automobile par Frédéric Corbière | photos : Christophe Licoppe
D’Ieteren Gallery
Le musée d’un passionné Si vous connaissez une entreprise belge dont la fondation remonte à 208 ans et qui a survécu aux guerres napoléoniennes comme aux deux guerres mondiales, citez-la moi ! Cette longévité, effectivement, n’est pas chose courante. Et dans un monde où beaucoup essaient de mettre en valeur leur ancienneté, D’Ieteren, sans fausse modestie ni pied de nez fantaisiste, préfère le titre de plus ancienne “jeune société”.
M. Bruno Guns.
M. Jean-Pierre Vanden Berghen.
Le marché de la mobilité, au sein duquel D’Ieteren est actif depuis le début de son développement, n’a jamais cessé d’être en mutation. L’artisan des débuts a ainsi cédé la place à l’industriel, l’industriel à l’importateur et l’importateur au distributeur sur le plan international. La mondialisation, l’émergence de nouveaux acteurs économiques ont remodelé le visage de nos sociétés et c’est au cœur de ces turbulences que le Groupe D’Ieteren a, malgré son exceptionnelle expansion, réussi à maintenir le cap. Bien sûr, cela n’a pas été sans épreuves ni
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défis mais l’entreprise est restée combative et visionnaire. Si le groupe a réussi cet incroyable challenge de perdurer après une tradition de six générations, c’est aussi parce qu’il a réussi à respecter continuellement le fond de ses valeurs ancestrales, à la forme d’expression de chaque période. Aujourd’hui, faisant autant mouche qu’autrefois, ces valeurs se nomment “tradition, humanisme, confiance et respect”. Fort de ce bagage, le Groupe D’Ieteren sera à même de relever les défis futurs et à continuer son exceptionnelle
ascension. Aujourd’hui présent sur les cinq continents et dans 110 pays, il génère un chiffre d’affaires de plus de 4 milliards d’euros et emploie plus de 26 000 collaborateurs. Par le biais de ses trois secteurs d’activité (distribution automobile, location de voitures et vitrage automobile), le Groupe D’Ieteren est plus que jamais au service de l’automobiliste.
Un musée de souvenirs Créée par Roland D’Ieteren, sixième président de l’entreprise familiale, la D’Ieteren
Gallery rend hommage aux ancêtres de la dynastie D’Ieteren (depuis le maître carrossier prénommé Joseph-Jean) et à leurs collaborateurs qui ont contribué à la réussite et à l’expansion de cette entreprise bruxelloise fondée en 1805. Outre les voitures hippomobiles, celles carrossées par D’Ieteren et celles dont elle assure la distribution, la galerie présente également une multitude d’objets, photographies et documents d’archives, retraçant 200 ans d’histoire de l’entreprise. C’est en compagnie de Jean-Pierre Vanden Berghen et de Bruno Guns, les deux managers du musée, que nous démarrons cette visite exceptionnelle. Rien de tel que les deux gardiens du temple pour nous expliquer de manière détaillée l’histoire et le choix des modèles exposés. D’emblée, ce qui frappe, c’est cette ambiance tamisée, l’organisation des voitures classées par époques, la rareté de quelques modèles ainsi que le nombre de voitures exposées. Des roues de carrosses royaux à la Bugatti Veyron, on peut voir, toucher, respirer des dizaines de modèles exceptionnels et parfaitement conservés. La mission quotidienne de ces deux responsables est d’entretenir, préparer, réparer tous les modèles exposés mais aussi de sortir ces autos pour des compétitions, courses et expositions. Un travail difficile et particulier puisque tous les véhicules exposés sont exempts d’électronique et que, bien sou-
vent, certains modèles ont des pièces faites à la main : seules des personnes qualifiées peuvent répondre à certaines exigences.
pp P armi les plus anciens modèles de la galerie, une Pierce Arrow de 1904, avec conduite à droite !
Chacun de nous ne peut qu’être interpellé par le spectacle. Quel que soit notre âge, il y a toujours une voiture qui coïncide avec un moment de notre vie : un flash, un souvenir
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C ette Auto Union type A de 1934 (pièce unique) est sans aucun doute une des plus belles et des plus rares pièces du musée.
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Emblématique des années vingt, une Studebaker 1920 décapotable.
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Face à elle, une Packard blanche de 1955 arbore les lignes fifties.
q Un échantillon de ce que l’on peut retrouver au sein de cet exceptionnel musée.
précis, des vacances, l’auto de son grandpère ou tout simplement la voiture de son papa. On y découvre aussi des modèles rares en état concours, comme une Hispano Suiza de 1929, une Bugatti Type 44 de 1928, une Minerva 32 cv de 1927, une magnifique Auto Union Grand Prix de 1934, mais aussi des collections plus contemporaines comme des Porsche 550 Spyder, des Porsche 356, une VW Golf GTI de 1976, jusqu’à la dernière Bugatti Veyron. De découverte en émerveillement, deux heures auront passé sans que le temps ne s’en mêle, et j’aurais bien profité davantage de ce moment d’exception, s’il n’était temps d’aborder la phase plus humaine de ma visite.
Filiation et tradition Au cours de la discussion qui suit avec les maîtres du temps, Jean-Pierre Vanden Berghen semble avoir un pincement au cœur quand il avoue prendre sa retraite à la fin du mois d’août et sa tristesse à quitter son travail dans l’entreprise. Un sentiment devenu rare, qui en dit long sur l’ambiance qui règne au sein de la société et qui mérite d’être souligné. La D’Ieteren Gallery a cependant encore de beaux jours devant elle. Avec son collègue, Bruno Gans a toujours collaboré dans la plus grande harmonie. En témoigne leur réponse unanime, spontanée et sans concertation, quand je leur demande quel est, à leurs yeux, le plus joli modèle du musée : l’Auto Union Grand Prix de 1934.
Cette complicité est également un bel exemple de filiation et de tradition perpétuées au sein du groupe automobile où, avant tout, passion et compétence sont mises au premier plan. Car les hommes qui ont bâti le groupe sont, pour la plupart, ceux qui ont suivi son cheminement, qui ont acquis avec lui les qualités de vision, de stratégie et de persévérance nécessaires à son émergence. Fière de son passé, D’Ieteren est une société moderne et dynamique, résolument en route pour son troisième centenaire. Peu d’entreprises arrivent à réaliser ce genre de synthèse, mais celles qui y parviennent écrivent l’histoire. www.dieteren.com