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UN INTÉRÊT VARIABLE

Tous les jardins sont bien sûr loin de présenter le même intérêt du point de vue ornithologique. Ces disparités sont directement liées à la conjugaison de divers paramètres que nous allons passer en revue. Ils peuvent se résumer en une petite formule mnémotechnique amusante, « slsgg » (« Est-ce elle, est-ce Gégé? »), acronyme de « superficie, localisation, situation géographique, gestion ».

LA TAILLE DU JARDIN

Plus un jardin est grand, plus il convient aux oiseaux et plus on pourra s’attendre à y trouver des espèces différentes . Quels sont les facteurs qui expliquent cela? Le premier est écologique . Plus la taille d’un jardin est importante plus, en théorie, on sera en mesure d’y trouver des milieux divers comme un bosquet, des haies, une prairie, des buissons ou des fourrés . Autant de milieux, autant d’oiseaux aux exigences particulières satisfaites! Le second facteur est d’ordre comportemental . Certains oiseaux plus ou moins farouches, et souvent d’une taille assez importante, ne consentent à venir au jardin que si la distance maintenue par rapport aux bâtiments est suffisante . Ainsi, un pigeon ramier ou un corbeau freux répugneront à se poser au sol dans un jardin exigu .

UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE

On l’a vu précédemment, un jardin, à moins qu’il ne soit enclavé en pleine ville, n’est pas à considérer comme un élément isolé mais comme l’une des composantes d’un réseau plus étendu . Ainsi, la question de la taille du jardin, évoquée ci-dessus, perd quelque peu de son influence si tant est que d’autres jardins entourent le sien . Toutefois, la présence de jardins attenants ou proches ne saurait suffire à garantir la qualité du réseau ainsi constitué: encore faut-il que les jardins en question soient écologiquement satisfaisants . Si votre jardin n’est entouré que de jardins bien léchés, aux arbres et arbustes taillés au cordeau, les potentialités du secteur diminuent – encore que votre territoire puisse, dans une certaine mesure, bénéficier de l’effet « d’oasis » et accueillir des oiseaux ne trouvant des conditions favorables que chez vous… Enfin, paramètre fondamental, votre jardin est-il proche ou non de zones plus ou moins naturelles intéressantes? Si les environs sont bocagers ou boisés, si un grand parc est situé non loin de là et si une jolie prairie naturelle ou des vergers anciens subsistent à proximité, les potentialités de rencontrer des oiseaux variés sont nettement accrues .

LA SITUATION GÉOGRAPHIQUE

Comme rien n’est jamais parfait, il ne suffit pas d’avoir un grand jardin inscrit dans un réseau de jardins et ouvert sur la campagne pour espérer le voir empli d’oiseaux . Il faut aussi tenir compte de sa localisation géographique . Et, en la matière, force est de reconnaître que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne . Un jardin situé dans une région connue pour être fréquentée par les migrateurs aura bien plus de chances d’accueillir des oiseaux nombreux et variés qu’un autre placé dans une zone « de calme plat », même si, en théorie, les oiseaux peuvent se rencontrer un peu partout .

Un foisonnement végétal favorise les oiseaux insectivores comme pouillots et fauvettes.

Indépendamment de l’aspect quantitatif, le paramètre écologique doit aussi être pris en considération . Autrement dit, un jardin breton pas trop éloigné de la côte peut être survolé par des limicoles (petits échassiers) en quête d’une vasière ou, de manière beaucoup plus exceptionnelle mais tout à fait possible, accueillir le rare pouillot à grands sourcils venu de Sibérie, mais il aura peu d’occasions de recevoir la visite d’un rossignol et moins encore d’une fauvette mélanocéphale, espèce essentiellement méditerranéenne . À l’inverse, un jardin méridional pourra aisément être fréquenté par la huppe ou le rougequeue à front blanc, voire survolé par un circaète Jean-le-Blanc (grand rapace spécialiste de la capture des reptiles), mais ne verra probablement pas le passage de sternes ou le stationnement d’une troupe de sizerins .

UN JARDIN ACCUEILLANT

Il n’y a qu’un seul facteur sur lequel on peut agir concernant son jardin: la manière de le « mener » . Le choix des végétaux, des plantes aux arbres en passant par les buissons, l’organisation du lieu, le degré de rigueur dans la gestion de l’ensemble, l’abandon des pesticides chimiques, autant de variables sur lesquelles chacun peut agir en visant un certain nombre d’objectifs, au premier rang desquels se trouve l’amélioration des capacités d’accueil pour la faune, et notamment les oiseaux . Ce n’est même pas une question économique mais plutôt une conception écologique, au sens propre du terme, et sans doute presque philosophique…

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