– 20 – LE JARDIN EST UN MILIEU
LES HERBES FOLLES Nous touchons là un point crucial, car c’est bien sur ce terrain que s’établit la frontière entre ceux qui font tout pour accueillir les oiseaux chez eux et ceux qui font passer avant quelques principes, souvent profondément ancrés jusque dans l’inconscient, tels que la lutte contre les mauvaises herbes, le refus de la perte de contrôle sur la nature envahissante et, surtout, le goût pour la « propreté ». Le « ça fait propre » est l’un des plus terribles ennemis de la biodiversité en général et des oiseaux en particulier, et pas seulement au jardin !
L’EXCÈS NUIT EN TOUT Il n’est pas question de vous inciter à laisser votre jardin à l’abandon, en proie aux fameuses « mauvaises herbes » ! Il s’agit de faire en sorte que soit laissée une petite place à des végétaux qui sont utiles aux oiseaux – et par la même occasion aux insectes, dont les papillons, de moins en moins nombreux.
LES BONNES « MAUVAISES HERBES » Outre les qualités, bien réelles, que nombre d’entre elles peuvent avoir pour notre usage, qu’il s’agisse de gastronomie ou de bien-être, les herbes folles – je préfère les nommer ainsi – offrent aux oiseaux des ressources d’autant plus précieuses qu’elles ont tendance à se raréfier en raison de la guerre qui leur est faite depuis si longtemps. Ce sont souvent les graines de ces végétaux qui sont prélevées, tantôt à même la plante (par le chardonneret, notamment, le serin cini ou le moineau friquet), tantôt au sol. Mais ces plantes peuvent aussi être consommées à l’état de plantules (dans un jardin parisien, j’ai vu ainsi des ramiers consommer, d’un bec précis, les plantules de séneçon qui venaient de lever entre les asters des plates-bandes) à moins que ce n’en soit les feuilles ou les bourgeons qui soient prélevés.
UN PEU DE COURTOISIE Si votre jardin est entouré d’autres jardins soigneusement entretenus, où les « mauvaises herbes » sont proscrites, n’allez pas vous mettre à dos vos voisins en passant pour celle ou celui qui leur envoie les graines de ces « saletés » ! Contentez-vous des plantes basses, moins susceptibles d’être propagées par le vent. Arrangez-vous pour que « sous le vent » de vos herbes folles se trouvent une haie ou des buissons de nature à freiner la dispersion des graines à propagation aérienne.
MINI-CATALOGUE DES HERBES FOLLES Comme avec les arbres ou les arbustes, il existe un palmarès des herbes folles selon l’intérêt qu’elles présentent pour les oiseaux. Dans le groupe de tête, on trouve le pissenlit (chardonneret, pinson…), les renouées et les mourons (diverses espèces dont le verdier), les cirses (chardonneret), la fumeterre (tourterelle des bois, en tout premier lieu) ou les chénopodes et arroches. On peut aussi citer le séneçon, la mercuriale (verdier), les centaurées, les chicorées, les armoises (moineau friquet), les diplotaxis ou « roquettes » (serin cini) et la bourse-à-pasteur, sans oublier les plantains. Les graminées, que l’on retrouve bien sûr dans la pelouse, peuvent aussi être mentionnées (comme les pâturins, par exemple, pour ne citer qu’eux).