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ÉCO-HABITAT

L’arrivée de nouvelles normes avec la RE 2020, les prises de conscience individuelles, l’importance du « bien chez soi » et l’ère de la sobriété énergétique font grandir la demande pour des constructions performantes mais également vertueuses. Non seulement par souci de l’environnement, mais aussi pour une habitation plus saine, plus confortable et plus économique. Que ce soit pour la structure de la maison ou son isolation, construire mieux, ça commence par les bases !

Structure : bois ou béton ?

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Le bois, un matériau durable et écologique

Les structures bois possèdent les qualités de ce qu’on appelle « la filière sèche », en opposition avec « la filière humide » (le béton). Elles présentent un bilan carbone négatif, car le bois utilisé en construction stocke le C02 qu’il contient au lieu de le libérer lors de sa dégradation en forêt. La production du bois est moins énergivore et consomme moins d’eau que celle du béton. Sur le chantier il produit moins de déchets et de nuisances sonores, car une partie de la construction se fait en atelier. Il présente des performances énergétiques exemplaires. Il est renouvelable et recyclable et lors de la déconstruction, il peut être réutilisé en bois d’énergie (granulés). Ainsi le bois coche toutes les cases, en autant qu’il ne vient pas de l’autre bout du monde, mais de nos forêts ! En plus il est agréable et facile à vivre et facile à travailler.

Le béton se réinvente

Côté « filière humide », on essaie de repenser le béton qui a de plus en plus mauvaise presse à cause de son impact environnemental. Il reste le matériau produit par l’homme le plus utilisé sur la planète avec 14 milliards de mètres cubes produits chaque année, la fabrication de ciment comptant pour 7% des émissions globales de CO2 sur la planète, d’après la « Global Concrete and Cement Association ». Toujours selon cette association, la transition vers un béton plus respectueux est en route pour atteindre le “zéro émission” d’ici à 2050. En France et partout dans le monde, les innovations fleurissent pour trouver des alternatives. On recherche des solutions qui diminueraient ou remplaceraient le ciment, principal polluant dans le béton, on réfléchit à des solutions de recyclage, on innove avec des bétons biosourcés.

Vers une carte d’identité des bétons végétaux

Le projet NG2B « Normalisation granulats pour bétons biosourcés » vise à mettre en place un cadre normatif adapté aux granulats destinés aux bétons biosourcés et ainsi favoriser le développement de ce marché. Fruit d’une collaboration entre le Cerema, la Guilde Sable Vert, BioBuild Concept, PAREX GROUP, VICAT, AKTA, UniLaSalle et l’ENTPE, il a démarré le 1er avril 2021 pour une durée de 30 mois. La France s’est positionnée en précurseur depuis une vingtaine d’années sur les bétons végétaux, obtenus à partir de particules végétales (chanvre, miscanthus, lin, balle de riz …). L’expertise et les solutions techniques qui existent en France, permettent dès à présent de massifier le marché, d’autant plus que le potentiel de développement est très important avec les coproduits de l’agriculture (colza, tournesol, maïs ...), le recyclage de déchets (bagasse, palettes en bois...) ou la mobilisation raisonnée d’écosystèmes naturels (roseaux, alpha, palmier d’eau …). Pourtant, malgré les nombreux travaux menés, la caractérisation des bétons végétaux n’est encadrée par aucune norme, ce qui constitue un obstacle majeur au développement du marché. L’objectif du projet collaboratif NG2B est d’établir un cadre général de caractérisation et de classification des granulats végétaux en fonction de leurs origines et de leur performance, notamment environnementale et d’établir une « carte d’identité » de ces granulats. L’ensemble des acteurs de la filière des bétons végétaux, depuis l’amont agricole jusqu’aux utilisateurs finaux, sera consulté et

DR

CEREMA

associé au processus de décision. Dans ce cadre, la constitution du consortium repose sur une forte complémentarité entre des partenaires issus de la Recherche & Développement, des filières agricoles, des industriels ou encore des applicateurs. Source : CEREMA – Climats et territoires de demain

Isolants par nature

Un isolant écologique est un matériau vertueux dont la fabrication consomme peu d’énergie, qui est recyclable ou compostable. On parle également d’isolants biosourcés car ils sont partiellement composés de matières premières animales ou végétales. Un isolant biosourcé doit au préalable être reconnu comme tel par le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment). Ses caractéristiques doivent également être inscrites en détail sur la Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES).

La famille des isolants biosourcés

(liste non exhaustive) • La ouate de cellulose, issue du recyclage de papier journal. • La fibre de bois, en panneaux rigides ou semi-rigides, parfois appelée laine de bois. • Le liège se présente sous forme de panneaux ou de granulés expansés. A noter que c’est l’un des matériaux vraiment écologiques, car il ne contient aucun traitement chimique.

C’est la résine naturelle qui assure leur tenue, mais aussi leur résistance au feu et aux insectes... • La laine de chanvre, matériau dont les fibres ressemblent à celles du bois ; • La chèvenotte (anas de chanvre). • La laine de mouton. • Les isolants moins courants comme la fibre d’herbe ou de coco, l’argile expansée, la paille, le textile recyclé, le lin, les plumes de canard, la pierre ponce ou même les champignons !

Leur efficacité Même s’ils nécessitent parfois une plus grande épaisseur de pose, ces isolants présentent une performance identique aux produits plus « classiques », offrant un confort acoustique et thermique été comme hiver.

Les normes

Les isolants « naturels » qui sont sur le marché sont conformes à la législation, puisque les professionnels doivent pouvoir les garantir, notamment dans le cadre de la responsabilité décennale.

Ces isolants affichent le marquage CE, qui garantit la conformité aux directives européennes sur les produits de construction (résistance au feu, performance thermique, conductivité, etc.). Ils doivent également être certifiés Acermi (Association pour la Certification des Matériaux Isolants) gage de qualité et de durabilité, indispensable notamment en cas de demande d’aide à la rénovation. Le hic est que certains manquent d’avis techniques ou de document techniques d’application (règles à respecter pour la pose) qui sont essentiels pour bien assurer un ouvrage.

L’ACERMI, Association pour la certification des Matériaux Isolants accompagne de manière neutre et indépendante l’innovation des isolants. Elle valide en usine et en laboratoire les performances des isolants thermiques et effectue également des contrôles qualité dans le temps. Il existe plusieurs isolants bio-sourcés qui sont certifiés ACERMI.

L’impact environnemental : penser global

Pour une résistance thermique équivalente, le bilan d’émission de CO2 des isolants biosourcés est nettement inférieur à celui des isolants classiques : -28 pour le liège expansé, -10 pour la ouate de cellulose, -1 pour la laine de chanvre alors qu’il est de 10 pour la laine de verre ou le polystyrène expansé*. Cependant, dans la plupart des cas ils ne sont pas d’origine 100% naturelle. Ils peuvent contenir des fibres de polyester, de polyuréthane, des pesticides, des sels de bore (produit chimique utilisé pour la résistance au feu). La dimension écologique de ces produits doit être appréhendée de façon globale. Pour savoir s’il est vraiment vertueux, il faut analyser le cycle de vie (ACV) d’un matériau, tenant compte de son impact environnemental « du berceau à la tombe » c’est-à-dire de l’extraction à la déconstruction, en passant par la fabrication, le transport, la mise en œuvre. Épuisement des ressources naturelles, consommation énergétique, rejets et production de déchets sont quantifiés dans l’ACV d’un produit et retranscrits dans sa FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire), qui décrit également leur composition. *« L’isolation thermique écologique », JP Oliva et S.Courgey, Editions Terres vivantes, 2010.

Prix, fiabilité, performance, provenance, mise en place… le choix de l’isolation n’est pas uniquement lié à ses qualités environnementales. Même si les plus grands acteurs se positionnent sur le marché prometteur du biosourcé, ils recherchent également des solutions pour rendre les isolants « traditionnels » plus propres dans leur composition, leur traitement et leur cycle de vie.

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