L’influence des médias sur l’acceptation d’un monument déconstructiviste

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Si le dessin se libère du té et de l’équerre, la sentence sera ronde et directe : le Premier ministre Shinzo Abe, déclarera le 21/07/154 : «Nous avons décidé de repartir de zéro». La poésie architecturale de l’angle non-droit prôné par Zaha Hadid, son intégration la plus rationnelle qui semblait tant plaire aux prémices du concours, finiront dans une bataille judiciaire, feuilletons de l’été 2015.

Le stade olympique de Tokyo, un fiasco à la japonaise, Le Monde , 20/07/2015 4

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www.zaha-hadid.com

Tokyo renonce à l’architecte Zaha Hadid pour son projet de stade national Jacques-Franck Degioanni, Le moniteur, 21/07/15 6

La sphère médiatique nippone, fortement supportée par le grand public et ses experts, contribuera énormément à la retransmission des images détournées, des textes mordants, ainsi qu’aux articles querelleurs. La limite de l’impact architectural validée par l’inculture, mais aussi par l’humour inconnaissant du grand public, mettra finalement à mal la pensée nationale (voire nationaliste?) et donc le projet. Le problème officiel était les coûts exorbitants du projet estimé à près de deux milliards d’euros, face visible du fiasco japonais. «Nous devons faire de notre mieux pour maîtriser les coûts, et sommes déterminés à élaborer le meilleur projet possible, et ce dans les plus brefs délais»4, s’est défendu Shinzo Abe. Auquel répondra Zaha Hadid dans un communiqué5 publié sur le site de son agence, indiquant que «l’augmentation des coûts signalés n’est pas due à la conception, qui utilise des matériaux et techniques standards» et que «Le véritable défi pour ce stade a été de trouver un compromis entre des coûts de construction acceptables dans un contexte de fortes augmentations annuelles des coûts de construction à Tokyo et un délai fixé». En définitive, les Tokyoïtes - qui n’adhèrent pas pleinement aux JO et dont la ville se retrouvait à participer à une somme dix fois supérieure aux dépenses prévues - ont exprimé leurs craintes de voir le prix des impôts augmenter et réagiront sur l’affaire afin de déstabiliser le projet en cours. Malgré la fronde, les partisans du projet l’ont défendu jusqu’au bout, excluant tout changement. « Les gens au pouvoir agissent pour eux en usant de leur influence»6, déplorait le 18 juillet dans un éditorial le quotidien de centre-gauche, Asahi. Cette réalité de la politique japonaise a été mise en évidence par la pagaille autour du stade. Une bataille médiatique dont l’avantage semble s’orienter du côté des réactionnaires. 12


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