Grand genève magazine n°4

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www.grandgenevemagazine.ch | N° 4 | 2015 | CHF 4.90

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Michel Houellebecq, un roman halluciné

Signature historique à Annemasse Agglo Ahm

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Focus

Rencontre post-attentats: Islam, démocratie et réforme

En partenariat avec


Éditorial Hilda Lindenmeyer

Par

Rédactrice en chef

IMPRESSUM

McCann Erickson

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L’information est précieuse, protégeons-La ensembLe !

rand Genève Magazine a 1 an et poursuit avec passion la mission qu’il s’était confiée à lui-même il y a 12 mois tout juste : contribuer à informer objectivement les habitants de notre bassin franco-valdo-genevoise. Vous êtes maintenant plus de 1’500 abonnés à la lettre d’information trimestrielle. Le site est visité près de 15’000 fois par mois et notre page Facebook rassemble quelque 1’300 fans, sans compter les autres réseaux sociaux. Mais cette revue ne serait rien sans la plume et le soutien de talentueux rédacteurs et des contributeurs dont la liste est longue ! Donc, un grand merci à Raphaël Klemm qui endosse le rôle de correcteur, à Élodie Olson la responsable de la rubrique « Carré d’artiste », à Peter Loosli, le Président du CLD genevois, à François Myland , celui du Morge libre, à Marc Barbezat le fondateur de Décodeur, pour n’en citer que quelques-uns. Souhaitons également la bienvenue à Étienne Blanc, le député-maire de Divonne, à Marc Alpozzo, écrivain et critique, à Christian Lecompte, journaliste du journal Le Temps, à H. Cow, et à Marcel Chombier les animateurs de notre rubrique satirique. Nous voudrions aussi remercier tous les annonceurs qui nous ont fait confiance et permettent à ce journal de vivre, mais aussi

à Cyrielle Girard pour son aide commerciale précieuse. Enfin, merci à vous, Lecteurs, qui nous suivez. Que vous soyez de Genève, d’Annemasse ou d’une autre région de l’agglomération, sans vous cette édition ne serait pas. Car ce média est à votre service et a pour vocation de vous aider à mieux vivre et à connaître Genève et son agglomération. Profitez-en et postez gratuitement vos annonces, vos événements dans notre agenda sur le site : www.grandgenevemagazine.ch De plus, pour cette occasion, nous vous proposons une belle surprise; venez à notre rencontre lors du Salon du livre et de la Presse qui a lieu du 29 avril au 3 mai à Balexert ! Vous pouvez participer à notre concours photo et gagner une montre d’un jeune créateur genevois. Et pourquoi pas nous envoyer vos idées ? Vous pouvez aussi participer à cette communauté en postant vos commentaires sur le site, sur notre page Facebook ou en nous écrivant à l’adresse suivante : hilda@grandgenevemagazine.ch Au plaisir de vous lire… en espérant que ce soit réciproque !

Directrice de la publication Hilda Lindenmeyer Secrétaire à la rédaction Raphael Klemm Rédaction Christian Lecomte, Yalda Racordon, Hilda Lindenmeyer, Elodie Olson, Christian Lecomte, Marcel Chombier, Christelle Ecoretti Contributeurs Étienne Blanc, Peter Loosli, François Myland, Marc Barbezat, Marc Alpozzo Dessin de presse H. Cow Marketing Hilda Lindenmeyer Publicité / Commercial Cyrielle Girard Maquette / Graphisme Hilda Lindenmeyer Remerciements Homayoun Samadi, CLD GF, Salon du livre et de la presse de Genève, Département de la sécurité et de l’économie (DSE) Office cantonal de la population et des migrations (OCPM) Bureau de l’intégration des étrangers

Grand Genève Magazine • N° 4 / 2015

Grand Genève Magazine fête son premier anniversaire!

Édité par: Artwear SA Rue du Parc 4 1207 Genève

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Grand GenèveMaggazine

Sommaire EDITOR’S LETTER

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Éditorial

BUSINESS EDUCATION l GLOBAL PERSPECTIVE

Grand Genève Magazine fête son premier anniversaire!

BUSINESS

SCHOOL

Transfrontalier LOI NOTRe

L’ARC se transforme en Pôle métropolitain franc suisse et euro

L’abandon du taux plancher de l’euro face au franc suisse

pas vers 10 Unlanouveau construction du

BACHELOR

MASTER / MBA

Formations accréditées

Management Banque & Finance Family Business

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Amis lecteurs, amis instagramers du dimanche et facebookers, ce message est pour vous : Grand Genève Magazine lance son premier concours photo ! venez à notre rencontre lors du Salon du livre et de la Presse qui a lieu du 29 avril au 3 mai à Palexpo ! Vous pouvez participer à notre concours photo et gagner 1 montre gousset forme papillon du jeune créateur genevois David De Oliveira. Partagez vos selfies avec le hashtag : #JelisleGrandGenèveMagazine sur Facebook et Instagram et suivez nos pages. À vos clics.

34 Chronique litéraire Carré d’artistes 36 Michel Houellebecq

42 Rubrique satirique

La liturgie des blasés et autres gens peu amènes

Rencontre post-attentats: Islam, démocratie et réforme

Grand Genève Magazine • N° 4 I 2015

| N° 4 | 2015 |

Michel Houellebe

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Signature historique à Annemasse Ag Focus

Nous vous proposons prochainement une formation : Formation Relations Presse : Communiqués & Dossiers de presse Attirez et captez l’attention des journalistes avec des textes efficaces! Quand réaliser un communiqué, un dossier de presse ? Savoir quand, comment, pourquoi organiser une conférence, un voyage, une visite de presse. Information: hilda@grandgenevemagazine.ch

Rencontre st-attentat démocratiepo et réforme s: Islam,

En partenaria t avec

Rejoindre la communauté Participez à nos débats en ligne, commentez les articles. Partagez votre opinons, sélectionnez vos articles préférés et faites-les connaître à vos amis. Toute l’équipe du Grand Genève Magazine vous remercie de votre fidélité ainsi que de votre soutien. Nous serions très heureux de connaître votre avis sur le magazine. N’hésitez pas à nous en faire part à mon adresse mail personnelle: hilda@grandgenevemagazine.ch

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ISSN 2297-0002

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Aaron Kitone Véronique Girardint Jean Liermier Daje Marie-José d’Astrée

Luc-Antoine Baehni

Tag TAG Heuer, Google et Intel annoncent leur montre suisse connectée .

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12 capitale suisse de 16 Genève, la FinTech? Interview 19 Technologie 22 Le CEVA

Entreprises Campus rénové au centre-ville visites & network

Concours photo

Signature Annemassea agglo: De gauche à droite, François Longchamp, Christian Dupessey, Jean Denais, Isabelle Dorliat-Pouzet - Sous-préfète de Saint-Julien-en-Genevois. Crédits photo : Etat de Genève, Maurane Di Matteo Michel Houellebecq Crédits Photo : Philippe Matsas © Flammarion Intreview avec Pr. Benani Crédits Photo : Ahmed Benani

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Transfrontalier

Étienne Blanc

par

Député-maire de Divonne

WORLD Transfrontalier ECONOMY

Peter LOOSLI

Par

Président du Conseil de développement du Genevois français

LOI NOTRe «nouvelle organisation territoriale de la République» Cap sur une entité intégrée de poids aux portes de Genève

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L’ARC se transforme en Pôle métropolitain souhaité que notre Région Lémanique puisse profiter de ce mouvement et que soient confiées à un Pôle Métropolitain Lémanique, sur le territoire français, les compétences essentielles des transports ainsi que l’élaboration d’un document d’urbanisme commun. Or, un Pôle Métropolitain ne peut adhérer à un Groupement Européen de Coopération, Groupement de Coopération qui a été créé pour porter le projet d’agglomération du Genevois. C’est en ce sens que j’ai proposé, avec mes Collègues Parlementaires de la Région Lémanique, un amendement qui permet à un Pôle Métropolitain d’adhérer à un Groupement Européen. Cela permettra, à terme, de confier au GEC le soin d’élaborer un schéma de transports Franco Valdo Genevois et peut-être, un jour, de créer les outils qui en permettront la gestion commune. Cela permettra aussi de coordonner les documents d’urbanisme entre le territoire français et le territoire suisse et, là encore, un jour peut-être, de créer une agence d’urbanisme commune. Chacun peut constater qu’au fil du temps les frontières s’effacent mais que subsistent encore des effets négatifs qui résultent de nos systèmes politiques et juridiques différents et parfois opposés. Chacun peut aussi constater que petit à petit, les textes qui régissent le fonctionnement de notre Région, les habitudes mais surtout les mentalités évoluent dans le sens de la construction d’une Région Franco Valdo Genevoise plus équilibrée et mieux aménagée.

Le nouveau cap a été fixé il y a peu. Et les démarches concrètes qui en découlent - rédaction de statuts juridiques, mise au point d’un contrat de développement idoine avec la Région RhôneAlpes, etc. – sont d’ores et déjà largement enclenchées: dès 2016, les territoires français qui jouxtent et entourent Genève (388’000 habitants/1’400 km 2, quintuple de la superficie du coeur d’agglomération qu’est le canton de Genève/cf. carte) formeront une entité unique, appuyée sur des domaines d’intervention communs bien circonscrits, à savoir le Pôle métropolitain du Genevois français. Circonvoisines du «canton du bout du lac» réunies au sein de l’ARC (Assemblée régionale de coopération) du Genevois français (1), les 120 communes haut-savoyardes et de l’Ain passent ainsi la vitesse supérieure, dans l’intérêt supérieur de l’ensemble des populations, de part et d’autre de la frontière franco-suisse, en vertu de la formule concise et expressive «Un ARC fort pour un Grand Genève fort». Fait remarquable: les autorités locales ne créent pas une nouvelle couche dans le «millefeuille français» mais elles transforment un échelon politico-administratif déjà existant (depuis 2002) en un instrument adapté à la nouvelle donne territoriale, dans le dessein d’organiser avec efficacité les rapports entre le centre urbain (le cœur d’agglomération, situé hors Union

Européenne) et la périphérie (l’ensemble des municipalités périurbaines situées en Rhône-Alpes, respectivement dans l’Ain et en Haute-Savoie).

00 Soutien citoyen aux nouvelles visées territoriales Les bases légales pour fonder des pôles métropolitains, adoptées par le Parlement français (Assemblée nationale et Sénat), sont inscrites dans la loi-cadre n0 2010-1563 «de réforme des collectivités territoriales» du 16 décembre 2010 ainsi que dans la loi MAPAM (modernisation de l’action publique territoriale et affirmation des métropoles) n0 2014-58 du 27 janvier 2014. Ces textes législatifs viennent d’être complétés (le 10 mars 2015) par la loi NOTRe portant «nouvelle organisation territoriale de la République». Fait crucial à retenir: tenant compte de la grande diversité des territoires (à l’exemple des spécificités propres aux régions de montagne), ces lois contiennent des dispositions singulières relatives aux aires fortement urbanisées limitrophes d’un Etat étranger, susceptibles de s’appliquer de manière ciblée

Grand Genève Magazine • N° 4 / 2015

Grand Genève Magazine • N° 4 / 2015

L

a Loi NOTRe était censée apporter une réponse à la complexité de l’organisation territoriale française. La superposition de collectivités territoriales génère une complexité et une confusion qui portent préjudice à la clarté et à la lisibilité de l’intervention publique, exaspérant les citoyens comme les élus. Les Communes, les Communautés de Communes ou les Communautés Urbaines, les Métropoles et Pôles Métropolitains, les Départements, les Régions, l’Etat et l’Europe, cet empilement constitue une exception française. La Loi NOTRe a tenté de clarifier les choses mais, à l’issue des débats parlementaires, force est de constater qu’il n’en est rien. En fait, la grande réforme sera pour plus tard. C’est regrettable car tout le monde sait désormais qu’une bonne organisation territoriale nécessite un rapprochement et une mutualisation plus poussés entre les Communes et les Communautés de Communes, un rapprochement entre la Région et le Département dont les compétences ne devraient plus être croisées, chacun d’entre eux abandonnant une compétence générale pour se concentrer sur des compétences spécifiques. Pour la Région Lémanique, la seule avancée de la Loi NOTRe aura été de permettre aux Pôles Métropolitains d’adhérer à un Groupement Européen de Coopération. Il faut rappeler que le territoire français de l’ARC a demandé au Préfet de Haute-Savoie la transformation du Syndicat Mixte de l’ARC en Pôle Métropolitain. A l’heure où l’Europe entière organise son territoire autour de grandes métropoles à qui l’Etat confie des responsabilités lourdes, les élus de l’ARC ont

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Économie

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Note

(1) L’Assemblée régionale de coopération (ARC) du Genevois est le syndicat mixte à l’oeuvre depuis 2002, en couronne française de la région urbaine de Genève; il est composé de dix membres: 8 communautés de communes, 1 communauté d’agglomération (Annemasse Agglo) et 1 commune (Thonon-les-Bains). Cf. site Internet de l’ARC : http://www. arcdugenevois.fr/ (2) Lettre du CLD GF exprimant son soutien citoyen aux orientations stratégiques du territoire (cf. colonne de droite intitulée «Approfondir le sujet…») : http:// www.arcdugenevois.fr/gouvernance/ demarche-participative/presentation

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L’abandon du taux plancher de l’euro face au franc suisse est surmontable

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n janvier dernier, la Banque Nationale Suisse (BNS) annonça, à la surprise générale, l’abandon du taux plancher CHF/EUR à 1,20. Pour rappel, cette mesure exceptionnelle avait été prise le mardi 6 septembre 2011, alors que nous vivions la crise de la zone euro et la dégradation de la dette américaine. Concrètement, cela voulait dire que notre banque nationale s’engageait pour contenir la hausse du franc suisse et, à la fois, soutenir l’euro. Dans les faits, avec l’effet d’annonce qui produit toujours un effet psychologique sur les intervenants des marchés financiers et bien entendu en achetant des euros contre la vente de francs suisses. Force est de reconnaître que la BNS nous a donné une bonne bouffée d’oxygène. Elle a contribué à la stabilité des prix en Suisse. Surtout, elle nous a aidés à rester compétitifs sur la scène internationale. Ceci même si l’outil n’était pas très orthodoxe. Un marché qui se veut efficient doit répondre librement au jeu de l’offre et de la demande. C’est aussi valable pour le marché des changes. Le pari de la BNS était que la Communauté européenne allait tôt ou tard sortir de son anémie et que l’euro – la vigueur de la monnaie étant le reflet de la santé économique où elle est émise – finirait par s’apprécier et même qu’elle ferait des bénéfices en se retirant progressivement de son sur investissement dans la devise européenne. Et à l’été 2014, l’euro a tutoyé 1.25 contre le franc. On a cru, à un moment donné, que le monde idéal était en train de se réaliser. Cependant, les mauvaises statistiques économiques sur l’état de la zone euro couplées avec l’annonce d’élections à risque en Grèce – la majorité de gauche hostile aux mesures d’austérité partant favorite – mirent fin au scénario rêvé. Et en janvier 2015, la Banque Centrale Européenne (BCE) lança un pavé sans précédent dans la mare de changes. Elle annonça qu’elle rachèterait mensuellement 60

milliards d’euros de dettes (en particulier, publiques), à partir du mois de mars et jusqu’en septembre 2016, en tout cas. Soit, en tout 1’140 milliards d’euros en 19 mois ! Et contre ça… notre institut monétaire n’a plus les moyens de lutter. Avec l’émission d’une telle quantité d’euros sur le marché – on offre subitement la quantité d’un bien – la devise européenne ne peut que s’affaiblir. En anglais, ce rachat de dettes s’appelle du “quantitative easing” ou “QE”. Cet assouplissement quantitatif, c’est la version moderne de : “faire fonctionner la planche à billets”. Les Etats-Unis - tout comme le Japon - en sont coutumiers. La dette publique va s’échanger avec de nouveaux euros mis en circulation. On va augmenter l’offre de monnaie et celle-ci va baisser tout comme son coût (taux d’intérêts). Quant à la BNS, il ne lui reste plus que « l’arme » des intérêts négatifs pour tenter de contenir l’appréciation du franc suisse. Soit l’ultime recours. Et demain ? Par le biais de la dévaluation compétitive, la zone euro devrait attirer d’importants flux de capitaux à destination de l’industrie, de l’immobilier et du tourisme. Dans un délai de deux à trois ans, elle devrait gagner en attractivité économique et l’euro – cela peut paraître paradoxal – repartir à la hausse face au franc suisse et autres devises. En attendant, en Suisse, une fois n’est pas coutume, nous devrons exceller qualitativement pour demeurer compétitif et... nous serrer la ceinture. Toutefois, il nous appartient d’exiger de nos importateurs la répercussion de cette baisse de l’euro sur notre portemonnaie, mais ceci est un autre débat.

Grand Genève Magazine • N° 4 / 2015

Périmètre de l’ARC du Genevois français (partie bleue)

ARC - Syndicat mixte Clos Babuty 27, rue Jean Jaurès F - 74100 AMBILLY (Annemasse Agglo)

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dans les agglomérations transfrontalières de Bâle et de Genève. Pour l’essentiel, le but d’un Pôle métropolitain – nouveau type d’établissement public destiné à fédérer les actions menées par des intercommunalités d’une certaine taille – est de mener des «actions d’intérêt métropolitain» dans des domaines bien précis. Son socle réside dans l’initiative des pouvoirs locaux; il ne part donc pas de projets de regroupement prônés pas des préfets et sous-préfets, représentants locaux des autorités nationales, et doit prendre appui principalement sur les secteurs suivants: - la création d’emplois à travers, par exemple, la mise en place d’un portail/guichet commun à disposition des développeurs et créateurs d’entreprises ; - la stimulation de l’enseignement supérieur et de la recherche (fondamentale et appliquée) ; - l’organisation de l’espace régional (bassin de vie) à travers la préparation et l’adoption d’un document d’urbanisme de référence pour le périmètre dans son entier ; - l’amélioration des transports (infrastructures et services) à travers, par exemple, la mise en place d’une Autorité organisatrice de la mobilité (AOM) en charge du périmètre dans son ensemble. Lors de son Assemblée plénière du 4 novembre 2014, le Conseil local de développement du Genevois français (CLD GF), organe consultatif adossé à l’ARC, a décidé de soutenir et d’accompagner ces visées stratégiques au titre de la société civile. Adressée au Président de la Région Rhône-Alpes (avec copie au Président du Grand Genève, aux membres de l’assemblée délibérante et du Forum d’agglomération de la région transfrontalière), la lettre correspondante (2) est consultable (téléchargeable) dans la rubrique dédiée au CLD GF.

Conseil local de développement (CLD) du Genevois français

François Meylan

par

Conseiller financier indépendant

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Mobilité Hilda Lindenmeyer

Par

Rédactrice en chef

proximité de la zone d’activité Altéa et à Vétraz-Monthoux, près du lycée Jean Monnet, offriront aux automobilistes la possibilité de laisser leur véhicule aux portes de l’agglomération annemassienne afin d’accéder au centre-ville d’Annemasse ou à Genève en utilisant uniquement les transports en commun.

Un nouveau pas vers la construction du Grand Genève.

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L’objectif est de multiplier par 3 l’utilisation des transports en commun sur le territoire d’Annemasse Agglo à horizon 2020. Ce qui permet de diminuer de 7 millions de km les trajets réalisés en voiture chaque année soit 4 000 véhicules en moins chaque jour sur les routes et 3 000 tonnes d’émissions de CO2 en moins par an.

La Confédération suisse participe pour la première fois au cofinancement d’un projet sur la partie française du territoire. ,

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Ce projet est intégré dans un système de transports global à l’échelle du Grand Genève : ici Français et Suisse portent ensemble la réalisation d’un ambitieux projet de développement des transports. Lors de la signature, François Longchamp a d’ailleurs confirmé: « Seules des infrastructures de transport pensées pour toute l’agglomération genevoise permettront d’améliorer notre situation. »

00 Comment sont financés ces projets de transport ?

De gauche à droite, Christian Dupessey, François Longchamp, Jean

Et pour citer Jean Denais « La Confédération nous montre le chemin. Elle nous invite à faire preuve de solidarité et de détermination pour les projets pour lesquels nous avons un intérêt réciproque à agir » Christian Dupessey a signalé « Par cette réalisation transfrontalière, nous construisons ensemble le Grand Genève dans l’intérêt de tous les habitants français et suisses. »

00 Tango : une ligne de bus à haute vitesse Sur 7,5 km de tracé, dont 40% de voies réservées en site propre, Tango permet une meilleure desserte en transport en commun de l’agglomération annemassienne. La fréquence de Tango est aujourd’hui de 15 minutes et sera, dans sa configuration finale, augmentée jusqu’à 9 minutes. Grâce aux voies réservées, la vitesse commerciale sera comprise entre 19 km/h et 22 km/h selon le sens, ce qui en fait le moyen de transport le plus rapide aux heures de pointe. 11 nouveaux bus, plus confortables, totalement accessibles, moins polluants, viennent d’être achetés par Annemasse Agglo pour

Le coût total de Tango est de 21,3 Mio€. Son financement est assuré par : Le Conseil Général de Haute-Savoie, à hauteur de 7,9M € (37,1%) Annemasse Agglo, à hauteur de 7,1M € Denais, Isabelle Dorliat-Pouzet - Sous-préfète de Saint-Julien-en-Genevois - photo Annemasse Agglo, Stéphane Couchet (33,4%) être affectés à ces lignes T1 et T2. Enfin, les bornes La Confédération suisse prend en charge d’informations voyageurs qui équipent les 14 arrêts 15,3% du projet avec un financement de 3,3M € , dans le apportent un service supplémentaire aux usagers en cadre du Projet d’agglomération franco-valdo-genevois leur indiquant, en temps réel, les horaires de passage. Ce n°1. système est géré en direct par les TPG (via un contrat de prestation de service) afin de garantir l’efficacité du réseau au niveau transfrontalier.

00 A u t o m o b i l i s t e s , laissez vos véhicules aux portes de l’agglomération annemassienne Cette première phase, qui s’achève avec la mise en service de Tango, permet déjà de satisfaire quelque 15 000 salariés et plus de 8 000 scolaires sur Annemasse Agglo, ainsi que 12 000 frontaliers. De plus, dans une deuxième phase, 2 parkings relais (P+R), situés au rond-point des Chasseurs à Juvigny, à

L’État, à hauteur de 2M € (9,4%). La Commune d’Annemasse, à hauteur de 0,7M € (3,6%) La Région Rhône-Alpes, à hauteur de 0,2M € (1,2%)

Grand Genève Magazine • N° 4 / 2015

Grand Genève Magazine • N° 4 / 2015

L

es transports en commun sont un volet essentiel du Grand Genève. Ainsi, le 17 février 2015, Messieurs François Longchamp, Président du Conseil d’État de la République et canton de Genève et Christian Dupessey, Président d’Annemasse Agglo, ont signé en présence de Monsieur Jean Denais, Président de l’ARC Syndicat mixte, la convention de versement des fonds fédéraux, marquant une nouvelle étape de la construction du Grand Genève. Cette signature est en soi historique, car pour la première fois, des fonds liés au Projet d’agglomération, issu de la Confédération suisse, sont versés pour cofinancer un projet de mobilité sur le territoire français, en l’occurrence le Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) Tango.

Les avantages

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Mobilité Christian Lecompte

Par

journaliste collaborateur du Temps, en charge des relations transfrontalières.

Le Ceva c’est pour demain. Enfin !

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ur les chantiers, on aime à se saluer ainsi à l’heure de l’embauche : «Comment ceva ce matin ?». Un peu d’humour pour commencer la journée ne fait de mal. D’autant que le labeur est rude et l’ouvrage titanesque. Genève et sa périphérie construisent leur RER (réseau express régional), un peu sur le mode francilien (région parisienne). L’agglomération au (bientôt) million

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d’habitants en avait urgemment besoin. Les routes, y compris les campagnardes, sont surchargées, les automobiles jouent de l’accordéon matin et soir aux postes de douane, les parkings affichent complet. Les nerfs sont à vif, les invectives sont courantes, la «plaque jaune» (française) est vilipendée lorsqu’elle roule à Genève, la GE houspillée quand elle s’aventure en France. Dans une rame, on peut lire, rêver, tapoter son iPhone, faire face à des gens dont on ne sait rien. En 2019-2020, le Ceva, acronyme de Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse, embarquera ses premiers passagers et les usagers découvriront la mobilité douce à la mode genevoise. Le premier coup de pioche a été donné le 15 novembre 2011. Seize kilomètres en tout dont 14 à Genève pour relier les réseaux suisses et français. Côté genevois, le tracé majoritairement souterrain nécessite la construction de deux nouveaux ponts (Arve et Seymaz), deux tunnels et plusieurs tranchées couvertes. Cinq stations jalonnent le parcours : Lancy–Pont-Rouge, seule station aérienne du tracé, Carouge-

Bachet, Champel-Hôpital, Genève–Eaux-Vives et ChêneBourg. Sur le sol français, le tracé de 2 km comprend, outre une tranchée couverte entre la frontière et la gare d’Annemasse, d’importants travaux de modernisation de la gare elle-même et de la ligne du Chablais, qui sont financés par les partenaires français. Loin de transporter les seuls Genevois d’un quartier à l’autre, le CEVA est conçu comme une colonne vertébrale reliant les transports publics de la région franco-valdo-genevoise: 230 km de ligne reliant 45 gares suisses et françaises dans un rayon de 60 km. Bellegarde-sur-Valserine (Ain), Nyon (Vd), Evian, la Vallée de l’Arve et Annecy en HauteSavoie seront desservis. Les 80 000 frontaliers qui chaque jour rallient Genève pourraient être tentés de poser leurs véhicules si toutefois suffisamment de parkings P+R sont construits (voir encadré). Le canton a refusé par votation le 18 mai 2014 de cofinancer ces P+R côté français. La Haute-Savoie s’est engagée à trouver l’argent. Comme tout projet d’envergure (devisé à 1,570 milliard de francs côté suisse), le Ceva a fait face à de multiples entraves et recours à l’origine de plusieurs reports du

début des travaux. Une association de riverains de Champel s’opposant au tracé passant par leur quartier a lancé une initiative (16 600 signatures) invalidée en 2008 par le Conseil d’Etat genevois. Le 16 juin 2011, le Tribunal administratif fédéral a levé toutes les oppositions. Querelle politique aussi avec la crainte de certains partis genevois aux tendances nationalistes et anti-frontalières de voir davantage de Français et autres étrangers affluer dans le canton. Côté français, le montage financier (400 millions d’euros) a été bouclé péniblement après une bataille de chiffonniers entre la Région Rhône-Alpes, le département de Haute Savoie et Réseau Ferré de France. Aujourd’hui c’est l’achat des futures 40 rames composant la flotte binationale qui provoque des tensions. La région Rhône-Alpes opterait pour ses 19 rames pour le constructeur français Alstom tandis que le gouvernement genevois a déjà tranché en faveur de l’entreprise thurgovienne Stadler Rail. Aucune contrainte technique n’empêcherait la circulation d’une flotte mixte mais en Suisse on insiste sur le fait qu’une flotte unique offrirait une meilleure qualité de service

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Les Genevois en rêvaient, ils sont en train de le faire. Dans moins de cinq ans, l’agglomération sera dotée d’un véritable réseau de transports publics régional.

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aux usagers et réduirait les coûts d’exploitation. Le Ceva permettra de relier la gare Cornavin à Annemasse en 20 minutes, six trains par heure seront mis en service. Un seul titre de transport «unireso» dans le bassin franco-

valdo-genevois sera proposé pour se déplacer en train, tram, bus et même bateau.

prenez le large Grand Genève Magazine • N° 4 / 2015

Offrez-vous une échappée belle hors de la ville à bord du majestueux bateau centenaire « Savoie ». Vous découvrirez le lac Léman et ses rives comme vous ne les avez jamais vus. Et pourquoi ne pas en profiter pour partager un délicieux repas en famille, entre amis ou collègues ? Plat du jour dès CHF 20.Menu 3 plats de midi dès CHF 39.-

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14 +41 848 811 848

www.cgn.ch

Davantage de parkings-relais sont prévus pour les futurs usagers du Ceva. Poser son véhicule à proximité des gares sera rendu plus aisé. L’équation est simple : plus de transports publics implique plus d’aires de stationnement. A Genève, la Fondation des Parkings a anticipé l’arrivée du Ceva en planifiant une amélioration notoire de l’offre en matière de P+R (parkings-relais). Aux 21 P+R existant déjà dans le canton, d’autres seront ajoutés, construits à proximité des futures gares. «A Bachet-de-Pesay 300 places P+R, sans doute souterraines, sont prévues en 2020, 1000 au TrèfleBlanc, 500 nouvelles place de parking seront ouvertes aussi à Chêne-Bourg dont 50 P+R et 50 P+Rail » indique Laurent Drême, directeur des travaux et de la planification à la Fondation. Le principe du P+R est d’attribuer une place de parc à un pendulaire habitant et travaillant à plus de 2 km du parking. L’abonnement tarifaire comprend aussi les transports publics unireso. Aux Eaux-Vives, 710 places de parc seront ouvertes en 2018-2019 pour accompagner le chamboulement du quartier avec la sortie de terre d’une nouvelle gare, d’un centre commercial, d’une piscine et du futur théâtre de la Nouvelle Comédie. «Mais seulement 25 places seront des P+R car ce quartier est situé trop près du centre ville pour en ouvrir davantage» justifie Laurent Drême. Plus proche de nous en terme de date, ce 1er avril 2015 a vu la livraison de 78 places au P+R de Versoix. La France n’est pas en reste avec la construction de cinq P+R d’ores et déjà agendés autour de Genève. Par ailleurs, la ville d’Annemasse a annoncé qu’elle allait mettre à disposition deux P+R à Ville-la-Grand et à Vetraz-Monthoux, aux deux terminus de la ligne de bus BHNS (bus à haut niveau de service) qui dessert depuis peu la ville et qui a bénéficié d’un co-financement de la Confédération helvétique.

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La Fondation des Parkings va étoffer son offre en P+R

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Marc Barbezat

Par

le fondateur de Décodeur

Le nouveau contexte économique oblige les banques à se renouveler et aujourd’hui une chance s’offre à elles pour co-innover avec le secteur dynamique de la technologie financière, la FinTech. Tour d’horizon de ce nouveau territoire à l’occasion de l’annonce du premier incubateur FinTech suisse à Genève.

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00 Les banques sous pression pour innover

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Depuis la chute de Lehman Brothers en 2009 et des crises financières qui s’en sont suivies, les banques ont dû apprendre à naviguer en période de tempêtes. Elles ont ainsi dû revoir leur fonctionnement, chasser leurs inefficacités opérationnelles et simultanément assimiler une ribambelle de nouvelles exigences réglementaires. En parallèle, une nouvelle concurrence est née et remet en question le monopole historique de certaines sources de leurs revenus. Cette nouvelle donne a contraint les banques à revoir entièrement leur modèle économique, à imaginer de nouveaux services et à s’engager dans une démarche active d’innovation. Un enjeu essentiel aujourd’hui pour elles est donc d’assembler sur les systèmes existants des nouvelles solutions que la FinTech peut leur fournir très rapidement.

00 Les investissements dans la FinTech explosent En 2014, les entreprises actives dans la FinTech ont levé 6,8 milliards de dollars de fonds à travers le monde. Tous secteurs confondus, ce sont les investissements FinTech qui ont connu les croissances les plus importantes sur les

12 derniers mois; les premières introductions en bourse ont même permis à plusieurs startups de dépasser le milliard de dollars de capitalisation. L’exemple le plus symptomatique est certainement Lending Club qui a réussi à lever 870 millions de dollars en décembre dernier et qui est évaluée maintenant à près de 5,4 milliards de dollars. D’autres, comme Ondeck, Stripe, Transferwise, Kreditech, Credit Karma et Wonga sont

pour faire briller très prochainement l’innovation Fintech suisse par-delà nos frontières.

Source de l’image : http://pixabay. com/fr/bouclier-dynamique-innovation-223326/

A propos de l’auteur Marc Barbezat est un blogueur spécialiste #FinTech et #Sécurité. Il est le créateur et l’éditeur du blog “Le Décodeur”, une cellule de veille qui couvre l’actualité et les nouvelles tendances en relation avec la Fintech et la sécurité.

00 La FinTech, une chance à saisir pour la Suisse En Suisse, la FinTech existe bien entendu et elle a la chance de se développer sur le même terreau fertile qui permet à notre pays de se hisser parmi les nations les plus innovantes de la planète. Il aura pourtant fallu attendre début 2014 pour voir naître le premier incubateur Fintech en Suisse à Genève. Né de l’association entre Polytech Ventures et de Temenos, ce projet démarrera effectivement en automne et devrait alors soutenir une dizaine de start-ups. Aujourd’hui, ce bouillonnement autour de la FinTech est perceptible dans les autres régions de Suisse, à commencer par le pôle financier zurichois, promettant ainsi des éclosions de start-up très prochainement. Les acteurs de la promotion économique, tels par exemple le cluster AlpICT, s’activent également et se confirment comme des relais importants vers le secteur bancaire. Il reste donc à espérer que toutes ces forces en présence sauront s’accorder et être à l’unisson

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Genève, capitale suisse de la FinTech?

également promises à un bel avenir. Sous l’impulsion des banques, les incubateurs FinTech suivent la même tendance et prolifèrent comme par exemple en Angleterre avec Barclays et son “Barclays Accelerator” ou encore CommerzBank et son “Main Incubator”, le tout premier incubateur de FinTech en Allemagne. En France, les grandes banques font aussi les yeux doux à ces start-up comme par exemple le Crédit Agricole avec le “Village by CA” ou encore BNP Paribas via “Innov&Connect”.

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LE STATIONNEMENT FACILE ! Construire plus de places de stationnement pour vous faciliter l’accès en ville.

Interview

de

Luc-Antoine Baehni

Nous développons pour vous. Carrefour de l’Etoile 1 Case postale 1775 1211 Genève 26

T. 022 827 44 90 www.ge.ch/parkings

Q Pouvez-vous nous expliquer brièvement votre trajectoire professionnelle ? R Après un Diplôme à l’ETH de Zurich en 1985, je suis entré chez Caterpillar Overseas où j’ai eu la chance de vivre des expériences aux Etats-Unis et à Madrid. De retour en Suisse, j’ai poursuivi ma formation et obtenu un MBA en 1991 à l’Université de Lausanne. J’ai rejoint alors HCB Suisse romande où je suis devenu Chef du Département des ventes et du marketing pour le ciment. En 1998, j’ai été nommé Responsable de la logistique, du marketing et des ventes pour la Suisse, l’Allemagne du Sud et le Vorarlberg chez Holcim. Je suis entré finalement à la CGN en tant que Directeur général en 2000 et siège au comité de l’UTP (Union des transports publics suisses). En 2013, j’ai également été nommé Vice-Président de

Q La « stratégie 2020 » adoptée par votre groupe entraîne dans son sillage 4 nouvelles marques/ axes : CGN Mobilité (transport de pendulaires), CGN Horizons (flotte Belle Epoque), CGN Exclusive (croisières privées) et CGN Technique (chantier naval) ; qu’apportent ces nouvelles marques au groupe CGN ? R Ces quatre marques-filles permettent de clarifier l’offre de la CGN en fonction des besoins de ses clients et de développer des axes stratégiques précis pour chaque secteur-clé. Le Groupe CGN est devenu en moins de dix ans un acteur incontournable de la mobilité entre les deux rives du lac. L’augmentation continue des clients CGN-Mobilité a conduit le Conseil d’administration à mettre en place un plan d’actions soutenu par les autorités. L’objectif est de pouvoir continuer à assurer le transport des passagers pendulaires avec le confort et la sécurité attendus.

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l’Association suisse des sociétés de navigation. Je suis marié, père de 3 enfants, et consacre mon temps libre à ma famille, au sport et à la lecture.

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INTERVIEW

Publi-reportage

A pied au cœur de la ville, c’est tentant !

Q Avec quels moyens, notamment financiers, répondre à cette demande croissante ? R Répondre à cette demande croissante est un véritable défi. Il s’agit également de pouvoir se projeter vers l’avenir afin de pronostiquer de quelle ampleur elle sera dans cinq, dix ou vingt ans. Si l’augmentation de la demande en transports publics sur le lac constitue une opportunité pour le groupe CGN, la décision de la concrétiser est du ressort des autorités cantonales et de la France. En effet, il revient aux pouvoirs publics des deux rives de définir ensemble la politique des transports transfrontaliers, et de donner mandat et les moyens au groupe CGN de la mettre en œuvre.

La flotte Belle Epoque de la CGN, caractérisée par des bateaux à roues à aubes, est la plus grande au monde de ce type. CGN-Horizons permet de valoriser au maximum ce patrimoine, d’en faire une attraction unique, et de la mettre à l’honneur avec des offres de croisières mémorables. Que ce soit pour admirer les salons de ces bateaux centenaires ou naviguer au gré des envies, les touristes et les résidents locaux repartent avec des images plein les yeux et le sentiment d’avoir voyagé au siècle passé, lorsque la machine à vapeur était l’apogée de la modernité. Grâce à CGN-Exclusive, le rêve de pouvoir disposer pendant quelques heures ou une journée d’un bateau Belle Epoque ou contemporain devient réalité. Grâce à la CGN, en le louant, il est possible d’offrir à ses invités une expérience privilégiée sur le lac Léman.

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Avec son chantier naval, le Groupe CGN possède un outil et une expertise uniques dans la région lémanique. CGNTechnique les met à disposition des particuliers qui souhaitent en bénéficier pour leur propre embarcation.

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Q L’offre CGN Mobilité correspond-elle aux besoins des pendulaires ? Qu’est-ce qui peut inciter un travailleur transfrontalier suisse ou français à prendre le bateau au lieu de sa voiture ? R CGN-Mobilité répond clairement à un besoin. Entre 2’200 et 2’500 personnes traversent le lac chaque jour dans le sens France-Suisse. Pourquoi empruntent-elles ce transport public ? Parce qu’il s’agit du moyen de transport le plus rapide, le plus économique et le plus écologique.

La CGN est une entreprise semi-publique prestataire de services. La contribution annuelle des cantons de Vaud, de Genève et du Valais, actionnaires majoritaires, ainsi que de la France, dépend de l’intensité de la desserte, du type de bateaux engagés et de la fréquentation. Q Pensez-vous que le développement de la région du Grand Genève soit un facteur positif pour votre groupe ? R Oui, le développement économique et démographique de la région du Grand Genève est clairement positif pour la CGN, aussi bien au niveau touristique que sur le plan de la mobilité. Q Vous avez lancé la rénovation du bateau l’ «Italie », pouvez-vous nous en expliquer le financement ? R La rénovation du bateau « Italie » peut être réalisée grâce à un partenariat entre fonds privés et publics. Sur les un peu plus de CHF 13 millions budgétés, dix millions viennent de donateurs privés et trois millions de l’Etat de Vaud. La remise en service de l’« Italie », jumeau du bateau Belle Epoque « Vevey », récemment rénové, permettra à la CGN de retrouver une flotte touristique suffisante et d’offrir à ses clients une ambiance Belle Epoque attractive sur l’ensemble du lac, y compris en hiver. R Que souhaitez-vous pour l’avenir de la CGN ? A Qu’elle continue à se développer et à s’adapter aux besoins du marché. Notre Compagnie doit toujours mieux répondre aux attentes de nos clients, sur le plan du confort, de la fréquence des horaires et de la qualité de la restauration.

On sait aujourd’hui que marcher régulièrement améliore l’état de santé général, la condition physique et l’esprit de chacun. Les 3e dimanches du mois, d’avril à octobre 2015, GenèveRando propose 16 visites guidées à thèmes originaux à qui se laisse guider. Réunissant des groupes d’une vingtaine de personnes, ces balades urbaines et thématiques, d’une durée de 2h, sont menées par des guides émérites et sont gratuites. Les parcours n’excèdent pas 4 km sauf pour la visite du 16 août « Sur la route de Saint-Jacques-deCompostelle (5h/12km) ».

B

on pied, bon œil, les dimanches à pied 2015 sont organisés par GenèveRando. « La marche n’est-elle pas le meilleur remède pour l’homme » disait Hippocrate, il y a près de 2000 ans.

Information Programme et inscription sur www.dimancheapied.ch Email : dimancheapied@geneverando.ch

le Club Soroptimist GenèveFondateur mène une campagne en faveur des femmes du Cœur des Grottes.

D

epuis 4 ans, chaque année, les Clubs Soroptimist de toute la Suisse organisent la Journée des Tulipes pour soutenir un projet solidaire des femmes. A Genève, le Club Soroptimist Genève-Fondateur s’est donné comme but de lever des fonds pour aider de jeunes femmes migrantes à acquérir une formation et à devenir économiquement indépendantes. Cette année, l’action était destinée à financer la formation professionnelle d’une pensionnaire du foyer ‘’Au Cœur des Grottes’’, confrontée à une situation de précarité. Au coeur du programme de ce foyer: accueillir une trentaine de femmes, seules ou avec enfants, victimes de

violence (violence conjugale, trafic d’êtres humains, …) ou de difficultés familiales, et les aider à se réinsérer dans la société. Avec cette action, qui précédait de peu le 8 mars, journée de la Femme, le club Soroptimist Genève-Fondateur a souhaité attirer l’attention sur le Soroptimist International, la plus vaste ONG féminine de clubs-service, comptant près de 100.000 membres répartis dans 3000 clubs et 130 pays, et sur ses engagements en faveur de l’éducation, de l’indépendance financière et de la santé des femmes.

Un engagement pour que les femmes vivent dans un monde meilleur… Soroptimist : du latin soror optima, femmes pour un monde meilleur

Information soroptimistgeneve-fondateur.ch

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Sans oublier qu’il permet d’éviter d’engorger un peu plus les autres voies d’accès de la région.

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Technologie Yalda Racordon

Par

Auteur

TAG Heuer, Google et Intel annoncent leur collaboration sur une montre suisse connectée

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Ce partenariat a été rendu officiel à l’occasion du Baselworld, lors d’une conférence de presse tenue le jeudi 19 mars sur le stand TAG Heuer. Jean-Claude Biver, président de la division Montres du groupe LVMH et PDG de TAG Heuer, David Singleton, directeur de l’ingénierie pour Android Wear, et Michael Bell, vice-président et directeur général du New Devices Group d’Intel, étaient présents sur scène pour cette annonce.

g a g n a n t porteur d’un potentiel énorme pour nos trois entreprises », déclare JeanClaude Biver.

Les trois entreprises vont créer ensemble un produit de luxe pleinement connecté à la vie quotidienne de son utilisateur, qui combinera l’innovation, la créativité et le design de la Silicon Valley, en Californie, et de la Watch Valley autour de La Chaux-de-Fonds, en Suisse.

Guy Sémon, directeur général de TAG Heuer, ajoute : « La qualité des montre suisses est renommée dans le monde entier. Cette qualité, alliée aux technologies créatives et aux possibilités globales d’Intel et Google, qu’illustrent la plateforme Android Wear et les technologies Intel, va permettre une véritable révolution technologique au sein de notre industrie. Je suis fier d’en être un pionnier aujourd’hui avec TAG Heuer. »

« L’alliance du savoir-faire suisse et de la maîtrise technologique propre à la Silicon Valley nous permet de marier innovation technologique et expertise horlogère. Notre collaboration va permettre de nombreuses synergies, et constitue un véritable partenariat gagnant-

David Singleton note : « En fusionnant la beauté et la technologie, les montres suisses ont su inspirer des générations d’artistes et ingénieurs, y compris chez nous, au sein de Google. Nous sommes aujourd’hui ravis de pouvoir collaborer avec TAG Heuer et Intel pour apporter ce mélange unique d’émotion et d’innovation au marché du luxe. Ensemble, grâce à la plateforme Android Wear, nous pouvons imaginer des montres plus belles et plus intelligentes. » « Intel travaille sans relâche pour permettre des expériences technologiques proposant toujours plus de valeur ajoutée aux utilisateurs ; nous avons la certitude que cette approche collective permettra d’inspirer de nouvelles innovations dans le domaine des technologies wearable. Cette collaboration avec TAG Heuer et Google nous permet d’avancer dans la réalisation de notre vision des technologies wearables, avec une montre connectée exceptionnelle qui permet d’élever la catégorie entière. », remarque Michael Bell.

Signalétique Impression numérique Gravure Panneau de chantier Graphisme www.rubinpublicite.ch info@rubinpublicite.ch www.yanrubin.ch info@yanrubin.ch

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TAG Heuer, Google et Intel ont annoncé un partenariat pour le lancement d’une montre connectée propulsée par la technologie Intel et par Android Wear. Cet effort commun marque une nouvelle ère de collaboration entre les fabricants de montres suisses et la Silicon Valley, qui permettra de combiner les expertises respectives de chaque entreprise dans le domaine des montres de luxe, du software et du hardware.

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Publi-reportage

Genevois et créateur horloger montres assemblées à Genève. Avec une montre Decarli, vous avez l’assurance de posséder un produit dans les plus hauts standards de l’horlogerie Suisse, telle qu’elle l’était autrefois.

Concours photo Amis lecteurs, amis instagramers du dimanche et facebookers, ce message est pour vous : Grand Genève Magazine lance son premier concours photo ! venez à notre rencontre lors du Salon du livre et de la Presse qui a lieu du 29 avril au 3 mai à Balexert ! Vous pouvez participer à notre concours photo et gagner 1 montre gousset forme papillon du jeune créateur genevois David De Oliveira. Partagez vos selfies avec le hashtag : #JelisleGrandGenèveMagazine sur Facebook et Instagram et suivez nos pages. À vos clics.

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N

ée en septembre 2014, l’entreprise 2DO est incarnée par son créateur David De Oliveira. En 2015, il décida de rendre hommage à sa grandmere Elizabeth, décédée en janvier 2006, en donnant naissance à la marque Decarli, du nom de celle qui lui transmit son amour pour l’horlogerie. 2DO a pour ambition de faire partie des maîtres du temps. La marque Decarli a d’ores et déjà donné naissance à des phases de lune et des chronographes qui n’ont rien à envier aux géants de l’horlogerie suisse. Les montres Decarli sont des produits exclusifs, de haute qualité. Un travail épuré dans les règles de la tradition horlogère. Avec des pièces fabriquées en Suisse et des

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INTERVIEW Hilda Lindenmeyer

Par

Rédactrice en chef

Interview

de

Ahmed Benani

Q Pouvez-vous vous présenter ? R Je suis issu d’une famille de nationalistes arabes du Maroc. Mon père, théologien et notaire de métier, fut ma première influence politique. Il appartenait au 1er parti marocain à revendiquer l’indépendance (1956) sur la base d’un mot d’ordre central « monarchie constitutionnelle », en d’autres termes « en rupture avec toutes les formes d’absolutisme ». Conscient du retard du système éducatif marocain et malgré trois ans de détention sous régime colonialiste, il insista auprès de ses amis français anticolonialistes afin que ses enfants soient admis dans une école française. On disait de moi que j’étais un brillant élève et l’on m’envoya à Bordeaux pour passer le baccalauréat et puis grâce à mes liens particuliers avec la Suisse, j’ai effectué mon cycle académique à Lausanne où j’ai obtenu ma licence en 1972 ainsi qu’un doctorat en 1983. Entretemps, avant la soutenance de ma thèse, j’ai travaillé pour le HCR (Haut Commissariat des NationsUnies pour les Réfugiés, UNHCR). En 1978, ma première mission consistait à porter secours aux émigrés appelés à l’époque « boat-people » en Indonésie et dans d’autres pays du Sud-Est asiatique. Puis, je fus muté en Somalie – Éthiopie- où 4 millions d’exilés attendaient l’aide hu-

manitaire, suivi du Cameroun après la guerre du Tchad en 1982. Fort de ces expériences, de retour à Genève en 1981, avec mon ami Kofi Annan, nous avons tenté de mettre sur pied la première « conférence internationale sur les réfugiés d’Afrique » (CIARA). Le concept reposait sur l’idée d’un système de protection des poulations déplacées et des investissements multisectoriels pour rendre les réfugiés auto-suffisants voire les naturaliser par le pays d’accueil (50’000 en Tanzanie). Le projet estimé à 280 millions de dollars n’a pas vu le jour, car les gouvernements, pourtant engagés initialement, se sont désistés. Déçu par le cynisme onusien, je me suis tourné vers l’enseignement. D’abord, en tant qu’assistant à la faculté des Sciences Sociales et Politiques de Lausanne, puis chargé de cours post-grade (UNIL et UNIGE) de sociologie religieuse. Parallèlement, à la demande du département de l’instruction publique (VD), j’ai mis sur pied la discipline Histoire et Sciences des religions à l’intention des élèves de baccalauréat des gymnases vaudois. J’ai poursuivi ma carrière au gymnase de Chamblandes et à l’ université de Genève et Lausanne jusqu’à la retraite.

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Après les attentats qui ont frappé la France et le Danemark, nous nous sommes interrogés sur l’islam, la laïcité, la place du religieux au sein de la société. À la recherche d’explications à contre-courant du discours communautariste, nous sommes allés à la rencontre d’un intellectuel audacieux : Ahmed Benani, professeur d’histoire, chargé d’un cours sur « L’islam dans l’espace européen » à l’Université de Lausanne et de Genève (DESS-MAMMC) et de Formation Continue (UNIGE) et coauteur (avec Mondher Kilani, ouvrage collectif) « Islam et changement social 1998 ». Il nous a accueillis chez lui à Lausanne, avec sincérité, modestie et intelligence, il a tenté de répondre aux questions complexes liées à l’islam en Europe, en France et en Suisse. Plus qu’une interview, il nous livre une analyse lucide et sans complaisance, cependant pleine d’espoir.

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Q Érivain, historien, professeur, humanitaire, anthropologue , qui est Ahmed Benani ? R Je me définis en deux mots : politologue et anthropologue des religions. J’ai publié de très nombreux articles et ouvrages, une thèse de doctorat « La formation sociale marocaine de la fin du XIXe siècle à la Marche Verte, 1975 (éditions Piantanida, 1983- Lausanne) et coécrit un livre intitulé « Islam et changement social». Je me dis parfois que nous avons anticipé sur les faits historiques ; j’étais l’invité régulier de l’émission de télévision : « Dieu sait quoi » ; durant 12 émissions -les thèmes récurrents aujourd’hui - nous avons tenté de répondre à des questions comme : faut-il avoir peur de l’islam ? Et cela à la veille du 11 Septembre 2001.

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Q Est-il possible de les revisionner ? R Je les diffuse sur YouTube, je vous conseille en outre de lire les articles que j’ai mis à disposition sur Facebook. Je vous recommande aussi la lecture de : Olivier Roy « L’Islam mondialisé », Rachid Benzine, Malek Chebel créateur de l’expression « l’islam des Lumières », Abdelwahab Meddeb « la maladie de l’islam », « sortir de la malédiction », Hélé Béji, « l’Imposture culturelle », et avant eux Mohamed Arkoun pour : « L’impensé dans l’islam contemporain » .

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Q Que pensez-vous de la réforme de l’islam ? R Si réforme de l’islam il y a et il y aura- j’en suis persuadé-, cela viendra de l’extérieur. Pour comprendre ce que j’annonce, je dois vous donner trois éléments comme prémisses. Je considère que nous devons tenir compte d’un Islam implanté, d’un Islam transplanté ainsi que du phénomène de la mondialisation de l’Islam : déterritorialisation. Je distingue l’Islam européen ou l’Islam implanté (turc, balkanique, tchétchène) de celui des populations immigrées. Il s’agit d’une partie de l’Europe où vivent des musulmans européens, ces derniers n’appartenant pas

au monde arabo-musulman en tant que tel. La majorité des Suisses de confession musulmane en est notamment originaire. Quant à l’Islam transplanté, il est issu de l’immigration. Avec le plan Marshall - la reconstruction de l’Europe après la guerre et dès 1957-, il a fallu faire appel à une main-d’oeuvre bon marché. Alors, l’Europe s’est tournée vers l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest et elle a fait venir des personnes vivant leur croyance d’une façon « populaire ». C’est en France, en Belgique ou en Allemagne, pour ne citer que les pays les plus importants, qu’elles rencontrent les autres expressions des islams (rites, langues, pratiques, etc.,).

sous quelque angle que l’on considère cette problématique, elle s’inscrit dorénavant dans le phénomène de la mondialisation. Pour répondre à votre question initiale, en ce qui concerne l’islam, il est en train de connaître, au-delà des «phobies», refus de l’altérité, xénophobie et spectaculairement de profondes mutations. Il est soumis impérativement et activement à une réforme. Compte tenu de la censure et de la répression en vigueur dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, la réforme ne pourra venir que des pays où la liberté de penser , la liberté d’expression, la liberté de conscience sont garanties.

Q « Des Islams », pouvez-vous nous éclairer ? R J’insiste sur ce pluriel des Islams. Je prends le cas d’un Marocain arrivé en France dans les années 60. Il vivait sa foi à sa manière et en France, il s’aperçoit que la perception religieuse du Sénégalais, Mauritanien, Pakistanais, Iranien diffèrent des siennes. Voici sa première découverte : la diversité de l’Islam et sa pratique du religieux en fonction de sa bigarrure ethno-culturelle.

Q L’islam est-il compatible avec la laïcité, le sécularisme et la démocratie ? R Y a-t-il incompatibilité ou compatibilité entre les valeurs démocratiques universelles, la sécularité et le monde musulman ? Il s’agit d’une question, je le confesse, avec d’un côté un aspect idiot, voire simpliste ; et de l’autre côté, quelque chose de fondamental. Idiot, car il faudrait récuser, par exemple, la théorie de Rousseau : «L’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt». Croire que par essence, c.-à-d. génétiquement (si on prend les termes biologiques), cette religion qui a beaucoup emprunté aux deux autres monothéismes soit fondamentalement contre les valeurs démocratiques et humaines s’avère une absurdité. D’ailleurs, le Coran ne le confirme absolument pas, en revanche les islamophobes tout comme les intégristes ou fondamentalistes tombent facilement dans cette théorie. De surcroît, je dis que l’islam doit changer intérieurement. Pour cela il faut accepter l’holocauste en tant qu’une réalité historique et non un complot, reconnaître que l’assassinat des journalistes de «Charlie hebdo» est totalement injustifié et en tout cas pas religieusement justifiable, repenser le droit de la femme, etc. In fine, la pensée doit triompher des sujets tabous. Ainsi, on est obligé d’admettre que l’islam est susceptible non seulement de se réformer, mais qu’il est impérativement condamné à se réformer : soit il évolue, soit il disparaît. Q Dans combien temps ce changement que vous pressentez va-t-il s’opérer ? R Le printemps arabe a rompu la culture de la peur et a déclenché la remise en question de la légitimité du pouvoir religieux ainsi que celle du patriarcat. Je suis le débat dans le monde arabe, à travers la presse, la télévision et les réseaux sociaux. Si vous prenez en considération tous ces éléments-là, vous remarquez qu’on est en train de vivre une une véritable rt nouvelle évolution, mais hélas! Cela n’obéit pas à nos espérances en termes d’urgence.

Q Qu’entendez-vous par « sa pratique » ? R Prenons l’exemple des mutilations sexuelles : l’excision de la femme. Notre immigré marocain observe cette pratique anté islamiste, inconnue en Afrique du Nord, en France auprès des immigrés égyptiens et africains. Et en même temps, il note l’existence des autres monothéismes : du judaïsme (qu’il connaissait un peu, car il y a une communauté juive au Maroc, la plus importante du monde arabe jusqu’au milieu des années 60), du christianisme, des croyants pratiquants, des croyants non pratiquants, et les incroyants : athées et agnostiques. Il entend parler de la laïcité, un terme inexistant dans son pays d’origine. Pour lui tout se résumait en cette formule quasi incantatoire : « Al islam din wa dawla », cela vaut dire : l’islam est religion du monde, l’islam est religion et l’État. Finalement, il faut tenir compte du phénomène de la mondialisation de l’Islam. Plusieurs événements historiques dont principalement : la révolution islamique Iranienne (1979), la question de l’Irak (la première et la Seconde Guerre), le 11 septembre, l’Afghanistan, la question de Palestine évidemment, le printemps arabe ont entraîné dans leur sillage des bouleversements géostratégiques. Dès lors, parmi les musulmans on observe de nouveaux débats et de nouvelles orientations, mais aussi des solidarités primaires (pas au sens négatif) et des convenances de proximité avec ce que nous appelons « les nouvelles victimes de l’Occident ». Quoi qu’il en soit et

On aimerait bien que cela aille plus vite ; comme il faut un certain temps à quelqu’un qui a subi un grave accident de voiture pour se rétablir, il faut du temps à l’islam pour qu’il connaisse sa mue. Nous sommes dans cette phase de la reconstruction qui va nous amener à la rémission et qui va nous permettre d’assumer ensemble notre responsabilité citoyenne. Les jeunes de l’islam transplanté ou implanté sont entrés dans cette phase cruciale du collectif décrété ( commanderie des croyants,communauté des croyants, DAESH, E.I) à celle de la naissance incontournable de l’individu-citoyen et les femmes (autre paradoxe qui mériterait un autre développement théorique et historique) sont à l’avant-garde de ce combat. Ahmed Benani, mars 2015. Grand Genève Magazine • N° 4 / 2015

Q Un mot sur la matière destinée aux gymnasiens ? Pourrait-elle inspirer les Genevois ou les Français ? R Le programme que j’ai établi avec la commission pluridisciplinaire que je présidais, portait sur l’histoire des religions – des cultes de l’antiquité jusqu’aux sectes d’aujourd’hui -. Cette filière a rencontré un très grand succès. Les élèves se sont inscrits en masse à ce cours à option. À mon avis, il ne faut pas confier ce type d’enseignement au clergé, mais à des anthropologues ou des sociologues. J’accorde une place très importante au rôle de l’éducation et à la société civile.

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Evénement

Chronique litéraire Marc Alpozzo

Par

Ecrivain et critique

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our son édition 2015, le Salon du livre et de la presse de Genève ajoute de nouvelles scènes thématiques consacrées à la philosophie et la formation. « La Fabrique » propose un espace interactif inédit où le public pourra écrire et réfléchir à l’écriture. Qu’aimez-vous lire ? Des polars ? Des essais ? Des livres de voyage ? Au Salon du livre, entre la place suisse, l’Apostrophe, la place du Moi, le Salon africain, le Pavillon des cultures arabes, la scène du crime, la scène du voyage, la scène de la BD, la place de la philosophie et la place de la formation, vous trouverez à coup sûr votre bonheur. Chacune des dix scènes thématiques propose une librairie riche de plusieurs milliers de titres ainsi qu’un espace dédié aux débats et aux échanges entre auteurs et public. Au total, quelque 800 maisons d’édition seront présentes ou représentées et plus de 800 écrivains se rendront à Palexpo pour des dédicaces, des conférences ou des débats. En cinq jours, le Salon offrira ainsi plus de 2000 animations, rencontres, entretiens, visites guidées ou visites de classes. Dans un chaos organisé, tout devient support à l’écriture : cahiers, parois, affiches. Auteurs invités et visiteurs écrivent sans distinction et font l’expérience d’une nouvelle interaction : vous êtes bien à « la Fabrique ». Cet espace a vocation d’inviter chacun et chacune à la création littéraire, quel que soit son âge, ses capacités

d’écriture ou le temps dont il ou elle dispose. Une « cage à écrivain » accueillera des auteurs qui s’y enfermeront à tour de rôle afin de rédiger un texte dont l’avancement sera retransmis sur un écran. Cinq containers proposeront chacun une activité créatrice ouverte à tous : écrivez une histoire en six mots, dites en quelques phrases quel a été le plus beau jour de votre vie, révélez anonymement votre côté sombre, utilisez les webcams proposées pour prendre un selfie, imprimezle et écrivez une micro biographie en surimpression ou faites la liste des dix livres qui vous ont le plus marqué, de ce brouhaha festif d’écritures ajoute une dimension de happening inédite au Salon. Rendez-vous du 29 avril au 3 mai au 29e salon du livre et de la presse de Genève.

Infos pratiques : Salon du livre et de la presse de Genève, du 29 avril au 3 mai 2015 à Palexpo Tous les jours de 9h30 à 19h00, vendredi nocturne jusqu’à 21h30. L’entrée du Salon est gratuite le mercredi 29 avril, le vendredi 1er mai à partir de 17h ainsi que pour les jeunes de moins de 26 ans. www.salondulivre.ch

Gagner 2 invitations avec Grand Genève Magazoine 100 premirs, recevront 2 entrées gratuites pour le Salon www.grandgenevemagazine.ch/concours

Alessandro Mercuri, le dossier Alvin L’auteur de Kafka Cola et Peeping Tom, Alessandro Mercuri monte le dossier Alvin en suivant respectueusement le journal de bord du submersible. Alessandro Mercuri, Le dossier Alvin, Enquête, archives, photographies, 23X 17 cm, 176 pages, Re : Pacific, 2014.

Au commencement Hollywood. La projection du film de Kubrick Dr Strangelove. Ou plutôt la tentative de projection du film de Kubrick, car tout est annulé au dernier moment, un drame vient de survenir : la mort de Kennedy. En pleine guerre froide, nait Alvin, de son vrai nom Alvin DSV-2. C’est un submersible de la U.S. Navy, la marine de guerre des États-Unis. Durant son existence, l’engin effectuera près de 5000 plongées sous-marines, au large d’îles mystérieuses et paradisiaques, mer de corail et d’azur, aux plus obscures, infernales et glaciales profondeurs. Agrémentée d’archives et de photographies, cette enquête au cœur d’un mystère des profondeurs, l’histoire d’un submersible employé dans le cadre des missions sous-marines secrètes des services de renseignements américains, Alessandro Mercuri manie, détourne, construit une vérité autre, comme les espions manipulent l’information ; il raconte une fiction à partir d’une réalité, – mais quelle est-elle cette réalité ? La réalité n’est-elle pas une fiction comme les autres ? Un pur produit de l’entertainement américain ? A partir d’archives déclassifiées, de documents et de photographies, Alessandro Mercuri compose un « Wikileak poétique-fictionnel », récit diffracté à l’ère d’Internet où s’entremêlent sans discrimination discours scientifiques et théories complotistes, mythes et mythomanies, créatures réelles et imaginaires, eaux troubles et eau salée. D’où les références nombreuses

dans tout l’ouvrage à Dr. Strangelove, l’assassinat de Kennedy, les îles Bikini, Alvin en Espagne, Argus Island, les sirènes, les Village People, la psyché, les hippocampes, les créatures extrêmophiles, les extraterrestres, la Guerre Froide, le Titanic, le Galathée Yeti, Ovide, Euripide, Andromaque, Cervantes, Galatée, Pygmalion, un lac sous-marin du golfe du Mexique, Du côté de chez Swann, We all live in a yellow submarine, Assange et Snowden, et le célèbre et génialissime That’s All Folks des cartoons américains. L’Histoire, selon les mots de Duchamp que Mercuri place en épigraphe de son livre, est une autre histoire. C’est l’histoire d’un récit, d’une fable, la fable de l’humanité, faite d’imaginaire et de fantasmes ; une histoire structurante, un récit collectif que nous avons l’habitude de nous raconter avant de nous endormir. Cette formidable aventure d’un sous-marin de l’armée américaine est l’histoire d’une plongée dans les profondeurs de la psyché humaine. De ses rêves; de ses fantômes ; de ses peurs ; de ses joies ; de ses fulgurances à se raconter des récits imaginaires. L’Histoire n’est alors qu’une belle fable qui nous permet de donner du sens. Refermant ce livre, si l’on suit bien l’esprit de l’auteur, tout ce qu’on peut alors dire à propos de l’Histoire de l’humanité, c’est une seule phrase, plagiée sur une formule anglo-saxonne : this is only entertainement !

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Salon du livre et de la presse 2015 Une dimension inédite

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Marc Alpozzo

Par

Ecrivain et critique

Etty Hillesum, derrière les barbelés la grâce

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e journal bouleversé de la lumineuse Etty Hillesum est demeuré inachevé. L’écrivain Olympia Alberti se propose, avec ce roman, d’imaginer les pages manquantes du journal de la jeune femme juive morte à Auschwitz en 1943 à l’âge de 29 ans. Elle en imagine le cheminement extraordinaire, elle reconstitue le parcours passionné de cet esprit éclairé, n’aspirant, par son écriture, qu’à se rapprocher de Dieu. C’est le journal bouleversant et bouleversé d’une sensibilité attentive à la beauté du monde, acceptant d’être dévastée par l’amour, « à en vivre chaque épiphanie », amie de l’humanité, qui écrit au fil de ces pages lumineuses, son évolution spirituelle, dans un Amsterdam troublé. C’est également l’histoire d’un apprentissage. C’est l’histoire d’une déclaration d’amour à Dieu et aux hommes, malgré les événements. Malgré la haine et le crime institutionnalisé. « Refuser de voir le monde comme une absurdité, mais le regarder avec d’autres yeux, davantage tournés vers le non apparent, qui n’est pas forcément invisible », écrit Olympia Alberti, imaginant les pensées de cette jeune femme aspirant à la paix et la bonté dans un monde de guerre et d’exclusion. Avec un talent certain Olympia Alberti ressuscite l’écriture de ce cœur pur, tentant, à chaque page, à chaque ligne d’accéder à la connaissance par une ouverture de la conscience ; de se mettre à l’écoute de

sa vérité intérieure ; de secouer ses racines. Olympia Alberti restitue bien le combat sans relâche de cette jeune sainte, contre le nazisme et son refus de la vie, l’«abominable refus du divin, (la) détestation de toutes les formes, même les plus petites, de l’amour. » Etty Hillesum c’est l’histoire d’un cheminement intérieur. C’est l’histoire d’une allégresse, d’une recherche de l’équilibre et de la paix. Par un travail méthodique de reconstruction de l’écriture tâtonnante à la recherche de la lumière de l’amour de Dieu, Olympia Alberti nous montre la transformation d’une âme, son épanouissement par l’effort et l’exercice de la volonté. « Il y a cette certitude en moi, à côté des vertiges soudains, des anxiétés poignantes, oui, il y a cette certitude plus forte que mes errances, que je dois transmuer en moi des énergies de doute et de faiblesse en sérénité, en force, en pardon. Une vie n’y suffit pas, je le sais, mais je dois m’y appliquer, parce que l’amour dans l’âme, l’amour absolu que rien ne détruit est à ce prix, d’application, d’efforts, et de don de soi à cette tâche. C’est notre seul devoir. » Tout le cheminement spirituel de cette belle âme est dans ces quelques phrases exprimé avec une clarté et une justesse que je ne peux que saluer.

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Le journal d’Etty Hillesum est un journal bouleversé, bouleversant, qui laisse à son lecteur une trace sans aucune commune mesure. Laissé inachevé au moment de sa déportation, Olympia Alberti imagine ce qu’Etty aurait pu écrire durant ces quelques mois derrière les barbelés.

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Marc Alpozzo

Par

Ecrivain et critique

Le dernier roman Soumission de Michel Houellebecq est un récit crépusculaire et halluciné, le plus sombre de sa carrière, une sorte de roman catastrophe sur fond de suicide européen, et de guerre des mondes.

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rançois, le narrateur, est un professeur d’université quarantenaire, spécialiste de Huysmans, contemplant placidement la vie défiler devant ses yeux. Sa foi en l’existence est profondément altérée par une vision acerbe de nos sociétés occidentales et socio-démocrates. Nous sommes en 2022, et la France se réforme, sur fond de crise politique. L’UMP est au bord de la désintégration, le PS en mauvaise posture et, face à la menace qui rôde, les voilà contraints de s’habituer « à l’idée de gouverner ensemble », et de s’unir au parti musulman pour contrer le Front National. Dernier sursaut républicain et antifasciste. Le pays est au bord du chaos politique et, face aux leaders politiques traditionnels sans vision historique, le leader du parti musulman est porteur d’un projet novateur pour un pays proche de l’asphyxie politique. Sans oser changer un détail de la mécanique bien huilée de son système, Houellebecq rejoue dans ce nouveau roman, ce qui a fait son succès : dépression du narrateur, Photo : Philippe Matsas © Flammarion dépôt de bilan d’une Europe morte

À propos de Marc Alpozzo

M

arc Alpozzo est né en 1969 à New York. Professeur de philosophie durant de nombreuses années dans le sud de la France, il est l’auteur de deux recueils de textes critiques La Part de l’ombre (Marie Delarbre, 2010) et Les Âmes sentinelles (Le littéraire, 2011), et d’un livre de philosophie Seuls. Eloge de la rencontre (Les Belles Lettres, 2014), et d’un récit autobiographique Le Saut Nijinski, Journal d’un éveil (à paraître aux éditions Regard & Voir, en juin 2015). ainsi que de plusieurs dizaines d’articles publiés dans diverses revues spécialisées. Depuis 2005, il anime un blog philosophique et critique L’ORéPO (Ouvroir de réflexions potentielles). Et il habite aujourd’hui entre la France et le Luxembourg.

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Michel Houellebecq, un roman halluciné

née, constat d’échec généralisé, petites réflexions misogynes. Chaque roman de Houellebecq respecte à la lettre la recette qui a fait ses preuves. C’est une annonce renouvelée et définitive de la fin du monde. Une littérature catastrophe, sans concession et sans psychologisme. Une étude sociologique froide et sans appel de nos sociétés capitalistes libérales de ces cinquante dernières années ; une peinture au vitriol de nos petites lâchetés, de nos petites bassesses, de nos vices. Le style de Houellebecq reste également inchangé : absence de qualité particulière, de nombreuses facilités, des techniques journalistiques, ainsi que beaucoup de didactisme, et un réalisme forcené. Tout est là mis au service de son subjectivisme maladif, et de sa misanthropie. Néanmoins, nous ne pouvons le nier, ce qui fait l’intérêt de chacun de ses romans, c’est qu’aucun autre écrivain contemporain jusqu’ici, n’a osé approcher d’aussi près le mal de l’époque, n’a su décrire avec une telle justesse une période aussi troublée. En ce sens c’est une œuvre de la grande maladie de nos sociétés libérales, de la fin de l’Europe, du dernier homme. C’est une littérature de la mauvaise santé... C’est une littérature de la conscience malheureuse. C’est le miroir de notre chute finale, de notre trépas métaphysique, de notre trépas religieux, de notre trépas politique. Une littérature en forme d’inventaire avant fermeture définitive. Une littérature-miroir, sans appel, de la nostalgie mélancolique, qui regrette les temps anciens, les hautes valeurs, la grande morale, les mondes verticaux. Et si elle exaspère ça n’est pas seulement parce que c’est une littérature de la grande maladie occidentale, c’est parce que c’est une littérature malade, malade de ses peurs, de ses fièvres, de ses fantômes. Elle apparaît par conséquent comme l’ultime combat avant l’extinction finale, – et Soumission me semble en être l’expression la plus aboutie.

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Élodie Olson

Par

Responsable de rubrique “ Carré d’artiste”

C

e printemps, Genève rayonne d’énergie artistique. Venez à la rencontre d’une artiste peintre, d’une auteur(e), d’un directeur de théâtre, d’un groupe de rock et d’un jeune musicien-compositeur. Partagez leur inspiration en feuilletant ces quelques pages, et si vous souhaitez y ajouter la vôtre, n’hésitez pas à nous écrire... Par Élodie Olson

Catch Me If You Can : les jeux d’Aaron Kitone Dorure, faux marbre indigo, piano à queue : nous entrons dans le conservatoire par effraction. Une douce effraction, certes, si le jeune et confiant compositeur et interprète, Aaron Kitone, n’a fait que nous ouvrir la porte. Et pourtant.

jusqu’à la frontière du plagiat, mais reste dans le pays de l’inspiration. On est tenté de rester cynique, mais l’enthousiasme et la maîtrise technique du jeune musicien impressionnent.

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Il s’assoit au piano. La banquette crisse légèrement contre son pantalon slim en cuir noir. Il repousse les manches de sa chemise blanche, révélant un chaos adolescent de bracelets : coquillages, turquoise, fils colorés. Il effleure les touches.

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Q Une perle ? R Par exemple: un jour j’étais parti avec mon père de la Hongrie. En revenant dans notre Céleste décapotable, on passait la frontière Suisse à quatre heures du matin. Il neigeait abondamment, l’autoroute était abandonnée. On n’entendait que le bruit des roues dans la neige, dans ce silence noir. C’est un peu comme quand je pilote un avion, à 30 000 pieds, et qu’il n’y a rien autour de moi qu’un ciel de coton.’

Q Et la Suisse, dans tout ça ? R ‘C’est une terre natale, comme une évidence. Je rêve de partir en Amérique, en Russie, au Népal, mais depuis que je suis gosse, la Suisse c’est mon port d’attache.’ Q D’autres ambitions, pour le futur ? R Un grand sourire, à l’Américaine. Je rêve de créer ma propre compagnie de jet privé. Je suis sûr que dans le domaine de l’aviation, comme celui de la musique, on peut toujours non seulement innover, mais apporter quelque chose d’authentique.’ Il me regarde. ‘Je sais que ça peut paraître prétentieux,’ ajoute-t-il, ‘mais c’est un vieux rêve. Être authentique, être le plus simple possible, c’est ça la difficulté.’

Q Comment êtes-vous arrivé dans le monde de la composition ? R Douze ans de musique classique lancent sa carrière. Dès quatre ans, il entame la découverte des 52 blanches et 36 noires. Du talent mais peu d’enthousiasme : il prend une pause de cinq ans. Avant la redécouverte – comme une révélation – de l’instrument. ‘J’avais quatorze ans. J’ai posé mes mains sur un piano, et ce piano m’a inspiré.’ Il s’explique. ‘L’élément déclencheur, c’est le piano lui-même. Je suis incapable de jouer sur un piano qui ne m’inspire pas. Je cherche un son différent, authentique. Q Votre instrument préféré jusqu’ici ? R ‘‘Un Bösendorffer des années ’70,’ répond-il sans hésitation.

Ses compositions rappellent, emmêlent, célèbrent Debussy, Rachmaninov, Chopin. Elles foisonnent d’arpèges, de gammes chromatiques, d’émotions – l’écho va Q Aaron Kitone se voudrait-il donc Romantique, avec un grand ‘R.’ ? R La composition, c’est un état d’esprit, c’est génétique. J’ai les émotions à fleur de peau. Je suis inspiré par un regard, un parfum, par la présence d’une femme.

montre une vidéo sur son téléphone: des gouttes d’eau cristallines au ralenti, reliées par des filaments comme des synapses. ‘C’est ça, le mécanisme de l’émotion. Il en ressort, parfois, une perle.

Q Comment transformer ceci en musique, concrètement ? R Comment expliquer l’inqualifiable? C’est comme si on prenait chaque émotion, l’amour, la haine, le dégoût, dans sa main. Comme des petites bulles de verre. On en touche une; tout se mécanise, tout se déploie.’ Il me

L’esprit retro exerce clairement une grande influence sur lui. Veste d’aviateur en cuir, mèches blondes de crooner américain, pins de James Dean. Je me demande si le concept d’hantologie lui est familier – l’idée de Derrida d’un présent transformé par les traces du passé ; l’économie culturelle par défaut du hipster. Peu importe : quel mal, après tout, à se créer un personnage ?

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Carré d’artistes

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Calcination 120x160cm, octobre 2014, acrylique sur toile. R Mon plus grand format, sur lequel j’ai laissé aller mon élan exprimer toutes mes émotions du moment. En résulte une ambiance un peu mystérieuse entre chaleur et explosion, joie et terreur, où profondeur des ténèbres et lumières du jour se retrouvent réunies.

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Q Comment êtes-vous arrivée dans le monde de l’art? R J’ai commencé à peindre il y a deux ans seulement. Rien ne me destinait spécialement à une carrière artistique, mais lors d’un long week-end pluvieux j’ai décidé sous l’impulsion d’un collègue, lui-même artiste, de m’essayer à la peinture acrylique. J’ai tout de suite apprécié les résultats, et je n’ai plus arrêté de peindre depuis. Une pièce de ma maison a maintenant été transformée en atelier et j’y passe le plus clair de mon temps libre.

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Q Quelles sont vos inspirations R Je m’inspire principalement de mes émotions et ressentis, mais aussi de la nature et des cinq éléments. J’aime mettre de l’énergie et du mouvement dans mes toiles, essayer de leur donner de la matière et du relief pour attirer l’oeil du spectateur et partager mon travail avec lui. Pour obtenir un résultat coloré et attractif qui représente assez bien mon côté dynamique et entreprenant, j’évite la monotonie et la routine: je privilégie plutôt les surprises, les changements d’orientation et de cap. Ma mère est également artiste à ses heures, c’est d’ailleurs une de mes motivations! Elle fait de l’aquarelle: nous avons d’ailleurs déjà eu l’occasion d’exposer ensemble. Q Y a-t-il des artistes en particulier que vous admirez? R J’aime bien les oeuvres de Jackson Pollock et Adrian Ludwig Richter, si l’on parle de peinture contemporaine et abstraite. En plus classique, Paul Cézanne, George Braque, Joan Miró... et aussi l’impressionnisme et le pointillisme en général. Q La région du Grand Genève a-t-elle une importance

Eclosion 100x80cm, août 2013, acrylique sur toile. R C’est mon premier grand format, duquel est né cette tendance jaillissante que l’on retrouve sur la plupart de mes grandes toiles, expression dans le cas précis du lancement de ma carrière d’artiste, révélation d’un élan inattendu et prometteur.

particulière pour vous? Eclosion 100x80cm, août 2013, ac R J’ai grandi à Genève, et toute ma famille y réside encore. Je travaille en ce moment à Nyon, et j’habite à Saint-Julien en Genevois. Je suis donc l’expression même du Grand Genève! Je suis très attachée à cette région et je crois au plus profond de moi-même que les trois dimensions (Genève, Vaud, France voisine) auraient un grand intérêt à collaborer. Cette région a un grand potentiel et il faut laisser chacune des parties en profiter et lui apporter ce qu’elle peut.

Pour contacter Véronique Girardin et voir d’autres oeuvres d’art: info@girARTdin.com www.girARTdin.com https://www.facebook.com/VeGeArt 00 À propos d’artiste

Au cours d’une enfance paisible à Onex, entourée de son frère Marc, de ses parents et grands-parents, elle développe ses facultés artistiques dans le domaine musical suivant des études de flûte à bec au conservatoire de musique de Genève. Elève brillante à l’école, elle s’adonne également au dessin pendant son temps libre, s’essayant à la bande dessinée notamment. Forte d’un héritage artistique transmis par plusieurs ancêtres peintres (Louis Dunki, Edouard Baud, François-Louis -Schmied) et au contact des pinceaux de sa maman, aquarelliste amateur, c’est tout naturellement que Véronique décide de se lancer à son tour dans l’art pictural. Dès ses premières toiles, elle développe son propre style, une acrylique abstraite privilégiant dynamisme, couleurs et originalité. Emotions, spontanéité, énergie, autant de caractéristiques qui transparaissent dans ses peintures, et qui représentent bien Véronique, sportive engagée dans le football depuis toute petite, qui aime se dépenser et profiter de la vie… partager ses ressentis à travers son art, communiquer ses émotions à son public, telles sont les aspirations de VéGé quand elle travaille dans son atelier installé dans sa chère maison familiale de Thairy.

Vous semblez être très impliqué dans la vie du théâtre. Comment êtes-vous arrivé dans ce milieu? C’est à l’âge de douze ans, à l’occasion d’une récitation en classe de français à Annemasse, que j’ai décidé de me consacrer au théâtre. Nous étions dans ma famille plutôt destinés à faire des mathématiques, mais en parallèle de mon bac, je suivais des cours d’art dramatique au conservatoire de Genève. J’ai intégré l’ESAD (Ecole Supérieure d’Art Dramatique) à Genève à 18 ans pour suivre une formation de comédien, sur les conseils de Jean-Louis Barrault. Depuis, j’ai eu l’occasion de jouer mais également d’assister les metteurs en scène Claude Stratz et André Engel, d’enseigner dans l’école qui m’avait formé, de mettre en scène au théâtre comme à l’opéra, en Suisse et en France. Depuis 2008 je dirige l’une des plus belles institutions théâtrales de Suisse : Le Théâtre de CarougeAtelier de Genève. Pourriez-vous donner une brève présentation du théâtre de Carouge et son parcours? Ce théâtre est né en 1958 avec à sa tête une équipe d’artistes composée, entre autres, de François Simon (le fils de Michel), Philippe Mentha, Louis Gaulis, etc. Ils avaient comme crédo de « revisiter » les classiques, tels que Shakespeare, Goldoni, Molière, Pirandello. Installés à Carouge, ils ont su conquérir le cœur des Carougeois, mais également imposer un théâtre d’art accessible à tous qui est devenu le théâtre populaire de toute une région. Rencontres, ateliers, concerts: votre théâtre semble privilégier l’interactif. D’où vient cet angle? A Carouge nous sommes présents tout au long de la préparation d’un spectacle : nous construisons les décors, les costumes, nous répétons, jouons dans nos deux salles (la salle Gérard Carrat de 135 places et la salle François Simon de 440 places) puis partons en tournée dans la francophonie. Ce sont nos productions qui sont garantes de la qualité de notre travail. Néanmoins, il me parait important d’accompagner les spectateurs et de proposer des activités autour des spectacles : c’est ludique et cela participe

à tisser des liens avec d’autres institutions comme des musées par exemple. J’aime le théâtre, qui a donné un sens à ma vie, et je me dois de faire partager cette passion au plus grand nombre. Y a-t-il un thème principal pour la programmation ‘15’16? Je ne cherche pas une ligne exclusive ou des thématiques spécifiques. C’est avant tout une question de rencontres. Entre une œuvre et un metteur en scène. C’est la diversité qui prime, avec comme fil conducteur la qualité d’un texte et le goût prononcé pour l’interprétation, la direction d’acteurs. Il n’y a pas d’esthétique estampillée Carouge, même si nous essayons d’entretenir les compétences des différents artisans qui travaillent à la préparation d’un spectacle. Quel est votre regard sur la région du Grand Genève? Carouge est à la croisée des chemins, entre la HauteSavoie et l’Ain et à deux pas de l’autoroute qui mène au Canton de Vaud. Le Grand Genève est donc très concret puisque nos spectateurs proviennent bien sûr de l’ensemble du Canton, mais également de pardelà les frontières. Et je suis la preuve par l’exemple, étant annemassien d’origine, que, quelle que soit son appellation, le Grand Genève n’est pas un concept mais une réalité objective et stimulante.

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A guichets fermés, septembre 2013, 40x50cm, acrylique sur toile. R Une foule colorée assistant à un match de football dans un stade plein. J’y exprime la dynamique des spectateurs enthousiastes, reflet de ma passion pour le football.

Interviewde Jean Liermier, directeur général du Théâtre de Carouge

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DAJE

Marie-José d’Astrée

inspiration gospel. C’est un beau mélange qu’ils nous offrent. Où peut-on les trouver? Daje adore la scène, des petites scènes de clubs aux événements privés et aux festivals. Jusqu’ici: le Chat Noir, Festevol, Festiv’, les Fêtes de Genève, Festiverbant, Pleinles-Watts Festival, Palladium, la Fête de l’Espoir. Bientôt: Montreux, et au-delà!

Les contacter: http://www.daje.ch/ https://www.facebook.com/daje.zic

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Daje, c’est qui? Un groupe dynamique Suisse au son pur et efficace, qui crée des compositions originales aux mélodies accrocheuses et aux textes touchants. Daje donne l’impression d’être une équipe motivée, formée de David (chant et guitare acoustique), Alain (basse), Luiz (guitares), Frank (batterie), Odile et Patricia (chœurs). Les choristes et le batteur, qui font partie de l’équipe depuis 2014, apportent une nouvelle énergie, une certaine ampleur au son.

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Qu’est-ce qu’ils offrent? Jusqu’ici, ils ont produit ensemble vingt-cinq compositions originales. D’abord, trois chansons en 2008, enregistrées sur un CD, Elle, en vente dans les Fnac de Suisse romande. Deux singles en 2009 et 2010: Du pareil au même et Zégoïste, qui connaissent le succès à la radio francophone. Enfin, un nouvel album, DAJE, qui sortira en automne 2014. L’énergie continue... Et leurs inspirations? La douceur de la chanson française, le côté coriace du rock, l’émotion plutôt folk – le tout rehaussé par une petite

M

arie-José d’Astrée se décrit comme un pur produit du grand Genève. Née à Thononles-Bains, elle a vécu dans le Chablais jusqu’à l’âge adulte. Elle a ensuite passé de nombreuses années dans la région parisienne puis à l’étranger : Nigeria, Arabie Saoudite, Angleterre et Etats Unis. Depuis une dizaine d’années, elle est formatrice dans une Organisation internationale genevoise et réside à PetitSaconnex. « C’est une véritable chance de vivre ici, dit-elle. Nous avons les charmes de la montagne aux portes de la ville, un contexte multiculturel exceptionnel et une offre en théâtres, cinémas, expos et loisirs que je n’ai vue nulle part ailleurs. À la vérité, quel que soit l’endroit où j’ai résidé dans le monde, j’ai toujours ressenti une pointe de nostalgie en pensant à « mon » lac ! » Son amour pour la région est d’ailleurs reflété dans son livre où elle relate avec humour quelques savoureuses situations de différences de perceptions transfrontalières.

D’un ton où le tragique le dispute au comique et à l’autodérision, une quinquagénaire nous fait partager les questionnements qui la saisissent à l’annonce du mariage de son fils et à son départ vers un autre continent. L’héroïne du livre de Marie-José d’Astrée nous invite à explorer les “charmes” des soirées entre célibataires, les arcanes d’un stage de « sexualité sacrée » ou encore les affres de consultations psy diverses et variées. On découvre également ses déambulations dans la Genève internationale ainsi que l’achat d’une robe de cocktail en taille non filiforme. Derrière l’apparente légèreté de certaines anecdotes, de nombreuses questions de société – généralement passées sous silence – sont abordées avec un brin d’impertinence. C’est toute une génération de femmes qui se retrouvera dans les crises de larmes et les éclats de rire de cette héroïne un peu perdue dans son rôle de « maman du marié ». En fin d’ouvrage, un petit « Guide de survie pour parents esseulés » vient apporter quelques recettes bien-être aux mère et aux pères brusquement confrontés à un « nid vide ».

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« Le nid vide, récit d’un mal de mère », Editions Favre

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Marcel Chombier

Par

retraité actif

La liturgie des blasés et autres gens peu amènes

D’une pierre deux coups

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© Harry Jerry Cow

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a fait des années que je n’ai pas mis les pieds en France. Pas que je n’aime pas ce pays, n’allez pas tout de suite imaginer des choses! J’y suis né, en France, alors j’y vais si je veux. Dans le Val-de-Loire, je suis né. A Moisy, précisément. Je sais, «Moisy, c’est tout moisi», très drôle, ça fait plus de 90 ans qu’on me fait la blague, merci bien. Je vous préviens, je n’ai pas d’humour, n’essayez pas. Je me suis donc levé de bonne heure, pour être parmi les premiers à me faire servir mon petit-déjeuner. Après 7 heures, c’est la ruée. Enfin, quand je dis «ruée», c’est plutôt un pénible encombrement dans les couloirs de la résidence provoqué par les béquilles qui s’enchevêtrent, les déambulateurs qui obstruent le passage, quand ce n’est pas un pensionnaire qui tombe à terre. Dans ce dernier cas, généralement, la cuisine est immédiatement avertie qu’il faudra servir un repas de moins à la collation de midi, et la direction s’empresse de communiquer à une famille dans l’attente qu’une chambre vient de se libérer. Après avoir englouti mon porridge, je suis remonté à ma chambre pour brosser mon dentier (les flocons d’avoine, c’est tenace) et me suis assuré que mon petit congélateur d’appoint était verrouillé. Dame! Ce serait ballot que le personnel d’entretien découvre ce que j’y détiens. D’autant que la Société Protectrice des Animaux n’a jamais rien pu prouver jusqu’à présent. Je mange ce que je veux, mais certaines mentalités ont de la peine encore à apprécier mes goûts culinaires. Je suis prêt. Ma casquette est vissée sur le crâne, ma canne est bien en main, France me voilà! Bon France voisine, pas le Val-de-Loire et ses châteaux non plus. Finalement, cette «France voisine», je la connais peu. Comme une voisine en fait. Je sais qu’elle n’est pas loin, qu’elle vit à peu près comme moi (à peu près, je dis bien!), et – de temps en temps – il m’arrive de l’espionner pour savoir ce qu’elle fait. Et comme une voisine, elle fait

souvent du bruit. Pour rien. Ou pour des choses que je ne comprends pas. Elle fait ce qu’elle veut, du moment que je peux faire ce que je veux. Le plus dur va être de trouver un moyen pour me rendre de l’autre côté de la frontière. Je suppose qu’un train ou un avion sont superflus; c’étaient pourtant les deux moyens que j’utilisais il y a fort longtemps pour me rendre au pays. Aujourd’hui il paraît que l’on accède par bus ou par tramway. Le progrès! Le progrès, c’est vite dit. Je finis par trouver un bus devant la gare. Son chauffeur me confirme aller à Annemasse. Visiblement, le bus comme son chauffeur sont sortis d’usine dans la deuxième moitié du XXème siècle. Je sors mon porte-monnaie (celui qui contient la monnaie étrangère quand je voyage). - Désolé, Monsieur, votre argent n’est plus valable! On n’accepte plus l’argent français depuis 2002! Bon ben en France, j’irai demain. J’y vais quand je veux. Je mange ce que je veux. Je fais ce que je veux. Je suis Marcel!

C’est la nocturne et c’est gratuit le vendredi 1er mai à partir de 17h au 29e salon du livre et de la presse de Genève qui se tiendra à Palexpo du 29 avril au 3 mai 2015.


FRONTALIERS

www.felix-creation.fr - Crédit photo : Fotolia - Mars 2015

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