Guide "Ulysses, l'autre mer" Frac Bretagne 2013

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du 5 avril au 4 novembre 2013 un itinéraire d’art contemporain en Bretagne un projet à l’initiative du Frac Bretagne

Expositions et événements à découvrir dans 22 lieux en Bretagne

le guide



avant-propos À l’occasion des 30 ans des Frac, célébrés tout au long de l’année 2013 dans l’ensemble des régions, le Fonds régional d’art contemporain Bretagne organise une série d’expositions dans le sillage d’Ulysse. En Bretagne, les 27 partenaires de la manifestation proposent autant d’escales aux visiteurs de l’été, dans des lieux d’art contemporain mais aussi des sites patrimoniaux et naturels remarquables. La géographie du projet est celle qu’a construite de longue date le Frac Bretagne en tissant des liens avec de nombreuses structures de la région. Ulysses, l’autre mer révèle la richesse d’un territoire extraordinairement actif, en particulier dans le domaine de l’art contemporain, et la capacité des acteurs régionaux à se fédérer autour d’un projet placé sous le signe de la rencontre. La manifestation reflète également l’importance des politiques de soutien à la création et à la diffusion des œuvres. À travers des expositions, commandes, résidences, événements, le projet Ulysses, l’autre mer se constitue de libres variations autour des thèmes universels que sont le voyage et l’exil, le paysage maritime, la figure de la femme. Des thèmes dont l’actualité ne cesse d’inspirer les artistes qui, via une grande diversité d’expressions, dessins, photographies, peintures, vidéo, gravures, sculptures, installations, portent leur regard sur le monde contemporain. Les œuvres présentées dans cette constellation d’expositions collectives et monographiques proviennent essentiellement des collections publiques, celle du Frac Bretagne mais aussi d’autres Frac et institutions françaises. De nombreux artistes, qu’ils aient ou non bénéficié de commandes spécifiques, ont apporté leur concours et leur enthousiasme à la réalisation d’un itinéraire artistique dont l’échelle est inédite. Ulysses, l’autre mer est une invitation au voyage, au partage, à la découverte d’œuvres et de lieux singuliers, une odyssée contemporaine en Bretagne. Jean-Michel Le Boulanger Président du Frac Bretagne

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Sommaire 1

Avant-propos

de Jean-Michel Le Boulanger, Président du Frac Bretagne

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Introduction de Catherine Elkar, Directrice du Frac Bretagne

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Finistère

Côtes d’Armor

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Musée d’art et d’histoire, Saint-Brieuc

Ulysses, l’autre mer 12

Galerie du Dourven, Trédrez-Locquémeau

Neal Beggs

16

Le Quartier centre d’art contemporain, Quimper

Thomas Tudoux Lotophages

18

Musée de l’ancienne abbaye, Landévennec

Ulysses, l’autre mer Marcel Dinahet, Benoît Laffiché, Laurent Le Deunff

20

Passerelle centre d’art contemporain, Brest

Bouchra Khalili

The Mapping Journey Project

22

Île de Batz Jardin Georges Delaselle

Etienne Bossut Jean-Yves Brélivet Médiathèque Les mille feuillets

Programmation

24

Île d’Ouessant Phare du Stiff

Ron Haselden Sorties

Musée des Phares et Balises

Ulysses, l’autre mer

Florence Chevallier, Raymond Hains, André Raffray, Sébastien Vonier

28

Île de Sein Musée de l’Abri du marin

Thomas Tudoux

Histoires du soir en 5 min

Ulysses, l’autre mer

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30 Ille-et-Vilaine

32

Manoli - Musée et jardin de sculptures, La Richardais

Ulysses, l’autre mer

Gilles Aillaud, Krijn De Koning, René Duvillier, Henri Girard, Marcelle Loubchansky, François Morellet, Jacques Villeglé, Carel Visser

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Frac Bretagne, Rennes

Ulysses, l’autre mer 42

Musée des beaux-arts, Rennes

Marylène Negro L’homme atlantique

44

Cabinet du livre d’artiste, Rennes

Stéphane Le Mercier Ulisses, 1998-2013

46

La Criée centre d’art contemporain, Rennes

Mahony

Slow Season

48

Ancien Presbytère et parcours dans la ville, Saint-Briac sur Mer

52

65

Morbihan

Ulysse Revient ! Journal. Jean-Marc Huitorel

54

Musée de la Compagnie des Indes, Port-Louis

Ulysses, l’autre mer

Muriel Bordier, Jean-Yves Brélivet, Balthazar Burkhard, Robert Gober, Sharon Kivland, Bruno Peinado

56

Domaine de Kerguéhennec, Bignan

Fran ois Dilasser

L’atelier. Œuvres choisies 1972-2007

Marcel Dinahet Flottaisons

106

Programmation cinéma 108

The Tide [la Marée] Mark Geffriaud

110

Les résidences d’artistes 112

Ulysses

Frac Provence-Alpes -Côte d’Azur

114

Ulysse l’Original

Frac Languedoc-Roussillon

58

Île de Houat

Ulysses, l’autre mer

Isabelle Arthuis, Marcel Dinahet, Nicolas Floc’h

116

30 ans des Frac Les Pléiades 120

60

Eglise Saint-Joseph, Pontivy

Ulysses, l’autre mer

Abraham Poincheval, Sarkis

62

Chapelle Saint-Gildas, Bieuzy

Yves Chaudouët

Marcel Dinahet

30 ans des Frac en gare 122

Nuit des musées au Frac Bretagne 124

Éditions 126

Les Amis du Frac Bretagne

Vu

50

128

Bibliothèque des Champs Libres, Rennes

Calendrier

Programmation

132

la Carte 134

Partenaires 135

remerciements 3


introduction Ulysses, l’autre mer est un ensemble de manifestations à l’initiative du Frac Bretagne qui réunit durant l’été 2013 plus de 70 artistes présentés dans 27 lieux en collaboration avec de nombreux partenaires, sur l’ensemble du territoire régional. Le projet s’inscrit dans le cadre du trentième anniversaire des Fonds régionaux d’art contemporain, Les Pléiades, et plus spécifiquement dans un parcours qui relie les Frac LanguedocRoussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Bretagne autour de la figure d’Ulysse. Pour concevoir et mettre en œuvre Ulysses, l’autre mer, nous avons fait équipe à trois, avec Marcel Dinahet, artiste, et Jean-Marc Huitorel, critique d’art. Nous avons imaginé un déploiement qui formerait une géographie étroitement associée au territoire, un itinéraire qui comprendrait aussi bien ses composantes rurales et urbaines que quelques îles, Batz, Ouessant, Sein et Houat, parmi le millier de celles qui jalonnent le littoral de Bretagne. Il était important que soient associés au projet les partenaires habituels du Frac Bretagne mais aussi d’autres sites dont les missions ou les qualités intrinsèques font particulièrement sens avec le projet : les centres d’art, musées, lieux patrimoniaux et naturels, la Cinémathèque de Bretagne et les collectivités. Les différentes propositions s’attachent à la spécificité de ces lieux : monographies de Neal Beggs, Thomas Tudoux, Bouchra Khalili, Marylène Negro, Stéphane Le Mercier, Mahony, Marcel Dinahet, Yves Chaudouët, respectivement à la Galerie du Dourven, au Quartier, centre d’art contemporain de Quimper, à Passerelle, centre d’art contemporain de Brest, au Musée des beaux-arts de Rennes, au Cabinet du livre d’artistes, au centre d’art La Criée à Rennes, au Festival d’art Grand Ecart de Saint-Briac sur Mer, au Domaine de Kerguéhennec et à la chapelle Saint-Gildas dans le cadre de L’art dans les chapelles. Ulysses, l’autre mer s’associe aux résidences d’artiste et d’historien de l’art au sémaphore d’Ouessant sous l’égide de Conseil général du Finistère et de l’association Finis terrae ; présente des programmes de cinéma mettant en regard films anciens et contemporains dans les îles et sur les ferries ; fait naître un dialogue entre création contemporaine et collections anciennes dans les musées d’histoire tels ceux de la Compagnie des Indes à Lorient,

Ulysses, l’autre mer

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des Phares et Balises à Ouessant, de l’ancienne abbaye de Landévennec sur la presqu’île de Crozon. Des œuvres ont été crées spécifiquement par les artistes dont le cheval de Troie de Bruno Peinado pour la citadelle de Port-Louis ; des sculptures monumentales ont été prêtées par des collectionneurs publics et privés pour le Jardin George Delaselle de l’île de Batz. Le projet, enfin se prolonge dans les gares de Bretagne dans le cadre d’un partenariat avec Gares & Connexions et entreprisecontemporaine®. Au cœur de cet étoilement, l’exposition collective déclinée en quelques grands thèmes puisés aux textes d’Homère et de Joyce : la mer, le voyage et l’exil, la figure féminine…, composée d’œuvres provenant de la collection du Frac Bretagne, d’autres collections publiques et privées ainsi que des artistes euxmêmes, se développe dans les trois galeries du nouveau bâtiment du Frac Bretagne, du 17 mai au 25 août, de même qu’au musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc, du 15 juin au 25 août 2013. Le présent guide, distribué gratuitement dans chacun des lieux, comprend la chronique du projet tenue par Jean-Marc Huitorel : Ulysse revient ! Journal. Il permet à chacun d’entre­ prendre son odyssée, de partir à la rencontre de l’art contemporain, des paysages et des ciels changeants de Bretagne. Catherine Elkar Directrice du Frac Bretagne

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Côtes d’Armor

6


Lannion 2

Trédrez-Locquémeau

1

Saint-Brieuc


1

Saint-Brieuc Musée d’art et d’histoire

Le musée est installé depuis 1986 dans l’ancienne gendarmerie de Saint-Brieuc, située dans le centre-ville. Il retrace l’histoire du département des Côtes d’Armor depuis sa création jusqu’aux premières décennies du XXe siècle. Il est constitué de deux bâtiments : l’un consacré aux collections permanentes et l’autre aux expositions temporaires. Les galeries permanentes mettent en valeur les collections d’archéologie, d’art, d’ethnographie et d’histoire dont la présentation est régulièrement renouvelée. Maquettes, dessins, faïences et objets variés reflètent la diversité des thèmes abordés : la pêche et la navigation, le défrichement des landes et l’évolution des paysages, l’industrie toilière, l’artisanat et la vie sociale, le costume breton…

Côtes-d’Armor

Ulysses, l’autre mer

Yuna Amand, Ghada Amer, Isabelle Arthuis, Cécile Bart, Pierrette Bloch, Jean-Yves Brélivet, Yves Chaudouët, Anne Daems, Anne Deleporte, Gérard Deschamps, Marcel Dinahet, Harell Fletcher, Nicolas Floc’h, Paul-Armand Gette, Raymond Hains, Sharon Kivland, Stéphane Le Mercier, Natacha Lesueur, Paola Salerno, Esther Shalev-Gerz exposition du 15 juin au 25 août 2013 Des femmes, du tissage, des lieux, des monstres et autres fantaisies Au cœur de la manifestation Ulysses, l’autre mer, l’exposition du même nom se développe au Frac Bretagne et à Saint-Brieuc, dans les galeries temporaires et les collections permanentes du musée d’art et d’histoire. À Saint-Brieuc, les œuvres ont été choisies selon un jeu de références croisées, en lien d’une part avec les motifs tirés de l’Odyssée d’Homère et d’Ulysse de James Joyce, et d’autre part avec certains secteurs de collection du musée : l’histoire, les outils et la pratique du tissage, l’archéologie sous-marine. Sur cette trame se greffe aussi la figure désormais historique d’un enfant du pays, Raymond Hains, dont le musée a présenté il y a 10 ans, une exposition monographique en collaboration avec le Frac Bretagne et la galerie du Dourven, Raymond Hains, la boîte à fiches. La figure de la femme occupe une place centrale dans l’exposition. Pénélope, tout d’abord, dont la réputation est toute de fidélité et de patience, mais aussi, quoique sans égaler celle d’Ulysse, de ruse. Or, « toutes les nuits [détissant] ses journées », la ruse de Pénélope, passée au tamis de l’histoire, est devenue synonyme d’inachèvement, d’un ouvrage que l’on doit sans cesse reprendre, un work in progress avant l’heure. La dimension temporelle du travail des étoffes, du geste qui étire le temps, est le point commun d’une première réunion d’œuvres. Pierrette Bloch, par des fils de crins enroulés et noués, invente une écriture dont la narration n’est pas le propos, il s’agit davantage d’un dessin qui, en se développant 8 — 9


à travers un geste répétitif, conquiert – modestement – son espace. Pour Ghada Amer, la broderie constitue une manière appropriée, critique, de traiter de la condition féminine. Cette approche est aussi celle de Sharon Kivland qui cependant, avec Mes nœuds, collection de mouchoirs anciens qu’elle brode, apprécie l’aspect dérivatif de ce passe-temps. Typiquement féminin dans le sens commun, l’arrangement floral, Elegant amusement selon le titre de la vidéo d’Anne Daems, relève du même registre tout en soulignant le côté rituel et intemporel de cet « art ». Métaphore du temps qui passe « qui coule » inexorablement, la lance à incendie tricotée de Yuna Amand s’intitule justement Pénélope. Les grandes toiles/voiles colorées, Profils, de Cécile Bart, résultent d’un fin tissage industriel qui laisse filtrer la lumière, invitent à une expérience spatio-temporelle (et lointainement rappellent le linceul de Laërte). De petit format, l’entrelacs composé de bandes de tissus brodées des noms des protagonistes du roman de James Joyce, agencé par Stéphane Le Mercier, forme une image du « labyrinthe » des rues du Dublin, et du croisement incessant des personnages. C’est d’ailleurs dans le sillage de Stephen Dedalus, qu’Esther Shalev-Gerz propose aux habitants du Dublin moderne de se déplacer et, ce faisant, se réapproprier la mémoire enfouie de la ville. De l’autre côté de l’Atlantique, avec le concours des résidents d’un centre pour personnes âgées de Hartford (Connecticut) qui lisent des extraits d’Ulysse, Harell Fletcher crée un petit théâtre où la langue de James Joyce résonne d’humanité et d’universalité. Au-delà des figures archétypes de Pénélope et de Molly Bloom, le parcours d’exposition recèle de nombreuses évocations de la femme. Le portrait de Francesca réalisé par Paola Salerno, symbolise le sort de la femme méditerranéenne, en attente, entre force et solitude. Traits que, augmentés de la rêverie, soulignent à leur tour les deux peintures d’Yves Chaudouët, de même que son installation où des images de femmes défilent en écho à des fragments de textes sur le déplacement. Déplacement encore, et temps des loisirs, c’est ce qu’Anne Deleporte tente de capter au travers d’un hublot, enregistrant le mouvement incessant des voyageurs modernes, les touristes sur un ferry. Dans le film de Marcel Dinahet, Martinique, la femme est seule aussi mais elle chante face à la mer, pour la mer… Pour prodiguer ses conseils à Ulysse et à Télémaque, Athéna use de nombreux leurres, emprunte d’autres identités. Natacha Lesueur reprend à son compte ce goût du travestissement en ornant les corps – ici des têtes parées de préparations alimentaires, des aspics, pour jouer Côtes-d’Armor


d’une dualité trouble, tirant l’humain vers le monstre fût-il séduisant. Etres hybrides, sirènes et tritons contemporains sont les sujets des affiches conçues par Nicolas Floc’h pour annoncer son projet, La Tour pélagique, dans le cadre de la 1ère biennale d’art contemporain de Rennes en 2008. La greffe est au centre du travail de sculpture de Jean-Yves Brélivet, dont le cheval, À l’insu de son plein gré, peine à dissimuler, sous des dehors facétieux, la critique sociale dont il est le messager. Plus joyeux, Le non peint et le pingouin de Gérard Deschamps est un gentil monstre marin, ceux dont les enfants raffolent et dont les adultes sont nostalgiques. Le musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc possède des pièces importantes d’archéologie sous-marine. À l’intersection de l’art et de la science, Paul-Armand Gette emprunte les méthodes scientifiques de classement et d’analyse pour réaliser l’Approche descriptive d’une plage, pièce historique de 1972 à propos d’un paysage littoral de Suède. L’installation lumineuse de Yuna Amand met en scène comme un archipel dont les îles seraient reliées entre elles par la lumière qui semble passer de l’une à l’autre. C’est aussi la « peinture » d’un paysage singulier, celui de Belle-Île-en-mer lors de l’éclipse solaire du 11 août 1999, qui a inspiré à Isabelle Arthuis une séquence de cinq photographies dont l’éclat métallique presque lunaire renvoie au caractère énigmatique d’un phénomène décrit par les auteurs depuis l’Antiquité. Laissons le dernier mot à Raymond Hains, qui, à tous les moments de sa vie, avait mille choses à raconter sur sa ville natale, Saint-Brieuc. Ainsi aimait-il à souligner la généalogie « qui faisait des Francs de France, et pour leur plus grande gloire, les descendants des Troyens » et singulièrement l’homophonie entre Hillion, petite commune voisine de Saint-Brieuc, et Ilion qui dans la mythologie grecque est l’autre nom de Troie. Sans doute est-il l’artiste ulysséen par excellence, lui qui n’a cessé de relier lieux et personnes, faits et objets par la seule puissance de sa parole, un voyage littéraire, mental, sans début ni fin, toujours recommencé. Le musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc participe à la performance de Mark Geffriaud, The Tide [la Marée], voir page 108

Côtes-d’Armor

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Paola Salerno, Sans titre, Francesca e Biagio, de la série : Calabre, 1997, photographie, 63,5 x 80 cm, collection Frac Bretagne © Droits réservés / crédit photo : Hervé Beurel

Isabelle Arthuis, L’Eclipse 1, sous-titre : Randonneurs, 1999, photographie, 86 x 129 cm, collection Frac Bretagne © Isabelle Arthuis

Raymond Hains, (Sans titre), 1998, photographie, 60 x 47 cm, collection Frac Champagne-Ardenne, © Adagp / crédit photo : Nyima Leray

Musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc Cour Francis Renaud Rue des Lycéens-Martyrs F-22000 Saint-Brieuc Tél. 02 96 62 55 20 musee@mairie-saint-brieuc.fr www.mairie-saint-brieuc.fr

Ouvert du mardi au samedi, de 10h à 18h (fermeture des galeries permanentes de 12h à 13h30) Les dimanches et jours fériés, de 14h à 18h

Entrée libre Accès aux personnes à mobilité réduite


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Trédrez-Locquémeau Galerie du Dourven

Les expositions présentées à la Galerie du Dourven sont organisées par Itinéraires bis, Association de Développement Culturel et Artistique des Côtes d’Armor. Itinéraires bis est soutenue principalement par le Conseil Général des Côtes d’Armor et reçoit le soutien, pour les projets présentés à la Galerie du Dourven, du Conseil Régional de Bretagne et du ministère de la Culture et de la Communication (Drac Bretagne). La galerie est installée dans le domaine départemental du Dourven, parc situé sur une pointe rocheuse à l’embouchure de la baie de Lannion à l’ouest des Côtes d’Armor. Soutien actif à la création contemporaine, Itinéraires Bis mène à la Galerie du Dourven une politique d’exposition, de production et d’accompagnement des publics. Trois expositions sont présentées chaque année dans une ancienne maison d’habitation aménagée en espace d’exposition.

Neal Beggs

exposition du 29 juin au 4 novembre 2013 Neal Beggs, artiste multimédia, sculpteur, performeur, vidéaste, dessinateur, … né en 1959 en Irlande du Nord, étudie à Glasgow avant d’arriver en France en 2001. Dès le début de son travail, il introduit dans son processus de création sa pratique sportive de l’escalade et de la marche en y joignant d’autres influences : « Mon travail n’est pas « sur » la montagne, c’est juste que ma relation avec la montagne est plus ancienne que mon histoire d’amour avec l’art. Ma première expérience d’escalade en montagne a naturellement marqué et influencé mon être et mon travail. Mais d’autres choses ont influencé mon travail, notamment la vie que j’ai vécue avant de devenir un artiste. J’ai grandi dans les années 60/70, époque de grands changements, de la culture populaire, du pop, du punk, de la TV, du rêve américain, des droits de l’homme, de l’État providence et du sentiment que l’on pouvait trouver une place meilleure dans ce monde, tout cela a joué un rôle et modelé des formes subconscientes, qui se matérialisent maintenant dans mon travail. La seule différence entre mes premiers travaux – dans lesquels l’escalade et la montagne avaient un rôle prépondérant – et mes productions actuelles, qui sont excessivement artisanales et accessibles, c’est que plutôt que de résister à leurs influences, maintenant je les encourage. Peu importe le décalage entre la production et son modèle, c’est toujours pop ! » Au Dourven, Neal Beggs, fait revivre la figure d’Ulysse en artiste échoué sur cet éperon rocheux de l’autre mer. Après l’émerveillement du monde pendant 2700 ans, Ulysse trouve refuge au Dourven. Cynique, fatigué, désabusé de la guerre, de la gloire, de l’amour, de l’art et de la beauté, Ulysse cache sa véritable identité. Son atelier dans la galerie est maintenant abandonné. Ulysse a disparu, mais son travail est, comme il l’a laissé, dans un désordre d’objets qui touchent à la guerre et à la musique. La Galerie du Dourven participe à la performance de Mark Geffriaud The Tide [la Marée], voir page 108

Côtes-d’Armor

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Neal Beggs, Woodstock, 2011, bois © Neal Beggs / Courtesy Galerie Alice Day / crédit photo : Neal Beggs

Galerie du Dourven Domaine départemental du Dourven F-22300 Trédrez-Locquémeau Tél. 02 96 35 21 42 galeriedudourven @itineraires-bis.org www.itineraires-bis.org

Ouvert les samedi, dimanche et jours fériés, de 15h à 19h Pendant les vacances scolaires : tous les jours sauf le lundi Entrée libre


FINISTèRe

14


Batz

7

Morlaix

8 9

6

Ouessant

5

Brest 4

10

LandĂŠvennec

Sein 3

Quimper


3

Quimper Le Quartier centre d’art contemporain

Lotophages Thomas Tudoux

exposition du 5 avril au 5 mai 2013

Depuis plus de vingt ans, Le Quartier construit à Quimper un laboratoire de la création contemporaine. À travers un programme qui s’articule autour de deux à trois expositions par an, assorti de productions d’œuvres, les artistes invités trouvent au centre d’art les moyens de développer leurs recherches et leurs travaux, commentés et documentés par des critiques d’art et historiens dans les éditions du Quartier. Dans le même mouvement, le public y trouve une ressource qui, au fil des expositions et des activités culturelles, alimente sa connaissance de l’art d’aujourd’hui. L’espace librairie invite à s’installer autour d’un café pour prolonger la visite en proposant une sélection d’ouvrages associés aux expositions ou à l’actualité de l’art contemporain en France et à l’étranger. Ouvert en 2010, le Project Room est un lieu polyvalent et convivial au sein du Quartier : un espace de réflexion, de production, d’exposition, de réunion… Il fonctionne comme un satellite qui s’adapte et se transforme en fonction des besoins pour des projets parallèles, des événements ponctuels et des rendez-vous réguliers.

Finistère

Pour cette exposition, l’artiste Thomas Tudoux s’inspire d’un épisode de l’Odyssée d’Homère, où Ulysse rencontre les Lotophages - peuple se nourrissant d’une fleur de l’oubli (lotos) avec laquelle s’évanouit tout désir de retour. Dans cet épisode, le héros est confronté à des désirs contradictoires : l’oubli de soi dans le repos opposé à l’effort de sa quête, au souvenir de retourner dans son royaume. Le lit, objet de désir et de crainte, lieu de plaisir mais aussi de retraite, devient sujet d’une série de dessins conçus pour l’exposition. La contradiction se place entre la sensualité des drapés et l’effroi du lit médicalisé. Dans chaque dessin, une chambre modélisée sous différents angles encadre le lit comme une cellule et isole l’individu. Dans un clair-obscur énigmatique apparaît la fragilité des êtres humains coupés du monde commun et de leur histoire. Thomas Tudoux est né en 1985. Artiste plasticien, il est diplômé de l’école européenne supérieure de l’image d’Angoulème en 2007 et de l’école des beaux-arts de Rennes en 2009. Les recherches de Thomas Tudoux portent sur l’hyperactivité et l’agitation constante de nos sociétés contemporaines. Dans des travaux volontairement ambigus, il incarne cette hyperactivité sans l’approuver ni la critiquer de manière frontale. À partir de situations quotidiennes, il investit cette existence normée et cadencée. Le Quartier participe à la performance de Mark Geffriaud The Tide [la Marée], voir page 108

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Thomas Tudoux, Lotophage (détail), 2013, crayon sur papier, 84,1 x 59,4 cm / crédit photo : Droits réservés

Le Quartier centre d’art contemporain 10 esplanade François Mitterrand F-29000 Quimper Tél. 02 98 55 55 77 contact@le-quartier.net www.le-quartier.net

Jusqu’au 30 juin, ouvert du mardi au samedi de 13h à 18h De 1er juillet au 30 septembre, ouvert du mardi au samedi de 10h à 12h et de 13h à 18h, les dimanches et jours fériés, de 14h à 18h

Plein tarif : 2 € Gratuit : scolaires, étudiants, demandeurs d’emploi, seniors Entrée libre pour l’exposition Lotophages au Project Room Accès aux personnes à mobilité réduite


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Landévennec Musée de l’ancienne abbaye

Ulysses, l’autre mer

Marcel Dinahet, Benoît Laffiché, Laurent Le Deunff exposition du 27 avril au 15 septembre 2013

Les ruines de l’ancienne abbaye de Landévennec se dressent en bord de mer, dans un site remarquable. Fondé à la fin du Ve siècle par saint Guénolé, c’est un des plus anciens établissements monastiques européens. Au cours de sa longue histoire le monastère est sept fois reconstruit et disparait à la Révolution. Il renaît en 1950, grâce à l’installation d’une communauté bénédictine à proximité du berceau originel. Le musée couvert a été conçu en lien avec le site archéologique et ne peut être dissocié de celui-ci. Il constitue un musée de site, pensé originellement pour que l’exposition permanente évolue en fonction des découvertes et avancées archéologiques. Un premier espace propose ainsi une exposition sur l’archéologie et présente de façon pédagogique les techniques de fouille tout en retraçant dans ses grandes lignes l’historique du site exploré depuis 1978. L’espace principal d’exposition retrace quant à lui l’histoire de l’ancienne abbaye et l’inscrit dans celle de la Bretagne.

Finistère

Dans le cadre du projet Ulysses, l’autre mer, les artistes Marcel Dinahet, Benoît Laffiché et Laurent Le Deunff exposent des œuvres inspirées par le thème de l’errance et du voyage. Les visiteurs pourront entrevoir à travers elles les mille significations de l’exil. Cette tension entre exil et retour, Ulysse l’expérimente déjà dans l’Odyssée et c’est en écho discret à l’épopée « homérienne » comme à l’épreuve vécue par les moines de Landévennec, fuyant l’attaque des vikings en 913, que les œuvres présentées résonnent. La vidéo que Marcel Dinahet tourne dans la baie du Mont Saint-Michel, comme abandonnée aux mouvements du corps qui tient la caméra, offre du Mont une vue inédite qui en fait un idéal autant qu’une cible, l’un comme l’autre à la mesure du grandiose paysage. C’est de la mer aussi qu’il s’agit dans Sud Schengen, un triptyque vidéo de Benoît Laffiché : trois plans fixes en direction de là où viennent les migrants africains qui tentent de pénétrer en Europe ; un horizon marin fait d’attente et d’incertitude. Le Foyer de Laurent Le Deunff se pose en clin d’œil à l’esthétique archéologique, des vestiges factices qui en rappellent d’autres, en l’occurrence ce foyer où les Vikings brûlèrent selon leur rite les restes des moines, et qu’on a retrouvé ici lors de fouilles. Enfin, lecture sera faite de l’Odyssée d’Homère, dans l’espace du musée, par des participants volontaires, marquant ainsi la présence continue de ce texte fondateur. C’est le propos d’une action conçue par l’artiste Mark Geffriaud sous le titre The Tide [la Marée], voir page 108

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Laurent Le Deunff, Foyer, 2008, Installation, bois, h 23 cm × Ø 100 cm, collection Frac Aquitaine © Laurent Le Deunff / crédit photo : Jean-Christophe Garcia

Musée de l’ancienne abbaye de Landévennec Ancienne abbaye de Landévennec F-29560 Landévennec Tél. 02 98 27 35 90 musee.landevennec@wanadoo.fr www.musee-abbayelandevennec.fr

D’avril à mai, ouvert de 10h30 à 18h. Fermé le samedi De juin à septembre, ouvert tous les jours de 10h30 à 19h Hors saison, ouvert de 14h à 17h. Fermé le samedi

Plein tarif : 5 € Réduit : 4 € Forfait famille (2 adultes + 2 enfants) : 12 €


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Brest Passerelle Centre d’art contemporain

The Mapping Journey Project Bouchra Khalili

exposition du 22 juin au 24 août 2013

Passerelle Centre d’art contemporain est une plateforme de dialogue entre productions artistiques et publics installée depuis 1988 sur un exceptionnel site industriel de 4000 m² en plein cœur de Brest. Ses missions de création, de médiation et de diffusion sont envisagées comme autant d’espaces collectifs de production de sens où artistes et visiteurs participent activement à une discussion sur ce qui anime, construit et motive notre rapport à l’art contemporain. La programmation conjugue chaque année une dizaine d’expositions monographiques ou collectives, des cycles de projections, des rencontres, des débats et différents dispositifs d’accompagnement des publics dans leurs découvertes des pratiques exposées. Passerelle Centre d’art contemporain est aussi le lieu du décloisonnement disciplinaire qui explore les autres champs de la création contemporaine, du graphisme à la danse, de la musique au design.

Finistère

Entre 2008 et 2011, Bouchra Khalili s’est consacrée à la réalisation de The Mapping Journey Project, qui se compose de huit vidéos, The Mapping Journey, et de huit sérigraphies, The Constellations. Ces projets visent à « cartographier » dans l’aire méditerranéenne des voyages clandestins, qui épousent ceux de l’artiste, de Marseille à Ramallah, de Bari à Rome, de Barcelone à Istanbul. En faisant le récit de leur voyage et en le dessinant, des migrants confrontent leur parcours singulier à la normativité des cartes, révélant ainsi une autre cartographie, souterraine et invisible, qu’esquissent les trajectoires migratoires contemporaines. Les huit vidéos forment un ensemble, qui dévoile une carte invisible, celle des routes clandestines en Méditerranée, une carte qui est aussi la traduction temporelle de ces récits, où l’existence se trouve en état de latence, irrémédiablement soumise à l’attente. La série The Constellations intervient comme l’ultime chapitre de ce travail qui s’est déroulé sur trois années, cinq pays, six villes, huit récits. Les sérigraphies traduisent chaque dessin sous forme de constellation d’étoiles, réactualisant ainsi la typologie des cartes du ciel. « Ce sont d’abord les navigateurs, les marins, qui ont eu recours à cette cartographie céleste imaginaire pour se repérer dans un espace littéralement sans point de repère : la mer », explique l’artiste. Passerelle Centre d’art contemporain participe à la performance de Mark Geffriaud The Tide [la Marée], voir page 108

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Bouchra Khalili, Mapping Journey n°4, 2010, vidéo, durée : 4', collection Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur © Adagp

Passerelle Centre d’art contemporain 41 rue Charles Berthelot F-29200 Brest Tél. 02 98 43 34 95 contact@cac-passerelle.com www.cac-passerelle.com

Ouvert le mardi de 14h à 20h et du mercredi au samedi de 14h à 18h30 Fermé le dimanche, lundi et jours fériés

Plein tarif : 3 € Gratuit pour les adhérents, les étudiants et les demandeurs d’emplois


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Île de Batz Jardin Georges Delaselle Médiathèque Les mille feuillets

Etienne Bossut Jean-Yves Brélivet exposition du 30 juin au 31 août 2013 au Jardin Georges Delaselle

Située sur la côte nord du Finistère, à quelques mille au large de Roscoff, Batz est une petite île sur laquelle vivent 500 habitants. Longtemps demeurée à l’écart des flots touristiques, elle reste très active, notamment grâce à sa population de paysans et de pêcheurs. Proche du continent, elle attire les résidents saisonniers et des promeneurs d’un jour, été comme hiver. Le Jardin Georges Delaselle est situé sur la pointe est de Batz, à environ 1,2 km du port. Il forme comme une oasis de verdure au milieu de l’environnement dunaire de cette partie de l’île. Les ruines de la chapelle Sainte-Anne, classées monument historique depuis 1980, émergent des dunes près du chemin menant jusqu’au jardin. Le promeneur peut y apprécier une collection botanique conséquente qui s’est parfaitement acclimatée et a essaimé dans tout le reste de l’île. Fréquentée par les iliens, les résidents secondaires ou occasionnels, la médiathèque Les mille feuillets tenue par une dizaine de bénévoles se trouve au centre de l’île. Idéalement située, elle offre un confort de lecture et une vue imprenable sur la mer.

Finistère

Etienne Bossut utilise un savoir-faire acquis dans le moulage industriel de plastique pour réaliser des sculptures. Les deux œuvres présentées ici, rendent compte de la mythologie et du classicisme avec les matériaux et les formes de la modernité. Parthénon bidon réactive de manière ironique la merveille architecturale grecque, l’artiste ayant disposé les moulages de manière à imiter les ruines d’un temple. Laocoon, inspirée par le design contemporain, reprend le moulage du fauteuil Orgone de Marc Newson et rejoint par son titre la mythologie troyenne. Laocoon était un prêtre d’Apollon qui s’opposa à l’introduction du célèbre cheval de bois dans Troie. Jean-Yves Brélivet adopte la sculpture comme mode d’expression privilégié. Œuvre fantastique et insolite, Une vue imprenable est un arbre figé, comme suspendu dans le temps. Ses branches tortueuses s’élancent pour porter en triomphe une assise panoramique, qui n’est autre qu’un fauteuil Pip-e du designer Philippe Starck. À l’approche de l’île, l’œuvre est visible du bateau, comme s’il s’agissait d’une tour de guet dominant la mer.

programmation du 30 juin au 31 août 2013 à la médiathèque L’artiste Mark Geffriaud y présente la performance The Tide [la Marée], proposition offerte à qui le souhaite de lire l’Odyssée silencieusement dans l’espace de la médiathèque (voir page 108). En partenariat avec la Cinémathèque de Bretagne et l’association de cinéma, 7e Batz’ Art, le mini-festival de cinéma en août est consacré à « Ulysse – le voyage – l’océan » (voir page 106). Une promenade avec une conteuse au jardin Georges Delaselle est proposée aux personnes intéressées. Enfin la médiathèque consacre un coin Ulysse à l’attention des enfants comme des adultes et propose un atelier d’une demi-journée de scrapbooking sur le thème d’Ulysse.

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Jean-Yves Brélivet, Une vue imprenable, 2012, résine polyester, fibre de verre et polypropyléne, 460 x 230 x 210cm / crédit photo : Michael Kern

Médiathèque Les mille feuillets F-29253 Île de Batz Tél. 02 98 61 77 98 www.iledebatz.com Ouverte toute l’année, et durant l’été : le lundi de 10h à 12h, le mercredi de 17h à 19h, le samedi matin de 10h à 12h et l’aprèsmidi de de 17h à 19h

Jardin Georges Delaselle Penn Batz F-29253 Île de Batz Tél. 02 98 61 75 65 jardin.delaselle@orange.fr www.jardin-georgesdelaselle.fr Ouvert du 20 avril au 3 novembre 2013

En avril, mai, juin, septembre et octobre, ouvert de 14h à 18h, du mercredi au lundi Ouvert tous les jours en juillet et en août, de 13h à 18h30 Plein tarif : 5 € Réduit : 4 € Enfants : 2,5 € Visite guidée 7 €


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Île d’Ouessant Phare du Stiff

Sorties

Ron Haselden exposition du 20 juin au 31 août 2013

Distante de 20 km de la côte ouest du Finistère, longue de 8 km et large de 4, l’île d’Ouessant est la terre la plus occidentale de la France métropolitaine. 850 personnes habitent l’île à l’année. Ouessant, bordée de courants très puissants marque traditionnellement l’entrée sud de la Manche. Situé sur le point culminant de l’île, le phare du Stiff permet de guider les navigateurs venant du large, du nord Finistère et ceux se rendant à Ouessant. Il est composé de deux tours tronconiques accolées : la plus large porte la lanterne datant de 1926, l’autre plus étroite, renferme l’escalier circulaire. Ce phare est l’un des plus anciens de France : dès août 1685, Vauban propose les premiers plans de construction d’une tour dotée d’un rôle défensif qui signalerait les dangers dans le nord-ouest de Brest.

Finistère

Ron Haselden porte un regard sur le paysage d’Ouessant à travers la photographie. Lors de sa résidence au sémaphore du Créac’h, l’artiste s’est intéressé tout particulièrement au microcosme de l’île. Ce travail s’est développé lors de deux séjours ; le premier au printemps, l’autre à l’automne. Parti à la recherche des abeilles noires qui y ont trouvé refuge, Ron Haselden observe les insectes et la flore de l’île, s’attache aux multiples variations de couleurs et de formes qu’il découvre dans ces micro paysages. Au fil des saisons, il entreprend une collecte photographique de menus détails de la vie du site, en écho à ses rencontres avec cette écosphère soumise à un équilibre délicat et étroitement interdépendant. « The small détails that underpin the grand events », « les petits détails qui sous-tendent de grandioses événements » précise l’artiste en référence au travail des abeilles. Sorties rassemble et présente le résultat de cette expérience en une séquence ordonnée. En agençant des mosaïques d’images qu’il présente au mur sous la forme de papiers peints, l’artiste reconstruit l’univers botanique de l’île, formant de ces infimes détails de véritables paysages floraux qui varient au rythme des couleurs, des saisons et de ses observations.

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Ron Haselden, Yellow sortie-Spring, 2013, photographie © Ron Haselden

Phare du Stiff Conservatoire du littoral Bretagne F-29242 Ouessant Tél. 02 98 48 80 06 (mairie) www.ouessant.fr mairie.eusa@wanadoo.fr

Ouvert chaque été et durant toutes les vacances scolaires Plein tarif : 2 € Enfants (4 à 11 ans) : 1 € Entrée libre pour l’exposition


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Île d’Ouessant Musée des Phares et Balises

Ulysses, l’autre mer

Florence Chevallier, Raymond Hains, André Raffray, Sébastien Vonier exposition du 20 juin au 31 août 2013

Au pied du Créac’h, phare mythique, le plus puissant d’Europe qui guide les navires sur l’une des routes maritimes les plus fréquentées, le musée des Phares et Balises retrace l’histoire de la signalisation maritime. En visitant le musée, le visiteur pénètre dans l’ancienne salle des machines du phare où de magnifiques pièces d’optique, des maquettes, la reconstitution de la chambre des gardiens du phare d’Armen témoignent de l’épopée des hommes, ingénieurs, bâtisseurs ou gardiens, qui ont rendu possible la navigation sur toutes les mers du globe.

Au musée des Phares et Balises, objets d’histoire et œuvres contemporaines ont en partage la représentation des paysages insulaires et maritimes, l’intérêt pour les instruments et les phénomènes de la vision. Le film noir et blanc de Florence Chevallier Où finit la terre (2005), montrant les silhouettes caractéristiques des rochers d’Ouessant, est un hommage à Jean Epstein, qui en 1929, tourna dans l’île Finis terrae. Cinéaste dont André Raffray, quand il entreprend d’illustrer à la gouache L’Encyclopédie audiovisuelle du cinéma français, réalise le portrait ainsi que celui de Jean Grémillon, tous deux dans une posture romantique, devant la mer. Le Sémaphore du Créac’h qui surplombe le musée accueille depuis des années des résidences d’auteurs et d’artistes auxquelles le musée s’associe volontiers. Ainsi l’exposition inclura-t-elle des œuvres de Sébastien Vonier, premiers fruits de son séjour en mai 2013. Les lampes des phares sont parmi les pièces les plus spectaculaires du musée ; la diffraction de la lumière due aux lentilles de Fresnel a motivé le rapprochement avec les recherches de Raymond Hains sur la déformation de la vision produite par l’utilisation de verre cannelé. En témoignent les gouaches et le film Pénélope. Durant l’été, la salle de cinéma du musée présentera en continu une sélection de vidéos dans le cadre d’Ulysses, l’autre mer. Le musée des Phares et Balises participe à la performance de Mark Geffriaud The Tide [la Marée], voir page 108 Programmation cinéma en collaboration avec la Cinémathèque de Bretagne, voir page 106

Finistère

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André Raffray, Jean Epstein en Bretagne, 1977, gouache sur papier, 43 x 54 cm, collection Frac Limousin © André Raffray

Musée des Phares et Balises Phare du Créac’h Parc naturel régional d’Armorique F-29242 Ouessant Tél. 02 98 48 80 70 musee.pharesetbalises @pnr-armorique.fr www.pnr-armorique.fr

Ouvert tous les jours, les mois de juin et septembre, de 11h à 17h et de 10h30 à 18h en juillet et en août Plein tarif : 4,30 € Enfants (8-14 ans) : 3 €


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Île de Sein Musée de l’Abri du marin

Histoires du soir en 5 min Thomas Tudoux

exposition du 1er juin au 31 juillet 2013

Située à environ 8 km de la Pointe du Raz, émergeant à peine du niveau de la mer, l’île de Sein s’étend sur quelques 2 km et serpente comme un « S » inversé dont la largeur varie de 30 à 500 mètres. Au recensement de 2007, l’île comptait 226 habitants. Le premier Abri du Marin fut construit sur l’île de Sein en 1899. Ces lieux d’accueil furent créés sous l’impulsion de Jacques de Thézac (1862-1936), photographe, ethnologue et philanthrope français qui cherchait à améliorer les conditions de vie difficile des marins et à lutter en particulier contre la solitude, la pauvreté. Inspirés des Sailors‘ homes britanniques, les Abris du marin, aisément repérables avec leurs murs peints en rose, offrent alors aux pécheurs des locaux chauffés et confortables, le couvert, des soins médicaux, des animations de loisirs et une formation professionnelle. Aujourd’hui le Musée de l’Abri du marin de l’île de Sein est devenu un lieu de mémoire et d’histoire de l’île.

Finistère

Pour cette installation, l’artiste Thomas Tudoux s’inspire d’un épisode de l’Odyssée d’Homère, où Ulysse rencontre les Lotophages, peuple se nourrissant d’une fleur de l’oubli (lotos) avec laquelle s’évanouit tout désir de retour. Le héros est alors confronté à des désirs contradictoires : l’oubli de soi dans le repos opposé à l’effort de sa quête, au souvenir du retour dans son royaume. Après en avoir proposé une première lecture au Quartier, centre d’art de Quimper, l’artiste investit le Musée de l’Abri du marin sur l’île de Sein. Alors que dans la Grèce antique, l’Odyssée était clamée par des aèdes (chanteurs d’épopée) dans des cérémonies collectives, les histoires sont aujourd’hui reléguées dans la sphère domestique et calibrées par l’industrie du livre jeunesse selon leur durée. Dans cette installation sonore, une voix énumère neuf histoires du soir en 5 minutes. Le ton employé crée une litanie où personnages, lieux et actions se mélangent. Telle la fleur opiacée qui rend amorphe les Lotophages qui s’en repaissent, cette mélodie sans fin emportera-t-elle les visiteurs dans le sommeil ? Programmation cinéma en collaboration avec la Cinémathèque de Bretagne, voir page 106

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Thomas Tudoux, Lotophages, 2013, graphite sur papier, 42 x 42 cm / crédit photo : Droits réservés

Musée de l’Abri du marin 33 quai des Paimpolais F-29990 Île-de-Sein Tél. 02 98 70 90 35 (mairie) mairie.ile.de.sein@orange.fr www.mairie-iledesein.com

Ouvert de de mai à septembre de 13h30 au départ du dernier bateau Plein tarif : 2,50 € Enfants (7 à 14 ans) : 1,50 €

Pass pour les deux musées et le phare : 4 € pour les adultes et 2 € pour les enfants


ILLE-ET-VILAINE

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Saint-Briac sur mer

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Saint-Malo La Richardais

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Rennes 17


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La Richardais Manoli - Musée et jardin de sculptures

Ulysses, l’autre mer

Morceaux choisis de la collection du Frac Bretagne

Gilles Aillaud, Krijn De Koning, René Duvillier, Henri Girard, Marcelle Loubchansky, François Morellet, Jacques Villeglé, Carel Visser exposition du 7 avril au 2 juin 2013

Le jardin du musée Manoli est un havre de paix où les sculptures de l’artiste se mêlent aux magnolias et aux branches des poiriers. La nature se fait prolongement de l’œuvre. Inauguré en 2001, le musée Manoli est un lieu d’art à découvrir : plusieurs centaines d’œuvres réparties dans huit salles et dans un jardin arboré témoignent du talent de l’artiste. Dans ce lieu de vie et de création plane encore le souvenir du sculpteur, auteur de Cheminée à l’université Pierre et Marie Curie, de la Grande Voile à la gare Montparnasse ou encore du mobilier liturgique de la cathédrale de Quimper. Manoli s’est intéressé non seulement aux matériaux de récupération mais aussi au granit, à la faïence et au métal dont il a bousculé les normes d’usage afin d’en faire jaillir personnages, animaux et œuvres abstraites.

Ille-et-Vilaine

Dans le cadre privilégié du musée jardin de sculptures de l’artiste Manoli, le Frac Bretagne présente quelques « Morceaux choisis » de sa collection. Evocation de paysages, de scènes côtières – Combat de grèves et Groupe de chevaux de mer de René Duvillier, Fleurs d’eau de Marcelle Loubchansky, la suite Marée basse-rochers de Gilles Aillaud ou encore les Notes du bord de mer d’Henri Girard, entretiennent un silencieux dialogue avec les œuvres de Manoli, en particulier celles nées de la fusion du granit : Harbourg ou encore le Rectangle d’Horus. Krijn de Koning articule les parallélépipèdes rouges de Multiple ; avec Appui, Carel Visser donne à voir un autre type d’expérimentation dans la sculpture. En contrepoint, la sérigraphie de Jacques Villeglé annonce avec malice que Le Crime ne paie pas. Dans la chapelle, les étonnantes œuvres en mouvement de Manoli, l’Œil et les Araignées, ont en partage avec les Gratture de François Morellet un même sens du jeu.

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Marcelle Loubchansky, Fleur d’eau, 1961, collection Frac Bretagne, huile sur toile, 76 x 93 cm © droits réservés / crédit photo : Guy Jaumotte

Musée et jardin de sculptures – Manoli 9 rue du Suet F-35780 La Richardais Tél. 02 99 88 55 53 atelier-manoli@manoli.org www.manoli.org

Juillet et août, ouvert tous les jours de 11h à 19h Avril, mai, juin et septembre, de 14h à 19h. Fermé le mardi

Plein tarif : 5,5 €  Réduit : 4,5 €  Gratuit pour les enfants de moins de 8 ans


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Rennes Frac Bretagne

Créé par l’État et le Conseil Régional de Bretagne en 1981, l’institution développe une collection d’art contemporain comptant à ce jour plus de 4700 œuvres qu’elle diffuse à l’échelle régionale, nationale et internationale et à partir de laquelle elle propose de nombreux programmes de sensibilisation et de formation. En 2012, le Fonds régional d’art contemporain Bretagne a ouvert au public les portes d’un nouveau bâtiment conçu par Odile Decq. Située dans le quartier de Beauregard, la construction s’articule autour d’un vaste puits de lumière, de trois galeries d’exposition et d’un centre de documentation. Doté d’un auditorium de 108 places, d’espaces de pédagogie et d’expérimentation, le Frac Bretagne propose de découvrir la création actuelle à travers un programme dynamique d’expositions temporaires et de nombreux rendezvous : rencontres avec les artistes, lectures d’œuvres ou conférences… En 2013, les Fonds régionaux d’art contemporain fêtent leurs 30 ans d’existence. Pour célébrer cet anniversaire, en collaboration avec les Frac LanguedocRoussillon et Provence-AlpesCôte d’Azur, le Frac Bretagne organise en partenariat avec 27 partenaires un itinéraire d’art contemporain en Bretagne du 5 avril au 4 novembre 2013 : Ulysses, l’autre mer.

Ille-et-Vilaine

Ulysses, l’autre mer

Eric Baudelaire, Berdaguer & Péjus, Ursula Biemann, Balthasar Burkhard, Jocelyn Cottencin, Elie Cristiani, Tacita Dean, Gérard Deschamps, herman de vries, Marcel Dinahet, Philippe Durand, Anne Durez, Laurent Duthion, Simon Faithfull, Christelle Familiari, Nicolas Floc’h, Raymond Hains, Richard Hamilton, Ron Haselden, Guillaume Janot, Emma Kay, Sharon Kivland, Stéphane Le Mercier, Benoît Laffiché, Penny McCarthy, Alexandre Ponomarev, Paola Salerno, Yvan Salomone, Jean-Michel Sanejouand, Sarkis, Alain Séchas, Allan Sekula, Yann Sérandour, Bruno Serralongue, Olivier Tourenc, Sébastien Vonier exposition du 17 mai au 25 août 2013 Au Frac Bretagne, Ulysses, l’autre mer, se développe essentiellement en trois séquences investissant chaque galerie d’exposition. La première s’intéresse aux formes contemporaines de la migration, engendrée par des causes économiques, sociales, politiques. La deuxième associe les œuvres d’Eric Baudelaire et de Tacita Dean, modernes aèdes utilisant le film pour produire des récits à plusieurs niveaux de lecture. La troisième, dans la grande galerie, accueille une évocation de la mer, au sens large – mer enclose de la Méditerranée, mer océane de l’Atlantique, belle et calme, houleuse et dangereuse Le cheval de Troie, en quoi on pourrait déceler une métaphore de l’œuvre d’art, accueille le public dans une version ludique due à Yann Sérandour, née d’une image, la photographie d’un objet réalisé à des fins pédagogiques. Galerie nord. Flux et reflux des odyssées À travers Fish Story, Chapter I, Allan Sekula décrit, à l’aide de la photographie et du texte, un monde en mutation, celui des chantiers maritimes et de ces fiers vaisseaux qui, autrefois symboles de la puissance économique des pays, sont abandonnés à la rouille et livrés au démantèlement. Son sujet est le sort fait aux marins et aux ouvriers des chantiers, le processus même de la mondialisation qu’il rend visible dans une tradition documentaire augmentée d’une réflexion théorique engagée. 34 — 35


Yvan Salomone, 0343_1299 _inclinaison, 1999, aquarelle sur papier, 96 x 138 cm © Adagp

La série photographique « Calais » de Bruno Serralongue scrute ces points de passage qui séparent et relient deux mondes, l’endroit précis où l’on devient « l’étranger ». C’est exactement le propos d’Ursula Biemann qui a fait du désert du Maroc, un observatoire des flux migratoires. Par le biais de vidéos composées d’interviews (Sahara Chronicle) ou d’images récupérées (Sahara Panels), elle témoigne de l’ordinaire d’une tentative motivée tant par le désespoir que l’espoir, l’attente interminable, les dangers. La neutralité de l’approche suffit à dire l’épopée de l’exil contemporain. C’est un langage partagé par Paola Salerno, qui porte son regard sur une région du bassin méditerranéen, la Calabre, en proie à la désertification, à la destruction de ses paysages sous l’effet d’une impéritie généralisée. Dans cette première galerie, le « galet » de Jocelyn Cottencin, est un promontoire, un refuge qui autorise une vue panoramique sur l’exposition. Il est aussi une représentation de l’île, cette terre que l’on aspire autant à retrouver qu’à quitter, aimanté par d’autres horizons. Deux fragiles esquifs pourraient y « inviter ». Le canot de survie de Gérard Deschamps a la force évocatoire d’un objet qui contient la réversibilité du destin, celui des hommes de l’Antiquité ou des migrants d’aujourd’hui. Le Bateau du Capt. Sarkis quitte l’Exposition en Travaux, le dernier jour, (21 octobre 1983) offre une ellipse, Ille-et-Vilaine


entre l’objet votif et ce qui est devenu l’ultime abri des déshérités de la terre, le carton. L’installation vidéo de Benoît Laffiché met au jour un paysage connu seulement des bergers et des clandestins, la Montagne du désert de Moïse face au détroit de Gibraltar. Il compose poétiquement un « tableau », en contrepoint duquel une image de La longue Route du navigateur Bernard Moitessier rappelle, peut-être, que ce lieu fut celui qui vit Calypso aider Ulysse à construire son radeau. La furie de la mer orageuse est contenue dans La Vague, « sa marée vient du fond des âges » a dit Cézanne de la peinture de Courbet auquel Balthasar Burkhard rend ici hommage. L’horizon s’assombrit, tels ceux que Sharon Kivland s’ingénie à noircir, dans sa collection de cartes postales balnéaires des années quarante et cinquante, comme pour signifier l’envolée des promesses de plénitude et de bonheur. D’un continent à l’autre Yvan Salomone traque ce qui, dans le paysage, lui fait signe : constructions remarquables ou cabanes sans qualité, détails incongrus ou clins d’œil formels à l’art contemporain. Neuf de ses aquarelles montrent ici quelques forteresses imprenables, des paysages méditerranéens ou africains. C’est ce monde, un monde qui n’en finit pas de perdre le nord, que dénonce avec humour Guillaume Janot, créant un continent imaginaire par le jeu d’une simple rotation de globe. Galerie Est. Partir. Revenir ? Tacita Dean choisit le phare de Berwick-Upon-Tweed comme lieu de tournage pour Disappearance at Sea – cinemascope et Disappearance at Sea – Voyage de guérison, deux œuvres qui appartiennent au Frac Bretagne. La première enregistre le passage du jour à la nuit à travers la lampe du phare qui bientôt s’allume. L’artiste y entremêle deux histoires de « disparitions en mer », également mystérieuses, celles de l’artiste néerlandais Bas Jan Ader (1942-1975) et du navigateur solitaire Donald Crowhurst (1932-1969). Le deuxième film évoque des épisodes plus cléments, appartenant l’un à la légende, l’autre aux découvertes maritimes, tandis que la caméra, toujours en haut du phare de Berwick, capte l’horizon. L’Anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi, et 27 années sans images d’Eric Baudelaire, allégorie géographique et politique du retour, conjugue deux histoires sur fond de parcours personnels, d’engagement idéologique et violent. L’installation comprend un ensemble de sérigraphies, un livret et un film où les récits de May Shigenobu, la fille du fondateur de l’Armée Rouge japonaise, et Masao Adachi, un réalisateur qui a rejoint Ille-et-Vilaine

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Gérard Deschamps, Canot de survie, 1964, toile et caoutchouc, 140 x 90 x 25 cm © Adagp / crédit photo : Nyima Leray

Benoît Laffiché, La forêt de la montagne de Moïse_La longue route, 2013, capture vidéo, production : Frac Bretagne © Benoît Laffiché

Ille-et-Vilaine


l’Armée Rouge et la cause palestinienne en 1974, sont montés sur des nouvelles images tournées dans les paysages contemporains de Tokyo et Beyrouth. Galerie sud. Héros dans le paysage : notre mer à tous Pour le projet Ulysses, l’autre mer, Marcel Dinahet a mis le cap sur la Grèce et filmé son arrivée à Ithaque. Sur l’île un peu à l’écart des circuits touristiques, il a glissé ses pas dans ceux d’Ulysse et parcouru des paysages préservés, immémoriaux. Son film Ithaque ouvre la troisième séquence, un espace traité comme un paysage où sont évoqués la mer, l’île, diverses formes de navigation à travers des bateaux, des cartographies, en des références parfois fantaisistes aux épisodes et figures d’Ulysse, à celles des femmes de l’Odyssée et du roman de James Joyce. L’île de Jocelyn Cottencin, amorce une histoire non encore écrite, telle une page blanche ; celle d’Elie Cristiani, est informe car seule la mer lui donne une forme par nature toujours mouvante ; Maya, l’île perdue d’Alexandre Ponomarev disparaît sous l’effet d’un grattage sur une carte, d’un écran de fumée sur l’océan ; celles de hermann de vries, Leros et Patmos, sont définies à travers un herbier ; comme ces paradis offshore promis aux plus offrants, l’île de Philippe Durand est « à vendre » ; celles de Sébastien Vonier constituent un archipel dont la verticalité appelle l’effort. Comment imaginer le paysage méditerranéen sans l’olivier, arbre mythique, dont le motif revient lors de différents Chants de l’Odyssée ? Celui de l’exposition est le Xylocus (version portable) de Laurent Duthion, dont le branchage réserve quelques surprises aux visiteurs. Christelle Familiari présente ses deux sculptures comme un hommage à César et à Pénélope. Celles-ci condensent en effet tout un travail de tissage réalisé au fil du temps et finalement réduit à ces deux blocs intrigants, petits « chevaux de Troie », renfermant une part, forclose par ce geste, de l’œuvre. Ilots, rochers, ils voisinent avec différents bateaux, l’installation de Sarkis comprenant une barge ghanéenne des années trente ou quarante, Gold Coast (1984), l’énigmatique Kayak grillé (1965) de JeanMichel Sanejouand, plus adaptés à une circulation en vue des côtes qu’à une navigation en haute mer ! De cette mer, Nicolas Floc’h donne une vision insolite, autour des récifs artificiels immergés dans les hauts fonds à des fins scientifiques de reconstitution de la flore et de la faune, à partir desquels il produit photographies et sculptures. Les routes maritimes, leurs dangers, leurs surprises aussi inspirent le travail de Simon Faithfull, dont le film Ille-et-Vilaine

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Tacita Dean, Disappearance at Sea II (Voyage de guérison), 1997, Film 16 mm, durée: 4', collection Frac Bretagne © Tacita Dean

Jean-Michel Sanejouand, Kayak grillé, 1965, Bois, métal et grillage, 520 x 82 x 80 cm, collection Frac Alsace © Jean-Michel Sanejouand

Ille-et-Vilaine


saisit sur le vif une scène quasi mythologique. Ces routes sont restituées par Ron Haselden à travers de discrètes installations lumineuses situées à l’extérieur des salles d’exposition, dans le puits de lumière du bâtiment. L’exposition fait, au mur, une place importante à la cartographie où se lisent The World from Memory d’Emma Kay, planisphère subjectif et forcément lacunaire, les cartes mystérieuses et mentales d’Anne Durez, la transcription des trajets erratiques et psychologiques réalisée par Berdaguer et Péjus. Ces derniers semblent faire lien avec les trajectoires dans Dublin des héros du roman de James Joyce, Ulysses (1922), dont Richard Hamilton retient quelques épisodes clés qu’il entreprend d’illustrer durant près de 50 ans. Les dessins au crayon de Penny McCarthy relisent et relient la complexité des deux textes fondateurs. Tandis que la ligne d’horizon formée des 61 noms des Femmes d’Ulisse par Sharon Kivland concrétise une cartographie littéraire. Si Ulysse est évoqué à travers son voyage de retour vers l’île qui est son royaume, le héros grec est aussi présent par métonymie, doublement convoqué par Raymond Hains, (les deux Valises de Troie, la Belle Hélène et le Petit Navire), qui le restitue en son histoire, ses faits d’armes, sa geste livresque, d’une part, et d’autre part par le cheval de Troie, le Néo Dada emballé, qui par un saisissant raccourci associe le rusé guerrier à l’artiste Christo et son modus operandi, l’emballage. Un portrait à la fois littéraire et prosaïque qui n’est pas sans relation avec la façon dont Alain Séchas actionne sa figure de chat dans des scènes de la vie quotidienne mais aussi au sein de grands sujets, telle la mythologie dont, ici, le fameux épisode des Sirènes. C’est par un chant que se clôt l’exposition, celui du King de Saïda, filmé par Marcel Dinahet, interprétant l’Odyssée face à la mer. Le Frac Bretagne participe à la performance de Mark Geffriaud The Tide [la Marée], voir page 108 Programmation cinéma pour la Nuit des musées le 18 mai, voir page 122

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Marcel Dinahet, Le King de Saïda interprète l’odyssée d’Ulysse sur l’île de Saïda, 2013, vidéo couleur, durée : 2'15" © Marcel Dinahet

Frac Bretagne 19 avenue André Mussat CS 81123 F-35011 Rennes Cedex Tél. 02 99 37 37 93 accueil@fracbretagne.fr www.fracbretagne.fr

Ouvert du mardi au dimanche de 12h à 19h Plein tarif : 3 € Réduit : 2 €

Gratuit pour les moins de 25 ans, les Amis du Frac Bretagne, les demandeurs d’emploi Accès aux personnes à mobilité réduite


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Rennes Musée des beaux-arts

L’homme atlantique MarYlène NEgro

exposition du 17 au 25 août 2013 Le Musée des beaux-arts de Rennes propose aux visiteurs un panorama de l’histoire de l’art depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Ses collections de peintures anciennes et d’art graphique, son cabinet de curiosités en font un établissement majeur dans le réseau des Musées des beaux-arts français. La peinture française des XVIIe et XVIIIe siècles est notamment bien représentée avec Georges de La Tour, Le Brun, Philippe de Champaigne, Chardin, etc. À cela s’ajoute un ensemble de très grande qualité pour l’Ecole de Pont-Aven et les Nabis (Gauguin, Sérusier) ainsi que pour le XXe siècle avec des œuvres qui jalonnent le siècle, de Picasso à de Staël, de Tanguy à Riopelle. Enfin, l’abstraction géométrique et l’art construit constituent une des spécificités du musée (Aurelie Nemours, François Morellet, Vera Molnar). Des expositions temporaires sont proposées régulièrement aux visiteurs alternant art ancien et art contemporain, monographies d’artistes et expositions thématiques.

Le film L’homme atlantique de Marylène Negro se compose d’un travelling avant à peine perceptible par lequel l’œil pénètre lentement dans un salon à colonnes pendant que défile en incrustation le texte entier de L’homme atlantique de Marguerite Duras. Le plan est tourné à l’hôtel des Roches Noires, à Trouville, où l’écrivaine avait ses habitudes et où elle écrivit certains de ses livres, dont celui-ci. Il y est question d’un amour finissant, du départ de l’amant et d’un film qui se tournerait à ce sujet. La narratrice, s’adressant à l’homme qu’elle aimait : « Rien n’arrive plus que cette absence noyée dans le regret et qui sera à ce point sans descendance qu’on pourra en pleurer. » Et encore : « Tandis que je ne vous aime plus je n’aime plus rien, rien, que vous, encore. » Ce requiem pour un amour défunt, la nymphe Calypso aurait pu le chanter quand, sommée par les dieux, elle libère enfin Ulysse qui avait auparavant renoncé à l’immortalité qu’elle lui proposait, lui préférant la commune condition des mortels et plus encore la perspective de retrouver son royaume d’Ithaque où l’attendaient sa femme Pénélope, son fils Télémaque et tous les siens. « Durant votre passage, il vous faudra donc croire à votre inaliénable royauté. » L’image de Marylène Negro creuse patiemment l’espace de ce salon des Roches Noires qui est aussi l’espace de ce texte. En plaçant la projection au sein d’un dispositif, à son tour salon, où le spectateur peut s’asseoir dans des fauteuils, l’artiste procède à une série d’emboitements qui articulent l’image et le texte, le regardeur et l’amour, autant dire tout ce qui constitue l’obsession du cinématographe. Le Musée des beaux-arts de Rennes participe à la performance de Mark Geffriaud The Tide [la Marée], voir page 108

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Marylène Negro, L’homme atlantique, 2008, Installation, film 33'7", silencieux © Marylène Negro

Musée des beaux-arts de Rennes 20 Quai Emile Zola F-35000 Rennes Tél. 02 23 62 17 45 museebeauxarts@ville-rennes.fr www.mbar.org

Ouvert tous les jours, de 10h à 12h et de 14h à 18h Fermé les lundi et jours fériés Ouvert le mardi en continu de 10h-18h

Plein tarif : 4,85 € Réduit : 2,45 € Gratuit pour les moins de 18 ans, les Amis du musée (SAMBAR) et les bénéficiaires des minima sociaux métropolitains Accès aux personnes à mobilité réduite


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Rennes Cabinet du livre d’artiste

Ulisses, 1998–2013 Stéphane Le Mercier

exposition du 23 mai au 20 juin 2013

Fondées en 2000, les Éditions Incertain Sens sont un programme de publication et de recherche autour du livre d’artiste. Depuis 2006, elles ont initié le Cabinet du livre d’artiste : bibliothèque spécialisée, dispositif de lecture et lieu d’exposition. Leur objectif est d’encourager cette autre façon de faire de l’art qu’est le livre d’artiste, de soutenir sa production et de défendre sa présence dans la culture éditoriale et artistique. Nés dans le contexte universitaire, les Éditions Incertain Sens et le Cabinet du livre d’artiste stimulent les recherches en esthétique, documentation et histoire du livre d’artiste, et mettent à disposition de tous les publics leurs résultats : le fonds d’ouvrages (près de 2500 titres), les expositions, les conférences, ainsi que les publications des Éditions Incertain Sens, et en particulier «Sans niveau ni mètre. Journal du Cabinet du livre d’artiste ».

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À l’occasion de la publication du livre Ulisses, le Cabinet du livre d’artiste invite Stéphane Le Mercier pour l’exposition Ulisses, 1998 - 2013 dans laquelle il donnera à voir les documents et archives relatifs à dix années d’activités éditoriales. « Débutée au milieu des années 1990 à Budapest, ma pratique éditoriale se concentre aujourd’hui sur l’utilisation d’imprimés (livres, éphémérides, photocopies), sur leur circulation dans l’économie quotidienne. Disons que mes livres poursuivent de façon discrète et autonome, une réflexion sur le ready-made, majoritairement textuel, sur ce qui demeure malgré tout des mots et puis des choses. L’exposition au Cabinet du livre d’artiste sera l’occasion de revenir sur quinze années de travail, chaque livre, chaque édition étant exposée avec les documents relatifs à sa réalisation. » «... et qu’est-ce que vous faites dans la vie ? - Je relève des chutes. » Entretiens avec Christine Anzieu, 2008. Dans le cadre d’Ulysses, l’autre mer, le Frac Bretagne s’associe aux Éditions Incertain Sens pour la parution du livre d’artiste de Stéphane Le Mercier, Ullisses : « Au printemps 1998, bénéficiant d’un petit bureau au James Joyce Centre de Dublin, j’ai photocopié la plupart des couvertures et quelques pages intérieures des traductions mondiales d’Ulysse. Rapidement réalisées et à des fins documentaires, ces photocopies sont parcourues de bruits (déplacement du livre, agrandissement aléatoire, présence furtive de la main, rayures, etc.) comme autant d’ornements ajoutés à la polyphonie de l’œuvre. Enfin, ce projet s’accompagne aujourd’hui d’une réflexion insoupçonnable à l’époque : le traitement fait aux livres dans le cadre de leur numérisation sauvage. »

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Stéphane Le Mercier, livre Ulisses, 1998-2013, Editions Incertain Sens et Frac Bretagne, Rennes © Stéphane Le Mercier

Cabinet du livre d’artiste Université Rennes 2 Campus Villejean Place du recteur Henri Le Moal CS 24307 F-35043 Rennes cedex Bâtiment Érève / Rdc

Tél. 02 99 14 15 86 noury_aurelie@yahoo.fr www.incertain-sens.org www.sans-niveau-ni-metre.org

Ouvert du lundi au jeudi de 11h à 18h hors vacances universitaires et également sur rendez-vous Entrée libre


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Rennes La Criée centre d’art contemporain

Slow Season Mahony

exposition du 13 juin au 14 août 2013

Implanté en plein cœur de Rennes, dans le bâtiment des Halles centrales, La Criée centre d’art contemporain est un espace d’exposition dédié à la production et la diffusion d’œuvres d’artistes français et étrangers, émergeants ou reconnus. Ouvert à un large public, La Criée est un lieu où s’inventent et se réfléchissent les formes artistiques d’aujourd’hui et de demain, ainsi que les usages de ces formes. Avec ses quatre plates-formes de création (Art au centre – Prospectives – Des Rives Continentales – Territoires en Création), La Criée propose aux publics l’expérience de l’ouverture artistique par la mise en place d’expositions, de résidences d’artistes, l’organisation de colloques, séminaires, ateliers, rencontres ainsi que la publication d’ouvrages collectifs et/ou monographiques.

Slow Season, première exposition personnelle en France des Mahony, collectif d’artistes autrichien fondé en 2002, propose une variation autour de l’absence. L’exposition s’inspire du contexte dans lequel elle prend place : La Criée, son histoire, son espace, son emplacement - un centre d’art dans un ancien marché aux poissons - ; les figures tutélaires des héros d’Homère et de Joyce. Slow Season se construit autour d’une suite d’œuvres et d’indices qui se répondent les uns les autres et dont l’assemblage forme les bribes d’une histoire, ou plutôt de plusieurs histoires possibles. Ainsi, pénétrant dans l’espace d’exposition, le visiteur fait face à la reproduction en grand format d’une photographie d’archive des halles datant des années 1920, repeinte à la main (Slow Season, 2013). Écho direct de l’espace de La Criée, son bâti, son histoire, cette œuvre fait de celui-ci un protagoniste à part entière du scénario de l’exposition. De même, Meeting Of The Waters (2013) figure le plan d’un jardin public de Dublin où se déroule une partie du dixième chapitre de l’Ulysse de Joyce. Lui répond Swansong (2013), citation tirée du même chapitre. Cet ancrage littéraire se double d’une grande attention portée aux complexités de la société contemporaine. À cet effet, les Mahony s’intéressent à des objets qui canalisent des conflits et dont ils s’attachent à démontrer le statut contradictoire, qu’il s’agisse d’objets issus de la production de masse ou d’objets archéologiques traités et estimés à la fois comme des marchandises et comme des porteurs de sens. Ainsi l’installation Gum-Paste Incident (2011), questionne la valeur de l’objet (d’art) et révèle les conflits de pouvoir entre la vieille Europe et les « autres mondes ». L’équilibre de l’exposition Slow Season tient dans ce subtil mélange du poétique et du politique. La figure de l’arpenteur y est centrale, qu’il s’agisse du flâneur, de Leopold Bloom à Walter Benjamin, ou du voyageur au long cours, d’Ulysse à Ernest Shackleton. La Criée participe à la performance de Mark Geffriaud The Tide [la Marée], voir page 108

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Mahony, Growing absence, 2010, impression jet d’encre sur papier / Courtesy Mahony et Galerie Emanuel Layr Vienne

La Criée centre d’art contemporain Place Honoré Commeurec Halles centrales F-35000 Rennes Tél. 02 23 62 25 10 la-criee@ville-rennes.fr www.criee.org

Ouvert du mardi au vendredi, de 12h à 19h, et les samedi et dimanche, de 14h à 19h Fermé le lundi et les jours fériés

Entrée libre Accès aux personnes à mobilité réduite


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Saint-Briac sur Mer 18e Festival d’art Grand Ecart Ancien presbytère

Construit en 1895 par le recteur Chapel, l’ancien presbytère de Saint-Briac sur Mer est situé en plein cœur du village, parmi les maisons de capitaines et les jardins attenants. Aujourd’hui acquis et réhabilité, il accueille régulièrement des manifestations artistiques. Dès 1996, et chaque été depuis 2008, le Festival d’art Grand Ecart développe des projets singuliers dans le domaine des arts plastiques. La commune de Saint-Briac sur Mer invite le public à cheminer « du patrimoine à l’art vivant » et propose deux expositions. L’une a pour objet de faire (re)découvrir un artiste du patrimoine breton et la seconde de soutenir la création contemporaine. En 2013, Saint-Briac sur Mer organise la 18e édition du Festival en accueillant les œuvres de Jean-Julien Lemordant au couvent de la Sagesse et en invitant Marcel Dinahet à exposer à l’ancien presbytère.

Vu

Marcel Dinahet exposition et parcours dans la ville du 7 juillet au 8 septembre 2013 Marcel Dinahet, artiste commissaire de l’exposition Ulysses, l’autre mer, investit la ville de Saint-Briac sur Mer et la galerie de l’ancien presbytère. Il présente un ensemble inédit de photographies et vidéos, créé pour l’occasion. Artiste voyageur, et plongeur, Marcel Dinahet prend le paysage pour sujet. Son élément favori est l’eau, la mer le plus souvent. Il utilise toutes les possibilités techniques que lui offre la vidéo. La caméra est son outil, à la fois prolongement du corps et enregistrement du monde. De Kaliningrad à Beyrouth, de Chypre à Calais, il rapporte des vues extraordinaires dans lesquelles la ligne de flottaison définit un nouvel horizon. Le rivage est saisi depuis la mer, les berges depuis le fleuve. Le lexique cinématographique – panoramique, plan rapproché, caméra fixe ou en mouvement - est largement employé par Marcel Dinahet. Il l’amplifie par la recherche permanente d’un point de vue inédit qui désoriente le spectateur ou, du moins, lui fait reconsidérer sa place,devant ou dans le paysage. Le regardeur est « embarqué ». À Saint-Briac sur Mer, Marcel Dinahet développe plusieurs approches. Depuis le large, il explore le littoral, regarde la station balnéaire et ses alentours, et filme le rivage côtier du cap Fréhel à Rothéneuf. Il inverse ainsi le point de vue classique de la marine. Présenté sous deux formes dans la galerie de l’ancien presbytère : vidéo-projections et photographies constituées d’arrêts sur images portant en eux le son et le mouvement absents, le film donnera lieu aussi à un affichage dans la ville. Enfin, l’artiste fait une proposition aux habitants et estivants de Saint-Briac : celle de lire à haute voix, devant la mer, des extraits de l’Odyssée d’Homère. Cette expérience sera l’objet d’un second film, également projeté dans l’espace d’exposition. Saint-Briac sur Mer participe à la performance de Mark Geffriaud The Tide [la Marée], voir page 108 Programmation cinéma en collaboration avec la Cinémathèque de Bretagne, voir page 106

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Marcel Dinahet, Saint-Briac sur Mer, avril 2013 © Marcel Dinahet

18e Festival d’art Grand Ecart F-35800 Saint-Briac sur Mer Tél. 02 99 88 32 34 saint-briac@wanadoo.fr www.saint-briac.com

Ancien presbytère Ouvert tous les jours, du 7 juillet au 8 septembre, de 10h30 à 13h et de 14h30 à 19h

Tarif plein : 3 € pour les expositions Marcel Dinahet, Vu et Jean-Julien Lemordant, Le fauve breton Gratuit pour les moins de 25 ans et demandeurs d’emploi


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Rennes Bibliothèque des Champs Libres

Ulysses, l’autre mer Programmation

Ulysse, figure mythique… La bibliothèque de Rennes Métropole a souhaité porter l’attention de ses lecteurs sur ce texte fondateur, lui donner envie de le lire ou le relire, permettre aux plus jeunes de le découvrir. Une succession de clins d’œil au cours de ce temps fort Ulysses, l’autre mer.

mercredi 10 avril à 18h30

Ulysse ou l’épopée de celui qui ne voulait pas y aller Récit-conte de Sylvain Cebron de Lisle Au sein de l’équipement culturel des Champs Libres, la bibliothèque de Rennes Métropole offre sur 4 600 m2 plus de 200 000 documents organisés selon une philosophie thématique multimédia et répartis selon l’architecture du bâtiment. Elle abrite également des lieux improbables, à découvrir : cabinet de curiosités, salon de lecture numérique, Musée Pollès. La bibliothèque, lieu physique, se double désormais de plus en plus d’une bibliothèque virtuelle, accessible en ligne, dans une totale complémentarité et continuité. Elle participe à la mise en valeur des différentes productions de l’esprit, à la rencontre, au débat et à la création de lien.

Pour Sylvain Cebron de Lisle, conteur, bien des héros de l’Iliade sont dominés par la folie guerrière, à l’exception d’Ulysse. Dans nos mémoires, il est le héros qui a vaincu la fière ville de Troie par la ruse, avec l’invention d’un cheval miraculeux. Mais que se passa-t-il donc durant le terrible siège qui vit périr Achille ? Plus qu’au héros, c’est à l’homme Ulysse que s’intéresse le conteur, revisitant d’une manière décalée la Grèce antique et les mythes.

du 13 juin au 21 juin 2013

Présentation de livres autour d’Ulysse disponible pour les lecteurs

du 9 juillet au 31 août 2013

Sur les choses accomplies par Ulysse, [Odyssea, id est De rebus ab Ulysse gestis], Trésor de la bibliothèque Edition ancienne de l’Odyssée (XVIe siècle), en grec et en latin La bibliothèque des Champs Libres participe à la performance de Mark Geffriaud The Tide [la Marée], voir page 108

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Sur les choses accomplies par Ulysse, Trésor de la bibliothèque des Champs Libres, Rennes / crédit photo : Nyima Leray

Bibliothèque des Champs Libres 10 cours des Alliés F-35000 Rennes Tél. 02 23 40 66 00 www.leschampslibres.fr

Ouvert le mardi de 12h à 21h et du mercredi au vendredi de 12h à 19h Les samedi et dimanche de 14h à 19h

Fermé les lundi et jours fériés En juillet et août : ouvert du mardi au vendredi de 13h à 19h et le samedi de 14h à 19h L’accès aux collections de la bibliothèque est gratuit


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Pontivy Bieuzy-les-eaux

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Bignan

Lorient Port-Louis

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Vannes

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Houat


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Port-Louis Musée de la Compagnie des Indes

Ulysses, l’autre mer

Muriel Bordier, Jean-Yves Brélivet, Balthasar Burkhard, Robert Gober, Sharon Kivland, Bruno Peinado exposition du 8 juin au 23 septembre 2013

Le musée de la Compagnie des Indes est installé depuis 1984 dans un bâtiment de la citadelle de Port-Louis, architecture militaire remarquable, initiée à la fin du XVIe siècle par les Espagnols et achevée par l’architecte Corbineau. Le musée fait revivre au visiteur l’histoire des grandes compagnies de commerce maritime à monopole des XVIIe et XVIIIe siècles. C’est en 1664, sur le conseil de son ministre Colbert, que le roi crée la première Compagnie française des Indes. La rade du Blavet est désignée en 1666 pour accueillir les activités de construction navale et d’armement des navires. De Lorient à Canton, le parcours évoque les expéditions des navires des compagnies des Indes et permet de découvrir les marchandises précieuses qui séduisaient tant les Européens. Maquettes de vaisseaux, estampes, cartes anciennes, mobilier indo-européen, porcelaines de Chine, cotonnades indiennes sont autant de témoignages de cette épopée maritime.

Le parcours du musée de la Compagnie des Indes est une invitation au voyage. En résonnance avec ses collections exotiques, cinq artistes, Muriel Bordier, Jean-Yves Brélivet, Balthasar Burkhard, Rober Gober, Sharon Kivland y ajoutent des escales inédites. Les Petites Charmeuses de Sharon Kivland rythment la visite, écureuils naturalisés amassant et présentant une collection de cols brodés du début du XXe siècle. L’artiste fait doublement écho à l’histoire de la Compagnie, aux précieuses cotonnades brodées, aux indiennes, résultant d’une hybridation des savoir-faire, et à l’essor du commerce sous l’impulsion des compagnies à monopole. La photographie noir et blanc de Balthasar Burkhard se situe également à la croisée des cultures, un paysage alpin traité à la manière d’une estampe japonaise. À mi-parcours, dans la salle consacrée à la traite, s’immisce un fragment du papier peint de Robert Gober, Hanging Man / Sleeping Man, image de la bonne conscience de l’homme blanc en regard du sort fait à l’homme noir. Les photographies de Muriel Bordier, deux vues de la série Locataire, les sculptures de Jean-Yves Brélivet, une fabuleuse tête de vache Sans titre ainsi qu’un cheval quasi mythologique, L’Angle domestique, évoquent les nombreuses scènes animales délicatement peintes sur les porcelaines chinoises qui concluent la visite. À l’extérieur, dans le parc à boulets, le cheval de Troie créé par Bruno Peinado s’inscrit dans l’histoire du lieu, la citadelle, place forte qui abrite le musée, et dont la nature militaire et défensive remémore la forteresse de Troie et la ruse d’Ulysse. Ici le cheval est embarqué : prêt au départ ou au voyage de retour ?

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Bruno Peinado, Sans titre, Une figure embarquée, 2013, projet en cours © Adagp / crédit photo : Bruno Peinado

Musée de la Compagnie des Indes Musée d’art et d’histoire de la Ville de Lorient Citadelle de Port-Louis Avenue du Fort de l’Aigle F-56290 Port-Louis Tél. 02 97 82 19 13 www.lorient.fr/musee.html museeindes@mairie-lorient.fr

Ouvert tous les jours du 2 mai au 31 août, de 10h à 18h30 Ouvert tous les jours sauf le mardi du 1er septembre au 15 décembre, de 13h30 à 18h Plein tarif : 7 € Réduit : 5, 50 € Gratuit pour les moins de 26 ans, les demandeurs d’emploi,

les enseignants et les militaires en activité, sur présentation d’un justificatif. Le billet d’entrée donne accès à la citadelle, au musée de la Compagnie des Indes et au musée national de la Marine Site accessible aux personnes à mobilité réduite


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Bignan Domaine de Kerguéhennec

L’atelier œuvres choisies 1972-2007, Fran ois Dilasser

exposition du 30 juin au 29 septembre 2013 dans le château et les écuries

Le Domaine de Kerguéhennec, acquis par le Département du Morbihan en 1972 et classé au titre des Monuments historiques en 1988, est le témoin de plusieurs siècles d’histoire. Construit au XVIIIe siècle, le château est au cœur d’un espace domanial dont le parc fut considérablement remodelé à la fin du XIXe siècle par Denis Bülher, célèbre paysagiste qui a dessiné, avec son frère, le jardin du Thabor à Rennes. Créé à partir de 1986 à l’initiative du ministère de la Culture, de la Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne et du Frac Bretagne, le parc de sculptures est un lieu de référence en matière de présentation de la sculpture contemporaine. Il compte parmi les plus importants d’Europe et réunit une vingtaine d’œuvres d’artistes majeurs. Chaque année, le Domaine propose une programmation artistique et culturelle qui s’attache au dialogue entre art, architecture et paysage. Il conserve et présente également une importante collection d’œuvres de Pierre Tal Coat, constituée par le Département du Morbihan qui est exposée à partir du 30 juin dans la bergerie.

Prévue de longue date, cette exposition revêt, du fait de la disparition du peintre en septembre 2012, un caractère rétrospectif dont elle n’avait pas l’intention initialement. Pensée en amitié avec Antoinette Dilasser, écrivain et compagne du peintre, elle souhaite mettre en avant, comme son titre l’indique, François Dilasser, L’atelier, le vivant de l’œuvre, un mot cher à Pierre Tal Coat. Les œuvres présentées, peintes de 1972 à 2007, n’ont cessé d’accompagner l’artiste dans sa recherche, constituant son environnement de travail et fondant le dialogue fécond entre les époques. L’exposition montre combien chaque série est profondément liée à celles qui la précèdent : une tête couchée devient paysage, une planète se fait jardin ou l’inverse, un paysage-rocher devient baigneuses comme autant d’évocations odysséennes… Sept œuvres de François Dilasser sont présentes dans la collection du Frac Bretagne. L’une d’entre elles, Métamorphoses, figure dans l’exposition.

Flottaisons Marcel Dinahet

exposition du 30 juin au 29 septembre 2013 dans le château La caméra de Marcel Dinahet, au ras et au rythme de la ligne de flottaison, capte des images de Saint-Nazaire, Saint-Malo, Bilbao, Brest, Lisbonne et Rotterdam. Dans le cadre d’Ulysses, l’autre mer, Flottaisons est présentée en vidéoprojection, dans un face-à-face inédit avec l’œuvre de François Dilasser. Au-delà de leurs langages singuliers, les deux artistes ont en partage un fort intérêt pour la « peinture » de paysage. Le Domaine de Kerguéhennec participe à la performance de Mark Geffriaud The Tide [la Marée], voir page 108

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François Dilasser, Métamorphoses, 1993, acrylique et encre de Chine, 163 x 153 cm collection Frac Bretagne © Adagp / crédit photo : Hervé Beurel

Marcel Dinahet, Flottaisons, 2000, vidéoprojection couleur, sonore, durée: 30'50", collection Frac Bretagne © Marcel Dinahet

Domaine de Kerguéhennec F-56500 Bignan Tél. 02 97 60 31 84 www.kerguehennec.fr kerguehennec@cg56.fr

Ouvert du 17 mars au 2 juin 2013, du mercredi au dimanche de 12h à 18h Du 30 juin au 29 septembre 2013, tous les jours de 11h à 19h

Du 20 octobre au 12 janvier 2014, du mercredi au dimanche de 12h à 18h Entrée libre


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Île de Houat Parcours dans la ville

Ulysses, l’autre mer

Isabelle Arthuis, Marcel Dinahet, Nicolas Floc’h exposition du 4 juillet au 31 août 2013

Située à 8,6 milles nautiques au sud-est du port de Quiberon, Houat fait partie des Îles du Ponant. Elle mesure 3,3 km de long et 1,5 km au plus large pour une superficie d’à peine 3 km2. Longue et étroite, l’île est un plateau granitique qui s’achève à l’est en une grande plage bordée de dunes. Elle se situe dans le prolongement de la presqu’île de Quiberon avec laquelle, jadis, elle ne faisait qu’une. Au recensement de 2009, la population de cette île de pêcheurs est de 270 habitants, population qui se trouve décuplée en saison. Autour du port Saint-Gildas, la pêche artisanale constitue encore aujourd’hui la principale activité économique de l’île avec le tourisme. « Ager more viuamb » dit la devise de Houat : « de la mer, nous vivons ».

Des photographies de grand format, l’une de Marcel Dinahet, Ithaque (2013), les deux autres d’Isabelle Arthuis, La Grotte de Donant (1998) et Le Banquet (2011), s’affichent le temps de l’exposition sur les pignons de trois édifices de Houat : la gare maritime, la poste et l’hôtel restaurant La Sirène. Isabelle Arthuis reconstitue avec l’aide des habitants des lieux, de véritables tableaux photographiques, fruits de la rencontre avec le paysage et ceux qui y résident et hommages aux traditions picturales : évocation des naufrageurs allumant des feux sur la côte pour tromper les marins d’un côté, écho aux fêtes villageoises, aux banquets et autres bacchanales de l’autre. Présentées dans l’espace public, ces images questionnent et ravivent les souvenirs latents d’une communauté. Aux côtés de ces deux prises de vues réalisées en Bretagne, Marcel Dinahet propose une image qu’il a rapportée de son voyage sur les traces d’Ulysse jusqu’à Ithaque. L’artiste présente également au gymnase le résultat d’un projet mené avec les habitants de l’île de Houat sur la plage. Nicolas Floc’h intervient à la Poudrière et crée une installation en partant de l’observation des dispositifs de concentrations de poissons (DCP), engins de pêches souvent réalisés de bric et de broc, permettant d’attirer les poissons, souvent les espèces pélagiques, par thigmotactisme, c’est-à-dire attraction par la forme, l’effet d’ombre portée, les modifications de courants. Programmation cinéma en collaboration avec la Cinémathèque de Bretagne , voir page 106

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Marcel Dinahet, Houat, mars 2013 © Marcel Dinahet

Mairie de Houat F-56170 Île d’Houat Tél. 02 97 30 68 04 mairie-houat@wanadoo.fr

Les œuvres présentées sur l’île de Houat sont libres d’accès et forment un parcours dans la ville de la gare maritime à la Poudrière, en passant par la poste, l’hôtel restaurant La Sirène et le gymnase.


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Pontivy Eglise Saint-Joseph

Ulysses, l’autre mer Abraham Poincheval, Sarkis

exposition du 5 juillet au 15 septembre 2013

Un premier projet d’édifice religieux voit le jour à Pontivy dès le début du XIXe siècle. Il faut néanmoins attendre le Second Empire pour qu’une église sorte de terre. Enclenché grâce au concours financier promis par Napoléon III lors de son passage à Pontivy en 1858, le chantier se déroula entre 1863 et 1869. C’est à l’architecte parisien Marcellin-Emmanuel Varcollier que l’on doit les plans de cette église néogothique. L’épuisement précoce de la subvention impériale laissa l’église inachevée : la flèche surmontant la tourclocher et la sacristie, entre autres, ne furent jamais réalisées. En 1985, un concours international sélectionna les artistes Patrick Ramette, Catherine Viollet, Sylvie Gaudin et Gilles Rousvoal pour la réalisation de vitraux contemporains sur le thème des quatre éléments. Grâce à ce chantier mené de 1991 à 1994, l’église SaintJoseph de Pontivy figure aujourd’hui parmi les grands monuments historiques français ayant participé au renouvellement de l’art du vitrail contemporain à partir des années 1980.

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Pour sa 11e collaboration estivale avec le Frac Bretagne, la Ville de Pontivy participe au projet Ulysses, l’autre mer en accueillant à l’église Saint-Joseph deux artistes d’envergure qui place le voyage, la référence à la mythologie et la collecte au cœur de leur travail. Abraham Poincheval conçoit l’art comme une aventure, une expérience lui permettant de découvrir le monde. Entre voyage improbable et isolement volontaire, il met en jeu son corps à travers ses performances. « Ma démarche est de savoir par moi-même ce qu’il en est du monde, un peu à la manière du Candide de Voltaire », précise l’artiste. Chacune de ses entreprises radicales ou absurdes est alors l’occasion de collectes au gré de parcours et de productions multiples : objets, archives, éditions, relatent son expérience. Dans l’église Saint-Joseph, l’artiste présente un ensemble d’œuvres, toutes issues de son projet Gyrovague, le voyage invisible (2011). Pendant un mois à chaque saison, à la manière d’un bousier, ou tel Sisyphe condamné à faire rouler un rocher au sommet d’une colline, l’artiste a poussé dans le nord des Alpes un habitacle cylindrique de soixante-dix kilos, à la fois véhicule, lieu de vie et camera obscura. Artiste d’origine turque, arrivé en France en 1964, Sarkis s’attache à raconter des histoires empreintes d’une forte mythologie personnelle. Ses installations assemblent des objets trouvés et collectés lors de ses voyages à ses propres créations. À partir des années quatre-vingt, Capt. Sarkis, double de l’artiste, et le Kriegsschatz (trésor de guerre) deviennent des thèmes omniprésents dans son travail. À Pontivy, l’artiste expose La rencontre de Arnold Böcklin avec Capt. Sarkis (1987), en référence à L’île des morts du peintre Arnold Böcklin, une embarcation se dirigeant vers le royaume des morts. L’œuvre de Sarkis n’est pas sans évoquer l’arrivée d’Ulysse au royaume des morts, parti sur les conseils de Circé en quête de l’âme du devin Tirésias.

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Sarkis, La rencontre de Arnold Böcklin avec Capt. Sarkis, 1987, sculpture, 670 x 420 x 180 cm, collection Musée des beaux-arts de Nantes © Adagp / crédit photo : Ville de Nantes-Musée des beaux-arts. Photographie : C. Clos

Église Saint-Joseph Square Lenglier F-56300 Pontivy Tél. 02.97.25.00.33 www.pontivy.fr secretariat.general @ville-pontivy.fr

Ouvert tous les jours, sauf le mardi, du 5 juillet au 31 août de 14h à 19h Les 6 et 7 juillet de 10h à 13h et de 14h à 19h Les 1ers, 7, 8, 14 et 15 septembre de 14h à 19h

Entrée libre


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Bieuzy 22e édition de L’art dans les chapelles Chapelle Saint-Gildas

Au cœur d’un site exceptionnel, en bordure du Blavet, la chapelle s’appuie sur un côté de l’énorme rocher qui la surplombe. Il s’agit d’une grotte naturelle dans laquelle Saint Gildas à son arrivée de Cornouaille anglaise aurait trouvé refuge et partagé cet ermitage avec son disciple Bieuzy. Une première chapelle édifiée au XVIe siècle dépendait de l’abbaye de Rhuys jusqu’à la Révolution. L’édifice actuel a été remanié ou reconstruit en 1837. L’arche qui sépare les deux oratoires et la fenêtre orientale pourrait dater du XVe ou du XVIe siècle. Chaque été depuis 1991, L’art dans les chapelles invite des artistes plasticiens dans la région de Pontivy. Cette invitation consiste le plus souvent à créer des œuvres spécifiques dans les chapelles, pour la plupart du XVe et XVIe siècles, qui jalonnent la vallée du Blavet. Quatre circuits conduisent le public dans un parcours qui relie le paysage à la chapelle, la peinture contemporaine à la statuaire polychrome, l’architecture religieuse à la sculpture d’aujourd’hui. Une double invitation à découvrir la création de notre époque et à porter un regard nouveau sur notre patrimoine.

Morbihan

Yves Chaudouët

exposition du 5 juillet au 15 septembre 2013 Dans le cadre d’Ulysse, l’autre mer, Yves Chaudouët présente dans la chapelle semi-troglodyte de Saint-Gildas Poisson des Abysses (2001), une créature imaginée d’après les récits des océanologues. Fasciné depuis son plus jeune âge par la mer et la littérature qui l’évoque, notamment celle des explorateurs, l’artiste s’attache à faire remonter à la surface, l’univers silencieux, obscur et mystérieux des abysses. En cherchant à représenter les habitants de ces territoires sous-marins encore largement inconnus, il se confronte aux limites du visible, à un monde largement empreint de fantasme où la figure du monstre n’est jamais très loin. Réalisée en verre soufflé, et placée dans l’obscurité, l’œuvre rappelle l’aspect à la fois inquiétant et fragile de ces créatures sous-marines. Des leds enfouies dans ses entrailles, et programmées selon une partition, évoquent le mouvement des viscères ou un étrange ballet aquatique, intensifiant l’esthétique inquiétante et fascinante de cette faune. Pour l’artiste, « le poisson est d’une grande beauté, un peu mystérieux pour les hommes […], comme les autres il ne peut émettre aucun son. On croit lire sur ses dents repoussantes un cri, qui dirait quelque chose entre « Je ne suis pas un numéro » et « Oubliez-moi ». L’homme ému par tant de ressemblances avec ses propres thématiques, n’a de cesse de faire taire différemment ce cri muet ».

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Yves Chaudouët, Poisson des Abysses, 2001, verre, silicone, composants électroniques, 30 x 50 x 22 cm collection FRAC Limousin © Yves Chaudouët

22e édition de L’art dans les chapelles Chapelle Saint-Gildas F-56310 Bieuzy

En juillet et août, ouvert tous les jours sauf le mardi, de 14h à 19h Ouvert les trois premiers weekends de septembre de 14h à 19h Entrée libre et gratuite

Point accueil de L’art dans les chapelles Maison du Chapelain

Lieu-dit Saint-Nicodème F-56930 Pluméliau Tél. 02 97 51 97 21 www.artchapelles.com accueil@artchapelles.com


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Ulysse revient ! Journal. Jean-Marc Huitorel

Avertissement Ce journal d’Ulysses, l’autre mer s’est tenu tout au long de la préparation du projet d’exposition qui porte ce nom. Il en a été la chronique en même temps qu’un lieu de mise à distance critique, sinon théorique. Si je me suis chargé de leur rédaction, ces lignes ne prirent corps qu’à partir d’échanges constants entre Catherine Elkar, Marcel Dinahet et moi-même. Aussi convient-il de les associer pleinement à cette entreprise, tant ils l’ont nourrie et accompagnée. Enfin, et pour rendre à César ce qui est à César, rappelons que l’idée première d’une manifestation artistique autour de la figure d’Ulysse est due à Emmanuel Latreille, dans la lignée des expositions consacrées par le Frac LanguedocRoussillon aux grandes figures : Marcel Duchamp (Chauffe, Marcel !), Rabelais (La Dégelée Rabelais) et Casanova (Casanova for ever). Il n’est pas jusqu’au genre de ce texte qui ne lui soit redevable puisque c’est sous la forme d’un journal qu’en 2006 il introduisit l’ouvrage Chauffe Marcel !

27 juin 2011 On se réunit rue de Vouziers, Catherine, Marcel et moi, pour poser les bases de notre projet d’exposition (2013) autour d’Ulysse et de l’Odyssée. Emmanuel Latreille (Frac Languedoc-Roussillon) a, le premier, eu l’idée de cette thématique à laquelle Catherine s’est rapidement associée avant que Pascal Neveux (Frac Paca) ne leur emboite le pas. Nos expositions seraient à la fois complémentaires et singulières. Les manifestations s’inscriront dans le cadre national des 30 ans des Frac et déboucheront sur une exposition de synthèse, fin 2013, aux Abattoirs de Toulouse, avant de se poursuivre, sous diverses formes, au plan international. Catherine présente ce cadre général et l’idée qui le fonde : l’artiste au cœur des collections. Il s’agit pour chaque Frac d’inviter un artiste (pas forcément un plasticien) comme commissaire de l’expo­sition. En Bretagne, on a choisi de lui associer un critique d’art.

ci-contre : Marcel Dinahet, Ithaque, mars 2013 ©Marcel Dinahet

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Nous évoquons déjà les lieux possibles, les titres aussi. Je songe à Ulysse revient ! (en référence à la chanson du dessin animé culte des années 80, Ulysse 31, mais aussi eu égard au double retour d’Ulysse : à Ithaque et, en ce début de XXIe siècle, au cœur des préoccupations de quelques acteurs du monde de l’art). De son côté, Catherine songe à Odyssées. 1er juillet 2011 Le sujet est vaste et rempli d’embûches. Comment l’aborder, quelle entrée trouver ? Les questions affluent : En quoi la figure d’Ulysse est-elle contemporaine ? Qu’est-ce qui, dans Ulysse, retient l’art actuel ? Ou plutôt, qu’est-ce qui, dans l’art actuel, fait écho à Ulysse ? Qu’est-ce qui, dans ce texte, à travers cette figure, est susceptible de poser des questions aux artistes et aux œuvres ? Qu’est-ce qui peut faire exposition ? Qu’est-ce qui peut faire exposition en Bretagne ? Le lieu des expositions a-t-il une importance ? Faut-il interroger l’espace breton, la matière bretonne ? Une exposition en Bretagne doit-elle être spécifique (donc différente) par rapport aux expositions en Languedoc-Roussillon, en Provence-Alpes-Côte d’Azur ? Doit-on montrer certains artistes en commun ? Je reprends les beaux catalogues/livres qu’Emmanuel (Latreille) a publiés à l’occasion des manifestations autour de Rabelais et de Casanova. L’ouvrage La Dégelée Rabelais contient un ensemble de textes de commentaires sur Rabelais mais, à l’exception du texte sur Pierre Joseph, rien concernant l’art contemporain. L’iconographie est cependant constituée pour l’essentiel de reproductions d’œuvres des artistes présents dans les expositions. Ce qui conduit à une interprétation périlleuse de l’ensemble du projet, à savoir que les œuvres viennent illustrer l’univers de Rabelais. Ce danger est absent de Casanova forever où l’on tombe peut-être dans l’excès inverse : chaque exposition/œuvre mise en lien avec un commentaire de ou sur Casanova. Dans son introduction, Emmanuel montre la pertinence du lien entre la figure, réelle et littéraire, de Casanova et certains enjeux de l’art contemporain, à commencer par la question du sujet (« le désastre du sujet » selon l’expression de Philippe Lacoue-Labarthe). Il nous faudra élaborer nos projets à partir d’un point de vue sur l’art, afin d’éviter toute tentation d’illustration d’une figure ou d’un mythe et d’ainsi instrumentaliser les œuvres et les artistes. Il nous faudra naviguer (c’est bien le moins) entre spécificité de l’art et approche anthropologique.

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31 juillet 2011 Anne Bertrand m’annonce qu’elle publie incessamment les écrits de Tacita Dean aux éditions qu’elle dirige à l’École supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg. Heureuse coïncidence. Comment, en effet, ne pas songer à Tacita Dean, présente dans la collection du Frac Bretagne, pour notre exposition ? La Tate Modern lui organise une exposition à la rentrée. Anne me parle aussi d’un texte que l’artiste a écrit sur W.G. Sebald et qui figure dans cet ouvrage. Sebald, lui aussi auteur odysséen s’il en fut… 9 août 2011 Modeste exposition Charles Lapicque et la mer au musée de Morlaix. Je m’étais un instant demandé si Lapicque, également présent dans la collection du Frac, n’aurait pas pu figurer dans notre exposition, ou dans un de ses projets satellites ? Je m’interrogeais par exemple sur la pertinence d’un rapprochement avec la série Yok de François Dilasser. Sorti du musée assez dubitatif sur le choix de Lapicque. 10 août 2011 Visité à l’abbaye de Daoulas l’exposition autour de Victor Segalen, Rencontres en Polynésie, avec l’idée d’y découvrir quelques développements odysséens. Espoir déçu. Que cherche-t-on à dire à travers un tel projet dont on sent bien qu’il s’est fondé sur un triangle Segalen/Polynésie/Gauguin avec pour dénominateur commun la Bretagne ? Au final, je suis sorti du site enchanteur de la vieille abbaye finistérienne assez inquiet quant à notre propre entreprise. Sur quoi bâtir une exposition lisible ? De quoi va-t-on parler ? De quels arrière-plans théoriques nous réclamerons-nous ? Nos Ulysses et nos Odyssées ne seront-ils qu’un prétexte à montrer de l’art ? Et dans ce cas, quel art, quels artistes ? Et pour dire quoi ? Que les collections des Frac, et celle du Frac Bretagne en particulier, sont formidables ? QU’AVONS-NOUS À DIRE ? 9 septembre 2011 Première séance de travail après les vacances d’été. On évoque les aspects techniques et matériels. Les lieux possibles (le Frac à Rennes dans tous ses espaces d’exposition, puis quatre ou cinq lieux dans les quatre départements bretons. L’idée serait d’investir quelques îles (la question centrale des îles et de l’insularité dans l’Odyssée) avec à chaque fois un point d’ancrage sur le continent. Didier Lamandé, à la galerie du Dourven, s’est montré très intéressé par le projet. Ouessant, son musée des Phares et Balises, la connaissance qu’en a Marcel, ses contacts, nous apparaît comme une évidence. Le musée de la Compagnie des Indes de Port-Louis et l’île de Groix ? Peut-être un partenariat avec

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le centre d’art Passerelle à Brest (en lien avec Ouessant) et Le Quartier à Quimper. Brest encore pour la Cinémathèque de Bretagne et les films sur la mer, Epstein, etc.). Saint-Malo ou Saint-Briac ? Marcel lit Typhon de Conrad. Catherine évoque la tempête… Quelque chose se débloque pour moi, une approche plus simple, plus ouverte aussi : cette idée de la mer, du voyage aventureux, du danger, le naufrage, les obstacles… Bref, quelques lectures souples d’une odyssée moderne. Nous abordons naturellement alors la question des possibles axes d’approche, des thèmes structurants : La figure du monstre, la tempête/la mer/la vague, l’île, l’attente, le retour, la nostalgie. Les figures féminines, Pénélope, Calypso, Guenièvre, Molly… On commence aussi à établir la liste les artistes. Déjà des évidences : Marcel, bien sûr. Isabelle Arthuis Nicolas Floc’h Tacita Dean Benoît Laffiché Anne Durez Yvan Salomone Allan Sekula Alexandre Ponomarev … 28 septembre 2011 S’agissant d’une exposition d’art, je cherche encore et toujours par quel bout prendre cette question d’Ulysse et de l’Odyssée. Une fois qu’on a écarté toute tentation d’illustration littérale comme celle du prétexte facile, que voulons-nous faire ? Philosophie Magazine vient de publier un hors série sur l’Iliade et l’Odyssée que je lis et d’où surgit comme l’amorce d’une idée. Et si l’on voyait en Ulysse une figure possible de l’artiste, dans l’Odyssée une métaphore de l’art ? Ainsi nous pourrions éviter que l’art ne serve à illustrer un propos de type littéraire ou ayant trait à la mythologie. Au contraire, nous convoquerions Ulysse et l’Odyssée pour parler de l’art, des artistes et des œuvres. Un axe de réflexion, un point de vue. Marcel évoque à nouveau Typhon, de Joseph Conrad, ce qui me fait penser à Moby Dick. Me vient à l’esprit l’œuvre de Simon Starling, Autopyroxylocycloboros (2006), 38 diapositives qui racontent un voyage sur un petit bateau à vapeur dont la chaudière est alimentée par le bois du navire lui-même.

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29 septembre 2011 La cartographie, forcément hypothétique, sinon illusoire, du voyage d’Ulysse établie par l’helléniste Victor Bérard et reproduite dans le hors série de Philosophie Magazine, place l’île d’Ogygie, royaume de Calypso, aux abords de l’île de Ceuta, à l’extrême ouest de la Méditerranée. Or Ceuta, près du détroit de Gibraltar, constitue avec Melilla, l’un des deux points stratégiques de l’entrée sud dans l’espace Schengen, possessions espagnoles aux portes du Maroc qui en revendique la souveraineté. C’est le lieu d’intenses échanges, légaux et surtout illégaux, filmé en particulier par l’artiste suisse Ursula Biemann. C’est également un lieu très présent dans le travail de Benoît Laffiché. Achevé hier la lecture de Gestes et opinions du Docteur Faustroll d’Alfred Jarry. C’est Christophe Domino qui me l’avait conseillé alors que je lui faisais part de ma perplexité quant à la possibilité d’une exposition pertinente autour d’Ulysse et de l’Odyssée. Je me souviens de ses mots : « Essaie de te déporter un peu ! ». Pas déçu du voyage ! C’est en effet dans une véritable odyssée (errance par les îles) que se lancent le docteur Faustroll, génial pataphysicien, le greffier René-Isidore Panmuphle et le singe papion hydrocéphale, Bosse-de-Nage. Le chapitre XIV du Livre Premier, intitulé « Du bois d’amour » et dédié à Émile Bernard, est particulièrement réjouissant : tous repères gommés et torridité érotique sous-jacente ! Le XVII, « De l’île Flagrante » (à Paul Gauguin) est très bien aussi, mais plus encore le XIX, « De l’île de Ptyx », naturellement dédié à Stéphane Mallarmé. Le XX est, par son titre, « De l’île de Her, du cyclope, et du grand cygne qui est en cristal », le plus homérique : « Le seigneur de l’île est un Cyclope, mais nous n’eûmes pas à renouveler le stratagème d’Ulysse… » 14 octobre 2011 Marcel m’appelle en fin d’après midi à propos de notre rendez-vous de lundi prochain avec Nicolas Floc’h. Il dit au détour de la conversation : « J’ai une idée farfelue ». Je lui réponds qu’ « une idée farfelue », c’est presque un pléonasme. On rit. Son idée lui est venue à la lecture de La Promenade au phare de Virginia Woolf. Il pense qu’on pourrait demander aux artistes qu’on inviterait à produire, de se rendre dans un phare, loin, et de proposer quelque chose au retour. Cela pourrait structurer les expositions parallèlement aux œuvres existantes et à celles des collections de Frac. Pour une idée farfelue, c’est une excellente idée ! 17 octobre 2011 Parlé ce week end avec Benoît Laffiché à qui j’apprends que l’île d’Ogygie est placée par certains exégètes de l’Odyssée quelque part du côté du détroit de Gibraltar, entre Ceuta et Melilla

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(d’autres la situent dans les parages de Malte). Je songe à un pan d’exposition autour de la figure de Calypso qui dirait à la fois le lamento amoureux (L’Homme atlantique de Marylène Negro) et les occurrences contemporaines des œuvres autour de l’entrée dans l’espace Schengen (Ursula Biemann et Benoît Laffiché). Ulysse cherchait à s’éloigner de Calypso pour rentrer à Ithaque où Pénélope l’attendait. Les migrants (ou les travailleuses d’un jour) cherchent au contraire à entrer en Europe. Calypso pleure le départ d’Ulysse, comme la narratrice de Duras, son amour perdu ; c’est le sujet du film de Marylène Negro. 19 octobre 2011 Relu L’Homme atlantique de Marguerite Duras. Le texte, cela m’est confirmé à le reprendre, pourrait en effet bien être la lamentation de Calypso consécutive au départ d’Ulysse. C’est magnifique. Il faudrait pouvoir, soit dans le cadre d’une exposition autonome, soit dans un chapitre de l’exposition principale au Frac, concevoir un ensemble autour de cette région présumée de l’île d’Ogygie/ Ceuta/Melilla où l’on articulerait l’histoire d’amour et les flux actuels du passage vers l’espace Schengen. Je songe aussi aux travaux d’Yves Chaudouët autour des poissons et autres méduses en verre soufflé des séries : Poisson des Abysses, Méduses luminescentes, Étoiles de mer opalines, Banc d’anguilles-miroir… 27 octobre 2011 L’idée de la promenade au phare me paraît constituer un pôle ou un axe assez riche et structurant. Il pourrait être nourri de productions inédites ainsi que d’œuvres existantes : Desappearance at sea de Tacita Dean (Frac Bretagne), mais aussi C’est vous, le film de Marylène Negro. Les Radio phare et peut-être d’autres pièces de Marcel. Un second cercle autour de ces œuvres pourrait être la mer, l’horizon de la mer : Isabelle Arthuis (Les Naufrageurs), Benoît Laffiché, Iroshi Sugimoto, Nicolas Floc’h. Un autre ensemble pourrait se dessiner autour de la dialectique Calypso/Pénélope. Calypso et l’île d’Ogygie : Ursula Biemann, Marylène Negro. Pénélope et l’attente, le tissage/détissage : Cécile Bart, Pierrette Bloch, Christelle Familiari, etc. L’idée du voyage, de l’errance et des obstacles (l’aventure) peut également rassembler des œuvres : Simon Faithfull, Benoît Laffiché, Allan Sekula, Ron Haselden (Aller retour), Simon Starling (Autopyroxylocycloboros), Yvan Salomone, Yves Chaudouët (Les poissons des grandes profondeurs ont pied), Alexandre Ponomarev (Maya, l’île perdue, Frac Bretagne).

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28 octobre 2011 Nous recevons aujourd’hui nos amis directeurs des Frac partenaires d’Ulysses, Emmanuel Latreille (Languedoc-Roussillon) et Pascal Neveux (Paca). Emmanuel nous rejoint dès le matin et nous fait part des incertitudes qui pèsent sur le projet dans sa région. Celui de Pascal est, lui, plus avancé du fait de la dynamique et du calendrier de Marseille Provence 2013. La déclinaison par thèmes qui s’en dégage rejoint ce que nous avons ébauché en Bretagne mais le maillage territorial semble plus dense autour de Marseille et dans la capitale phocéenne. Des commandes sont d’ores et déjà passées à des artistes, Fabrice Gygi en particulier. C’est Éric Hattan qui aura la tâche de visiter les collections pour l’exposition centrale. À Montpellier, si le projet se confirme, Emmanuel a fait appel au jeune duo Dejode et Lacombe. Catherine insiste sur le fait qu’il s’agit prioritairement de puiser dans les collections des Frac, les œuvres extérieures et les commandes étant secondaires. Je dois intégrer ce fait tant j’ai déjà lorgné sur des artistes et des pièces qui, à ce jour, ne figurent pas dans les Fonds régionaux. Guidés par Catherine, la visite du bâtiment du Frac Bretagne nous impressionne ! L’enjeu que représente un tel outil est énorme autant que le défi qu’il constitue face à des élus parfois indécis et peu familiers de la question de l’art. 11 novembre 2011 Petit pensum indispensable : j’ai épluché les collections de la plupart des Frac pour tenter d’y repérer les œuvres susceptibles de nous intéresser. J’ai trouvé la pêche un peu maigre et je crains que nous nous trouvions en concurrence sur certaines pièces, nos amis du sud et nous, sans compter les Frac potentiellement prêteurs qui pourraient vouloir présenter eux-mêmes les œuvres que nous convoitons. Ce qui continue à nous manquer, c’est une ligne générale, une organisation des expositions par rapport aux espaces et aux lieux, espaces que, hormis ceux du Frac, nous ne connaissons pas vraiment encore. Il nous faudra aussi définir les modalités de traitement des grands axes que nous avons dégagés : consacrerons-nous un espace à chacun d’eux ou tenterons-nous un grand mix ? Rencontré avant-hier au café de La Paix Rodolphe Rohart, directeur de la culture au Conseil Général du Finistère, qui promet de nous aider pour les lieux finistériens, les îles en particulier. 15 décembre 2011 Désormais, quand je me rends au Frac à Châteaugiron, je me dis que ce peut être la dernière fois puisque le compte à rebours du déménagement est à présent engagé, et quand bien même cela

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risque de prendre quelque retard, viendra le jour où nous ne nous rendrons plus dans l’ancienne école. Nos listes d’artistes commencent à s’étoffer et nous avons pu visualiser un certain nombre d’œuvres possibles sur Videomuseum. Le sentiment que les choses tendent à s’incarner : les pistes de recherche conduisent vers les œuvres et les œuvres affinent et balisent les thèmes ainsi que les angles d’approche. Il s’agit dès maintenant de poser des options sur les pièces qui nous intéressent, surtout celles appartenant à d’autres Frac. Le calendrier de nos tâches et de nos déplacements se précise également : Marseille début février, Ouessant en mars. 18 décembre 2011 Je lis Atlas ou le gai savoir inquiet, le dernier livre de Georges Didi-Huberman, vaste et ambitieuse méditation sur la table comme support du savoir à travers les figures de Aby Warburg, Goethe, Walter Benjamin et beaucoup d’autres. Certes Atlas n’est pas Ulysse, mais quand Didi-Huberman s’interroge sur le devenir moderne et post-moderne du titan, et s’appuyant sur Benjamin, voici ce qu’il écrit : « La souffrance d’Atlas n’était plus, désormais, celle d’un titan encore capable de dialoguer avec les dieux de l’Olympe, mais celle d’un petit homme désabusé de toute transcendance : un homme contraint « d’organiser son pessimisme » devant l’histoire. L’Atlas moderne n’est plus celui qui tente de soulever les astra contre les monstra de ses songes obscurs : c’est celui qui constate, désormais, la puissance des monstres au cœur même du pouvoir de la raison… ». « Atlas, dans un tel monde, devient donc le paria par excellence ». Et de convoquer la figure des sans-papiers, des sans-logis, de tous les exilés. Ne pourrait-on pas opérer le même glissement à propos d’Ulysse ? Non si l’on considère qu’Atlas est une puissance vaincue et punie, condamnée à supporter le poids du monde et du ciel. Mais oui si, par le glissement qu’opère Didi-Huberman, via Walter Benjamin en particulier, Atlas prend la forme des errants (Juifs ou non), des exclus, des migrants. Alors, bien des aspects de l’Odyssée nous renvoient un Ulysse comme figure de l’exil et de l’errance, celui qui n’a pas de nom (a fortiori pas de papiers ni de logis) comme celui qui, bien que rusé, subit les épreuves, s’expose à tous les risques. 21 décembre 2011 Marcel nous a fait copie des deux programmes de vidéos sélectionnés par Célia Crétien et projetés à Ouessant en 2008 et 2010. Il en ressort un certain nombre d’œuvres susceptibles de présenter quelque lien avec Ulysse. En particulier celles-ci :

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—Erwan Mahéo : Entre Gibraltar et les Dardanelles, 2010. (Sorte de « sea movie » qui en rappelle d’autres). —Sigalit Landau : Standing on a watermelon with time to waste, 2007. (L’artiste, nue, sous l’eau, les pieds reposant sur une pastèque. Les Sirènes ? Les nymphes de Calypso ?) —Bouchra Khalili : Mapping #1 et #2, 2008. (Deux migrants d’Algérie et de Tunisie racontent leur périple en le traçant sur une carte). —Allora & Calzadilla : Under discussion, 2005. (Un jeune homme longe des paysages sur une table retournée munie d’un moteur de hors bord). —Alessandro Piangiamore : Horizon, 2006. (Un cargo traverse l’écran en diagonale vers le haut). —Julien Berthier : Love love, 2007. (Un bateau de plaisance à moitié submergé, vertical). 21 janvier 2012 Non seulement Ulysse peut s’appréhender comme figure de l’artiste, et singulièrement de l’artiste contemporain, mais, plus largement, comme figure paradigmatique du sujet contemporain, confronté au dédale du réel que les temps dressent devant lui, autour de lui et au cœur desquels il se débat. Jamais le monde n’a été si peu lisible ; jamais ne nous a semblé si lointaine sa clé de lecture. C’est à la quête de cette clé (qui est, on le sait bien, mais quand même, une pure illusion) qu’Ulysse erre d’îles en îles, d’épreuves en épreuves, de pertes en pertes. L’erreur d’Ulysse, c’est de croire que cette clé est celle de l’accès à Ithaque, c’est-à-dire celle qui va lui ouvrir la porte du retour, c’est-à-dire encore le « comme avant ». Or, forcément, et quand bien même il parviendra à destination, rien ne sera plus comme avant. Car entre Troie et Ithaque, sera advenue une série d’événements très divers, heureux et surtout malheureux, littéralement éprouvants, formateurs tout autant. Cet ensemble erratique de faits et d’enchaînements qui, dans le texte homérique, se désigne sous le nom d’odyssée, s’appelle l’Histoire. Et l’Histoire, aujourd’hui, entre à nouveau dans une phase d’opacité. Succédant à une période de conquêtes qu’on peut rapprocher de la prise de Troie (paix, santé, confort, richesse, maîtrise technologique…), période de l’Iliade, voici le temps des obstacles et des impasses, de la guerre réinventant ses formes, de tous les écueils et de tous les effondrements, des plaisirs insatisfaisants et de l’argent sans odeur. Et voici le temps de la nostalgie. D’un côté le sujet s’agite et tente de se frayer un chemin, avec courage et panache, avec ruse et adresse. Il avance guidé par ce qui reste de lumière et d’esprit (la figure ambiguë d’Athéna). Il se rapproche et il s’éloigne. Il ne boucle rien, ni dans son occurrence méditerranéenne ni dans sa forme dublinoise. De l’autre côté, on festoie et on dilapide avec

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ostentation en courtisant une femme qui joue la montre. On spécule sur la mort d’Ulysse. Car les prétendants sont bien des spéculateurs ; ils ne manquaient pas à l’époque, ils font la loi aujourd’hui. L’Odyssée correspond mutatis mutandis au temps de cette montre, et quelle misère que des milliers d’années plus tard la Grèce, et sans doute avec elle le vieux monde, soit entrée dans ce compte à rebours que, toute langue appauvrie, on appelle la crise. En ce sens, Ulysse est une figure critique, en ceci précisément qu’il incarne la crise, soit un rapport au monde fondé sur le doute, l’épreuve et la recherche de la clé. La nostalgie, c’est bien celle d’Ithaque, et pourtant y revenir enfin est tout sauf la solution. Le problème de l’Odyssée, c’est bien son dénouement : la joie du retour s’y abime dans le retour même, se dissout instantanément dans l’obtention de l’objet convoité. C’est pour cette raison qu’il se dit qu’Ulysse ne peut que repartir. jeudi 26 janvier 2012 Marcel exhume un documentaire télé sur Raymond Hains. M’a frappé, dans l’une des séquences, sa ressemblance avec Max Jacob. Villeglé raconte que c’est parce qu’ils ne parvenaient pas, Hains et lui, à terminer un film « abstrait » qu’ils eurent l’idée de l’appeler Pénélope. Pénélope comme figure de l’inachèvement. Autre possible de l’art contemporain, en opposition à l’art classique, fondé, lui, sur la clôture. Non pas qu’une œuvre actuelle soit forcément « inachevée », mais il s’agit plutôt d’une remise en question des critères de l’achèvement. En cela, et dans un sens autre que la seule polysémie théorisée par Umberto Eco, on peut ici parler d’ « œuvre ouverte ». 7 février 2012 Deux jours à Marseille où Pascal (Neveux) nous a concocté un très beau programme. Visite du chantier du Frac où les réserves, en sous-sol, nous ont vivement impressionnés. L’architecte Kengo Kuma a su tirer parti des contraintes extrêmes du site en cœur d’îlot. Ici la forme et la répartition des surfaces sont largement dictées par les règles et les règlements : une partition classique. Nous avons retrouvé Emmanuel Latreille et nos autres partenaires dans le cadre élégant et propice au travail du centre culturel jésuite à La Baume, tout près d’Aix-en-Provence, lui-même associé au projet par l’entrée Ulysse/Moïse, beau sujet s’il en est ! Parmi les multiples aspects évoqués, la question de la publication. Pascal, en contact avec Le Guide du routard, propose un numéro spécial qui, outre les informations culturelles et pratiques habituelles, comprendrait notre propre apport (notes sur le propos général, les expos, etc). L’idée est excitante. Est-elle réalisable ? Nous devons répondre rapidement à cette question. L’autre sujet important concerne les échanges d’artistes (présenter en

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Provence-Alpes-Côtes d’Azur des artistes fréquemment montrés en Bretagne et inversement). Trop d’incertitudes quant au contexte local empêche pour l’instant Emmanuel d’avancer comme il le voudrait. Toutefois des lieux sont envisagés comme la salle d’expositions temporaires du site du Pont du Gard ou le LAC à Sigean (pour une possible exposition d’Yvan Salomone). Peut-être aussi La Panacée à Montpellier. Enfin, il semble que nous ayons trouvé notre titre, un titre commun aux trois ensembles d’expositions, libre à chacun ensuite de trouver un sous-titre plus spécifique. Selon toute vraisemblance, ce sera Ulysses. Le S qui sera peut-être discriminé sur le plan graphique jouera à la fois sur la traduction anglaise (Ulysses) et de ce fait sur le titre anglais du roman de Joyce, ainsi que sur la pluralité des Ulysse, les multiples figures du héros et des représentations qu’on s’en fait. Cela nous paraît clair, immédiat et ouvert. Quant au sous-titre que nous pourrions adopter ici, en Bretagne, Marcel a relevé des phrases récurrentes dans la traduction de Frédéric Mugler (Actes Sud) qui constituent les premières propositions. Par exemple « Le bout de l’océan », ou bien encore « L’âpre fureur des vents détestables ». D’autres sans doute nous viendront à l’esprit. Dans un mail récent Marcel nous envoie aussi les photos du musée des Phares et Balises d’Ouessant où la Pénélope de Hains/Villeglé pourrait trouver sa place dans ce jeu de miroirs et de verreries. Quelques jours plus tard, c’est de retour d’une journée passée sur l’île de Sein qu’il nous fait parvenir quelques photos, entre autres de l’Abri du marin, petite salle de 60 m2 qui pourrait servir de lieu d’exposition. 11 février 2012 Philippe Brunet, dans sa préface à l’édition Folio de la traduction de l’Odyssée par Victor Bérard, rappelle que Ulysse se dit Odysseus en grec et qu’Homère lie ce mot au verbe odussomai qui veut dire « se mettre en colère ». À sa manière, l’artiste contemporain est aussi celui qui se met en colère. Une part essentielle de l’art de ces dernières décennies, en effet, est nourrie de cette indignation face au cours des choses et à l’état du monde. Au cyclope Polyphème qui lui demande comment il s’appelle, Ulysse, le rusé, répond: « Mon nom est personne », expression fameuse dont se souviendront Tonino Valerii et Sergio Leone aux plus beaux jours du western « spaghetti ». Sa réputation de rusé, Ulysse l’a bien sûr acquise sous les remparts de Troie où il oppose un pragmatisme gagnant à la tragique bravoure d’Achille. On s’est autorisé ici à voir en Ulysse une figure de l’artiste (de l’artiste contemporain plus encore). Et quel formidable sculpteur il se révèle, concevant son diabolique cheval ! Un vrai sculpteur d’aujourd’hui, annonçant un Xavier Veilhan et ses formes furtives, elles-mêmes

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inspirées des avions furtifs de l’armée américaine ! Préfigurant l’immense cheval de Troie tapissé de miroirs que Bruno Peinado conçut il y a quelques années pour la Nuit blanche, manifestation artistique et populaire dont Paris raffole. Ulysse le menteur. Menteur, certes, mais plus encore un incroyable raconteur d’histoires ; artiste aussi en cela. Et si sa ruse et parfois son récit relèvent du mensonge, il s’agit alors de « mentir-vrai », pour reprendre le titre d’un recueil d’Aragon. Ulysse, l’une des premières figures de l’artiste en effet, celui qui sait représenter, celui qui pose une forme susceptible de doubler le réel, de lui faire face et de le mettre à distance. 3 mars 2012 Jeudi matin, dans la brume, nous avons assisté à la venue du ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, sur le chantier du Frac. Ambiance plutôt détendue. Le bâtiment prend forme et on peut désormais envisager sans trop d’inquiétude son achèvement pour le milieu du printemps, son inauguration étant prévue le 6 juillet. Conversation avec Boris Charmatz qui se montre intéressé par notre projet Ulysses. Hier nous nous sommes retrouvés, Catherine, Marcel et moi, à La Paix pour faire le point sur l’avancée de nos travaux pour Ulysses. Catherine nous raconte sa visite à l’abbaye de Landévennec où on lui a rappelé le raid Viking de l’an 913 qui chassa les moines pour trente ans. Le directeur du musée ne dirait pas non à une collaboration sur ce thème d’Ulysse. Marcel évoque de son côté l’île de Gavrinis et les rochers d’Er Lanig. Je pense également au château du Taureau qui protégeait l’entrée de la baie de Morlaix. Le projet de l’exposition de l’ensemble des Frac au Palais de Tokyo se précise et prend des directions qui ne nous satisfont guère. L’ouvrir début septembre nous contraindrait à clore nos expositions dès fin juillet. Impossible. Aussi nous réfléchissons à une forme de participation indépendante de notre projet en Bretagne, et peut-être en collaboration étroite avec nos partenaires de Provence-Alpes-Côte d’Azur et Languedoc-Roussillon. Si on s’accorde désormais sur le titre général, Ulysses, on réfléchit encore au sous-titre de notre version bretonne. Marcel avait suggéré une expression de l’Odyssée, « Le bout de l’océan », et Catherine propose de reprendre le titre du film de Theo Angelopoulos dont la mort brutale interrompit le tournage, L’autre mer. En soi il est sans doute moins beau que le premier, mais il dit bien l’alternative au contexte méditerranéen que nous proposons ici, nos mers de Bretagne et d’Irlande.

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28 mars 2012 Notre déplacement à Brest et à Ouessant, la semaine dernière, nous a mis de plain-pied dans notre sujet. Ouessant, plus encore, où Marcel fut le guide idéal, lui qui se sent là-bas comme chez lui ! Seul le temps nous a un peu manqué, contraints que nous étions par les horaires du bateau. De Brest à Ouessant, on traverse la rade laissant à bâbord la pointe des Espagnols, longeant à tribord la pointe du Minou, Trégana ; puis on contourne la pointe Saint-Mathieu, son phare et les ruines de son abbaye, pour repiquer sur Le Conquet, premier arrêt. À l’aplomb de la mer, les ruines d’un vaste hôtel inachevé qui, je ne sais pourquoi, me fait penser à l’univers de Tacita Dean et en particulier à la Bubble House. Temps gris, mer calme, visibilité moyenne. Le Fronveur c’est le nom du bateau - file à présent vers Ouessant via Molène. Pour certains passagers du navire, les Ouessantins, nul doute qu’il s’agit d’atteindre une sorte d’Ithaque ; pour nous, plutôt une terre d’aventures : les uns et les autres à différents moments de l’Odyssée, chacun confronté à la sienne. De Lampaul, nous avons marché jusqu’au Créac’h où nous avons rencontré l’artiste résidente au Sémaphore. Elle s’appelle Yasmine Eid Sabbagh, une jeune femme d’une trentaine d’années, palestinienne, que Marcel a rencontrée à Beyrouth. Nous aurions aimé en savoir un peu plus sur ce travail et on s’est bien promis de garder le contact ! Étape suivante, toute proche, la visite du musée des Phares et Balises, sis au pied du phare du Créac’h. Lieu magique s’il en est, où l’on s’avance entre lentilles de Fresnel, moult objets témoignant de la vie des phares, une féérie de technologie sculpturale, une œuvre en soi ! Il faudra beaucoup d’adresse et de subtilité pour l’œuvre d’art qui prétendra se glisser dans un univers aussi fort ! Delphine Kermel, la directrice des lieux, se montre intéressée par notre projet et par notre proposition de collaboration. Il nous restait juste le temps de rencontrer Denis Palluel, le maire d’Ouessant qui, en tant que président de l’association des maires des îles du Ponant, se propose d’appeler ses collègues de Batz et de Groix (Marcel a déjà rencontré celui de Sein) afin de nouer un premier contact, notre idée étant de tisser une géographie insulaire autour d’Ulysse et d’y montrer des œuvres. Puis il nous conduit jusqu’au phare du Stiff au pied duquel se trouve une belle salle possiblement libre dans laquelle nous pourrions présenter quelque chose. Belles et bonnes perspectives ! À Brest, le rendez-vous avec Gilbert Le Traon, de la Cinémathèque de Bretagne, fut aussi chaleureux que fécond. Il fut bien sûr et surtout question de Jean Epstein, mais aussi, plus généralement, des ressources de la Cinémathèque susceptibles d’alimenter notre propos. Sur le plan de la diffusion, outre d’éventuelles pièces d’exposition, nous avons évoqué l’idée de rendez-vous ponctuels autour de projections, par exemple au cinéma Jean Epstein

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à Ouessant, voire sur l’île de Groix et ailleurs. De l’Odyssée, je lis à présent la traduction de Victor Bérard, publiée par La Pléiade puis disponible en Folio. Ce n’est pas seulement la forme qui la distingue de celle de Frédéric Mugler (Actes Sud), la première en prose, la seconde en vers, à moins que la forme, précisément, modifie la teneur du texte. En effet, la traduction de Bérard accorde une part plus claire au récit, à un certain prosaïsme donc, tandis que Mugler privilégie l’idée de « chant », la poésie incantatoire du verset. 1er avril 2012 « Mais à ton tour, mon hôte, dit Alkinoos à Ulysse, il ne faut rien cacher : sans feinte, réponds-moi ; rien ne vaut la franchise. Dis-nous quel est le nom que là-bas te donnaient et ton père et ta mère et tous ceux de ta ville et de vos alentours ; car jamais on ne vit qu’un homme fût sans nom ; qu’on soit noble ou vilain, chacun en reçoit un le jour de sa naissance ; aux enfants sitôt nés, c’est le don des parents. » (Chant VIII) La question du nom et de l’identité revient de façon récurrente dans l’Odyssée, qu’il s’agisse d’Ulysse ou de Télémaque. « Qui es-tu ? », « Quel est ton nom ? ». Tantôt les héros consentent à répondre, tantôt ils sursoient, tantôt ils rusent, Ulysse en particulier quand il affirme crânement à Polyphème, le Cyclope : « Mon nom est personne ». Si l’on ajoute à ce jeu avec les noms, les cas innombrables de travestissement, ceux d’Athéna en particulier qui lui tiennent quasiment lieu d’identité, on en conclura que l’un des thèmes structurants de l’Odyssée, c’est bien le dévoilement, pour ne pas dire la révélation. Ou mieux encore : la dialectique du dévoilement et de la dissimulation, du mensonge et de la vérité. Encore un mot d’Athéna et de son talent de transformiste. Après qu’elle eut aidé Ulysse à retrouver une apparence décente et séduisante, Homère, pour décrire l’allure du héros, use de la comparaison « tel un artiste habile ». Ulysse pour se présenter (ou se représenter), inspiré par la déesse, est donc assimilé à l’artiste et à son savoir-faire. 8 avril 2012 Il y a peu, et à propos de nos Ulysses, Catherine me suggéra de regarder aussi du côté de la littérature contemporaine. Bien sûr, dès les prémisses de notre projet, j’avais lu Kundera (L’Ignorance), Kadaré (Le Monstre), Aragon (Les Aventures de Télémaque), Jarry, Conrad et d’autres, mais rien de très récent. Or voici que, coup sur coup, et sans penser d’emblée à notre exposition, je découvre le dernier livre de Christine Lapostolle, Latham, qui évoque la figure ulysséenne de ce pionnier de l’aviation qui tenta la traversée de la Manche quelques jours avant Blériot et qui échoua de peu. Je lis par ailleurs le Jan Karski de Yannick Haenel. Prendre parti dans

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la polémique qui opposa l’auteur à Claude Lanzmann n’est pas ici mon propos. Je voudrais simplement faire remarquer à quel point l’épopée de Karski, messager de la résistance polonaise et témoin de la Shoah, à travers une Europe à feu et à sang, chargé de porter à la connaissance des Alliés l’effroyable tragédie, revêt nombre des caractéristiques du retour d’Ulysse. Ainsi, lors de sa première rencontre avec le président Roosevelt, imaginée par Haenel dans la partie fictionnelle de cet étrange texte, quand le vieux président demande à Karski comment il s’appelle, celui-ci lui répond, aveu autant que parade : « Nobody ». Est-ce à dire que Roosevelt est ici assimilé au Cyclope qui devient aveugle ? Probablement. Que cette assertion soit fondée est une autre affaire que nous n’avons pas les moyens de trancher ici. On fait volontiers du texte d’Homère une sorte de paradigme de l’errance. Mais l’errance, selon les définitions attestées, c’est avancer sans direction précise, sans chemin fixé. Or Ulysse, s’il perd parfois le cap, a son chemin clairement fixé et sa destination bien en tête. Il ne répond en aucun cas à ce qu’en dit Rousseau, repris par Fernand Deligny, à propos de l’errance: « Voyager pour voyager, c’est errer, être vagabond ». Le Robert, s’appuyant sur l’étymologie (errare humanum est) définit ainsi le mot : « s’écarter, s’éloigner de la vérité ». Or si Ulysse s’écarte de la vérité (ici sa destination, c’est-à-dire ce qu’il pense être son destin : retrouver sa patrie et les siens), c’est à son corps défendant. Errant involontaire donc. Dans la réflexion que nous menons en préparation à cette exposition, il sera toutefois question de l’errance par l’évocation des « lignes d’erre », ces cartographies de trajectoire des autistes dont Fernand Deligny avait la charge et qu’il conseillait à ses collaborateurs de consigner sur calques et feuilles de papier. Il est peu probable que nous montrions les documents « deligniens », visibles récemment dans plusieurs expositions (Erres, conçu par Guillaume Désanges et Hélène Guénin au Centre Pompidou-Metz en 2011 et, cette année dans Les Dérives de l’imaginaire, proposée par Julien Fronsacq au Palais de Tokyo). En revanche, nous avons convenu avec Christophe Berdaguer et Marie Péjus de présenter un ensemble conséquent de leur série Villes d’erre, superposition de la Non-stop City du collectif d’architectes italiens des années 70, Archizoom et… des Lignes d’erres de Deligny. 6 juin 2012 Revu Le Mépris. Godard y prête à Fritz Lang, dont on sait qu’il joue son propre rôle tournant un film sur l’Odyssée, ces quelques beaux mots : « La beauté de l’Odyssée, c’est que c’est écrit dans un contexte d’accord avec la nature. Le poète prend la réalité telle qu’elle est. » Et plus loin : « L’amour n’est pas une conclusion ».

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Quant à Michel Piccoli, qui endosse, avec Brigitte Bardot, l’un des deux rôles principaux, il laisse échapper cette pensée profonde : « C’est formidable, le cinéma, il y a des femmes qui ont des robes et crac, on voit leur cul ! » Nous intensifions les contacts avec les artistes, avec les collections, avec les lieux. Marcel a noué de bonnes relations sur l’île de Batz. Nous avons par ailleurs sollicité quatre projets d’artistes susceptibles de bénéficier d’aides à la production (du Cnap) : Benoît Laffiché, Anne Durez, Sébastien Vonier et Marcel. Marcel qui projette de se rendre à Ithaque ! J’ai quant à moi contacté Yves Chaudouët, Anne Durez, Benoît Laffiché, et Neal Beggs, ainsi que Sylvie Zavatta (Frac FrancheComté) pour d’éventuels prêts d’œuvres. Ce qui est sûr, c’est que cette dernière ne nous prêtera pas le Float de Robert Breer qu’elle souhaite exposer au même moment lors de l’ouverture de son nouveau bâtiment. Ce sont là les aléas de la prospection, aucun commissaire d’exposition n’y échappe. 12 juin 2012 Les accords de prêts nous parviennent peu à peu : Ghada Amer, Sarkis. L’enthousiasme de Gérard Deschamps à participer au projet me touche. Il vient d’exhumer de sa cave, dixit Hélène, sa femme, une pièce de 1964, un Canot de survie ! Contact est pris avec Bouchra Khalili dont les Mapping Journeys m’ont d’emblée séduit, sortes d’anti odyssées puisqu’il s’agit de récits, cartes à l’appui, de parcours contrariés, souvent de migrants du Maghreb vers l’Europe : odyssées à rebours. L’anabase est le nom donné depuis Xénophon aux retours difficiles. Le retour d’Ulysse est-il difficile ? Contrarié et plein d’embûches, certes, mais dans sa visée, est-il si hésitant et incertain ? Le personnage qu’incarne Michel Piccoli dans Le Mépris pense que Ulysse, en fait, n’a pas envie de rentrer et c’est pourquoi il prend son temps. Je n’en crois rien : Ulysse désire plus que tout parvenir à Ithaque, retrouver son royaume, son palais, son trône, son pouvoir, sa femme, son fils, les siens. Que ce retour soit aussi un voyage intérieur, sans doute ; que tout juste après avoir retrouvé Pénélope, il lui annonce que la volonté des dieux est qu’il reparte, c’est indéniable. Mais Ulysse souhaite ardemment et sincèrement retrouver sa terre natale. 31 juillet 2012, matin Longue interruption de ces notes pour cause de lente mise en place de l’été. Le 5 juillet a vu l’inauguration officielle du bâtiment du Frac Bretagne. Ministres, élus divers et professionnels de l’art, discours et petits fours. Une réussite et un grand espoir. Pour nous et notre projet, c’est l’obtention d’un bel outil et le temps

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de mettre les bouchées doubles pour l’utiliser au mieux. La brève exposition d’une sélection d’œuvres de la collection montre que les trois salles constituent à la fois de beaux espaces de monstration et une surface, pour généreuse qu’elle soit, que l’on remplit aisément. En attendant de nous retrouver tous fin août (et Catherine, retour de … Grèce), nous tentons d’avancer un peu, Marcel et moi. Lui sur les îles (Sein où le maire se montre attentif au projet, mais ne souhaite pas de traces visibles dans le sens d’objets d’art classiques), moi ici et là. Divers échanges avec Keren Detton au centre d’art Le Quartier à Quimper qui, pendant l’exposition Ulysses, présentera une monographie de l’artiste britannique Carey Young. Dans un premier temps nous avions envisagé d’inclure cette exposition dans l’ensemble du projet, y trouvant quelques points susceptibles de justifier ce lien. Au final, et précisément concernant les pièces de l’artiste anglaise montrées à Quimper, il nous a paru nécessaire d’y adjoindre, dans le Project Room, quelque chose de plus compréhensible et de plus directement lié à notre propos. La première idée de Keren concerne le jeune artiste rennais Thomas Tudoux dont un travail récent portait sur Robinson Crusoé. À suivre. Hier j’ai rencontré Bernard Hulin, directeur du musée de l’ancienne abbaye de Landévennec dont il prépare le nouveau projet culturel. L’homme est sensible à l’art contemporain et il en souhaite l’introduction future dans les salles d’expositions temporaires. Il désire participer au projet Ulysses dans le cadre de la célébration de l’anniversaire de l’exil (en l’an 913) puis du retour des moines, une trentaine d’années plus tard, dans une abbaye ravagée par les Vikings. Ce thème de l’errance et de l’exil, de la perspective du retour, le retour chaotique, cette anabase, rejoignent bien sûr notre sujet et l’inscrivent plus encore dans la tradition des grands textes (Moïse) et de l’histoire humaine. L’idée est très séduisante ; reste à concevoir une proposition bien adaptée au site puis à rencontrer les moines de l’abbaye, le père abbé en particulier, ainsi que l’association Abati Landévennec à qui incombe la gestion des lieux. Par ailleurs, j’ai appris récemment que Daïsuke Takubo, le fils de mes amis japonais, Kyoji et Chako, enseignait, dans le cadre d’un cours de littérature, la matière de Bretagne à l’université de Tokyo. Aussi je l’ai sollicité à propos de ce lien que je peine à établir entre l’épopée odysséenne et le cycle arthurien. Voici sa réponse : « À propos de ta question sur le lien entre les héros celtiques et les aventures d’Ulysse, je n’ai malheureusement pas beaucoup de documents convaincants, mais on pourrait peutêtre faire un lien, non pas avec Ulysse lui-même, mais avec « le perdant » de sa guerre : il se trouve que, dans l’Historia regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth, la vie du premier roi de Bretagne Brutus est évoquée, le descendant d’Énée.

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Comme tu le sais bien, cet ouvrage est très important pour la légende arthurienne, et ce genre de «Spin-off» pourrait être intéressant. » En effet, L’Histoire des rois de Bretagne, l’œuvre de Geoffroy de Monmouth, publiée en latin vers 1135-1138, raconte l’histoire (ou la légende) des premiers rois de Bretagne (la Grande), de Brutus, petit-fils d’Énée jusqu’au dernier d’entre eux, Cadvalladr, en passant par Arthur et bien d’autres. L’ouvrage fondateur du cycle arthurien inspira en particulier Chrétien de Troyes et Shakespeare. Énée, fruit de l’union du prince troyen Anchise et de la déesse Aphrodite, fut l’un des héros de la guerre de Troie. Poséidon le sauva d’un affrontement avec Achille. Virgile, dans l’Énéide, raconte sa fuite après la chute de Troie puis son errance avant qu’il n’aille fonder la nouvelle Troie en Hespéride (actuelle Italie). Son fils Ascagne institua la ville d’Albe et l’un de ses fils, Brutus, est en effet donné par la légende celtique comme le premier roi de Bretagne, l’actuelle Angleterre. C’est là que les deux univers culturels se croisent, à défaut de se réunir. La question est à présent : en quoi des œuvres contemporaines peuvent-elles entrer en écho avec ces grands brassages littéraires sans céder à la plate illustration ? 31 juillet 2012, après-midi Le livret accompagnant l’installation de l’artiste Éric Baudelaire à la triennale de Paris (Intense Proximité. Curator : Okwui Enwesor), intitulée L’Anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi, et 27 années sans images, me donne l’idée d’une exposition sur ce thème de l’anabase. Le mot vient du titre de l’œuvre (391-371) attribuée à Xénophon qui raconte l’errance de dix mille mercenaires grecs ayant combattu sous les ordres de Cyrus, prince persan, et qui se trouvent livrés à eux-mêmes à la suite de la mort de ce dernier. Le verbe grec signifie à la fois « s’embarquer » et « revenir ». Pour les auteurs qui l’ont repris (Saint-John Perse, Paul Celan), ce mot « contient deux idées apparemment contraires et pourtant liées : chercher le chemin du retour vers une terre familière et s’inventer un destin dans le nouveau. » (Éric Baudelaire). 6 août 2012 Toujours à propos de l’anabase, j’ai relu le chapitre qu’Alain Badiou consacre à cette notion dans Le Siècle (Seuil, 2005). Il voit dans l’idée d’anabase une possible définition du XXe siècle, le « signifiant-clé de la trajectoire du siècle ». « Comment le siècle a-t-il conçu son propre mouvement, sa trajectoire ? Comme une remontée vers la provenance, une dure construction de la nouveauté, une expérience exilée du commencement. » « Une expérience exilée du commencement ». Voilà qui définit aussi,

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je crois, la modernité de l’Odyssée incarnée par Ulysse. Un retour inventif, c’est-à-dire prospectif. À l’heure où nous préparons cette exposition et où nous cherchons en quoi l’art d’aujourd’hui trouve à se nourrir de l’Odyssée et de la figure d’Ulysse, ne serait-ce pas, entre autre, dans ce paradoxe oxymorique du « retour inventif » que l’on peut saisir le lien entre l’art récent et les motifs homériens ? L’une des formes de ce lien consistant pour l’art à se tourner vers son histoire, ses antécédents formels, non pas comme simples citations savantes telles que le tournant des années 1980 en faisait montre, mais bien comme moteur dynamique et productif, comme poursuite obstinée de l’histoire. Badiou s’appuie sur les textes poétiques de Saint-John Perse et de Paul Celan, tous deux intitulés Anabase. Si le commentaire peut sembler parfois arraché à l’impératif de la démonstration, on y trouve des éléments précieux pour qui veut comprendre en quoi notre temps et celui qui l’a justement précédé, se peuvent analyser au moyen d’aussi vieux concepts, d’aussi antiques récits. Il pointe par exemple dans le poème de Saint-John Perse cette idée d’« une épopée pour rien ». Et ceci : « La violence est le principe requis de l’errance ». « Fraternité comme équivalence du « je » et du « nous », violence inhérente au voyage, errance réciprocable au commandement : tels sont les motifs du siècle qu’agence l’anabase ». (Chez Saint-John Perse). Et, ajoute Badiou : « Tout cela se double d’une interrogation sur la finalité, d’un doute sur le sens ». Ce doute n’est-il pas aussi celui qui accompagne toute interrogation, depuis Kant, sur les finalités de l’art ? Concernant Celan : « L’anabase est l’advenir comme ensemble, par devenir-nôtre d’un appel infime, d’un « nous » qui n’est pas un « je ». » Et c’est peut-être là aussi que gît quelque chose de l’actualité, non seulement de l’anabase, mais plus largement de l’Odyssée : « C’est que tout ce qui aujourd’hui n’est pas encore corrompu se demande d’où peut surgir un « nous » qui véhicule librement sa propre disparité immanente sans pour autant se dissoudre. Que veut dire « nous » en temps de paix et non en temps de guerre ? Comment passer du « nous » fraternel de l’épopée au « nous » dispa­ rate de l’ensemble, sans jamais céder sur l’exigence qu’il y ait un « nous » ? » Voilà tout l’enjeu d’une approche politique, non seulement de notre temps, mais aussi de l’art qui s’en veut l’expression. Anabase : « synthèse disjonctive de la volonté et de l’égarement ». Anabase = Ulysse. 20 septembre 2012 Depuis la rentrée, les réunions ont repris sur un rythme régulier et plus soutenu. Notre liste d’artistes est à peu près bouclée et comprendra une bonne soixantaine de noms dont la moitié environ est issue

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de la collection du Frac Bretagne, l’autre moitié se partageant entre œuvres des collections publiques (autres Frac, Cnap, musées, etc.), prêts en provenance des artistes et projets inédits ; la plupart sous forme de commandes. Nous devons à présent travailler à la conception concrète de l’exposition. Nous disons « l’exposition » car bien qu’éclatée en plusieurs lieux, une vingtaine sur l’ensemble de la Bretagne, nous considérons qu’il s’agit d’une seule et même exposition, d’un projet homogène. Aux artistes que nous avions d’emblée retenus, s’en sont ajoutés d’autres comme Éric Baudelaire que je dois rencontrer afin de préciser les contours d’une possible poursuite du projet de L’Anabase. Christelle Familiari nous propose quant à elle de compresser dans une casse auto l’ensemble de ses pièces à fils de fer entrelacés afin de les réduire à un cube, compression de l’espace et du temps, discret hommage à César. Les questions qui se posent à présent sont celles de l’économie générale de l’exposition. Il faut que la grande salle du Frac soit ce lieu manifeste qui synthétise l’ensemble du projet et de ses sous-thèmes. On pourrait l’imaginer autour de la mer, du voyage et de l’attente. La première salle pourrait être consacrée à l’image de l’île et la petite aux flux migratoires. Ou bien l’inverse. Montrerons-nous les œuvres autour de la figure féminine au musée de Saint-Brieuc, second espace de l’exposition collective, ou bien en garderons-nous des extraits pour les salles du Frac ? Nous pouvons aussi concevoir un accrochage en îlots, éclatés au fil des salles du Frac et du musée de Saint-Brieuc. Afin d’éviter de multiplier les black box qui présentent l’inconvénient de casser les volumes et les perspectives des salles, on pourrait concevoir des zones un peu assombries pour pouvoir y projeter les vidéos, vidéos qui seront plus nombreuses que les tableaux et en tiendront souvent lieu sur les murs. 6 octobre 2012 Mercredi dernier, déplacement à Port-Louis afin de rencontrer Brigitte Nicolas dans son musée de la Compagnie des Indes. Pluie et vent sur ce point de surveillance de la rade de Lorient. La citadelle, antérieure à Vauban, est remarquable de qualités architecturales et défensives. Quant au musée, la directrice nous le présente avec science et compétence. Les maquettes de navire, scrupuleusement réalisées par un spécialiste il y a quelques dizaines d’années, constituent la colonne vertébrale d’un parcours au fil duquel on admire les tissus autant que la section consacrée à la traite des noirs, les collections de porcelaines coloniales, divers documents graphiques. L’espace est en l’état fort bien occupé et il nous faudra y trouver notre place (forcément discrète). Une étonnante tête de vache en céramique sonne comme une invitation naturelle à Jean-Yves Brélivet. Catherine songe aussi

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au meuble à épices de Dieter Roth ainsi qu’à une photographie japonisante de Balthasar Burckhardt. L’intérieur du musée nous posera toutefois moins de problèmes que le Parc à Boulets, vaste surface herbeuse avec laquelle nous ne pourrons pas lutter frontalement faute d’œuvres adéquates et à défaut des moyens d’en produire. Nous rentrons satisfaits de ce contact chaleureux et constructif. Nous devons cependant garder notre sujet présent à l’esprit et ne pas nous laisser trop emporter par la séduction des lieux : certes les respecter, mais aussi servir un sujet qui est Ulysses. Les échanges avec les artistes se précisent : Anne Durez, Christelle Familiari, Benoît Laffiché, Éric Baudelaire, Mark Geffriaud, Yves Chaudouët, Nicolas Floc’h, Simon Starling… Il nous manque encore quelques confirmations pour certains lieux (quel édifice du circuit de L’art dans les chapelles ? L’église Saint-Joseph de Pontivy ou non ?). Marcel envisage de retourner à Ouessant dans le but d’y affiner l’approche des lieux possibles et vient par ailleurs d’établir le contact avec l’île de Houat. Nous nous rendrons bientôt à l’île de Batz et à l’île de Sein. J’ai eu avant-hier une longue conversation avec Bernard Hulin qui attend nos propositions pour ses espaces de Landévennec. L’Odyssée d’Homère comme Ulysse de Joyce sont des épopées du retour : l’un par le vaste monde, l’autre (Leopold Bloom) à travers le micro univers urbain de Dublin. Comme si James Joyce enregistrait là le fait que la ville serait désormais le monde par excellence, plus encore que les mers, les montagnes et les grands chemins. En ce sens, Villes d’erre, l’œuvre de Berdaguer & Péjus, représente parfaitement cette ambivalence de la déambulation contemporaine : erratique autant que géométrique. Homère reste sobre et discret sur les retrouvailles d’Ulysse et de Pénélope (peut-il se permettre le risque d’un fiasco ?). Quant à Joyce, il choisit de clore Ulysse une fois Bloom rentré, fût-ce en compagnie de Stephen Dedalus, sur le monologue de Molly, sublime furie aux antipodes de la sage et raisonnable Pénélope. Serait-elle, la femme de Bloom, l’improbable synthèse de toutes les femmes de l’Odyssée ? De Pénélope, Calypso, les Sirènes, Nausicaa, Circé, Charybde et Scylla, Athéna ? 1er novembre 2012 Rentrés samedi soir de deux jours dans le Sud. D’abord à Sète pour le vernissage de la magnifique exposition de Marcel au Crac où nous avons également retrouvé nos amis Pascal et Emmanuel ainsi que Karina et Manon, chargées de la coordination des projets Ulysses pour Marseille-Provence 2013. À ce stade, c’est surtout de communication qu’il a été question, des supports où nos trois projets pourraient se retrouver et en particulier ce numéro spécial de Beaux-Arts Magazine qu’a commandé le Frac Paca et dans lequel des pages nous seraient réservées. Nous évoquons aussi

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l’exposition de synthèse qui se tiendra à partir de septembre, non plus au Palais de Tokyo comme cela fut dans un premier temps évoqué, mais aux Abattoirs de Toulouse et nous nous accordons sur l’idée de demander conjointement une salle conséquente, afin d’y présenter une sorte d’armada de bateaux échoués, emblèmes d’Ulysses. Ce serait à n’en pas douter du plus bel effet ! Samedi matin, nous avons retrouvé Emmanuel au pied des remparts d’Aigues-Mortes pour un rendez-vous avec Marie-Laure Fromont, conservatrice du site. Vaillamment, nous avons parcouru le kilomètre et demi de ces défenses entièrement conservées ainsi que des quinze tours qui les hérissent. Un redoutable ensemble de photographies sur bâche, décalques des bouts de remparts et de tours qu’elles obstruent, me donne à penser que décidément il ne fait pas beau ajouter de l’art à des lieux patrimoniaux qui se suffisent à eux-mêmes. Nous sommes pourtant là afin de réfléchir à des propositions dans le cadre d’Ulysses. Je songe à des pièces sonores, sans concurrence avec ce fort impact visuel. Peut-être une ou deux vidéos projetées dans les tours… Un peu plus tard, Emmanuel m’appelle pour me reparler de Bertrand Gadenne dont j’avais avancé le nom. Il pense à une monographie de cet artiste. Pourquoi pas ? Cela aurait le mérite d’une bonne lisibilité. C’est de surcroît un travail immédiatement accessible et de très bonne facture… Nous avions également songé à Isabelle Arthuis (Les Naufrageurs), ainsi qu’à Marcel qui, comme Catherine, regrette qu’on ne retienne pas l’idée de plusieurs pièces d’artistes différents. Retour en Bretagne. Conversation avec Bernard Hulin du musée de l’abbaye de Landévennec à qui je fais part de nos trois propositions : Foyer de Laurent Le Deunff, Sud Schengen de Benoît Laffiché et The Tide de Mark Geffriaud. Il s’est montré très enthousiaste et aimerait qu’on rencontre rapidement le père abbé. Par ailleurs Marcel avance du côté de l’île de Houat où il se propose de se rendre pour prendre les premiers contacts. Un lieu se présente déjà, une ancienne poudrière. Croisé Thomas Tudoux qui sera l’artiste invité par Keren Detton, en concertation avec nous, pour le Project Room du Quartier, dans le cadre d’Ulysses. Il travaille sur les Lotophages en écoutant Le Retour d’Ulysse dans sa patrie de Monteverdi. En fait, très peu d’artistes, très peu d’œuvres font directement et explicitement référence à Homère ou à Joyce. Qu’il y en ait quelques-uns ne saurait nuire à la clarté de notre propos. 2 novembre 2012 Mon ami Nyima Leray m’a prêté récemment une édition de l’Odyssée, traduite par Mario Meunier pour Albin-Michel en 1961 et rééditée en 1981. C’est un bel ouvrage illustré de photographies originales de Tim Mercier, introduit par un texte de Jacquetta Hawkes. Celle-ci

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évoque largement le contexte historique de la guerre de Troie et de ce qui a pu en parvenir à Homère quatre siècles plus tard. Contre les sceptiques, elle se range en effet du côté de ceux qui, à la suite de Heinrich Schliemann et de ses découvertes archéologiques sur la butte d’Hissarlik (Turquie), considèrent que la guerre de Troie a bien eu lieu, quand bien même ce fut pour des motifs moins épiques que ceux qu’avance Homère. Cette édition comprend également une carte retraçant le supposé itinéraire du retour d’Ulysse. Elle diffère sensiblement de celle établie par Victor Bérard et justifie toute la prudence requise s’agissant des tentatives de superposition des mondes imaginaires et réels. Par exemple, on y place l’île de Calypso, Ogygie, en lieu de l’île de Malte alors que Bérard la situait du côté de Gibraltar. Nous préférerons, quant à nous, l’option de Bérard en ce qu’elle établit une continuité fort excitante entre les aventures du roi d’Ithaque et celles, contemporaines, des migrants, modernes barbares qui, du côté de Ceuta et Melilla, tentent de pénétrer dans l’espace Schengen, l’Empire si soucieux de ses frontières. C’est étrange, mais peut-être l’ai-je déjà écrit : c’est au Sud qu’on se rapporte le plus au Ulysse du Nord, celui de Joyce, alors que nous, les Bretons (un peu cousins des Irlandais, tout de même !), nous nous tournons très naturellement vers Homère et le périple méditerranéen. À chacun son « autre mer »… Et pourtant ! Le retour de Leopold Bloom, accompagné de Stephen Dedalus, au terme de la journée d’errance, dans la maison du premier où dort sa femme Molly, constitue sans doute la plus claire et la plus évidente des références à Homère : trio contre trio, d’un côté Bloom/Dedalus/Molly, de l’autre Ulysse/Télémaque/Pénélope. En passant de la Méditerranée à Dublin, l’Odyssée s’urbanise et s’intériorise. Les Villes d’Erre de Berdaguer & Péjus, disent quelque chose de ce glissement. 15 novembre 2012 Que cherche l’Ulysse d’Homère ? S’agit-il d’une quête, mieux, d’une conquête ? Pas du tout ! La conquête est faite ; grâce à son génie et à sa ruse, il a permis la prise de Troie (où il n’est venu, faut-il le rappeler, que par solidarité avec les Atrides et après avoir tout fait pour y échapper). Une quête intérieure, quête de soi ? Pas davantage. Ulysse n’est ni un mystique ni un introspectif. Sans doute son voyage le change (et le change-t-il vraiment ?), mais à son corps défendant. Non, ce que cherche Ulysse est simple : rentrer chez lui ; retrouver les siens (femme, fils, père), son trône. Ce que cherche Ulysse c’est : rentrer de la guerre ! C’est le voyage lui-même qui constitue l’épopée, non l’objet de la quête, contrairement aux chevaliers de la Table Ronde et aux héros arthuriens. Point de Graal chez Ulysse, mais le désir prosaïque de rejoindre ses pénates !

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7 décembre 2012 Visite éclair, hier, à l’île de Batz. Arrivés à Roscoff une demi-heure avant l’embarquement, nous avons pris un café avec Ewen Chardronnet qui résida à Ouessant avec Loreto Martinez et qui se propose de réactualiser rencontres et performances, là-bas, dans le cadre d’Ulysses. L’île de Batz telle qu’en elle-même, paisible et lumineuse en ce début d’hiver balayé d’un vent du nord qui rendait pénible le cheminement sur l’estacade. Notre brève entrevue avec le maire, Guy Cabioch nous a permis de lui présenter notre projet vis-à-vis duquel il s’est montré ouvert. Il nous a dressé l’inventaire des possibles lieux d’exposition en suggérant que le plus visible serait assurément le nouveau local d’accueil du jardin Georges Delasselle qui chaque été reçoit plus de 20 000 visiteurs. Sur place nous avons découvert une salle aux vastes dimensions (plus de 100 m2) qui, dans une partie au moins pourrait en effet recevoir des œuvres. Marcel contactera le directeur du jardin qui est aussi l’adjoint au maire et avec qui il a déjà échangé. Si le projet se confirme en ces lieux, il conviendra de réfléchir au type d’œuvre qui puisse convenir à l’espace, mais aussi qui soit susceptible de rencontrer un public très hétérogène. Nous avons également parlé avec Anne-Marie Mallégol, secrétaire de l’association 7e Batz’art qui programme du cinéma sur l’île, par ailleurs bénévole à la médiathèque. Elle aussi s’est montrée très accueillante et ouverte à nos propositions tant en ce qui concerne le cinéma (en lien avec Gilbert Le Traon et la Cinémathèque de Bretagne, qu’elle connaît bien) que la médiathèque autour du projet de Mark Geffriaud, entre autre. À 18h, la nuit a commencé à modifier la lumière sur le sable et l’eau, plus personne dans la rue hormis quelques silhouettes recroquevillées par le vent froid et qui prenaient le dernier bateau pour Roscoff. Peu à peu la configuration générale d’Ulysses se dessine, mais hormis ce journal, il lui manque encore un peu de recul théorique, en un mot, de texte. À ce propos, et sur l’indication de Yann Sérandour, j’ai lu le livre de Marcel Etienne et Jean-Pierre Vernant, Les Ruses de l’intelligence (La mètis des Grecs). On y traite de cette forme d’intelligence qui, à cause principalement de la condamnation dont elle fut l’objet chez Platon, a été sinon sous-estimée, du moins peu prise en compte par les études grecques. Elle tient son nom de Mètis, fille d’Océan, première femme de Zeus que celui-ci avale alors qu’elle était enceinte d’Athéna. Les auteurs définissent ainsi la mètis : « une forme d’intelligence et de pensée, un mode du connaître ; elle implique un ensemble complexe, mais très cohérent, d’attitudes mentales, de comportements intellectuels qui combinent le flair, la sagacité, la prévision, la souplesse d’esprit, la feinte, la débrouillardise, l’attention vigilante, le sens de l’opportunité, des habiletés diverses, une expérience longuement acquise ;

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elle s’applique à des réalités fugaces, mouvantes, déconcertantes et ambiguës, qui ne se prêtent ni à la mesure précise, ni au calcul exact, ni au raisonnement rigoureux. » On aurait voulu brosser là le portrait d’Ulysse qu’on ne s’en serait pas pris autrement ! Et les auteurs y font abondamment référence. Ils établissent aussi qu’au-delà (ou en deçà) des divinités qui la possèdent (Zeus en premier lieu, mais aussi Athéna), certaines catégories d’humains en font largement usage : les médecins, les navigateurs, les sportifs (Antiloque dans l’Iliade), les hommes politiques et les sophistes, il est cependant un lien qu’ils ne posent jamais, entérinant, fût-ce inconsciemment, la condamnation platonicienne, c’est celui qu’on voudrait ici établir, celui de la mètis et des artistes. Ce « mode de connaître » qui n’est ni de pure intellection ni de totale mécanique, cette approche du réel toujours entre conceptualisation et savoir-faire, cette manière à chaque fois réinventée dans l’objectif de parvenir à ses fins, cet art du projet, ce talent de la négociation, ne sont-ce pas là les qualités et les caractéristiques de l’artiste ? Et si l’on considère que le cheval de Troie est aussi une sculpture, on s’autorisera dès lors à ajouter l’artiste à la liste établie par Etienne et Vernant des bénéficiaires de la mètis. 18 décembre 2012 « Hommes, gens de poussière et de toutes façons, gens de négoce et de loisir, gens des confins et gens d’ailleurs, ô gens de peu de poids dans la mémoire de ces lieux ; gens des vallées et des plateaux et des plus hautes pentes de ce monde à l’échéance de nos rives, flaireurs de signes, de semences, et confesseurs de souffles en Ouest, suiveurs de pistes, de saisons, leveurs de campements dans le petit vent de l’aube ; ô chercheurs de points d’eau sur l’écorce du monde ; ô chercheurs, ô trouveurs de raisons pour s’en aller ailleurs, vous ne trafiquez pas d’un sel plus fort quand, au matin, dans un présage de royaumes et d’eaux mortes hautement suspendues sur les fumées du monde, les tambours de l’exil éveillent aux frontières l’éternité qui baille sur les sables. » (Saint-John-Perse, Anabase). Qu’ajouter, n’en déplaise à Alain Badiou ? 21 décembre 2012 L’après-midi à Landévennec où nous attendait Bernard Hulin, pour un rendez-vous avec les moines de Saint-Guénolé, le frère JeanMichel Grimaud, abbé, et le frère François-Xavier. Yvon Tranvouez, le président de l’association Abati Landevennec, souffrant, était excusé. Il s’agissait de présenter à nos interlocuteurs quelques propositions artistiques dans le cadre du projet Ulysses.

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Pas question à nos yeux d’une présence frontale et par trop affirmée d’œuvres contemporaines dans ce lieu lui-même si chargé d’histoire et d’objets en attestant. L’abbaye s’apprêtant à célébrer en 2013 le onzième centenaire du départ des moines chassés par les invasions vikings, nous avons retenu des œuvres évoquant les migrations, l’attente face à la mer, l’abbaye devant les flots. Dans cet esprit, nous leur avons suggéré le triptyque vidéo de Benoît Laffiché, Sud Schengen, trois plans fixes sur la mer, filmé de Fuerteventura (Canaris), d’Algeciras et de Lampedusa en direction de Nouadhibou, Tanger et Tripoli, là où s’embarquent les migrants, là d’où ils viennent. Une œuvre qui à la fois atteste d’un état précis du monde et qui laisse ouverts l’interprétation et l’imaginaire. Nous leur avons également soumis une vidéo de Marcel, Le Mont (2002) où l’artiste filme le Mont Saint-Michel d’un point de vue inédit, du côté de Tombelaine, et au ras des flots irisés par le vent. Nous avons choisi la troisième pièce en lien avec les collections archéologiques du musée, en contrepoint humoristique tout autant. Il s’agit de Foyer, une œuvre de Laurent Le Deunff consistant en une représentation d’un foyer que des archéologues auraient découvert, avec ses pierres de bordure délimitant un ensemble hétéroclite d’objets, à ceci près que tout cela est en bois, taillé par l’artiste qui semble avoir pris un malin plaisir à y introduire des éléments anachroniques, une clé plate de verrou par exemple. Enfin nous leur avons parlé de The Tide, le projet de lecture de l’Odyssée conçu par Mark Geffriaud. Les frères nous ont écoutés avec beaucoup d’attention avant que nous n’échangions au sujet des emplacements possibles, mais aussi sur notre projet en général, sur les questions liées à l’exode autant qu’aux migrations qui ont conduit les moines de Bretagne et d’Irlande en direction d’une Armorique qu’ils allaient évangéliser. Je crois que c’est ici, à Landévennec, que nous pourrions établir les liens les plus clairs avec la matière bretonne et le père abbé a évoqué la possibilité de sortir des ouvrages de leur très riche bibliothèque afin de les présenter dans le cadre de notre projet, par exemple d’anciennes éditions de l’Odyssée. C’est une piste que nous avons juste entrevue mais qu’il conviendra de creuser. Nul doute que nous reprendrons le chemin de Landévennec. 25 décembre 2012 Noël est un moment qu’Ulysse ne connaissait pas en tant que tel. Si l’Iliade fut bien le récit d’une conquête, du moins des quelques jours hésitants qui précédèrent la grande trouvaille, on peut voir dans l’Odyssée l’histoire d’une restauration. Restauration d’un trône d’Ithaque qui certes n’était pas occupé ni même usurpé, pas encore, mais bien plutôt vacant, sans véritable régent sinon Pénélope, mais tellement soumise à la pression des prétendants qu’elle ne semblait pas en mesure de gouverner (et une femme

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en ces temps, pouvait-elle gouverner ?). Quant à Télémaque, il atteint tout juste l’âge requis et, plutôt que d’assurer l’intérim, il préfère s’en aller à la recherche de son père. L’anabase d’Ulysse consiste en un retour sur les formes et les valeurs d’un passé proche. Un retour à l’ordre. De ces retours-là, l’histoire de l’art est truffée. En ce sens aussi, l’Odyssée (mais également l’Ulysse de Joyce) s’inscrit à contre-courant de la tradition utopique. Ulysse ne mobilise pas son imagination pour concevoir un « lieu qui n’est nulle part » ; au contraire, son lieu à lui est bien réel, c’est Ithaque et c’est là et là seulement qu’il entend se rendre ; c’est là qu’il veut revenir. Pas de découverte donc, ni de création de mondes, mais la vérification de ce qui existe, éventuellement sa restauration comme suggéré plus haut. Pour autant l’Odyssée n’a rien de ces dystopies qui ont fleuri (comme des fleurs du mal) dans la littérature contemporaine de George Orwell à Georges Perec. Ni rêve d’Utopia ni charge anti totalitaire, l’Odyssée se veut l’affirmation de la permanence et de l’ordre retrouvé, celui de la bonne gouvernance. En cela il s’agit aussi d’un rêve moderne. La semaine dernière à Rennes, comme nous évoquions ensemble le projet d’Ulysses, le critique d’art anglais Henry Meyric Hughes s’étonna que Richard Hamilton ne figurât pas dans notre liste d’artistes, lui qui a consacré de nombreux travaux, des gravures en particulier, à l’Ulysse de Joyce. Nous vient alors l’idée que si nous parvenions à réunir un ensemble de ces gravures, elles trouveraient leur place au musée des beaux-arts de Rennes dont Anne Dary vient d’être nommée directrice et où, par ailleurs se trouve un beau tableau de Leandro Bassano (le fils de Jacopo), Pénélope défaisant son travail. Nous allons sans tarder soumettre cette proposition à Anne qui souhaite s’associer à notre aventure. Parmi les derniers à embarquer sur notre vaisseau (qui, contraire­ ment à celui d’Ulysse, se remplit à mesure que nous nous approchons du but) figure Sophie Kaplan qui, en prenant ses fonctions à la tête du centre d’art de Rennes, La Criée, a, elle aussi, émis le souhait de nous rejoindre avec une exposition consacrée au collectif viennois, Mahony qui, pendant quelques années, a mené un projet tant sur Internet que sous la forme d’expositions, intitulé Odyssey 500. 27 décembre 2012 À ce stade du projet, tout près de sa mise en place effective sinon définitive, où en sommes-nous et que voulons-nous ? Qu’avonsnous, dès à présent, fait apparaître ? Qu’avons-nous constitué qui soit en concordance avec ce à quoi nous aspirions ? Tenonsnous notre propos et nos promesses ? Avons-nous rassemblé les œuvres susceptibles d’en constituer sinon la syntaxe au moins le vocabulaire ?

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S’agissant de notre posture de commissaires d’exposition, il me paraît ici nécessaire d’oublier un instant que nous célébrons les trente ans des Frac. Et si je puis m’exprimer en mon nom propre, c’est un aspect de notre projet que je n’ai jamais vraiment pris en compte. Non que je remette en cause la nécessité ou la légitimité des célébrations, mais je me méfie de l’autocélébration. Ce n’est pas en songeant à la célébration que nous produirons une bonne exposition mais bien en produisant une bonne exposition que nous célébrerons. Le choix de notre sujet fut le choix de l’aventure et de l’incertitude, du lien ténu et de l’imprévisible. Puissent les œuvres qui en sont la substance – et non l’illustration – demeurer suffisamment ouvertes et disponibles au regard, à l’esprit de ceux et celles qui s’en approcheront, afin que les odyssées ulysséennes soient endossables par quiconque accepte le voyage, sur terre, sur (l’autre) mer, dans le corps ou dans l’image, dans le corps de l’image. 28 décembre 2012 Comme celui des Lotophages, l’épisode du cheval de Troie occupe dans la mémoire et l’imaginaire des lecteurs une place inversement proportionnelle à celle qui est la sienne dans les récits d’Homère. Il n’en est pas question dans l’Iliade et l’affaire n’occupe que quelques lignes dans l’Odyssée, dans le chant IV précisément quand Ménélas raconte à Télémaque comment les Grecs enfermés à l’intérieur de leur cadeau empoisonné faillirent se trahir en entendant Hélène les appeler, elle qui imitait la voix de leurs épouses respectives. C’est Ulysse qui les empêcha de se manifester, préservant ainsi tout l’effet de la ruse. Et c’est en quelque sorte là une anticipation, avec inversion des rôles, de l’épisode des sirènes. Quiconque veut en savoir plus sur ce fameux cheval de Troie devra plutôt consulter Virgile qui, dans l’Énéide, consacre plusieurs pages à l’épisode de la prise d’Ilion et au stratagème imaginé par Ulysse le rusé. On rappellera qu’Énée, héros troyen rescapé du désastre, s’en ira fonder Rome et aussi que parmi ses fils se trouve Brutus que Geoffroy de Monmouth désigne comme le premier roi de Bretagne, reliant ainsi les deux traditions. Lotophages et cheval de Troie constituent par ailleurs deux repères importants pour les artistes de notre exposition. Thomas Tudoux montrera au Quartier à Quimper un ensemble de pièces, des dessins principalement, traitant de la question du sommeil et de l’oubli, en référence aux Lotophages. Nous présenterons au Frac des œuvres photographiques de Raymond Hains provenant de la collection du Frac Champagne-Ardenne et qui jouent des glissements sémantiques à partir de signifiants « homériens » comme cheval/Dada (photographie d’une maquette d’un cheval

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emballé de Christo … cheval emballé ou le vertige des calembours), Paris/Pâris, Troyes/Troie, le tout sur fond de jeux de mots readymade prélevés ici et là. Nous songeons encore au cheval de Troie que Bruno Peinado réalisa pour une Nuit Blanche et qui figure dans la collection de la société LVMH. Il s’agit d’un gigantesque cheval monté sur socle rotatif et recouvert de miroirs. Les difficultés liées à un éventuel transport de la pièce ne doivent pas nous interdire de nous en souvenir, qui sait sous la forme de maquettes ou de dessins préparatoires s’il y en eut. De références directes aux œuvres, Homère ou Joyce, il y en aura peu sans doute et cependant c’est dans l’articulation de ces clins d’œil avec des pièces plus allusives que va se fonder l’économie des regards et des interprétations, du plaisir tout autant. 30 décembre 2012 Je doute parfois de cette image d’Ulysse comme figure de l’artiste, hormis la ruse et l’ingéniosité, hormis la propension à raconter des histoires et… à tenir le cap (non de sa navigation mais de sa destination). Peut-on en effet associer l’artiste à une figure du retour, celui-ci fût-il aventureux, chaotique et producteur de formes ? Ne vaut-il pas mieux s’en tenir à Ulysse comme habitant d’un mythe qui déjà cristallisait une part de l’expérience humaine et de se demander si ce mythe fonctionne encore aujourd’hui et tout particulièrement dans les formes et les projections que l’art rend possibles ? Concernant le cas spécifique de la littérature, il semble cependant que James Joyce ait apporté la preuve de la vitalité de l’outil ulysséen. 1er janvier 2013 Nous voici entrés dans l’année des Ulysses et de toutes les odyssées ! Il nous appartient désormais de les doter des vertus du voyage, de l’aventure, de la mise en œuvre des projets (voilà bien l’une des caractéristiques fondatrices du caractère d’Ulysse !), de l’interrogation, de la découverte, du plaisir et … du doute. 10 janvier 2013 Une épopée, c’est « raconter un monde perdu qui est fondateur du monde dans lequel on vit » (Frédéric Boyer. Libération 10-1-2013). L’écrivain ajoute que « le monde grec eut l’Iliade et l’Odyssée, le monde latin a l’Énéide. L’Exode est l’épopée du peuple hébreu. En France, à part Roland, quoi d’autre ? » La question, pour nous qui préparons une exposition sur Ulysse serait alors : l’Odyssée (l’Iliade tout autant) est-elle aussi notre épopée ? Ce monde dans lequel nous vivons doit-il (une part de) ses fondations à ce monde perdu ? Et si ce fait est avéré, qu’est-ce qui, dans l’interrogation de ce récit, est susceptible de nous aider à mieux comprendre ce monde dans lequel nous vivons ? Nos moyens d’interrogation,

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faut-il le rappeler, sont ceux de l’art, c’est-à-dire, plus concrètement, des œuvres. La manière dont cette investigation fonctionne n’est pas simple à décrire. On pourrait parler à son propos de contiguïté, d’analogie, d’évocation, plus rarement de rapports directs ou d’illustration. Cette difficulté tient principalement au fait que la plupart des œuvres, au moment de leur élaboration, n’avaient pas l’Odyssée – ou Ulysse – en point de mire. Ce n’est qu’en second lieu, et par le choix que nous avons fait d’elles, nous qui avons en tête et les textes et les œuvres, que l’interrogation autant que d’éventuels éléments de réponse, deviennent possibles. C’est là le fondement méthodologique, sinon théorique, de notre projet. On voit combien les hasards de la promenade, les délices de l’exploration, y ont une part essentielle. Déjeuné avec Alain Séchas, juste après avoir vu son exposition à la galerie Chantal Crousel. Ensemble, nous avons évoqué sa participation à Ulysses. Il fut un moment question d’agrandir une dizaine de dessins de la série Café Noir et de les coller à même le mur. L’un d’entre eux représente un Ulysse-chat attaché au mât du navire pendant que les sirènes-chattes (très chattes) se déchainent tout autour. On dirait une danse du scalp ! Les autres dessins retenus évoquent de près ou de loin des aspects de l’Odyssée : les bateaux, la rumeur de la mort d’Ulysse, la ripaille des prétendants, les ambiguïtés de Pénélope… Cependant, le risque, en les agrandissant, serait de tirer ces beaux dessins à la sombre tension vers le décoratif spectaculaire et la farce, la caution humoristique. Je sens quelques réticences chez Alain. Ces pièces de 2003 ne sont-elles pas un peu anciennes ? Ne pourrait-on pas réfléchir à des œuvres plus récentes ? N’est-ce pas un peu trop illustratif ? Mais je tiens au « signal » ulysséen, à l’effleurement, de temps à autre, du sujet, fût-il un sujet prétexte (et je crois qu’il ne l’est pas). 11 janvier 2013 Et si cette exposition était perçue comme un véritable ratage ? Si nous étions en train de manquer notre sujet et ce qu’il permet (sans doute) de geste et de propos curatoriaux ? Et si nous n’avions pas trouvé l’angle adéquat, cet accès qui se dérobe à chaque instant ? Sommes-nous suffisamment inventifs, créatifs ? Tenons-nous bien le fil de ce que nous avons à dire ? Seule l’analogie avec Ulysse me console à défaut de me rassurer. Inaccessible Ithaque, voie erratique et à chaque fois perdue. Toujours recommencer, chercher encore, en se gardant des récifs, en rusant avec la tempête. Si au moins nous avions pu compter sur Pénélope, sur une merveilleuse surprise une fois l’ancre jetée, le palais atteint ! Las ! Autant qu’attendante, Pénélope est attendue, je veux dire Pénélope en tant que but ultime d’Ulysse. D’elle, pas de surprise à espérer : rien que du connu, même pas

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oubliée, juste retrouvée ! Ne reste alors que la beauté de la route parcourue pour parvenir ici. Puisse l’exposition finale conserver quelque trace vive de ce chemin-là ! 14 janvier 2013 C’est Joyce qui nous autorise à concevoir une exposition d’art à propos d’Ulysse. 23 janvier 2013 Le frère Jean-Michel Grimaud, abbé de Landévennec m’avait alerté sur l’intérêt du livre de l’Exode dans le cadre de notre projet, confirmant ainsi, au-delà du strict comparatisme, le bien-fondé d’une étude parallèle de l’Odyssée et de l’épisode biblique, des figures d’Ulysse et de Moïse. Si le terme même d’exode évoque la sortie, le mouvement vers l’extérieur, l’expulsion, on sait bien par ailleurs que la sortie d’Égypte signifie aussi le retour pour le peuple d’Israël, retour vers cette terre qu’il a fuie et qui lui est à nouveau promise. Moïse hésite un instant avant de répondre à l’appel de son dieu qui l’enjoint de prendre la tête des Juifs et de les conduire hors d’Égypte, où ils sont réduits en esclavage, pour les mener en terre de Canaan. 600 ans plus tard, Homère imagine un héros qui, lui non plus, ne souhaite pas quitter son petit royaume et la vie tranquille qu’il y mène pour aller risquer sa vie sous les remparts de Troie et pour une cause qui n’est pas de son fait. Mais l’un comme l’autre, ils prennent leurs responsabilités ; l’histoire ne les oubliera pas. L’un comme l’autre, aussi, sont en relation constante avec leur dieu. Celui de Moïse s’attache à transmettre sa Loi, c’est un dieu de fondation. Le dieu d’Ulysse est… une déesse, Athéna aux yeux pers ! Toutefois elle n’est pas la seule car les divinités, chez les Grecs, forment Panthéon, et la concurrence entre elles est féroce. Si le texte semble hésiter quant à la forme du nom du dieu de Moïse, c’est justement parce que là se constitue l’acte de naissance du monothéisme. « Èhiè ashèr èhiè ! Je serai qui je serai » dit-il à Moïse, quand, beaucoup plus tard et sur un autre registre, Ulysse le rusé finasse avec son identité : « Mon nom est personne ». Nonobstant l’incomparable, il n’en reste pas moins que l’Exode comme l’Iliade et l’Odyssée fondent deux traditions, l’une religieuse, l’autre littéraire, auxquelles notre temps continue de s’abreuver et dont notre modeste projet d’exposition témoigne à sa manière de la force productive. Un seul exemple, et qui concerne cette lancinante et récurrente question de l’expulsion. L’Exode dit que le Pharaon ne souhaite pas se défaire d’une main-d’œuvre bon marché, fût-elle « métèque », et il ne lui faudra pas moins de dix calamités, les fameuses plaies d’Égypte, pour qu’il consente enfin à laisser partir les Juifs. Les mœurs ont-elles changé, 3500 ans plus tard ? À l’exception de quelques débiles à la courte vue, il n’est pas

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un dirigeant politique occidental de quelque conséquence qui voudrait voir rentrer chez eux les bataillons maltraités de son sous-prolétariat clandestin à qui, pourtant, il continue de refuser et l’existence réelle et les papiers qui en attestent. Mon nom est personne… 25 janvier 2013 Le choix des œuvres est quasiment achevé et la liste des artistes close. Les échanges s’accélèrent. Yann Sérandour nous propose de réaliser à échelle 1 et en carton un cheval de Troie découvert sous la forme d’une photographie qu’il a achetée sur Internet ; une esthétique assez décalée, années 50, où la bête semble le jouet d’une belle qui le peint ! Il s’agit en fait d’un objet pédagogique réalisé dans le cadre d’un atelier pour enfants du musée de Denver, USA. La sculpture d’une part, l’image encadrée d’autre part, en des lieux différents constitueront sa proposition pour Ulysses au Frac. C’est également au cheval de Troie que s’attèle, si l’on peut dire, Bruno Peinado, comme on l’a signalé il y a peu. Cheval encore que celui que Jean-Yves Brélivet propose d’installer au musée de la Compagnie des Indes à Port-Louis, accompagné d’une drôle de vache qui conversera avec ce plat ancien, appartenant à la collection et dont le couvercle n’est rien d’autre qu’une tête de vache. Du même artiste, nous montrerons sans doute un second cheval, à l’étrange posture, au musée d’art et d’histoire de SaintBrieuc. L’univers à la fois réaliste, fantasmagorique et critique de Brélivet s’accorde à merveille avec l’univers ulysséen. 30 janvier 2013 Les ultimes décisions quant au choix des artistes, des œuvres et des lieux se succèdent. Cette semaine, nous avons rencontré Émilie Ovaere et Karim Ghaddab, les directeurs artistiques de L’art dans les chapelles et nous attendons à présent leur réponse à notre proposition de présenter le Poisson des Abysses d’Yves Chaudouët dans la chapelle Saint-Gildas de Bieuzy-Les-Eaux, ce petit ermitage blotti sous un rocher au bord du Blavet. Nous avons par ailleurs obtenu une réponse positive du musée des beaux-arts de Nantes au sujet du bateau de Sarkis (La Rencontre de Arnold Böclin avec Capt Sarkis, 1987) que nous installerons dans la nef de l’église Saint-Joseph à Pontivy alors que le chœur accueillera Gyrovague, l’œuvre d’Abraham Poincheval. Marylène Negro, quant à elle, présentera sa vidéo L’Homme atlantique au musée des beaux-arts de Rennes. C’est ce qui est ressorti d’une conversation avec Anne Dary, enthousiaste à l’idée de montrer de la vidéo et… Marylène Negro ! Les grandes lignes de notre projet se dégagent peu à peu, au fil des échanges et du travail accompli. Le voyage, la mer et les figures de la femme sont les trois axes qui structurent et la

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préfiguration de nos expositions et le propos qui les sous-tend. C’est le minimum partageable, à partir de quoi nous tirons nos lignes de références, d’actualisation des textes fondateurs et de l’image de l’art que nous souhaitons offrir aux visiteurs de cette vingtaine de lieux où va se décliner l’exposition. 10 février 2013 Nous aurons bien des gravures de Richard Hamilton, la galerie Alan Cristea, à Londres, nous les a promises. Le Poisson des Abysses d’Yves Chaudouët sera présenté dans la chapelle Saint-Gildas de Bieuzy-Les-Eaux et je crois qu’il s’y plaira. La bibliothèque des Champs Libres constituera une table « odysséenne » à l’usage de ses lecteurs emprunteurs et exhumera de son fonds l’un de ses « trésors », une édition ancienne, en grec et en latin, du texte d’Homère : Sur les choses accomplies par Ulysse [Odyssea, id est De rebus ab Ulysse gestis]. Elle programmera également un conte moderne de et par Sylvain Cebron de l’Isle, librement inspiré du cycle homérien : Ulysse ou l’histoire de celui qui ne voulait pas y aller. Cette semaine, aux Champs Libres encore, l’écrivain Olivier Rolin et le comédien André Wilms lisaient, Rolin les commentant, un montage de textes issus de l’Iliade. Thomas Dinahet, l’un des fils de Marcel, me fait remarquer que derrière l’apparente prose de la traduction de Victor Bérard se cachent des alexandrins. Des nouvelles de Benoît Laffiché en provenance de la région de Tanger/Gibraltar où il travaille à l’œuvre que nous présenterons dans l’exposition : « Retour de Belyounech, et tout particulièrement de la forêt où se cachent les migrants. Forêt au plus près de Calypso, tensions militaires tout autour. Il était temps que l’on quitte le village-mur. Une journée de repos à Tanger, et on file à Salé, le lieu de tournage du film de Ridley Scott. J’enregistre, belle odyssée. Heureux… » 16 février 2013 Dans un entretien entre Alain Badiou et Jean-Claude Milner (Controverse. Dialogue sur la politique et la philosophie de notre temps, animé par Philippe Petit. Seuil. 2012), ceci de Badiou : « … pourquoi l’art grec nous touche-t-il, alors qu’il nous parle, dans une langue morte, d’un monde que nous ne connaissons plus, un monde qui est devenu totalement obscur pour nous ? Ou encore : pourquoi les mathématiques euclidiennes nous sont-elles parfaitement intelligibles ? Qu’est-ce qui fait que le contexte anthropologique de ces constructions artistiques ou scientifiques n’en épuise nullement la communicabilité et la transmissibilité ? »

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Et c’est de la réponse à ces interrogations que Badiou tire sa définition de l’universel : « On peut donc dire que l’universalité d’une vérité, c’est ce qui fait exception à l’emprise anthropologique d’une particularité, ou à l’emprise d’un monde historique et culturel, à l’emprise du contexte dans lequel elle est construite. » Voilà bien ce qui, parmi tant d’autres entreprises, tant d’autres émotions, tant d’autres lectures, justifie notre projet. 19 février 2013 Reçu ce mail de Benoît Laffiché, de retour du détroit de Gibraltar : « Je suis rentré il y a une semaine pile. Très vive aventure. J’ai découvert que l’îlot de Perejil était au pied de la forêt de Djebel Moussa. Cette forêt m’a toujours fasciné, je n’avais jamais osé m’en approcher. C’est une haute montagne où se cachent des migrants sub-sahariens, qui fait face au Détroit et se situe à 400 mètres de la frontière avec Ceuta. «On ne voit jamais les noirs, mais eux ils vous voient», c’est ce que répètent les bergers et les militaires. Le voyage à Salé autour du tournage de Ridley Scott nous a amenés jusqu’à une cérémonie Gospel. Et les centrales solaires, et Moitessier, je ne vois pas encore très bien comment mettre en forme ce grand bazar. » Au 8e cercle de L’Enfer de Dante, Ulysse qui brûle dans les flammes, expiant ses forfaits, la ruse du cheval de Troie parmi d’autres, confirme bien que son odyssée le mena jusqu’aux colonnes d’Hercule, aux limites occidentales du monde grec. La mention qu’il fait de Ceuta renforce l’hypothèse de ce point géographique que Victor Bérard tira de sa lecture et de sa traduction du texte d’Homère. Rendez-vous avec Yves Chaudouët et Élisabeth Renault, conservatrice du musée de Saint-Brieuc. C’est en effet ici que se tiendra le second volet de l’exposition collective dont l’axe retenu sera, sans exclusive, la figure féminine. Nous espérons que la Fondation Schneider nous prêtera le Banc d’anguilles-miroir, les Méduses luminescentes et autres habitants des grands fonds réalisés en verre soufflé à Meisenthal. L’étage du pavillon des expositions temporaires leur conviendra à merveille ! 23 février 2013 Heurs et malheurs de la dernière ligne droite. Nous n’obtiendrons pas le prêt de l’ensemble d’Yves Chaudouët. Mercredi dernier, au Frac, nous avons réuni nos partenaires de la vingtaine de lieux où Ulysses sera présent à partir d’avril et jusqu’à l’automne. Il est temps à présent de coordonner nos projets et nos actions tant en ce qui concerne les contenus

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que la communication, la médiation et la régie. Lu ce charmant dizain de Yves Leclair, extrait de son recueil poétique au titre qui ne pouvait manquer d’attirer l’attention, Le Journal d’Ithaque (La Part Commune, 2012) : Nausicaa Comme Eole coud les vents dans une outre et puis les noue au grand mât du navire, comme Ulysse dérive vers la rive inconnue, et puis naufragé découvre celle qui de son voile se dénude, le vent remue, suspendue à sa poutre, la balançoire de l’après-midi vide où les citrons comme des seins bougent, montrant sous la jupe la marque rouge de l’élastique sur la hanche nue. Oggiogno, 6 août 2002 24 février 2013 Neal Beggs, qui met la dernière main à son exposition de Carros (Alpes Maritimes), précise son projet pour Le Dourven. « My idea is to place Ulysses at the center of the show / cynical / tired / disillusioned with war, glory, love, art, beauty etc., creative/ hiding / hiding his identity. After wandering the earth for 2700 years, Ulysses find refuge as an unknown artist living in Dourven. He has his studio in the gallery which is now abandoned. Ulysses is no longer there, he has disappeared, but his work is, everything is as he left it. It a beautiful mess! I would like to transport much of the work from Carros to Dourven for the show. These works all relate to war and music, and will become objects within Ulysses studio. Ulysses will also write songs. Here is a verse from one of his unfinished songs. » “I have seen Ten Thousand years appear and disappear again Kingdoms rise and kingdoms fall And disappear to dust again Seventy times seven times I’ve died and been reborn again And I have seen enough of tears Enough to fill an ocean”. « Mon idée est de placer Ulysse au centre de la scène, cynique/ fatigué/désenchanté par la guerre, gloire, amour, art, beauté etc., créatif/dissimulateur/cachant son identité. Après avoir erré sur Terre pendant 2700 ans, Ulysse trouve refuge comme un artiste inconnu vivant au Dourven. Il a son atelier dans

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la galerie qui est maintenant abandonnée. Ulysse n’est plus ici, il a disparu, mais son travail reste, tel qu’il l’a laissé. C’est un superbe désordre ! Pour l’exposition, j’aimerais transporter une grande partie du travail de Carros au Dourven. Ces travaux ont tous un rapport à la guerre et à la musique, et vont devenir des objets dans l’atelier d’Ulysse. Ulysse écrit également des chansons. Voici un couplet d’une de ses chansons inachevées. » « J’ai vu dix mille ans apparaitre et disparaitre encore Des royaumes se font et des royaumes s’effondrent Et retourne à la poussière Soixante dix fois soixante dix fois je suis mort et j’ai vécu encore Et j’ai vu assez de larmes Assez pour remplir un océan » Voilà qui conforte cette intuition de départ, dont cependant j’ai parfois douté : Ulysse est bien une figure possible de l’artiste contemporain. Ulysse EST un artiste contemporain… 3 mars 2013 L’exposition de Bouchra Khalili au centre d’art Passerelle à Brest prend bonne forme. Il s’agit de montrer pour la première fois en France l’ensemble du Mapping Journey Project : huit vidéos où l’on voit une main traçant un itinéraire sur une carte pendant qu’une voix off raconte le périple ainsi formalisé : tel migrant algérien voulant rejoindre Marseille, tel jeune Palestinien de Ramallah désirant rejoindre sa fiancée à Jérusalem, d’autres encore, tous contraints d’emprunter des itinéraires erratiques n’ayant rien à envier à l’odyssée d’Ulysse ! Parallèlement, huit sérigraphies représentent ces trajectoires sur fond bleu nuit, telles des Constellations (c’est leur titre). Vendredi, nous rendions visite, Marcel et moi, à Thomas Tudoux dans son atelier de la rue de l’Alma, à Rennes, où il travaille à son projet quimpérois, présenté dès le 5 avril prochain au Quartier. Il y sera question de la mémoire des Lotophages et d’une nomenclature des postures de sommeil. 6 mars 2013 Pendant que Catherine et Marcel rencontraient à Rennes l’équipe de la Cinémathèque de Bretagne afin de réfléchir aux projections sur les îles où l’on associerait œuvres patrimoniales, particulièrement autour de Jean Epstein, et films d’artistes contemporains, je passais la journée sur l’île de Batz. Annie Guézengar, la présidente de la médiathèque du lieu, avait réuni pour un déjeuner de travail Anne-Marie Mallégol de l’association

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7e Batz’art ainsi que Olivier Maillet, adjoint au maire chargé (entre autre) de la culture et directeur du jardin Georges Delaselle. La bibliothèque présentera une table d’ouvrages pour adultes et enfants ayant trait à Ulysse et à l’Odyssée. Sont également prévus un atelier de pratiques artistiques (scrap booking) autour de notre thématique ainsi qu’une promenade contée ! Trois lectrices de l’Odyssée ont par ailleurs déjà répondu à la sollicitation de Mark Geffriaud. L’association de cinéma prévoit de diffuser un film de Theo Angelopoulos, sans doute Le Regard d’Ulysse. La visite qu’Olivier Maillet nous a faite du jardin exotique a permis de préciser l’implantation des pièces d’Étienne Bossut (Parthénon bidon) et de Jean-Yves Brélivet (Une Vue imprenable), cette dernière conçue pour être visible du bateau à l’approche de l’île : un arbre en résine sur lequel est juchée une chaise, comme une tour de guet dominant la mer. Pour quelle attente ? Outre ces œuvres conçues pour l’extérieur, nous envisageons de compléter l’ensemble par une seconde sculpture d’Étienne Bossut qu’on présenterait dans l’une des salles du pavillon d’accueil. Ce sera Laocoon, la version appartenant au Frac Ile-de-France. On sait l’histoire de ce fils de Priam, prêtre de Poséidon, qui mit ses compatriotes en garde contre le piège que constituait à ses yeux le présent du fameux cheval. Alors qu’il sacrifiait aux dieux, deux serpents surgis de la mer l’attaquèrent, lui et ses deux fils. Les Troyens virent là un signe qui les autorisait à introduire le monstre de bois dans la cité. On connaît la suite. L’épisode mythique, évoqué par Homère puis par Virgile, inspira les artistes dès le IIe siècle avant notre ère où trois sculpteurs rhodiens (Agésandros, Athénodore et Polydore) conçurent le groupe dit de Laocoon, merveille de l’art hellénistique, et dont une version en marbre se trouve aujourd’hui au musé Pio-Clementino du Vatican. La composition, comme celle adoptée par Le Greco qui en fit plusieurs tableaux, repose sur un mouvement circulaire dynamique, rappel formel de l’étreinte fatale. C’est ce cercle que reprend Étienne Bossut en emboitant une série de moulages en résine du fauteuil Orgone de Marc Newson, designer australien. 9 mars 2013 Marcel a passé la journée de mercredi sur l’île de Houat en compagnie du maire, Luc Le Gurun. Ils ont convenu d’occuper le gymnase par une série de grandes photographies de l’île que Marcel réalisera du point de vue de la mer. Plusieurs pignons et façades ont par ailleurs été repérés sur lesquels sera placardée la grande image qu’Isabelle Arthuis réalisa à Saint-Briac en 2011 (Le Banquet). Des séances de projection sont également prévues. Benoît Laffiché se trouvait hier dans le Finistère, de retour de son voyage dans la région du détroit de Gibraltar où il a passé une quinzaine de jours en prises de vues autour de Ceuta et des voies

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de passage vers l’espace Schengen, autour de l’îlot Perejil dont on dit que c’était jadis Ogygie, l’île de Calypso, que les Marocains appellent Leila ! Point névralgique s’il en est, au croisement des mythologies antiques et des enjeux actuels. Laffiché écrit dans sa note d’intention : « L’îlot Perejil / Leïla est situé en Méditerranée, à 200 m de la côte marocaine et à 6 km à l’ouest de l’enclave espagnole de Ceuta. Ce territoire réduit, accidenté, aride et occasionnellement fréquenté par des bergers marocains lors de la marée basse est surtout connu pour être un territoire contesté. Sa souveraineté demeure en effet disputée par le Maroc et l’Espagne qui tous deux le revendiquent en s’appuyant sur des données géographiques et historiques. Le 10 juillet 2002, six membres des forces auxiliaires marocaines débarquent sur l’îlot pour y établir un poste de contrôle (selon les autorités marocaines dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue et l’immigration clandestine). Le royaume d’Espagne considère ce débarquement comme une invasion marocaine d’un territoire espagnol, et lance le 17 juillet l’opération militaire « Recuperar Soberanía » pour laquelle elle mobilise plusieurs bateaux de guerre et envoie vingt-quatre soldats des « Grupos de operaciones especiales » avec six hélicoptères débarquer sur l’îlot. Le Maroc qualifie cet acte de «barbare et colonial» et souligne l’absence de fondement juridique et légal solide prouvant l’appartenance de l’îlot à l’Espagne. Face à l’immobilisme de la diplomatie européenne, la ministre des Affaires étrangères, Ana Palacio demande la médiation des États-Unis qui réussissent à faire rétablir le statu quo précédent le débarquement marocain. Au terme de plusieurs années de recherches minutieuses, l’helléniste Victor Bérard a identifié l’île mythique d’Ogygie où vivait Calypso avec l’île de Perejil : cette île possède bien une grotte de grandes dimensions, et la série des quatre cascades mentionnées par Homère se trouve sur la côte, dans la baie de Benzus. Par une coïncidence supplémentaire, le nom de perejil signifie persil en espagnol, et désigne le σέλινον grec dont parle Homère, le persil de mer, Crithmum maritimum, plante dont cette île est couverte. L’île tout entière est véritablement une cachette dans le Détroit : il faut la connaître pour la découvrir. L’île de Calypso, dont le nom grec vient de καλύπτω, couvrir, cacher, porte bien son nom, c’est l’île de la Cachette. » De ce périple doit résulter l’œuvre que nous lui avons commandée et que nous produisons. Il y sera question des flux migratoires, du visible et du caché, du souvenir de Bernard Moitessier, le mythique et très ulysséen navigateur du Golden Globe Challenge qui, donné

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vainqueur, refusa de franchir la ligne d’arrivée pour poursuivre sa route, de La Chute du Faucon noir de Ridley Scott et peut-être encore de la centrale solaire PS20, côté espagnol. Pour l’heure, nous avons préfiguré avec lui l’accrochage de son triptyque Sud Schengen au musée de l’ancienne abbaye de Landévennec. Nous avons également décidé avec Bernard Hulin de l’emplacement de la pièce de Laurent Le Deunff et de la vidéo de Marcel. L’ensemble apparaît désormais dans sa cohérence et sa lisibilité. lundi 11 mars 2013 Au domaine de Kerguéhennec, qui s’est associé à Ulysses, Olivier Delavallade propose pour l’été une exposition de François Dilasser. Le projet était engagé avant la disparition de l’artiste, à l’automne dernier. Nous avions un temps songé à présenter la série Yok qui évoque une insularité certes de Bretagne, mais tout aussi bien de partout. À bien des égards cette œuvre recèle des motifs ulysséens : des baigneuses, fussent-elle « d’après Cézanne », des îles, nous l’avons dit, des « passages de la mer rouge » aux apparences d’exode et de retour ! Nous y associerons les Flottaisons, l’œuvre que Marcel (Dinahet) a consacrée à la ligne des eaux de divers ports maritimes. dimanche 24 mars 2013 Pendant que Marcel attendait à Patras que des vents favorables le conduisent à Ithaque, Catherine et moi visitions le beau bâtiment que l’architecte japonais Kengo Kuma a conçu pour le Frac Paca, à Marseille, et dont c’était vendredi l’inauguration officielle, en présence de la ministre de la culture, Aurélie Filippetti. Au cœur de l’exposition qui, sous le titre La Fabrique des possibles, en scellait le lancement, les premières pièces de l’ambitieux projet que Nicolas Floc’h réalise autour des récifs artificiels conçus puis immergés le long des côtes, un peu partout dans le monde. Se fondant sur un inventaire documentaire quasi exhaustif, l’artiste en réalise des répliques sculpturales en béton qu’accompagnent des photographies réalisées à la chambre lors d’une série de plongées exploratoires. Ces formes minimalistes, présentées dans l’espace du musée, apparaissent à mi-chemin entre le motif ready made d’objets fonctionnels et des apparences de sculptures modernistes abstraites. On ne nous en voudra pas d’y voir des traces d’antiques souvenirs, ceux d’Ulysse et de Jason, de fragments mythologiques que les siècles nous réservaient et qu’ils conservèrent en l’état au tréfonds des mers ! Après une journée d’attente et une traversée reportée deux fois pour cause de vents violents (la colère de Poséidon), Marcel est enfin parvenu à Ithaque. Voici le mail qu’il vient de nous adresser, accompagné d’images où l’on assiste à la lente apparition de l’île :

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Ulysse est revenu, malgré les vents contraires et les imprévus du voyage. C’est le moment de clore ce journal. « Bonsoir Catherine, bonsoir Jean-Marc. Enfin me voila arrivé à destination. C’etait long, je suis parti de Rennes depuis mercredi après midi !! Les reports de départs de bateau ont été bénéfiques. Il faisait très beau et ce voyage du début a la fin est une très belle expérience. C’est un long travelling de littoral et d’iles, le tout avec des changements permanents. On dit que le premier travelling a été invente par Eugène Promio, l’opérateur des frères Lumière, qui filme Venise d’une gondole. J’ai surtout filmé mais je viens de réduire pour Internet quelques photos (la connexion Wi-Fi de l’hotel n’a pas l’air terrible). Départ Patras et arrivée Ithaque. On voit Ithaque apparaître sur la gauche des la 7e photo. La nuit tombait juste après mon arrivée. Je verrai mieux demain. Bonne soirée. Bises et amitiés. Marcel »

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ci-contre : Marcel Dinahet, Ithaque, mars 2013 ©Marcel Dinahet


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la programmation cinéma Mor-Vran

Une programmation cinéma associant deux films de Jean Epstein (1897-1953), en collaboration avec la Cinémathèque de Bretagne, et une dizaine de vidéos d’artistes contemporains est proposée au public sur les îles de Houat, de Sein, d’Ouessant, de Batz et à Saint-Briac sur mer. Jean Epstein cinéaste, poète, auteur d’avant-garde… a beaucoup tourné dans les îles entre 1928 et 1948. Ces films consacrés à la mer et aux pêcheurs de Bretagne, conservés et restaurés par la Cinémathèque française, montrent un cinéma réaliste, descriptif, poétique et sensible.

1931, 26 mn, film 35mm, noir et blanc, sonore Réalisation : Jean Epstein. Production : Compagnie Universelle Cinématographique.

Un jeune Sénan, après sa saison de pêche, songe à rapporter un souvenir à la jeune fille qui l’attend sur l’île. Il est à Brest, au milieu de la fête foraine, et achète un collier. Un bateau doit le ramener à Sein ; mais la tempête fait rage. La hâte de rentrer au pays les pousse à partir malgré tout. En enfilant son ciré juste avant l’embarquement, le collier tombe. Mauvais présage ? Et le long suspense commence. Après cinq semaines de gros temps, le bateau n’est toujours pas rentré à l’île...

Lieux et dates (sous réserve) Île de Houat : le 4 juillet à 14h

Le Tempestaire

Île de Sein : le 31 juillet à 15h Île d’Ouessant : le 1er août à 15h

1947, 21 mn, film 35mm, noir et blanc, sonore Réalisation : Jean Epstein. Production : Compagnie Universelle Cinématographique.

Île de Batz : le 2 août à 21h Saint-Briac sur Mer : le 23 août à 18h

La Bretagne a conservé quelques-unes de ces légendes sombres qui ont toujours enchanté les poètes. Le Tempestaire c’est l’homme qui commande aux éléments et peut, de son souffle, arrêter la tempête. Les grand-mères en parlent à la veillée, tout en recommandant de ne plus y croire. Cependant, angoissée de ne pas voir rentrer son fiancé parti à la sardine par gros temps, une jeune fille du pays part à la recherche d’un tempestaire.

Jean Epstein, Le Tempestaire, 1947, 21 mn crédit photo : Cinémathèque française

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Julien Berthier, Love love, 2007 © Droits réservés Camille Goujon, Mon Il désert, 2009, 46" © Droits réservés

Sélection de films d’artistes

Cinémathèque de Bretagne Créée en 1986, la Cinémathèque de Bretagne recense et collecte les œuvres audiovisuelles contemporaines ou anciennes tournées en Bretagne ou produites par des sociétés de production implantées en région Bretagne. Elle assure la conservation, la restauration et la diffusion de ce patrimoine audiovisuel breton. Sur la base Films Bretagne sont recensés les films documentaires, de fictions, d’animations et expérimentaux soutenus, ou non, par les collectivités de la région (Conseil Régional de Bretagne, Conseil Général du Finistère, Conseil Général des Côtes d’Armor) et/ou tournés partiellement ou intégralement en Bretagne. La Cinémathèque conserve à ce jour un ensemble de 1 757 appareils de cinéma et dispose d’un fonds de 25 550 films, vidéos et bandes son, accessibles sur simple adhésion à l’association, ainsi qu’un ensemble conséquent de documents (revues de cinémas, photogrammes, photographies numériques, documents d’archives) dont certains sont consultables en ligne.

Alessandro Piangiamore, Horizon, 2006, 1'54"

Alora & Calzadilla, Under discussion, 2005, 6'14" Julien Berthier, Love love, 2007 Hugues Reip, La Tempête, 2005, 5'35" Ziad Antar, Tokyo Tonight, 2003, 3' Camille Goujon, Le vent, 2010, 49' ou/et Mon Il désert, 2009, 46" Marylène Negro, Répons, 2009, 3'20" Martin Le Chevallier, Ocean Shield [Bouclier des mers], 2009 Marcel Dinahet, Le King de Saïda interprète l’odyssée d’Ulysse sur l’île de Saïda, 2013, 2'15"

Tél. 02 98 43 38 95 www.cinematheque-bretagne.fr

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The Tide

Mark Geffriaud The Tide [la Marée] est une œuvre à activer de Mark Geffriaud, jeune artiste français qui vit à Amsterdam. Il s’agit de faire lire par des personnes volontaires l’Odyssée d’Homère dans les lieux associés à l’itinéraire d’art contemporain en Bretagne Ulysses, l’autre mer. Chaque lecteur et lectrice, à qui est remis un exemplaire du livre dans l’édition d’Actes Sud (traduction de Frédéric Mugler), s’engage à lire l’ensemble du texte le temps de l’exposition. Chacun est libre de son temps : on vient dans l’exposition selon ses disponibilités ; on lit le temps qu’on veut, silencieusement, comme on le ferait chez soi, puis on pose le livre, muni d’un marque-page, à l’endroit où on lisait. L’idée consiste à maintenir une présence de lecture (livre seul ou livre avec lecteur). Parfois plusieurs lecteurs seront en présence, parfois non. Le titre [la Marée] évoque, comme le souligne Jean-Marc Huitorel, cette idée de flux et de reflux sur fond de présence permanente de la mer : des vagues de lecture qui ont fait parvenir ce grand texte jusqu’à nous.

Lieux de lecture (sous réserve) Musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc (p. 8) Galerie du Dourven, Trédrez-Locquémeau (p.12) Le Quartier centre d’art contemporain, Quimper (p. 16) Musée de l’ancienne abbaye de Landévennec (p. 18) Passerelle centre d’art contemporain, Brest (p. 20) Médiathèque Les mille feuillets, Île de Batz (p. 22) Musée des Phares et Balises, Île d’Ouessant (p. 26) Frac Bretagne, Rennes (p. 34) Musée des beaux-arts, Rennes (p. 42) La Criée centre d’art contemporain, Rennes (p. 46) Festival d’art Grand Écart, Saint-Briac sur Mer (p.48) Bibliothèque des Champs Libres, Rennes (p. 50) Musée de la Compagnie des Indes, Port-Louis (p. 54) Domaine départemental de Kerguéhennec, Bignan (p. 56)

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Crédits photo : Agota Lukyte / Courtesy gb agency


les résidences d’artistes Finis terrae

Cette année, Finis terrae a le plaisir d’accueillir plusieurs artistes participant à l’anniversaire des 30 ans des Frac dans le cadre du programme Ulysses, l’autre mer organisé par le Frac Bretagne. Notre programmation mêlée représente une formidable aventure à laquelle nous participons avec grand enthousiasme. Cet événement marque l’occasion pour nous de regarder en arrière et de présenter au plus grand nombre les créations, récits, pérégrinations des artistes venus en résidence. L’ouvrage Ouessant, résidences – artistes au sémaphore du Créac’h de 2008 à 2012, publié durant l’été 2013, retrace les regards portés sur ce contexte unissant insularité et ouverture sur le monde.

Résidence d’artistes au sémaphore du Créac’h à Ouessant À l’extrémité ouest de l’île d’Ouessant, face à la mer, se dressent le musée des Phares et Balises, le phare du Créac’h et le sémaphore attenant. Cette ancienne tour de guet est devenue la propriété du Conseil général du Finistère qui la met aujourd’hui à la disposition des associations du département. Au sommet, la salle de veille donne accès à un point de vue à 180° sur l’océan Atlantique et cette résidence offre aux auteurs la possibilité de créer les yeux grands ouverts sur l’horizon. Cette terre éloignée, sauvage mais fabuleuse et habitée par une population intrinsèquement liée à la mer, accueille les artistes depuis longtemps déjà. Dès 1928, Jean Epstein s’éloigne de Paris et installe à Ouessant son chantier, esthétique et théorique, duquel naissent les images du film Finis terrae. En 2008, Marcel Dinahet est le premier artiste à résider au sémaphore, animé par la volonté de revenir sur les traces des habitants filmés par Epstein. Il crée la même année l’association Finis terrae qui a pour but de programmer des résidences dans le champ de l’art contemporain. L’association accueille désormais chaque année un artiste français et un artiste étranger. Le quotidien mis entre parenthèse laisse place à l’émerveillement, la prise de recul et l’expérimentation.

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Président : Marcel Dinahet Coordinatrice : Ann Stouvenel

Artistes invités en résidence 2008 Marcel Dinahet

L’association Finis terrae reçoit le soutien du Conseil général du Finistère, du Conseil régional de Bretagne et de la Direction régionale des Affaires Culturelles de Bretagne, ainsi que la précieuse participation du Parc naturel régional d’Armorique et de la mairie d’Ouessant.

2009 Nicolas Floc’h 2010 Camille Goujon Alexandre Ponomarev 2011 Ron Haselden Loreto Martinez Troncoso 2012 Yasmine Eid-Sabbagh Leïla Willis 2013 Sébastien Vonier Gilles Tiberghien Grégory Buchert À venir Eléonore Saintagnan Thorsten Streichardt

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Ulysses

frac Provence-Alpes-Côte d’Azur De janvier 2013 à janvier 2014 Placé sous le signe de la Capitale Européenne de la Culture MarseilleProvence 2013, le projet Ulysses, coordonné par le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, réunit plus d’une quarantaine de partenaires autour d’un itinéraire d’art contemporain consacré à la figure emblématique d’Ulysse. Comme autant de points d’ancrages, musées, centres d’arts, associations, cinémas, sites patrimoniaux concourent à l’élaboration d’un programme inventif et généreux permettant à travers des présentations de pièces uniques, de productions, d’expositions thématiques, collectives ou monographiques l’exploration de l’art contemporain dans ses multiples attitudes. Une centaine d’artistes participent à cette aventure, parmi lesquels : Cécile Bart, Wang Bing, Nicolas Floc’h, Mona Hatoum, Fabrice Lauterjung, Cildo Meireles, Hans Op de Beeck, Yazid Oulab, Miguel Palma, Claudio Parmiggiani, Franck Pourcel, Philippe Ramette, Nicolas Rubinstein, Yvan Salomone, Barthélémy Toguo, Jean-Jacques Rullier, Georges Tony Stoll, André Cadere, Francine Zubeil…

Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur 20 boulevard de Dunkerque F-13000 Marseille Tél. 04 91 91 27 55 infos@fracpaca.org www.fracpaca.org Le guide Ulysses est disponible dans chaque lieu. Le Fonds régional d’art contemporain Provence-Alpes-Côte d’Azur est financé par : La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur Le ministère de la Culture et de la communication / Direction régionale des affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur Il est membre de PLATFORM, regroupement des Fonds régionaux d’art contemporain et structures assimilées et membre fondateur du réseau Marseille expos.

Commissariat général : Pascal Neveux assisté de Karina Bianchi

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Escale en pays d’Aix-enProvence Musée Granet, Pavillon de Vendôme, La non maison, centre d’art, Musée des Tapisseries, 3bis F Centre d’art, Abbaye de Silvacane, Centre culturel La Baume les Aix, Association Voyons voir, ARTEUM, Château La Coste, Tilt, Cinéma Institut de l’Image. Escale en Camargue Association Asphodèle, Chapelle Saint Anne, Le domaine départemental du Château d’Avignon, Abbaye de Montmajour, Eglise Saint Blaise, Château de Tarascon

Escale sur la Petite Mer, pays de Martigues Site archéologique St Blaise, Chapelle Notre Dame des Marins, Musée Ziem, Centre Fernand Leger, Chapelle St Sulpice, Cinéma Le Renoir Escale à Marseille Château d’If, Frac PACA, Château de Servière (Bastide), Château de Servière (les Ateliers Boissons), Centre de la Vieille Charité, Cinéma l’Alhambra Escale au pays d’Aubagne Chapelle des Pénitents, Commune de La Bouilladisse

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Escale dans le Var Centre d’Art Sebastien, Hôtel des Arts, Centre d’Art Le Moulin de la Valette Escale en région Provence-Alpes-Côte d’Azur Espace Muséal Château de Tourettes-sur-Loup, Centre culturel La Coupole, Centre International d’Art Contemporain (CIAC), Chapelle des Pénitents, Musée archéologique Théo Desplans


ulysse l’original frac languedoc-roussillon Du 21 mars au 31 décembre 2013 Ulysse l’Original est le titre du parcours que le Frac Languedoc-Roussillon propose dans sept lieux de la région, en partenariat avec les Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et Bretagne, tous trois associés dans le projet commun intitulé Ulysses. Ces Frac ont décidé de déployer, dans leur région respective, un ensemble d’œuvres produites en résonnance à des thématiques issues du texte d’Homère, mais aussi du livre éponyme de James Joyce. Entre ces deux ouvrages majeurs de la littérature universelle, quelles « images » les artistes sont-ils en mesure de faire naître ? Quels questionnements actuels peuvent-ils rendre « visibles », qui trouveraient leur source dans ces textes fleuves ? Avec la collaboration d’institutions culturelles et patrimoniales en LanguedocRoussillon, les artistes invités ont imaginé et livré leur propre version d’Ulysse : le héros homérique est devenu le prototype de l’homme errant, de l’individu contraint de parcourir le monde et de s’y perdre alors qu’il aspire à retrouver son pays natal et sa famille. Métaphore de l’existence ellemême, le « voyage » d’Ulysse est rempli de mille péripéties, rencontres heureuses ou funestes, qui donnent toutes à l’aède, c’est-à-dire au poète, l’occasion de raconter, d’exprimer le sens de ce qu’éprouvent les humains dans le monde. Des artistes contemporains seront pour nous ces poètes qui, hier, racontaient les épisodes de la vie d’Ulysse à toute la communauté réunie.

Frac Languedoc-Roussillon 4 rue Rambaud F-34000 Montpellier Tél. 04 99 74 20 35 fraclr@fraclr.org www.fraclr.org Le Frac Languedoc-Roussillon bénéficie du soutien de la Préfecture de Région LanguedocRoussillon / Direction régionale des affaires culturelles et de la Région Languedoc-Roussillon. La mise en place du site Internet Art contemporain en Languedoc-Roussillon et l’informatisation du fonds documentaire et de la collection du Frac sont cofinancées par l’Union Européenne. L’Europe s’engage en Languedoc-Roussillon avec le Fonds européen de développement régional. Le Frac Languedoc-Roussillon est membre du réseau PLATFORM. Il pilote le réseau Art contemporain en Languedoc-Roussillon.

Commissariat général : Emmanuel Latreille Artistes invités : Sophie Dejode et Bertrand Lacombe

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Ulysse Pirate, 2012. © Sophie Dejode et Bertrand Lacombe

Ulysse l’Original

Itinéraire d’art contemporain en Languedoc-Roussillon Du 21 mars au 31 décembre 2013

Frac LanguedocRoussillon Philip Vormwald et Martin Hyde, You Can Never Go Home Du 21 mars au 11 mai 2013 Alain Bublex – Une nuit sans sommeil Du 8 juin au 28 septembre 2013 Site du Pont du Gard Sophie Dejode et Bertrand Lacombe Ulysse Pirate Du 13 avril au 31 décembre 2013 Tours et remparts d’Aigues-Mortes Bertrand Gadenne, Jean-Christophe Norman Du 23 avril au 31 octobre 2013 Site archéologique Lattara / Musée Henri Prades de Montpellier Agglomération, Lattes Hubert Duprat Du 31 mai au 29 septembre 2013

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LAC, Sigean Yvan Salomone Du 23 juin au 22 septembre 2013 Prieuré Saint-Pierre, Pont-Saint-Esprit Pablo Garcia, Michaël Viala Prospection Du 12 juillet au 4 octobre 2013 Chapelle des Pénitents, Aniane Simone Decker, Ghosts Du 27 juillet au 15 septembre 2013


les pléIades

Une manifestation organisée par Platform et les 23 Fonds régionaux d’art contemporain

Une utopie réalisée Il y a trente ans, naissaient les Frac, les Fonds régionaux d’art contemporain. Créés à l’initiative du ministère de Jack Lang en 1982, les Frac sont moteurs d’une décentralisation et abondent dans le sens de la démocratisation de la culture telle que l’avait envisagée Malraux en 1959. Ces nouvelles structures inventaient alors un modèle d’institution inédit : des associations cofinancées par l’État et les Régions, rejoints par d’autres collectivités territoriales, ayant vocation à réunir création contemporaine et publics, sur l’ensemble du territoire français.

d’actions dans des établissements scolaires, universitaires, des communes rurales, des prisons ou encore des hôpitaux. En 30 ans, les 23 Fonds régionaux d’art contemporain ont acquis plus de 26  000 œuvres réalisées par 4 200 artistes (dont 56,5% français) et chaque année, l’ensemble de leurs projets (environ 600) touche plus d’un million de personnes.

30 ans des FRAC

Un anniversaire prospectif Sous l’intitulé Les Pléiades, une référence à la fois littéraire et stellaire, les 23 Frac ont élaboré un projet collectif et singulier qui prend pour principe fondateur le regard des artistes sur les collections. Cette manifestation nationale propose une constellation d’expositions qui montrent, chacune à leur manière, le potentiel infini de projets possibles avec les œuvres.

Ainsi, depuis leur origine, les Frac ont trois missions fondatrices : – collectionner les œuvres d’artistes actuels – favoriser la rencontre entre les œuvres et le public, en vue d’une sensibilisation à l’art contemporain – soutenir la création Structures légères et réactives, les Frac ont su répondre tant aux mutations de la création contemporaine et aux projets des artistes qu’aux attentes et besoins de chaque contexte régional en inventant des manières efficaces et uniques de « conquérir les territoires ». Depuis le début de leur existence, les Frac ont progressivement permis la constitution de collections à rayonnement international, articulant les dimensions locales et globales. Ces collections témoignent de l’activité des Frac ainsi que celle des institutions avec lesquelles ils interagissent, dont les centres d’art et les musées. Elles sont par ailleurs des premiers outils Ulysses, l’autre mer

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programmations inédites ou expositions d’ampleur conçues en collaboration avec leurs partenaires et soutenues par leurs Régions et le ministère de la Culture, chaque Frac mettra en œuvre de nombreuses actions de sensibilisation adaptées aux différents publics.

La manifestation s’organise selon deux grands mouvements :

23 invitations à des créateurs en régions D’avril à décembre 2013

Créateurs invités : Jean-Michel Alberola,Francis Baudevin, Marc Bauer, Otto Berchem, Alejandro Cesarco, Marc Camille Chaimowicz, Jordi Colomer, Alain Declercq, Marcel Dinahet avec Jean-Marc Huitorel (critique d’art), Claire Fontaine, Gavillet & Rust, Monica Grzymala, Éric Hattan, Bertrand Lacombe et Sophie Dejode, Vincent Lamouroux, Guillaume Leblon, Laurent Mauvignier, Anita Molinero avec Paul Bernard (critique d’art), Laurent Montaron, Hugues Reip, Bernard Tschumi, Olivier Vadrot, Xavier Veilhan, Cecilia Vicuña, Othello Vilgard, Heidi Wood, Raphaël Zarka, Wilhiam Zitte.

À cette occasion, chaque Frac donne une carte blanche à un ou plusieurs créateurs pour, à partir de sa collection, imaginer des expositions ou inventer des dispositifs pour les présenter. Ces invitations témoignent de la volonté des Frac de montrer combien l’artiste est au cœur de leurs activités, de la collection à la production d’œuvres, en passant par l’exposition, la médiation et la diffusion. Grâce au partenariat inédit noué à cette occasion avec le Centre national des arts plastiques, douze productions d’œuvres et d’expositions ont été rendues possibles. À partir de ces productions spécifiques, 117


Vue de l’exposition Spatial City: An architecture of Idealism, première présentation des collections des FRAC aux États-Unis du 5 février au 26 décembre 2010 à Milwaukee, Chicago et Detroit © Droits réservés / Crédit photo : Tom Van Eynde, courtesy of Hyde Park Art Center

les pléIades

pas une « exposition de collections » mais bien une « exposition d’expositions ». Celle-ci se rêve, à la façon d’une constellation alignant sur un seul plan des astres situés à des années lumière, en une « collection de collections ».

Une exposition collective aux Abattoirs - FRAC Midi-Pyrénées à Toulouse

Du 28 septembre 2013 au 5 janvier 2014

Cette exposition est une coproduction entre les 23 Frac, PLATFORM et les Abattoirs - Frac MidiPyrénées, en partenariat avec le Centre national des arts plastiques.

C’est à partir de chacun de ces projets que s’est dessinée de façon polyphonique l’exposition aux Abattoirs qui réunira en un seul lieu l’ensemble de ces regards, transformations et créations. Reprenant elle aussi le titre Les Pléiades, cette exposition est bien l’affirmation commune d’identités irréductibles à travers l’élément premier de l’ensemble de ces collections : les artistes. À partir des 23 projets qui auront irrigué les territoires des Frac pendant l’année 2013 sur l’idée commune d’une collection revisitée par un artiste, l’exposition nationale regroupera autant de projets et de regards pour proposer non Ulysses, l’autre mer

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Vue de l’exposition Spatial City: An architecture of Idealism, première présentation des collections des FRAC aux États-Unis du 5 février au 26 décembre 2010 à Milwaukee, Chicago et Detroit © Droits réservés / Crédit photo : Photo : Corine Vermeulen, courtesy MOCAD

PLATFORM Créée en 2005, l’association PLATFORM réunit les 23 Présidents et les directeurs de Frac pour favoriser l’émergence d’un dialogue ouvert et partagé, mutualiser des expériences et des outils, concevoir des projets d’échanges artistiques avec des partenaires étrangers. Au travers de l’association PLATFORM, les 30 ans des FRAC sont conçus et portés par l’ensemble des Frac, avec le soutien de l’Etat, des Régions et de plusieurs partenaires publics et privés.

Partenaires des Pléiades Le ministère de la Culture et de la Communication (Direction générale de la création artistique et Directions régionales des affaires culturelles), le ministère des affaires étrangères, l’Institut français, le Centre national des arts plastiques (CNAP), l’Association des Régions de France (ARF), les 23 Régions et les collectivités territoriales, la Région Midi-Pyrénées, la Ville de Toulouse, la Région Languedoc-Roussillon, Neuflize OBC, Le Monde, Le Quotidien de l’Art, France Culture.

PLATFORM Regroupement des Fonds régionaux d’art contemporain 32 rue Yves Toudic 75 010 Paris 01 42 39 48 52 www.frac-platform.com Les Pléiades - 30 ans des Frac Partenaires officiels : les Galeries Lafayette et Gares & Connexions SNCF

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30 ans des Frac en gare Les plus curieux pourront télécharger l’application « art en gare » disponible dès le 18 mai ; une application pour localiser les gares exposantes, découvrir toutes les œuvres, témoigner, donner son avis, partager, participer au jeu concours…

De mai à décembre 2013, à l’occasion des 30 ans des Fonds régionaux d’art contemporain, une trentaine de gares en France ouvre leurs portes à l’art et présente aux voyageurs plus d’une soixantaine d’œuvres des collections des Frac. Organisateur de cet événement, Gares & Connexions, 5e branche SNCF en charge des gares, propose autour de ce choix d’œuvres un programme de sensibilisation et contribue à rendre accessible au plus grand nombre l’art contemporain. Dans la région, six gares exposent des œuvres de la collection du Frac Bretagne et du Frac LanguedocRoussillon.

Contact presse Gares & Connexions : Corentine Mazure Tél. 01 80 50 92 19 / 06 28 91 52 92 corentine.mazure@sncf.fr www.gares-connexions.com

Les œuvres pourront être découvertes en deux vagues successives : - À compter du 18 mai 2013 : Régions Bourgogne, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon, FrancheComté, Rhône-Alpes, Pays de la Loire et Bretagne - À partir de septembre 2013 : Régions Alsace, Auvergne, Midi-Pyrénées, Aquitaine, Centre, Champagne-Ardenne, Picardie, Nord-Pas de Calais, HauteNormandie, Basse-Normandie et Limousin

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Jocelyn Cottencin, La consommation d’oxygène est différente d’un individu à l’autre, 2004, dessin mural, dimension variable, collection Frac Bretagne © Jocelyn Cottencin / crédit photo : Hervé Beurel

Les œuvres et les artistes à découvrir dans les gares bretonnes (Sous réserve de modification)

Gare de Saint-Brieuc Raymond Hains Cour Saint-Gouéno et Passage Saint-Guillaume de l’ensemble : Saint-Brieuc, et Les Vedettes Vertes à Dinard

Gare de Rennes Jocelyn Cottencin La consommation d’oxygène est différente d’un individu à l’autre

Gare de Brest Yves Trémorin BREIZHTORYTHM

Olivier Tourenc L’Abrestoise

Gare de Quimper Gabriele Di Matteo Autoportrait de Méliès en capitaine et ensemble Photo de plateau 1 à 10

Gare de Saint-Malo Marcel Dinahet Saint-Briac sur Mer

Gare de Lorient Etienne Bossut Chaque matin

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Nuit des musées au Frac Bretagne Dans le cadre de la 9e Nuit des musées le samedi 18 mai 2013, le Frac Bretagne propose la diffusion de trois films en référence au thème de la manifestation Ulysses, l’autre mer. Le film de Gregory Buchert, 858 pages plus au sud, est programmé en collaboration avec La Criée centre d’art contemporain.

20h45

Jean Epstein, Young Oceans of Cinema 2011, 68 min, couleur, documentaire

Réalisation : James June Schneider. Production : Bathysphère Productions, TV Rennes 35, Cinémathèque française, Cinémathèque de Bretagne, La Huit Production. Participation : CNC, ministère de la Culture et de la Communication (Cnap), Conseil Régional de Bretagne, Procirep, Angoa.

20h15 et 20h30

Le cyclope de la mer

1998, 13 mn, film 35mm, couleur, film d’animation

Pour aborder la large part maritime de l’œuvre d’Epstein, James Schneider retrouve les lieux qui ont inspiré le cinéaste et reconstitue visuellement certains plans. Extraits de films, citations de ses écrits, archives (interviews de sa sœur et collaboratrice Marie Epstein, de Jean Rouch, grand admirateur), et témoignages de descendants de marins qui l’ont aidé complètent ce portrait hanté par des images de mer en colère et le grondement du vent.

Réalisation : Philippe Jullien. Scénario : Philippe Jullien et Jean-Pierre Lemouland. Image : Pierre Bouchon. Son : Thierry Gault. Montage : Anne Rennesson. Musique : Yann Tiersen. Décors : Jean-Marc Ogier. Production : JPL Films & Arte.

Isolé au milieu de la mer, le cyclope s’invente des compagnies en fabriquant des créatures de bois qu’il anime grâce à d’astucieux mécanismes. Un jour, il découvre un petit poisson rouge échoué sur le rivage. Il le ramène chez lui et, croyant s’en faire un ami, l’installe dans un aquarium. Mais le poisson, effrayé par cet être à l’œil unique, tente de s’échapper sans succès. Dès lors, le cyclope va tenter de lui rendre familier son nouvel environnement en lui faisant cadeau d’un phare miniature et en confectionnant de faux poissons qui lui permettront de ne plus se sentir seul. Mais ne se transformet-il pas petit à petit aux yeux du poisson en un possessif geôlier ? Un soir, une violente tempête qui détruira partiellement le phare permettra pourtant au cyclope de sauver le poisson une deuxième fois...

Né en Pologne en 1897, Jean Epstein étudie la médecine à Lyon avant d’aller vivre sa passion pour le cinéma à Paris. Il réalise plusieurs films pour Pathé avant de fonder sa propre société. La mer lui évoque à la fois la peur et la liberté. Il s’inspire des îliens bretons pour Finis terrae (1929), qui ouvre une série de films sur le sujet. Dans son importante œuvre écrite, il décrit la machine comme bien plus qu’un robot : elle est un personnage hanté, un œil qui change notre vision du monde (L’Intelligence d’une machine, 1946). Son goût des sciences et du cinéma en tant que technique se double d’une sensibilité de poète, l’ouvrant au fantastique et au mythologique. Après la guerre, une parenthèse très difficile pour lui, il retourne filmer Belle-Ile (Le Tempestaire, 1947) et varie la vitesse du son pour travailler le bruit des vagues. « Le cinéma… met du dieu partout, écrit-il, car le cinéma est seul capable de varier le temps. » Jean Epstein est disparu en mer en 1953. Martin Drouot

Philippe Jullien est scénariste et plasticien.

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858 pages plus au sud, vidéo-performance de Gregory Buchert, 59 min., production : Le Fresnoy Studio National des Arts Contemporains, 2011

le parcours de vie son père. Que signifie le fait de se reproduire, d’engendrer? Les formes et les histoires se réinventent sans cesse, et ce film tente de brasser le mythologique et l’intime dans une trajectoire aussi essentielle qu’elle ne paraît absurde et légère.

22h

858 PAGES PLUS AU SUD 2011, 59 min

Réalisation : Gregory Buchert. Promotion : Michael Snow. Production : Le Fresnoy.

Plus de 20 ans après la disparition de son père, Gregory Buchert choisit de rejouer un étrange souvenir d’enfance afin de comprendre les causes de son départ. Soit : un fils tentant de battre un énigmatique record paternel, en lisant Ulysse de James Joyce, dans un camping-car filant vers le sud de l’Europe. Ce projet propose une réflexion burlesque sur la question de la « reproduction ». Comment se construire en tant qu’artiste face aux œuvres qui nous ont précédées, comment se construire en tant qu’individu face aux gestes familiaux dont nous héritons. Joyce à réécrit sa propre odyssée calquée sur le récit Homérien, Gregory Buchert produit à son tour un film calqué sur la trame du roman de Joyce et retrace

Entrée Libre Ouvert de 20h à minuit Frac Bretagne 19 avenue André Mussat CS 81123 F-35011 Rennes Cedex Tél. 02 99 37 37 93 accueil@fracbretagne.fr www.fracbretagne.fr

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Les éditions Frac Bretagne La politique éditoriale du Frac Bretagne participe à la diffusion et à la connaissance de la collection. La réalisation de catalogues collectifs ou monographiques, édités ou co-édités par le Frac Bretagne permet la promotion de l’activité artistique.

Beauregard, le 5 juillet 2012 George Dupin et Jérôme Saint-Loubert Bié 288 pages, 19,5 x 27 cm, ill. en noir et blanc et en couleur, 2012. Edition Frac Bretagne ISBN : 978-2-906127-39-5 Commande artistique du Frac Bretagne à l’occasion du chantier de son nouveau bâtiment dans le quartier de Beauregard, Rennes

George Dupin et Jérôme Saint-Loubert Bié ont créé et réuni une vaste matière, qui oscille entre document, archive et œuvre et dont la finalité est un livre. En abordant les étapes de la construction du nouveau bâtiment du Frac Bretagne, les artistes prennent en compte la notion de chantier au sens large : d’une part, le Frac Bretagne dans la configuration « hors les murs » (collection, fonctionnement, programmes, personnes), et de l’autre, le temps du chantier comme moment décisif entre un avant et un après, entre bilan et projet. L’un des principes fondateurs de l’ouvrage tient en l’utilisation des feuilles noires, recto pour l’histoire en train de se faire et verso pour ce qui constitue les bases de celle-ci : moments fondateurs, méthode de travail, modalités de communication… Beauregard, le 5 juillet 2012 tente une exploration subtile de l’histoire d’une institution, des liens entre la mémoire, les missions, les projets et la manière dont ceux-ci s’incarnent dans une architecture parée d’une forte identité.

Tome 2 du catalogue raisonné de la collection du Frac Bretagne 432 pages, 20,9 x 28,4 cm, ill. en noir et blanc et en couleur, 2012 Edition Liénart, Montreuil-sous-Bois ISBN : 978-2-35906-065-2 Textes de Quentin Bajac, Leszek Brogowski, Johana Carrier, Brigitte Charpentier, Marion Daniel, Christophe Domino, Catherine Elkar, Karim Ghaddab, Béatrice Lamarque

Le deuxième tome du catalogue raisonné de la collection du Frac Bretagne met en lumière les acquisitions réalisées à partir de 1997, date du premier bilan publié pour les quinze ans de l’institution sous le titre : Panoramas, 1981-1996, la collection du Frac Bretagne.

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Ulisses Stéphane Le Mercier

Un Voyage en mer Sharon Kivland

40 pages, Ill. en noir & blanc, 2013 Editions Incertain Sens et Frac Bretagne, Rennes ISBN : 978-2-914291-56-9

20 pages, ill. noir et blanc, 2013 Editions Frac Bretagne, Rennes, avec la gracieuse autorisation de l’éditeur Edition française d’un chapitre extrait du livre de Sharon Kivland, A Disturbance of Memory, Freud on Holiday volume 2, éditions Cube Art et information as material, 2007. Traduction Sophie Leclercq ISBN : 978-2-906127-41-8

Dans le cadre d’Ulysses, l’autre mer, le Frac Bretagne s’associe aux Éditions Incertain Sens pour la parution du livre d’artiste de Stéphane Le Mercier, Ulisses : « Au printemps 1998, bénéficiant d’un petit bureau au James Joyce Centre de Dublin, j’ai photocopié la plupart des couvertures et quelques pages intérieures des traductions mondiales d’Ulysse. Rapidement réalisées et à des fins documentaires, ces photocopies sont parcourues de bruits (déplacement du livre, agrandissement aléatoire, présence furtive de la main, rayures, etc.) comme autant d’ornements ajoutés à la polyphonie de l’œuvre. Enfin, ce projet s’accompagne aujourd’hui d’une réflexion insoupçonnable à l’époque : le traitement fait aux livres dans le cadre de leur numérisation sauvage. »

Depuis plusieurs années Sharon Kivland a patiemment repris — et reconstitué — les vacances de Sigmund Freud. Dans A Disturbance of Memory, Kivland, son fils et sa sœur, suivent les pas des frères Freud vers Athènes, via Trieste, Venise et Corinthe, fréquemment détournés de leur route par les traces d’autres voyageurs, notamment, dans ce chapitre, —‘A Sea Voyage’— l’Odyssée. Trois narrations croisées et Ithaque en toile de fond, observée depuis le pont du bateau. Un chapitre extrait du livre de Sharon Kivland, A Disturbance of Memory, Freud on Holiday volume 2 (Une perturbation de la mémoire, Freud en vacances tome 2), dans le cadre d’Ulysses, l’autre mer, une manifestation organisée par le Frac Bretagne pour le 30e anniversaire des Fonds régionaux d’art contemporain en France. 125


Les Amis du Frac Bretagne Si vous souhaitez accompagner le Frac Bretagne, rejoignez les Amis et bénéficiez ainsi de rencontres privilégiées. Quatre rendez-vous sont organisés autour du projet Ulysses, l’autre mer : Jeudi 16 mai Visite en avant-première de l’exposition Ulysses, l’autre mer, présentée au Frac Bretagne, Rennes.

Créée en 2010, pour accompagner l’ouverture du nouveau bâtiment du Frac Bretagne à Rennes, l’association souhaite faire partager au plus grand nombre la connaissance de l’art d’aujourd’hui.

Samedi 29 juin Voyage organisé au départ de Rennes. Visites des expositions Ulysses, l’autre mer, au musée d’art et d’histoire de SaintBrieuc et Neal Beggs, à la galerie départementale du Dourven, TrédrezLocquémeau.

Objectifs Les Amis du Frac Bretagne – participent à une meilleure connaissance de la collection du Frac Bretagne, – soutiennent le programme d’expositions et de diffusion de la collection, – participent au rayonnement du Frac Bretagne sur le territoire régional, national et international, – contribuent à élargir le public de l’art contemporain.

Samedi 6 juillet Visite de l’exposition Dinard, l’amour atomique, Palais des Arts et du Festival à Dinard. Et dans le cadre du 18e Festival d’art Grand Ecart, visite des expositions Marcel Dinahet, Vu et Jean-Julien Lemordant, Le fauve breton. Samedi 31 août Voyage organisé au départ de Rennes. Visites des expositions Ulysses, l’autre mer, au musée de la Compagnie des Indes à Lorient, à l’église Saint-Joseph de Pontivy et à la chapelle Saint-Gildas, Bieuzy-les-eaux, à l’occasion de la 22e édition de L’art dans les chapelles.

Propositions – des visites privilégiées d’expositions, des rencontres avec les artistes, les commissaires d’expositions et les acteurs de l’art contemporain, – des visites d’ateliers d’artistes, – des voyages à l’occasion des grandes manifestations de l’art contemporain, – des conférences, – des moments de convivialité dans les nouveaux espaces du Frac Bretagne, – des réductions sur les éditions du Frac Bretagne. Ulysses, l’autre mer

Contactez l’Association : lesamis@fracbretagne.fr Suivez l’actualité des Amis du Frac sur Facebook : https://www.facebook.com/lesamisdufracbretagne

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Bulletin d’adhésion Nom................................................................................................ Prénom............................................................................................ Adresse .......................................................................................... ...................................................................................................... Tél ................................................................................................. E-mail.............................................................................................

 Adhérent : 30 €  Moins de 40 ans avec parrainage : 15 €  Etudiant ou demandeur d’emploi : 10 €  Couple adhérents : 50 €  Membre actif : 50 €  Couple membres actifs : 80 €  Membre bienfaiteur : 150 €  Couple membres bienfaiteurs : 220 €  Donateur : à partir de 1 000 €  Donateur entreprise : à partir de 3 000 € Les chèques sont à à libeller au nom des Amis du Frac Bretagne et à nous adresser par la Poste avec ce bulletin. À réception du chèque, nous vous adressons une carte d’adhésion, valable pour une année.

19 avenue André Mussat CS 81 123 F-35011 Rennes cedex

Tel +33 (0)2 99 37 37 93 lesamis@fracbretagne.fr www.fracbretagne.fr


Calendrier Ulysses, l’autre mer Côtes d’Armor (22)

Finistère (29)

15 juin → 25 août

5 avril → 5 mai

30 juin → 31 août

Juillet → août

Ulysses, l’autre mer

Thomas Tudoux

Etienne Bossut, Jean-Yves Brélivet

Thomas Tudoux

Musée d’art et d’histoire, Saint-Brieuc 29 juin → 4 novembre

Neal Beggs

Exposition organisée par Itinéraires Bis Galerie du Dourven, Trédrez-Locquémeau

Lotophages

Le Quartier centre d’art contemporain, Quimper

Jardin Georges Delaselle, Île de Batz

27 avril → 15 septembre

Musée de l’Abri du marin, Île de Sein Jeudi 1er août à 15h

Ulysses, l’autre mer

30 juin → 31 août

Programmation

Présentation de livres autour d’Ulysse Promenade contée Ateliers de pratiques artistiques Médiathèque Les mille feuillets, Île de Batz

Marcel Dinahet, Mark Geffriaud, Benoît Laffiché, Laurent Le Deunff Musée de l’ancienne abbaye, Landévennec 20 juin → 31 août

Mercredi 31 juillet à 15h

Ron Haselden

Programmation cinéma

Sorties

Phare du Stiff, Île d’Ouessant

Projections de films de Jean Epstein, Mor-Vran (1931, 26 min) et Le Tempestaire (1947, 21 min), en collaboration avec la Cinémathèque de Bretagne, et d’une dizaine de vidéos d’artistes. Île de Sein

20 juin → 31 août

Ulysses, l’autre mer Musée des Phares et Balises, Île d’Ouessant 22 juin → 24 août

Bouchra Khalili

The Mapping Journey Project Passerelle Centre d’art contemporain, Brest

Ulysses, l’autre mer

Histoire du soir en 5 mn

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Programmation cinéma

Projections de films de Jean Epstein, Mor-Vran (1931, 26 min) et Le Tempestaire (1947, 21 min), en collaboration avec la Cinémathèque de Bretagne, et d’une dizaine de vidéos d’artistes. Salle Jean Epstein, Musée des Phares et Balises, Île d’Ouessant Vendredi 2 août à 21h

Programmation cinéma

Projections de films de Jean Epstein, Mor-Vran (1931, 26 min) et Le Tempestaire (1947, 21 min), en collaboration avec la Cinémathèque de Bretagne, et d’une dizaine de vidéos d’artistes. Médiathèque Les mille feuillets, Île de Batz


Ille-et-Vilaine (35) Dimanche 25 août à 15h30 (à confirmer)

Ulysse revient !

ou comment, par le biais d’une exposition d’art, revisiter une grande figure littéraire. Conférence de Jean-Marc Huitorel Musée de l’ancienne abbaye, Landévennec

7 avril → 2 juin

Samedi 18 mai de 20h à minuit

Ulysses, l’autre mer

Nuit des musées Projections

Manoli - Musée et Jardin de sculptures, La Richardais

20h15 et 20h30

Mercredi 10 avril à 18h30

à la disposition des lecteurs Bibliothèque Les Champs Libres, Rennes

Réalisation : Philippe Jullien

13 juin → 14 août

20h45

Jean Epstein, Young Oceans of Cinema

Récit-conte de Sylvain Cebron de Lisle Bibliothèque Les Champs Libres, Rennes

2011, 68 min, couleur, documentaire

Réalisation : James June Schneider.

17 mai → 25 août

22h

Ulysses, l’autre mer

858 PAGES PLUS AU SUD

Fonds régional d’art contemporain Bretagne, Rennes

2011, 59 min.

Réalisation : Gregory Buchert En présence de l’artiste

17 mai → 25 août

L’homme atlantique

Fonds régional d’art contemporain Bretagne, Rennes

Musée des beaux-arts, Rennes

23 mai → 20 juin

Marylène Negro

Stéphane Le Mercier

Ulisses, 1998-2013 Cabinet du livre d’artiste, Rennes

129

Présentation de livres autour d’Ulysse

Le cyclope de la mer

1998, 13 mn, film 35mm, couleur, film d’animation

Ulysse ou l’épopée de celui qui ne voulait pas y aller

13 juin → 21 juin

Mahony

Slow Season La Criée centre d’art contemporain, Rennes 7 juillet → 8 septembre

Marcel Dinahet Vu

Exposition et parcours dans la ville 18e Festival d’art Grand Ecart, Saint-Briac sur Mer Dimanche 7 juillet à 19h

Performance sonore d’Akio Suzuki

Rencontre avec Marcel Dinahet et Catherine Elkar 18e Festival d’art Grand Ecart, Saint-Briac sur Mer


Ille-et-Vilaine (35)

Morbihan (56)

9 juillet → 31 août

8 juin → 23 septembre

5 juillet → 15 septembre

Sur les choses accomplies par Ulysse

Ulysses, l’autre mer

Ulysses, l’autre mer

Musée de la Compagnie des Indes, Port-Louis

Église Saint-Joseph, Pontivy

Trésor de la bibliothèque

Bibliothèque Les Champs Libres, Rennes Samedi 23 août à 18h

Programmation cinéma

Projections de films de Jean Epstein, Mor-Vran (1931, 26 min) et Le Tempestaire (1947, 21 min), en collaboration avec la Cinémathèque de Bretagne, et d’une dizaine de vidéos d’artistes. Saint-Briac sur Mer

Annexes

30 juin → 29 septembre

Fran ois Dilasser Marcel Dinahet Flottaisons

Domaine départemental de Kerguéhennec, Bignan 4 juillet → 31 août

Ulysses, l’autre mer

Isabelle Arthuis, Marcel Dinahet, Nicolas Floc’h Parcours dans la ville, Île de Houat Jeudi 4 juillet à 14h

Programmation cinéma

Projections de films de Jean Epstein, Mor-Vran (1931, 26 min) et Le Tempestaire (1947, 21 min), en collaboration avec la Cinémathèque de Bretagne, et d’une dizaine de vidéos d’artistes. Île de Houat

Ulysses, l’autre mer

130

Les Pléiades

5 juillet → 15 septembre

Exposition anniversaire des 30 ans des Frac Les Abattoirs / Frac Midi-Pyrénées, Toulouse

Yves Chaudouët

mai → décembre 2013

22e édition de L’art dans les chapelles Chapelle Saint-Gildas, Bieuzy

L’atelier. Œuvres choisies 1972-2007

28 septembre 2013 → 5 janvier 2014

Gares SNCF

En Bretagne, les gares de Brest, Lorient, Quimper, Rennes, SaintBrieuc et Saint-Malo accueillent des œuvres de la collection du Frac Bretagne.


Vernissages Côtes d’Armor (22)

Finistère (29)

Ille-et-Vilaine (35)

Morbihan (56)

Vendredi 14 juin à 18h

Vendredi 5 avril à 18h30

Samedi 6 avril à 17h

Vendredi 7 juin à 18h

Ulysses, l’autre mer

Thomas Tudoux

Ulysses, l’autre mer

Ulysses, l’autre mer

Manoli - Musée et Jardin de sculptures, La Richardais

Musée de la Compagnie des Indes, Port Louis

Musée d’art et d’histoire de SaintBrieuc, Saint-Brieuc Samedi 29 juin à 16h

Neal Beggs Galerie du Dourven, Trédez-Locquémeau

Lotophages

Le Quartier centre d’art contemporain, Quimper Vendredi 26 avril à 17h30

Jeudi 16 mai à 18h30

Ulysses, l’autre mer

Ulysses, l’autre mer

Musée de l’ancienne abbaye, Landévennec

Fonds régional d’art contemporain Bretagne, Rennes

Vendredi 21 juin à 18h30

Jeudi 23 mai à 17h

Bouchra Khalili

Stéphane Le Mercier

The Mapping Journey Project

Ulisses, 1998 - 2013

Passerelle Centre d’art contemporain, Brest

Vernissage de l’expo et sortie du livre le jeudi 23 mai à 17h (Co-édition Frac Bretagne et Incertain Sens, Rennes) Cabinet du livre d’artiste, Rennes

Samedi 29 juin à 12h30

Etienne Bossut Jean-Yves Brélivet

Jeudi 13 juin à 18h30

Mahony

Jardin Georges Delaselle, Île de Batz

Slow Season La Criée centre d’art contemporain, Rennes

Jeudi 20 juin à 11h30

Ulysses, l’autre mer

Samedi 6 juillet à 17h

Marcel Dinahet

Musée des Phares et Balises, Île d’Ouessant

Vu 18e Festival d’art Grand Ecart Saint-Briac sur Mer

131

Dimanche 30 juin à 15h

Fran ois Dilasser L’atelier. Œuvres choisies 1972-2007

Marcel Dinahet Flottaisons

Domaine départemental de Kerguéhennec, Bignan Dimanche 7 juillet à 12h

Ulysses, l’autre mer Église Saint-Joseph, Pontivy Dimanche 7 juillet à 9h

Yves Chaudouët

22e édition de L’art dans les chapelles Chapelle Saint-Gildas, Bieuzy


Batz

6

7

Lannion Trédrez-Locquémeau 2 Morlaix

8 9

Ouessant 5

Brest 4

Landévennec

FInIstère 10

Sein 3

Quimper

Lorient Port-Louis

ulysses, l’autre mer

un ItInéraIre d’art contemporaIn exposition programmation cinéma résidence d’artiste 30 ans des Frac en gare

18


Saint-Briac sur mer 1

16

11

La Richardais

Saint-Brieuc

c么tes-d'armor 21

Saint-Malo

Ille-et-vIlaIne

Pontivy

22

Bieuzy-les-eaux

19

14

Bignan

morBIhan Vannes

20

Houat

133

Rennes

13

12 15

17


partenaires

Partenaires Ulysses, l’autre mer

Découvrez la programmation Ulysses, l’autre mer dans les îles et bénéficiez de tarifs privilégiés pour les traversés en téléchargeant le formulaire sur www.fracbretagne.fr

Avec le soutien

Partenaires nationaux Ulysses

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remerciements Ulysses, l’autre mer est une manifestation organisée par le Frac Bretagne avec plus de vingt partenaires dans le cadre des 30 ans des Frac en France Commissariat général Marcel Dinahet, Catherine Elkar, Jean-Marc Huitorel En tout premier lieu, nos remerciements s’adressent aux artistes, sans la participation et la générosité desquels, le projet Ulysses, l’autre mer n’aurait pu avoir lieu, en particulier : Yuna Amand, Isabelle Arthuis, Eric Baudelaire, Neal Beggs, Berdaguer & Péjus, Etienne Bossut, Jean-Yves Brélivet, Grégory Buchert, Yves Chaudouët, Jocelyn Cottencin, Gérard Deschamps, Marcel Dinahet, Anne Durez, Laurent Duthion, Simon Faithfull, Christelle Familiari, Nicolas Floc’h, Mark Geffriaud, Ron Haselden, Sharon Kivland, Benoît Laffiché, Stéphane Le Mercier, Mahony, Penny McCarthy, Marylène Negro, Bruno Peinado, Abraham Poincheval, Yvan Salomone, Sarkis, Yann Sérandour, Olivier Tourenc, Yves Trémorin, Thomas Tudoux, Sébastien Vonier Les prêteurs, Artothèque du Musée des beaux-arts, Brest, Centre national des arts plastiques/ Fonds national d’art contemporain, Paris, Frac Alsace, Sélestat, Frac Aquitaine, Bordeaux, Frac Auvergne, Clermont-Ferrand, Frac Champagne-Ardenne, Reims, Frac Franche-Comté, Besançon, Frac Haute-Normandie,

Sotteville-lès-Rouen, Frac Îlede-France, Paris, Frac Limousin, Limoges, Frac Pays de la Loire, Carquefou, Frac PoitouCharentes, Angoulême, Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille, Musée des beauxarts, Nantes, MNAM/CCI, Paris Galerie Pietro Sparta, Chagny, Galerie Air de Paris, Galerie Chantal Crousel, Galerie Polaris, Bernard Utudjan, Paris, Allan Cristea Gallery, Londres, Collection particulière, Beg Meil, collection particulière, Paris Nos partenaires du projet Ulysses, l’autre mer, Emmanuel Latreille, Marie Brücker, et l’équipe du Frac Languedoc-Roussillon, Ainsi que Sophie Dejode et Bertrand Lacombe Pascal Neveux, Karina Bianchi, Manon Desplechin, et l’équipe du Frac ProvenceAlpes-Côte d’Azur, Ainsi qu’Eric Hattan Marie-Cécile Burnichon, Camille Courbis, Platform, regroupement des Fonds régionaux d’art contemporain En Bretagne : Elisabeth Renault, et l’équipe du Musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc, Didier Lamandé, Sandra Flouriot, Galerie du Dourven Keren Detton, et l’équipe du Quartier centre d’art contemporain de Quimper, Bernard Hulin, et l’équipe du musée de l’ancienne abbaye du musée de Landévennec,

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Le père abbé et la communauté monastique de l’abbaye de Landévennec, Etienne Bernard, et l’équipe de Passerelle centre d’art contemporain de Brest Daniel Créoff, président du parc naturel d’Armorique, Denis Bredin, Conservatoire national du littoral, délégation Bretagne, Gilbert Le Traon, Antoinette Roudaut, et l’équipe de la Cinémathèque de Bretagne Denis Palluel, maire d’Ouessant, Delphine Kermel, et l’équipe du musée des phares et balises, Ouessant, Marcel Dinahet, Ann Stouvenel, association Finis terrae, L’association de l’Abeille noire d’Ouessant, Guy Cabioc’h, maire de l’Île de Batz, Olivier Maillet, et l’équipe de l’association des Amis du jardin Georges Delaselle, Île de Batz, Anne-Marie Mallégol, et l’association 7e Batz’Art, Île de Batz, Annie Guézengar, et l’équipe de la médiathèque Les mille feuillets, Île de Batz, Jean-Pierre Kerloc’h, maire de l’Île de Sein, Marie-Thérèse Spinec, association Saint Guénolé, Île de Sein, Luc Le Gurun, maire de l’Île de Houat Britt Manoli, le Conseil d’administration et l’équipe de Manoli, musée jardin de sculptures, La Richardais, Christine Cordonnier, et l’équipe de la bibliothèque des Champs Libres, Rennes,


Anne Dary, et l’équipe du Musée des beaux-arts de Rennes, Leszek Brogowski, Aurélie Noury, le Cabinet du livre d’artiste et les éditions Incertain Sens, Rennes, Sophie Kaplan, Benoît Mauras, et l’équipe de La Criée centre d’art contemporain, Rennes, Auguste Senghor, Muriel Fest-Flageul, Thibaut Mercier, et l’équipe du Festival d’art Grand Ecart, Saint-Briac sur Mer Brigitte Nicolas, Gwenc’hlan Broudic, et l’équipe du musée de la Compagnie des Indes, Port-Louis, Emilie Ovaere-Corthay, Karim Ghaddab, Priscille Magon, Bernard Delhaye, et l’équipe de L’art dans les Chapelles, Olivier Delavallade, et l’équipe du Domaine de Kerguéhennec, Bignan, Christophe Marchand, Odile Magourou, et l’équipe de la Ville de Pontivy, Messieurs les maires et les équipes municipales des villes de Saint-Brieuc, TrédrezLocquémeau Merci à Pascal Aumasson, Christine et Philippe Benadretti, Alexandre Bohn, Erwan Chardonnet, Blandine Chavanne, Vanessa Ché, Célia Crétien, Florence Derieux, Marie Dinahet, Veerle Dobbeleir, Alice Fleury, Xavier Franceschi, Laurence Gateau, Olivier Grasser, Claire Jacquet, Yvette Le Gall, Loreto Martinez Troncoso, Henry Meyric-Hughes, Yannick Miloux, Jean-Christophe Primel, Rodolphe Rohart, Véronique Souben, Daisuke Takubo, Jean-Charles Vergne, Sylvie Zavatta

Merci à la Direction générale de la communication et la Direction générale de la culture, Ville de Rennes, La Direction de l’Information et de la Relation aux Citoyens, la Direction de la Culture et la Direction de la Mobilité et des Transports, Région Bretagne, Le CRT Bretagne Au ministère de la Culture et de la Communication, à la Direction Générale de la Création Artistique (DGCA) et à la DRAC Bretagne Anne-Marie Conas et les Amis du Frac Bretagne, Jean-Michel Le Boulanger, président du Frac Bretagne et le conseil d’administration, L’équipe du Frac Bretagne : Marie Benhamou, Mélanie Cahours, Brigitte Charpentier, Philippe Collin, Alain Couzigou, Marion Daniel, Aurore Delebarre, Morgane Estève, Julie Garnier, Lorie Gilot, Nicolas Goupil, AnneLaure Gouriou, Catherine Krauss, Béatrice Lamarque, Krystel Lavaur, Anne-Marie Le Bars, Elodie Le Bars, Sophie Leclercq, Cécile Leroux, Anne-Pauline Mabire, Christelle Martin, Adriana Pigeon, Jérôme Sevrette Ainsi que Anaëlle Logerot, Virginie Pomiès, Ainsi que Nyima Leray, pour sa contribution essentielle au présent ouvrage L’équipe de montage : Linda Clément, Pierre Galopin, Anthony Glais, Yves Morel, Pascal Moreul, Marine Rossi Merci à Marcel Dinahet, et Jean-Marc Huitorel, co-commissaires inspirés et vigilants du projet Ulysses, l’autre mer

136

Le guide Ulysses, l’autre mer, est édité par le Frac Bretagne, pour accompagner les visiteurs de la manifestation du même nom. Coordination éditoriale Aurore Delebarre, Catherine Elkar, Nyima Leray, Adriana Pigeon Texte Ulysse revient ! Journal. Par Jean-Marc Huitorel Crédits photographiques : © Alain Amet / Rennes Métropole : p. 50 © Conseil Général des Côtes d’Armor : p. 12 © Frac Bretagne : p. 60 © S. Cuisset : p. 56 © Marcel Dinahet : p. 58, 113 © Studio Odile Decq, crédit photo : Roland Halbe / Région Bretagne : p. 34 © Mairie de l’Ile de Sein : p.28 © Musée de la Compagnie des Indes : p. 54 © PNRA- Maxime Lethu : p. 26 © Tous droits réservés : p. 8, 16, 18, 20, 22, 24, 32, 42, 44, 46, 48, 62, 115, 119, 128 Image de couverture : Marcel Dinahet, Houat, mars 2013 © Marcel Dinahet

Conception graphique : deValence Achevé d’imprimer en mai 2013 par l’Imprimerie des Hauts-de-Vilaine, Châteaubourg ISBN 978-2-906127-42-5 Frac Bretagne 19 avenue André Mussat CS 81123 35011 Rennes Cedex Le Frac Bretagne reçoit le soutien du Conseil régional de Bretagne, du ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Bretagne) et de la Ville de Rennes. Le Frac Bretagne est membre des réseaux Platform, Regroupement des Fonds régionaux d’art contemporain et ACB, Art contemporain en Bretagne.



Gilles Aillaud, Yuna Amand, Ghada Amer, Isabelle Arthuis, Cécile Bart, Eric Baudelaire, Neal Beggs, Berdaguer & Péjus, Ursula Biemann, Pierrette Bloch, Muriel Bordier, Etienne Bossut, Jean-Yves Brélivet, Grégory Buchert, Balthasar Burkhard, Yves Chaudouët, Florence Chevallier, Jocelyn Cottencin, Elie Cristiani, Anne Daems, Tacita Dean, Krijn De Koning, Anne Deleporte, Gérard Deschamps, herman de vries, Marcel Dinahet, François Dilasser, Philippe Durand, Anne Durez, Laurent Duthion, René Duvillier, Simon Faithfull, Christelle Familiari, Harell Fletcher, Nicolas Floc’h, Mark Geffriaud, Paul-Armand Gette, Henri Girard, Robert Gober, Raymond Hains, Richard Hamilton, Ron Haselden, Guillaume Janot, Emma Kay, Bouchra Khalili, Sharon Kivland, Benoît Laffiché, Laurent Le Deunff, Stéphane Le Mercier, Natacha Lesueur, Marcelle Loubchansky, Penny McCarthy, François Morellet, Mahony, Marylène Negro, Bruno Peinado, Abraham Poincheval, Alexandre Ponomarev, André Raffray, Paola Salerno, Yvan Salomone, Jean-Michel Sanejouand, Sarkis, Alain Séchas, Allan Sekula, Yann Sérandour, Bruno Serralongue, Esther Shalev-Gerz, Olivier Tourenc, Thomas Tudoux, Jacques Villeglé, Carel Visser, Sébastien Vonier

Côtes d’Armor

Ille-et-Vilaine

Musée d’art et d’histoire Saint-Brieuc

Manoli - Musée et jardin de sculptures La Richardais

Galerie départementale du Dourven Trédrez-Locquémeau

Fonds régional d’art contemporain Bretagne Rennes

Finistère

Cabinet du Livre d’artiste Rennes

Le Quartier centre d’art contemporain Quimper Ancienne abbaye Landévennec Passerelle centre d’art contemporain Brest Jardin Georges Delaselle Médiathèque Les mille feuillets Île de Batz Musée des Phares et Balises Phare du Stiff Île d’Ouessant Musée de l’Abri du marin Île de Sein

Musée des beaux-arts Rennes

La Criée centre d’art contemporain Rennes 18e Festival d’art Grand Ecart Saint-Briac sur Mer Bibliothèque des Champs Libres Rennes

Morbihan Musée de la Compagnie des Indes Port-Louis Domaine de Kerguéhennec Bignan Île de Houat Église Saint-Joseph Pontivy L’art dans les chapelles Chapelle Saint-Gildas Bieuzy


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