BRASILIA - CHANDIGARH photographies de Stéphane Herbert

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photographies de StĂŠphane Herbert

Globe Vision


Aux pionniers de Brasília et de Chandigarh ainsi qu’aux photographes Mário Fontenelle, Ernst Scheidegger, Lucien Hervé, Marcel Gautherot, René Burri et autres messagers (go-betweens) qui contribuent à faire connaître ces deux villes uniques.

Commissaire de l’exposition : Carole Lenfant Coordination et scénographie : Djamel Derdiche Itinérance en Europe : Dalloula Haiouani Conception du catalogue : Globe Vision Ce catalogue est édité à l’occasion de l’exposition « Brasília | Chandigarh photographies de Stéphane Herbert » inaugurée en France dans l’église du site Le Corbusier de Firminy lors des Journées du Patrimoine 2010. Elle est présentée simultanément du 6 octobre 2010 au 7 novembre 2010 au Museu Nacional à Brasília, après avoir tourné en 2008-09 dans le réseau Alliance Française en Inde. Auditorium de l’église du site Le Corbusier de Firminy (Annexe du Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne) 17 septembre 2010 - 2 janvier 2011 Informations : 33 (0)4 77 61 08 72 www.sitelecorbusier.com


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“ Vous savez, c’est toujours la vie qui a raison, l’architecte qui a tort. ” Le Corbusier “Le développement scientifique et technologique n’est pas l’opposé de la nature, mais la nature elle-même, qui, à travers son état lucide, que nous sommes, révèle son côté caché, virtuel. ” Lucio Costa “ ... composer des synthèses toujours plus vastes ” Jean-Loup Herbert



Préface

D’un espace habité à l’image habitée Lorsque l’on s’intéresse à la photographie dite d’architecture, il s’avère que très souvent celle-ci s’inscrit dans une construction d’image où dominent la ligne, la forme, l’objet architectural. Paradoxalement, ceux qui habitent ces espaces photographiés y sont absents. Alors que l’architecture est conçue par l’humain pour l’humain, celui-ci tend à disparaître dans la photographie d’architecture pour laisser place à l’objet « image de constructions ». La perception architecturale que nous donne à voir le photographe Stéphane Herbert relève d’une démarche singulière : figurer la présence humaine au cœur de la cité, au plus près de la volonté des architectes qui ont œuvré sur les villes de Brasília et de Chandigarh. Ainsi, loin d’être une évidence, son travail renoue avec l’essence même de ces lieux : réalité d’une architecture ouverte où l’homme tient sa place et où l’espace animé de l’image croise l’espace construit qu’il représente. Des photographies de Stéphane Herbert, surgissent plusieurs résonances avec l’architecture. La première résonance réside dans une préoccupation commune, celle de créer un espace habité. La justesse des proportions représentées par le photographe s’ajoute à la vision fonctionnaliste de l’architecte. Autre résonance, peut-être à l’origine de toute réalisation : la création d’une image. L’architecte dessine son projet : une bi-dimensionnalité que perçoit et perpétue l’œil du photographe. Il est nécessaire de rappeler au travers du croquis ou du plan la tradition de faire figurer l’échelle humaine. Chère aux travaux de Le Corbusier, cette échelle permet de se projeter et de montrer, dans un avant-projet par exemple, que l’homme aura plaisir à occuper l’espace créé pour lui. Une fois cet espace réalisé, le photographe en devient le témoin. C’est précisément ce que nous laisse ressentir Stéphane Herbert par les attitudes des personnes présentes dans ses images, empreintes de plénitude, de méditation, de joie, de jeux, de pensées. Résonance encore, évoquée par une photographie d’architecture expérimentée qui accepte une architecture du vécu. Une véritable proposition d’un dialogue sur la création, dont l’échange porte sur les valeurs intrinsèques à l’inventivité artistique dont émanent poésie, forme, ombre, lumière... partition.

Carole Lenfant


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Genèses/Patrimoines

Souhaitée depuis l’indépendance du Brésil au XIXe siècle, Brasília est imaginée dans un mouvement d’intériorisation géographique du pays-continent. Toute l’audace du président Juscelino Kubitschek, la confiance lucide de l’urbaniste Lucio Costa, la poétique des courbes de l’architecte Oscar Niemeyer, et une remarquable dynamique toute brésilienne, seront nécessaires pour édifier à partir de 1956, cette ville exceptionnelle sur les terres vierges du plateau central. Si l’axe monumental se dote rapidement de puissants symboles architecturaux, le génie de Brasília repose sur les Ailes Résidentielles entièrement sur pilotis et immergées dans une végétation luxuriante comptant pas moins de 4 millions d’arbres. Brimée par 20 ans de dictature, cette ville fut pourtant classée dès 1987 au Patrimoine Mondial par l’Unesco. Brasília représente aujourd’hui une étape manifeste du projet de civilisation brésilienne. A Brasília, l’originalité des principes urbanistiques a engendré une nouvelle norme de classement. Les quatre différentes échelles (monumentale, résidentielle, grégaire, bucolique) sont prises en considération. C’est la volumétrie et les espaces libres qui doivent être respectés. Ainsi, à l’exception symbolique de la Cathédrale Métropolitaine et de la baraque de chantier du président Kubitschek, n’importe quel bâtiment pourrait être modifié, démoli et reconstruit dans la mesure où l’échelle est reconstituée. Les édifices publics de conception extraordinaire subiront seulement les restaurations nécessaires. Contrairement à la patrimonisation des villes anciennes, dont la rigueur fige chaque édifice dans le temps, Brasília est destinée à une remise à jour dans le respect des proportions initiales. C’est donc le « vide » qui est théoriquement protégé.

Dépouillement et dignité, Lucio Costa (chez lui en 1996), confiant dans le devenir de la capitale dont il fut l’urbaniste providentiel.


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Suite à la partition de l’Inde en 1947, Lahore, capitale historique de la vaste région du Penjab, devient pakistanaise. Soucieux de symboliser la modernité de l’Inde indépendante, le premier ministre Jawâharlâl Nehrû sollicite en 1950 l’architecte Le Corbusier pour construire une ville nouvelle devant les contreforts de l’Himalaya. L’apôtre de l’architecture moderne supervise pendant quinze ans la construction du majestueux complexe du Capitole ainsi que l’urbanisme général de la ville dont les principes de circulation et les conditions de nature concrétisent ses conceptions révolutionnaires. Souffrant d’une division administrative depuis 1966, Chandigarh est cependant une ville indienne au même titre que d’autres cités, dites traditionnelles, telles Fatehpur Sikri ou Jaipur qui furent planifiées aux XVIe et XVIIIe siècle. Point d’orgue de l’architecture du XXe siècle, elle s’inscrit dans l’histoire d’une des plus anciennes civilisations. La candidature de Chandigarh devrait rejoindre un projet de classement transnational fédérant plusieurs pays. Fait sans précédent, c’est l’œuvre d’un auteur dans son ensemble que l’Unesco pourrait classer au Patrimoine Mondial. La plupart des travaux de Le Corbusier sont aujourd’hui considérés comme autant de manifestes d’une pensée moderne. Ils ne témoignent pas uniquement d’une fulgurante créativité, mais préfigurent avec lucidité des solutions qui seront discutées en architecture et en urbanisme partout dans le monde. Cette production n’est pas liée à une culture locale mais possède intrinsèquement une visée universelle. Architecte, urbaniste, peintre, sculpteur, et plus secrètement poète, Le Corbusier a rêvé de Villes Radieuses. Combinant toute les facettes de son génie, Chandigarh est sa plus grandiose réalisation.

“Portrait de famille” : détail de la grande porte émail du Palais de l’Assemblée représentant l’équipe des bâtisseurs de la cité moderne indienne.


BRASÍLIA CHANDIGARH LUCIO COSTA LE CORBUSIER OSCAR NIEMEYER PIERRE JEANNERET BURLE MARX MAXWELL FRY & JANE DREW ATHOS BULCÃO BALKRISHNA DOSHI Et bien d’autres… Et bien d’autres…

Les anges rodent


Introduction

ALORS : Les ravages de la seconde guerre mondiale s’éloignaient, Les anciens fabricants d’explosif vendaient leur nitrate aux paysans, Les fabricants de chars, eux, s’étaient reconvertis dans les tracteurs, L’Atlantique était traversé par de grands paquebots, Il était question de construire un monde « machiniste » dans le partage des richesses produites, La décolonisation et l’émancipation des peuples s’amorçaient difficilement, Les réseaux électriques, téléphoniques, radiophoniques partaient à la conquête du monde, Les savoirs devenaient plus accessibles, Des poussées démocratiques s’opéraient ça et là, Les humains gouvernaient plus que la bourse… ……malgré les aléas… ……malgré les régressions… ……malgré les moments sombres… Brasília et Chandigarh s’édifiaient comme deux points de cristallisation : Cristallisation d’un optimisme créatif bousculant l’impossible… Cristallisation d’une ouverture politique (Kubitschek, Nehru)… Cristallisation des possibilités techniques, plastiques et poétiques des « techniques modernes »… Sur deux continents, les combinaisons infinies du béton et du verre cherchaient à nous offrir un lien à la terre placé sous l’impérieuse nécessité de la lumière, le jeu des volumes construits soulignait la grandeur de l’horizon, le vide se dessinait comme centre de toute chose. Depuis la nuit des temps, les humains tracent et retracent des signes, actualisant l’immémorial. Coupoles inversées pour main ouverte, Béton blanc et gracile pour « pierre liquide » marquée de traces, Légèreté brésilienne pour puissance tellurique, Place des Trois Pouvoirs pour Capitole. En commun : le lac nuance le climat, le ciel ouvert haut, une géographie de l’immensité. A Brasília comme à Chandigarh, les échelles s’emboîtent entre la majesté des espaces publics et la modestie conviviale de la domesticité. Aussi, si vous inversez le cours de cette cascade, l’expression de la monumentalité devient celle du rapport démocratique sublimé. Il n’est pas question d’impressionner, d’intimider, mais de convoquer en masse la responsabilité citoyenne : les vides sont grands pour peupler large. C’est capital(e). Il est question de permettre la fierté. Il est question de réaliser un support à l’identité : être là.


L’architecture moderne peut ne pas être « internationale ».

DONC : Les ravages de la seconde guerre mondiale s’éloignaient, La guerre du Vietnam était encore un peu guerre d’Indochine, Les boat-people n’étaient pas si nombreux, Les sans abris étaient encore parfois des clochards célestes…

AUJOURD’HUI : Les avions volent à haute altitude, Les satellites et leurs déchets finissent par encombrer le ciel, Le « monde machiniste » a été submergé par l’argent qui désormais gouverne, L’émancipation des peuples laisse éclore des intégrismes ravageurs, Le réseau internet contracte les distances et isole les humains qui s’imaginent reliés, Les savoirs hyperspécialisés ne parviennent plus à se joindre, Le mur Est-Ouest écroulé s’est reconstruit Nord-Sud, Les boat-people coulent. Les marchandises circulent plus librement que les hommes, Les mouvements de capitaux ne sont toujours pas taxés, Les désespoirs attisent la violence, Les budgets militaires sont toujours boursouflés, Un milliard de terriens n’accèdent pas à l’eau potable, Les émeutes de la faim crient l’injustice, Les déserts avancent et les glaces se retirent, La richesse étale son cynisme… Brasília et Chandigarh sont toujours là, au cœur d’une mêlée improbable. Un demi-siècle plus tard, que disent ces deux villes ? D’abord, elles vivent, malgré un temps de dictature ou la force des querelles, Ensuite : Elles témoignent du talent et du courage dont les humains sont parfois capables, Elles nous chantent une beauté possible loin des gabegies somptuaires, Elles nous entrebâillent quelques facettes d’un avenir commun, Elles nous bornent un temps, fanal sur le chemin.


Nous aimons voir que les plus beaux bâtiments sont ces assemblées représentatives où l’on se parle et ces lieux de silence où l’on se recentre (Temple de la Démocratie pour Tour d’Ombres). Nous aimons percevoir la place enfin faite à la nature « en ville », déplaçant la stérilité du couple infernal « espace rural / espace urbain ». Nous aimons sentir l’ouverture cosmique qui nous fait lever la tête, tendue entre le reflet du ciel dans l’eau et le ciel lui-même ? Nous aimons l’attention accordée aux gestes quotidiens, Nous aimons la grandeur portée par le politique, Nous aimons ces leçons quand nous savons l’étendue des questions de ce jour. Ces deux tentatives concrètes forment une impulsion pour d’autres essais à venir. Les humains n’en finissent pas de tracer et retracer des signes : l’immémorial à exprimer au présent. Signes après signes, temps après temps se forme en écho profond la clameur collective. Brasília et Chandigarh sont parmi les trains d’ondes qui propagent cette clameur là.

Yves Perret


Allégories

15°47’38.39’’ S + 47°52’57.91’’ O

Face à la cité, l’ermitage dédié au prêtre italien Don Bosco. Comme le dit la légende, il rêva à la fin du XIXe siècle d’une épopée et d’un lac “entre les 15e et 20e parallèles”.


p.Mhx< +

Représentation de la divinité Chandi, importante incarnation de la puissante Kali, de la riche Lakshmî et de la sage Sarasvatî. Déesse du Pouvoir, elle est par ailleurs à l’origine du nom de la ville de Chandigarh (Chandi Garh = Forteresse de Chandi).



Vis-à-vis

Firminy - Brasilia - Chandigarh - Firminy Enfant, je gambadais autour de la Chapelle de Ronchamp. Dans les années 1980, nous habitions l’Unité d’Habitation de Firminy. Entre les collines de pâturage et la vallée industrielle, le quartier de « Firminy-Vert » était pour nous autres adolescents un formidable terrain d’aventures et nous explorions cette « banlieue » dans tous ses recoins : le Grand H, la Corniche, le Chicago, les Noyers, le Rond, la Tour, le Clos, les Floralies... Il y avait aussi les virées à « St-É » en hiver et les plongeons dans la Loire en été. Il y avait souvent Piscine le samedi et Maison de la Culture le mercredi. Mais surtout, il y avait « l’Église » : non pour la messe, la construction de cette église restait en plan et ressemblait à un « bunker » à ciel ouvert. Pas de panneau « chantier interdit », il suffisait de faire le mur. C’était notre planque, notre jardin secret. Puis il fallut voir le monde. Je commençai à voyager en photographe autodidacte : New-York. Istanbul. S’ensuivirent plusieurs reportages et pérégrinations entre Orient (Ispahan, Boukhara, Hérat, Multan, Bombay...) et Occident (Montréal, Los Angeles, Quetzaltenango, Salvador de Bahia, Rio de Janeiro...). Après avoir rencontré Lucio Costa et Oscar Niemeyer, j’entrepris de photographier Brasília. 9 août 1999, couvent de La Tourette, à travers les herbes sauvages du toit-terrasse, un projet se profile. Quelques années plus tard, mon père m’indique le chemin de Chandigarh, l’étape suivante. Devant la Main Ouverte, le lien se précise : Brasília - Chandigarh ; capitales du patrimoine moderne ; patrimoine vivant ; patrimoine universel. L’idée d’une exposition itinérante est envisagée. Mais photographier ces deux villes peut constituer un défi : « esthétique de la fluidité » à Brasília, « espace indicible » à Chandigarh. Le dessein de ces utopies concrètes offre des « plateformes physiques » dotées d’un « vide actif ». Villes ouvertes, ouvertes à la lumière, ouvertes au mouvement. Là aussi, « le détail et l’ensemble sont un » : A Brasília, faïences modernes, surprenantes courbes d’architecture, subtil tracé d’urbanisme. Et à Chandigarh, densité du béton, habitat rudimentaire en brique, grand damier urbain. Partout, des rapports harmonieux et la « beauté des choses simples ». Et puis il y a aussi tout ce qui n’était pas dans les plans, pas prévu, et qui se manifeste de façon inattendue. « N’oubliez pas l’homme ! », car la ville lui appartient. A Brasília, un chauffeur de taxi scrute l’infini des cieux comme une mer ensoleillée. A Chandigarh, un vacher guide son troupeau à travers la nuit dans les rues ensommeillées. Enfin, les deux villes expriment une dimension bucolique, une réconciliation dans « l’urbaine nature ». Deux villes-parc uniques fonctionnant dans deux pays aux antipodes. Nous pouvons les apprécier ou pas, mais ce qui est certain, c’est qu’elles invitent à la réflexion : Comment vivre la ville ? Quelle « sérénité urbaine » ? Comment recomposer le « beau jeu des volumes » ? Comment « penser l’espace » ? Ou encore, l’indissociabilité du « vide » dans le « plein » ? Firminy, 17 septembre 2010 : je suis heureux de voir qu’enfin le « béton lumineux » de l’église Le Corbusier s’élance vers le ciel avec sa coque qui penche du bon coté, sa spirale et ses canons à lumière, la divine surprise de la constellation d’Orion... Je suis content de pouvoir y montrer dans l’Auditorium de la partie basse quelques photos juxtaposées de Brasília et Chandigarh : témoignage de deux autres cités-phare de la modernité, vis-à-vis d’images en résonance dans ce lieu de consonances, de mémoire et de projection.

Stéphane Herbert


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Symbole démocratique, la plateforme aux coupoles inversées du Congrès et du Sénat est accessible à tous.


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Emblème de paix et de partage, la Main Ouverte pivote au grÊ des vents au dessus de la Fosse de la ConsidÊration.


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Lignes jaillissantes de la CathĂŠdrale MĂŠtropolitaine.


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Puissants volumes du Palais de l’AssemblÊe.


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Décorations géométriques du Ministère des Affaires Etrangères.


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Colonnes de la salle hypostyle du Palais de l’AssemblÊe.


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Mémorial Juscelino Kubitschek sur l’Axe Monumental.


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Institut Gandhi au cœur du campus universitaire.


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Grands vitraux de la Cathédrale Métropolitaine.


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Tour des Ombres pour observer le rythme solaire.


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Portion d’un centre culturel.


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DĂŠtail du SecrĂŠtariat.


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PĂŠnombre de la chapelle Santa Maria dos Militares.


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Couleurs primaires de la rampe du SecrĂŠtariat.


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Azulejos modernes de la chapelle Nossa Senhora de FĂĄtima.


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Plasticité du béton sous le portique de l’Assemblée.


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Perspective du Théâtre National.


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Piliers de la Haute Cour.


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“Rue-forum” de l’Université Fédérale.


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Spirale de la Maison des Etudiants.


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Salon panoramique d’une cafétéria.


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Galerie circulaire de la Maison des Etudiants.


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Musique dans le “patio urbain” d’une Superquadra.


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Cricket sur une “V6” d’un Secteur Résidentiel.


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Chemins entre les arbustes sauvages des esplanades de l’Axe Monumental.


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Les multiples squares des Secteurs RÊsidentiels se succèdent comme un seul grand parc.


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Tous les dimanches, l’Eixão des Ailes Résidentiels est interdit à la circulation automobile sur 12 Km.


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Traversant la ville, la Vallée de Loisirs (succession de jardins à thématiques florales) est appréciée des promeneurs et des amoureux.


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Pyramide du Johrei au fond de l’Aile Nord.


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Royaume imaginaire du Rock Garden.


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Promenade

terre rouge, ciel indigo

Imenso planalto do Cerrado estrelado de cristais terra ocre, vermelha águas emendadas afluentes da Amazônia e do Sertão o lago Paranoá convida a cidade cintilante no coração do continente suas asas abertas sob milhares de árvores os moradores se aconchegam na sombra dos pilotis em cidadão do mundo um homem caminha atravessa as vastas esplanadas contempla as curvas puras modernos megálitos alvorada de uma civilização murmúrio da palmeira em majestade céu azul, índigo ...devaneio ...energia convecção cósmica um feixe verde aflora no horizonte.

Immense plateau du Cerrado étoilé de cristaux terre ocre, rouge eaux entremêlées affluentes de l’Amazonie et du Sertão le lac Paranoá invite la cité scintillante au cœur du continent

ses ailes déployées sous des milliers d’arbres des habitants s’y lovent à l’ombre des pilotis en citoyen du monde un homme se promène traverse les vastes esplanades contemple les courbes pures modernes mégalithes aurore d’une civilisation murmure du palmier en majesté ciel bleu, indigo ...rêverie ...énergie convection cosmique

terra vermelha, céu índigo

Stéphane Herbert

un faisceau vert affleure à l’horizon.


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Respiration

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a Main Ouverte, ville ouverte

Une mélodie fuse des collines Shivalik un vent frais souffle du lac Sukhana un écho mystérieux de Rock Garden noyée dans le parfum des Roses s’éveille chaque jour une ville le soleil du matin éclaire chaque foyer, chaque cour des rêves dans les yeux le ciel s’étale quiconque y arrive un jour s’y installe pour toujours un monde s’y déploie un tableau de bonheur, de paix, de prospérité, de culture renouvelée une palette de couleurs se fond avec la vie sous la Main Ouverte palpite la ville des pierres

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... tout un poème.

Yojna Rawat


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Croquis

Abstractions matérialisées

La capitale d’une nouvelle nation, faite de peuples anciens et de leurs transcendances, dévoile d’importantes abstractions : le grand arc Tupi et les hamacs du peuple autochtone, les bahianaises aux larges hanches et aux longues robes blanches colorées par les divines Orixás, la légèreté des jangadas et la dialectique de la Capoeira, tout cela révèle l’esthétique du métissage dans ses composantes primordiales. Tout apparaît synthétisé dans le Plan Pilote, la Place des Trois Pouvoirs, les colonnes brasilienses, « cariatides libertaires » selon Malraux.

transcendances intangibles


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Essai de combinaisons schématiques extraites d’une recherche in-situ à Brasília en disciple d’Oscar Niemeyer et de souvenirs de Chandigarh enrichis par l’étude des esquisses de Le Corbusier.

Chandigarh, l’architecte enregistre par son approche cosmopolite les édifices d’une urbanité ancestrale, la grandeur des fêtes populaires et religieuses, le repos sur de simples lits de bois, le tableau-noir des écoliers à l’ombre des manguiers. Icônes offertes à l’Inde sur la grande porte émail du Capitole : l’aigle sous la trajectoire du soleil, la vache sacrée, le serpent, la tortue, la brebis donnant à téter, le coq... Un bestiaire signé : le corbeau ! Corbu, dit-on intimement au Brésil, avec l’affection du temps !

Cláudio José Pinheiro Villar de Queiroz


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idĂŠalisations atemporelles


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synthèse architecturale et rigueur monastique


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légèreté technologique et inventions culturelles surgies de l’ombre profonde


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la Cour suprême contemple les deux autres Pouvoirs de la République


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la Main Ouverte signale l’immémoriale “énigme du don”


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Mémoire

Au début des années 1960, les deux villes encore en chantier, le photographe Lucien Hervé pose son regard aigu et subjectif sur le Secrétariat de Chandigarh et la Cathédrale de Brasília. Usant de différents formats, ses cadrages sont le résultat d’une patiente interprétation de l’émotion architecturale.


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Composant avec le caractère structural et spatial des architectures de Le Corbusier et d’Oscar Niemeyer, il exalte l’éclat du béton brut par le jeu constant des contrastes, rythmé par un noir absolu. Son oeuvre est empreinte d’une forme de lyrisme et de rigueur.

Lucien Hervé : moderne et intemporel.


Contrepoints

India - Brazilia En parcourant cette exposition, les visiteurs écouteront (à bas volume) deux compositions du célèbre saxophoniste John Coltrane. Est-ce si étrange de faire résonner du jazz avec les photographies de deux villessymboles du patrimoine moderne ? Pas vraiment : la musique de John Coltrane (1926-1967) et de son quartet est à peu près contemporaine de la construction de Chandigarh et Brasilia. Enracinée dans le jazz et la tradition afro-américaine, elle est aussi élan lyrique vers l’universel. La carrière de John Coltrane fut aussi brève qu’intense, pur jaillissement. Du classicisme be-bop au free-jazz le plus survolté, quelle que soit la forme, elle fut exploratoire et inspirée. Cette inspiration lui venait aussi bien des sentiments, d’amour (Naima) ou de révolte (Alabama), que de la foi (A Love Supreme, Crescent, Ascension), du cosmos (Interstellar space, Stellar Regions) que de la célébration du monde : Africa, Bahia, Dakar, India, Brazilia… Autant de noms évoquant des lieux que Coltrane n’a peut-être jamais « visité » autrement qu’en pensée. Son rêve musical n’en rencontre pas moins un haut niveau de réalité : les courbes et mélopées d’India (1961), comme les blocs massifs de Brazilia (1965), traversés de lumière, suggèrent d’étonnants contrepoints à la fluidité des courbes de la Cathédrale Métropolitaine à Brasília, ou au rythme rigoureux de la Tour des Ombres à Chandigarh. Cette contemporanéité méritait d’être réfléchie.

Claude-Marin Herbert


14’07’’

12’54’’


Carole Lenfant

Née en 1973 à Bourg-en-Bresse dans l’Ain. Adjointe au conservateur depuis 10 ans à la Cité de l’architecture et du patrimoine / Musée des Monuments français à Paris. Commissaire de plusieurs expositions de photographies dans le cadre du Mois de la Photo et de Photoquai. Vice-présidente et responsable éditoriale de Photsoc - Festival international de la photographie sociale à Sarcelles.

Yves Perret

Né en 1946 à Grandris dans le Rhône. Architecte praticien depuis 197O avec une orientation environnementale. Enseignant en architecture successivement à Lyon, St-Etienne, Montpellier et Clermont-Ferrand. Années 1980 : membrefondateur du groupe Le Corbusier de l’Ecole d’Architecture de Saint-Etienne et membre-habitant de l’Association des Locataires de l’Unité d’Habitation de Firminy. Années 2000 : architecte d’opération avec A. Duverger et R. Chazallon pour terminer l’Eglise Le Corbusier de Firminy sous la direction de José Oubrerie. Atelier : http://perret.desages.free.fr

Stéphane Herbert

Né en 1968 à Guatemala Ciudad au Guatemala. Travaille pour la presse magazine et l’édition depuis une vingtaine d’années. Reportages sur le Moyen-Orient et l’Asie Centrale ainsi que sur les Amériques. Expositions en France, au Japon, au Brésil et en Inde. Co-auteur en illustrations du livre « Brasília, l’épanouissement d’une capitale ». Membre de Globe Vision. Portfolio : www.imaginals.com

Cláudio José Pinheiro Villar de Queiroz

Né en 1948 à Fortaleza au Brésil. Participe dans les années 1960 à l’émancipation de la Capoeira contemporaine avec le mouvement Senzala. Travaille comme architecte avec Oscar Niemeyer à Rio de Janeiro, à Brasília, et pendant dix ans en Algérie. Séjourne six mois en Inde (1984). Directeur de la Faculté d’Architecture de l’Université Fédérale de Brasília (199498). Haut-fonctionnaire de l’IPHAN (2000-03). Doctorat en développement durable. Dirige à Brasília l’agence d’architecture Cláudio Queiroz Arquitectos Associados.

Yojna Rawat

Née en 1966 à Chandigarh en Inde. Doctorat en littérature hindi. Maître de conférences à l’Université du Penjab. Compose de la poésie et rédige des carnets de voyages. Traduction en hindi de deux livres et d’une centaine de poèmes français. Prépare la publication en Inde du « Poème de l’angle droit ».

Lucien Hervé

Né László Elkán en 1910 à Hódmezővásárhely en Hongrie. Modéliste et photographe à Paris dans les années 1930. Résistant durant seconde guerre mondiale, notamment dans le maquis du Vercors. Intense collaboration avec Le Corbusier de 1949 à 1965. Innombrables expositions et publications. Chevalier de la Légion d’Honneur (1992) et des Arts et des Lettres (1994). Membre de l’Académie Széchenyi à Budapest (2001). Initie en 2004 le prix de la photo « Lucien et Rodolf Hervé » à la mémoire de son fils Rodolf : www.lucienherve.com

Claude-Marin Herbert

Né en 1971 à Aurillac dans le Cantal. Etudes de philosophie et de musicologie (la temporalité dans la musique de Claude Debussy). En charge du département Musiques à la Bibliothèque Publique d’Information du Centre Pompidou à Paris. Auteur-interprète sous le nom de LunDi.


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photographies de Stéphane Herbert

Exposition réalisée avec le soutien de la Ville de Firminy. Catalogue édité avec le soutien de Totem (Site Le Corbusier de Firminy), Office de Tourisme de Saint-Etienne Métropole.

Remerciements M. Maurice Vincent, Président de Saint-Etienne Métropole. M. Marc Petit, Maire de Firminy, Conseiller général de la Loire. M. Rémy Guyot, Vice-Président chargé du Tourisme de Saint-Etienne Métropole. Le Conseil municipal de Firminy et les services de la Ville de Firminy: M. Joël Le Scornet, Directeur de cabinet; M. Jean Michel Lionard, Directeur Général des Services et de l’Aménagement; Mmes Muriel Pélissier, Directrice de la Communication et Véronique Roux, graphiste; Mme Michèle Michaud Maurice, Directrice du Pôle Développement et Urbanisme; M. Yvan Mettaud, Conservateur du Patrimoine. L’Office de Tourisme de Saint-Etienne Métropole: M. Bernard Fayolle, Président; M. Stéphane Devrieux, Directeur; M. Eric Bordat, M. Djamel Derdiche et toute l’équipe du site Le Corbusier de Firminy. M. Arnaud Dercelles, Fondation Le Corbusier. Mme Judith Her vé, Fondation Lucien Her vé.

Clins d’oeil du photographe Brasília : André Corrêa do Lago, Augusto Areal, Bené Fonteles, Betty Bettiol, Cláudia Estrela, Corinne Breuzé, Evandro Salles, Farès el-Dahdah, Fernanda Japiassú, Flávia Malkine, Geraldo Motta, Gérard Monnier, Gilbert Luigi, Gioconda Caputo, Inez Machado Salim, Jacques Benoît, Jorge Marino, José Perdiz, Josiane Osorio, Karla Osorio, Laurent Vidal, Liege Bertini, Luis Henrique, Márcia Gomes, Márcio & Beth Curi, Maria-Elisa Costa, Maria-Inés Joo, Maria-Luisa Nunes, Maurício Beze, Michel Herbert, Natan Barreto, Patrick Piro, Paulo Bertran, Raul & Leonardo da Costa, Renata Azambuja, Roberto Cavalcanti, Sabine & Matheus Gorovitch, Sandra & Silvio Cavalcante, Sergio Moriconi, Silas Siqueira, Thierry Pacquot, Wagner Barja, Yanko del Pino, Yara Regina Oliveira, Zélia Leal, ...

Chandigarh : Alain Rechner, Aline Duverger, Ankita & Mohit Aggarwal, Aradhana Tandon, Atul & Shivani Sharma, Barbara Hoegner, Bénédicte Alliot, Bruno Plasse, Cecilia Antony, Dahna Sekar, Darshan & Narinder Singh, Diwan Manna, François Chaslin, Françoise Grand, Harjinder Singh, Hélène de Roche, Isabelle Normand, Jean-Marc Herber t, Kiran Joshi, Leslie Fauvel, Madhu Sarin, Maja Weyermann, Marie-Laure Bousquet, Marie-Noël Tournoux, Maristella Casciato, Michel Richard, MN Sharma, Mohan Aggarwal, Nek Chand, Pierre Bigorgne, Prabhat Singh, SD Sharma, Roland & Sabrina Michaud, Tony Rajer, Vinod Kalia, Sangeeta Bagga, Seema Bhalla, Sharon & Amit Rotbard, Srinivas Murthy, Suparna Puri, Vidya Nand Singh, Vivek Atray, Yanfang Niu, ...

ISBN : 978-2-919328-03-1 Dépôt légal : Juillet 2010 Imprimerie : Escourbiac

Globe Vision exploring today’s civilizations

© Globe Vision 72 Rue Cardinal Lemoine 75005 Paris 33 (0)1 40 35 00 54 www.globevision.org


“ cette ville est un événement visuel ”

ISBN 978-2-919328-03-1

9 782919 328031

FRANCE 15 €

Sous nos pas, au Brésil, en Inde, deux capitales de la modernité, un patrimoine universel.


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