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CONSTRUIRE

Cap sur un concept en vogue

Face à la raréfaction des espaces en centre-ville et à la future montée des eaux, les fleuves et lacs français sont devenus les nouveaux terrains de jeu des architectes. D’innovants projets souvent autonomes en énergie y émergent !

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Texte : Alizée Mosconi

Une « cascade de cubes » flotte désormais sur les eaux du Rhône ! L’Île Ô et son ingénieux théâtre amarré au pied du pont Gallieni, en plein centre-ville lyonnais, ouvriront leurs portes en janvier prochain. « Il existe un lien très fort entre l’eau et le spectacle : ce sont tous deux des lieux d’aventure, de découverte et des univers en perpétuel changement », explique Jean-Philippe Amy, fondateur du Patadôme Théâtre et co-porteur du projet. La structure imaginée par le cabinet d’architectes néerlandais WaterStudio mesure près de 39 mètres de long sur 11,40 mètres de large et représente un peu plus de 750 tonnes, un poids qui lui donne toute sa stabilité. « Les jours de grand vent, vous n’aurez pas le mal de mer ! » résume le comédien. « Contrairement aux péniches en acier bien plus légères où l’on peut ressentir la houle, notre théâtre a été construit sur une coque en béton. »

Flotter au cœur de la cité

L’espace se compose de deux salles de spectacle qui accueilleront respectivement 244 et 78 spectateurs, notamment des enfants en bas âge. La superstructure en bois d’épicéa provenant des forêts vosgiennes sera parsemée de quelques vitrages qui laisseront deviner les activités artistiques de ce lieu de vie. « Nous souhaitions préserver le confort des spectateurs sans être pour autant énergivores », Jean-Philippe Amy, co-porteur du projet de l’Île Ô. Les eaux usées seront stockées au sein du bâtiment avant d’être évacuées par camion. « Nous ne rejetterons rien dans le Rhône », rassure Jean-Philippe Amy. Les salles de théâtre seront également dotées d’un ingénieux système qui permettra aux perches de monter et de descendre grâce à des réservoirs remplis avec l’eau du fleuve. « Une première mondiale », se réjouit Jean-Philippe Amy. Le renouvellement de l’air s’effectuera grâce aux courants du Rhône. « Nous souhaitions préserver le confort des spectateurs sans être pour autant énergivores », conclut-il. « Le microclimat créé par les eaux du lac permet, en effet, de se rafraîchir ou de se réchauffer, en fonction des saisons », Jean-Loup Patriarche, architecte.

« Il existe un lien très fort entre l’eau et le spectacle : ce sont tous deux des lieux d’aventure, de découverte et des univers en perpétuel changement »

DR

Le groupe d’architecture Patriarche réfléchit à un concept flottant aux multiples fonctions : logements, bureaux ou encore commerces sur l’eau.

En 2003, Patriarche a implanté ces House Boat sur une zone marécageuse proche du lac du Bourget.

«En Savoie, les premières cités lacustres étaient construites sur pilotis, durant la préhistoire », rappelle l’architecte JeanLoup Patriarche. « Le microclimat créé par les eaux du lac permet, en effet, de se rafraîchir ou de se réchauffer, en fonction des saisons », poursuit-il. Contrairement à certains milieux lacustres dont les eaux gèlent en hiver, la douceur du lac du Bourget reste un véritable avantage. « La glace nuit aux constructions flottantes, en déformant les structures », illustre Jean-Loup Patriarche. L’architecte a notamment imaginé les House Boat, ces bureaux sur pilotis implantés en 2003 au coeur d’une zone marécageuse, à Savoie Technolac. « Au printemps, lorsque le niveau de l’eau monte, il n’est pas rare d’observer des canards passer sous les House Boat .»

Des îlots autonomes en énergie

L’architecte réfléchit désormais à un nouveau projet, « à titre de recherche et de développement », celui de bâtiments flottants autonomes en énergie, recouverts par 70 mètres carrés de capteurs photovoltaïques et équipés d’un ingénieux système thermique fonctionnant grâce à l’eau. « Construire sur la mer répond aux enjeux climatiques que sont la montée des eaux et l’érosion des côtes, notamment en Occitanie », rappelle Simon Gelis, chargé d’affaires de la société aveyronnaise Carré de vie qui installe des lodges flottants. L’entreprise a récemment doté le luxueux Château de Brindos et son lac d’une dizaine de bâtiments flottants, notamment une cabine de massage pour la clientèle de cet hôtel réputé du Pays-Basque. « Nos clients restent particulièrement sensibles au respect de l’environnement », note Simon Gelis. L’entreprise relie donc chacune de ses constructions flottantes à une plateforme de phytoépuration qui traite les eaux usées, un jardin de quelques mètres recouvert de roseaux et installé à proximité. Les eaux ainsi assainies peuvent être rejetées dans leur milieu naturel. Luxe, calme et évasion : les insolites lodges du lac de Brindos, au Pays-Basque, nous transportent dans un autre univers.

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