–9– LE JARDIN EST UN MILIEU
IL Y A JARDIN ET JARDIN ! Il semble à peu près inconcevable de trouver deux jardins identiques. Il suffit pour s’en convaincre de comparer les jardins d’un lotissement. Ils auront beau avoir la même superficie et la même forme, tous seront différents. Que dire alors du jardin d’un chalet pyrénéen, de celui d’une longère bretonne ou du jardin entourant un mas provençal ! D’un point de vue naturaliste et ornithologique, cette disparité fait qu’il est très délicat de parler « du » jardin et de « ses » oiseaux. Il est en revanche relativement facile de donner des indications sur les jardins qui attirent les oiseaux et ceux qui ne leur plaisent que peu ou pas du tout.
LES JARDINS REPOUSSOIRS Commençons par le cas des jardins qui ne conviennent pas aux oiseaux. De façon schématique, la hantise de ces derniers est faite d’un mélange de pelouses semblables à des moquettes vertes, d’arbres et d’arbustes – souvent non indigènes – n’offrant aucun intérêt aux porteurs de plumes, de haies semblables à des murs végétaux. Si l’on ajoute peu de buissons, une absence presque complète de végétaux nourriciers et un usage soutenu de produits loin d’être « bio », on aura brossé à grands traits le portrait du jardin repoussoir…
UNE VISION D’ENSEMBLE S’il est vrai que l’ennui est né de l’uniformité, il est également exact que celle-ci n’est pas faite pour plaire aux oiseaux. Même dans un jardin aux dimensions modestes, il est possible d’apporter de la variété écologique en installant ce que l’on pourrait appeler des « micro-milieux ». Un bosquet de noisetiers, une charmille, un roncier contrôlé, une pelouse rase et une zone herbeuse laissée plus libre peuvent ainsi former un intéressant puzzle de nature à plaire à des oiseaux d’espèces diverses. Un exemple comme celui-ci illustre la nécessité de concevoir le plan du jardin comme un ensemble à la fois raisonné et cohérent.
En d’autres termes, des initiatives isolées, un arbre par-ci, un buisson par-là, ne permettront pas d’atteindre un résultat aussi satisfaisant. En revanche, en présence d’un jardin ancien déjà installé, il est possible de procéder par touches successives, en gardant à l’esprit un objectif final déterminé.
DU CÔTÉ DES PLANTATIONS Une fois le plan d’ensemble arrêté, il est recommandé de commencer par la mise en place de son ossature, c’est-à-dire par le choix et l’implantation des arbres et des arbustes. Certains arbres (voir pp. 13-16) conviennent tout particulièrement aux oiseaux, pour des raisons allant de la nourriture à la nidification. Ils auront évidemment la priorité. Quelle qu’en soit la raison (exposition, nature du sol, taille du jardin…), on pourra se tourner vers des essences un peu moins indiquées, mais on évitera en tout cas celles qui n’offrent aucun intérêt pour les oiseaux. La même démarche s’applique au choix des arbustes (voir pp. 17-19). Le cadre général étant ainsi défini, il reste à le compléter par les buissons et les plantes grimpantes (voir pp. 17-19).