseveli, magnifique mais masqué ?

Devenu invisible parce que trop voyant… Juste vengeance sociale, punition de ceux qui ont trop reçu, qui veulent trop montrer, trop puissants pour ne pas mériter une sanction, en tout cas un ridicule ? L’artiste Volker Hermes dans sa série Hidden Portraits, manipule les images de la noblesse qui jadis se faisait tirer de nobles portraits. Fashion victims avant l’heure. Il cache les visages de ces puissants qui ont posé des heures pour montrer à tous leur rang, leur argent, leur or, leur pouvoir. Des rubans envahissants, des cols trop épais, des perruques trop frisées, des plis et des masques… comme si le lierre de leur arbre généalogique envahissait jusqu’à leurs visages. Quand on lui pose la question, Volker Hermes répond qu’il n’y a dans son œuvre «rien de si négatif». Que son travail «est davantage une exploration réfléchie des portraits peints du passé, de leur contexte et de la façon dont nous les percevons aujourd’hui dans un paysage social complètement différent.

A notre époque, les portraits reflètent l’individualité ; ils sont créés par tout le monde, tous les jours, dans d’innombrables variations. Historiquement, cependant, les portraits étaient des luxes rares, commandés par l’élite pour afficher le statut et

«Historiquement, les portraits étaient des luxes rares, commandés par l’élite pour afficher le statut et la richesse. Ils sont bien plus que de simples représentations d’individus.»

«En interprétant ces œuvres, je pense qu’il est essentiel de prendre en compte l’importance des détails en plus de la personne, l’opulence des vêtements, les tissus riches et les intérieurs somptueux qu’elles représentent souvent.»

la richesse. Ils sont bien plus que de simples représentations d’individus. En interprétant ces œuvres, je pense qu’il est essentiel de prendre en compte l’importance des détails en plus de la personne, l’opulence des vêtements, les tissus riches et les intérieurs somptueux qu’elles représentent souvent.

Et toutes les métaphores qui vont avec. En tant qu’artiste contemporain à l’esprit critique, je tiens également à souligner le fait que beaucoup de ces portraits ont été créés dans des sociétés autocratiques, où les femmes avaient des droits limités et où les notions de masculinité correspondent souvent à ce que nous pourrions aujourd’hui appeler “toxiques”. Mon approche utilise l’ironie, l’humour et l’exagération comme outils, non pas pour faire la morale ou provoquer, mais pour ouvrir de nouvelles perspectives sur l’art historique.»

Quand on lui pose la question : « Cacher les visages est-il une façon d’intriguer le visiteur et de l’obliger à regarder l’œuvre différemment ? », il répond : «Oui, mes modifications nous poussent, nous les spectateurs, à changer notre façon habituelle de regarder les portraits historiques. Nous sommes tellement obsédés par l’individu que nous négligeons tant d’autres choses représentées.

En voilant cette individualité, je crée une irritation qui nous aide à ressentir toute la gamme des éléments du tableau. En déchiffrant l’art ancien, nous comprenons mieux comment les gens continuent de poser, de transmettre leur statut et d’exprimer leur identité dans notre monde contemporain.»

SERAPHIN BONNOT

«Mon approche utilise l’ironie, l’humour et l’exagération comme outils, non pas pour faire la morale ou provoquer, mais pour ouvrir de nouvelles perspectives sur l’art historique.»

Vincent Ruffin

«Pour moi, la couleur est un vecteur d’émotions»

Vincent Ruffin peint intensément, il utilise la matière peinture pour installer un climat, une tension. Les objets et les personnages représentés sont généralement flous, mais étonnamment présents. Comme extraits de la peinture, recréés par les tons et les couleurs. Les couleurs sont-elles un moyen pour vous de faire passer des émotions ? Pour moi, la couleur est bien plus qu’un simple élément esthétique, c’est un langage universel, un vecteur d’émotions. Dans mon travail, elle sert à créer un univers, une ambiance, une résonance émotionnelle. Je suis profondément sensible à l’art qui touche, qui transporte, et je me tiens à distance des approches purement théoriques ou intellectuelles. Une œuvre doit avoir cette capacité rare de faire voyager, de m’emporter dans un ailleurs, au-delà du visible. La couleur, par sa nature

même, a ce pouvoir unique de transmettre des sensations et des émotions de manière immédiate, presque instinctive. C’est ce qui me fascine et guide mon application. Le flou de vos tableaux vous permet-il de mieux traduire vos intentions ? Le flou dans mes tableaux est un moyen pour moi de m’exprimer autrement. Il traduit l’incertitude et la fugacité des expériences humaines tout en me permettant de garder une certaine distance par rapport à ma propre expérience personnelle. Ce n’est pas une manière de raconter une histoire précise, mais plutôt d’évoquer des moments évanescents qui invitent à l’introspection. Le flou offre également une liberté précieuse au spectateur. En laissant les contours indéfinis, chacun peut interpréter l’œuvre selon ses émotions, ses souvenirs ou son

< Page de gauche. «Inside», 2023. Ci-contre.
«V.W.»
©Vincent Ruffin, courtesy Galerie Olivier Castaing.

imaginaire. C’est aussi une porte ouverte à l’évasion, une façon de se détacher du réel pour explorer d’autres univers. Ce dialogue entre l’œuvre et le regard de l’autre est pour moi essentiel.

Vous malaxez la matière picturale comme si vous cherchiez à en faire surgir quelque chose de profond… Pour moi, travailler la matière, la peinture, est avant tout un geste d’expression. Aujourd’hui, ce geste devient le moyen d’exprimer l’essence même de ce que je suis à un instant donné. Ce n’est pas un processus intellectuel, mais plutôt une manière de traduire un état d’âme, un ressenti profond qui émerge naturellement à travers le geste. Chaque mouvement, chaque texture est un moyen de faire surgir quelque chose de subtil, d’intime, un écho de ce que je vis au moment où je crée, pas une quête de perfection formelle, mais une recherche sincère de l’émotion brute, pure. A travers cette approche, je cherche avant tout à faire ressentir une ambiance, une vibration, et à laisser au spectateur la liberté de s’y retrouver, de se l’approprier.»

OLIVIER CASTAING/SCHOOL GALLERY. Vincent Ruffin. Poème chromatique. 322 rue Saint-Martin, Paris III

ENGLISH TEXT. Vincent Ruffin paints with intensity, using the physicality of paint to create tension and atmosphere.

His blurred objects and figures feel extracted from the painting itself, recreated through tones and colors.

Is color a way to convey emotions? Color is more than aesthetic; it’s a universal language, an emotional medium.

In my work, it shapes ambiance and resonance. I seek to create art that moves and transports, allowing color to instinctively communicate sensations beyond the visible.

Does the blurriness in your work express your intentions?

Blurriness reflects the transient, uncertain nature of human experience while leaving space for viewer interpretation. By softening contours, I invite introspection and freedom, letting each person find their own meaning and escape reality into new realms. Your material use seems to express something profound. Working with paint is an expressive act—less intellectual, more instinctual. Each texture and movement captures a raw, emotional essence, prioritizing honest resonance over perfection. My goal is to evoke an ambiance or vibration that viewers can connect with and make their own.

Olivier Castaing/School Gallery. Vincent Ruffin. Poème chromatique.

322 Rue Saint-Martin, Paris IIIe

< Page de gauche. «Inside2», 2023 ; «O.C./2», 2022. Ci-dessus. «X.D.», 2023 ©Vincent Ruffin courtesy Galerie Olivier Castaing.
Vincent Ruffin

Stéphanie Huang

«Violoncelle

solo,

un poste de rêve»

Stéphanie Huang, jeune ambassadrice du violoncelle francobelge : une voix pour redonner du sens à la musique classique.

Ecouter Stéphanie Huang, c’est avoir l’impression de comprendre la musique. Découverte lors du prestigieux concours Reine Elisabeth à Bruxelles en 2022, la lauréate de 28 ans s’est fait une place sur le devant de la scène. Après des études au Conservatoire royal de Bruxelles ainsi qu’au très réputé Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, elle entre dans l’histoire de l’Orchestre de Paris en devenant la première femme à remporter le concours de violoncelle solo. Le 17 mai, elle jouera Salle Gaveau en soliste avec l’Orchestre Lamoureux. Un rendez-vous à ne pas manquer. Entretien avec la nouvelle étoile montante du violoncelle. En 2022, lors du concours Reine Elisabeth, le public découvre votre timbre et votre engagement musical. J’étais la seule Belge à aller en finale, alors oui, pour ce petit pays, c’était un grand moment, de me voir sur scène ! Mais ce n’était pas mon but. Je n’ai jamais perdu de vue que j’étais là pour la musique, et non pas pour la compétition. Recevoir le prix du public a résonné comme une belle marque de soutien et de reconnaissance de mon travail. Il faut être une grande compétitrice pour concourir au poste de violoncelle solo à l’Orchestre de Paris… J’ai toujours su que je voulais faire partie d’un orchestre. Lorsque je suis arrivée à Paris pour mes études, le premier orchestre que j’ai écouté, c’était l’Orchestre de Paris. A ce moment, j’ai su que je voulais l’intégrer un jour. C’est un poste très rare, le poste de violoncelle solo. Un poste de

rêve, en quelque sorte, et pour la première fois occupé par une femme !

Quelle est la différence de préparation entre un concours d’orchestre et une compétition internationale ? La discipline est la même, puisqu’il faut énormément travailler, mais le répertoire et les conditions sont très différents. Pendant le concours à Bruxelles, on était très exposés. Le concours passait à la télévision, alors qu’un concours d’orchestre se passe, pour les premiers tours, derrière un paravent. L’orchestre demande une précision absolue. Il faut montrer une grande stabilité, savoir être le plus juste possible, tout en apportant sa touche personnelle. La préparation physique est primordiale, et bien trop souvent reniée chez les musiciens, alors que les blessures sont vite arrivées ! Nous restons des sportifs de haut niveau. Quel est le rôle du violoncelle solo dans un orchestre ? Jouer dans un orchestre, c’est faire de la musique de chambre à grande échelle. En tant que solo, j’assure le lien entre le chef d’orchestre et le reste du pupitre de violoncelles. Le côté humain est très important, puisqu’il faut être à l’écoute de tout ce qu’il peut se passer autant sur scène qu’en coulisses.

Où peut-on vous trouver quand vous n’êtes pas avec votre violoncelle ? J’adore me promener au village Jourdain, dans le XXe arrondissement. C’est un endroit pittoresque qui offre de nombreux cafés et restaurants pour siroter un bon chaï latte ou hojicha latte, mon préféré, avant un concert ! Votre salle de concert parisienne préférée ? La Philharmonie, sans hésitation, pour son acoustique incroyable, et puis parce qu’elle est magnifique, esthétique, équilibrée et agréable. Et puis, il y a l’Opéra Garnier, qui me touche beaucoup.

«La Muse et le Poète», le 17 mai 2025 à 20h30, Salle Gaveau, Paris VIIIe Propos recueillis par MARIE JEREMIE

ENGLISH TEXT. Stéphanie Huang: Franco-Belgian cellist redefining classical. Stéphanie Huang, discovered at the 2022 Queen Elisabeth Competition, is captivating audiences with her musicality and commitment. The 28-year-old laureate studied at the Royal Conservatory of Brussels and Paris’ esteemed Conservatoire National Supérieur de Musique, making history as the first woman to win the solo cello position with the Orchestre de Paris. Huang emphasizes music over competition, describing the audience award in Brussels as a touching recognition. Joining the Orchestre de Paris was a long-held dream, and she views her role as principal cellist as bridging the conductor and the cello section, blending precision and personal interpretation. Outside music, she enjoys the charm of Paris’ Village Jourdain and cherishes the Philharmonie for its acoustics and beauty. Don’t miss her performance on May 17, 2025.

Les trésors d’Olwen Forest Glamourous Gems

J’ai toujours admiré «The Jewels of Glamour», très souvent le choix des grands designers de la mode. En France, la haute couture a favorisé ce style dans ses collections. Au début des années 1930, Coco Chanel a mis en avant des créations sublimes avec de longues chaînes et sautoirs représentant des médaillons, des sceaux et des breloques exquises. D’autres modèles sont réalisés en pâte de verre aux couleurs chaudes en collaboration avec «the famous» Maison Gripoix. Le couturier Jean-Louis Scherrer a présenté aussi un style glamour et chic. En 1956, il entre chez Christian Dior et plus tard travaille avec Yves Saint Laurent. En 1962, il ouvre sa propre maison de couture. Aux Etats-Unis, en 1930, une très grande créatrice d’origine autrichienne, Miriam Haskell, présente de très belles parures de style glamour, très élégantes et spectaculaires, très appréciées en France. Enfin, je ne peux pas oublier le célèbre Joseff of Hollywood ,«jeweller of the stars», qui a produit 90 % des bijoux des films hollywoodiens entre 1930 et 1940, portés par les plus grandes stars. Style and seduction long life to these glamourous gems !

Broche

Joseff of Hollywood portée par l’actrice américaine Pier Angeli, circa

Olwen Forest, Marché Serpette, 110 rue des Rosiers, à Saint-Ouen, allée3, stands 5, 6 et 7. 0140119638. www.olwenforest.com

Broche signée Chanel, circa 1960
Manchette signée Jean-Louis Scherrer, circa 1960
signée
1940
Chaîne avec breloques signée Chanel, circa 1960
Broche signée Chanel, circa 1970

Aurélie Hoegy

Aurélie Hoegy crée des objets et des meubles qui semblent en mouvement, des créations en rotin qui évoquent des tissus qui dansent, soulevés par le vent.

Quels matériaux employez-vous ? Les Wild Fibers sont un tissage et un coiffage méticuleux de lianes de rotin, l’une des fibres naturelles les plus longues au monde. Le rotin se présente comme une ronce qui provient d’un palmier grimpant. Celui que j’utilise vient d’Indonésie.

Qu’est-ce qui vous intéresse le plus, la disruption ou la douceur ? Je cherche le mouvement du vivant, la fluidité, en me laissant guider par l’âme du rotin. Pour créer ce mouvement, il faut un équilibre subtil entre disruption et douceur.

Cherchez-vous toujours la légèreté ? Oui, le mouvement est impalpable et éphémère, c’est un instant.

Vos créations semblent encore sauvages, comme douées de mouvement. Qu’en pensez-vous ? Exactement. L’idée est de préserver la beauté des lignes sauvages créées par les lianes dans leur milieu d’origine, la forêt primaire, et de me laisser guider par les courbes natives de cette liane, comme une chevelure dansante.

Des meubles en mouvement, comme portés par le vent
Gauche Genevieve Garruppo. Ci-dessus : Gordon Spooner

Dominika Nowak

Marcher avec styl

La créatrice polonaise

Dominika Nowak a fondé

la marque Vanda Novak

2018, après une décennie passée à travailler pour des géants mon diaux de la mode en France et en Italie. Ses souliers, escarpins, bottes ou sandales sont sexy et étonnam ment confortables. Fabriquées à partir de composants de la plus haute qualité importés d’Italie, elles sont assemblées en Pologne, rendant hommage à l’artisanat polonais. On remarque sur de nombreux modèles le talon très fin, terminé par une goutte en forme de cloche. La créatrice voue un grand amour à la France. Au média franco-polonais DestinationPologne.fr, elle a déclaré : «Lorsque je suis allée en France pour la première fois, je savais que c’était l’endroit où je reviendrais. Je rêvais d’étudier le stylisme de mode. Et je savais que seul Paris était l’endroit idéal pour y arriver. Et j’ai finalement réussi à y aller en 2006.» Puis elle a ajouté : «Les Français ont le sens du style et du bon goût dans le sang» vandanovak.com

@vandanovak_officiel

Un nouvel écrin de la joaillerie italienne vient d’ouvrir à Paris. A deux pas de l’Arc de triomphe et des ChampsElysées, en face du célèbre Prunier, mythique restaurant de poisson et de caviar de l’avenue Victor-Hugo, la boutique Roberto Coin (ouverte en partenariat avec Godechot Pauliet, institution horlogère et joaillière depuis 1922), premier flagship parisien de la marque, s’ouvre sur deux niveaux, derrière une façade lumineuse et moderne. D’une superficie de 140 m2, d’un luxe exceptionnel qui met parfaitement en valeur les créations de Roberto Coin. En 1996, Roberto est un hôtelier italien qui connaît un grand succès dans l’île anglo-normande de Guernesey. Mais l’homme décide de retourner à sa première passion, la joaillerie. Rapidement, il devient un créateur unanimement reconnu et plébiscité mondialement par ses clientes, célèbres ou inconnues. La belle Nicole Kidman portait les boucles

d’oreilles Venetian Princess de Roberto Coin pour la projection de son dernier film, Babygirl, à la Mostra de Venise 2024. Roberto Coin est toujours resté fidèle à Venise et à l’excellence de l’artisanat italien : il produit, dans sa manufacture de Vicenza, cinq collections par an, dont chaque pièce est ornée d’un rubis caché, signature iconique de la maison.

A l’approche de ses 30 ans de création, Roberto Coin a souhaité s’installer à Paris, capitale mondiale du luxe, de la mode et de la joaillerie. Figure centrale de l’industrie de l’or et du diamant, Roberto Coin est l’un des fondateurs du World Diamond Council, qui, avec les Nations unies, a fondé le Processus de Kimberley. Il est également membre du Responsible Jewellery Council, créé pour faire progresser les pratiques éthiques, sociales et environnementales tout au long de la chaîne d’approvisionnement des bijoux en or, platine et diamants.

Boutique Roberto Coin. 25 avenue Victor-Hugo, Paris XVIe robertocoin.com

Première boutique
Roberto Coin à Paris

La magie du verre

Comment transformer un même matériau, le verre, en un projet artistique aux multiples créations étonnantes ? C’est le défi que s’est donné la marque JoliPNJ, lancée en 2024. Chloé Foulquier utilise le verre borosilicate, très résistant, pour créer des pièces sculptées à la main au chalumeau : chaque pièce réagit aux variations d’oxygène et de gaz contenus dans la flamme et développe des couleurs et des textures originales. Après le travail de sculpture, les bijoux sont recuits pour éliminer les tensions internes et les rendre solides. Chaque pièce est unique. En référence aux «personnages non-joueurs» (PNJ) de l’univers du gaming, ces bagues apparaissent comme des anneaux magiques. La marque précise que son travail créatif «est une invitation à ralentir, à contempler, à retrouver la beauté du vivant dans sa simplicité et son unicité». jolipnj.com

Les

DManoirs

de Tourgéville Deauville autrement…

ans un décor de campagne normande à quelques enca-blures de Deauville, les Manoirs de Tourgéville sont une ode au bien-être et au lâcher-prise à deux heures de Paris. Les Manoirs de Tourgéville vous accueillent dans un écrin de verdure au cœur de la campagne normande. L’hôtel dispose de 57 chambres, dont 35 suites en triplex avec cheminée dans le salon, des duplex et suites communicantes, certaines avec terrasse privative. Son nouveau restaurant bistronomique, le «1899», a été intégralement repensé et redécoré avec de nouveaux espaces aux notes contemporaines,douces et chaleureuses. Dans l’assiette, le chef des Manoirs célèbre une gastro-

nomie de saison avec des produits sélectionnés auprès des meilleurs artisans locaux. Pour un moment de détente et de bien-être, l’hôtel est doté d’une piscine intérieure chauffée, d’un espace fitness, d’un sauna et de trois superbes cabines de relaxation pour une détente absolue. Une salle de cinéma de 50 places est également proposée sur réservation.

Les Manoirs de Tourgéville 668 chemin de l’Orgueil – Tourgéville, 14800 Deauville.

www.lesmanoirstourgeville.com /@ lesmanoirsdetourgeville

DLes bijoux géométriques minimalistes en vogue

De gauche à droite. Bague «Sirellis», or blanc, diamants et saphir blanc, Laura Sayan Collier «Chain of love», or noir et saphirs blancs, Nomad Jewels

Bague «The One Signet», or blanc et diamants, Susana Martins

ans un monde où le maximalisme domine parfois la scène, une tendance subtile mais puissante s’impose : des bijoux aux formes géométriques minimalistes. Élégants et intemporels, ces bijoux captivent par leur capacité à transformer un simple détail en une déclaration forte. De plus en plus prisés, ils séduisent celles et ceux qui recherchent un style épuré et sophistiqué. Les marques Laura Sayan, Nomad Jewels, et Susana Martins incarnent parfaitement cet art de la simplicité

avec leurs créations uniques. Ce qui rend cette tendance si attrayante, c’est son intemporalité. Les bijoux géométriques minimalistes ne suivent pas les caprices des modes éphémères. Leur caractère sobre et élégant leur permet de s’adapter et traverser toutes les saisons.

Alors, que vous soyez une adepte du style épuré ou que vous cherchiez à ajouter une touche moderne à votre collection, mélanger l’or blanc et l’or noir ajoutera une touche rock à votre collection.

Adeux pas de la place Vendôme, la jeune maison de joaillerie

Unsaid, inaugure son premier flagship. Réalisé par le Studio Dimorestudio, l’espace allie le style Art-Déco, une architecture futuriste et une ambiance feutrée. La lumière a été conçue par Patrick Rimous, à qui l’on doit aussi l’éclairage de Notre-Dame de Paris.

Pour se démarquer, Unsaid a choisit une approche «responsable, créative et innovante», notamment à travers des tailles exceptionnelles de diamants, exclusivement permises par ces méthodes de production en laboratoire.

Unsaid, 35 rue Danielle Casanova, Paris 1er

Revue et table, les féeries du Moulin Rouge

Chaque année, le public venu du monde entier, applaudit la revue Féerie et son célèbre French Cancan. 1h45 de spectacle, 60 artistes sur scène et des costumes de toutes les couleurs… tous les soirs, la féerie envahie le Moulin Rouge ! La magie opère dès 19h, les spectateurs sont invités à vivre un voyage gustatif avec l’offre dîner-spectacle. Les menus évoluent et changent à chaque saison, toujours préparés avec des produits d’excellence et sélectionnés avec soin par le Chef Arnaud Demerville Maître Cuisinier de France qui officie en cuisine avec son équipe de 52 personnes. C’est grâce à leurs talents que la table du Moulin Rouge a obtenu le titre très prisé de Maîtres Restaurateurs.

Chaque soir, 400 personnes profitent de ce moment privilégié dans la salle mythique et chaleureuse du Moulin Rouge, accompagné en musique par l’orchestre.

A 21h et 23h30, les lumières s’éteignent, le rideau se lève et le spectacle commence pour le plus grand bonheur des 1700 spectateurs quotidiens.

Moulin Rouge. 82 boulevard de Clichy, Paris XVIIIe moulinrouge.fr

L’exposition Corps et âmes

La place centrale du corps dans la pensée contemporaine explorée à travers une sélection d’œuvres provenant de la Collection Pinault. Une vingtaine d’artistes emblématiques, tels qu’Auguste Rodin, Duane Hanson, Georg Baselitz et Michael Armitage, seront mis à l’honneur, mais aussi le travail de figures marquantes comme Ana Mendieta, Miriam Cahn, Marlene Dumas, ainsi que David Hammons et Kerry James Marshall. Parmi les talents contemporains, l’artiste zimbabwéenne Kudzanai-Violet Hwami et l’Américaine Mira Schor seront également présentes. La photographe américaine Deana Lawson investira la galerie 3, où elle exposera pour la première fois plusieurs de ses œuvres en France.

BOURSE DE COMMERCE. Corps et âmes. 2 rue de Viarmes, Paris Ier Du 5 mars au 25 août.

Gideon Appah, «The Woman Bathing», 2021. Irving Penn, «Hand of Miles Davis», 1986.

Antonio Oba, «Cantor de coral, estudo», 2023, photo EstudioEmObra, Pinault Collection Courtesy of the artist and Mendes Wood DM.

kendrick.paris

7

rue des Fossés Saint-Jacques 75005 Paris

Les concerts

Lenny Kravitz et Air

Lenny Kravitz, légende du rock, continue de nous séduire par son extravagance et sa créativité. Avec plus de 40 millions d’albums vendus et des collaborations prestigieuses, il demeure un pilier de la scène musicale, mélangeant rock, blues et funk, mais annonce, à 60 ans, les dernières dates de sa tournée Blue Electric Light Tour, du nom de son dernier album. Sur scène, il enchaînera ses plus grands succès, qu’il clôturera comme toujours par l’emblématique Let Love Rule Paris La Défense Arena. 99 jardins de l’Arche, Nanterre (92), le 29 mars.

Air, duo musical français formé par Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel, est connu pour son style unique mêlant électronique délicate, pop et ambiant. Ils ont marqué la scène musicale avec des albums emblématiques comme Moon Safari, qui a contribué à populariser le genre chill-out. Leur son rêveur et cinématographique continue d’inspirer de nombreux artistes à travers le monde. C’est justement pour célébrer les 25 ans de leur album culte que le duo revient sur scène. Les deux artistes joueront cet album iconique en live. Salle Pleyel. 252 rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris VIIIe, les 25, 26 et 27 mars.

Nicolas Lacroix

Notre rubrique sur les habitudes, routines, rites et autres manies parisiennes. Dans ce numéro, Nicolas Lacroix, très connu sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme «Nico en vrai», est un humoriste belge qui s’est fait un nom grâce à ses contenus humoristiques sur TikTok et Instagram (plus de 3 millions d’abonnés sur les deux réseaux sociaux réunis). Il présente son premier spectacle, Trop Gentil, au Petit Palais des Glaces tous les jeudis.

Votre «manie» parisienne ? M’installer à une terrasse et observer les gens qui passent. C’est un moment où je me déconnecte, où je me laisse porter par le rythme de la ville. J’aime imaginer les histoires des passants, me perdre dans leurs gestes ou leurs expressions. C’est très parisien, cette idée de vivre dehors tout en étant spectateur, et je trouve que ça a un côté presque méditatif.

Votre «plaisir coupable» ? Danser seul chez moi ! Il n’y a personne pour juger, juste moi : je peux me défouler ou laisser parler mes émotions. C’est à la fois libérateur et un peu absurde, mais c’est tellement agréable…

Votre pâtisserie préférée ? Le cheese-cake, sans hésiter. Je sais que ce n’est pas vraiment une pâtisserie traditionnelle française, mais j’adore. Si je tombe sur une bonne adresse où il est fait maison, je ne

peux pas résister ! J’en salive rien que d’y penser. Je peux en manger beaucoup en une soirée, par gourmandise… Mais c’est aussi pour ça que je l’évite, pour contrer ce fameux : «Oh ça, quand je commence, je ne sais pas m’arrêter»...

Votre adresse confidentielle à Paris ? Chez Carboni’s (45 rue du Poitou, Paris III ). C’est une adresse italienne discrète, et leurs pâtes sont simplement excellentes. L’ambiance est chaleureuse, presque intime, et on sent que tout est fait avec passion et authenticité. Le genre de lieu où on se sent bien, où on a envie de prendre son temps, que ce soit pour un déjeuner ou un dîner entre amis.

Votre «plat parisien» préféré ? Je dirais l’assiette de fromage. Ce n’est pas un plat à proprement parler, et je sais qu’en France c’est surtout en fin de repas. Mais c’est simple et efficace : du fromage, une baguette, du raisin et un verre de rouge. Je pourrais facilement me contenter de ça pour un repas entier, tellement j’aime le fromage ! Et puis, quand on n’a pas le temps, c’est facile à faire !

Propos recueillis par SANDRA HIRTH

Nicolas Lacroix, «Trop gentil». Petit Palais des Glaces. 37 rue du Faubourg-duTemple, Paris X . Tous les jeudis à 19 h jusqu’au 24 avril 2025 et en tournée dans toute la France.

Le city-guide parisien le plus élégant: les infos sur la capitale à ne pas manquer, les créateurs, les tendances mode, design et joaillerie,les nouveaux lieux, les bonnes adresses à découvrir

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