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Interaction médicament-récepteur
Agonistes et antagonistes (A) Pour qu'une substance exerce un effet spécifique après interaction avec un site récepteur, il faut qu'elle puisse non seulement s'y fixer (affinité) mais également posséder la capacité d'agir sur ce récepteur et de déclencher le changement d'une fonction cellulaire. Cette propriété supplémentaire est baptisée activité intrinsèque de la substance. Affinité et activité intrinsèque, ensembles, définissent un agoniste. Il existe des substances en présence desquelles l'action d'un agoniste est diminuée, ce sont des anti-agomstes, ou antagonistes partiels. Les antagonistes compétitifs possèdent également une affinité pour le récepteur, mais leur fixation à ce récepteur n'entraîne aucune modification des fonctions cellulaires. Les antagonistes compétitifs n'ont donc aucune activité intrinsèque. En présence simultanée d'un agoniste et d'un antagoniste compétitif, on aboutit à une compétition des deux molécules pour le récepteur. Ce sont l'affinité et les concentrations respectives des deux compétiteurs qui décident si l'un ou l'autre se lie et si l'effet sera ou non déclenché. En augmentant la concentration de l'agoniste, on peut surmonter un blocage existant (antagonisme compétitif). En d'autres termes, la courbe dose-effet d'un agoniste est déplacée vers des concentrations plus élevées (vers la droite) en présence d'un antagoniste. Ce type d'antagonisme suppose que la liaison de l'antagoniste au récepteur est réversible. Si la dissociation de l'antagoniste de son récepteur est lente voire impossible (liaison irréversible) il n'est pas possible de lever l'inhibition en augmentant la concentration d'agoniste. Contrairement aux antagonistes compétitifs, l'antagoniste allostérique se lie en dehors du site récepteur. Cette
liaison provoque une modification de la structure du récepteur, dont l'affinité pour l'agoniste diminue. La modification allostérique peut également augmenter l'affinité de l'agoniste pour le récepteur et produire un effet de potentialisation. Un agoniste inverse (non représenté) en se liant au récepteur influence la fonction cellulaire en sens inverse de l'agoniste normal. Dans la nomenclature classique, on doit attribuer aux agonistes inverses une activité intrinsèque négative. L'action d'un agoniste inverse peut être abolie par des antagonistes. Antagonisme fonctionnel (B) Lorsque deux agonistes peuvent agir par des mécanismes distincts mais en sens opposés sur le même paramètre on aboutit à un antagonisme fonctionnel. Si l'on prend comme exemple le diamètre des bronches, l'adrénaline provoque une dilatation et l'histamine une constnction. Un autre exemple est celui de l'adrénaline et de l'insuline qui se comportent en antagonistes fonctionnels pour la régulation du glucose sanguin. Dans le cas d'antagonistes fonctionnels, les mécanismes mis enjeu sont totalement différents et les effets maximaux ne sont pas de même amplitude mais seulement de direction opposée, il est donc difficile de déterminer l'état d'équilibre comme on peut le faire pour un antagonisme compétitif. La dénomination d'antagonisme chimique est parfois utilisée lorsqu'une substance diminue la concentration d'un agoniste via la formation d'un complexe (par exemple EDTA et calcium, protamine et héparine).