SPORT Entretien avec la fondatrice de JustWorld Jessica Newman
« Ensemble, nous pouvons entraîner un grand changement ! »
A
près une brillante carrière en tant que cavalière de saut, Jessica Newman a décidé de consacrer sa vie au travail humanitaire et elle a fondé en 2003 l’organisation humanitaire JustWorld. Lors de l’entretien qu’elle a accordé au « Bulletin», la mi-Américaine, mi-Française a expliqué ce qui l’a poussée à faire ce pas et la manière dont JustWorld travaille aujourd’hui.
Qu’est-ce qui vous a poussé à fonder JustWorld ? Jessica Newman : Je vivais dans un monde où je ne manquais de rien et, en tant que cavalière de saut, j’avais atteint tous mes objectifs. Je me sentais tellement privilégiée que je voulais donner quelque chose à des personnes défavorisées. En 1998, je me suis rendue au Honduras comme volontaire pour aider après le passage destructeur de l’ouragan Mitch. Là-bas, j’ai vu pour la première fois des gens vivre dans une extrême pauvreté, et cela a changé définitivement ma vie. Depuis ce moment, j’ai su que je voulais me consacrer totalement au travail humanitaire afin d’aider des enfants défavorisés. J’ai donc fondé JustWorld en 2003 et j’y travaille depuis lors avec la même passion que j’accordais auparavant à l’équitation. Quelles ont été les réactions de vos anciens collègues cavaliers lorsque vous leur avez présenté JustWorld ? Tout au début, j’ai été confrontée au scepticisme. Certaines personnes m’ont dit que les cavalières et les cavaliers sont tellement focalisés sur leur sport qu’ils ne voudront jamais s’occuper d’enfants pauvres dans les pays en voie de développement. J’ai refusé de les croire car je savais, de par ma propre expérience, que de nombreux athlètes sont tout à fait sensibles aux thèmes humanitaires mais qu’ils n’ont tout simplement pas le temps de s’engager hors du sport. JustWorld leur offre la possibilité de s’engager tout en continuant à pratiquer leur sport. Tout au début, sept, huit cavaliers m’ont aidé à attirer l’attention sur JustWorld, avec parmi eux de grands noms comme Eric Navet, Eric Lamaze ou Markus
Lors de la conférence de presse du CSIO Suisse à St-Gall, la fondatrice de JustWorld Jessica Newman et le président FSSE Charles Trolliet ont annoncé le nouveau partenariat entre la FSSE et JustWorld. Fuchs. Dès lors, l’écho a été très grand et aujourd’hui, dix ans après, JustWorld peut se prévaloir de 500 ambassadrices et ambassadeurs dans 42 pays. La vie de combien d’enfants est-elle influencée par JustWorld ? Actuellement, plus de 3500 enfants sont soutenus par JustWorld qui leur assure une éducation et de la nourriture. Indirectement, les familles de ces enfants profitent également des projets de JustWorld, tout comme de nombreuses autres personnes, des communautés voire des régions entières. Jusqu’alors, plus de six millions de dollars US ont été récoltés par JustWorld et investis dans des projets humanitaires. Quels sont actuellement vos projets les plus importants ? Au cours des prochains mois, nous allons récolter des dons pour deux projets à venir. Au Cambodge, nous aimerions construire une deuxième école à proximité de la décharge de Phnom Penh à côté de l’école existant depuis déjà huit ans, d’une part car nous avons plus de 300 écoliers sur une liste d’attente, et d’autre part car nous aimerions offrir d’autres possibilités de formation à nos jeunes qui ont terminé leur scolarité de base. Quant au deuxième projet, il s’agit de notre centre communautaire au Guatemala qui s’est constamment agrandi et qui doit être encore élargi et aménagé. Nous espérons pouvoir réunir les moyens nécessaires à ces deux projets au cours des huit à douze prochains mois.
Quels sont vos rapports avec la Suisse et comment avez-vous appris à connaître la communauté équestre suisse? Je me souviens d’avoir participé à deux reprises en Suisse en tant que cavalière de saut, par exemple à Ascona. Mes rapports avec la Suisse se sont dernièrement renforcés grâce à des cavalières et des cavaliers suisses que j’ai connus lors de tournois internationaux et qui sont devenus des ambassadeurs de JustWorld, comme par exemple Philipp Züger, Clarissa Crotta ou Emilie Stampfli. Il y a six mois, j’ai fait la connaissance de Charles Trolliet à Genève, ce qui m’a permis de nouer des contacts avec la fédération suisse, et ensuite avec le CSIO Suisse à St-Gall et avec Nayla Stössel. Il semble actuellement que tout s’imbrique pour former un grand tout et c’est un sentiment formidable. J’ai constaté que les personnes de la scène équestre suisse sont très ouvertes, généreuses et engagées. Que signifie pour JustWorld le partenariat avec la FSSE et le CSIO St-Gall? Il s’agit d’un jalon primordial pour JustWorld et une porte importante s’est ouverte en Suisse et dans la communauté équestre européenne grâce à ce partenariat. Les personnes qui s’engagent pour JustWorld ont deux choses en commun: la passion du cheval et le désir d’aider les autres. Nous espérons pouvoir encore diffuser plus largement ce message au cours des prochaines années afin de trouver de nombreux autres amis du cheval, des organisations et des organisateurs prêts à soutenir le travail de JustWorld. Si chacun participe dans la mesure de ses moyens, nous pourrons ensemble entraîner un grand changement! ANI «Bulletin» 7 / 10. 6. 2013
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