
Karine-Marie aMiot
Julie Mellan




Julie Mellan
Depuis qu’il sait tenir sur ses pattes, Barbotte court tout le temps. Il ne marche pas, il trotte !
Comme chaque matin, sur le joli chemin de campagne qui conduit à l’école, Barbotte caracole en tête. Maman Lapin le suit au pas de course :
— Moins vite, Barbotte ! Attends-moi !
Mais Barbotte n’aime pas attendre. Avec ses bottes, il saute dans les flaques et fait voler les feuilles d’automne. La neige ne devrait plus tarder...
Entre deux bonds, le petit lapin met en garde son doudou, installé dans son cartable entre deux cahiers et sa carotte pour le goûter du matin.
— Accroche-toi, Doudou-de-laine !
Pauvre Doudou-de-laine ! Il ferme les yeux et s’accroche comme il peut. S’il pouvait parler, peut-être supplierait-il : — Un peu moins vite, Barbotte ! S’il te plaît !
Mais les doudous ne parlent pas. Et Doudoude-laine ne dit rien.
Doudou-de-laine est en mauvaise posture.
Il sent bien qu’il glisse lentement. Très lentement.
À chaque saut.
Il n’ose même plus regarder en bas !
S’il pouvait parler, sans doute préviendrait-il :
— Au secours, Barbotte ! Je vais tomber…
Va moins vite !
Mais il ne dit rien.
En passant devant la maison d’un très très vieux Grand-Papa Lapin, hop , un saut un peu plus haut qu’un autre et Doudou-delaine tombe sur le chemin. Heureusement, la mousse douce amortit un peu sa chute.
S’il pouvait parler, le doudou crierait à Barbotte :
— Attends-moi ! Tu vas être triste sans moi.
Tu n’arriveras pas à faire la sieste à l’école, et encore moins à t’endormir ce soir.
Mais il ne dit rien.
Il attend. Sous la pluie, dans le vent, dans le froid, il attend. Longtemps.
Très longtemps.